parfum de cannes - Source - Arte

d epuis
en couverTure
penÉlope
cruz
la sTar
anTisysTÈme
Actrice parmi les plus connues au monde,
passionnée mais insaisissable, la belle
Espagnole a su garder son indépendance
face à Hollywood. Portrait d’une forte tête.
série rose, téléfilm érotique qui l’a
fait remarquer en France en 1990, puis
jambon jambon de Bigas Luna sorti deux
ans plus tard en Espagne, Penélope Cruz mène
ce qu’elle appelle une “vie de gitane”. Toujours
entre deux avions et deux tournages, elle a
choisi une existence rythmée par un nomadisme
frénétique et transcontinental dont elle
aurait facilement pu se laisser étourdir, jusqu’à
en perdre ses repères. Mais cette Esméralda
moderne, qui reconnaît être grisée par la célébrité
et le mouvement perpétuel qu’elle
engendre, est sans doute l’une des actrices qui
en mesurent le mieux les dangers. Pour la
Madrilène, brader son identité et oublier ses
racines est inenvisageable. Si l’Amérique l’a
sacrée en lui décernant un Oscar en 2009 (meilleure
actrice dans un second rôle dans Vicky
cristina Barcelona de Woody Allen), sa
méfiance pour le système hollywoodien et ses
codes ne s’en est pas trouvée désactivée. Au
contraire : “la férocité d’hollywood m’a permis
de développer une sorte de sixième sens.
je repère immédiatement les gens nuisibles et
les fuis comme la peste, a-t-elle déclaré à paris
Match. j’essaie chaque jour de donner un sens
à cette vie de paillettes, de luxe et de frivolité
dans laquelle j’évolue. Que tout cela ne soit
pas vain.”
caracTÈre rouge vif
Celle qui se voit avant tout comme une artiste
espagnole capable de jouer partout (elle parle
quatre langues) passe pour une femme de
caractère sans être caractérielle. “une actrice
qui n’a pas peur de sauter tête la première et
sans parachute, choisissant des rôles très risqués”,
dit d’elle Pedro Almodóvar, qui lui a
offert quelques-unes de ses plus belles apparitions
(Volver, tout sur ma mère). C’est cette
indépendance d’esprit qui pousse Penélope Cruz
à quitter Los Angeles en 2009 : peur d’une villepressoir,
“piège terrible” et déshumanisant.
C’est aussi cette volonté d’émancipation qui
l’incite à fonder, plus jeune, une ONG pour les
sans-abri et les tuberculeux à Calcutta. Celle qui
a décidé de devenir comédienne en voyant Victoria
Abril dans attache-moi se glissera dans la
jupe rouge écarlate d’une prostituée dans le
prochain Woody Allen, to Rome with love. Un
rôle physique qui permettra à l’épouse de Javier
Bardem de le prouver une fois encore : au
contraire de la plupart des actrices hollywoodiennes,
elle ne triche pas plus avec son âge
qu’avec ses convictions. “les marques de l’âge
sont réellement importantes pour moi. elles
sont comme les étapes d’un processus.”
Pascal Mouneyres
4 n° 20 – semaine du 12 au 18 mai 2012 – arTe magazine
© PATHÉ
Lundi 14 mai à 20.35
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