Le texte original, augmenté d'un commentaire en allemand, fera l ...
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métaphysique sur laquelle Berkeley 8 édifia l’<strong>en</strong>semble de son idéalisme théorique; grâce à elles illui eût été bi<strong>en</strong> possible, s’il avait voulu être conséqu<strong>en</strong>t, d’aller si loin qu’il ne lui restât plus ri<strong>en</strong>d’autonome dans le royaume du p<strong>en</strong>sable. Avec bi<strong>en</strong> moins de subtilité et tout aussi peu d´égardspour l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t général mais tout <strong>en</strong> étant plus conséqu<strong>en</strong>t, Hume 9 effectua le salto mortaldans l’empire désertique du néant illimité et hissa la bannière de l’idéalisme général. Il limital’empire du vrai aux seules idées; puisque d’elles seules nous avons une expéri<strong>en</strong>ceimmédiate, elles sont les seuls élém<strong>en</strong>ts que nous percevons comme réels. Certes nous pouvonsaussi nous représ<strong>en</strong>ter quelque chose qui soit réel <strong>en</strong> dehors de nous; ces représ<strong>en</strong>tations qui sontappelées s<strong>en</strong>sations dans la langue commune se distingu<strong>en</strong>t de l’imagination par le seul fait qu’ellessont plus int<strong>en</strong>ses, que leur objet est prés<strong>en</strong>t et réel. Hume appelle les s<strong>en</strong>sations s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts,impressions, toutes les autres représ<strong>en</strong>tations idées. Toutes deux ont <strong>en</strong> commun un type uniqued’images et celles-ci sont, selon le degré de leur force, tantôt des impressions, tantôt des idées. <strong>Le</strong>sidées complexes peuv<strong>en</strong>t se ram<strong>en</strong>er à des idées simples. Toutes deux se succèd<strong>en</strong>t selon les lois dela contiguïté ou de la juxtaposition, de la similarité ou de la causalité. Mais cette causalité n’est ri<strong>en</strong>d’autre que la succession des s<strong>en</strong>sations et des idées, dont la forte fréqu<strong>en</strong>ce nous amène, du fait del’habitude, à croire à une relation de cause à effet <strong>en</strong>tre elles 10 .Toute connaissance a priori, de même que toute connaissance des objets des s<strong>en</strong>s aussi bi<strong>en</strong> quede ceux de l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t et, avec eux, toute vérité logique de la connaissance du réel se trouvai<strong>en</strong>t,du fait de cette limitation de la connaissance certaine du réel aux simples impressions,nécessairem<strong>en</strong>t exclues; et de ce fait la connaissance se voyait réduite au plus petit cerclep<strong>en</strong>sable. L’influ<strong>en</strong>ce de cette limitation artificielle sur la logique, la métaphysique et la religioncausa nécessairem<strong>en</strong>t du tort à beaucoup quant aux domaines les plus intéressants de leur<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t et qu'ils avai<strong>en</strong>t à cœur et les incita à se déf<strong>en</strong>dre. Ce qui eut lieu <strong>en</strong> Angleterre, de cepoint de vue, se trouve, pour l’heure, hors de notre propos qui se limite à l’histoire réc<strong>en</strong>te deslimitations de la connaissance humaine <strong>en</strong> Allemagne. Il nous faut pourtant de nouveau effectuer unsaut dans le passé afin d’étudier cette histoire plus précisém<strong>en</strong>t.Avant même que ne paraisse l’ouvrage de Locke sur l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t humain, déjà <strong>Le</strong>ibniz avaitlutté contre une réduction trop arbitraire de l’ét<strong>en</strong>due de la connaissance humaine <strong>en</strong> répertoriant demanière plus complète les sources de nos concepts. Qu’il me soit permis ici de restituer la théorieleibnizi<strong>en</strong>ne des sources et du domaine de la connaissance humaine de manière à <strong>en</strong> donner uneimage plus synthétique, et ce, afin de r<strong>en</strong>dre compte du domaine de la connaissance humaine tel que<strong>Le</strong>ibniz chercha à le définir, aussi bi<strong>en</strong> contre Locke que contre l’idéalisme matérialiste ou général,et de permettre ainsi une comparaison <strong>en</strong>tre les justifications de son propos et les objections qui luifur<strong>en</strong>t adressées. Il ne me sera pas loisible d’évoquer toutes les particularités du système leib- nizi<strong>en</strong> mais seulem<strong>en</strong>t celles qui particip<strong>en</strong>t de cette théorie. Et puisque Wolff s´accorde avec luipour toutes les s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces qui s’inscriv<strong>en</strong>t dans notre propos, il ne sera pas particulièrem<strong>en</strong>tnécessaire de le citer. Je les résume dans les propositions suivantes:1. Puisque nous ne sommes pas seulem<strong>en</strong>t dotés de s<strong>en</strong>s mais aussi d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t et de raison:ainsi nous n’avons pas que de simples concepts d’expéri<strong>en</strong>ce immédiats. En effet, mis à part lesconcepts d’expéri<strong>en</strong>ce immédiats, nous disposons de concepts médiats, savoir des concepts qui se8 George Berkeley, A Treatise Concerning The Principles of Human Knowledge, [Part. 1] “Wherein the chief Causes ofError and Difficulty in the Sci<strong>en</strong>ces, with the Grounds of Scepticism, Atheism, ans Irreligion, are inquir´d into”, Dublin1710.9 David Hume, Treatise on Human Nature: being an Attempt to introduce the experim<strong>en</strong>tal Method of Reasoning intoMoral Subjects, 1 ère édition: Londres 1739, 2 ème édition: Oxford 1978, livre I, partie I, section I, p. 1; cf. aussi section II,p. 7-8; An Enquiry Concerning Human Understanding, Londres 1 1748.10 Kant s'y réfère aussi, cette thèse développée par Hume et relative à l'habitude apparaît pour lui comme le point dedépart, inexploité par Hume, du travail de la critique qui va ainsi pouvoir faire sortir la métaphysique de ses errances.