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Hitler, un film d'Allemagne - Syberberg

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<strong>un</strong> Juif allemand de réaliser <strong>un</strong> <strong>film</strong> comique mettant en scène <strong>Hitler</strong>. Levyimagine <strong>un</strong> dictateur déprimé auquel son entourage décide de faire donnerdes cours de diction et de théâtre par <strong>un</strong> comédien juif tiré d’<strong>un</strong> camp.Le <strong>film</strong>, qui reprend à <strong>Syberberg</strong> ses dispositifs de projection frontale pourpermettre aux personnages de se promener au milieu des ruines de Berlin,veut faire d’<strong>Hitler</strong> <strong>un</strong> bouffon tout en ayant <strong>un</strong>e réelle portée historique.Hésitant constamment entre l’humour outrancier et l’apitoiement pour lesvictimes, ne pouvant éviter les pièges des conventions fictionnelles, il perdtoute portée comique et toute justesse morale.En 2000, Karmakar abandonne l’incarnation carnavalesque pour se fondersur l’archive sonore brute dans Le Projet Himmler. Ici il s’agit de faireentendre durant trois heures l’intégralité du discours prononcé par Himmlerà Poznan en 1943 durant la ré<strong>un</strong>ion annuelle des généraux SS, discoursdont on entend des extraits dans la troisième partie du <strong>Hitler</strong>. Dans <strong>un</strong> studio,<strong>un</strong> acteur solitaire vêtu d’<strong>un</strong> polo et d’<strong>un</strong>e veste donne lecture sobrementde la transcription du texte enregistré à l’époque sur disques de cire. Le <strong>film</strong>s’éloigne ainsi radicalement de toute reconstitution fictionnelle et récusel’utilisation d’<strong>un</strong>e quelconque archive visuelle, aujourd’hui compromisepar les manipulations incessantes, pour donner à entendre le projet nazi.Il invite le spectateur à s’interroger sur ceux qui l’ont écouté à l’époqueet sur l’écho qu’il a encore dans notre présent. Karmakar et <strong>Syberberg</strong>savent que, face au retour du nazi de fiction, il est nécessaire d’exhiber lamachinerie cinématographique du studio qui a participé de la dictature etqui est toujours capable de nos jours de se mettre au service d’entreprisesd’asservissement et de propagande. D’autres cinéastes se confrontentà l’histoire, sous des formes différentes de celles de <strong>Syberberg</strong>, maisrejoignent son projet. Le récent Respite 2007 de Har<strong>un</strong> Farocki, cinéaste,théoricien, créateur d’installations, qui a commencé son travail en 1967,utilise des images <strong>film</strong>ées dans le camp de transit hollandais de Westerborkà la demande de son commandant. Farocki compose <strong>un</strong>e étude visuellede ces images qui mêlent le travail des prisonniers, les divertissementsorganisés au camp et le départ en train pour l’extermination. Il refused’ajouter du son ou des commentaires à ces images muettes et n’intervientque par des cartons qui permettent, par le cinéma, d’effectuer <strong>un</strong> travail40

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