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Voir l'hommage à Gustave Choquet par Michel Talagrand, le 2 ...

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différentiab<strong>le</strong> et de dérivée non nul<strong>le</strong> en tout point. Sa thèse culmine dans un théorème abstraitd’énoncé très simp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> théorème dit du contingent-<strong>par</strong>atingent, et qui contient d’innombrab<strong>le</strong>sénoncés antérieurs. Ce théorème, dont il restera encore très fier cinquante ans après sadécouverte, est sans doute <strong>le</strong> premier de ces éclairs fulgurants qui vont <strong>le</strong> rendre célèbre.Avant de <strong>par</strong><strong>le</strong>r de ceux des travaux de <strong>Gustave</strong> <strong>Choquet</strong> qui font <strong>par</strong>tie du patrimoineuniversel des mathématiques, il me semb<strong>le</strong> nécessaire de lui laisser expliquer longuement laphilosophie qui l’y a conduit.Je suis un intuitif et un géomètre. Dès l’éco<strong>le</strong> primaire et <strong>le</strong> lycée, de tout problèmemathématique j’essayais d’avoir une vision géométrique, de <strong>le</strong> traduire en figures simplifiéesau maximum pour en dégager <strong>le</strong> sque<strong>le</strong>tte fonctionnel. Cette habitude m’a conduit à l’âgeadulte, à adopter un sty<strong>le</strong> de recherche qui consistait, tout en m’appuyant sur uneconnaissance approfondie d’un ou plusieurs cas <strong>par</strong>ticuliers, à me placer dès que possib<strong>le</strong>dans un cadre aussi général que possib<strong>le</strong> où <strong>le</strong> problème ait encore un sens, quitte à <strong>le</strong><strong>par</strong>ticulariser au fur et à mesure des besoins. Ceci me permettait tout à la fois de donner auproblème la soup<strong>le</strong>sse maxima<strong>le</strong> et d’aboutir, si du moins je <strong>le</strong> résous, à la création d’outilsmathématiques utilisab<strong>le</strong>s dans d’autres circonstances que cel<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>s ont fait naître.On peut dire qu’en mathématiques, comme à la guerre, il y a des stratèges et des tacticiens. Lestratège militaire a une certaine intuition de la façon dont il faut mener la campagne, unevision des grandes masses et de <strong>le</strong>urs relations mutuel<strong>le</strong>s. Le tacticien col<strong>le</strong> au terrain, il a desconnaissances techniques et un gout marqué pour <strong>le</strong> travail d’organisation. Je serais plutôtstratège, en ce sens que je vois <strong>le</strong>s grandes masses et que je n’aime pas et ne <strong>par</strong>viens pas àaccumu<strong>le</strong>r des connaissances sur des techniques connues. Je dis <strong>par</strong>fois que je ne connais àfond aucune des <strong>par</strong>ties des mathématiques, et c’est peut être <strong>par</strong>ce que je n’ai pas de véritab<strong>le</strong>spécialité que j’ai pu faire progresser plusieurs domaines des mathématiques.Un objet central de la théorie du potentiel est <strong>le</strong> comportement de la capacité Newtonienne,définie pour un compact comme la plus grande charge é<strong>le</strong>ctrique qu’il peut porter et qui necrée en tout point qu’un potentiel au plus égal à 1. À <strong>par</strong>tir de la capacité des compacts, on peutdéfinir cel<strong>le</strong> des ouverts, puis pour tout ensemb<strong>le</strong> ses capacités extérieures et intérieures,comme on <strong>le</strong> fait en théorie de la mesure. En 1950 un problème central, celui de lacapacitabilité des ensemb<strong>le</strong>s boréliens, est de savoir si pour ceux-ci <strong>le</strong>s capacités extérieures etintérieures coïncident. Les propriétés de la capacité Newtonienne sont très différentes de cel<strong>le</strong>sd’une mesure. Que faire ? Fidè<strong>le</strong> à la philosophie qu’il nous a décrite, <strong>Gustave</strong> <strong>Choquet</strong>recherche dans un cadre très général pour quel<strong>le</strong>s fonctions d’ensemb<strong>le</strong>s il serait concevab<strong>le</strong>d’avoir un théorème de capacitabilité. Il découvre qu’il serait bien pratique que cette fonctiond’ensemb<strong>le</strong> vérifie certaines inégalités. Ces inégalités ne sont pas connues pour la capacitéNewtonienne. Il <strong>le</strong>s démontre, vérifiant ainsi, selon la terminologie qu’il crée, que cettefonction est une capacité alternée d’ordre infini. Il dira plus tard que cette découverte fût laplus grande émotion de sa carrière scientifique. Il procède ensuite à une investigationsystématique des capacités, c'est-à-dire des fonctions croissantes d’ensemb<strong>le</strong>s ayant diversespropriétés permettant de démontrer un théorème de capacitabilité. La théorie qu’il construit esten un sens l’extension naturel<strong>le</strong> de la théorie de la mesure. Il expose ses résultats dans unpuissant mémoire, qui demeure d’une étonnante jeunesse, et où sa théorie, de façon proprementextraordinaire, atteint dès la naissance sa forme fina<strong>le</strong>. La théorie des capacités à reçu demultip<strong>le</strong>s applications, à la théorie de la mesure, à la théorie des processus stochastiques et à

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