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CAEN-2015

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ÉDITION SPÉCIALE RÉALISÉE PAR LES ÉTUDIANTS DE L’EM NORMANDIESUPPLÉMENT - L’EXPRESS N° 3325 DU 25 AU 31 MARS <strong>2015</strong>CES <strong>CAEN</strong>NAISQUI INNOVENTNumérique, 3D : les Normands cartonnentIncubateur et pépinières au service des créateursIndustrie : Caen recherche des ingénieursPAUL RESBEUT - JEAN-MICHEL LELIGNYL’ENTRETIENMARIE-AGNÈSGillotLa danseuse normanderaconte sa carrière d’étoile


L’entretienL’EXPRESS / 5ITINÉRAIRE En 2009, Marie-Agnès Gillots’est produite dans une des principaleschorégraphies de Carolyn Carlson, Signes.ICAREje n’ai jamais cherché à ressembler à une héroïne. Ma mèrem’a inscrite à un cours de danse, à 5 ans, parce que je mettaissouvent les pieds sur la table, à la maison. « Il y a un endroitpour faire ça, m’a-t-elle dit : un studio de danse, où tu pourrasfaire des exercices à la barre. » Ma carrière a commencépar de mauvaises manières (rires).Et puis l’évidence s’est imposée…a J’avais 7-8 ans, j’étais en CE2. Un jour, j’ai dit, devanttoute la classe, que je savais ce que je voulais faire : danseuse.Dès que j’ai commencé, quelque chose s’est déclenché enmoi, de l’ordre de la passion. Après, savoir si j’y arriveraisou non, c’était autre chose.Vous vous êtes alors présentée au concoursdes petits rats de l’Opéra…a Un jour, Chantal Ruault, ma première professeure dedanse, a appelé mes parents pour leur dire que j’étais tropdouée pour rester dans une école de province. J’avais alors9 ans. Elle m’a dit qu’il était très difficile d’être sélectionnéeavant 11-12 ans, et que je devais m’inscrire le plus tôt possible,afin de pouvoir le passer plusieurs fois. Mais j’y suis entréedu premier coup, et j’ai même sauté une classe.C’était la première fois que vous quittiezvotre Normandie? Xxxxx Xxxxx Matrimonii aegre divinuxxxxa Oui. J’étais corrumperet toute excitée cathedrxxxxxxas.parce que j’allais à Paris, c’étaitdrôle ! Je ne Chirographi savais pas ce adquireret m’attendait. fiducias, Quand semper j’ai vu lepalais Garnier pour la première fois, j’ai été très impressionnée.J’étais très naïve et lunaire, je ne me rendais pascompte de ce qui m’arrivait. Mais je suis vite redescenduesur terre…La compétition était féroce, comment l’avez-vousvécue?a J’en ai eu un avant-goût lors de l’examen d’entrée.Quelques jours avant de me présenter, je m’étais cognéeà une armoire, et j’avais une cicatrice au coin de l’œil droit.Alors que j’attendais mon tour, deux sœurs jumelles sontvenues me dire que je ne rentrerai jamais à l’Opéra, à causede cette marque. Je suis sortie dire à ma mère que je nepouvais pas passer le concours. Elle m’a dit de ne pas lesécouter et de retourner dans la salle… En fait, les premièresannées ont été les pires, surtout pour les petites provincialescomme moi, qui devions dormir en internat, loin de nosparents. Nous n’étions pas tant que ça, à l’époque.Vous avez connu des moments de grande souffrance,à cause notamment de votre scoliose…a Je ne l’ai pas vécue comme une douleur, mais commeune injustice. Quand on devient handicapé, on se demande :« Pourquoi moi et pas les autres ? » J’avais le choix entreme faire opérer de la colonne vertébrale ou porter un corseten permanence, tout en faisant de la natation et de la rééducation.J’ai refusé l’opération et j’ai choisi l’effort.•••N° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>


6 / L’EXPRESSL’entretienMARIE-AGNÈSGILLOTEN10 DATES1975 Naissance à Caen, le 7 septembre 1984 Intègre l’école de danse de l’Opéra de Paris 1989 Intègre le corps de ballet de l’Opérade Paris 1999 Promue première danseuse 2004 Nommée étoile, le 18 mars 2006 Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres2007 Réalise sa première chorégraphie, Rares Différences 2009 Chevalier de l’ordre national du Mérite 2013 Naissance de sonfils, Paul 2014 Danse dans Orphée et Eurydice, de Pina Bausch••• J’ai caché mon corset à tout lemonde car j’avais honte. Ce n’estpas un objet facile à transporter nià porter. Le fer pousse sans cessela chair et lutte contre le mouvementde votre colonne. Ma peau enétait marquée. Ce n’était pas beauet ça me faisait très mal. Je ne m’enlibérais que pour l’entraînement.J’ai dû prendre énormément de carrure,développer mes épaules parla natation. Ce n’est pas l’idéal pourune danseuse. Malgré tout, la disciplineet la maîtrise de mon corpsm’ont permis de devenir étoile.Quelle est votre journée-type,à l’Opéra ?a Je commence l’entraînement lematin vers 11 heures. Les étoilesprennent tous les jours des cours,nous sommes toujours en apprentissage.Nous avons une heure etdemie de répétition entre étoiles.Elles sont suivies de deux séances de trois heures avec l’ensembledu corps de ballet. En général, chacun apprend lespas de son côté, puis les différentes parties du ballet sontréunies. De 11 à 19 heures, j’ai les chaussons aux pieds. Nousn’avons qu’une demi-heure de pause.Si vous deviez évoquer les moments qui vous ontle plus marqués, lesquels choisiriez-vous ?a Je ne me souviens que des moments de grâce, lorsquel’on ne touche plus le sol, que l’on se sent illuminé. Toutce que tente le corps passe avec une facilité déconcertante.C’est un état indescriptible entre apesanteur et équilibresuprême, un plaisir immense que peu de gens connaissentdans leur vie. Ces instants d’absolu, on ne peut pas les programmer,c’est toujours une surprise lorsqu’ils surviennent.Parfois, ils se produisent durant l’entraînement. C’estrageant, parce que personne n’y assiste, et l’on aimeraitles partager…Vous avez eu un fils, c’est une autre expériencecorporelle…a C’est le seul moment de ma vie où je n’ai pas contrôlémon corps. On comprend alors que la nature est plus forteque tout.Comptez-vous lui inculquer le goûtde la danse?a Je n’en ai pas eu besoin! A un an, il n’arrêtepas de danser, c’est la crise de rires! Il danse surtout : Mozart, Michael Jackson… Il change deN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>REPOS Pour se ressourcer,la danseuse aimeséjourner à Houlgate.rythme, il est drôle. Comme quoi, les chiens ne font pasdes chats. Je lui fais écouter beaucoup de musique, car jepréfèrerais qu’il devienne chef d’orchestre ou chanteur.Mais pas danseur. C’est trop dur, trop solitaire. J’aimeraisqu’il prenne un autre chemin.Quels souvenirs gardez-vous de votre enfancenormande ?a Je n’habitais pas à Caen, mais dans un village tout proche.J’aimais beaucoup les animaux. Je rêvais par exemple deprendre un bain avec un canard. Un jour, j’ai donc pris monvélo et, avec une copine, j’ai été chiper un caneton quis’ébrouait dans une mare, au beau milieu de l’hippodrome.C’est le genre de bêtises que je faisais à 7 ans…Retournez-vous souvent en Normandie ?a Oui, à Dozulé, où ma mère s’est installée. Mon frère vitaussi en Normandie, et moi, j’ai repris la maison familialeà Houlgate. J’ai besoin d’un endroit pour me ressourcer.Lorsque je serai en retraite, dans trois ou quatre ans, j’enferai mon point de chute. Et j’en profiterai pour décrochermon permis de conduire. J’ai tellement travaillé, ces dernièresannées, je n’ai jamais trouvé le temps de le passer…•« Je ne me souviens quedes moments de grâce, lorsquel’on ne touche plus le sol,que l’on se sent illuminé. »P. RESBEUT


8 / Encouverture /EnquêteCES <strong>CAEN</strong>NAISQUI INNOVENTRévolue, l’époque des fermetures d’usines. Vive Caen 2.0 !Bénéficiant d’un accompagnement dynamique, des dizainesde start-up voient le jour dans l’agglomération caennaise.Résolument tournée vers l’innovation, la capitale bas-normandeest en train de se réinventer. Sans complexe !Fiona Degrave, Marine Arnould--Demogeot et Sofiya BoumezaouedN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>


L’EXPRESS / 9J.-M. LELIGNYENTREPRENEURS Amis depuisle collège, Kevin, Paul, Patricket Jules (de g. à dr.) ont crééleur entreprise, Malkyrs,pour commercialiser le jeuvidéo qu’ils ont imaginé.N° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>


12 / En couverture /Enquête••• une bonne interface. Il a alors décidéde développer des applicationsdestinées aux personnes souffrant detroubles de la communication. Achaque image sont associés un son etun texte. L’utilisateur peut même personnaliserson application en y intégrantses propres pictogrammes, photosou textes. Aujourd’hui, sa société,C..Texdev, est en plein essor. Les produitsont été testés, et Frédéric Guibets’apprête à partir à la conquête desmarchés américain et canadien.Certains ont quittéde confortables jobs salariés« Parfois, on fait même de l’innovationsans le savoir! » La boutade est signéeFranck Couellan, cofondateur d’Inodry(lire page suivante) : « Lorsqu’on changede procédé industriel pour améliorerses performances, c’est aussi de l’inno-PÉPINIÈRE Plug n’ Work, à Colombelles,dispose de 45 bureaux équipés et denombreux services et espaces communs.« Il faut se taper de la paperasse, maisquand on voit ce que l’on gagneau final, ça vaut le coup ! »P. RESBEUTvation. » Aujourd’hui, sa société se développe,notamment à l’étranger. Nelui parlez pas du « déclin français » !« Il faut que l’on arrête de s’apitoyersur nous-mêmes et de parler de morositéà tout bout de champ, dit-il encore.Nous avons réussi à nous faire accompagneret à lever des fonds, nous avonsbénéficié d’aides à l’export… Bien sûr,il faut se taper de la paperasse, maisquand on voit ce que l’on gagne au final,ça vaut le coup!B»Certains entrepreneurs ont quitté deconfortables jobs salariés pour tenterl’aventure. A l’instar d’Housem Assadi.Il y a encore trois ans, cet ingénieur dirigeaitun laboratoire de recherches ausein du groupe Orange. En juillet 2012,il fait le grand saut. «BJe me suis posébeaucoup de questions, mais cela n’apas duré, témoigne-t-il. J’étais porté parun projet très innovant et j’ai pu constituerrapidement une équipe d’experts.Mes doutes se sont dissous dans l’action!» Sa société, Déjamobile, aide lesentreprises à lancer des services sécuriséssur mobile, comme les paiementsbancaires ou la gestion des cartes de fidélité.Aides financières, soutien à l’export,prêt de locaux durant dix-huitmoisB: Housem Assadi a bénéficié àplein du dispositif régional. «BOn s’imagineque cette ville est surtout tournéevers le tourisme ou l’agriculture, maisc’est une vision imparfaite, soulignet-il.Il y a, ici, un important vivier d’ingénieurs,notamment grâce à l’Ecolenationale supérieure d’ingénieurs.B»L’aéroport de Carpiquet pasassez tourné vers l’internationalFrédéric Guernalec a, lui aussi, fait lepari normand. En 2003, ce scientifiquerencontre son futur associé, Denis Busardo,chez Normandie Incubation.Ensemble, ils développent un procédéde traitement de surface révolutionnaire.Le principeB: insérer des particulesdans la matière à traiter, afin demodifier ses caractéristiques et améliorer,par exemple, sa résistance à lacorrosion. Quertech est née. Grâce àce système, l’or devient plus dur et lecuivre ne s’oxyde plus. De quoi fairebriller les yeux des fabricants automobiles,des horlogers ou des fabricantsde prothèse, qui figurent aujourd’huiparmi ses clients.Très positif lorsqu’il évoque les dispositifsd’accompagnement dont il abénéficié, Frédéric Guernalec regretteque la ville ne soit pas davantageconnue pour son environnement hightechB:«BCaen a du mal à s’affranchirde son passé industriel, regrette-t-il.Elle n’est pas non plus assez présenteà l’export. C’est dommage, car noussommes tout de même les descendantsde Guillaume le Conquérant ! Pourquoi,par exemple, ne pas faire de businessavec la Scandinavie, avec quinous avons des liens historiques? Nouspourrions aussi nous rapprocher desîles Anglo-Normandes…B»Pour rêver de grand large, Caen doitd’abord améliorer ses infrastructures,notamment en termes de transport. Letrain? Les retards et problèmes techniquesentre Paris et Caen sont trop fréquents,il manque une liaison ferroviaireN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>


L’EXPRESS / 13CAMPUS Sur 25 hectares, le site Effiscience concentreune cinquantaine d’entreprises et 2 000 salariés.entre Caen et Le Havre et il est plusfacile d’accéder à Rouen par la routeque par le rail. L’avion? Ce n’est guèremieux. L’aéroport de Carpiquet n’estpas assez tourné vers l’international.Un vrai frein pour l’accueil de prospectset de clients étrangers. «CNous recevonssouvent des clients qui viennent d’Espagne,témoigne Franck Couellan. Poureux, c’est la galère. Si au moins il y avaitun TGV, on gagnerait une bonne demiheure,ça changerait la donne…C»Un accélétateur d’entreprisespour éviter la “vallée de la mort”Une autre critique revient régulièrementdans les conversations de ces«Cpatrons high-techC»C: la difficulté detrouver des financements, une fois queleur bébé a pris son envol. «CC’est notrecasC», s’exclament, en cœur, Jean-Hugues Pruvot et Arnaud Renouf.L’histoire de ces deux docteurs en informatique,spécialistes du traitementet de l’analyse d’images, commenceen 2009, lorsqu’ils intègrent NormandieIncubation. Pendant deux ans, les deuxscientifiques travaillent sur un logicielcapable de détecter, plus facilementqu’avec les méthodes classiques, descellules cancéreuses dans l’organisme.Un tel système permettrait de faciliterle dépistage dans des pays fortementpeuplés, par exemple en Asie. En janvier2011, ils fondent Datexim et lancentdes applications inédites. Parmielles, CytoSuite, qui permet aux médecinsde partager des images pourétablir des diagnostics collaboratifs.Lauréate du Concours national de l’innovationorganisé par BPI France, leursociété n’en traverse pas moins unephase délicate. «CNous sommes dansla “vallée de la mort”, disent-ils. Nousne bénéficions plus d’aides, car nousavons passé l’étape du décollage. EtMÉTHODE Franck Couellan (à g.) et ThierryLhonneur : un duo convaincant.pourtant, nous avons besoin de fonds,pour développer par exemple des démonstrateursou pour embaucher dejeunes cerveaux.C»Mais là encore, les Caennais sont entrain de relever le défi. La Miriade vientde lancer un «Caccélérateur d’entreprisesC»,baptisé Fast Forward. Il s’agitd’un programme intensif d’accompagnementet de financement d’entreprisesà fort potentiel. Ce dispositif, quisuivra les entreprises dans la durée, estégalement ouvert aux entreprises étrangèresdésirant profiter de l’écosystèmebas-normand pour s’implanter sur lemarché européen. Caen à la conquêtedu Vieux Continent? Le roi Guillaumepeut être fier de ses descendants. •INODRY, DU NEUF AVEC DE VIEILLES RECETTESParlez-leur d’« innovation », et c’est parti, Thierry Lhonneur et Franck Couellanne s’arrêtent plus. « Changer l’organisation de votre société ou votre façon detravailler, c’est innover, dit ce dernier. Utiliser des procédés industriels éprouvéset leur trouver des applications nouvelles, c’est aussi de l’innovation ! » Lapreuve par Inodry, la société créée en 2007 par ces deux ingénieurs agronomes.« Pour fabriquer nos poudres alimentaires, comme du lait infantile, nous avonseu l’idée de remplacer la technique en vigueur, la lyophilisation, par un procédéde déshydratation à basse température, bien moins onéreux », explique-t-il.Résultat ? « Alors qu’un lyophilisateur produit 70 kilos en une semaine, notremachine en fabrique 100 kilos en quatre heures. C’est pas de l’innovation, ça? »Apparemment si, si l’on en croit les distinctions qu’ils ont obtenues. Ils ontnotamment été lauréats du Concours de l’innovation. Il faut dire que les deuxcompères ont un secret : « Pour convaincre, il faut expliquer simplement ceque l’on fait, commente Franck Couellan. Rester humble et être persuasif.Lorsque nous étions à Normandie Incubation, nous rencontrions de jeunescréateurs, et nous ne comprenions strictement rien à ce qu’ils nous racontaient.Comment voulez-vous convaincre un jury si vous ne parvenez pas à lui expliquerce que vous faites ? » •N° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>P. RESBEUT P. RESBEUT


14 /ZoomLes Jeannettesretrouvent l’appétitAprès un an d’occupation de l’usine, la poignée d’ouvriers qui continuaientà résister sont sur le point de l’emporter : la biscuiterie pourrait prochainementredémarrer, et réembaucher une partie de leurs collègues licenciés.Par Fiona Degrave, Marine Arnould--Demogeot et Sofiya BoumezaouedRassemblés dans la permanencede l’usine, des ouvriersse réchauffent autourd’un café. Sur les murs, desaffiches de la CGT et desarticles relatent la liquidation judiciairede l’entreprise, en décembre 2013. Lesmachines se sont tues, mais il flottetoujours dans l’air l’odeur vanillée desmadeleines, fabriquées ici depuis plus decent soixante ans.Nous sommes au siège de la biscuiterieJeannette, avenue Charlotte-Corday, àCaen. Depuis plus d’un an, une poignéede salariés refuse la disparition de l’usine.Après s’être opposés à la vente aux enchèresdes équipements, ces jusqu’auboutistesont eu l’idée, à la mi-juillet 2014,de produire à nouveau des madeleinespour les vendre directement. En quelquesheures, le stock était écoulé. Les médiasse sont emparés de l’affaire.Portés par un vaste mouvement de solidarité,ceux que l’on appelle désormais«Eles JeannettesE» n’ont plus jamais quittéles lieux. Les communes avoisinantesleur livrent tous les jours de la nourriture,tandis que les charges de l’usine sontpayées par la CGT et par des dons departiculiers. «ENous nous relayons tousles jours, témoigne Ginette, qui travailledepuis quarante ans dans l’usine. L’été,ça allait, mais là, avec la pluie et le vent,ça devient morose. On en a un peu marrede regarder la télé.E»Peut-être cette occupation ne sera-t-ellebientôt plus qu’un mauvais souvenir. Carles fours pourraient bien se remettre àchauffer. C’est, du moins, le souhait d’unhommeE: Georges Viana. Le 24 novembredernier, le tribunal de commerce de CaenUSINE Georges Viana (à g.) a l’appuidu personnel pour son projet de reprise.a validé l’offre de reprise de cet hommed’affaires franco-portugais. Pourquoi a-t-il été choisi, parmi les 7 projets qui avaientété déposés? «EJe suis le seul qui ait prévudes embauchesE», répond cet entrepreneur,diplômé de l’Ena et de Harvard.C’est certainement le milieu ouvrierdans lequel il a grandi qui a motivé ce«Esérial-repreneurE» d’entreprises en difficultéà s’intéresser à la cause des Jeannettes.Peut-être aussi son «Ecôté proustienE»?«EPetit, je mangeais souvent cesmadeleinesE», confie-t-il. Grâce au financementparticipatif, il a récolté plus de100000Eeuros. Et les chèques continuentd’affluer.«EÇa nous fait chaud au cœur de voirque nous ne sommes pas seulsE», commenteFranck Mérouze, secrétaire del’union locale CGT. Aujourd’hui, ilmanque encore 700000Eeuros pour quele projet de Georges Viana se concrétiseE:investir dans une nouvelle ligne de productionet réembaucher, d’ici au mois dejuin, une quinzaine de Jeannettes. Rienn’est joué, mais Georges Viana, qui bénéficied’un appui total des ouvriers, veuty croire. A terme, la marque serait positionnéedans le «Ehaut de gamme artisanalE»,et la production pourrait atteindre200 tonnes annuelles.Mais l’homme d’affaires ne veut pasattendre l’été. Il vient d’acquérir un localà Courseulles-sur-Mer pour relancer laproduction. La raison? «ELa contrefaçonE»,répond-il. Il semblerait en effet, qu’un«EconcurrentE», installé dans la Manche,fabrique en toute impunité des madeleinesJeannette. «ESans doute pense-t-ilque la marque a été liquidée? N’empêchequ’il réalise 2,7 millions de chiffre d’affairessur notre dos! », se désole GeorgesViana. Plus qu’un roman de MarcelProust, un vrai polar… •P. RESBEUTN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>


Les BrèvesL’EXPRESS / 15DRP. RESBEUTBIÈRE Une idée normande,un brassage belge,coucou c’est Kékette.Kéketteà la conquêtedu mondeCe n’était qu’une blague potache,c’est maintenant uneentreprise. Après une viréearrosée en Belgique, Pierre etRoss, deux amis normands,ont eu l’idée de lancer leurbière, Kékette. Brassée outre-Quiévrain, cette blonde artisanaleaux arômes de coriandreest commercialiséeen Normandie et en Bretagne.Les deux compèrespartent maintenantà la conquête de Paris.A noter que deux autresboissons font fureur àCaen. D’abord, L’Embuscadequi, derrière sonapparence de grenadine,porte bien son nom : vinblanc, calvados, bière etsirop de cassis. Effet« coup de bambou » garanti.Ensuite, la MeuhCola, fabriquée par SébastienBellétoile : unsoda équitable au goûtcitronné avec des ingrédientsissus de l’agriculturebiologique. •HAUTE COUTUREFaille spatiotemporelleChaque année, le tempsd’un week-end, les habitantsde Touques remontentle temps et se retrouventen plein Moyen Age. Cracheursde feu, représentationsmusicales, ateliersde création… Ces deuxjournées exceptionnelles,Les Médiévales de Touques,offrent un bon aperçu de la vieau temps des chevaliers. •Les 27 et 28 juin,à Touques.www.mairiedetouques.frGranville rend hommage à DiorIl y a cent dix ans naissait Christian Dior, au cœur de la Manche. Le muséed’art moderne Richard-Anacréon lui rend hommage avec l’expositionChristian Dior. Premiers dess(e) ins. A noter que le musée Christian-Dior,à Granville, actuellement fermé pour travaux, rouvrira ses portes le 6 juin,avec une exposition initulée Dior, la révolution du new look. •Jusqu’au 24 mai au musée Richard-Anacréon, à Granville.De 2 à 4 €. www.ville-granville.frDRTchaikovskyensorcelleEn 1875,le GrandThéâtrede Moscoucommandeun ballet àPiotr IlitchTchaikovsky.Ce sera Le Lac des cygnes,aujourd’hui le plus joué aumonde. Il raconte l’amourimmortel du PrinceSiegfried pour la PrincesseOdette qui, ensorcelée, setransforme en cygne la nuittombée. Le Bolchoï deMinsk fera prochainementvivre, à Caen, ce balletromantique en trois actes. •Le 31 mars, à 20 heures,au Zénith. De 39 à 62 €.www.zenith-caen.frR. HALFAOUI/CULTURA<strong>CAEN</strong>.FRAjustezvos perruques23000 étudiants en 2014,combien cette année?Créé en 1894 sous le nom deCavalcade de bienfaisance,interrompu en 1963, leCarnaval étudiant de Caenrenaît de ses cendresen 1996. A plusieursreprises, il a pris une teintecontestataire, notammentcontre le Contrat premièreembauche (CPE) en 2006.Aussi attendu que décriépour ses excès,il revient !Ce jour-là, déguisez-vous…ou filez à la plage. •Jeudi 2 avril,http://carnaval-caen.frUn concertpour oublierle handicapUn orgue pour leshandicapés? C’est le défirelevé par le centrede ressources régionalHandicap musique-dansethéâtredu conservatoirede Caen. Il organiseun concert de jazz,avec un orgue sensorieladapté aux personneshandicapées, qui réunirades élèves du centrede ressources et duconservatoire. Caen estla 3 e ville la plus accessibleaux handicapés, derrièreNantes et Grenoble.Le 25 mars, à 20 heures,au conservatoire de Caen.www.conservatoiredecaen.frN° 3325 / 25 mars <strong>2015</strong>


Devenez clientd'une banquediférenteet proftezd'avantagesexclusifs(1)jusqu’à 335 €1 ère banque certifée par AFNOR Certifcation en décembre 2014 pour ses engagements de service « Clarté, confance, démarche conseil » - REF. 260 - www.afnor.org(1) L’Offre Bienvenue est destinée à toute personne physique majeure ayant souscrit un premier compte de Dépôt à Vue au Crédit Agricole Normandie avant le 30 juin <strong>2015</strong>.L’ensemble des avantages «Bienvenue» est utilisable sous réserve de souscription aux produits et/ou services compris dans cette offre dans les six mois suivant l’ouverture duCompte de Dépôt à Vue (voir conditions en agence). Les remises sont créditées sur le Compte de Dépôt à Vue à compter du 7 ème mois de la date d’ouverture de celui-ci.Pour connaître le détail de cette offre, renseignez-vous dans une agence du Crédit Agricole Normandie.CAISSE REGIONALE DE CREDIT AGRICOLE MUTUEL DE NORMANDIE - Société coopérative à capital variable, agréée en tant qu’établissement de crédit, dont le siègesocial est 15, esplanade Brillaud-de-Laujardière CS 25014 - 14050 <strong>CAEN</strong> CEDEX 4, immatriculée au Registre du commerce et des sociétés de Caen sous le numéro 478 834930. Société de courtage d’assurance immatriculée au registre des intermédiaires en assurance sous le n° 07 022 868.Conception : Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Normandie / Photo Thinkstock.

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