Paul FOURMARIER(25 décembre 1877 — 20 janvier 1970)Pour qui se donne corps et âmeà la recherche scientifique,le travail ne prend finqu’aux portes du tombeau.Paul FOURMARIERAucune profession de foi ne saurait mieux illustrer la destinéede Paul F o u r m a r i e r . Il la prononça lors de la manifestationorganisée, le 28 novembre 1954, par la Société géologique deBelgique, à l’occasion de son soixante-quinzième anniversaire.Quinze années de labeur ininterrompu devaient encore s’écouleravant que le doyen d’âge des géologues de ce pays, de laWallonie el de la France, ne laissât tomber le marteau et nes’éteignît, un mois presque jour pour jour, après la séance annuellede l’Académie thérésienne au cours de laquelle il se vitdécerner la Grand-Croix de l’Ordre de Léopold II et où il exprimases remerciements avec son éloquence habituelle.O voix maintenant muette qui nous était si familière et quenous n’entendrons plus ! O grand cœur qui a cessé de battre !Paul F o u r m a r i e r ! Aussitôt se pressent dans la mémoire etsur le même plan, ici, les noms de Max L o h e s t, son maître, deJules C o r n e t et de F élix K a is in , là, ceux de Jules G o s s e le t,d’Emile H a u g , d’Emmanuel d e M a r g e r i e , de Pierre T e r m ie r,d’Emile A r g a n d , de Maurice L u g e o n , de Pierre P r u v o s t , pourne citer que quelques-uns de ses contemporains et amis les plusillustres, disparus avant lui.Oui, vous formiez la même équipe, vous étiez de la mêmetrempe et faits de la même étoffe, amants passionnés de Démèter,de notre mère la Terre, inlassables pèlerins acharnés à lapoursuite de ses énigmes.
— 72 —Paul F o u r m a r i e r est né à la Hulpe — il était donc aussi unpeu bruxellois — , il est décédé à Liège, après avoir donné lemeilleur de lui-même à la Cité ardente, à son Université et à saSociété géologique.Faut-il retracer sa carrière qui couvre sans interruption soixante-dixannées de labeur, de recherche, d’enseignement et de pérégrinationsqui le conduisirent dans tous les pays de l’Europe,dans tous les continents, en Asie comme en Afrique, en Amériquecomme en Océanie? Faut-il dénombrer les quelque six centspublications auxquelles il confia le trésor de ses observations, lemiel de son savoir, le tissu solide et brillant de ses réflexions et,dans un cadre planétaire, sa vision des traits majeurs de notreGlobe? Faut-il énumérer les hautes fonctions auxquelles il accédadans son pays et dans le monde, la multitude des distinctionsscientifiques et honorifiques qui ont consacré ses mériteshors de pair et sa renommée universelle ?Il y faudrait un livre entier et, surtout, une profonde connaissancedes problèmes géologiques qu’il a abordés ou résolus. Etje crains fort de n’être aucunement qualifié pour cette tâche,n’étant, comme lui, ni stratigraphe, ni tectonicien. C’est donc unhonneur périlleux que m’a fait l’Académie en me confiant le soind’évoquer la mémoire de notre illustre et regretté Confrère. Toutefois,sur le plan humain et sur le plan de l’esprit, je crois percevoirune résonance entre l’enthousiasme qui l’a animé pendantsa longue existence et celui qui m’a mêmement porté à interrogerles pierres avec amour. Et c’est dans cette aura que je me sensmoins infirme pour retracer les grandes étapes d’une vie ardemmentvouée à la recherche des lois naturelles.Si Paul F o u r m a r i e r sortit en 1901 de l’école géologique deLiège, nanti du diplôme d’ingénieur des mines et de celuid’ingénieur géologue qu’il fut le premier à porter, on peutdire — sans le moindre à peu près — qu’il entra dans la phalangede ses illustres aînés et de ses pairs... par une fenêtre! Hé oui! la« fenêtre tectonique » de Theux qu’il découvrit, et dont il reconnutla signification dès 1905, qu’il ne cessa d’étudier sa vie durantet qui faisait encore l’objet de sa toute dernière Note à la Sociétégéologique, en sa séance du 3 décembre 1968. Cette « fenêtre »est, par lui, devenue classique dans la géologie mondiale. Elle le
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