EN DIRECT I PORTRAIT I COMMUNAUTÉ DE COMMUNES I ÇA S’EST PASSÉ CHEZ NOUS I DOSSIER I ZOOM I RÉTRO I ASSOCIATIONSUN COUP D’ŒIL DANS LE RÉTROPetites histoires <strong>de</strong> l’HISTOIRE<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Martin</strong>-<strong>de</strong>-<strong>Seignanx</strong>Copie en cours du Christ par Pia KneipLe XIX e siècle :une ère <strong>de</strong> grands travauxC’est en fait sous le Consulat <strong>de</strong>Bonaparte, que les églises seront renduesà leurs fonctions premières. Le 15fructidor (août) <strong>de</strong> l’an XII (1804), oncélèbre dans l’église une gran<strong>de</strong> fêtepour le couronnement <strong>de</strong> Bonaparte<strong>de</strong>venu Napoléon I er , et on lit en publicun acrostiche élégamment tourné parun habitant et surtout très… flatteur :Béni dans tous les temps comme un dieu tutélaireOrgane du Très-Haut, secondant les <strong>de</strong>sseinsNe songeant nuit et jour qu’au bonheur <strong>de</strong>s humainsAimé, craint, respecté, révéré comme un pèreProtégeant la vertu ; pour le crime, sévèreAlliant la douceur avec la fermetéRavissant par l’excès <strong>de</strong> son humanitéTenant par les vertus le plus brillant EmpireEst bien là ce héros, que l’univers admireMais quand les fêtes sont terminées, laréalité s’avère moins grandiose.L’église a souffert <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong> révolutionnaireet on “est effrayé” par sonétat : les maçonneries tombent et lacouverture en ardoise “comporte <strong>de</strong>strous”, la ville doit faire appel “au servicedu Secours National” pour effectuerles réparations.En 1852, Napoléon III est le nouvelempereur et souhaite voir le pays, semo<strong>de</strong>rniser… <strong>Saint</strong>-<strong>Martin</strong> suit la tendanceavec une campagne <strong>de</strong> grandstravaux. En 1860, Jean Léglise aîné va20 I BULLETIN MUNICIPAL n° 13acheter le terrain <strong>de</strong> “la vieille boulangerie”pour y créer une maison commune(mairie, prétoire et salle d’école).Les vitres <strong>de</strong> l’église laissent la place à<strong>de</strong>s verrières fournies par les ateliersMaumejean <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux et d’Hendaye;l’Empereur fait don d’un beau tableaudu Christ en croix réalisé par RodolpheJulian, qui sera installé dans la nef.En 1862, on pose la 1 re pierre <strong>de</strong> la mairie- si un jour, <strong>de</strong>s fouilles ont lieu sousl’édifice - on trouvera une boîte enplomb scellée, contenant une médailleen marbre <strong>de</strong> Napoléon III et cinqpièces d’argent et <strong>de</strong> cuivre…En 1866, une gran<strong>de</strong> affaire occupetous les esprits : la translation <strong>de</strong> l’église.Pour lui procurer un emplacementcentral, on propose <strong>de</strong> la reconstruireau croisement “<strong>de</strong> la route Impériale etdu chemin <strong>de</strong> l’Hôpital”, <strong>de</strong> nos jours,l’avenue du Quartier Neuf et l’avenueBarrère - vous auriez pu prier sous lesfeux <strong>de</strong> croisement du Quartier Neuf !Devant les multiples protestations etpétitions, le projet est retiré le 19 mai1867. Toute cette affaire s’est passéesous l’œil vigilant du curé Monségur, àqui cet édifice cause bien <strong>de</strong> soucis en1869, car par temps <strong>de</strong> pluie, la nef sert<strong>de</strong> refuge et se prête trop “à la promiscuité<strong>de</strong>s enfants… <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes !”.L’infatigable prêtre est d’humeurbatailleuse, qui se traduit par unéchange épistolaire à fleurets mouchetésavec le maire Jean-Félix Léglise(1871). Les représentants <strong>de</strong> l’Etat ont<strong>de</strong>s places réservées dans la nef, maisle curé n’en voit pas la nécessité “pourquelque individu catholique” que cesoit. Le maire proteste contre lestermes employés, ce qui lui donneradroit, à <strong>de</strong>s places <strong>de</strong> choix, “à côté dubénitier”, autrement dit… au fond <strong>de</strong>l’église !La plus belle réalisation dans l’édifice,se déroulera en cette fin <strong>de</strong> siècle. ABor<strong>de</strong>aux, en 1877, un atelier imagine<strong>de</strong>s décors pour les édifices religieux,les créateurs sont Jean-Louis Augier(1825-1894) et Léon Millet (1851-1894)qui vont travailler pour <strong>Saint</strong>-<strong>Martin</strong><strong>de</strong>-<strong>Seignanx</strong>.Trois lavis inédits (encres<strong>de</strong> couleurs) ont été retrouvés parC.L.E.S Loisirs, aux archives <strong>de</strong>Bor<strong>de</strong>aux. Datés <strong>de</strong> 1883, ils montrentune esquisse pour le chœur et <strong>de</strong>uxpropositions pour les collatéraux. Les<strong>de</strong>ssins sont différents du décor actuel- aujourd’hui, un Christ dans une mandorle(nimbe en forme d’aman<strong>de</strong>)<strong>de</strong>bout sur le globe terrestre, entouré<strong>de</strong> la Vierge agenouillée et <strong>de</strong> saint<strong>Martin</strong> - autrefois, l’esquisse figurait unChrist les bras ouverts, <strong>de</strong>bout sur unnuage, entouré d’un ange porteur <strong>de</strong> lacouronne d’épines et d’un ange porteur<strong>de</strong> la lance. Le mur du fond était orné<strong>de</strong> motifs floraux et <strong>de</strong> rinceaux, avec<strong>de</strong>s ébrasements <strong>de</strong> verrières portant<strong>de</strong>s motifs en écailles <strong>de</strong> poisson (lafigure du poisson utilisée par les chrétienss’explique par un petit jeu <strong>de</strong> traduction: le poisson en grec, se dit ICH-TUS, correspondant aux initiales <strong>de</strong>I(j)esu CH(k)ristos Theou Uios Sôter :Jésus Christ, fils <strong>de</strong> Dieu, Sauveur). Cespropositions décoratives ont été simplifiéesdans le décor aujourd’hui visible,probablement dans un souci d’économie,à la fois sur le temps et le coût duprojet. Mais pour continuer l’embellissement<strong>de</strong> l’église, en 1894, un legs <strong>de</strong>100 francs permettra <strong>de</strong> payer le chemin<strong>de</strong> croix en plâtre qui orne toujoursles parois <strong>de</strong>s collatéraux.Décollement <strong>de</strong> la Vierge marouflée
EN DIRECT I PORTRAIT I COMMUNAUTÉ DE COMMUNES I ÇA S’EST PASSÉ CHEZ NOUS I DOSSIER I ZOOM I RÉTRO I ASSOCIATIONSUN COUP D’ŒIL DANS LE RÉTROLe XX e siècle :le progrès est à nos portes !En juin 1903, les curieux voient un “abrien dur” se construire au Bourg pourabriter la première cabine téléphonique,positionnée aux abords <strong>de</strong> lamairie. En 1905, Monsieur <strong>de</strong> Portets,propriétaire <strong>de</strong> l’Hermitage, fait placerun orgue dans l’église pour agrémenterles offices religieux. Ces <strong>de</strong>rniers pouvaientêtre gênés par les bruits <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité : en 1906, un arrêté est prispour les automobilistes qui traversentles agglomérations du Bourg et duQuartier Neuf à “très gran<strong>de</strong> vitesse”, àsavoir “20 km/heure” pour ces fous duvolant ! Deux ans plus tard, pour faciliterles transactions <strong>de</strong> cette trépidantevie mo<strong>de</strong>rne, on installe une gran<strong>de</strong>bascule municipale nécessaire au commerce- pour repérer son emplacement,lisez donc le nom mentionné surla maison au croisement <strong>de</strong>s feux duQuartier Neuf, en direction du Bourg.En 1910, la lumière est à nos portes, <strong>de</strong>“fortes lampes publiques <strong>de</strong> 16 bougies”sont installées au Bourg et auQuartier Neuf (N.D.L.R : Paris s’estdoté <strong>de</strong> la fée électricité en 1881, nousavons donc pris un retard certain !).Pour une pério<strong>de</strong> plus noire, en 1918,en mémoire <strong>de</strong>s combattants <strong>de</strong> laPremière Guerre, le Conseil Municipalcomman<strong>de</strong> un Monument aux morts,installé 5 ans plus tard, <strong>de</strong>vant la mairie(on ne le déplacera qu’en 1955).L’histoire <strong>de</strong> l’église connaît un <strong>de</strong>rnierépiso<strong>de</strong> dans les années 90, avec unerestauration menée par <strong>de</strong>s artisanslocaux, les entreprises Delafaye, Labat,ou Bourras qui va reconstituer en plâtreles voûtes <strong>de</strong> la nef posées sur <strong>de</strong>s lattisen bois. La restauratrice Pia Kneip,restituera, en gran<strong>de</strong> partie, le décorpeint altéré par le temps. Cette restaurationpermettra d’ailleurs, d’intéressantesdécouvertes : il existait <strong>de</strong>straces d’un décor antérieur à celui <strong>de</strong>1883, découvertes sous la figure centraledu Christ. Ces trois personnagesdu chœur ont livré un ultime secret : ilsne sont pas peints directement sur lavoûte, mais marouflés (<strong>de</strong> maroufle,colle forte). Autrement dit, ils sont réaliséssur une toile fine, en atelier ; puisles contours <strong>de</strong>s figures sont découpéspour être ensuite appliqués sur la paroigrâce à une colle forte ; enfin, le peintrefinira son ouvrage en lissant soigneusementl’ensemble. Vu d’en bas, cetteastuce est invisible, sauf, si l’on travaillesur un échafaudage à quelquescentimètres <strong>de</strong>s figures comme l’ontfait ces restaurateurs. Cet amusant clind’oeil <strong>de</strong> l’histoire, nous permet <strong>de</strong>constater que la créativité <strong>de</strong>s artisteset artisans d’art perdure dans l’église<strong>de</strong>puis une pério<strong>de</strong>… <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent quaranteans !!Lavis inédit <strong>de</strong> 1883 pour le choeurCopyrights réservés- texte : Patricia Goutenègre (C.L.E.S Loisirs)- illustrations : mairie <strong>de</strong> St-<strong>Martin</strong>(auteurs : archives <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, P. Goutenègre etG.Benquet).Toute utilisation est interdite sauf avec accord <strong>de</strong>sdétenteurs <strong>de</strong>s droits.Sources : archives municipales <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Martin</strong>,archives municipales <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, bibliothèque <strong>de</strong>Bayonne, J <strong>de</strong> Cauna : Ca<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Gascogne (Monein2004-2006).N.D.L.R : les citations entre guillemets sont issuesdirectement <strong>de</strong>s textes retrouvés aux archives.Projet <strong>de</strong> translation <strong>de</strong> l'église en 1866BULLETIN MUNICIPAL n° 13 I 21