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le coton de saint Aubrin - Forez histoire

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Marguerite Fournier-Néel, "Le <strong>coton</strong> <strong>de</strong> <strong>saint</strong> <strong>Aubrin</strong>", Village <strong>de</strong> <strong>Forez</strong>, avril 1997L'<strong>histoire</strong> est sobre <strong>de</strong> détails sur la vie <strong>de</strong> <strong>saint</strong> <strong>Aubrin</strong> ; en revanche, l'imagination populaire, biensouvent fondée sur la réalité, s'est donnée libre carrière, et <strong>de</strong> gracieuses légen<strong>de</strong>s se sont créées, douceset naïves légen<strong>de</strong>s qui faisaient la joie <strong>de</strong> nos aïeux, et que nous ne goûtons peut-être plus assez, sousprétexte <strong>de</strong> ne pas nous perdre dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong>s rêves.Nous voulons rappe<strong>le</strong>r une <strong>de</strong> ces légen<strong>de</strong>s, qui n'est qu'une légen<strong>de</strong>, oui, mais qui n'en constituepas moins un témoignage précieux <strong>de</strong> la piété et <strong>de</strong> la confiance <strong>de</strong> nos pères envers <strong>saint</strong> <strong>Aubrin</strong>.On raconte que sur <strong>le</strong> coteau où s'élèvent aujourd'hui <strong>le</strong>s trois croix du Calvaire, on voyait unbosquet <strong>de</strong> chênes et d'ormeaux. Mais dans ce bosquet, on n'entendait jamais <strong>le</strong> chant du rossignol. Lefeuillage <strong>de</strong>s arbres était jauni, et la bruyère qui croissait à <strong>le</strong>urs pieds était flétrie et sans f<strong>le</strong>urs. Jamais onne passait dans ce lieu. Il était maudit, et chaque nuit <strong>le</strong>s démons venaient sur la colline et l'on entendait auloin <strong>le</strong>urs éclats <strong>de</strong> rire et <strong>le</strong>urs cris sinistres.Et <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> effrayé gémissait et allait trouver ses prêtres que l'on nommait <strong>le</strong>s drui<strong>de</strong>s, car alors <strong>le</strong>christianisme n'avait pas pénétré dans notre pays. Et <strong>le</strong>s drui<strong>de</strong>s, revêtus <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur longue robe blanche,allaient déposer sur la colline <strong>de</strong>s offran<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gui ; mais <strong>le</strong>s présents étaient inuti<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong>s démonscontinuaient <strong>le</strong>urs rires moqueurs.Or, il y avait un petit pâtre, aux cheveux blonds, qui habitait seul une cabane au bord <strong>de</strong> la rivière[notre Vizézy]. Souvent il s'asseyait sur l'herbe, en gardant ses agneaux. Il tenait à la main un petit crucifix etil chantait.Un jour, <strong>le</strong>s vieillards <strong>de</strong> la cité allèrent trouver l'enfant, dans sa cabane, et ils en sortirent p<strong>le</strong>ins <strong>de</strong>respect pour l'humb<strong>le</strong> berger dont la tête blon<strong>de</strong> renfermait plus <strong>de</strong> sagesse que toutes <strong>le</strong>urs têtes blanches.Et <strong>le</strong> soir <strong>de</strong> ce jour, <strong>le</strong> petit pâtre se dirigea vers la forêt, coupa <strong>de</strong>ux jeunes arbres, <strong>le</strong>s attacha en forme <strong>de</strong>croix et s'achemina vers la colline maudite en murmurant une prière : "Que <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Jésus-Christ soitadoré au ciel et sur la terre."Depuis ce jour, plus jamais on n'entendit <strong>le</strong>s cris <strong>de</strong>s démons.Le <strong>le</strong>n<strong>de</strong>main, continue la légen<strong>de</strong>, <strong>le</strong> petit pâtre partait pour la gran<strong>de</strong> vil<strong>le</strong> <strong>de</strong> Lyon, déjà chrétienne.Il en revenait bientôt amenant <strong>le</strong> vieux prêtre du Christ qui lui avait donné <strong>le</strong> baptême, et tout <strong>le</strong> pays,abandonnant l'idolâtrie, embrassa <strong>le</strong> christianisme.<strong>Aubrin</strong>, <strong>le</strong> petit pâtre, <strong>de</strong>vint un grand <strong>saint</strong>. Il n'oublia jamais la vil<strong>le</strong> où il avait vu <strong>le</strong> jour et qu'il avaitconvertie au Seigneur. Et la petite vil<strong>le</strong> reconnaissante n'oublia jamais <strong>le</strong> petit pâtre, <strong>de</strong>venu évêque. Quandil fut remonté aux cieux, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> prit pour patron. 3Aujourd'hui plus <strong>de</strong> procession so<strong>le</strong>nnel<strong>le</strong>, ni <strong>de</strong> <strong>coton</strong> béni, cependant <strong>le</strong> vieil évêque né àMontbrison n'est pas complètement oublié, la fête patrona<strong>le</strong> se situe toujours <strong>le</strong> dimanche suivant <strong>le</strong> quinzejuil<strong>le</strong>t et il arrive même que <strong>de</strong> jeunes parents choisissent encore <strong>Aubrin</strong> comme prénom pour <strong>le</strong>ur petitgarçon. Les Montbrisonnais sont encore un peu <strong>le</strong>s Enfants <strong>de</strong> <strong>saint</strong> <strong>Aubrin</strong> 4 .Marguerite-V. FOURNIER(Village <strong>de</strong> <strong>Forez</strong>, n° 69-70 d'avril 1997)3 Bul<strong>le</strong>tin paroissial <strong>de</strong> Notre-Dame d'Espérance <strong>de</strong> Montbrison, n° 754, du 15 juil<strong>le</strong>t 1922.4 Selon l'auteur (anonyme) <strong>de</strong> la Notice sur <strong>saint</strong> <strong>Aubrin</strong> <strong>le</strong>s Montbrisonnais <strong>de</strong> jadis se nommaient fièrement <strong>le</strong>s Enfants<strong>de</strong> <strong>saint</strong> <strong>Aubrin</strong>.

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