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L'Itinérant n°1138

Journal L'Itinérant numéro 1138 du jeudi 15 septembre 2016. Journées du patrimoine

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E c r i v e z - n o u s…<br />

J’ai peur et je l’assume<br />

Bonjour L’Itinérant,<br />

Je réagis à votre dernier édito sur<br />

la peur, paru, si ma mémoire est<br />

bonne, début septembre [L’Itinérant<br />

n° 1136. N.D.L.R.]. Je<br />

vous trouve d’un angélisme et<br />

d’un aveuglement dramatiques.<br />

Vous résumez tout à l’amour, à<br />

la confiance et à la tolérance. À<br />

lire vos écrits, on a l’impression<br />

d’entendre le sermon d’un gentil<br />

curé de campagne, assommant et<br />

naïf. Mais démodé. Bref, dans la<br />

France d’aujourd’hui, vos idées<br />

prônées sont non seulement stupides,<br />

mais aussi dangereuses.<br />

Votre tolérance est complaisante,<br />

sinon complice, de nos ennemis.<br />

Oui, madame, j’ai peur.<br />

Oui, madame, je l’assume. Et<br />

non, madame, mon cœur n’est<br />

pas anesthésié et je ne suis pas<br />

soumise au dictat médiatique.<br />

D’ailleurs, je n’ai pas besoin de<br />

voire les infos à la télé pour me<br />

rendre compte que l’intégration,<br />

en France, est non seulement<br />

une notion vieillotte, mais impossible.<br />

Il est impossible d’intégrer<br />

la différence. Et je trouve<br />

qu’à force de vouloir, dans une<br />

sorte de fuite en avant suicidaire,<br />

y croire, faire confiance, accepter,<br />

accueillir, on va finir par se<br />

faire piétiner par les autres, par<br />

enterrer nos amis, nos familles,<br />

et finir par nous enterrer nousmêmes.<br />

Je crois au discours sécuritaire,<br />

au discours autoritaire.<br />

Sans sécurité, nous ne pouvons<br />

pas amener nos enfants à l’école,<br />

et l’école, et ici je pense que<br />

vous serez d’accords avec moi,<br />

est l’avenir de ce pays et de ses<br />

citoyens.<br />

Bien à vous,<br />

Brigitte<br />

Courbevoie<br />

Chère lectrice,<br />

Votre peur est légitime. Et pourtant.<br />

Malgré ce que les politiques<br />

et les grands médias veulent<br />

nous faire croire ou nous donner<br />

l’impression d’être, notre pays,<br />

la France, n’est pas en guerre.<br />

Le croire et le clamer c’est<br />

ignorer ce qu’est véritablement<br />

un pays en guerre. Je ne peux<br />

que vaguement l’imaginer car<br />

je n’ai jamais été dans un pays<br />

en guerre, sous les bombes et la<br />

poussière des décombres, entre<br />

les cris des proches et le sang des<br />

défunts. Je n’ai jamais ressenti<br />

cette impression de ne pouvoir<br />

vivre que pour l’instant, comme<br />

si une chape de plomb couvrait<br />

tout avenir, toute envie d’espérer,<br />

de rêver.<br />

Vous parlez d’ennemis et de complaisance.<br />

Mais quels ennemis ?<br />

Les musulmans ? Les noirs et les<br />

arabes ? Mais ne sont-ils pas<br />

aussi français que vous et moi ?<br />

Les immigrés ? Comment osezvous<br />

croire que le migrant aux<br />

abois qui fuit son pays, son berceau,<br />

toute son histoire, puisse<br />

être une menace pour nous,<br />

notre culture, nos richesses,<br />

notre stabilité économique et sociale,<br />

notre suffisance politique ?<br />

Non, nous n’avons pas d’ennemis.<br />

Si ce n’est nos propres angoisses<br />

sécuritaires, nos propres<br />

fantasmes identitaires, nos idées<br />

réfractaires et racistes. Car oui,<br />

nous le sommes, racistes jusqu’à<br />

la moelle sociale. Nous sommes<br />

gangrenés par cette horreur<br />

que nous avons de l’Autre, de<br />

sa différence. Nous envisageons<br />

l’Autre comme un problème, une<br />

obscure équation impossible<br />

à résoudre, une tare sociale et<br />

culturelle, un boulet économique.<br />

Or, il suffirait de changer notre<br />

manière de penser, de faire basculer<br />

nos peurs naturelles vers<br />

l’espoir salutaire, de penser<br />

amour et confiance au lieu de<br />

haine et d’intolérance. Ce n’est<br />

pas ignorer l’horreur et le sang<br />

des innocents que de vouloir<br />

espérer, aimer encore et accueillir.<br />

Bien au contraire, c’est leur<br />

rendre hommage, maintenir leur<br />

mémoire et faire preuve de bon<br />

sens. On ne peut pas répondre<br />

à la mort et à l’horreur, par la<br />

haine et l’intolérance. C’est<br />

une question de survie. Malheureusement,<br />

toute dynamique<br />

constructive est longue à mettre<br />

en place, longue à entretenir,<br />

longue à réfléchir. Et elle ne correspond<br />

pas aux impératifs d’un<br />

calendrier électoral.<br />

Amitiés,<br />

Marie Aschehoug-Clauteaux<br />

iotamarie@gmail.com<br />

Écrire une lettre ?<br />

Bonjour,<br />

Je m’appelle Annick, j’ai 54 ans<br />

et je suis mariée avec trois enfants.<br />

Je réside en Région Parisienne.<br />

Depuis quelques temps,<br />

je me demande comment faire<br />

pour avoir un correspondant<br />

détenu. Je fais partie d’une association<br />

solidaire qui s’occupe<br />

de porter des paniers-repas et des<br />

vêtements aux sans domiciles à<br />

côté de chez nous. Nous organisons<br />

des collectes de fond pour<br />

pouvoir acheter des machines à<br />

laver ou autre électroménager<br />

pour des familles dans le besoin.<br />

Mais le monde carcéral m’est<br />

totalement inconnu et quelques<br />

questions sont en suspens. Les<br />

courriers transitent-ils vers une<br />

association pour qu’un certain<br />

anonymat soit respecté et pour<br />

les uns et pour les autres ? Comment<br />

choisir son correspondant ?<br />

Dans L’Itinérant vous donnez les<br />

noms et matricules et adresses,<br />

suffit-il d’écrire ?<br />

Merci de me lire et de répondre à<br />

mes incertitudes.<br />

Bien cordialement,<br />

Annick<br />

Par e-mail<br />

Chère madame,<br />

Merci pour votre intérêt. Votre<br />

question est légitime. Les<br />

adresses de détenus que nous<br />

publions dans le Courrier de<br />

Lecteurs de L’Itinérant sont de<br />

la part de personnes qui nous ont<br />

déjà écrit directement au journal,<br />

dont nous avons déjà publié les<br />

lettres et à qui nous avons répondu.<br />

Parmi eux, certains sont<br />

devenus des amis, des amis<br />

qui nous donnent de temps en<br />

temps des nouvelles. Vous pouvez<br />

leur écrire. D’ailleurs, c’est<br />

pour cela que nous publions ces<br />

adresses. La liste est déjà en ellemême<br />

une sélection.<br />

L’Itinérant est un journal,<br />

nous ne fonctionnons donc pas<br />

comme une association. Et par<br />

rapport aux prisonniers, nous<br />

ne sommes pas un relais. Le<br />

seul conseil que je peux vous<br />

donner c’est que si vous vous<br />

décidez un jour d’établir une<br />

correspondance avec un détenu,<br />

il faut à la fois être personnel<br />

et prudent. Savoir trouver un<br />

équilibre entre le rapport direct<br />

et la distance. Être soi-même en<br />

respectant la pudeur et le silence<br />

de l’Autre. Je pense toutefois<br />

qu’il est important de donner<br />

son nom, les lettres anonymes<br />

peuvent faire plus de mal que<br />

du bien. De ce fait, certains détenus<br />

se plaignent qu’on ne leur<br />

donne pas une adresse pour<br />

qu’ils puissent répondre en retour…<br />

Débuter une correspondance<br />

ne doit pas être pris à la<br />

légère. C’est un engagement<br />

qu’on prend vis-à-vis de l’Autre.<br />

Une responsabilité. Mais aussi<br />

une expérience humaine unique<br />

qui peut mettre en lumière des<br />

grandes richesses de partage et<br />

de solidarité.<br />

N’hésitez pas à revenir vers nous<br />

si vous avez d’autres questions.<br />

Bien à vous,<br />

Marie Aschehoug-Clauteaux<br />

iotamarie@gmail.com<br />

Écrire à l’Ombre…<br />

Mes chers amis,<br />

N’oublions jamais que L’Itinérant<br />

ce sont ces ponts que nous<br />

construisons afin que le lien humain,<br />

le tissu social, ne se brise<br />

pas davantage. Le Courrier des<br />

Lecteurs est un espace d’expression…<br />

N’hésitez pas à écrire<br />

à nos détenus, à nous écrire, à<br />

vous écrire. La lutte contre l’exclusion<br />

commence toujours par<br />

un seul mot : ESPOIR !<br />

Chaque semaine, nous publions<br />

ici quelques adresses de détenus<br />

qui nous écrivent au journal.<br />

Parmi eux, beaucoup sont devenus<br />

des amis. N’hésitez pas,<br />

chers lecteurs, à les contacter.<br />

N’oubliez pas d’indiquer votre<br />

adresse dans votre courrier !<br />

Une lettre sans espoir de réponse,<br />

sans espoir de retour, est<br />

comme un ciel de plomb, sans<br />

espoir de lumière…<br />

Avec toute mon amitié,<br />

Marie Aschehoug-Clauteaux<br />

iotamarie@gmail.com<br />

• Patrick GATEAU<br />

# 14138 1 er Droit Cel. 126<br />

M.C. de Moulins<br />

Les Godets<br />

B.P. 24<br />

03401-Yzeure<br />

• Frédéric GIRARD<br />

# 9557P Cellule 118<br />

Maison d’Arrêt<br />

11 ter, rue Maréchal Gallieni<br />

B.P. 50141<br />

17306-Rochefort CEDEX<br />

• Luc GOBIN<br />

# 246 Bât. C 7223<br />

Centre de Détention de Toul<br />

804, Rue Lyautey<br />

54200-Toul<br />

• Mickaël GUYOT<br />

# 968233<br />

1, Allée de Thuyas<br />

94261-Fresnes<br />

• Djamel HADDOU<br />

# 11059 D224<br />

Centre de Détention de Muret<br />

B.P. 312<br />

31605-Muret CEDEX<br />

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