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LA REVUE DE L’ASSOCIATION DES BIOLOGISTES DU QUÉBEC

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ADN environnemental :<br />

WSP Canada s’implique dans la recherche<br />

Par Jean Carreau, spécialiste du poisson et de la grande faune<br />

Les populations de poissons<br />

des lacs et des rivières<br />

sont difficiles à étudier.<br />

En effet, l’utilisation des<br />

techniques d’inventaire<br />

traditionnelles (filets et<br />

autres pièges) et même de<br />

techniques plus modernes<br />

comme l’hydroacoustique, demande des efforts<br />

et des coûts importants et sont souvent<br />

destructifs.<br />

Sans un déploiement minimal, ces inventaires ne<br />

permettent, au mieux, que l’obtention de<br />

résultats fragmentaires. En exagérant quelque<br />

peu, ces inventaires ichtyologiques classiques<br />

peuvent être comparés à un inventaire forestier<br />

réalisé par une nuit sans lune et avec pour seul<br />

éclairage une petite lampe de poche. De plus,<br />

dans le cas d’études portant spécifiquement sur<br />

des espèces peu abondantes, telles les espèces<br />

menacées, les espèces exotiques envahissantes<br />

dans leurs premiers stades d’envahissement, ou<br />

les espèces cryptiques, c’est à dire celles qui sont<br />

difficiles à identifier, les méthodes traditionnelles<br />

sont généralement peu concluantes.<br />

L’utilisation de l’ADN environnemental pourrait<br />

bien faire progresser notre compréhension des<br />

populations de poissons. L’ADN environnemental<br />

fait référence à de l’ADN extrait d’un échantillon<br />

(eau, sol ou air) sans isoler spécifiquement<br />

un spécimen cible. Ainsi, lors de son passage dans<br />

l’eau, toute créature laisse derrière elle des traces<br />

d’ADN constituées d’ADN cellulaires (cellule<br />

vivante ou organismes) et d’ADN extracellulaires<br />

(provenant de la mort naturelle de cellule et la<br />

destruction des structures de cette dernière). Ces<br />

traces peuvent provenir de diverses secrétions<br />

(mucus, sperme, œuf ou urine) ou de particules<br />

de peau. Il est donc maintenant possible de<br />

détecter la présence d’organismes aquatiques,<br />

Omble de fontaine<br />

même dans le cas d’espèces peu abondantes, par<br />

la seule analyse de leurs traces d’ADN laissées<br />

dans l’eau. Un seul échantillon de deux litres<br />

d’eau peut suffire à relever la présence de<br />

poissons et même à les identifier. Pour ce faire,<br />

l’ADN de l’espèce recherchée est extrait de<br />

l’échantillon d’eau au moyen de la technologie<br />

de réaction en chaîne de la polymérase (PCR) et<br />

une amorce spécifique à l’espèce.<br />

Dorénavant des bases de données compilant<br />

l’ADN du vivant sont directement accessibles<br />

depuis Internet (http://www.barcodeoflife.org/,<br />

http://www.boldsystems.org/, http://ibol.org/),<br />

permettant l’identification d’une variété<br />

d’espèces. Ainsi, plusieurs études ont démontré<br />

l’applicabilité de cette approche génétique, soit<br />

© Gilles Tremblay<br />

pour identifier les poissons d’eau douce<br />

canadiens (Hubert et coll. 2008), soit pour<br />

surveiller la progression d’espèces envahissantes<br />

comme les carpes asiatiques (Jerde et coll. 2011 et<br />

2013). Jusqu’à maintenant, la majorité des études<br />

réalisées qui utilisent l’ADN environnemental<br />

avaient comme objectif spécifique de ne détecter<br />

qu’une seule espèce à la fois.<br />

Récemment, une nouvelle technologie, le<br />

« metabarcoding », a permis de séquencer simultanément<br />

l’ADN des espèces de toute une<br />

communauté d’organismes. Cette technique<br />

combine deux technologies : l’identification<br />

basée sur l’ADN et le séquençage d'ADN à ultrahaut<br />

rendement. Cette dernière technologie<br />

implique généralement l’amplification de<br />

14 Vol. 37, N°1

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