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DP LAME DES CHEVALIERS

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Toute lame dehors : Mythes, symboles,<br />

personnification<br />

Portrait d’André François Alloys de Theys d’Herculais (1692-1779). Nicolas<br />

de Largillière, 1727. Metropolitan Museum of Art, New York ©Metropolitan<br />

Museum.<br />

La part du jeu : tournois, tirs et chasses<br />

Lorsqu’on parle de tournoi ou de joutes, on<br />

évoque souvent des activités de loisirs ou de sports de<br />

la cour ou des aristocrates entre eux, principalement<br />

du Moyen Âge (ill. 5). Des premières « tournées » aux<br />

joutes réglementées, ces démonstrations publiques ont<br />

suscité une évolution des équipements et un véritable<br />

marché des montures, des personnels qualifiés et des<br />

panoplies jusqu’à utiliser des armes et armures conçues<br />

uniquement pour le tournoi. Mais la joute et les tournois<br />

dépassent bien largement les périodes médiévales et<br />

sont encore pratiquées à la Renaissance, et on fit des<br />

manèges équestres et des carrousels à la cour du roi<br />

Soleil, figurant une Antiquité et un Moyen Âge fantasmé, en<br />

armure à la mode du temps (fig. 6). Précisons que les pas<br />

d’armes n’étaient pas que le monopole de l’aristocratie.<br />

En effet, à de nombreuses reprises, les bourgeois des<br />

villes ou les seigneurs plus humbles loin de la vie des<br />

cours se sont également adonnés à ce genre d’exercices<br />

mondains, louant parfois les armures et les chevaux à<br />

des prestataires spécialisés dans ce genre de service. Audelà<br />

de la guerre et des joutes, la chasse et le tir ont aussi<br />

bénéficié des inventions dans le domaine des armes de<br />

jet et à feu. Ces armes à feu mettront encore longtemps à<br />

être acceptées par la noblesse, mais les fusils deviennent<br />

une norme de l’infanterie, incontournables des champs<br />

de batailles de la fin du 18ème siècle et de l’Empire, et<br />

tout officier dispose alors d’une paire de pistolets à<br />

platine à silex, nourrissant aujourd’hui notre imaginaire<br />

à propos des armes de duels. Et de la même façon que<br />

les tournois de la chevalerie provenaient des séances<br />

d’entrainements aux arts martiaux équestres et en<br />

armure, l’escrime en salle et les exercices à l’épée, mais<br />

aussi à l’arc, à l’arbalète et à l’arquebuse ont pris, dans<br />

les espaces urbains, des airs de compétition, donnant<br />

naissance à des épées uniquement destinées à l’escrime,<br />

et à des armes de tirs destinés à la performance sportive.<br />

Henry de Saint-Didier écrivait en 1573 que<br />

« L’Epée est la mère de toutes les armes ». Elle fascine les<br />

collectionneurs depuis l’origine même de sa production,<br />

aux côtés des dagues qui attirent elles aussi les amateurs<br />

d’histoire martiale, parfois faites avec des lames d’épées<br />

cassées, dans une certaine valeur symbolique. Les épées<br />

ou lames longues sont les armes qui retiennent les noms<br />

de leurs propriétaires, qui font inscrire sur leurs lames des<br />

devises, des vœux ou des prières, dans toute l’histoire et<br />

dans le monde entier, dans toutes les langues et dans<br />

toutes les religions (fig. 7). C’est que la lame de l’épée,<br />

c’est l’âme de l’arme, au sens propre et au sens figuré !<br />

L’épée est devenue le symbole d’une chevalerie militaire,<br />

sociale, religieuse et culturelle, incarnant le signe de la<br />

répression des peuples comme celui de la justice pour<br />

tous. Les épées sont également instrumentalisées, elles<br />

existent en tant qu’objet physique, mais aussi en tant<br />

qu’idée non matérielle. Le porteur de l’épée est doté<br />

de pouvoirs à travers elle, et il développe avec elle une<br />

relation particulière. De personnalité, il est clairement<br />

question, les récits prêtant aux armes des esprits propres,<br />

des capacités de jugement. On trouve dans l’imaginaire<br />

médiéval de telles considérations. Ainsi, on trouve dans le<br />

premier musée du royaume de France, le cabinet d’armes<br />

d’Amboise de 1499, une « épée-fée » ayant appartenu à<br />

Lancelot. Il reste deux épées en France qui sont encore<br />

attribuées à Jeanne d’Arc, sans réel fondement, tandis<br />

que l’une de ses épées perdues était conservée dans le<br />

trésor de Saint Denis. Du trésor royal reste aujourd’hui<br />

Joyeuse de Charlemagne conservée au Louvre, forgée<br />

avec la sainte Lance ou contenant un fragment dans son<br />

pommeau. Parmi les lames célèbres qui ont un nom,<br />

citons Szczerbiec, l’épée de Boleslas Ier de Pologne,<br />

Affrontement entre le duc de Bretagne et le duc de Bourbon. Tiré du Livre des<br />

tournois, vers 1462-1465.<br />

Kusanagi encore utilisée pour le sacre des empereurs<br />

japonais, et bien d’autres encore dans le monde entier.<br />

Bien sûr, la légende arthurienne nous a transmis l’histoire<br />

de l’épée mythique Excalibur et son fourreau d’invincibilité,<br />

provenant du dieu celtique Nuada, tranchant toute<br />

matière. Dans les classiques de la fiction et la littérature,<br />

parmi de nombreuses lames célèbres, citons la Vorpale<br />

de Lewis Carroll pour tuer le Jaberwoocky, sans oublier<br />

les épées de J. R. R. Tolkien comme Narsil brisée puis<br />

renommée Anduril après avoir été reforgée pour Aragorn.<br />

De nos jours, l’écran et le papier illustrent encore des<br />

épées fameuses, comme dans la saga de Games of<br />

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