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Mediapart RCI/Putsch RSP

Soutien ivoirien au putsch du 15/09/2015

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Directeur de la publication : Edwy Plenel<br />

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www.mediapart.fr<br />

les nouveaux maîtres de la Côte d’Ivoire, dont le<br />

président Ouattara et l’ancien rebelle devenu président<br />

de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro.<br />

De fait, quelques semaines plus tard, début<br />

novembre, éclate ce que l’on a appelé à Abidjan<br />

le « Sorogate » : la publication de deux bandesson<br />

(la première sur Facebook, la seconde sur<br />

<strong>Mediapart</strong>) présentées comme des enregistrements<br />

de conversations téléphoniques entre Soro et Bassolé.<br />

Dans la première, on y entend l’homme présenté<br />

comme étant l'Ivoirien Soro élaborer un plan<br />

machiavélique pour soutenir les putschistes, et son<br />

interlocuteur acquiescer. La seconde fait suite à la<br />

première : Bassolé, ou celui présenté comme tel,<br />

précise « avoir envoyé » à son interlocuteur deux<br />

numéros de téléphone de proches à qui Soro s’était<br />

proposé de remettre des fonds. Ces deux conversations<br />

dateraient du 27 septembre, soit deux jours avant la<br />

reddition des derniers putschistes.<br />

Les entourages des deux hommes ont d’abord<br />

contesté la véracité de ces bandes. Sollicité par<br />

le juge, un expert allemand, Hermann Künzel,<br />

a selon l’ordonnance « authentifié » ces écoutes<br />

téléphoniques, lesquelles ont été « versées dans la<br />

procédure ». Pour le juge, aucun doute : Bassolé et<br />

Soro ont planifié « une opération d’intervention de<br />

forces hostiles au Burkina […] pour permettre aux<br />

bandes armées du <strong>RSP</strong> de reprendre des forces et le<br />

contrôle de la situation ».<br />

Selon un résumé de ses auditions, Bassolé, inculpé<br />

pour trahison, « reconnaît avoir reçu un contact<br />

téléphonique avec Guillaume Soro qui lui avait<br />

demandé de soutenir les putschistes, chose qu’il n’a<br />

jamais faite ». L’un de ses avocats, M e Alexandre<br />

Varaut, ne cesse de répéter depuis deux ans qu’« il n’a<br />

jamais été question de financer le putsch ou d’établir<br />

la tactique » entre les deux hommes. Mais dans le<br />

camp Bassolé, on ne parle plus aujourd’hui d’un<br />

« montage grossier » comme aux premières heures du<br />

« Sorogate ». On préfère évoquer « un malentendu » et<br />

« un montage de plusieurs morceaux », et préciser que<br />

dans l’enregistrement, c’est Soro qui élabore le plan,<br />

et non Bassolé…<br />

De son côté, Diendéré a affirmé au juge que<br />

Soro l’avait lui aussi appelé, et qu’il l’avait<br />

soutenu moralement, mais sans l'aider financièrement.<br />

Contacté par <strong>Mediapart</strong>, Guillaume Soro n’a pas<br />

donné suite.<br />

La révélation de ces écoutes avait jeté un froid entre le<br />

Burkina et la Côte d’Ivoire. En janvier 2016, la justice<br />

burkinabè avait émis un mandat d’arrêt international<br />

à l’encontre de Soro, ce qui avait provoqué la colère<br />

d’Abidjan. Tout était rentré dans l’ordre quelques<br />

semaines plus tard, lorsque la Cour de cassation de<br />

Ouagadougou avait opportunément annulé le mandat<br />

pour vice de forme. Depuis, la justice militaire<br />

a renoncé à poursuivre Soro. En guise de retour<br />

d’ascenseur, le pouvoir ivoirien a remis aux autorités<br />

burkinabè plusieurs putschistes qui s’étaient réfugiés<br />

en Côte d’Ivoire après la reddition de Diendéré,<br />

parmi lesquels l’adjudant-chef Moussa Niébé (dit<br />

« Rambo ») et le sergent-chef Roger Koussoubé, deux<br />

des « durs » du <strong>RSP</strong> qui étaient au cœur de la tentative<br />

de coup d’État.<br />

Mais l’histoire est loin d’être finie. Le procès, si procès<br />

il y a, pourrait ranimer la querelle. Il y sera bien sûr<br />

question des écoutes et donc du rôle de Soro. Mais pas<br />

seulement… En aparté, le président de l’Assemblée<br />

nationale, dont les relations avec Ouattara se sont<br />

sensiblement détériorées ces derniers temps, assure<br />

qu’il fut bien moins impliqué dans cette affaire que<br />

d’autres hauts dirigeants ivoiriens très proches du<br />

président. Son entourage cite des noms. L’instruction<br />

en cible un tout particulièrement : le général Vagondo<br />

Diomandé, qui officie en tant que chef d’état-major<br />

particulier d’Alassane Ouattara depuis bientôt quatre<br />

ans.<br />

Son nom apparaît à la page 123 de l’ordonnance du<br />

juge, dans un long passage résumant les déclarations<br />

du général Diendéré. Celui-ci « reconnaît avoir<br />

ordonné [une] mission de récupération [de] matériel et<br />

[de] fonds à la frontière ivoirienne », et affirme avoir<br />

contacté pour cela « le Chef d’État-major Particulier<br />

de la Présidence de la Côte d’Ivoire ».<br />

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