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Le Projet sur le Capital Humain en Afrique : Quelques Expériences Réussies

Le capital humain, c’est-à-dire l’état de santé, les compétences, connaissances et expériences d’une population, représenteà l’échelle mondiale la principale richesse d’un pays. De plus en plus considéré comme le principal ressort de la croissanceéconomique d’une nation, le capital humain permet aux individus de se réaliser pleinement. La Banque mondiale a lancé une initiative mondiale destinée à accélérer l’accumulation de capital humain en s’efforçant d’identifier et de soutenir des investissements et des politiques plus efficaces. Son « Projet sur le capital humain » aidera les pays à renforcer leurressource humaine, à améliorer les méthodes de mesure et les données et à promouvoir l’échange de connaissances. Dans le cadre de cette nouvelle initiative, la Banque s’emploiera tout particulièrement à collaborer avec ses partenaires et les pays d’Afrique subsaharienne afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs de développement du capital humain. Car les investissements dans les populations africaines sont la clé de la prospérité future du continent et de sa participation active sur les marchés internationaux. Cette publication a pour objectif de démontrer l’importance vitale des investissements dans le capital humain en Afrique, tout en mettant en lumière les avancées obtenues dans certains pays et la manière dont le Projet sur le capital humain peut améliorer les performances nationales en la matière.

Le capital humain, c’est-à-dire l’état de santé, les compétences, connaissances et expériences d’une population, représenteà l’échelle mondiale la principale richesse d’un pays. De plus en plus considéré comme le principal ressort de la croissanceéconomique d’une nation, le capital humain permet aux individus de se réaliser pleinement. La Banque mondiale a lancé une initiative mondiale destinée à accélérer l’accumulation de capital humain en s’efforçant d’identifier et de soutenir des investissements et des politiques plus efficaces. Son « Projet sur le capital humain » aidera les pays à renforcer leurressource humaine, à améliorer les méthodes de mesure et les données et à promouvoir l’échange de connaissances. Dans le cadre de cette nouvelle initiative, la Banque s’emploiera tout particulièrement à collaborer avec ses partenaires et les pays d’Afrique subsaharienne afin de leur permettre d’atteindre leurs objectifs de développement du capital humain. Car les investissements dans les populations africaines sont la clé de la prospérité future du continent et de sa participation active sur les marchés internationaux. Cette publication a pour objectif de démontrer l’importance vitale des investissements dans le capital humain en Afrique, tout en mettant en lumière les avancées obtenues dans certains pays et la manière dont le Projet sur le capital humain peut améliorer les performances nationales en la matière.

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LE PROJET SUR LE CAPITAL<br />

HUMAIN EN AFRIQUE<br />

QUELQUES EXPÉRIENCES RÉUSSIES<br />

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TABLE DES MATIÈRES<br />

3 Avant-propos<br />

5 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>,<br />

Investir dans la population pour l’équité<br />

et la croissance<br />

QUELQUES EXPÉRIENCES RÉUSSIES<br />

20 Africa de l’Est<br />

22 Éthiopie<br />

24 <strong>Le</strong>sotho<br />

26 Madagascar<br />

28 Mali<br />

30 Mauritanie<br />

32 Mozambique<br />

34 Tanzanie<br />

36 Zambie<br />

39 Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

#36860 - Octobre 2018


LE PROJET SUR LE CAPITAL<br />

HUMAIN EN AFRIQUE<br />

QUELQUES EXPÉRIENCES RÉUSSIES


AVANT-PROPOS<br />

Pour que l’<strong>Afrique</strong> parte à la conquête<br />

du XXI e sièc<strong>le</strong><br />

Dans ce monde interconnecté et à l’ère du tout-numérique, <strong>le</strong><br />

XXI e sièc<strong>le</strong> s’incarnera dans la jeunesse d’<strong>Afrique</strong> et dans ses<br />

générations montantes de femmes et d’hommes de mieux <strong>en</strong><br />

mieux formés. Au cours de la prochaine déc<strong>en</strong>nie, <strong>en</strong>viron 11 millions de<br />

jeunes Africain(e)s arriveront <strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail chaque année. Ne<br />

nous y trompons pas. C’est sa population qui constitue la plus grande<br />

source de richesse de l’<strong>Afrique</strong>, ainsi que sa principa<strong>le</strong> contribution à<br />

l’économie mondia<strong>le</strong>.<br />

Pour bâtir un monde plus prospère, il est indisp<strong>en</strong>sab<strong>le</strong> de permettre<br />

à tous <strong>le</strong>s Africains de s’épanouir physiquem<strong>en</strong>t et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital humain, à travers l’éducation et <strong>le</strong>s<br />

soins de santé notamm<strong>en</strong>t, sont de plus <strong>en</strong> plus considérés comme<br />

<strong>le</strong> facteur clé de la croissance et la prospérité d’un pays. Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

un rapport coût-efficacité très é<strong>le</strong>vé, r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t la résili<strong>en</strong>ce des pays<br />

et peuv<strong>en</strong>t <strong>le</strong>ur permettre de mieux s’adapter à des changem<strong>en</strong>ts<br />

rapides, tels que la mutation technologique à l’œuvre aujourd’hui. Avec<br />

la diffusion de la téléphonie mobi<strong>le</strong>, l’<strong>Afrique</strong> a déjà prouvé qu’il était<br />

possib<strong>le</strong> de sauter des étapes dans <strong>le</strong> processus de développem<strong>en</strong>t et<br />

d’inclure davantage de citoy<strong>en</strong>s.<br />

L’un des principaux objectifs de la Banque mondia<strong>le</strong> est d’aider la<br />

région à développer son capital humain <strong>en</strong> apportant un souti<strong>en</strong><br />

financier et une expertise approfondie. Nous aidons <strong>le</strong>s pays à comb<strong>le</strong>r<br />

<strong>le</strong>urs car<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> matière de santé maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong>, de retard de<br />

croissance et de malnutrition, et d’accès à une éducation de qualité.<br />

Avec, à la clé, des populations <strong>en</strong> meil<strong>le</strong>ure santé et mieux formées.<br />

On peut insister <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s mauvais indicateurs du capital humain <strong>en</strong><br />

<strong>Afrique</strong>, mais c’est ignorer que plusieurs pays de la région ont progressé.<br />

Nous mettons ici <strong>en</strong> lumière des parcours qui montr<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t<br />

on peut parv<strong>en</strong>ir à r<strong>en</strong>verser la situation et offrir un av<strong>en</strong>ir meil<strong>le</strong>ur<br />

aux prochaines générations. C’est tout l’<strong>en</strong>jeu du <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital<br />

humain. Avec cette initiative, la Banque mondia<strong>le</strong> s’<strong>en</strong>gage à aider<br />

<strong>le</strong>s pays à redoub<strong>le</strong>r d’effort pour r<strong>en</strong>forcer <strong>le</strong>ur capital humain. Cette<br />

ressource est <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> qui permettra à l’<strong>Afrique</strong> de partir à la conquête<br />

du XXI e sièc<strong>le</strong>.<br />

HAFEZ GHANEM<br />

Vice-présid<strong>en</strong>t<br />

de la Banque mondia<strong>le</strong><br />

pour l’<strong>Afrique</strong><br />

3


LE PROJET SUR LE CAPITAL<br />

HUMAIN EN AFRIQUE<br />

<strong>Le</strong> capital humain, c’est-à-dire l’état de santé, <strong>le</strong>s compét<strong>en</strong>ces,<br />

connaissances et expéri<strong>en</strong>ces d’une population, représ<strong>en</strong>te<br />

à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong> la principa<strong>le</strong> richesse d’un pays. De plus<br />

<strong>en</strong> plus considéré comme <strong>le</strong> principal ressort de la croissance<br />

économique d’une nation, <strong>le</strong> capital humain permet aux individus<br />

de se réaliser p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t.<br />

La Banque mondia<strong>le</strong> a lancé une initiative mondia<strong>le</strong> destinée à<br />

accélérer l’accumulation de capital humain <strong>en</strong> s’efforçant d’id<strong>en</strong>tifier<br />

et de sout<strong>en</strong>ir des investissem<strong>en</strong>ts et des politiques plus efficaces.<br />

Son « <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain » aidera <strong>le</strong>s pays à r<strong>en</strong>forcer <strong>le</strong>ur<br />

ressource humaine, à améliorer <strong>le</strong>s méthodes de me<strong>sur</strong>e et <strong>le</strong>s<br />

données et à promouvoir l’échange de connaissances.<br />

Dans <strong>le</strong> cadre de cette nouvel<strong>le</strong> initiative, la Banque s’emploiera tout<br />

particulièrem<strong>en</strong>t à collaborer avec ses part<strong>en</strong>aires et <strong>le</strong>s pays d’<strong>Afrique</strong><br />

subsahari<strong>en</strong>ne afin de <strong>le</strong>ur permettre d’atteindre <strong>le</strong>urs objectifs de<br />

développem<strong>en</strong>t du capital humain. Car <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong>s<br />

populations africaines sont la clé de la prospérité future du contin<strong>en</strong>t<br />

et de sa participation active <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s marchés internationaux.<br />

Cette publication a pour objectif de démontrer l’importance vita<strong>le</strong><br />

des investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>, tout <strong>en</strong><br />

mettant <strong>en</strong> lumière <strong>le</strong>s avancées obt<strong>en</strong>ues dans certains pays et<br />

la manière dont <strong>le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain peut améliorer <strong>le</strong>s<br />

performances nationa<strong>le</strong>s <strong>en</strong> la matière.<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

5


LE CAPITAL HUMAIN, UN ATOUT QUI COMPTE<br />

POUR L’ÉCONOMIE, L’INDIVIDU ET LA SOCIÉTÉ<br />

<strong>Le</strong> capital humain est l’un des principaux ressorts de la croissance<br />

économique et du r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la compétitivité. <strong>Le</strong>s pays<br />

investiss<strong>en</strong>t dans la santé et l’éducation de <strong>le</strong>urs habitants <strong>en</strong> raison<br />

de <strong>le</strong>ur importance intrinsèque : ce sont <strong>le</strong>s élém<strong>en</strong>ts constitutifs<br />

du bi<strong>en</strong>-être et du développem<strong>en</strong>t humain. Mais <strong>le</strong> capital humain<br />

est éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t l’un des atouts dont dispose un pays pour stimu<strong>le</strong>r<br />

sa croissance et sa prospérité. Des études ont montré que 10 à 30 %<br />

des écarts de rev<strong>en</strong>us par habitant <strong>en</strong>tre pays sont imputab<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>ur<br />

niveau de capital humain 1 . À terme, la mondialisation et l’économie<br />

numérique r<strong>en</strong>dront cette forme de capital <strong>en</strong>core plus vita<strong>le</strong> pour<br />

asseoir la compétitivité d’un pays.<br />

<strong>Le</strong> capital humain influe <strong>sur</strong> <strong>le</strong> pot<strong>en</strong>tiel des individus tout au<br />

long de <strong>le</strong>ur vie. Une mauvaise santé, une malnutrition chronique<br />

et l’abs<strong>en</strong>ce de stimulations adaptées et de sécurité, dès la<br />

naissance et p<strong>en</strong>dant l’<strong>en</strong>fance, peuv<strong>en</strong>t avoir des effets durab<strong>le</strong>s<br />

<strong>sur</strong> l’état physique et <strong>le</strong>s capacités cognitives d’un individu, au point<br />

de fragiliser ses performances scolaires et sa productivité. Pour<br />

une famil<strong>le</strong> et un pays, <strong>le</strong>s décès d’<strong>en</strong>fants sont la manifestation<br />

extrême et la plus tragique d’une perte de pot<strong>en</strong>tiel irréversib<strong>le</strong>.<br />

De mauvaises conditions de scolarisation ont un effet direct <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

connaissances pratiques et théoriques des élèves et, par conséqu<strong>en</strong>t<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>urs capacités à être compétitifs et productifs une fois <strong>sur</strong> <strong>le</strong><br />

marché du travail. L’état de santé importe lui aussi, une maladie<br />

ou un handicap exig<strong>en</strong>t des soins médicaux coûteux et frein<strong>en</strong>t la<br />

productivité quand ils ne débouch<strong>en</strong>t pas <strong>sur</strong> une incapacité de<br />

travail<strong>le</strong>r. Au cours de la vie, l’accès aux services ess<strong>en</strong>tiels associé à<br />

une protection contre l’extrême pauvreté et la vulnérabilité constitue<br />

la base du r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t du capital humain. Dans de nombreux<br />

pays, <strong>le</strong>s privations qui frein<strong>en</strong>t <strong>le</strong> pot<strong>en</strong>tiel des individus ne sont<br />

pas réparties de manière éga<strong>le</strong> — <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts inégaux dans<br />

<strong>le</strong> capital humain sont l’un des principaux facteurs à l’origine des<br />

profondes disparités économiques et socia<strong>le</strong>s observées.<br />

Investir dans <strong>le</strong> capital humain est l’un des investissem<strong>en</strong>ts <strong>le</strong>s<br />

plus r<strong>en</strong>tab<strong>le</strong>s qu’un État puisse faire. Accroître <strong>le</strong>s interv<strong>en</strong>tions<br />

prioritaires pour la nutrition peut <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer des bénéfices<br />

substantiels — jusqu’à 35 dollars pour un dollar investi dans la<br />

promotion de l’allaitem<strong>en</strong>t maternel exclusif et 13 dollars pour<br />

1 dollar investi dans la prév<strong>en</strong>tion de l’anémie 2 . Sachant qu’une fois<br />

adultes, des <strong>en</strong>fants mieux nourris auront de meil<strong>le</strong>ures capacités<br />

cognitives et toucheront des rev<strong>en</strong>us de 5 à 50 % supérieurs. De<br />

fait, <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts dans la santé peuv<strong>en</strong>t avoir des retombées<br />

économiques très satisfaisantes, à la fois pour la va<strong>le</strong>ur intrinsèque<br />

des vies sauvées et <strong>en</strong> termes de hausse des rev<strong>en</strong>us. De même,<br />

chaque année supplém<strong>en</strong>taire de scolarité se traduit <strong>en</strong> général<br />

par des gains supérieurs de 8 à 10 % 3 . Mais la qualité de l’éducation<br />

<strong>en</strong>tre aussi <strong>en</strong> ligne de compte : des <strong>en</strong>seignants plus compét<strong>en</strong>ts<br />

formeront mieux <strong>le</strong>urs élèves et <strong>le</strong>ur permettront d’avoir un rev<strong>en</strong>u<br />

plus é<strong>le</strong>vé tout au long de <strong>le</strong>ur vie. Offrir aux famil<strong>le</strong>s et aux sociétés<br />

une protection socia<strong>le</strong> adaptée peut permettre de gérer <strong>le</strong>s risques<br />

et de protéger <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital humain.<br />

6 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


En n’investissant pas suffisamm<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> capital<br />

humain, de nombreux pays n’obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas <strong>le</strong>s<br />

résultats escomptés et risqu<strong>en</strong>t de laisser <strong>le</strong>s pauvres <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> bord du chemin. <strong>Le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital humain<br />

relèv<strong>en</strong>t des pouvoirs publics, mais aussi des ménages et du<br />

secteur privé. <strong>Le</strong>s premiers sous-estim<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>ts<br />

de ces investissem<strong>en</strong>ts, préférant privilégier d’autres secteurs. Bi<strong>en</strong><br />

souv<strong>en</strong>t, <strong>le</strong>s dép<strong>en</strong>ses sont inefficaces, mal gérées et ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

pas à toucher ceux qui <strong>en</strong> ont <strong>le</strong> plus besoin, ce qui prive <strong>le</strong>s pays<br />

des retombées sociéta<strong>le</strong>s que procure un capital humain solide.<br />

<strong>Le</strong>s ménages, notamm<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s plus démunis, t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t quant à eux<br />

à sous-investir dans cette forme de capital, souv<strong>en</strong>t parce qu’ils ne<br />

parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à mobilier <strong>le</strong>s moy<strong>en</strong>s nécessaires ou ne sont pas<br />

consci<strong>en</strong>ts que <strong>le</strong>urs comportem<strong>en</strong>ts auront des effets à long terme<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>ur av<strong>en</strong>irs. Lorsque <strong>le</strong> secteur public a du mal ou est incapab<strong>le</strong><br />

d’as<strong>sur</strong>er des services, l’État pourrait assumer un rô<strong>le</strong> rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>taire<br />

important. Or, rares sont <strong>le</strong>s pays à utiliser <strong>le</strong>s capacités des acteurs<br />

non étatiques pour atteindre <strong>le</strong>s populations qui sont privées<br />

de services ess<strong>en</strong>tiels. Par conséqu<strong>en</strong>t, la nation et ses habitants<br />

ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas à exprimer <strong>le</strong>ur pot<strong>en</strong>tiel de croissance et de<br />

prospérité ou à s’atte<strong>le</strong>r à la question c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong> de l’équité, et sont<br />

souv<strong>en</strong>t très mal préparés à l’av<strong>en</strong>ir.<br />

MESURER LE CAPITAL HUMAIN : COUP DE PROJECTEUR<br />

SUR L’AFRIQUE<br />

<strong>Le</strong> nouvel indice du capital humain mis au point par <strong>le</strong> Groupe<br />

de la Banque mondia<strong>le</strong> s’intéresse à la manière dont <strong>le</strong> capital<br />

humain contribue à la productivité de la prochaine génération de<br />

travail<strong>le</strong>urs. L’un des axes du <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain consiste à<br />

élaborer un indice pour me<strong>sur</strong>er l’état de santé ainsi que la qualité et<br />

la durée de l’éducation dont un <strong>en</strong>fant, né aujourd’hui, est susceptib<strong>le</strong><br />

de bénéficier d’ici ses 18 ans (<strong>en</strong>cadré 1). D’un pays à l’autre, cet indice<br />

Encadré 1. L’indice du capital humain<br />

L’indice du capital humain me<strong>sur</strong>e <strong>le</strong>s performances des pays<br />

par rapport aux composantes clés du capital humain de la<br />

prochaine génération. Il intègre trois facteurs étroitem<strong>en</strong>t liés<br />

aux cib<strong>le</strong>s des Objectifs de développem<strong>en</strong>t durab<strong>le</strong> <strong>en</strong> matière<br />

de santé, d’éducation et de nutrition :<br />

• Survie : un <strong>en</strong>fant né aujourd’hui atteindra-t-il l’âge<br />

d’al<strong>le</strong>r à l’éco<strong>le</strong> ?<br />

• Scolarité : quel<strong>le</strong> sera la durée de sa scolarité et<br />

quels seront ses acquis ?<br />

• Santé : cet <strong>en</strong>fant sortira-t-il du système scolaire <strong>en</strong><br />

bonne santé, prêt à poursuivre ses études ou à <strong>en</strong>trer<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> marché du travail ?<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

7


Graphique 1. Malgré des progrès importants, la mortalité infanti<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s<br />

<strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> subsahari<strong>en</strong>ne<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

1990<br />

100<br />

80<br />

2015<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Faib<strong>le</strong> rev<strong>en</strong>u<br />

Source : Indicateurs du développem<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> monde, 2017.<br />

a vocation à susciter auprès des hauts responsab<strong>le</strong>s politiques<br />

l’att<strong>en</strong>tion nécessaire pour impulser des actions porteuses de<br />

transformation à l’échelon national. Malgré <strong>le</strong>s progrès considérab<strong>le</strong>s<br />

obt<strong>en</strong>us par certains pays d’<strong>Afrique</strong>, la plupart accus<strong>en</strong>t un retard par<br />

rapport aux trois composantes de l’indice : <strong>sur</strong>vie, scolarité et santé.<br />

Survie des <strong>en</strong>fants<br />

Depuis 25 ans, <strong>le</strong>s taux de mortalité des <strong>en</strong>fants de moins<br />

de cinq ans ont s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t reculé dans <strong>le</strong>s pays d’<strong>Afrique</strong><br />

subsahari<strong>en</strong>ne, mais la région accuse du retard par rapport au<br />

reste du monde. La généralisation d’interv<strong>en</strong>tions ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>s,<br />

comme la vaccination, <strong>le</strong> traitem<strong>en</strong>t des fièvres et des diarrhées et<br />

l’utilisation de moustiquaires, a contribué à faire baisser la mortalité<br />

8 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


moins de cinq ans reste é<strong>le</strong>vée<br />

Rev<strong>en</strong>u intermédiaire<br />

tranche inférieure<br />

Rev<strong>en</strong>u<br />

intermédiaire<br />

tranche supérieure<br />

& rev<strong>en</strong>u é<strong>le</strong>vé<br />

infanti<strong>le</strong>. Pour autant, l’<strong>Afrique</strong> subsahari<strong>en</strong>ne perd chaque année<br />

2,9 millions d’<strong>en</strong>fants de moins de cinq ans, <strong>le</strong> plus souv<strong>en</strong>t de<br />

causes évitab<strong>le</strong>s (complications liées à des infections respiratoires,<br />

diarrhée ou paludisme notamm<strong>en</strong>t). Alors que de nombreux pays<br />

sont loin d’avoir atteint <strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s de mortalité infanti<strong>le</strong> fixées par<br />

<strong>le</strong>s objectifs du Millénaire pour <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t, la réalisation des<br />

cib<strong>le</strong>s liées aux Objectifs de développem<strong>en</strong>t durab<strong>le</strong> représ<strong>en</strong>te un<br />

défi imm<strong>en</strong>se. <strong>Le</strong> Mali, <strong>le</strong> Nigéria, la République c<strong>en</strong>trafricaine, la<br />

Sierra <strong>Le</strong>one, la Somalie ou <strong>en</strong>core <strong>le</strong> Tchad ont beaucoup de mal<br />

à réduire <strong>le</strong>s décès chez <strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants de moins de cinq ans : <strong>en</strong>core<br />

supérieurs à 100 décès pour 1 000 naissances vivantes, <strong>le</strong>urs taux de<br />

mortalité infanti<strong>le</strong> sont parmi <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés du monde (graphique 1).<br />

La persistance de taux é<strong>le</strong>vés de mortalité infanti<strong>le</strong> dans la région<br />

reflète <strong>le</strong> manque global d’accès à des bi<strong>en</strong>s et des services<br />

ess<strong>en</strong>tiels comme l’eau et l’assainissem<strong>en</strong>t, aux soins de santé<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

9


Graphique 2. <strong>Le</strong> niveau des acquis scolaires est faib<strong>le</strong> dans de nombreux<br />

Pourc<strong>en</strong>tage d’élèves du primaire ayant acquis<br />

un niveau minimal de compét<strong>en</strong>ces<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

<strong>Afrique</strong><br />

subsahari<strong>en</strong>ne<br />

Moy<strong>en</strong>-Ori<strong>en</strong>t<br />

et <strong>Afrique</strong> du<br />

Nord<br />

Amérique<br />

latine et<br />

Caraïbes<br />

Asie de l’Est<br />

et Pacifique<br />

Europe<br />

et Asie c<strong>en</strong>tra<strong>le</strong><br />

Mathématiques<br />

<strong>Le</strong>cture<br />

Source : Rapport <strong>sur</strong> <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> monde, 2018.<br />

de base et à un abri adapté. Malgré <strong>le</strong>s améliorations apportées<br />

au secteur de la santé, <strong>le</strong>s pays prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core de profondes<br />

inégalités d’accès aux services, notamm<strong>en</strong>t pour des actes plus<br />

comp<strong>le</strong>xes comme l’accouchem<strong>en</strong>t assisté par du personnel qualifié<br />

ou <strong>le</strong> traitem<strong>en</strong>t de maladies graves. Même pour des services de<br />

routine comme la vaccination, rares sont <strong>le</strong>s pays à être parv<strong>en</strong>us à<br />

une couverture universel<strong>le</strong>. La piètre qualité des soins qu’illustr<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong>s pénuries de médicam<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels, l’abs<strong>en</strong>ce d’équipem<strong>en</strong>t<br />

médical et <strong>le</strong> manque de formations pratiques et théoriques pour <strong>le</strong><br />

personnel soignant de premier rang vi<strong>en</strong>t aggraver ce constat.<br />

Scolarité<br />

L’<strong>Afrique</strong> a <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur retour <strong>sur</strong> investissem<strong>en</strong>t dans<br />

l’éducation au monde, chaque année supplém<strong>en</strong>taire de<br />

scolarité <strong>en</strong>traînant une hausse de rev<strong>en</strong>u de respectivem<strong>en</strong>t<br />

11 et 14 % pour <strong>le</strong>s hommes et pour <strong>le</strong>s femmes. Mais l’accès et la<br />

qualité sont des <strong>en</strong>jeux prépondérants, puisqu’<strong>en</strong>viron 50 millions<br />

d’<strong>en</strong>fants ne sont pas scolarisés. L’<strong>Afrique</strong> est par ail<strong>le</strong>urs la seu<strong>le</strong><br />

région du monde où <strong>le</strong> nombre d’ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>ts non scolarisés<br />

10 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


pays d’<strong>Afrique</strong> subsahari<strong>en</strong>ne<br />

Niveau de compét<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> mathématiques<br />

d’après l’<strong>en</strong>quête 2007 du Consortium d’<strong>Afrique</strong><br />

austra<strong>le</strong> et ori<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> pilotage de la qualité<br />

de l’éducation (SACMEQ), <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> subsahari<strong>en</strong>ne<br />

100<br />

50<br />

0<br />

Haut niveau Faib<strong>le</strong> niveau Compét<strong>en</strong>ces inférieures<br />

de compét<strong>en</strong>ces de compét<strong>en</strong>ces au seuil minimal<br />

augm<strong>en</strong>te depuis quelques années, <strong>en</strong> partie sous l’effet du<br />

dynamisme démographique chez <strong>le</strong>s plus démunis, qui sont aussi<br />

<strong>le</strong>s moins bi<strong>en</strong> lotis <strong>en</strong> termes d’accès à l’éducation.<br />

La poursuite des efforts visant à généraliser l’accès à l’éducation de<br />

base est indisp<strong>en</strong>sab<strong>le</strong>, mais la scolarisation <strong>en</strong> soi ne suffit pas :<br />

<strong>le</strong>s niveaux d’appr<strong>en</strong>tissage dans la région rest<strong>en</strong>t extrêmem<strong>en</strong>t<br />

bas (graphique 2). Dans certains cas, plus de 85 % des écoliers du<br />

primaire ne sav<strong>en</strong>t pas lire couramm<strong>en</strong>t. Dans certains pays d’<strong>Afrique</strong>,<br />

<strong>le</strong>s populations <strong>le</strong>s plus défavorisées s’<strong>en</strong> sort<strong>en</strong>t beaucoup moins<br />

bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> termes d’accès à l’éducation et de réussite <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan de<br />

l’appr<strong>en</strong>tissage. Des me<strong>sur</strong>es audacieuses seront indisp<strong>en</strong>sab<strong>le</strong>s<br />

pour remédier aux inégalités d’accès à une éducation de qualité et<br />

faire <strong>en</strong> sorte que tous <strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants puiss<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t appr<strong>en</strong>dre.<br />

De nombreux élém<strong>en</strong>ts prouv<strong>en</strong>t que l’<strong>Afrique</strong> peut mieux faire.<br />

Un certain nombre de pays ont déjà progressé grâce à la réori<strong>en</strong>tation<br />

de <strong>le</strong>urs systèmes éducatifs, par <strong>le</strong> biais de nouvel<strong>le</strong>s initiatives<br />

comme la quantification et <strong>le</strong> suivi des acquis scolaires des élèves,<br />

l’application des méthodes qui ont fait <strong>le</strong>urs preuves, <strong>le</strong> recours aux<br />

allocations monétaires pour favoriser la scolarisation des pauvres, et<br />

la s<strong>en</strong>sibilisation des principaux acteurs pour faire évoluer la situation.<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

11


Graphique 3. <strong>Le</strong>s taux de retards de croissance rest<strong>en</strong>t é<strong>le</strong>vés <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong><br />

60<br />

50<br />

1990<br />

40<br />

2015<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Faib<strong>le</strong> rev<strong>en</strong>u<br />

Source : Estimations conjointes UNICEF/OMS/Banque mondia<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la malnutrition infanti<strong>le</strong> : Retard<br />

Santé<br />

Une bonne santé est la clé de la réussite scolaire et professionnel<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong> calcul de l’indice du capital humain repose notamm<strong>en</strong>t <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s taux de retard de croissance, un indicateur de la malnutrition<br />

chronique et du développem<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>fant. Ce facteur joue de<br />

manière déterminante <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s capacités cognitives de l’individu,<br />

son état de santé à l’âge adulte et sa future productivité. L’<strong>Afrique</strong><br />

subsahari<strong>en</strong>ne est l’une des régions au monde <strong>le</strong>s plus touchées<br />

par ce phénomène (graphique 3). Un <strong>en</strong>fant trop petit pour son âge<br />

tombera plus souv<strong>en</strong>t malade que <strong>le</strong>s autres, ne profitera pas<br />

autant des possibilités d’appr<strong>en</strong>tissage, obti<strong>en</strong>dra de moins<br />

bons résultats à l’éco<strong>le</strong>, grandira avec un handicap économique<br />

et aura plus de probabilités de souffrir de maladies chroniques à<br />

l’âge adulte. Étant donné <strong>le</strong>s taux é<strong>le</strong>vés de fécondité et <strong>le</strong> faib<strong>le</strong><br />

recul des retards de croissance <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>, <strong>le</strong> nombre d’<strong>en</strong>fants<br />

dans cette situation a augm<strong>en</strong>té de 12 millions <strong>en</strong>tre 1990 et 2015, et<br />

devrait continuer de progresser, à moins de s’emparer du problème<br />

à bras-<strong>le</strong>-corps.<br />

12 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


subsahari<strong>en</strong>ne<br />

Rev<strong>en</strong>u intermédiaire<br />

tranche inférieure<br />

Rev<strong>en</strong>u intermédiaire<br />

tranche supérieure<br />

& rev<strong>en</strong>u é<strong>le</strong>vé<br />

de croissance. Mai 2018.<br />

Heureusem<strong>en</strong>t, quelques pays — dont des pays à faib<strong>le</strong> rev<strong>en</strong>u —<br />

sont parv<strong>en</strong>us à réduire considérab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s taux de retard de<br />

croissance. Même si <strong>le</strong>s progrès <strong>sur</strong> ce front sont <strong>le</strong>nts <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>,<br />

certains pays (<strong>le</strong> <strong>Le</strong>sotho, <strong>le</strong> Malawi et <strong>le</strong> Sénégal, notamm<strong>en</strong>t) ont<br />

obt<strong>en</strong>u des avancées notab<strong>le</strong>s, r<strong>en</strong>dues possib<strong>le</strong>s par des campagnes<br />

de s<strong>en</strong>sibilisation et <strong>le</strong> déploiem<strong>en</strong>t de programmes à l’efficacité<br />

avérée, ciblant <strong>en</strong> particulier <strong>le</strong>s femmes <strong>en</strong>ceintes et <strong>le</strong>s nourrissons :<br />

distribution d’acide folique et d’autres micronutrim<strong>en</strong>ts, promotion<br />

de l’allaitem<strong>en</strong>t au sein et de pratiques adaptées de stimulation et<br />

d’alim<strong>en</strong>tation des bébés, accès à des services de santé ess<strong>en</strong>tiels et<br />

amélioration de l’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> eau et de l’assainissem<strong>en</strong>t.<br />

Des actions concertées de ce type sont nécessaires : <strong>le</strong>s données<br />

recueillies <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> montr<strong>en</strong>t que la hausse des rev<strong>en</strong>us et la<br />

réduction de la pauvreté n’ont, <strong>en</strong> tant que tel<strong>le</strong>s, que peu d’impact<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s niveaux de malnutrition chronique.<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

13


L’indice du capital humain intègre éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong> taux de <strong>sur</strong>vie des<br />

adultes, qui r<strong>en</strong>d compte des conditions sanitaires d’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> et<br />

des différ<strong>en</strong>ts problèmes de santé, n’<strong>en</strong>gageant pas <strong>le</strong> pronostic<br />

vital, qu’un <strong>en</strong>fant né aujourd’hui connaîtra à l’âge adulte. <strong>Le</strong>s<br />

taux de <strong>sur</strong>vie <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> sont très faib<strong>le</strong>s par rapport à d’autres<br />

régions, avec d’importants écarts d’un pays à l’autre. <strong>Le</strong>s maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s complications liées à la grossesse rest<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s<br />

premières causes de mortalité <strong>sur</strong> <strong>le</strong> contin<strong>en</strong>t, mais la préva<strong>le</strong>nce<br />

des maladies non transmissib<strong>le</strong>s augm<strong>en</strong>te rapidem<strong>en</strong>t. Plus de<br />

700 000 personnes sont décédées de causes liées au VIH/SIDA<br />

<strong>en</strong> 2016, sachant que la tuberculose a fait autant de victimes. <strong>Le</strong><br />

paludisme reste un facteur de mortalité important, <strong>sur</strong>tout chez <strong>le</strong>s<br />

<strong>en</strong>fants. Avec 500 décès pour 100 000 naissances vivantes, l’<strong>Afrique</strong><br />

affiche <strong>le</strong> taux <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé de mortalité maternel<strong>le</strong> au monde — soit<br />

200 000 morts par an. <strong>Le</strong>s maladies non transmissib<strong>le</strong>s gagn<strong>en</strong>t<br />

quant à el<strong>le</strong>s du terrain, ess<strong>en</strong>tiel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t sous l’effet de l’évolution des<br />

modes de vie : <strong>le</strong> taux de tabagisme est é<strong>le</strong>vé et, dans certains cas,<br />

<strong>en</strong> hausse. Des vies plus séd<strong>en</strong>taires et une mauvaise alim<strong>en</strong>tation<br />

expliqu<strong>en</strong>t aussi cette t<strong>en</strong>dance, avec la multiplication des cas<br />

d’hypert<strong>en</strong>sion artériel<strong>le</strong>, de diabète et d’autres pathologies qui ne<br />

sont ni systématiquem<strong>en</strong>t diagnostiqués ni traités.<br />

Malgré des performances sanitaires préoccupantes, certains<br />

exemp<strong>le</strong>s de réussite et la volonté grandissante de parv<strong>en</strong>ir à une<br />

couverture santé universel<strong>le</strong> autoris<strong>en</strong>t un certain optimisme. La<br />

couverture antirétrovira<strong>le</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> a considérab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té<br />

depuis 15 ans, comme cel<strong>le</strong> d’autres interv<strong>en</strong>tions sanitaires, même<br />

si <strong>le</strong>s progrès sont moins prononcés. Dans huit pays, <strong>le</strong>s avancées<br />

sont impressionnantes : Cabo Verde, l’Érythrée, l’Éthiopie, la Guinée<br />

équatoria<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Mozambique, <strong>le</strong> Rwanda, la Tanzanie et la Zambie ont<br />

fait recu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> taux de mortalité maternel<strong>le</strong> de plus de 60 % <strong>en</strong>tre 1990<br />

et 2015. Tout aussi important, plusieurs pays comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à déployer<br />

des politiques et des programmes pour améliorer l’accès aux soins<br />

de santé et diminuer <strong>le</strong>s risques sanitaires (tels que <strong>le</strong>s épidémies et<br />

maladies chroniques), <strong>en</strong> particulier l’obésité, qui touche de plus <strong>en</strong><br />

plus d’Africains.<br />

MISER SUR LE CAPITAL HUMAIN POUR INSTALLER<br />

UNE CROISSANCE INCLUSIVE ET UNE PROSPÉRITÉ<br />

PARTAGÉE : QUELLES MESURES PRENDRE ?<br />

L’accumulation de capital humain produit des gains avérés dont <strong>le</strong>s<br />

pays africains se priv<strong>en</strong>t actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t. Comm<strong>en</strong>t y remédier ?<br />

Chaque pays doit trouver sa propre voie pour progresser. L’une<br />

des grandes finalités du <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain est de<br />

sout<strong>en</strong>ir l’élaboration et la mise <strong>en</strong> œuvre de plans d’action<br />

conçus par <strong>le</strong>s pays, mais éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de faciliter <strong>le</strong>s appr<strong>en</strong>tissages<br />

mutuels. De toute évid<strong>en</strong>ce, <strong>le</strong> mainti<strong>en</strong> des politiques actuel<strong>le</strong>s et<br />

des réformes margina<strong>le</strong>s ne produira pas <strong>le</strong>s résultats dont la région<br />

a besoin. Seuls un <strong>le</strong>adership politique et des me<strong>sur</strong>es concertées<br />

<strong>sur</strong> plusieurs fronts permettront de progresser :<br />

14 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


• Augm<strong>en</strong>ter <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts publics<br />

dans <strong>le</strong>s services sociaux. <strong>Le</strong> capital humain ne se<br />

matérialise pas de lui-même ; il exige une action col<strong>le</strong>ctive<br />

des ménages, des pouvoirs publics, des membres du<br />

secteur privé et des acteurs non gouvernem<strong>en</strong>taux. L’État doit<br />

rec<strong>en</strong>trer son rô<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la fourniture de bi<strong>en</strong>s publics, la gestion<br />

des externalités, la promotion de l’équité et la rég<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tation<br />

des services. Laisser ces responsabilités aux seuls individus revi<strong>en</strong>t<br />

à se priver des gains plus vastes procurés par <strong>le</strong> capital humain.<br />

Pourtant, de nombreux pays d’<strong>Afrique</strong> sous-investiss<strong>en</strong>t dans la<br />

santé, la nutrition, l’éducation, <strong>le</strong>s systèmes de protection socia<strong>le</strong><br />

et d’autres facteurs qui favoris<strong>en</strong>t de bonnes performances <strong>en</strong> la<br />

matière. La mobilisation des ressources intérieures <strong>en</strong> faveur des<br />

investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital humain exige de rationaliser <strong>le</strong>s<br />

régimes fiscaux, de trouver de nouvel<strong>le</strong>s approches de gestion<br />

du patrimoine naturel et d’améliorer la gestion des finances<br />

publiques.<br />

• Réformer et favoriser l’innovation pour améliorer <strong>le</strong>s services<br />

r<strong>en</strong>dus. La hausse des ressources allouées au capital humain<br />

n’est qu’un élém<strong>en</strong>t du tab<strong>le</strong>au : <strong>le</strong>s gouvernem<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t<br />

aussi accroître <strong>le</strong>s retours <strong>sur</strong> investissem<strong>en</strong>t, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

améliorant l’efficacité des dép<strong>en</strong>ses courantes et la qualité des<br />

services aux populations. Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, cela exigera de réformer<br />

<strong>le</strong>s systèmes de fourniture de services publics ess<strong>en</strong>tiels, <strong>en</strong><br />

veillant à optimiser la gouvernance et la transpar<strong>en</strong>ce et à<br />

r<strong>en</strong>forcer la responsabilité face aux résultats.<br />

<strong>Le</strong>s promesses que recè<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s technologies et <strong>le</strong> marché des<br />

idées donn<strong>en</strong>t aux pays d’<strong>Afrique</strong> l’occasion d’agir différemm<strong>en</strong>t.<br />

Beaucoup se sont déjà <strong>en</strong>gagés dans cette voie : au Rwanda,<br />

l’application RapidSMS a permis de sauver des femmes<br />

<strong>en</strong>ceintes grâce à une <strong>sur</strong>veillance régulière de <strong>le</strong>ur état de<br />

santé par des ag<strong>en</strong>ts de santé communautaires ; la Sierra <strong>Le</strong>one<br />

et la Tanzanie recour<strong>en</strong>t à la modélisation statistique spatia<strong>le</strong><br />

pour établir des cartes de la pauvreté dans <strong>le</strong> but d’ét<strong>en</strong>dre et<br />

d’harmoniser <strong>le</strong>s programmes de protection socia<strong>le</strong> 4 ; et à Lagos,<br />

la capita<strong>le</strong> commercia<strong>le</strong> du Nigéria, l’utilisation, même restreinte,<br />

de liseuses é<strong>le</strong>ctroniques adaptées aux cursus scolaires a permis<br />

d’améliorer s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong> niveau d’appr<strong>en</strong>tissage des élèves,<br />

sans supports de cours imprimés.<br />

• S’<strong>en</strong>gager <strong>en</strong> faveur de l’équité et de l’inclusion. <strong>Le</strong>s disparités<br />

observées <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan de la santé, de l’éducation et de la nutrition<br />

reflèt<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s écarts de pauvreté, <strong>le</strong>s individus <strong>le</strong>s plus démunis<br />

ayant <strong>en</strong> général <strong>le</strong> niveau de développem<strong>en</strong>t humain <strong>le</strong> plus<br />

faib<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s famil<strong>le</strong>s pauvres ont souv<strong>en</strong>t du mal à trouver <strong>le</strong><br />

temps et <strong>le</strong>s ressources nécessaires pour constituer <strong>le</strong> capital<br />

humain de <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>fants, accéder à des services de santé et<br />

de nutrition, et investir dans <strong>le</strong>urs propres compét<strong>en</strong>ces pour<br />

accroître <strong>le</strong>ur productivité. La paro<strong>le</strong> des femmes <strong>en</strong>ceintes<br />

et des jeunes <strong>en</strong>fants est rarem<strong>en</strong>t relayée dans <strong>le</strong>s <strong>en</strong>ceintes<br />

nationa<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s, <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ant de facto <strong>le</strong>ur exclusion.<br />

<strong>Le</strong>s systèmes de santé et d’éducation doiv<strong>en</strong>t être rep<strong>en</strong>sés <strong>en</strong><br />

gardant ces impératifs à l’esprit, pour s’as<strong>sur</strong>er que <strong>le</strong>s groupes<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

15


défavorisés ont accès à des services de qualité. Un vaste corpus<br />

de données issues des programmes de protection socia<strong>le</strong> montre<br />

que <strong>le</strong> souti<strong>en</strong> aux rev<strong>en</strong>us permet aux ménages pauvres et<br />

vulnérab<strong>le</strong>s d’accéder à des services qui r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t <strong>le</strong>ur capital<br />

humain et d’améliorer globa<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s résultats <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan du<br />

développem<strong>en</strong>t humain 5 .<br />

<strong>Le</strong>s ménages qui viv<strong>en</strong>t dans un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> proie au<br />

conflit et à la fragilité sont particulièrem<strong>en</strong>t exposés 6 . <strong>Le</strong>s<br />

dispositifs de base pour constituer et <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> capital humain<br />

ont de fortes chances d’être désorganisés, ces manques étant<br />

<strong>en</strong> outre aggravés par <strong>le</strong> stress socioaffectif des famil<strong>le</strong>s et des<br />

<strong>en</strong>fants. Une collaboration étroite avec <strong>le</strong>s acteurs concernés afin<br />

d’as<strong>sur</strong>er la poursuite des services ess<strong>en</strong>tiels et <strong>le</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t<br />

de la résili<strong>en</strong>ce peut prév<strong>en</strong>ir <strong>le</strong> débordem<strong>en</strong>t des conflits et<br />

contribuer au rapprochem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre aide humanitaire et aide au<br />

développem<strong>en</strong>t.<br />

• Résoudre <strong>le</strong>s <strong>en</strong>jeux de fécondité et d’inégalités <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s<br />

sexes pour profiter du divid<strong>en</strong>de démographique. L’<strong>Afrique</strong> a<br />

— et de loin — <strong>le</strong> taux de fécondité <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé au monde, avec<br />

pratiquem<strong>en</strong>t cinq <strong>en</strong>fants par femme, contre 1,8 à 2,8 <strong>en</strong>fants<br />

dans <strong>le</strong>s autres régions. Aujourd’hui, la moitié <strong>en</strong>viron de la<br />

population subsahari<strong>en</strong>ne a moins de 15 ans ; <strong>en</strong> 2050, <strong>le</strong>s dix<br />

pays du monde ayant <strong>le</strong>s populations <strong>le</strong>s plus jeunes seront des<br />

pays d’<strong>Afrique</strong> 7 . Pour exploiter ce divid<strong>en</strong>de démographique, il<br />

faut accélérer la baisse de la fécondité afin de réduire <strong>le</strong>s taux<br />

de dép<strong>en</strong>dance et de libérer des ressources pour investir dans<br />

<strong>le</strong> capital humain des travail<strong>le</strong>urs d’aujourd’hui et de demain.<br />

Cela passe par un élargissem<strong>en</strong>t de l’accès à des services de<br />

planification familia<strong>le</strong> intégrés, l’amélioration de la santé et de la<br />

nutrition des mères et des <strong>en</strong>fants, et des investissem<strong>en</strong>ts dans<br />

l’éducation des fil<strong>le</strong>s.<br />

L’accélération du r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t du capital humain est possib<strong>le</strong>,<br />

mais exige un <strong>le</strong>adership politique affirmé et des me<strong>sur</strong>es<br />

concertées des différ<strong>en</strong>ts secteurs. Seu<strong>le</strong> une approche<br />

gouvernem<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> globa<strong>le</strong> peut favoriser la coordination des<br />

programmes sectoriels, maint<strong>en</strong>ir la dynamique au-delà des<br />

alternances politiques et promouvoir une ori<strong>en</strong>tation politique<br />

factuel<strong>le</strong>. La mobilisation des différ<strong>en</strong>ts part<strong>en</strong>aires, des<br />

acteurs privés et de la société civi<strong>le</strong> favorisera par ail<strong>le</strong>urs la<br />

responsabilisation et la s<strong>en</strong>sibilisation, mais permettra aussi<br />

d’ouvrir de nouvel<strong>le</strong>s voies au profit de l’efficacité des services.<br />

LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN :<br />

POUR QUE L’AFRIQUE AILLE DE L’AVANT<br />

<strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d susciter un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> faveur de réformes et d’investissem<strong>en</strong>ts qui transformeront <strong>le</strong>s<br />

performances des pays dans tous <strong>le</strong>s secteurs concernés, pour <strong>le</strong><br />

bi<strong>en</strong> des individus, des sociétés et des économies.<br />

16 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


En <strong>Afrique</strong>, cette initiative aidera spécifiquem<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong>s pays de la région à privilégier l’augm<strong>en</strong>tation<br />

et l’optimisation des investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital<br />

humain. El<strong>le</strong> s’attachera à mettre l’acc<strong>en</strong>t <strong>sur</strong> l’importance de<br />

cette forme de capital, à id<strong>en</strong>tifier <strong>le</strong>s lacunes, à as<strong>sur</strong>er <strong>le</strong> suivi<br />

des services r<strong>en</strong>dus à la population et des résultats, et à sout<strong>en</strong>ir<br />

l’adoption de réformes étayées par des données probantes <strong>en</strong> vue<br />

d’améliorer <strong>le</strong>s services et <strong>le</strong>s résultats. Multisectoriel par ess<strong>en</strong>ce,<br />

ce travail reposera <strong>sur</strong> <strong>le</strong> souti<strong>en</strong> de nombreux part<strong>en</strong>aires au sein<br />

du gouvernem<strong>en</strong>t, du secteur privé et de la société civi<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain s’articu<strong>le</strong> autour de trois piliers :<br />

• L’indice du capital humain, pour initier un débat crucial <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong>s retombées économiques des investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong><br />

capital humain. Cet indice permet de me<strong>sur</strong>er la distance qui<br />

sépare un pays d’une situation optima<strong>le</strong>, à savoir l’écart <strong>en</strong>tre<br />

<strong>le</strong> bi<strong>en</strong>-être actuel des populations et une situation future où<br />

chacun aura <strong>le</strong>s moy<strong>en</strong>s de se réaliser p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t. Il aide <strong>le</strong>s<br />

pays à apprécier <strong>le</strong>s pertes de rev<strong>en</strong>u découlant de ces car<strong>en</strong>ces,<br />

comparer <strong>le</strong>urs progressions et évaluer dans quel<strong>le</strong> me<strong>sur</strong>e ils<br />

pourrai<strong>en</strong>t se rapprocher plus vite de <strong>le</strong>ur pot<strong>en</strong>tiel. Ce faisant,<br />

cet indice suscitera auprès des hauts responsab<strong>le</strong>s politiques<br />

l’att<strong>en</strong>tion nécessaire pour impulser des actions porteuses de<br />

transformation à l’échelon national.<br />

• La recherche et la me<strong>sur</strong>e du capital humain, pour favoriser la<br />

création de bi<strong>en</strong>s publics et compr<strong>en</strong>dre comm<strong>en</strong>t optimiser<br />

au mieux ces résultats. Pour compléter <strong>le</strong>s élém<strong>en</strong>ts fournis<br />

par l’indice et améliorer la qualité des données <strong>en</strong>trant dans<br />

<strong>le</strong>s futurs calculs, la participation des pays à des évaluations<br />

internationa<strong>le</strong>s (<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s acquis scolaires, par exemp<strong>le</strong>) et <strong>le</strong><br />

développem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>quêtes nationa<strong>le</strong>s (<strong>sur</strong> la qualité des services<br />

r<strong>en</strong>dus, notamm<strong>en</strong>t) permettront de suivre plus finem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s<br />

progrès <strong>en</strong> termes d’investissem<strong>en</strong>ts dans <strong>le</strong> capital humain et<br />

de résultats. Ces informations serviront à id<strong>en</strong>tifier <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers<br />

politiques à actionner pour éliminer <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s fondam<strong>en</strong>taux<br />

à l’amélioration du capital humain, dont notamm<strong>en</strong>t la nécessité<br />

d’<strong>en</strong>gager des réformes et des programmes innovants et<br />

de r<strong>en</strong>forcer <strong>le</strong>s systèmes <strong>en</strong> place. L’<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t de ce<br />

corpus d’élém<strong>en</strong>ts probants pourra aussi faciliter <strong>le</strong>s décisions<br />

d’allocation de ressources, <strong>sur</strong>tout intérieures, pour r<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s<br />

dép<strong>en</strong>ses publiques plus efficaces.<br />

• Un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t durab<strong>le</strong>, concerté et reposant <strong>sur</strong> des<br />

élém<strong>en</strong>ts factuels, pour aider <strong>le</strong>s pays à <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s principaux<br />

obstac<strong>le</strong>s à l’amélioration de la santé, de l’éducation et de la<br />

résili<strong>en</strong>ce des populations. De nombreux gouvernem<strong>en</strong>ts se<br />

sont déjà approprié <strong>le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain et s’efforc<strong>en</strong>t<br />

actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de prioriser <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts et <strong>le</strong>s réformes<br />

allant dans ce s<strong>en</strong>s. La Banque mondia<strong>le</strong> s’emploie à aider ces pays<br />

« pionniers » à définir <strong>le</strong>ur vision pour accélérer <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t<br />

du capital humain au profit des générations actuel<strong>le</strong>s et futures,<br />

mais aussi à établir <strong>le</strong>urs plans pour élaborer une stratégie qui<br />

détail<strong>le</strong> la mise <strong>en</strong> œuvre concrète de cette vision. <strong>Le</strong> Groupe<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

17


de la Banque mondia<strong>le</strong> souti<strong>en</strong>dra la matérialisation de ces<br />

ambitions <strong>en</strong> proposant une pa<strong>le</strong>tte intégrée d’indicateurs et<br />

d’interv<strong>en</strong>tions qui ont fait <strong>le</strong>urs preuves, réalisab<strong>le</strong>s et r<strong>en</strong>tab<strong>le</strong>s.<br />

Il mettra éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t l’acc<strong>en</strong>t <strong>sur</strong> l’appr<strong>en</strong>tissage <strong>en</strong>tre pairs : <strong>le</strong><br />

partage de connaissances sera privilégié pour favoriser l’échange<br />

d’idées et constituer des communautés de pratiques, <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong><br />

bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du mais aussi <strong>en</strong> s’appuyant <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s activités de<br />

l’institution dans <strong>le</strong> reste du monde. En multipliant <strong>le</strong>s initiatives,<br />

<strong>le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain pourra permettre aux prochaines<br />

générations d’Africains d’avoir tous <strong>le</strong>s atouts <strong>en</strong> main pour<br />

appr<strong>en</strong>dre, gagner <strong>le</strong>ur vie, innover et être compétitifs <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

marchés de l’emploi.<br />

Endnotes<br />

1 Chang-Tai Hsieh et Peter J. K<strong>le</strong>now. 2010. ‘Developm<strong>en</strong>t Accounting.’<br />

American Economic Journal: Macroeconomics 2 (1): 207–23.<br />

2 Eoz<strong>en</strong>ou, Patrick Hoang-Vu; Shekar, Meera. 2017. Stunting Reduction in<br />

Sub-Saharan Africa. 2017 (English). Washington, D.C, Groupe de la Banque mondia<strong>le</strong>.<br />

3 Banque mondia<strong>le</strong>, 2018. Rapport <strong>sur</strong> <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> monde. 2018.<br />

<strong>Le</strong>arning to Realize Education’s Promise. Washington, D.C.<br />

4 Kath<strong>le</strong><strong>en</strong> Beeg<strong>le</strong>, Aline Coudouel et Emma Monsalve. 2018. Realizing the Full<br />

Pot<strong>en</strong>tial of Social Safety Nets in Africa. Washington, D.C., Groupe de la Banque<br />

mondia<strong>le</strong>.<br />

5 Francesca Bastagli, Jessica Hag<strong>en</strong>-Zanker, Luke Harman, Va<strong>le</strong>ntina Barca,<br />

Georgina Sturge et Tanja Schmidt. 2016. “Cash transfers: What does the<br />

evid<strong>en</strong>ce say? A rigorous review of programme impact and the ro<strong>le</strong> of design<br />

and imp<strong>le</strong>m<strong>en</strong>tation features.” Overseas Developm<strong>en</strong>t Institute, Londres.<br />

6 James Manor. 2007. Aid That Works: Successful Developm<strong>en</strong>t in Fragi<strong>le</strong> States.<br />

Directions in Developm<strong>en</strong>t — Groupe de la Banque mondia<strong>le</strong>.<br />

7 David Canning, Sangeeta Raja et Abdo S. Yazbeck, 2015. La transition<br />

démographique de l’<strong>Afrique</strong> : divid<strong>en</strong>de ou catastrophe ? Col<strong>le</strong>ction « L’<strong>Afrique</strong> <strong>en</strong><br />

développem<strong>en</strong>t ». Banque mondia<strong>le</strong> et Ag<strong>en</strong>ce française de développem<strong>en</strong>t.<br />

Washingtonn, D.C.<br />

18 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


QUELQUES EXPÉRIENCES<br />

RÉUSSIES


AFRIQUE DE L’EST<br />

ENDIGUER LA PROPAGATION<br />

DES MALADIES CONTAGIEUSES<br />

En partageant <strong>le</strong>urs ressources et savoir-faire, <strong>le</strong>s pays<br />

d’<strong>Afrique</strong> de l’Est s’efforc<strong>en</strong>t désormais <strong>en</strong>semb<strong>le</strong> d’<strong>en</strong>diguer<br />

la propagation des maladies contagieuses. Des responsab<strong>le</strong>s<br />

de la santé publique du Burundi, du K<strong>en</strong>ya, de l’Ouganda,<br />

du Rwanda et de la Tanzanie collabor<strong>en</strong>t au sein d’un réseau<br />

de 41 laboratoires modernes.<br />

En 2010, des responsab<strong>le</strong>s de la<br />

santé publique <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> de<br />

l’Est ont réalisé à quel point <strong>le</strong>urs<br />

systèmes sanitaires étai<strong>en</strong>t inadaptés<br />

face à la tuberculose multirésistante<br />

et aux flambées épidémiques (Ebola,<br />

Marburg et fièvre jaune, notamm<strong>en</strong>t).<br />

<strong>Le</strong> sous-investissem<strong>en</strong>t chronique<br />

dans <strong>le</strong>urs laboratoires était à l’origine<br />

d’erreurs de diagnostic, empêchant<br />

<strong>le</strong>s autorités de détecter rapidem<strong>en</strong>t<br />

et avec précision une m<strong>en</strong>ace pour<br />

la santé publique. Une tel<strong>le</strong> situation<br />

<strong>en</strong>traînait une prise <strong>en</strong> charge inadéquate<br />

des malades avec, pour corollaires,<br />

la propagation des maladies et<br />

la hausse des coûts de santé.<br />

Pour remédier à ce problème, un<br />

financem<strong>en</strong>t de l’IDA d’un montant de<br />

128 millions de dollars est v<strong>en</strong>u sout<strong>en</strong>ir<br />

<strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t d’un réseau de<br />

41 laboratoires répartis dans cinq pays.<br />

Chaque laboratoire sert de c<strong>en</strong>tre d’excel<strong>le</strong>nce<br />

dans un domaine précis, teste<br />

des innovations, r<strong>en</strong>force l’efficacité de<br />

la prév<strong>en</strong>tion et de la prise <strong>en</strong> charge,<br />

et partage <strong>le</strong>s bonnes pratiques.<br />

Un système de financem<strong>en</strong>ts conditionnés<br />

aux résultats déjà expérim<strong>en</strong>té<br />

au Rwanda a ainsi pu servir<br />

de modè<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s autres pays. Et,<br />

<strong>en</strong> 2013, <strong>le</strong> laboratoire de référ<strong>en</strong>ce<br />

pour la tuberculose <strong>en</strong> Ouganda<br />

a été reconnu comme Laboratoire<br />

de référ<strong>en</strong>ce supranational par<br />

l’Organisation mondia<strong>le</strong> de la santé<br />

(OMS), <strong>le</strong> deuxième seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t dans ce<br />

cas <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>. Aujourd’hui, il apporte<br />

son souti<strong>en</strong> à plus de 20 pays <strong>sur</strong><br />

<strong>le</strong> contin<strong>en</strong>t.<br />

En 2017, 96 % des installations avai<strong>en</strong>t<br />

obt<strong>en</strong>u un label de deux étoi<strong>le</strong>s au<br />

moins dans <strong>le</strong> cadre d’un dispositif<br />

régional d’amélioration de la qualité,<br />

reconnu par l’OMS, <strong>en</strong> vue d’obt<strong>en</strong>ir<br />

une accréditation. Quatre laboratoires<br />

ont décroché l’accréditation maxima<strong>le</strong><br />

ISO 15189.<br />

<strong>Le</strong> déploiem<strong>en</strong>t d’appareils G<strong>en</strong>eXpert,<br />

dernier cri dans des établissem<strong>en</strong>ts<br />

comme l’hôpital régional de Mba<strong>le</strong>,<br />

à proximité de la frontière <strong>en</strong>tre<br />

l’Ouganda et <strong>le</strong> K<strong>en</strong>ya, a contribué à<br />

accélérer et affiner <strong>le</strong>s diagnostics transfrontaliers<br />

<strong>en</strong> cas de tuberculose multirésistante.<br />

Des tests ont été réalisés<br />

à l’aide des machines G<strong>en</strong>eXpert <strong>sur</strong><br />

l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> du réseau, qui<br />

permett<strong>en</strong>t d’obt<strong>en</strong>ir des<br />

résultats <strong>en</strong> l’espace de<br />

quelques heures au lieu de<br />

plusieurs mois.<br />

« Avant d’al<strong>le</strong>r consulter à l’hôpital<br />

de Mba<strong>le</strong>, j’ai été soigné pour une<br />

grippe et de la fièvre dans une clinique<br />

20 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


située près de chez moi, sans al<strong>le</strong>r<br />

mieux pour autant. J’ai cru que j’avais<br />

attrapé <strong>le</strong> sida », raconte Aliyi Mwanika,<br />

un chauffeur de taxi-moto âgé d’une<br />

tr<strong>en</strong>taine d’années. Une fois à l’hôpital,<br />

la machine G<strong>en</strong>eXpert a permis<br />

de rectifier <strong>le</strong> diagnostic. Aliyi avait <strong>en</strong><br />

fait une tuberculose multirésistante et<br />

a eu accès au traitem<strong>en</strong>t requis. « Au<br />

bout de six mois, j’ai pu repr<strong>en</strong>dre<br />

mon travail. »<br />

<strong>Le</strong> réseau a permis d’augm<strong>en</strong>ter de<br />

80 % <strong>le</strong> taux de confirmation des<br />

ag<strong>en</strong>ts pathogènes, et d’améliorer la<br />

collaboration régiona<strong>le</strong>, avec la création<br />

de comités transfrontaliers, la conduite<br />

d’<strong>en</strong>quêtes conjointes, des exercices<br />

de simulation d’épidémies comme<br />

Ebola ou <strong>en</strong>core la mise <strong>en</strong> place d’un<br />

système de notification par téléphone<br />

pour partager des informations<br />

<strong>en</strong> temps réel <strong>sur</strong> l’apparition d’un<br />

foyer épidémique.<br />

Grâce à des actions de formation, <strong>le</strong><br />

nombre d’évaluateurs, de responsab<strong>le</strong>s<br />

de laboratoires et d’ag<strong>en</strong>ts de<br />

<strong>sur</strong>veillance épidémiologique qualifiés<br />

a été r<strong>en</strong>forcé pour atteindre<br />

13 000 personnes, soit un vivier ess<strong>en</strong>tiel<br />

pour produire <strong>le</strong>s données et <strong>le</strong>s<br />

connaissances qui permettront d’étayer<br />

et ori<strong>en</strong>ter <strong>le</strong>s décisions politiques.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | <strong>Afrique</strong> de l’Est 21


ÉTHIOPIE<br />

GÉRER LES CONSÉQUENCES<br />

DES SÉCHERESSES<br />

P<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>s épisodes de sécheresse, <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t<br />

éthiopi<strong>en</strong> déploie systématiquem<strong>en</strong>t une aide à sa<br />

population, avec <strong>le</strong> souti<strong>en</strong> de la Banque mondia<strong>le</strong> qui<br />

finance des programmes pour la mise <strong>en</strong> place de me<strong>sur</strong>es<br />

concrètes et durab<strong>le</strong>s de prév<strong>en</strong>tion de la famine.<br />

Dans <strong>le</strong>s imm<strong>en</strong>ses plaines<br />

du sud-est de l’Éthiopie, des<br />

amas de poussière tournoi<strong>en</strong>t<br />

comme autant de mini-tornades. Pour<br />

<strong>le</strong>s habitants, ce phénomène marque<br />

norma<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong> début de la saison<br />

des pluies, mais, <strong>en</strong>tre 2015 et 2017,<br />

pas une goutte d’eau n’est tombée <strong>en</strong><br />

de nombreux <strong>en</strong>droits. <strong>Le</strong>s autorités<br />

éthiopi<strong>en</strong>nes connaiss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>le</strong>s<br />

sécheresses : depuis 2003, el<strong>le</strong>s ont<br />

dû affronter cinq épisodes graves qui<br />

ont touché des millions d’habitants<br />

— une récurr<strong>en</strong>ce qui <strong>le</strong>s a obligées à<br />

chercher des solutions pour anticiper,<br />

planifier et réagir à ces phénomènes.<br />

Chaque année, <strong>le</strong>s populations <strong>le</strong>s plus<br />

touchées donn<strong>en</strong>t un nom à ce fléau.<br />

Cette fois-ci, ils l’ont baptisé Sima,<br />

<strong>le</strong> « grand nive<strong>le</strong>ur » dans la langue<br />

somali parlée par de nombreux habitants<br />

du sud-est du pays : personne,<br />

riche ou pauvre, ne sera épargné.<br />

Pourtant, des études ont montré<br />

que <strong>le</strong>s sécheresses appauvriss<strong>en</strong>t<br />

davantage <strong>le</strong>s pauvres. Avec Sima, <strong>le</strong>s<br />

é<strong>le</strong>veurs ont perdu pratiquem<strong>en</strong>t la<br />

moitié de <strong>le</strong>ur cheptel. Et <strong>le</strong>s ménages<br />

peuv<strong>en</strong>t mettre jusqu’à quatre ans<br />

pour rebondir.<br />

En 2016, la réponse du gouvernem<strong>en</strong>t<br />

éthiopi<strong>en</strong> a été la plus importante<br />

jamais organisée : 18,2 millions<br />

d’habitants (soit près de 20 % de<br />

la population tota<strong>le</strong>) ont reçu de la<br />

nourriture ou de quoi <strong>en</strong> acheter. <strong>Le</strong><br />

programme de fi<strong>le</strong>ts de protection<br />

socia<strong>le</strong> productifs (PSNP), l’un des<br />

plus importants dispositifs de ce type<br />

au monde, a permis de concrétiser<br />

l’opération <strong>sur</strong> <strong>le</strong> terrain. Géré par<br />

l’État, il c<strong>en</strong>tralise <strong>le</strong>s fonds apportés<br />

par 11 donateurs, dont des ressources<br />

du Groupe de la Banque mondia<strong>le</strong><br />

par <strong>le</strong> biais de l’Association internationa<strong>le</strong><br />

de développem<strong>en</strong>t (IDA).<br />

<strong>Le</strong> programme verse des allocations<br />

monétaires ou distribue des dons de<br />

nourriture de manière régulière. Son<br />

vo<strong>le</strong>t « travail contre nourriture » appuie<br />

des projets de travaux publics, généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> rapport avec la restauration<br />

des terres dégradées, l’irrigation<br />

ou l’agroforesterie. Deux approches<br />

sont mises <strong>en</strong> œuvre <strong>en</strong> parallè<strong>le</strong> :<br />

<strong>le</strong> programme de fi<strong>le</strong>ts sociaux et la<br />

distribution d’aide humanitaire.<br />

Halimo et Mariama<br />

Ali sont voisines. El<strong>le</strong>s<br />

habit<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> district<br />

de Kabribayah woreda.<br />

Contrairem<strong>en</strong>t à Mariama,<br />

Halimo ne fait partie de la liste des<br />

bénéficiaires de l’aide humanitaire<br />

que depuis 2016. « Avant, je devais<br />

compter <strong>sur</strong> la générosité de mes<br />

22 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


voisins pour passer <strong>le</strong> cap », expliquet-el<strong>le</strong>.<br />

Halimo a huit <strong>en</strong>fants à nourrir,<br />

mais <strong>sur</strong> son petit lopin de terre, ri<strong>en</strong><br />

n’a poussé. Sur <strong>le</strong> papier, ri<strong>en</strong> ne permet<br />

vraim<strong>en</strong>t de faire la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre <strong>le</strong>s<br />

bénéficiaires des deux programmes,<br />

mais <strong>le</strong> PSNP ne peut pas pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />

charge tout <strong>le</strong> monde. <strong>Le</strong> mieux qu’il<br />

puisse faire, c’est d’optimiser la coordination<br />

pour s’as<strong>sur</strong>er que la nourriture<br />

et l’eau parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> aux bénéficiaires<br />

mais aussi aux « victimes d’insécurité<br />

alim<strong>en</strong>taire conjoncturel<strong>le</strong> »,<br />

comme la famil<strong>le</strong> d’Halimo.<br />

Lancé voici une dizaine d’années, <strong>le</strong><br />

programme de fi<strong>le</strong>ts sociaux couvre<br />

l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> des échelons administratifs,<br />

du kebe<strong>le</strong> (<strong>le</strong> plus bas) au niveau<br />

national, <strong>en</strong> passant par <strong>le</strong>s districts<br />

(woreda). Des fonctionnaires dédiés y<br />

travail<strong>le</strong>nt à p<strong>le</strong>in temps et, avec l’expéri<strong>en</strong>ce,<br />

parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à mieux cib<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s<br />

bénéficiaires. Lorsqu’on <strong>le</strong>s interroge,<br />

ces derniers déclar<strong>en</strong>t, pour la plupart,<br />

préférer ce programme à l’aide humanitaire<br />

d’urg<strong>en</strong>ce, parce qu’il est fiab<strong>le</strong>,<br />

prévisib<strong>le</strong> et régulier. Actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t, <strong>le</strong><br />

gouvernem<strong>en</strong>t met <strong>en</strong> place un cadre<br />

pour regrouper <strong>le</strong> PSNP et l’assistance<br />

alim<strong>en</strong>taire humanitaire. Ce cadre<br />

ét<strong>en</strong>d et intègre <strong>le</strong>s procédures opérationnel<strong>le</strong>s<br />

des deux programmes.<br />

« La sécheresse est un phénomène<br />

récurr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Éthiopie », souligne<br />

Carolyn Turk, directrice des opérations<br />

de la Banque mondia<strong>le</strong> pour ce pays.<br />

« Avec d’autres donateurs, nous aidons<br />

<strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>forcer ses capacités<br />

de réaction dans <strong>le</strong> cadre de ses<br />

programmes classiques de développem<strong>en</strong>t.<br />

Nous étudions la possibilité de<br />

recourir à des produits financiers innovants<br />

et de consolider <strong>le</strong> PSNP. »<br />

<strong>Le</strong>s évaluations prévues dans <strong>le</strong><br />

programme indiqu<strong>en</strong>t qu’il est <strong>en</strong><br />

général bi<strong>en</strong> ciblé et a un impact<br />

s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong> <strong>sur</strong> la sécurité alim<strong>en</strong>taire.<br />

Entre 2006 et 2012, la part de bénéficiaires<br />

dont la sécurité alim<strong>en</strong>taire<br />

est garantie est passée de 17 à 32 %.<br />

<strong>Le</strong> programme s’est révélé particulièrem<strong>en</strong>t<br />

efficace chez <strong>le</strong>s ménages<br />

dirigés par des femmes. Il a contribué à<br />

la hausse des dép<strong>en</strong>ses des ménages,<br />

alim<strong>en</strong>taires et autres, ainsi qu’à l’amélioration<br />

des résultats scolaires, notamm<strong>en</strong>t<br />

chez <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s.<br />

Aujourd’hui, l’Éthiopie est <strong>le</strong> premier<br />

pays d’<strong>Afrique</strong> subsahari<strong>en</strong>ne à tester<br />

un programme pilote de protection<br />

socia<strong>le</strong> <strong>en</strong> milieu urbain, <strong>le</strong> UPSNP.<br />

Couvrant 11 vil<strong>le</strong>s, il devrait atteindre<br />

55 % des citadins pauvres à l’horizon<br />

2021 (soit 604 000 bénéficiaires), grâce<br />

à des interv<strong>en</strong>tions conjuguant chantiers<br />

publics, aide directe et appui aux<br />

moy<strong>en</strong>s de subsistance.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Éthiopie 23


LESOTHO<br />

AMÉLIORER DES ÉTABLISSEMENTS<br />

SCOLAIRES PEU PERFORMANTS<br />

Depuis l’introduction de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t primaire gratuit,<br />

<strong>en</strong> 2000, <strong>le</strong> royaume du <strong>Le</strong>sotho a nettem<strong>en</strong>t amélioré<br />

ses services éducatifs. Mais la qualité et l’efficacité des<br />

<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts demeur<strong>en</strong>t préoccupantes. <strong>Le</strong> pays dép<strong>en</strong>se<br />

8,4 % de son PIB pour l’éducation et, malgré cela, <strong>le</strong> chômage<br />

touche un quart de la population.<br />

Au <strong>Le</strong>sotho, maint<strong>en</strong>ir <strong>le</strong>s<br />

<strong>en</strong>fants à l’éco<strong>le</strong> est un<br />

redoutab<strong>le</strong> défi : <strong>le</strong>s forts taux<br />

d’abs<strong>en</strong>téisme, de décrochage scolaire<br />

et de redoub<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t s’expliqu<strong>en</strong>t par<br />

de nombreux facteurs, liés au sexe<br />

(<strong>le</strong>s garçons restant à la maison pour<br />

s’occuper du bétail tandis que <strong>le</strong>s<br />

fil<strong>le</strong>s connaiss<strong>en</strong>t des mariages ou des<br />

grossesses précoces), à la situation<br />

économique, au coût de l’éducation et<br />

à l’éloignem<strong>en</strong>t des éco<strong>le</strong>s. De sorte que<br />

de nombreux jeunes n’acquièr<strong>en</strong>t pas<br />

<strong>le</strong>s compét<strong>en</strong>ces de base <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

repos<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s appr<strong>en</strong>tissages ultérieurs.<br />

<strong>Le</strong>s écoliers du primaire accus<strong>en</strong>t un<br />

retard <strong>en</strong> <strong>le</strong>cture et <strong>en</strong> mathématiques<br />

par rapport à la moy<strong>en</strong>ne régiona<strong>le</strong>,<br />

tandis que moins d’un quart des<br />

élèves qui se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t aux exam<strong>en</strong>s<br />

de fin de collège sont reçus <strong>en</strong><br />

mathématiques et <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces.<br />

L’amélioration de la qualité de<br />

l’éducation de base est crucia<strong>le</strong> pour<br />

donner aux jeunes <strong>le</strong>s bases solides<br />

qui <strong>le</strong>urs permettront de conforter<br />

<strong>le</strong>urs compét<strong>en</strong>ces et <strong>le</strong>ur aptitude à<br />

participer de manière plus productive<br />

à l’économie.<br />

En 2016, avec <strong>le</strong> souti<strong>en</strong> de la Banque<br />

mondia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t a lancé un<br />

projet axé <strong>sur</strong> la qualité de l’éducation<br />

et l’équité (<strong>le</strong> projet « LEQEP » selon<br />

son acronyme <strong>en</strong> anglais) et, un an<br />

plus tard, un projet d’amélioration de<br />

l’éducation de base (LBEIP). L’opération,<br />

dotée d’une <strong>en</strong>veloppe de 27,1 millions<br />

de dollars, est financée par l’IDA (<strong>le</strong><br />

fonds de la Banque mondia<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<br />

pays <strong>le</strong>s plus pauvres) et <strong>le</strong> Part<strong>en</strong>ariat<br />

mondial pour l’éducation (GPE).<br />

<strong>Le</strong> projet a pour objectif spécifique<br />

de rénover l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t des<br />

mathématiques et des sci<strong>en</strong>ces,<br />

ainsi que <strong>le</strong>s programmes scolaires<br />

nationaux. Il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t aider<br />

<strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s à accroître <strong>le</strong>s taux de<br />

rét<strong>en</strong>tion des élèves et à as<strong>sur</strong>er de<br />

bonnes conditions d’appr<strong>en</strong>tissage<br />

<strong>en</strong> accordant des subv<strong>en</strong>tions<br />

conditionnées à la mise <strong>en</strong> œuvre de<br />

plans d’amélioration scolaire.<br />

À ce jour, 60 <strong>en</strong>seignants <strong>en</strong><br />

mathématiques et <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces du<br />

premier cyc<strong>le</strong> secondaire ont été<br />

formés à la pédagogie progressive,<br />

et 424 aux programmes scolaires.<br />

Environ 17 éco<strong>le</strong>s ont reçu<br />

des outils didactiques<br />

interactifs et, à ce jour,<br />

14 des établissem<strong>en</strong>ts <strong>le</strong>s<br />

moins performants du pays<br />

ont obt<strong>en</strong>u des subv<strong>en</strong>tions<br />

pour améliorer <strong>le</strong>s conditions<br />

d’appr<strong>en</strong>tissage et la rét<strong>en</strong>tion<br />

des élèves.<br />

24 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


« <strong>Le</strong> déploiem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>seignants qualifiés<br />

<strong>en</strong> mathématiques et <strong>en</strong> sci<strong>en</strong>ces<br />

reste problématique mais, grâce aux<br />

outils fournis dans <strong>le</strong> cadre du LEQEP,<br />

nous avons noté un changem<strong>en</strong>t<br />

positif d’attitude chez <strong>le</strong>s <strong>en</strong>seignants<br />

comme chez <strong>le</strong>s élèves. <strong>Le</strong>s uns et<br />

<strong>le</strong>s autres pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus<br />

de plaisir à <strong>en</strong>seigner et à appr<strong>en</strong>dre<br />

ces matières », se réjouit Bertha<br />

Mabakubung Seutloali, directrice au<br />

ministère de l’Éducation du <strong>Le</strong>sotho.<br />

À l’horizon 2021, <strong>le</strong> projet devrait<br />

concerner 85 600 bénéficiaires. Parmi<br />

eux, des étudiants, des instituteurs<br />

et des <strong>en</strong>seignants du premier cyc<strong>le</strong><br />

secondaire, des <strong>en</strong>seignants-ressources<br />

de district, des conseil<strong>le</strong>rs dans <strong>le</strong>s<br />

différ<strong>en</strong>tes matières, des inspecteurs<br />

et des membres des comités scolaires.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | <strong>Le</strong>sotho 25


MADAGASCAR<br />

UN PARTENARIAT SOLIDE<br />

POUR AMÉLIORER LA NUTRITION<br />

<strong>Le</strong>s retards de croissance, conséqu<strong>en</strong>ces de la malnutrition<br />

chronique, sont <strong>le</strong> frein majeur au développem<strong>en</strong>t du capital<br />

humain à Madagascar. Ce fléau, qui touche pratiquem<strong>en</strong>t<br />

un <strong>en</strong>fant de moins de cinq ans <strong>sur</strong> deux (soit <strong>le</strong> quatrième<br />

taux <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé au monde), empêche la population de<br />

se réaliser p<strong>le</strong>inem<strong>en</strong>t et représ<strong>en</strong>terait, chaque année,<br />

un manque à gagner compris <strong>en</strong>tre 7 et 12 % du PIB.<br />

La crise politique prolongée qui a<br />

frappé la Grande Î<strong>le</strong> <strong>en</strong>tre 2009<br />

et 2014 a aggravé la pauvreté<br />

et mis à rude épreuve <strong>le</strong>s services<br />

sociaux. En 2012, la Banque mondia<strong>le</strong><br />

a lancé <strong>le</strong> projet d’appui d’urg<strong>en</strong>ce<br />

aux services ess<strong>en</strong>tiels d’éducation, de<br />

nutrition et de santé (PAUSENS), doté<br />

de 65 millions de dollars et financé<br />

par l’IDA, pour aider <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t<br />

à maint<strong>en</strong>ir des services ess<strong>en</strong>tiels<br />

dans cinq des régions <strong>le</strong>s plus pauvres<br />

du pays. Près de 500 000 femmes<br />

<strong>en</strong>ceintes et 1,7 million d’<strong>en</strong>fants ont pu<br />

ainsi bénéficier de services de santé et<br />

de nutrition gratuits.<br />

<strong>Le</strong> PAUSENS est v<strong>en</strong>u r<strong>en</strong>forcer<br />

un programme national du<br />

gouvernem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagé de longue date<br />

et qui, jusqu’<strong>en</strong> 2017, visait à lutter<br />

contre la malnutrition sévère à travers<br />

un réseau de plus de 6 500 sites de<br />

nutrition communautaire <strong>en</strong> zones<br />

rura<strong>le</strong>s. Pour des famil<strong>le</strong>s comme<br />

cel<strong>le</strong> de Jocelyne Rasoanant<strong>en</strong>aina,<br />

dont <strong>le</strong> bébé pesait à peine 7 kilos à<br />

un an, cette aide gratuite a eu une<br />

importance capita<strong>le</strong> : « Nous n’avions<br />

pas grand-chose à manger », expliquet-el<strong>le</strong>.<br />

Notre récolte ne suffisait pas à<br />

nourrir nos <strong>en</strong>fants. »<br />

Dans son village du district<br />

d’Ambositra, au c<strong>en</strong>tre de l’î<strong>le</strong>, d’autres<br />

<strong>en</strong>fants souffrai<strong>en</strong>t éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t de<br />

malnutrition aiguë. Spécialiste de la<br />

nutrition communautaire, Noëline<br />

Razafindraibe se r<strong>en</strong>dait régulièrem<strong>en</strong>t<br />

dans <strong>le</strong>s foyers pour des séances de<br />

conseil aux mamans. « Tous <strong>le</strong>s mois,<br />

je <strong>le</strong>ur montrais comm<strong>en</strong>t nourrir<br />

correctem<strong>en</strong>t <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>fants malgré<br />

<strong>le</strong> manque de ressources », rappel<strong>le</strong>t-el<strong>le</strong>.<br />

« <strong>Quelques</strong> solutions simp<strong>le</strong>s<br />

permett<strong>en</strong>t d’éviter <strong>le</strong>s car<strong>en</strong>ces<br />

alim<strong>en</strong>taires : rajouter des haricots, un<br />

peu de riz, une poignée de sel iodé, de<br />

l’hui<strong>le</strong>, des légumes. »<br />

<strong>Le</strong> PAUSENS s’est <strong>sur</strong>tout attaché à<br />

supprimer <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s géographiques<br />

et financiers. Chaque disp<strong>en</strong>saire<br />

proposait des services de santé maternel<strong>le</strong><br />

et infanti<strong>le</strong> gratuits, par <strong>le</strong> biais<br />

d’un système de bons et d’autres interv<strong>en</strong>tions<br />

ciblées. <strong>Le</strong> nombre de consultations<br />

prénata<strong>le</strong>s a ainsi augm<strong>en</strong>té<br />

de 10 % par an, <strong>le</strong>s accouchem<strong>en</strong>ts<br />

assistés ont été multipliés par six dans<br />

de nombreuses régions, et <strong>le</strong>s taux de<br />

vaccination systématique<br />

ont fortem<strong>en</strong>t progressé.<br />

« Avant, lorsque ces<br />

services étai<strong>en</strong>t payants, <strong>le</strong>s<br />

femmes <strong>en</strong>ceintes ne v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

au disp<strong>en</strong>saire que lorsque la<br />

date de l’accouchem<strong>en</strong>t approchait.<br />

Aujourd’hui, el<strong>le</strong>s sont nombreuses à<br />

se prés<strong>en</strong>ter dès <strong>le</strong>ur troisième mois<br />

26 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


de grossesse », explique Voahangy<br />

Rahantamalala, médecin chef dans la<br />

localité voisine d’Ambohimanjaka.<br />

Des données recueillies <strong>en</strong> 2012 ont<br />

montré que si <strong>le</strong> programme national<br />

de nutrition communautaire avait un<br />

impact positif <strong>sur</strong> <strong>le</strong> nombre d’<strong>en</strong>fants<br />

prés<strong>en</strong>tant une insuffisance pondéra<strong>le</strong>,<br />

il n’avait <strong>en</strong> revanche pas d’effet s<strong>en</strong>sib<strong>le</strong><br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong> rapport tail<strong>le</strong>/âge (et donc <strong>sur</strong> la<br />

réduction des retards de croissance).<br />

Ces résultats déconcertants ont<br />

poussé <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t à revoir sa<br />

stratégie. En 2017, la lutte contre la<br />

malnutrition chronique est dev<strong>en</strong>ue<br />

sa priorité. <strong>Le</strong>s autorités ont obt<strong>en</strong>u<br />

une aide de 200 millions de dollars<br />

de la Banque mondia<strong>le</strong>, financée<br />

par l’IDA, pour élaborer une nouvel<strong>le</strong><br />

initiative déc<strong>en</strong>na<strong>le</strong>, <strong>le</strong> programme<br />

pour l’amélioration des résultats<br />

nutritionnels. <strong>Le</strong> dispositif repose, et<br />

c’est une première, <strong>sur</strong> une approche<br />

programmatique à phases multip<strong>le</strong>s,<br />

qui permet aux pays de décomposer<br />

un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de long terme,<br />

important ou comp<strong>le</strong>xe, <strong>en</strong> plusieurs<br />

opérations.<br />

« <strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t a pour ambition<br />

de ram<strong>en</strong>er de 47 à 33 % <strong>le</strong> taux de<br />

retard de croissance », souligne Coralie<br />

Gevers, responsab<strong>le</strong> des opérations de<br />

la Banque mondia<strong>le</strong> pour Madagascar.<br />

« Cela passe par un investissem<strong>en</strong>t à<br />

long terme. Nous nous réjouissons de<br />

constater que <strong>le</strong>s autorités malgaches<br />

s’efforc<strong>en</strong>t de donner à tous <strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants<br />

du pays une meil<strong>le</strong>ure chance d’avoir<br />

un av<strong>en</strong>ir prospère. »<br />

<strong>Le</strong> programme, qui cib<strong>le</strong>ra près de<br />

75 % des <strong>en</strong>fants de moins de cinq<br />

ans, s’attaquera d’abord aux huit<br />

régions qui affich<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s taux de retard<br />

de croissance <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés du pays,<br />

avant d’être progressivem<strong>en</strong>t ét<strong>en</strong>du à<br />

15 régions.<br />

« <strong>Le</strong>s interv<strong>en</strong>tions ponctuel<strong>le</strong>s peuv<strong>en</strong>t<br />

être efficaces dans certains contextes,<br />

mais face à une question aussi comp<strong>le</strong>xe<br />

que <strong>le</strong> retard de croissance dans<br />

un pays comme Madagascar, l’approche-programme<br />

à phases multip<strong>le</strong>s<br />

est idéa<strong>le</strong>, puisqu’el<strong>le</strong> permet de<br />

viser <strong>le</strong> long terme tout <strong>en</strong> atténuant<br />

<strong>le</strong>s risques d’une approche au coup<br />

par coup, qui retarde, voire anéantit,<br />

<strong>le</strong>s progrès obt<strong>en</strong>us », précise Jumana<br />

Qamruddin, spécialiste s<strong>en</strong>ior <strong>en</strong> santé<br />

au pô<strong>le</strong> Santé, nutrition et population<br />

de la Banque mondia<strong>le</strong> et chef<br />

d’équipe du programme.<br />

La première étape a comm<strong>en</strong>cé. El<strong>le</strong><br />

prévoit d’ét<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s interv<strong>en</strong>tions à fort<br />

impact, comme la supplém<strong>en</strong>tation<br />

<strong>en</strong> micronutrim<strong>en</strong>ts et la promotion de<br />

l’allaitem<strong>en</strong>t maternel. El<strong>le</strong> privilégiera<br />

<strong>le</strong>s 1 000 premiers jours de la vie (de la<br />

conception au deuxième anniversaire),<br />

une période clé pour réduire <strong>le</strong>s<br />

retards de croissance et maximiser <strong>le</strong><br />

développem<strong>en</strong>t cognitif.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Madagascar 27


MALI<br />

DES VÉLOS POUR FAVORISER<br />

LA SCOLARISATION ET L’ÉDUCATION<br />

DES FILLES<br />

Dans <strong>le</strong>s zones rura<strong>le</strong>s du Mali, beaucoup de fil<strong>le</strong>s<br />

abandonn<strong>en</strong>t l’éco<strong>le</strong> à la puberté, <strong>en</strong> raison de l’éloignem<strong>en</strong>t<br />

des établissem<strong>en</strong>ts, du niveau é<strong>le</strong>vé de pauvreté et <strong>le</strong> poids<br />

des normes socia<strong>le</strong>s. Grâce à la distribution de bicyc<strong>le</strong>ttes<br />

et au souti<strong>en</strong> de membres influ<strong>en</strong>ts de la communauté, <strong>le</strong>s<br />

fil<strong>le</strong>s peuv<strong>en</strong>t poursuivre <strong>le</strong>urs études.<br />

Ce matin pas comme <strong>le</strong>s autres,<br />

Déboura Goita desc<strong>en</strong>d de son<br />

vélo b<strong>le</strong>u flambant neuf pour se<br />

diriger vers <strong>le</strong> grand arbre qui ét<strong>en</strong>d<br />

son feuillage dans la cour de l’éco<strong>le</strong><br />

de Waki, à Kimparana. Nous sommes<br />

dans la région de Ségou, à <strong>en</strong>viron<br />

490 kilomètres de Bamako. Plusieurs<br />

bicyc<strong>le</strong>ttes sont déjà appuyées contre<br />

l’arbre. Déboura dépose <strong>le</strong> si<strong>en</strong>,<br />

rajuste son sac à dos et rejoint sa sal<strong>le</strong><br />

de classe.<br />

Élève <strong>en</strong> septième année, Déboura<br />

a 16 ans. El<strong>le</strong> a trois sœurs et deux<br />

frères. Depuis la mort de <strong>le</strong>ur père,<br />

sa mère élève seu<strong>le</strong> ses six <strong>en</strong>fants.<br />

Avant d’avoir ce vélo, Déboura devait<br />

parcourir chaque jour six kilomètres à<br />

pied pour al<strong>le</strong>r à l’éco<strong>le</strong>. « En r<strong>en</strong>trant<br />

<strong>le</strong> soir, j’étais très fatiguée et je n’avais<br />

ni <strong>le</strong> temps ni <strong>le</strong> courage de faire mes<br />

devoirs », confie-t-el<strong>le</strong>. Résultat, el<strong>le</strong> a<br />

abandonné ses études.<br />

Ce n’est que récemm<strong>en</strong>t qu’el<strong>le</strong> a<br />

repris <strong>le</strong> chemin de l’éco<strong>le</strong>, grâce à<br />

son vélo. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> manie avec beaucoup<br />

de dextérité et <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>d grand soin.<br />

En classe, Déboura a notamm<strong>en</strong>t des<br />

cours de français, mathématiques,<br />

histoire et géographie. « Mes matières<br />

préférées sont la physique, la chimie, la<br />

biologie, la géographie et l’éducation<br />

civique et mora<strong>le</strong> », dit-el<strong>le</strong>, assise<br />

à côté de ses camarades, tout <strong>en</strong><br />

s’appliquant à écrire dans son cahier<br />

<strong>le</strong>s phrases que <strong>le</strong> maître est <strong>en</strong> train<br />

d’écrire au tab<strong>le</strong>au. « Mon rêve est de<br />

dev<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>seignante », poursuit-el<strong>le</strong>.<br />

Comme Déboura, 27 autres jeunes<br />

fil<strong>le</strong>s de Kimparana ont retrouvé <strong>le</strong>s<br />

bancs de l’éco<strong>le</strong> grâce au vélo qu’el<strong>le</strong>s<br />

ont reçu. Après l’éco<strong>le</strong>, Déboura<br />

aide <strong>en</strong> général sa mère aux tâches<br />

ménagères : préparer <strong>le</strong>s repas, puiser<br />

de l’eau, faire la vaissel<strong>le</strong> et balayer la<br />

cour. El<strong>le</strong> participe aux travaux des<br />

champs p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>s vacances.<br />

« Déboura suit <strong>le</strong>s cours assidûm<strong>en</strong>t,<br />

el<strong>le</strong> arrive à l’heure tous <strong>le</strong>s jours et a<br />

même passé ses exam<strong>en</strong>s juste après<br />

la distribution des vélos », explique<br />

Mamadou Konaté, <strong>le</strong> proviseur.<br />

Au Mali, <strong>le</strong> taux de scolarisation dans<br />

<strong>le</strong> secondaire (premier et deuxième<br />

cyc<strong>le</strong>s) est de 52,9 % pour <strong>le</strong>s garçons<br />

et de 42,8 % pour <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s. « Certains<br />

villages se situ<strong>en</strong>t à plus<br />

de 15 kilomètres de<br />

l’éco<strong>le</strong> », souligne Birama<br />

Kassogué, directeur du c<strong>en</strong>tre<br />

d’animation pédagogique de<br />

Kimparana. « Grâce aux vélos,<br />

nous espérons réduire <strong>le</strong> taux de<br />

décrochage scolaire. »<br />

28 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


Près de 900 jeunes fil<strong>le</strong>s scolarisées<br />

dans 75 éco<strong>le</strong>s à Ségou et dans d’autres<br />

régions du Mali ont el<strong>le</strong>s aussi reçu<br />

des bicyc<strong>le</strong>ttes. <strong>Le</strong> fait de <strong>le</strong>s scolariser<br />

permet certes de <strong>le</strong>s instruire, mais<br />

limite aussi <strong>le</strong> risque de <strong>le</strong>s contraindre<br />

à accepter un mariage arrangé par<br />

<strong>le</strong>urs par<strong>en</strong>ts.<br />

La distribution des deux-roues fait<br />

partie des me<strong>sur</strong>es financées par la<br />

Banque mondia<strong>le</strong> à travers <strong>le</strong> projet<br />

d’autonomisation des femmes et de<br />

divid<strong>en</strong>de démographique au Sahel<br />

(SWEDD). El<strong>le</strong> s’inscrivait dans <strong>le</strong> cadre<br />

d’une campagne dont <strong>le</strong> slogan était «<br />

Mon défi, <strong>le</strong> DEF ! », <strong>le</strong> diplôme d’études<br />

fondam<strong>en</strong>ta<strong>le</strong>s qui valide la fin du<br />

collège <strong>en</strong> 9e année.<br />

Ces initiatives pourrai<strong>en</strong>t permettre<br />

à pas moins de 22 000 jeunes<br />

fil<strong>le</strong>s de poursuivre <strong>le</strong>urs études<br />

et de pr<strong>en</strong>dre ainsi <strong>le</strong>ur destin <strong>en</strong><br />

main. <strong>Le</strong> projet a aussi formé des<br />

<strong>en</strong>seignants et des conseil<strong>le</strong>rs<br />

pédagogiques, <strong>le</strong>s s<strong>en</strong>sibilisant aux<br />

pratiques qui empêch<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s jeunes<br />

fil<strong>le</strong>s de contribuer à la vie socia<strong>le</strong> et<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>euria<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong>s mariages<br />

et <strong>le</strong>s grossesses précoces ou <strong>le</strong>s<br />

vio<strong>le</strong>nces de g<strong>en</strong>re. Des responsab<strong>le</strong>s<br />

religieux et communautaires ont aussi<br />

été mobilisés afin qu’ils se pos<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

champions de la déf<strong>en</strong>se des droits<br />

des jeunes fil<strong>le</strong>s.<br />

Plus de 100 000 fil<strong>le</strong>s vulnérab<strong>le</strong>s dans<br />

six pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire,<br />

Mali, Mauritanie, Niger et Tchad, pour<br />

l’instant) pourrai<strong>en</strong>t bénéficier des<br />

interv<strong>en</strong>tions m<strong>en</strong>ées dans <strong>le</strong> cadre de<br />

ce projet régional. Plusieurs opérations<br />

sont m<strong>en</strong>ées à l’initiative des ministères<br />

de l’Éducation pour maint<strong>en</strong>ir <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s<br />

à l’éco<strong>le</strong>, mais d’autres impliqu<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong>s ministères des Affaires socia<strong>le</strong>s,<br />

des Droits de la femme, de la Santé,<br />

de la Population, de la Planification<br />

et de la Jeunesse. <strong>Le</strong>s ministres des<br />

Finances et du développem<strong>en</strong>t<br />

humain d’au moins quatre des six<br />

pays concernés ont révisé <strong>le</strong>urs<br />

plans de développem<strong>en</strong>t national<br />

afin de donner davantage de place<br />

aux politiques socioéconomiques<br />

et aux me<strong>sur</strong>es favorisant l’égalité<br />

hommes-femmes.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Mali 29


MAURITANIE<br />

INVESTIR DANS LA PETITE ENFANCE<br />

D’ici 2020, <strong>en</strong>viron 100 000 ménages parmi <strong>le</strong>s plus pauvres<br />

de Mauritanie bénéficieront d’allocations monétaires<br />

trimestriel<strong>le</strong>s. En incitant <strong>le</strong>s par<strong>en</strong>ts à investir dans <strong>le</strong><br />

développem<strong>en</strong>t de <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>fants, <strong>le</strong> programme s’attaque<br />

à la pauvreté intergénérationnel<strong>le</strong>.<br />

Aujourd’hui, l’atmosphère est<br />

à la fête dans <strong>le</strong> village de<br />

Bachatt Ould Boughrou, au<br />

sud de la Mauritanie. Moustapha<br />

et Hawa, deux animateurs sociaux,<br />

sont v<strong>en</strong>us <strong>le</strong> temps d’une séance<br />

consacrée aux bi<strong>en</strong>faits d’une<br />

alim<strong>en</strong>tation équilibrée. Des femmes<br />

de tous âges sont attroupées,<br />

bambins <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s g<strong>en</strong>oux, et écout<strong>en</strong>t<br />

avec att<strong>en</strong>tion <strong>le</strong>s recommandations<br />

des jeunes g<strong>en</strong>s. Ces derniers<br />

préconis<strong>en</strong>t de nourrir sainem<strong>en</strong>t<br />

<strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants, avec des apports bi<strong>en</strong><br />

répartis <strong>en</strong>tre protéines (lait, viande),<br />

hydrates de carbone (céréa<strong>le</strong>s,<br />

tubercu<strong>le</strong>s) et nutrim<strong>en</strong>ts (légumes).<br />

« Quel métier souhaiteriez-vous pour<br />

votre <strong>en</strong>fant ? », demande Moustapha.<br />

Enseignant, s’exclame l’une. Médecin,<br />

répond l’autre. Militaire, lance une<br />

troisième. En posant cette question<br />

anodine, Moustapha et Hawa<br />

souhait<strong>en</strong>t que ces mères de famil<strong>le</strong><br />

se projett<strong>en</strong>t dans l’av<strong>en</strong>ir. « Bi<strong>en</strong><br />

nourrir vos <strong>en</strong>fants, jouer avec eux,<br />

<strong>le</strong>ur appr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’hygiène,<br />

c’est <strong>le</strong>ur garantir un av<strong>en</strong>ir meil<strong>le</strong>ur »,<br />

as<strong>sur</strong><strong>en</strong>t-ils d’une seu<strong>le</strong> voix.<br />

Bachatt Ould Boughrou est l’un des<br />

villages ciblés par <strong>le</strong> programme de<br />

transferts sociaux Tekavoul (solidarité<br />

<strong>en</strong> arabe). Ce programme d’une<br />

durée de cinq ans est mis <strong>en</strong> œuvre<br />

par <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t mauritani<strong>en</strong>,<br />

qui a investi 10 millions de dollars et<br />

bénéficie du souti<strong>en</strong> de la Banque<br />

mondia<strong>le</strong> (à hauteur de 15 millions de<br />

dollars), du Départem<strong>en</strong>t britannique<br />

pour <strong>le</strong> développem<strong>en</strong>t international<br />

(4 millions) et de l’Ag<strong>en</strong>ce française<br />

de développem<strong>en</strong>t (2,5 millions).<br />

L’objectif ? Améliorer <strong>le</strong> quotidi<strong>en</strong><br />

des ménages <strong>le</strong>s plus vulnérab<strong>le</strong>s <strong>en</strong><br />

investissant dans <strong>le</strong> capital humain<br />

et <strong>en</strong> <strong>le</strong>s incitant à des changem<strong>en</strong>ts<br />

de comportem<strong>en</strong>t.<br />

Tous <strong>le</strong>s trois mois, plus de 22 000<br />

ménages dans six des départem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>le</strong>s plus pauvres du pays reçoiv<strong>en</strong>t<br />

la somme de 1 500 ouguiyas (soit<br />

<strong>en</strong>viron 42 dollars). Mais, pour <strong>en</strong><br />

bénéficier, ces famil<strong>le</strong>s doiv<strong>en</strong>t<br />

assister à des séances tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong><br />

disp<strong>en</strong>sées par Moustapha et Hawa,<br />

qui trait<strong>en</strong>t de nutrition, d’hygiène et<br />

de développem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant.<br />

« D’ici 2020, <strong>le</strong> programme<br />

cib<strong>le</strong>ra pas moins de<br />

100 000 ménages et<br />

s’ét<strong>en</strong>dra à l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> du<br />

territoire », précise Mohamedou<br />

M’Haimid, coordinateur du programme<br />

national Tekavoul.<br />

30 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


« L’un des objectifs du programme<br />

est d’investir dans la génération<br />

future et d’interrompre la spira<strong>le</strong> de la<br />

pauvreté <strong>en</strong> s’attaquant aux facteurs<br />

de transmission intergénérationnel<strong>le</strong> »,<br />

explique Matthieu <strong>Le</strong>febvre, spécialiste<br />

s<strong>en</strong>ior <strong>en</strong> protection socia<strong>le</strong> et<br />

responsab<strong>le</strong> du projet à la Banque<br />

mondia<strong>le</strong>. « Il y a donc à la fois un impact<br />

à court terme, <strong>le</strong>s ménages pouvant<br />

utiliser l’arg<strong>en</strong>t pour <strong>le</strong>urs besoins<br />

immédiats, généra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t l’achat<br />

de nourriture et l’accès aux services<br />

de base, et un impact à plus long<br />

terme, ces allocations permettant aux<br />

ménages de mettre un peu d’arg<strong>en</strong>t de<br />

côté et d’investir dans <strong>le</strong>urs moy<strong>en</strong>s de<br />

subsistance et <strong>le</strong>ur bi<strong>en</strong>-être. »<br />

Et d’ajouter : « Sans oublier que <strong>le</strong>s<br />

allocations monétaires versées aux<br />

pauvres ont éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t un effet<br />

d’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t démontré <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s<br />

économies loca<strong>le</strong>s et profit<strong>en</strong>t ainsi à<br />

l’<strong>en</strong>semb<strong>le</strong> de la col<strong>le</strong>ctivité. »<br />

Mariam Samba Sow, 42 ans, mère de cinq<br />

<strong>en</strong>fants, bénéficie de cette aide depuis<br />

plus d’un an et assiste assidûm<strong>en</strong>t aux<br />

séances de s<strong>en</strong>sibilisation. « Avant, je<br />

négligeais l’hygiène », explique-t-el<strong>le</strong>.<br />

« Aujourd’hui, j’incite ma famil<strong>le</strong> à se<br />

laver <strong>le</strong>s mains, je balaye ma maison<br />

et, au village, nous voyons déjà la<br />

différ<strong>en</strong>ce, car il y a moins de diarrhées<br />

ou de maladies de peau. Je sais aussi<br />

maint<strong>en</strong>ant quoi donner à manger<br />

à mes <strong>en</strong>fants pour améliorer <strong>le</strong>ur<br />

alim<strong>en</strong>tation. »<br />

Selon P<strong>en</strong>da Sow, maire adjointe du<br />

village voisin, l’impact du programme<br />

est doub<strong>le</strong> : il permet aux femmes<br />

(<strong>le</strong>s destinataires principa<strong>le</strong>s du<br />

programme, car ce sont el<strong>le</strong>s qui<br />

s’occup<strong>en</strong>t des <strong>en</strong>fants) d’acquérir<br />

une certaine autonomie financière<br />

pour subv<strong>en</strong>ir aux besoins des <strong>en</strong>fants<br />

et il permet à ces derniers de grandir<br />

correctem<strong>en</strong>t.<br />

Pour garantir l’efficacité et la<br />

sécurisation des paiem<strong>en</strong>ts, l’ag<strong>en</strong>ce<br />

Tadamoun, qui gère <strong>le</strong> programme<br />

Tekavoul, a déployé un réseau d’ag<strong>en</strong>ts<br />

équipés de terminaux portab<strong>le</strong>s,<br />

chaque bénéficiaire ayant reçu une<br />

carte à puce à cet effet.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Mauritanie 31


MOZAMBIQUE<br />

LES RÉSULTATS AU CŒUR DES<br />

SYSTÈMES DE SANTÉ ET D’ÉDUCATION<br />

<strong>Le</strong> programme de financem<strong>en</strong>t de la santé publique et<br />

de l’éducation axé <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s résultats décaisse <strong>le</strong>s fonds <strong>en</strong><br />

fonction de l’atteinte de cib<strong>le</strong>s conv<strong>en</strong>ues. <strong>Le</strong>s incitations<br />

ainsi mises <strong>en</strong> place pour modifier <strong>le</strong>s comportem<strong>en</strong>ts<br />

à l’échelon infranational sont à l’origine d’améliorations<br />

notab<strong>le</strong>s dans la gestion des éco<strong>le</strong>s primaires et la chaîne<br />

d’approvisionnem<strong>en</strong>t médica<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s médicam<strong>en</strong>ts n’ont d’intérêt<br />

que s’ils parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> temps<br />

voulu aux pati<strong>en</strong>ts qui <strong>en</strong> ont<br />

besoin », estime João Grachane, haut<br />

responsab<strong>le</strong> au ministère de la Santé du<br />

Mozambique. Lorsque <strong>le</strong> programme<br />

de gestion des finances publiques axé<br />

<strong>sur</strong> <strong>le</strong>s résultats a été lancé <strong>en</strong> 2014,<br />

c’était une première, <strong>le</strong> Mozambique<br />

n’ayant <strong>en</strong>core jamais testé cet<br />

instrum<strong>en</strong>t financier de l’IDA. <strong>Le</strong> but<br />

était d’effectuer des décaissem<strong>en</strong>ts<br />

échelonnés dans <strong>le</strong>s secteurs de la<br />

santé et de l’éducation, conditionnés à<br />

l’atteinte de cib<strong>le</strong>s conv<strong>en</strong>ues.<br />

La hausse des médicam<strong>en</strong>ts<br />

disponib<strong>le</strong>s pour as<strong>sur</strong>er <strong>le</strong>s soins<br />

maternels dans <strong>le</strong>s hôpitaux publics<br />

(de 78,6 à 82,6 % <strong>en</strong>tre 2013 et<br />

2017) ou <strong>le</strong> net recul du nombre<br />

de sites connaissant des pénuries<br />

d’antirétroviraux (de 27 à 5 % <strong>sur</strong><br />

la même période) font partie des<br />

améliorations notab<strong>le</strong>s observées<br />

dans <strong>le</strong> secteur de la santé p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong><br />

déploiem<strong>en</strong>t du programme.<br />

<strong>Le</strong> dispositif a éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t eu des<br />

répercussions <strong>sur</strong> l’éducation publique :<br />

« Aujourd’hui, nous recevons nos<br />

allocations au début de l’année<br />

scolaire », explique Matilde Xilume,<br />

directrice de l’éco<strong>le</strong> primaire 3 de<br />

Fevereiro. C’est un vrai plus, puisque<br />

cela nous permet de mieux planifier<br />

l’année à v<strong>en</strong>ir. » Jusque-là, <strong>le</strong>s<br />

allocations étai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t versées <strong>en</strong><br />

retard, compliquant <strong>le</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

des établissem<strong>en</strong>ts.<br />

Près de 1 300 éco<strong>le</strong>s primaires ont<br />

profité de cette amélioration dans <strong>le</strong><br />

versem<strong>en</strong>t des subv<strong>en</strong>tions. Cel<strong>le</strong>s-ci,<br />

connues sous <strong>le</strong>ur acronyme portugais<br />

ADE, permett<strong>en</strong>t d’acheter des<br />

supports d’appr<strong>en</strong>tissage de base et<br />

d’aider <strong>le</strong>s <strong>en</strong>fants <strong>le</strong>s plus vulnérab<strong>le</strong>s<br />

à suivre une scolarité. En 2017, 100 %<br />

des éco<strong>le</strong>s primaires couvertes par<br />

<strong>le</strong> programme avai<strong>en</strong>t reçu <strong>le</strong>urs<br />

subv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> février, au début de<br />

l’année scolaire.<br />

Des équipes de formateurs et<br />

d’animateurs ont été dépêchées<br />

dans <strong>le</strong>s ministères et <strong>le</strong>s provinces<br />

pour favoriser la coordination. « <strong>Le</strong><br />

projet a opté pour une approche<br />

innovante, itérative et<br />

c<strong>en</strong>trée <strong>sur</strong> <strong>le</strong> problème »,<br />

explique Humberto Cossa,<br />

spécialiste s<strong>en</strong>ior <strong>en</strong> santé<br />

à la Banque mondia<strong>le</strong>, qui a<br />

participé au programme.<br />

32<br />

<strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


<strong>Le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t mozambicain a<br />

amélioré la transpar<strong>en</strong>ce et l’efficacité<br />

de ses dép<strong>en</strong>ses pour la distribution,<br />

<strong>le</strong> stockage et la mise à disposition<br />

de médicam<strong>en</strong>ts, mais éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

pour la gestion des conseils et des<br />

districts scolaires et de <strong>le</strong>urs budgets.<br />

Un financem<strong>en</strong>t complém<strong>en</strong>taire<br />

permettra d’améliorer <strong>le</strong>s soins de<br />

santé primaires dans <strong>le</strong>s régions mal<br />

desservies du pays.<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Mozambique 33


TANZANIE<br />

MISER SUR L’AUTONOMIE DES FILLES<br />

POUR BÉNÉFICIER D’UN DIVIDENDE<br />

DÉMOGRAPHIQUE<br />

La Tanzanie est parv<strong>en</strong>ue à augm<strong>en</strong>ter l’espérance de vie de<br />

16 années <strong>en</strong>tre 1990 et 2015 et à réduire de moitié la mortalité<br />

des <strong>en</strong>fants de moins de cinq ans. Néanmoins, son taux<br />

de fécondité n’a baissé que d’un <strong>en</strong>fant par femme, contre<br />

deux ou trois <strong>en</strong>fants par femme au K<strong>en</strong>ya et au Rwanda,<br />

<strong>le</strong>s pays voisins.<br />

Au rythme actuel de croissance<br />

de 3 % par an, la population<br />

tanzani<strong>en</strong>ne pourrait franchir<br />

la barre des 150 millions d’habitants<br />

<strong>en</strong> 2064, faisant de ce pays l’un des<br />

plus peuplés du monde.<br />

De multip<strong>le</strong>s raisons expliqu<strong>en</strong>t cette<br />

t<strong>en</strong>dance, notamm<strong>en</strong>t <strong>le</strong> fait que plus<br />

d’un tiers des femmes s’y mari<strong>en</strong>t<br />

toujours très jeunes : 36 % sont déjà<br />

mariées à 18 ans. Or, <strong>le</strong> taux é<strong>le</strong>vé<br />

de fécondité, lié à la longueur de la<br />

période de procréation, interdit l’apparition<br />

d’un « divid<strong>en</strong>de démographique<br />

» — ou l’avantage économique<br />

découlant du recul rapide des taux de<br />

mortalité et de fécondité qui <strong>en</strong>traîne<br />

une réduction de la tail<strong>le</strong> des famil<strong>le</strong>s<br />

et une amélioration de <strong>le</strong>ur état<br />

de santé.<br />

<strong>Le</strong>s autorités tanzani<strong>en</strong>nes s’efforc<strong>en</strong>t<br />

d’<strong>en</strong>rayer la pratique des mariages<br />

précoces : <strong>en</strong> juil<strong>le</strong>t 2016, la Haute Cour<br />

a abrogé une loi de 1971 autorisant<br />

<strong>le</strong> mariage des fil<strong>le</strong>s à 15 ans avec <strong>le</strong><br />

cons<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal et à 14 ans<br />

<strong>sur</strong> disp<strong>en</strong>se d’un tribunal (pour <strong>le</strong>s<br />

garçons, l’âge légal est fixé à 18 ans),<br />

r<strong>en</strong>dant désormais illégal <strong>le</strong> mariage<br />

de mineurs.<br />

Rebeca Gyumi fait partie des jeunes<br />

militants qui se sont mobilisés <strong>en</strong><br />

faveur de cette décision de justice.<br />

Enfant, el<strong>le</strong> avait constaté que<br />

certaines de ses camarades de classe<br />

disparaissai<strong>en</strong>t soudainem<strong>en</strong>t, sans<br />

explication. « Nous allons pouvoir nous<br />

conc<strong>en</strong>trer <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s investissem<strong>en</strong>ts<br />

permettant l’épanouissem<strong>en</strong>t de<br />

nos fil<strong>le</strong>s au lieu de <strong>le</strong>s marier trop<br />

jeunes », explique-t-el<strong>le</strong>.<br />

Entre 2001 et 2015, <strong>le</strong> nombre de<br />

jeunes fil<strong>le</strong>s scolarisées dans <strong>le</strong><br />

secondaire est passé de moins de 20 %<br />

à pratiquem<strong>en</strong>t 55 %, mais <strong>le</strong>s taux<br />

d’abandon rest<strong>en</strong>t é<strong>le</strong>vés. En 7e année,<br />

<strong>le</strong>s élèves doiv<strong>en</strong>t passer un exam<strong>en</strong><br />

pour poursuivre <strong>le</strong>urs études, mais<br />

une directive pénalise <strong>le</strong>s jeunes fil<strong>le</strong>s<br />

<strong>en</strong>ceintes qui souhaiterai<strong>en</strong>t continuer.<br />

« <strong>Le</strong>s données montr<strong>en</strong>t que <strong>le</strong>s taux de<br />

fécondité chez <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>tes <strong>en</strong> vil<strong>le</strong><br />

sont <strong>en</strong> recul depuis 1990 », souligne<br />

Miriam Schneidman, spécialiste<br />

principa<strong>le</strong> <strong>en</strong> santé à la<br />

Banque mondia<strong>le</strong>. « Mais<br />

<strong>en</strong> milieu rural, ces taux<br />

sont <strong>en</strong> légère augm<strong>en</strong>tation.<br />

<strong>Le</strong>s mères ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>tes<br />

abandonn<strong>en</strong>t l’éco<strong>le</strong> et perd<strong>en</strong>t<br />

ainsi toute possibilité de s’extraire de<br />

la pauvreté avec <strong>le</strong>urs <strong>en</strong>fants. »<br />

34<br />

<strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


Selon une simulation effectuée par la<br />

Banque mondia<strong>le</strong>, une baisse du taux<br />

de fécondité supérieure à un <strong>en</strong>fant<br />

par femme induirait une hausse de 19<br />

% du PIB réel par habitant à l’horizon<br />

2030, qui passerait ainsi de 610 dollars<br />

(2015) à 1 192 dollars, puis à 2 709 dollars<br />

<strong>en</strong> 2050.<br />

L’abaissem<strong>en</strong>t du taux de fécondité<br />

permettrait d’extraire six millions de<br />

personnes de la pauvreté d’ici 2050.<br />

La Banque mondia<strong>le</strong> conduit actuel<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t<br />

une analyse approfondie pour<br />

mieux compr<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s caractéristiques<br />

de la fécondité chez <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>tes<br />

de Tanzanie contin<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> et de<br />

Zanzibar, et id<strong>en</strong>tifier des solutions respectueuses<br />

de la culture loca<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<br />

faire évoluer.<br />

« <strong>Le</strong> degré d’instruction de la mère est<br />

étroitem<strong>en</strong>t corrélé aux résultats scolaires<br />

de ses <strong>en</strong>fants », souligne Bella<br />

Bird, directrice des opérations de la<br />

Banque mondia<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> Burundi,<br />

<strong>le</strong> Malawi, la Somalie et la Tanzanie.<br />

« <strong>Le</strong>s recherches m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> Tanzanie<br />

montr<strong>en</strong>t que 74 % des <strong>en</strong>fants dont<br />

la mère a suivi au minimum un parcours<br />

secondaire sont capab<strong>le</strong>s de<br />

faire des exercices de deuxième année<br />

du primaire, contre seu<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t 46 %<br />

des <strong>en</strong>fants dont la mère n’a bénéficié<br />

d’aucune instruction formel<strong>le</strong>. »<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Tanzanie 35


ZAMBIE<br />

CONTRIBUER À L’AUTONOMISATION<br />

DES FEMMES ET AU MAINTIEN<br />

DES FILLES À L’ÉCOLE<br />

En Zambie, <strong>le</strong> projet GEWEL apporte une aide directe à<br />

89 000 fil<strong>le</strong>s et femmes vulnérab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s zones rura<strong>le</strong>s.<br />

Bénéficiant du souti<strong>en</strong> de trois ministères, <strong>le</strong> projet de la<br />

Banque mondia<strong>le</strong> peut déployer une approche plus globa<strong>le</strong>.<br />

Mary Maliti vit dans la chefferie<br />

de Nkana, à plus de 100<br />

kilomètres de Kitwe, <strong>le</strong> c<strong>en</strong>tre<br />

urbain <strong>le</strong> plus proche dans la province<br />

du Copperbelt. Cette agricultrice cultive<br />

des arachides, du maïs et des légumes<br />

<strong>sur</strong> un hectare de terre. Tous <strong>le</strong>s ans,<br />

el<strong>le</strong> se livrait au même combat : faire<br />

pousser de quoi nourrir sa famil<strong>le</strong> et,<br />

<strong>le</strong>s bonnes années, v<strong>en</strong>dre l’excéd<strong>en</strong>t.<br />

Grâce à une subv<strong>en</strong>tion et à une<br />

formation pratique et commercia<strong>le</strong>,<br />

el<strong>le</strong> peut désormais nourrir sa famil<strong>le</strong><br />

et v<strong>en</strong>dre ses produits dans son village<br />

et aux <strong>en</strong>virons.<br />

Comme des milliers d’autres<br />

Zambi<strong>en</strong>nes, Mary est l’une des bénéficiaires<br />

du projet pour l’éducation des<br />

fil<strong>le</strong>s et l’autonomisation des femmes<br />

(GEWEL). Financé par l’Association<br />

internationa<strong>le</strong> de développem<strong>en</strong>t<br />

(l’IDA, <strong>le</strong> fonds de la Banque mondia<strong>le</strong><br />

pour <strong>le</strong>s pays <strong>le</strong>s plus pauvres), <strong>le</strong> projet<br />

contribue aux efforts des autorités<br />

zambi<strong>en</strong>nes pour r<strong>en</strong>dre <strong>le</strong>s femmes<br />

plus autonomes. Trois ministères y<br />

particip<strong>en</strong>t directem<strong>en</strong>t : g<strong>en</strong>re, éducation<br />

nationa<strong>le</strong> et développem<strong>en</strong>t<br />

communautaire.<br />

<strong>Le</strong> projet est constitué de deux vo<strong>le</strong>ts :<br />

<strong>le</strong> premier a pour objectif d’ét<strong>en</strong>dre<br />

l’accès à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire<br />

pour <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>sc<strong>en</strong>tes de famil<strong>le</strong>s<br />

pauvres, avec l’octroi d’une bourse<br />

d’études ; <strong>le</strong> second, qui s’adresse aux<br />

femmes <strong>en</strong> âge de travail<strong>le</strong>r, offre des<br />

formations, des capitaux d’amorçage<br />

et un accompagnem<strong>en</strong>t.<br />

Âgée de 50 ans et mère de cinq<br />

<strong>en</strong>fants, Mary a gagné suffisamm<strong>en</strong>t<br />

d’arg<strong>en</strong>t pour acheter des sem<strong>en</strong>ces,<br />

payer quelqu’un qui laboure <strong>le</strong> sol<br />

et s’acheter un vélo pour livrer ses<br />

légumes. El<strong>le</strong> s’est aussi équipée d’un<br />

pulvérisateur de pesticides, pour<br />

protéger ses cultures. « L’an dernier,<br />

j’ai perdu de l’arg<strong>en</strong>t parce que des<br />

insectes avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vahi mon potager »,<br />

explique-t-el<strong>le</strong>. « Et (sans vélo), certains<br />

légumes pourrissai<strong>en</strong>t avant que je<br />

puisse <strong>le</strong>s proposer à mes cli<strong>en</strong>ts. »<br />

Mary gère désormais son budget et<br />

ses économies. Tous <strong>le</strong>s v<strong>en</strong>dredis, el<strong>le</strong><br />

rejoint <strong>le</strong>s 41 autres membres de son<br />

club d’épargne, où chacune s’efforce<br />

d’économiser <strong>en</strong>viron 1,25 dollar<br />

par semaine. L’arg<strong>en</strong>t est prêté aux<br />

membres du club qui <strong>le</strong><br />

rembours<strong>en</strong>t avec intérêts.<br />

L’autre axe du projet a permis<br />

à Eunice Sichone, 14 ans, de<br />

retrouver <strong>le</strong> chemin de l’éco<strong>le</strong>.<br />

Jusque-là, son père n’avait pas <strong>le</strong>s<br />

moy<strong>en</strong>s de payer ses frais de scolarité.<br />

La plupart des fil<strong>le</strong>s du pays expliqu<strong>en</strong>t<br />

36 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


avoir abandonné <strong>le</strong>urs études pour des<br />

raisons financières. La bourse permet<br />

de remédier à cette situation.<br />

« Ces programmes sont conçus pour<br />

<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s auxquels sont<br />

confrontées <strong>le</strong>s femmes et <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s<br />

vulnérab<strong>le</strong>s <strong>en</strong> milieu rural. Ils favoris<strong>en</strong>t<br />

des investissem<strong>en</strong>ts de long terme et<br />

r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s capacités des autorités<br />

à gérer <strong>le</strong>s interv<strong>en</strong>tions », explique<br />

Ina-Mar<strong>le</strong>ne Ruth<strong>en</strong>berg, responsab<strong>le</strong><br />

des opérations de la Banque mondia<strong>le</strong><br />

pour la Zambie.<br />

Dans ce pays, <strong>en</strong>viron 60 % de la<br />

population vit <strong>en</strong> milieu rural. « En<br />

2017, pratiquem<strong>en</strong>t 20 000 femmes et<br />

fil<strong>le</strong>s ont bénéficié du projet GEWEL »,<br />

indique Emily Weedon, spécialiste<br />

s<strong>en</strong>ior <strong>en</strong> protection socia<strong>le</strong> à la<br />

Banque mondia<strong>le</strong> et chef d’équipe du<br />

projet. « En 2018, <strong>le</strong> gouvernem<strong>en</strong>t<br />

devrait ét<strong>en</strong>dre cette couverture à plus<br />

de 50 000 personnes, grâce aux deux<br />

programmes. »<br />

<strong>Quelques</strong> expéri<strong>en</strong>ces réussies | Zambie 37


38 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


REMERCIEMENTS<br />

Cette publication de la Banque mondia<strong>le</strong> est <strong>le</strong> fruit de la collaboration<br />

des équipes du Bureau de la vice-présid<strong>en</strong>ce de la Région <strong>Afrique</strong><br />

(AFRVP), du <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain (HCP), la vice-présid<strong>en</strong>ce du<br />

développem<strong>en</strong>t humain (HDVP), et du départem<strong>en</strong>t Communication<br />

externe et part<strong>en</strong>ariats de la Région <strong>Afrique</strong> (AFREC). Nous remercions<br />

plus particulièrem<strong>en</strong>t Tom O’Bri<strong>en</strong>, Diariétou Gaye, Magnus Lindelow,<br />

Laura Rawlings, Muna Salih Meky, Katelyn Jison Yoo, Martín De<br />

Simone, Julieta Trias, D<strong>en</strong>a Ringold, Amer Hasan, Zela<strong>le</strong>m Debebe,<br />

Emily Weedon, Kavita Watsa, Amit Dar et Pia Schneider.<br />

Ce projet n’aurait pas pu être m<strong>en</strong>é à bi<strong>en</strong> sans <strong>le</strong> souti<strong>en</strong> des<br />

directeurs, responsab<strong>le</strong>s-pays et chefs d’équipe qui supervis<strong>en</strong>t la<br />

mise <strong>en</strong> œuvre des opérations et programmes de la Banque mondia<strong>le</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>. Nous t<strong>en</strong>ons à remercier Jumana Qamruddin, Margareta<br />

Norris, Humberto Cossa, Lucian Pop, Miriam Schneidman, Matthieu<br />

<strong>Le</strong>febvre, Lynne Sherburne-B<strong>en</strong>z, Meera Shekar, Miche<strong>le</strong> Gragnolati,<br />

Jeremy Veillard, Luis B<strong>en</strong>v<strong>en</strong>iste et Olusoji Adeyi. Nous remercions<br />

éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s chargés de communication des bureaux-pays de la<br />

Banque mondia<strong>le</strong> qui as<strong>sur</strong><strong>en</strong>t la promotion de ces programmes<br />

et la diffusion de <strong>le</strong>urs résultats, notamm<strong>en</strong>t Elita Banda, Carlyn<br />

Hambuba, Habibatou Gologo, Sonu Jain, Loy Nabeta, Rafael Saute et<br />

Diana Styvan<strong>le</strong>y.<br />

La réalisation de cette publication a reposé <strong>sur</strong> un important effort de<br />

réf<strong>le</strong>xion et de planification, conjugué au savoir-faire de toutes cel<strong>le</strong>s<br />

et ceux qui y ont contribué. Nous remercions tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />

Catherine Bond et <strong>Le</strong>slie Ashby pour <strong>le</strong>ur investissem<strong>en</strong>t dans <strong>le</strong> projet<br />

et sa bonne exécution, ainsi qu’A<strong>le</strong>x Hery, Daniella <strong>Le</strong>ggelo et Anne<br />

S<strong>en</strong>ges. Nous adressons éga<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t nos remerciem<strong>en</strong>ts à Ahmad<br />

Omar, Marisa Simone, Bernadette Poaty, Justine Bilong (GCSTI),<br />

et E<strong>le</strong>na Queyranne (AFREC), pour <strong>le</strong>ur contribution à la réalisation<br />

de la traduction <strong>en</strong> français. Enfin, nous remercions Sarah Farhat,<br />

Mohamad Al-Arief, Elita Banda, Andrea Borgarello, Bachir Diallo,<br />

Arne Hoel, Gustavo Mahoque, Tintseh Mukundi, Vinc<strong>en</strong>t Tremeau,<br />

Dorte Verner et Daniel Silva Yoshisato pour <strong>le</strong>urs photographies, ainsi<br />

que Manuella <strong>Le</strong>a Palmioli, et Gregory Wlosinski (GCSSV), pour la<br />

conception graphique.<br />

Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

39


40 <strong>Le</strong> <strong>Projet</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong> capital humain <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong>


CRÉDITS PHOTOS<br />

Page de couverture - Vinc<strong>en</strong>t Tremeau<br />

Page 4 - Sarah Farhat<br />

Page 21 - Sarah Farhat<br />

Page 23 - Andrea Borgarello<br />

Page 25 - Elita Banda<br />

Page 27 - Mohamad Al-Arief<br />

Page 29 - Bachir Diallo<br />

Page 21 - Dorte Verner<br />

Page 33 - Gustavo Mahoque<br />

Page 35 - Arne Hoel<br />

Page 37 - Daniel Silva Yoshisato<br />

Page 42 - Vinc<strong>en</strong>t Tremeau<br />

Pages de couverture internes - Arne Hoel<br />

Investir dans la population pour l’équité et la croissance<br />

41

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