Ailleurs 2019 - catalogue

La technique se dépasse elle-même, tout en transformant
l’image en un médium qui, à son tour renvoie au-delà de lui même.
Cet “ailleurs’ est renforcé par la forme circulaire des oeuvres (‘tondi’)
qui font partie de cette exposition. Leur espace courbe, monodique,
renvoie à un centre invisible autour duquel gravitent tous les éléments
de la composition. Si ce Tout, dont nous sommes une infime partie,
n’était circulaire et centripète, nous serions éparpillés dans le néant,
semble nous dire l’artiste.
Marie Lavie a découvert la force du centre gravitationnel,
caché, qui est ailleurs, au-delà des horizons bleus de Patmos et des
cieux d’or des icônes. Un centre qui fait que le monde entier, enroulé
autour de lui-même, devient cercle, sarabande, lentille, roue du
Samsara, orbe évoquant celle que tient le Christ dans sa main. Et
ce rapprochement vers le centre se fait avec une délicatesse infinie.
Tout s’absorbe de façon circulaire, telle une goutte d’eau reflétant
l’univers. Même si certains ‘tondi’ ont des contrastes puissants, de plus
en plus la touche devient évanescente, comme si l’artiste se refusait à
toucher le support. La touche comme une brise, la couleur comme un
chuchotement. L’existence comme une absence où ne restent que les
réverbérations d’un souffle léger.
Les ombres transparentes et la luminosité diffuse donnent
l’impression que les images sont peintes sur une goutte de rosée.
La rosée, la poudre scintillante et évanescente, qu’on rencontre si
rarement. Les villes l’ont oubliée, sa présence fraîche et transparente a
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