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PRISES DE
NOTES
Jeanne
Lacombe
Béguerisse
J’observais
pendant des
heures le
caméléon dans
mon jardin où
s’ajoutaient ces
petits oiseaux
tout en couleur.
Tout ceci
annonçait le
paysage.
Cet ouvrage a été réalisé avec le soutien
de l’association Art Garonne et avec la
participation de multiples souscriptrices
et souscripteurs que Jeanne Lacombe
remercie chaleureusement.
Jeanne Lacombe tient
à remercier particulièrement :
Béatrice & Jean-Paul Barrès,
Léa Yauner,
Françoise Herregods,
Patrice Garrouste,
Carole Garnier,
Olivier Roussilhe,
Jean-Marie Peyre,
Marie-Josée Mamet,
Chantal Fontaine,
Daniel Gerber,
Sylvain Sankalé,
Manuel Pomar,
Brigit Boch,
Jean-Marc Lacabe,
Philippe Cadu,
Marie Cordié-Lévy,
Jean-Paul Thibeau,
Maitre Eric Dardenne,
Mas et associés - Les notaires,
Gomez Carrelages & Bains,
Alarme Sécurité France Ingineering - Asfe.
Prises de
notes
JEANNE LACOMBE
BÉGUERISSE
Dépôt légal : mai 2019
ISBN : 978 2 9554513 1 1
5
Dialogue
2019
Jeanne Lacombe
Jean-Paul Barrès
Pourquoi ce titre ?
Prises de notes fait référence à ma
vie que je transpose par l’image
comme élément poétique.
Des instants s’égrènent, évoluent
dans mon imaginaire et participent
à l’univers de ma peinture.
Comment procèdes-tu
dans ton travail ?
Dans mes promenades je suis toujours
à la recherche d’une image
qui va me surprendre et que je vais
capter avec mon appareil photo.
De ces images, je fais un tri drastique
; elles vont devenir des peintures,
peintures-photos, dessins,
céramiques. Différents chemins
sont possibles ; je peux ne prendre
que des éléments de la photo ou
chercher et trouver le dialogue
subtil entre la peinture et la photographie,
une frontière qui n’est pas
toujours palpable entre ces deux
médiums. Ainsi né un trouble chez
le regardeur.
Dans mes installations de pièces
en céramique, l’idée du paysage est
une constante. En témoignent :
Le Pays-Bas, le Plat-Pays, Paysages
Méditerranéens, et Hommage
à Sottsass.
Pourquoi ces Verts et ces Bleus?
Ils sont la base de mes paysages.
Les couleurs fondamentales
sont le bleu et le jaune et comme
disait Jean-Luc Godard :
« le jaune c’est la lumière ».
Au-delà de cette explication
banale, pour moi, si j’ajoute le jaune
au bleu, le vert devient une couleur
complémentaire. Cette supposition
irrationnelle s’impose quand
je me trouve dans un paysage avec
des verts lumineux, puissants
qui s’interposent avec un ciel impalpable
et toujours en mouvement.
Me vient alors toujours la même
question : « Pourquoi cette fascination
pour le paysage et plus
particulièrement pour ces verts
et ces bleus imprévisibles ? ».
page ci-contre : Le Pont Faidherbe de Saint Louis, Sénégal, photographie de l’artiste, 2019
6 7
Quelle est la place de la céramique
dans ton travail ?
J’avais déjà réalisé un travail en
volume et en couleur, des cubes
en bois et en plâtre que j’installais
sur un mur ou sur un socle à l’horizontale,
toujours en référence au
paysage. Plus tard, j’ai découvert le
travail de Klara Kristalova qui m’a
renvoyé à une évidence : je ressentais
un lien fort entre ma peinture
et sa céramique qui, de par sa
texture et ses couleurs, m’ont fait
comprendre la pertinence de travailler
les deux mediums ensemble.
S’est donc imposée à moi la nécessité
de faire une résidence au
Centre Européen de la Céramique,
EKWC aux Pays-Bas, fin 2015.
Comment définis-tu ta peinture?
C’est toujours délicat de parler de
ce qui nous touche de très près,
c’est un langage intime qui vient
de ce que nous avons de plus profond
en nous. Je résumerais en un
seul mot : le PAYSAGE. Mon amour
de la peinture et, d’une façon plus
générale, ma fascination pour
l’image explique mon attirance
pour le cinéma, le théâtre et la
danse contemporaine. J’accorde
aussi de l’importance aux mots
que j’introduis dans mes dessins
et mes peintures. À cela s’ajoute
une quête insatiable qui me pousse
dans mes retranchements et me
met en perpétuel mouvement vers
de nouvelles aventures où je dois
sans cesse me renouveler. D’où mes
différentes résidences dans ces
lieux de passage comme Istanbul
et Tanger, mes seize mois à la Cité
Internationale des Arts à Paris et
ma résidence au Centre Européen
de la Céramique aux Pays-Bas.
D’où te viennent tes premières
émotions liées à ta peinture?
Dès ma petite enfance qui était
à Saint-Louis du Sénégal j’étais
fascinée par la nature et ses mouvements,
le rassemblement des
oiseaux à la tombée de la nuit, les
bruits du soir, la force de l’orage
suivi par la pluie et une odeur de
terre mouillée. J’observais pendant
des heures le caméléon dans mon
jardin où s’ajoutaient ces petits
oiseaux tout en couleur. Tout ceci
annonçait le PAYSAGE. Je remarquais
ces verts bien sombres des
arbres qui ne perdaient pas leurs
feuilles et ce bleu du ciel qui était
interminable avant la courte saison
des pluies où j’étais beaucoup plus
dans mon élément.
Et plus tard ?
Plus tard, après dix années de
pension à Rodez, un grand trou
noir… J’ai découvert Marguerite
Duras, son écriture et son cinéma,
la musique contemporaine qui,
paradoxalement, me rappelait les
bruits nocturnes de mon enfance.
L’année passée aux États-Unis me
conforta dans mon goût pour le
blues, le jazz et plus particulièrement
pour celui de John Coltrane.
À 22 ans, j’ai vécu 18 mois aux Pays-
Bas ; un moment qui a été fondateur
par ma découverte de l’abstraction
à travers l’œuvre de Piet Mondrian,
et mon intérêt pour l’architecture
du mouvement De Stijl.
Durant mes études aux Beaux-
Arts de Bordeaux j’ai fréquenté
assidûment le CAPC (Centre d’art
contemporain). J’aimais la nouvelle
figuration avec Jean-Charles Blais
et Robert Combas, l’art conceptuel
avec Sol Lewitt, l’art minimal avec
Dan Flaving et Donald Judd, l’Arte
Povera et plus particulièrement
Guiseppe Pénone, la peinture allemande
avec George Baselitz, la
trans-avant-garde italienne avec
Mimo Paladino. Par ailleurs j’ai
été très intéressée par l’expressionnisme
abstrait de Willem De
Kooning et de Jackson Pollock.
Au fil de l’évolution de mes parcours
j’ai pu découvrir Gerhard Richter,
Mona Hatoum, Katarina Gross,
George Shaw, Marlène Dumas,
Eberhard Havekost, Klara Kristalova,
Johan Creten, Sophie Calle,
Maurizo Cattelan, Fabrice Hybert,
Françoise Pétrovitch, Raymond
Depardon et tant d’autres… Mes
choix n’ont jamais été exhaustifs.
J’aime aussi le cinéma pour ses
images. Je suis sensible au cadrage,
au montage, à leurs couleurs, à ce
qu’elles racontent et comment elles
sont racontées, au choix des mots
dans les dialogues. La Nouvelle
Vague incarne bien cet intime que
je recherche car elle dévoile une
proximité de l’être, je pense aux
films de Jean-Luc Godard et d’Eric
Rohmer. Actuellement je retrouve
cette même atmosphère dans le
cinéma coréen chez Lee Chang-
Dong et Hong Sangsoo, mais aussi
chez les Japonais Noami Kawase et
Kore-Eda Hirokazu. Ces cinéastes
font écho à mes recherches. De
même Lars Von Trier m’interroge
par sa « folie » et son audace, et
son autre façon de voir le cinéma.
Pour parachever l’énumération de
ceux qui me nourrissent je me dois
de citer deux livres pour moi fondamentaux
:
L’empire des signes, de Roland Barthes,
et Limbes, de Jean-Bertrand
Pontalis.
8 9
Dialogue
january 2019
Why the title ?
Prises de notes refers to my life
which I transpose visually – each
image is a poetic element. Moments
go by and evolve in my imagination
and take part in my painting.
How do you go about your work ?
When I am wandering around I am
always looking for an image which will
surprise me and attract my attention
and which I will then capture with my
camera. After that, I will eliminate
most of the pictures and the chosen
few will become paintings, painted
photos, drawings or ceramics.
There are various possible paths :
I can either just chose elements of
the photo or else look for and find a
subtle dialogue between painting and
photo ; here, the frontier between the
2 media are not immediately visible
and that’s why the viewer is often
unsure of what he or she is seeing.
In my installations made up of my
ceramic pieces, the constant theme is
the landscape: examples of this are :
Jeanne Lacombe
Jean-Paul Barrès
« Le Pays-Bas » (The Lowlands),
« Le Plat-Pays » (The Flatlands),
« Paysages Méditerrannéens
» (Mediterranean Landscapes)
and « Hommages à Sottsass
» (Tribute to Sottsass).
Why those Greens and those Blues?
They are the bases of my landscapes.
Blue and yellow are fundamental
colours and, as Jean-Luc Godard
used to say « yellow is light ». Added
to that banal explanation, as far as
I’m concerned, if I add yellow to blue,
green becomes a complementary
colour. That irrational supposition
imposes itself on me when I am in a
landscape with luminous powerful
greens which stand out against an
impalpable and constantly moving
sky. That’s when I always ask myself
the same question :
« Why this fascination with the
landscape and especially with these
unpredictable greens and blues ? »
Where do ceramics come
into your work ?
I had already worked in volume and
in colour, with wooden and plaster
cubes, which I installed on the wall
or on a horizontal plinth, always with
a reference to the landscape. Later
on, I discovered the work of Klara
Kristalova which awakened in me
something obvious : I felt a strong
connexion between my painting and
her ceramics which, through their
texture and colour, made me understand
the relevance of working with
both media together. That’s when I felt
the urge to do a residence in Holland
at the European Center of Ceramics
– the EKWC- at the end of 2015.
How would you describe your
painting?
It’s always tricky to talk about the
things which touch us intimately
and come from the depths of our
being. I would sum it up in one word
– landscape. My love of painting,
and more generally, my fascination
with images explain my attraction
to cinema, theatre and modern
dance. I give a lot of importance, as
well, to the words which I include
in my drawings and paintings.
In addition, there is this insatiable
quest which goads me on and keeps
me moving towards new adventures
and keeps me renewing my work.
That explains my various residences
in places of crossing like Istanbul and
Tangiers and my 16 months’ residence
in Paris at the Cité International
des Arts and the more recent residence
in Holland, mentioned above.
Where did you first experience the
strong emotions which can be linked
to your painting today ?
Already as a small child in Saint Louis
du Sénégal, where I grew up, I remember
being fascinated by Nature
and its movement, the gathering of
birds at dusk, the evening noises, the
force of the storm followed by rain
and the smell of the damp earth. I
used to watch the cameleon and the
small colourful birds in my garden,
for hours on end. All these things
were forerunners of the LANDS-
CAPE. I noticed the dark greens of the
trees which didn’t lose their leaves
and the endless blue of the sky before
the short rainy season when I
was much more in my element.
And later on ?
Later on, after 10 years as a boarder
in Rodez, there was a big black hole...
I discovered Marguerite Duras,
her writing and her cinema and
contempory music which, strangely
enough, reminded me of the
night noises of my childhood.
The year I spent in the United States
10
allowed me to deepen my love for the
Blues and for Jazz and especially for
John Coltrane. When I was 22, I lived
in Holland for 18 months ; it was a
crucial time in my life because that’s
when I discovered abstract art via Piet
Mondrian and my love of architecture
via the De Stijl movement.
While I was studying Fine Art at the
Beaux-Arts in Bordeaux, I was an avid
visitor to the CAPC (Centre d’Art
Contemporain). I enjoyed the new
figurative movement with work by
Jean-Charles Blais and Robert Combas,
conceptual art with Sol Lewitt,
minimal art with Dan Flaving and
Donald Judd, Arte Povera especially
with Guiseppe Penone, German painting
with George Baselitz and the
Italian trans-avant-garde with Mimo
Paladino. I was also very interested in
abstract expressionism with Willem
De Kooning and Jackson Pollock. As
time went by and I travelled
around, I came across the work of
Gerhard Richter, Mona Hatoum,
Katarina Gross, Geroge Shaw,
Malène Dumas, Eberhard Havekost,
Klara Kristalova, Johan Creten, Sophie
Calle, Maurizo Cattelan, Fabrice
Hybert, Françoise Pétrovitch, Raymond
Depardon and many other
artists whom I have admired too !
the colours the story-board and how
the story is told and the choice of
words in the dialogues. The Nouvelle
Vague epitomises the intimacy which I
am always looking for because it uncovers
the human soul. I’m referring to
films by Jean-Luc Godard and Eric
Rohmer. Today I find the same atmosphere
in Corean films by Lee Chang-
Dong and Hong Sangsoo and also in
Japanese films by Noami Kawase and
Kore-Eda Hirokazu. There is a kinship
between these film-directors and my
personal research. Similarly, Lars Von
Trier appeals to me by his ‘madness’
and his audacity and his alternative
take on cinema.
To finish the list of people who
have nurtured me over the years
I would hate to forget to mention
the two books which have
been fundamental to me :
Roland Barthes’s « L’Empire
de Signes » and Jean-Bertrand
Pontalis’s « Limbes ».
I love cinema too for its pictures. I am
sensitive to the framing, the editing,
page ci-contre : Voyage au Sénégal, sur la route de Saint Louis, photographie de l’artiste, 2019
12 13
Imaginaire
&
inconscient
Sylvain
Sankalé
2019
L’univers de Jeanne Lacombe est tout en contrastes !
Pour qui en connaît la clé, il est évident qu’il est la conséquence
de son métissage et de ses vies multiples qui
passent du Sénégal à la France, avec un détour par le
Mexique et le Liban, à travers un dédale de générations
aux sorts et statuts les plus divers. Mais cela ne suffit pas,
même si l’on ne peut le négliger et c’est sans hésitation
que j’ai choisi le nom d’une de ses séries pour titre de ce
court propos. Il me semble tout à fait illustratif !
Depuis sa première exposition, en 1983, alors même
qu’elle n’avait pas encore achevé son diplôme supérieur
aux Beaux-Arts de Bordeaux, l’artiste nous promène dans
ses Paysages énigmatiques où l’homme est de plus en
plus absent et où l’image se dissout dans l’essentiel de sa
substance, au fur et à mesure de l’avancée du temps.
De plus en plus réduite à l’essentiel, dans l’abstraction du
monde, son œuvre peint évolue vers la substance ramenée
à la luminosité et à la couleur et à leur fusion. Jeanne
Lacombe aime les lieux de rencontre et de passage. Ce
sont les mêmes qui sont aussi des lieux de césure et de
séparation, le point de rencontre et de séparation des
continents.
C’est Gibraltar frontière ténue entre l’Europe et l’Afrique,
c’est le Bosphore qui sépare et unit l’Europe à l’Asie, c’est
l’île de Ré, projection dans cet Atlantique qui baigne ses
univers ancestraux.
La mer, toujours recommencée, sous toutes ses
nuances de tons, de plus en plus épurés, et ses paysages
qui disent l’infini des rêves et des réalités. Mais
ces passages peuvent prendre une forme plus prosaïque
comme lorsqu’il s’agit d’instantanés saisis dans
le train sillonnant la France du sud au nord. Le mouvement
commande l’œuvre et renforce le côté énigmatique
d’une femme très silencieuse et avare de commentaires
sur son travail.
Au plan technique, l’artiste passe avec virtuosité de la
deuxième à la troisième dimension. Son œuvre est essentiellement
peint, sur des surfaces diverses, et c’est
avec bonheur qu’elle se confronte à l’art délicat et tout
en nuance de la peinture sur photo dans l’observation
détaillée de la nature et de ses mystères. La vidéo et la
photographie apportent également leur contrepoint.
Mais, attirée par la céramique et cette autre forme de
créativité encore plus matérielle et physique, palpable,
avec une technicité renforcée par une résidence en
2015 au Centre Européen de la Céramique aux Pays-
Bas, Jeanne Lacombe n’hésite pas à associer ses toiles
et papiers peints et dessinés, à des formes et couleurs
nées de la terre et qui, bien que souvent simplement
juxtaposées, font partie intégrante de l’œuvre considérée
comme un tout.
L’artiste démultiplie ainsi dans une quête essentielle
que dit de plus en plus l’économie des moyens de
composition employés, une recherche au fond d’ellemême,
et qui est manifestement en voie d’une forme
d’aboutissement, recherche de racines, recherche de
réponses, recherche de sérénité, dans l’immensité des
mondes qu’elle seule reconnaît.
14 15
Imagination
& subbconscience
Sylvain
Sankalé
2019
Jeanne Lacombe’s world is a place of contrasts !
For those of us who have the keys, it’s obvious that it’s a
result of her mixed ancestry and her many lives crossing
from Senegal to France through a maze of generations
whose destinies and statuses have been so diverse.
But, even if we know this, it doesn’t explain everything
and that’s why I didn’t hesitate for one moment before
choosing the title of one of her series for my short text : it
seems emblamatic to me !
Ever since her very first exhibition in 1983 when she
hadn’t yet completed her Fine Arts Masters Degree
at Bordeaux Art College, the artist has shown us her
Enigmatic Landscapes in which the Human figure
gradually disappears and where the image becomes one
with the essential presence of its substance.
Her painting becomes more and more focused on
essential themes which are full of light and colour which
blend into abstraction. Jeanne Lacombe favours settings
where meetings and crossings take place. These settings
are also places where breaks and separations happen –
places of meetings and separations of continents.
She paints Gibraltar, slim space separating Europe from
Africa, The Bosphorus both separating and uniting
Europe and Africa, the Isle of Ré (île de Ré) bathing, just
off the Atlantic Coast, in its ancestral universe.
She paints the sea, her ever-repeated theme, with
all its nuances of colour, ever more abstract, and her
landscapes which express never-ending dreams and
realities. But these crossings can be more down-to-earth
when she takes snap-shots through the train-window,
travelling from the South to the North of France, for
example. It’s always movement which defines her work
et emphasizes its enigmatic quality; the artist herself
remains mostly silent and doesn’t much like commenting
on her work.
About her techniques : Jeanne has progressed from
two to three dimensional pieces with mastery. Most
of her work are paintings on different supports and
recently she has faced the subtle art of painting on top
of her own blown up photos of Nature, enhancing its
mysterious beauty. Jeanne also uses videos and photos as
counterpoints to her paintings.
However, she has also been lured towards ceramics
since her residence in Holland in 2015 at the European
Ceramics Centre. A more physical and tangible art-form,
born from Mother Earth, in a way, which Jeanne Lacombe
now associates with her drawings and paintings.
Juxtaposed ceramic pieces, paintings and drawings then
make up a single opus.
Thus, the artist combines all these pieces in order to
delve into herself in her quest for the crux of the matter
with simpler and simpler means ; maybe she is almost
there now, in her search for her roots, in her quest for the
answers, in her search for peace and quiet and relief in
the overpowering universe which she
alone can truly apprehend.
16
17
Installation, céramiques et dessins, 2018
Je rêve
avec un
oiseau qui
passe.
Prises de notes nous
montre des œuvres qui
ne sont pas dans leur
ordre chronologique.
Il s’agit d’une promenade
avec des va-et-vient. Le
lien demeure. Les mots
sont là comme des échos.
Ils sont en suspens dans un
univers qui semble silencieux
avec une polychromie
répétitive qui nous ramène à
nos propres cheminements.
Jeanne Lacombe
Nymphéas, 100/100 cm, peinture glycérophtalique sur toile, 2008
collection privée
18 19
Nymphéas, 100/100 cm, peinture glycérophtalique sur toile, 2008
collection privée
Je vis dans la présence et l’absence
du présent, mon
regard est introverti
et universel
La forêt, installation, céramiques
exposition L’Instant et l’Éphémère, à la galerie Jean-Paul Barrès, 2018
20 21
Série Les Topiaires, 50/50 cm, peinture à l’huile sur bois, 2008
Le ciel semble
un espace vide
Cité internationale des arts de Montmartre, Paris,
2012-2013
Le pigeonnier, installation
22 23
Après une résidence de quinze
mois à la cité internationale
des arts, Jeanne Lacombe
nous convie à visiter son atelier
le week-end du 14 au 17
novembre afin d’apprécier ses
œuvres récentes qui approfondissent
et renouvellent son
travail antérieur. L’exposition
se compose d’une dizaine de
peintures et d’une quinzaine
d’oiseaux de céramique et de
plâtre de tailles diverses dont la
présence peut paraître énigmatique
au premier abord.
Et comment appréhender l’omniprésence
du vert lumineux
de ses paysages et ses horizons
immenses et indécis sur lesquels
se détache la silhouette
d’une caravane ou d’une maison
solitaire au pignon aveugle ?
Née au bord de la mer à Dakar,
la veine artistique de Jeanne
Lacombe s’est surtout révélée
dans l’univers du passage
maritime, des no-man’s land
frontaliers et l’univers des déplacements.
Son premier atelier
se situait quai des Chartrons le
long de la Gironde à Bordeaux
et elle reste attachée à celui
qu’elle eut à Tanger lors d’un
projet sur le détroit de Gibraltar
ainsi qu’un autre qu’elle
partagea en 2007 le long du
Bosphore avec l’artiste turque
Gül Ilgaz. Or la cité internationale
des arts de Montmartre
avec ses bâtiments posés en
pleine verdure — le vert de ses
tableaux — au milieu d’un parc
à demi abandonné est ce même
havre de paix qui au dessus des
bruits de la ville invite
à la contemplation.
Pour sa recherche sur le thème
du transitoire, de la trace et
de ce qui fait étape, Jeanne
Lacombe commence par des
esquisses. Sa série de portraits
de résidents un jour de
pique-nique collectif en est
l’illustration. Comme ceux des
pensionnaires de la villa Médicis
faits à la fin de leur séjour,
ce diptyque est à l’image de
la synergie de la cité lors de
son passage à Montmartre.
Et c’est tout naturellement
vers les pigeons que Jeanne
Lacombe a tourné son regard,
comme ceux qui picorent les
restes laissés par les passants
du jardin du Sacré Cœur. Ils
sont à l’image de la misère
parisienne de ceux qui, chassés
par le destin, dorment la nuit
devant les portes cochères.
Jeanne Lacombe observe leurs
mouvements et leurs rituels
de survie. Après avoir bâti un
pigeonnier en haut d’un échafaudage
léger et confectionné
un déversoir à graines, elle put
de sa fenêtre du premier étage
étudier le couple de pigeons
qui venait s’y nourrir à la même
heure, les prendre en photos et
les filmer comme en témoigne
la vidéo qu’elle présente.
Avec ses paysages lumineux et
son éloge des oiseaux, Jeanne
Lacombe nous enrichit de sa
réflexion pudique et lucide sur
un aspect parfois délibérément
ignoré de la vie urbaine. Elle
en montre la richesse discrète
avec un laissé faire proprement
artistique et souligne les codes
que ces déplacements impriment
à l’espace partagé avec
une empathie et un sens de la
proximité toujours renouvelés.
L’éloge
des oiseaux
Marie Cordié-Lévy
Historienne en histoire de l’art
Novembre 2013
OPEN STUDIO
pages précédentes
Les Garçons, cité Montmartre, 122/90 cm x 2,
peinture à l’huile sur papier, 2013
collection privée
26 27
Estuaire entre Nantes et Saint-Nazaire, 150/150 cm,
peinture à l’huile sur bois, 2010
collection privée
Une traversée
dans les paysages
qui défilent
Le Bosphore, Istanbul, 100/100 cm, peinture à l’huile sur bois, 2007
collection privée
28 29
Une image sans limite
Je fraie mon chemin
Les Mouettes, 23/23 cm, peinture à l’huile sur papier, 2011
collection privée
30 31
Le Bosphore, Istanbul, 100/100 cm, peinture à l’huile sur bois, 2007
Les Garçons de Tanger, 80/100 cm, peinture à l’huile sur toile, 2011
collection privée
32 33
Détroit de Gibraltar, 150/150 cm, peinture à l’huile sur bois, 2011
Le soleil tourne
autour de
nous-mêmes
La Madone, Ceuta, Détroit de Gibraltar, 150/150 cm,
peinture à l’huile sur toile, 2011
34 35
Détroit de Gibraltar, 150/150 cm, peinture à l’huile sur bois, 2011
collection privée
Carnet de voyage, Détroit de Gibraltar,
vue de l’exposition Sans nuage le bleu n’est pas une couleur
à la Fondation Espace Écureuil pour l’Art Contemporain, 2011
36 37
La Digue entre Nantes et Saint-Nazaire,
150/150 cm, peinture à l’huile sur bois, 2008
collection privée
38 39
Des ciels orageux
où le monde devient
une menace
L’Orage, 100/100 cm, peinture à l’huile sur toile, 2008
collection privée
40 41
L’Orage, 100/100 cm, peinture à l’huile sur toile, 2008
collection privée
La Digue de Venise, 80/110 cm, peinture à l’huile sur papier, 2011
collection privée
42 43
La Barcelonette, 40/40 cm, peinture à l’huile sur toile, 2011
collection privée
La Maison, 120/100 cm, peinture à l’huile sur toile, 2013
collection privée
44 45
Caravanes, 100/100 cm, peinture à l’huile sur toile, 2013
Robinson Crusoé
Vue de l’exposition Sans nuage le bleu n’est pas une couleur
à la Fondation Espace Écureuil pour l’Art Contemporain, 2011
46 47
Hommage à Mondrian, 100/100 cm, peinture à l’huile sur papier, 2016
Le Bosphore, les jardins de Dolmabahçe, Istanbul
100/100 cm, peinture à l’huile sur bois, 2008
48 49
Le Bosphore, Istanbul, 120/120 cm, peinture à l’huile sur toile, 2007
Série Jardins Sauvages, 80/60 cm, peinture à l’huile sur photo, 2017 50 51
Image de la résidence de septembre à décembre 2015
au Centre Européen de la Céramique : EKWC, Pays-Bas,
installation du Plat pays avec Gonzague et Laure
La
liberté poétique des
images et des mots
Image de la résidence de septembre à décembre 2015
au Centre Européen de la Céramique : EKWC, Pays-Bas
52 53
Jardin Sauvage, 91/120 cm, peinture à l’huile sur photo, 2017 54 55
Jardin Sauvage, 91/120 cm, peinture à l’huile sur photo, 2017
L’inconscient
des sensibles
l’eau qui nous inonde
Paysages méditerranéens, 84/61 cm, peinture à l’huile sur photo, 2017 56 57
Paysages méditerranéens, 90/60 cm, peinture à l’huile sur photo, 2017
Mer à mer
Jardin Sophistiqué, 141/80 cm, peinture à l’huile sur photo, 2018 58 59
Jardin Sophistiqué, 109/81c m, peinture à l’huile sur photo, 2018
collection privée
60 61
Jardin Sophistiqué, 161/91 cm, peinture à l’huile sur photo, 2018
collection privée
62 63
page ci-contre :
Vue de l’exposition Speed Dating à Lieu-Commun, artist run space,
Toulouse, 2016
Tanger, installation, céramiques.
ci-dessous :
Jardin Sophistiqué, 143/81 cm, peinture à l’huile sur photo, 2018
Mélancolie, 72/52 cm, peinture à l’huile sur papier, 2016
collection privée
64
65 Le Palmier, céramique, 2015
Un arbre
dans une poétique
page ci-contre & ci-dessous :
série L’île de Ré, 24/32 cm, aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
66
68 69 page ci-contre & ci-dessous :
série L’île de Ré, 24/32 cm, aquarelle
et peinture à l’huile sur papier, 2018
page ci-contre :
Bouquet en couleur, dessin de la série Polyptyque, 24/32 cm,
aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
ci-dessous :
série L’île de Ré, 24/32 cm,
aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
70 71
72
73 page ci-contre & ci-dessous :
série L’île de Ré, 24/32 cm, aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
74 75
Moving, dessin de la série Polyptyque, 24/32 cm,
aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
76
77
Transposition,
déformer pour
reformer comme
une composition
informelle
78 79 L’origine du monde, dessin de la série Polyptyque, 24/32 cm,
aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
83 pages précédentes et page ci-contre :
Triptyque Imaginaire et Insconcient,
peinture à l’huile sur papier, 100/80 cm x 3, 2018
ci-dessous :
Bananiers, peinture à l’huile sur papier, 42/32 cm x 2, 2018
Après la Tempête, dessin de la série Polyptyque, 24/32 cm,
aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
84 85
Vue de l’exposition Paysage III
à l’espace Croix-Baragnon, 2016
La Falaise, installation
Vue de l’exposition Sans nuage le bleu n’est pas une couleur
à la Fondation Espace Écureuil pour l’Art Contemporain, 2011
86 87
Vue de l’exposition Speed Dating à Lieu-Commun, artist run space, 2016
Arbre, installation
La goutte d’eau, installation, céramique sur socle en bois
Vue de l’exposition L’Instant et l’Éphémère,
à la galerie Jean-Paul Barrès, 2018
La forêt, installation, céramiques
88 89
Vue de l’exposition Speed Dating,
à Lieu-Commun, artist run space, 2016
90 91
ci-dessous :
Vue de l’exposition Speed Dating à Lieu-Commun, artist run space, 2016
Bonjour Sottsass, céramique
ci-contre :
Sans titre, 24/32 cm, aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
La joie
d'une ombre et
la lumière qui est là
93
ci-contre :
Objets insolites, dessin de la série Polyptyque, 24/32 cm,
aquarelle et peinture à l’huile sur papier, 2018
page précédente :
Le champ, installation, céramique
Vue de l’exposition L’Instant et l’Éphémère,
à la Galerie Jean-Paul Barrès, 2018
94 95
La lumière de
la pointe du jour
jusqu’à son
dernier souffle
page ci-contre :
Gros plan sur Le Plat Pays
Exposition Paysage III à l’espace Croix-Baragnon, 2018
96 97
V
1984
Jeanne Lacombe vit et travaille à Toulouse.
http://www.jeannelacombe.fr
Diplôme supérieur d’art plastique de l’école
des Beaux-Arts de Bordeaux, mention bien
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2018 Galerie Jean-Paul Barrès
2013 « Anonymes », Château de la Roche-Guyon
2011 « Sans nuage, le bleu n’est pas une couleur
», Fondation Espace Écureuil, Toulouse
2005 Exprmtl Galerie, Toulouse
2004 « Balmes 21 », Barcelone
2001 Espace Cegetel, Toulouse
1999 « Blancs », CCM Galerie, Bruxelles
1998 Galerie Huni de Bordeaux, Brive
1997 Galerie Les Cahiers de l’Atelier, Toulouse
98 99
2008 « Femme à femme », Institut Français, dans le
cadre du projet « Toulouse-Istanbul », Istanbul
2007 « Balmes 21 », Barcelone
2007 Entreprise Cancé Nay 64, dans le cadre
du projet « Toulouse-Istanbul »
2006 « Matières et design », Espace Croix-Baragnon, Toulouse
2002 - 2011 « Sainte Jeanne vous en promet »,
Commissariat Jeanne Lacombe, Toulouse
2004 « Forêt(s) », Château-musée du Cayla, Andillac
2004 « Envole-moi», Château de Ribonnet
Commissariat : Jeanne Lacombe, Beaumon-sur-Lèze
2004 « Stade Bleu », Stade Toulousain,
Commissariat : Jeanne Lacombe, Toulouse
BOURSES
2019 Aide à la création individuelle de la Région Occitanie
2015 DRAC Midi-Pyrénées, Sundaymorning at EKWC
2015 Fondation Écureuil pour l’Art Contemporain
Toulouse, Sundaymorning at EKWC
2007 CULTURESFRANCE dans le cadre du projet
« Toulouse-Istanbul »
1993 Conseil de l’Europe pour une résidence à la Laiterie
sur le thème « Laiterie en friche, Europe en chantier »,
Strasbourg
1989 Conseil Régional de Midi-Pyrénées
pour un séjour à Rome
RÉSIDENCES
2015 EKWC, Centre Européen de la Céramique, Pays-Bas
2012 - 2013 Cité internationale des Arts, Paris
2010 Passage, Détroit de Gibraltar, Tanger
1996 Institut Français, Barcelone
2003 « Paysages », Centre d’art contemporain BBB, Toulouse
2007 Passage, Le Bosphore, Istanbul
1996 Château Cadillac en Fronsadais, Bordeaux
1996 Espace Croix-Baragnon, Toulouse
1995 Galerie Espace Suisse, Strasbourg
1994 Galerie Rémy Werle, Strasbourg
1992 Musée de Toulon
1991 Galerie Christian Colin, Rennes
1991 Galerie moderne et contemporaine, Paris
1990 Galerie Eric Dupont, Toulouse
1989 Galerie Traces, Toulouse
1986 Centre Léonard de Vinci, Toulouse
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2017 « Économie d’un Bestiaire Exalté », Escalier B, Bordeaux
2016 « Speed-Dating », Lieu-Commun, Toulouse
2016 « Paysage III », Espace Croix-Baragnon, Toulouse
2016 « Bande à Part » Quasar Donation
Collection Jean-Jacques Lesgourgues, Peyrehorade
2009 « Toulouse-Istanbul », Ombres Blanches, Toulouse
2009 Été photographique de Lectoure dans
la cadre de la saison turque en France
2003 « Méditerranée », Domaine de Degrés,
Commissariat : Jeanne Lacombe, Gragnague
2003, « Femmes-forêt », Domaine de Degrés,
Commissariat : Jeanne Lacombe, Gragnague
1998 Galerie 128, New York
1998 Installation Accordi di Luce, Parme
1997 Exposition dans le cadre des échanges Toulouse/Kiev, Kiev
1996 Installation Accordi di Luce, St Ignace de Loyola, Rome
1995 Galerie Espace Suisse, Strasbourg
1995 « Regard d’un collectionneur », Espace Écureuil, Toulouse
1995 « Balmes 21 », Barcelone
1994 Chiesa di San Francesco, Bolsena
1994 Galerie Studio Bocchi, Rome
1994 Bada Vecchia, Taormina
1993 Laiterie en friche, Europe en chantier, Strasbourg
1993 Musée Lénine, Moscou
1991 Art Jonction, Nice
1990 Université Toulouse Le Mirail, Toulouse
1988 Le Carré d’Art, Cahors
1983 Émotion en Aquitaine II, Bordeaux
2006 Résidence internationale à Gölyazi, Turquie
1993 Résidence à Strasbourg à la Laiterie, Strasbourg
1989 Résidence à Rome, séjour avec le soutien
de la région Midi-Pyrénées
ENSEIGNEMENTS
2017-2018 Intervenante au lycée Myriam, BTS de mode
2005 - 2006 Intervenante à l’école nationale
d’aviation civile, Toulouse
2002 - 2003 Intervenante à l’école Boule de Paris
1989 - 2004 Intervenante en atelier d’arts plastiques
au lycée Raymond Naves à Toulouse
1997 - 2003 Enseignante pour la
préparation au concours de l’IUFM
1996 - 1997 Intervenante dans les
écoles maternelles et primaires
1992 - 1996 Intervenante au service
éducatif des musées de Toulouse
1995- Intervenante en art plastique à
l’institut Français de Niamey, Niger
1993 - 1994 Intervenante en arts plastiques
à l’école d’architecture de Bordeaux
100 101
Éternel éphémère
2018
Jeanne Lacombe explore le monde, sa peinture naît de
ses voyages. Lorsque je l’ai rencontrée, il y plus d’une
vingtaine d’années, elle revenait de Rome. Ce séjour,
passage obligatoire pour tout peintre qui se respecte,
lui avait fait produire de grands formats sur lesquels
s’inscrivaient des frontons de temples aux colonnes
précaires et bousculées. Ces compositions complexes,
dans des camaïeux de gris, contenaient une violence
sourde, un tremblement de terre en suspens faisait vaciller
les vestiges encore arrogants de l’empire. Qu’elle
peigne la forêt depuis son atelier aux portes du Tarn,
ou bien la ville après une résidence à la Cité Internationale
des Arts de Paris, Jeanne Lacombe cadre avec
précision ses sujets. Engoncés dans le format, comme
les temples, ou s’échappant hors cadre, comme les
arbres, chacun de ses objets du regard détermine la
singularité de la peinture à venir.
Manuel
Pomar
artiste,
directeur
artistique
de Lieu-
Commun
Depuis quelque temps déjà, l’artiste pratique la céramique.
Elle multiplie les expériences et sa démarche se
bâtit par un empirisme empreint de curiosité. Elle varie
les techniques pour se renouveler en permanence.
Dans les peintures, le voile pictural qu’elle dépose sur
l’image photographique vient chambouler le réel. Le
tremblement qui en résulte désoriente notre regard,
à nous de préciser notre attention, de devenir un regardeur
actif qui vient scruter la surface du format
pour en explorer les mystères. Jeanne Lacombe joue
avec les accidents, elle ne respecte pas les règles et
préfère tenter l’impossible pour provoquer des formes
et des couleurs inattendues. Si sa peinture s’appuie
sur une palette réaliste, ses céramiques empruntent à
l’alchimie. L’artiste mélange les pigments, multiplie les
cuissons pour obtenir des couleurs complexes, où les
102 103
couches se superposent et se révèlent doucement au
regard. Ses couleurs irradient avec intensité et font de
ses pièces cuites, à l’instar de ses images peintes, des
objets hybrides, qui créent un pont entre les médiums.
Le talent de Jeanne Lacombe est d’abolir les frontières
entre peinture et photographie, volume et peinture.
Dans son travail, rien n’est complètement à sa place,
chaque élément glisse doucement vers de nouveaux
territoires.
Jeanne Lacombe crée du lien, elle jette des ponts
au-dessus des détroits, elle relie les mondes, les
genres et les styles, elle est libre. Ses photographies
peintes jouent sur le doute. Le réalisme de l’image
photographique est sublimé par la touche enlevée de la
peinture. Celle-ci n’est plus prisonnière de son auritarisme
vain et la photographie se déleste de son horizon
frustré. Les deux s’enlacent dans une danse ensoleillée.
Si l’artiste parvient avec autant de fluidité à lier ce qui
semble opposé, c’est qu’elle a effectué plusieurs résidences
de travail dans deux villes du bassin méditerranéen
qui depuis l’autre rive sont à portée du regard de
notre continent vieillissant. D’Istanbul à Tanger, Jeanne
Lacombe s’est immergée dans ces cultures voisines
et a observé avec recul, notre Europe isolationniste,
civilisation occidentale qui aujourd’hui refuse le brassage
et la diversité, prenant ainsi le risque d’accélérer
son déclin symbolique. L’artiste a compris que la distance
et le voyage permettaient de rencontrer l’autre
et par l’altérité, de nourrir une œuvre en permanente
évolution. Entendons-nous bien, Jeanne Lacombe
ne produit pas explicitement ce que nous pourrions
qualifier d’art politique, dans le sens militant, voire
revendicatif. Non, son art est subtilement irrigué par
sa conscience politique, elle n’impose pas une lecture
du monde, elle le lit à l’aune de son regard et le partage
avec nous. D’où cette liberté entre les médiums, qui
finalement bouscule les codes d’un art trop souvent
conformiste. Si Édouard Glissant a théorisé la créolisation
du monde en revendiquant la poésie comme acte
politique, Jeanne affirme la diversité de ses sources et
la multiplicité des gestes qui nourrissent sa pratique.
L’acte photographique, la fabrication des couleurs, le
toucher de la peinture, l’alchimie de la céramique, tout
est outil à faire œuvre et toute œuvre est le fruit d’une
rencontre.
Jeanne Lacombe apprend du monde, les territoires
qu’elle traverse sont l’occasion de multiples découvertes.
Les espaces sont hétérogènes, les dimensions
locales s’additionnent et se multiplient à l’inverse de
l’unicité de la globalisation qui, principalement régie
par son principe de domination, annule toute diversité.
L’artiste l’a bien ressenti et son regard sur ces natures
multiples témoigne de son attention à la différence. La
nature, le ciel, l’eau, la terre, les végétaux méditerranéens,
les fleurs, les roses, ne sont pas que prétexte
aux formes et aux couleurs. Le regardeur les éprouve,
ressent leur présence, et les peintures de Jeanne nous
rappellent toutes, un instant personnel, une route, une
visite à la famille, un temps suspendu, un concentré
de souvenirs, des images, des odeurs, des sensations.
Jeanne Lacombe attise notre mémoire sans pour autant
convoquer la nostalgie. C’est le naturel et la simplicité
de ses peintures parfois ponctuées de touches
proches de l’abstrait qui relient son sujet à notre part
d’intime. Son travail est universel, parenthèse en suspens,
le temps évoqué n’a pas disparu. Ce temps que
nous tendons tous à vouloir garder éternel.
104 105
Manuel
Pomar
artist,
artistic
director
of Lieu -
Commun
2018
Jeanne Lacombe’s work
captures a moment and is
ephemeral
Jeanne is a traveller and each of her new painting
stems from one of her journeys. When I first met her,
over 20 years ago, she had just got back from Rome.
That trip, which used to be a must for all painters,
led to a series of bold large paintings representing
pediments held up by somewhat wonky columns.
Those paintings had complex compositions in shades
of grey and portrayed pent up violence ; it was as if the
artist had caught an earthquake in suspended action,
about to topple the last arrogant remains of an Empire.
Whether she is painting a forest seen from her studio
window in the Tarn or pigeons seen from her studio
window at the Cité Internationale des Arts in Paris,
while in residence, Jeanne Lacombe has a very
personal and precise way of placing her subject on her
canvas. Whether trapped inside the canvas’s edges,
like the temples in Rome or free to escape the edges,
as in the case of her tree paintings, Jeanne’s own way
of seeing things will lead to originality of the painting
concerned.
For some time now, the artist has turned her attention
to ceramics. She has produced several works in
ceramic and porcelain and, ever curious, is perfecting
her production through practice and trial and error.
In her paintings, inspired by travel photos, there is
often a sort of haziness which gives them an unreal
feeling. So, the viewer has to make a conscious effort
to read the blurred contents of the canvas and to
decypher the mystery it contains.
Jeanne likes to play with the unexpected and has no
time for rules and that’s why she’s prepared to try
anything new and daring in order to produce surprise
shapes and colours. She relies on known colours for
her painting palette, but when it comes to ceramics,
like an alchemist, Jeanne mixes her pigments and
varies her firing times and temperatures to achieve
complex-coloured and multi-layered glazes. The
colours she thus produces are vibrant and profound
and her ceramic pieces, like her paintings, are in
fact hybrids, difficult to put into classical categories.
Jeanne Lacombe’s prowess is her way of blurring the
limits between painting and photography and between
painting and ceramics or other 3D objects. It’s hard
to determine what is where and where is what in her
work which is constantly and quietly moving
into new territories.
Jeanne, in her search for freedom, strives to establish
links between different worlds, between opposite
banks of straights and estuaries, between people and
styles. Her painted photographs make the viewer
doubt : at first glance, there is the reality of the photo
and then, on second glance, we see the light touches
of over paint which enhance the photo ; the paint
no longer plays the role of sole authority and the
photograph no longer languishes inside its customary
limits. Both elements embrace each other
in a sunny dance !
106 107
The reason Jeanne Lacombe manages, with such
ease, to combine elements which seem opposites, is
that she has repeatedly taken up working residencies
in two cities on the other side of the Mediterranean
coast, but which are practically visible from the ageing
European continent : in Instanbul and in Tangiers,
Jeanne Lacombe immersed herself in their cultures
and, from there, took a step back to observe the
Old Continent with its isolationist tendencies and
Western civilisation which refuses melting-pots and
diversity and thus risks speeding up its symbolic
decline. Our artist has long understood that travel
and distancing has allowed her to meet the Other
because otherness nourishes her work and allows
it to evolve. However, we are not saying that Jeanne
produces explicitly political art, with specific militant
claims. Not at all ; we are simply pointing out that her
art is subtly infused with her political awareness ; she
never imposes a particular vision of the world and yet
she is always ready to share her worldview with the
viewer. Thus we more readily understand the freedom
with which she treats her works and assembles them,
often transgressing the norms of conformism. Just as
the Caribbean poet Edouard Glissant has upheld his
theory of « world Créolisation » by writing poetry as
a political act, so Jeanne claims the diversity of her
sources of inspiration and wealth of her techniques,
which undeniably enrich her art. Her photography, her
colour inventions, her touch with her paintbrush, her
alchemy around her ceramics, all go into creating new
works and each new work is the fruit of an encounter.
Jeanne Lacombe has learnt from her travels and
has discovered many things in many countries. Her
subjects are very diverse and she is also fond of local
scenes and not shy of choosing mundane objects which
catch her eye and she cares little for the globalisation
of art. Indeed she turns her back on sameness and
yearns for difference. Nature, sky, water, earth,
Mediterranean plants, flowers and roses are not simply
excuses for using colours and shapes ; the viewer feels
them physically. Each of Jeanne’s paintings reminds
us of a intimate moment, a path we’ve trodden, a
family gathering, a fleeting moment, emotion-packed
souvenirs, images, smells and sensations. Although the
artist conjures up our memories, there is no nostalgia
involved. What links the subject of her paintings to our
own inner feelings is their very simplicity, sometimes
verging on the abstract.
Her work has a universal quality, each work is
suspended in time ; and that time may linger on, but
noone knows if it is here to stay.
108 109
Brigit
Meunier
Bosch
directrice de
Smoll
2016
L’origine
d’un monde
La relation de Jeanne Lacombe au paysage est la véritable
clef d’une recherche picturale qui génère, du
dessin à la gouache, de la photographie à la peinture
ou encore plus récemment de la sculpture à la céramique,
des séries de motifs récurrents. Ils renvoient
dans leur naturalisme, leur abstraction ou leur « décoration
» à une certaine évidence de la traversée, de la
nature. Ils inventent en multipliant les points de vue les
fragments constitutifs d’un immense paysage connu et
reconnu de tous.
Il y a une immersion quasi instinctive de l’artiste dans
le paysage qu’elle parcourt, qu’elle expérimente, une
imprégnation atmosphérique autant que culturelle qui
nous entraîne instantanément dans la lumière diaphane
de Venise, la troublante étendue du Bosphore ou
le voile lumineux du Détroit de Gibraltar. Des espaces
de passage, de transition d’un monde à l’autre, d’une
culture à l’autre que la peinture, le dessin, la photographie
et les mots (les siens et ceux de poètes) viennent
documenter. Un groupe de femmes, des camions, un
porte container, des oiseaux, des motifs ; autant de
notes picturales de voyage qui éclairent la dimension
contemplative de cette touche d’humanité et d’attention
aux êtres rencontrés durant ces traversées d’ailleurs
et de soi.
Chaque expérience artistique et humaine de Jeanne
Lacombe est une expérience du déplacement et de la
rencontre, une étape à chaque fois essentielle dans la
construction de SON paysage. Un questionnement qui
ne craint pas d’aller mettre à l’épreuve les savoir-faire
et pousser le projet vers d’autres matériaux et techniques.
Entamée en 2013 lors de sa résidence à la Cité des
Arts à Paris, la relation avec la céramique devient de
plus en plus nécessaire dans le projet global du paysage,
ses motifs, sa vision, son extension. Les petites
aquarelles, huiles sur papier et les céramiques qui
s’organisent alors en dialogues ou petits affrontements
exubérants commencent à composer une suite
d’instants et de situations inédites. La gouache vive et
dynamique provoque les motifs, rythme la jubilation
et la spontaneité du dessin. La céramique (ou le plâtre
encore) quant à elle, donne à voir, à imaginer les matériaux
du paysage, entre végétal et organique, presque
incarnés à la sensualité contagieuse.
C’est lors de sa résidence au Centre Européen de la
Céramique, le Sundaymorning EKWC aux Pays-Bas fin
2015 que la fusion s’opère. Le temps, la technicité, l’environnement,
l’appréhension délogent les certitudes
d’un avant-projet vers une totale expérimentation du
matériau que Jeanne Lacombe aborde avec esprit et
appétit.
Trois mois d’intense activité à l’issue desquels un des
ensembles les plus fascinants de l’artiste voit le jour.
Car la céramique / la peinture joue ici de tous ses
possibles, usant sans crainte et parfois avec délectation
des qualités autant que des accidents propres à
sa technicité. Le résultat est flambloyant. Des pièces
uniques, des moulages en accumulation, des transpositions
de dessins, des inventions émaillées, faux conte-
110 111
nants, formes végétales, formes hybrides, sculptures...
Variations vibrantes et sensuelles sur le thème de la
nature et du paysage.
Des pots verts, troncs évidés à bec verseur se tiennent
sur un socle en granit moucheté dans un alignement
forestier incertain, serrés brillamment les uns contre
les autres à veiller, à pousser ?
La falaise de grès porte en elle comme l’essence de la
terre, un pan de géologie arraché, une force compacte,
brute qui laisse entrevoir le face à face physique entre
l’artiste et la matière.
Les pièces uniques modelées, évocations végétales tant
dans les formes que dans les couleurs (plantes, arbres)
glissent vers l’organique dans des volumes plus incertains
où l’on sent l’empreinte de la main qui façonne,
des formes sur lesquelles l’émail blanc, rose ou bleu
dans sa laitance opaque libère la sensualité et la volupté.
Peu importe de trouver une ressemblance avec le réel
dans tel motif ou telle forme. L’ensemble des pièces en
céramique de Jeanne Lacombe, dans ses expériences
et ses « figurations » multiples donne à lire dans sa globalité,
la ou les possibilités d’un paysage dont chaque
fragment ou groupe d’éléments nourrit à sa manière le
tout.
Il faut encore intégrer dans cette éventualité proposée
par l’artiste, l’esprit du peintre, l’effet narratif, l’annotation
décorative, le mode sériel, la transgression
du modèle, l’évidence du risque de cette recherche.
Dans ce foisonnement des sculptures et des objets, les
rythmes, les tensions y sont structurés, scénographiés
pour mieux en capter les complémentarités, les interférences
et affirmer un propos intense non seulement
du paysage mais aussi de la peinture qui invite en final
Mondrian et l’origine du monde en clins d’oeil citatifs.
The origins of a worldview
Jeanne Lacombe’s relationship to Nature and
Landscape is pivotal to her visual research, where
she creates repetitive patterns or motifs, be it in her
drawings, gouache or oil paintings, photos or, more
recently, sculptures and ceramics. The reference is
always, via naturalism or ‘decoration’, to the themes of
‘crossing’ and of Nature. These series of Jeanne’s bring
to light, by crossing points of view, all the fragments
which make up a huge elemental landscape which each
of us knows and recognizes.
The artist is instinctively _and fully_ immersed in the
landscapes she has crossed and experienced. Her
atmospheric and cultural immersion transports the
viewer whether to Venice and its translucent light, to
the enigmatic expanses of the Bosphorus or to the
vibrant veil of the Straights of Gibraltar. Crossings
and transitions from one world to another, from
one culture to another, are her sketched, painted,
photographic, verbal (her own words or poets’
contributions) archives. A group of women, trucks,
a container ship, birds, patterns and motifs are part
of Jeanne’s pictorial souvenirs of her trips and they
illustrate the contemplative dimension of her humanity
and of her attention to the people she has met on her
journeys to elsewhere and also to her inner-self.
Brigit
Meunier
Bosch
2016
112 113
All Jeanne’s artistic and human experiences are
experiences of journeys,crossings and meetings,
which lay down the foundations of her personal
landscape. She is never afraid of embarking on
new and perilous techniques and mixes.
Her use of ceramics, which began in 2013 while she
was in residence at the Cité des Arts in Paris, has
become more and more necessary in her overall
project around the Landscape, its motifs, its visions
and its ramifications. Little by little, we start to see
dialogues and exuberant quasi-confrontations between
small water-colours or oils on paper and ceramics,
appearing in her installations. These are very new
concepts and situations.
Her bright dynamic gouaches supply us with the
patterns, the rhythm of jubilation and the spontaneity
of sketches. As for her ceramics or plaster sculptures,
they conjure up in a most sensual way, the concrete
elements of the landscape, between vegetable and
organic.
It was during her residence in Holland at the end of
2015 at the Sundaymorning EKWC (The European
Center of Ceramics) that the fusion occurred.
This residence toppled all her notions of time,
technique, environment and apprenhension ; but
never mind, because Jeanne so enjoyed the total
experience of this newly-acquired technique which
she took on board with greed and good humour.
At the end of 3 months of intense activity, she returned
to France and produced some of her most fascinating
installations or sets. Indeed, her ceramics / paintings
assemblages are really versatile and she’s never
afraid of using both the qualities and the faults
inherent to both media ; in fact she quite enjoys
doing so ! The result is flamboyant. We see one-off
pieces, multiple molds, transpositions from drawings,
enamelled inventions, false vessels, vegetable forms,
hybrid forms, sculptures... Vibrant and sensual
variations on the theme of Nature and Landscape.
Set on a speckled granit plinth, green pots, like
hollowed out trunks with pouring lips, stand erect
like some sort of wobbly forest alignement – they
are glossy and huddled together maybe to watch or
to grow ? The toneware cliff seems to incarnate the
very Earth, a geological slice, a compact and brute
force, where artist and matter come face to face.
The one-off modelled pieces with plantlike forms and
colours (plants and trees) are clearly organic with
uneven dips and bumps left on purpose by the artist’s
fingers and they are sensual and volumptuous, be they
covered in white, blue or pink opaque milky enamel.
Resemblance with anything real, either in shape or
pattern, is not the point. It’s the installations and
combinations of Jeanne’s ceramic pieces which show
us her multiple experiences (connected to real things)
and must be read as a whole landscape; each element,
fragment or group of items go to make up the whole.
We must acknowledge, in this process, the spirit
of the painter, the narrative effect, the decorative
flourishes, the focus on series, the risk-taking and
the transgression. In this elaborate and rich mix of
sculptures, objects, rhythm and tension, a structure
appears in a choreography which emphasizes the
complementarities and the oppositions. It’s a very
strong statement about both landscape and painting,
with references to Mondrian and
to « l’Origine du Monde ».
114 115
L’Origine du Monde,
céramiques,
photo de l’artiste,
2016
Crédits photographiques
Philippe Cadu
Damien Aspe
Jean-Marie Peyre
Patricia Huchot-Boissier
Direction artistique
Edith Mercier & Jeanne Lacombe
Conception graphique
Edith Mercier
Traduction
Léa Yauner
Relecture & corrections
Chantal Fontaine, Brigit Bosch,
Jean-Marc Lacabe et Jean-Paul Thibeau,
Marie-Hélène Galan
Les cinquante premiers exemplaires de cet
ouvrage sont numérotés et signés.
L’ouvrage est composé avec le caractère
Faune, créé par Alice Savoie dans le cadre
d’une commande du Centre national des
arts plastiques en partenariat avec le
Groupe Imprimerie Nationale.
Ce livre a été imprimé sur les presses de
l’imprimerie Escourbiac, à Graulhet, sur
un Surbalin Glatt pour la couverture,
du Munken Print pour les dessins et
du Symbol Matt pour recueillir les
photographies d’oeuvres.
iv