dossier - Haguenau
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PORTRAIT<br />
Un musée qui vous transporte<br />
Le Musée du Bagage<br />
ouvre ses portes<br />
au public en juin à<br />
<strong>Haguenau</strong>. Rencontre<br />
avec son créateur<br />
Jean-Philippe Rolland,<br />
collectionneur et<br />
restaurateur passionné.<br />
Q<br />
uand le livreur repart<br />
après avoir déposé le<br />
colis, Jean-Philippe<br />
Rolland ne résiste pas<br />
bien longtemps. La<br />
porte claquée, il sort un couteau<br />
de sa poche et ouvre le carton<br />
d’emballage pour découvrir la<br />
malle ancienne « aux motifs très<br />
originaux », qu’il a dénichée sur<br />
Internet. Joie simple du collectionneur,<br />
qui met la main sur une<br />
pièce longtemps convoitée. Après<br />
quelques jours de restauration, le<br />
bois, la toile et les cuirs traités, les<br />
pièces en laiton remises à neuf,<br />
cette malle prendra place au milieu<br />
des 400 autres pièces du musée.<br />
Dans une autre vie, Jean-Philippe<br />
Rolland travaillait dans l’informatique.<br />
Un jour, des ennuis de santé<br />
lui commandent d’arrêter. Avec la<br />
complicité de son épouse Marie,<br />
il commence alors cette collection,<br />
qu’il entasse chez eux, près<br />
de la gare de <strong>Haguenau</strong>. Il passe<br />
des jours à chiner, se constitue<br />
un réseau, crée une association<br />
pour « sauvegarder les bagages et<br />
accessoires de voyage ». Pourquoi<br />
les malles anciennes ?<br />
« Mon grand-père me montrait<br />
ses souvenirs, et ses souvenirs<br />
étaient dans une malle. Ça m’est<br />
resté » explique Jean-Philippe<br />
Rolland. Il se documente, se<br />
forme à l’ébénisterie et à la couture<br />
sur cuir. Le collectionneur se<br />
mue en artisan, passionné par ce<br />
savoir-faire qui disparaît. Il restaure<br />
les pièces qu’on lui confie,<br />
dispense des stages d’initiation,<br />
devient un spécialiste respecté,<br />
une référence. Jean-Philippe<br />
Rolland est aujourd’hui un des<br />
derniers restaurateurs dans son<br />
domaine.<br />
6<br />
« <strong>Haguenau</strong> est connu<br />
pour ça ! »<br />
On vient de loin pour voir ses<br />
malles anciennes et de luxe.<br />
« <strong>Haguenau</strong> est connu pour ça !<br />
Les amateurs viennent de Paris,<br />
de Suisse, des États-Unis, du<br />
Japon, de Singapour… » Des<br />
acheteurs passionnés, mais aussi<br />
des stylistes, des décorateurs<br />
d’intérieur, des représentants<br />
de grandes maisons de couture<br />
qui viennent y puiser l’inspiration<br />
pour leurs nouvelles collections.<br />
Le couple continue d’acheter des<br />
malles et le grenier de la rue de<br />
Berstheim devient bientôt trop<br />
petit. Pour ne pas risquer de se<br />
retrouver coincé sous un éboulement,<br />
le couple déménage<br />
la collection. Ce sera un local<br />
rue Saint-Exupéry. 200 m² pour<br />
tout entreposer et faire profiter<br />
de ce patrimoine au plus grand<br />
nombre. Le musée naît ainsi.<br />
Les malles existent depuis que<br />
l’homme voyage, mais leur fabrication<br />
s’accélère au XIX e siècle,<br />
avec le développement des<br />
transports. « En 1830, <strong>Haguenau</strong><br />
– Bordeaux, c’est encore trois<br />
semaines de voyage, alors il<br />
fallait emmener beaucoup de<br />
choses ». Dans le musée, on<br />
trouve donc les premières malles<br />
pour voyager en diligence, en<br />
train, sur un paquebot, en automobile,<br />
en montgolfière… Un<br />
artisanat spécialisé se développe<br />
et des manufactures naissent,<br />
comme Moynat, La Volaille,<br />
Au Départ, Au Touriste, Aux États<br />
unis, Vuitton, Hermès, Goyard…<br />
Conquête de l’Ouest<br />
et malle à gigot<br />
Les malles ont cette faculté à<br />
raconter des histoires, à vous<br />
transporter dans différents lieux<br />
et différentes époques. En pleine<br />
conquête de l’Ouest avec cette<br />
malle américaine, métallique,<br />
forcément très solide. Dans une<br />
cabine de l’Orient Express avec<br />
ces malles légères, en peuplier<br />
(« parce que le bois peut<br />
plier »). Dans une guinguette du<br />
bord de Marne avec cette malle<br />
de peintre, cette valise à piquenique,<br />
cette malle à gigot. Dans<br />
les colonies aussi, avec les malles<br />
à thé et une extraordinaire malle<br />
Vuitton de 1872, qui renferme un<br />
lit pliant !<br />
À chaque objet son bagage, à<br />
chaque profession sa malle,<br />
à chaque époque ses modes :<br />
malles à chapeau, premiers<br />
vanity cases, mallettes de présentation<br />
des voyageurs de commerce...<br />
À quelques semaines<br />
de l’ouverture du musée, Jean-<br />
Philippe Rolland, son épouse<br />
et la petite équipe de bénévoles<br />
préparent les étiquettes explicatives,<br />
arrangent les présentoirs,<br />
soignent la mise en scène. Les<br />
malles sont grandes ouvertes, le<br />
voyage peut commencer.<br />
Le Musée du Bagage<br />
5 rue Saint-Exupéry,<br />
ZA de l’Aérodrome<br />
Ouvert à partir du 18 juin, tous les<br />
samedis de 10 h à 12 h et de 14 h à<br />
17 h, et sur rendez-vous<br />
L’entrée au musée est gratuite �<br />
www.musee-du-bagage.com<br />
www.la-malle-en-coin.com