15.10.2023 Views

HAPAX#3 Intramuros

Le #3 "Intra-Muros" créé lors de la crise covid et confinements successifs, offre la particularité d'une lecture à double sens. Il est principalement en couleur avec quelques images en noir et blanc, a été imprimé en 100 exemplaires sorti en mai 2021.

Le #3 "Intra-Muros" créé lors de la crise covid et confinements successifs, offre la particularité d'une lecture à double sens. Il est principalement en couleur avec quelques images en noir et blanc, a été imprimé en 100 exemplaires sorti en mai 2021.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

#3

MAi 2021

INTRA-MUROS

HA

PA

X

ACTION HYBRIDE

PRESSE INDÉPENDANTE


2



4



ENSEMBLE(S)

ENSEMBLE(S)

Derrière le mur, il y a une zone. Une zone minée.

Derrière la zone, il y a un mur.

Sur le mur, j’ai dessiné à la craie un panier de basket. J’y envoie

mon ballon.

Ma balle au panier. J’ai marqué 25 points.

À 25 mètres du mur, j’ai tracé une ligne.

Une ligne de fond, une ligne de bout. Une ligne à la craie sur

la route en goudron. Une ligne verte.

J’habite à Kypros, dans la plaine de Mésorée, à Nicosie.

J’habite à Kibris, dans la plaine de Mésorée, à Nicosie.

Ma maison est la dernière au bout de la route.

La dernière habitée, c’est ma maison.

Et puis, c’est le bout de la route.

Le bout de la route est le bout.

La route en goudron s’interrompt.

Un mur en béton l’interrompt.

Tous les jours en rentrant de l’école, je fais quelques échanges.

Des échanges de balles avec moi-même.

J’envoie ma balle contre le mur.

Je m’envoie ma balle.

Le bruit est élastique.

Le caoutchouc cogne mollement.

Contre le béton, la balle se colle. Pierres concassées, sable,

silice.

Puis se décolle. La balle rebondit. Elle rebondit…

C’est un mur criblé de trous,

c’est le mur aux balles perdues.

En rentrant de l’école, je joue au ballon; vingt minutes, puis je

vais goûter.

En rentrant de l’école, je goûte; puis je joue au ballon vingt

minutes.

Un jour, j’irai de l’autre coté. De l’autre coté j’irai voir ce garçon

qui joue au ballon.

En deux mi-temps, une partie. Une partie en deux mi-temps.

6



8



10



12



È tra le mura dell’internamento che si incontrano I folli, gli umani, gli ammalati, I corpi nudi, straziati,

timidi, incapaci di mostrarsi all’esterno.

It is within the internment walls that we meet the mad, the humans, the sick, the naked, tortured, shy bodies,

unable to show themselves to the outside.

La casa diventa un luogo dove nascondersi chiudersi, difendersi.

The house becomes a place to hide, shut up, defend oneself.

Un velo può coprirti e separarti dal male

A veil can cover you and separate you from evil.

In queste mura non sai cosa succede, si è dimenticati, lasciati da soli.

Inside these walls you don’t know what happens, you are forgotten, left alone.

Come ci sentiamo ?

How do we feel ?

Liberi ?

Free ?

Le grandi città mi sembrano indirizzi, fermate cintate di mura.

Big cities look like addresses, stops surrounded by walls.

Dietro la loro solennità di luoghi definitivi, che sussurrano al viaggiatore: Sei arrivato, non c’è niente.

Behind their solemnity of definitive places, which whisper to the traveler: You have arrived, there is nothing.

I muri da abbattere.Abbattere I muri. Dopotutto, è questo il punto.

The walls break down. Break down the walls. After all, that’s the point.

Non sappiamo cosa succederà se abbatteremo i muri; non possiamo vedere dall’altra parte, non sappiamo

se ci porterà la libertà o la rovina, una soluzione o il caos.

We don’t know what will happen if we tear down the walls; we cannot see the other side, we do not know whether

it will bring us freedom or ruin, a solution or chaos.

Potrebbe essere il paradiso, o la distruzione.

It could be heaven, or it could be destruction.

Abbattere I muri.

Break down the walls.

Altrimenti bisogna vivere nella diffidenza, nella paura, costruendo barricate contro l’ignoto, pregando

che non arrivi il buio, pronunciando versi di terrore e di chiusura.

Otherwise we must live in mistrust, in fear, building barricades against the unknown, praying that darkness does

not come, uttering verses of terror and closure.

Altrimenti non conosceremo mai l’inferno, ma non troveremo nemmeno il paradiso.

Otherwise we will never know hell, but neither will we find heaven.

Non conosceremo l’aria pulita e il volo.

We will not know clean air and flight.

Tutti voi, dovunque voi siate: nelle vostre città ostili, o nei vostri piccoli villaggi.

All of you, wherever you are: in your hostile cities, or in your small villages.

Trovateli, I muri, le maglie di metallo e le catene, le pietre che vi riempiono lo stomaco.

Find them, the walls, the metal links and the chains, the stones that fill your stomach.

E tirate, tirate, tirate.

And pull, pull, pull.

Farò un patto con voi: io lo farò se lo farete anche voi, sempre e all’infinito.

I will make a pact with you: I will make it if you do it too, always and indefinitely.

Abbattete I muri.

Break down the walls.

14



Le corps,

là,

dans sa cage,

enfermé, enmuré.

Le jour toujours le même,

toutes les saintes journées

Déchirer le papier

Froisser le papier

S’en faire un dos ailé,

Tenter de s’envoler.

R A T E R .

Recommencer.

Encore le jour d’après

16



18



20



22



24



XXV

https://actionhybride.org

https://issuu.com/actionhybride

contact@actionhybride.org

Louise A. DEPAUME : p 25, 24, 23

Loredana DENICOLA : p 22, 21, 20, 19, 14, 12, 11

Francesca SAND : p 18, 17, 4, 3

Louise DUMONT : p 16, 15

Vanda SPENGLER : p 13, 10, 2, 1

Axelle REMEAUD : p 9, 8, 7

Maria CLARK : p 6, 5

https://actionhybride.org

contact@actionhybride.org

ISSN 2677-5824

couverture et conception : Louise Dumont

Louise A. DEPAUME : p XXV, XXIV, XXIII, XXII

Axelle REMEAUD : p XXI, XX, XIX

Fanny GOSSE : p XVIII, XVII, XIII, X, IX

Loredana DENICOLA : p XVI, XV

Vanda SPENGLER : p XIV

Louise DUMONT : p XII, XI, VIII, VII

Maria CLARK : p VI, V, II, I

Francesca SAND : p IV, III

25



Hors du temps, une pellicule échouée sur un trottoir nous livre

là tous ses trésors sur le film photosensible érodé par les années:

Le voyage onirique de deux hommes partis vers un bord de

mer indéterminé aux airs de ville fantôme où l’image volée

d’une jeune femme sur la plage nous plonge dans l’imaginaire,

contrastant avec le Paris méconnaissable des années 90 qui nous rappelle

à une réalité perdue.

XXIV



XXII



«Les tiges émergent des noires profondeurs. Les fleurs nagent comme

des poissons de lumière sur les sombres eaux vertes. Je tiens une tige à

la main. Je suis moi-même la tige. Mes racines s’enfoncent dans les profondeurs

du monde, à travers l’argile sèche et la terre humide, à travers

les veines de plombs, les veines d’argent. Mon corps n’est qu’une

fibre. Toutes les secousses se répercutent en moi et le poids de la terre

presse contre mes cotes. Je suis vert comme un if à l’ombre de la haie.

Mes cheveux sont des feuilles. J’ai pris racines au milieu de la terre. Mon

corps est une tige. Je presse la tige. Une goutte lente, épaisse, suinte de

l’orifice de ma bouche et s’arrondit sans cesse. Je ne sais quoi de rose

passe devant le soupirail. Quelqu’un glisse un regard à travers la fente.

Ce regard vient me frapper. Elle m’a découvert. Quelque chose vient

me cogner sur la nuque. Elle m’a embrassé. Tout est mis en pièces.»

VIRGINIA WOOLF, extrait - Les vagues

XX



«Mon esprit enfermé dans ce corps

dont l’image se reflète dans un miroir

carré

accroché sur le mur usé

de ma salle de bain de 5 m2.

Dans cet appartement étouffant

parmi les autres appartements étouffants

parmi les immeubles sardinés

de cette grande ville ceinturée par une banlieue grise.

Point de jonction des autoroutes,

elles débouchent sur la mer et son horizon.

Mon corps et mes pensées

emprisonnés dans l’infini.

Dans le fond, une plage

Dans le près, mes 5 m2.»

XVIII



XVI



XIV



XII



X



VIII



Je marche le long du mur

entre deux mondes, dans

les deux à la fois. Ils se

perdent l’un l’autre, oublient

de se distinguer. Ni

d’un côté, ni de l’autre,

mais à la limite, à sa disparition.

Mes pieds nus

suivent la ligne de repos

de l’horizon, de l’horizontale,

alors que mon regard

est entier et que mon corps

se porte comme un i. Ma

tête plonge dans le silence

le plus absolu. J’avance

pas à pas sur le fil du

béton, dans l’entre-deux,

deux jambes, jonction de

forces des deux mondes,

la gauche et la droite que

l’on a voulu séparés.

Le mur entré en moi, brûlant,

cisaillant mes chairs

de ses aspérités. Tout est à

proportion heureuse, l’air

est silence. Je ne le perçois

plus les sons, extirpée de

la terre que l’on n’a voulu

striée.

VI

INTERFÉRENCES

INTERFÉRENCES

INTERFÉRENCES

INTERFÉRENCES

INTERFÉRENCES



IV



II

FREEDOM BETWEEN THE

WALLS



#3

HA

PA

X

ACTION HYBRIDE

PRESSE INDÉPENDANTE

MAi 2021

INTRA-MUROS

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!