J’ai joué la capoeira pendant près de dix ans. J’y suis rentrée avec toute mon âme. J’ai commence avec mon fils qui avait alors neuf ans. Jai tout de suite aime l’alliance de la musique, du chant, de la danse et de la lutte. Pour la première fois à 40 ans, je faisais une roue. Mes enfants se moquaient de moi mais adoraient aussi me voir jouer. «Ton derrière qui se balance au vent», disaient-ils. Je me disais souvent que je n’étais pas constituée pour ce jeu, cette lutte. Je revenais écarlate d’entrainement. J’étais fatigué mais tellement contente, car un nouvel espace du corps s’offrait a moi. Je me sentais jeune, libre, vivante, tellement vivante. J’ai rencontré de nouveaux gens, suis sortie dans de nouveaux endroits. Et puis j’ai voulu en savoir davantage, voir d’où cela venait et en 2006, je suis partie à Salvador de Bahia. Une fois sur place, j’ai senti pourquoi j’aimais la capoeira. C’est cette « beauté noire blessée » dont parlé Nietzche, que j’aime par dessus tout. J’aurai voulu m’y plonger davantage, jouer les instruments mais je n’y arrivais pas. Ce que j’aimais avant tout, c’était être là. Entendre le son du berimbau, des peaux, m’enivrer des corps dansants, souffrant, vibrant. ______ Revista Transdisciplinar – Vol. 1 - Ano 1 - Nº 1 - Jan / 2013 <strong>Uma</strong> <strong>oportunidade</strong> <strong>para</strong> o <strong>Livre</strong> <strong>Pensar</strong> Vol. 1 - Ano 1 - Nº 1 - Jan / 2013 5. Ma capoeira 26 Agnes Bague Forst* « La noble architecture de la foret primitive ». Claude Levi Strauss Je n’arrivais pas à jouer avec les femmes, j’aimais le jeu avec les hommes. Cet espace de lutte, de malice, de gaité. Tout y est en fait mais en même temps, j’ai dû arrêter. La capoeira me ramenait à la violence des coups, à la peur de me faire mal, de faire mal à l’autre. Le communautarisme m’étouffait. Je n’étais pas des leurs. Je ne savais pas m’entrainer régulièrement. J’ai un grand manque, seule la capoeira m’a donné cette liberté d’être. Alors aujourd’hui, c’est quand je danse, que je peints, que je chante, que j’accompagne mes amis musiciens, que je prépare a manger, que je brode, toutes ces petites et grandes choses qui me font vivre, vibrer, que je fais ma capoeira à moi et que je rejoue, à jamais, la magnificence de cette forêt primitive. Agnès Bague Forst Salvador da Bahia, le 5 décembre 2012. Remerciements Jô Agnès du groupe capoeira viola à Paris Mestre Lua de Salvador Les Angoleiros d’île de Itaparica et Paris Capoeira Axé Bahia de Boipeba Agnès Bague-Forst – Artista Plástica, Escola Nacional de Belas Artes de Paris, Ateliê la Glacière, sob orientação de Jean Zuber; Doutora em Ciências Econômicas, Universidade Paris 1 Panthéon Sorbonne; Graduada em Ciências Políticas e Ciências Econômicas, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne; Assessoria e consultoria econômica em empresas na França, Alemanha e Estados Unidos; especialista na técnica Metaplan, uma das técnicas de dinâmica de grupos; professora de Economia e Sociologia das Organizações em diferentes universidades e também no Instituto de Estudos Políticos de Paris.
Illustrations Agnès Bague-Forst: Revista Transdisciplinar – Vol. 1 - Ano 1 - Nº 1 - Jan / 2013 <strong>Uma</strong> <strong>oportunidade</strong> <strong>para</strong> o <strong>Livre</strong> <strong>Pensar</strong> Vol. 1 - Ano 1 - Nº 1 - Jan / 2013 Ma capoeira 27