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Crabe de cocotier et bernard l'hermite en nemi

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<strong>Crabe</strong> <strong>de</strong> <strong>cocotier</strong> <strong>et</strong> Bernard-l’hermite<br />

PAGE 4<br />

Sur une île vivait une grand-mère. Elle était très fatiguée <strong>et</strong> elle<br />

s<strong>en</strong>tait qu’elle allait bi<strong>en</strong>tôt mourir.<br />

Et comme le veut la coutume, toute personne âgée,<br />

avant <strong>de</strong> quitter la terre <strong>de</strong>s vivants, doit bénir les habitants<br />

qui rest<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vie.<br />

Elle décida alors <strong>de</strong> faire un don à tous les animaux,<br />

car ils n’avai<strong>en</strong>t ni plumes, ni poils, ni carapaces.<br />

Leurs regards étai<strong>en</strong>t vi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> tout ce qu’ils mangeai<strong>en</strong>t<br />

n’avait pas <strong>de</strong> goût.<br />

Un beau jour, elle souffla dans la conque pour appeler tous les<br />

habitants. P<strong>en</strong>dant un long mom<strong>en</strong>t, le bruit du coquillage<br />

résonna très fort dans la vallée.<br />

Appr<strong>en</strong>ant la nouvelle, tous ceux qui vivai<strong>en</strong>t dans l’île se<br />

précipitèr<strong>en</strong>t pour v<strong>en</strong>ir écouter la vieille grand-mère.<br />

Ceux qui vol<strong>en</strong>t, ceux qui ramp<strong>en</strong>t <strong>et</strong> ceux qui march<strong>en</strong>t<br />

vinr<strong>en</strong>t chacun à leur façon.<br />

PAGE 5<br />

Ils bavardai<strong>en</strong>t gaiem<strong>en</strong>t, car ils étai<strong>en</strong>t cont<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rouver.<br />

La grand-mère les compta.<br />

Tout le mon<strong>de</strong> était là sauf <strong>de</strong>ux amis qui passai<strong>en</strong>t<br />

leur temps à discuter sans se presser.<br />

« – Allons voir la grand-mère. C’est important,<br />

dit Bernard-l’hermite<br />

– Oh ! Att<strong>en</strong>ds, ne te presse pas. Depuis quand les femmes<br />

donn<strong>en</strong>t-elles <strong>de</strong>s ordres aux hommes ? On peut discuter <strong>en</strong>core<br />

un peu, on n’est pas pressé », répondit <strong>Crabe</strong> <strong>de</strong> <strong>cocotier</strong>.<br />

Ils avancèr<strong>en</strong>t sans s’inquiéter <strong>de</strong> l’appel urg<strong>en</strong>t.<br />

PAGE 8<br />

P<strong>en</strong>dant ce temps-là, la grand-mère fatiguée d’att<strong>en</strong>dre avait<br />

comm<strong>en</strong>cé à récomp<strong>en</strong>ser tous les animaux prés<strong>en</strong>ts.<br />

« – Pigeon vert ! pr<strong>en</strong>ds c<strong>et</strong> habit <strong>de</strong> plumes. Il te perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong><br />

voler <strong>et</strong> il te protègera du froid, <strong>de</strong> la chaleur <strong>et</strong> <strong>de</strong> la pluie. »<br />

PAGE 9<br />

« – Toi, le caméléon, je te donne une peau magique qui te<br />

perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong> te cacher si tu es <strong>en</strong> danger, car elle changera<br />

<strong>de</strong> couleur suivant l’<strong>en</strong>droit où tu te trouves. »<br />

« – Toi, l’anguille, tu pr<strong>en</strong>dras c<strong>et</strong>te peau lisse qui te perm<strong>et</strong>tra<br />

<strong>de</strong> mieux te déplacer dans la boue. »<br />

PAGE 12<br />

« – Abeille, pr<strong>en</strong>ds ces ailes pour te déplacer <strong>de</strong> fleur <strong>en</strong> fleur<br />

<strong>et</strong> recueillir le poll<strong>en</strong> qui te servira à fabriquer le miel. »<br />

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« – Notou, je te donne ce bec pour trouver appétissant tout<br />

ce que les autres animaux ne mang<strong>en</strong>t pas : les tamarins aci<strong>de</strong>s,<br />

les dattes amères <strong>et</strong> même les pim<strong>en</strong>ts qui piqu<strong>en</strong>t.<br />

Ainsi, tu seras le jardinier <strong>de</strong> la forêt <strong>et</strong> pour transporter toutes<br />

ces graines, tu <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dras le plus gros pigeon du mon<strong>de</strong>.<br />

Ton cri grave se reconnaîtra à travers toute la forêt. »<br />

PAGE 16<br />

« – Papillon, pr<strong>en</strong>ds ces ailes qui te perm<strong>et</strong>tront <strong>de</strong> voler <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

t’arrêter sur <strong>de</strong>s fleurs aux couleurs vives, comme l’hibiscus rouge,<br />

les bougainvilliers mauves, les héliconias oranges.<br />

Tu profiteras aussi du parfum <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> pétrole, du<br />

niaouli <strong>et</strong> du tiaré. »<br />

PAGE 17<br />

– Toi, la rouss<strong>et</strong>te, je te donne le pouvoir <strong>de</strong> voir la nuit. Ainsi tu<br />

pourras apercevoir les fruits du banian <strong>et</strong> les fleurs d’érythrine que<br />

tu aimes manger. Pr<strong>en</strong>ds aussi ces poils pour masquer ton o<strong>de</strong>ur. »<br />

– Toi, la buse, je t’ouvre les yeux pour que tu puisses voir<br />

très loin quand tu chasseras. »<br />

PAGE 20<br />

La grand-mère avait attribué un don aux animaux prés<strong>en</strong>ts.<br />

Le don <strong>de</strong> la vue pour admirer les couleurs, du goût <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’odorat<br />

pour apprécier la nourriture, <strong>de</strong> l’ouïe pour percevoir<br />

les bruits <strong>de</strong> la nature.<br />

Elle les avait habillés aussi <strong>de</strong> peau, <strong>de</strong> plumes, d’écailles,<br />

<strong>de</strong> carapaces pour s’adapter aux saisons qui pass<strong>en</strong>t.<br />

PAGE 21<br />

Les animaux r<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t chez eux, la grand-mère alluma son feu<br />

<strong>et</strong> s’<strong>en</strong>dormit sur la natte.<br />

P<strong>en</strong>dant ce temps, <strong>Crabe</strong> <strong>de</strong> <strong>cocotier</strong> <strong>et</strong> Bernard-l’hermite se<br />

<strong>de</strong>mandai<strong>en</strong>t :<br />

« – Dis donc, il faut peut-être se presser. Tout le mon<strong>de</strong><br />

est sûrem<strong>en</strong>t reparti.<br />

– Allons-y, si tu veux, p<strong>et</strong>it peureux. »<br />

Lorsqu’ils arrivèr<strong>en</strong>t à la case <strong>de</strong> la grand-mère,<br />

il n’y avait plus personne.<br />

Ils frappèr<strong>en</strong>t timi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t à la porte avec <strong>de</strong>s coups brefs <strong>et</strong><br />

l’appelèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chuchotant :<br />

PAGE 24<br />

« – Grand-mère, nous voici. Pourquoi nous as-tu appelés ?,<br />

<strong>de</strong>manda le Bernard-l’hermite.<br />

– Comm<strong>en</strong>t ? Vous arrivez seulem<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant ? Où étiez-vous ?,<br />

cria la grand-mère.<br />

– C’est le <strong>Crabe</strong> <strong>de</strong> <strong>cocotier</strong> qui m’a dit <strong>de</strong> ne pas se presser, car<br />

ce n’est pas une femme qui… qui nous comman<strong>de</strong>, répondit<br />

timi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t le Bernard-l’hermite, d’une p<strong>et</strong>ite voix.<br />

– Ah ! C’est ça… Vous arrivez trop tard, j’ai déjà distribué toutes<br />

mes bénédictions.<br />

– Bénis-nous aussi, grand-mère, implorèr<strong>en</strong>t-ils <strong>en</strong> chœur.<br />

– Vous ne le méritez pas ! Par contre, vous aurez <strong>de</strong>s<br />

malédictions. »<br />

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Les <strong>de</strong>ux amis se mir<strong>en</strong>t à pleurer, mais la grand-mère<br />

<strong>en</strong> colère ordonna :<br />

« – Bernard-l’hermite, comme tu as simplem<strong>en</strong>t suivi ton ami,<br />

ta malédiction sera moins grave. Tu n’auras pas <strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>t,<br />

mais toute ta vie, tu voleras les habits <strong>de</strong>s autres.<br />

– Quant à toi, gros têtu <strong>de</strong> <strong>Crabe</strong> <strong>de</strong> <strong>cocotier</strong>, tu n’auras pas<br />

<strong>de</strong> vêtem<strong>en</strong>t du tout <strong>et</strong> tu ne trouveras jamais d’habit à ta mesure.<br />

Tu <strong>de</strong>vras att<strong>en</strong>dre la nuit pour te nourrir. »<br />

PAGE 28<br />

Voilà pourquoi, <strong>en</strong>core aujourd’hui, le Bernard l’hermite<br />

va se cacher dans les coquilles vi<strong>de</strong>s.<br />

Tantôt dans une coquille <strong>de</strong> troca ; tantôt dans celle<br />

d’un bigorneau, ou <strong>en</strong>core d’un coquilon.<br />

Depuis ce jour, il a tellem<strong>en</strong>t honte qu’il se cache. Seul un sifflem<strong>en</strong>t<br />

aigu peut le faire sortir <strong>de</strong> sa coquille.<br />

PAGE 29<br />

Quant au <strong>Crabe</strong> <strong>de</strong> <strong>cocotier</strong>, on ne peut le voir que la nuit<br />

car il préfère cacher sa nudité dans la journée, au fond d’un trou<br />

ou au creux d’un rocher.

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