53 - Association Culturelle des Juifs du Pape

Le mot
du Président
Vous n’avez pas reconnu
votre revue, c’est bien
normal. Nous vous
l’avions promis, étape après
étape, l’Echo des Carrières
change de «look». Grace à des
techniques plus modernes et à
des mains professionnelles,
l’Echo rivalise maintenant avec
certains hebdomadaires connus
! (bon ne nous emballons
pas et restons modestes !!). Il
fallait bien ces changements
pour contenir les articles de
qualité que nous vous proposons
régulièrement. Merci à
Yvan Ferréol-Mayrargue qui
avait jusqu’à présent la charge
de la mise en page.
Cette fois encore vous allez retrouver
certains auteurs fidèles
de nos colonnes tels Mme Derobert-Ratel
qui nous propose
la première partie d’une très
belle étude sur les Juifs Comtadins
d’Aix en Provence (la seconde
vous sera proposée dans
le numéro 54), Hervé Nahmiyaz
avec un hommage à Emmanuel
Eydoux, Jacques
Assouline évoquant un ouvrage
intéressant (Rabbin Moïse ben
Mikhaël de Milhaud) et Claude
Berkowitz pour une rubrique
comtadine très poétique.
le 27 juin dernier, nous avons assisté,
au Museon Arlaten
d’Arles, à un spectacle Judéo
Comtadin d’une rare émotion,
une création de Guylaine Renaud.
Vous trouverez en pages
intérieures un compte rendu,
que nous espérons, le plus fidèle
possible. Guylaine Renaud,
comme vous pouvez le voir
dans sa biographie, n’avait rien
de prédestiné pour créer ce
type de spectacle sauf peut-être
le fil conducteur de son œuvre
sur les ethnies minoritaires.
Nous avons maintenant une auteure
qui a dans son répertoire
un ensemble de chants sur
notre culture. Sa composition
nous a tellement enchantés que
nous lui avons proposé de participer
au programme que nous
projetons le 19 octobre prochain
lors de la remise du Prix
ACJP à Frédéric Vouland, pour
l’ensemble de son œuvre, où
nous espérons vous voir très
nombreux. (voir annonce page
précédente).
Ce “provençaliste” a redonné
vie à l’ensemble de la littérature
Judéo-Comtadine qui existait
de Crescas du Caylar à Armand
Lunel, littérature en partie
écrite en “shuadit”.
S’il y a encore peu de textes sur
le “shuadit” il y en a par contre
beaucoup sur le provençal.
Le hasard de mes lectures m’a
fait découvrir un auteur, qui a
beaucoup écrit sur la langue de
Mistral : Philippe Blanchet et
particulièrement un de ses ouvrages
: “Les mots d’ici” petit
guide des vérités bonnes à dire
sur les langues de Provence et
d’ailleurs (Edisud).Ce livre, d’à
peine 91 pages, est présenté
comme un dictionnaire où sont
repris, les mots, les expressions
ou les personnages typiques de
la Provence. Quelle fut ma surprise
lorsqu’à la lettre B je découvris
la définition du mot
“bateau”. On pense tous au navire,
mais là c’est plutôt le sens,
de “marché conclu” encore utilisé
quelquefois.
Voici le texte.
Cette exclamation qui scelle
un accord est la traduction
du provençal batèu (pronon-
cer batéou) .Mais on comprend
mal le rapport entre un
bateau et un pacte. C’est que
batèu est issu d’un mot judéocomtadin
de forme proche :
batau(prononcez bataou)
d’origine hébraïque et signifiant
“marché conclu”. Le
judéo-comtadin était
jusqu’au XIII e un parler
mixte provençal-hébreu employé
par les juifs du Comtat
Venaissin. Quand ce parler a
disparu, batau ! a été
confondu avec batèu et
quand les Provençaux se sont
mis à parler Français :bateau
!
Etonnant non ? Il y a peut-être
encore quelques mots Français
dont nous ignorons l’origine et
dont les racines partent de
notre bon vieux “shuadit”. En
tous cas nous allons tout faire
pour ressusciter la langue ancestrale
.Nous lui consacrerons
probablement une à deux tables
rondes lors des prochaines Rencontres
Judéo-Comtadines en
2009.
Nous vous souhaitons bonne
lecture des textes contenus
dans ce nouvel Echo, et
puisqu’au moment où vous recevrez
ce numéro, nous serons
en pleines fêtes de ‘tichri’, le
conseil d’administration, et moimême,
vous adressons nos
vœux les meilleurs pour une
année sereine et plein de bonheur.
Gilbert MONTEL
MOT DU PRESIDENT
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