HOTEL DES VENTES - Hôtel des Ventes Genève
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1378. Herri met de Bles (env. 1510 – 1550), Ecole flamande, Paysage montagneux<br />
Importante huile sur panneau parqueté. 75x62.5 cm 40.000-60.000<br />
Ce tableau, non repéré dans la littérature sur l’artiste, prend d’emblée sa place dans le cercle de Herri<br />
met de Bles, peintre flamand de la Renaissance, dont on ignore encore le vrai nom (le sobriquet met de<br />
Bles désigne selon Van Mander la mèche grise sur le front). Il fait le lien entre le paysagiste Joachim<br />
Patinir et Pierre Bruegel l’ancien, mort en 1569. Né vers 1510 à Bouvignes, près de Dinant, la patrie<br />
de Patinir, il fut peut-être un neveu de ce dernier, puis travailla dès 1535 presque certainement dans la<br />
ville prospère d’Anvers, dirigeant un important atelier. Il fit peut-être un séjour en Italie, qui lui valut<br />
le surnom de Civetta (petit hibou, présent dans beaucoup de ses tableaux). Après la mort du renommé<br />
Patinir en 1524, «der gute Landschaftmaler» comme le nommait Albrecht Dürer, il domina à son tour<br />
le paysage flamand.<br />
On ne connaît pas d’œuvres signées ou datées de lui, mais un certain nombre de paysages qui lui sont<br />
traditionnellement attribués en font un maître marquant, spécialisé dans le paysage. Comme les autres<br />
importants peintres anversois de l’époque, il faut voir en lui le maître d’un atelier fleurissant. Si on<br />
identifie à présent de lui une bonne douzaine de panneaux de paysages avec de nombreuses figures, on<br />
reste en revanche encore très mal renseigné sur le détail de sa vie, de son activité et de son atelier.<br />
Le panneau proposé ici est un paysage imaginaire aux formes expressives composé d’un premier plan et<br />
de deux moitiés contrastantes, le groupe d’arbres du moyen plan et le fond avec une montagne assortie<br />
d’un moulin et d’un château. La succession d’un premier plan brunâtre, suivi <strong>des</strong> arbres au vert intense<br />
et enfin du fond diaphane avec <strong>des</strong> tons bleuâtres est typique <strong>des</strong> anciens paysages flamands.<br />
Le principal sujet figuratif du tableau est minuscule, presque caché - le baptême du Christ dans la<br />
rivière du fond, avec l’assistance d’un ange. Un second épisode apparaît devant: dans l’ouverture<br />
de l’arbre un saint revêtu d’une toge rouge prêche à une vingtaine d’animaux, y compris une licorne,<br />
accourus autour de lui. Si la prédication de Saint François aux animaux est bien connue, il s’agit ici<br />
d’un saint non identifiable, peut-être une interprétation libre <strong>des</strong> prédications de Saint-Jean Baptiste.<br />
Le tableau se situe dans l’atelier de Herri ou dans son entourage immédiat.<br />
Tous les éléments de la composition se rencontrent de façon semblable dans<br />
d’autres œuvres de Herri. Ainsi, le grand arbre au tronc déchiqueté se retrouve<br />
presque identique dans le panneau du musée <strong>des</strong> Arts Anciens de Namur<br />
avec plusieurs <strong>des</strong> mêmes animaux assistant eux aussi à une prédication, le<br />
Bon Samaritain occupant le premier plan (Fig. 1). Ce même arbre se voit<br />
encore dans un panneau du Kunsthistorisches Museum de Vienne, cette fois<br />
avec la prédication de Saint-Jean Baptiste devant une foule d’auditeurs du<br />
premier plan, avec le même moulin du fond. On pourrait poursuivre ces liens<br />
concernant les montagnes du fond, semblables dans un panneau du musée de<br />
Dresde illustrant une fable d’Esope.<br />
Fig. 1 détail