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Sensee-Etude-Economique-Optique

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L’OPTIQUE EN FRANCE<br />

ETUDE ECONOMIQUE<br />

David MARTIMORT / Jérôme POUYET


Société d’études et de conseil fondée et dirigée par Mathieu Laine, Altermind est spécialisée dans<br />

l’optimisation des stratégies d’entreprises et de gouvernements.<br />

Altermind allie recherche scientifique, conseil en stratégie et conseil en communication pour une<br />

approche intégrée, de la production des idées à leur diffusion la plus large, de l’élaboration des stratégies<br />

à leur mise en œuvre.<br />

Pour chaque client, Altermind produit des réponses sur mesure en s’appuyant sur un réseau d’experts<br />

de haut niveau.<br />

www.altermind.fr<br />

9, rue de Villersexel<br />

75007 Paris


les<br />

auteurs<br />

David Martimort, Paris School of Economics - EHESS<br />

Jérôme Pouyet, Paris School of Economics – CNRS<br />

David Martimort est Directeur d’<strong>Etude</strong>s à l’Ecole des Hautes <strong>Etude</strong>s en Sciences Sociales et Professeur à l’Ecole<br />

d’Economie de Paris. Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1, est ingénieur de l’Ecole Polytechnique et<br />

Professeur Agrégé des Universités. Spécialiste de la Théorie des Incitations et ses applications, il est l’auteur avec<br />

Jean-Jacques Laffont du manuel de référence sur le sujet (« The Theory of Incentives », 2002, Princeton University<br />

Press). Ses recherches couvrent un large spectre allant de l’économie industrielle à l’économie du développement<br />

et la croissance en passant par l’économie de l’environnement, et surtout la théorie de la régulation et de la gouvernance<br />

publique. Elles ont été publiées dans les meilleures revues internationales (Econometrica, American Economic<br />

Review, Review of Economic Studies, Journal of Economic Theory, The Rand Journal of Economics, Journal of Public<br />

Economics). Il est Fellow de la Société d’Econométrie et de l’European Economic Association depuis 2005. David<br />

Martimort a aussi occupé de nombreuses positions<br />

éditoriales. Il est actuellement éditeur du Rand Jour-<br />

Jérôme Pouyet est chargé de recherche 1ère classe<br />

au CNRS et Professeur à l’Ecole d’Economie de Paris.<br />

Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1.<br />

Avant de rejoindre l’Ecole d’Economie de Paris, il a<br />

été Professeur chargé de cours à temps plein à l’Ecole<br />

Polytechnique. Ses travaux portent principalement sur<br />

l’économie industrielle et la politique de la concurrence,<br />

l’organisation des marchés et les mécanismes<br />

d’allocation, la régulation des industries notamment<br />

les industries de réseaux. Ses recherches ont été publiées<br />

dans les meilleures revues spécialisées dans<br />

ces domaines (Journal of Industrial Economics, International<br />

Journal of Industrial Organization, Journal of<br />

Public Economics). Il participe régulièrement à des<br />

contrats de recherche ou activités d’expertise avec des<br />

partenaires industriels (SNCF, Deutsche Bahn, Orange,<br />

Caisse d’Epargne,…) ou institutionnels (Commission<br />

Européenne, ARCEP, Conseil de la Concurrence,…). Il<br />

est Council Member au Gerson Lehman Group et a été<br />

expert pour LECG jusqu’en 2010.<br />

nal of Economics, ainsi qu’éditeur associé du Journal<br />

of Economic Theory, d’Econometrica et de Theoretical<br />

Economics. David Martimort a reçu le Prix du Meilleur<br />

Jeune économiste du journal Le Monde en 2004 et<br />

le NYSE award pour le meilleur papier en finance de<br />

marché en 1998. Il a donné de multiples lectures invitées<br />

et notamment la Colin Clarke Lecture de l’Australasian<br />

Econometric Society. Il a été Professeur invité à<br />

Harvard, Professeur à l’ Université de Pau et l’Université<br />

de Toulouse 1.<br />

1


La présente étude, conduite par les<br />

économistes David Martimort et Jérôme Pouyet, rédigée<br />

pour le compte d’Altermind et à la demande de <strong>Sensee</strong>,<br />

propose une analyse économique et concurrentielle<br />

inédite du secteur de l’optique en France.<br />

Elle établit :<br />

1. Que le fonctionnement concurrentiel du marché français<br />

de l’optique est très imparfait, à la fois en amont du côté<br />

des fournisseurs de verre, et en aval du côté des distributeurs<br />

de produits d’optique ;<br />

2. Que la position dominante de certains fournisseurs<br />

de verres peut être la source de barrières importantes à<br />

l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché de la distribution,<br />

spécialement de la distribution en ligne, contribuant<br />

à maintenir des prix à la consommation élevés ;<br />

3. Qu’une ouverture du marché permettrait au moins 300<br />

millions d’euros d’économies par an pour les consommateurs.<br />

Une étude économique inédite, motivée par une<br />

interrogation concurrentielle encore inexplorée<br />

par la science et rendue plus aiguë par les<br />

tensions actuelles sur le pouvoir d’achat<br />

Le marché de l’optique en France, estimé à 5,7 milliards<br />

d’euros en 2011 et en croissance continue, n’a pas encore<br />

fait à ce jour l’objet de description sectorielle ni d’analyse<br />

concurrentielle poussée de la part de la science<br />

économique. Le secteur connaît pourtant une mutation<br />

emblématique de l’évolution de la distribution, avec<br />

une ouverture graduelle à la vente en ligne, alors même<br />

qu’une base de suspicion importante, mise à jour par les<br />

autorités françaises et européennes, interroge la nature<br />

concurrentielle du marché et son ouverture effective aux<br />

nouveaux entrants.<br />

Au regard des tensions constantes pesant sur le pouvoir<br />

d’achat des Français, du poids des dépenses d’optique<br />

dans leur budget et de l’influence à la baisse d’une ouverture<br />

à la concurrence sur les prix à la consommation,<br />

l’opportunité d’une étude sectorielle et concurrentielle<br />

du marché est manifeste.<br />

2<br />

executive<br />

summary<br />

Une ouverture du marché<br />

permettrait au moins 300 millions<br />

d’euros d’économie par an pour<br />

les consommateurs.<br />

L’optique, un sujet qui touche la grande majorité<br />

des Français et pèse considérablement sur leur<br />

budget<br />

Environ 64 % des Français portent des lunettes : ils<br />

y consacrent 130 euros par an environ. Près des trois<br />

quarts jugent que les prix des corrections optiques sont<br />

excessifs et les comparaisons internationales montrent<br />

que les prix sont en effet élevés, particulièrement pour<br />

les verres. Cette pression financière pèse particulièrement<br />

sur les plus défavorisés : 55 % des bas revenus<br />

portent des lunettes, contre 71 % des plus hauts, ce qui<br />

semble indiquer une différence d’accès aux soins d’optique.<br />

Avec une population vieillissante et à ce titre plus<br />

susceptible de porter des corrections, le marché devrait<br />

poursuivre ses tendances haussières.<br />

Contrairement aux idées reçues, le reste à charge du<br />

consommateur est conséquent, malgré l’intervention du<br />

système de santé : le client qui achète un équipement<br />

d’optique correcteur assume lui-même, directement ou<br />

indirectement, l’intégralité du coût.<br />

La chaîne de production de l’optique, qui<br />

s’organise de manière verticale, est complexe<br />

et très concentrée<br />

L’extrême diversité et la différenciation des produits<br />

proposés sur le marché de l’optique, en particulier s’agissant<br />

des verres correcteurs, fait obstacle à la transparence<br />

des prix affichés à la vente au détail. L’intervention<br />

d’une multitude d’acteurs interagissant à l’échelle<br />

mondiale, entre la production en amont, la distribution en


aval, et le rôle tiers du système de santé (sécurité sociale<br />

et complémentaires) opacifie encore davantage la lecture<br />

des intérêts en jeu pour le consommateur.<br />

A l’amont, la production de verres est dominée par Essilor<br />

qui détient une part de marché de plus de 40 % au niveau<br />

mondial et de près de 90 % en France, loin devant ses<br />

concurrents Zeiss et Hoya. La production de montures,<br />

autre élément essentiel à la constitution des lunettes est<br />

largement dominée par Luxottica, qui est près de cinq<br />

fois plus important que son plus proche concurrent.<br />

A l’aval, moins d’une dizaine de groupes concentre l’essentiel<br />

de la distribution au détail. Le marché français se<br />

caractérise par l’abondance de points de vente, bien plus<br />

nombreux que dans la plupart des pays comparables : la<br />

France compte 1 point de vente pour 5 400 habitants contre<br />

1 pour 15 000 aux Etats-Unis. Les opticiens, qui peuvent<br />

seuls les détenir et les gérer, ont depuis peu la possibilité<br />

de renouveler les lunettes, sans intervention d’un ophtalmologiste.<br />

Le système de santé français rembourse une partie (ou<br />

la totalité) des dépenses d’optique. Cette intervention<br />

relève très largement des complémentaires, la sécurité<br />

sociale proposant une compensation marginale. Elle<br />

permet de rendre solvables les consommateurs finals et<br />

tend à entretenir l’illusion chez ces derniers qu’ils n’assument<br />

pas les dépenses d’optique, alors qu’en réalité ils les<br />

supportent indirectement à travers le financement de la<br />

sécurité sociale et les cotisations auprès de leurs complémentaires<br />

et directement à travers le « reste à charge »<br />

qu’ils paient à l’opticien.<br />

Des doutes concurrentiels importants à l’amont<br />

Le secteur amont, notamment la production de verres<br />

correcteurs, se révèle être très concentré : quelques rares<br />

Le fonctionnement concurrentiel<br />

du marché français de l’optique<br />

est très imparfait, à la fois en amont<br />

du côté des fournisseurs<br />

de verre, et en aval du côté<br />

des distributeurs.<br />

producteurs réalisent l’essentiel de l’activité, loin devant<br />

leurs concurrents. Ces principaux acteurs poursuivent en<br />

outre des stratégies de consolidation verticale et de différenciation<br />

croissante de leurs produits qui ont pour effet<br />

de renforcer leurs positions.<br />

L’article scientifique inédit de David Martimort et Jérôme<br />

Pouyet 1 , dont les principales conclusions sont rendues<br />

publiques dans cette étude, montre que cette stratégie a<br />

une double conséquence : elle tend à limiter de facto la<br />

concurrence en amont, mais elle la freine aussi en aval, via<br />

un mécanisme dit de « forclusion » ; la firme dominante<br />

en amont a intérêt à favoriser des stratégies de distribution<br />

qui évincent les nouveaux entrants. Ces derniers,<br />

en fournissant des produits moins chers, risqueraient en<br />

effet de réduire le surplus qu’elle accapare.<br />

A l’aval, plusieurs constats font douter du bon<br />

fonctionnement concurrentiel du secteur<br />

Les points de vente de distribution au détail d’optique<br />

comptent parmi les fonds de commerce les plus chers en<br />

France. Avec une marge de 60 % en moyenne le secteur<br />

réalise un chiffre d’affaires supérieur d’un tiers à ce qu’il<br />

est dans les pays comparables à la France : si le chiffre<br />

1 David Martimort, Jérôme Pouyet, Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets, 2012, à paraître.<br />

3


d’affaires par habitant y était identique à ce qu’il est en<br />

Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie, le<br />

marché français aurait dû être inférieur d’1,5 milliard<br />

d’euros en 2007, ce qui est conséquent pour un marché<br />

de 4,2 milliards d’euros au total.<br />

La justice française a récemment condamné des opticiens<br />

qui se livraient à des pratiques « d’optimisation<br />

de facture », consistant à adapter le prix des lunettes<br />

vendues au plafond du remboursement proposé par la<br />

complémentaire des clients finals. Cette fraude contribue,<br />

parmi d’autres éléments, à brouiller totalement la<br />

lisibilité des prix du secteur.<br />

Favoriser la concurrence par l’entrée sur le<br />

marché d’opérateurs en ligne<br />

Alors que le secteur s’est développé à l’étranger, la distribution<br />

de produits d’optique en ligne reste très limitée<br />

4<br />

en France : entre 0,1 % et 3 % du secteur selon les estimations.<br />

Le droit communautaire a eu l’occasion de relever,<br />

avec sévérité, que la France devait lever les barrières<br />

qu’elle entretient à l’encontre de ce mode de distribution.<br />

Le développement de la vente en ligne pourrait accroître<br />

les gains aux consommateurs de 332 millions d’euros à 3,1<br />

milliards d’euros par an dans l’hypothèse la plus haute. En<br />

outre, cette dynamique aurait nécessairement des effets<br />

positifs sur l’emploi.<br />

Les analyses qui suivent ont été réalisées compte tenu<br />

des informations disponibles publiquement, auxquelles<br />

elles ont choisi de faire confiance.<br />

L’OUVERTURE À LA CONCURRENCE SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE FRANÇAIS REPRÉSENTERAIT<br />

DES ÉCONOMIES IMPORTANTES POUR LE CONSOMMATEUR<br />

Suivant les modèles de calcul envisagés, une ouverture du marché de l’optique aux opticiens en ligne aurait<br />

pour conséquence des économies importantes pour le consommateur, estimées pour les hypothèses les plus<br />

réalistes entre 300 millions et 1,5 milliard d’euros par an :<br />

— Une économie de 300 millions d’euros par an sur le budget optique des Français est l’équivalent :<br />

• du budget optique annuel de 3,57 millions de Français * ;<br />

• du budget investi par la France dans la guerre en Lybie ** ;<br />

• du montant de recettes attendues par la hausse des prélèvements sur les retraites en 2013 *** ;<br />

— Une économie de 1,5 milliard d’euros par an sur le budget optique des Français est équivalente :<br />

*<br />

**<br />

***<br />

****<br />

• au coût annuel du dispositif des emplois d’avenir **** ;<br />

• à la consommation optique annuelle de près de 18 millions de Français.<br />

Le budget moyen annuel dans l’optique est de 84 euros par Français (voir plus bas).<br />

Le Parisien, La guerre en Libye a coûté 300 millions d’euros à la France, 23 octobre 2011.<br />

Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2013, dossier de presse. La contribution additionnelle de solidarité pour<br />

l’autonomie sur les retraites rapporterait 350 millions d’euros au régime général.<br />

Site internet du Premier ministre : le dispositif coûtera « 2,3 milliards d’euros pour les trois ans à venir. A savoir : 500 000 millions d’euros<br />

pour 2013, puis 1,5 milliard par an lorsque les emplois d’avenir seront installés », 30 octobre 2012.


6<br />

sommaire<br />

EXECUTIVE SUMMARY 2<br />

SOMMAIRE 6<br />

INTRODUCTION : UNE ETUDE ECONOMIQUE SECTORIELLE INEDITE, SUR UN MARCHE CLE<br />

POUR LE POUVOIR D’ACHAT DES FRANÇAIS 8<br />

1. PARTIE I : PRESENTATION DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 12<br />

1.1. PRESENTATION DES PRODUITS DE L’OPTIQUE : UNE OFFRE FORTEMENT DIFFERENCIEE 16<br />

1.2. EN AMONT : ORGANISATION ET ACTEURS DE LA PRODUCTION 25<br />

1.3. EN AVAL : LES PRINCIPAUX CANAUX DE DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE 35<br />

1.4. LES CLIENTS ET CONSOMMATEURS DE PRODUITS D’OPTIQUE SUR LE MARCHE FRANÇAIS 57<br />

1.5. UN TIERS ESSENTIEL : LE SYSTEME DE SANTE 66<br />

2. PARTIE II : DES DOUTES SUR LE FONCTIONNEMENT CONCURRENTIEL DU MARCHE DE L’OPTIQUE 74<br />

2.1. LES DOUTES CONCURRENTIELS SUR LE SECTEUR AMONT 77<br />

2.2. LES DOUTES SUR LE SECTEUR AVAL 83<br />

3. PARTIE III : FAVORISER LA CONCURRENCE DANS LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE :<br />

PISTES ET GAINS ATTENDUS 98<br />

3.1. LE RETARD DE LA FRANCE EN MATIERE D’OPTIQUE EN LIGNE 100<br />

3.2. LES GAINS A ATTENDRE D’UNE CONCURRENCE ACCRUE SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 103<br />

ANNEXE I : COMPARAISON DES CHIFFRES D’AFFAIRES DES MARCHES DE L’OPTIQUE ENTRE PAYS 106<br />

1) FOCUS SUR LES MARCHES OPTIQUES DE QUELQUES PAYS CHOISIS 106<br />

2) LES CONSOMMATEURS POTENTIELS PAR PAYS ET PAR PRODUIT 107<br />

3) LES CHIFFRES D’AFFAIRES PAR CLIENT SUIVANT LES PAYS 109<br />

4) SIMULATION DE MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES SUR LA BASE DE CHIFFRES<br />

D’AFFAIRES PAR CONSOMMATEUR ETRANGER 110<br />

5) DIFFERENCES ENTRE LES MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES ET LES MARCHES ETRANGERS 112<br />

6) CONCLUSION 114


ANNEXE II : EVALUATION DES GAINS POTENTIELS DE L’ACCROISSEMENT DE LA PART D’INTERNET<br />

SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE EN FRANCE 116<br />

1) LA BAISSE DES PRIX ENGENDREE PAR LE COMMERCE SUR INTERNET EN GENERAL 116<br />

2) LA BAISSE DES PRIX ATTENDUE DANS LE SECTEUR DE L’OPTIQUE EN LIGNE 118<br />

3) LES PRIX ET LES CHIFFRES D’AFFAIRES ACTUELS SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 119<br />

4) PRIX ESTIMES A L’ISSUE DES BAISSES DE PRIX CONSECUTIVES AU DEVELOPPEMENT DU CANAL<br />

INTERNET, SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES 120<br />

5) NOMBRE DE PRODUITS VENDUS PAR AN SUR LE MARCHE FRANÇAIS DE L’OPTIQUE 121<br />

6) LES GAINS ESTIMES POUR LES CONSOMMATEURS D’UNE GENERALISATION DU CANAL<br />

INTERNET POUR LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN LIGNE, SUIVANT LES DIFFERENTES<br />

HYPOTHESES ENVISAGEES 122<br />

ANNEXE III : FORCLUSION ET CONCURRENCE EN QUALITE SUR LES MARCHES AVAL 134<br />

7


8<br />

Introduction<br />

une étude économique sectorielle<br />

inédite, sur un marché clé pour<br />

le pouvoir d’achat des français<br />

Les récentes déclarations de la<br />

ministre de la Santé Marisol Touraine visant à promouvoir<br />

l’organisation de réseaux de soins notamment dans<br />

la distribution d’optique ont reçu un accueil houleux sur<br />

la scène publique 2 . Peu de temps auparavant, la ministre<br />

avait déjà ouvert le débat devant la Mutualité française :<br />

« le secteur des opticiens », avait-elle alors expliqué,<br />

« est trop concentré et ne permet donc pas d’avoir des prix<br />

accessibles » 3 .<br />

La médiatisation dont ces propos ont fait l’objet atteste<br />

de l’intérêt aigu de la presse et de la société françaises 4<br />

pour cette question d’apparence pourtant technique. Le<br />

sujet dépasse en effet largement le seul cadre économique.<br />

Sanitaire bien sûr – la vue est l’une des premières<br />

préoccupations de santé des Français – mais aussi esthétique<br />

et « lifestyle » tant les lunettes se sont imposées<br />

comme un produit de consommation à forte charge<br />

identitaire, il touche, directement ou indirectement,<br />

l’ensemble de la population : environ 64 % des Français<br />

portent des corrections visuelles 5 ; plus de 11 400 points<br />

de vente d’optique maillent le territoire national et la vie<br />

économique locale.<br />

Pourtant, et paradoxalement, le secteur de l’optique<br />

reste largement méconnu : il n’a à ce jour jamais fait<br />

l’objet d’une réelle analyse économique, conséquente et<br />

2 JDD, Touraine : il faut réguler le prix des lunettes, 27 octobre 2012.<br />

approfondie. Les quelques études de présentation qui<br />

ont pu être publiées se limitent à une approche purement<br />

descriptive. Ce silence de la science économique<br />

est d’autant plus frappant que le marché vit aujourd’hui<br />

une reconfiguration majeure qui, si elle ne lui est pas<br />

propre, n’en fait pas moins un cas emblématique : la<br />

dématérialisation de l’acte commercial avec l’émergence<br />

d’un nouveau canal de distribution par Internet. L’avènement,<br />

récent mais dynamique, du e-commerce dans le<br />

secteur de l’optique transforme l’intégralité de sa chaîne<br />

de production. Il s’agit d’une dynamique concurrentielle<br />

nouvelle, principalement mue par l’ambition d’une baisse<br />

des prix, sans concession sur la qualité, pour le consommateur<br />

final.<br />

Un secteur médiatique et polémique, où<br />

manquent encore des données d’analyse<br />

objectives<br />

Ces évolutions du secteur de l’optique font intervenir<br />

plusieurs acteurs dont il n’est pas évident, pour l’observateur<br />

ou le consommateur, de démêler les motivations. Le<br />

débat entre les parties prenantes – fabricants de verres,<br />

opticiens et réseaux de distribution « en dur » et « en<br />

ligne », mutuelles notamment - n’est pas toujours serein.<br />

En octobre 2012, l’opticien Alain Afflelou dénonçait les<br />

3 L’opticien lunetier, Le soutien sans faille de la ministre de la Santé aux réseaux de soins mutualistes dans l’optique, 22 octobre 2012.<br />

4 A titre d’exemple, on pourra relever la succession d’articles et reportages fin novembre 2012 :<br />

— M6, émission Capital du 25 novembre 2012 ;<br />

— Mutualité française, En finir avec les lunettes trop chères, 9 novembre 2012 ;<br />

— Les Echos, Opticiens, dentistes, vous allez payer moins cher, 21 novembre 2012 ; et<br />

— 20 Minutes, L’optique en quête du juste prix, 26 novembre 2012.<br />

5 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012. Ces évaluations confirment celles qu’indiquent i) le SYFFOC sur son<br />

site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes ; ii) un sondage réalisé pour HappyView en<br />

2011, selon lequel 63 % des Français portent des lunettes.


mutuelles, qui « poussent à la consommation ». En réponse,<br />

le président de la Mutualité française, Etienne Caniard<br />

lui rétorquait qu’au contraire « ce sont les opticiens qui<br />

disent : “ combien vous rembourse votre mutuelle ? ” et<br />

qui vont au maximum » 6 , dénonçant une pratique connue<br />

sous le nom d’ « optimisation de facture ».<br />

Outre la lacune qu’elle vient combler en tant qu’analyse<br />

économique sectorielle, la présente étude se propose de<br />

décrire et d’expliquer la façon dont interagissent l’ensemble<br />

des acteurs du secteur en se détachant des relations<br />

passionnelles qu’ils entretiennent.<br />

Une étude inédite motivée par une<br />

interrogation concurrentielle encore<br />

inexplorée par la science<br />

Les relations conflictuelles entre les acteurs du marché<br />

de l’optique en France connaissent dans certains cas des<br />

suites judiciaires qui pointent des interrogations sur son<br />

fonctionnement concurrentiel.<br />

L’Autorité de la concurrence a eu l’occasion de soulever<br />

ces doutes dans plusieurs de ses décisions. En 2010, elle<br />

a sanctionné le Syndicat national des ophtalmologistes<br />

de France (SNOF) qui organisait un boycott des opticiens<br />

affiliés au réseau Santéclair 7 . En 2002, elle avait<br />

déjà sanctionné des opticiens qui tentaient d’éliminer un<br />

de leurs concurrents qui proposait des produits moins<br />

chers 8 . A l’étranger, le Bundeskartellamt allemand a<br />

sanctionné en 2010 des pratiques anticoncurrentielles<br />

à l’amont qui impliquaient les principaux fabricants de<br />

verre, aussi actifs en France 9 . Aux Etats-Unis, la Federal<br />

Trade Commission (« FTC »), l’une des autorités en charge<br />

des politiques de concurrence, enquêtait elle aussi en<br />

2004 sur le sujet 10 .<br />

Par ailleurs, l’actualité fournit régulièrement des faits ou<br />

déclarations qui alimentent la base de suspicion mise à<br />

jour par les autorités, faisant cas par exemple de producteurs<br />

de verres ou de montures qui refuseraient de fournir<br />

les nouveaux entrants de la distribution en ligne 11 , ou<br />

encore de distributeurs au détail condamnés en justice<br />

pour optimisation de factures 12 ou absence de transparence<br />

de leurs politiques tarifaires 13 .<br />

Enfin, plusieurs éléments clés du secteur sont d’intéressants<br />

indicateurs. Le taux de marge des opticiens<br />

est exceptionnellement élevé, de l’ordre de 60 % 14 . Le<br />

chiffre d’affaires global du secteur ne cesse de croître 15 .<br />

Le nombre de points de vente en France est supérieur<br />

à 11 000 16 (soit 1 point de vente pour 5 400 habitants),<br />

contre 12 000 points de vente en Allemagne 17 (1 point de<br />

vente pour 6 800 habitants) ou 20 000 points de vente<br />

aux Etats-Unis 18 (1 point de vente pour 15 000 habitants).<br />

Motivée par ces indices et interrogations latentes sur le<br />

fonctionnement concurrentiel du marché de l’optique<br />

tant à l’amont qu’à l’aval, ainsi que par l’absence à ce jour<br />

de littérature scientifique sur le sujet, la présente étude<br />

et ses auteurs ont choisi de se pencher de façon approfondie<br />

et pour la première fois sur la réalité économique<br />

du marché, afin d’en mettre à jour les ressorts sur des<br />

fondements scientifiques et théoriques rigoureux.<br />

6 La Tribune, Afflelou attaque les mutuelles qui poussent à la consommation de lunettes chères, 4 octobre 2012.<br />

7 Autorité de la concurrence, Décision n°10-D-11 du 24 mars 2010 relative à des pratiques mises en œuvre par le Syndicat National des<br />

Ophtalmologistes de France (SNOF) concernant le renouvellement des lunettes.<br />

8 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

9 Bundeskartellamt, Press release, 10 juin 2010.<br />

10 Federal Trade Commission, Possible Anticompetitive Barriers to E-commerce : Contact Lenses, mars 2004.<br />

11 Acuité, Internet : Essilor France refuse d’associer ses verres aux « e-opticiens » vendant à distance, 22 novembre 2011.<br />

12 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.<br />

13 UFC Que Choisir, Prix des lunettes: le flou artistique, avril 2008.<br />

14 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

15 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

16 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

17 Zentralverband der Augenoptiker, Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.<br />

18 Highbeam Business, Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.<br />

9


L’étude ici présentée repose sur un article scientifique<br />

inédit de David Martimort et Jérôme Pouyet qui analyse<br />

et modélise les risques et les conséquences de forclusion<br />

sur le marché de l’optique en France 19 . Elle en synthétise<br />

les principaux axes et conclusions.<br />

<strong>Optique</strong> et e-commerce, un cas emblématique<br />

des mutations contemporaines de la distribution<br />

Les tensions manifestes dans le secteur soulignent une<br />

évolution clé du commerce de détail dépassant le seul cas<br />

de l’optique : celle de la dématérialisation de la relation<br />

entre le consommateur et le vendeur par le biais d’Internet.<br />

Le développement croissant et rapide du commerce<br />

en ligne est certainement l’un des bouleversements<br />

majeurs de l’échange et de la création de valeur sur les<br />

dernières années. Cette transformation, de l’avis même<br />

de l’Autorité de la concurrence, est bénéfique pour le<br />

consommateur, puisque « le commerce électronique [est<br />

un] facteur d’animation de la concurrence » et qu’il « peut<br />

permettre aux consommateurs de bénéficier de prix inférieurs,<br />

grâce notamment à des coûts de distribution plus<br />

réduits et de gammes de produits plus étendues » 20 .<br />

Malgré cet avantage, la distribution en ligne de produits<br />

d’optique reste encore très limitée en France, puisqu’elle<br />

ne représenterait que 0,1 % à 3 % du secteur total 21 , contre<br />

environ 10 % aux Etats-Unis 22 . Selon les acteurs en ligne,<br />

ce développement restreint ne serait pas le fait que d’un<br />

retard fortuit, mais relèverait plutôt de stratégies délibérées<br />

de la part de leurs concurrents « en dur » 23 .<br />

10<br />

Libérer la concurrence pour soulager le pouvoir<br />

d’achat<br />

Les consommateurs français considèrent pourtant que<br />

l’optique est à ce jour trop chère : près des trois quarts<br />

d’entre eux estiment que les prix des lunettes sont trop<br />

élevés 24 . La consommation de corrections optiques semble<br />

en outre socialement marquée : si 71 % des hauts revenus<br />

portent des lunettes, ce n’est le cas que de 55 % des revenus<br />

les plus bas 25 . Cela explique probablement que l’optique<br />

figure parmi les premiers sujets de préoccupation<br />

des Français autant en termes de santé que de budget,<br />

et qu’une grande partie d’entre eux a déjà renoncé à des<br />

soins en la matière en raison de coûts trop forts 26 .<br />

L’intervention importante des complémentaires dans<br />

le remboursement des soins d’optique conduit souvent<br />

les consommateurs à minorer la réalité de leur dépense<br />

effective : ce financement mutualisé entretient certainement<br />

une certaine « illusion » de gratuité des soins. En<br />

réalité, le consommateur paie seul directement ou indirectement<br />

le coût de ses produits d’optique : à travers<br />

le financement collectif de l’assurance maladie, qui lui<br />

donne droit à un remboursement minoritaire ; à travers<br />

sa cotisation auprès d’une complémentaire (en hausse) 27 ;<br />

et à travers le reste à charge qu’il règle à l’opticien.<br />

L’ensemble de ces coûts pèse sur le pouvoir d’achat<br />

des ménages français, qui a baissé à plusieurs reprises<br />

depuis 2004 28 (notamment de 0,5 % en 2011 et de 0,2 %<br />

en 2010), alors même que les dépenses dites<br />

« contraintes », auxquelles les ménages ne peuvent échap-<br />

19 Jérôme Pouyet, David Martimort, Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets, 2012, à paraître.<br />

20 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />

21 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011 ;<br />

Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />

e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1er septembre 2011 ; et<br />

Secrétariat d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />

libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />

juin 2011.<br />

22 Consultation du comparateur www.optico.net .<br />

23 INSEE, Revenu, pouvoir d’achat et consommation des ménages, à jour du 29 juin 2012.<br />

24 TF1, Les lunettes trop chères pour 74% des Français, Journal télévisé du 24 septembre 2012.<br />

25 LSA, Les Français trouvent les lunettes trop chères, 17 juin 2010.<br />

26 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

27 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.<br />

28 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.


per (logement, télécommunications, assurances) 29 n’ont<br />

cessé de croître, donnant le sentiment aux consommateurs<br />

d’être pris dans un étau.<br />

Il n’est dès lors pas surprenant, dans un contexte de crise<br />

économique, que les Français se sentent concernés par<br />

ces sujets. En octobre 2012, la santé et la qualité des<br />

soins étaient leur deuxième sujet de préoccupation, en<br />

forte augmentation, juste devant l’évolution du pouvoir<br />

d’achat 30 .<br />

La recherche en économie, étayée par les faits, a établi<br />

de longue date que, quel que soit le secteur concerné,<br />

une meilleure concurrence et l’ouverture à de nouveaux<br />

acteurs a pour conséquence première de tirer les prix à la<br />

baisse pour le consommateur. Dans une situation verrouillée<br />

par un pouvoir de marché important entre les mains<br />

d’une poignée d’acteurs, la concurrence vient remettre en<br />

cause les rentes acquises et stimule l’innovation pour le<br />

bénéfice des consommateurs. Il suffit de citer l’exemple<br />

de la téléphonie mobile pour que chaque consommateur<br />

comprenne comment l’arrivée de nouveaux acteurs dynamiques<br />

sur le marché a pu conduire à une baisse des prix<br />

au détail. De manière générale, l’Autorité de la concurrence<br />

a récemment montré comment la distribution en<br />

ligne avait conduit, en révolutionnant la distribution, à<br />

une baisse des prix parfois très sensible dans certains<br />

secteurs 31 . Une autre étude avait estimé que « les achats<br />

effectués en ligne sont en moyenne 10 % moins cher que<br />

ceux réalisés dans des points de vente, pour des produits<br />

identiques » 32 .<br />

En tant que marché mobilisant producteurs, distributeurs<br />

et clients consommateurs, le secteur de l’optique ne fait<br />

pas exception. S’il apparaît, à la lumière de la présente<br />

étude économique, que des entraves à la concurrence<br />

sur le marché existent bel et bien, celles-ci contribuent<br />

alors nécessairement au maintien artificiel de prix<br />

élevés, au détriment du consommateur et au bénéfice<br />

des opérateurs en place à l’origine de la forclusion. Lever<br />

ces obstacles à la concurrence doit conduire au contraire,<br />

en vertu de l’ajustement libre de l’offre et de la demande,<br />

à une baisse du prix final pour le consommateur.<br />

Compte tenu des tensions actuelles pesant sur le budget<br />

des Français, sur leurs dépenses de santé, ainsi que<br />

sur l’équilibre des finances publiques, il a semblé aux<br />

auteurs de la présente étude qu’il était d’intérêt public<br />

d’investiguer l’état de la concurrence sur le marché de<br />

l’optique, partant de l’idée que si l’hypothèse de comportements<br />

non concurrentiels était avérée, les désamorcer<br />

pourrait créer un appel d’air salutaire pour le pouvoir<br />

d’achat.<br />

Plan de l’étude<br />

28 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.<br />

Au regard de ces éléments, la présente étude a donc pour<br />

objet :<br />

(i). de présenter dans les faits ce qu’est le secteur de l’optique<br />

en France (ses acteurs, son organisation, sa structure,<br />

ses grandes masses et chiffres clés), depuis l’amont<br />

jusqu’à l’aval ;<br />

(ii). de relever un certain nombre de doutes concurren-<br />

tiels qui existent dans ce secteur ; et<br />

(iii). d’évaluer quels seraient les bénéfices pour le consommateur<br />

consécutifs à l’entrée de nouveaux acteurs distribuant<br />

les produits d’optique par le canal de la vente en ligne.<br />

29 DGCCRF, Evolution des dépenses contraintes et de la relation client sectorielle, DGCCRF-éco n°2, janvier 2012.<br />

30 TNS Sofres, Pelerin, Covea, Baromètre des préoccupations des Français, octobre 2012.<br />

31 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />

32 McKinsey & Company, Impact d’Internet sur l’économie française. Comment Internet transforme notre pays, mars 2011.<br />

11


Avant d’analyser plus avant la structure<br />

concurrentielle du marché de l’optique (en partie II<br />

infra), il est indispensable de dresser en premier lieu un<br />

portrait clair et précis de ce marché : complexe, il mobilise<br />

de nombreux acteurs directs et indirects, et n’a pas<br />

fait à ce jour de la part de la science économique l’objet<br />

d’une description sectorielle poussée. Cette absence de<br />

« carte d’identité » fait obstacle aux tentatives d’analyses<br />

plus poussées et entretient l’opacité du marché.<br />

La présente étude s’attache donc, en préalable indispensable<br />

à toute investigation économique, à identifier,<br />

définir et hiérarchiser la structure du marché de l’optique,<br />

ses produits (1.1.), ses acteurs amont (les producteurs<br />

de dispositifs d’optique, 1.2.) et aval (les distributeurs,<br />

1.3.), le profil de ses clients consommateurs (1.4.)<br />

12<br />

1. PARTIE I<br />

présentation du secteur<br />

de l’optique<br />

MARCHÉ AMONT DE LA PRODUCTION<br />

Verres Lentilles Montures Autres<br />

MARCHÉ AVAL DE LA DISTRIBUTION<br />

Opticiens<br />

Figure 1 - Schéma simplifié du secteur de l’optique<br />

et enfin le rôle tiers du système de santé (1.5.).<br />

La chaîne de production de l’optique, comme le montre<br />

la Figure 1, s’organise le long d’une relation de l’amont<br />

vers l’aval. En amont, elle fait intervenir des producteurs<br />

de verres et des producteurs de montures, dont les<br />

produits assemblés permettent de créer des lunettes.<br />

Avec les lentilles, ils sont distribués soit directement<br />

auprès des opticiens, soit par l’intermédiaire de grossistes.<br />

Les opticiens assurent ensuite la distribution au<br />

détail auprès des consommateurs finals, lesquels, pour<br />

acquérir une correction optique, sont généralement<br />

détenteurs de la prescription d’un ophtalmologiste.<br />

C’est ce processus qui leur permettra de bénéficier d’un<br />

remboursement par la sécurité sociale et d’un complément,<br />

souvent significatif, de leur complémentaire.<br />

GROSSISTES<br />

SÉCURITÉ SOCIALE<br />

ET<br />

COMPLÉMENTAIRES OPHTALMOLOGISTES<br />

CONSOMMATEURS FINALS


L’essentiel & les chiffres clés<br />

Un marché complexe, encore largement inexploré par la science économique<br />

— un marché qui n’a pas fait l’objet à ce jour de description sectorielle poussée : une absence de<br />

« carte d’identité » qui entretient l’opacité du marché ;<br />

— élément essentiel de la complexité du marché, la diversité et la différenciation des produits,<br />

en particulier des verres correcteurs :<br />

• deux principales catégories de produits : ceux à vocation correctrice (lunettes de vue et<br />

lentilles de contact), ceux à usage esthétique (lunettes de soleil, lentilles teintées, etc.) ;<br />

• un marché dominé par les verres de correction, qui représentent 57 % du chiffre d’affaires<br />

des ventes aux consommateurs finals, loin devant les montures (24 %), les lunettes solaires (9 %)<br />

et les lentilles de contact (6 %) ;<br />

• les verres correcteurs, particulièrement différenciés (géométrie, matière, traitement et<br />

options), sont un élément essentiel de la stratégie des producteurs ;<br />

De nombreux acteurs directs et indirects, qui se partagent deux principaux segments du marché :<br />

l’amont et l’aval<br />

— en amont, la fabrication de verres concentre la majorité des enjeux :<br />

• la fabrication des verres représente près des trois quarts du secteur et est dominée par un<br />

acteur majeur, Essilor :<br />

/ en France, l’activité de production se concentre essentiellement sur la fabrication de<br />

verres, qui a généré plus des trois quarts des facturations des industriels en 2009 ;<br />

/ le marché est dominé par un acteur majeur, le groupe Essilor (chiffre d’affaires<br />

mondial 2011 : 4,19 milliards d’euros, dont 90,6 % dans le secteur des verres et matériel<br />

optique). Les deux groupes challengers au niveau mondial sont l’allemand Zeiss et le<br />

japonais Hoya ;<br />

• la fabrication de montures est moins importante en France :<br />

/ environ 1,83 milliard d’euros en France en 2010, soit environ 25 % des ventes finales<br />

d’optique-lunetterie ;<br />

/ dominé au niveau mondial par le groupe italien Luxottica (chiffre d’affaires mondial<br />

supérieur à 6,2 milliards d’euros) et son challenger Saffilo (chiffre d’affaires de 1,1<br />

milliard d’euros) ;<br />

/ le marché français est largement importateur : importation de 58 % des montures en 2010 ;<br />

— en aval, la distribution par les opticiens en boutique domine, même si le canal Internet se développe<br />

depuis 2005 :<br />

• la profession d’opticien est très dynamique en France : entre 2004 et 2011 le nombre de diplômés<br />

a augmenté de plus de 110 % et le nombre de praticiens de plus de 50 % ;<br />

• deux canaux de distribution pour les opticiens, en boutique, ou en ligne :<br />

/ les boutiques d’opticiens « en dur » dominent très largement :<br />

/ 11 422 points de vente d’optique en France en septembre 2012, sensiblement plus qu’en 2000<br />

(7 800) ;<br />

/ plusieurs catégories de points de vente : 55 % d’indépendants, 45 % exploités sous enseigne<br />

(qui réalisent 62 % du chiffre d’affaires);<br />

13


14<br />

L’essentiel & les chiffres clés<br />

/ l’optique en ligne est un marché relativement récent en France, encore très minoritaire :<br />

/ premier site d’optique généraliste en ligne en France (Confort Visuel) créé en 2005 ;<br />

/ l’optique en ligne représente entre 0,1 % et 1 % du secteur total, soit un chiffre d’affaires<br />

estimé de 50 millions d’euros (environ 0,87%). Aux Etats-Unis, la vente en ligne représenterait<br />

10 % du secteur, en Allemagne 5 %.<br />

Un secteur lucratif, qui court plus vite que le pouvoir d’achat des français<br />

— des points de vente lucratifs :<br />

• chiffre d’affaires moyen par point de vente : 720 000 euros pour les points de vente sous enseigne et<br />

370 000 euros pour ceux relevant des centrales en 2009 ; chiffre d’affaires moyen approximatif de<br />

501 000 euros en septembre 2012 ;<br />

• étude de l’Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés : « le métier<br />

d’opticien figure parmi les professions commerciales les plus rémunérées en France ».<br />

— un secteur de la vente au détail d’optique très dynamique, supérieur au pouvoir d’achat des Français :<br />

depuis 2004, augmentation de la consommation en volume de 3 % en moyenne annuelle et de 4,1 % de la<br />

consommation en valeur, bien supérieure, au pouvoir d’achat mesuré par l’INSEE qui n’a augmenté que de<br />

1,6 % en moyenne annuelle.<br />

Des dépenses d’optique qui concernent une grande majorité de Français et pèsent de façon conséquente<br />

sur leur pouvoir d’achat, en particulier dans le cas des catégories sociales les moins favorisées<br />

— une large majorité de Français concernés par l’optique :<br />

• ¼ des Français seulement ne porte aucune correction ; 3 sur 4 (73 %) en portent ;<br />

• les Français, parmi plus gros consommateurs de produits d’optique en Europe :<br />

en dix ans (2000 – 2010), augmentation de la consommation de 60 % environ ;<br />

— les lunettes restent des produits coûteux pour les Français :<br />

• près des ¾ des consommateurs jugent que les prix des lunettes sont excessifs et près de 7 sur 10<br />

considèrent qu’ils ne sont pas justifiés ;<br />

• des aspects financiers primordiaux dans l’achat de lunettes : parmi les critères déterminant l’achat,<br />

le montant du remboursement pèse à 94%, le rapport qualité-prix des verres à 94%, celui des<br />

montures à 93% et la possibilité du recours au tiers payant à 92% ;<br />

• une dépense annuelle significative pour les ménages : en 2010, chaque Français a dépensé environ<br />

84 euros à l’achat d’équipements optiques (et 191 euros par ménage), en augmentation de près de<br />

50 % sur une décennie (+49,6 %) ; si l’on ne considère que les consommateurs potentiels (64 % de la<br />

population), cela amène à un budget de 130 euros environ par an ;<br />

— une « fracture sociale » dans le port d’équipements d’optique correcteurs :<br />

• 10 % des consommateurs dont les revenus sont supérieurs à 2 500 euros mensuels possèdent à la fois<br />

des lentilles et des lunettes, contre 5 % pour ceux dont les revenus sont inférieurs à ce seuil ;<br />

• 71 % des hauts revenus portent des lunettes, 55 % seulement des revenus les plus bas ;<br />

• des restes à charge parfois importants, ne laissant le choix qu’aux consommateurs les plus<br />

fortunés : parmi les bénéficiaires de la CMU qui réalisent une dépense d’optique chaque année,<br />

54 % d’entre eux ont le sentiment de « ne pas avoir eu le choix concernant le reste à charge auquel


L’essentiel & les chiffres clés<br />

ils ont eu à faire face » et près d’un consommateur concerné sur quatre préfère sortir de l’offre<br />

« CMU », le choix étant très réduit.<br />

Un système de santé qui laisse une part significative des coûts à charge du consommateur<br />

— le système de santé, Sécurité sociale et complémentaires, joue un rôle important :<br />

• prise en charge des corrections optiques par l’Assurance maladie lorsqu’elles font l’objet d’une<br />

prescription médicale (remboursées à 60 % sur la base de tarifs officiels) ;<br />

• les complémentaires de santé interviennent pour couvrir la part des dépenses non remboursée par<br />

l’Assurance maladie ;<br />

• pour les complémentaires, l’optique est un produit d’appel phare, qui leur permet d’attirer les<br />

consommateurs : 21 % des porteurs de lunettes ont adhéré à une mutuelle parce qu’elle permettait<br />

d’accéder à un réseau d’opticiens agréés ;<br />

— le reste à charge pour le consommateur final est important :<br />

• l’Assurance maladie assume une part très limitée du coût des lunettes : environ 3 % du prix total ;<br />

les complémentaires en assument 55 % et le consommateur final 42 % ;<br />

• contrairement aux idées reçues, le consommateur paie seul le coût de ses produits d’optique :<br />

indirectement à travers le financement collectif de l’assurance maladie et sa cotisation auprès<br />

d’une complémentaire ; directement à l’opticien.<br />

15


1.1. Présentation des produits de l’optique :<br />

une offre fortement différenciée<br />

La grande diversité et la différenciation des produits<br />

proposés sur le marché de l’optique, entre dispositifs<br />

médicaux (1.1.1.) et non médicaux (1.1.2.) sont un élément<br />

essentiel de sa complexité, notamment pour les prix( 1.1.3.).<br />

En prendre la mesure permet de comprendre plus avant<br />

les problématiques de fixation et transparence des prix,<br />

Comme l’illustre la Figure 2, les verres de correction<br />

représentent l’essentiel du chiffre d’affaires des ventes<br />

aux consommateurs finals (57 % en 2012), loin devant les<br />

montures (24 %) et les lunettes solaires (9 %). Les lentilles<br />

16<br />

9%<br />

24%<br />

6%<br />

2<br />

%<br />

3<br />

%<br />

57%<br />

Figure 2 - Répartition du chiffre d’affaires par type de produit 34<br />

essentielles à l’analyse concurrentielle.<br />

Le secteur de l’optique fabrique et distribue principalement<br />

deux types de produits, pour la correction ou la<br />

protection de la vue : certains ont une vocation correctrice<br />

(amélioration de la vue), d’autres un usage esthétique<br />

ou utile (lunettes de soleil, lentilles teintées, etc. 33 ).<br />

verres de correction<br />

montures optiques<br />

solaires<br />

lentilles<br />

produits lentilles<br />

autres produits<br />

ne représentent que 6 % du chiffre d’affaires total.<br />

Une partie de ces produits sont des « dispositifs médicaux<br />

» et répondent à ce titre à une réglementation spécifique,<br />

alors que d’autres ne le sont pas.<br />

33 Dans sa décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France, le Conseil de la concurrence<br />

retenait que « l’industrie de la lunette recouvre la production d’un grand nombre de produits de correction ou de protection de la vue. Ils<br />

peuvent être regroupés en deux catégories, à savoir : les articles à usage médical (verres de lunettes finis et semi-finis, verres de contact) ;<br />

les articles non médicaux (montures, lunettes solaires et lunettes pour le sport) ».<br />

34 GfK, Note regards, données à fin mars 2012.


1.1.1. Les produits d’optique, dispositifs médicaux<br />

Une personne qui a un défaut visuel peut le corriger soit<br />

i) avec des lunettes, qui assemblent une monture à des<br />

verres correcteurs adaptés à ses yeux, soit ii) en portant<br />

des lentilles correctrices, soit enfin iii) en ayant recours à<br />

la chirurgie ophtalmique (par exemple dans le cas d’une<br />

myopie faible) 35 .<br />

> Les principaux troubles visuels pris en charge<br />

par les équipements d’optique<br />

Les principaux troubles visuels sont des troubles de la<br />

réfraction (amétropie) : il s’agit de la myopie, l’hypermétropie<br />

et l’astigmatisme. On y ajoute généralement la<br />

presbytie qui apparaît avec l’âge 36 . Alors que les trois<br />

premiers sont traités à l’aide d’une lentille optique (dans<br />

le verre ou lentille de contact) qui corrige une seule focale<br />

(on parle de « verre unifocal »), la presbytie est désormais<br />

Figure 3 - Répartition des ventes, en volume et en valeur, entre les verres unifocaux et les verres progressifs en 2011 37<br />

35 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

36 Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique – Troubles de la réfraction – Délivrance des verres correcteurs par les<br />

opticiens dans le cadre d’un renouvellement, février 2010 ;<br />

Société française de pédiatrie, Direction générale de la santé – Ministère de la santé et des sports, Dépistage des troubles visuels chez<br />

l’enfant, 2009 ;<br />

Consultation des sites www.hoya.fr, www.essilor.fr, www.bausch.fr.<br />

2011<br />

37 GfK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />

traitée à l’aide d’une lentille correctrice progressive (on<br />

parle de « verre progressif ») qui remplace presque totalement<br />

les anciennes lentilles bifocales ou trifocales (les<br />

verres « triple-foyers »). C’est l’adaptation de leur géométrie<br />

qui permet de former ces différents verres.<br />

En 2011, environ 65 % des verres vendus aux consommateurs<br />

finals étaient des verres « unifocaux » (en matériaux<br />

organique et polycarbonate presque exclusivement,<br />

le minéral n’étant plus utilisé) et 33 % environ étaient<br />

des verres progressifs. En valeur, ces chiffres varient<br />

fortement, puisqu’en 2011 les ventes de verres unifocaux<br />

représentaient 36 % du chiffre d’affaires des ventes<br />

aux consommateurs finals, contre 60 % pour les verres<br />

progressifs, dont le prix est généralement plus élevé.<br />

% des ventes, en volume % des ventes, en valeur<br />

Verres unifocaux 65 % 36 %<br />

Verres progressifs 33 % 60 %<br />

17


La part des verres plus « techniques » dans les ventes<br />

finales, c’est à dire les verres progressifs notamment, ne<br />

> Les verres correcteurs, des produits très<br />

différenciés<br />

Les verres sont des « dispositifs médicaux », tels que définis<br />

par la directive n°93/42/CEE du 14 juin 1993 39 : il s’agit<br />

de « tout instrument, appareil, équipement, matière,<br />

produit, à l’exception des produits d’origine humaine, ou<br />

tout autre article utilisé seul ou en association, destiné<br />

par le fabricant à être utilisé chez l’homme à des fins<br />

18<br />

cesse de croître, alors que celle des autres verres a décru.<br />

Unifocaux - 3 points<br />

Progressifs<br />

65%<br />

23%<br />

38 D’après Essilor, Situation de l’optique en France en 2011.<br />

39 Directive 93/42/CEE du Conseil du 14 juin 1993 relative aux dispositifs médicaux.<br />

62% 62%<br />

30% 34%<br />

2006 2007 2008<br />

Figure 4 – Evolution des ventes de verres 38<br />

40 Normes NF EN IS 8980 – 1 et -2 : 2004 ; -3 et -5 : 2005 ; -4 : 2000 ; NF EN ISO 14889 : 2003.<br />

+11 points<br />

médicales (…) », selon l’article L.5211-1 du code de la<br />

santé publique. A ce titre, ils doivent donc répondre à des<br />

normes particulières 40 .<br />

Les verres peuvent être minéraux ou organiques, chacune<br />

de ces catégories acceptant des déclinaisons diverses.<br />

Ils sont ensuite traités et complétés afin de donner des<br />

verres correcteurs, comme l’indique la Figure 5.


La qualité des verres varie donc fortement. C’est d’ailleurs<br />

un argument de vente majeur pour les fabricants. Outre<br />

la géométrie (unifocal, progressif, etc.) et leur matière, les<br />

verres peuvent subir un certain nombre de traitements<br />

comme les antireflets (dont plusieurs gammes existent),<br />

la résistance aux rayures, l’absence de sensibilité aux<br />

traces, à l’eau (verres « hydrophobes »), des teintes…<br />

Certaines marques bénéficient d’une image très positive<br />

auprès des consommateurs qui les valorisent fortement.<br />

C’est le cas, par exemple, de la marque « Varilux » d’Essilor<br />

ou de Zeiss qui se spécialise dans le verre « haut de<br />

gamme » 41 .<br />

L’innovation joue dès lors un rôle particulièrement fort<br />

et dynamique dans cette industrie puisqu’elle permet<br />

41 Ouest France, Carl Zeiss tourné vers les verres haut de gamme, 26 avril 2011.<br />

42 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011 ;<br />

Investir, Essilor Intl. en passe de contrôler plus d’un tiers du marché de l’optique, 4 août 2011.<br />

43 Forbes, The World’s Most Innovative Companies, classement disponible en ligne.<br />

44 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />

45 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />

46 Stratégies, Herezie pour Essilor International, 12 avril 2012.<br />

47 www.optifog.com.<br />

Figure 5 - La composition d’un verre ophtalmique organique<br />

revêtement anti salissure<br />

couche antireflet<br />

couche durcissante<br />

matériau de base<br />

à chaque producteur de se différencier, proposant des<br />

produits toujours améliorés aux consommateurs. Essilor,<br />

qui place l’innovation au cœur de sa stratégie 42 , a<br />

d’ailleurs été distinguée en 2012 par le magazine Forbes<br />

comme étant la vingt-cinquième compagnie la plus innovante<br />

au monde 43 : elle aurait environ 500 chercheurs<br />

et dépenserait plus de 150 millions d’euros annuels en<br />

recherche et développement 44 . Au total, Essilor réaliserait<br />

plus de la moitié de son chiffre d’affaires grâce à des<br />

produits lancés il y a moins de trois ans 45 . En 2012, le<br />

groupe a ainsi présenté ses verres Optifog, qui ont fait<br />

l’objet d’un lancement mondial « en grande pompe », film<br />

« viral » sur Youtube 46 et site internet dédié 47 à l’appui.<br />

19


La différenciation est une stratégie<br />

essentielle des producteurs,<br />

qui cherchent d’ailleurs<br />

à l’accroître, comme en témoignait<br />

en 2011 le directeur du<br />

marketing stratégique d’Essilor,<br />

lorsqu’il expliquait que<br />

« la création d’une nouvelle<br />

catégorie de verres est l’un de<br />

nos deux leviers de croissance<br />

(…) », l’autre consistant « à personnaliser les catégories<br />

existantes, par exemple pour des usages spécifiques,<br />

comme le travail sur l’ordinateur » 48 .<br />

Ces derniers verres s’inscrivent dans une catégorie de<br />

verres qui répondent à des besoins identifiés particuliers<br />

: lunettes d’ordinateurs, lunettes de piano, lunettes<br />

loupes (ou demi-lunes), etc. L’ensemble de ces lunettes<br />

« prémontées » permettent d’apporter un confort à leur<br />

utilisateur : les lunettes d’ordinateur permettent ainsi aux<br />

yeux de faire une meilleure mise au point sur un écran<br />

qui est généralement à distance plus grande de l’œil que<br />

ne le serait un texte imprimé 49 taire des produits de santé<br />

(« Afssaps ») précisait ainsi<br />

que « les lunettes prémontées<br />

destinées à apporter une aide<br />

lors de travaux minutieux<br />

nécessitant un grossissement<br />

ne sont pas des dispositifs<br />

médicaux car elles ne sont<br />

pas destinées à être utilisées<br />

chez l’homme à des fins médicales<br />

au regard des articles L.5211-1 et R.5211-1 du code<br />

de la santé publique »<br />

. Ces produits ne sont pas<br />

des corrections. L’Agence française de sécurité sani-<br />

50 .<br />

Les lunettes prémontées sont généralement vendues à<br />

des prix beaucoup moins élevés que les lunettes de vue. A<br />

la fin des années 1990, leur commercialisation en dehors<br />

des seuls points de vente des opticiens-lunetiers avait<br />

été au cœur de tensions polémiques entre les différents<br />

distributeurs 51 , finalement tranchées par la Cour de<br />

cassation. Celle-ci a jugé que le monopole de vente des opticiens<br />

s’entendait de manière stricte et ne portait donc pas sur<br />

ces produits 52 . Les lunettes prémontées sont donc en vente<br />

« partout (points de vente d’optique, pharmacies, grandes<br />

surfaces, et même à la sauvette) » 53 Figure 6 - Campagne de publicité Optifog / Essilor<br />

.<br />

48 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />

49 Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, Lunettes d’ordinateur, consultation du site internet.<br />

50 Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, Liste des positionnements réglementaires et des qualifications de<br />

DM et DMDIV, version du 1er décembre 2011.<br />

51 Libération, Les opticiens lorgnent sur les lunettes loupes. Ils disputent aux pharmaciens le marché de l’optique prête à porter, 26 mars 1997.<br />

52 Cour de cassation, arrêt du 25 février 2003.<br />

53 Conseil national de la consommation, Rapport du Conseil national de la consommation relatif à l’optique médicale, 1998<br />

20


Les montures<br />

Les montures de lunettes sont la structure qui porte les<br />

verres. Il s’agit d’accessoires de dispositifs médicaux. Au<br />

titre de l’article L.5211-19 du code de la santé publique,<br />

elles sont traitées de la même manière 54 et répondent<br />

elles aussi à des normes définies 55 . Elles se répartissent<br />

entre des montures pour hommes, femmes, enfants,<br />

montures unisexes et les autres.<br />

La norme ISO 12870 encadre la conception des montures<br />

(pour que la monture « soit conçue de manière à permettre<br />

un positionnement en toute sécurité »), l’usage des matériaux<br />

(qui doivent être suffisamment stables et résistants),<br />

la masse des montures (qui ne doit pas excéder<br />

32 grammes), la surface de contact et la symétrie de la<br />

monture.<br />

Le marketing de la commercialisation des paires de<br />

lunettes ne se limite cependant pas à cet aspect purement<br />

technique et médical. Les paires de lunettes ne<br />

sont plus seulement présentées comme des « accessoires<br />

de dispositifs médicaux » mais pour une partie comme<br />

de réels produits de consommation « de luxe ». Cette<br />

tendance vers le luxe est une stratégie recherchée par de<br />

nombreux distributeurs. En novembre 2012, Optic 2000<br />

a ainsi lancé une campagne autour de la personne de Karl<br />

Lagerfeld 56 , faisant des lunettes des produits « de luxe »<br />

relativement abordables 57 .<br />

En outre, pour l’ensemble des montures, il faut relever<br />

l’existence de marques dites « haut de gamme »,<br />

qui correspondent aux griffes des grands parfumeurs,<br />

couturiers, bijoutiers (Chanel, Dior, etc.) ou de certaines<br />

marques ayant percé dans le domaine sportif (Carrera<br />

dans le ski par exemple), généralement sous licence 58 .<br />

54 Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Questions / Réponses – Liste des positionnements réglementaires et<br />

des qualifications de DM et DMDIV, version du 13 septembre 2012.<br />

55 Normes NF EN IS 12870 : 2005 (ISO 12870 : 2004 + corrigendum Nov04.<br />

56 http://karl-lagerfeld.optic2000.com/.<br />

57 Interview de Didier Papaz, Optic 2000, le 14 novembre 2012 sur BFM Business.<br />

58 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

59 Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, Le luxe : production et services, Conseil économique, social et environnemental, 2008.<br />

60 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

61 Consultation du site du Syffoc www.syffoc.org.<br />

Les montures de ces griffes se sont répandues beaucoup<br />

plus largement que certains autres produits, dans<br />

une dynamique de « banalisation » ou de « démocratisation<br />

» du luxe. Ainsi, « autrefois réservés à un cercle<br />

plutôt restreint de consommateurs, les produits de luxe<br />

- du moins certains d’entre eux - font désormais partie<br />

sinon du quotidien de chacun, du moins sont à la portée<br />

de nombreux clients. Plusieurs sondages montrent par<br />

exemple que de plus en plus de consommateurs déclarent<br />

posséder au moins un « élément » de luxe : lunettes de<br />

soleil griffées, sac à main, foulard, ceinture... ou consommer<br />

un tel produit : parfum, eau de toilette, vin... Il s’agit<br />

alors d’achats « plaisir » faits à l’occasion d’évènements<br />

marquants et les possibilités d’accès à ce segment restent<br />

ouvertes à un nombre appréciable de consommateurs » 59 .<br />

Il n’est dès lors pas évident que les consommateurs<br />

distinguent réellement ces produits dits « de luxe ».<br />

Surtout ils peuvent aisément trouver des substituts à ces<br />

montures « de luxe » auprès d’autres produits. C’est d’ailleurs<br />

ce raisonnement qui avait conduit le Conseil de la<br />

concurrence à conclure qu’« il n’existe pas de séparation<br />

étanche entre les deux marchés, d’autant que l’opticien<br />

détaillant propose, en général, une gamme de produits<br />

assez large quant aux prix » 60 .<br />

> Les lentilles oculaires de contact<br />

Les lentilles de contact sont des dispositifs médicaux 61<br />

qui corrigent l’ensemble des défauts visuels en se plaçant<br />

directement sur la cornée de l’œil. Elles sont « issues<br />

d’une haute technologie, associant de nombreuses disciplines<br />

: optique, chimie, mécanique, physique, pharmacie<br />

et médecine dans leur conception et leur fabrication » 62 .<br />

62 Conseil national de la consommation, Rapport du Conseil national de la consommation relatif à l’optique médicale, 1998<br />

21


Il en existe plusieurs types 63 . Elles sont composées en<br />

hydrogel et/ou en silicone-hydrogel 64 : en 2011, un peu<br />

plus de 56 % des lentilles vendues étaient en hydrogel<br />

(contre 61 % en 2010) et environ 44 % en silicone-hydrogel<br />

(contre 39 % en 2010) 65 .<br />

Les lentilles souples hydrophiles sont classées en trois<br />

catégories : les jetables journalières, les lentilles à renouvellement<br />

fréquent et les lentilles traditionnelles qui sont<br />

renouvelées tous les ans. Ces dernières représentent près<br />

63 Société française d’ophtalmologie, Fiche d’information n°63, 2009.<br />

64 Consultation du site Bausch + Lomb www.bausch.fr.<br />

65 GfK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />

66 GfK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />

67 FTC, Possible Anticompetitive Barriers to E-Commerce : Contact Lenses, mars 2004.<br />

68 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012. Le SYFFOC propose des chiffres différents.<br />

22<br />

de la moitié des lentilles vendues en 2010 et 2011 66 . Les<br />

lentilles rigides perméables au gaz sont renouvelées tous<br />

les ans ou tous les deux ans.<br />

Certaines lentilles peuvent être utilisées à des fins cosmétiques<br />

(lentilles colorées etc.).<br />

Cette diversité des produits a permis d’accroître fortement<br />

le choix des consommateurs, donnant une nouvelle<br />

dynamique au marché, comme le relevait la Federal Trade<br />

Commission aux Etats-Unis par exemple 67 .<br />

% du chiffre d’affaires 2011<br />

(millions d’euros)<br />

Lentilles rigides 4,1<br />

Lentilles souples 4,1<br />

Lentilles mensuelles multifocales 8,3<br />

Lentilles mensuelles toriques 18,2<br />

Lentilles mensuelles sphériques 41<br />

Lentilles journalières non colorées 21<br />

Lentilles journalières colorées < 1<br />

Lentilles mensuelles colorées 3<br />

Figure 7 – Chiffres d’affaires par segment dans le secteur des lentilles de contact 68


1.1.2. Les autres produits d’optique hors dispositifs médicaux<br />

> Les lunettes de soleil<br />

Les solaires (ou lunettes de soleil) « protègent les yeux de<br />

l’éblouissement, du rayonnement ultra-violet, limitant les<br />

risques de vieillissement de la cornée, le développement<br />

de la cataracte et de certaines maladies rétiniennes » 69 .<br />

Les solaires sont soumises à une réglementation d’origine<br />

communautaire 70 , établie par les articles R.322-27 à R.322-<br />

38 du code du sport relatifs à la prévention des risques résultant<br />

des « équipements de protection individuelle » (EPI) pour<br />

la pratique sportive ou de loisirs. A ce titre, elles doivent<br />

être marquées du signe « CE » et être accompagnées d’une<br />

notice d’information. Les lunettes de soleil sont classées<br />

selon leur protection sur une échelle de 0 à 4, définie par la<br />

norme AFNOR NF EN 1836.<br />

Les lunettes de soleil sont commercialisées à travers des<br />

canaux de distribution beaucoup plus larges et variés que<br />

les lunettes de vue : le consommateur peut les acquérir<br />

auprès des opticiens, mais aussi en pharmacie, dans les<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

mars - 11<br />

avr.- 11<br />

mai - 11<br />

juin - 11<br />

juil.- 11<br />

août - 11<br />

69 DGCCRF, Les lunettes de soleil, fiche en ligne en date d’avril 2012.<br />

Figure 8 - Ventes de solaires en millions d’euros sur un an 73<br />

70 Directive n°89/686/CEE du Conseil, du 21 décembre 1989, concernant le rapprochement des législations des États membres relatives aux<br />

équipements de protection individuelle.<br />

71 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

72 GFK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />

73 GFK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />

grandes surfaces (alimentaires ou spécialisées, notamment<br />

dans la distribution d’articles de sport) ainsi que<br />

dans divers points de vente (stations balnéaires, stations<br />

de ski, etc.). Ainsi, « le service apporté par l’opticien est<br />

secondaire, ce qui explique que les ventes de lunettes<br />

solaires par la grande distribution occupent une place<br />

très importante. La part des ventes de lunettes solaires<br />

par les opticiens demeure marginale (…). Autre différence<br />

significative, l’acquisition de lunettes solaires peut<br />

correspondre à un achat d’impulsion, avec un impact plus<br />

important de la notion de marque et de mode » 71 .<br />

La vente de ces produits est clairement cyclique, liée à la<br />

météorologie et aux loisirs, comme l’illustre la Figure 8<br />

ci-dessous. En 2011, 41 % des ventes étaient des solaires<br />

destinées à un public féminin, 25 % à un public masculin<br />

et 25 % étaient des solaires « unisexe » 72 . Environ 79,4<br />

% de ces produits concernaient des paires d’un montant<br />

supérieur à 100 euros.<br />

sept. - 11<br />

oct. - 11<br />

nov. - 11<br />

déc. - 11<br />

janv. - 12<br />

fev. - 12<br />

mars - 12<br />

23


Les produits d’entretien des lentilles de contact<br />

Les lentilles de contact doivent faire l’objet d’un entretien<br />

régulier qui nécessite des produits particuliers. Diverses<br />

solutions existent qui constituent le segment des produits<br />

d’entretien : désinfection des lentilles souples (62,3 % du<br />

segment), système oxydant (20 %), solution enzymatique<br />

(4,6 %), désinfection des lentilles rigides (7,4 %), solution<br />

nettoyante (1,1 %), solution de rinçage (3,4 %), solution de<br />

confort (1,3 %) 74 .<br />

Leur distribution n’est pas réservée aux pharmacies.<br />

Comme le relevait la Cour de cassation dans son rapport<br />

annuel de 2007, « le monopole de la distribution phar-<br />

74 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

75 Cour de cassation, La santé dans la jurisprudence de la Cour de cassation, Rapport annuel 2007.<br />

76 Article L.4211-4 du code de la santé publique portant dérogation aux dispositions de l’article L.4211-1 du même code.<br />

77 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />

24<br />

maceutique connaît quelques dérogations dont la plus<br />

importante concerne les produits destinés à l’entretien<br />

des lentilles de contact » 75 . Le code de la santé publique<br />

permet en effet aux opticiens-lunetiers de les commercialiser<br />

aussi 76 .<br />

> Autres produits divers<br />

Pour être complet, il convient de mentionner comme<br />

autres produits les lunettes de sport, qui sont dévolues à<br />

la pratique sportive, ainsi qu’un ensemble d’autres accessoires<br />

pratiques ou cosmétiques qui accompagnent les<br />

produits d’optique répertoriés ci dessus.<br />

1.1.3. Les prix moyens des différents produits proposés sur le marché de<br />

l’optique français<br />

Entre janvier et septembre 2012, les ventes des différents produits se sont réparties comme l’indique la Figure 9.<br />

Figure 9 – Unités vendues entre janvier et septembre 2012 77<br />

Millions d’unités vendues<br />

(janv/sept. 2012)<br />

Verres de correction 26<br />

Lentilles 109,7<br />

Montures optiques 8,3<br />

Montures solaires 4,2<br />

Produits d’entretien 6,9


Les prix moyens constatés par l’institut GfK indiquent<br />

qu’entre janvier et septembre 2012, le prix moyen des<br />

verres de correction était de 94,1 euros, ce qui est très<br />

78 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />

79 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

80 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

similaire à ce que l’institut avait relevé pour le premier<br />

trimestre 2011. La Figure 10 le montre pour l’ensemble<br />

des produits.<br />

janv/sept 2011 janv/sept 2012<br />

Verres de correction 93,3 94,1<br />

Lentilles 2,4 2,4<br />

Montures optiques 125,6 121,4<br />

Montures solaires 98,3 98,2<br />

Figure 10 – Prix moyens constatés entre les mois de janvier et septembre 2011 et 2012 78<br />

Le marché de l’optique peut être approché en deux<br />

segments essentiels : l’amont, c’est à dire le niveau de<br />

production des dispositifs d’optique, et l’aval, c’est à<br />

dire le secteur de la distribution. Concernant l’amont, les<br />

acteurs, dominés par certains opérateurs (1.2.1.) interviennent<br />

sur différents types de produits, spécialement<br />

les montures (1.2.2.) et les verres correcteurs (1.2.3.).<br />

Le Conseil de la concurrence a distingué « au stade de la<br />

production, deux activités distinctes et complémentaires :<br />

l’activité de fabrication des verres et lentilles de contact<br />

d’un côté ; l’activité de fabrication des montures et des<br />

lunettes solaires et de protection de l’autre » 79 .<br />

Prix moyen (en euros)<br />

1.2. En amont : organisation et acteurs<br />

de la production<br />

L’essentiel de l’activité en France se concentre sur les<br />

verres, « catégorie de produit qui a généré plus des trois<br />

quarts des facturations des industriels en 2009 (hors<br />

lentilles) » 80 . Les verres correcteurs multifocaux représentent<br />

environ 70 % de la facturation. Les acteurs se<br />

segmentent par type de produit. Les adhérents du Syndicat<br />

des fabricants et fournisseurs d’optique de contact<br />

(SYFFOC) 81 fabriquent ainsi tous des lentilles et/ou des<br />

produits d’entretien pour lentilles, mais seul un parmi<br />

eux fabrique aussi des verres de lunettes. De la même<br />

manière, si Hoya et Zeiss fabriquent à la fois des verres<br />

et des lentilles, ce n’est pas le cas d’Essilor.<br />

81 Soit les groupes Alcon, A.m.o*, Bausch&Lomb, CibaVision, Coopervision, Europtic*, Horus Pharma, Johnson&Johnson, Vision Care – L.c.s,<br />

2M Contact*, Mark’ennovy Personnalized Care, Menicon, Ophtalmic, Precilens ; * ces groupes ne sont pas concernés, n’ayant pas de site<br />

internet disponible à la date de la recherche.<br />

25


82 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

83 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

26<br />

Montures<br />

Lunettes<br />

correctrices 2,9%<br />

18,3%<br />

3,4<br />

%<br />

> Un marché atomisé entre de nombreux acteurs<br />

Le marché amont est un marché très atomisé qui<br />

comprend de nombreux acteurs. Ainsi, en 2010, le secteur<br />

comprenait environ 364 établissements, soit environ 170<br />

établissements de moins qu’en 2000. Environ 60 % des<br />

entreprises du secteur étaient des très petites entreprises<br />

Lunettes solaires<br />

Figure 11 - Facturations industrielles d’optique-lunetterie en 2009 82<br />

75,4% Verres<br />

ophtalmiques<br />

1.2.1. Un marché atomisé mais dominé par quelques très gros acteurs<br />

(TPE), c’est à dire ayant moins de dix salariés, et plus de<br />

90 % avaient moins de 50 salariés. En 2010, le secteur<br />

employait environ 8 200 salariés, soit près de 4 000 de<br />

moins qu’en 2000. Environ 65 % d’entre eux travaillaient<br />

dans une entreprise de plus de 50 salariés 83 .


84 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

Etablissements Effectifs<br />

unités % unités %<br />

De 1 à 9 salariés 223 61,3 773 9,4<br />

De 10 à 49 salariés 109 29,9 2 129 26<br />

De 50 à 99 salariés 16 4,4 1 081 13,2<br />

De 100 à 199 salariés 6 1,6 810 9,9<br />

Plus de 200 salariés 10 2,8 340 41,5<br />

Total 364 100 8 201 100<br />

Figure 12 – La structure des établissements et des effectifs du marché amont 84<br />

> Un marché dominé par quelques acteurs et<br />

des suiveurs lointains<br />

En réalité, l’essentiel du marché s’organise autour de<br />

quelques acteurs principaux qui réalisent la majeure<br />

partie de la production 85 : Essilor pour les verres et<br />

Luxottica pour les montures. La dispersion du secteur<br />

est donc trompeuse : comme l’a récemment relevé l’Autorité<br />

de la concurrence pour le segment des verres, « cette<br />

> Un segment qui compte pour un quart du<br />

secteur de l’optique, dominé par une entreprise<br />

italienne<br />

Le marché de la fabrication de montures comprend à la<br />

fois la production de montures et celle des lunettes de<br />

soleil, la plupart des acteurs étant présents sur les deux<br />

atomicité explique pour partie la relative fragilité du tissu<br />

industriel ainsi que sa double polarisation, entre d’un<br />

côté les établissements les plus petits menacés par la<br />

concurrence des pays à faible coût de main d’œuvre et<br />

de l’autre, la réussite du leader mondial de la fabrication<br />

de verres, Essilor, du fait notamment de sa spécialisation<br />

sur des produits innovants » 86 .<br />

1.2.2. La fabrication de montures, un quart du secteur de l’optique<br />

activités. Il représentait environ 1,83 milliard d’euros<br />

en France en 2010, soit environ 25 % des ventes finales<br />

d’optique-lunetterie 87 (et 9 % pour les ventes de solaires).<br />

Ce marché est dominé au niveau mondial par le groupe<br />

italien Luxottica et son challenger Saffilo (filiale du<br />

groupe néerlandais Hal). Ces producteurs sont présents<br />

85 Autorité de la concurrence, avis n°10-A-11 du 7 juin 2010 relatif au conseil interprofessionnel de l’optique.<br />

Autorité de la concurrence, avis n°09-A-32 du 26 juin 2009 relatif à un accord dérogatoire aux délais de paiement dans le secteur de<br />

l’optique lunetterie ;<br />

Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.<br />

86 Autorité de la concurrence, avis n°10-A-11 du 7 juin 2010 relatif au conseil interprofessionnel de l’optique.<br />

87 GfK, Marché de l’optique : un marché français résistant en 2010 malgré une baisse du chiffre d’affaires par point de vente, 2011.<br />

27


sur le marché français où ils concurrencent une filière<br />

française principalement composée de très petites et<br />

moyennes entreprises 88 .<br />

Dans ce secteur, les entreprises opèrent selon deux<br />

modèles :<br />

− soit elles possèdent leurs propres marques et gèrent à la<br />

fois le design et la production ; et/ou<br />

− soit elles exploitent des licences, c’est à dire qu’elles<br />

ne prennent en charge que la production, pour le compte<br />

d’autres griffes, selon un cahier des charges précis.<br />

Luxottica est de loin le leader mondial du secteur avec un<br />

chiffre d’affaires supérieur à 6,2 milliards d’euros 89 , alors<br />

que son principal concurrent, Safilo, réalise un chiffre<br />

d’affaires de 1,1 milliard d’euros 90 .<br />

> Luxottica<br />

Fondé en 1961, Luxottica emploie plus de 65 000<br />

personnes et distribue ses montures dans plus de 130<br />

pays 91 . Le chiffre d’affaires du groupe est de 6,2 milliards<br />

d’euros en 2011, en progression constante depuis au<br />

moins 2007 (il était alors de 4,9 milliards d’euros).<br />

Le groupe poursuit depuis les années 1970 une stratégie<br />

d’intégration verticale : il assure ainsi la conception<br />

(design), la production et la distribution de ses produits,<br />

la vente en gros auprès de distributeurs indépendants et<br />

la vente au détail directement aux consommateurs finals<br />

à travers plusieurs enseignes d’optique.<br />

Au sein du groupe, la conception se caractérise par la<br />

détention de marques « en propre » et les nombreux<br />

contrats de licence dont il bénéficie. Luxottica possède<br />

ses marques, qui représentent 60 % des ventes (unités)<br />

depuis 2007 : c’est le cas, notamment, des marques Ray-<br />

Ban, Oakley, Persol ou Vogue qui bénéficient toutes d’une<br />

image positive et clairement identifiée auprès du public,<br />

qui en fait des leaders sur le marché. Luxottica a également<br />

signé de nombreux accords de licences avec des<br />

88 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

89 Luxottica, Luxottica Annual Report 2011, 2012.<br />

90 Safilo, Annual Report 2011, 2012.<br />

91 Sauf indications contraires, les informations suivantes sont tirés soit du rapport annuel (Luxottica, Luxottica Annual Report 2011, 2012) soit<br />

du site internet (www.luxottica.com) de Luxottica.<br />

92 Le Figaro, Le propriétaire de Ray-Ban s’offre les lunettes de Philippe Stark, 3 novembre 2012 ;<br />

L’Opticien lunetier, Luxottica a payé 90 millions d’euros pour Mikli, 3 décembre 2012.<br />

93 Les Echos, Après le rachat du français Alain Mikli, Luxottica vise la chaîne Salmoiraghi & Vigano en Italie, 5 novembre 2012.<br />

94 Sauf indications contraires, les informations suivantes sont tirées soit du rapport annuel (Safilo, Annual report 2011, 2012) soit du site<br />

internet (www.safilo.com) de Safilo.<br />

28<br />

stylistes et griffes de luxe pour la production et la distribution<br />

de leurs produits : parmi ces accords se retrouvent<br />

des marques phares très identifiées et bénéficiant d’une<br />

notoriété mondiale, telles que Chanel, Paul Smith, Polo<br />

Ralph Lauren, Bulgari, Burberry, Versace, Dolce Gabbana,<br />

Prada, etc.<br />

En 2011, Luxottica a produit 64,5 millions de montures et<br />

lunettes de soleil. Cette production se réalise principalement<br />

autour de deux plateformes : l’une en Italie pour les<br />

produits haut de gamme et l’autre en Chine (à l’exception<br />

des verres Oakley fabriqués en Californie).<br />

En matière de distribution, Luxottica est présent à la fois<br />

au niveau du marché de gros et du marché au détail. Le<br />

groupe détient 40 grossistes qui assurent le relai vers les<br />

réseaux de distribution, ainsi que son propre réseau de<br />

7 042 points de vente, qui réalisent 60 % de son chiffre<br />

d’affaires. Il exploite à ce titre les enseignes Lenscrafters<br />

et Pearle Vision, qui sont des acteurs majeurs du marché<br />

nord-américain, ainsi que le leader de la distribution de<br />

lunettes de soleil Sunglass Hut. Encore peu présent dans<br />

la distribution au détail en Europe, Luxottica entend s’y<br />

développer prochainement : il a ainsi acquis en 2012<br />

le fabricant Alain Mikli International, qui exploite les<br />

licences Philippe Starck, est l’actionnaire majoritaire<br />

de Vuarnet et détient trente-huit points de vente dans<br />

le monde 92 . Le groupe envisagerait d’investir dans l’enseigne<br />

italienne Salmoiraghi & Vigano qui possède plus<br />

de 500 points de vente dans la péninsule 93 .<br />

> Safilo<br />

Safilo, maison plus ancienne (1934) est le principal<br />

concurrent de Luxottica 94 et revendique une position<br />

de leader sur les produits dits « premium ». Le groupe<br />

réalise un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros, soit<br />

cinq fois inférieur à Luxottica.<br />

Safilo est détenu à 42,2 % par le groupe néerlandais Hal,


spécialisé dans la prise de participation dans des entreprises<br />

du secteur de l’optique. Ce groupe d’investissement<br />

contrôle aussi GrandVision (4 477 points de vente),<br />

GrandOptical ou la Générale d’<strong>Optique</strong> en France 95 et<br />

réalise un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros sur<br />

ce secteur.<br />

Le groupe Safilo poursuit lui aussi une stratégie d’intégration<br />

verticale, depuis la conception jusqu’à la distribution.<br />

En matière de conception, Safilo détient neuf marques<br />

en propre, comme Carrera ou Smith Optics, et exploite 27<br />

licences dont Dior ou Hugo Boss. Depuis 2012, le groupe<br />

opère une restructuration de son portefeuille à travers l’ac-<br />

> Luxottica / Safilo, éléments de comparaison<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

95 Hal, Annual report 2011, 2012.<br />

1,15<br />

3,5<br />

96 Acuité, Safilo : « nous allons nous concentrer sur les marques pertinentes », 10 octobre 2012.<br />

97 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />

quistion de Polaroid Eyewear et après la perte des licences<br />

Armani, Diesel et Valentino 96 .<br />

La production de Safilo se réalise à 40 % dans ses usines<br />

(trois en Italie, une en Chine, en Slovénie et aux Etats-<br />

Unis), le reste étant sous-traité principalement en Asie.<br />

Enfin, Safilo organise lui-même la distribution de ses<br />

produits, à travers un canal grossiste très largement majoritaire<br />

(93 % de la distribution) mais aussi, de manière plus<br />

marginale, à travers l’enseigne Solstice qui se positionne<br />

sur le segment du luxe et détient 150 points de vente aux<br />

Etats-Unis.<br />

5,2<br />

Safilo Hal Luxottica<br />

Figure 13 – Chiffre d’affaires 2008 en milliards d’euros des groupes Safilo / Hal et Luxottica 97<br />

29


100%<br />

90%<br />

80%<br />

70%<br />

60%<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10%<br />

0%<br />

98 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />

99 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />

30<br />

Safilo / Hal Luxottica<br />

Figure 14 – Répartition des chiffres d’affaires des groupes Safilo / Hal et Luxottica entre la distribution et la fabrication, en pourcentage 98<br />

7 000<br />

6 000<br />

5 000<br />

4 000<br />

3 000<br />

2 000<br />

1 000<br />

0<br />

275<br />

78%<br />

22%<br />

3 930<br />

60%<br />

40%<br />

Safilo Hal Luxottica<br />

Figure 15 – Nombre de points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 99<br />

6 216<br />

fabrication<br />

distribution


Luxottica<br />

Hal<br />

Safilo<br />

100 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />

101 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011<br />

Figure 16 – Répartition géographique des points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 100<br />

102 Le groupe existe sous ce nom depuis 1972.<br />

0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000<br />

> Un marché français largement importateur<br />

Le marché français importait 58 % des montures en 2010.<br />

Il existe néanmoins des petites et moyennes entreprises<br />

qui réalisent une production nationale, notamment dans le<br />

Jura, même si leur nombre a baissé de 30 % depuis 2000 101 .<br />

Parmi ces entreprises, il faut relever la présence de la<br />

103 Xerfi, Essilor – dynamique du groupe et de ses activités, environnement concurrentiel et perspectives stratégiques, 2012.<br />

États-Unis Europe<br />

Manufacture Cartier Lunettes, filiale du groupe Richemont,<br />

qui a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 20,6<br />

millions d’euros, bien inférieur aux principaux acteurs<br />

du secteur. Le groupe L’Amy, par ailleurs, qui a réalisé en<br />

2009 un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros, exploite<br />

les licences Columbia, Chloé ou Nina Ricci.<br />

1.2.3. La fabrication de verres : un segment qui absorbe les trois quarts de la<br />

valeur globale du secteur, dominé très largement par Essilor<br />

Le segment des verres représente près des trois quarts<br />

du secteur. Il est largement dominé par Essilor.<br />

> ESSILOR<br />

Essilor 102 , leader mondial de la fabrication de verres 103 ,<br />

intervient :<br />

i) dans la production et la distribution de verres correcteurs,<br />

ii) la production et la distribution de lunettes « readers »<br />

(prémontées) et iii) la production et la distribution d’équipement<br />

de production de verres.<br />

Présentation<br />

La chaîne de production des verres Essilor est intégrée.<br />

Comme le montre la Figure 17, Essilor possède des usines<br />

(dix-huit au total) qui produisent soit des verres finis ou<br />

semi-finis (dans cette dernière hypothèse seule la face<br />

avant est systématiquement surfacée et polie), qui sont<br />

par la suite envoyés vers les centres de distribution ou<br />

les laboratoires de prescription pour le traitement de la<br />

seconde face. Les opticiens se fournissent auprès de ces<br />

31


centres et laboratoires.<br />

La production de verres d’Essilor propose une gamme très<br />

large puisque le groupe est présent sur l’ensemble des<br />

corrections ainsi que sur les verres solaires. Ses princi-<br />

104 Site internet d’Essilor www.essilor.com.<br />

105 Le Figaro, Essilor : importante acquisition aux Etats-Unis, 16 décembre 2009.<br />

106 L’Usine nouvelle, Essilor rachète Satisloh, une équipementier de laboratoire, 16 août 2008.<br />

107 Essilor, Rapport d’activité 2011, 2012.<br />

32<br />

CENTRES<br />

DE<br />

DISTRIBUTION<br />

La division « Readers » du groupe produit à la fois des<br />

lunettes « de lecture » (prémontées) et des lunettes de<br />

soleil. Elle illustre bien la stratégie de diversification et<br />

d’intégration verticale d’Essilor. Le groupe s’est lancé sur<br />

le marché des lunettes de lecture en 2010 avec le rachat<br />

de FGX International 105 , qui a acquis son principal concurrent<br />

Stylemark en 2011, ainsi que les producteurs Polinelli<br />

en Italie et Sight Station au Royaume-Uni. Cette stratégie<br />

permet à Essilor de disposer de très importantes capacités<br />

de production et de marques nombreuses et connues dans<br />

le secteur des lunettes prémontées.<br />

Quant à la division « équipements », elle permet à Essilor,<br />

USINES<br />

OPTICIENS<br />

pales marques, qui bénéficient d’une notoriété certaine,<br />

sont Varilux (pour les verres progressifs), Crizal ou Optifog<br />

(verres antibuée).<br />

grâce au rachat de l’équipementier Satisloh en 2008, de<br />

proposer des machines de surfaçage et d’antireflet ainsi<br />

que des chaînes de production intégrées pour les laboratoires<br />

ou autres fabricants de verres 106 .<br />

Chiffres clés<br />

LABORATOIRES<br />

DE<br />

PRESCRIPTION<br />

Figure 17 – La chaîne de production intégrée d’Essilor 104<br />

En 2011, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires mondial<br />

de 4,19 milliards d’euros, dont 90,6 % dans le secteur des<br />

verres et matériel optique 107 . L’entreprise se révèle particulièrement<br />

dynamique puisqu’en 2006 son chiffre d’affaires<br />

n’était « que » de 2,69 milliards d’euros.


Stratégie<br />

108 Essilor, Rapport d’activité 2011, 2012.<br />

109 Essilor, Rapport d’activité 2011, 2012.<br />

110 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />

111 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

Readers<br />

5%<br />

Equipements<br />

4,4<br />

%<br />

Figure 18 – Chiffre d’affaires d’Essilor par activité 108<br />

Essilor semble aujourd’hui poursuivre une double stratégie<br />

d’expansion.<br />

La première est celle du développement international, les<br />

nouvelles acquisitions du groupe étant plutôt orientées<br />

vers d’autres zones que l’Europe (35 % du chiffre d’affaires)<br />

et l’Amérique du Nord (36 % du chiffre d’affaires) où le<br />

groupe est déjà très bien implanté : à titre d’exemple, en<br />

2011-2012, Essilor s’est implanté dans cinq nouveaux pays<br />

(République Dominicaine, Maroc, Tunisie, Kenya et Arabie<br />

Saoudite).<br />

La seconde orientation stratégique d’Essilor, comme les<br />

développements ci-dessus l’ont relevé, consiste à accroitre<br />

les domaines d’intervention et de compétences du groupe.<br />

Celui-ci a récemment mis l’accent sur les divisions<br />

« readers » et « équipements », qui ont crû respectivement<br />

de 20,2 % et 11,8 % en 2011 109 , dans un objectif de diversification<br />

de sa production, visant apparemment à couvrir<br />

90,6% Verres et<br />

matériels<br />

optiques<br />

l’ensemble de la gamme des produits « lunettes ».<br />

Dans une volonté de différenciation par l’innovation, le<br />

groupe concentre par ailleurs ses efforts sur la recherche<br />

et l’innovation, auxquelles il a consacré 150 millions d’euros<br />

en 2011. Le directeur marketing stratégique d’Essilor<br />

explique ainsi que « la création d’une nouvelle catégorie<br />

de verres est l’un de nos deux leviers de croissance (…) »,<br />

l’autre consistant « à personnaliser les catégories existantes,<br />

par exemple pour des usages spécifiques, comme<br />

le travail sur l’ordinateur » 110 .<br />

L’ensemble de ces développements relève d’un renforcement<br />

de la stratégie d’intégration verticale du groupe, à la<br />

fois en amont (division équipements, acquisition d’usine<br />

– Shamir Optical en 2011 111 –, etc.) et en aval (acquisition<br />

de laboratoires et centres de prescription, comme Imperial<br />

Eyewear).<br />

33


ZEISS<br />

Présentation<br />

Le groupe allemand Zeiss est spécialisé dans plusieurs<br />

domaines, dont i) les semi-conducteurs (33 % du chiffre<br />

d’affaires), ii) les produits ophtalmiques (20 %), iii) l’imagerie<br />

médicale (20 %), iv) les microscopes (10 %), v) les appareils<br />

de mesures industrielles (9 %) et vi) la business unit<br />

« consumer optics » qui regroupe les objectifs d’appareils<br />

photographiques et l’optique du sport (8 %) 112 . La division<br />

« Vision care » est celle qui produit des verres.<br />

900<br />

890<br />

880<br />

870<br />

860<br />

850<br />

840<br />

830<br />

820<br />

Stratégie<br />

Le groupe Zeiss poursuit, comme ses deux principaux<br />

concurrents, une stratégie d’intégration verticale. Dans la<br />

production de verre, il est ainsi présent à la fois au niveau<br />

de la production et la distribution de ses produits. A titre<br />

d’exemple, en France, il détient trois sites : un site de<br />

production de verres à Fougères, qui est son deuxième site<br />

de production le plus important ; à Aubergenville, qui est<br />

un site spécialisé dans le montage des verres ; et à Paris,<br />

112 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />

113 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />

114 Ouest-France, Carl Zeiss croit aux verres de lunettes bretons, 18 février 2012.<br />

115 Ouest-France, Carl Zeiss tourné vers les verres haut de gamme, 26 avril 2011.<br />

116 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />

117 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />

118 Ouest-France, Carl Zeiss tourné vers les verres haut de gamme, 26 avril 2011 ;<br />

Ouest-France, Carl Zeiss croit aux verres de lunettes bretons, 18 février 2012.<br />

34<br />

Chiffres clés<br />

Le chiffre d’affaires du groupe, qui a plus que doublé en<br />

trois ans (+102 % environ), a atteint 4,24 milliards d’euros<br />

en 2010 – 2011 113 . La division « Vision Care » a réalisé un<br />

chiffre d’affaires de 849 millions d’euros en 2010 – 2011.<br />

En 2011, la société Carl Zeiss Vision a réalisé en France un<br />

chiffre d’affaires de 85 millions d’euros 114 et ses produits<br />

étaient distribués dans 2 800 points de vente 115 .<br />

2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011<br />

Figure 19 – Chiffre d’affaires de la division « Vision care » de Zeiss en millions d’euros 116<br />

où se trouvent le siège social et la distribution. Au niveau<br />

mondial, cette intégration se traduit par la présence du<br />

groupe dans plus de 30 pays, avec 33 usines de production<br />

et 50 sites de distribution (dont 27 en Europe) 117 .<br />

Afin d’entamer les parts de marché d’Essilor, le groupe Zeiss<br />

semble s’orienter vers une stratégie « haut de gamme »,<br />

en proposant des produits plus performants (comme des<br />

verres à teinte « automatique ») et en mettant en avant, en<br />

France, le label « 100 % made in France » 118 .


HOYA<br />

Présentation<br />

L’activité du groupe Hoya s’organise autour de deux pôles,<br />

l’un dédié à l’imagerie et l’électronique et l’autre à la santé<br />

et au médical, qui se consacre notamment à la production<br />

et la distribution de verres et lentilles ophtalmiques.<br />

La production de verres ophtalmiques, qui représente 25 %<br />

du chiffre d’affaires total du groupe 119 , est assurée dans<br />

ses usines avant que les produits ne soient envoyés dans ses<br />

laboratoires de prescription puis distribués aux opticiens 120 ,<br />

soit indirectement par des centrales d’achat soit directement<br />

(notamment par le canal Internet). Le groupe Hoya<br />

produit aussi des lentilles de contact, qu’il distribue pour<br />

partie dans ses 180 points de vente Eyecity au Japon 121 .<br />

Chiffres clés<br />

S’il est l’un des principaux concurrents du groupe Essilor,<br />

Hoya réalise cependant un chiffre d’affaires inférieur,<br />

119 Les Echos, Hoya : le rival d’Essilor a l’Europe en ligne de mire, 9 juin 2011.<br />

120 Les Echos, <strong>Optique</strong> : l’usine thaïlandaise d’Hoya à Ayutthaya va redémarrer en avril, 25 janvier 2012.<br />

121 Hoya, Annual report 2011 : onwards and upwards, 2011.<br />

122 Les Echos, Hoya : le rival d’Essilor a l’Europe en ligne de mire, 9 juin 2011.<br />

d’environ 1,03 milliard d’euros (dont un quart pour la<br />

production de verres ophtalmiques).<br />

Stratégie<br />

Hoya poursuit sa stratégie d’expansion internationale, en<br />

se tournant vers les marchés émergents (+20 % d’activité<br />

en 2011) mais aussi sur ceux où le groupe est déjà bien<br />

implanté. Le groupe, qui réalise déjà 45 % de ses ventes<br />

de verres en Europe (le continent constitue son premier<br />

marché) souhaite concurrencer Essilor sur ce continent en<br />

passant de 16 % de part de marché aujourd’hui à 20 % en<br />

2015 122 (en France, Hoya représenterait 13 % de parts de<br />

marché). Pour y parvenir, Hoya met l’accent sur l’élargissement<br />

de son offre de produits et propose ainsi des verres<br />

d’entrée de gamme, dans un contexte de concentration des<br />

grandes chaînes de distribution.<br />

1.3. En aval : les principaux canaux de<br />

distribution d’optique en France<br />

Le segment aval du marché de l’optique en France, reposant<br />

sur la profession d’opticien (1.3.1.), s’appuie sur<br />

1.3.1. Le métier d’opticien<br />

> Présentation générale<br />

La profession d’ « opticien-lunetier » est une profession<br />

dont l’exercice est encadré par le code de la santé<br />

publique qui pose un certain nombre de contraintes<br />

réglementaires (article L.4362-1 et suivants).<br />

Il est nécessaire, pour l’exercer, de détenir un brevet de<br />

technicien supérieur (BTS) opticien-lunetier (BTSOL), qui<br />

s’obtient à l’issue d’une formation en deux ans, ou un<br />

brevet professionnel d’opticien-lunetier (article L.4362-2<br />

plusieurs enseignes, opérant par le biais de boutiques<br />

(1.3.2.) ou du canal de distribution Internet (1.3.2.).<br />

du code de la santé publique). Les opticiens-lunetiers<br />

sont soumis à une obligation linguistique et à celle de<br />

connaître les « systèmes de poids et mesures utilisés en<br />

France » (article L.4362-8 du code de la santé publique).<br />

En outre, l’opticien doit « se faire enregistrer auprès du<br />

service ou de l’organisme désigné », c’est-à-dire auprès<br />

de la Direction départementale de l’assistance sanitaire<br />

et sociale (DDASS) ou de la Caisse régionale d’assurance<br />

maladie notamment. Un opticien ne peut être enregistré<br />

que dans un seul département.<br />

35


Seuls les détenteurs d’un diplôme d’opticien-lunetier sont<br />

habilités à ouvrir un point de vente, puisque « les établissements<br />

commerciaux dont l’objet principal est l’optiquelunetterie,<br />

leurs succursales et les rayons d’optiquelunetterie<br />

des points de vente ne peuvent être dirigés ou<br />

gérés que par une personne remplissant les conditions<br />

requises pour l’exercice de la profession d’opticien-lunetier<br />

» (article L.4362-9 du code de la santé publique).<br />

Si la discussion du projet de loi renforçant les droits, la<br />

protection et l’information des consommateurs, en 2011,<br />

avait un temps envisagé de lever cette restriction, le<br />

texte final n’a pas retenu cette option. La jurisprudence<br />

communautaire a pourtant déjà eu l’occasion de rappeler<br />

123 Cour de justice de l’Union européenne, arrêt du 21 avril 2005, Commission contre Grèce Aff. C-140/03.<br />

La Cour conclut qu’ « en adoptant et en maintenant en vigueur la loi n° 971/79 et la loi n° 2646/98, développement du système<br />

national de soins sociaux et autres dispositions, qui subordonnent la possibilité pour une personne morale d’ouvrir un magasin<br />

d’optique en Grèce aux conditions : (i) que l’autorisation de créer et d’exploiter le magasin d’optique soit délivrée au nom d’un opticien<br />

personne physique agréé, que la personne qui possède l’autorisation d’exploiter le magasin participe à raison de 50 % au moins au<br />

capital de la société ainsi qu’à ses bénéfices et pertes, que la société ait la forme d’une société en nom collectif ou d’une société en<br />

commandite, et (ii) que l’opticien en cause fasse partie de tout au plus une autre société propriétaire d’un magasin d’optique à la<br />

condition que l’autorisation de créer et d’exploiter le magasin soit délivrée au nom d’un autre opticien agréé, la République hellénique<br />

a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu des articles 43 CE et 48 CE ».<br />

124 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

125 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

36<br />

qu’une législation nationale (grecque en l’occurrence) ne<br />

pouvait réserver la gestion ni la direction d’un magasin<br />

d’optique-lunetterie aux seules personnes titulaires d’un<br />

diplôme d’opticien 123 .<br />

> Démographie de la profession en France<br />

La population d’étudiants en optique n’a cessé de croître<br />

depuis les dernières années, passant ainsi de 1 175 diplômés<br />

en 2004 à 2 480 en 2011, soit une augmentation de<br />

plus de 110 %. De la même manière, le nombre de praticiens<br />

est passé de 15 141 en 2004 à 23 307 en 2010, soit<br />

une augmentation supérieure à 50 % 124 .<br />

2004 2010/2011<br />

Diplômés du BTS opticien-lunetier 1 175 2 480<br />

Opticiens occupés actifs 15 141 23 307<br />

Figure 20 – Nombre de diplômés et d’opticiens en activité en 2004 et 2010/2011 125


3 000<br />

2 500<br />

2 000<br />

1 500<br />

1 000<br />

500<br />

0<br />

25 000<br />

20 000<br />

15 000<br />

10 000<br />

5 000<br />

0<br />

2004<br />

2004<br />

2005<br />

126 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

127 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Figure 21 – Evolution du nombre de jeunes diplômés au BTSOL entre 2004 et 2011 126<br />

2005<br />

2006<br />

2006<br />

2007<br />

2007<br />

2008<br />

2008<br />

2009<br />

2010<br />

2009<br />

2011<br />

Opticiens actifs occupés<br />

Opticiens demandeurs d’emploi<br />

Figure 22 – Évolution conjointe du nombre d’opticiens actifs occupés et du nombre d’opticiens demandeurs d’emploi entre 2004 et 2011 127<br />

2010<br />

37


1.3.2. Les points de vente « en dur » de produits d’optique en France<br />

> Présentation générale<br />

En septembre 2012, la France comptait 11 422 points<br />

de vente d’optique 128 , sensiblement plus qu’en 2000<br />

puisqu’à l’époque il y avait 7 800 points de vente 129 .<br />

Les points de vente comptent en moyenne 2,5 personnes<br />

(gérants inclus) 130 , en décrue continue depuis 2004<br />

(3,3 personnes cette année là) 131 . Le chiffre d’affaires<br />

moyen par personne serait d’environ 151 560 euros 132 . En<br />

moyenne, un opticien est propriétaire de 1,58 points de<br />

Fonds de commerce<br />

Agencement<br />

Stock<br />

Atelier<br />

Informatique<br />

Publicité<br />

Total<br />

128 GfK, Note regards, données à fin mars 2012.<br />

129 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

130 Bien vu, Créer, reprendre un point de vente, 12 mois pour s’installer, Hors série 2010-2011.<br />

131 Bien vu, L’observatoire de l’optique, Hors série 2010.<br />

132 Bien vu, L’observatoire de l’optique, Hors série 2010.<br />

133 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

134 INSEE, Fiche sectorielle de l’enquête annuelle d’entreprise dans le commerce 2006, Activité de détail et activités assimilées 524T optique,<br />

photographie.<br />

135 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

38<br />

vente en 2010 (contre 1,65 en 2002) 133 .<br />

La superficie moyenne des points de vente s’étale entre<br />

20 et 120 m2 pour 85 % des points de vente 134 .<br />

> Eléments financiers des points de vente<br />

d’optique<br />

L’ouverture d’un point de vente d’optique coûte environ<br />

403 000 euros, l’essentiel de ce montant étant constitué<br />

par l’achat du fonds de commerce (61 %).<br />

euros %<br />

245 000 61<br />

90 500 22<br />

30 500 8<br />

28 000 7<br />

7 500 2<br />

1 500 0<br />

403 000 100<br />

Figure 23 – Coût d’ouverture d’un point de vente d’optique par poste, en euros et en pourcentage du total 135


L’accès aux principaux réseaux est évidemment soumis<br />

à un certain nombre de critères, dont des droits d’entrée<br />

Afflelou<br />

Générale d’optique<br />

Grand optical<br />

Lissac opticien<br />

Lynx optique<br />

Optical Center<br />

Droits d’entrée<br />

(euros)<br />

Le baromètre des ventes et cessions de fonds de commerce<br />

analysant les annonces publiées au Bulletin officiel des<br />

annonces civiles et commerciales (Bodacc) du 1 er janvier<br />

2008 au 31 décembre 2011 relevait qu’en 2011, le prix<br />

moyen des ventes et cessions de fonds de commerce en<br />

France était très légèrement supérieur à 187 900 euros 137<br />

(puis à 179 000 euros au premier semestre 2011 138 ).<br />

Il constatait que « c’est le commerce de soins de la<br />

personne qui conserve les niveaux de prix les plus élevés<br />

avec des transactions qui se maintiennent aux environs<br />

Figure 24 – Conditions d’entrée dans les principaux réseaux 136<br />

136 Bien vu, Parcours de l’entrepreneur, Hors série 2007, cité dans Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréée,<br />

Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

137 Premier ministre – direction de l’information légale et administrative, Bodacc.fr, Altares, Baromètre ventes et cessions des fonds de<br />

commerce (bâtiment, commerce, industrie ou services) – annonces publiées au Bodacc du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2011, 2012.<br />

138 Altares, Malgré la crise, les fonds de commerce se vendent bien, septembre 2011.<br />

qui s’étalent entre 8 000 et 50 000 euros pour les principaux<br />

réseaux.<br />

Droits<br />

( % CA)<br />

Redevances<br />

publicitaires<br />

( % CA)<br />

50 000 4,14 / 3<br />

15 000 4 6 5<br />

25 000 3,5 à 4,5 7,5 5<br />

12 500 2,25 4 5<br />

12 000 / 3 5<br />

15 000 10 / 9<br />

Durée du contrat<br />

(années)<br />

de 300 000 euros dans l’optique et au-delà de 1,2 million<br />

d’euros pour les pharmacies ». Au premier semestre 2011,<br />

les points de vente d’optique étaient les quatrièmes fonds<br />

les plus chers (286 000 euros), derrière les pharmacies<br />

(1,2 million d’euros en moyenne), les terrains de camping<br />

(378 000 euros en moyenne) et les hôtels (333 000 euros<br />

en moyenne) 139 .<br />

En 2009, le chiffre d’affaires moyen par point de vente<br />

était de 720 000 euros pour les points de vente relevant<br />

de l’exploitation par des enseignes et de 370 000 euros<br />

139 Premier ministre – direction de l’information légale et administrative, Bodacc.fr, Altares, Ventes et cessions des fonds de commerce<br />

(bâtiment, commerce, industrie ou services) – annonces publiées sur le premier semestre 2011, 2011.<br />

39


pour celles relevant des centrales 140 . Au total, en 2012,<br />

le chiffre d’affaires moyen pour l’ensemble des points<br />

de vente était approximativement de 501 000 euros 141 .<br />

Selon une étude de l’Union de la profession comptable et<br />

> Les principales enseignes (généralités)<br />

Les points de vente d’optique se répartissent en plusieurs<br />

catégories.<br />

Un peu plus de la moitié de ces points de vente (55 %)<br />

140 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011 ;<br />

L’étude précitée de Bien Vu (2010) retient cependant un chiffre d’affaires moyen de 374 682 euros environ.<br />

141 GfK, Note regards, données à fin mars 2012.<br />

142 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

143 Bien vu, L’observatoire de l’optique, Hors série 2010.<br />

144 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

40<br />

Cotisations<br />

sociales 7%<br />

Charges de<br />

personnel 13%<br />

Achats 37%<br />

Impôts et<br />

taxes 2%<br />

des organismes de gestion agréés « le métier d’opticien<br />

figure parmi les professions commerciales les plus rémunérées<br />

en France » 142 .<br />

Amortissements<br />

4%<br />

1% Coûts<br />

financiers<br />

16% Frais<br />

généraux<br />

Figure 25 – Répartition du chiffre d’affaires moyen d’un point de vente d’optique en 2009 143<br />

20% Résultat<br />

courant<br />

sont des indépendants, dont l’approvisionnement se fait<br />

à travers des centrales d’achat ou de référencement. Les<br />

principales centrales sont Alliance <strong>Optique</strong>, La Centrale<br />

des opticiens, Optalor, Luz, Rev 144 .


Centrales<br />

Enseignes<br />

dont Groupements coopératifs<br />

Franchises<br />

Mutualistes<br />

Succursales<br />

Les autres points de vente (45 %) sont exploités sous<br />

enseignes franchisées, détenus en propre par la tête<br />

de réseau (des « succursalistes » 146 ) ou relevant des<br />

réseaux mutualistes ou de groupements coopératifs 147 .<br />

Certains relèvent exceptionnellement de la catégorie<br />

des « superoptiques », qui sont « caractérisés par de très<br />

grandes superficies de vente, sur le modèle des grandes<br />

surfaces. Ces points de vente appartiennent à des investisseurs<br />

financiers souvent issus de la grande distribution<br />

» 148 . Les chaines détenant des succursales bénéficient<br />

généralement d’une offre de produits large et de<br />

145 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Enseignes<br />

55 %<br />

45 %<br />

25 %<br />

10 %<br />

Figure 26 – Répartition des points de vente d’optique par catégorie 145<br />

services rapides et efficaces. Les franchisés exploitent<br />

leurs points de vente sous l’enseigne du réseau de tête,<br />

auquel ils sont liés par contrat. Les groupements coopératifs<br />

fonctionnent sur la base d’une adhésion des opticiens,<br />

les membres étant à la fois les actionnaires et les<br />

clients de ces sociétés. Enfin, les réseaux mutualistes<br />

se démarquent par le lien qu’ils entretiennent avec des<br />

complémentaires de santé, facilitant la prise en charge<br />

des consommateurs. Leur intention est clairement de se<br />

développer, les mutuelles espérant ainsi mieux maîtriser<br />

leurs dépenses.<br />

146 Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.<br />

147 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

148 Conseil de la concurrence, avis n°99-A-17 du 17 novembre 1999 relatif à la mise en œuvre de remboursements différenciés en matière<br />

d’optique et à la question de la communication des conventions signées entre mutuelles et opticiens.<br />

5 %<br />

5 %<br />

41


La proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins a été adoptée<br />

en première lecture par les députés le 28 novembre 2012 149 .<br />

L’établissement d’un réseau de soins conduit les organismes complémentaires d’assurance maladie (« OCAM »)<br />

à proposer un meilleur remboursement à leurs adhérents si ceux-ci se rendent chez des praticiens agréés (par<br />

les OCAM). Ces réseaux sont particulièrement présents dans l’optique, le dentaire et les prothèses auditives, où<br />

les OCAM assurent la plus grande partie de la prise en charge.<br />

L’objectif de la proposition de loi est « de permettre aux mutuelles de jouer pleinement leur rôle de régulateur<br />

du secteur en leur donnant la possibilité d’être des acteurs de la négociation entre l’offre et la demande de<br />

soins. En ce sens, cette proposition de loi vise donc à acter la possibilité pour les mutuelles d’instaurer des<br />

différences dans le niveau des prestations lorsque l’assuré choisit de recourir à un professionnel de santé, un<br />

établissement de santé ou un service de santé membre d’un réseau de soins ou avec lequel les mutuelles ont<br />

conclu un contrat comportant des obligations en matière d’offre de soins ».<br />

Elle vise en outre à élargir l’accès aux soins, que permettrait une diminution du reste à charge pour le patient<br />

(de 40 % en 2 ans selon la MGEN) 150 et d’une meilleure maîtrise des coûts des mutuelles. Ces réseaux devraient<br />

mieux satisfaire les consommateurs, estiment les promoteurs du projet : 81 % des acheteurs de lunettes auprès<br />

d’un opticien membre d’un réseau se déclareraient satisfaits, contre 71 % de satisfaits pour l’ensemble des<br />

porteurs de lunettes 151 .<br />

Le texte, qui fait toujours l’objet de critiques, a été amendé pour rappeler que « la convention ne peut<br />

comprendre aucune stipulation portant atteinte au droit fondamental de chaque patient au libre choix du<br />

professionnel, de l’établissement ou du service de santé » 152 . Un récent sondage confirme d’ailleurs l’attache-<br />

ment des consommateurs à leur liberté de choix puisque la part des consommateurs informés de l’existence<br />

d’un réseau mais ayant tout de même choisi un praticien « hors réseau » est passée de 19 % à 39 % entre 2010<br />

et 2012. Ainsi, 57 % des personnes interrogées préfèrent pouvoir choisir n’importe quel opticien même si cela<br />

implique un remboursement 20 % supérieur 153 .<br />

149 Assemblée nationale, Proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins, n°296, 16 octobre 2012.<br />

150 Le Figaro, Pourquoi les réseaux de soins suscitent la polémique ? 28 novembre 2012.<br />

151 La Tribune, Qui dit vrai sur les réseaux de soins ? 27 novembre 2012.<br />

152 La Tribune, Les réseaux de soins des mutuelles seront-ils limités à l’optique et au dentaire ? 21 novembre 2012.<br />

153 La Tribune, Qui dit vrai sur les réseaux de soins ? 27 novembre 2012.<br />

42<br />

Figure 27 – Proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins, 16 octobre 2012


Chaines<br />

Optical Center<br />

Grand Optical<br />

Générale d’optique<br />

Lissac<br />

Total<br />

154 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

155 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

156 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Franchises<br />

Afflelou<br />

Grand Optical<br />

Générale d’<strong>Optique</strong><br />

Lissac<br />

Lynx<br />

Groupements<br />

coopératifs<br />

Atol<br />

Krys<br />

Optic 2000<br />

Vision originale<br />

Vision Plus<br />

Figure 28 – Principales enseignes par catégorie 154<br />

Figure 29 – Exploitation des points de vente d’optique par les centrales et les enseignes 156<br />

157 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

Mutuelles<br />

Les opticiens<br />

mutualistes<br />

Les points de vente sous enseigne réalisent cependant 62 % du chiffre d’affaires du secteur, contre 38 % pour les<br />

centrales 155 .<br />

Nombre de têtes de réseau<br />

Points de vente<br />

Chiffre d’affaires total (milliards d'euros)<br />

Chiffre d’affaires moyen par point de vente<br />

(milliers d'euros)<br />

Enseignes Centrales<br />

25 11<br />

6 000 7 100<br />

4,3 2,6<br />

720 370<br />

Le marché a par ailleurs vu apparaître des points de vente dits « low-cost » (dont la Générale d’optique), dont le développement<br />

est encore en plein essor et donc difficile à évaluer correctement 157 .<br />

43


Les principales enseignes, détail par enseigne<br />

GUILDINVEST (« GROUPE KRYS »)<br />

Le groupe Guildinvest est un groupe d’achat, généralement<br />

plus connu pour son enseigne Krys, bien qu’il<br />

regroupe aussi les enseignes VisionPlus, Lun’s (spécialisée<br />

dans l’optique low-cost) et Lynx <strong>Optique</strong>. Il compte<br />

800 collaborateurs et plus de 1 350 points de vente 158 ,<br />

dont 98 % sont situés en France 159 .<br />

Krys, créé en 1967, est un groupement coopératif d’opticiens,<br />

qui s’organise autour d’une centrale d’achat européenne,<br />

Garro (plus de 5 500 points de vente, dont ceux<br />

de l’italien Kentral et de l’espagnol Cione 160 ), créée pour<br />

contrebalancer le pouvoir du fournisseur Luxottica.<br />

158 Consultation du site www.krys-group.com.<br />

159 Les Echos, Krys a fait mieux que le marché de l’optique en 2010, 16 mars 2011.<br />

160 Les Echos, Alliance au sommet pour les numéros de l’optique français, italien et espagnol, 22 mars 2010.<br />

161 LSA, Krys met en scène Alain Delon et quatre autres stars, 4 novembre 2011.<br />

162 Consultation du site www.krys.com.<br />

44<br />

Figure 30 – Campagne de publicité Krys (2011) 161<br />

Figure 31 – Campagne de publicité Krys (2012) 162<br />

L’objectif du groupe Krys est de proposer aux opticiens<br />

adhérents quatre enseignes qui couvrent l’ensemble des<br />

gammes, notamment depuis l’ouverture de son enseigne<br />

« low cost » (Lun’s). Son enseigne la plus connue est<br />

évidemment Krys, qui réalisait en 2009 un chiffre d’affaires<br />

de 650 millions d’euros. La marque a une forte<br />

notoriété, entretenue par des campagnes de publicité<br />

très médiatiques, faisant appel à des personnalités<br />

bien connues du grand public (Alain Delon, Jane Birkin,<br />

Lambert Wilson, etc.)


Le groupe propose aussi une offre en ligne, avec un site<br />

qui reprend les modèles des grands distributeurs (type<br />

« FNAC » ou « Darty »). Le passage en point de vente est<br />

cependant nécessaire pour les réglages finaux 163 .<br />

Le groupe Krys détient par ailleurs la centrale d’achat<br />

Guildinvest<br />

Krys<br />

Vision Plus<br />

1964<br />

1967<br />

1982<br />

2002<br />

2003<br />

2005<br />

2008<br />

Lynx <strong>Optique</strong><br />

Lun’s<br />

CDO<br />

163 Les Echos, Des lunettes bien Net, 1 er septembre 2011.<br />

164 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

165 Consultation du site www.krys-group.com, à l’exception de CDO.<br />

Figure 32 – Dates clés du groupe Krys 165<br />

Figure 33 – Chiffres clés du groupe Krys 166<br />

Acuité, Guildinvest : un chiffre d’affaires de 704 millions d’euros en 2003, 20 avril 2004.<br />

« Centrale des opticiens » (ou « CDO »), à destination d’opticiens<br />

indépendants qui représente près de 2 000 points<br />

de vente. CDO réaliserait un chiffre d’affaires d’environ 9,5<br />

millions d’euros 164 .<br />

Création des « grands lunetiers de France »<br />

Création de Krys<br />

Création de Vision Plus<br />

Acquisition CDO<br />

Acquisition de Lynx <strong>Optique</strong><br />

Création de la centrale d’achat Garro<br />

Création de Lun’s<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

905<br />

650<br />

118<br />

90<br />

9,2<br />

Points de vente<br />

1 350<br />

166 Pour Guildinvest et CDO, chiffre d’affaires 2010 : Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011 ;<br />

Pour les autres, chiffres d’affaires 2009 : Les Echos, Krys Group se réorganise et développe une enseigne low cost, 23 septembre 2010.<br />

846<br />

330<br />

132<br />

25<br />

1 983<br />

45


OPTIC 2000<br />

Le groupe Optic 2000 est l’un des leaders de la distribution<br />

d’optique en France avec ses enseignes Optic 2000<br />

et Lissac, acquise en 2005.<br />

Si une partie des points de vente utilise l’enseigne Optic<br />

2000 et que d’autres, plus minoritaires, ne le font pas, ils<br />

s’approvisionnent tous auprès de la centrale d’achat Gadol<br />

qui s’occupe de la distribution et de la communication<br />

des points de vente indépendants<br />

167 . Le groupe fonctionne<br />

ainsi comme une coopérative au<br />

sein de laquelle chaque adhérent<br />

à une voix. Toutefois, le groupe<br />

de tête du réseau semble avoir<br />

Depuis l’acquisition de Lissac, le groupe développe<br />

des points de vente en franchise et semble chercher de<br />

nouveaux relais de croissance, notamment sur le marché<br />

des prothèses auditives (Audio 2000) et du haut de gamme<br />

167 Les Echos, L’optique : secteur précurseur de l’avenir de la franchise, 13 novembre 2009.<br />

168 Consultation du site www.optic2000.com.<br />

169 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

170 Le Figaro, Johnny Hallyday – Optic 2000 : les vraies raisons du divorce, 24 mai 2012.<br />

171 Le Figaro, Optic 2000 mise sur Lissac et Audio 2000, 27 septembre 2012.<br />

46<br />

Figure 34 – Campagne de publicité Optic 2000<br />

une grande influence puisqu’il détermine la politique de<br />

la marque qu’il possède, de l’agencement des points de<br />

vente etc. 168 .<br />

La communication du groupe est particulièrement offensive<br />

et il est d’ailleurs l’un des premiers annonceurs du secteur<br />

de l’optique : les investissements publicitaires représenteraient<br />

plus de 3 % de son chiffre d’affaires 169 . Jusqu’en 2012,<br />

c’est le chanteur Johnny Hallyday<br />

qui assurait la promotion de la<br />

marque, dans des publicités<br />

connues du grand public 170 .<br />

que représente l’enseigne Lissac 171 .<br />

A ce jour, Optic 2000 offre la possibilité d’essayer des<br />

montures en ligne et de les réserver.


1962<br />

1969<br />

1999<br />

2005<br />

Groupe Optic 2000<br />

(ensemble du réseau)<br />

Lissac<br />

172 Consultation du site www.optic2000.com.<br />

173 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Création du « groupement d’achats des opticiens lunetiers »<br />

Création d’Optic 2000<br />

Création d’Audio 2000<br />

Acquisition de Lissac<br />

Figure 35 – Dates clés du groupe Optic 2000 172<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

1 018<br />

110<br />

Figure 36 – Chiffres clés du groupe Optic 2000 173<br />

Points de vente<br />

1 581<br />

200<br />

47


GROUPE ALL (ALLIANCE OPTIQUE)<br />

Alliance <strong>Optique</strong> est récent, puisqu’il est né en 2010 d’un<br />

rapprochement entre Alliance <strong>Optique</strong> et REV. Ce groupe,<br />

qui se présente comme le premier groupement d’opticiens<br />

indépendants (sans franchise ni unique enseigne), est une<br />

centrale d’achat qui offre à ses 1 830 adhérents (soit 1 670<br />

points de vente en France) des services et un accompagne-<br />

1998<br />

2010<br />

174 Consultation du site www.allianceoptique.fr.<br />

175 Consultation du site www.groupeall.fr.<br />

176 Acuité, Avec REV pour créer une force indépendante, 1 er février 2010.<br />

177 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

48<br />

Création d’Alliance <strong>Optique</strong><br />

ment large (formation, communication, etc.) 174 . Le groupe<br />

semble accorder une plus grande liberté à ses membres<br />

qui répondent moins à une politique commerciale unique.<br />

Il leur offre cependant la possibilité d’adopter l’enseigne<br />

« Les opticiens libres » 175 .<br />

Le groupe n’est pas présent dans la vente en ligne.<br />

Création du groupe All par acquisition du contrôle de REV<br />

Figure 37 – Dates clés du groupe All 176<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

Groupe ALL (France) 653 1 670<br />

Figure 38 – Chiffres clés du groupe All 177<br />

Points de vente


GROUPE HAL<br />

Le groupe néerlandais Hal, qui est aussi l’actionnaire<br />

principal de Safilo, détient le groupe GrandVision, issu<br />

de la fusion en 2010 entre l’américain Pearle Europe et le<br />

français GrandVision 178 . Groupe international, GrandVision<br />

Grand optical<br />

1989<br />

1990<br />

1991<br />

Solaris<br />

Générale<br />

d’optique<br />

1992<br />

1993<br />

1994<br />

Son objectif global est de se positionner comme le principal<br />

concurrent de Luxoticca, à travers une stratégie<br />

d’intégration verticale : Hal détient d’ailleurs, outre son<br />

réseau de distribution de détail, le fabricant de monture<br />

et principal concurrent du leader italien, Safilo.<br />

GrandVision possède en France les enseignes Grand<br />

Optical, Générale d’<strong>Optique</strong> et Solaris 181 . Chacune des<br />

enseignes possède des points de vente en propre mais<br />

aussi exploités en franchise. L’objectif du groupe en<br />

178 Hal Trust, Annual report 2011.<br />

Pearle<br />

+ vision<br />

1995<br />

1996<br />

1997<br />

179 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

180 Consultation du site www.grandvision.com.<br />

Apolo<br />

Avanzi<br />

Vision express<br />

Figure 39 – Principales acquisitions du groupe GrandVision 180<br />

181 Consultation des sites www.generale-optique.com et www.grandvision.com.<br />

182 Les Echos, GrandVision fusionne avec le néerlandais Pearle, 12 juillet 2010 ;<br />

Consultation du site www.grandoptical.com.<br />

183 Les Echos, GrandVision fusionne avec le néerlandais Pearle, 12 juillet 2010.<br />

possède plus de 4 600 points de vente à travers le monde<br />

(dans une quarantaine de pays) 179 et se positionne comme<br />

le leader européen et le numéro deux mondial de l’optique<br />

de détail 182 .<br />

SuperOptyk<br />

Eyewish<br />

Multioptical<br />

1998<br />

1999<br />

2000<br />

2001<br />

2002<br />

I92OPS<br />

Brilleland<br />

Synoptik<br />

Visual<br />

RotterKrausss<br />

Visilab<br />

Interoptik Lafam<br />

Ofotért OpticalLux<br />

Instrumentarium Fototica<br />

Nissen Lensmaster + Vision<br />

2003<br />

2004<br />

2005<br />

2006<br />

2007<br />

2008<br />

2009<br />

2010<br />

2011<br />

2012<br />

2013<br />

France est de proposer une offre complète avec des<br />

enseignes couvrant l’ensemble de la gamme, depuis<br />

l’entrée de gamme (avec Générale d’<strong>Optique</strong>) jusqu’au<br />

haut de gamme (GrandOptical) en passant par le solaire<br />

(Solaris) 183 . A l’exception de Solaris, il semble que ces<br />

enseignes n’offrent pas la possibilité d’effectuer d’achat<br />

par Internet.<br />

49


1989<br />

1991<br />

1993<br />

2003<br />

2004<br />

2005<br />

2007<br />

2009<br />

2010<br />

2011<br />

Générale d’optique<br />

GrandOptical<br />

Solaris<br />

50<br />

Ouverture du premier point de vente Grand optical<br />

Ouverture du premier point de vente Général d’<strong>Optique</strong><br />

Ouverture du premier point de vente Solaris<br />

Entrée de Hal au capital de GrandVision<br />

Rachat de Visual<br />

Acquisition de GrandVision par Hal<br />

Fusion avec Visual<br />

184 Consultation du site www.grandvision.com.<br />

185 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Acquisition de Safilo par Hal<br />

Fusion Pearle et GrandVision<br />

Regroupement des enseignes GrandOptical et<br />

Générale d’<strong>Optique</strong> au sein de GrandVision France<br />

Figure 40 – Dates clés du groupe GrandVision 184<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

345<br />

284<br />

23<br />

400<br />

200<br />

42<br />

Figure 41 – Chiffres clés du groupe GrandVision 185<br />

Points de vente dont franchisés<br />

120<br />

115


ALAIN AFFLELOU<br />

Le groupe Alain Afflelou est l’un des principaux communicants<br />

dans le secteur de l’optique et bénéficie à ce titre<br />

d’une forte notoriété auprès du grand public 186 , notamment<br />

pour des offres comme « tchin tchin ». Son diri-<br />

Le groupe Afflelou poursuit une stratégie offensive de<br />

différenciation par la marque, fondée sur une communication<br />

active autour d’innovations, promouvant régulièrement<br />

des offres promotionnelles nouvelles (« tchin tchin »,<br />

« next year », …) présentant à la fois des prix attractifs et<br />

des produits nouveaux.<br />

En outre, le groupe poursuit une stratégie de diversification<br />

en proposant deux nouvelles enseignes :<br />

— Claro Afflelou, qui se présente comme « un point de<br />

186 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

187 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Figure 42 – Page d’accueil du site www.alainafflelou.fr<br />

geant, Alain Afflelou, bénéficie lui-même d’une notoriété<br />

certaine, étant régulièrement apparu dans les campagnes<br />

de publicité du groupe.<br />

vente d’optique où tout a été pensé pour vous simplifier<br />

la vie », c’est-à-dire notamment que « vous connaissez le<br />

prix de vos lunettes à l’avance et sans surprise » ;<br />

— Afflelou acousticien, qui se spécialise dans l’offre auditive.<br />

Le réseau Afflelou se développe par les franchises et une<br />

forte présente à l’international puisque le groupe compte<br />

56 points de vente en Belgique, Suisse et Maroc, 12 au<br />

Portugal et 250 en Espagne (Afflelou Iberico).<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

Afflelou 606 722<br />

Figure 43 – Chiffres clés du groupe Afflelou (France) 187<br />

Points de vente<br />

Le site du groupe Afflelou présente ses activités en ligne mais ne semble pas offrir la possibilité d’y réaliser des achats.<br />

51


LES OPTICIENS MUTUALISTES<br />

L’enseigne a été créée en 1999 par la Fédération nationale<br />

de la Mutualité française qui défend depuis l’organisation<br />

de réseaux de soins toujours plus structurés et<br />

denses, notamment dans le secteur de l’optique. Regroupée<br />

avec un réseau d’audition mutualiste au sein de la<br />

société Visaudio, elle regroupe 673 points de vente.<br />

Le groupe profite de sa proximité avec les mutuelles (la<br />

Fédération nationale de la Mutualité française regroupe<br />

Les Opticiens Mutualistes 562 673<br />

Le groupe ne propose pas de produits sur internet.<br />

ATOL<br />

Le groupe Atol, connu pour ses publicités (faisant intervenir<br />

le chanteur « Antoine » ou la mannequin Adriana<br />

Karembeu), développe deux enseignes : Atol et La<br />

Centrale d’<strong>Optique</strong>. Atol fonctionne sur un modèle coopératif<br />

dans lequel les opticiens indépendants sont propriétaires<br />

des points de vente, Atol fournissant les produits et<br />

Atol Les Opticiens<br />

La Centrale d’<strong>Optique</strong><br />

188 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

189 Consultation du site www.lesopticiensmutualites.fr.<br />

190 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

191 Le Figaro, Atol mise plus que jamais sur le made in France, 31 août 2011.<br />

192 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

52<br />

95 % des mutuelles 188 ) pour proposer de meilleurs<br />

remboursements. Les Opticiens Mutualistes expliquent<br />

ainsi que « la dispense d’avance de frais se fait sur la part<br />

Sécurité sociale et sur la part complémentaire lorsque des<br />

accords ont été signés avec les organismes concernés.<br />

L’enseigne Les Opticiens Mutualistes propose un reste à<br />

charge maîtrisé, la pratique du tiers payant, des offres<br />

labellisées et un service après-vente performant » 189 .<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

Figure 44 – Chiffres clés du groupe Les Opticiens Mutualistes (France) 190<br />

Figure 45 – Chiffres clés du groupe Atol 192<br />

Points de vente<br />

la marque notamment.<br />

Atol met en avant des lunettes à des prix abordables, au<br />

design relativement simple et organise sa communication<br />

autour d’une production « made in France » 191 . Son<br />

site propose d’essayer des lunettes en ligne.<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

348 736<br />

Points de vente<br />

10


GROUPE SCHERTZ / LUZ<br />

Ce groupe familial a acquis la centrale d’achats Luz en<br />

2001, qui regroupe 1 100 points de vente. Il détient par<br />

Opticiens Maurice Frères<br />

Centrale Luz <strong>Optique</strong><br />

SOC. COS. EUROPTIC<br />

Cette centrale créée en 1978 compte 900 adhérents.<br />

En octobre 2012, elle a été rachetée par la centrale COI<br />

Soc. Cos. Europtic<br />

193 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

ailleurs l’enseigne Opticiens Maurice Frères qui a vingt<br />

points de vente.<br />

Synoptis, elle-même issue d’un partenariat entre le GIE<br />

Synoptis et Optic 2000 194 .<br />

194 Acuité, Synoptis s’adosse au groupe Optic 2000 pour des conditions commerciales améliorées, 21 septembre 2012.<br />

195 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

15<br />

1 100<br />

Figure 46 – Chiffres clés du groupe Schertz / Luz 193<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

308<br />

Figure 47 – Chiffres clés du groupe Soc. Cos. Europtic 195<br />

Points de vente<br />

20<br />

385<br />

Points de vente<br />

880<br />

53


1.3.3. Les opticiens en ligne<br />

> Présentation générale<br />

Le marché de l’optique en ligne est un marché relativement<br />

récent en France, qui s’est développé surtout depuis<br />

la fin des années 2000. Le premier site d’optique généraliste<br />

en ligne, Confort Visuel, a été créé en 2005 196 , le site<br />

Happyview en 2009 197 , <strong>Sensee</strong> en 2011 198 .<br />

La dimension exacte du canal de distribution en ligne<br />

reste difficile à déterminer. Le chiffre le plus couramment<br />

avancé est qu’il représenterait entre 0,1 % et 1 % du<br />

secteur 199 , estimé par GfK à 5,7 milliards d’euros 200 . L’institut<br />

semble d’ailleurs s’aligner sur l’hypothèse la plus<br />

prudente, avec un chiffre d’affaires estimé pour l’optique<br />

en ligne autour de 50 millions d’euros (environ 0,87%) 201 .<br />

D’après le Gouvernement, le canal de l’optique en ligne<br />

représentait cependant de 2 à 3 % du chiffre d’affaires de<br />

la profession en 2008 202 . C’est bien inférieur à la part de<br />

ce canal aux Etats-Unis, où la vente en ligne représenterait<br />

10 % du secteur 203 . En Allemagne, la part de marché<br />

de la distribution par Internet serait de 5 % au total 204 .<br />

> Les principaux acteurs de l’optique en ligne<br />

en France<br />

Ce canal de distribution concerne les ventes de produits<br />

d’optique à travers un site Internet. On peut y distinguer<br />

les acteurs selon leur offre (lunettes de vue, lunettes de<br />

196 Consultation du site www.confortvisuel.com.<br />

54<br />

soleil, lentilles de contact) ou selon leur modèle (pure player<br />

ou réseau partenaire par exemple). Les acteurs qui jouent<br />

un rôle prépondérant dans le développement de l’optique<br />

en ligne sont aujourd’hui les sites « généralistes » qui<br />

proposent l’ensemble de la gamme de produits, comme<br />

<strong>Sensee</strong> ou Happyview.<br />

Si ces acteurs ont développé des business models différents,<br />

avec ou sans lien avec des réseaux physiques, ils<br />

ont pour leur très grande majorité adopté une stratégie<br />

de concurrence par les prix vis-à-vis des opticiens traditionnels.<br />

SENSEE<br />

197 Les Echos, Happyview.fr veut inciter les Français à acheter leurs lunettes en ligne, 17 février 2011.<br />

198 Le Figaro, Le PDG de Meetic se lance dans les lunettes sur internet, 28 mars 2011.<br />

199 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011 ;<br />

Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />

e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />

200 GfK, Note Regards Mars 2012, 2012<br />

201 choisirseslunettes.com, Les 10 chiffres clés du marché de l’optique, 28 septembre 2011.<br />

Créé par le fondateur de Meetic Marc Simonicini, le site<br />

a été lancé après le rachat et le développement par l’entrepreneur<br />

du leader de la vente de lentilles de contact<br />

en ligne Lunettesmoinschères.com avec pour objectif de<br />

« diviser par deux la facture d’optique des Français » 205 .<br />

<strong>Sensee</strong> est un pure player et dispose d’un showroom à<br />

Paris. Le site a connu une croissance très rapide entre<br />

2010 et 2011 puisque son chiffre d’affaires est passé d’un<br />

peu moins de 70 000 euros entre septembre et décembre<br />

2010 à 4,3 millions d’euros un an plus tard 206 .<br />

Le site propose plus de 2 000 modèles, dont les prix<br />

commencent à 39 euros 207 et vend des lunettes correctrices,<br />

des lunettes de soleil et des lentilles de contact.<br />

202 Secrétariat d’Etat chargé du commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />

libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />

juin 2011.<br />

203 Consultation du comparateur www.optico.net .<br />

204 Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011.<br />

e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />

205 BFM, « Alain Afflelou a raison, les lunettes sur internet ne seront pas un succès » estime Marc Simoncini, fondateur de <strong>Sensee</strong>.com,<br />

26 juin 2012.<br />

206 Infogreffes.<br />

207 Consultation du site www.sensee.com.


Les verres sont fournis par « un verrier de renommée<br />

mondiale parmi les leaders sur le marché européen ».<br />

Les montures proposées sont issues de soixante marques<br />

différentes 208 .<br />

HAPPYVIEW<br />

Happyview a été créé en 2009 par Marc Adamowicz, qui a<br />

travaillé chez Krys pendant 12 ans et en a dirigé le marketing<br />

209 . En 2011, le site est devenu le premier site dont<br />

l’opticien a été agréé par la sécurité sociale et à signer un<br />

accord avec 25 compagnies d’assurances appartenant au<br />

groupe Santéclair (qui signait par la même occasion un<br />

accord avec le site lentilles-moins-chères) 210 . En octobre<br />

2012, l’entreprise a acquis le spécialiste de la vente de<br />

lentilles de contact en ligne malentille.com.<br />

Comme <strong>Sensee</strong>, Happyview est un pure player. Il a cependant<br />

noué des partenariats avec une vingtaine d’opticiens<br />

en France qui peuvent effectuer les ajustements<br />

nécessaires ou proposer des produits complémentaires,<br />

mais pas les mêmes avantages commerciaux 211 . Le site<br />

a également mis en place un point de vente « témoin »<br />

qui permet aux internautes de réaliser leurs mesures ou<br />

ajustements « physiquement » s’ils le souhaitent 212 .<br />

Happyview.fr propose des lunettes de vue, des lunettes<br />

de soleil et des lentilles de contact ainsi que des produits<br />

d’audition. Le site visait un chiffre d’affaires de 1,8<br />

million d’euros en 2010-2011 213 et aurait servi 15 000<br />

clients en 2010 214 .<br />

208 Consultation du site www.sensee.com.<br />

209 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011.<br />

Happyview.fr vend entre 70 et 90 paires de lunettes par<br />

jour pour un panier moyen de 100 euros 215 . Il propose<br />

plus de 700 modèles et 16 marques de montures, dont<br />

300 modèles en marque « propre » 216 . Les verres sont<br />

fabriqués « par un verrier français leader du secteur » 217 .<br />

DIRECT OPTIC<br />

Fondé en 2008, le site Direct Optic vend ses produits<br />

en ligne au même titre que <strong>Sensee</strong> et Happyview mais<br />

a également choisi de mettre en place une chaine de<br />

points de vente physiques qui proposent d’effectuer<br />

gratuitement les mesures et les ajustements. Ils commercialisent<br />

aussi des lunettes dont les prix sont inférieurs de<br />

10 à 20 % à ceux proposés dans les enseignes dites « traditionnelles<br />

» 218 .<br />

L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires d’ 1,64 million<br />

d’euros au 31 décembre 2010, pour un exercice de<br />

16 mois 219 .<br />

Son site propose plus de 1 000 modèles, dont 500 à partir<br />

de 39 euros 220 . Les ventes de lunettes ont augmenté<br />

de plusieurs centaines de lunettes par mois en 2009 à<br />

plusieurs centaines par semaine en 2010 221 .<br />

OPTICIEN 24<br />

210 Le Figaro, Les assureurs santé s’intéressent aux opticiens en ligne, 22 avril 2011.<br />

211 Consultation du site www.happyview.fr.<br />

212 Capital, Happyview, l’art de percer sur un marché verrouillé, 24 janvier 2012.<br />

213 La Tribune, Happyview.fr vise une ambitieuse levée de fonds, 9 juin 2011.<br />

214 Le Parisien, Contrepoint : Marc Adamowicz, fondateur du site internet Happyview, 21 mai 2012.<br />

215 Le Figaro, Les opticiens en ligne se mettent à la pub télé, 18 novembre 2011.<br />

216 Capital, Happyview, l’art de percer sur un marché verrouillé, 24 janvier 2012.<br />

217 Consultation du site www.happyview.fr.<br />

218 Le Figaro, Batailles autour des lunettes sur internet, 22 janvier 2010.<br />

219 Infogreffes.<br />

220 Le Figaro, Batailles autour des lunettes sur internet, 22 janvier 2010.<br />

221 Le Figaro, Batailles autour des lunettes sur internet, 22 janvier 2010.<br />

Opticien 24 est la filiale française du groupe d’optique<br />

en ligne allemand Brille 24, lancé en 2007 en Allemagne,<br />

qui est un leader sur le marché européen avec 600 000<br />

clients enregistrés sur les différents sites 222 . Il a ainsi<br />

222 Presseportal.de, Finanzierungsrunde für Brille24 : TIME unterstützt Wachstum des Online-Optikers mit bis zu 12 Millionen Euro,<br />

6 septembre 2012.<br />

55


vendu 220 000 lunettes en 2011 223 , avec un prix d’appel<br />

de 39,90 euros.<br />

Lancé en 2011, le site diffuse peu d’information financière.<br />

Le site propose uniquement des lunettes, avec<br />

un prix unique de 49 euros pour des verres unifocaux<br />

et de 149 euros pour des verres progressifs sur ses 500<br />

modèles 224 . En revanche, le site n’offre pas de montures<br />

de marque. Les verres progressifs « proviennent d’Allemagne<br />

» 225 .<br />

MISTERSPEX<br />

Créé en 2008 en Allemagne, le site d’optique en ligne<br />

Misterspex a créé une filiale française Misterspex France<br />

en 2010.<br />

Misterspex France propose de lunettes de vue, de soleil<br />

ainsi que de lentilles de contact 226 . Son offre s’appuie<br />

principalement sur 5 000 modèles de marque, avec un<br />

prix d’appel à 39 euros. Le groupe propose des verres<br />

Carl Zeiss.<br />

Il s’agit là aussi d’un pure player. En Allemagne cependant,<br />

pour permettre à ses clients d’essayer leurs lunettes,<br />

le groupe Misterspex a développé des partenariats avec<br />

plus de 260 opticiens, qui perçoivent une commission<br />

sur le chiffre d’affaires ainsi généré 227 .<br />

Si les comptes de Misterspex France ne sont pas déposés<br />

56<br />

auprès du tribunal de commerce, les résultats du groupe<br />

montrent une croissance très forte et un chiffre d’affaires<br />

qui en fait l’un des leaders du marché européen, et le<br />

10 e opticien allemand 228 . Le chiffre d’affaires du groupe<br />

serait ainsi passé de 11 millions d’euros en 2010 à 17<br />

millions d’euros en 2011 229 . Il devrait atteindre un chiffre<br />

d’affaires de 25 millions d’euros en 2012 selon son fondateur<br />

Dirk Graber et 400 000 clients enregistrés 230 .<br />

EASY-VERRES<br />

Le site Easy-verres.com a été fondé en 2010 par Fadi<br />

Farah et Jean Pollier. Il souhaite se développer sur un<br />

modèle unique en son genre, inspiré de la vente de pneus<br />

sur Internet : l’internaute achète séparément les verres et<br />

la monture de son choix sur Internet, les produits lui étant<br />

ensuite livrés gratuitement à domicile. Il lui faut ensuite<br />

se rendre dans l’un des 650 opticiens « physiques » partenaires<br />

pour réaliser le montage et les ajustements, opérations<br />

qui ont déjà été réglées en ligne 231 . Les résultats de<br />

l’entreprise ne sont pas disponibles.<br />

Easy-verres.com propose à ses clients des verres Sola<br />

(filiale du groupe Zeiss) et Claire Vision 232 , et « joue sur<br />

la transparence de ses fournisseurs » 233 . Le site propose<br />

également plus de 400 modèles de marques plus ou<br />

moins connues 234 .<br />

223 Presseportal.de, Finanzierungsrunde für Brille24 : TIME unterstützt Wachstum des Online-Optikers mit bis zu 12 Millionen Euro,<br />

6 septembre 2012.<br />

224 Consultation du site www.opticien24.fr.<br />

225 Consultation du site www.opticien24.fr.<br />

226 Consulation du site www.misterspex.fr.<br />

227 Tagesspiegel, Online Brille kaufen anstatt in der Filiale : Durchblick aus dem Netz, 11 novembre 2012.<br />

228 Tagesspiegel, Online Brille kaufen anstatt in der Filiale : Durchblick aus dem Netz, 11 novembre 2012<br />

229 Deutsche-startups.de, Online-Handel mit Brillen ein Rückfall ins Mittelalter, 7 mai 2012.<br />

230 Sächsische Zeitung, Auge um Auge, 17 novembre 2012.<br />

231 L’entreprise.com, Easy-verres.com : l’e-opticien qui mise sur la transparence, 2 décembre 2010.<br />

232 Le Figaro, Easy-verres.com invente les lunettes en kit sur internet, 25 mai 2010.<br />

233 L’entreprise.com, Easy-verres.com : l’e-opticien qui mise sur la transparence, 2 décembre 2010.<br />

234 Consulation du site www.easy-verres.com.


1.4. Les clients et consommateurs de produits<br />

d’optique sur le marché français<br />

1.4.1. Profils des consommateurs français de produits d’optique : une population<br />

largement concernée<br />

> Entre six et sept Français sur dix concernés<br />

Le marché de la distribution comprend un très grand<br />

nombre de consommateurs finals potentiels, puisqu’environ<br />

six Français sur dix (64 %) 235 portent des lunettes et<br />

64%<br />

Lunettes<br />

uniquement<br />

Ces statistiques semblent d’ailleurs être communes à<br />

l’ensemble des pays développés. Ainsi, aux Etats-Unis,<br />

environ 64 % de la population porterait des lunettes 238 ,<br />

235 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012. Ces évaluations confirment celles qu’indiquent i) le SYFFOC sur son<br />

site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes ; ii) un sondage réalisé pour HappyView en<br />

2011, selon lequel 63 % des Français portent des lunettes.<br />

236 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012 ; ces évaluations confirment celles qu’indiquent le SYFFOC sur son<br />

site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes.<br />

237 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

238 Consultation du site www.glasscrafter.com.<br />

2%<br />

Lentilles<br />

correctrices<br />

seulement<br />

deux sur cent (2 %) des lentilles ; près de sept sur cent<br />

portent même les deux (7 %). Seul un quart des Français<br />

ne porte aucune correction, alors qu’au final plus de trois<br />

sur quatre (73 %) en portent 236 .<br />

7%<br />

Lunettes et<br />

Lentilles<br />

Figure 48 – Proportion de Français portant des corrections 237<br />

26%<br />

Aucune<br />

correction<br />

taux comparable à ce que l’on constate aussi en Espagne<br />

ou au Royaume-Uni par exemple.<br />

57


Espagne 239<br />

Etats-Unis 240<br />

France<br />

Royaume-Uni 241<br />

239 Instituto nacional de estadistica, Utilizacion de gafas o lentillas segun sexo y grupo de edad. Poblacion de 16 y mas anos, 2009.<br />

240 Consultation du site www.glasscrafter.com.<br />

241 Optical Confederation, Optics at a Glance 2011, décembre 2011.<br />

242 Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique – Troubles de la réfraction – Délivrance des verres corecteurs<br />

par les opticiens dans le cadre d’un renouvellement, février 2010.<br />

58<br />

%<br />

porteurs de<br />

lunettes<br />

60 %<br />

64 %<br />

64 %<br />

61 %<br />

Les porteurs de lunettes sont, dans leur majorité (55 %),<br />

des femmes. Leur âge est supérieur à la moyenne nationale<br />

puisque près de la moitié (48 %) a plus de 55 ans, contre<br />

37 % dans l’ensemble de la société française. Ils sont d’ailleurs<br />

retraités pour plus du tiers d’entre eux (35 %, contre<br />

27 % en moyenne en France).<br />

> Les consommateurs par type de défaut visuel<br />

S’il n’existe aucune étude permettant de connaître de<br />

%<br />

porteurs de<br />

lentilles<br />

11 %<br />

9 %<br />

7,2 %<br />

Figure 49 – Part de la population portant des corrections<br />

%<br />

porteurs de<br />

correction<br />

75 %<br />

71 %<br />

68 %<br />

manière précise la répartition et la fréquence des<br />

troubles visuels parmi les Français, la Haute Autorité de<br />

Santé, se reposant sur une étude du Syndicat National des<br />

Ophtalmologistes de France (SNOF) retient cependant les<br />

statistiques suivantes 242 :<br />

— myopes : 29 % de la population ;<br />

— astigmates : 15 % de la population ;<br />

— hypermétropes : 9 % de la population ; et<br />

— presbytes : 26 % à 36 % de la population.


1.4.2. Les motivations de l’acte d’achat à l’heure d’une dépense optique<br />

> La dimension financière, déterminante dans la<br />

motivation de l’acte d’achat<br />

Rapport qualité /<br />

prix des montures<br />

Tiers payant<br />

Rapport qualité /<br />

prix des verres<br />

Montant du<br />

remboursement<br />

92%<br />

243 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

244 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

245 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

246 Opinion Way – Association française des opticiens sur internet, Satisfaction comparée des acheteurs de lunettes sur internet vs en point<br />

de vente, octobre 2011.<br />

247 Sondages concordants cités par La Croix, De nouvelles formes de concurrence sur le marché de l’optique, 21 septembre 2010 ;<br />

et Le Parisien, Le marché de l’optique en quelques chiffres, 21 septembre 2010.<br />

248 LSA, Les Français trouvent les lunettes trop chères, 17 juin 2010.<br />

Parmi les critères déterminant l’achat, le sondage Ipsos<br />

pour la Mutualité française de septembre 2012 révèle que<br />

les aspects financiers sont primordiaux 243 .<br />

93%<br />

Figure 50 - Proportion des critères financiers jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 244<br />

L’attention portée aux prix par les consommateurs se<br />

révèle à travers divers comportements préalables à l’achat.<br />

Par exemple, près de quatre acheteurs sur dix (37 %)<br />

établissent des comparaisons de prix avant de consommer<br />

245 . Ils prêtent aussi une attention particulière aux<br />

remboursements que leur proposent l’Assurance maladie<br />

et leurs complémentaires (voir plus bas).<br />

Il faut établir une distinction entre les consommateurs<br />

en point de vente et ceux sur Internet, pour lesquels la<br />

dimension « prix » semble plus importante encore. Alors<br />

94%<br />

94%<br />

que le prix est de loin et clairement la première motivation<br />

de l’achat sur Internet, l’achat en point de vente est<br />

motivé par l’habitude : pour près de la moitié des consommateurs<br />

en point de vente, le fait d’avoir déjà acheté<br />

leurs lunettes précédentes en point de vente explique le<br />

recours à ce canal de distribution 246 .<br />

Les lunettes restent des produits coûteux. A ce titre, près<br />

des trois quarts des consommateurs jugent que les prix<br />

des lunettes sont excessifs 247 et près de sept Français sur<br />

dix considèrent qu’ils ne sont pas justifiés 248 .<br />

59


75<br />

70<br />

65<br />

60<br />

55<br />

50<br />

249 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

250 LSA, Les Français trouvent les lunettes trop chères, 17 juin 2010.<br />

251 Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, Credoc, Garantir l’accès aux soins des catégories modestes : l’exemple de<br />

l’optique, Points de repère n°37, février 2012.<br />

60<br />

72%<br />

Les prix des lunettes<br />

sont trop élevés<br />

La possession de lunettes est, d’ailleurs, en partie liée<br />

au niveau de vie des consommateurs. Ainsi, si 10 % des<br />

consommateurs dont les revenus sont supérieurs à 2 500<br />

euros mensuels possèdent à la fois des lentilles et des<br />

lunettes, ce n’est le cas que de 5 % de ceux dont les revenus<br />

sont inférieurs à ce seuil 249 . En outre, si 71 % des<br />

hauts revenus portent des lunettes, ce n’est le cas que de<br />

55 % des revenus les plus bas 250 .<br />

Ces prix jugés « excessifs » semblent en outre conduire à<br />

des renoncements aux soins, les restes à charge pouvant<br />

être importants, laissant le choix aux seuls consommateurs<br />

Figure 51 – Jugement des Français sur les prix des lunettes<br />

68%<br />

Les prix des lunettes<br />

ne sont pas justifiés<br />

les plus fortunés. A titre d’exemple, une étude récente<br />

de l’Assurance maladie et du CREDOC a relevé qu’environ<br />

10 % des bénéficiaires de la CMU-C réalisaient une dépense<br />

d’optique chaque année 251 . Parmi eux, 38 % sont confrontés<br />

à un reste à charge qui est élevé puisqu’il représente environ<br />

156 euros en moyenne et qui est subi (54 % d’entre eux<br />

ont le sentiment de « ne pas avoir eu le choix concernant<br />

le reste à charge auquel ils ont eu à faire face »). L’étude<br />

relève en outre que près d’un consommateur concerné sur<br />

quatre préfère sortir de l’offre « CMU », les produits étant<br />

peu esthétiques et le choix étant très réduit.


75<br />

70<br />

65<br />

60<br />

55<br />

50<br />

71%<br />

252 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

253 Que choisir, Certains prix font mal aux yeux, n°495, septembre 2011.<br />

55%<br />

Hauts revenus Bas revenus<br />

Figure 52 – Proportion de Français portant des lunettes, par niveau de revenus<br />

> La dimension conseil dans l’acte d’achat,<br />

essentielle et très incitative<br />

Un second critère déterminant l’achat est la dimension «<br />

conseil », délivrée par l’opticien 252 . Le client recherche<br />

en effet avant tout la disponibilité et l’écoute. Cela s’explique<br />

certainement par le très grand nombre de produits<br />

et les difficultés à lire les prix 253 .<br />

Le Conseil de la concurrence avait ainsi relevé que<br />

« les opticiens ont une grande influence sur le choix des<br />

consommateurs, pour plusieurs raisons : leur fonction se<br />

situe dans le secteur paramédical ; des choix techniques<br />

peuvent intervenir au moment de l’adaptation des verres<br />

à la monture ; l’éventail de l’offre proposée au consommateur<br />

est très large ; les prix ne sont pas déterminables<br />

sans l’aide de l’opticien » 254 . L’Autorité de la concurrence<br />

est allée dans le même sens plus récemment, en notant<br />

que « le rôle de l’opticien est décisif dans le choix par le<br />

patient de ses montures, de ses verres correcteurs ou de<br />

ses lentilles de contact » 255 .<br />

254 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

255 Autorité de la concurrence, Avis n°10-A-11 du 7 juin 2010 relatif au Conseil interprofessionnel de l’optique.<br />

61


62<br />

Choix<br />

des montures<br />

Délai d’obtention<br />

des lunettes<br />

Qualité des<br />

conseils<br />

Disponibilité et<br />

écoute<br />

88%<br />

90%<br />

94%<br />

96%<br />

Figure 53 - Proportion des critères « conseil » jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 256<br />

Les opticiens semblent avoir d’autant plus intérêt à<br />

entretenir ce contact qu’il accroît la probabilité de l’acte<br />

d’achat. Le directeur du marketing stratégique d’Essilor<br />

explique ainsi que « le porteur de lunettes avec verres<br />

antibuée devra se rendre en point de vente tous les<br />

quatre à cinq mois pour acheter une nouvelle bouteille<br />

[de liquide spécial]. Or, il a été démontré que le client<br />

change plus souvent de lunettes quand le nombre de<br />

1.4.3. L’optique dans le budget moyen des ménages<br />

Les Français font partie des plus gros consommateurs de<br />

produits d’optique en Europe 259 : en dix ans (2000 – 2010),<br />

leur consommation a augmenté de 60 % environ 260 . Selon<br />

les statistiques disponibles, les Français ne renouvèleraient<br />

leurs lunettes que tous les trois ans et demi 261 (soit<br />

256 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

257 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />

258 Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, Credoc, Garantir l’accès aux soins des catégories modestes : l’exemple de<br />

l’optique, Points de repère n°37, février 2012.<br />

259 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

260 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

261 Consultation du site www.choisir-ses-lunettes.com.<br />

262 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

contacts avec son opticien augmente » 257 .<br />

Cette incitation à la consommation semble d’ailleurs<br />

confirmée par l’étude précitée de l’Assurance maladie et<br />

du CREDOC qui s’intéresse au rôle de conseil de l’opticien<br />

vis-à-vis du consommateur et relève que « dans près d’un<br />

cas sur dix, il l’aurait même poussé à la consommation,<br />

augmentant ainsi le sentiment des bénéficiaires d’avoir à<br />

subir leur reste à charge » 258 .<br />

un peu moins d’un tiers par an). Ce chiffre est légèrement<br />

inférieur à celui qu’indique un sondage récent (septembre<br />

2012) selon lequel 42 % des Français ont réalisé un achat<br />

dans l’année précédente 262 .


L’optique représente une dépense annuelle significative<br />

pour les ménages. En 2010, chaque Français a dépensé<br />

environ 84 euros à l’achat d’équipements optiques (et<br />

191 euros par ménage), en augmentation de près de 50 %<br />

sur une décennie (+49,6 %). Si l’on ne considère que les<br />

par Français<br />

par consommateur potentiel<br />

Le secteur de la vente au détail d’optique est très dynamique<br />

et bien supérieur au pouvoir d’achat. Il augmente<br />

de 2,8 % en volume et 4,1 % en valeur par an en moyenne<br />

depuis 2002 266 . Depuis 2004, la consommation en volume<br />

augmente de 3 % en moyenne annuelle et la consommation<br />

263 Soit une population totale de 62,96 millions de Français en 2010, à budget moyen de 84 euros annuels, le marché global serait d’environ<br />

5,30 milliards d’euros en 2010. Rapporté à une population de consommateurs potentiels représentant 64 % de la population totale (soit<br />

40,30 millions de consommateurs), ce chiffre conduit à une consommation moyenne de 131,25 euros par consommateur et par an.<br />

264 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

265 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

266 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Figure 54 – Dépense moyenne annuelle en euros 265<br />

1.4.4. Les dynamiques haussières de la demande :<br />

système de santé et vieillissement<br />

consommateurs potentiels (64 % de la population), cela<br />

amène à un budget de 130 euros environ par an 263 .<br />

L’optique est ainsi le poste le plus dynamique au sein de<br />

la catégorie « équipement de la personne » 264 .<br />

euros<br />

84<br />

130<br />

de 4,1 % en valeur, ce qui est bien supérieur au pouvoir<br />

d’achat mesuré par l’INSEE qui n’a augmenté que de 1,6 %<br />

en moyenne annuelle. Le dynamisme du marché n’a pas été<br />

affecté par la crise économique actuelle.<br />

63


64<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

0<br />

Volume<br />

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010<br />

Valeur Pouvoir d’achat<br />

Figure 55 – Croissance annuelle (%) en volume et en valeur de la consommation de produits d’optique 267 et du pouvoir d’achat 268<br />

La demande des produits d’optique est soutenue par deux<br />

dynamiques principales et majeures (outre l’offre marketing<br />

des producteurs et distributeurs) : le système de santé<br />

SÉCURITÉ<br />

SOCIALE<br />

OPHTALMOLOGISTES<br />

267 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

MARCHÉ DE L’OP-<br />

TIQUE<br />

Figure 56 – Les déterminants des dynamiques du marché de l’optique<br />

268 INSEE, Revenu, pouvoir d’achat et consommation des ménages, 2012.<br />

publique français d’une part et les évolutions démographiques<br />

de la société française d’autre part.<br />

COMPLÉMENTAIRES OFFRE DES<br />

PRODUCTEURS ET<br />

DISTRIBUTEURS<br />

VIEILLISSEMENT DE<br />

LA POPULATION<br />

FRANÇAISE


Le système de santé est un acteur tiers mais essentiel dans<br />

la relation entre le consommateur et le distributeur des<br />

produits d’optique (voir plus bas). Il intervient en premier<br />

lieu comme prescripteur de la dépense d’optique (à travers<br />

les ophtalmologistes) et en second lieu comme payeur, au<br />

moins partiel, de cette dépense (à travers les remboursements<br />

de la Sécurité sociale et des complémentaires). Par<br />

ailleurs, des campagnes de prévention participent de l’encouragement<br />

à l’achat.<br />

La démographie de la population française, marquée par<br />

son vieillissement, est un autre facteur déterminant de la<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

1992<br />

1993<br />

1994<br />

1995<br />

dynamique à venir du marché de l’optique. En effet, plus<br />

ils sont âgés, plus les Français sont susceptibles de porter<br />

des lunettes : 92 % des plus de 50 ans en ont 269 . Or, la part<br />

des « seniors » dans la population française (comme celle<br />

des retraités 270 ) ne devrait cesser de croître : alors que les<br />

plus de soixante ans représente 23,4 % de la population<br />

française aujourd’hui 271 , ce taux devrait passer à 27,3 % en<br />

2020 272 et même à près de 32 % en 2050 273 . La Figure<br />

57 illustre d’ailleurs que l’augmentation du nombre de<br />

porteurs de lunettes est continue depuis près de vingt ans.<br />

Figure 57 – Pourcentage de porteurs de lunettes dans la population française 274<br />

269 Happy View, Alven Capital, Communiqué de presse, 15 février 2011.<br />

270 DREES, Les retraités et les retraites en 2010, <strong>Etude</strong> et résultats n°790, février 2012.<br />

271 INSEE, Population par sexe et groupes d’âges quinquennaux, extrait de Tableaux de l’économie française, 2012.<br />

272 Credoc, <strong>Etude</strong> sur l’impact du vieillissement de la population sur l’offre et la demande de biens et services de consommation, juin 2010.<br />

273 INSEE, Population par âge, extrait de Tableaux de l’économie française, 2010.<br />

1996<br />

1997<br />

1998<br />

1999<br />

274 Consultation du site www.ecosante.fr ; site réalisé en partenariat avec IRDES, DREES, Assurance Maladie, Mutualité française, RSI, MSA et<br />

le Québec.<br />

2000<br />

2001<br />

2002<br />

2003<br />

2004<br />

2005<br />

2006<br />

2007<br />

2008<br />

65


1.5. Un tiers essentiel : le système de santé<br />

1.5.1. A l’origine de la prescription : les ophtalmologistes<br />

Les ophtalmologistes sont des médecins spécialisés en<br />

ophtalmologie, dont la mission consiste en « la surveillance,<br />

l’amélioration ou le maintien de la santé de l’appareil<br />

visuel et de ses annexes », selon l’Académie d’ophtalmologie.<br />

> Une population urbaine et vieillissante<br />

La France compte environ 5 500 ophtalmologistes 275 ,<br />

soit environ 8,8 pour 100 000 habitants. Avec 43 % de<br />

ses effectifs de sexe féminin, cette profession est plus<br />

féminisée que la moyenne des médecins (37 %) 276 et son<br />

exercice français est peut-être le plus féminisé de toute<br />

l’OCDE 277 . La moyenne d’âge des ophtalmologistes est<br />

relativement élevée puisque près de 70 % d’entre eux<br />

ont plus de cinquante ans. Au total, 84 % de ces médecins<br />

exercent en libéral. Un peu plus du quart d’entre eux<br />

(26 %) est situé en région parisienne alors que près<br />

de 70 % exercent dans une agglomération de plus de<br />

100 000 habitants (région parisienne incluse) 278 .<br />

275 DREES, Les médecins en France – estimations au 1 er janvier 2010, série statistique n°152, février 2011.<br />

276 Académie Française d’Ophtalmologie, Les besoins en ophtalmologistes d’ici 2030, mars 2011.<br />

277 SNOF, L’ophtalmologie et la filière visuelle en France. Perspectives et solutions à l’horizon 2025-2030 ; aspects démographiques,<br />

paramédicaux, juridiques et économiques, avril 2006.<br />

278 DREES, Les médecins en France – estimations au 1er janvier 2009, série statistique n°138, février 2011.<br />

279 Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique – Troubles de la réfraction – Délivrance des verres correcteurs par les<br />

opticiens dans le cadre d’un renouvellement, février 2010.<br />

280 Article L.4362-10 du code de la santé publique issu de la loi n°2006-1640 du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité sociale.<br />

281 Article L.4362-9 du code de la santé publique.<br />

66<br />

> Des prescripteurs essentiels, mais concurrencés<br />

Les ophtalmologistes sont les principaux prescripteurs<br />

de corrections d’optique : ils interviennent en premier<br />

lieu dans le processus qui conduira (éventuellement) à<br />

l’achat de corrections optiques.<br />

Les tendances récentes vont vers une concurrence accrue<br />

sur cette activité. En effet, si les ophtalmologistes ont le<br />

monopole de la délivrance première des ordonnances de<br />

prescription des verres correcteurs 279 , les opticiens-lunetiers<br />

peuvent, depuis 2007, intervenir dans le cadre du<br />

renouvellement des prescriptions médicales de moins<br />

de trois ans 280 , sauf si le médecin s’y est opposé ou si le<br />

patient a moins de seize ans 281 .<br />

Au total, les ophtalmologistes, qu’ils exercent en libéral<br />

ou en secteur hospitalier, réalisent annuellement environ<br />

10 millions d’actes comprenant une prescription optique,<br />

dont 5,2 millions sont liées à une réfraction. Parmi ces<br />

actes, environ 1,4 million concernent des personnes de<br />

moins de 16 ans et 3,8 millions des personnes plus âgées.


DATE DE MOINS<br />

DE 3 ANS<br />

PAS D’OPPOSITION<br />

DU MÉDECIN À<br />

L’ADAPTATION PAR<br />

L’OPTICIEN<br />

RENDEZ-VOUS CHEZ<br />

L’OPTICIEN OU CHEZ<br />

L’OPHTALMOLOGISTE<br />

Le système de santé français organise le remboursement<br />

d’une partie (ou de l’intégralité) des soins des patients.<br />

> La sécurité sociale<br />

VOUS AVEZ PLUS<br />

DE 16 ANS<br />

VOTRE<br />

ORDONNANCE<br />

1.5.2. A la source du remboursement : la sécurité sociale, les complémentaires<br />

de santé<br />

Les corrections optiques sont prises en charge par l’Assurance<br />

maladie lorsqu’elles font l’objet d’une prescription<br />

médicale. Les lunettes et les lentilles font l’objet d’un<br />

OPPOSITION DU<br />

MÉDECIN À<br />

L’ADAPTATION PAR<br />

L’OPTICIEN<br />

Figure 58 – Prescriptions de verres correcteurs 282<br />

282 Haute Autorité de Santé, Document d’information destiné aux usagers – Renouveler ses lunettes de vue : mode d’emploi, mars 2011.<br />

283 Consultation du site de l’Assurance maladie (www.ameli.fr), novembre 2012.<br />

DATE DE PLUS<br />

DE 3 ANS OU EST<br />

INTROUVABLE<br />

RENDEZ-VOUS CHEZ<br />

L’OPHTALMOLOGISTE<br />

VOUS AVEZ MOINS<br />

DE 16 ANS<br />

traitement différent.<br />

Les lunettes (montures et verres) sont remboursées à 60 %<br />

depuis le 2 mai 2011 (contre 65 % auparavant) sur la base<br />

de tarifs « officiels ». Ces tarifs sont déterminés par la<br />

liste des produits et prestations (« LPP ») et varient en<br />

fonction de l’âge du patient (selon s’il a plus ou moins de<br />

18 ans 283 ).<br />

67


MONTURES<br />

Remboursées à 60 % sur la base d’un tarif fixé à :<br />

VERRES<br />

Remboursés à 60 % sur la base de tarifs variables<br />

selon le degré de correction :<br />

Verre blanc simple foyer, sphère de -6,00 à +6,00<br />

Verre blanc simple foyer, sphère de -6,25 à -10,00<br />

Verre blanc simple foyer, sphère de +6,25 à +10,00<br />

Verre blanc simple foyer, sphère hors zone<br />

de -10,00 à +10,00<br />

Verre blanc simple foyer, cylindre<br />

< ou = à +4,00, sphère de -6,00 à +6,00<br />

Verre blanc simple foyer, cylindre<br />

< ou = à +4,00, sphère hors zone de -6,00 à +6,00<br />

Verre blanc simple foyer, cylindre<br />

> à +4,00, sphère de -6,00 à +6,00<br />

Verre blanc simple foyer, cylindre<br />

> à +4,00, sphère hors zone de -6,00 à +6,00<br />

Verre blanc multifocal ou progressif,<br />

sphère de -4,00 à +4,00<br />

Verre blanc multifocal ou progressif,<br />

sphère hors zone de -4,00 à +4,00<br />

Verre blanc multifocal ou progressif,<br />

sphère de -8,00 à +8,00<br />

Verre blanc multifocal ou progressif,<br />

sphère hors zone de -8,00 à +8,00<br />

284 Consultation du site de l’Assurance maladie (www.ameli.fr), novembre 2012.<br />

68<br />

30,49 euros<br />

12,04 euros<br />

26,68 euros<br />

26,68 euros<br />

44,97 euros<br />

14,94 euros<br />

36,28 euros<br />

27,90 euros<br />

46,50 euros<br />

39,18 euros<br />

43,30 euros<br />

43,60 euros<br />

66,62 euros<br />

Figure 59 – Remboursements des lunettes établis par l’Assurance maladie 284<br />

Moins de 18 ans Plus de 18 ans<br />

2,84 euros<br />

2,29 euros<br />

4,12 euros<br />

4,12 euros<br />

7,62 euros<br />

3,66 euros<br />

6,86 euros<br />

6,25 euros<br />

9,45 euros<br />

7,32 euros<br />

10,82 euros<br />

10,37 euros<br />

24,54 euros


Les lentilles prescrites médicalement sont prises en charge<br />

par l’Assurance maladie à 60 % (contre 65 % auparavant)<br />

sur la base d’un forfait annuel fixé à 39,48 euros par œil<br />

appareillé. Ce niveau de remboursement est valable pour<br />

tous les types de lentilles mais uniquement pour certaines<br />

indications : astigmatisme irrégulier, myopie égale ou<br />

inférieure à 8 dioptries, strabisme accomodatif, aphakie,<br />

anisoométropie à 3 dioptries, kératocône 285 .<br />

> Les complémentaires<br />

Les complémentaires de santé recouvrent à la fois des<br />

mutuelles, des institutions de prévoyance et des sociétés<br />

d’assurance 286 . Elles interviennent pour couvrir la part<br />

des dépenses de soins et de biens médicaux non remboursée<br />

par l’Assurance maladie obligatoire, c’est à dire le<br />

35 000<br />

30 000<br />

25 000<br />

20 000<br />

15 000<br />

10 000<br />

5 000<br />

0<br />

Figure 60 – Chiffres d’affaires (en millions d’euros) du secteur des complémentaires 289<br />

285 Consultation du site de l’Assurance maladie (www.ameli.fr), novembre 2012.<br />

reste à charge. A l’exception de la Couverture maladie<br />

universelle - complémentaire (CMU-C), les complémentaires<br />

sont financées de manière privée 287 .<br />

Environ 94 % des Français sont couverts par une complémentaire,<br />

contre 69 % en 1980 : cette progression semble<br />

s’expliquer (au moins en partie) par l’évolution de la prise<br />

en charge de l’Assurance maladie et par les incitations<br />

législatives. Le rôle des complémentaires est essentiel<br />

car « au regard de l’augmentation constante du reste à<br />

charge laissé à l’Assurance maladie obligatoire, bénéficier<br />

d’une complémentaire santé est devenu déterminant<br />

pour continuer à accéder aux soins » 288 . Il s’agit d’un<br />

secteur dont la croissance est constante.<br />

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010<br />

Mutuelles Institutions de prévoyance Sociétés d’assurance<br />

286 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />

complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />

287 Institut de recherche et documentation en économie de la santé, La complémentaire santé en France en 2008 : une large diffusion mais<br />

des inégalités d’accès, Questions d’économie de la santé n°161, janvier 2011.<br />

288 Institut de recherche et documentation en économie de la santé, La complémentaire santé en France en 2008 : une large diffusion mais<br />

des inégalités d’accès, Questions d’économie de la santé n°161, janvier 2011.<br />

289 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />

complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />

69


L’optique est un produit important dans l’offre des complémentaires,<br />

qui en font très souvent un produit d’appel. En<br />

effet, si la Sécurité sociale couvre de manière générale<br />

près de 76 % des dépenses de soins en France 290 , dans le<br />

secteur de l’optique sa contribution au remboursement<br />

des frais des consommateurs est marginale.<br />

Les complémentaires proposent des prestations qui visent<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Les complémentaires veillent à proposer une offre en<br />

matière de soins optiques. C’est particulièrement vrai,<br />

notamment des offres à destination des « séniors » qui<br />

sont 63 % à bénéficier d’un remboursement milieu de<br />

gamme en optique complexe, allant de 100 à 300 euros<br />

290 Florence Jusot, Clémence Perraudin, Jérôme Wittwer, L’accessebilité financière à la complémentaire santé en France : les résultats de<br />

l’enquête Budget de Famille 2006, <strong>Economique</strong> et Statistique n°450, Insee, novembre 2012.<br />

291 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />

complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />

292 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />

complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />

293 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />

complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />

70<br />

72,5%<br />

Moins de<br />

25 ans<br />

96,9%<br />

25 à 59<br />

ans<br />

à mieux rembourser les soins d’optique. Ainsi, « une large<br />

majorité des contrats va au-delà du remboursement du<br />

ticket modérateur pour des lunettes à verres complexes,<br />

étant donnée la faible prise en charge de la Sécurité<br />

sociale » 291 . Plus de 90 % des bénéficiaires sont remboursés<br />

d’un montant supérieur à 100 euros pour une paire de<br />

lunettes facturée à 500 euros.<br />

98,1%<br />

Plus de<br />

60 ans<br />

94,7%<br />

Ensemble<br />

Figure 61 – Pourcentage de consommateurs bénéficiant d’une complémentaire proposant une prise en charge<br />

supérieure au ticket modérateur, par âge du consommateur 292<br />

pour une paire de lunettes facturée 500 euros 293 . Il est<br />

d’ailleurs rare que les complémentaires ne proposent pas<br />

de remboursement des dépenses d’optique, même si cela<br />

concerne toutefois environ 27,5 % des assurés de moins de<br />

25 ans.


MOYENNE<br />

MÉDIANE<br />

1 ER QUARTILE<br />

3 ÈME QUARTILE<br />

Mutuelles<br />

C. coll.<br />

155,9<br />

189,0<br />

144,0<br />

195,2<br />

c. ind.<br />

128,8<br />

138,0<br />

102,6<br />

152,6<br />

C. coll.<br />

161,5<br />

177,0<br />

138,5<br />

195,2<br />

C. coll : contrats collectifs C. ind. : contrats individuels<br />

Institutions de<br />

prévoyance<br />

c. ind.<br />

130,1<br />

125,0<br />

102,6<br />

152,6<br />

Figure 62 – Remboursement par les organismes complémentaires, en euros, pour un prix de référence de 200 euros (100 euros pour la<br />

Ces remboursements sont importants puisque près de<br />

quatre consommateurs sur dix se renseignent auprès de<br />

leur complémentaire santé 295 . Surtout, les complémentaires<br />

semblent avoir fait de l’optique un produit d’appel<br />

phare, qui leur permet d’attirer les consommateurs. C’est<br />

monture et 50 euros pour un verre simple) 294<br />

294 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />

complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />

295 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

296 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

Sociétés<br />

d’assurance<br />

C. coll.<br />

186,5<br />

195,2<br />

180,2<br />

195,2<br />

c. ind.<br />

137,0<br />

145,0<br />

104,5<br />

165,3<br />

Ensemble des<br />

organismes<br />

C. coll.<br />

161<br />

189,0<br />

144,0<br />

195,2<br />

c. ind.<br />

130,4<br />

142,0<br />

102,6<br />

156,6<br />

Ens.<br />

143,4<br />

147,0<br />

112,4<br />

195,2<br />

par exemple le cas de certaines mutuelles (qui développent<br />

en parallèle leurs propres réseaux d’opticiens), avec un<br />

certain succès puisque 21 % des porteurs de lunettes ont<br />

adhéré à une mutuelle justement parce qu’elle permettait<br />

d’accéder à un réseau d’opticiens agréés 296 .<br />

71


1.5.3. La répartition finale du coût entre sécurité sociale, complémentaires<br />

et consommateur<br />

297 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

298 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

299 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.<br />

72<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

Reste à charge, 210 euros<br />

Complémentaire, 275 euros<br />

Assurance maladie,15 euros<br />

Figure 63 – Répartition de la prise en charge du prix d’une paire de lunettes 297<br />

Au regard des prix constatés des lunettes, l’Assurance maladie<br />

assume une part très limitée du coût des lunettes : environ<br />

3 % du prix total, contre 55 % par la complémentaire et<br />

42 % directement pour le consommateur final 298 . A ce titre,<br />

il ne peut être exclu que les niveaux élevés de remboursements<br />

proposés par les complémentaires, en solvabilisant<br />

des clients pour de fortes dépenses, incitent à une élévation<br />

des prix.<br />

Au final cependant, contrairement à ce qui semble être<br />

une illusion largement répandue, c’est le consommateur<br />

Plusieurs éléments sont susceptibles de créer des doutes<br />

sur le fonctionnement concurrentiel du secteur de l’optique<br />

tel qu’il vient d’être décrit :<br />

— au niveau amont : un acteur semble dominer totalement la<br />

production de verres et un autre celle des montures ;<br />

qui paie seul directement ou indirectement le coût de ses<br />

produits d’optique :<br />

— indirectement à travers le financement collectif de l’Assurance<br />

maladie ;<br />

— indirectement à travers sa cotisation auprès d’une<br />

complémentaire (en hausse ) 299 ;<br />

— directement à l’opticien.<br />

Une réduction des prix des produits d’optique devrait donc<br />

conduire à une réduction des dépenses directes et indirectes<br />

des consommateurs finals.<br />

— au niveau aval : certaines pratiques de distribution ont<br />

été condamnées par la justice mais surtout, en comparaison<br />

avec les marchés des pays équivalents, plusieurs éléments<br />

apparaissent inexpliqués.


Une fois établie une cartographie factuelle<br />

et précise du marché de l’optique en France (partie I<br />

supra), il devient possible d’explorer plus avant les mécanismes<br />

qui régissent son fonctionnement concurrentiel,<br />

sur ses différents segments amont et aval. Une analyse<br />

74<br />

2. PARTIE II<br />

des doutes sur le fonctionnement<br />

concurrentiel du marché de l’optique<br />

L’essentiel & les chiffres clés<br />

économique inédite 300 met à jour et théorise certains<br />

blocages et suspicions de forclusion sur le secteur amont<br />

de la fabrication de verres correcteurs (2.1.). L’analyse<br />

économique révèle aussi plusieurs doutes sur la fluidité<br />

concurrentielle de l’aval (2.2.).<br />

Sur le secteur amont, une structure de marché extrêmement concentrée propice à des forclusions qui<br />

impactent les distributeurs en aval<br />

— une analyse économique inédite sur le secteur :<br />

• un article inédit et à paraître de David Martimort et Jérôme Pouyet (Downstream foreclosure in<br />

vertically differentiated markets) sur le fonctionnement du secteur amont du marché de l’optique et<br />

ses conséquences au niveau de la distribution en aval ;<br />

• objectif : révéler les incitations d’une firme dominante en amont à forclore le marché en aval pour<br />

capter les surplus, notamment en refusant de fournir certains acteurs en aval ;<br />

— au niveau amont, la production de verres est particulièrement concentrée :<br />

• un acteur ultra-dominant, Essilor, détient plus de 40 % de parts de marché au niveau mondial et 90 %<br />

estimés au niveau français ;<br />

• « l’industrie du verre est très concentrée avec une entreprise française leader mondial le groupe<br />

Essilor (…). Un producteur, la société Essilor, et sa filiale BBGR détiennent environ 90 % du marché »<br />

(Conseil de la concurrence, 2001) ;<br />

− une structure concurrentielle du marché de l’optique en France propice à l’apparition de pratiques dites de<br />

forclusion :<br />

• une firme dominante en amont, Essilor, qui fournit son produit, indispensable, à des distributeurs en<br />

aval, qui les vendent ensuite aux consommateurs ;<br />

• la forclusion (« foreclosure ») est l’exercice par une firme dominante sur un marché amont de<br />

pratiques cherchant à contraindre certaines firmes ou certains consommateurs évoluant sur le marché<br />

aval dans leur accès à un input essentiel et difficilement reproductible dont dispose cette firme en<br />

amont. La forclusion a pour objectif de mieux contrôler certains producteurs ou distributeurs en aval :<br />

elle tend à reconstituer une situation de monopole.<br />

300 Pouyet, Martimort, Downstream foreclosure in vertically differentiated markets, 2012, à paraître.


L’essentiel & les chiffres clés<br />

— la stratégie et le positionnement d’Essilor présentent les caractéristiques de ce risque de forclusion :<br />

• Essilor, acteur dominant du marché amont, fournit des inputs à des distributeurs de lunettes en<br />

concurrence auprès des consommateurs finals ;<br />

• sa double stratégie d’intégration et de diversification s’accorde avec les conditions d’une stratégie<br />

de forclusion :<br />

/ en différenciant ses produits, Essilor multiplie les monopoles multi-produits verticalement<br />

intégrés et renforce sa position de leader ;<br />

/ Essilor poursuit une politique d’intégration en aval avec l’acquisition de laboratoires de<br />

prescription et de centres de distribution ;<br />

• l’ensemble de ces éléments conduit à penser qu’Essilor n’est pas incité à fournir spontanément le<br />

« bas » du marché que sont les distributeurs en ligne : si le monopole amont le faisait, il introduirait des<br />

produits moins chers qui viendraient de fait réduire les surplus qu’il capte.<br />

— Sur le secteur aval, plusieurs indices économiques d’un état concurrentiel sous-optimal :<br />

• l’existence de prix élevés pour le consommateur final. Les comparaisons et l’établissement de<br />

moyennes de prix sur le marché de l’optique sont très complexes, mais les prix moyens apparaissent<br />

élevés : 277 euros en moyenne pour les verres unifocaux et 591 euros en moyenne pour les verres<br />

progressifs, soit une moyenne de 434 euros (Mutualité française, 2012) ;<br />

• des chiffres d’affaires élevés pour les professionnels du secteur au regard de la réalité des pays voisins :<br />

/ « les marges dans le secteur sont élevées » (Conseil de la concurrence, 2002) : une marge<br />

brute estimée à environ 60 % (63,1 % en 2010 selon l’Union de la profession comptable et des<br />

organismes de gestion agréés, 2011 ; 57,7 % selon Xerfi 2011) ;<br />

/ plus d’un tiers (35 %) du chiffre d’affaires du marché français en surplus par rapport aux pays<br />

voisins : si le chiffre d’affaires par consommateur en France était le même que dans les pays<br />

voisins (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni), le marché aurait dû être jusqu’à 1,5 milliard<br />

d’euros inférieur en 2007, pour un marché réel de 4,2 milliards d’euros ;<br />

• des complémentaires de santé victimes de comportements frauduleux de la part des distributeurs<br />

/ les « optimisations de facture » seraient courantes dans le secteur : 36 % des consommateurs<br />

se seraient déjà vu proposer un prix « arrangé » et même près d’un consommateur sur cinq<br />

se serait vu proposer un « prix arrangé pour maximiser le remboursement de ses lunettes par<br />

la mutuelle ». Dans 16 % des cas, les opticiens auraient incité à la consommation, en garan-<br />

tissant aux consommateurs que leurs dépenses seraient remboursées par la mutuelle ;<br />

/ un cas emblématique : condamnation d’Affelou par la cour d’appel de Paris en septembre<br />

2012 à verser plus d’un million d’euros de dommages et intérêts pour concurrence déloyale,<br />

Optical Center reprochant à Afflelou de pratiquer de l’optimisation de facture ;<br />

• une dynamique des points de vente au détail très élevée en France au regard des comparaisons<br />

internationales :<br />

/ 11 422 points de vente en 2012, contre 7 773 en 2000, soit un rapport de 0,0019 point de<br />

vente par habitant ;<br />

/ pour une population à peu près équivalente, environ 5 000 points de vente de moins (7 000<br />

au total) au Royaume Uni, soit 0,0015 point de vente par habitant ;<br />

75


L’essentiel & les chiffres clés<br />

76<br />

/ aux Etats-Unis, avec une population de plus de 300 millions d’habitants, 20 000 points de<br />

vente seulement, soit un taux de 0,0007 point de vente par habitant ; la densité du réseau<br />

de points de vente d’optique français conduit à ce qu’il y ait environ 5 401 habitants par<br />

point de vente, contre 14 990 aux Etats-Unis ;<br />

• un marché concentré : cinq principaux groupes détiennent 70 % des points de vente et réalisent 73 %<br />

du chiffre d’affaires ;<br />

• un marché opaque sur la formation des prix :<br />

/ des prix très difficilement lisibles pour le consommateur : pas de grilles exhaustives et précises<br />

qui permettent de connaître et comparer les prix de référence des équipements disponibles<br />

chez les différents distributeurs ;<br />

/ « les prix ne sont pas déterminables sans l’aide de l’opticien »<br />

(Conseil de la concurrence, 2002).


2.1. Les doutes concurrentiels<br />

sur le secteur amont<br />

Le caractère concurrentiel du marché de l’optique en<br />

France, compte tenu de la complexité de sa structure, doit<br />

être étudié d’une part sur son segment amont, d’autre part<br />

sur son segment aval. Il apparaît que des interrogations<br />

2.1.1. Un secteur fortement concentré<br />

> Un marché particulièrement concentré autour<br />

d’un acteur dominant, Essilor<br />

Le secteur amont, celui de la production de verres correcteurs,<br />

est concentré autour d’un acteur ultra-dominant :<br />

Essilor. L’Autorité de la concurrence et avant elle le<br />

Conseil de la concurrence parviennent systématiquement<br />

à la même conclusion : « l’industrie du verre est très<br />

concentrée avec une entreprise française leader mondial<br />

le groupe Essilor (…), suivie de loin par Carl Zeiss Vision<br />

numéro deux mondial » 301 ; « la fabrication de verres est<br />

une industrie très concentrée, tant au plan national qu’au<br />

niveau mondial. Sur le plan national, il existe une ving-<br />

concurrentielles sérieuses pèsent en premier lieu sur le<br />

secteur amont, fortement concentré (2.1.1.) et présentant<br />

des caractéristiques propices à la forclusion (2.1.2.).<br />

taine de fournisseurs (fabricants et importateurs confondus).<br />

Un producteur, la société Essilor, et sa filiale BBGR<br />

détiennent environ 90 % du marché » 302 .<br />

Sur un marché de dimension mondiale, comme la Commission<br />

européenne semble le définir dans sa pratique décisionnelle<br />

303 , le chiffre d’affaires total du secteur est d’environ<br />

10 milliards d’euros 304 . Trois acteurs (Essilor, Zeiss<br />

et Hoya) représentent à eux seuls près de 60 % du marché.<br />

Surtout, Essilor y détient une part de marché de 42 %, très<br />

loin devant son plus proche concurrent Zeiss, qui détient<br />

une part de marché plus de cinq fois inférieure.<br />

301 Autorité de la concurrence, avis n°09-A-32 du 26 juin 2009 relatif à un accord dérogatoire aux délais de paiement dans le secteur de<br />

l’optique lunetterie.<br />

302 Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.<br />

303 Commission européenne, COMP/M.3670 – EQT Group / Carl Zeiss / Sola, 3 mars 2005.<br />

304 Essilor, Document de référence 2011.<br />

77


Essilor<br />

Hoya<br />

Zeiss<br />

Sous-total 3 leaders<br />

Total<br />

78<br />

4 190 305<br />

745 306<br />

849 307<br />

5 784 308<br />

10 000<br />

Figure 64 – Chiffre d’affaires mondiaux et parts de marché des principaux producteurs 309<br />

Sur le marché français, les données disponibles ne<br />

permettent pas de calculer les parts de marché de ces<br />

trois acteurs. Le Conseil de la concurrence avait cepen-<br />

305 Essilor, Document de référence 2011.<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

42% 42%<br />

8% 7%<br />

42 %<br />

7 %<br />

8 %<br />

58 %<br />

100 %<br />

Figure 65 – Parts de marché des producteurs au niveau mondial (2011)<br />

Parts de marché<br />

(%)<br />

Essilor<br />

Hoya<br />

Zeiss<br />

Autres<br />

dant relevé en 2001 qu’Essilor y détenait une part de<br />

marché d’environ 90 %, faisant de ce groupe un acteur<br />

quasi-monopolistique 310 .<br />

306 Hoya, Annual report 2011. Les « total sales » étaient égales à 413 319 millions de yen, dont 20 % concernaient le secteur optique.<br />

307 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />

308 Essilor, Document de référence 2011.<br />

309 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

310 Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.


A défaut de parts de marché, il reste possible d’apprécier<br />

la dimension de chacun de ces producteurs, comme<br />

le montre la Figure 67. Il apparaît clairement qu’Essilor<br />

Essilor<br />

Hoya<br />

Zeiss<br />

Sous-total 3 leaders<br />

311 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />

Figure 66 – Parts de marché des producteurs en France (2001)<br />

974,6<br />

68<br />

144,2<br />

1 186,8<br />

10 %<br />

90%<br />

Chiffres d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

Rapport à<br />

Essilor<br />

Figure 67 – Chiffre d’affaires en France des principaux producteurs et rapport à Essilor 311<br />

41<br />

0,07<br />

0,15<br />

1,22<br />

Essilor<br />

Autres<br />

est très supérieur à ses concurrents en France puisque le<br />

chiffre d’affaires estimé de Zeiss, son principal concurrent,<br />

ne représente que 15 % du sien.<br />

79


2.1.2. L’analyse économique révèle des incitations à la forclusion<br />

sur le marché de l’optique en France<br />

> Des incitations fortes à la forclusion par le<br />

monopole amont<br />

Le secteur de l’optique se caractérise par l’existence<br />

d’acteurs largement dominants sur les marchés amont :<br />

Essilor pour la fabrication de verres d’une part, Luxottica<br />

pour la fabrication de montures d’autre part (voir supra<br />

1.2.2. La fabrication de montures ; Luxottica est le leader<br />

mondial du secteur avec un chiffre d’affaires supérieur à<br />

6,2 milliards d’euros 312 , alors que son principal concurrent,<br />

Safilo réalise un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros 313 ).<br />

La concentration amont sur le marché de la fabrication<br />

des verres se prête à des analyses particulièrement intéressantes<br />

du point de vue concurrentiel (la production et<br />

la vente de montures, représentant une part nettement<br />

plus faible de la valeur dégagée sur le produit fini, ne<br />

sera pas retenu dans l’analyse suivante). Sur le marché de<br />

la fabrication de verres, le cas d’Essilor est particulièrement<br />

illustratif, avec plus de 40 % de parts de marché au<br />

niveau mondial et 90 % estimés au niveau français. Cette<br />

situation interpelle bien entendu l’analyse concurrentielle,<br />

notamment parce qu’elle crée une tension singulière<br />

entre l’amont et l’aval : l’amont se concentre autour<br />

d’un pôle très limité d’acteurs, alors que dans le même<br />

temps sur le marché aval les distributeurs semblent se<br />

livrer une compétition féroce. Cette tension, étudiée par<br />

David Martimort et Jérôme Pouyet dans le cadre d’un<br />

article inédit à paraître 314 , présente toutes les caractéristiques<br />

associées à l’existence d’un risque de forclusion.<br />

Un article scientifique inédit<br />

David Martimort et Jérôme Pouyet se sont interrogés sur<br />

le fonctionnement de ce marché et ses conséquences<br />

en particulier au niveau aval, dans un article inédit et à<br />

paraître (Downstream foreclosure in vertically differentiated<br />

markets), présenté en Annexe III : Forclusion et<br />

concurrence en qualité sur les marchés aval. L’objectif<br />

312 Luxottica, Luxottica Annual Report 2011, 2012.<br />

313 Safilo, Annual Report 2011, 2012.<br />

314 Ibid. supra<br />

80<br />

de leur recherche est de réfléchir aux incitations qu’une<br />

firme dominante en amont aurait à forclore le marché en<br />

aval, c’est-à-dire à s’engager dans des refus de fournir<br />

certains acteurs en aval.<br />

La structure du marché de l’optique répond, dans ses<br />

grandes lignes, à la définition d’une situation de forclusion.<br />

Le contexte est en effet celui d’une firme dominante<br />

en amont qui fournit son produit à des acteurs en<br />

aval, qui eux-mêmes l’utilisent pour fabriquer des biens<br />

vendus ensuite aux consommateurs finals.<br />

La forclusion, présentation classique<br />

Dans une organisation de marché de l’amont vers l’aval,<br />

une firme dominante en amont peut être amenée à mettre<br />

en œuvre des stratégies anticoncurrentielles de forclusion<br />

(« foreclosure » dans la littérature anglo-saxonne).<br />

La forclusion est définie comme étant l’exercice par une<br />

firme dominante sur un marché amont de pratiques cherchant<br />

à contraindre certaines firmes ou certains consommateurs<br />

évoluant quant à eux sur le marché aval dans<br />

leur accès à un input essentiel, et difficilement reproductible,<br />

dont dispose cette firme en amont. Ces pratiques<br />

cherchent en fait à propager le pouvoir de monopole<br />

amont au segment aval, même si ce dernier peut paraître<br />

a priori concurrentiel.<br />

Les méthodes de forclusion varient beaucoup selon les<br />

cas, mais elles ont toutes en commun le désir de mieux<br />

contrôler certains producteurs ou distributeurs en aval,<br />

soit au travers de contrats spécifiques, soit par des choix<br />

organisationnels subtils. Elles peuvent apparaître sous<br />

la forme de contrats d’exclusivité ou de quasi-exclusivité,<br />

de ventes liées, de pratiques tarifaires discriminantes<br />

excluant de facto certains concurrents à l’aval,<br />

de contraintes techniques limitant l’accès à l’input ou la<br />

qualité de cet accès, ou d’une véritable intégration verticale<br />

en direction de l’aval. La firme amont cherche en fait<br />

à répliquer une solution d’intégration verticale au travers


de pratiques contractuelles pouvant limiter à l’accès à un<br />

input essentiel qu’elle fournit.<br />

Une firme qui produirait un bien pour fournir les deux<br />

seuls acteurs existants en aval pourrait limiter sa production<br />

au niveau de monopole et la répartir à part égale<br />

entre eux deux (50 % de sa production pour l’un, 50 %<br />

pour l’autre). Elle pourrait ainsi récupérer le profit de<br />

monopole correspondant à travers la tarification imposée<br />

aux deux acteurs aval. Dans l’hypothèse où les contrats<br />

de fourniture seraient secrets, la firme amont pourrait<br />

être tentée d’avantager l’une des firmes aval, au détriment<br />

de l’autre, afin de capter un profit plus grand par<br />

son intermédiaire : en réalité, cette solution serait vouée<br />

à l’échec. Avantager un des détaillants ne se fait qu’au<br />

détriment de l’autre et donc des profits que le monopole<br />

amont aurait pu récupérer au travers de sa relation<br />

contractuelle avec ce dernier. Au final, la firme amont<br />

devient donc son propre concurrent.<br />

Pour contrecarrer ces effets, la firme amont peut pratiquer<br />

des contrats d’exclusivité et ne fournir qu’un seul<br />

distributeur aval. Elle peut aussi, et c’est l’originalité<br />

du travail présenté, accroître la différenciation de ses<br />

produits, de manière à constituer autant de monopoles.<br />

La forclusion dans le cas de produits différenciés<br />

Dans un marché de produits ainsi différenciés, les<br />

consommateurs finals choisissent leur détaillant en<br />

fonction du meilleur rapport qualité-prix : c’est selon ce<br />

critère que se segmente le marché, les consommateurs<br />

les plus disposés à payer cher ayant accès à la meilleure<br />

qualité. Le marché se divise en une multitude de<br />

segments caractérisés par des niveaux de qualité différents.<br />

En conséquence, la concurrence sur le marché aval<br />

est une concurrence en biens différenciés verticalement<br />

par leur qualité.<br />

Dans un tel contexte, le monopole amont ne cherche<br />

plus à contracter secrètement avec chacun de ses détaillants<br />

pour augmenter leurs productions respectives.<br />

Ses comportements résultent maintenant d’un choix<br />

optimisé du degré de différenciation entre les qualités<br />

produites sur les segments hauts et bas du marché. Dans<br />

cette hypothèse, qui ressemble peu ou prou à celle du<br />

marché de l’optique, les contrats de fourniture d’inputs<br />

définissent de fait la structure de coût des détaillants qui<br />

se font concurrence en aval. La firme amont cherche ainsi<br />

à agir au travers de ces contrats comme si elle était un<br />

monopole multi-produit verticalement intégré.<br />

Pour préserver les rentes de monopole associées à une<br />

telle situation, la firme amont est incitée à différencier<br />

encore ses produits. Si elle se spécialisait en ne produisant<br />

que des biens de qualité haute, les distributeurs<br />

pourraient se tourner vers un producteur concurrent,<br />

qui pourrait alors servir l’ensemble du marché avec un<br />

produit de qualité intermédiaire.<br />

Un autre enjeu pour le monopole amont est de capter les<br />

profits générés par le système des détaillants en aval. La<br />

fixation des prix en amont (et donc des marges générées<br />

par le monopole) de chacun de ses produits, résulte d’un<br />

dosage subtil : augmenter le prix d’un produit de plus<br />

grande qualité peut conduire à augmenter la demande<br />

d’un produit de moindre qualité vendu moins cher. Pour<br />

extraire le plus grand surplus des consommateurs, il peut<br />

alors être intéressant pour la firme de rendre les biens de<br />

qualité inférieure moins attractifs, afin que la demande<br />

se reporte sur des produits de meilleure qualité et plus<br />

coûteux.<br />

Dès lors que les contrats qu’il signe avec ses détaillants<br />

sont publics, le monopole amont peut mettre en œuvre<br />

une stratégie lui permettant de se comporter comme<br />

une firme verticalement intégrée, accaparant le surplus<br />

aval. Ainsi, plutôt que de contrôler directement les prix<br />

à la consommation fixés par les détaillants, le monopole<br />

amont peut se contenter de déterminer les prix des<br />

différentes qualités qu’il leur fournit. De cette manière,<br />

les choix décentralisés à l’aval répliquent les prix qui<br />

auraient été choisis par un monopole intégré verticalement,<br />

à qualités fixées et publiquement reconnues.<br />

Lorsque les contrats sont secrets, ces profits ne sont plus<br />

accessibles. Le monopole amont est maintenant confronté<br />

à un paradoxe : il est incité à renégocier avec les détail-<br />

81


lants fournissant la qualité basse en aval pour augmenter<br />

la demande et le prix de ce segment. Mais cette stratégie<br />

vient cannibaliser le segment de haute qualité. Elle<br />

implique en effet l’érosion des marges et des profits sur<br />

ce segment supérieur. In fine, le monopole crée sa propre<br />

concurrence.<br />

Afin d’éviter ces stratégies de cannibalisation et protéger<br />

ses profits, le monopole amont peut vouloir nouer<br />

des contrats d’exclusivité avec des distributeurs représentant<br />

l’ensemble de la gamme. Dans cette hypothèse,<br />

l’acteur amont se transforme de facto en monopole intégré<br />

mono-produit verticalement vers l’aval, au détriment<br />

des consommateurs.<br />

> La forclusion dans le secteur de l’optique<br />

Cette analyse fait directement écho à la stratégie récente<br />

d’Essilor, acteur dominant du marché amont qui fournit<br />

des inputs à des distributeurs de lunettes en concurrence<br />

auprès des consommateurs finals.<br />

La double stratégie d’intégration et de diversification<br />

d’Essilor expliquée plus haut trouve ici son sens.<br />

La stratégie de différenciation d’Essilor<br />

En différenciant ses produits, Essilor multiplie les monopoles<br />

multi-produits verticalement intégrés et renforce<br />

sa position de leader. Pour y parvenir, Essilor diversifie<br />

sa gamme de produits de plusieurs façons.<br />

Une intégration plus forte en amont avec les laboratoires<br />

de recherche permet de développer de nouvelles technologies<br />

propices à extraire le surplus des consommateurs<br />

formant le haut du marché. Des investissements importants<br />

en recherche et développement lui permettent de<br />

préserver sa position de leader en innovant systématiquement<br />

sur le « haut de gamme », en produisant des<br />

verres de qualité toujours supérieure et complexes qui<br />

sont ensuite fournis aux distributeurs à l’aval. Ses filiales,<br />

comme BBGR, lui permettent de diversifier aussi sa<br />

production, sur des gammes plus basses.<br />

315 Frankfurter Allgemeine Zeitung, Preisabsprachen im « Herrz »-Kränzchen, 11 juin 2010.<br />

82<br />

Parallèlement, Essilor renforce sa position sur le bas du<br />

marché en développant une offre de lunettes prémontées<br />

(« readers »). Le groupe possède d’importantes capacités<br />

de production de lunettes prémontées et un portefeuille<br />

de marques conséquent, qui lui permet de distribuer ses<br />

produits à de nombreux opticiens ou centres commerciaux,<br />

etc.<br />

Cette stratégie entretient la position d’Essilor sur le<br />

marché, pour plusieurs raisons :<br />

— augmenter la gamme de produits permet de réduire<br />

les possibilités d’entrée de la part de compétiteurs. En<br />

élargissant son offre, l’opérateur en place limite la profitabilité<br />

de l’entrant potentiel ;<br />

— introduire une « fighting brand » pour concurrencer<br />

directement l’entrant permet de capturer une partie de<br />

l’accroissement de demande créé par l’arrivée de l’entrant.<br />

Dans les deux cas, l’entrant doit être plus efficace<br />

que l’opérateur en place pour pouvoir entrer profitablement.<br />

Ces deux stratégies sont parfaitement légitimes de la<br />

part de l’opérateur en place dès lors que chaque acteur<br />

est sur un « pied d’égalité », c’est-à-dire dès lors que<br />

chaque acteur a toute la latitude pour produire sa gamme<br />

de produits. Elles deviennent plus problématiques dès<br />

lors qu’un des acteurs détient un pouvoir de monopole<br />

sur la production d’un input essentiel à la production de<br />

ces produits finaux.<br />

La différenciation peut en outre avoir pour effet d’instituer<br />

un contexte favorable aux ententes collusives. Le producteur<br />

amont peut en effet chercher à empêcher l’entrant<br />

de s’approvisionner en input auprès d’autres producteurs.<br />

En 2010, le Bundeskartellamt allemand a ainsi condamné<br />

les trois producteurs qui se partagent la quasi-totalité du<br />

marché mondial (Essilor, Zeiss et Hoya) et d’autres à une<br />

amende de 115 millions 315 d’euros pour s’être entendus<br />

régulièrement pour une hausse des prix . Les relations<br />

multi-marchés sont en effet propices aux ententes collusives.<br />

La collusion tacite entre acteurs ne se réalise que


lorsque les gains à long terme pour chaque acteur associés<br />

à un comportement collusif sont plus importants que les<br />

tentations à court terme de dévier de cet accord. La collusion<br />

devient plus facile à soutenir lorsque les acteurs<br />

sont en concurrence sur plusieurs marchés simultanément,<br />

car les déviations d’un des participants à l’accord<br />

illicite pourront alors être « punies » sur l’ensemble des<br />

marchés où ils sont en interaction.<br />

La stratégie d’intégration verticale d’Essilor<br />

En réalisant une intégration verticale, Essilor se prémunit<br />

des concurrents. Sa stratégie, qui consiste, de plus<br />

en plus, à intégrer toutes les étapes de la production des<br />

verres à la distribution aux opticiens à travers l’acquisition<br />

de centres de distribution et de laboratoires de prescription,<br />

lui permet de poursuivre cet objectif. En aval de<br />

la production, cette intégration de plus en plus poussée<br />

2.2. Les doutes sur le secteur aval<br />

Outre les doutes de forclusion pesant sur le marché<br />

amont, plusieurs éléments peuvent susciter des doutes<br />

sur le bon fonctionnement concurrentiel du marché au<br />

niveau aval, notamment l’existence de prix élevés pour le<br />

consommateur final (2.2.1.), les marges importantes réalisées<br />

par les acteurs du secteur au regard de la réalité des<br />

316 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.<br />

et l’élargissement de la gamme de produits pourraient<br />

conduire Essilor à également intégrer la distribution<br />

directe de lunettes aux consommateurs, notamment pour<br />

les lunettes prémontées, pour lesquelles le processus de<br />

montage est déjà compris dans la phase de production.<br />

L’absence d’incitation à fournir le bas du marché<br />

L’ensemble de ces éléments conduit à penser qu’Essilor<br />

n’est pas incité à fournir spontanément le « bas » du<br />

marché que sont les distributeurs en ligne. Si le monopole<br />

amont le faisait, il introduirait des produits moins<br />

chers qui viendraient de fait réduire les surplus qu’il<br />

capte. En s’intégrant plus fortement avec le secteur de la<br />

distribution en aval, le monopole amont trouve une façon<br />

de s’engager à ne pas servir les entrants potentiels, ce qui<br />

permet in fine de limiter la perte de profit associée à une<br />

concurrence accrue.<br />

pays voisins (2.2.2.), certaines pratiques en marge de la<br />

légalité dans les rapports des distributeurs au système<br />

de remboursement (2.2.3.), la démographie de la profession<br />

rapportée aux benchmarks internationaux (2.2.4.),<br />

(2.2.5.) du secteur.<br />

2.2.1. L’existence de prix élevés pour le consommateur final<br />

Un niveau de prix à la consommation élevé semble être<br />

l’une des conséquences parmi les plus manifestes et les<br />

plus dommageables pour le consommateur final d’entraves<br />

à une concurrence normale sur un marché donné.<br />

Le niveau des prix de l’optique apparaît élevé, dans un<br />

secteur assez opaque. Les comparaisons et l’établissement<br />

de moyennes de prix sont très complexes, notamment<br />

en raison des éléments précédemment exposés. A<br />

défaut de pouvoir retenir une option qui se révélerait<br />

correcte de manière uniforme, les paragraphes suivants<br />

présentent les différentes hypothèses retenues dans<br />

diverses publications :<br />

— Optical Center a estimé qu’une paire de lunettes coûtait<br />

en moyenne environ 350 euros 316 ;<br />

— une étude du magazine Que Choisir en septembre 2011<br />

relevait que les prix s’étalaient entre 91 et 722 euros 317 ;<br />

— l’étude Xerfi sur la distribution optique retient que le<br />

prix moyen des lunettes adultes est de 107 euros et de 55<br />

euros pour les lunettes enfants ;<br />

— le sondage réalisé par la Mutualité Française retient<br />

83


que les prix sont de 277 euros en moyenne pour les verres<br />

unifocaux et de 591 euros en moyenne pour les verres<br />

progressifs (soit une moyenne de 434 euros) ;<br />

— la revue spécialisée L’Opticien lunetier, sur la base de<br />

données GfK, estime que le prix moyen est de 259 euros<br />

pour des équipements unifocaux et de 577 euros pour des<br />

équipements progressifs 318 ;<br />

— les données GfK détaillent de manière à distinguer<br />

des verres unifocaux<br />

des verres progressifs<br />

des verres de correction<br />

des montures optiques<br />

des montures solaires<br />

317 Les auteurs s’appuient sur les déclarations publiques précitées.<br />

318 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

319 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

320 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />

321 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />

84<br />

259<br />

577<br />

des produits d’entretien de lentilles<br />

des lentilles de contact<br />

Figure 68 – Sondage Mutualité Française et L’Opticien Lunetier<br />

entre les verres de correction (prix moyen de 94,10<br />

euros), les montures optiques (prix moyen de 121,40<br />

euros), les montures solaires (prix moyen de 98,20<br />

euros), les produits d’entretien de lentilles (prix moyen<br />

de 9,60 euros) et les lentilles de contact (prix moyen de<br />

2,40 euros). On en conclut que le prix moyen d’une paire<br />

de lunettes est de 215,50 euros.<br />

L’Opticien lunetier 319<br />

Prix moyens (euros)<br />

94,10<br />

121,40<br />

98,20<br />

9,60<br />

2,40<br />

Figure 69 – Note regards, données à fin septembre 2012 321<br />

Sondage<br />

Mutualité française 320<br />

277<br />

591<br />

Prix moyens<br />

(euros)


lunettes adultes<br />

lunettes enfants<br />

La moyenne de ces estimations (en excluant celle faite par<br />

Que Choisir, qui tient plus du relevé issu d’une enquête<br />

de terrain que d’une évaluation moyenne) donne un prix<br />

Optical Center<br />

Que Choisir<br />

Xerfi<br />

Mutualité Française<br />

GfK<br />

Moyenne<br />

(à l’exclusion de Que Choisir)<br />

322 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

Figure 70 – XERFI 322<br />

Figure 71 – Synthèse des estimations<br />

Prix moyens<br />

(euros)<br />

107<br />

55<br />

moyen autour de 333 euros (ce résultat est évidemment à<br />

prendre avec précaution).<br />

Prix moyens<br />

(euros)<br />

350 euros<br />

entre 91 et 722 euros<br />

107 euros<br />

434 euros<br />

215,50 euros<br />

333,16 euros<br />

85


2.2.2. Des chiffres d’affaires élevés pour les professionnels du secteur<br />

au regard de la réalité des pays voisins<br />

> Des marges importantes<br />

Le Conseil de la concurrence avait déjà relevé que « les<br />

marges dans le secteur sont élevées » 323 . Le secteur<br />

réalise en moyenne en effet une marge brute estimée à<br />

environ 60 % (63,1 % en 2010 selon une première estimation<br />

324 ; 57,7 % selon une autre 325 ) pour un résultat<br />

Taux de marge<br />

(euros)<br />

> Des chiffres d’affaires bien supérieurs à ceux<br />

constatés dans les autres pays<br />

Les chiffres d’affaires du secteur semblent particulièrement<br />

élevés en comparaison avec les autres pays. Comme<br />

l’illustre la démonstration en Annexe I : Comparaison des<br />

86<br />

20 à 49<br />

salariés<br />

Figure 72 – Taux de marge selon la taille des entreprises du secteur 328<br />

courant moyen de 20,5 % des ventes 326 . Certains acteurs<br />

évoquent cependant un « nettoyage » du marché, « au<br />

détriment des points de vente les moins bien gérés » et au<br />

bénéfice d’une consolidation « autour des points de vente<br />

de plus de 700 000 euros d’activité » 327 .<br />

50 à 99<br />

salariés<br />

plus de<br />

100 salariés<br />

51,4 % 61,8 % 58,7 %<br />

chiffres d’affaires des marchés de l’optique entre pays, le<br />

marché français de l’optique s’avère en moyenne supérieur<br />

de 1,5 milliard d’euros à ce qu’il devrait être sur la base<br />

d’un fonctionnement comparable à celui de ses voisins.<br />

323 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

324 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

325 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

326 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />

327 Jean-Denis Douannet, Directeur du développement de Luz <strong>Optique</strong>, in Bien vu, Créer, reprendre un point de vente, 12 moins pour s’installer,<br />

Hors série 2010-2011.<br />

328 INSEE, Fiche sectorielle de l’enquête annuelle d’entreprise dans le commerce 2006, Activité de détail et activités assimilées 524T optique,<br />

photographie.


1600<br />

1400<br />

1200<br />

1000<br />

800<br />

600<br />

400<br />

200<br />

0<br />

-200<br />

1 057<br />

444<br />

Verres Montures Lentilles<br />

Figure 73 – Surplus moyen du marché français en comparaison avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, en millions d’euros<br />

Si le chiffre d’affaires par consommateur en France était le même que dans les pays voisins (Allemagne, Espagne,<br />

Italie, Royaume-Uni) il aurait dû être jusqu’à 1,5 milliard d’euros inférieur en 2007, ce qui représente un écart conséquent<br />

pour un marché de 4,2 milliards d’euros. C’est donc un peu plus d’un tiers (35 %) du chiffre d’affaires français<br />

qui apparaît en surplus par rapport aux pays voisins.<br />

35%<br />

Figure 74 – L’ « excès » inexpliqué du marché français<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

1 458<br />

Total<br />

Cet « excès » est difficilement explicable au premier abord. Si l’on écarte l’hypothèse de caractéristiques oculaires<br />

divergentes entre les consommateurs de ces pays, les raisons de ce chiffre d’affaires « en surplus » semblent devoir<br />

être recherchées dans la structure française du secteur.<br />

18<br />

65%<br />

-62<br />

87


Des chiffres d’affaires par consommateur bien<br />

supérieurs aux autres pays<br />

Rapportés au nombre de consommateurs par pays (voir<br />

Annexe I : Comparaison des chiffres d’affaires des marchés<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

88<br />

de l’optique entre pays), le chiffre d’affaires par consommateur<br />

en France dans le secteur de l’optique est généralement<br />

bien supérieur à ce qu’il est dans la plupart des pays<br />

comparables, à l’exception du Royaume-Uni.<br />

Verres Montures Lentilles Produits<br />

d’entretien<br />

Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni<br />

Figure 75 – Le chiffre d’affaires moyen par consommateur, par type de produit, dans 5 pays de l’Union européenne, en euros<br />

Total<br />

A titre d’exemple, le chiffre d’affaires par consommateur français est de 182,13 euros, contre 110,11 euros par consommateur<br />

allemand. Cette différence est particulièrement marquée sur le segment des verres : alors que le chiffre d’affaires<br />

par consommateur est supérieur à 67 euros en France, il n’est que de 44,64 euros en Allemagne (et même 40,71 euros<br />

au Royaume-Uni). Il semble donc que le marché français réalise un volume d’affaires sensiblement supérieur au marché<br />

allemand.<br />

Ce sont donc les verres qui, en France, semblent produire un chiffre d’affaires par client bien supérieur aux autres pays : le<br />

chiffre d’affaires moyen dans les autres principaux pays de l’Union européenne représente généralement 60 % du chiffre<br />

d’affaires français (et même 50 % dans le cas de l’Espagne).


80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

44,64<br />

33,65<br />

67,26<br />

Verres<br />

39,91<br />

40,71<br />

Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni<br />

Figure 76 – Le chiffre d’affaires par consommateur pour les verres dans 5 pays de l’Union européenne, en euros<br />

2.2.3. Des complémentaires santé victimes de comportements frauduleux<br />

de la part des distributeurs<br />

Plusieurs acteurs de la profession, principalement les<br />

complémentaires, laissent entendre que se pratiqueraient<br />

des « optimisations de facture ». Selon le président<br />

de la Mutualité Française, Etienne Caniard : « ce sont les opticiens<br />

qui disent : “ combien vous rembourse votre mutuelle ? ”<br />

et qui vont au maximum » 329 . Caroline Touizer, directrice<br />

des réseaux de soins de Santéclair, expliquait ainsi à la<br />

presse en 2010 que « selon elle, faute d’encadrement<br />

du marché, certains opticiens peuvent parfois proposer<br />

des options dont les clients n’ont pas forcément besoin,<br />

mais que leur assurance rembourse en cas de couverture<br />

très large. “On appelle cela de l’optimisation de facture,<br />

souligne Caroline Touizer. Des opticiens ajustent les<br />

devis aux garanties offertes par les complémentaires, en<br />

surfacturant par exemple les verres, mieux remboursés<br />

que les montures” » 330 .<br />

En pratique, l’opticien déterminerait le prix payé par le<br />

consommateur final en fonction des remboursements<br />

dont celui-ci bénéficie : plus le plafond de remboursement<br />

de la complémentaire est élevé, plus le prix fixé par<br />

l’opticien le serait en conséquence. Le vendeur augmenterait<br />

ainsi ses prix en étant assuré de la solvabilité de<br />

son client. Cela implique que l’opticien se renseignerait<br />

sur la mutuelle du consommateur, avant de lui proposer<br />

un prix.<br />

Les « optimisations de facture » seraient courantes dans<br />

le secteur puisque 36 % des consommateurs se seraient<br />

déjà vu proposer un prix ainsi « arrangé » et près d’un<br />

consommateur sur cinq (22 %) se serait vu proposer un<br />

« prix arrangé pour maximiser le remboursement de ses<br />

lunettes par la mutuelle ». Ce serait même le cas de près<br />

d’un consommateur sur trois (27 %) pour ceux qui sont<br />

satisfaits de leur mutuelle et de quatre consommateurs<br />

sur dix pour ceux qui sont âgés de 25 à 34 ans. A l’inverse,<br />

ce ne serait le cas que de 8 % des consommateurs<br />

sans mutuelle. Dans 16 % des cas, les opticiens auraient<br />

329 La Tribune, 4 octobre 2012, Afflelou attaque les mutuelles qui «poussent à la consommation» de lunettes chères.<br />

330 La Croix, De nouvelles formes de concurrence sur le marché de l’optique, 21 septembre 2010<br />

89


incité à la consommation, en garantissant aux consommateurs<br />

que leurs dépenses seraient remboursées par la<br />

mutuelle 331 .<br />

L’ « optimisation de facture » permettrait par ailleurs aux<br />

distributeurs de faire profiter leurs clients d’avantages<br />

divers, présentés comme des « cadeaux » mais en réalité<br />

en partie ou intégralement financés par les prix élevés<br />

permis par les remboursements des complémentaires.<br />

Ces pratiques promotionnelles contribuent certainement<br />

à fidéliser les clientèles et, dès lors, à rigidifier la possibilité<br />

pour des nouveaux entrants de les attirer vers eux.<br />

Ces pratiques sont attestées dans une affaire opposant<br />

Optical Center à Afflelou, la condamnation en appel de<br />

cette dernière société à verser plus d’un million d’euros<br />

de dommages et intérêts pour concurrence déloyale ayant<br />

été confirmée par la cour d’appel de Paris en septembre<br />

2012 332 . En l’espèce, Optical Center reprochait à Afflelou<br />

de pratiquer de « l’optimisation de facture » (« des<br />

abus se sont avérés à l’occasion de cette prise en charge<br />

[par les mutuelles] dans la mesure où étaient faussement<br />

La démographie des opticiens est particulièrement dynamique<br />

en France. C’est particulièrement vrai en matière<br />

90<br />

imputées sur les frais pris en charge les dépenses les<br />

plus importantes, pratiques attractives pour les clients<br />

qui n’avaient ainsi à régler sur leurs deniers personnels<br />

qu’un prix largement minoré »). La cour a jugé que « les<br />

pratiques relatées constituent des fautes dans la mesure<br />

où elles contreviennent à des interdictions légales. [En<br />

outre,] ces pratiques ne sont pas le fait ponctuel d’un point<br />

de vente Alain Afflelou mais caractérisent des pratiques<br />

unifiées au sein de l’ensemble du groupe, que les points<br />

de vente soient des franchises ou des succursales ; […] de<br />

telles pratiques drainant une clientèle importante étant<br />

source de revenus considérables ».<br />

Si cet arrêt de la cour d’appel de Paris ne démontre pas<br />

que la pratique est généralisée, les citations précédemment<br />

relevées laissent penser qu’elles ne sont pas non<br />

plus isolées. Au demeurant, la cour relève qu’elles sont<br />

avérées dans le cas d’un point de vente Optical Center au<br />

moins. Sous ces réserves, il semble donc que la pratique<br />

de l’ « optimisation de facture » a une influence non négligeable<br />

à la hausse sur les prix de l’optique.<br />

2.2.4. Une démographie des opticiens très élevée en France au regard des<br />

benchmarks internationaux<br />

d’ouverture de points de vente : ils sont passés de 7 773<br />

en 2000 à 11 422 en 2012.<br />

331 Happy View, 1 ère édition de l’étude Happyview.fr réalisée par OpinionWay sur le prix des lunettes et la vente de lunettes sur internet,<br />

17 juin 2010 ;<br />

Reportage du journal télévision de France 2 du 12 décembre 2012.<br />

332 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.


12 000<br />

11 500<br />

11 000<br />

10 500<br />

10 000<br />

9 500<br />

9 000<br />

8 500<br />

8 000<br />

7 500<br />

7 000<br />

7 773<br />

7 966<br />

8 109<br />

8 450<br />

8 249<br />

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012<br />

Ce dynamisme est d’autant plus notable en comparaison<br />

avec quelques pays étrangers. La France compte en<br />

septembre 2012 un peu plus de 11 400 points de vente<br />

d’optique, ce qui correspond à un rapport de 0,0019 point<br />

de vente par habitant. Ce taux illustre une densité importante<br />

du maillage du territoire français. Par comparaison,<br />

pour une population à peu près équivalente, le Royaume-<br />

Uni compte environ 5 000 points de vente de moins<br />

(7 000 au total), soit 0,0015 point de vente par habitant.<br />

La divergence est encore plus forte avec les Etats-Unis<br />

qui, avec une population de plus de 300 millions d’ha-<br />

8 723<br />

9 500<br />

9 831<br />

Figure 77 – Nombre de points de vente d’optique 333<br />

10 111<br />

10 520<br />

11 100<br />

10 851<br />

11 422<br />

bitants, ne compte que 20 000 points de vente (soit un<br />

taux de 0,0007 point de vente par habitant). La densité<br />

du réseau de points de vente d’optique français conduit<br />

à ce qu’il y ait environ 5 401 habitants par point de vente,<br />

contre 14 990 aux Etats-Unis.<br />

Selon une étude comparative, la France, l’Allemagne,<br />

l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, qui regroupent<br />

environ 314 millions d’habitants, comptent 49 548<br />

points de vente d’optique, ce qui conduit à un rapport de<br />

0,00016 point de vente par habitant et un autre de 6 337<br />

habitants par point de vente 334 .<br />

333 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008 (étude reposant sur des données GfK) pour les années 2000 à 2005 ;<br />

GfK, Note regards, données à fin mars 2012 pour les années 2006 à 2012.<br />

334 Strategy with Vision, The European Optical Market 2010-2011 – SWV consolidated report, 2011.<br />

91


Nombre<br />

de points<br />

de vente<br />

Nombre<br />

d’habitants 339<br />

(millions)<br />

Point de<br />

vente /<br />

habitant<br />

Habitants<br />

/ point de<br />

vente<br />

92<br />

France Espagne 335 Allemagne 336 Royaume-<br />

Uni 337<br />

11 422<br />

61,7<br />

0,0019<br />

5 401<br />

9 250<br />

44,9<br />

0,0021<br />

4 851<br />

12 030<br />

82,3<br />

0,0015<br />

6 838<br />

Il ressort donc qu’en France la densité des points de<br />

vente est plus forte que dans la plupart des autres pays<br />

comparables (à l’exception de l’Espagne). Cela s’explique<br />

probablement pour partie par la dimension « proximité », à<br />

laquelle les consommateurs semblent prêter une grande<br />

importance 340 et par le vieillissement de la population.<br />

Néanmoins, cela semble insuffisant pour expliquer les<br />

335 Alain Afflelou, Rapport annuel 2006-2007.<br />

7 000<br />

60,1<br />

0,0012<br />

8 591<br />

Figure 78 – Densité des points de vente dans quelques pays<br />

336 Zentralverband der Augenoptiker, Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.<br />

Italie Etats-Unis 338<br />

59,4<br />

20 095<br />

301,2<br />

0,0007<br />

14 990<br />

spécificités du marché français au regard des pays équivalents,<br />

qui connaissent des tendances semblables.<br />

L’accroissement continu du nombre de points de vente,<br />

certainement permis par une rentabilité particulière, doit<br />

peut-être être mis en relation avec le surplus du marché<br />

précédemment relevé.<br />

337 Optical Confederation, Government consultation – liberating the NHS : regulating health care providers, 2010.<br />

338 Highbeam Business, Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.<br />

339 Source : OCDE StatExtracts, consulté en ligne.<br />

340 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.


16 000<br />

14 000<br />

12 000<br />

10 000<br />

8 000<br />

6 000<br />

4 000<br />

2 000<br />

0<br />

Nombre<br />

de points<br />

de vente<br />

Marché<br />

total<br />

(Md€) 346<br />

CA moyen<br />

par point<br />

de vente<br />

(euros)<br />

Espagne France Moyenne UE<br />

5<br />

9 500<br />

4,53<br />

Figure 79 – Nombre moyen de consommateurs par point de vente dans quelques pays<br />

Le chiffre d’affaires annuel moyen par point de vente en<br />

France est d’environ 501 000 euros 341 en 2012, en décrue<br />

depuis quelques années. S’il est supérieur à ce qu’il est en<br />

France Espagne 342 Allemagne 343 Royaume-<br />

Uni 344<br />

476 842<br />

9 250<br />

2,15<br />

232 432<br />

12 030<br />

3,42<br />

284 289<br />

7 000<br />

3,48<br />

497 143<br />

Figure 80 – Chiffre d’affaires moyen par point de vente 347<br />

341 GfK, Note regards, données à fin mars 2012 pour les années 2006 à 2012.<br />

342 Alain Afflelou, Rapport annuel 2006-2007.<br />

343 Zentralverband der Augenoptiker, Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.<br />

Espagne et en Allemagne, il est légèrement inférieur à ce<br />

qu’il est en Grande Bretagne.<br />

Italie Etats-Unis 345<br />

3,36<br />

344 Optical Confederation, Government consultation – liberating the NHS : regulating health care providers, 2010.<br />

345 Highbeam Business, Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.<br />

346 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

Allemagne Royaume-Uni Etats-Unis<br />

20 095<br />

347 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008 (étude reposant sur des données GfK) pour les années 2000 à 2005 ;<br />

GfK, Note regards, données à fin mars 2012 pour les années 2006 à 2012.<br />

93


2.2.5. Un marché concentré<br />

Le secteur de la distribution de produits d’optique au<br />

détail apparaît relativement concentré, organisé autour<br />

de cinq principaux groupes qui détiennent 70 % des<br />

points de vente et réalisent 73 % du chiffre d’affaires. Il<br />

est donc composé d’acteurs détenant individuellement<br />

ou collectivement un pouvoir de marché certain et donc<br />

la capacité potentielle a déterminer les prix en se sous-<br />

Groupe Guildinvest<br />

Group All<br />

Groupe Optic 2000<br />

Grand Vision<br />

Groupe Schertz / Luz<br />

SOUS TOTAL LEADERS<br />

Soc.Cos.Europtic<br />

Atol<br />

Alain Afflelou<br />

Les opticiens mutualistes<br />

Optic Libre<br />

TOTAL 10 PREMIERS<br />

348 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />

94<br />

3 323<br />

1 670<br />

1 535<br />

648<br />

1 120<br />

8 296<br />

880<br />

746<br />

722<br />

673<br />

542<br />

11 859<br />

trayant à la pression concurrentielle.<br />

> Parts de marché en points de vente<br />

Sur un marché français global de la vente de produits<br />

d’optique, les cinq premiers concurrents détiennent<br />

70 % des points de vente.<br />

Nombre de<br />

points de vente 348<br />

Parts de marché<br />

(%)<br />

28 %<br />

14 %<br />

13 %<br />

5 %<br />

9 %<br />

70 %<br />

7 %<br />

6 %<br />

6 %<br />

6 %<br />

5 %<br />

100 %<br />

Figure 81 – Parts de marché des groupes d’optique en nombre de points de vente


Parts de marché en valeur<br />

Sur un marché français global de la vente de produits<br />

Groupe Guildinvest<br />

Groupe Optic 2000<br />

Group All<br />

Grand Vision<br />

Alain Afflelou<br />

SOUS TOTAL LEADERS<br />

Les opticiens mutualistes<br />

Groupe Schertz / Luz<br />

Atol<br />

Soc.Cos.Europtic<br />

Optic Libre<br />

TOTAL 10 PREMIERS<br />

d’optique, les cinq principaux concurrents détiennent<br />

73 % du chiffre d’affaires total.<br />

Chiffre d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

1 540<br />

1 018<br />

653<br />

652<br />

606<br />

4 469<br />

562<br />

400<br />

350<br />

308<br />

150<br />

6 240<br />

Figure 82 – Parts de marché des groupes d’optique en valeur<br />

Parts de marché<br />

(%)<br />

25 %<br />

15 %<br />

11 %<br />

11 %<br />

10 %<br />

73 %<br />

9 %<br />

7 %<br />

6 %<br />

5 %<br />

2,4 %<br />

100 %<br />

95


2.2.6. Un marché opaque sur la formation des prix<br />

> Une transparence très imparfaite du marché<br />

Les prix du secteur de l’optique sont très difficilement<br />

lisibles pour le consommateur, c’est à dire qu’il n’existe<br />

pas de grille exhaustive et précise qui lui permette de<br />

connaître et comparer les prix de référence des équipements<br />

disponibles chez les différents distributeurs.<br />

Cette absence de transparence peut s’expliquer au<br />

premier abord par la pluralité des paramètres déterminant<br />

le prix final d’une paire de lunettes : par exemple,<br />

pour chaque consommateur, les verres varient par leur<br />

qualité, les défauts qu’ils corrigent, etc. ; leur composition<br />

fait en outre intervenir de multiples composants (matériau,<br />

anti-reflet, etc.). Il existe donc de très nombreuses<br />

combinaisons possibles entre les différentes montures,<br />

les références de verres, etc. Par ailleurs, même si le<br />

prix des montures ne semble pas devoir varier fortement<br />

d’un distributeur à l’autre, la grande diversité des<br />

produits proposés renforce l’impression d’abondance de<br />

références difficilement comparables entre elles. Enfin,<br />

les pratiques d’« optimisation de facture », lorsqu’elles<br />

sont avérées, brouillent encore la possibilité d’obtenir<br />

des prix lisibles et donc encore plus de les comparer : à<br />

chaque client (et à chaque complémentaire) correspond<br />

un prix, proposé au client sans bien souvent que celui-ci<br />

puisse accéder en boutique à un catalogue ou une grille<br />

de prix des verres (lesquels, à la différence des prix des<br />

montures qui sont eux annoncés, sont rarement affichés<br />

dans le détail, compte tenu de la diversité des options et<br />

des corrections disponibles).<br />

La formation du prix reste donc d’une complexité certaine<br />

au niveau de la distribution. Le Conseil de la concur-<br />

96<br />

rence avait relevé que « les marges dans le secteur sont<br />

élevées : dans l’optique médicale, le prix des montures<br />

est déterminé par application d’un multiplicateur auquel<br />

s’ajoute le forfait relatif au montage. Au total, les coefficients<br />

multiplicateurs les plus couramment appliqués se<br />

situent entre 2,6 et 2,8. Il en est de même pour la détermination<br />

des prix de vente des verres. Les coefficients<br />

varient de 2,15 à 3 suivant que le prix d’achat est plus ou<br />

moins élevé, avec une complexité plus grande au niveau<br />

du forfait montage, compte tenu du nombre plus important<br />

de catégories de verres et de corrections visuelles. Le<br />

forfait de montage appliqué sur le prix des verres, mais<br />

aussi sur celui des montures, a un effet important sur le<br />

niveau global du coefficient multiplicateur appliqué au<br />

prix d’achat. La plupart des chaînes intervenant sur ce<br />

marché pratiquent de façon ponctuelle ou quasi permanente<br />

des politiques de remises plus ou moins importantes<br />

» 349 .<br />

Les comparaisons restent donc très difficiles pour le<br />

consommateur, ce qui renforce nécessairement le rôle<br />

de conseil de l’opticien. Le Conseil de la concurrence a<br />

ainsi souligné que « les prix ne sont pas déterminables<br />

sans l’aide de l’opticien » 350 . D’ailleurs, seuls 37 % des<br />

consommateurs comparent les prix et prestations des<br />

opticiens 351 . Cette situation relativement complexe et<br />

opaque, en limitant la possibilité pour le consommateur<br />

final de comparer les prix, contribue à paralyser le jeu<br />

de la concurrence dans la mesure où l’acheteur manque<br />

d’indices prix tangibles et avérés pour jauger et orienter<br />

son choix.<br />

349 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

350 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />

lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />

351 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.


98<br />

3. PARTIE III<br />

favoriser la concurrence dans la<br />

distribution d’optique en France :<br />

pistes et gains attendus<br />

Il ressort des faits et analyses exposés<br />

supra que le fonctionnement du marché français de l’optique<br />

n’est pas à ce jour pleinement concurrentiel, que<br />

ce soit sur son secteur amont ou aval. L’une des manifestations<br />

et conséquences tangible de cette structure<br />

non concurrentielle est la difficulté constatée à l’arrivée<br />

de nouveaux entrants sur le marché français : la France<br />

accuse en effet un retard manifeste quant au déploiement<br />

de l’optique en ligne sur son territoire (3.1.). Ces<br />

freins à la concurrence, qui s’expriment notamment dans<br />

les résistances au e-commerce de produits d’optique, ont<br />

des conséquences dommageables, tant pour le pouvoir<br />

d’achat que pour le dynamisme du secteur en général et<br />

l’emploi ; les lever pourrait créer un appel d’air salutaire<br />

pour le consommateur et le dynamisme de l’économie (3.2).


L’essentiel & les chiffres clés<br />

— Un retard de la France en matière d’optique en ligne :<br />

• la distribution en ligne reste limitée en France : elle représenterait 0,1 % à 1 % du secteur, alors qu’aux<br />

Etats-Unis la vente en ligne représenterait 10 % du secteur, en Allemagne 5 % ;<br />

• un marché encore contraint : une procédure en manquement a été engagée contre la France par<br />

la Commission européenne en raison des restrictions à l’ouverture à la concurrence du secteur de<br />

l’optique ;<br />

— L’optique en ligne a pourtant les faveurs des autorités européennes et internationales :<br />

• les institutions communautaires ont plusieurs fois eu l’occasion d’expliquer en quoi le commerce en<br />

ligne, notamment des produits d’optique, pourrait favoriser la réalisation des objectifs de l’Union<br />

européenne ;<br />

• la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dans le cadre d’un litige concernant<br />

la réglementation hongroise relative à la vente de lentilles en ligne en 2010, a tranché en faveur<br />

du commerce en ligne ;<br />

• aux Etats-Unis, conclusions de rapports 2004 et 2005 de la Federal Trade Commission sur la<br />

3. libéralisation PARTIE III de: FAVORISER la vente enLA ligne CONCURRENCE de produits d’optique DANS LA DISTRIBUTION en faveur du canal D’OPTIQUE Internet ;<br />

— Les EN gains FRANCE à attendre : d’une concurrence accrue sur le marché de l’optique français et de l’entrée de<br />

nouveaux acteurs notamment par le canal Internet :<br />

• faire baisser les prix et en conséquence accroître le pouvoir d’achat des consommateurs :<br />

/ des économies substantielles à l’achat : dans l’hypothèse d’un accroissement de la part de<br />

la distribution par Internet de manière à représenter environ 10 % du secteur, ce canal de<br />

distribution présentant des prix inférieurs à l’ensemble du secteur, les gains attendus pour<br />

les consommateurs vont de 29,4 millions d’euros (prix sur Internet inférieurs de 8 %) à 311,14<br />

millions d’euros (prix inférieurs de 75 %, comme le prétendent les distributeurs en ligne) ; dans<br />

l’hypothèse d’une baisse généralisée des prix des produits d’optique, les gains seraient bien<br />

supérieurs ;<br />

/ une diminution des frais pris en charge par les complémentaires et une baisse de leurs cotisations. ;<br />

• des effets positifs sur l’emploi :<br />

/ la science économique a modélisé et résumé à plusieurs reprises les effets positifs de la<br />

concurrence sur l’emploi, donnant les exemples désormais célèbres du transport aérien, du<br />

transport routier, du commerce de détail ou de la téléphonie mobile ;<br />

/ pour Emmanuel Combe, professeur à l’université Paris 1 et vice-président de l’Autorité de la<br />

concurrence, « contrairement aux idées reçues, toutes les études économiques convergent<br />

pour montrer que la concurrence, si elle détruit des emplois chez les “ insiders ”, en crée<br />

davantage chez les nouveaux entrants, en augmentant la taille du marché » :<br />

En matière d’optique en ligne, aucun élément ne permet de penser que le secteur ait des caractéristiques<br />

différentes invalidant ces effets jusque-là toujours vérifiés.<br />

99


3.1. Le retard de la France en matière<br />

d’optique en ligne<br />

Les mécanismes de forclusion et de concentration amont<br />

et aval mis en lumière supra se traduisent dans les faits<br />

sur le marché aval par une pénétration de marché difficile<br />

par les nouveaux entrants que sont les distributeurs<br />

> Un développement très limité<br />

Si les statistiques précises et fiables sont rares, pour ne<br />

pas dire inexistantes, les acteurs du secteur de l’optique<br />

s’accordent pour reconnaitre que la distribution en ligne<br />

reste limitée en France (qu’ils s’en satisfassent ou le<br />

déplorent).<br />

Le chiffre le plus couramment avancé est que la distribution<br />

d’optique en ligne représenterait entre 0,1 % et<br />

1 % du secteur 352 . D’après le Gouvernement, le canal de<br />

l’optique en ligne représentait cependant de 2 à 3 % du<br />

chiffre d’affaires de la profession en 2008 353 . Ce résultat<br />

reste bien inférieur à la part de ce canal aux Etats-Unis,<br />

où la vente en ligne représenterait 10 % du secteur 354 . En<br />

Allemagne, la part de marché de la distribution par Internet<br />

serait de 5 % au total 355 .<br />

> Un marché encore contraint<br />

La France entretient de telles restrictions à l’ouverture à<br />

la concurrence du secteur de l’optique que la Commission<br />

européenne a dû engager à son encontre une procédure<br />

en manquement (ex article 226 du traité instituant la<br />

100<br />

en ligne. L’optique en ligne peine en effet à se déployer<br />

en France (3.1.1.), alors même qu’elle est soutenue par les<br />

instances européennes (3.2.2.) et dans plusieurs pays de<br />

l’OCDE, notamment les Etats-Unis (3.3.3.).<br />

3.1.1. Un secteur encore peu développé et contraint en France<br />

352 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011 ;<br />

Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />

e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />

Communauté européenne). En septembre 2008, annonçant<br />

qu’elle avait envoyé un « avis motivé » au gouvernement<br />

français, la Commission européenne a relevé<br />

que « la législation en vigueur, en interdisant la vente<br />

à distance de produits d’optique-lunetterie par un opticien-lunetier<br />

diplômé et en prévoyant l’obligation pour<br />

tout opérateur qualifié de faire enregistrer son diplôme<br />

au niveau départemental français, entravent la liberté<br />

d’établissement (article 43 du traité CE), la libre circulation<br />

des services (article 49 CE) et notamment la libre<br />

circulation des services de la société de l’information<br />

(prévue par la directive 2000/31 sur le commerce électronique)<br />

» 356 .<br />

La Commission visait notamment l’article L.4362-9 du<br />

code de la santé publique, non modifié depuis, qui prévoit<br />

notamment que « les établissements commerciaux dont<br />

l’objet principal est l’optique-lunetterie, leurs succursales<br />

et les rayons d’optique des points de vente ne peuvent<br />

être dirigés ou gérés que par une personne remplissant<br />

les conditions requises pour l’exercice de la profession<br />

d’opticien-lunetier » 357 .<br />

353 Secrétariat d’Etat chargé du commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />

libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />

juin 2011.<br />

354 Consultation du comparateur www.optico.net.<br />

355 Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />

E-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />

356 Commission européenne, 18 septembre 2008, Libre circulation des services : procédure d’infraction à l’encontre de la France pour les<br />

entraves à la vente en ligne de produits d’optique-lunetterie, Communiqué de presse IP/08/1354.<br />

357 Henri Alterman, Fabrice Perbost, Vers une réglementation de la vente de produits d’optique-lunetterie sur internet,<br />

Revue de jurisprudence commerciale, n°5, septembre – octobre 2011.


Ces éléments s’ajoutent à ceux relevés plus haut. Ainsi,<br />

les dysfonctionnements concurrentiels probables des<br />

marchés amont peuvent expliquer les difficultés rencontrées<br />

par les opticiens en ligne pour s’approvisionner<br />

Si la réalité des marchés semble encore ambiguë vis-à-<br />

vis du commerce en ligne, le droit communautaire, lui, a<br />

clairement tranché. Dans l’esprit de réalisation d’un marché<br />

unique visant « à établir les fondements d’une union sans<br />

cesse plus étroite entre les peuples européens » 358 , les institutions<br />

communautaires ont plusieurs fois eu l’occasion<br />

d’expliquer en quoi le commerce en ligne, notamment<br />

des produits d’optique, pourrait favoriser la réalisation<br />

des objectifs de l’Union européenne.<br />

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a eu<br />

l’occasion de s’exprimer de manière très éclairante à ce<br />

sujet, principalement dans le cadre d’un litige concernant<br />

la réglementation hongroise relative à la vente de lentilles<br />

en ligne 359 . La loi hongroise imposait en effet de disposer<br />

d’un point de vente d’une surface minimale de 18 m 2<br />

pour commercialiser des lentilles. Ne répondant pas à ce<br />

critère, la société de distribution de lentilles en ligne Ker-<br />

Optika s’était vu interdire la possibilité d’exercer son activité<br />

par l’autorité régionale compétente 360 . Une question<br />

préjudicielle avait été posée à l’occasion du litige au fond<br />

devant le juge national.<br />

A cette occasion, la CJUE a conclu en premier lieu que les<br />

lentilles étaient des dispositifs médicaux mais que l’examen<br />

par un ophtalmologiste, nécessaire à leur prescription,<br />

« ne fait pas indissociablement partie de la vente<br />

des lentilles de contact. En effet, il peut être effectué<br />

indépendamment de l’acte de vente, la vente pouvant être<br />

réalisée, même à distance, sur la base d’une prescription<br />

effectuée par le médecin ophtalmologiste qui a, au préalable,<br />

examiné le client ».<br />

auprès des producteurs d’input. En outre, les doutes<br />

présentés sur les marchés aval peuvent expliquer aussi<br />

que l’accès au marché reste difficile pour les acteurs de<br />

la distribution en ligne.<br />

3.1.2. Le droit communautaire clairement en faveur du canal Internet<br />

358 Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, Préambule.<br />

En outre, la CJUE relève que « l’interdiction des ventes de<br />

lentilles de contact par correspondance prive les opérateurs<br />

provenant d’autres Etats membres d’une modalité<br />

particulièrement efficace de commercialisation de ces<br />

produits et gêne ainsi considérablement l’accès de ces<br />

derniers au marché de l’Etat membre concerné ».<br />

Enfin, si la CJUE juge que des restrictions peuvent être<br />

imposées au nom de préoccupations de santé publique<br />

(ce qui est usuel dans le marché unique), celles-ci doivent<br />

être proportionnées. La CJUE précise qu’ « encore fautil,<br />

toutefois, que cette réglementation n’aille pas au-delà<br />

de ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif, c’est<br />

à dire qu’il n’existe pas de mesures moins attentatoires<br />

à la libre circulation des marchandises pour y parvenir ».<br />

Elle ajoute, pour répondre aux inquiétudes formulées sur<br />

l’absence de conseil des consommateurs en ligne, que<br />

« les clients peuvent être conseillés, d’une manière équivalente,<br />

avant la livraison des lentilles de contact, dans<br />

le cadre de la commercialisation de ces dernières par<br />

Internet, et ce au moyen des éléments interactifs existant<br />

sur le site internet concerné qui doivent être obligatoirement<br />

utilisés par le client avant qu’il ne puisse procéder<br />

à l’achat ».<br />

La CJUE reprend et fait référence à un arrêt de 2003 intervenu<br />

en matière de vente de médicaments non soumis à<br />

prescription médicale sur Internet 361 : dans cette précédente<br />

affaire, la CJUE avait jugé qu’il n’était pas possible<br />

d’interdire des médicaments vendus par correspondance<br />

ayant fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché<br />

allemand et n’étant pas soumis à prescription médicale.<br />

359 Cour de justice de l’Union européenne, arrêt du 2 décembre 2010, Ker-Optika bt contre ANTSZ Del-dunantuli Regionalis Intezete,<br />

Aff. C-108/09.<br />

360 La semaine juridique, édition générale, La vente des lentilles de contact ne peut pas être réservée à des points de vente spécialisés, n°50,<br />

13 décembre 2010 ;<br />

Revue Lamy Droit de l’immatériel, Commercialisation de lentilles de contact sur internet : quelques règles communautaires à ne pas<br />

perdre de vue, n°68, février 2011.<br />

361 Cour de justice de l’Union européenne, arrêt du 11 décembre 2003, Deutscher Apothekerverband, aff. C-2003/01.<br />

101


Elle avait aussi écarté les arguments relatifs à l’absence<br />

supposée de conseils sur Internet 362 .<br />

Ces décisions de la CJUE s’inscrivent dans un mouvement<br />

continu d’une logique bien connue d’extension et<br />

de perfectionnement du marché unique. Dans cette pers-<br />

3.1.3. La promotion du canal Internet aux Etats-Unis<br />

La vente par Internet des produits d’optique n’est pas<br />

promue qu’en Europe. L’exemple américain est illustratif<br />

à ce titre.<br />

En mars 2004, la Federal Trade Commission a produit<br />

un rapport sur la libéralisation de la vente en ligne de<br />

lentilles 364 . Celui-ci relevait que « les avantages économiques<br />

de la vente sur Internet sont bien documentés. Elle<br />

donne aux consommateurs la possibilité de rassembler<br />

plus facilement de l’information sur les prix, la qualité et<br />

la disponibilité, et cette réduction des coûts de recherche<br />

d’information conduit à des transactions plus efficaces et<br />

réduit les coûts de transaction ». Le rapport souligne en<br />

outre que « les consommateurs peuvent souvent obtenir des<br />

102<br />

pective, Internet est un outil essentiel de distribution :<br />

« rien ne devrait plus arrêter la généralisation d’Internet,<br />

voulue par les autorités de la concurrence comme un<br />

canal de distribution “comme les autres” » 363 .<br />

économies significatives ». Ces conclusions ont été confirmées<br />

dans un second rapport, daté de 2005 365 .<br />

La FTC s’est en outre penchée sur quelques cas particuliers.<br />

C’est le cas du Connecticut en 2002 : la FTC a<br />

considéré que les contraintes qui existaient sur la vente<br />

de lentilles par téléphone, Internet et courrier limitaient<br />

la concurrence, augmentaient les coûts pour les consommateurs<br />

et diminuaient les avantages pour le consommateur,<br />

sans fournir de bénéfices en termes de santé<br />

publique ni de sécurité 366 . En 2011, la FTC a rendu un<br />

avis similaire à propos de la législation de la Caroline du<br />

Nord, qui contraignait les ventes de lentilles, lunettes et<br />

autres produits d’optique par Internet 367 .<br />

362 La semaine juridique, entreprise et affaires, Un contrat de distribution sélective peut-il interdire de vendre des produits sur Internet ?,<br />

n°42, octobre 2011.<br />

363 Revue Lamy Droit de l’immatériel, Les réseaux de distribution et internet, un panorama des évolutions récentes, n°46, février 2009.<br />

364 Federal Trade Commission, Possible Anticompetitive Barriers to E-commerce: Contact Lenses, mars 2004.<br />

365 Federal Trade Commission, The Strength of Competition in the Sale of Rx Contact Lenses: an FTC study, février 2005.<br />

366 Federal Trade Commission, FTC staff comment before the Connecticut Board of Examiners for Opticians, 27 mars 2002.<br />

367 Federal Trade Commission, FTC staff comment before the North Carolina State Board pf Opticians Concerning Proposed Regulations for<br />

Optical Goods and Optical Goods Businesses, 13 janvier 2011.


3.2. Les gains à attendre d’une concurrence<br />

accrue sur le marché de l’optique français<br />

L’entrée de nouveaux acteurs sur le marché de la distribution<br />

de produits d’optique et notamment par le canal<br />

Internet en France devrait permettre de faire baisser les<br />

3.2.1. Les gains d’une concurrence accrue en termes de pouvoir d’achat<br />

En se reposant sur différentes hypothèses, l’Annexe II :<br />

Evaluation des gains potentiels de l’accroissement de la<br />

part d’Internet montre que le commerce en ligne pourrait<br />

permettre des gains substantiels de pouvoir d’achat pour<br />

les consommateurs.<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien<br />

de lentilles<br />

Lentilles<br />

Total<br />

198,07<br />

75,69<br />

33,55<br />

5,06<br />

19,78<br />

332,15<br />

368 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

prix et en conséquence accroître le pouvoir d’achat des<br />

consommateurs (3.2.1.). Elle aurait aussi des effets positifs<br />

sur l’emploi (3.2.2.).<br />

Ainsi, dans l’hypothèse où l’ensemble des prix des<br />

produits d’optique baisserait de manière uniforme, les<br />

gains attendus pour les consommateurs s’étalent entre<br />

332 millions d’euros (baisse de 8 %) et 3,1 milliards d’euros<br />

(baisse de 75 %) comme l’illustre la Figure 83.<br />

Hypothèses de réduction uniforme des prix (millions d’euros)<br />

8 %<br />

10 % 25 % 30 % 75 %<br />

246,93<br />

95,51<br />

41,72<br />

6,66<br />

20,66<br />

411,48<br />

614,94<br />

246,57<br />

103,46<br />

16,32<br />

64,54<br />

1 045,83<br />

737,61<br />

297,20<br />

124,46<br />

19,77<br />

75,51<br />

1 254,55<br />

Figure 83 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme des prix dans le secteur de optique 368<br />

1 844,25<br />

750,38<br />

309,68<br />

0,49<br />

196,18<br />

3 100,98<br />

103


Dans l’hypothèse, plus pessimiste, d’un accroissement de<br />

la part de la distribution par Internet, de manière à représenter<br />

environ 10 % du secteur, présentant des prix inférieurs<br />

à l’ensemble du secteur, les gains attendus pour les<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien<br />

de lentilles<br />

Lentilles<br />

Total<br />

Une baisse des prix de l’optique devrait en outre logiquement<br />

conduire à une diminution des frais pris en charge<br />

par les complémentaires et justifier dès lors une baisse<br />

de leurs cotisations. Ce n’est pas négligeable puisqu’au-<br />

104<br />

21,17<br />

3,13<br />

3,88<br />

0,31<br />

0,91<br />

29,40<br />

consommateurs vont de 29,4 millions d’euros (prix sur<br />

Internet inférieurs de 8 %) à 311,14 millions d’euros (prix<br />

inférieurs de 75 %, comme le prétendent les distributeurs<br />

en ligne 369 ).<br />

Hypothèses de prix en ligne inférieurs aux prix en point de vente<br />

(millions d’euros)<br />

8 %<br />

10 % 25 % 30 % 75 %<br />

26,12<br />

5,12<br />

4,68<br />

0,45<br />

0,91<br />

37,28<br />

62,93<br />

20,23<br />

10,85<br />

1,42<br />

5,30<br />

100,73<br />

75,19<br />

25,29<br />

12,95<br />

1,76<br />

6,94<br />

122,13<br />

Figure 84 – Gains dans l’hypothèse d’un accroissement de la part du secteur de l’optique en ligne, présentant des prix inférieurs 370<br />

369 Le Point, <strong>Optique</strong> en ligne, le coup de gueule de Marc Simoncini, 15 novembre 2011.<br />

370 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

185,86<br />

70,61<br />

31,47<br />

4,73<br />

18,47<br />

311,14<br />

jourd’hui, il existe « un obstacle financier à l’accès à la<br />

complémentaire santé en France », près d’un Français<br />

sur cinq considérant que l’assurance complémentaire est<br />

« non accessible financièrement » 371 .<br />

371 Florence Jusot, Clémence Perraudin, Jérôme Wittwer, L’accessibilité financière à la complémentaire santé en France : les résultats de<br />

l’enquête Budget de Famille 2006, <strong>Economique</strong> et Statistique n°450, Insee, novembre 2012.


3.2.2. Les gains d’une concurrence accrue en termes d’emploi<br />

Parce qu’elle permet une allocation optimale des moyens,<br />

la concurrence crée de l’emploi. Comme le résume Emmanuel<br />

Combe, professeur à l’université Paris 1 et viceprésident<br />

de l’Autorité de la concurrence, « contrairement<br />

aux idées reçues, toutes les études économiques<br />

convergent pour montrer que la concurrence, si elle<br />

détruit des emplois chez les insiders, en crée davantage<br />

chez les nouveaux entrants, en augmentant la taille<br />

du marché » 372 . Si elle génère des ajustements parfois<br />

difficiles, la « destruction créatrice » schumpetérienne<br />

conduit à des créations d’emplois.<br />

Des productions aujourd’hui bien connues ont démontré<br />

ces effets positifs sur l’ensemble de l’économie. Pierre<br />

Cahuc, Francis Kramarz et André Zylberberg ont ainsi<br />

résumé les effets positifs de la concurrence sur l’emploi,<br />

donnant les exemples désormais célèbres du transport<br />

aérien, du transport routier ou du commerce de détail 373<br />

(ce dernier exemple ayant d’ailleurs fait l’objet d’études<br />

complémentaires 374 ). Ils relevaient qu’une abondance de<br />

travaux « convergent pour montrer que les barrières à la<br />

concurrence sont défavorables à l’emploi, à la croissance<br />

et au pouvoir d’achat ».<br />

En matière d’optique en ligne, le phénomène est encore<br />

trop récent pour qu’il soit possible d’effectuer des calculs<br />

et mesures pertinents (absence de données sur les moyen<br />

et long termes passés, transparence des prix insuffisante,<br />

etc.). Aucun élément ne permet cependant de penser que<br />

le secteur ait des caractéristiques telles qu’elles invalideraient<br />

les rappels généraux ci-dessus. L’entrée sur le<br />

marché de nouveaux acteurs, si elle n’est pas empêchée<br />

par des barrières telles que des pratiques anticoncurrentielles,<br />

devrait conduire à une reconfiguration des<br />

distributeurs de produits d’optique. Cette transformation<br />

devrait conduire, ultimement, à un surplus global accru<br />

et se révéler bénéfique pour l’emploi dans l’ensemble du<br />

secteur.<br />

372 Emmanuel Combe, Les bénéfices insoupçonnés de la concurrence pour le pouvoir d’achat, Le Monde, 21 mars 2011.<br />

373 Pierre Cahuc, Francis Kramarz et André Zylberberg, Les ennemis de la concurrence et de l’emploi, Commentaire n°114, 2006.<br />

374 Francis Kramarz, Marianne Bertrand, Does Entry Regulation Hinder Job Creation? Evidence from the French Retail Industry,<br />

Quarterly Journal of Economics, CXVII, 4, 2002 ;<br />

Philippe Askenazy, Katia Weidenfeld, Les soldes de la loi Raffarin – le contrôle du grand commerce alimentaire, CEPREMAP, 2007.<br />

105


106<br />

Annexe I<br />

comparaison des chiffres<br />

d’affaires des marchés de<br />

l’optique entre pays<br />

Pour comparer les dépenses d’optique par consommateur entre pays, il convient de déterminer dans un premier temps<br />

la taille de l’échantillon de population potentiellement concerné par pays.<br />

1) Focus sur les marchés optiques de quelques pays choisis<br />

Les marchés étrangers de l’optique en Italie, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni peuvent se décomposer comme suit :<br />

Allemagne<br />

Espagne<br />

France<br />

Italie<br />

Royaume-Uni<br />

(1)<br />

Verres<br />

2,286<br />

0,940<br />

2,583<br />

1,475<br />

1,524<br />

(2)<br />

Montures<br />

0,687<br />

0,510<br />

1,251<br />

0,687<br />

1,265<br />

(3)<br />

Lentilles<br />

2,273<br />

0,146<br />

0,337<br />

0,304<br />

0,539<br />

0,107<br />

0,045<br />

0,09<br />

0,062<br />

0,074<br />

Figure 85 – Marchés étrangers par catégorie de produits en 2007, en milliards d’euros 375<br />

375 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />

(4)<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

(5)<br />

Solaires<br />

0,063<br />

0,51<br />

0,260<br />

0,831<br />

0,077


2) Les consommateurs potentiels par pays et par produit<br />

Comme l’indique la Figure 49 plus haut, les pays similaires à la France ont des populations qui portent des corrections<br />

d’optiques dans des proportions voisines à celles de la France.<br />

Etats-Unis<br />

Espagne<br />

France<br />

Royaume-Uni<br />

Moyenne<br />

64 %<br />

60 %<br />

64 %<br />

61 %<br />

62,25 %<br />

Si l’on considère qu’il n’y a aucune raison a priori pour que les populations des pays comparables à la France aient une<br />

vue qui diffère de manière sensible de celle des Français, en retenant les taux moyens présentés dans la Figure 86, il est<br />

possible de déterminer la population de clients potentiels dans plusieurs pays.<br />

Allemagne<br />

Espagne<br />

Etats-Unis<br />

France<br />

Italie<br />

Royaume-Uni<br />

82 266,38<br />

44 878,95<br />

301 231,20<br />

61 695,05<br />

59 375,29<br />

60 137,00<br />

%<br />

porteurs<br />

de lunettes<br />

51 210,82<br />

27 937,15<br />

187 516,42<br />

38 405,17<br />

36 961,12<br />

37 435,28<br />

11 %<br />

9 %<br />

Figure 86 – Part de population portant des corrections<br />

(1)<br />

Population<br />

totale 376<br />

(2)<br />

Porteurs de<br />

lunettes<br />

%<br />

porteurs<br />

de lentilles<br />

7,2 %<br />

9,06 %<br />

(3)<br />

Porteurs<br />

de lentilles<br />

7 453,33<br />

4 066,03<br />

27 291,55<br />

5 589,57<br />

5 379,40<br />

5 448,41<br />

Figure 87 – Porteurs de correction dans différents pays, en 2007, en milliers<br />

Les colonnes (2), (3) et (4) sont obtenues par application des pourcentages moyens de la Figure 86<br />

376 Source : OCDE StatExtracts, consulté en ligne.<br />

%<br />

porteurs de<br />

correction<br />

75 %<br />

71 %<br />

68 %<br />

71,33 %<br />

(4)<br />

Porteurs de<br />

correction (total)<br />

58 680,61<br />

32 012,16<br />

214 868,21<br />

44 007,08<br />

42 352,39<br />

42 895,72<br />

107


Afin de détailler plus avant ces chiffres, il faut considérer que le nombre de consommateurs de verres et le nombre de<br />

consommateurs de montures est égal au nombre de porteurs de lunettes (colonne 2), les lunettes étant évidemment<br />

composées de verres et de montures.<br />

Par déduction et simplification, il peut être aussi considéré que le nombre de consommateurs de lunettes de soleil est<br />

égal au nombre de porteurs totaux (colonne 4). Ce chiffre est certainement inférieur à ce qu’il est en réalité : en effet,<br />

l’ensemble de la population est concerné par l’achat de ces produits (et non seulement les porteurs de correction).<br />

Enfin, il sera considéré que le nombre de consommateurs de produits d’entretien pour lentilles est égal au nombre de<br />

porteurs de lentilles.<br />

Allemagne<br />

Espagne<br />

Etats-Unis<br />

France<br />

Italie<br />

Royaume-Uni<br />

108<br />

(1)<br />

Verres<br />

51 210,82<br />

27 937,15<br />

187 516,42<br />

38 405,17<br />

36 961,12<br />

37 435,28<br />

(2)<br />

Montures<br />

51 210,82<br />

27 937,15<br />

187 516,42<br />

38 405,17<br />

36 961,12<br />

37 435,28<br />

(3)<br />

Lentilles<br />

7 453,33<br />

4 066,03<br />

27 291,55<br />

5 589,57<br />

5 379,40<br />

5 448,41<br />

(4)<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

7 453,33<br />

4 066,03<br />

27 291,55<br />

5 589,57<br />

5 379,40<br />

5 448,41<br />

Figure 88 – Consommateurs potentiels par pays et par type de produit, en 2007, en milliers<br />

(5)<br />

Solaires<br />

58 680,61<br />

32 012,16<br />

214 868,21<br />

44 007,08<br />

42 352,39<br />

42 895,72


3) Les chiffres d’affaires par client suivant les pays<br />

Les éléments précédents permettent de calculer un chiffre d’affaires moyen par consommateur et par type de produit.<br />

Allemagne<br />

Espagne<br />

France<br />

Italie<br />

Royaume-<br />

Uni<br />

Allemagne<br />

Espagne<br />

Italie<br />

Royaume-<br />

Uni<br />

Verres<br />

44,64<br />

33,65<br />

67,26<br />

39,91<br />

40,71<br />

Verres<br />

-22,62<br />

-33,61<br />

-27,35<br />

-26,55<br />

Montures<br />

13,42<br />

18,26<br />

32,57<br />

18,59<br />

33,79<br />

Montures<br />

-19,16<br />

-14,32<br />

-13,99<br />

1,22<br />

Lentilles<br />

36,63<br />

35,91<br />

60,29<br />

56,51<br />

98,93<br />

Lentilles<br />

-23,66<br />

-24,38<br />

-3,78<br />

38,64<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

14,36<br />

11,07<br />

16,10<br />

11,53<br />

13,58<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

-1,75<br />

-5,03<br />

-4,58<br />

-2,52<br />

Solaires<br />

1,07<br />

15,93<br />

5,91<br />

19,62<br />

1,80<br />

Figure 89 – Chiffres d’affaires moyens par consommateur et par type de produit, en euros<br />

-4,83<br />

10,02<br />

13,71<br />

-4,11<br />

110,11<br />

114,81<br />

182,13<br />

146,15<br />

188,81<br />

Il convient de remarquer la faiblesse des chiffres d’affaires par consommateur pour les lunettes de soleil en Allemagne<br />

et au Royaume-Uni, probablement due à un moindre ensoleillement sur ces zones géographiques.<br />

Les chiffres d’affaires par consommateur sont les plus élevés en France pour les verres et les produits d’entretien.<br />

Solaires<br />

Figure 90 – Ecarts de chiffres d’affaires par consommateur par rapport à la France, en euros<br />

Total<br />

Total<br />

-72,02<br />

-67,32<br />

-35,98<br />

Lecture : le chiffre d’affaires par consommateur pour les verres est de 33,61 euros inférieur en Espagne à ce qu’il est en France.<br />

6,68<br />

109


4) Simulation de marchés français hypothétiques sur la base de chiffres d’affaires par<br />

consommateur étranger<br />

Si la France avait un chiffre d’affaires par consommateur similaire aux autres pays, la valeur globale du marché de<br />

l’optique serait sensiblement différente de ce qu’elle est aujourd’hui dans les faits.<br />

Pour évaluer ces hypothèses, les chiffres d’affaires moyens par consommateur ont été multipliés par le nombre de<br />

consommateurs français.<br />

Les chiffres relatifs aux ventes de solaires sont donnés à titre indicatif. Pour les raisons évoquées plus haut ils ne<br />

semblent cependant pas pertinents.<br />

Consommateurs<br />

Chiffre d’affaires<br />

par tête<br />

Chiffre d’affaires<br />

français<br />

hypothétique<br />

(millions d’euros)<br />

Consommateurs<br />

Chiffre d’affaires<br />

par tête<br />

Chiffre d’affaires<br />

français<br />

hypothétique<br />

(millions d’euros)<br />

110<br />

Verres<br />

38 405,17<br />

44,64<br />

1 714,4<br />

Verres<br />

38 405,17<br />

33,65<br />

1 292,2<br />

Montures<br />

38 405,17<br />

13,42<br />

515,2<br />

Montures<br />

38 405,17<br />

18,26<br />

701,1<br />

Lentilles<br />

5 589,57<br />

36,63<br />

204,7<br />

Lentilles<br />

5 589,57<br />

35,91<br />

200,7<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

5 589,57<br />

14,36<br />

80,2<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

5 589,57<br />

11,07<br />

61,9<br />

Solaires<br />

44 007,08<br />

Figure 91 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Allemagne<br />

Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />

qu’il est en Allemagne (44,64 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,71 milliard d’euros en France.<br />

1,07<br />

47,2<br />

Solaires<br />

44 007,08<br />

15,93<br />

701,1<br />

Figure 92 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Espagne<br />

Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />

qu’il est en Espagne (33,65 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,92 milliard d’euros en France.


Consommateurs<br />

Chiffre d’affaires<br />

par tête (euros)<br />

Chiffre d’affaires<br />

français<br />

hypothétique<br />

(millions d’euros)<br />

Consommateurs<br />

Chiffre d’affaires<br />

par tête (euros)<br />

Chiffre d’affaires<br />

français<br />

hypothétique<br />

(millions d’euros)<br />

Verres<br />

38 405,17<br />

39,91<br />

1 532,6<br />

Verres<br />

38 405,17<br />

40,71<br />

1 563,5<br />

Montures<br />

38 405,17<br />

18,59<br />

713,8<br />

Montures<br />

38 405,17<br />

33,79<br />

1 297,8<br />

Lentilles<br />

5 589,57<br />

56,51<br />

315,9<br />

Lentilles<br />

5 589,57<br />

98,93<br />

553,0<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

5 589,57<br />

11,53<br />

64,4<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

5 589,57<br />

13,58<br />

75,9<br />

Solaires<br />

44 007,08<br />

19,62<br />

863,5<br />

Figure 93 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Italie<br />

Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />

qu’il est en Italie (39,91 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,53 milliard d’euros en France.<br />

Solaires<br />

44 007,08<br />

Figure 94 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est au Royaume-Uni<br />

Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />

qu’il est au Royaume-Uni (40,71 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,56 milliard d’euros en France.<br />

1,80<br />

79,0<br />

111


5) Différences entre les marchés français hypothétiques et les marchés étrangers<br />

Ces chiffres obtenus, il est possible de mesurer l’écart entre le niveau réel du marché français et celui qu’il devrait avoir<br />

si les chiffres d’affaires par consommateur étaient équivalents à ce qu’ils sont dans les pays observés.<br />

Les chiffres du solaire ne sont pas inclus pour les raisons expliquées plus haut.<br />

Marché réel<br />

Marché hypothétique<br />

Différence<br />

Marché réel<br />

Marché hypothétique<br />

Différence<br />

112<br />

Verres<br />

2 583<br />

1 714<br />

868,6<br />

Verres<br />

2 583<br />

1292<br />

1 291<br />

Montures<br />

1251<br />

515<br />

735,8<br />

Montures<br />

1 251<br />

701<br />

550<br />

Lentilles<br />

337<br />

204,7<br />

132,3<br />

Lentilles<br />

337<br />

200,7<br />

136<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

9<br />

80<br />

-71,2<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

9<br />

61,9<br />

-53<br />

Solaires<br />

4 180<br />

2 515<br />

1 665,4<br />

Figure 95 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont en Allemagne (en millions d’euros)<br />

Lecture : le marché français des verres est de 868 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />

consommateur était égal à ce qu’il est en Allemagne. A l’inverse, le marché français des produits d’entretien est 71 millions<br />

d’euros inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est en Allemagne.<br />

Solaires<br />

4 180<br />

5 052<br />

1 924<br />

Figure 96 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont en Espagne (en millions d’euros)<br />

Lecture : le marché français des verres est de 1 291 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />

consommateur était égal à ce qu’il est en Espagne. A l’inverse, le marché français des produits d’entretiens est 53 millions d’euros<br />

inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est en Espagne.


Marché réel<br />

Marché hypothétique<br />

Différence<br />

Marché réel<br />

Marché hypothétique<br />

Différence<br />

Verres<br />

2 583<br />

1 533<br />

1 050<br />

Verres<br />

2 583<br />

1 564<br />

1 020<br />

Montures<br />

1 251<br />

714<br />

537<br />

Montures<br />

1 251<br />

1 298<br />

-47<br />

Lentilles<br />

337<br />

316<br />

21<br />

Lentilles<br />

337<br />

553<br />

-216<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

9<br />

64,4<br />

-55<br />

Produits<br />

d’entretien<br />

9<br />

76<br />

-67<br />

Solaires<br />

4 180<br />

6 432<br />

1 553<br />

Figure 97 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont en Italie (en millions d’euros)<br />

Lecture : le marché français des verres est de 1 050 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />

consommateur était égal à ce qu’il est en Italie. A l’inverse, le marché français des produits d’entretien est de 55 millions d’euros<br />

inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est en Italie.<br />

Solaires<br />

4 180<br />

8 309<br />

Figure 98 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateurs<br />

équivalents à ce qu’ils sont au Royaume-Uni (en millions d’euros)<br />

Lecture : le marché français des verres est 1 020 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />

consommateur était égal à ce qu’il est au Royaume-Uni. A l’inverse, le marché français des produits d’entretien est de 67 millions<br />

d’euros inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est au Royaume-Uni.<br />

690<br />

113


6) Conclusion<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Allemagne<br />

Espagne<br />

Italie<br />

Royaume-Uni<br />

Ecart moyen<br />

114<br />

Verres<br />

869<br />

1 291<br />

1 050<br />

1 020<br />

1 057<br />

Montures Lentilles Produits<br />

d’entretien<br />

-736<br />

550<br />

537<br />

-47<br />

444<br />

132<br />

136<br />

21<br />

-216<br />

18<br />

-71<br />

-53<br />

-55<br />

-67<br />

-62<br />

Total<br />

1 665<br />

1 924<br />

1 553<br />

690<br />

1 458<br />

Figure 99 – Ecarts et écart moyen entre le marché français réel et les marchés hypothétiques fondés sur les chiffres d’affaires<br />

par consommateur de quelques pays (millions d’euros)<br />

Au final, il ressort de ces calculs que le marché français est généralement supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires<br />

par consommateur était le même que dans les pays voisins. Il est :<br />

— supérieur en moyenne de 1,5 milliard d’euros ;<br />

— supérieur en moyenne de 1,1 milliard d’euros sur le segment des verres, qui représentent l’essentiel du surplus ;<br />

— supérieur en moyenne de 444 millions d’euros sur le segment des montures ;<br />

— supérieur en moyenne de 18 millions d’euros sur le segment des lentilles, c’est à dire quasiment équivalent ; et<br />

— inférieur en moyenne de 62 millions d’euros sur le segment des produits d’entretien, c’est à dire quasiment équivalent.


115


116<br />

Annexe II<br />

évaluation des gains potentiels<br />

de l’accroissement de la part<br />

d’Internet sur le marché de<br />

l’optique en France<br />

1) La baisse des prix engendrée par le commerce sur Internet en général<br />

Si les études s’accordent pour constater que la distribution sur Internet fait baisser les prix, l’évaluation de cet avantage<br />

pour les consommateurs n’est pas uniforme selon les catégories de produits, comme le montre la Figure 100. Une étude<br />

McKinsey récente relève cependant que « les achats effectués en ligne sont en moyenne 10 % moins cher que ceux réalisés<br />

dans des points de vente, pour des produits identiques » 377 .<br />

Sources Produits Réduction de prix<br />

par le canal Internet<br />

378<br />

379<br />

380<br />

CD<br />

Mode féminine<br />

Mode masculine<br />

Mode enfant<br />

Parapharmacie<br />

Parfums et cosmétiques de luxe<br />

Produits électroménagers « blancs »<br />

Produits électroménagers « bruns »<br />

Produits électroménagers « gris »<br />

7 %<br />

25 %<br />

15 %<br />

6,5 %<br />

8 - 10 %<br />

< 5 %<br />

10 %<br />

10 %<br />

10 %<br />

377 McKinsey & Company, Impact d’Internet sur l’économie française. Comment Internet transforme notre pays, mars 2011.<br />

378 Sophie Larribeau, Thierry Pénard, Le commerce électronique en France : un essai de mesure sur le marché des CD, Economie & Statistique,<br />

n°355-356, 2002.<br />

379 Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD), Mode et internet : les Français consomment de plus en plus sur Internet,<br />

Conférence de presse du 6 septembre 2012.


Sources Produits Réduction de prix<br />

par le canal internet<br />

380<br />

Télévision écran plat<br />

Caméscope<br />

Appareil photo numérique<br />

Lecteur DVD<br />

Baladeur numérique<br />

Lave-vaisselle<br />

Four micro-ondes<br />

Lave-linge<br />

Réfrigérateur<br />

Imprimante multi-fonctions<br />

Ordinateur portable<br />

Lecture : en moyenne, les CD sont 7 % moins chers sur Internet.<br />

Figure 100 – Différence de prix moyen sur le canal Internet<br />

10,4 %<br />

13,2 %<br />

8,5 %<br />

11,3 %<br />

6,4 %<br />

9,8 %<br />

12,9 %<br />

4 %<br />

2,1 %<br />

10,6 %<br />

1,1 %<br />

380 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />

117


2) La baisse des prix attendue dans le secteur de l’optique en ligne<br />

Les prix des produits d’optique en ligne sont difficiles à déterminer. Il semble, au regard des développements ci-dessus,<br />

qu’ils sont inférieurs à ce qu’ils sont en point de vente.<br />

Plusieurs évaluations pourraient être retenues :<br />

— scénario A : les prix de l’ensemble du secteur de l’optique baissent de manière uniforme sous l’effet du canal Internet ;<br />

ou<br />

— scénario B : les prix hors « distribution par Internet » restent stables mais la part de la distribution par Internet dans<br />

le secteur augmente.<br />

Dans l’une et l’autre hypothèse, les prix peuvent baisser de plusieurs manières :<br />

— hypothèse I : les prix baissent comme les produits de parapharmacie 381 . Ceux-ci sont susceptibles d’évoluer de deux<br />

façons relève l’Autorité de la concurrence, en moyenne et au maximum ;<br />

118<br />

• hypothèse I1 : les produits baissent de 8 à 10 % en moyenne ;<br />

• hypothèse I2 : les produits baissent de 25 à 30 % au maximum.<br />

— hypothèse II : les prix baissent de 75 % comme le prétendent certains acteurs de l’optique en ligne 382 .<br />

Cette dernière hypothèse semble au demeurant confirmée par le Gouvernement français qui écrivait dans un document<br />

transmis au Parlement en 2011 que « les équipements d’optique correcteurs commercialisés à distance présentent l’avantage<br />

d’être commercialisés à des prix nettement inférieurs à ceux habituellement constatés dans les points de vente<br />

traditionnels, ce qui conduit à prévoir un développement important de ce type de ventes. Le rapport entre les prix de<br />

vente au public de l’une et l’autre forme de commercialisation, plus marqué apparemment pour les montures que pour<br />

les verres, est globalement de l’ordre de 2 à 3 » 383 .<br />

381 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />

382 Le Point, <strong>Optique</strong> en ligne, le coup de gueule de Marc Simoncini, 15 novembre 2011.<br />

383 Secrétariat d’Etat chargé du commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />

libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />

juin 2011.


3) Les prix et les chiffres d’affaires actuels sur le marché de l’optique français<br />

Les prix moyens en euros en septembre 2012 et les chiffres d’affaires sont présentés dans la Figure 101 et la Figure 102.<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles de contact<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles de contact<br />

94,1<br />

121,4<br />

98,2<br />

9,6<br />

2,4<br />

Figure 101 – Prix moyens des produits d’optique 384<br />

Prix moyen<br />

(euros)<br />

Chiffres<br />

d’affaires<br />

(millions d’euros)<br />

2 457,6<br />

1 002,7<br />

413<br />

66<br />

262<br />

Figure 102 – Chiffres d’affaires par produit d’optique de septembre 2011 à septembre 2012 385<br />

384 GFK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />

385 GFK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />

119


4) Prix estimés à l’issue des baisses de prix consécutives au développement du<br />

canal Internet, suivant les différentes hypothèses envisagées<br />

120<br />

a) Hypothèse I1 : les prix baissent de 8 ou 10 % en moyenne<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles de contact<br />

94,1<br />

121,4<br />

98,2<br />

9,6<br />

2,4<br />

b) Hypothèse I2 : les prix baissent de 25 ou 30% au maximum<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles de contact<br />

Prix moyen<br />

(euros)<br />

Prix moyen<br />

(euros)<br />

94,1<br />

121,4<br />

98,2<br />

9,6<br />

2,4<br />

Baisse<br />

de 8 %<br />

86,6<br />

111,7<br />

90,3<br />

Figure 103 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 8 % ou 10 % des prix moyens<br />

8,8<br />

2,2<br />

Baisse<br />

de 25 %<br />

70,6<br />

91,1<br />

73,7<br />

7,2<br />

1,8<br />

Baisse<br />

de 10 %<br />

84,7<br />

109,3<br />

88,4<br />

8,6<br />

2,2<br />

Baisse<br />

de 30%<br />

65,9<br />

85,0<br />

68,7<br />

Figure 104 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 25 % ou 30% des prix au maximum<br />

6,7<br />

1,7


c) Hypothèse II : les prix baissent de 75%<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles de contact<br />

Prix moyen<br />

(euros)<br />

94,1<br />

121,4<br />

98,2<br />

5) Nombre de produits vendus par an sur le marché français de l’optique<br />

Selon les données disponibles 386 , les produits vendus sur un an se répartissent de la manière suivante :<br />

9,6<br />

2,4<br />

Baisse<br />

de 75 %<br />

23,5<br />

30,4<br />

24,6<br />

2,4<br />

0,6<br />

Figure 105 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 75 %<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

386 GFK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />

Unités<br />

vendues<br />

(millions)<br />

26,1<br />

8,3<br />

4,2<br />

6,9<br />

109,7<br />

Figure 106 – Unités vendues par type de produit entre septembre 2011 et septembre 2012<br />

121


6) Les gains estimés pour les consommateurs d’une généralisation du canal Internet<br />

pour la distribution d’optique en ligne, suivant les différentes hypothèses envisagées<br />

122<br />

a) Scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits<br />

>Hypothèse I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 %<br />

Baisse des prix de 8 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

2 259,53<br />

927,01<br />

379,44<br />

60,94<br />

242,22<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />

de 8 % conduirait à un gain total de 332,16 millions d’euros.<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Figure 107 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 %<br />

millions d’euros<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

198,07<br />

75,69<br />

33,55<br />

5,06<br />

19,78<br />

332,16<br />

Figure 108 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 %


Baisse des prix de 10 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

2 210,67<br />

907,19<br />

371,28<br />

59,34<br />

214,34<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />

de 10 % conduirait à un gain total de 411,88 millions d’euros.<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Figure 109 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 %<br />

millions d’euros<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

246,93<br />

95,51<br />

41,72<br />

6,66<br />

20,66<br />

411,84<br />

Figure 110 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 %<br />

123


124<br />

> Hypothèse I2 : baisse des prix de 25 % ou 30 %<br />

Baisse des prix de 25 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

1 842,66<br />

756,13<br />

309,54<br />

49,68<br />

197,46<br />

Figure 111 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 %<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />

de 25 % conduirait à un gain total de 1 045,83 millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

614,94<br />

246,57<br />

103,46<br />

16,32<br />

64,54<br />

1 045,83<br />

Figure 112 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 %


Baisse des prix de 30 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

1 719,99<br />

705,50<br />

288,54<br />

46,23<br />

186,49<br />

Figure 113 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 %<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />

de 30 % conduirait à un gain total de 1 254,55 millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

737,61<br />

297,20<br />

124,46<br />

19,77<br />

75,51<br />

1 254,55<br />

Figure 114 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 %<br />

125


126<br />

> Hypothèse II : baisse des prix de 75 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

613,35<br />

252,32<br />

103,32<br />

16,56<br />

65,82<br />

Figure 115 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 75 %<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort, qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />

de 75 % conduirait à un gain total de 3 149,93 millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

1 844,25<br />

750,38<br />

309,68<br />

49,44<br />

196,18<br />

3 149,93<br />

Figure 116 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme des prix de 75 %


) Scénario B : accroissement de la part de la distribution par Internet dans le secteur total<br />

Dans ce scénario, il sera supposé que le secteur de la distribution par Internet augmente, de façon à représenter environ<br />

10 % du secteur total, comme c’est le cas aux Etats-Unis 387 .<br />

>Hypothèses I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 %<br />

Baisse des prix de 8 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles<br />

Ventes<br />

en ligne<br />

(10 % du<br />

marché)<br />

226,03<br />

92,71<br />

37,93<br />

6,07<br />

24,13<br />

Ventes<br />

en point<br />

de vente<br />

(90 % du<br />

marché)<br />

2 210,41<br />

906,85<br />

371,19<br />

596,16<br />

236,95<br />

Total du<br />

marché<br />

hypothétique<br />

2 436,44<br />

999,57<br />

409,12<br />

65,69<br />

261,09<br />

Figure 117 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />

manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 8 %, conduirait à un gain total de 29,40<br />

millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

21,17<br />

3,13<br />

3,88<br />

0,31<br />

0,91<br />

29,40<br />

Figure 118 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

387 Consultation du comparateur www.optico.net .<br />

127


128<br />

Baisse des prix de 10 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles<br />

Ventes<br />

en ligne<br />

(10 % du<br />

marché)<br />

221,07<br />

90,72<br />

31,13<br />

5,93<br />

24,13<br />

Ventes<br />

en point<br />

de vente<br />

(90 % du<br />

marché)<br />

2 210,41<br />

906,85<br />

371,19<br />

596,16<br />

236,95<br />

Total du<br />

marché<br />

hypothétique<br />

2 431,47<br />

997,58<br />

408,32<br />

65,55<br />

261,09<br />

Figure 119 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />

manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 10 %, conduirait à un gain total de 37,29<br />

millions d’euros<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

26,12<br />

5,12<br />

4,68<br />

0,45<br />

0,91<br />

37,29<br />

Figure 120 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur


Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles<br />

> Hypothèses I2 : baisse des prix de 25 % ou 30%<br />

Baisse des prix de 25 %<br />

millions d’euros<br />

Ventes<br />

en ligne<br />

(10 % du<br />

marché)<br />

184,27<br />

75,61<br />

30,95<br />

4,97<br />

19,75<br />

Ventes<br />

en point<br />

de vente<br />

(90 % du<br />

marché)<br />

2 210,41<br />

906,85<br />

371,19<br />

596,16<br />

236,95<br />

Total du<br />

marché<br />

hypothétique<br />

2 394,68<br />

982,47<br />

402,15<br />

64,58<br />

256,70<br />

Figure 121 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par internet de 10 % du secteur<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />

manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 25 %, conduirait à un gain total de 100,72<br />

millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

62,93<br />

20,23<br />

10,85<br />

1,42<br />

5,30<br />

100,72<br />

Figure 122 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

129


130<br />

Baisse des prix de 30 %<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles<br />

Ventes<br />

en ligne<br />

(10 % du<br />

marché)<br />

172,00<br />

70,55<br />

28,85<br />

4,62<br />

18,65<br />

Ventes<br />

en point<br />

de vente<br />

(90 % du<br />

marché)<br />

2 210,41<br />

906,85<br />

371,19<br />

596,16<br />

236,95<br />

Total du<br />

marché<br />

hypothétique<br />

2 382,41<br />

977,41<br />

400,05<br />

64,24<br />

255,60<br />

Figure 123 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />

manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 30 %, conduirait à un gain total de 121,59<br />

millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

75,19<br />

25,29<br />

12,95<br />

1,76<br />

6,94<br />

121,59<br />

Figure 124 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur


Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien de lentilles<br />

Lentilles<br />

Hypothèses II : baisse des prix de 75 %<br />

millions d’euros<br />

Ventes<br />

en ligne<br />

(10 % du<br />

marché)<br />

61,34<br />

25,23<br />

10,33<br />

1,66<br />

6,58<br />

Ventes<br />

en point<br />

de vente<br />

(90 % du<br />

marché)<br />

2 210,41<br />

906,85<br />

371,19<br />

596,16<br />

236,95<br />

Total du<br />

marché<br />

hypothétique<br />

2 271,74<br />

932,09<br />

381,53<br />

61,27<br />

243,53<br />

Figure 125 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />

manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 75 %, conduirait à un gain total de 311,13<br />

millions d’euros.<br />

millions d’euros<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien des lentilles<br />

Lentilles<br />

TOTAL<br />

Gains par<br />

rapport au<br />

marché réel<br />

185,86<br />

70,61<br />

31,47<br />

4,73<br />

18,47<br />

311,13<br />

Figure 126 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />

131


132<br />

c) Gains moyens par consommateur<br />

> Nombre de consommateurs<br />

Soit la population de la France en 2011, soit 63,29 millions de personnes 388 , et les pourcentages de porteurs de<br />

correction par catégorie de produit tels que définis à la Figure 86, les nombres de consommateurs à retenir pour la<br />

démonstration sont les suivants :<br />

Marché<br />

hypothétique<br />

Porteurs de lunettes<br />

Porteurs de lentilles<br />

Porteurs de correction (total)<br />

62,25 %<br />

9,06 %<br />

71,33 %<br />

Pour la démonstration, il est supposé que le nombre de consommateurs de lunettes est égal à celui des porteurs de<br />

verres et de montures et que celui des consommateurs de lentilles est égal à celui des consommateurs de produits<br />

d’entretien.<br />

388 Source : OCDE StatExtracts, consulté en ligne.<br />

Porteurs en %<br />

de la<br />

population<br />

Figure 127 – Porteurs de correction en France en 2011<br />

Porteurs en<br />

nombre<br />

(millions)<br />

39,4<br />

5,73<br />

45,15


Gains moyens dans le scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien<br />

de lentilles<br />

Lentilles<br />

39,40<br />

39,40<br />

45,15<br />

5,73<br />

5,73<br />

Figure 128 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses d’une baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits<br />

> Gains moyens dans le scénario B : accroissement de la part de la distribution par Internet dans le<br />

secteur total<br />

Verres de correction<br />

Montures optiques<br />

Montures solaires<br />

Produits d’entretien<br />

de lentilles<br />

Lentilles<br />

Nombre de<br />

consommateurs<br />

(millions)<br />

Nombre de<br />

consommateurs<br />

(millions)<br />

39,40<br />

39,40<br />

45,15<br />

5,73<br />

5,73<br />

Hypothèses d’une baisse uniforme des prix de<br />

l’ensemble des produits<br />

8 %<br />

5,03<br />

1,92<br />

0,74<br />

0,88<br />

3,45<br />

0,54<br />

0,08<br />

0,09<br />

0,05<br />

0,16<br />

Figure 129 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses de prix inférieurs des produits distribués par Internet<br />

6,27<br />

2,42<br />

0,92<br />

1,16<br />

3,61<br />

0,66<br />

0,13<br />

0,10<br />

0,08<br />

0,16<br />

15,61<br />

6,26<br />

2,29<br />

2,85<br />

11,26<br />

1,60<br />

0,51<br />

0,24<br />

0,25<br />

0,92<br />

18,72<br />

7,54<br />

2,76<br />

3,45<br />

13,18<br />

Lecture : dans l’hypothèse d’une baisse des prix de l’ensemble des produits de 30 %, le consommateur bénéficierait d’un gain<br />

moyen de 3,45 euros sur les produits d’entretien de lentilles et de 26,26 euros sur une paire de lunettes (verres + monture).<br />

8 %<br />

10 %<br />

10 %<br />

25 %<br />

25 %<br />

30 %<br />

Hypothèses de prix inférieurs des produits<br />

distribués par Internet<br />

Lecture : dans l’hypothèse d’un accroissement de la part de la distribution sur Internet et d’un secteur en ligne pratiquant des<br />

30 %<br />

1,91<br />

0,64<br />

0,29<br />

0,31<br />

1,21<br />

75 %<br />

46,81<br />

19,05<br />

6,86<br />

0,09<br />

34,24<br />

prix 75 % inférieurs, le consommateur bénéficierait d’un gain moyen de 3,22 euros sur les lentilles et de 6,51 euros sur une paire<br />

de lunettes (verres + monture).<br />

75 %<br />

4,72<br />

1,79<br />

0,70<br />

0,83<br />

3,22<br />

133


134<br />

Annexe III<br />

forclusion et concurrence en<br />

qualité sur les marchés aval<br />

David Martimort, Paris School of Economics – EHESS<br />

Jérôme Pouyet, Paris School of Economics – CNRS<br />

Cette annexe synthétise les principales conclusions de l’article inédit de David Martimort et Jérôme Pouyet<br />

Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets. 389<br />

1 Introduction<br />

1.1 Une définition<br />

La forclusion (« foreclosure » pour les auteurs anglosaxons)<br />

est définie comme étant l’exercice par une firme<br />

dominante sur un marché amont de pratiques cherchant à<br />

contraindre certaines firmes ou certains consommateurs<br />

évoluant quant à eux sur le marché aval dans leur accès<br />

à un input essentiel, et difficilement reproductible, dont<br />

dispose cette firme en amont. Ces pratiques cherchent en<br />

fait à propager le pouvoir de monopole amont au segment<br />

aval même si ce dernier peut a priori paraître concurrentiel.<br />

A ce titre, ces pratiques peuvent être considérées<br />

comme anticoncurrentielles et être condamnées en tant<br />

que telles.<br />

1.2 Quelques principes de base<br />

L’état de la théorie économique sur le sujet a très largement<br />

évolué en réponse aux développements successifs<br />

des différents cas qui se sont ainsi présentés aux autorités<br />

anti-trust en Europe comme aux États-Unis. Il n’entre pas<br />

dans le propos de cette note de reprendre en détail cette<br />

évolution mais il est d’ores et déjà utile d’isoler quelques<br />

idées-forces qui se dégagent à la lecture d’une désormais<br />

imposante littérature économique.<br />

389 Ibid., supra<br />

Les méthodes de forclusion varient beaucoup suivant les<br />

cas analysés mais elles ont toutes en commun le désir<br />

de mieux contrôler certains producteurs en aval soit au<br />

travers de contrats spécifiques, soit par des choix organisationnels<br />

plus subtils. Elles peuvent ainsi apparaître<br />

sous la forme de contrats d’exclusivité ou de quasi-exclusivité,<br />

de ventes liées, de pratiques tarifaires discriminantes<br />

excluant de facto certains concurrents à l’aval, de<br />

contraintes techniques limitant l’accès ou la qualité de cet<br />

accès, ou d’une véritable intégration verticale toujours en<br />

direction de l’aval.<br />

Le premier principe justifiant les pratiques de forclusion<br />

est en fait une tautologie, mais une tautologie qu’il convient<br />

de réaffirmer. Il est en effet important de comprendre que<br />

les pratiques destinées à « monopoliser » l’aval n’ont de<br />

sens que dans des environnements où ce pouvoir de monopole<br />

n’est pas déjà ou, plus exactement, ne peut pas s’exercer<br />

« naturellement ». Pour que la forclusion soit une solution,<br />

faut-il encore qu’il y ait un problème préalable...


Ce problème, et c’est là la seconde idée-force de l’analyse<br />

théorique de la forclusion, est l’impossibilité pour la firme<br />

amont de s’engager au travers de contrats publiquement<br />

observables par les firmes en aval à répliquer les niveaux<br />

de profits qu’elle aurait pu obtenir si elle avait exercé un<br />

contrôle direct du secteur aval. C’est cette solution d’« intégration<br />

verticale » que la firme amont cherche alors à répliquer<br />

ou à approcher autant que faire se peut au travers<br />

1.3 Un exemple canonique<br />

Pour illustrer notre propos, considérons un des modèles de<br />

référence dans la littérature sur la forclusion. Un monopole<br />

amont fournit un bien intermédiaire à deux détaillants en<br />

concurrence duopolistique sur un marché aval. Supposons<br />

pour simplifier mais sans aucune perte de généralité que<br />

les coûts de production en amont soient nuls. La concurrence<br />

sur le marché aval est de type Cournot, c’est à dire en<br />

quantité, et chacune de ces firmes utilise une technologie<br />

Leontief pour transformer une unité de bien intermédiaire<br />

en une unité de bien final. La solution de monopole que<br />

voudrait atteindre idéalement la firme amont consiste à<br />

vendre à chacune des unités de l’aval la moitié de la quantité<br />

de monopole et à récupérer les profits ainsi générés en<br />

aval par une charge fixe égale, pour chacune de ces unités,<br />

à la moitié du profit d’un hypothétique monopole qui aurait<br />

pu y évoluer. Ainsi le pouvoir de monopole sur le marché<br />

aval et les profits qui y sont associés bénéficieraient in fine<br />

à la firme en amont.<br />

Bien entendu, cette solution intégrée n’est accessible que<br />

si la firme amont peut s’engager de manière crédible vis-àvis<br />

des détaillants à ne pas leur fournir plus de la moitié de<br />

la production de monopole. Cette crédibilité est aisément<br />

obtenue dès lors que les contrats d’approvisionnement<br />

sont publics et engagent la firme dominante.<br />

Considérons a contrario la situation où les contrats passés<br />

entre l’amont et l’aval restent secrets et posons nous la<br />

question de savoir si la solution intégrée peut toujours<br />

être atteinte sous ces conditions. Puisque le détaillant 1<br />

ne vend que la moitié de la quantité de monopole et que le<br />

prix est au delà du coût marginal des détaillants, la firme<br />

amont peut vouloir vendre un peu plus de bien intermé-<br />

de pratiques contractuelles pouvant limiter l’accès à un<br />

input essentiel qu’elle fournit. La théorie de la forclusion<br />

fait donc écho assez naturellement à la théorie certainement<br />

plus générale des restrictions verticales, théorie qui<br />

expose de quelles façons un manufacturier sait imposer à<br />

ses détaillants des clauses contractuelles dans le seul but<br />

d’atténuer leur concurrence et de maintenir des profits<br />

élevés pour la chaîne de production.<br />

diaire au détaillant 2 et augmenter ainsi les profits de ce<br />

dernier. Cette déviation est possible dès lors qu’elle est<br />

sous-tendue par un accord secret non-observable par le<br />

détaillant 1. Bien sûr, cette déviation se fait tout d’abord<br />

aux dépends de ce dernier détaillant mais, et c’est plus<br />

surprenant, elle implique aussi que la firme amont ne<br />

pourra pas capter autant de profits au travers de la charge<br />

fixe qu’elle demande à ce détaillant. Pire encore, pour les<br />

mêmes raisons qu’un contrat secret bilatéral supportait<br />

une déviation avec le détaillant 2, un autre contrat bilatéral<br />

supporte aussi une déviation avec le détaillant 1 maintenant<br />

et ceci aux dépends du détaillant 2. Et par la même<br />

logique, ce sera au final la firme amont qui souffrira de ne<br />

pouvoir capter les profits de monopole en aval. A l’équilibre<br />

de ce jeu en contrats secrets, ce n’est plus le profit de la<br />

structure verticalement intégrée qui peut être atteint ; seul<br />

le profit global correspondant aux productions d’équilibre<br />

de Nash-Cournot sur le marché aval pourra être capturé<br />

par la firme amont.<br />

Un principe important émerge alors. Dans ce processus<br />

destructeur de valeur, la firme amont est son premier<br />

ennemi ; elle ne peut s’empêcher à négocier des contrats<br />

qui vont éroder les profits de l’aval.<br />

Une question cruciale se pose alors pour l’amont : comment<br />

recréer de la valeur sans s’exposer à devenir son premier<br />

concurrent ? C’est ici que les pratiques de forclusion<br />

prennent toute leur importance. Examinons deux solutions<br />

possibles pour fixer quelque peu les idées. La première<br />

consiste pour la firme amont à s’engager à ne vendre qu’au<br />

détaillant 1 dans un contrat de service exclusif et nulle<br />

érosion des profits aval n’aura lieu. La solution de mono-<br />

135


pole peut dès lors facilement être rétablie en vendant la<br />

quantité de monopole au seul contractant aval ! Que la<br />

firme amont puisse intégrer verticalement le détaillant<br />

1 et de la même manière, toute augmentation des ventes<br />

auprès du détaillant non-intégré est compensée par un<br />

ajustement des quantités produites en interne de manière<br />

à préserver le pouvoir de monopole aval.<br />

Les conclusions de ce modèle sont assez robustes voire<br />

amplifiées sous certaines spécifications alternatives de<br />

la modélisation (modulo certaines hypothèses sur les<br />

Selon nous, le marché de l’optique et les pratiques commerciales<br />

qui le caractérisent aujourd’hui répondent dans<br />

leurs grandes lignes à la stricte définition d’une situation<br />

de forclusion. Cette situation reste cependant assez spécifique<br />

et ne correspond pas à l’exemple canonique que nous<br />

avons pu évoquer dans la section 1.3.<br />

Pour en avoir pleinement conscience, décrivons ce qui<br />

nous apparaît être les grandes caractéristiques de ce<br />

secteur. Une analyse attentive du secteur montre en effet<br />

que ce marché peut être décrit de manière stylisée de la<br />

façon suivante.<br />

Essilor International produit et vend des verres destinés<br />

à corriger tous les types de défauts de la vue (presbytie,<br />

myopie, astigmatisme, etc.) ainsi que des verres de protection<br />

solaire. Les principales marques des verres correcteurs<br />

sont Varilux (progressifs), Crizal (multitraitements)<br />

ou encore la dernière innovation Optifog (antibuée). Ce<br />

segment représente une part importante de la valeur dans<br />

la chaîne de production (57%). Essilor International est<br />

donc un producteur en amont qui fournit ces inputs à des<br />

distributeurs de lunettes qui sont en concurrence auprès<br />

des consommateurs finals. Ce producteur est très largement<br />

dominant en amont, il détient en effet près de 90 % de parts<br />

de marché. Qui plus est, des investissements importants<br />

136<br />

croyances hors équilibre des détaillants, subtilité théorique<br />

non sans conséquence sur la description des équilibres<br />

ou leurs propriétés). Remplaçons par exemple la<br />

concurrence en quantités sur le marché aval par une<br />

concurrence en prix pour des biens différenciés et les<br />

conclusions du modèle s’en trouvent renforcées. Ce ne<br />

sont plus les profits d’un équilibre de Nash-Cournot qui<br />

peuvent être capturés par l’amont dans le cas des contrats<br />

secrets mais les profits correspondants à des concurrences<br />

en prix plus agressives.<br />

2 Pertinence du concept de forclusion<br />

pour le marché de l’optique<br />

dans la recherche et développement lui permettent par<br />

ailleurs de préserver cette position de leader en innovant<br />

systématiquement dans le « haut de gamme », produisant<br />

des verres de très haute qualité et aux caractéristiques<br />

toujours plus complexes.<br />

La production et la vente de montures représentent une part<br />

nettement plus faible de la valeur (24 %) et seront négligés<br />

dans le reste de l’analyse.<br />

Tournons-nous maintenant vers l’aval. Les distributeurs de<br />

lunettes y sont de deux sortes. Tout d’abord, on retrouve des<br />

enseignes bien connues ayant adopté un mode de distribution<br />

traditionnel s’appuyant sur de denses réseaux de<br />

distributeurs physiques. Les tarifs élevés, du moins si on<br />

les compare aux pratiques tarifaires dans des pays comparables<br />

à la France (pays européens, Etats-Unis...) ont rendu<br />

possible l’entrée sur ce marché de nouveaux concurrents<br />

qui ont adopté la vente sur Internet comme pratique alternative,<br />

remplaçant ainsi un réseau physique par un réseau<br />

virtuel leur permettant d’économiser significativement sur<br />

leurs coûts.<br />

En ce qui concerne la forclusion proprement dite, l’amont<br />

pratique des ventes exclusives de verre de qualité élevée aux<br />

distributeurs traditionnels. La concurrence sur le segment<br />

le plus haut du marché s’en voit donc limitée de facto, ce qui


se fait bien sûr aux dépends des consommateurs les plus<br />

désireux d’obtenir les produits de qualité élevée.<br />

Le lecteur attentif aura d’ores et déjà noté que dans le cas<br />

d’espèce qui nous intéresse ici, ce ne sont plus les quantités<br />

ou les prix seuls qui régissent la concurrence entre les<br />

détaillants sur le marché aval. Les consommateurs choisissent<br />

en effet leur détaillant préféré en comparant les<br />

meilleurs rapports qualité-prix et c’est selon ce critère que<br />

se segmente alors le marché. Les consommateurs les plus<br />

susceptibles de payer pour une qualité élevée y mettront<br />

le prix. La concurrence sur le marché aval est donc une<br />

concurrence en biens différenciés verticalement par leur<br />

qualité : les firmes fournissant un produit de qualité élevée<br />

se concentrent sur le segment de la demande ayant exprimé<br />

une forte propension pour cette qualité.<br />

Dans un tel contexte, le problème d’engagement du monopole<br />

amont ne résulte plus d’une incitation excessive à<br />

contracter secrètement avec chacun de ses détaillants pour<br />

augmenter leurs productions respectives. C’est maintenant<br />

l’incitation à dévier des offres de qualité qui auraient maximisé<br />

les profits de la structure verticalement intégrée qui<br />

est au cœur de l’analyse. La différenciation entre les qualités<br />

produites sur les segments hauts et bas du marché est ici<br />

endogène. Comme les prix pratiqués et les profits obtenus,<br />

ces qualités reflètent les capacités d’engagement limitées<br />

de l’amont.<br />

L’étude formelle que nous avons effectuée s’attache<br />

précisément à étudier le problème de la forclusion dans<br />

ce contexte d’une concurrence verticale en qualité. La<br />

section suivante reprend quelques uns de nos résultats de<br />

manière informelle.<br />

3 Forclusion et différenciation verticale<br />

3.1 Une brève description<br />

Notre description du marché nous amène à une modélisation<br />

pour laquelle nous assimilerons le segment haut du<br />

marché aux réseaux traditionnels alors que le segment bas<br />

du marché représente les nouveaux entrants opérant au<br />

travers du e-commerce.<br />

Un monopole amont offre à deux détaillants des biens<br />

intermédiaires de qualités différentes (les qualités de<br />

verres), la qualité haute étant bien entendu plus coûteuse<br />

à produire que la qualité basse. Les contrats liant l’amont<br />

3.2 Quelques points de références utiles<br />

3.2.1 La solution intégrée<br />

Ici les décisions sur les prix comme sur les niveaux de<br />

qualité sont prises de manière à maximiser les profits de<br />

l’industrie prise dans son intégralité. Tout se passe donc<br />

comme si la firme amont produisait elle-même les biens à<br />

destination des consommateurs finals. Cette firme appa-<br />

aux détaillants stipulent non seulement des charges fixes<br />

dont l’objectif est ici encore de rapatrier vers l’amont les<br />

profits du détaillant mais aussi des prix unitaires pour<br />

chaque unité vendue ; et les prix dépendent bien sûr des<br />

qualités fournies. Ces contrats définissent en fait la structure<br />

de coût des détaillants qui se font concurrence en prix<br />

sur le marché aval en prenant comme données les qualités<br />

qu’ils reçoivent de l’amont.<br />

raît donc comme un monopole multi-produit offrant une<br />

gamme complète de qualités (haute et basse).<br />

Ce monopole fixe alors les prix de ses différents produits<br />

en pratiquant une marge sur chacun d’eux. Cette marge<br />

reflète bien sûr le pouvoir de marché de l’entreprise mais<br />

elle prend aussi en compte la concurrence effective de ces<br />

137


iens entre eux. Augmenter le prix d’un produit de moindre<br />

qualité induit en effet une diminution de sa demande qui<br />

se réfugie alors vers le bien de qualité plus faible. L’élasticité<br />

de la demande pour chacun des biens capture alors<br />

ces effets de substitution. Cette élasticité de la demande<br />

est bien entendue endogène dans ce contexte où le monopole<br />

choisit quelles qualités mettre sur le marché. Que<br />

les qualités soient proches l’une de l’autre et les effets de<br />

substitution seront significatifs, ce qui réduirait d’autant<br />

les marges.<br />

Pour comprendre l’impact de ces considérations sur les<br />

stratégies commerciales, observons que le monopole veut<br />

certainement extraire le plus grand surplus des consommateurs<br />

ayant la propension à payer pour la qualité la plus<br />

forte. Pour ce faire, il est intéressant de rendre les biens de<br />

qualité inférieure moins attractifs, notamment en fournissant<br />

des niveaux de qualité basse inférieurs à l’optimum<br />

social. Ainsi un plus grand pouvoir de marché s’exerce<br />

sur le segment haut de la demande. La firme amont se<br />

comporte comme un monopole discriminant ces différents<br />

segments.<br />

La solution verticalement intégrée ainsi obtenue est bien<br />

entendu inefficace du point de vue du bien-être social. Le<br />

monopole ne prend pas en compte le surplus du consommateur<br />

dans son évaluation des prix et qualités fournies.<br />

3.3 Contrats publics<br />

Suivant en cela la logique d’arguments que nous avons<br />

déjà évoqués dans la section 1.3., des contrats publiquement<br />

observables entre le monopole amont et les firmes<br />

concurrentes sur l’aval permettent de rétablir la solution<br />

d’intégration verticale. L’intuition sous-tendant ce résultat<br />

est immédiate : plutôt que de contrôler directement les<br />

3.4 Contrats secrets : le coût de l’opportunisme<br />

Considérons maintenant un scénario en contrats secrets.<br />

Nous démontrons que, sous les spécifications choisies<br />

pour notre modèle, le problème d’opportunisme auquel fait<br />

face le monopole amont est si sévère que seule la qualité<br />

138<br />

La théorie économique ne fournit que peu de leçons<br />

robustes quant aux conséquences de ces choix sur les<br />

niveaux de qualité observés une fois que les prix ont aussi<br />

été ajustés. Les qualités choisies par un monopole peuvent<br />

être excessives ou insuffisantes du point de vue du bienêtre<br />

social ; seuls les prix conditionnellement à ces niveaux<br />

de qualité sont trop élevés et les demandes servies sur<br />

chaque segment du marché diminuent en conséquence.<br />

Les spécifications que nous adoptons nous permettent<br />

de contrôler cet effet qualité et d’assurer que les seules<br />

distorsions liées au pouvoir de monopole proviennent en<br />

fait du niveau des prix pratiqués.<br />

3.2.2 Concurrence en amont<br />

Imaginons un instant que notre firme amont, opérateur «<br />

historique » sur ce marché, se spécialise dans une seule<br />

qualité, servant donc exclusivement les consommateurs<br />

sur le segment haut du marché. C’est donc ici encore<br />

une firme intégrée vers l’aval que nous considérons. Le<br />

segment bas est maintenant servi par un concurrent dès<br />

l’amont, ce concurrent étant pour simplifier verticalement<br />

intégré avec l’aval. Cette concurrence empêche maintenant<br />

notre opérateur « historique » de pratiquer des politiques<br />

discriminantes. L’équilibre qui peut émerger voit le nouvel<br />

entrant servir tout le marché avec un bien de qualité intermédiaire.<br />

prix à la consommation fixés par les détaillants, le monopole<br />

amont peut simplement déterminer les prix des différentes<br />

qualités qu’il leur fournit de manière à ce que ces<br />

choix décentralisés à l’aval, à qualités fixées et publiquement<br />

reconnues, répliquent ceux que ce monopole aurait<br />

fait par lui-même en cas d’intégration verticale.<br />

la plus faible est produite à l’équilibre. Tout se passe donc<br />

comme si la firme amont faisait face à l’entrée d’un concurrent<br />

sur l’aval et se substituait de facto à ce concurrent en<br />

supprimant la production de la qualité supérieure.


Avec des contrats secrets, le monopole amont est désireux<br />

de renégocier avec les producteurs de qualité faible<br />

en aval pour augmenter secrètement à la fois le niveau<br />

de cette qualité basse mais aussi son prix et venir éroder<br />

les marges faites sur le segment haut du marché. Cette «<br />

cannibalisation » du segment haut prend ici une forme<br />

extrême conduisant à sa disparition pure et simple.<br />

Tournons-nous maintenant sur les conséquences de cette<br />

érosion du pouvoir de marché en ce qui concerne le surplus<br />

3.5 Forclusion : les contrats d’exclusivité<br />

En réponse à ce problème d’opportunisme, le monopole<br />

amont peut vouloir signer des contrats d’exclusivité avec<br />

les détaillants distribuant la qualité la plus élevée auprès<br />

des consommateurs. Un tel contrat permet de s’isoler de<br />

la pression concurrentielle exercée dès lors que les distributeurs<br />

de la qualité basse sont présents. Avec de tels<br />

contrats, le monopole s’engage de façon crédible à ne pas<br />

se comporter de manière opportuniste et se transforme<br />

de facto en monopole mono-produit intégré verticalement<br />

vers l’aval. Le coût d’un tel arrangement est bien entendu<br />

une restriction de la gamme qui se fait aux dépends des<br />

des consommateurs. Ces derniers en fait bénéficient de la<br />

nouvelle structure du marché qui émerge. Si seule la qualité<br />

basse persiste dans le nouvel équilibre, c’est une qualité<br />

déjà suffisamment élevée en comparaison avec la solution<br />

d’intégration verticale. Les consommateurs sont donc les<br />

grands gagnants de l’incapacité du monopole à s’engager<br />

à des politiques prix/qualité suffisamment discriminantes<br />

et ceci même si la gamme des qualités disponibles a diminué.<br />

consommateurs. Ces derniers seront moins servis et seul<br />

un bien de qualité moyenne sera disponible.<br />

Cette stratégie d’exclusivité ne permet bien entendu pas<br />

de retrouver les niveaux de profits de la solution verticalement<br />

intégrée mais s’en rapproche significativement.<br />

Cette analyse fait directement écho à la stratégie récente<br />

d’Essilor International qui consiste, de plus en plus, à<br />

intégrer toutes les étapes, de la production des verres<br />

à la distribution aux opticiens, à travers l’acquisition de<br />

centres de distribution et de laboratoires de prescription.<br />

139


Table des matières<br />

EXECUTIVE SUMMARY 2<br />

SOMMAIRE 6<br />

INTRODUCTION : UNE ETUDE ECONOMIQUE SECTORIELLE INEDITE,<br />

SUR UN MARCHE CLE POUR LE POUVOIR D’ACHAT DES FRANÇAIS 8<br />

1. PARTIE I : PRESENTATION DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 12<br />

1.1. PRESENTATION DES PRODUITS DE L’OPTIQUE : UNE OFFRE FORTEMENT DIFFERENCIEE 16<br />

1.1.1. LES PRODUITS D’OPTIQUE, DISPOSITIFS MÉDICAUX 17<br />

>Les principaux troubles visuels pris en charge par les équipements d’optique 17<br />

>Les verres correcteurs, des produits très différenciés 18<br />

>Les montures 21<br />

>Les lentilles oculaires de contact 21<br />

1.1.2. LES AUTRES PRODUITS D’OPTIQUE HORS DISPOSITIFS MÉDICAUX 23<br />

>Les lunettes de soleil 23<br />

>Les produits d’entretien des lentilles de contact 24<br />

>Autres produits divers 24<br />

1.1.3. LES PRIX MOYENS DES DIFFÉRENTS PRODUITS PROPOSÉS SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 24<br />

1.2 EN AMONT : ORGANISATION ET ACTEURS DE LA PRODUCTION 25<br />

1.2.1. UN MARCHÉ ATOMISÉ MAIS DOMINÉ PAR QUELQUES TRÈS GROS ACTEURS 26<br />

>Un marché atomisé entre de nombreux acteurs 26<br />

>Un marché dominé par quelques acteurs et des suiveurs lointains 27<br />

1.2.2. LA FABRICATION DE MONTURES, UN QUART DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 27<br />

>Un segment qui compte pour un quart du secteur de l’optique, dominé par une entreprise italienne 27<br />

>Luxottica 28<br />

>Safilo 28<br />

>Luxottica / Safilo, éléments de comparaison 29<br />

>Un marché français largement importateur 31<br />

1.2.3.LA FABRICATION DE VERRES : UN SEGMENT QUI ABSORBE LES TROIS QUARTS DE LA VALEUR GLOBALE DU SECTEUR,<br />

ET DOMINÉ TRÈS LARGEMENT PAR ESSILOR 31<br />

>Essilor 31<br />

>Zeiss 34<br />

>Hoya 35<br />

140


1.3. EN AVAL : LES PRINCIPAUX CANAUX DE DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE 35<br />

1.3.1. LE MÉTIER D’OPTICIEN 35<br />

>Présentation générale 35<br />

>Démographie de la profession en France 36<br />

1.3.2. LES POINTS DE VENTE « EN DUR » DE PRODUITS D’OPTIQUE EN FRANCE 38<br />

>Présentation générale 38<br />

>Eléments financiers des points de vente d’optique 38<br />

>Les principales enseignes (généralités) 40<br />

>Les principales enseignes, détail par enseigne 44<br />

1.3.3. LES OPTICIENS EN LIGNE 54<br />

>Présentation générale 54<br />

>Les principaux acteurs de l’optique en ligne en France 54<br />

1.4. LES CLIENTS ET CONSOMMATEURS DE PRODUITS D’OPTIQUE SUR LE MARCHE FRANÇAIS 57<br />

1.4.1. PROFILS DES CONSOMMATEURS FRANÇAIS DE PRODUITS D’OPTIQUE : UNE POPULATION LARGEMENT CONCERNÉE 57<br />

>Entre six et sept français sur dix concernés 57<br />

>Les consommateurs par type de défaut visuel 58<br />

1.4.2. LES MOTIVATIONS DE L’ACTE D’ACHAT POUR LES FRANÇAIS À L’HEURE D’UNE DÉPENSE OPTIQUE 59<br />

>La dimension financière, déterminante dans la motivation de l’acte d’achat 59<br />

>La dimension conseil dans l’acte d’achat, essentielle et très incitative 61<br />

1.4.3. L’OPTIQUE DANS LE BUDGET MOYEN DES MÉNAGES 62<br />

1.4.4. LES DYNAMIQUES HAUSSIÈRES DE LA DEMANDE : SYSTÈME DE SANTÉ ET VIEILLISSEMENT 63<br />

1.5. UN TIERS ESSENTIEL : LE SYSTEME DE SANTE 66<br />

1.5.1. A L’ORIGINE DE LA PRESCRIPTION : LES OPHTALMOLOGISTES 66<br />

>Une population urbaine et vieillissante 66<br />

>Des prescripteurs essentiels, mais concurrencés 66<br />

1.5.2. A LA SOURCE DU REMBOURSEMENT : LA SÉCURITÉ SOCIALE, LES COMPLÉMENTAIRES DE SANTÉ 67<br />

>La sécurité sociale 67<br />

>Les complémentaires 69<br />

1.5.3. LA RÉPARTITION FINALE DU COÛT ENTRE SÉCURITÉ SOCIALE, COMPLÉMENTAIRES ET CONSOMMATEUR 72<br />

141


2. PARTIE II : DES DOUTES SUR LE FONCTIONNEMENT CONCURRENTIEL DU MARCHE DE L’OPTIQUE 74<br />

2.1. LES DOUTES CONCURRENTIELS SUR LE SECTEUR AMONT 77<br />

2.1.1. UN SECTEUR FORTEMENT CONCENTRÉ 77<br />

>Un marché particulièrement concentré autour d’un acteur dominant, Essilor 77<br />

2.1.2. L’ANALYSE ÉCONOMIQUE RÉVÈLE DES INCITATIONS À LA FORCLUSION SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE EN FRANCE 80<br />

> Des incitations fortes à la forclusion par le monopole amont 80<br />

Un article scientifique inédit 80<br />

La forclusion, présentation classique 80<br />

La forclusion dans le cas de produits différenciés 81<br />

>La forclusion dans le secteur de l’optique 82<br />

La stratégie de différenciation d’Essilor 82<br />

La stratégie d’intégration verticale d’Essilor 83<br />

L’absence d’incitation à fournir le bas du marché 83<br />

2.2. LES DOUTES SUR LE SECTEUR AVAL 83<br />

2.2.1 L’EXISTENCE DE PRIX ÉLEVÉS POUR LE CONSOMMATEUR FINAL 83<br />

2.2.2. DES CHIFFRES D’AFFAIRES ÉLEVÉS POUR LES PROFESSIONNELS DU SECTEUR<br />

AU REGARD DE LA RÉALITÉ DES PAYS VOISINS 86<br />

> Des marges importantes 86<br />

> Des chiffres d’affaires bien supérieurs à ceux constatés dans les autres pays 86<br />

> Des chiffres d’affaires par consommateur bien supérieurs aux autres pays 88<br />

2.2.3. DES COMPLÉMENTAIRES SANTÉ VICTIMES DE COMPORTEMENTS FRAUDULEUX DE LA PART DES DISTRIBUTEURS 89<br />

2.2.4. UNE DÉMOGRAPHIE DES OPTICIENS TRÈS ÉLEVÉE EN FRANCE AU REGARD DES BENCHMARKS INTERNATIONAUX 90<br />

2.2.5. UN MARCHÉ CONCENTRÉ 94<br />

> Parts de marché en points de vente 94<br />

> Parts de marché en valeur 95<br />

2.2.6. UN MARCHÉ OPAQUE SUR LA FORMATION DES PRIX 96<br />

>Une transparence très imparfaite du marché 96<br />

142


3. PARTIE III : FAVORISER LA CONCURRENCE DANS LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE :<br />

PISTES ET GAINS ATTENDUS 98<br />

3.1. LE RETARD DE LA FRANCE EN MATIERE D’OPTIQUE EN LIGNE 100<br />

3.1.1. UN SECTEUR ENCORE PEU DEVELOPPÉ ET CONTRAINT EN FRANCE 100<br />

>Un développement très limité 100<br />

>Un marché encore contraint 100<br />

3.1.2. LE DROIT COMMUNAUTAIRE CLAIREMENT EN FAVEUR DU CANAL INTERNET 101<br />

3.1.3. LA PROMOTION DU CANAL INTERNET AUX ETATS-UNIS 102<br />

3.2. LES GAINS A ATTENDRE D’UNE CONCURRENCE ACCRUE SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 103<br />

3.2.1. LES GAINS D’UNE CONCURRENCE ACCRUE EN TERMES DE POUVOIR D’ACHAT 103<br />

3.2.2. LES GAINS D’UNE CONCURRENCE ACCRUE EN TERMES D’EMPLOI 105<br />

ANNEXE I : COMPARAISON DES CHIFFRES D’AFFAIRES DES MARCHES DE L’OPTIQUE ENTRE PAYS 106<br />

1) FOCUS SUR LES MARCHES OPTIQUES DE QUELQUES PAYS CHOISIS 106<br />

2) LES CONSOMMATEURS POTENTIELS PAR PAYS ET PAR PRODUIT 107<br />

3) LES CHIFFRES D’AFFAIRES PAR CLIENT SUIVANT LES PAYS 109<br />

4) SIMULATION DE MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES SUR LA BASE DE CHIFFRES D’AFFAIRES<br />

PAR CONSOMMATEUR ETRANGER 110<br />

5) DIFFERENCES ENTRE LES MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES ET LES MARCHES ETRANGERS 112<br />

6) CONCLUSION 114<br />

ANNEXE II : EVALUATION DES GAINS POTENTIELS DE L’ACCROISSEMENT DE LA PART D’INTERNET<br />

SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE EN FRANCE 116<br />

1) LA BAISSE DES PRIX ENGENDREE PAR LE COMMERCE SUR INTERNET EN GENERAL 116<br />

2) LA BAISSE DES PRIX ATTENDUE DANS LE SECTEUR DE L’OPTIQUE EN LIGNE 118<br />

3) LES PRIX ET LES CHIFFRES D’AFFAIRES ACTUELS SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 119<br />

4) PRIX ESTIMES A L’ISSUE DES BAISSES DE PRIX CONSECUTIVES AU DEVELOPPEMENT DU CANAL INTERNET,<br />

SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES 120<br />

a) Hypothèse I1 : les prix baissent de 8 ou 10 % en moyenne 120<br />

b) Hypothèse I2 : les prix baissent de 25 ou 30% au maximum 120<br />

c) Hypothèse II: les prix baissent de 75% 121<br />

5) NOMBRE DE PRODUITS VENDUS PAR AN SUR LE MARCHE FRANÇAIS DE L’OPTIQUE 121<br />

6) LES GAINS ESTIMES POUR LES CONSOMMATEURS D’UNE GENERALISATION DU CANAL INTERNET<br />

POUR LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN LIGNE, SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES 122<br />

143


a) Scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits 122<br />

>Hypothèses I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 % 122<br />

> Hypothèse I2 : baisse des prix de 25 % ou 30 % 124<br />

> Hypothèse II : baisse des prix de 75 % 126<br />

b) Scénario B : accroissement de la part de la distribution par Internet dans le secteur total 127<br />

>Hypothèses I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 % 127<br />

>Hypothèses I2 : baisse des prix de 25 % ou 30% 129<br />

>Hypothèses II : baisse des prix de 75 % 131<br />

c) Gains moyens par consommateurs 132<br />

>Nombre de consommateurs 132<br />

>Gains moyens dans le scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits 133<br />

>Gains moyens dans le scénario B : accroissement de la part de la distribution par internet dans le secteur total 133<br />

ANNEXE III : FORCLUSION ET CONCURRENCE EN QUALITE SUR LES MARCHES AVAL 134<br />

144


Figure 1 – Schéma simplifié du secteur de l’optique 12<br />

Figure 2 – Répartition du chiffre d’affaires par type de produit 16<br />

Figure 3 – Répartition des ventes, en volume et en valeur, entre les verres unifocaux et les verres progressifs en 2011 17<br />

Figure 4 – Evolution des ventes de verres 18<br />

Figure 5 – La composition d’un verre ophtalmique organique 19<br />

Figure 6 – Campagne de publicité Optifog / Essilor 20<br />

Figure 7 – Chiffres d’affaires par segment dans le secteur des lentilles de contact 22<br />

Figure 8 – Ventes de solaires en millions d’euros sur un an 23<br />

Figure 9 – Unités vendues entre janvier et septembre 2012 24<br />

Figure 10 – Prix moyens constatés entre les mois de janvier et septembre 2011 et 2012 25<br />

Figure 11 – Facturations industrielles d’optique-lunetterie en 2009 26<br />

Figure 12 – La structure des établissements et des effectifs du marché amont 27<br />

Figure 13 – Chiffre d’affaires 2008 en milliards d’euros des groupes Safilo / Hal et Luxottica 29<br />

Figure 14 – Répartition des chiffres d’affaires des groupes Safilo / Hal et Luxottica entre la distribution et la fabrication, en pourcentage 30<br />

Figure 15 – Nombre de points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 30<br />

Figure 16 – Répartition géographique des points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 31<br />

Figure 17 – La chaîne de production intégrée d’Essilor 32<br />

Figure 18 – Chiffre d’affaires d’Essilor par activité 33<br />

Figure 19 – Chiffre d’affaires de la division « Vision care » de Zeiss en millions d’euros 34<br />

Figure 20 – Nombre de diplômés et d’opticiens en activité en 2004 et 2010/2011 36<br />

Figure 21 – Evolution du nombre de jeunes diplômés au BTSOL entre 2004 et 2011 37<br />

Figure 22 – Évolution conjointe du nombre d’opticiens actifs occupés et du nombre d’opticiens demandeurs d’emploi entre 2004 et 2011 37<br />

Figure 23 – Coût d’ouverture d’un point de vente d’optique par poste, en euros et en pourcentage du total 38<br />

Figure 24 – Conditions d’entrée dans les principaux réseaux 39<br />

Figure 25 – Répartition du chiffre d’affaires moyen d’un point de vente d’optique en 2009 40<br />

Figure 26 – Répartition des points de vente d’optique par catégorie 41<br />

Figure 27 – Proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins, 16 octobre 2012 42<br />

Figure 28 – Principales enseignes par catégorie 43<br />

Figure 29 – Exploitation des points de vente d’optique par les centrales et les enseignes 43<br />

Figure 30 – Campagne de publicité Krys (2011) 44<br />

Figure 31 – Campagne de publicité Krys (2012) 44<br />

Figure 32 – Dates clés du groupe Krys 45<br />

Figure 33 – Chiffres clés du groupe Krys 45<br />

Figure 34 – Campagne de publicité Optic 2000 46<br />

Figure 35 – Dates clés du groupe Optic 2000 47<br />

Figure 36 – Chiffres clés du groupe Optic 2000 47<br />

Figure 37 – Dates clés du groupe All 48<br />

Figure 38 – Chiffres clés du groupe All 48<br />

Figure 39 – Principales acquisitions du groupe GrandVision 49<br />

Figure 40 – Dates clés du groupe GrandVision 50<br />

Figure 41 – Chiffres clés du groupe GrandVision 50<br />

145


Figure 42 – Page d’accueil du site www.alainafflelou.fr 51<br />

Figure 43 – Chiffres clés du groupe Afflelou (France) 51<br />

Figure 44 – Chiffres clés du groupe Les Opticiens Mutualistes (France) 52<br />

Figure 45 – Chiffres clés du groupe Atol 52<br />

Figure 46 – Chiffres clés du groupe Schertz / Luz 53<br />

Figure 47 – Chiffres clés du groupe Soc. Cos. Europtic 53<br />

Figure 48 – Proportion de Français portant des corrections 57<br />

Figure 49 – Part de la population portant des corrections 58<br />

Figure 50 – Proportion des critères financiers jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 59<br />

Figure 51 – Jugement des Français sur les prix des lunettes 60<br />

Figure 52 – Proportion de Français portant des lunettes, par niveau de revenus 61<br />

Figure 53 – Proportion des critères « conseil » jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 62<br />

Figure 54 – Dépense moyenne annuelle en euros 63<br />

Figure 55 – Croissance annuelle (%) en volume et en valeur de la consommation de produits d’optique et du pouvoir d’achat 64<br />

Figure 56 – Les déterminants des dynamiques du marché de l’optique 64<br />

Figure 57 – Pourcentage de porteurs de lunettes dans la population française 65<br />

Figure 58 – Prescriptions de verres correcteurs 67<br />

Figure 59 – Remboursements des lunettes établis par l’Assurance maladie. 68<br />

Figure 60 – Chiffres d’affaires (en millions d’euros) du secteur des complémentaires 69<br />

Figure 61 – Pourcentage de consommateurs bénéficiant d’une complémentaire proposant une prise en charge supérieure au ticket modérateur,<br />

par âge du consommateur 70<br />

Figure 62 – Remboursement par les organismes complémentaires, en euros, pour un prix de référence de 200 euros<br />

(100 euros pour la monture et 50 euros pour un verre simple) 71<br />

Figure 63 – Répartition de la prise en charge du prix d’une paire de lunettes 72<br />

Figure 64 – Chiffre d’affaires mondiaux et parts de marché des principaux producteurs 78<br />

Figure 65 – Parts de marché des producteurs au niveau mondial (2011) 78<br />

Figure 66 – Parts de marché des producteurs en France (2001) 79<br />

Figure 67 – Chiffre d’affaires en France des principaux producteurs et rapport à Essilor 79<br />

Figure 68 – Sondage Mutualité Française et L’Opticien Lunetier 84<br />

Figure 69 – Note regards, données à fin septembre 2012 84<br />

Figure 70 – XERFI 85<br />

Figure 71 – Synthèse des estimations 85<br />

Figure 72 – Taux de marge selon la taille des entreprises du secteur 86<br />

Figure 73 – Surplus moyen du marché français en comparaison avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, en millions d’euros 87<br />

Figure 74 – L’ « excès » inexpliqué du marché français 87<br />

Figure 75 – Le chiffre d’affaires moyen par consommateur, par type de produit, dans 5 pays de l’Union européenne, en euros 88<br />

Figure 76 – Le chiffre d’affaires par consommateur pour les verres dans 5 pays de l’Union européenne, en euros 89<br />

Figure 77 – Nombre de points de vente d’optique 91<br />

Figure 78 – Densité des points de vente dans quelques pays 92<br />

Figure 79 – Nombre moyen de consommateurs par point de vente dans quelques pays 93<br />

Figure 80 – Chiffre d’affaires moyen par point de vente 93<br />

146


Figure 81 – Parts de marché des groupes d’optique en nombre de points de vente 94<br />

Figure 82 – Parts de marché des groupes d’optique en valeur 95<br />

Figure 83 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme des prix dans le secteur de optique 103<br />

Figure 84 – Gains dans l’hypothèse d’un accroissement de la part du secteur de l’optique en ligne, présentant des prix inférieurs 104<br />

Figure 85 – Marchés étrangers par catégorie de produits en 2007, en milliards d’euros 106<br />

Figure 86 – Part de population portant des corrections 107<br />

Figure 87 – Porteurs de correction dans différents pays, en 2007, en milliers 107<br />

Figure 88 – Consommateurs potentiels par pays et par type de produit, en 2007, en milliers 108<br />

Figure 89 – Chiffres d’affaires moyens par consommateur et par type de produit, en euros 109<br />

Figure 90 – Ecarts de chiffres d’affaires par consommateur par rapport à la France, en euros 109<br />

Figure 91 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Allemagne 110<br />

Figure 92 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Espagne 110<br />

Figure 93 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Italie 111<br />

Figure 94 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est au Royaume-Uni 111<br />

Figure 95 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont en Allemagne (en millions d’euros) 112<br />

Figure 96 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont en Espagne (en millions d’euros) 112<br />

Figure 97 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont en Italie (en millions d’euros) 113<br />

Figure 98 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />

équivalents à ce qu’ils sont au Royaume-Uni (en millions d’euros) 113<br />

Figure 99 – Ecarts et écart moyen entre le marché français réel et les marchés hypothétiques fondés sur les chiffres d’affaires<br />

par consommateur de quelques pays 114<br />

Figure 100 – Différence de prix moyen sur le canal Internet 117<br />

Figure 101 – Prix moyens des produits d’optique 119<br />

Figure 102 – Chiffres d’affaires par produit d’optique de septembre 2011 à septembre 2012 119<br />

Figure 103 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 8 % ou 10 % des prix moyens 120<br />

Figure 104 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 25 % ou 30% des prix au maximum 120<br />

Figure 105 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 75 % 121<br />

Figure 106 – Unités vendues par type de produit entre septembre 2011 et septembre 2012 121<br />

Figure 107 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 % 122<br />

Figure 108 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 % 122<br />

Figure 109 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 % 123<br />

Figure 110 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 % 123<br />

Figure 111 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 % 124<br />

Figure 112 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 % 124<br />

Figure 113 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 % 125<br />

Figure 114 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 % 125<br />

Figure 115 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 75 % 126<br />

Figure 116 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme de 75 % des prix 126<br />

147


Figure 117 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 127<br />

Figure 118 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 127<br />

Figure 119 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 128<br />

Figure 120 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 128<br />

Figure 121 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 129<br />

Figure 122 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 129<br />

Figure 123 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 130<br />

Figure 124 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 130<br />

Figure 125 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 131<br />

Figure 126 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 131<br />

Figure 127 – Porteurs de correction en France en 2011 132<br />

Figure 128 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses d’une baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits 133<br />

Figure 129 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses de prix inférieurs des produits distribués par Internet 133<br />

148


Les Français sont parmi les plus gros consommateurs de produits d’optique en Europe. Le marché de<br />

l’optique en France, estimé à 5,7 milliards d’euros en 2011, est en croissance continue. Très dynamique,<br />

il est aussi très opaque et artificiellement surévalué. La présente étude, réalisée par les économistes<br />

David Martimort et Jérôme Pouyet de l’Ecole d’économie de Paris, se propose pour la première fois de<br />

faire la lumière sur ce secteur. Elle révèle de fortes suspicions sur son fonctionnement concurrentiel<br />

et estime les gains, plus que substantiels pour les consommateurs, que permettrait son ouverture à de<br />

nouveaux entrants.<br />

David Martimort, diplômé de l’Université de Toulouse 1, ingénieur de l’Ecole Polytechnique et Professeur<br />

Agrégé des Universités, est Directeur d’<strong>Etude</strong>s à l’Ecole des Hautes <strong>Etude</strong>s en Sciences Sociales et<br />

Professeur à l’Ecole d’Économie de Paris. Jérôme Pouyet, diplômé de l’Université de Toulouse 1, a enseigné<br />

à l’Ecole Polytechnique, est chargé de recherche 1ère classe au CNRS et Professeur à l’Ecole d’Economie<br />

de Paris.

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