Sensee-Etude-Economique-Optique
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L’OPTIQUE EN FRANCE<br />
ETUDE ECONOMIQUE<br />
David MARTIMORT / Jérôme POUYET
Société d’études et de conseil fondée et dirigée par Mathieu Laine, Altermind est spécialisée dans<br />
l’optimisation des stratégies d’entreprises et de gouvernements.<br />
Altermind allie recherche scientifique, conseil en stratégie et conseil en communication pour une<br />
approche intégrée, de la production des idées à leur diffusion la plus large, de l’élaboration des stratégies<br />
à leur mise en œuvre.<br />
Pour chaque client, Altermind produit des réponses sur mesure en s’appuyant sur un réseau d’experts<br />
de haut niveau.<br />
www.altermind.fr<br />
9, rue de Villersexel<br />
75007 Paris
les<br />
auteurs<br />
David Martimort, Paris School of Economics - EHESS<br />
Jérôme Pouyet, Paris School of Economics – CNRS<br />
David Martimort est Directeur d’<strong>Etude</strong>s à l’Ecole des Hautes <strong>Etude</strong>s en Sciences Sociales et Professeur à l’Ecole<br />
d’Economie de Paris. Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1, est ingénieur de l’Ecole Polytechnique et<br />
Professeur Agrégé des Universités. Spécialiste de la Théorie des Incitations et ses applications, il est l’auteur avec<br />
Jean-Jacques Laffont du manuel de référence sur le sujet (« The Theory of Incentives », 2002, Princeton University<br />
Press). Ses recherches couvrent un large spectre allant de l’économie industrielle à l’économie du développement<br />
et la croissance en passant par l’économie de l’environnement, et surtout la théorie de la régulation et de la gouvernance<br />
publique. Elles ont été publiées dans les meilleures revues internationales (Econometrica, American Economic<br />
Review, Review of Economic Studies, Journal of Economic Theory, The Rand Journal of Economics, Journal of Public<br />
Economics). Il est Fellow de la Société d’Econométrie et de l’European Economic Association depuis 2005. David<br />
Martimort a aussi occupé de nombreuses positions<br />
éditoriales. Il est actuellement éditeur du Rand Jour-<br />
Jérôme Pouyet est chargé de recherche 1ère classe<br />
au CNRS et Professeur à l’Ecole d’Economie de Paris.<br />
Il a effectué sa thèse à l’Université de Toulouse 1.<br />
Avant de rejoindre l’Ecole d’Economie de Paris, il a<br />
été Professeur chargé de cours à temps plein à l’Ecole<br />
Polytechnique. Ses travaux portent principalement sur<br />
l’économie industrielle et la politique de la concurrence,<br />
l’organisation des marchés et les mécanismes<br />
d’allocation, la régulation des industries notamment<br />
les industries de réseaux. Ses recherches ont été publiées<br />
dans les meilleures revues spécialisées dans<br />
ces domaines (Journal of Industrial Economics, International<br />
Journal of Industrial Organization, Journal of<br />
Public Economics). Il participe régulièrement à des<br />
contrats de recherche ou activités d’expertise avec des<br />
partenaires industriels (SNCF, Deutsche Bahn, Orange,<br />
Caisse d’Epargne,…) ou institutionnels (Commission<br />
Européenne, ARCEP, Conseil de la Concurrence,…). Il<br />
est Council Member au Gerson Lehman Group et a été<br />
expert pour LECG jusqu’en 2010.<br />
nal of Economics, ainsi qu’éditeur associé du Journal<br />
of Economic Theory, d’Econometrica et de Theoretical<br />
Economics. David Martimort a reçu le Prix du Meilleur<br />
Jeune économiste du journal Le Monde en 2004 et<br />
le NYSE award pour le meilleur papier en finance de<br />
marché en 1998. Il a donné de multiples lectures invitées<br />
et notamment la Colin Clarke Lecture de l’Australasian<br />
Econometric Society. Il a été Professeur invité à<br />
Harvard, Professeur à l’ Université de Pau et l’Université<br />
de Toulouse 1.<br />
1
La présente étude, conduite par les<br />
économistes David Martimort et Jérôme Pouyet, rédigée<br />
pour le compte d’Altermind et à la demande de <strong>Sensee</strong>,<br />
propose une analyse économique et concurrentielle<br />
inédite du secteur de l’optique en France.<br />
Elle établit :<br />
1. Que le fonctionnement concurrentiel du marché français<br />
de l’optique est très imparfait, à la fois en amont du côté<br />
des fournisseurs de verre, et en aval du côté des distributeurs<br />
de produits d’optique ;<br />
2. Que la position dominante de certains fournisseurs<br />
de verres peut être la source de barrières importantes à<br />
l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché de la distribution,<br />
spécialement de la distribution en ligne, contribuant<br />
à maintenir des prix à la consommation élevés ;<br />
3. Qu’une ouverture du marché permettrait au moins 300<br />
millions d’euros d’économies par an pour les consommateurs.<br />
Une étude économique inédite, motivée par une<br />
interrogation concurrentielle encore inexplorée<br />
par la science et rendue plus aiguë par les<br />
tensions actuelles sur le pouvoir d’achat<br />
Le marché de l’optique en France, estimé à 5,7 milliards<br />
d’euros en 2011 et en croissance continue, n’a pas encore<br />
fait à ce jour l’objet de description sectorielle ni d’analyse<br />
concurrentielle poussée de la part de la science<br />
économique. Le secteur connaît pourtant une mutation<br />
emblématique de l’évolution de la distribution, avec<br />
une ouverture graduelle à la vente en ligne, alors même<br />
qu’une base de suspicion importante, mise à jour par les<br />
autorités françaises et européennes, interroge la nature<br />
concurrentielle du marché et son ouverture effective aux<br />
nouveaux entrants.<br />
Au regard des tensions constantes pesant sur le pouvoir<br />
d’achat des Français, du poids des dépenses d’optique<br />
dans leur budget et de l’influence à la baisse d’une ouverture<br />
à la concurrence sur les prix à la consommation,<br />
l’opportunité d’une étude sectorielle et concurrentielle<br />
du marché est manifeste.<br />
2<br />
executive<br />
summary<br />
Une ouverture du marché<br />
permettrait au moins 300 millions<br />
d’euros d’économie par an pour<br />
les consommateurs.<br />
L’optique, un sujet qui touche la grande majorité<br />
des Français et pèse considérablement sur leur<br />
budget<br />
Environ 64 % des Français portent des lunettes : ils<br />
y consacrent 130 euros par an environ. Près des trois<br />
quarts jugent que les prix des corrections optiques sont<br />
excessifs et les comparaisons internationales montrent<br />
que les prix sont en effet élevés, particulièrement pour<br />
les verres. Cette pression financière pèse particulièrement<br />
sur les plus défavorisés : 55 % des bas revenus<br />
portent des lunettes, contre 71 % des plus hauts, ce qui<br />
semble indiquer une différence d’accès aux soins d’optique.<br />
Avec une population vieillissante et à ce titre plus<br />
susceptible de porter des corrections, le marché devrait<br />
poursuivre ses tendances haussières.<br />
Contrairement aux idées reçues, le reste à charge du<br />
consommateur est conséquent, malgré l’intervention du<br />
système de santé : le client qui achète un équipement<br />
d’optique correcteur assume lui-même, directement ou<br />
indirectement, l’intégralité du coût.<br />
La chaîne de production de l’optique, qui<br />
s’organise de manière verticale, est complexe<br />
et très concentrée<br />
L’extrême diversité et la différenciation des produits<br />
proposés sur le marché de l’optique, en particulier s’agissant<br />
des verres correcteurs, fait obstacle à la transparence<br />
des prix affichés à la vente au détail. L’intervention<br />
d’une multitude d’acteurs interagissant à l’échelle<br />
mondiale, entre la production en amont, la distribution en
aval, et le rôle tiers du système de santé (sécurité sociale<br />
et complémentaires) opacifie encore davantage la lecture<br />
des intérêts en jeu pour le consommateur.<br />
A l’amont, la production de verres est dominée par Essilor<br />
qui détient une part de marché de plus de 40 % au niveau<br />
mondial et de près de 90 % en France, loin devant ses<br />
concurrents Zeiss et Hoya. La production de montures,<br />
autre élément essentiel à la constitution des lunettes est<br />
largement dominée par Luxottica, qui est près de cinq<br />
fois plus important que son plus proche concurrent.<br />
A l’aval, moins d’une dizaine de groupes concentre l’essentiel<br />
de la distribution au détail. Le marché français se<br />
caractérise par l’abondance de points de vente, bien plus<br />
nombreux que dans la plupart des pays comparables : la<br />
France compte 1 point de vente pour 5 400 habitants contre<br />
1 pour 15 000 aux Etats-Unis. Les opticiens, qui peuvent<br />
seuls les détenir et les gérer, ont depuis peu la possibilité<br />
de renouveler les lunettes, sans intervention d’un ophtalmologiste.<br />
Le système de santé français rembourse une partie (ou<br />
la totalité) des dépenses d’optique. Cette intervention<br />
relève très largement des complémentaires, la sécurité<br />
sociale proposant une compensation marginale. Elle<br />
permet de rendre solvables les consommateurs finals et<br />
tend à entretenir l’illusion chez ces derniers qu’ils n’assument<br />
pas les dépenses d’optique, alors qu’en réalité ils les<br />
supportent indirectement à travers le financement de la<br />
sécurité sociale et les cotisations auprès de leurs complémentaires<br />
et directement à travers le « reste à charge »<br />
qu’ils paient à l’opticien.<br />
Des doutes concurrentiels importants à l’amont<br />
Le secteur amont, notamment la production de verres<br />
correcteurs, se révèle être très concentré : quelques rares<br />
Le fonctionnement concurrentiel<br />
du marché français de l’optique<br />
est très imparfait, à la fois en amont<br />
du côté des fournisseurs<br />
de verre, et en aval du côté<br />
des distributeurs.<br />
producteurs réalisent l’essentiel de l’activité, loin devant<br />
leurs concurrents. Ces principaux acteurs poursuivent en<br />
outre des stratégies de consolidation verticale et de différenciation<br />
croissante de leurs produits qui ont pour effet<br />
de renforcer leurs positions.<br />
L’article scientifique inédit de David Martimort et Jérôme<br />
Pouyet 1 , dont les principales conclusions sont rendues<br />
publiques dans cette étude, montre que cette stratégie a<br />
une double conséquence : elle tend à limiter de facto la<br />
concurrence en amont, mais elle la freine aussi en aval, via<br />
un mécanisme dit de « forclusion » ; la firme dominante<br />
en amont a intérêt à favoriser des stratégies de distribution<br />
qui évincent les nouveaux entrants. Ces derniers,<br />
en fournissant des produits moins chers, risqueraient en<br />
effet de réduire le surplus qu’elle accapare.<br />
A l’aval, plusieurs constats font douter du bon<br />
fonctionnement concurrentiel du secteur<br />
Les points de vente de distribution au détail d’optique<br />
comptent parmi les fonds de commerce les plus chers en<br />
France. Avec une marge de 60 % en moyenne le secteur<br />
réalise un chiffre d’affaires supérieur d’un tiers à ce qu’il<br />
est dans les pays comparables à la France : si le chiffre<br />
1 David Martimort, Jérôme Pouyet, Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets, 2012, à paraître.<br />
3
d’affaires par habitant y était identique à ce qu’il est en<br />
Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie, le<br />
marché français aurait dû être inférieur d’1,5 milliard<br />
d’euros en 2007, ce qui est conséquent pour un marché<br />
de 4,2 milliards d’euros au total.<br />
La justice française a récemment condamné des opticiens<br />
qui se livraient à des pratiques « d’optimisation<br />
de facture », consistant à adapter le prix des lunettes<br />
vendues au plafond du remboursement proposé par la<br />
complémentaire des clients finals. Cette fraude contribue,<br />
parmi d’autres éléments, à brouiller totalement la<br />
lisibilité des prix du secteur.<br />
Favoriser la concurrence par l’entrée sur le<br />
marché d’opérateurs en ligne<br />
Alors que le secteur s’est développé à l’étranger, la distribution<br />
de produits d’optique en ligne reste très limitée<br />
4<br />
en France : entre 0,1 % et 3 % du secteur selon les estimations.<br />
Le droit communautaire a eu l’occasion de relever,<br />
avec sévérité, que la France devait lever les barrières<br />
qu’elle entretient à l’encontre de ce mode de distribution.<br />
Le développement de la vente en ligne pourrait accroître<br />
les gains aux consommateurs de 332 millions d’euros à 3,1<br />
milliards d’euros par an dans l’hypothèse la plus haute. En<br />
outre, cette dynamique aurait nécessairement des effets<br />
positifs sur l’emploi.<br />
Les analyses qui suivent ont été réalisées compte tenu<br />
des informations disponibles publiquement, auxquelles<br />
elles ont choisi de faire confiance.<br />
L’OUVERTURE À LA CONCURRENCE SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE FRANÇAIS REPRÉSENTERAIT<br />
DES ÉCONOMIES IMPORTANTES POUR LE CONSOMMATEUR<br />
Suivant les modèles de calcul envisagés, une ouverture du marché de l’optique aux opticiens en ligne aurait<br />
pour conséquence des économies importantes pour le consommateur, estimées pour les hypothèses les plus<br />
réalistes entre 300 millions et 1,5 milliard d’euros par an :<br />
— Une économie de 300 millions d’euros par an sur le budget optique des Français est l’équivalent :<br />
• du budget optique annuel de 3,57 millions de Français * ;<br />
• du budget investi par la France dans la guerre en Lybie ** ;<br />
• du montant de recettes attendues par la hausse des prélèvements sur les retraites en 2013 *** ;<br />
— Une économie de 1,5 milliard d’euros par an sur le budget optique des Français est équivalente :<br />
*<br />
**<br />
***<br />
****<br />
• au coût annuel du dispositif des emplois d’avenir **** ;<br />
• à la consommation optique annuelle de près de 18 millions de Français.<br />
Le budget moyen annuel dans l’optique est de 84 euros par Français (voir plus bas).<br />
Le Parisien, La guerre en Libye a coûté 300 millions d’euros à la France, 23 octobre 2011.<br />
Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2013, dossier de presse. La contribution additionnelle de solidarité pour<br />
l’autonomie sur les retraites rapporterait 350 millions d’euros au régime général.<br />
Site internet du Premier ministre : le dispositif coûtera « 2,3 milliards d’euros pour les trois ans à venir. A savoir : 500 000 millions d’euros<br />
pour 2013, puis 1,5 milliard par an lorsque les emplois d’avenir seront installés », 30 octobre 2012.
6<br />
sommaire<br />
EXECUTIVE SUMMARY 2<br />
SOMMAIRE 6<br />
INTRODUCTION : UNE ETUDE ECONOMIQUE SECTORIELLE INEDITE, SUR UN MARCHE CLE<br />
POUR LE POUVOIR D’ACHAT DES FRANÇAIS 8<br />
1. PARTIE I : PRESENTATION DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 12<br />
1.1. PRESENTATION DES PRODUITS DE L’OPTIQUE : UNE OFFRE FORTEMENT DIFFERENCIEE 16<br />
1.2. EN AMONT : ORGANISATION ET ACTEURS DE LA PRODUCTION 25<br />
1.3. EN AVAL : LES PRINCIPAUX CANAUX DE DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE 35<br />
1.4. LES CLIENTS ET CONSOMMATEURS DE PRODUITS D’OPTIQUE SUR LE MARCHE FRANÇAIS 57<br />
1.5. UN TIERS ESSENTIEL : LE SYSTEME DE SANTE 66<br />
2. PARTIE II : DES DOUTES SUR LE FONCTIONNEMENT CONCURRENTIEL DU MARCHE DE L’OPTIQUE 74<br />
2.1. LES DOUTES CONCURRENTIELS SUR LE SECTEUR AMONT 77<br />
2.2. LES DOUTES SUR LE SECTEUR AVAL 83<br />
3. PARTIE III : FAVORISER LA CONCURRENCE DANS LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE :<br />
PISTES ET GAINS ATTENDUS 98<br />
3.1. LE RETARD DE LA FRANCE EN MATIERE D’OPTIQUE EN LIGNE 100<br />
3.2. LES GAINS A ATTENDRE D’UNE CONCURRENCE ACCRUE SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 103<br />
ANNEXE I : COMPARAISON DES CHIFFRES D’AFFAIRES DES MARCHES DE L’OPTIQUE ENTRE PAYS 106<br />
1) FOCUS SUR LES MARCHES OPTIQUES DE QUELQUES PAYS CHOISIS 106<br />
2) LES CONSOMMATEURS POTENTIELS PAR PAYS ET PAR PRODUIT 107<br />
3) LES CHIFFRES D’AFFAIRES PAR CLIENT SUIVANT LES PAYS 109<br />
4) SIMULATION DE MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES SUR LA BASE DE CHIFFRES<br />
D’AFFAIRES PAR CONSOMMATEUR ETRANGER 110<br />
5) DIFFERENCES ENTRE LES MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES ET LES MARCHES ETRANGERS 112<br />
6) CONCLUSION 114
ANNEXE II : EVALUATION DES GAINS POTENTIELS DE L’ACCROISSEMENT DE LA PART D’INTERNET<br />
SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE EN FRANCE 116<br />
1) LA BAISSE DES PRIX ENGENDREE PAR LE COMMERCE SUR INTERNET EN GENERAL 116<br />
2) LA BAISSE DES PRIX ATTENDUE DANS LE SECTEUR DE L’OPTIQUE EN LIGNE 118<br />
3) LES PRIX ET LES CHIFFRES D’AFFAIRES ACTUELS SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 119<br />
4) PRIX ESTIMES A L’ISSUE DES BAISSES DE PRIX CONSECUTIVES AU DEVELOPPEMENT DU CANAL<br />
INTERNET, SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES 120<br />
5) NOMBRE DE PRODUITS VENDUS PAR AN SUR LE MARCHE FRANÇAIS DE L’OPTIQUE 121<br />
6) LES GAINS ESTIMES POUR LES CONSOMMATEURS D’UNE GENERALISATION DU CANAL<br />
INTERNET POUR LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN LIGNE, SUIVANT LES DIFFERENTES<br />
HYPOTHESES ENVISAGEES 122<br />
ANNEXE III : FORCLUSION ET CONCURRENCE EN QUALITE SUR LES MARCHES AVAL 134<br />
7
8<br />
Introduction<br />
une étude économique sectorielle<br />
inédite, sur un marché clé pour<br />
le pouvoir d’achat des français<br />
Les récentes déclarations de la<br />
ministre de la Santé Marisol Touraine visant à promouvoir<br />
l’organisation de réseaux de soins notamment dans<br />
la distribution d’optique ont reçu un accueil houleux sur<br />
la scène publique 2 . Peu de temps auparavant, la ministre<br />
avait déjà ouvert le débat devant la Mutualité française :<br />
« le secteur des opticiens », avait-elle alors expliqué,<br />
« est trop concentré et ne permet donc pas d’avoir des prix<br />
accessibles » 3 .<br />
La médiatisation dont ces propos ont fait l’objet atteste<br />
de l’intérêt aigu de la presse et de la société françaises 4<br />
pour cette question d’apparence pourtant technique. Le<br />
sujet dépasse en effet largement le seul cadre économique.<br />
Sanitaire bien sûr – la vue est l’une des premières<br />
préoccupations de santé des Français – mais aussi esthétique<br />
et « lifestyle » tant les lunettes se sont imposées<br />
comme un produit de consommation à forte charge<br />
identitaire, il touche, directement ou indirectement,<br />
l’ensemble de la population : environ 64 % des Français<br />
portent des corrections visuelles 5 ; plus de 11 400 points<br />
de vente d’optique maillent le territoire national et la vie<br />
économique locale.<br />
Pourtant, et paradoxalement, le secteur de l’optique<br />
reste largement méconnu : il n’a à ce jour jamais fait<br />
l’objet d’une réelle analyse économique, conséquente et<br />
2 JDD, Touraine : il faut réguler le prix des lunettes, 27 octobre 2012.<br />
approfondie. Les quelques études de présentation qui<br />
ont pu être publiées se limitent à une approche purement<br />
descriptive. Ce silence de la science économique<br />
est d’autant plus frappant que le marché vit aujourd’hui<br />
une reconfiguration majeure qui, si elle ne lui est pas<br />
propre, n’en fait pas moins un cas emblématique : la<br />
dématérialisation de l’acte commercial avec l’émergence<br />
d’un nouveau canal de distribution par Internet. L’avènement,<br />
récent mais dynamique, du e-commerce dans le<br />
secteur de l’optique transforme l’intégralité de sa chaîne<br />
de production. Il s’agit d’une dynamique concurrentielle<br />
nouvelle, principalement mue par l’ambition d’une baisse<br />
des prix, sans concession sur la qualité, pour le consommateur<br />
final.<br />
Un secteur médiatique et polémique, où<br />
manquent encore des données d’analyse<br />
objectives<br />
Ces évolutions du secteur de l’optique font intervenir<br />
plusieurs acteurs dont il n’est pas évident, pour l’observateur<br />
ou le consommateur, de démêler les motivations. Le<br />
débat entre les parties prenantes – fabricants de verres,<br />
opticiens et réseaux de distribution « en dur » et « en<br />
ligne », mutuelles notamment - n’est pas toujours serein.<br />
En octobre 2012, l’opticien Alain Afflelou dénonçait les<br />
3 L’opticien lunetier, Le soutien sans faille de la ministre de la Santé aux réseaux de soins mutualistes dans l’optique, 22 octobre 2012.<br />
4 A titre d’exemple, on pourra relever la succession d’articles et reportages fin novembre 2012 :<br />
— M6, émission Capital du 25 novembre 2012 ;<br />
— Mutualité française, En finir avec les lunettes trop chères, 9 novembre 2012 ;<br />
— Les Echos, Opticiens, dentistes, vous allez payer moins cher, 21 novembre 2012 ; et<br />
— 20 Minutes, L’optique en quête du juste prix, 26 novembre 2012.<br />
5 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012. Ces évaluations confirment celles qu’indiquent i) le SYFFOC sur son<br />
site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes ; ii) un sondage réalisé pour HappyView en<br />
2011, selon lequel 63 % des Français portent des lunettes.
mutuelles, qui « poussent à la consommation ». En réponse,<br />
le président de la Mutualité française, Etienne Caniard<br />
lui rétorquait qu’au contraire « ce sont les opticiens qui<br />
disent : “ combien vous rembourse votre mutuelle ? ” et<br />
qui vont au maximum » 6 , dénonçant une pratique connue<br />
sous le nom d’ « optimisation de facture ».<br />
Outre la lacune qu’elle vient combler en tant qu’analyse<br />
économique sectorielle, la présente étude se propose de<br />
décrire et d’expliquer la façon dont interagissent l’ensemble<br />
des acteurs du secteur en se détachant des relations<br />
passionnelles qu’ils entretiennent.<br />
Une étude inédite motivée par une<br />
interrogation concurrentielle encore<br />
inexplorée par la science<br />
Les relations conflictuelles entre les acteurs du marché<br />
de l’optique en France connaissent dans certains cas des<br />
suites judiciaires qui pointent des interrogations sur son<br />
fonctionnement concurrentiel.<br />
L’Autorité de la concurrence a eu l’occasion de soulever<br />
ces doutes dans plusieurs de ses décisions. En 2010, elle<br />
a sanctionné le Syndicat national des ophtalmologistes<br />
de France (SNOF) qui organisait un boycott des opticiens<br />
affiliés au réseau Santéclair 7 . En 2002, elle avait<br />
déjà sanctionné des opticiens qui tentaient d’éliminer un<br />
de leurs concurrents qui proposait des produits moins<br />
chers 8 . A l’étranger, le Bundeskartellamt allemand a<br />
sanctionné en 2010 des pratiques anticoncurrentielles<br />
à l’amont qui impliquaient les principaux fabricants de<br />
verre, aussi actifs en France 9 . Aux Etats-Unis, la Federal<br />
Trade Commission (« FTC »), l’une des autorités en charge<br />
des politiques de concurrence, enquêtait elle aussi en<br />
2004 sur le sujet 10 .<br />
Par ailleurs, l’actualité fournit régulièrement des faits ou<br />
déclarations qui alimentent la base de suspicion mise à<br />
jour par les autorités, faisant cas par exemple de producteurs<br />
de verres ou de montures qui refuseraient de fournir<br />
les nouveaux entrants de la distribution en ligne 11 , ou<br />
encore de distributeurs au détail condamnés en justice<br />
pour optimisation de factures 12 ou absence de transparence<br />
de leurs politiques tarifaires 13 .<br />
Enfin, plusieurs éléments clés du secteur sont d’intéressants<br />
indicateurs. Le taux de marge des opticiens<br />
est exceptionnellement élevé, de l’ordre de 60 % 14 . Le<br />
chiffre d’affaires global du secteur ne cesse de croître 15 .<br />
Le nombre de points de vente en France est supérieur<br />
à 11 000 16 (soit 1 point de vente pour 5 400 habitants),<br />
contre 12 000 points de vente en Allemagne 17 (1 point de<br />
vente pour 6 800 habitants) ou 20 000 points de vente<br />
aux Etats-Unis 18 (1 point de vente pour 15 000 habitants).<br />
Motivée par ces indices et interrogations latentes sur le<br />
fonctionnement concurrentiel du marché de l’optique<br />
tant à l’amont qu’à l’aval, ainsi que par l’absence à ce jour<br />
de littérature scientifique sur le sujet, la présente étude<br />
et ses auteurs ont choisi de se pencher de façon approfondie<br />
et pour la première fois sur la réalité économique<br />
du marché, afin d’en mettre à jour les ressorts sur des<br />
fondements scientifiques et théoriques rigoureux.<br />
6 La Tribune, Afflelou attaque les mutuelles qui poussent à la consommation de lunettes chères, 4 octobre 2012.<br />
7 Autorité de la concurrence, Décision n°10-D-11 du 24 mars 2010 relative à des pratiques mises en œuvre par le Syndicat National des<br />
Ophtalmologistes de France (SNOF) concernant le renouvellement des lunettes.<br />
8 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
9 Bundeskartellamt, Press release, 10 juin 2010.<br />
10 Federal Trade Commission, Possible Anticompetitive Barriers to E-commerce : Contact Lenses, mars 2004.<br />
11 Acuité, Internet : Essilor France refuse d’associer ses verres aux « e-opticiens » vendant à distance, 22 novembre 2011.<br />
12 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.<br />
13 UFC Que Choisir, Prix des lunettes: le flou artistique, avril 2008.<br />
14 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
15 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
16 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
17 Zentralverband der Augenoptiker, Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.<br />
18 Highbeam Business, Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.<br />
9
L’étude ici présentée repose sur un article scientifique<br />
inédit de David Martimort et Jérôme Pouyet qui analyse<br />
et modélise les risques et les conséquences de forclusion<br />
sur le marché de l’optique en France 19 . Elle en synthétise<br />
les principaux axes et conclusions.<br />
<strong>Optique</strong> et e-commerce, un cas emblématique<br />
des mutations contemporaines de la distribution<br />
Les tensions manifestes dans le secteur soulignent une<br />
évolution clé du commerce de détail dépassant le seul cas<br />
de l’optique : celle de la dématérialisation de la relation<br />
entre le consommateur et le vendeur par le biais d’Internet.<br />
Le développement croissant et rapide du commerce<br />
en ligne est certainement l’un des bouleversements<br />
majeurs de l’échange et de la création de valeur sur les<br />
dernières années. Cette transformation, de l’avis même<br />
de l’Autorité de la concurrence, est bénéfique pour le<br />
consommateur, puisque « le commerce électronique [est<br />
un] facteur d’animation de la concurrence » et qu’il « peut<br />
permettre aux consommateurs de bénéficier de prix inférieurs,<br />
grâce notamment à des coûts de distribution plus<br />
réduits et de gammes de produits plus étendues » 20 .<br />
Malgré cet avantage, la distribution en ligne de produits<br />
d’optique reste encore très limitée en France, puisqu’elle<br />
ne représenterait que 0,1 % à 3 % du secteur total 21 , contre<br />
environ 10 % aux Etats-Unis 22 . Selon les acteurs en ligne,<br />
ce développement restreint ne serait pas le fait que d’un<br />
retard fortuit, mais relèverait plutôt de stratégies délibérées<br />
de la part de leurs concurrents « en dur » 23 .<br />
10<br />
Libérer la concurrence pour soulager le pouvoir<br />
d’achat<br />
Les consommateurs français considèrent pourtant que<br />
l’optique est à ce jour trop chère : près des trois quarts<br />
d’entre eux estiment que les prix des lunettes sont trop<br />
élevés 24 . La consommation de corrections optiques semble<br />
en outre socialement marquée : si 71 % des hauts revenus<br />
portent des lunettes, ce n’est le cas que de 55 % des revenus<br />
les plus bas 25 . Cela explique probablement que l’optique<br />
figure parmi les premiers sujets de préoccupation<br />
des Français autant en termes de santé que de budget,<br />
et qu’une grande partie d’entre eux a déjà renoncé à des<br />
soins en la matière en raison de coûts trop forts 26 .<br />
L’intervention importante des complémentaires dans<br />
le remboursement des soins d’optique conduit souvent<br />
les consommateurs à minorer la réalité de leur dépense<br />
effective : ce financement mutualisé entretient certainement<br />
une certaine « illusion » de gratuité des soins. En<br />
réalité, le consommateur paie seul directement ou indirectement<br />
le coût de ses produits d’optique : à travers<br />
le financement collectif de l’assurance maladie, qui lui<br />
donne droit à un remboursement minoritaire ; à travers<br />
sa cotisation auprès d’une complémentaire (en hausse) 27 ;<br />
et à travers le reste à charge qu’il règle à l’opticien.<br />
L’ensemble de ces coûts pèse sur le pouvoir d’achat<br />
des ménages français, qui a baissé à plusieurs reprises<br />
depuis 2004 28 (notamment de 0,5 % en 2011 et de 0,2 %<br />
en 2010), alors même que les dépenses dites<br />
« contraintes », auxquelles les ménages ne peuvent échap-<br />
19 Jérôme Pouyet, David Martimort, Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets, 2012, à paraître.<br />
20 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />
21 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011 ;<br />
Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />
e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1er septembre 2011 ; et<br />
Secrétariat d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />
libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />
juin 2011.<br />
22 Consultation du comparateur www.optico.net .<br />
23 INSEE, Revenu, pouvoir d’achat et consommation des ménages, à jour du 29 juin 2012.<br />
24 TF1, Les lunettes trop chères pour 74% des Français, Journal télévisé du 24 septembre 2012.<br />
25 LSA, Les Français trouvent les lunettes trop chères, 17 juin 2010.<br />
26 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
27 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.<br />
28 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.
per (logement, télécommunications, assurances) 29 n’ont<br />
cessé de croître, donnant le sentiment aux consommateurs<br />
d’être pris dans un étau.<br />
Il n’est dès lors pas surprenant, dans un contexte de crise<br />
économique, que les Français se sentent concernés par<br />
ces sujets. En octobre 2012, la santé et la qualité des<br />
soins étaient leur deuxième sujet de préoccupation, en<br />
forte augmentation, juste devant l’évolution du pouvoir<br />
d’achat 30 .<br />
La recherche en économie, étayée par les faits, a établi<br />
de longue date que, quel que soit le secteur concerné,<br />
une meilleure concurrence et l’ouverture à de nouveaux<br />
acteurs a pour conséquence première de tirer les prix à la<br />
baisse pour le consommateur. Dans une situation verrouillée<br />
par un pouvoir de marché important entre les mains<br />
d’une poignée d’acteurs, la concurrence vient remettre en<br />
cause les rentes acquises et stimule l’innovation pour le<br />
bénéfice des consommateurs. Il suffit de citer l’exemple<br />
de la téléphonie mobile pour que chaque consommateur<br />
comprenne comment l’arrivée de nouveaux acteurs dynamiques<br />
sur le marché a pu conduire à une baisse des prix<br />
au détail. De manière générale, l’Autorité de la concurrence<br />
a récemment montré comment la distribution en<br />
ligne avait conduit, en révolutionnant la distribution, à<br />
une baisse des prix parfois très sensible dans certains<br />
secteurs 31 . Une autre étude avait estimé que « les achats<br />
effectués en ligne sont en moyenne 10 % moins cher que<br />
ceux réalisés dans des points de vente, pour des produits<br />
identiques » 32 .<br />
En tant que marché mobilisant producteurs, distributeurs<br />
et clients consommateurs, le secteur de l’optique ne fait<br />
pas exception. S’il apparaît, à la lumière de la présente<br />
étude économique, que des entraves à la concurrence<br />
sur le marché existent bel et bien, celles-ci contribuent<br />
alors nécessairement au maintien artificiel de prix<br />
élevés, au détriment du consommateur et au bénéfice<br />
des opérateurs en place à l’origine de la forclusion. Lever<br />
ces obstacles à la concurrence doit conduire au contraire,<br />
en vertu de l’ajustement libre de l’offre et de la demande,<br />
à une baisse du prix final pour le consommateur.<br />
Compte tenu des tensions actuelles pesant sur le budget<br />
des Français, sur leurs dépenses de santé, ainsi que<br />
sur l’équilibre des finances publiques, il a semblé aux<br />
auteurs de la présente étude qu’il était d’intérêt public<br />
d’investiguer l’état de la concurrence sur le marché de<br />
l’optique, partant de l’idée que si l’hypothèse de comportements<br />
non concurrentiels était avérée, les désamorcer<br />
pourrait créer un appel d’air salutaire pour le pouvoir<br />
d’achat.<br />
Plan de l’étude<br />
28 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.<br />
Au regard de ces éléments, la présente étude a donc pour<br />
objet :<br />
(i). de présenter dans les faits ce qu’est le secteur de l’optique<br />
en France (ses acteurs, son organisation, sa structure,<br />
ses grandes masses et chiffres clés), depuis l’amont<br />
jusqu’à l’aval ;<br />
(ii). de relever un certain nombre de doutes concurren-<br />
tiels qui existent dans ce secteur ; et<br />
(iii). d’évaluer quels seraient les bénéfices pour le consommateur<br />
consécutifs à l’entrée de nouveaux acteurs distribuant<br />
les produits d’optique par le canal de la vente en ligne.<br />
29 DGCCRF, Evolution des dépenses contraintes et de la relation client sectorielle, DGCCRF-éco n°2, janvier 2012.<br />
30 TNS Sofres, Pelerin, Covea, Baromètre des préoccupations des Français, octobre 2012.<br />
31 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />
32 McKinsey & Company, Impact d’Internet sur l’économie française. Comment Internet transforme notre pays, mars 2011.<br />
11
Avant d’analyser plus avant la structure<br />
concurrentielle du marché de l’optique (en partie II<br />
infra), il est indispensable de dresser en premier lieu un<br />
portrait clair et précis de ce marché : complexe, il mobilise<br />
de nombreux acteurs directs et indirects, et n’a pas<br />
fait à ce jour de la part de la science économique l’objet<br />
d’une description sectorielle poussée. Cette absence de<br />
« carte d’identité » fait obstacle aux tentatives d’analyses<br />
plus poussées et entretient l’opacité du marché.<br />
La présente étude s’attache donc, en préalable indispensable<br />
à toute investigation économique, à identifier,<br />
définir et hiérarchiser la structure du marché de l’optique,<br />
ses produits (1.1.), ses acteurs amont (les producteurs<br />
de dispositifs d’optique, 1.2.) et aval (les distributeurs,<br />
1.3.), le profil de ses clients consommateurs (1.4.)<br />
12<br />
1. PARTIE I<br />
présentation du secteur<br />
de l’optique<br />
MARCHÉ AMONT DE LA PRODUCTION<br />
Verres Lentilles Montures Autres<br />
MARCHÉ AVAL DE LA DISTRIBUTION<br />
Opticiens<br />
Figure 1 - Schéma simplifié du secteur de l’optique<br />
et enfin le rôle tiers du système de santé (1.5.).<br />
La chaîne de production de l’optique, comme le montre<br />
la Figure 1, s’organise le long d’une relation de l’amont<br />
vers l’aval. En amont, elle fait intervenir des producteurs<br />
de verres et des producteurs de montures, dont les<br />
produits assemblés permettent de créer des lunettes.<br />
Avec les lentilles, ils sont distribués soit directement<br />
auprès des opticiens, soit par l’intermédiaire de grossistes.<br />
Les opticiens assurent ensuite la distribution au<br />
détail auprès des consommateurs finals, lesquels, pour<br />
acquérir une correction optique, sont généralement<br />
détenteurs de la prescription d’un ophtalmologiste.<br />
C’est ce processus qui leur permettra de bénéficier d’un<br />
remboursement par la sécurité sociale et d’un complément,<br />
souvent significatif, de leur complémentaire.<br />
GROSSISTES<br />
SÉCURITÉ SOCIALE<br />
ET<br />
COMPLÉMENTAIRES OPHTALMOLOGISTES<br />
CONSOMMATEURS FINALS
L’essentiel & les chiffres clés<br />
Un marché complexe, encore largement inexploré par la science économique<br />
— un marché qui n’a pas fait l’objet à ce jour de description sectorielle poussée : une absence de<br />
« carte d’identité » qui entretient l’opacité du marché ;<br />
— élément essentiel de la complexité du marché, la diversité et la différenciation des produits,<br />
en particulier des verres correcteurs :<br />
• deux principales catégories de produits : ceux à vocation correctrice (lunettes de vue et<br />
lentilles de contact), ceux à usage esthétique (lunettes de soleil, lentilles teintées, etc.) ;<br />
• un marché dominé par les verres de correction, qui représentent 57 % du chiffre d’affaires<br />
des ventes aux consommateurs finals, loin devant les montures (24 %), les lunettes solaires (9 %)<br />
et les lentilles de contact (6 %) ;<br />
• les verres correcteurs, particulièrement différenciés (géométrie, matière, traitement et<br />
options), sont un élément essentiel de la stratégie des producteurs ;<br />
De nombreux acteurs directs et indirects, qui se partagent deux principaux segments du marché :<br />
l’amont et l’aval<br />
— en amont, la fabrication de verres concentre la majorité des enjeux :<br />
• la fabrication des verres représente près des trois quarts du secteur et est dominée par un<br />
acteur majeur, Essilor :<br />
/ en France, l’activité de production se concentre essentiellement sur la fabrication de<br />
verres, qui a généré plus des trois quarts des facturations des industriels en 2009 ;<br />
/ le marché est dominé par un acteur majeur, le groupe Essilor (chiffre d’affaires<br />
mondial 2011 : 4,19 milliards d’euros, dont 90,6 % dans le secteur des verres et matériel<br />
optique). Les deux groupes challengers au niveau mondial sont l’allemand Zeiss et le<br />
japonais Hoya ;<br />
• la fabrication de montures est moins importante en France :<br />
/ environ 1,83 milliard d’euros en France en 2010, soit environ 25 % des ventes finales<br />
d’optique-lunetterie ;<br />
/ dominé au niveau mondial par le groupe italien Luxottica (chiffre d’affaires mondial<br />
supérieur à 6,2 milliards d’euros) et son challenger Saffilo (chiffre d’affaires de 1,1<br />
milliard d’euros) ;<br />
/ le marché français est largement importateur : importation de 58 % des montures en 2010 ;<br />
— en aval, la distribution par les opticiens en boutique domine, même si le canal Internet se développe<br />
depuis 2005 :<br />
• la profession d’opticien est très dynamique en France : entre 2004 et 2011 le nombre de diplômés<br />
a augmenté de plus de 110 % et le nombre de praticiens de plus de 50 % ;<br />
• deux canaux de distribution pour les opticiens, en boutique, ou en ligne :<br />
/ les boutiques d’opticiens « en dur » dominent très largement :<br />
/ 11 422 points de vente d’optique en France en septembre 2012, sensiblement plus qu’en 2000<br />
(7 800) ;<br />
/ plusieurs catégories de points de vente : 55 % d’indépendants, 45 % exploités sous enseigne<br />
(qui réalisent 62 % du chiffre d’affaires);<br />
13
14<br />
L’essentiel & les chiffres clés<br />
/ l’optique en ligne est un marché relativement récent en France, encore très minoritaire :<br />
/ premier site d’optique généraliste en ligne en France (Confort Visuel) créé en 2005 ;<br />
/ l’optique en ligne représente entre 0,1 % et 1 % du secteur total, soit un chiffre d’affaires<br />
estimé de 50 millions d’euros (environ 0,87%). Aux Etats-Unis, la vente en ligne représenterait<br />
10 % du secteur, en Allemagne 5 %.<br />
Un secteur lucratif, qui court plus vite que le pouvoir d’achat des français<br />
— des points de vente lucratifs :<br />
• chiffre d’affaires moyen par point de vente : 720 000 euros pour les points de vente sous enseigne et<br />
370 000 euros pour ceux relevant des centrales en 2009 ; chiffre d’affaires moyen approximatif de<br />
501 000 euros en septembre 2012 ;<br />
• étude de l’Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés : « le métier<br />
d’opticien figure parmi les professions commerciales les plus rémunérées en France ».<br />
— un secteur de la vente au détail d’optique très dynamique, supérieur au pouvoir d’achat des Français :<br />
depuis 2004, augmentation de la consommation en volume de 3 % en moyenne annuelle et de 4,1 % de la<br />
consommation en valeur, bien supérieure, au pouvoir d’achat mesuré par l’INSEE qui n’a augmenté que de<br />
1,6 % en moyenne annuelle.<br />
Des dépenses d’optique qui concernent une grande majorité de Français et pèsent de façon conséquente<br />
sur leur pouvoir d’achat, en particulier dans le cas des catégories sociales les moins favorisées<br />
— une large majorité de Français concernés par l’optique :<br />
• ¼ des Français seulement ne porte aucune correction ; 3 sur 4 (73 %) en portent ;<br />
• les Français, parmi plus gros consommateurs de produits d’optique en Europe :<br />
en dix ans (2000 – 2010), augmentation de la consommation de 60 % environ ;<br />
— les lunettes restent des produits coûteux pour les Français :<br />
• près des ¾ des consommateurs jugent que les prix des lunettes sont excessifs et près de 7 sur 10<br />
considèrent qu’ils ne sont pas justifiés ;<br />
• des aspects financiers primordiaux dans l’achat de lunettes : parmi les critères déterminant l’achat,<br />
le montant du remboursement pèse à 94%, le rapport qualité-prix des verres à 94%, celui des<br />
montures à 93% et la possibilité du recours au tiers payant à 92% ;<br />
• une dépense annuelle significative pour les ménages : en 2010, chaque Français a dépensé environ<br />
84 euros à l’achat d’équipements optiques (et 191 euros par ménage), en augmentation de près de<br />
50 % sur une décennie (+49,6 %) ; si l’on ne considère que les consommateurs potentiels (64 % de la<br />
population), cela amène à un budget de 130 euros environ par an ;<br />
— une « fracture sociale » dans le port d’équipements d’optique correcteurs :<br />
• 10 % des consommateurs dont les revenus sont supérieurs à 2 500 euros mensuels possèdent à la fois<br />
des lentilles et des lunettes, contre 5 % pour ceux dont les revenus sont inférieurs à ce seuil ;<br />
• 71 % des hauts revenus portent des lunettes, 55 % seulement des revenus les plus bas ;<br />
• des restes à charge parfois importants, ne laissant le choix qu’aux consommateurs les plus<br />
fortunés : parmi les bénéficiaires de la CMU qui réalisent une dépense d’optique chaque année,<br />
54 % d’entre eux ont le sentiment de « ne pas avoir eu le choix concernant le reste à charge auquel
L’essentiel & les chiffres clés<br />
ils ont eu à faire face » et près d’un consommateur concerné sur quatre préfère sortir de l’offre<br />
« CMU », le choix étant très réduit.<br />
Un système de santé qui laisse une part significative des coûts à charge du consommateur<br />
— le système de santé, Sécurité sociale et complémentaires, joue un rôle important :<br />
• prise en charge des corrections optiques par l’Assurance maladie lorsqu’elles font l’objet d’une<br />
prescription médicale (remboursées à 60 % sur la base de tarifs officiels) ;<br />
• les complémentaires de santé interviennent pour couvrir la part des dépenses non remboursée par<br />
l’Assurance maladie ;<br />
• pour les complémentaires, l’optique est un produit d’appel phare, qui leur permet d’attirer les<br />
consommateurs : 21 % des porteurs de lunettes ont adhéré à une mutuelle parce qu’elle permettait<br />
d’accéder à un réseau d’opticiens agréés ;<br />
— le reste à charge pour le consommateur final est important :<br />
• l’Assurance maladie assume une part très limitée du coût des lunettes : environ 3 % du prix total ;<br />
les complémentaires en assument 55 % et le consommateur final 42 % ;<br />
• contrairement aux idées reçues, le consommateur paie seul le coût de ses produits d’optique :<br />
indirectement à travers le financement collectif de l’assurance maladie et sa cotisation auprès<br />
d’une complémentaire ; directement à l’opticien.<br />
15
1.1. Présentation des produits de l’optique :<br />
une offre fortement différenciée<br />
La grande diversité et la différenciation des produits<br />
proposés sur le marché de l’optique, entre dispositifs<br />
médicaux (1.1.1.) et non médicaux (1.1.2.) sont un élément<br />
essentiel de sa complexité, notamment pour les prix( 1.1.3.).<br />
En prendre la mesure permet de comprendre plus avant<br />
les problématiques de fixation et transparence des prix,<br />
Comme l’illustre la Figure 2, les verres de correction<br />
représentent l’essentiel du chiffre d’affaires des ventes<br />
aux consommateurs finals (57 % en 2012), loin devant les<br />
montures (24 %) et les lunettes solaires (9 %). Les lentilles<br />
16<br />
9%<br />
24%<br />
6%<br />
2<br />
%<br />
3<br />
%<br />
57%<br />
Figure 2 - Répartition du chiffre d’affaires par type de produit 34<br />
essentielles à l’analyse concurrentielle.<br />
Le secteur de l’optique fabrique et distribue principalement<br />
deux types de produits, pour la correction ou la<br />
protection de la vue : certains ont une vocation correctrice<br />
(amélioration de la vue), d’autres un usage esthétique<br />
ou utile (lunettes de soleil, lentilles teintées, etc. 33 ).<br />
verres de correction<br />
montures optiques<br />
solaires<br />
lentilles<br />
produits lentilles<br />
autres produits<br />
ne représentent que 6 % du chiffre d’affaires total.<br />
Une partie de ces produits sont des « dispositifs médicaux<br />
» et répondent à ce titre à une réglementation spécifique,<br />
alors que d’autres ne le sont pas.<br />
33 Dans sa décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France, le Conseil de la concurrence<br />
retenait que « l’industrie de la lunette recouvre la production d’un grand nombre de produits de correction ou de protection de la vue. Ils<br />
peuvent être regroupés en deux catégories, à savoir : les articles à usage médical (verres de lunettes finis et semi-finis, verres de contact) ;<br />
les articles non médicaux (montures, lunettes solaires et lunettes pour le sport) ».<br />
34 GfK, Note regards, données à fin mars 2012.
1.1.1. Les produits d’optique, dispositifs médicaux<br />
Une personne qui a un défaut visuel peut le corriger soit<br />
i) avec des lunettes, qui assemblent une monture à des<br />
verres correcteurs adaptés à ses yeux, soit ii) en portant<br />
des lentilles correctrices, soit enfin iii) en ayant recours à<br />
la chirurgie ophtalmique (par exemple dans le cas d’une<br />
myopie faible) 35 .<br />
> Les principaux troubles visuels pris en charge<br />
par les équipements d’optique<br />
Les principaux troubles visuels sont des troubles de la<br />
réfraction (amétropie) : il s’agit de la myopie, l’hypermétropie<br />
et l’astigmatisme. On y ajoute généralement la<br />
presbytie qui apparaît avec l’âge 36 . Alors que les trois<br />
premiers sont traités à l’aide d’une lentille optique (dans<br />
le verre ou lentille de contact) qui corrige une seule focale<br />
(on parle de « verre unifocal »), la presbytie est désormais<br />
Figure 3 - Répartition des ventes, en volume et en valeur, entre les verres unifocaux et les verres progressifs en 2011 37<br />
35 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
36 Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique – Troubles de la réfraction – Délivrance des verres correcteurs par les<br />
opticiens dans le cadre d’un renouvellement, février 2010 ;<br />
Société française de pédiatrie, Direction générale de la santé – Ministère de la santé et des sports, Dépistage des troubles visuels chez<br />
l’enfant, 2009 ;<br />
Consultation des sites www.hoya.fr, www.essilor.fr, www.bausch.fr.<br />
2011<br />
37 GfK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />
traitée à l’aide d’une lentille correctrice progressive (on<br />
parle de « verre progressif ») qui remplace presque totalement<br />
les anciennes lentilles bifocales ou trifocales (les<br />
verres « triple-foyers »). C’est l’adaptation de leur géométrie<br />
qui permet de former ces différents verres.<br />
En 2011, environ 65 % des verres vendus aux consommateurs<br />
finals étaient des verres « unifocaux » (en matériaux<br />
organique et polycarbonate presque exclusivement,<br />
le minéral n’étant plus utilisé) et 33 % environ étaient<br />
des verres progressifs. En valeur, ces chiffres varient<br />
fortement, puisqu’en 2011 les ventes de verres unifocaux<br />
représentaient 36 % du chiffre d’affaires des ventes<br />
aux consommateurs finals, contre 60 % pour les verres<br />
progressifs, dont le prix est généralement plus élevé.<br />
% des ventes, en volume % des ventes, en valeur<br />
Verres unifocaux 65 % 36 %<br />
Verres progressifs 33 % 60 %<br />
17
La part des verres plus « techniques » dans les ventes<br />
finales, c’est à dire les verres progressifs notamment, ne<br />
> Les verres correcteurs, des produits très<br />
différenciés<br />
Les verres sont des « dispositifs médicaux », tels que définis<br />
par la directive n°93/42/CEE du 14 juin 1993 39 : il s’agit<br />
de « tout instrument, appareil, équipement, matière,<br />
produit, à l’exception des produits d’origine humaine, ou<br />
tout autre article utilisé seul ou en association, destiné<br />
par le fabricant à être utilisé chez l’homme à des fins<br />
18<br />
cesse de croître, alors que celle des autres verres a décru.<br />
Unifocaux - 3 points<br />
Progressifs<br />
65%<br />
23%<br />
38 D’après Essilor, Situation de l’optique en France en 2011.<br />
39 Directive 93/42/CEE du Conseil du 14 juin 1993 relative aux dispositifs médicaux.<br />
62% 62%<br />
30% 34%<br />
2006 2007 2008<br />
Figure 4 – Evolution des ventes de verres 38<br />
40 Normes NF EN IS 8980 – 1 et -2 : 2004 ; -3 et -5 : 2005 ; -4 : 2000 ; NF EN ISO 14889 : 2003.<br />
+11 points<br />
médicales (…) », selon l’article L.5211-1 du code de la<br />
santé publique. A ce titre, ils doivent donc répondre à des<br />
normes particulières 40 .<br />
Les verres peuvent être minéraux ou organiques, chacune<br />
de ces catégories acceptant des déclinaisons diverses.<br />
Ils sont ensuite traités et complétés afin de donner des<br />
verres correcteurs, comme l’indique la Figure 5.
La qualité des verres varie donc fortement. C’est d’ailleurs<br />
un argument de vente majeur pour les fabricants. Outre<br />
la géométrie (unifocal, progressif, etc.) et leur matière, les<br />
verres peuvent subir un certain nombre de traitements<br />
comme les antireflets (dont plusieurs gammes existent),<br />
la résistance aux rayures, l’absence de sensibilité aux<br />
traces, à l’eau (verres « hydrophobes »), des teintes…<br />
Certaines marques bénéficient d’une image très positive<br />
auprès des consommateurs qui les valorisent fortement.<br />
C’est le cas, par exemple, de la marque « Varilux » d’Essilor<br />
ou de Zeiss qui se spécialise dans le verre « haut de<br />
gamme » 41 .<br />
L’innovation joue dès lors un rôle particulièrement fort<br />
et dynamique dans cette industrie puisqu’elle permet<br />
41 Ouest France, Carl Zeiss tourné vers les verres haut de gamme, 26 avril 2011.<br />
42 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011 ;<br />
Investir, Essilor Intl. en passe de contrôler plus d’un tiers du marché de l’optique, 4 août 2011.<br />
43 Forbes, The World’s Most Innovative Companies, classement disponible en ligne.<br />
44 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />
45 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />
46 Stratégies, Herezie pour Essilor International, 12 avril 2012.<br />
47 www.optifog.com.<br />
Figure 5 - La composition d’un verre ophtalmique organique<br />
revêtement anti salissure<br />
couche antireflet<br />
couche durcissante<br />
matériau de base<br />
à chaque producteur de se différencier, proposant des<br />
produits toujours améliorés aux consommateurs. Essilor,<br />
qui place l’innovation au cœur de sa stratégie 42 , a<br />
d’ailleurs été distinguée en 2012 par le magazine Forbes<br />
comme étant la vingt-cinquième compagnie la plus innovante<br />
au monde 43 : elle aurait environ 500 chercheurs<br />
et dépenserait plus de 150 millions d’euros annuels en<br />
recherche et développement 44 . Au total, Essilor réaliserait<br />
plus de la moitié de son chiffre d’affaires grâce à des<br />
produits lancés il y a moins de trois ans 45 . En 2012, le<br />
groupe a ainsi présenté ses verres Optifog, qui ont fait<br />
l’objet d’un lancement mondial « en grande pompe », film<br />
« viral » sur Youtube 46 et site internet dédié 47 à l’appui.<br />
19
La différenciation est une stratégie<br />
essentielle des producteurs,<br />
qui cherchent d’ailleurs<br />
à l’accroître, comme en témoignait<br />
en 2011 le directeur du<br />
marketing stratégique d’Essilor,<br />
lorsqu’il expliquait que<br />
« la création d’une nouvelle<br />
catégorie de verres est l’un de<br />
nos deux leviers de croissance<br />
(…) », l’autre consistant « à personnaliser les catégories<br />
existantes, par exemple pour des usages spécifiques,<br />
comme le travail sur l’ordinateur » 48 .<br />
Ces derniers verres s’inscrivent dans une catégorie de<br />
verres qui répondent à des besoins identifiés particuliers<br />
: lunettes d’ordinateurs, lunettes de piano, lunettes<br />
loupes (ou demi-lunes), etc. L’ensemble de ces lunettes<br />
« prémontées » permettent d’apporter un confort à leur<br />
utilisateur : les lunettes d’ordinateur permettent ainsi aux<br />
yeux de faire une meilleure mise au point sur un écran<br />
qui est généralement à distance plus grande de l’œil que<br />
ne le serait un texte imprimé 49 taire des produits de santé<br />
(« Afssaps ») précisait ainsi<br />
que « les lunettes prémontées<br />
destinées à apporter une aide<br />
lors de travaux minutieux<br />
nécessitant un grossissement<br />
ne sont pas des dispositifs<br />
médicaux car elles ne sont<br />
pas destinées à être utilisées<br />
chez l’homme à des fins médicales<br />
au regard des articles L.5211-1 et R.5211-1 du code<br />
de la santé publique »<br />
. Ces produits ne sont pas<br />
des corrections. L’Agence française de sécurité sani-<br />
50 .<br />
Les lunettes prémontées sont généralement vendues à<br />
des prix beaucoup moins élevés que les lunettes de vue. A<br />
la fin des années 1990, leur commercialisation en dehors<br />
des seuls points de vente des opticiens-lunetiers avait<br />
été au cœur de tensions polémiques entre les différents<br />
distributeurs 51 , finalement tranchées par la Cour de<br />
cassation. Celle-ci a jugé que le monopole de vente des opticiens<br />
s’entendait de manière stricte et ne portait donc pas sur<br />
ces produits 52 . Les lunettes prémontées sont donc en vente<br />
« partout (points de vente d’optique, pharmacies, grandes<br />
surfaces, et même à la sauvette) » 53 Figure 6 - Campagne de publicité Optifog / Essilor<br />
.<br />
48 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />
49 Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail, Lunettes d’ordinateur, consultation du site internet.<br />
50 Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, Liste des positionnements réglementaires et des qualifications de<br />
DM et DMDIV, version du 1er décembre 2011.<br />
51 Libération, Les opticiens lorgnent sur les lunettes loupes. Ils disputent aux pharmaciens le marché de l’optique prête à porter, 26 mars 1997.<br />
52 Cour de cassation, arrêt du 25 février 2003.<br />
53 Conseil national de la consommation, Rapport du Conseil national de la consommation relatif à l’optique médicale, 1998<br />
20
Les montures<br />
Les montures de lunettes sont la structure qui porte les<br />
verres. Il s’agit d’accessoires de dispositifs médicaux. Au<br />
titre de l’article L.5211-19 du code de la santé publique,<br />
elles sont traitées de la même manière 54 et répondent<br />
elles aussi à des normes définies 55 . Elles se répartissent<br />
entre des montures pour hommes, femmes, enfants,<br />
montures unisexes et les autres.<br />
La norme ISO 12870 encadre la conception des montures<br />
(pour que la monture « soit conçue de manière à permettre<br />
un positionnement en toute sécurité »), l’usage des matériaux<br />
(qui doivent être suffisamment stables et résistants),<br />
la masse des montures (qui ne doit pas excéder<br />
32 grammes), la surface de contact et la symétrie de la<br />
monture.<br />
Le marketing de la commercialisation des paires de<br />
lunettes ne se limite cependant pas à cet aspect purement<br />
technique et médical. Les paires de lunettes ne<br />
sont plus seulement présentées comme des « accessoires<br />
de dispositifs médicaux » mais pour une partie comme<br />
de réels produits de consommation « de luxe ». Cette<br />
tendance vers le luxe est une stratégie recherchée par de<br />
nombreux distributeurs. En novembre 2012, Optic 2000<br />
a ainsi lancé une campagne autour de la personne de Karl<br />
Lagerfeld 56 , faisant des lunettes des produits « de luxe »<br />
relativement abordables 57 .<br />
En outre, pour l’ensemble des montures, il faut relever<br />
l’existence de marques dites « haut de gamme »,<br />
qui correspondent aux griffes des grands parfumeurs,<br />
couturiers, bijoutiers (Chanel, Dior, etc.) ou de certaines<br />
marques ayant percé dans le domaine sportif (Carrera<br />
dans le ski par exemple), généralement sous licence 58 .<br />
54 Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, Questions / Réponses – Liste des positionnements réglementaires et<br />
des qualifications de DM et DMDIV, version du 13 septembre 2012.<br />
55 Normes NF EN IS 12870 : 2005 (ISO 12870 : 2004 + corrigendum Nov04.<br />
56 http://karl-lagerfeld.optic2000.com/.<br />
57 Interview de Didier Papaz, Optic 2000, le 14 novembre 2012 sur BFM Business.<br />
58 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
59 Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, Le luxe : production et services, Conseil économique, social et environnemental, 2008.<br />
60 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
61 Consultation du site du Syffoc www.syffoc.org.<br />
Les montures de ces griffes se sont répandues beaucoup<br />
plus largement que certains autres produits, dans<br />
une dynamique de « banalisation » ou de « démocratisation<br />
» du luxe. Ainsi, « autrefois réservés à un cercle<br />
plutôt restreint de consommateurs, les produits de luxe<br />
- du moins certains d’entre eux - font désormais partie<br />
sinon du quotidien de chacun, du moins sont à la portée<br />
de nombreux clients. Plusieurs sondages montrent par<br />
exemple que de plus en plus de consommateurs déclarent<br />
posséder au moins un « élément » de luxe : lunettes de<br />
soleil griffées, sac à main, foulard, ceinture... ou consommer<br />
un tel produit : parfum, eau de toilette, vin... Il s’agit<br />
alors d’achats « plaisir » faits à l’occasion d’évènements<br />
marquants et les possibilités d’accès à ce segment restent<br />
ouvertes à un nombre appréciable de consommateurs » 59 .<br />
Il n’est dès lors pas évident que les consommateurs<br />
distinguent réellement ces produits dits « de luxe ».<br />
Surtout ils peuvent aisément trouver des substituts à ces<br />
montures « de luxe » auprès d’autres produits. C’est d’ailleurs<br />
ce raisonnement qui avait conduit le Conseil de la<br />
concurrence à conclure qu’« il n’existe pas de séparation<br />
étanche entre les deux marchés, d’autant que l’opticien<br />
détaillant propose, en général, une gamme de produits<br />
assez large quant aux prix » 60 .<br />
> Les lentilles oculaires de contact<br />
Les lentilles de contact sont des dispositifs médicaux 61<br />
qui corrigent l’ensemble des défauts visuels en se plaçant<br />
directement sur la cornée de l’œil. Elles sont « issues<br />
d’une haute technologie, associant de nombreuses disciplines<br />
: optique, chimie, mécanique, physique, pharmacie<br />
et médecine dans leur conception et leur fabrication » 62 .<br />
62 Conseil national de la consommation, Rapport du Conseil national de la consommation relatif à l’optique médicale, 1998<br />
21
Il en existe plusieurs types 63 . Elles sont composées en<br />
hydrogel et/ou en silicone-hydrogel 64 : en 2011, un peu<br />
plus de 56 % des lentilles vendues étaient en hydrogel<br />
(contre 61 % en 2010) et environ 44 % en silicone-hydrogel<br />
(contre 39 % en 2010) 65 .<br />
Les lentilles souples hydrophiles sont classées en trois<br />
catégories : les jetables journalières, les lentilles à renouvellement<br />
fréquent et les lentilles traditionnelles qui sont<br />
renouvelées tous les ans. Ces dernières représentent près<br />
63 Société française d’ophtalmologie, Fiche d’information n°63, 2009.<br />
64 Consultation du site Bausch + Lomb www.bausch.fr.<br />
65 GfK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />
66 GfK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />
67 FTC, Possible Anticompetitive Barriers to E-Commerce : Contact Lenses, mars 2004.<br />
68 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012. Le SYFFOC propose des chiffres différents.<br />
22<br />
de la moitié des lentilles vendues en 2010 et 2011 66 . Les<br />
lentilles rigides perméables au gaz sont renouvelées tous<br />
les ans ou tous les deux ans.<br />
Certaines lentilles peuvent être utilisées à des fins cosmétiques<br />
(lentilles colorées etc.).<br />
Cette diversité des produits a permis d’accroître fortement<br />
le choix des consommateurs, donnant une nouvelle<br />
dynamique au marché, comme le relevait la Federal Trade<br />
Commission aux Etats-Unis par exemple 67 .<br />
% du chiffre d’affaires 2011<br />
(millions d’euros)<br />
Lentilles rigides 4,1<br />
Lentilles souples 4,1<br />
Lentilles mensuelles multifocales 8,3<br />
Lentilles mensuelles toriques 18,2<br />
Lentilles mensuelles sphériques 41<br />
Lentilles journalières non colorées 21<br />
Lentilles journalières colorées < 1<br />
Lentilles mensuelles colorées 3<br />
Figure 7 – Chiffres d’affaires par segment dans le secteur des lentilles de contact 68
1.1.2. Les autres produits d’optique hors dispositifs médicaux<br />
> Les lunettes de soleil<br />
Les solaires (ou lunettes de soleil) « protègent les yeux de<br />
l’éblouissement, du rayonnement ultra-violet, limitant les<br />
risques de vieillissement de la cornée, le développement<br />
de la cataracte et de certaines maladies rétiniennes » 69 .<br />
Les solaires sont soumises à une réglementation d’origine<br />
communautaire 70 , établie par les articles R.322-27 à R.322-<br />
38 du code du sport relatifs à la prévention des risques résultant<br />
des « équipements de protection individuelle » (EPI) pour<br />
la pratique sportive ou de loisirs. A ce titre, elles doivent<br />
être marquées du signe « CE » et être accompagnées d’une<br />
notice d’information. Les lunettes de soleil sont classées<br />
selon leur protection sur une échelle de 0 à 4, définie par la<br />
norme AFNOR NF EN 1836.<br />
Les lunettes de soleil sont commercialisées à travers des<br />
canaux de distribution beaucoup plus larges et variés que<br />
les lunettes de vue : le consommateur peut les acquérir<br />
auprès des opticiens, mais aussi en pharmacie, dans les<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
mars - 11<br />
avr.- 11<br />
mai - 11<br />
juin - 11<br />
juil.- 11<br />
août - 11<br />
69 DGCCRF, Les lunettes de soleil, fiche en ligne en date d’avril 2012.<br />
Figure 8 - Ventes de solaires en millions d’euros sur un an 73<br />
70 Directive n°89/686/CEE du Conseil, du 21 décembre 1989, concernant le rapprochement des législations des États membres relatives aux<br />
équipements de protection individuelle.<br />
71 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
72 GFK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />
73 GFK, Note regards, données à fin mars 2012. Les pourcentages sont exprimés en volume.<br />
grandes surfaces (alimentaires ou spécialisées, notamment<br />
dans la distribution d’articles de sport) ainsi que<br />
dans divers points de vente (stations balnéaires, stations<br />
de ski, etc.). Ainsi, « le service apporté par l’opticien est<br />
secondaire, ce qui explique que les ventes de lunettes<br />
solaires par la grande distribution occupent une place<br />
très importante. La part des ventes de lunettes solaires<br />
par les opticiens demeure marginale (…). Autre différence<br />
significative, l’acquisition de lunettes solaires peut<br />
correspondre à un achat d’impulsion, avec un impact plus<br />
important de la notion de marque et de mode » 71 .<br />
La vente de ces produits est clairement cyclique, liée à la<br />
météorologie et aux loisirs, comme l’illustre la Figure 8<br />
ci-dessous. En 2011, 41 % des ventes étaient des solaires<br />
destinées à un public féminin, 25 % à un public masculin<br />
et 25 % étaient des solaires « unisexe » 72 . Environ 79,4<br />
% de ces produits concernaient des paires d’un montant<br />
supérieur à 100 euros.<br />
sept. - 11<br />
oct. - 11<br />
nov. - 11<br />
déc. - 11<br />
janv. - 12<br />
fev. - 12<br />
mars - 12<br />
23
Les produits d’entretien des lentilles de contact<br />
Les lentilles de contact doivent faire l’objet d’un entretien<br />
régulier qui nécessite des produits particuliers. Diverses<br />
solutions existent qui constituent le segment des produits<br />
d’entretien : désinfection des lentilles souples (62,3 % du<br />
segment), système oxydant (20 %), solution enzymatique<br />
(4,6 %), désinfection des lentilles rigides (7,4 %), solution<br />
nettoyante (1,1 %), solution de rinçage (3,4 %), solution de<br />
confort (1,3 %) 74 .<br />
Leur distribution n’est pas réservée aux pharmacies.<br />
Comme le relevait la Cour de cassation dans son rapport<br />
annuel de 2007, « le monopole de la distribution phar-<br />
74 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
75 Cour de cassation, La santé dans la jurisprudence de la Cour de cassation, Rapport annuel 2007.<br />
76 Article L.4211-4 du code de la santé publique portant dérogation aux dispositions de l’article L.4211-1 du même code.<br />
77 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />
24<br />
maceutique connaît quelques dérogations dont la plus<br />
importante concerne les produits destinés à l’entretien<br />
des lentilles de contact » 75 . Le code de la santé publique<br />
permet en effet aux opticiens-lunetiers de les commercialiser<br />
aussi 76 .<br />
> Autres produits divers<br />
Pour être complet, il convient de mentionner comme<br />
autres produits les lunettes de sport, qui sont dévolues à<br />
la pratique sportive, ainsi qu’un ensemble d’autres accessoires<br />
pratiques ou cosmétiques qui accompagnent les<br />
produits d’optique répertoriés ci dessus.<br />
1.1.3. Les prix moyens des différents produits proposés sur le marché de<br />
l’optique français<br />
Entre janvier et septembre 2012, les ventes des différents produits se sont réparties comme l’indique la Figure 9.<br />
Figure 9 – Unités vendues entre janvier et septembre 2012 77<br />
Millions d’unités vendues<br />
(janv/sept. 2012)<br />
Verres de correction 26<br />
Lentilles 109,7<br />
Montures optiques 8,3<br />
Montures solaires 4,2<br />
Produits d’entretien 6,9
Les prix moyens constatés par l’institut GfK indiquent<br />
qu’entre janvier et septembre 2012, le prix moyen des<br />
verres de correction était de 94,1 euros, ce qui est très<br />
78 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />
79 Conseil de la concurrence, décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
80 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
similaire à ce que l’institut avait relevé pour le premier<br />
trimestre 2011. La Figure 10 le montre pour l’ensemble<br />
des produits.<br />
janv/sept 2011 janv/sept 2012<br />
Verres de correction 93,3 94,1<br />
Lentilles 2,4 2,4<br />
Montures optiques 125,6 121,4<br />
Montures solaires 98,3 98,2<br />
Figure 10 – Prix moyens constatés entre les mois de janvier et septembre 2011 et 2012 78<br />
Le marché de l’optique peut être approché en deux<br />
segments essentiels : l’amont, c’est à dire le niveau de<br />
production des dispositifs d’optique, et l’aval, c’est à<br />
dire le secteur de la distribution. Concernant l’amont, les<br />
acteurs, dominés par certains opérateurs (1.2.1.) interviennent<br />
sur différents types de produits, spécialement<br />
les montures (1.2.2.) et les verres correcteurs (1.2.3.).<br />
Le Conseil de la concurrence a distingué « au stade de la<br />
production, deux activités distinctes et complémentaires :<br />
l’activité de fabrication des verres et lentilles de contact<br />
d’un côté ; l’activité de fabrication des montures et des<br />
lunettes solaires et de protection de l’autre » 79 .<br />
Prix moyen (en euros)<br />
1.2. En amont : organisation et acteurs<br />
de la production<br />
L’essentiel de l’activité en France se concentre sur les<br />
verres, « catégorie de produit qui a généré plus des trois<br />
quarts des facturations des industriels en 2009 (hors<br />
lentilles) » 80 . Les verres correcteurs multifocaux représentent<br />
environ 70 % de la facturation. Les acteurs se<br />
segmentent par type de produit. Les adhérents du Syndicat<br />
des fabricants et fournisseurs d’optique de contact<br />
(SYFFOC) 81 fabriquent ainsi tous des lentilles et/ou des<br />
produits d’entretien pour lentilles, mais seul un parmi<br />
eux fabrique aussi des verres de lunettes. De la même<br />
manière, si Hoya et Zeiss fabriquent à la fois des verres<br />
et des lentilles, ce n’est pas le cas d’Essilor.<br />
81 Soit les groupes Alcon, A.m.o*, Bausch&Lomb, CibaVision, Coopervision, Europtic*, Horus Pharma, Johnson&Johnson, Vision Care – L.c.s,<br />
2M Contact*, Mark’ennovy Personnalized Care, Menicon, Ophtalmic, Precilens ; * ces groupes ne sont pas concernés, n’ayant pas de site<br />
internet disponible à la date de la recherche.<br />
25
82 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
83 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
26<br />
Montures<br />
Lunettes<br />
correctrices 2,9%<br />
18,3%<br />
3,4<br />
%<br />
> Un marché atomisé entre de nombreux acteurs<br />
Le marché amont est un marché très atomisé qui<br />
comprend de nombreux acteurs. Ainsi, en 2010, le secteur<br />
comprenait environ 364 établissements, soit environ 170<br />
établissements de moins qu’en 2000. Environ 60 % des<br />
entreprises du secteur étaient des très petites entreprises<br />
Lunettes solaires<br />
Figure 11 - Facturations industrielles d’optique-lunetterie en 2009 82<br />
75,4% Verres<br />
ophtalmiques<br />
1.2.1. Un marché atomisé mais dominé par quelques très gros acteurs<br />
(TPE), c’est à dire ayant moins de dix salariés, et plus de<br />
90 % avaient moins de 50 salariés. En 2010, le secteur<br />
employait environ 8 200 salariés, soit près de 4 000 de<br />
moins qu’en 2000. Environ 65 % d’entre eux travaillaient<br />
dans une entreprise de plus de 50 salariés 83 .
84 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
Etablissements Effectifs<br />
unités % unités %<br />
De 1 à 9 salariés 223 61,3 773 9,4<br />
De 10 à 49 salariés 109 29,9 2 129 26<br />
De 50 à 99 salariés 16 4,4 1 081 13,2<br />
De 100 à 199 salariés 6 1,6 810 9,9<br />
Plus de 200 salariés 10 2,8 340 41,5<br />
Total 364 100 8 201 100<br />
Figure 12 – La structure des établissements et des effectifs du marché amont 84<br />
> Un marché dominé par quelques acteurs et<br />
des suiveurs lointains<br />
En réalité, l’essentiel du marché s’organise autour de<br />
quelques acteurs principaux qui réalisent la majeure<br />
partie de la production 85 : Essilor pour les verres et<br />
Luxottica pour les montures. La dispersion du secteur<br />
est donc trompeuse : comme l’a récemment relevé l’Autorité<br />
de la concurrence pour le segment des verres, « cette<br />
> Un segment qui compte pour un quart du<br />
secteur de l’optique, dominé par une entreprise<br />
italienne<br />
Le marché de la fabrication de montures comprend à la<br />
fois la production de montures et celle des lunettes de<br />
soleil, la plupart des acteurs étant présents sur les deux<br />
atomicité explique pour partie la relative fragilité du tissu<br />
industriel ainsi que sa double polarisation, entre d’un<br />
côté les établissements les plus petits menacés par la<br />
concurrence des pays à faible coût de main d’œuvre et<br />
de l’autre, la réussite du leader mondial de la fabrication<br />
de verres, Essilor, du fait notamment de sa spécialisation<br />
sur des produits innovants » 86 .<br />
1.2.2. La fabrication de montures, un quart du secteur de l’optique<br />
activités. Il représentait environ 1,83 milliard d’euros<br />
en France en 2010, soit environ 25 % des ventes finales<br />
d’optique-lunetterie 87 (et 9 % pour les ventes de solaires).<br />
Ce marché est dominé au niveau mondial par le groupe<br />
italien Luxottica et son challenger Saffilo (filiale du<br />
groupe néerlandais Hal). Ces producteurs sont présents<br />
85 Autorité de la concurrence, avis n°10-A-11 du 7 juin 2010 relatif au conseil interprofessionnel de l’optique.<br />
Autorité de la concurrence, avis n°09-A-32 du 26 juin 2009 relatif à un accord dérogatoire aux délais de paiement dans le secteur de<br />
l’optique lunetterie ;<br />
Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.<br />
86 Autorité de la concurrence, avis n°10-A-11 du 7 juin 2010 relatif au conseil interprofessionnel de l’optique.<br />
87 GfK, Marché de l’optique : un marché français résistant en 2010 malgré une baisse du chiffre d’affaires par point de vente, 2011.<br />
27
sur le marché français où ils concurrencent une filière<br />
française principalement composée de très petites et<br />
moyennes entreprises 88 .<br />
Dans ce secteur, les entreprises opèrent selon deux<br />
modèles :<br />
− soit elles possèdent leurs propres marques et gèrent à la<br />
fois le design et la production ; et/ou<br />
− soit elles exploitent des licences, c’est à dire qu’elles<br />
ne prennent en charge que la production, pour le compte<br />
d’autres griffes, selon un cahier des charges précis.<br />
Luxottica est de loin le leader mondial du secteur avec un<br />
chiffre d’affaires supérieur à 6,2 milliards d’euros 89 , alors<br />
que son principal concurrent, Safilo, réalise un chiffre<br />
d’affaires de 1,1 milliard d’euros 90 .<br />
> Luxottica<br />
Fondé en 1961, Luxottica emploie plus de 65 000<br />
personnes et distribue ses montures dans plus de 130<br />
pays 91 . Le chiffre d’affaires du groupe est de 6,2 milliards<br />
d’euros en 2011, en progression constante depuis au<br />
moins 2007 (il était alors de 4,9 milliards d’euros).<br />
Le groupe poursuit depuis les années 1970 une stratégie<br />
d’intégration verticale : il assure ainsi la conception<br />
(design), la production et la distribution de ses produits,<br />
la vente en gros auprès de distributeurs indépendants et<br />
la vente au détail directement aux consommateurs finals<br />
à travers plusieurs enseignes d’optique.<br />
Au sein du groupe, la conception se caractérise par la<br />
détention de marques « en propre » et les nombreux<br />
contrats de licence dont il bénéficie. Luxottica possède<br />
ses marques, qui représentent 60 % des ventes (unités)<br />
depuis 2007 : c’est le cas, notamment, des marques Ray-<br />
Ban, Oakley, Persol ou Vogue qui bénéficient toutes d’une<br />
image positive et clairement identifiée auprès du public,<br />
qui en fait des leaders sur le marché. Luxottica a également<br />
signé de nombreux accords de licences avec des<br />
88 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
89 Luxottica, Luxottica Annual Report 2011, 2012.<br />
90 Safilo, Annual Report 2011, 2012.<br />
91 Sauf indications contraires, les informations suivantes sont tirés soit du rapport annuel (Luxottica, Luxottica Annual Report 2011, 2012) soit<br />
du site internet (www.luxottica.com) de Luxottica.<br />
92 Le Figaro, Le propriétaire de Ray-Ban s’offre les lunettes de Philippe Stark, 3 novembre 2012 ;<br />
L’Opticien lunetier, Luxottica a payé 90 millions d’euros pour Mikli, 3 décembre 2012.<br />
93 Les Echos, Après le rachat du français Alain Mikli, Luxottica vise la chaîne Salmoiraghi & Vigano en Italie, 5 novembre 2012.<br />
94 Sauf indications contraires, les informations suivantes sont tirées soit du rapport annuel (Safilo, Annual report 2011, 2012) soit du site<br />
internet (www.safilo.com) de Safilo.<br />
28<br />
stylistes et griffes de luxe pour la production et la distribution<br />
de leurs produits : parmi ces accords se retrouvent<br />
des marques phares très identifiées et bénéficiant d’une<br />
notoriété mondiale, telles que Chanel, Paul Smith, Polo<br />
Ralph Lauren, Bulgari, Burberry, Versace, Dolce Gabbana,<br />
Prada, etc.<br />
En 2011, Luxottica a produit 64,5 millions de montures et<br />
lunettes de soleil. Cette production se réalise principalement<br />
autour de deux plateformes : l’une en Italie pour les<br />
produits haut de gamme et l’autre en Chine (à l’exception<br />
des verres Oakley fabriqués en Californie).<br />
En matière de distribution, Luxottica est présent à la fois<br />
au niveau du marché de gros et du marché au détail. Le<br />
groupe détient 40 grossistes qui assurent le relai vers les<br />
réseaux de distribution, ainsi que son propre réseau de<br />
7 042 points de vente, qui réalisent 60 % de son chiffre<br />
d’affaires. Il exploite à ce titre les enseignes Lenscrafters<br />
et Pearle Vision, qui sont des acteurs majeurs du marché<br />
nord-américain, ainsi que le leader de la distribution de<br />
lunettes de soleil Sunglass Hut. Encore peu présent dans<br />
la distribution au détail en Europe, Luxottica entend s’y<br />
développer prochainement : il a ainsi acquis en 2012<br />
le fabricant Alain Mikli International, qui exploite les<br />
licences Philippe Starck, est l’actionnaire majoritaire<br />
de Vuarnet et détient trente-huit points de vente dans<br />
le monde 92 . Le groupe envisagerait d’investir dans l’enseigne<br />
italienne Salmoiraghi & Vigano qui possède plus<br />
de 500 points de vente dans la péninsule 93 .<br />
> Safilo<br />
Safilo, maison plus ancienne (1934) est le principal<br />
concurrent de Luxottica 94 et revendique une position<br />
de leader sur les produits dits « premium ». Le groupe<br />
réalise un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros, soit<br />
cinq fois inférieur à Luxottica.<br />
Safilo est détenu à 42,2 % par le groupe néerlandais Hal,
spécialisé dans la prise de participation dans des entreprises<br />
du secteur de l’optique. Ce groupe d’investissement<br />
contrôle aussi GrandVision (4 477 points de vente),<br />
GrandOptical ou la Générale d’<strong>Optique</strong> en France 95 et<br />
réalise un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros sur<br />
ce secteur.<br />
Le groupe Safilo poursuit lui aussi une stratégie d’intégration<br />
verticale, depuis la conception jusqu’à la distribution.<br />
En matière de conception, Safilo détient neuf marques<br />
en propre, comme Carrera ou Smith Optics, et exploite 27<br />
licences dont Dior ou Hugo Boss. Depuis 2012, le groupe<br />
opère une restructuration de son portefeuille à travers l’ac-<br />
> Luxottica / Safilo, éléments de comparaison<br />
6<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
95 Hal, Annual report 2011, 2012.<br />
1,15<br />
3,5<br />
96 Acuité, Safilo : « nous allons nous concentrer sur les marques pertinentes », 10 octobre 2012.<br />
97 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />
quistion de Polaroid Eyewear et après la perte des licences<br />
Armani, Diesel et Valentino 96 .<br />
La production de Safilo se réalise à 40 % dans ses usines<br />
(trois en Italie, une en Chine, en Slovénie et aux Etats-<br />
Unis), le reste étant sous-traité principalement en Asie.<br />
Enfin, Safilo organise lui-même la distribution de ses<br />
produits, à travers un canal grossiste très largement majoritaire<br />
(93 % de la distribution) mais aussi, de manière plus<br />
marginale, à travers l’enseigne Solstice qui se positionne<br />
sur le segment du luxe et détient 150 points de vente aux<br />
Etats-Unis.<br />
5,2<br />
Safilo Hal Luxottica<br />
Figure 13 – Chiffre d’affaires 2008 en milliards d’euros des groupes Safilo / Hal et Luxottica 97<br />
29
100%<br />
90%<br />
80%<br />
70%<br />
60%<br />
50%<br />
40%<br />
30%<br />
20%<br />
10%<br />
0%<br />
98 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />
99 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />
30<br />
Safilo / Hal Luxottica<br />
Figure 14 – Répartition des chiffres d’affaires des groupes Safilo / Hal et Luxottica entre la distribution et la fabrication, en pourcentage 98<br />
7 000<br />
6 000<br />
5 000<br />
4 000<br />
3 000<br />
2 000<br />
1 000<br />
0<br />
275<br />
78%<br />
22%<br />
3 930<br />
60%<br />
40%<br />
Safilo Hal Luxottica<br />
Figure 15 – Nombre de points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 99<br />
6 216<br />
fabrication<br />
distribution
Luxottica<br />
Hal<br />
Safilo<br />
100 Acuité, Luxottica – Hal Holding – Safilo : l’état des forces en présence, 20 octobre 2009.<br />
101 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011<br />
Figure 16 – Répartition géographique des points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 100<br />
102 Le groupe existe sous ce nom depuis 1972.<br />
0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000<br />
> Un marché français largement importateur<br />
Le marché français importait 58 % des montures en 2010.<br />
Il existe néanmoins des petites et moyennes entreprises<br />
qui réalisent une production nationale, notamment dans le<br />
Jura, même si leur nombre a baissé de 30 % depuis 2000 101 .<br />
Parmi ces entreprises, il faut relever la présence de la<br />
103 Xerfi, Essilor – dynamique du groupe et de ses activités, environnement concurrentiel et perspectives stratégiques, 2012.<br />
États-Unis Europe<br />
Manufacture Cartier Lunettes, filiale du groupe Richemont,<br />
qui a réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 20,6<br />
millions d’euros, bien inférieur aux principaux acteurs<br />
du secteur. Le groupe L’Amy, par ailleurs, qui a réalisé en<br />
2009 un chiffre d’affaires de 55 millions d’euros, exploite<br />
les licences Columbia, Chloé ou Nina Ricci.<br />
1.2.3. La fabrication de verres : un segment qui absorbe les trois quarts de la<br />
valeur globale du secteur, dominé très largement par Essilor<br />
Le segment des verres représente près des trois quarts<br />
du secteur. Il est largement dominé par Essilor.<br />
> ESSILOR<br />
Essilor 102 , leader mondial de la fabrication de verres 103 ,<br />
intervient :<br />
i) dans la production et la distribution de verres correcteurs,<br />
ii) la production et la distribution de lunettes « readers »<br />
(prémontées) et iii) la production et la distribution d’équipement<br />
de production de verres.<br />
Présentation<br />
La chaîne de production des verres Essilor est intégrée.<br />
Comme le montre la Figure 17, Essilor possède des usines<br />
(dix-huit au total) qui produisent soit des verres finis ou<br />
semi-finis (dans cette dernière hypothèse seule la face<br />
avant est systématiquement surfacée et polie), qui sont<br />
par la suite envoyés vers les centres de distribution ou<br />
les laboratoires de prescription pour le traitement de la<br />
seconde face. Les opticiens se fournissent auprès de ces<br />
31
centres et laboratoires.<br />
La production de verres d’Essilor propose une gamme très<br />
large puisque le groupe est présent sur l’ensemble des<br />
corrections ainsi que sur les verres solaires. Ses princi-<br />
104 Site internet d’Essilor www.essilor.com.<br />
105 Le Figaro, Essilor : importante acquisition aux Etats-Unis, 16 décembre 2009.<br />
106 L’Usine nouvelle, Essilor rachète Satisloh, une équipementier de laboratoire, 16 août 2008.<br />
107 Essilor, Rapport d’activité 2011, 2012.<br />
32<br />
CENTRES<br />
DE<br />
DISTRIBUTION<br />
La division « Readers » du groupe produit à la fois des<br />
lunettes « de lecture » (prémontées) et des lunettes de<br />
soleil. Elle illustre bien la stratégie de diversification et<br />
d’intégration verticale d’Essilor. Le groupe s’est lancé sur<br />
le marché des lunettes de lecture en 2010 avec le rachat<br />
de FGX International 105 , qui a acquis son principal concurrent<br />
Stylemark en 2011, ainsi que les producteurs Polinelli<br />
en Italie et Sight Station au Royaume-Uni. Cette stratégie<br />
permet à Essilor de disposer de très importantes capacités<br />
de production et de marques nombreuses et connues dans<br />
le secteur des lunettes prémontées.<br />
Quant à la division « équipements », elle permet à Essilor,<br />
USINES<br />
OPTICIENS<br />
pales marques, qui bénéficient d’une notoriété certaine,<br />
sont Varilux (pour les verres progressifs), Crizal ou Optifog<br />
(verres antibuée).<br />
grâce au rachat de l’équipementier Satisloh en 2008, de<br />
proposer des machines de surfaçage et d’antireflet ainsi<br />
que des chaînes de production intégrées pour les laboratoires<br />
ou autres fabricants de verres 106 .<br />
Chiffres clés<br />
LABORATOIRES<br />
DE<br />
PRESCRIPTION<br />
Figure 17 – La chaîne de production intégrée d’Essilor 104<br />
En 2011, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires mondial<br />
de 4,19 milliards d’euros, dont 90,6 % dans le secteur des<br />
verres et matériel optique 107 . L’entreprise se révèle particulièrement<br />
dynamique puisqu’en 2006 son chiffre d’affaires<br />
n’était « que » de 2,69 milliards d’euros.
Stratégie<br />
108 Essilor, Rapport d’activité 2011, 2012.<br />
109 Essilor, Rapport d’activité 2011, 2012.<br />
110 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />
111 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
Readers<br />
5%<br />
Equipements<br />
4,4<br />
%<br />
Figure 18 – Chiffre d’affaires d’Essilor par activité 108<br />
Essilor semble aujourd’hui poursuivre une double stratégie<br />
d’expansion.<br />
La première est celle du développement international, les<br />
nouvelles acquisitions du groupe étant plutôt orientées<br />
vers d’autres zones que l’Europe (35 % du chiffre d’affaires)<br />
et l’Amérique du Nord (36 % du chiffre d’affaires) où le<br />
groupe est déjà très bien implanté : à titre d’exemple, en<br />
2011-2012, Essilor s’est implanté dans cinq nouveaux pays<br />
(République Dominicaine, Maroc, Tunisie, Kenya et Arabie<br />
Saoudite).<br />
La seconde orientation stratégique d’Essilor, comme les<br />
développements ci-dessus l’ont relevé, consiste à accroitre<br />
les domaines d’intervention et de compétences du groupe.<br />
Celui-ci a récemment mis l’accent sur les divisions<br />
« readers » et « équipements », qui ont crû respectivement<br />
de 20,2 % et 11,8 % en 2011 109 , dans un objectif de diversification<br />
de sa production, visant apparemment à couvrir<br />
90,6% Verres et<br />
matériels<br />
optiques<br />
l’ensemble de la gamme des produits « lunettes ».<br />
Dans une volonté de différenciation par l’innovation, le<br />
groupe concentre par ailleurs ses efforts sur la recherche<br />
et l’innovation, auxquelles il a consacré 150 millions d’euros<br />
en 2011. Le directeur marketing stratégique d’Essilor<br />
explique ainsi que « la création d’une nouvelle catégorie<br />
de verres est l’un de nos deux leviers de croissance (…) »,<br />
l’autre consistant « à personnaliser les catégories existantes,<br />
par exemple pour des usages spécifiques, comme<br />
le travail sur l’ordinateur » 110 .<br />
L’ensemble de ces développements relève d’un renforcement<br />
de la stratégie d’intégration verticale du groupe, à la<br />
fois en amont (division équipements, acquisition d’usine<br />
– Shamir Optical en 2011 111 –, etc.) et en aval (acquisition<br />
de laboratoires et centres de prescription, comme Imperial<br />
Eyewear).<br />
33
ZEISS<br />
Présentation<br />
Le groupe allemand Zeiss est spécialisé dans plusieurs<br />
domaines, dont i) les semi-conducteurs (33 % du chiffre<br />
d’affaires), ii) les produits ophtalmiques (20 %), iii) l’imagerie<br />
médicale (20 %), iv) les microscopes (10 %), v) les appareils<br />
de mesures industrielles (9 %) et vi) la business unit<br />
« consumer optics » qui regroupe les objectifs d’appareils<br />
photographiques et l’optique du sport (8 %) 112 . La division<br />
« Vision care » est celle qui produit des verres.<br />
900<br />
890<br />
880<br />
870<br />
860<br />
850<br />
840<br />
830<br />
820<br />
Stratégie<br />
Le groupe Zeiss poursuit, comme ses deux principaux<br />
concurrents, une stratégie d’intégration verticale. Dans la<br />
production de verre, il est ainsi présent à la fois au niveau<br />
de la production et la distribution de ses produits. A titre<br />
d’exemple, en France, il détient trois sites : un site de<br />
production de verres à Fougères, qui est son deuxième site<br />
de production le plus important ; à Aubergenville, qui est<br />
un site spécialisé dans le montage des verres ; et à Paris,<br />
112 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />
113 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />
114 Ouest-France, Carl Zeiss croit aux verres de lunettes bretons, 18 février 2012.<br />
115 Ouest-France, Carl Zeiss tourné vers les verres haut de gamme, 26 avril 2011.<br />
116 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />
117 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />
118 Ouest-France, Carl Zeiss tourné vers les verres haut de gamme, 26 avril 2011 ;<br />
Ouest-France, Carl Zeiss croit aux verres de lunettes bretons, 18 février 2012.<br />
34<br />
Chiffres clés<br />
Le chiffre d’affaires du groupe, qui a plus que doublé en<br />
trois ans (+102 % environ), a atteint 4,24 milliards d’euros<br />
en 2010 – 2011 113 . La division « Vision Care » a réalisé un<br />
chiffre d’affaires de 849 millions d’euros en 2010 – 2011.<br />
En 2011, la société Carl Zeiss Vision a réalisé en France un<br />
chiffre d’affaires de 85 millions d’euros 114 et ses produits<br />
étaient distribués dans 2 800 points de vente 115 .<br />
2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011<br />
Figure 19 – Chiffre d’affaires de la division « Vision care » de Zeiss en millions d’euros 116<br />
où se trouvent le siège social et la distribution. Au niveau<br />
mondial, cette intégration se traduit par la présence du<br />
groupe dans plus de 30 pays, avec 33 usines de production<br />
et 50 sites de distribution (dont 27 en Europe) 117 .<br />
Afin d’entamer les parts de marché d’Essilor, le groupe Zeiss<br />
semble s’orienter vers une stratégie « haut de gamme »,<br />
en proposant des produits plus performants (comme des<br />
verres à teinte « automatique ») et en mettant en avant, en<br />
France, le label « 100 % made in France » 118 .
HOYA<br />
Présentation<br />
L’activité du groupe Hoya s’organise autour de deux pôles,<br />
l’un dédié à l’imagerie et l’électronique et l’autre à la santé<br />
et au médical, qui se consacre notamment à la production<br />
et la distribution de verres et lentilles ophtalmiques.<br />
La production de verres ophtalmiques, qui représente 25 %<br />
du chiffre d’affaires total du groupe 119 , est assurée dans<br />
ses usines avant que les produits ne soient envoyés dans ses<br />
laboratoires de prescription puis distribués aux opticiens 120 ,<br />
soit indirectement par des centrales d’achat soit directement<br />
(notamment par le canal Internet). Le groupe Hoya<br />
produit aussi des lentilles de contact, qu’il distribue pour<br />
partie dans ses 180 points de vente Eyecity au Japon 121 .<br />
Chiffres clés<br />
S’il est l’un des principaux concurrents du groupe Essilor,<br />
Hoya réalise cependant un chiffre d’affaires inférieur,<br />
119 Les Echos, Hoya : le rival d’Essilor a l’Europe en ligne de mire, 9 juin 2011.<br />
120 Les Echos, <strong>Optique</strong> : l’usine thaïlandaise d’Hoya à Ayutthaya va redémarrer en avril, 25 janvier 2012.<br />
121 Hoya, Annual report 2011 : onwards and upwards, 2011.<br />
122 Les Echos, Hoya : le rival d’Essilor a l’Europe en ligne de mire, 9 juin 2011.<br />
d’environ 1,03 milliard d’euros (dont un quart pour la<br />
production de verres ophtalmiques).<br />
Stratégie<br />
Hoya poursuit sa stratégie d’expansion internationale, en<br />
se tournant vers les marchés émergents (+20 % d’activité<br />
en 2011) mais aussi sur ceux où le groupe est déjà bien<br />
implanté. Le groupe, qui réalise déjà 45 % de ses ventes<br />
de verres en Europe (le continent constitue son premier<br />
marché) souhaite concurrencer Essilor sur ce continent en<br />
passant de 16 % de part de marché aujourd’hui à 20 % en<br />
2015 122 (en France, Hoya représenterait 13 % de parts de<br />
marché). Pour y parvenir, Hoya met l’accent sur l’élargissement<br />
de son offre de produits et propose ainsi des verres<br />
d’entrée de gamme, dans un contexte de concentration des<br />
grandes chaînes de distribution.<br />
1.3. En aval : les principaux canaux de<br />
distribution d’optique en France<br />
Le segment aval du marché de l’optique en France, reposant<br />
sur la profession d’opticien (1.3.1.), s’appuie sur<br />
1.3.1. Le métier d’opticien<br />
> Présentation générale<br />
La profession d’ « opticien-lunetier » est une profession<br />
dont l’exercice est encadré par le code de la santé<br />
publique qui pose un certain nombre de contraintes<br />
réglementaires (article L.4362-1 et suivants).<br />
Il est nécessaire, pour l’exercer, de détenir un brevet de<br />
technicien supérieur (BTS) opticien-lunetier (BTSOL), qui<br />
s’obtient à l’issue d’une formation en deux ans, ou un<br />
brevet professionnel d’opticien-lunetier (article L.4362-2<br />
plusieurs enseignes, opérant par le biais de boutiques<br />
(1.3.2.) ou du canal de distribution Internet (1.3.2.).<br />
du code de la santé publique). Les opticiens-lunetiers<br />
sont soumis à une obligation linguistique et à celle de<br />
connaître les « systèmes de poids et mesures utilisés en<br />
France » (article L.4362-8 du code de la santé publique).<br />
En outre, l’opticien doit « se faire enregistrer auprès du<br />
service ou de l’organisme désigné », c’est-à-dire auprès<br />
de la Direction départementale de l’assistance sanitaire<br />
et sociale (DDASS) ou de la Caisse régionale d’assurance<br />
maladie notamment. Un opticien ne peut être enregistré<br />
que dans un seul département.<br />
35
Seuls les détenteurs d’un diplôme d’opticien-lunetier sont<br />
habilités à ouvrir un point de vente, puisque « les établissements<br />
commerciaux dont l’objet principal est l’optiquelunetterie,<br />
leurs succursales et les rayons d’optiquelunetterie<br />
des points de vente ne peuvent être dirigés ou<br />
gérés que par une personne remplissant les conditions<br />
requises pour l’exercice de la profession d’opticien-lunetier<br />
» (article L.4362-9 du code de la santé publique).<br />
Si la discussion du projet de loi renforçant les droits, la<br />
protection et l’information des consommateurs, en 2011,<br />
avait un temps envisagé de lever cette restriction, le<br />
texte final n’a pas retenu cette option. La jurisprudence<br />
communautaire a pourtant déjà eu l’occasion de rappeler<br />
123 Cour de justice de l’Union européenne, arrêt du 21 avril 2005, Commission contre Grèce Aff. C-140/03.<br />
La Cour conclut qu’ « en adoptant et en maintenant en vigueur la loi n° 971/79 et la loi n° 2646/98, développement du système<br />
national de soins sociaux et autres dispositions, qui subordonnent la possibilité pour une personne morale d’ouvrir un magasin<br />
d’optique en Grèce aux conditions : (i) que l’autorisation de créer et d’exploiter le magasin d’optique soit délivrée au nom d’un opticien<br />
personne physique agréé, que la personne qui possède l’autorisation d’exploiter le magasin participe à raison de 50 % au moins au<br />
capital de la société ainsi qu’à ses bénéfices et pertes, que la société ait la forme d’une société en nom collectif ou d’une société en<br />
commandite, et (ii) que l’opticien en cause fasse partie de tout au plus une autre société propriétaire d’un magasin d’optique à la<br />
condition que l’autorisation de créer et d’exploiter le magasin soit délivrée au nom d’un autre opticien agréé, la République hellénique<br />
a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu des articles 43 CE et 48 CE ».<br />
124 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
125 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
36<br />
qu’une législation nationale (grecque en l’occurrence) ne<br />
pouvait réserver la gestion ni la direction d’un magasin<br />
d’optique-lunetterie aux seules personnes titulaires d’un<br />
diplôme d’opticien 123 .<br />
> Démographie de la profession en France<br />
La population d’étudiants en optique n’a cessé de croître<br />
depuis les dernières années, passant ainsi de 1 175 diplômés<br />
en 2004 à 2 480 en 2011, soit une augmentation de<br />
plus de 110 %. De la même manière, le nombre de praticiens<br />
est passé de 15 141 en 2004 à 23 307 en 2010, soit<br />
une augmentation supérieure à 50 % 124 .<br />
2004 2010/2011<br />
Diplômés du BTS opticien-lunetier 1 175 2 480<br />
Opticiens occupés actifs 15 141 23 307<br />
Figure 20 – Nombre de diplômés et d’opticiens en activité en 2004 et 2010/2011 125
3 000<br />
2 500<br />
2 000<br />
1 500<br />
1 000<br />
500<br />
0<br />
25 000<br />
20 000<br />
15 000<br />
10 000<br />
5 000<br />
0<br />
2004<br />
2004<br />
2005<br />
126 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
127 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Figure 21 – Evolution du nombre de jeunes diplômés au BTSOL entre 2004 et 2011 126<br />
2005<br />
2006<br />
2006<br />
2007<br />
2007<br />
2008<br />
2008<br />
2009<br />
2010<br />
2009<br />
2011<br />
Opticiens actifs occupés<br />
Opticiens demandeurs d’emploi<br />
Figure 22 – Évolution conjointe du nombre d’opticiens actifs occupés et du nombre d’opticiens demandeurs d’emploi entre 2004 et 2011 127<br />
2010<br />
37
1.3.2. Les points de vente « en dur » de produits d’optique en France<br />
> Présentation générale<br />
En septembre 2012, la France comptait 11 422 points<br />
de vente d’optique 128 , sensiblement plus qu’en 2000<br />
puisqu’à l’époque il y avait 7 800 points de vente 129 .<br />
Les points de vente comptent en moyenne 2,5 personnes<br />
(gérants inclus) 130 , en décrue continue depuis 2004<br />
(3,3 personnes cette année là) 131 . Le chiffre d’affaires<br />
moyen par personne serait d’environ 151 560 euros 132 . En<br />
moyenne, un opticien est propriétaire de 1,58 points de<br />
Fonds de commerce<br />
Agencement<br />
Stock<br />
Atelier<br />
Informatique<br />
Publicité<br />
Total<br />
128 GfK, Note regards, données à fin mars 2012.<br />
129 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
130 Bien vu, Créer, reprendre un point de vente, 12 mois pour s’installer, Hors série 2010-2011.<br />
131 Bien vu, L’observatoire de l’optique, Hors série 2010.<br />
132 Bien vu, L’observatoire de l’optique, Hors série 2010.<br />
133 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
134 INSEE, Fiche sectorielle de l’enquête annuelle d’entreprise dans le commerce 2006, Activité de détail et activités assimilées 524T optique,<br />
photographie.<br />
135 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
38<br />
vente en 2010 (contre 1,65 en 2002) 133 .<br />
La superficie moyenne des points de vente s’étale entre<br />
20 et 120 m2 pour 85 % des points de vente 134 .<br />
> Eléments financiers des points de vente<br />
d’optique<br />
L’ouverture d’un point de vente d’optique coûte environ<br />
403 000 euros, l’essentiel de ce montant étant constitué<br />
par l’achat du fonds de commerce (61 %).<br />
euros %<br />
245 000 61<br />
90 500 22<br />
30 500 8<br />
28 000 7<br />
7 500 2<br />
1 500 0<br />
403 000 100<br />
Figure 23 – Coût d’ouverture d’un point de vente d’optique par poste, en euros et en pourcentage du total 135
L’accès aux principaux réseaux est évidemment soumis<br />
à un certain nombre de critères, dont des droits d’entrée<br />
Afflelou<br />
Générale d’optique<br />
Grand optical<br />
Lissac opticien<br />
Lynx optique<br />
Optical Center<br />
Droits d’entrée<br />
(euros)<br />
Le baromètre des ventes et cessions de fonds de commerce<br />
analysant les annonces publiées au Bulletin officiel des<br />
annonces civiles et commerciales (Bodacc) du 1 er janvier<br />
2008 au 31 décembre 2011 relevait qu’en 2011, le prix<br />
moyen des ventes et cessions de fonds de commerce en<br />
France était très légèrement supérieur à 187 900 euros 137<br />
(puis à 179 000 euros au premier semestre 2011 138 ).<br />
Il constatait que « c’est le commerce de soins de la<br />
personne qui conserve les niveaux de prix les plus élevés<br />
avec des transactions qui se maintiennent aux environs<br />
Figure 24 – Conditions d’entrée dans les principaux réseaux 136<br />
136 Bien vu, Parcours de l’entrepreneur, Hors série 2007, cité dans Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréée,<br />
Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
137 Premier ministre – direction de l’information légale et administrative, Bodacc.fr, Altares, Baromètre ventes et cessions des fonds de<br />
commerce (bâtiment, commerce, industrie ou services) – annonces publiées au Bodacc du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2011, 2012.<br />
138 Altares, Malgré la crise, les fonds de commerce se vendent bien, septembre 2011.<br />
qui s’étalent entre 8 000 et 50 000 euros pour les principaux<br />
réseaux.<br />
Droits<br />
( % CA)<br />
Redevances<br />
publicitaires<br />
( % CA)<br />
50 000 4,14 / 3<br />
15 000 4 6 5<br />
25 000 3,5 à 4,5 7,5 5<br />
12 500 2,25 4 5<br />
12 000 / 3 5<br />
15 000 10 / 9<br />
Durée du contrat<br />
(années)<br />
de 300 000 euros dans l’optique et au-delà de 1,2 million<br />
d’euros pour les pharmacies ». Au premier semestre 2011,<br />
les points de vente d’optique étaient les quatrièmes fonds<br />
les plus chers (286 000 euros), derrière les pharmacies<br />
(1,2 million d’euros en moyenne), les terrains de camping<br />
(378 000 euros en moyenne) et les hôtels (333 000 euros<br />
en moyenne) 139 .<br />
En 2009, le chiffre d’affaires moyen par point de vente<br />
était de 720 000 euros pour les points de vente relevant<br />
de l’exploitation par des enseignes et de 370 000 euros<br />
139 Premier ministre – direction de l’information légale et administrative, Bodacc.fr, Altares, Ventes et cessions des fonds de commerce<br />
(bâtiment, commerce, industrie ou services) – annonces publiées sur le premier semestre 2011, 2011.<br />
39
pour celles relevant des centrales 140 . Au total, en 2012,<br />
le chiffre d’affaires moyen pour l’ensemble des points<br />
de vente était approximativement de 501 000 euros 141 .<br />
Selon une étude de l’Union de la profession comptable et<br />
> Les principales enseignes (généralités)<br />
Les points de vente d’optique se répartissent en plusieurs<br />
catégories.<br />
Un peu plus de la moitié de ces points de vente (55 %)<br />
140 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011 ;<br />
L’étude précitée de Bien Vu (2010) retient cependant un chiffre d’affaires moyen de 374 682 euros environ.<br />
141 GfK, Note regards, données à fin mars 2012.<br />
142 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
143 Bien vu, L’observatoire de l’optique, Hors série 2010.<br />
144 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
40<br />
Cotisations<br />
sociales 7%<br />
Charges de<br />
personnel 13%<br />
Achats 37%<br />
Impôts et<br />
taxes 2%<br />
des organismes de gestion agréés « le métier d’opticien<br />
figure parmi les professions commerciales les plus rémunérées<br />
en France » 142 .<br />
Amortissements<br />
4%<br />
1% Coûts<br />
financiers<br />
16% Frais<br />
généraux<br />
Figure 25 – Répartition du chiffre d’affaires moyen d’un point de vente d’optique en 2009 143<br />
20% Résultat<br />
courant<br />
sont des indépendants, dont l’approvisionnement se fait<br />
à travers des centrales d’achat ou de référencement. Les<br />
principales centrales sont Alliance <strong>Optique</strong>, La Centrale<br />
des opticiens, Optalor, Luz, Rev 144 .
Centrales<br />
Enseignes<br />
dont Groupements coopératifs<br />
Franchises<br />
Mutualistes<br />
Succursales<br />
Les autres points de vente (45 %) sont exploités sous<br />
enseignes franchisées, détenus en propre par la tête<br />
de réseau (des « succursalistes » 146 ) ou relevant des<br />
réseaux mutualistes ou de groupements coopératifs 147 .<br />
Certains relèvent exceptionnellement de la catégorie<br />
des « superoptiques », qui sont « caractérisés par de très<br />
grandes superficies de vente, sur le modèle des grandes<br />
surfaces. Ces points de vente appartiennent à des investisseurs<br />
financiers souvent issus de la grande distribution<br />
» 148 . Les chaines détenant des succursales bénéficient<br />
généralement d’une offre de produits large et de<br />
145 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Enseignes<br />
55 %<br />
45 %<br />
25 %<br />
10 %<br />
Figure 26 – Répartition des points de vente d’optique par catégorie 145<br />
services rapides et efficaces. Les franchisés exploitent<br />
leurs points de vente sous l’enseigne du réseau de tête,<br />
auquel ils sont liés par contrat. Les groupements coopératifs<br />
fonctionnent sur la base d’une adhésion des opticiens,<br />
les membres étant à la fois les actionnaires et les<br />
clients de ces sociétés. Enfin, les réseaux mutualistes<br />
se démarquent par le lien qu’ils entretiennent avec des<br />
complémentaires de santé, facilitant la prise en charge<br />
des consommateurs. Leur intention est clairement de se<br />
développer, les mutuelles espérant ainsi mieux maîtriser<br />
leurs dépenses.<br />
146 Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.<br />
147 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
148 Conseil de la concurrence, avis n°99-A-17 du 17 novembre 1999 relatif à la mise en œuvre de remboursements différenciés en matière<br />
d’optique et à la question de la communication des conventions signées entre mutuelles et opticiens.<br />
5 %<br />
5 %<br />
41
La proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins a été adoptée<br />
en première lecture par les députés le 28 novembre 2012 149 .<br />
L’établissement d’un réseau de soins conduit les organismes complémentaires d’assurance maladie (« OCAM »)<br />
à proposer un meilleur remboursement à leurs adhérents si ceux-ci se rendent chez des praticiens agréés (par<br />
les OCAM). Ces réseaux sont particulièrement présents dans l’optique, le dentaire et les prothèses auditives, où<br />
les OCAM assurent la plus grande partie de la prise en charge.<br />
L’objectif de la proposition de loi est « de permettre aux mutuelles de jouer pleinement leur rôle de régulateur<br />
du secteur en leur donnant la possibilité d’être des acteurs de la négociation entre l’offre et la demande de<br />
soins. En ce sens, cette proposition de loi vise donc à acter la possibilité pour les mutuelles d’instaurer des<br />
différences dans le niveau des prestations lorsque l’assuré choisit de recourir à un professionnel de santé, un<br />
établissement de santé ou un service de santé membre d’un réseau de soins ou avec lequel les mutuelles ont<br />
conclu un contrat comportant des obligations en matière d’offre de soins ».<br />
Elle vise en outre à élargir l’accès aux soins, que permettrait une diminution du reste à charge pour le patient<br />
(de 40 % en 2 ans selon la MGEN) 150 et d’une meilleure maîtrise des coûts des mutuelles. Ces réseaux devraient<br />
mieux satisfaire les consommateurs, estiment les promoteurs du projet : 81 % des acheteurs de lunettes auprès<br />
d’un opticien membre d’un réseau se déclareraient satisfaits, contre 71 % de satisfaits pour l’ensemble des<br />
porteurs de lunettes 151 .<br />
Le texte, qui fait toujours l’objet de critiques, a été amendé pour rappeler que « la convention ne peut<br />
comprendre aucune stipulation portant atteinte au droit fondamental de chaque patient au libre choix du<br />
professionnel, de l’établissement ou du service de santé » 152 . Un récent sondage confirme d’ailleurs l’attache-<br />
ment des consommateurs à leur liberté de choix puisque la part des consommateurs informés de l’existence<br />
d’un réseau mais ayant tout de même choisi un praticien « hors réseau » est passée de 19 % à 39 % entre 2010<br />
et 2012. Ainsi, 57 % des personnes interrogées préfèrent pouvoir choisir n’importe quel opticien même si cela<br />
implique un remboursement 20 % supérieur 153 .<br />
149 Assemblée nationale, Proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins, n°296, 16 octobre 2012.<br />
150 Le Figaro, Pourquoi les réseaux de soins suscitent la polémique ? 28 novembre 2012.<br />
151 La Tribune, Qui dit vrai sur les réseaux de soins ? 27 novembre 2012.<br />
152 La Tribune, Les réseaux de soins des mutuelles seront-ils limités à l’optique et au dentaire ? 21 novembre 2012.<br />
153 La Tribune, Qui dit vrai sur les réseaux de soins ? 27 novembre 2012.<br />
42<br />
Figure 27 – Proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins, 16 octobre 2012
Chaines<br />
Optical Center<br />
Grand Optical<br />
Générale d’optique<br />
Lissac<br />
Total<br />
154 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
155 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
156 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Franchises<br />
Afflelou<br />
Grand Optical<br />
Générale d’<strong>Optique</strong><br />
Lissac<br />
Lynx<br />
Groupements<br />
coopératifs<br />
Atol<br />
Krys<br />
Optic 2000<br />
Vision originale<br />
Vision Plus<br />
Figure 28 – Principales enseignes par catégorie 154<br />
Figure 29 – Exploitation des points de vente d’optique par les centrales et les enseignes 156<br />
157 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
Mutuelles<br />
Les opticiens<br />
mutualistes<br />
Les points de vente sous enseigne réalisent cependant 62 % du chiffre d’affaires du secteur, contre 38 % pour les<br />
centrales 155 .<br />
Nombre de têtes de réseau<br />
Points de vente<br />
Chiffre d’affaires total (milliards d'euros)<br />
Chiffre d’affaires moyen par point de vente<br />
(milliers d'euros)<br />
Enseignes Centrales<br />
25 11<br />
6 000 7 100<br />
4,3 2,6<br />
720 370<br />
Le marché a par ailleurs vu apparaître des points de vente dits « low-cost » (dont la Générale d’optique), dont le développement<br />
est encore en plein essor et donc difficile à évaluer correctement 157 .<br />
43
Les principales enseignes, détail par enseigne<br />
GUILDINVEST (« GROUPE KRYS »)<br />
Le groupe Guildinvest est un groupe d’achat, généralement<br />
plus connu pour son enseigne Krys, bien qu’il<br />
regroupe aussi les enseignes VisionPlus, Lun’s (spécialisée<br />
dans l’optique low-cost) et Lynx <strong>Optique</strong>. Il compte<br />
800 collaborateurs et plus de 1 350 points de vente 158 ,<br />
dont 98 % sont situés en France 159 .<br />
Krys, créé en 1967, est un groupement coopératif d’opticiens,<br />
qui s’organise autour d’une centrale d’achat européenne,<br />
Garro (plus de 5 500 points de vente, dont ceux<br />
de l’italien Kentral et de l’espagnol Cione 160 ), créée pour<br />
contrebalancer le pouvoir du fournisseur Luxottica.<br />
158 Consultation du site www.krys-group.com.<br />
159 Les Echos, Krys a fait mieux que le marché de l’optique en 2010, 16 mars 2011.<br />
160 Les Echos, Alliance au sommet pour les numéros de l’optique français, italien et espagnol, 22 mars 2010.<br />
161 LSA, Krys met en scène Alain Delon et quatre autres stars, 4 novembre 2011.<br />
162 Consultation du site www.krys.com.<br />
44<br />
Figure 30 – Campagne de publicité Krys (2011) 161<br />
Figure 31 – Campagne de publicité Krys (2012) 162<br />
L’objectif du groupe Krys est de proposer aux opticiens<br />
adhérents quatre enseignes qui couvrent l’ensemble des<br />
gammes, notamment depuis l’ouverture de son enseigne<br />
« low cost » (Lun’s). Son enseigne la plus connue est<br />
évidemment Krys, qui réalisait en 2009 un chiffre d’affaires<br />
de 650 millions d’euros. La marque a une forte<br />
notoriété, entretenue par des campagnes de publicité<br />
très médiatiques, faisant appel à des personnalités<br />
bien connues du grand public (Alain Delon, Jane Birkin,<br />
Lambert Wilson, etc.)
Le groupe propose aussi une offre en ligne, avec un site<br />
qui reprend les modèles des grands distributeurs (type<br />
« FNAC » ou « Darty »). Le passage en point de vente est<br />
cependant nécessaire pour les réglages finaux 163 .<br />
Le groupe Krys détient par ailleurs la centrale d’achat<br />
Guildinvest<br />
Krys<br />
Vision Plus<br />
1964<br />
1967<br />
1982<br />
2002<br />
2003<br />
2005<br />
2008<br />
Lynx <strong>Optique</strong><br />
Lun’s<br />
CDO<br />
163 Les Echos, Des lunettes bien Net, 1 er septembre 2011.<br />
164 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
165 Consultation du site www.krys-group.com, à l’exception de CDO.<br />
Figure 32 – Dates clés du groupe Krys 165<br />
Figure 33 – Chiffres clés du groupe Krys 166<br />
Acuité, Guildinvest : un chiffre d’affaires de 704 millions d’euros en 2003, 20 avril 2004.<br />
« Centrale des opticiens » (ou « CDO »), à destination d’opticiens<br />
indépendants qui représente près de 2 000 points<br />
de vente. CDO réaliserait un chiffre d’affaires d’environ 9,5<br />
millions d’euros 164 .<br />
Création des « grands lunetiers de France »<br />
Création de Krys<br />
Création de Vision Plus<br />
Acquisition CDO<br />
Acquisition de Lynx <strong>Optique</strong><br />
Création de la centrale d’achat Garro<br />
Création de Lun’s<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
905<br />
650<br />
118<br />
90<br />
9,2<br />
Points de vente<br />
1 350<br />
166 Pour Guildinvest et CDO, chiffre d’affaires 2010 : Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011 ;<br />
Pour les autres, chiffres d’affaires 2009 : Les Echos, Krys Group se réorganise et développe une enseigne low cost, 23 septembre 2010.<br />
846<br />
330<br />
132<br />
25<br />
1 983<br />
45
OPTIC 2000<br />
Le groupe Optic 2000 est l’un des leaders de la distribution<br />
d’optique en France avec ses enseignes Optic 2000<br />
et Lissac, acquise en 2005.<br />
Si une partie des points de vente utilise l’enseigne Optic<br />
2000 et que d’autres, plus minoritaires, ne le font pas, ils<br />
s’approvisionnent tous auprès de la centrale d’achat Gadol<br />
qui s’occupe de la distribution et de la communication<br />
des points de vente indépendants<br />
167 . Le groupe fonctionne<br />
ainsi comme une coopérative au<br />
sein de laquelle chaque adhérent<br />
à une voix. Toutefois, le groupe<br />
de tête du réseau semble avoir<br />
Depuis l’acquisition de Lissac, le groupe développe<br />
des points de vente en franchise et semble chercher de<br />
nouveaux relais de croissance, notamment sur le marché<br />
des prothèses auditives (Audio 2000) et du haut de gamme<br />
167 Les Echos, L’optique : secteur précurseur de l’avenir de la franchise, 13 novembre 2009.<br />
168 Consultation du site www.optic2000.com.<br />
169 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
170 Le Figaro, Johnny Hallyday – Optic 2000 : les vraies raisons du divorce, 24 mai 2012.<br />
171 Le Figaro, Optic 2000 mise sur Lissac et Audio 2000, 27 septembre 2012.<br />
46<br />
Figure 34 – Campagne de publicité Optic 2000<br />
une grande influence puisqu’il détermine la politique de<br />
la marque qu’il possède, de l’agencement des points de<br />
vente etc. 168 .<br />
La communication du groupe est particulièrement offensive<br />
et il est d’ailleurs l’un des premiers annonceurs du secteur<br />
de l’optique : les investissements publicitaires représenteraient<br />
plus de 3 % de son chiffre d’affaires 169 . Jusqu’en 2012,<br />
c’est le chanteur Johnny Hallyday<br />
qui assurait la promotion de la<br />
marque, dans des publicités<br />
connues du grand public 170 .<br />
que représente l’enseigne Lissac 171 .<br />
A ce jour, Optic 2000 offre la possibilité d’essayer des<br />
montures en ligne et de les réserver.
1962<br />
1969<br />
1999<br />
2005<br />
Groupe Optic 2000<br />
(ensemble du réseau)<br />
Lissac<br />
172 Consultation du site www.optic2000.com.<br />
173 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Création du « groupement d’achats des opticiens lunetiers »<br />
Création d’Optic 2000<br />
Création d’Audio 2000<br />
Acquisition de Lissac<br />
Figure 35 – Dates clés du groupe Optic 2000 172<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
1 018<br />
110<br />
Figure 36 – Chiffres clés du groupe Optic 2000 173<br />
Points de vente<br />
1 581<br />
200<br />
47
GROUPE ALL (ALLIANCE OPTIQUE)<br />
Alliance <strong>Optique</strong> est récent, puisqu’il est né en 2010 d’un<br />
rapprochement entre Alliance <strong>Optique</strong> et REV. Ce groupe,<br />
qui se présente comme le premier groupement d’opticiens<br />
indépendants (sans franchise ni unique enseigne), est une<br />
centrale d’achat qui offre à ses 1 830 adhérents (soit 1 670<br />
points de vente en France) des services et un accompagne-<br />
1998<br />
2010<br />
174 Consultation du site www.allianceoptique.fr.<br />
175 Consultation du site www.groupeall.fr.<br />
176 Acuité, Avec REV pour créer une force indépendante, 1 er février 2010.<br />
177 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
48<br />
Création d’Alliance <strong>Optique</strong><br />
ment large (formation, communication, etc.) 174 . Le groupe<br />
semble accorder une plus grande liberté à ses membres<br />
qui répondent moins à une politique commerciale unique.<br />
Il leur offre cependant la possibilité d’adopter l’enseigne<br />
« Les opticiens libres » 175 .<br />
Le groupe n’est pas présent dans la vente en ligne.<br />
Création du groupe All par acquisition du contrôle de REV<br />
Figure 37 – Dates clés du groupe All 176<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
Groupe ALL (France) 653 1 670<br />
Figure 38 – Chiffres clés du groupe All 177<br />
Points de vente
GROUPE HAL<br />
Le groupe néerlandais Hal, qui est aussi l’actionnaire<br />
principal de Safilo, détient le groupe GrandVision, issu<br />
de la fusion en 2010 entre l’américain Pearle Europe et le<br />
français GrandVision 178 . Groupe international, GrandVision<br />
Grand optical<br />
1989<br />
1990<br />
1991<br />
Solaris<br />
Générale<br />
d’optique<br />
1992<br />
1993<br />
1994<br />
Son objectif global est de se positionner comme le principal<br />
concurrent de Luxoticca, à travers une stratégie<br />
d’intégration verticale : Hal détient d’ailleurs, outre son<br />
réseau de distribution de détail, le fabricant de monture<br />
et principal concurrent du leader italien, Safilo.<br />
GrandVision possède en France les enseignes Grand<br />
Optical, Générale d’<strong>Optique</strong> et Solaris 181 . Chacune des<br />
enseignes possède des points de vente en propre mais<br />
aussi exploités en franchise. L’objectif du groupe en<br />
178 Hal Trust, Annual report 2011.<br />
Pearle<br />
+ vision<br />
1995<br />
1996<br />
1997<br />
179 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
180 Consultation du site www.grandvision.com.<br />
Apolo<br />
Avanzi<br />
Vision express<br />
Figure 39 – Principales acquisitions du groupe GrandVision 180<br />
181 Consultation des sites www.generale-optique.com et www.grandvision.com.<br />
182 Les Echos, GrandVision fusionne avec le néerlandais Pearle, 12 juillet 2010 ;<br />
Consultation du site www.grandoptical.com.<br />
183 Les Echos, GrandVision fusionne avec le néerlandais Pearle, 12 juillet 2010.<br />
possède plus de 4 600 points de vente à travers le monde<br />
(dans une quarantaine de pays) 179 et se positionne comme<br />
le leader européen et le numéro deux mondial de l’optique<br />
de détail 182 .<br />
SuperOptyk<br />
Eyewish<br />
Multioptical<br />
1998<br />
1999<br />
2000<br />
2001<br />
2002<br />
I92OPS<br />
Brilleland<br />
Synoptik<br />
Visual<br />
RotterKrausss<br />
Visilab<br />
Interoptik Lafam<br />
Ofotért OpticalLux<br />
Instrumentarium Fototica<br />
Nissen Lensmaster + Vision<br />
2003<br />
2004<br />
2005<br />
2006<br />
2007<br />
2008<br />
2009<br />
2010<br />
2011<br />
2012<br />
2013<br />
France est de proposer une offre complète avec des<br />
enseignes couvrant l’ensemble de la gamme, depuis<br />
l’entrée de gamme (avec Générale d’<strong>Optique</strong>) jusqu’au<br />
haut de gamme (GrandOptical) en passant par le solaire<br />
(Solaris) 183 . A l’exception de Solaris, il semble que ces<br />
enseignes n’offrent pas la possibilité d’effectuer d’achat<br />
par Internet.<br />
49
1989<br />
1991<br />
1993<br />
2003<br />
2004<br />
2005<br />
2007<br />
2009<br />
2010<br />
2011<br />
Générale d’optique<br />
GrandOptical<br />
Solaris<br />
50<br />
Ouverture du premier point de vente Grand optical<br />
Ouverture du premier point de vente Général d’<strong>Optique</strong><br />
Ouverture du premier point de vente Solaris<br />
Entrée de Hal au capital de GrandVision<br />
Rachat de Visual<br />
Acquisition de GrandVision par Hal<br />
Fusion avec Visual<br />
184 Consultation du site www.grandvision.com.<br />
185 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Acquisition de Safilo par Hal<br />
Fusion Pearle et GrandVision<br />
Regroupement des enseignes GrandOptical et<br />
Générale d’<strong>Optique</strong> au sein de GrandVision France<br />
Figure 40 – Dates clés du groupe GrandVision 184<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
345<br />
284<br />
23<br />
400<br />
200<br />
42<br />
Figure 41 – Chiffres clés du groupe GrandVision 185<br />
Points de vente dont franchisés<br />
120<br />
115
ALAIN AFFLELOU<br />
Le groupe Alain Afflelou est l’un des principaux communicants<br />
dans le secteur de l’optique et bénéficie à ce titre<br />
d’une forte notoriété auprès du grand public 186 , notamment<br />
pour des offres comme « tchin tchin ». Son diri-<br />
Le groupe Afflelou poursuit une stratégie offensive de<br />
différenciation par la marque, fondée sur une communication<br />
active autour d’innovations, promouvant régulièrement<br />
des offres promotionnelles nouvelles (« tchin tchin »,<br />
« next year », …) présentant à la fois des prix attractifs et<br />
des produits nouveaux.<br />
En outre, le groupe poursuit une stratégie de diversification<br />
en proposant deux nouvelles enseignes :<br />
— Claro Afflelou, qui se présente comme « un point de<br />
186 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
187 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Figure 42 – Page d’accueil du site www.alainafflelou.fr<br />
geant, Alain Afflelou, bénéficie lui-même d’une notoriété<br />
certaine, étant régulièrement apparu dans les campagnes<br />
de publicité du groupe.<br />
vente d’optique où tout a été pensé pour vous simplifier<br />
la vie », c’est-à-dire notamment que « vous connaissez le<br />
prix de vos lunettes à l’avance et sans surprise » ;<br />
— Afflelou acousticien, qui se spécialise dans l’offre auditive.<br />
Le réseau Afflelou se développe par les franchises et une<br />
forte présente à l’international puisque le groupe compte<br />
56 points de vente en Belgique, Suisse et Maroc, 12 au<br />
Portugal et 250 en Espagne (Afflelou Iberico).<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
Afflelou 606 722<br />
Figure 43 – Chiffres clés du groupe Afflelou (France) 187<br />
Points de vente<br />
Le site du groupe Afflelou présente ses activités en ligne mais ne semble pas offrir la possibilité d’y réaliser des achats.<br />
51
LES OPTICIENS MUTUALISTES<br />
L’enseigne a été créée en 1999 par la Fédération nationale<br />
de la Mutualité française qui défend depuis l’organisation<br />
de réseaux de soins toujours plus structurés et<br />
denses, notamment dans le secteur de l’optique. Regroupée<br />
avec un réseau d’audition mutualiste au sein de la<br />
société Visaudio, elle regroupe 673 points de vente.<br />
Le groupe profite de sa proximité avec les mutuelles (la<br />
Fédération nationale de la Mutualité française regroupe<br />
Les Opticiens Mutualistes 562 673<br />
Le groupe ne propose pas de produits sur internet.<br />
ATOL<br />
Le groupe Atol, connu pour ses publicités (faisant intervenir<br />
le chanteur « Antoine » ou la mannequin Adriana<br />
Karembeu), développe deux enseignes : Atol et La<br />
Centrale d’<strong>Optique</strong>. Atol fonctionne sur un modèle coopératif<br />
dans lequel les opticiens indépendants sont propriétaires<br />
des points de vente, Atol fournissant les produits et<br />
Atol Les Opticiens<br />
La Centrale d’<strong>Optique</strong><br />
188 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
189 Consultation du site www.lesopticiensmutualites.fr.<br />
190 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
191 Le Figaro, Atol mise plus que jamais sur le made in France, 31 août 2011.<br />
192 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
52<br />
95 % des mutuelles 188 ) pour proposer de meilleurs<br />
remboursements. Les Opticiens Mutualistes expliquent<br />
ainsi que « la dispense d’avance de frais se fait sur la part<br />
Sécurité sociale et sur la part complémentaire lorsque des<br />
accords ont été signés avec les organismes concernés.<br />
L’enseigne Les Opticiens Mutualistes propose un reste à<br />
charge maîtrisé, la pratique du tiers payant, des offres<br />
labellisées et un service après-vente performant » 189 .<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
Figure 44 – Chiffres clés du groupe Les Opticiens Mutualistes (France) 190<br />
Figure 45 – Chiffres clés du groupe Atol 192<br />
Points de vente<br />
la marque notamment.<br />
Atol met en avant des lunettes à des prix abordables, au<br />
design relativement simple et organise sa communication<br />
autour d’une production « made in France » 191 . Son<br />
site propose d’essayer des lunettes en ligne.<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
348 736<br />
Points de vente<br />
10
GROUPE SCHERTZ / LUZ<br />
Ce groupe familial a acquis la centrale d’achats Luz en<br />
2001, qui regroupe 1 100 points de vente. Il détient par<br />
Opticiens Maurice Frères<br />
Centrale Luz <strong>Optique</strong><br />
SOC. COS. EUROPTIC<br />
Cette centrale créée en 1978 compte 900 adhérents.<br />
En octobre 2012, elle a été rachetée par la centrale COI<br />
Soc. Cos. Europtic<br />
193 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
ailleurs l’enseigne Opticiens Maurice Frères qui a vingt<br />
points de vente.<br />
Synoptis, elle-même issue d’un partenariat entre le GIE<br />
Synoptis et Optic 2000 194 .<br />
194 Acuité, Synoptis s’adosse au groupe Optic 2000 pour des conditions commerciales améliorées, 21 septembre 2012.<br />
195 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
15<br />
1 100<br />
Figure 46 – Chiffres clés du groupe Schertz / Luz 193<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
308<br />
Figure 47 – Chiffres clés du groupe Soc. Cos. Europtic 195<br />
Points de vente<br />
20<br />
385<br />
Points de vente<br />
880<br />
53
1.3.3. Les opticiens en ligne<br />
> Présentation générale<br />
Le marché de l’optique en ligne est un marché relativement<br />
récent en France, qui s’est développé surtout depuis<br />
la fin des années 2000. Le premier site d’optique généraliste<br />
en ligne, Confort Visuel, a été créé en 2005 196 , le site<br />
Happyview en 2009 197 , <strong>Sensee</strong> en 2011 198 .<br />
La dimension exacte du canal de distribution en ligne<br />
reste difficile à déterminer. Le chiffre le plus couramment<br />
avancé est qu’il représenterait entre 0,1 % et 1 % du<br />
secteur 199 , estimé par GfK à 5,7 milliards d’euros 200 . L’institut<br />
semble d’ailleurs s’aligner sur l’hypothèse la plus<br />
prudente, avec un chiffre d’affaires estimé pour l’optique<br />
en ligne autour de 50 millions d’euros (environ 0,87%) 201 .<br />
D’après le Gouvernement, le canal de l’optique en ligne<br />
représentait cependant de 2 à 3 % du chiffre d’affaires de<br />
la profession en 2008 202 . C’est bien inférieur à la part de<br />
ce canal aux Etats-Unis, où la vente en ligne représenterait<br />
10 % du secteur 203 . En Allemagne, la part de marché<br />
de la distribution par Internet serait de 5 % au total 204 .<br />
> Les principaux acteurs de l’optique en ligne<br />
en France<br />
Ce canal de distribution concerne les ventes de produits<br />
d’optique à travers un site Internet. On peut y distinguer<br />
les acteurs selon leur offre (lunettes de vue, lunettes de<br />
196 Consultation du site www.confortvisuel.com.<br />
54<br />
soleil, lentilles de contact) ou selon leur modèle (pure player<br />
ou réseau partenaire par exemple). Les acteurs qui jouent<br />
un rôle prépondérant dans le développement de l’optique<br />
en ligne sont aujourd’hui les sites « généralistes » qui<br />
proposent l’ensemble de la gamme de produits, comme<br />
<strong>Sensee</strong> ou Happyview.<br />
Si ces acteurs ont développé des business models différents,<br />
avec ou sans lien avec des réseaux physiques, ils<br />
ont pour leur très grande majorité adopté une stratégie<br />
de concurrence par les prix vis-à-vis des opticiens traditionnels.<br />
SENSEE<br />
197 Les Echos, Happyview.fr veut inciter les Français à acheter leurs lunettes en ligne, 17 février 2011.<br />
198 Le Figaro, Le PDG de Meetic se lance dans les lunettes sur internet, 28 mars 2011.<br />
199 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011 ;<br />
Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />
e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />
200 GfK, Note Regards Mars 2012, 2012<br />
201 choisirseslunettes.com, Les 10 chiffres clés du marché de l’optique, 28 septembre 2011.<br />
Créé par le fondateur de Meetic Marc Simonicini, le site<br />
a été lancé après le rachat et le développement par l’entrepreneur<br />
du leader de la vente de lentilles de contact<br />
en ligne Lunettesmoinschères.com avec pour objectif de<br />
« diviser par deux la facture d’optique des Français » 205 .<br />
<strong>Sensee</strong> est un pure player et dispose d’un showroom à<br />
Paris. Le site a connu une croissance très rapide entre<br />
2010 et 2011 puisque son chiffre d’affaires est passé d’un<br />
peu moins de 70 000 euros entre septembre et décembre<br />
2010 à 4,3 millions d’euros un an plus tard 206 .<br />
Le site propose plus de 2 000 modèles, dont les prix<br />
commencent à 39 euros 207 et vend des lunettes correctrices,<br />
des lunettes de soleil et des lentilles de contact.<br />
202 Secrétariat d’Etat chargé du commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />
libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />
juin 2011.<br />
203 Consultation du comparateur www.optico.net .<br />
204 Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011.<br />
e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />
205 BFM, « Alain Afflelou a raison, les lunettes sur internet ne seront pas un succès » estime Marc Simoncini, fondateur de <strong>Sensee</strong>.com,<br />
26 juin 2012.<br />
206 Infogreffes.<br />
207 Consultation du site www.sensee.com.
Les verres sont fournis par « un verrier de renommée<br />
mondiale parmi les leaders sur le marché européen ».<br />
Les montures proposées sont issues de soixante marques<br />
différentes 208 .<br />
HAPPYVIEW<br />
Happyview a été créé en 2009 par Marc Adamowicz, qui a<br />
travaillé chez Krys pendant 12 ans et en a dirigé le marketing<br />
209 . En 2011, le site est devenu le premier site dont<br />
l’opticien a été agréé par la sécurité sociale et à signer un<br />
accord avec 25 compagnies d’assurances appartenant au<br />
groupe Santéclair (qui signait par la même occasion un<br />
accord avec le site lentilles-moins-chères) 210 . En octobre<br />
2012, l’entreprise a acquis le spécialiste de la vente de<br />
lentilles de contact en ligne malentille.com.<br />
Comme <strong>Sensee</strong>, Happyview est un pure player. Il a cependant<br />
noué des partenariats avec une vingtaine d’opticiens<br />
en France qui peuvent effectuer les ajustements<br />
nécessaires ou proposer des produits complémentaires,<br />
mais pas les mêmes avantages commerciaux 211 . Le site<br />
a également mis en place un point de vente « témoin »<br />
qui permet aux internautes de réaliser leurs mesures ou<br />
ajustements « physiquement » s’ils le souhaitent 212 .<br />
Happyview.fr propose des lunettes de vue, des lunettes<br />
de soleil et des lentilles de contact ainsi que des produits<br />
d’audition. Le site visait un chiffre d’affaires de 1,8<br />
million d’euros en 2010-2011 213 et aurait servi 15 000<br />
clients en 2010 214 .<br />
208 Consultation du site www.sensee.com.<br />
209 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011.<br />
Happyview.fr vend entre 70 et 90 paires de lunettes par<br />
jour pour un panier moyen de 100 euros 215 . Il propose<br />
plus de 700 modèles et 16 marques de montures, dont<br />
300 modèles en marque « propre » 216 . Les verres sont<br />
fabriqués « par un verrier français leader du secteur » 217 .<br />
DIRECT OPTIC<br />
Fondé en 2008, le site Direct Optic vend ses produits<br />
en ligne au même titre que <strong>Sensee</strong> et Happyview mais<br />
a également choisi de mettre en place une chaine de<br />
points de vente physiques qui proposent d’effectuer<br />
gratuitement les mesures et les ajustements. Ils commercialisent<br />
aussi des lunettes dont les prix sont inférieurs de<br />
10 à 20 % à ceux proposés dans les enseignes dites « traditionnelles<br />
» 218 .<br />
L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires d’ 1,64 million<br />
d’euros au 31 décembre 2010, pour un exercice de<br />
16 mois 219 .<br />
Son site propose plus de 1 000 modèles, dont 500 à partir<br />
de 39 euros 220 . Les ventes de lunettes ont augmenté<br />
de plusieurs centaines de lunettes par mois en 2009 à<br />
plusieurs centaines par semaine en 2010 221 .<br />
OPTICIEN 24<br />
210 Le Figaro, Les assureurs santé s’intéressent aux opticiens en ligne, 22 avril 2011.<br />
211 Consultation du site www.happyview.fr.<br />
212 Capital, Happyview, l’art de percer sur un marché verrouillé, 24 janvier 2012.<br />
213 La Tribune, Happyview.fr vise une ambitieuse levée de fonds, 9 juin 2011.<br />
214 Le Parisien, Contrepoint : Marc Adamowicz, fondateur du site internet Happyview, 21 mai 2012.<br />
215 Le Figaro, Les opticiens en ligne se mettent à la pub télé, 18 novembre 2011.<br />
216 Capital, Happyview, l’art de percer sur un marché verrouillé, 24 janvier 2012.<br />
217 Consultation du site www.happyview.fr.<br />
218 Le Figaro, Batailles autour des lunettes sur internet, 22 janvier 2010.<br />
219 Infogreffes.<br />
220 Le Figaro, Batailles autour des lunettes sur internet, 22 janvier 2010.<br />
221 Le Figaro, Batailles autour des lunettes sur internet, 22 janvier 2010.<br />
Opticien 24 est la filiale française du groupe d’optique<br />
en ligne allemand Brille 24, lancé en 2007 en Allemagne,<br />
qui est un leader sur le marché européen avec 600 000<br />
clients enregistrés sur les différents sites 222 . Il a ainsi<br />
222 Presseportal.de, Finanzierungsrunde für Brille24 : TIME unterstützt Wachstum des Online-Optikers mit bis zu 12 Millionen Euro,<br />
6 septembre 2012.<br />
55
vendu 220 000 lunettes en 2011 223 , avec un prix d’appel<br />
de 39,90 euros.<br />
Lancé en 2011, le site diffuse peu d’information financière.<br />
Le site propose uniquement des lunettes, avec<br />
un prix unique de 49 euros pour des verres unifocaux<br />
et de 149 euros pour des verres progressifs sur ses 500<br />
modèles 224 . En revanche, le site n’offre pas de montures<br />
de marque. Les verres progressifs « proviennent d’Allemagne<br />
» 225 .<br />
MISTERSPEX<br />
Créé en 2008 en Allemagne, le site d’optique en ligne<br />
Misterspex a créé une filiale française Misterspex France<br />
en 2010.<br />
Misterspex France propose de lunettes de vue, de soleil<br />
ainsi que de lentilles de contact 226 . Son offre s’appuie<br />
principalement sur 5 000 modèles de marque, avec un<br />
prix d’appel à 39 euros. Le groupe propose des verres<br />
Carl Zeiss.<br />
Il s’agit là aussi d’un pure player. En Allemagne cependant,<br />
pour permettre à ses clients d’essayer leurs lunettes,<br />
le groupe Misterspex a développé des partenariats avec<br />
plus de 260 opticiens, qui perçoivent une commission<br />
sur le chiffre d’affaires ainsi généré 227 .<br />
Si les comptes de Misterspex France ne sont pas déposés<br />
56<br />
auprès du tribunal de commerce, les résultats du groupe<br />
montrent une croissance très forte et un chiffre d’affaires<br />
qui en fait l’un des leaders du marché européen, et le<br />
10 e opticien allemand 228 . Le chiffre d’affaires du groupe<br />
serait ainsi passé de 11 millions d’euros en 2010 à 17<br />
millions d’euros en 2011 229 . Il devrait atteindre un chiffre<br />
d’affaires de 25 millions d’euros en 2012 selon son fondateur<br />
Dirk Graber et 400 000 clients enregistrés 230 .<br />
EASY-VERRES<br />
Le site Easy-verres.com a été fondé en 2010 par Fadi<br />
Farah et Jean Pollier. Il souhaite se développer sur un<br />
modèle unique en son genre, inspiré de la vente de pneus<br />
sur Internet : l’internaute achète séparément les verres et<br />
la monture de son choix sur Internet, les produits lui étant<br />
ensuite livrés gratuitement à domicile. Il lui faut ensuite<br />
se rendre dans l’un des 650 opticiens « physiques » partenaires<br />
pour réaliser le montage et les ajustements, opérations<br />
qui ont déjà été réglées en ligne 231 . Les résultats de<br />
l’entreprise ne sont pas disponibles.<br />
Easy-verres.com propose à ses clients des verres Sola<br />
(filiale du groupe Zeiss) et Claire Vision 232 , et « joue sur<br />
la transparence de ses fournisseurs » 233 . Le site propose<br />
également plus de 400 modèles de marques plus ou<br />
moins connues 234 .<br />
223 Presseportal.de, Finanzierungsrunde für Brille24 : TIME unterstützt Wachstum des Online-Optikers mit bis zu 12 Millionen Euro,<br />
6 septembre 2012.<br />
224 Consultation du site www.opticien24.fr.<br />
225 Consultation du site www.opticien24.fr.<br />
226 Consulation du site www.misterspex.fr.<br />
227 Tagesspiegel, Online Brille kaufen anstatt in der Filiale : Durchblick aus dem Netz, 11 novembre 2012.<br />
228 Tagesspiegel, Online Brille kaufen anstatt in der Filiale : Durchblick aus dem Netz, 11 novembre 2012<br />
229 Deutsche-startups.de, Online-Handel mit Brillen ein Rückfall ins Mittelalter, 7 mai 2012.<br />
230 Sächsische Zeitung, Auge um Auge, 17 novembre 2012.<br />
231 L’entreprise.com, Easy-verres.com : l’e-opticien qui mise sur la transparence, 2 décembre 2010.<br />
232 Le Figaro, Easy-verres.com invente les lunettes en kit sur internet, 25 mai 2010.<br />
233 L’entreprise.com, Easy-verres.com : l’e-opticien qui mise sur la transparence, 2 décembre 2010.<br />
234 Consulation du site www.easy-verres.com.
1.4. Les clients et consommateurs de produits<br />
d’optique sur le marché français<br />
1.4.1. Profils des consommateurs français de produits d’optique : une population<br />
largement concernée<br />
> Entre six et sept Français sur dix concernés<br />
Le marché de la distribution comprend un très grand<br />
nombre de consommateurs finals potentiels, puisqu’environ<br />
six Français sur dix (64 %) 235 portent des lunettes et<br />
64%<br />
Lunettes<br />
uniquement<br />
Ces statistiques semblent d’ailleurs être communes à<br />
l’ensemble des pays développés. Ainsi, aux Etats-Unis,<br />
environ 64 % de la population porterait des lunettes 238 ,<br />
235 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012. Ces évaluations confirment celles qu’indiquent i) le SYFFOC sur son<br />
site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes ; ii) un sondage réalisé pour HappyView en<br />
2011, selon lequel 63 % des Français portent des lunettes.<br />
236 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012 ; ces évaluations confirment celles qu’indiquent le SYFFOC sur son<br />
site internet, pour l’année 2002 : à l’époque environ 60 % des Français portaient des lunettes.<br />
237 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
238 Consultation du site www.glasscrafter.com.<br />
2%<br />
Lentilles<br />
correctrices<br />
seulement<br />
deux sur cent (2 %) des lentilles ; près de sept sur cent<br />
portent même les deux (7 %). Seul un quart des Français<br />
ne porte aucune correction, alors qu’au final plus de trois<br />
sur quatre (73 %) en portent 236 .<br />
7%<br />
Lunettes et<br />
Lentilles<br />
Figure 48 – Proportion de Français portant des corrections 237<br />
26%<br />
Aucune<br />
correction<br />
taux comparable à ce que l’on constate aussi en Espagne<br />
ou au Royaume-Uni par exemple.<br />
57
Espagne 239<br />
Etats-Unis 240<br />
France<br />
Royaume-Uni 241<br />
239 Instituto nacional de estadistica, Utilizacion de gafas o lentillas segun sexo y grupo de edad. Poblacion de 16 y mas anos, 2009.<br />
240 Consultation du site www.glasscrafter.com.<br />
241 Optical Confederation, Optics at a Glance 2011, décembre 2011.<br />
242 Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique – Troubles de la réfraction – Délivrance des verres corecteurs<br />
par les opticiens dans le cadre d’un renouvellement, février 2010.<br />
58<br />
%<br />
porteurs de<br />
lunettes<br />
60 %<br />
64 %<br />
64 %<br />
61 %<br />
Les porteurs de lunettes sont, dans leur majorité (55 %),<br />
des femmes. Leur âge est supérieur à la moyenne nationale<br />
puisque près de la moitié (48 %) a plus de 55 ans, contre<br />
37 % dans l’ensemble de la société française. Ils sont d’ailleurs<br />
retraités pour plus du tiers d’entre eux (35 %, contre<br />
27 % en moyenne en France).<br />
> Les consommateurs par type de défaut visuel<br />
S’il n’existe aucune étude permettant de connaître de<br />
%<br />
porteurs de<br />
lentilles<br />
11 %<br />
9 %<br />
7,2 %<br />
Figure 49 – Part de la population portant des corrections<br />
%<br />
porteurs de<br />
correction<br />
75 %<br />
71 %<br />
68 %<br />
manière précise la répartition et la fréquence des<br />
troubles visuels parmi les Français, la Haute Autorité de<br />
Santé, se reposant sur une étude du Syndicat National des<br />
Ophtalmologistes de France (SNOF) retient cependant les<br />
statistiques suivantes 242 :<br />
— myopes : 29 % de la population ;<br />
— astigmates : 15 % de la population ;<br />
— hypermétropes : 9 % de la population ; et<br />
— presbytes : 26 % à 36 % de la population.
1.4.2. Les motivations de l’acte d’achat à l’heure d’une dépense optique<br />
> La dimension financière, déterminante dans la<br />
motivation de l’acte d’achat<br />
Rapport qualité /<br />
prix des montures<br />
Tiers payant<br />
Rapport qualité /<br />
prix des verres<br />
Montant du<br />
remboursement<br />
92%<br />
243 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
244 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
245 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
246 Opinion Way – Association française des opticiens sur internet, Satisfaction comparée des acheteurs de lunettes sur internet vs en point<br />
de vente, octobre 2011.<br />
247 Sondages concordants cités par La Croix, De nouvelles formes de concurrence sur le marché de l’optique, 21 septembre 2010 ;<br />
et Le Parisien, Le marché de l’optique en quelques chiffres, 21 septembre 2010.<br />
248 LSA, Les Français trouvent les lunettes trop chères, 17 juin 2010.<br />
Parmi les critères déterminant l’achat, le sondage Ipsos<br />
pour la Mutualité française de septembre 2012 révèle que<br />
les aspects financiers sont primordiaux 243 .<br />
93%<br />
Figure 50 - Proportion des critères financiers jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 244<br />
L’attention portée aux prix par les consommateurs se<br />
révèle à travers divers comportements préalables à l’achat.<br />
Par exemple, près de quatre acheteurs sur dix (37 %)<br />
établissent des comparaisons de prix avant de consommer<br />
245 . Ils prêtent aussi une attention particulière aux<br />
remboursements que leur proposent l’Assurance maladie<br />
et leurs complémentaires (voir plus bas).<br />
Il faut établir une distinction entre les consommateurs<br />
en point de vente et ceux sur Internet, pour lesquels la<br />
dimension « prix » semble plus importante encore. Alors<br />
94%<br />
94%<br />
que le prix est de loin et clairement la première motivation<br />
de l’achat sur Internet, l’achat en point de vente est<br />
motivé par l’habitude : pour près de la moitié des consommateurs<br />
en point de vente, le fait d’avoir déjà acheté<br />
leurs lunettes précédentes en point de vente explique le<br />
recours à ce canal de distribution 246 .<br />
Les lunettes restent des produits coûteux. A ce titre, près<br />
des trois quarts des consommateurs jugent que les prix<br />
des lunettes sont excessifs 247 et près de sept Français sur<br />
dix considèrent qu’ils ne sont pas justifiés 248 .<br />
59
75<br />
70<br />
65<br />
60<br />
55<br />
50<br />
249 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
250 LSA, Les Français trouvent les lunettes trop chères, 17 juin 2010.<br />
251 Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, Credoc, Garantir l’accès aux soins des catégories modestes : l’exemple de<br />
l’optique, Points de repère n°37, février 2012.<br />
60<br />
72%<br />
Les prix des lunettes<br />
sont trop élevés<br />
La possession de lunettes est, d’ailleurs, en partie liée<br />
au niveau de vie des consommateurs. Ainsi, si 10 % des<br />
consommateurs dont les revenus sont supérieurs à 2 500<br />
euros mensuels possèdent à la fois des lentilles et des<br />
lunettes, ce n’est le cas que de 5 % de ceux dont les revenus<br />
sont inférieurs à ce seuil 249 . En outre, si 71 % des<br />
hauts revenus portent des lunettes, ce n’est le cas que de<br />
55 % des revenus les plus bas 250 .<br />
Ces prix jugés « excessifs » semblent en outre conduire à<br />
des renoncements aux soins, les restes à charge pouvant<br />
être importants, laissant le choix aux seuls consommateurs<br />
Figure 51 – Jugement des Français sur les prix des lunettes<br />
68%<br />
Les prix des lunettes<br />
ne sont pas justifiés<br />
les plus fortunés. A titre d’exemple, une étude récente<br />
de l’Assurance maladie et du CREDOC a relevé qu’environ<br />
10 % des bénéficiaires de la CMU-C réalisaient une dépense<br />
d’optique chaque année 251 . Parmi eux, 38 % sont confrontés<br />
à un reste à charge qui est élevé puisqu’il représente environ<br />
156 euros en moyenne et qui est subi (54 % d’entre eux<br />
ont le sentiment de « ne pas avoir eu le choix concernant<br />
le reste à charge auquel ils ont eu à faire face »). L’étude<br />
relève en outre que près d’un consommateur concerné sur<br />
quatre préfère sortir de l’offre « CMU », les produits étant<br />
peu esthétiques et le choix étant très réduit.
75<br />
70<br />
65<br />
60<br />
55<br />
50<br />
71%<br />
252 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
253 Que choisir, Certains prix font mal aux yeux, n°495, septembre 2011.<br />
55%<br />
Hauts revenus Bas revenus<br />
Figure 52 – Proportion de Français portant des lunettes, par niveau de revenus<br />
> La dimension conseil dans l’acte d’achat,<br />
essentielle et très incitative<br />
Un second critère déterminant l’achat est la dimension «<br />
conseil », délivrée par l’opticien 252 . Le client recherche<br />
en effet avant tout la disponibilité et l’écoute. Cela s’explique<br />
certainement par le très grand nombre de produits<br />
et les difficultés à lire les prix 253 .<br />
Le Conseil de la concurrence avait ainsi relevé que<br />
« les opticiens ont une grande influence sur le choix des<br />
consommateurs, pour plusieurs raisons : leur fonction se<br />
situe dans le secteur paramédical ; des choix techniques<br />
peuvent intervenir au moment de l’adaptation des verres<br />
à la monture ; l’éventail de l’offre proposée au consommateur<br />
est très large ; les prix ne sont pas déterminables<br />
sans l’aide de l’opticien » 254 . L’Autorité de la concurrence<br />
est allée dans le même sens plus récemment, en notant<br />
que « le rôle de l’opticien est décisif dans le choix par le<br />
patient de ses montures, de ses verres correcteurs ou de<br />
ses lentilles de contact » 255 .<br />
254 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
255 Autorité de la concurrence, Avis n°10-A-11 du 7 juin 2010 relatif au Conseil interprofessionnel de l’optique.<br />
61
62<br />
Choix<br />
des montures<br />
Délai d’obtention<br />
des lunettes<br />
Qualité des<br />
conseils<br />
Disponibilité et<br />
écoute<br />
88%<br />
90%<br />
94%<br />
96%<br />
Figure 53 - Proportion des critères « conseil » jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 256<br />
Les opticiens semblent avoir d’autant plus intérêt à<br />
entretenir ce contact qu’il accroît la probabilité de l’acte<br />
d’achat. Le directeur du marketing stratégique d’Essilor<br />
explique ainsi que « le porteur de lunettes avec verres<br />
antibuée devra se rendre en point de vente tous les<br />
quatre à cinq mois pour acheter une nouvelle bouteille<br />
[de liquide spécial]. Or, il a été démontré que le client<br />
change plus souvent de lunettes quand le nombre de<br />
1.4.3. L’optique dans le budget moyen des ménages<br />
Les Français font partie des plus gros consommateurs de<br />
produits d’optique en Europe 259 : en dix ans (2000 – 2010),<br />
leur consommation a augmenté de 60 % environ 260 . Selon<br />
les statistiques disponibles, les Français ne renouvèleraient<br />
leurs lunettes que tous les trois ans et demi 261 (soit<br />
256 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
257 Le Figaro, Essilor voit grand avec ses verres antibuée, 27 août 2011.<br />
258 Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, Credoc, Garantir l’accès aux soins des catégories modestes : l’exemple de<br />
l’optique, Points de repère n°37, février 2012.<br />
259 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
260 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
261 Consultation du site www.choisir-ses-lunettes.com.<br />
262 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
contacts avec son opticien augmente » 257 .<br />
Cette incitation à la consommation semble d’ailleurs<br />
confirmée par l’étude précitée de l’Assurance maladie et<br />
du CREDOC qui s’intéresse au rôle de conseil de l’opticien<br />
vis-à-vis du consommateur et relève que « dans près d’un<br />
cas sur dix, il l’aurait même poussé à la consommation,<br />
augmentant ainsi le sentiment des bénéficiaires d’avoir à<br />
subir leur reste à charge » 258 .<br />
un peu moins d’un tiers par an). Ce chiffre est légèrement<br />
inférieur à celui qu’indique un sondage récent (septembre<br />
2012) selon lequel 42 % des Français ont réalisé un achat<br />
dans l’année précédente 262 .
L’optique représente une dépense annuelle significative<br />
pour les ménages. En 2010, chaque Français a dépensé<br />
environ 84 euros à l’achat d’équipements optiques (et<br />
191 euros par ménage), en augmentation de près de 50 %<br />
sur une décennie (+49,6 %). Si l’on ne considère que les<br />
par Français<br />
par consommateur potentiel<br />
Le secteur de la vente au détail d’optique est très dynamique<br />
et bien supérieur au pouvoir d’achat. Il augmente<br />
de 2,8 % en volume et 4,1 % en valeur par an en moyenne<br />
depuis 2002 266 . Depuis 2004, la consommation en volume<br />
augmente de 3 % en moyenne annuelle et la consommation<br />
263 Soit une population totale de 62,96 millions de Français en 2010, à budget moyen de 84 euros annuels, le marché global serait d’environ<br />
5,30 milliards d’euros en 2010. Rapporté à une population de consommateurs potentiels représentant 64 % de la population totale (soit<br />
40,30 millions de consommateurs), ce chiffre conduit à une consommation moyenne de 131,25 euros par consommateur et par an.<br />
264 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
265 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
266 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Figure 54 – Dépense moyenne annuelle en euros 265<br />
1.4.4. Les dynamiques haussières de la demande :<br />
système de santé et vieillissement<br />
consommateurs potentiels (64 % de la population), cela<br />
amène à un budget de 130 euros environ par an 263 .<br />
L’optique est ainsi le poste le plus dynamique au sein de<br />
la catégorie « équipement de la personne » 264 .<br />
euros<br />
84<br />
130<br />
de 4,1 % en valeur, ce qui est bien supérieur au pouvoir<br />
d’achat mesuré par l’INSEE qui n’a augmenté que de 1,6 %<br />
en moyenne annuelle. Le dynamisme du marché n’a pas été<br />
affecté par la crise économique actuelle.<br />
63
64<br />
6<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
Volume<br />
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010<br />
Valeur Pouvoir d’achat<br />
Figure 55 – Croissance annuelle (%) en volume et en valeur de la consommation de produits d’optique 267 et du pouvoir d’achat 268<br />
La demande des produits d’optique est soutenue par deux<br />
dynamiques principales et majeures (outre l’offre marketing<br />
des producteurs et distributeurs) : le système de santé<br />
SÉCURITÉ<br />
SOCIALE<br />
OPHTALMOLOGISTES<br />
267 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
MARCHÉ DE L’OP-<br />
TIQUE<br />
Figure 56 – Les déterminants des dynamiques du marché de l’optique<br />
268 INSEE, Revenu, pouvoir d’achat et consommation des ménages, 2012.<br />
publique français d’une part et les évolutions démographiques<br />
de la société française d’autre part.<br />
COMPLÉMENTAIRES OFFRE DES<br />
PRODUCTEURS ET<br />
DISTRIBUTEURS<br />
VIEILLISSEMENT DE<br />
LA POPULATION<br />
FRANÇAISE
Le système de santé est un acteur tiers mais essentiel dans<br />
la relation entre le consommateur et le distributeur des<br />
produits d’optique (voir plus bas). Il intervient en premier<br />
lieu comme prescripteur de la dépense d’optique (à travers<br />
les ophtalmologistes) et en second lieu comme payeur, au<br />
moins partiel, de cette dépense (à travers les remboursements<br />
de la Sécurité sociale et des complémentaires). Par<br />
ailleurs, des campagnes de prévention participent de l’encouragement<br />
à l’achat.<br />
La démographie de la population française, marquée par<br />
son vieillissement, est un autre facteur déterminant de la<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
1992<br />
1993<br />
1994<br />
1995<br />
dynamique à venir du marché de l’optique. En effet, plus<br />
ils sont âgés, plus les Français sont susceptibles de porter<br />
des lunettes : 92 % des plus de 50 ans en ont 269 . Or, la part<br />
des « seniors » dans la population française (comme celle<br />
des retraités 270 ) ne devrait cesser de croître : alors que les<br />
plus de soixante ans représente 23,4 % de la population<br />
française aujourd’hui 271 , ce taux devrait passer à 27,3 % en<br />
2020 272 et même à près de 32 % en 2050 273 . La Figure<br />
57 illustre d’ailleurs que l’augmentation du nombre de<br />
porteurs de lunettes est continue depuis près de vingt ans.<br />
Figure 57 – Pourcentage de porteurs de lunettes dans la population française 274<br />
269 Happy View, Alven Capital, Communiqué de presse, 15 février 2011.<br />
270 DREES, Les retraités et les retraites en 2010, <strong>Etude</strong> et résultats n°790, février 2012.<br />
271 INSEE, Population par sexe et groupes d’âges quinquennaux, extrait de Tableaux de l’économie française, 2012.<br />
272 Credoc, <strong>Etude</strong> sur l’impact du vieillissement de la population sur l’offre et la demande de biens et services de consommation, juin 2010.<br />
273 INSEE, Population par âge, extrait de Tableaux de l’économie française, 2010.<br />
1996<br />
1997<br />
1998<br />
1999<br />
274 Consultation du site www.ecosante.fr ; site réalisé en partenariat avec IRDES, DREES, Assurance Maladie, Mutualité française, RSI, MSA et<br />
le Québec.<br />
2000<br />
2001<br />
2002<br />
2003<br />
2004<br />
2005<br />
2006<br />
2007<br />
2008<br />
65
1.5. Un tiers essentiel : le système de santé<br />
1.5.1. A l’origine de la prescription : les ophtalmologistes<br />
Les ophtalmologistes sont des médecins spécialisés en<br />
ophtalmologie, dont la mission consiste en « la surveillance,<br />
l’amélioration ou le maintien de la santé de l’appareil<br />
visuel et de ses annexes », selon l’Académie d’ophtalmologie.<br />
> Une population urbaine et vieillissante<br />
La France compte environ 5 500 ophtalmologistes 275 ,<br />
soit environ 8,8 pour 100 000 habitants. Avec 43 % de<br />
ses effectifs de sexe féminin, cette profession est plus<br />
féminisée que la moyenne des médecins (37 %) 276 et son<br />
exercice français est peut-être le plus féminisé de toute<br />
l’OCDE 277 . La moyenne d’âge des ophtalmologistes est<br />
relativement élevée puisque près de 70 % d’entre eux<br />
ont plus de cinquante ans. Au total, 84 % de ces médecins<br />
exercent en libéral. Un peu plus du quart d’entre eux<br />
(26 %) est situé en région parisienne alors que près<br />
de 70 % exercent dans une agglomération de plus de<br />
100 000 habitants (région parisienne incluse) 278 .<br />
275 DREES, Les médecins en France – estimations au 1 er janvier 2010, série statistique n°152, février 2011.<br />
276 Académie Française d’Ophtalmologie, Les besoins en ophtalmologistes d’ici 2030, mars 2011.<br />
277 SNOF, L’ophtalmologie et la filière visuelle en France. Perspectives et solutions à l’horizon 2025-2030 ; aspects démographiques,<br />
paramédicaux, juridiques et économiques, avril 2006.<br />
278 DREES, Les médecins en France – estimations au 1er janvier 2009, série statistique n°138, février 2011.<br />
279 Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique – Troubles de la réfraction – Délivrance des verres correcteurs par les<br />
opticiens dans le cadre d’un renouvellement, février 2010.<br />
280 Article L.4362-10 du code de la santé publique issu de la loi n°2006-1640 du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité sociale.<br />
281 Article L.4362-9 du code de la santé publique.<br />
66<br />
> Des prescripteurs essentiels, mais concurrencés<br />
Les ophtalmologistes sont les principaux prescripteurs<br />
de corrections d’optique : ils interviennent en premier<br />
lieu dans le processus qui conduira (éventuellement) à<br />
l’achat de corrections optiques.<br />
Les tendances récentes vont vers une concurrence accrue<br />
sur cette activité. En effet, si les ophtalmologistes ont le<br />
monopole de la délivrance première des ordonnances de<br />
prescription des verres correcteurs 279 , les opticiens-lunetiers<br />
peuvent, depuis 2007, intervenir dans le cadre du<br />
renouvellement des prescriptions médicales de moins<br />
de trois ans 280 , sauf si le médecin s’y est opposé ou si le<br />
patient a moins de seize ans 281 .<br />
Au total, les ophtalmologistes, qu’ils exercent en libéral<br />
ou en secteur hospitalier, réalisent annuellement environ<br />
10 millions d’actes comprenant une prescription optique,<br />
dont 5,2 millions sont liées à une réfraction. Parmi ces<br />
actes, environ 1,4 million concernent des personnes de<br />
moins de 16 ans et 3,8 millions des personnes plus âgées.
DATE DE MOINS<br />
DE 3 ANS<br />
PAS D’OPPOSITION<br />
DU MÉDECIN À<br />
L’ADAPTATION PAR<br />
L’OPTICIEN<br />
RENDEZ-VOUS CHEZ<br />
L’OPTICIEN OU CHEZ<br />
L’OPHTALMOLOGISTE<br />
Le système de santé français organise le remboursement<br />
d’une partie (ou de l’intégralité) des soins des patients.<br />
> La sécurité sociale<br />
VOUS AVEZ PLUS<br />
DE 16 ANS<br />
VOTRE<br />
ORDONNANCE<br />
1.5.2. A la source du remboursement : la sécurité sociale, les complémentaires<br />
de santé<br />
Les corrections optiques sont prises en charge par l’Assurance<br />
maladie lorsqu’elles font l’objet d’une prescription<br />
médicale. Les lunettes et les lentilles font l’objet d’un<br />
OPPOSITION DU<br />
MÉDECIN À<br />
L’ADAPTATION PAR<br />
L’OPTICIEN<br />
Figure 58 – Prescriptions de verres correcteurs 282<br />
282 Haute Autorité de Santé, Document d’information destiné aux usagers – Renouveler ses lunettes de vue : mode d’emploi, mars 2011.<br />
283 Consultation du site de l’Assurance maladie (www.ameli.fr), novembre 2012.<br />
DATE DE PLUS<br />
DE 3 ANS OU EST<br />
INTROUVABLE<br />
RENDEZ-VOUS CHEZ<br />
L’OPHTALMOLOGISTE<br />
VOUS AVEZ MOINS<br />
DE 16 ANS<br />
traitement différent.<br />
Les lunettes (montures et verres) sont remboursées à 60 %<br />
depuis le 2 mai 2011 (contre 65 % auparavant) sur la base<br />
de tarifs « officiels ». Ces tarifs sont déterminés par la<br />
liste des produits et prestations (« LPP ») et varient en<br />
fonction de l’âge du patient (selon s’il a plus ou moins de<br />
18 ans 283 ).<br />
67
MONTURES<br />
Remboursées à 60 % sur la base d’un tarif fixé à :<br />
VERRES<br />
Remboursés à 60 % sur la base de tarifs variables<br />
selon le degré de correction :<br />
Verre blanc simple foyer, sphère de -6,00 à +6,00<br />
Verre blanc simple foyer, sphère de -6,25 à -10,00<br />
Verre blanc simple foyer, sphère de +6,25 à +10,00<br />
Verre blanc simple foyer, sphère hors zone<br />
de -10,00 à +10,00<br />
Verre blanc simple foyer, cylindre<br />
< ou = à +4,00, sphère de -6,00 à +6,00<br />
Verre blanc simple foyer, cylindre<br />
< ou = à +4,00, sphère hors zone de -6,00 à +6,00<br />
Verre blanc simple foyer, cylindre<br />
> à +4,00, sphère de -6,00 à +6,00<br />
Verre blanc simple foyer, cylindre<br />
> à +4,00, sphère hors zone de -6,00 à +6,00<br />
Verre blanc multifocal ou progressif,<br />
sphère de -4,00 à +4,00<br />
Verre blanc multifocal ou progressif,<br />
sphère hors zone de -4,00 à +4,00<br />
Verre blanc multifocal ou progressif,<br />
sphère de -8,00 à +8,00<br />
Verre blanc multifocal ou progressif,<br />
sphère hors zone de -8,00 à +8,00<br />
284 Consultation du site de l’Assurance maladie (www.ameli.fr), novembre 2012.<br />
68<br />
30,49 euros<br />
12,04 euros<br />
26,68 euros<br />
26,68 euros<br />
44,97 euros<br />
14,94 euros<br />
36,28 euros<br />
27,90 euros<br />
46,50 euros<br />
39,18 euros<br />
43,30 euros<br />
43,60 euros<br />
66,62 euros<br />
Figure 59 – Remboursements des lunettes établis par l’Assurance maladie 284<br />
Moins de 18 ans Plus de 18 ans<br />
2,84 euros<br />
2,29 euros<br />
4,12 euros<br />
4,12 euros<br />
7,62 euros<br />
3,66 euros<br />
6,86 euros<br />
6,25 euros<br />
9,45 euros<br />
7,32 euros<br />
10,82 euros<br />
10,37 euros<br />
24,54 euros
Les lentilles prescrites médicalement sont prises en charge<br />
par l’Assurance maladie à 60 % (contre 65 % auparavant)<br />
sur la base d’un forfait annuel fixé à 39,48 euros par œil<br />
appareillé. Ce niveau de remboursement est valable pour<br />
tous les types de lentilles mais uniquement pour certaines<br />
indications : astigmatisme irrégulier, myopie égale ou<br />
inférieure à 8 dioptries, strabisme accomodatif, aphakie,<br />
anisoométropie à 3 dioptries, kératocône 285 .<br />
> Les complémentaires<br />
Les complémentaires de santé recouvrent à la fois des<br />
mutuelles, des institutions de prévoyance et des sociétés<br />
d’assurance 286 . Elles interviennent pour couvrir la part<br />
des dépenses de soins et de biens médicaux non remboursée<br />
par l’Assurance maladie obligatoire, c’est à dire le<br />
35 000<br />
30 000<br />
25 000<br />
20 000<br />
15 000<br />
10 000<br />
5 000<br />
0<br />
Figure 60 – Chiffres d’affaires (en millions d’euros) du secteur des complémentaires 289<br />
285 Consultation du site de l’Assurance maladie (www.ameli.fr), novembre 2012.<br />
reste à charge. A l’exception de la Couverture maladie<br />
universelle - complémentaire (CMU-C), les complémentaires<br />
sont financées de manière privée 287 .<br />
Environ 94 % des Français sont couverts par une complémentaire,<br />
contre 69 % en 1980 : cette progression semble<br />
s’expliquer (au moins en partie) par l’évolution de la prise<br />
en charge de l’Assurance maladie et par les incitations<br />
législatives. Le rôle des complémentaires est essentiel<br />
car « au regard de l’augmentation constante du reste à<br />
charge laissé à l’Assurance maladie obligatoire, bénéficier<br />
d’une complémentaire santé est devenu déterminant<br />
pour continuer à accéder aux soins » 288 . Il s’agit d’un<br />
secteur dont la croissance est constante.<br />
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010<br />
Mutuelles Institutions de prévoyance Sociétés d’assurance<br />
286 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />
complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />
287 Institut de recherche et documentation en économie de la santé, La complémentaire santé en France en 2008 : une large diffusion mais<br />
des inégalités d’accès, Questions d’économie de la santé n°161, janvier 2011.<br />
288 Institut de recherche et documentation en économie de la santé, La complémentaire santé en France en 2008 : une large diffusion mais<br />
des inégalités d’accès, Questions d’économie de la santé n°161, janvier 2011.<br />
289 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />
complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />
69
L’optique est un produit important dans l’offre des complémentaires,<br />
qui en font très souvent un produit d’appel. En<br />
effet, si la Sécurité sociale couvre de manière générale<br />
près de 76 % des dépenses de soins en France 290 , dans le<br />
secteur de l’optique sa contribution au remboursement<br />
des frais des consommateurs est marginale.<br />
Les complémentaires proposent des prestations qui visent<br />
120<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
Les complémentaires veillent à proposer une offre en<br />
matière de soins optiques. C’est particulièrement vrai,<br />
notamment des offres à destination des « séniors » qui<br />
sont 63 % à bénéficier d’un remboursement milieu de<br />
gamme en optique complexe, allant de 100 à 300 euros<br />
290 Florence Jusot, Clémence Perraudin, Jérôme Wittwer, L’accessebilité financière à la complémentaire santé en France : les résultats de<br />
l’enquête Budget de Famille 2006, <strong>Economique</strong> et Statistique n°450, Insee, novembre 2012.<br />
291 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />
complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />
292 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />
complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />
293 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />
complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />
70<br />
72,5%<br />
Moins de<br />
25 ans<br />
96,9%<br />
25 à 59<br />
ans<br />
à mieux rembourser les soins d’optique. Ainsi, « une large<br />
majorité des contrats va au-delà du remboursement du<br />
ticket modérateur pour des lunettes à verres complexes,<br />
étant donnée la faible prise en charge de la Sécurité<br />
sociale » 291 . Plus de 90 % des bénéficiaires sont remboursés<br />
d’un montant supérieur à 100 euros pour une paire de<br />
lunettes facturée à 500 euros.<br />
98,1%<br />
Plus de<br />
60 ans<br />
94,7%<br />
Ensemble<br />
Figure 61 – Pourcentage de consommateurs bénéficiant d’une complémentaire proposant une prise en charge<br />
supérieure au ticket modérateur, par âge du consommateur 292<br />
pour une paire de lunettes facturée 500 euros 293 . Il est<br />
d’ailleurs rare que les complémentaires ne proposent pas<br />
de remboursement des dépenses d’optique, même si cela<br />
concerne toutefois environ 27,5 % des assurés de moins de<br />
25 ans.
MOYENNE<br />
MÉDIANE<br />
1 ER QUARTILE<br />
3 ÈME QUARTILE<br />
Mutuelles<br />
C. coll.<br />
155,9<br />
189,0<br />
144,0<br />
195,2<br />
c. ind.<br />
128,8<br />
138,0<br />
102,6<br />
152,6<br />
C. coll.<br />
161,5<br />
177,0<br />
138,5<br />
195,2<br />
C. coll : contrats collectifs C. ind. : contrats individuels<br />
Institutions de<br />
prévoyance<br />
c. ind.<br />
130,1<br />
125,0<br />
102,6<br />
152,6<br />
Figure 62 – Remboursement par les organismes complémentaires, en euros, pour un prix de référence de 200 euros (100 euros pour la<br />
Ces remboursements sont importants puisque près de<br />
quatre consommateurs sur dix se renseignent auprès de<br />
leur complémentaire santé 295 . Surtout, les complémentaires<br />
semblent avoir fait de l’optique un produit d’appel<br />
phare, qui leur permet d’attirer les consommateurs. C’est<br />
monture et 50 euros pour un verre simple) 294<br />
294 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), Les contrats les plus souscrits auprès des organismes<br />
complémentaires santé en 2008, Document de travail n°162, octobre 2011.<br />
295 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
296 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
Sociétés<br />
d’assurance<br />
C. coll.<br />
186,5<br />
195,2<br />
180,2<br />
195,2<br />
c. ind.<br />
137,0<br />
145,0<br />
104,5<br />
165,3<br />
Ensemble des<br />
organismes<br />
C. coll.<br />
161<br />
189,0<br />
144,0<br />
195,2<br />
c. ind.<br />
130,4<br />
142,0<br />
102,6<br />
156,6<br />
Ens.<br />
143,4<br />
147,0<br />
112,4<br />
195,2<br />
par exemple le cas de certaines mutuelles (qui développent<br />
en parallèle leurs propres réseaux d’opticiens), avec un<br />
certain succès puisque 21 % des porteurs de lunettes ont<br />
adhéré à une mutuelle justement parce qu’elle permettait<br />
d’accéder à un réseau d’opticiens agréés 296 .<br />
71
1.5.3. La répartition finale du coût entre sécurité sociale, complémentaires<br />
et consommateur<br />
297 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
298 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
299 Le Nouvel Observateur, Mutuelles : vers une augmentation des tarifs de 4,7 %, 14 octobre 2011.<br />
72<br />
600<br />
500<br />
400<br />
300<br />
200<br />
100<br />
0<br />
Reste à charge, 210 euros<br />
Complémentaire, 275 euros<br />
Assurance maladie,15 euros<br />
Figure 63 – Répartition de la prise en charge du prix d’une paire de lunettes 297<br />
Au regard des prix constatés des lunettes, l’Assurance maladie<br />
assume une part très limitée du coût des lunettes : environ<br />
3 % du prix total, contre 55 % par la complémentaire et<br />
42 % directement pour le consommateur final 298 . A ce titre,<br />
il ne peut être exclu que les niveaux élevés de remboursements<br />
proposés par les complémentaires, en solvabilisant<br />
des clients pour de fortes dépenses, incitent à une élévation<br />
des prix.<br />
Au final cependant, contrairement à ce qui semble être<br />
une illusion largement répandue, c’est le consommateur<br />
Plusieurs éléments sont susceptibles de créer des doutes<br />
sur le fonctionnement concurrentiel du secteur de l’optique<br />
tel qu’il vient d’être décrit :<br />
— au niveau amont : un acteur semble dominer totalement la<br />
production de verres et un autre celle des montures ;<br />
qui paie seul directement ou indirectement le coût de ses<br />
produits d’optique :<br />
— indirectement à travers le financement collectif de l’Assurance<br />
maladie ;<br />
— indirectement à travers sa cotisation auprès d’une<br />
complémentaire (en hausse ) 299 ;<br />
— directement à l’opticien.<br />
Une réduction des prix des produits d’optique devrait donc<br />
conduire à une réduction des dépenses directes et indirectes<br />
des consommateurs finals.<br />
— au niveau aval : certaines pratiques de distribution ont<br />
été condamnées par la justice mais surtout, en comparaison<br />
avec les marchés des pays équivalents, plusieurs éléments<br />
apparaissent inexpliqués.
Une fois établie une cartographie factuelle<br />
et précise du marché de l’optique en France (partie I<br />
supra), il devient possible d’explorer plus avant les mécanismes<br />
qui régissent son fonctionnement concurrentiel,<br />
sur ses différents segments amont et aval. Une analyse<br />
74<br />
2. PARTIE II<br />
des doutes sur le fonctionnement<br />
concurrentiel du marché de l’optique<br />
L’essentiel & les chiffres clés<br />
économique inédite 300 met à jour et théorise certains<br />
blocages et suspicions de forclusion sur le secteur amont<br />
de la fabrication de verres correcteurs (2.1.). L’analyse<br />
économique révèle aussi plusieurs doutes sur la fluidité<br />
concurrentielle de l’aval (2.2.).<br />
Sur le secteur amont, une structure de marché extrêmement concentrée propice à des forclusions qui<br />
impactent les distributeurs en aval<br />
— une analyse économique inédite sur le secteur :<br />
• un article inédit et à paraître de David Martimort et Jérôme Pouyet (Downstream foreclosure in<br />
vertically differentiated markets) sur le fonctionnement du secteur amont du marché de l’optique et<br />
ses conséquences au niveau de la distribution en aval ;<br />
• objectif : révéler les incitations d’une firme dominante en amont à forclore le marché en aval pour<br />
capter les surplus, notamment en refusant de fournir certains acteurs en aval ;<br />
— au niveau amont, la production de verres est particulièrement concentrée :<br />
• un acteur ultra-dominant, Essilor, détient plus de 40 % de parts de marché au niveau mondial et 90 %<br />
estimés au niveau français ;<br />
• « l’industrie du verre est très concentrée avec une entreprise française leader mondial le groupe<br />
Essilor (…). Un producteur, la société Essilor, et sa filiale BBGR détiennent environ 90 % du marché »<br />
(Conseil de la concurrence, 2001) ;<br />
− une structure concurrentielle du marché de l’optique en France propice à l’apparition de pratiques dites de<br />
forclusion :<br />
• une firme dominante en amont, Essilor, qui fournit son produit, indispensable, à des distributeurs en<br />
aval, qui les vendent ensuite aux consommateurs ;<br />
• la forclusion (« foreclosure ») est l’exercice par une firme dominante sur un marché amont de<br />
pratiques cherchant à contraindre certaines firmes ou certains consommateurs évoluant sur le marché<br />
aval dans leur accès à un input essentiel et difficilement reproductible dont dispose cette firme en<br />
amont. La forclusion a pour objectif de mieux contrôler certains producteurs ou distributeurs en aval :<br />
elle tend à reconstituer une situation de monopole.<br />
300 Pouyet, Martimort, Downstream foreclosure in vertically differentiated markets, 2012, à paraître.
L’essentiel & les chiffres clés<br />
— la stratégie et le positionnement d’Essilor présentent les caractéristiques de ce risque de forclusion :<br />
• Essilor, acteur dominant du marché amont, fournit des inputs à des distributeurs de lunettes en<br />
concurrence auprès des consommateurs finals ;<br />
• sa double stratégie d’intégration et de diversification s’accorde avec les conditions d’une stratégie<br />
de forclusion :<br />
/ en différenciant ses produits, Essilor multiplie les monopoles multi-produits verticalement<br />
intégrés et renforce sa position de leader ;<br />
/ Essilor poursuit une politique d’intégration en aval avec l’acquisition de laboratoires de<br />
prescription et de centres de distribution ;<br />
• l’ensemble de ces éléments conduit à penser qu’Essilor n’est pas incité à fournir spontanément le<br />
« bas » du marché que sont les distributeurs en ligne : si le monopole amont le faisait, il introduirait des<br />
produits moins chers qui viendraient de fait réduire les surplus qu’il capte.<br />
— Sur le secteur aval, plusieurs indices économiques d’un état concurrentiel sous-optimal :<br />
• l’existence de prix élevés pour le consommateur final. Les comparaisons et l’établissement de<br />
moyennes de prix sur le marché de l’optique sont très complexes, mais les prix moyens apparaissent<br />
élevés : 277 euros en moyenne pour les verres unifocaux et 591 euros en moyenne pour les verres<br />
progressifs, soit une moyenne de 434 euros (Mutualité française, 2012) ;<br />
• des chiffres d’affaires élevés pour les professionnels du secteur au regard de la réalité des pays voisins :<br />
/ « les marges dans le secteur sont élevées » (Conseil de la concurrence, 2002) : une marge<br />
brute estimée à environ 60 % (63,1 % en 2010 selon l’Union de la profession comptable et des<br />
organismes de gestion agréés, 2011 ; 57,7 % selon Xerfi 2011) ;<br />
/ plus d’un tiers (35 %) du chiffre d’affaires du marché français en surplus par rapport aux pays<br />
voisins : si le chiffre d’affaires par consommateur en France était le même que dans les pays<br />
voisins (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni), le marché aurait dû être jusqu’à 1,5 milliard<br />
d’euros inférieur en 2007, pour un marché réel de 4,2 milliards d’euros ;<br />
• des complémentaires de santé victimes de comportements frauduleux de la part des distributeurs<br />
/ les « optimisations de facture » seraient courantes dans le secteur : 36 % des consommateurs<br />
se seraient déjà vu proposer un prix « arrangé » et même près d’un consommateur sur cinq<br />
se serait vu proposer un « prix arrangé pour maximiser le remboursement de ses lunettes par<br />
la mutuelle ». Dans 16 % des cas, les opticiens auraient incité à la consommation, en garan-<br />
tissant aux consommateurs que leurs dépenses seraient remboursées par la mutuelle ;<br />
/ un cas emblématique : condamnation d’Affelou par la cour d’appel de Paris en septembre<br />
2012 à verser plus d’un million d’euros de dommages et intérêts pour concurrence déloyale,<br />
Optical Center reprochant à Afflelou de pratiquer de l’optimisation de facture ;<br />
• une dynamique des points de vente au détail très élevée en France au regard des comparaisons<br />
internationales :<br />
/ 11 422 points de vente en 2012, contre 7 773 en 2000, soit un rapport de 0,0019 point de<br />
vente par habitant ;<br />
/ pour une population à peu près équivalente, environ 5 000 points de vente de moins (7 000<br />
au total) au Royaume Uni, soit 0,0015 point de vente par habitant ;<br />
75
L’essentiel & les chiffres clés<br />
76<br />
/ aux Etats-Unis, avec une population de plus de 300 millions d’habitants, 20 000 points de<br />
vente seulement, soit un taux de 0,0007 point de vente par habitant ; la densité du réseau<br />
de points de vente d’optique français conduit à ce qu’il y ait environ 5 401 habitants par<br />
point de vente, contre 14 990 aux Etats-Unis ;<br />
• un marché concentré : cinq principaux groupes détiennent 70 % des points de vente et réalisent 73 %<br />
du chiffre d’affaires ;<br />
• un marché opaque sur la formation des prix :<br />
/ des prix très difficilement lisibles pour le consommateur : pas de grilles exhaustives et précises<br />
qui permettent de connaître et comparer les prix de référence des équipements disponibles<br />
chez les différents distributeurs ;<br />
/ « les prix ne sont pas déterminables sans l’aide de l’opticien »<br />
(Conseil de la concurrence, 2002).
2.1. Les doutes concurrentiels<br />
sur le secteur amont<br />
Le caractère concurrentiel du marché de l’optique en<br />
France, compte tenu de la complexité de sa structure, doit<br />
être étudié d’une part sur son segment amont, d’autre part<br />
sur son segment aval. Il apparaît que des interrogations<br />
2.1.1. Un secteur fortement concentré<br />
> Un marché particulièrement concentré autour<br />
d’un acteur dominant, Essilor<br />
Le secteur amont, celui de la production de verres correcteurs,<br />
est concentré autour d’un acteur ultra-dominant :<br />
Essilor. L’Autorité de la concurrence et avant elle le<br />
Conseil de la concurrence parviennent systématiquement<br />
à la même conclusion : « l’industrie du verre est très<br />
concentrée avec une entreprise française leader mondial<br />
le groupe Essilor (…), suivie de loin par Carl Zeiss Vision<br />
numéro deux mondial » 301 ; « la fabrication de verres est<br />
une industrie très concentrée, tant au plan national qu’au<br />
niveau mondial. Sur le plan national, il existe une ving-<br />
concurrentielles sérieuses pèsent en premier lieu sur le<br />
secteur amont, fortement concentré (2.1.1.) et présentant<br />
des caractéristiques propices à la forclusion (2.1.2.).<br />
taine de fournisseurs (fabricants et importateurs confondus).<br />
Un producteur, la société Essilor, et sa filiale BBGR<br />
détiennent environ 90 % du marché » 302 .<br />
Sur un marché de dimension mondiale, comme la Commission<br />
européenne semble le définir dans sa pratique décisionnelle<br />
303 , le chiffre d’affaires total du secteur est d’environ<br />
10 milliards d’euros 304 . Trois acteurs (Essilor, Zeiss<br />
et Hoya) représentent à eux seuls près de 60 % du marché.<br />
Surtout, Essilor y détient une part de marché de 42 %, très<br />
loin devant son plus proche concurrent Zeiss, qui détient<br />
une part de marché plus de cinq fois inférieure.<br />
301 Autorité de la concurrence, avis n°09-A-32 du 26 juin 2009 relatif à un accord dérogatoire aux délais de paiement dans le secteur de<br />
l’optique lunetterie.<br />
302 Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.<br />
303 Commission européenne, COMP/M.3670 – EQT Group / Carl Zeiss / Sola, 3 mars 2005.<br />
304 Essilor, Document de référence 2011.<br />
77
Essilor<br />
Hoya<br />
Zeiss<br />
Sous-total 3 leaders<br />
Total<br />
78<br />
4 190 305<br />
745 306<br />
849 307<br />
5 784 308<br />
10 000<br />
Figure 64 – Chiffre d’affaires mondiaux et parts de marché des principaux producteurs 309<br />
Sur le marché français, les données disponibles ne<br />
permettent pas de calculer les parts de marché de ces<br />
trois acteurs. Le Conseil de la concurrence avait cepen-<br />
305 Essilor, Document de référence 2011.<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
42% 42%<br />
8% 7%<br />
42 %<br />
7 %<br />
8 %<br />
58 %<br />
100 %<br />
Figure 65 – Parts de marché des producteurs au niveau mondial (2011)<br />
Parts de marché<br />
(%)<br />
Essilor<br />
Hoya<br />
Zeiss<br />
Autres<br />
dant relevé en 2001 qu’Essilor y détenait une part de<br />
marché d’environ 90 %, faisant de ce groupe un acteur<br />
quasi-monopolistique 310 .<br />
306 Hoya, Annual report 2011. Les « total sales » étaient égales à 413 319 millions de yen, dont 20 % concernaient le secteur optique.<br />
307 Zeiss, Annual report 2011. Chiffre d’affaires de l’activité vision care.<br />
308 Essilor, Document de référence 2011.<br />
309 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
310 Conseil de la concurrence, décision n°01-D-45 du 19 juillet 2001 relative à une saisine présentée par la société Casino France.
A défaut de parts de marché, il reste possible d’apprécier<br />
la dimension de chacun de ces producteurs, comme<br />
le montre la Figure 67. Il apparaît clairement qu’Essilor<br />
Essilor<br />
Hoya<br />
Zeiss<br />
Sous-total 3 leaders<br />
311 Xerfi, Lunettes (fabrication), 2011.<br />
Figure 66 – Parts de marché des producteurs en France (2001)<br />
974,6<br />
68<br />
144,2<br />
1 186,8<br />
10 %<br />
90%<br />
Chiffres d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
Rapport à<br />
Essilor<br />
Figure 67 – Chiffre d’affaires en France des principaux producteurs et rapport à Essilor 311<br />
41<br />
0,07<br />
0,15<br />
1,22<br />
Essilor<br />
Autres<br />
est très supérieur à ses concurrents en France puisque le<br />
chiffre d’affaires estimé de Zeiss, son principal concurrent,<br />
ne représente que 15 % du sien.<br />
79
2.1.2. L’analyse économique révèle des incitations à la forclusion<br />
sur le marché de l’optique en France<br />
> Des incitations fortes à la forclusion par le<br />
monopole amont<br />
Le secteur de l’optique se caractérise par l’existence<br />
d’acteurs largement dominants sur les marchés amont :<br />
Essilor pour la fabrication de verres d’une part, Luxottica<br />
pour la fabrication de montures d’autre part (voir supra<br />
1.2.2. La fabrication de montures ; Luxottica est le leader<br />
mondial du secteur avec un chiffre d’affaires supérieur à<br />
6,2 milliards d’euros 312 , alors que son principal concurrent,<br />
Safilo réalise un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros 313 ).<br />
La concentration amont sur le marché de la fabrication<br />
des verres se prête à des analyses particulièrement intéressantes<br />
du point de vue concurrentiel (la production et<br />
la vente de montures, représentant une part nettement<br />
plus faible de la valeur dégagée sur le produit fini, ne<br />
sera pas retenu dans l’analyse suivante). Sur le marché de<br />
la fabrication de verres, le cas d’Essilor est particulièrement<br />
illustratif, avec plus de 40 % de parts de marché au<br />
niveau mondial et 90 % estimés au niveau français. Cette<br />
situation interpelle bien entendu l’analyse concurrentielle,<br />
notamment parce qu’elle crée une tension singulière<br />
entre l’amont et l’aval : l’amont se concentre autour<br />
d’un pôle très limité d’acteurs, alors que dans le même<br />
temps sur le marché aval les distributeurs semblent se<br />
livrer une compétition féroce. Cette tension, étudiée par<br />
David Martimort et Jérôme Pouyet dans le cadre d’un<br />
article inédit à paraître 314 , présente toutes les caractéristiques<br />
associées à l’existence d’un risque de forclusion.<br />
Un article scientifique inédit<br />
David Martimort et Jérôme Pouyet se sont interrogés sur<br />
le fonctionnement de ce marché et ses conséquences<br />
en particulier au niveau aval, dans un article inédit et à<br />
paraître (Downstream foreclosure in vertically differentiated<br />
markets), présenté en Annexe III : Forclusion et<br />
concurrence en qualité sur les marchés aval. L’objectif<br />
312 Luxottica, Luxottica Annual Report 2011, 2012.<br />
313 Safilo, Annual Report 2011, 2012.<br />
314 Ibid. supra<br />
80<br />
de leur recherche est de réfléchir aux incitations qu’une<br />
firme dominante en amont aurait à forclore le marché en<br />
aval, c’est-à-dire à s’engager dans des refus de fournir<br />
certains acteurs en aval.<br />
La structure du marché de l’optique répond, dans ses<br />
grandes lignes, à la définition d’une situation de forclusion.<br />
Le contexte est en effet celui d’une firme dominante<br />
en amont qui fournit son produit à des acteurs en<br />
aval, qui eux-mêmes l’utilisent pour fabriquer des biens<br />
vendus ensuite aux consommateurs finals.<br />
La forclusion, présentation classique<br />
Dans une organisation de marché de l’amont vers l’aval,<br />
une firme dominante en amont peut être amenée à mettre<br />
en œuvre des stratégies anticoncurrentielles de forclusion<br />
(« foreclosure » dans la littérature anglo-saxonne).<br />
La forclusion est définie comme étant l’exercice par une<br />
firme dominante sur un marché amont de pratiques cherchant<br />
à contraindre certaines firmes ou certains consommateurs<br />
évoluant quant à eux sur le marché aval dans<br />
leur accès à un input essentiel, et difficilement reproductible,<br />
dont dispose cette firme en amont. Ces pratiques<br />
cherchent en fait à propager le pouvoir de monopole<br />
amont au segment aval, même si ce dernier peut paraître<br />
a priori concurrentiel.<br />
Les méthodes de forclusion varient beaucoup selon les<br />
cas, mais elles ont toutes en commun le désir de mieux<br />
contrôler certains producteurs ou distributeurs en aval,<br />
soit au travers de contrats spécifiques, soit par des choix<br />
organisationnels subtils. Elles peuvent apparaître sous<br />
la forme de contrats d’exclusivité ou de quasi-exclusivité,<br />
de ventes liées, de pratiques tarifaires discriminantes<br />
excluant de facto certains concurrents à l’aval,<br />
de contraintes techniques limitant l’accès à l’input ou la<br />
qualité de cet accès, ou d’une véritable intégration verticale<br />
en direction de l’aval. La firme amont cherche en fait<br />
à répliquer une solution d’intégration verticale au travers
de pratiques contractuelles pouvant limiter à l’accès à un<br />
input essentiel qu’elle fournit.<br />
Une firme qui produirait un bien pour fournir les deux<br />
seuls acteurs existants en aval pourrait limiter sa production<br />
au niveau de monopole et la répartir à part égale<br />
entre eux deux (50 % de sa production pour l’un, 50 %<br />
pour l’autre). Elle pourrait ainsi récupérer le profit de<br />
monopole correspondant à travers la tarification imposée<br />
aux deux acteurs aval. Dans l’hypothèse où les contrats<br />
de fourniture seraient secrets, la firme amont pourrait<br />
être tentée d’avantager l’une des firmes aval, au détriment<br />
de l’autre, afin de capter un profit plus grand par<br />
son intermédiaire : en réalité, cette solution serait vouée<br />
à l’échec. Avantager un des détaillants ne se fait qu’au<br />
détriment de l’autre et donc des profits que le monopole<br />
amont aurait pu récupérer au travers de sa relation<br />
contractuelle avec ce dernier. Au final, la firme amont<br />
devient donc son propre concurrent.<br />
Pour contrecarrer ces effets, la firme amont peut pratiquer<br />
des contrats d’exclusivité et ne fournir qu’un seul<br />
distributeur aval. Elle peut aussi, et c’est l’originalité<br />
du travail présenté, accroître la différenciation de ses<br />
produits, de manière à constituer autant de monopoles.<br />
La forclusion dans le cas de produits différenciés<br />
Dans un marché de produits ainsi différenciés, les<br />
consommateurs finals choisissent leur détaillant en<br />
fonction du meilleur rapport qualité-prix : c’est selon ce<br />
critère que se segmente le marché, les consommateurs<br />
les plus disposés à payer cher ayant accès à la meilleure<br />
qualité. Le marché se divise en une multitude de<br />
segments caractérisés par des niveaux de qualité différents.<br />
En conséquence, la concurrence sur le marché aval<br />
est une concurrence en biens différenciés verticalement<br />
par leur qualité.<br />
Dans un tel contexte, le monopole amont ne cherche<br />
plus à contracter secrètement avec chacun de ses détaillants<br />
pour augmenter leurs productions respectives.<br />
Ses comportements résultent maintenant d’un choix<br />
optimisé du degré de différenciation entre les qualités<br />
produites sur les segments hauts et bas du marché. Dans<br />
cette hypothèse, qui ressemble peu ou prou à celle du<br />
marché de l’optique, les contrats de fourniture d’inputs<br />
définissent de fait la structure de coût des détaillants qui<br />
se font concurrence en aval. La firme amont cherche ainsi<br />
à agir au travers de ces contrats comme si elle était un<br />
monopole multi-produit verticalement intégré.<br />
Pour préserver les rentes de monopole associées à une<br />
telle situation, la firme amont est incitée à différencier<br />
encore ses produits. Si elle se spécialisait en ne produisant<br />
que des biens de qualité haute, les distributeurs<br />
pourraient se tourner vers un producteur concurrent,<br />
qui pourrait alors servir l’ensemble du marché avec un<br />
produit de qualité intermédiaire.<br />
Un autre enjeu pour le monopole amont est de capter les<br />
profits générés par le système des détaillants en aval. La<br />
fixation des prix en amont (et donc des marges générées<br />
par le monopole) de chacun de ses produits, résulte d’un<br />
dosage subtil : augmenter le prix d’un produit de plus<br />
grande qualité peut conduire à augmenter la demande<br />
d’un produit de moindre qualité vendu moins cher. Pour<br />
extraire le plus grand surplus des consommateurs, il peut<br />
alors être intéressant pour la firme de rendre les biens de<br />
qualité inférieure moins attractifs, afin que la demande<br />
se reporte sur des produits de meilleure qualité et plus<br />
coûteux.<br />
Dès lors que les contrats qu’il signe avec ses détaillants<br />
sont publics, le monopole amont peut mettre en œuvre<br />
une stratégie lui permettant de se comporter comme<br />
une firme verticalement intégrée, accaparant le surplus<br />
aval. Ainsi, plutôt que de contrôler directement les prix<br />
à la consommation fixés par les détaillants, le monopole<br />
amont peut se contenter de déterminer les prix des<br />
différentes qualités qu’il leur fournit. De cette manière,<br />
les choix décentralisés à l’aval répliquent les prix qui<br />
auraient été choisis par un monopole intégré verticalement,<br />
à qualités fixées et publiquement reconnues.<br />
Lorsque les contrats sont secrets, ces profits ne sont plus<br />
accessibles. Le monopole amont est maintenant confronté<br />
à un paradoxe : il est incité à renégocier avec les détail-<br />
81
lants fournissant la qualité basse en aval pour augmenter<br />
la demande et le prix de ce segment. Mais cette stratégie<br />
vient cannibaliser le segment de haute qualité. Elle<br />
implique en effet l’érosion des marges et des profits sur<br />
ce segment supérieur. In fine, le monopole crée sa propre<br />
concurrence.<br />
Afin d’éviter ces stratégies de cannibalisation et protéger<br />
ses profits, le monopole amont peut vouloir nouer<br />
des contrats d’exclusivité avec des distributeurs représentant<br />
l’ensemble de la gamme. Dans cette hypothèse,<br />
l’acteur amont se transforme de facto en monopole intégré<br />
mono-produit verticalement vers l’aval, au détriment<br />
des consommateurs.<br />
> La forclusion dans le secteur de l’optique<br />
Cette analyse fait directement écho à la stratégie récente<br />
d’Essilor, acteur dominant du marché amont qui fournit<br />
des inputs à des distributeurs de lunettes en concurrence<br />
auprès des consommateurs finals.<br />
La double stratégie d’intégration et de diversification<br />
d’Essilor expliquée plus haut trouve ici son sens.<br />
La stratégie de différenciation d’Essilor<br />
En différenciant ses produits, Essilor multiplie les monopoles<br />
multi-produits verticalement intégrés et renforce<br />
sa position de leader. Pour y parvenir, Essilor diversifie<br />
sa gamme de produits de plusieurs façons.<br />
Une intégration plus forte en amont avec les laboratoires<br />
de recherche permet de développer de nouvelles technologies<br />
propices à extraire le surplus des consommateurs<br />
formant le haut du marché. Des investissements importants<br />
en recherche et développement lui permettent de<br />
préserver sa position de leader en innovant systématiquement<br />
sur le « haut de gamme », en produisant des<br />
verres de qualité toujours supérieure et complexes qui<br />
sont ensuite fournis aux distributeurs à l’aval. Ses filiales,<br />
comme BBGR, lui permettent de diversifier aussi sa<br />
production, sur des gammes plus basses.<br />
315 Frankfurter Allgemeine Zeitung, Preisabsprachen im « Herrz »-Kränzchen, 11 juin 2010.<br />
82<br />
Parallèlement, Essilor renforce sa position sur le bas du<br />
marché en développant une offre de lunettes prémontées<br />
(« readers »). Le groupe possède d’importantes capacités<br />
de production de lunettes prémontées et un portefeuille<br />
de marques conséquent, qui lui permet de distribuer ses<br />
produits à de nombreux opticiens ou centres commerciaux,<br />
etc.<br />
Cette stratégie entretient la position d’Essilor sur le<br />
marché, pour plusieurs raisons :<br />
— augmenter la gamme de produits permet de réduire<br />
les possibilités d’entrée de la part de compétiteurs. En<br />
élargissant son offre, l’opérateur en place limite la profitabilité<br />
de l’entrant potentiel ;<br />
— introduire une « fighting brand » pour concurrencer<br />
directement l’entrant permet de capturer une partie de<br />
l’accroissement de demande créé par l’arrivée de l’entrant.<br />
Dans les deux cas, l’entrant doit être plus efficace<br />
que l’opérateur en place pour pouvoir entrer profitablement.<br />
Ces deux stratégies sont parfaitement légitimes de la<br />
part de l’opérateur en place dès lors que chaque acteur<br />
est sur un « pied d’égalité », c’est-à-dire dès lors que<br />
chaque acteur a toute la latitude pour produire sa gamme<br />
de produits. Elles deviennent plus problématiques dès<br />
lors qu’un des acteurs détient un pouvoir de monopole<br />
sur la production d’un input essentiel à la production de<br />
ces produits finaux.<br />
La différenciation peut en outre avoir pour effet d’instituer<br />
un contexte favorable aux ententes collusives. Le producteur<br />
amont peut en effet chercher à empêcher l’entrant<br />
de s’approvisionner en input auprès d’autres producteurs.<br />
En 2010, le Bundeskartellamt allemand a ainsi condamné<br />
les trois producteurs qui se partagent la quasi-totalité du<br />
marché mondial (Essilor, Zeiss et Hoya) et d’autres à une<br />
amende de 115 millions 315 d’euros pour s’être entendus<br />
régulièrement pour une hausse des prix . Les relations<br />
multi-marchés sont en effet propices aux ententes collusives.<br />
La collusion tacite entre acteurs ne se réalise que
lorsque les gains à long terme pour chaque acteur associés<br />
à un comportement collusif sont plus importants que les<br />
tentations à court terme de dévier de cet accord. La collusion<br />
devient plus facile à soutenir lorsque les acteurs<br />
sont en concurrence sur plusieurs marchés simultanément,<br />
car les déviations d’un des participants à l’accord<br />
illicite pourront alors être « punies » sur l’ensemble des<br />
marchés où ils sont en interaction.<br />
La stratégie d’intégration verticale d’Essilor<br />
En réalisant une intégration verticale, Essilor se prémunit<br />
des concurrents. Sa stratégie, qui consiste, de plus<br />
en plus, à intégrer toutes les étapes de la production des<br />
verres à la distribution aux opticiens à travers l’acquisition<br />
de centres de distribution et de laboratoires de prescription,<br />
lui permet de poursuivre cet objectif. En aval de<br />
la production, cette intégration de plus en plus poussée<br />
2.2. Les doutes sur le secteur aval<br />
Outre les doutes de forclusion pesant sur le marché<br />
amont, plusieurs éléments peuvent susciter des doutes<br />
sur le bon fonctionnement concurrentiel du marché au<br />
niveau aval, notamment l’existence de prix élevés pour le<br />
consommateur final (2.2.1.), les marges importantes réalisées<br />
par les acteurs du secteur au regard de la réalité des<br />
316 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.<br />
et l’élargissement de la gamme de produits pourraient<br />
conduire Essilor à également intégrer la distribution<br />
directe de lunettes aux consommateurs, notamment pour<br />
les lunettes prémontées, pour lesquelles le processus de<br />
montage est déjà compris dans la phase de production.<br />
L’absence d’incitation à fournir le bas du marché<br />
L’ensemble de ces éléments conduit à penser qu’Essilor<br />
n’est pas incité à fournir spontanément le « bas » du<br />
marché que sont les distributeurs en ligne. Si le monopole<br />
amont le faisait, il introduirait des produits moins<br />
chers qui viendraient de fait réduire les surplus qu’il<br />
capte. En s’intégrant plus fortement avec le secteur de la<br />
distribution en aval, le monopole amont trouve une façon<br />
de s’engager à ne pas servir les entrants potentiels, ce qui<br />
permet in fine de limiter la perte de profit associée à une<br />
concurrence accrue.<br />
pays voisins (2.2.2.), certaines pratiques en marge de la<br />
légalité dans les rapports des distributeurs au système<br />
de remboursement (2.2.3.), la démographie de la profession<br />
rapportée aux benchmarks internationaux (2.2.4.),<br />
(2.2.5.) du secteur.<br />
2.2.1. L’existence de prix élevés pour le consommateur final<br />
Un niveau de prix à la consommation élevé semble être<br />
l’une des conséquences parmi les plus manifestes et les<br />
plus dommageables pour le consommateur final d’entraves<br />
à une concurrence normale sur un marché donné.<br />
Le niveau des prix de l’optique apparaît élevé, dans un<br />
secteur assez opaque. Les comparaisons et l’établissement<br />
de moyennes de prix sont très complexes, notamment<br />
en raison des éléments précédemment exposés. A<br />
défaut de pouvoir retenir une option qui se révélerait<br />
correcte de manière uniforme, les paragraphes suivants<br />
présentent les différentes hypothèses retenues dans<br />
diverses publications :<br />
— Optical Center a estimé qu’une paire de lunettes coûtait<br />
en moyenne environ 350 euros 316 ;<br />
— une étude du magazine Que Choisir en septembre 2011<br />
relevait que les prix s’étalaient entre 91 et 722 euros 317 ;<br />
— l’étude Xerfi sur la distribution optique retient que le<br />
prix moyen des lunettes adultes est de 107 euros et de 55<br />
euros pour les lunettes enfants ;<br />
— le sondage réalisé par la Mutualité Française retient<br />
83
que les prix sont de 277 euros en moyenne pour les verres<br />
unifocaux et de 591 euros en moyenne pour les verres<br />
progressifs (soit une moyenne de 434 euros) ;<br />
— la revue spécialisée L’Opticien lunetier, sur la base de<br />
données GfK, estime que le prix moyen est de 259 euros<br />
pour des équipements unifocaux et de 577 euros pour des<br />
équipements progressifs 318 ;<br />
— les données GfK détaillent de manière à distinguer<br />
des verres unifocaux<br />
des verres progressifs<br />
des verres de correction<br />
des montures optiques<br />
des montures solaires<br />
317 Les auteurs s’appuient sur les déclarations publiques précitées.<br />
318 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
319 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
320 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.<br />
321 GfK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />
84<br />
259<br />
577<br />
des produits d’entretien de lentilles<br />
des lentilles de contact<br />
Figure 68 – Sondage Mutualité Française et L’Opticien Lunetier<br />
entre les verres de correction (prix moyen de 94,10<br />
euros), les montures optiques (prix moyen de 121,40<br />
euros), les montures solaires (prix moyen de 98,20<br />
euros), les produits d’entretien de lentilles (prix moyen<br />
de 9,60 euros) et les lentilles de contact (prix moyen de<br />
2,40 euros). On en conclut que le prix moyen d’une paire<br />
de lunettes est de 215,50 euros.<br />
L’Opticien lunetier 319<br />
Prix moyens (euros)<br />
94,10<br />
121,40<br />
98,20<br />
9,60<br />
2,40<br />
Figure 69 – Note regards, données à fin septembre 2012 321<br />
Sondage<br />
Mutualité française 320<br />
277<br />
591<br />
Prix moyens<br />
(euros)
lunettes adultes<br />
lunettes enfants<br />
La moyenne de ces estimations (en excluant celle faite par<br />
Que Choisir, qui tient plus du relevé issu d’une enquête<br />
de terrain que d’une évaluation moyenne) donne un prix<br />
Optical Center<br />
Que Choisir<br />
Xerfi<br />
Mutualité Française<br />
GfK<br />
Moyenne<br />
(à l’exclusion de Que Choisir)<br />
322 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
Figure 70 – XERFI 322<br />
Figure 71 – Synthèse des estimations<br />
Prix moyens<br />
(euros)<br />
107<br />
55<br />
moyen autour de 333 euros (ce résultat est évidemment à<br />
prendre avec précaution).<br />
Prix moyens<br />
(euros)<br />
350 euros<br />
entre 91 et 722 euros<br />
107 euros<br />
434 euros<br />
215,50 euros<br />
333,16 euros<br />
85
2.2.2. Des chiffres d’affaires élevés pour les professionnels du secteur<br />
au regard de la réalité des pays voisins<br />
> Des marges importantes<br />
Le Conseil de la concurrence avait déjà relevé que « les<br />
marges dans le secteur sont élevées » 323 . Le secteur<br />
réalise en moyenne en effet une marge brute estimée à<br />
environ 60 % (63,1 % en 2010 selon une première estimation<br />
324 ; 57,7 % selon une autre 325 ) pour un résultat<br />
Taux de marge<br />
(euros)<br />
> Des chiffres d’affaires bien supérieurs à ceux<br />
constatés dans les autres pays<br />
Les chiffres d’affaires du secteur semblent particulièrement<br />
élevés en comparaison avec les autres pays. Comme<br />
l’illustre la démonstration en Annexe I : Comparaison des<br />
86<br />
20 à 49<br />
salariés<br />
Figure 72 – Taux de marge selon la taille des entreprises du secteur 328<br />
courant moyen de 20,5 % des ventes 326 . Certains acteurs<br />
évoquent cependant un « nettoyage » du marché, « au<br />
détriment des points de vente les moins bien gérés » et au<br />
bénéfice d’une consolidation « autour des points de vente<br />
de plus de 700 000 euros d’activité » 327 .<br />
50 à 99<br />
salariés<br />
plus de<br />
100 salariés<br />
51,4 % 61,8 % 58,7 %<br />
chiffres d’affaires des marchés de l’optique entre pays, le<br />
marché français de l’optique s’avère en moyenne supérieur<br />
de 1,5 milliard d’euros à ce qu’il devrait être sur la base<br />
d’un fonctionnement comparable à celui de ses voisins.<br />
323 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
324 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
325 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
326 Union de la profession comptable et des organismes de gestion agréés, Analyse sectorielle TPE : optique, 2011.<br />
327 Jean-Denis Douannet, Directeur du développement de Luz <strong>Optique</strong>, in Bien vu, Créer, reprendre un point de vente, 12 moins pour s’installer,<br />
Hors série 2010-2011.<br />
328 INSEE, Fiche sectorielle de l’enquête annuelle d’entreprise dans le commerce 2006, Activité de détail et activités assimilées 524T optique,<br />
photographie.
1600<br />
1400<br />
1200<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
-200<br />
1 057<br />
444<br />
Verres Montures Lentilles<br />
Figure 73 – Surplus moyen du marché français en comparaison avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, en millions d’euros<br />
Si le chiffre d’affaires par consommateur en France était le même que dans les pays voisins (Allemagne, Espagne,<br />
Italie, Royaume-Uni) il aurait dû être jusqu’à 1,5 milliard d’euros inférieur en 2007, ce qui représente un écart conséquent<br />
pour un marché de 4,2 milliards d’euros. C’est donc un peu plus d’un tiers (35 %) du chiffre d’affaires français<br />
qui apparaît en surplus par rapport aux pays voisins.<br />
35%<br />
Figure 74 – L’ « excès » inexpliqué du marché français<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
1 458<br />
Total<br />
Cet « excès » est difficilement explicable au premier abord. Si l’on écarte l’hypothèse de caractéristiques oculaires<br />
divergentes entre les consommateurs de ces pays, les raisons de ce chiffre d’affaires « en surplus » semblent devoir<br />
être recherchées dans la structure française du secteur.<br />
18<br />
65%<br />
-62<br />
87
Des chiffres d’affaires par consommateur bien<br />
supérieurs aux autres pays<br />
Rapportés au nombre de consommateurs par pays (voir<br />
Annexe I : Comparaison des chiffres d’affaires des marchés<br />
200<br />
180<br />
160<br />
140<br />
120<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
88<br />
de l’optique entre pays), le chiffre d’affaires par consommateur<br />
en France dans le secteur de l’optique est généralement<br />
bien supérieur à ce qu’il est dans la plupart des pays<br />
comparables, à l’exception du Royaume-Uni.<br />
Verres Montures Lentilles Produits<br />
d’entretien<br />
Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni<br />
Figure 75 – Le chiffre d’affaires moyen par consommateur, par type de produit, dans 5 pays de l’Union européenne, en euros<br />
Total<br />
A titre d’exemple, le chiffre d’affaires par consommateur français est de 182,13 euros, contre 110,11 euros par consommateur<br />
allemand. Cette différence est particulièrement marquée sur le segment des verres : alors que le chiffre d’affaires<br />
par consommateur est supérieur à 67 euros en France, il n’est que de 44,64 euros en Allemagne (et même 40,71 euros<br />
au Royaume-Uni). Il semble donc que le marché français réalise un volume d’affaires sensiblement supérieur au marché<br />
allemand.<br />
Ce sont donc les verres qui, en France, semblent produire un chiffre d’affaires par client bien supérieur aux autres pays : le<br />
chiffre d’affaires moyen dans les autres principaux pays de l’Union européenne représente généralement 60 % du chiffre<br />
d’affaires français (et même 50 % dans le cas de l’Espagne).
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
44,64<br />
33,65<br />
67,26<br />
Verres<br />
39,91<br />
40,71<br />
Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni<br />
Figure 76 – Le chiffre d’affaires par consommateur pour les verres dans 5 pays de l’Union européenne, en euros<br />
2.2.3. Des complémentaires santé victimes de comportements frauduleux<br />
de la part des distributeurs<br />
Plusieurs acteurs de la profession, principalement les<br />
complémentaires, laissent entendre que se pratiqueraient<br />
des « optimisations de facture ». Selon le président<br />
de la Mutualité Française, Etienne Caniard : « ce sont les opticiens<br />
qui disent : “ combien vous rembourse votre mutuelle ? ”<br />
et qui vont au maximum » 329 . Caroline Touizer, directrice<br />
des réseaux de soins de Santéclair, expliquait ainsi à la<br />
presse en 2010 que « selon elle, faute d’encadrement<br />
du marché, certains opticiens peuvent parfois proposer<br />
des options dont les clients n’ont pas forcément besoin,<br />
mais que leur assurance rembourse en cas de couverture<br />
très large. “On appelle cela de l’optimisation de facture,<br />
souligne Caroline Touizer. Des opticiens ajustent les<br />
devis aux garanties offertes par les complémentaires, en<br />
surfacturant par exemple les verres, mieux remboursés<br />
que les montures” » 330 .<br />
En pratique, l’opticien déterminerait le prix payé par le<br />
consommateur final en fonction des remboursements<br />
dont celui-ci bénéficie : plus le plafond de remboursement<br />
de la complémentaire est élevé, plus le prix fixé par<br />
l’opticien le serait en conséquence. Le vendeur augmenterait<br />
ainsi ses prix en étant assuré de la solvabilité de<br />
son client. Cela implique que l’opticien se renseignerait<br />
sur la mutuelle du consommateur, avant de lui proposer<br />
un prix.<br />
Les « optimisations de facture » seraient courantes dans<br />
le secteur puisque 36 % des consommateurs se seraient<br />
déjà vu proposer un prix ainsi « arrangé » et près d’un<br />
consommateur sur cinq (22 %) se serait vu proposer un<br />
« prix arrangé pour maximiser le remboursement de ses<br />
lunettes par la mutuelle ». Ce serait même le cas de près<br />
d’un consommateur sur trois (27 %) pour ceux qui sont<br />
satisfaits de leur mutuelle et de quatre consommateurs<br />
sur dix pour ceux qui sont âgés de 25 à 34 ans. A l’inverse,<br />
ce ne serait le cas que de 8 % des consommateurs<br />
sans mutuelle. Dans 16 % des cas, les opticiens auraient<br />
329 La Tribune, 4 octobre 2012, Afflelou attaque les mutuelles qui «poussent à la consommation» de lunettes chères.<br />
330 La Croix, De nouvelles formes de concurrence sur le marché de l’optique, 21 septembre 2010<br />
89
incité à la consommation, en garantissant aux consommateurs<br />
que leurs dépenses seraient remboursées par la<br />
mutuelle 331 .<br />
L’ « optimisation de facture » permettrait par ailleurs aux<br />
distributeurs de faire profiter leurs clients d’avantages<br />
divers, présentés comme des « cadeaux » mais en réalité<br />
en partie ou intégralement financés par les prix élevés<br />
permis par les remboursements des complémentaires.<br />
Ces pratiques promotionnelles contribuent certainement<br />
à fidéliser les clientèles et, dès lors, à rigidifier la possibilité<br />
pour des nouveaux entrants de les attirer vers eux.<br />
Ces pratiques sont attestées dans une affaire opposant<br />
Optical Center à Afflelou, la condamnation en appel de<br />
cette dernière société à verser plus d’un million d’euros<br />
de dommages et intérêts pour concurrence déloyale ayant<br />
été confirmée par la cour d’appel de Paris en septembre<br />
2012 332 . En l’espèce, Optical Center reprochait à Afflelou<br />
de pratiquer de « l’optimisation de facture » (« des<br />
abus se sont avérés à l’occasion de cette prise en charge<br />
[par les mutuelles] dans la mesure où étaient faussement<br />
La démographie des opticiens est particulièrement dynamique<br />
en France. C’est particulièrement vrai en matière<br />
90<br />
imputées sur les frais pris en charge les dépenses les<br />
plus importantes, pratiques attractives pour les clients<br />
qui n’avaient ainsi à régler sur leurs deniers personnels<br />
qu’un prix largement minoré »). La cour a jugé que « les<br />
pratiques relatées constituent des fautes dans la mesure<br />
où elles contreviennent à des interdictions légales. [En<br />
outre,] ces pratiques ne sont pas le fait ponctuel d’un point<br />
de vente Alain Afflelou mais caractérisent des pratiques<br />
unifiées au sein de l’ensemble du groupe, que les points<br />
de vente soient des franchises ou des succursales ; […] de<br />
telles pratiques drainant une clientèle importante étant<br />
source de revenus considérables ».<br />
Si cet arrêt de la cour d’appel de Paris ne démontre pas<br />
que la pratique est généralisée, les citations précédemment<br />
relevées laissent penser qu’elles ne sont pas non<br />
plus isolées. Au demeurant, la cour relève qu’elles sont<br />
avérées dans le cas d’un point de vente Optical Center au<br />
moins. Sous ces réserves, il semble donc que la pratique<br />
de l’ « optimisation de facture » a une influence non négligeable<br />
à la hausse sur les prix de l’optique.<br />
2.2.4. Une démographie des opticiens très élevée en France au regard des<br />
benchmarks internationaux<br />
d’ouverture de points de vente : ils sont passés de 7 773<br />
en 2000 à 11 422 en 2012.<br />
331 Happy View, 1 ère édition de l’étude Happyview.fr réalisée par OpinionWay sur le prix des lunettes et la vente de lunettes sur internet,<br />
17 juin 2010 ;<br />
Reportage du journal télévision de France 2 du 12 décembre 2012.<br />
332 Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 5, Arrêt n°10/00413 du 20 septembre 2012.
12 000<br />
11 500<br />
11 000<br />
10 500<br />
10 000<br />
9 500<br />
9 000<br />
8 500<br />
8 000<br />
7 500<br />
7 000<br />
7 773<br />
7 966<br />
8 109<br />
8 450<br />
8 249<br />
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012<br />
Ce dynamisme est d’autant plus notable en comparaison<br />
avec quelques pays étrangers. La France compte en<br />
septembre 2012 un peu plus de 11 400 points de vente<br />
d’optique, ce qui correspond à un rapport de 0,0019 point<br />
de vente par habitant. Ce taux illustre une densité importante<br />
du maillage du territoire français. Par comparaison,<br />
pour une population à peu près équivalente, le Royaume-<br />
Uni compte environ 5 000 points de vente de moins<br />
(7 000 au total), soit 0,0015 point de vente par habitant.<br />
La divergence est encore plus forte avec les Etats-Unis<br />
qui, avec une population de plus de 300 millions d’ha-<br />
8 723<br />
9 500<br />
9 831<br />
Figure 77 – Nombre de points de vente d’optique 333<br />
10 111<br />
10 520<br />
11 100<br />
10 851<br />
11 422<br />
bitants, ne compte que 20 000 points de vente (soit un<br />
taux de 0,0007 point de vente par habitant). La densité<br />
du réseau de points de vente d’optique français conduit<br />
à ce qu’il y ait environ 5 401 habitants par point de vente,<br />
contre 14 990 aux Etats-Unis.<br />
Selon une étude comparative, la France, l’Allemagne,<br />
l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni, qui regroupent<br />
environ 314 millions d’habitants, comptent 49 548<br />
points de vente d’optique, ce qui conduit à un rapport de<br />
0,00016 point de vente par habitant et un autre de 6 337<br />
habitants par point de vente 334 .<br />
333 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008 (étude reposant sur des données GfK) pour les années 2000 à 2005 ;<br />
GfK, Note regards, données à fin mars 2012 pour les années 2006 à 2012.<br />
334 Strategy with Vision, The European Optical Market 2010-2011 – SWV consolidated report, 2011.<br />
91
Nombre<br />
de points<br />
de vente<br />
Nombre<br />
d’habitants 339<br />
(millions)<br />
Point de<br />
vente /<br />
habitant<br />
Habitants<br />
/ point de<br />
vente<br />
92<br />
France Espagne 335 Allemagne 336 Royaume-<br />
Uni 337<br />
11 422<br />
61,7<br />
0,0019<br />
5 401<br />
9 250<br />
44,9<br />
0,0021<br />
4 851<br />
12 030<br />
82,3<br />
0,0015<br />
6 838<br />
Il ressort donc qu’en France la densité des points de<br />
vente est plus forte que dans la plupart des autres pays<br />
comparables (à l’exception de l’Espagne). Cela s’explique<br />
probablement pour partie par la dimension « proximité », à<br />
laquelle les consommateurs semblent prêter une grande<br />
importance 340 et par le vieillissement de la population.<br />
Néanmoins, cela semble insuffisant pour expliquer les<br />
335 Alain Afflelou, Rapport annuel 2006-2007.<br />
7 000<br />
60,1<br />
0,0012<br />
8 591<br />
Figure 78 – Densité des points de vente dans quelques pays<br />
336 Zentralverband der Augenoptiker, Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.<br />
Italie Etats-Unis 338<br />
59,4<br />
20 095<br />
301,2<br />
0,0007<br />
14 990<br />
spécificités du marché français au regard des pays équivalents,<br />
qui connaissent des tendances semblables.<br />
L’accroissement continu du nombre de points de vente,<br />
certainement permis par une rentabilité particulière, doit<br />
peut-être être mis en relation avec le surplus du marché<br />
précédemment relevé.<br />
337 Optical Confederation, Government consultation – liberating the NHS : regulating health care providers, 2010.<br />
338 Highbeam Business, Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.<br />
339 Source : OCDE StatExtracts, consulté en ligne.<br />
340 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.
16 000<br />
14 000<br />
12 000<br />
10 000<br />
8 000<br />
6 000<br />
4 000<br />
2 000<br />
0<br />
Nombre<br />
de points<br />
de vente<br />
Marché<br />
total<br />
(Md€) 346<br />
CA moyen<br />
par point<br />
de vente<br />
(euros)<br />
Espagne France Moyenne UE<br />
5<br />
9 500<br />
4,53<br />
Figure 79 – Nombre moyen de consommateurs par point de vente dans quelques pays<br />
Le chiffre d’affaires annuel moyen par point de vente en<br />
France est d’environ 501 000 euros 341 en 2012, en décrue<br />
depuis quelques années. S’il est supérieur à ce qu’il est en<br />
France Espagne 342 Allemagne 343 Royaume-<br />
Uni 344<br />
476 842<br />
9 250<br />
2,15<br />
232 432<br />
12 030<br />
3,42<br />
284 289<br />
7 000<br />
3,48<br />
497 143<br />
Figure 80 – Chiffre d’affaires moyen par point de vente 347<br />
341 GfK, Note regards, données à fin mars 2012 pour les années 2006 à 2012.<br />
342 Alain Afflelou, Rapport annuel 2006-2007.<br />
343 Zentralverband der Augenoptiker, Banchenkennzahlen Augenoptik, 2010. Chiffre de 2011.<br />
Espagne et en Allemagne, il est légèrement inférieur à ce<br />
qu’il est en Grande Bretagne.<br />
Italie Etats-Unis 345<br />
3,36<br />
344 Optical Confederation, Government consultation – liberating the NHS : regulating health care providers, 2010.<br />
345 Highbeam Business, Optical good stores, 2010. Chiffre de 2009.<br />
346 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
Allemagne Royaume-Uni Etats-Unis<br />
20 095<br />
347 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008 (étude reposant sur des données GfK) pour les années 2000 à 2005 ;<br />
GfK, Note regards, données à fin mars 2012 pour les années 2006 à 2012.<br />
93
2.2.5. Un marché concentré<br />
Le secteur de la distribution de produits d’optique au<br />
détail apparaît relativement concentré, organisé autour<br />
de cinq principaux groupes qui détiennent 70 % des<br />
points de vente et réalisent 73 % du chiffre d’affaires. Il<br />
est donc composé d’acteurs détenant individuellement<br />
ou collectivement un pouvoir de marché certain et donc<br />
la capacité potentielle a déterminer les prix en se sous-<br />
Groupe Guildinvest<br />
Group All<br />
Groupe Optic 2000<br />
Grand Vision<br />
Groupe Schertz / Luz<br />
SOUS TOTAL LEADERS<br />
Soc.Cos.Europtic<br />
Atol<br />
Alain Afflelou<br />
Les opticiens mutualistes<br />
Optic Libre<br />
TOTAL 10 PREMIERS<br />
348 Xerfi, <strong>Optique</strong> (distribution), septembre 2011.<br />
94<br />
3 323<br />
1 670<br />
1 535<br />
648<br />
1 120<br />
8 296<br />
880<br />
746<br />
722<br />
673<br />
542<br />
11 859<br />
trayant à la pression concurrentielle.<br />
> Parts de marché en points de vente<br />
Sur un marché français global de la vente de produits<br />
d’optique, les cinq premiers concurrents détiennent<br />
70 % des points de vente.<br />
Nombre de<br />
points de vente 348<br />
Parts de marché<br />
(%)<br />
28 %<br />
14 %<br />
13 %<br />
5 %<br />
9 %<br />
70 %<br />
7 %<br />
6 %<br />
6 %<br />
6 %<br />
5 %<br />
100 %<br />
Figure 81 – Parts de marché des groupes d’optique en nombre de points de vente
Parts de marché en valeur<br />
Sur un marché français global de la vente de produits<br />
Groupe Guildinvest<br />
Groupe Optic 2000<br />
Group All<br />
Grand Vision<br />
Alain Afflelou<br />
SOUS TOTAL LEADERS<br />
Les opticiens mutualistes<br />
Groupe Schertz / Luz<br />
Atol<br />
Soc.Cos.Europtic<br />
Optic Libre<br />
TOTAL 10 PREMIERS<br />
d’optique, les cinq principaux concurrents détiennent<br />
73 % du chiffre d’affaires total.<br />
Chiffre d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
1 540<br />
1 018<br />
653<br />
652<br />
606<br />
4 469<br />
562<br />
400<br />
350<br />
308<br />
150<br />
6 240<br />
Figure 82 – Parts de marché des groupes d’optique en valeur<br />
Parts de marché<br />
(%)<br />
25 %<br />
15 %<br />
11 %<br />
11 %<br />
10 %<br />
73 %<br />
9 %<br />
7 %<br />
6 %<br />
5 %<br />
2,4 %<br />
100 %<br />
95
2.2.6. Un marché opaque sur la formation des prix<br />
> Une transparence très imparfaite du marché<br />
Les prix du secteur de l’optique sont très difficilement<br />
lisibles pour le consommateur, c’est à dire qu’il n’existe<br />
pas de grille exhaustive et précise qui lui permette de<br />
connaître et comparer les prix de référence des équipements<br />
disponibles chez les différents distributeurs.<br />
Cette absence de transparence peut s’expliquer au<br />
premier abord par la pluralité des paramètres déterminant<br />
le prix final d’une paire de lunettes : par exemple,<br />
pour chaque consommateur, les verres varient par leur<br />
qualité, les défauts qu’ils corrigent, etc. ; leur composition<br />
fait en outre intervenir de multiples composants (matériau,<br />
anti-reflet, etc.). Il existe donc de très nombreuses<br />
combinaisons possibles entre les différentes montures,<br />
les références de verres, etc. Par ailleurs, même si le<br />
prix des montures ne semble pas devoir varier fortement<br />
d’un distributeur à l’autre, la grande diversité des<br />
produits proposés renforce l’impression d’abondance de<br />
références difficilement comparables entre elles. Enfin,<br />
les pratiques d’« optimisation de facture », lorsqu’elles<br />
sont avérées, brouillent encore la possibilité d’obtenir<br />
des prix lisibles et donc encore plus de les comparer : à<br />
chaque client (et à chaque complémentaire) correspond<br />
un prix, proposé au client sans bien souvent que celui-ci<br />
puisse accéder en boutique à un catalogue ou une grille<br />
de prix des verres (lesquels, à la différence des prix des<br />
montures qui sont eux annoncés, sont rarement affichés<br />
dans le détail, compte tenu de la diversité des options et<br />
des corrections disponibles).<br />
La formation du prix reste donc d’une complexité certaine<br />
au niveau de la distribution. Le Conseil de la concur-<br />
96<br />
rence avait relevé que « les marges dans le secteur sont<br />
élevées : dans l’optique médicale, le prix des montures<br />
est déterminé par application d’un multiplicateur auquel<br />
s’ajoute le forfait relatif au montage. Au total, les coefficients<br />
multiplicateurs les plus couramment appliqués se<br />
situent entre 2,6 et 2,8. Il en est de même pour la détermination<br />
des prix de vente des verres. Les coefficients<br />
varient de 2,15 à 3 suivant que le prix d’achat est plus ou<br />
moins élevé, avec une complexité plus grande au niveau<br />
du forfait montage, compte tenu du nombre plus important<br />
de catégories de verres et de corrections visuelles. Le<br />
forfait de montage appliqué sur le prix des verres, mais<br />
aussi sur celui des montures, a un effet important sur le<br />
niveau global du coefficient multiplicateur appliqué au<br />
prix d’achat. La plupart des chaînes intervenant sur ce<br />
marché pratiquent de façon ponctuelle ou quasi permanente<br />
des politiques de remises plus ou moins importantes<br />
» 349 .<br />
Les comparaisons restent donc très difficiles pour le<br />
consommateur, ce qui renforce nécessairement le rôle<br />
de conseil de l’opticien. Le Conseil de la concurrence a<br />
ainsi souligné que « les prix ne sont pas déterminables<br />
sans l’aide de l’opticien » 350 . D’ailleurs, seuls 37 % des<br />
consommateurs comparent les prix et prestations des<br />
opticiens 351 . Cette situation relativement complexe et<br />
opaque, en limitant la possibilité pour le consommateur<br />
final de comparer les prix, contribue à paralyser le jeu<br />
de la concurrence dans la mesure où l’acheteur manque<br />
d’indices prix tangibles et avérés pour jauger et orienter<br />
son choix.<br />
349 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
350 Autorité de la concurrence, Décision n°02-D-36 du 14 juin 2002 relative à des pratiques relevées dans le secteur de la distribution des<br />
lunettes d’optique sur le marché de l’agglomération lyonnaise.<br />
351 Ipsos – Mutualité française, Les Français et l’optique, septembre 2012.
98<br />
3. PARTIE III<br />
favoriser la concurrence dans la<br />
distribution d’optique en France :<br />
pistes et gains attendus<br />
Il ressort des faits et analyses exposés<br />
supra que le fonctionnement du marché français de l’optique<br />
n’est pas à ce jour pleinement concurrentiel, que<br />
ce soit sur son secteur amont ou aval. L’une des manifestations<br />
et conséquences tangible de cette structure<br />
non concurrentielle est la difficulté constatée à l’arrivée<br />
de nouveaux entrants sur le marché français : la France<br />
accuse en effet un retard manifeste quant au déploiement<br />
de l’optique en ligne sur son territoire (3.1.). Ces<br />
freins à la concurrence, qui s’expriment notamment dans<br />
les résistances au e-commerce de produits d’optique, ont<br />
des conséquences dommageables, tant pour le pouvoir<br />
d’achat que pour le dynamisme du secteur en général et<br />
l’emploi ; les lever pourrait créer un appel d’air salutaire<br />
pour le consommateur et le dynamisme de l’économie (3.2).
L’essentiel & les chiffres clés<br />
— Un retard de la France en matière d’optique en ligne :<br />
• la distribution en ligne reste limitée en France : elle représenterait 0,1 % à 1 % du secteur, alors qu’aux<br />
Etats-Unis la vente en ligne représenterait 10 % du secteur, en Allemagne 5 % ;<br />
• un marché encore contraint : une procédure en manquement a été engagée contre la France par<br />
la Commission européenne en raison des restrictions à l’ouverture à la concurrence du secteur de<br />
l’optique ;<br />
— L’optique en ligne a pourtant les faveurs des autorités européennes et internationales :<br />
• les institutions communautaires ont plusieurs fois eu l’occasion d’expliquer en quoi le commerce en<br />
ligne, notamment des produits d’optique, pourrait favoriser la réalisation des objectifs de l’Union<br />
européenne ;<br />
• la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dans le cadre d’un litige concernant<br />
la réglementation hongroise relative à la vente de lentilles en ligne en 2010, a tranché en faveur<br />
du commerce en ligne ;<br />
• aux Etats-Unis, conclusions de rapports 2004 et 2005 de la Federal Trade Commission sur la<br />
3. libéralisation PARTIE III de: FAVORISER la vente enLA ligne CONCURRENCE de produits d’optique DANS LA DISTRIBUTION en faveur du canal D’OPTIQUE Internet ;<br />
— Les EN gains FRANCE à attendre : d’une concurrence accrue sur le marché de l’optique français et de l’entrée de<br />
nouveaux acteurs notamment par le canal Internet :<br />
• faire baisser les prix et en conséquence accroître le pouvoir d’achat des consommateurs :<br />
/ des économies substantielles à l’achat : dans l’hypothèse d’un accroissement de la part de<br />
la distribution par Internet de manière à représenter environ 10 % du secteur, ce canal de<br />
distribution présentant des prix inférieurs à l’ensemble du secteur, les gains attendus pour<br />
les consommateurs vont de 29,4 millions d’euros (prix sur Internet inférieurs de 8 %) à 311,14<br />
millions d’euros (prix inférieurs de 75 %, comme le prétendent les distributeurs en ligne) ; dans<br />
l’hypothèse d’une baisse généralisée des prix des produits d’optique, les gains seraient bien<br />
supérieurs ;<br />
/ une diminution des frais pris en charge par les complémentaires et une baisse de leurs cotisations. ;<br />
• des effets positifs sur l’emploi :<br />
/ la science économique a modélisé et résumé à plusieurs reprises les effets positifs de la<br />
concurrence sur l’emploi, donnant les exemples désormais célèbres du transport aérien, du<br />
transport routier, du commerce de détail ou de la téléphonie mobile ;<br />
/ pour Emmanuel Combe, professeur à l’université Paris 1 et vice-président de l’Autorité de la<br />
concurrence, « contrairement aux idées reçues, toutes les études économiques convergent<br />
pour montrer que la concurrence, si elle détruit des emplois chez les “ insiders ”, en crée<br />
davantage chez les nouveaux entrants, en augmentant la taille du marché » :<br />
En matière d’optique en ligne, aucun élément ne permet de penser que le secteur ait des caractéristiques<br />
différentes invalidant ces effets jusque-là toujours vérifiés.<br />
99
3.1. Le retard de la France en matière<br />
d’optique en ligne<br />
Les mécanismes de forclusion et de concentration amont<br />
et aval mis en lumière supra se traduisent dans les faits<br />
sur le marché aval par une pénétration de marché difficile<br />
par les nouveaux entrants que sont les distributeurs<br />
> Un développement très limité<br />
Si les statistiques précises et fiables sont rares, pour ne<br />
pas dire inexistantes, les acteurs du secteur de l’optique<br />
s’accordent pour reconnaitre que la distribution en ligne<br />
reste limitée en France (qu’ils s’en satisfassent ou le<br />
déplorent).<br />
Le chiffre le plus couramment avancé est que la distribution<br />
d’optique en ligne représenterait entre 0,1 % et<br />
1 % du secteur 352 . D’après le Gouvernement, le canal de<br />
l’optique en ligne représentait cependant de 2 à 3 % du<br />
chiffre d’affaires de la profession en 2008 353 . Ce résultat<br />
reste bien inférieur à la part de ce canal aux Etats-Unis,<br />
où la vente en ligne représenterait 10 % du secteur 354 . En<br />
Allemagne, la part de marché de la distribution par Internet<br />
serait de 5 % au total 355 .<br />
> Un marché encore contraint<br />
La France entretient de telles restrictions à l’ouverture à<br />
la concurrence du secteur de l’optique que la Commission<br />
européenne a dû engager à son encontre une procédure<br />
en manquement (ex article 226 du traité instituant la<br />
100<br />
en ligne. L’optique en ligne peine en effet à se déployer<br />
en France (3.1.1.), alors même qu’elle est soutenue par les<br />
instances européennes (3.2.2.) et dans plusieurs pays de<br />
l’OCDE, notamment les Etats-Unis (3.3.3.).<br />
3.1.1. Un secteur encore peu développé et contraint en France<br />
352 Les Echos, La guerre des lunettes sur le web est déclarée, 15 novembre 2011 ;<br />
Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />
e-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />
Communauté européenne). En septembre 2008, annonçant<br />
qu’elle avait envoyé un « avis motivé » au gouvernement<br />
français, la Commission européenne a relevé<br />
que « la législation en vigueur, en interdisant la vente<br />
à distance de produits d’optique-lunetterie par un opticien-lunetier<br />
diplômé et en prévoyant l’obligation pour<br />
tout opérateur qualifié de faire enregistrer son diplôme<br />
au niveau départemental français, entravent la liberté<br />
d’établissement (article 43 du traité CE), la libre circulation<br />
des services (article 49 CE) et notamment la libre<br />
circulation des services de la société de l’information<br />
(prévue par la directive 2000/31 sur le commerce électronique)<br />
» 356 .<br />
La Commission visait notamment l’article L.4362-9 du<br />
code de la santé publique, non modifié depuis, qui prévoit<br />
notamment que « les établissements commerciaux dont<br />
l’objet principal est l’optique-lunetterie, leurs succursales<br />
et les rayons d’optique des points de vente ne peuvent<br />
être dirigés ou gérés que par une personne remplissant<br />
les conditions requises pour l’exercice de la profession<br />
d’opticien-lunetier » 357 .<br />
353 Secrétariat d’Etat chargé du commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />
libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />
juin 2011.<br />
354 Consultation du comparateur www.optico.net.<br />
355 Le Figaro, La vente d’optique en ligne suscite un vif débat, 16 juillet 2011 ;<br />
E-commerce n°31, L’optique en ligne voit l’avenir en grand, 1 er septembre 2011.<br />
356 Commission européenne, 18 septembre 2008, Libre circulation des services : procédure d’infraction à l’encontre de la France pour les<br />
entraves à la vente en ligne de produits d’optique-lunetterie, Communiqué de presse IP/08/1354.<br />
357 Henri Alterman, Fabrice Perbost, Vers une réglementation de la vente de produits d’optique-lunetterie sur internet,<br />
Revue de jurisprudence commerciale, n°5, septembre – octobre 2011.
Ces éléments s’ajoutent à ceux relevés plus haut. Ainsi,<br />
les dysfonctionnements concurrentiels probables des<br />
marchés amont peuvent expliquer les difficultés rencontrées<br />
par les opticiens en ligne pour s’approvisionner<br />
Si la réalité des marchés semble encore ambiguë vis-à-<br />
vis du commerce en ligne, le droit communautaire, lui, a<br />
clairement tranché. Dans l’esprit de réalisation d’un marché<br />
unique visant « à établir les fondements d’une union sans<br />
cesse plus étroite entre les peuples européens » 358 , les institutions<br />
communautaires ont plusieurs fois eu l’occasion<br />
d’expliquer en quoi le commerce en ligne, notamment<br />
des produits d’optique, pourrait favoriser la réalisation<br />
des objectifs de l’Union européenne.<br />
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a eu<br />
l’occasion de s’exprimer de manière très éclairante à ce<br />
sujet, principalement dans le cadre d’un litige concernant<br />
la réglementation hongroise relative à la vente de lentilles<br />
en ligne 359 . La loi hongroise imposait en effet de disposer<br />
d’un point de vente d’une surface minimale de 18 m 2<br />
pour commercialiser des lentilles. Ne répondant pas à ce<br />
critère, la société de distribution de lentilles en ligne Ker-<br />
Optika s’était vu interdire la possibilité d’exercer son activité<br />
par l’autorité régionale compétente 360 . Une question<br />
préjudicielle avait été posée à l’occasion du litige au fond<br />
devant le juge national.<br />
A cette occasion, la CJUE a conclu en premier lieu que les<br />
lentilles étaient des dispositifs médicaux mais que l’examen<br />
par un ophtalmologiste, nécessaire à leur prescription,<br />
« ne fait pas indissociablement partie de la vente<br />
des lentilles de contact. En effet, il peut être effectué<br />
indépendamment de l’acte de vente, la vente pouvant être<br />
réalisée, même à distance, sur la base d’une prescription<br />
effectuée par le médecin ophtalmologiste qui a, au préalable,<br />
examiné le client ».<br />
auprès des producteurs d’input. En outre, les doutes<br />
présentés sur les marchés aval peuvent expliquer aussi<br />
que l’accès au marché reste difficile pour les acteurs de<br />
la distribution en ligne.<br />
3.1.2. Le droit communautaire clairement en faveur du canal Internet<br />
358 Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, Préambule.<br />
En outre, la CJUE relève que « l’interdiction des ventes de<br />
lentilles de contact par correspondance prive les opérateurs<br />
provenant d’autres Etats membres d’une modalité<br />
particulièrement efficace de commercialisation de ces<br />
produits et gêne ainsi considérablement l’accès de ces<br />
derniers au marché de l’Etat membre concerné ».<br />
Enfin, si la CJUE juge que des restrictions peuvent être<br />
imposées au nom de préoccupations de santé publique<br />
(ce qui est usuel dans le marché unique), celles-ci doivent<br />
être proportionnées. La CJUE précise qu’ « encore fautil,<br />
toutefois, que cette réglementation n’aille pas au-delà<br />
de ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif, c’est<br />
à dire qu’il n’existe pas de mesures moins attentatoires<br />
à la libre circulation des marchandises pour y parvenir ».<br />
Elle ajoute, pour répondre aux inquiétudes formulées sur<br />
l’absence de conseil des consommateurs en ligne, que<br />
« les clients peuvent être conseillés, d’une manière équivalente,<br />
avant la livraison des lentilles de contact, dans<br />
le cadre de la commercialisation de ces dernières par<br />
Internet, et ce au moyen des éléments interactifs existant<br />
sur le site internet concerné qui doivent être obligatoirement<br />
utilisés par le client avant qu’il ne puisse procéder<br />
à l’achat ».<br />
La CJUE reprend et fait référence à un arrêt de 2003 intervenu<br />
en matière de vente de médicaments non soumis à<br />
prescription médicale sur Internet 361 : dans cette précédente<br />
affaire, la CJUE avait jugé qu’il n’était pas possible<br />
d’interdire des médicaments vendus par correspondance<br />
ayant fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché<br />
allemand et n’étant pas soumis à prescription médicale.<br />
359 Cour de justice de l’Union européenne, arrêt du 2 décembre 2010, Ker-Optika bt contre ANTSZ Del-dunantuli Regionalis Intezete,<br />
Aff. C-108/09.<br />
360 La semaine juridique, édition générale, La vente des lentilles de contact ne peut pas être réservée à des points de vente spécialisés, n°50,<br />
13 décembre 2010 ;<br />
Revue Lamy Droit de l’immatériel, Commercialisation de lentilles de contact sur internet : quelques règles communautaires à ne pas<br />
perdre de vue, n°68, février 2011.<br />
361 Cour de justice de l’Union européenne, arrêt du 11 décembre 2003, Deutscher Apothekerverband, aff. C-2003/01.<br />
101
Elle avait aussi écarté les arguments relatifs à l’absence<br />
supposée de conseils sur Internet 362 .<br />
Ces décisions de la CJUE s’inscrivent dans un mouvement<br />
continu d’une logique bien connue d’extension et<br />
de perfectionnement du marché unique. Dans cette pers-<br />
3.1.3. La promotion du canal Internet aux Etats-Unis<br />
La vente par Internet des produits d’optique n’est pas<br />
promue qu’en Europe. L’exemple américain est illustratif<br />
à ce titre.<br />
En mars 2004, la Federal Trade Commission a produit<br />
un rapport sur la libéralisation de la vente en ligne de<br />
lentilles 364 . Celui-ci relevait que « les avantages économiques<br />
de la vente sur Internet sont bien documentés. Elle<br />
donne aux consommateurs la possibilité de rassembler<br />
plus facilement de l’information sur les prix, la qualité et<br />
la disponibilité, et cette réduction des coûts de recherche<br />
d’information conduit à des transactions plus efficaces et<br />
réduit les coûts de transaction ». Le rapport souligne en<br />
outre que « les consommateurs peuvent souvent obtenir des<br />
102<br />
pective, Internet est un outil essentiel de distribution :<br />
« rien ne devrait plus arrêter la généralisation d’Internet,<br />
voulue par les autorités de la concurrence comme un<br />
canal de distribution “comme les autres” » 363 .<br />
économies significatives ». Ces conclusions ont été confirmées<br />
dans un second rapport, daté de 2005 365 .<br />
La FTC s’est en outre penchée sur quelques cas particuliers.<br />
C’est le cas du Connecticut en 2002 : la FTC a<br />
considéré que les contraintes qui existaient sur la vente<br />
de lentilles par téléphone, Internet et courrier limitaient<br />
la concurrence, augmentaient les coûts pour les consommateurs<br />
et diminuaient les avantages pour le consommateur,<br />
sans fournir de bénéfices en termes de santé<br />
publique ni de sécurité 366 . En 2011, la FTC a rendu un<br />
avis similaire à propos de la législation de la Caroline du<br />
Nord, qui contraignait les ventes de lentilles, lunettes et<br />
autres produits d’optique par Internet 367 .<br />
362 La semaine juridique, entreprise et affaires, Un contrat de distribution sélective peut-il interdire de vendre des produits sur Internet ?,<br />
n°42, octobre 2011.<br />
363 Revue Lamy Droit de l’immatériel, Les réseaux de distribution et internet, un panorama des évolutions récentes, n°46, février 2009.<br />
364 Federal Trade Commission, Possible Anticompetitive Barriers to E-commerce: Contact Lenses, mars 2004.<br />
365 Federal Trade Commission, The Strength of Competition in the Sale of Rx Contact Lenses: an FTC study, février 2005.<br />
366 Federal Trade Commission, FTC staff comment before the Connecticut Board of Examiners for Opticians, 27 mars 2002.<br />
367 Federal Trade Commission, FTC staff comment before the North Carolina State Board pf Opticians Concerning Proposed Regulations for<br />
Optical Goods and Optical Goods Businesses, 13 janvier 2011.
3.2. Les gains à attendre d’une concurrence<br />
accrue sur le marché de l’optique français<br />
L’entrée de nouveaux acteurs sur le marché de la distribution<br />
de produits d’optique et notamment par le canal<br />
Internet en France devrait permettre de faire baisser les<br />
3.2.1. Les gains d’une concurrence accrue en termes de pouvoir d’achat<br />
En se reposant sur différentes hypothèses, l’Annexe II :<br />
Evaluation des gains potentiels de l’accroissement de la<br />
part d’Internet montre que le commerce en ligne pourrait<br />
permettre des gains substantiels de pouvoir d’achat pour<br />
les consommateurs.<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien<br />
de lentilles<br />
Lentilles<br />
Total<br />
198,07<br />
75,69<br />
33,55<br />
5,06<br />
19,78<br />
332,15<br />
368 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
prix et en conséquence accroître le pouvoir d’achat des<br />
consommateurs (3.2.1.). Elle aurait aussi des effets positifs<br />
sur l’emploi (3.2.2.).<br />
Ainsi, dans l’hypothèse où l’ensemble des prix des<br />
produits d’optique baisserait de manière uniforme, les<br />
gains attendus pour les consommateurs s’étalent entre<br />
332 millions d’euros (baisse de 8 %) et 3,1 milliards d’euros<br />
(baisse de 75 %) comme l’illustre la Figure 83.<br />
Hypothèses de réduction uniforme des prix (millions d’euros)<br />
8 %<br />
10 % 25 % 30 % 75 %<br />
246,93<br />
95,51<br />
41,72<br />
6,66<br />
20,66<br />
411,48<br />
614,94<br />
246,57<br />
103,46<br />
16,32<br />
64,54<br />
1 045,83<br />
737,61<br />
297,20<br />
124,46<br />
19,77<br />
75,51<br />
1 254,55<br />
Figure 83 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme des prix dans le secteur de optique 368<br />
1 844,25<br />
750,38<br />
309,68<br />
0,49<br />
196,18<br />
3 100,98<br />
103
Dans l’hypothèse, plus pessimiste, d’un accroissement de<br />
la part de la distribution par Internet, de manière à représenter<br />
environ 10 % du secteur, présentant des prix inférieurs<br />
à l’ensemble du secteur, les gains attendus pour les<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien<br />
de lentilles<br />
Lentilles<br />
Total<br />
Une baisse des prix de l’optique devrait en outre logiquement<br />
conduire à une diminution des frais pris en charge<br />
par les complémentaires et justifier dès lors une baisse<br />
de leurs cotisations. Ce n’est pas négligeable puisqu’au-<br />
104<br />
21,17<br />
3,13<br />
3,88<br />
0,31<br />
0,91<br />
29,40<br />
consommateurs vont de 29,4 millions d’euros (prix sur<br />
Internet inférieurs de 8 %) à 311,14 millions d’euros (prix<br />
inférieurs de 75 %, comme le prétendent les distributeurs<br />
en ligne 369 ).<br />
Hypothèses de prix en ligne inférieurs aux prix en point de vente<br />
(millions d’euros)<br />
8 %<br />
10 % 25 % 30 % 75 %<br />
26,12<br />
5,12<br />
4,68<br />
0,45<br />
0,91<br />
37,28<br />
62,93<br />
20,23<br />
10,85<br />
1,42<br />
5,30<br />
100,73<br />
75,19<br />
25,29<br />
12,95<br />
1,76<br />
6,94<br />
122,13<br />
Figure 84 – Gains dans l’hypothèse d’un accroissement de la part du secteur de l’optique en ligne, présentant des prix inférieurs 370<br />
369 Le Point, <strong>Optique</strong> en ligne, le coup de gueule de Marc Simoncini, 15 novembre 2011.<br />
370 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
185,86<br />
70,61<br />
31,47<br />
4,73<br />
18,47<br />
311,14<br />
jourd’hui, il existe « un obstacle financier à l’accès à la<br />
complémentaire santé en France », près d’un Français<br />
sur cinq considérant que l’assurance complémentaire est<br />
« non accessible financièrement » 371 .<br />
371 Florence Jusot, Clémence Perraudin, Jérôme Wittwer, L’accessibilité financière à la complémentaire santé en France : les résultats de<br />
l’enquête Budget de Famille 2006, <strong>Economique</strong> et Statistique n°450, Insee, novembre 2012.
3.2.2. Les gains d’une concurrence accrue en termes d’emploi<br />
Parce qu’elle permet une allocation optimale des moyens,<br />
la concurrence crée de l’emploi. Comme le résume Emmanuel<br />
Combe, professeur à l’université Paris 1 et viceprésident<br />
de l’Autorité de la concurrence, « contrairement<br />
aux idées reçues, toutes les études économiques<br />
convergent pour montrer que la concurrence, si elle<br />
détruit des emplois chez les insiders, en crée davantage<br />
chez les nouveaux entrants, en augmentant la taille<br />
du marché » 372 . Si elle génère des ajustements parfois<br />
difficiles, la « destruction créatrice » schumpetérienne<br />
conduit à des créations d’emplois.<br />
Des productions aujourd’hui bien connues ont démontré<br />
ces effets positifs sur l’ensemble de l’économie. Pierre<br />
Cahuc, Francis Kramarz et André Zylberberg ont ainsi<br />
résumé les effets positifs de la concurrence sur l’emploi,<br />
donnant les exemples désormais célèbres du transport<br />
aérien, du transport routier ou du commerce de détail 373<br />
(ce dernier exemple ayant d’ailleurs fait l’objet d’études<br />
complémentaires 374 ). Ils relevaient qu’une abondance de<br />
travaux « convergent pour montrer que les barrières à la<br />
concurrence sont défavorables à l’emploi, à la croissance<br />
et au pouvoir d’achat ».<br />
En matière d’optique en ligne, le phénomène est encore<br />
trop récent pour qu’il soit possible d’effectuer des calculs<br />
et mesures pertinents (absence de données sur les moyen<br />
et long termes passés, transparence des prix insuffisante,<br />
etc.). Aucun élément ne permet cependant de penser que<br />
le secteur ait des caractéristiques telles qu’elles invalideraient<br />
les rappels généraux ci-dessus. L’entrée sur le<br />
marché de nouveaux acteurs, si elle n’est pas empêchée<br />
par des barrières telles que des pratiques anticoncurrentielles,<br />
devrait conduire à une reconfiguration des<br />
distributeurs de produits d’optique. Cette transformation<br />
devrait conduire, ultimement, à un surplus global accru<br />
et se révéler bénéfique pour l’emploi dans l’ensemble du<br />
secteur.<br />
372 Emmanuel Combe, Les bénéfices insoupçonnés de la concurrence pour le pouvoir d’achat, Le Monde, 21 mars 2011.<br />
373 Pierre Cahuc, Francis Kramarz et André Zylberberg, Les ennemis de la concurrence et de l’emploi, Commentaire n°114, 2006.<br />
374 Francis Kramarz, Marianne Bertrand, Does Entry Regulation Hinder Job Creation? Evidence from the French Retail Industry,<br />
Quarterly Journal of Economics, CXVII, 4, 2002 ;<br />
Philippe Askenazy, Katia Weidenfeld, Les soldes de la loi Raffarin – le contrôle du grand commerce alimentaire, CEPREMAP, 2007.<br />
105
106<br />
Annexe I<br />
comparaison des chiffres<br />
d’affaires des marchés de<br />
l’optique entre pays<br />
Pour comparer les dépenses d’optique par consommateur entre pays, il convient de déterminer dans un premier temps<br />
la taille de l’échantillon de population potentiellement concerné par pays.<br />
1) Focus sur les marchés optiques de quelques pays choisis<br />
Les marchés étrangers de l’optique en Italie, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni peuvent se décomposer comme suit :<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
France<br />
Italie<br />
Royaume-Uni<br />
(1)<br />
Verres<br />
2,286<br />
0,940<br />
2,583<br />
1,475<br />
1,524<br />
(2)<br />
Montures<br />
0,687<br />
0,510<br />
1,251<br />
0,687<br />
1,265<br />
(3)<br />
Lentilles<br />
2,273<br />
0,146<br />
0,337<br />
0,304<br />
0,539<br />
0,107<br />
0,045<br />
0,09<br />
0,062<br />
0,074<br />
Figure 85 – Marchés étrangers par catégorie de produits en 2007, en milliards d’euros 375<br />
375 L’Opticien lunetier, Les chiffres clés 2007, n°622, mai 2008.<br />
(4)<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
(5)<br />
Solaires<br />
0,063<br />
0,51<br />
0,260<br />
0,831<br />
0,077
2) Les consommateurs potentiels par pays et par produit<br />
Comme l’indique la Figure 49 plus haut, les pays similaires à la France ont des populations qui portent des corrections<br />
d’optiques dans des proportions voisines à celles de la France.<br />
Etats-Unis<br />
Espagne<br />
France<br />
Royaume-Uni<br />
Moyenne<br />
64 %<br />
60 %<br />
64 %<br />
61 %<br />
62,25 %<br />
Si l’on considère qu’il n’y a aucune raison a priori pour que les populations des pays comparables à la France aient une<br />
vue qui diffère de manière sensible de celle des Français, en retenant les taux moyens présentés dans la Figure 86, il est<br />
possible de déterminer la population de clients potentiels dans plusieurs pays.<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
Etats-Unis<br />
France<br />
Italie<br />
Royaume-Uni<br />
82 266,38<br />
44 878,95<br />
301 231,20<br />
61 695,05<br />
59 375,29<br />
60 137,00<br />
%<br />
porteurs<br />
de lunettes<br />
51 210,82<br />
27 937,15<br />
187 516,42<br />
38 405,17<br />
36 961,12<br />
37 435,28<br />
11 %<br />
9 %<br />
Figure 86 – Part de population portant des corrections<br />
(1)<br />
Population<br />
totale 376<br />
(2)<br />
Porteurs de<br />
lunettes<br />
%<br />
porteurs<br />
de lentilles<br />
7,2 %<br />
9,06 %<br />
(3)<br />
Porteurs<br />
de lentilles<br />
7 453,33<br />
4 066,03<br />
27 291,55<br />
5 589,57<br />
5 379,40<br />
5 448,41<br />
Figure 87 – Porteurs de correction dans différents pays, en 2007, en milliers<br />
Les colonnes (2), (3) et (4) sont obtenues par application des pourcentages moyens de la Figure 86<br />
376 Source : OCDE StatExtracts, consulté en ligne.<br />
%<br />
porteurs de<br />
correction<br />
75 %<br />
71 %<br />
68 %<br />
71,33 %<br />
(4)<br />
Porteurs de<br />
correction (total)<br />
58 680,61<br />
32 012,16<br />
214 868,21<br />
44 007,08<br />
42 352,39<br />
42 895,72<br />
107
Afin de détailler plus avant ces chiffres, il faut considérer que le nombre de consommateurs de verres et le nombre de<br />
consommateurs de montures est égal au nombre de porteurs de lunettes (colonne 2), les lunettes étant évidemment<br />
composées de verres et de montures.<br />
Par déduction et simplification, il peut être aussi considéré que le nombre de consommateurs de lunettes de soleil est<br />
égal au nombre de porteurs totaux (colonne 4). Ce chiffre est certainement inférieur à ce qu’il est en réalité : en effet,<br />
l’ensemble de la population est concerné par l’achat de ces produits (et non seulement les porteurs de correction).<br />
Enfin, il sera considéré que le nombre de consommateurs de produits d’entretien pour lentilles est égal au nombre de<br />
porteurs de lentilles.<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
Etats-Unis<br />
France<br />
Italie<br />
Royaume-Uni<br />
108<br />
(1)<br />
Verres<br />
51 210,82<br />
27 937,15<br />
187 516,42<br />
38 405,17<br />
36 961,12<br />
37 435,28<br />
(2)<br />
Montures<br />
51 210,82<br />
27 937,15<br />
187 516,42<br />
38 405,17<br />
36 961,12<br />
37 435,28<br />
(3)<br />
Lentilles<br />
7 453,33<br />
4 066,03<br />
27 291,55<br />
5 589,57<br />
5 379,40<br />
5 448,41<br />
(4)<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
7 453,33<br />
4 066,03<br />
27 291,55<br />
5 589,57<br />
5 379,40<br />
5 448,41<br />
Figure 88 – Consommateurs potentiels par pays et par type de produit, en 2007, en milliers<br />
(5)<br />
Solaires<br />
58 680,61<br />
32 012,16<br />
214 868,21<br />
44 007,08<br />
42 352,39<br />
42 895,72
3) Les chiffres d’affaires par client suivant les pays<br />
Les éléments précédents permettent de calculer un chiffre d’affaires moyen par consommateur et par type de produit.<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
France<br />
Italie<br />
Royaume-<br />
Uni<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
Italie<br />
Royaume-<br />
Uni<br />
Verres<br />
44,64<br />
33,65<br />
67,26<br />
39,91<br />
40,71<br />
Verres<br />
-22,62<br />
-33,61<br />
-27,35<br />
-26,55<br />
Montures<br />
13,42<br />
18,26<br />
32,57<br />
18,59<br />
33,79<br />
Montures<br />
-19,16<br />
-14,32<br />
-13,99<br />
1,22<br />
Lentilles<br />
36,63<br />
35,91<br />
60,29<br />
56,51<br />
98,93<br />
Lentilles<br />
-23,66<br />
-24,38<br />
-3,78<br />
38,64<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
14,36<br />
11,07<br />
16,10<br />
11,53<br />
13,58<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
-1,75<br />
-5,03<br />
-4,58<br />
-2,52<br />
Solaires<br />
1,07<br />
15,93<br />
5,91<br />
19,62<br />
1,80<br />
Figure 89 – Chiffres d’affaires moyens par consommateur et par type de produit, en euros<br />
-4,83<br />
10,02<br />
13,71<br />
-4,11<br />
110,11<br />
114,81<br />
182,13<br />
146,15<br />
188,81<br />
Il convient de remarquer la faiblesse des chiffres d’affaires par consommateur pour les lunettes de soleil en Allemagne<br />
et au Royaume-Uni, probablement due à un moindre ensoleillement sur ces zones géographiques.<br />
Les chiffres d’affaires par consommateur sont les plus élevés en France pour les verres et les produits d’entretien.<br />
Solaires<br />
Figure 90 – Ecarts de chiffres d’affaires par consommateur par rapport à la France, en euros<br />
Total<br />
Total<br />
-72,02<br />
-67,32<br />
-35,98<br />
Lecture : le chiffre d’affaires par consommateur pour les verres est de 33,61 euros inférieur en Espagne à ce qu’il est en France.<br />
6,68<br />
109
4) Simulation de marchés français hypothétiques sur la base de chiffres d’affaires par<br />
consommateur étranger<br />
Si la France avait un chiffre d’affaires par consommateur similaire aux autres pays, la valeur globale du marché de<br />
l’optique serait sensiblement différente de ce qu’elle est aujourd’hui dans les faits.<br />
Pour évaluer ces hypothèses, les chiffres d’affaires moyens par consommateur ont été multipliés par le nombre de<br />
consommateurs français.<br />
Les chiffres relatifs aux ventes de solaires sont donnés à titre indicatif. Pour les raisons évoquées plus haut ils ne<br />
semblent cependant pas pertinents.<br />
Consommateurs<br />
Chiffre d’affaires<br />
par tête<br />
Chiffre d’affaires<br />
français<br />
hypothétique<br />
(millions d’euros)<br />
Consommateurs<br />
Chiffre d’affaires<br />
par tête<br />
Chiffre d’affaires<br />
français<br />
hypothétique<br />
(millions d’euros)<br />
110<br />
Verres<br />
38 405,17<br />
44,64<br />
1 714,4<br />
Verres<br />
38 405,17<br />
33,65<br />
1 292,2<br />
Montures<br />
38 405,17<br />
13,42<br />
515,2<br />
Montures<br />
38 405,17<br />
18,26<br />
701,1<br />
Lentilles<br />
5 589,57<br />
36,63<br />
204,7<br />
Lentilles<br />
5 589,57<br />
35,91<br />
200,7<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
5 589,57<br />
14,36<br />
80,2<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
5 589,57<br />
11,07<br />
61,9<br />
Solaires<br />
44 007,08<br />
Figure 91 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Allemagne<br />
Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />
qu’il est en Allemagne (44,64 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,71 milliard d’euros en France.<br />
1,07<br />
47,2<br />
Solaires<br />
44 007,08<br />
15,93<br />
701,1<br />
Figure 92 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Espagne<br />
Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />
qu’il est en Espagne (33,65 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,92 milliard d’euros en France.
Consommateurs<br />
Chiffre d’affaires<br />
par tête (euros)<br />
Chiffre d’affaires<br />
français<br />
hypothétique<br />
(millions d’euros)<br />
Consommateurs<br />
Chiffre d’affaires<br />
par tête (euros)<br />
Chiffre d’affaires<br />
français<br />
hypothétique<br />
(millions d’euros)<br />
Verres<br />
38 405,17<br />
39,91<br />
1 532,6<br />
Verres<br />
38 405,17<br />
40,71<br />
1 563,5<br />
Montures<br />
38 405,17<br />
18,59<br />
713,8<br />
Montures<br />
38 405,17<br />
33,79<br />
1 297,8<br />
Lentilles<br />
5 589,57<br />
56,51<br />
315,9<br />
Lentilles<br />
5 589,57<br />
98,93<br />
553,0<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
5 589,57<br />
11,53<br />
64,4<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
5 589,57<br />
13,58<br />
75,9<br />
Solaires<br />
44 007,08<br />
19,62<br />
863,5<br />
Figure 93 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Italie<br />
Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />
qu’il est en Italie (39,91 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,53 milliard d’euros en France.<br />
Solaires<br />
44 007,08<br />
Figure 94 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est au Royaume-Uni<br />
Lecture : si les 38,40 millions de consommateurs de verres optiques français produisaient un chiffre d’affaires par tête égal à ce<br />
qu’il est au Royaume-Uni (40,71 euros), le marché global de la vente de verres optiques serait de 1,56 milliard d’euros en France.<br />
1,80<br />
79,0<br />
111
5) Différences entre les marchés français hypothétiques et les marchés étrangers<br />
Ces chiffres obtenus, il est possible de mesurer l’écart entre le niveau réel du marché français et celui qu’il devrait avoir<br />
si les chiffres d’affaires par consommateur étaient équivalents à ce qu’ils sont dans les pays observés.<br />
Les chiffres du solaire ne sont pas inclus pour les raisons expliquées plus haut.<br />
Marché réel<br />
Marché hypothétique<br />
Différence<br />
Marché réel<br />
Marché hypothétique<br />
Différence<br />
112<br />
Verres<br />
2 583<br />
1 714<br />
868,6<br />
Verres<br />
2 583<br />
1292<br />
1 291<br />
Montures<br />
1251<br />
515<br />
735,8<br />
Montures<br />
1 251<br />
701<br />
550<br />
Lentilles<br />
337<br />
204,7<br />
132,3<br />
Lentilles<br />
337<br />
200,7<br />
136<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
9<br />
80<br />
-71,2<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
9<br />
61,9<br />
-53<br />
Solaires<br />
4 180<br />
2 515<br />
1 665,4<br />
Figure 95 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont en Allemagne (en millions d’euros)<br />
Lecture : le marché français des verres est de 868 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />
consommateur était égal à ce qu’il est en Allemagne. A l’inverse, le marché français des produits d’entretien est 71 millions<br />
d’euros inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est en Allemagne.<br />
Solaires<br />
4 180<br />
5 052<br />
1 924<br />
Figure 96 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont en Espagne (en millions d’euros)<br />
Lecture : le marché français des verres est de 1 291 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />
consommateur était égal à ce qu’il est en Espagne. A l’inverse, le marché français des produits d’entretiens est 53 millions d’euros<br />
inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est en Espagne.
Marché réel<br />
Marché hypothétique<br />
Différence<br />
Marché réel<br />
Marché hypothétique<br />
Différence<br />
Verres<br />
2 583<br />
1 533<br />
1 050<br />
Verres<br />
2 583<br />
1 564<br />
1 020<br />
Montures<br />
1 251<br />
714<br />
537<br />
Montures<br />
1 251<br />
1 298<br />
-47<br />
Lentilles<br />
337<br />
316<br />
21<br />
Lentilles<br />
337<br />
553<br />
-216<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
9<br />
64,4<br />
-55<br />
Produits<br />
d’entretien<br />
9<br />
76<br />
-67<br />
Solaires<br />
4 180<br />
6 432<br />
1 553<br />
Figure 97 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont en Italie (en millions d’euros)<br />
Lecture : le marché français des verres est de 1 050 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />
consommateur était égal à ce qu’il est en Italie. A l’inverse, le marché français des produits d’entretien est de 55 millions d’euros<br />
inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est en Italie.<br />
Solaires<br />
4 180<br />
8 309<br />
Figure 98 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateurs<br />
équivalents à ce qu’ils sont au Royaume-Uni (en millions d’euros)<br />
Lecture : le marché français des verres est 1 020 millions d’euros supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par<br />
consommateur était égal à ce qu’il est au Royaume-Uni. A l’inverse, le marché français des produits d’entretien est de 67 millions<br />
d’euros inférieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires par consommateur était égal à ce qu’il est au Royaume-Uni.<br />
690<br />
113
6) Conclusion<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Allemagne<br />
Espagne<br />
Italie<br />
Royaume-Uni<br />
Ecart moyen<br />
114<br />
Verres<br />
869<br />
1 291<br />
1 050<br />
1 020<br />
1 057<br />
Montures Lentilles Produits<br />
d’entretien<br />
-736<br />
550<br />
537<br />
-47<br />
444<br />
132<br />
136<br />
21<br />
-216<br />
18<br />
-71<br />
-53<br />
-55<br />
-67<br />
-62<br />
Total<br />
1 665<br />
1 924<br />
1 553<br />
690<br />
1 458<br />
Figure 99 – Ecarts et écart moyen entre le marché français réel et les marchés hypothétiques fondés sur les chiffres d’affaires<br />
par consommateur de quelques pays (millions d’euros)<br />
Au final, il ressort de ces calculs que le marché français est généralement supérieur à ce qu’il serait si le chiffre d’affaires<br />
par consommateur était le même que dans les pays voisins. Il est :<br />
— supérieur en moyenne de 1,5 milliard d’euros ;<br />
— supérieur en moyenne de 1,1 milliard d’euros sur le segment des verres, qui représentent l’essentiel du surplus ;<br />
— supérieur en moyenne de 444 millions d’euros sur le segment des montures ;<br />
— supérieur en moyenne de 18 millions d’euros sur le segment des lentilles, c’est à dire quasiment équivalent ; et<br />
— inférieur en moyenne de 62 millions d’euros sur le segment des produits d’entretien, c’est à dire quasiment équivalent.
115
116<br />
Annexe II<br />
évaluation des gains potentiels<br />
de l’accroissement de la part<br />
d’Internet sur le marché de<br />
l’optique en France<br />
1) La baisse des prix engendrée par le commerce sur Internet en général<br />
Si les études s’accordent pour constater que la distribution sur Internet fait baisser les prix, l’évaluation de cet avantage<br />
pour les consommateurs n’est pas uniforme selon les catégories de produits, comme le montre la Figure 100. Une étude<br />
McKinsey récente relève cependant que « les achats effectués en ligne sont en moyenne 10 % moins cher que ceux réalisés<br />
dans des points de vente, pour des produits identiques » 377 .<br />
Sources Produits Réduction de prix<br />
par le canal Internet<br />
378<br />
379<br />
380<br />
CD<br />
Mode féminine<br />
Mode masculine<br />
Mode enfant<br />
Parapharmacie<br />
Parfums et cosmétiques de luxe<br />
Produits électroménagers « blancs »<br />
Produits électroménagers « bruns »<br />
Produits électroménagers « gris »<br />
7 %<br />
25 %<br />
15 %<br />
6,5 %<br />
8 - 10 %<br />
< 5 %<br />
10 %<br />
10 %<br />
10 %<br />
377 McKinsey & Company, Impact d’Internet sur l’économie française. Comment Internet transforme notre pays, mars 2011.<br />
378 Sophie Larribeau, Thierry Pénard, Le commerce électronique en France : un essai de mesure sur le marché des CD, Economie & Statistique,<br />
n°355-356, 2002.<br />
379 Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD), Mode et internet : les Français consomment de plus en plus sur Internet,<br />
Conférence de presse du 6 septembre 2012.
Sources Produits Réduction de prix<br />
par le canal internet<br />
380<br />
Télévision écran plat<br />
Caméscope<br />
Appareil photo numérique<br />
Lecteur DVD<br />
Baladeur numérique<br />
Lave-vaisselle<br />
Four micro-ondes<br />
Lave-linge<br />
Réfrigérateur<br />
Imprimante multi-fonctions<br />
Ordinateur portable<br />
Lecture : en moyenne, les CD sont 7 % moins chers sur Internet.<br />
Figure 100 – Différence de prix moyen sur le canal Internet<br />
10,4 %<br />
13,2 %<br />
8,5 %<br />
11,3 %<br />
6,4 %<br />
9,8 %<br />
12,9 %<br />
4 %<br />
2,1 %<br />
10,6 %<br />
1,1 %<br />
380 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />
117
2) La baisse des prix attendue dans le secteur de l’optique en ligne<br />
Les prix des produits d’optique en ligne sont difficiles à déterminer. Il semble, au regard des développements ci-dessus,<br />
qu’ils sont inférieurs à ce qu’ils sont en point de vente.<br />
Plusieurs évaluations pourraient être retenues :<br />
— scénario A : les prix de l’ensemble du secteur de l’optique baissent de manière uniforme sous l’effet du canal Internet ;<br />
ou<br />
— scénario B : les prix hors « distribution par Internet » restent stables mais la part de la distribution par Internet dans<br />
le secteur augmente.<br />
Dans l’une et l’autre hypothèse, les prix peuvent baisser de plusieurs manières :<br />
— hypothèse I : les prix baissent comme les produits de parapharmacie 381 . Ceux-ci sont susceptibles d’évoluer de deux<br />
façons relève l’Autorité de la concurrence, en moyenne et au maximum ;<br />
118<br />
• hypothèse I1 : les produits baissent de 8 à 10 % en moyenne ;<br />
• hypothèse I2 : les produits baissent de 25 à 30 % au maximum.<br />
— hypothèse II : les prix baissent de 75 % comme le prétendent certains acteurs de l’optique en ligne 382 .<br />
Cette dernière hypothèse semble au demeurant confirmée par le Gouvernement français qui écrivait dans un document<br />
transmis au Parlement en 2011 que « les équipements d’optique correcteurs commercialisés à distance présentent l’avantage<br />
d’être commercialisés à des prix nettement inférieurs à ceux habituellement constatés dans les points de vente<br />
traditionnels, ce qui conduit à prévoir un développement important de ce type de ventes. Le rapport entre les prix de<br />
vente au public de l’une et l’autre forme de commercialisation, plus marqué apparemment pour les montures que pour<br />
les verres, est globalement de l’ordre de 2 à 3 » 383 .<br />
381 Autorité de la concurrence, Avis n°12-A-20 du 18 septembre 2012 relatif au fonctionnement concurrentiel du commerce électronique.<br />
382 Le Point, <strong>Optique</strong> en ligne, le coup de gueule de Marc Simoncini, 15 novembre 2011.<br />
383 Secrétariat d’Etat chargé du commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions<br />
libérales et de la Consommation, Projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs – étude d’impact,<br />
juin 2011.
3) Les prix et les chiffres d’affaires actuels sur le marché de l’optique français<br />
Les prix moyens en euros en septembre 2012 et les chiffres d’affaires sont présentés dans la Figure 101 et la Figure 102.<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles de contact<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles de contact<br />
94,1<br />
121,4<br />
98,2<br />
9,6<br />
2,4<br />
Figure 101 – Prix moyens des produits d’optique 384<br />
Prix moyen<br />
(euros)<br />
Chiffres<br />
d’affaires<br />
(millions d’euros)<br />
2 457,6<br />
1 002,7<br />
413<br />
66<br />
262<br />
Figure 102 – Chiffres d’affaires par produit d’optique de septembre 2011 à septembre 2012 385<br />
384 GFK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />
385 GFK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />
119
4) Prix estimés à l’issue des baisses de prix consécutives au développement du<br />
canal Internet, suivant les différentes hypothèses envisagées<br />
120<br />
a) Hypothèse I1 : les prix baissent de 8 ou 10 % en moyenne<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles de contact<br />
94,1<br />
121,4<br />
98,2<br />
9,6<br />
2,4<br />
b) Hypothèse I2 : les prix baissent de 25 ou 30% au maximum<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles de contact<br />
Prix moyen<br />
(euros)<br />
Prix moyen<br />
(euros)<br />
94,1<br />
121,4<br />
98,2<br />
9,6<br />
2,4<br />
Baisse<br />
de 8 %<br />
86,6<br />
111,7<br />
90,3<br />
Figure 103 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 8 % ou 10 % des prix moyens<br />
8,8<br />
2,2<br />
Baisse<br />
de 25 %<br />
70,6<br />
91,1<br />
73,7<br />
7,2<br />
1,8<br />
Baisse<br />
de 10 %<br />
84,7<br />
109,3<br />
88,4<br />
8,6<br />
2,2<br />
Baisse<br />
de 30%<br />
65,9<br />
85,0<br />
68,7<br />
Figure 104 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 25 % ou 30% des prix au maximum<br />
6,7<br />
1,7
c) Hypothèse II : les prix baissent de 75%<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles de contact<br />
Prix moyen<br />
(euros)<br />
94,1<br />
121,4<br />
98,2<br />
5) Nombre de produits vendus par an sur le marché français de l’optique<br />
Selon les données disponibles 386 , les produits vendus sur un an se répartissent de la manière suivante :<br />
9,6<br />
2,4<br />
Baisse<br />
de 75 %<br />
23,5<br />
30,4<br />
24,6<br />
2,4<br />
0,6<br />
Figure 105 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 75 %<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
386 GFK, Note regards, données à fin septembre 2012.<br />
Unités<br />
vendues<br />
(millions)<br />
26,1<br />
8,3<br />
4,2<br />
6,9<br />
109,7<br />
Figure 106 – Unités vendues par type de produit entre septembre 2011 et septembre 2012<br />
121
6) Les gains estimés pour les consommateurs d’une généralisation du canal Internet<br />
pour la distribution d’optique en ligne, suivant les différentes hypothèses envisagées<br />
122<br />
a) Scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits<br />
>Hypothèse I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 %<br />
Baisse des prix de 8 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
2 259,53<br />
927,01<br />
379,44<br />
60,94<br />
242,22<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />
de 8 % conduirait à un gain total de 332,16 millions d’euros.<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Figure 107 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 %<br />
millions d’euros<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
198,07<br />
75,69<br />
33,55<br />
5,06<br />
19,78<br />
332,16<br />
Figure 108 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 %
Baisse des prix de 10 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
2 210,67<br />
907,19<br />
371,28<br />
59,34<br />
214,34<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />
de 10 % conduirait à un gain total de 411,88 millions d’euros.<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Figure 109 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 %<br />
millions d’euros<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
246,93<br />
95,51<br />
41,72<br />
6,66<br />
20,66<br />
411,84<br />
Figure 110 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 %<br />
123
124<br />
> Hypothèse I2 : baisse des prix de 25 % ou 30 %<br />
Baisse des prix de 25 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
1 842,66<br />
756,13<br />
309,54<br />
49,68<br />
197,46<br />
Figure 111 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 %<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />
de 25 % conduirait à un gain total de 1 045,83 millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
614,94<br />
246,57<br />
103,46<br />
16,32<br />
64,54<br />
1 045,83<br />
Figure 112 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 %
Baisse des prix de 30 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
1 719,99<br />
705,50<br />
288,54<br />
46,23<br />
186,49<br />
Figure 113 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 %<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />
de 30 % conduirait à un gain total de 1 254,55 millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
737,61<br />
297,20<br />
124,46<br />
19,77<br />
75,51<br />
1 254,55<br />
Figure 114 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 %<br />
125
126<br />
> Hypothèse II : baisse des prix de 75 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
613,35<br />
252,32<br />
103,32<br />
16,56<br />
65,82<br />
Figure 115 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 75 %<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort, qu’une baisse uniforme de l’ensemble des prix des produits d’optique<br />
de 75 % conduirait à un gain total de 3 149,93 millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
1 844,25<br />
750,38<br />
309,68<br />
49,44<br />
196,18<br />
3 149,93<br />
Figure 116 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme des prix de 75 %
) Scénario B : accroissement de la part de la distribution par Internet dans le secteur total<br />
Dans ce scénario, il sera supposé que le secteur de la distribution par Internet augmente, de façon à représenter environ<br />
10 % du secteur total, comme c’est le cas aux Etats-Unis 387 .<br />
>Hypothèses I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 %<br />
Baisse des prix de 8 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles<br />
Ventes<br />
en ligne<br />
(10 % du<br />
marché)<br />
226,03<br />
92,71<br />
37,93<br />
6,07<br />
24,13<br />
Ventes<br />
en point<br />
de vente<br />
(90 % du<br />
marché)<br />
2 210,41<br />
906,85<br />
371,19<br />
596,16<br />
236,95<br />
Total du<br />
marché<br />
hypothétique<br />
2 436,44<br />
999,57<br />
409,12<br />
65,69<br />
261,09<br />
Figure 117 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />
manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 8 %, conduirait à un gain total de 29,40<br />
millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
21,17<br />
3,13<br />
3,88<br />
0,31<br />
0,91<br />
29,40<br />
Figure 118 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
387 Consultation du comparateur www.optico.net .<br />
127
128<br />
Baisse des prix de 10 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles<br />
Ventes<br />
en ligne<br />
(10 % du<br />
marché)<br />
221,07<br />
90,72<br />
31,13<br />
5,93<br />
24,13<br />
Ventes<br />
en point<br />
de vente<br />
(90 % du<br />
marché)<br />
2 210,41<br />
906,85<br />
371,19<br />
596,16<br />
236,95<br />
Total du<br />
marché<br />
hypothétique<br />
2 431,47<br />
997,58<br />
408,32<br />
65,55<br />
261,09<br />
Figure 119 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />
manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 10 %, conduirait à un gain total de 37,29<br />
millions d’euros<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
26,12<br />
5,12<br />
4,68<br />
0,45<br />
0,91<br />
37,29<br />
Figure 120 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles<br />
> Hypothèses I2 : baisse des prix de 25 % ou 30%<br />
Baisse des prix de 25 %<br />
millions d’euros<br />
Ventes<br />
en ligne<br />
(10 % du<br />
marché)<br />
184,27<br />
75,61<br />
30,95<br />
4,97<br />
19,75<br />
Ventes<br />
en point<br />
de vente<br />
(90 % du<br />
marché)<br />
2 210,41<br />
906,85<br />
371,19<br />
596,16<br />
236,95<br />
Total du<br />
marché<br />
hypothétique<br />
2 394,68<br />
982,47<br />
402,15<br />
64,58<br />
256,70<br />
Figure 121 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par internet de 10 % du secteur<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />
manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 25 %, conduirait à un gain total de 100,72<br />
millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
62,93<br />
20,23<br />
10,85<br />
1,42<br />
5,30<br />
100,72<br />
Figure 122 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
129
130<br />
Baisse des prix de 30 %<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles<br />
Ventes<br />
en ligne<br />
(10 % du<br />
marché)<br />
172,00<br />
70,55<br />
28,85<br />
4,62<br />
18,65<br />
Ventes<br />
en point<br />
de vente<br />
(90 % du<br />
marché)<br />
2 210,41<br />
906,85<br />
371,19<br />
596,16<br />
236,95<br />
Total du<br />
marché<br />
hypothétique<br />
2 382,41<br />
977,41<br />
400,05<br />
64,24<br />
255,60<br />
Figure 123 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />
manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 30 %, conduirait à un gain total de 121,59<br />
millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
75,19<br />
25,29<br />
12,95<br />
1,76<br />
6,94<br />
121,59<br />
Figure 124 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien de lentilles<br />
Lentilles<br />
Hypothèses II : baisse des prix de 75 %<br />
millions d’euros<br />
Ventes<br />
en ligne<br />
(10 % du<br />
marché)<br />
61,34<br />
25,23<br />
10,33<br />
1,66<br />
6,58<br />
Ventes<br />
en point<br />
de vente<br />
(90 % du<br />
marché)<br />
2 210,41<br />
906,85<br />
371,19<br />
596,16<br />
236,95<br />
Total du<br />
marché<br />
hypothétique<br />
2 271,74<br />
932,09<br />
381,53<br />
61,27<br />
243,53<br />
Figure 125 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
Par comparaison avec la Figure 102, il ressort qu’une augmentation du secteur de la distribution par Internet de<br />
manière à représenter 10 % du secteur total et avec des prix inférieurs de 75 %, conduirait à un gain total de 311,13<br />
millions d’euros.<br />
millions d’euros<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien des lentilles<br />
Lentilles<br />
TOTAL<br />
Gains par<br />
rapport au<br />
marché réel<br />
185,86<br />
70,61<br />
31,47<br />
4,73<br />
18,47<br />
311,13<br />
Figure 126 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur<br />
131
132<br />
c) Gains moyens par consommateur<br />
> Nombre de consommateurs<br />
Soit la population de la France en 2011, soit 63,29 millions de personnes 388 , et les pourcentages de porteurs de<br />
correction par catégorie de produit tels que définis à la Figure 86, les nombres de consommateurs à retenir pour la<br />
démonstration sont les suivants :<br />
Marché<br />
hypothétique<br />
Porteurs de lunettes<br />
Porteurs de lentilles<br />
Porteurs de correction (total)<br />
62,25 %<br />
9,06 %<br />
71,33 %<br />
Pour la démonstration, il est supposé que le nombre de consommateurs de lunettes est égal à celui des porteurs de<br />
verres et de montures et que celui des consommateurs de lentilles est égal à celui des consommateurs de produits<br />
d’entretien.<br />
388 Source : OCDE StatExtracts, consulté en ligne.<br />
Porteurs en %<br />
de la<br />
population<br />
Figure 127 – Porteurs de correction en France en 2011<br />
Porteurs en<br />
nombre<br />
(millions)<br />
39,4<br />
5,73<br />
45,15
Gains moyens dans le scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien<br />
de lentilles<br />
Lentilles<br />
39,40<br />
39,40<br />
45,15<br />
5,73<br />
5,73<br />
Figure 128 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses d’une baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits<br />
> Gains moyens dans le scénario B : accroissement de la part de la distribution par Internet dans le<br />
secteur total<br />
Verres de correction<br />
Montures optiques<br />
Montures solaires<br />
Produits d’entretien<br />
de lentilles<br />
Lentilles<br />
Nombre de<br />
consommateurs<br />
(millions)<br />
Nombre de<br />
consommateurs<br />
(millions)<br />
39,40<br />
39,40<br />
45,15<br />
5,73<br />
5,73<br />
Hypothèses d’une baisse uniforme des prix de<br />
l’ensemble des produits<br />
8 %<br />
5,03<br />
1,92<br />
0,74<br />
0,88<br />
3,45<br />
0,54<br />
0,08<br />
0,09<br />
0,05<br />
0,16<br />
Figure 129 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses de prix inférieurs des produits distribués par Internet<br />
6,27<br />
2,42<br />
0,92<br />
1,16<br />
3,61<br />
0,66<br />
0,13<br />
0,10<br />
0,08<br />
0,16<br />
15,61<br />
6,26<br />
2,29<br />
2,85<br />
11,26<br />
1,60<br />
0,51<br />
0,24<br />
0,25<br />
0,92<br />
18,72<br />
7,54<br />
2,76<br />
3,45<br />
13,18<br />
Lecture : dans l’hypothèse d’une baisse des prix de l’ensemble des produits de 30 %, le consommateur bénéficierait d’un gain<br />
moyen de 3,45 euros sur les produits d’entretien de lentilles et de 26,26 euros sur une paire de lunettes (verres + monture).<br />
8 %<br />
10 %<br />
10 %<br />
25 %<br />
25 %<br />
30 %<br />
Hypothèses de prix inférieurs des produits<br />
distribués par Internet<br />
Lecture : dans l’hypothèse d’un accroissement de la part de la distribution sur Internet et d’un secteur en ligne pratiquant des<br />
30 %<br />
1,91<br />
0,64<br />
0,29<br />
0,31<br />
1,21<br />
75 %<br />
46,81<br />
19,05<br />
6,86<br />
0,09<br />
34,24<br />
prix 75 % inférieurs, le consommateur bénéficierait d’un gain moyen de 3,22 euros sur les lentilles et de 6,51 euros sur une paire<br />
de lunettes (verres + monture).<br />
75 %<br />
4,72<br />
1,79<br />
0,70<br />
0,83<br />
3,22<br />
133
134<br />
Annexe III<br />
forclusion et concurrence en<br />
qualité sur les marchés aval<br />
David Martimort, Paris School of Economics – EHESS<br />
Jérôme Pouyet, Paris School of Economics – CNRS<br />
Cette annexe synthétise les principales conclusions de l’article inédit de David Martimort et Jérôme Pouyet<br />
Downstream Foreclosure in Vertically Differentiated Markets. 389<br />
1 Introduction<br />
1.1 Une définition<br />
La forclusion (« foreclosure » pour les auteurs anglosaxons)<br />
est définie comme étant l’exercice par une firme<br />
dominante sur un marché amont de pratiques cherchant à<br />
contraindre certaines firmes ou certains consommateurs<br />
évoluant quant à eux sur le marché aval dans leur accès<br />
à un input essentiel, et difficilement reproductible, dont<br />
dispose cette firme en amont. Ces pratiques cherchent en<br />
fait à propager le pouvoir de monopole amont au segment<br />
aval même si ce dernier peut a priori paraître concurrentiel.<br />
A ce titre, ces pratiques peuvent être considérées<br />
comme anticoncurrentielles et être condamnées en tant<br />
que telles.<br />
1.2 Quelques principes de base<br />
L’état de la théorie économique sur le sujet a très largement<br />
évolué en réponse aux développements successifs<br />
des différents cas qui se sont ainsi présentés aux autorités<br />
anti-trust en Europe comme aux États-Unis. Il n’entre pas<br />
dans le propos de cette note de reprendre en détail cette<br />
évolution mais il est d’ores et déjà utile d’isoler quelques<br />
idées-forces qui se dégagent à la lecture d’une désormais<br />
imposante littérature économique.<br />
389 Ibid., supra<br />
Les méthodes de forclusion varient beaucoup suivant les<br />
cas analysés mais elles ont toutes en commun le désir<br />
de mieux contrôler certains producteurs en aval soit au<br />
travers de contrats spécifiques, soit par des choix organisationnels<br />
plus subtils. Elles peuvent ainsi apparaître<br />
sous la forme de contrats d’exclusivité ou de quasi-exclusivité,<br />
de ventes liées, de pratiques tarifaires discriminantes<br />
excluant de facto certains concurrents à l’aval, de<br />
contraintes techniques limitant l’accès ou la qualité de cet<br />
accès, ou d’une véritable intégration verticale toujours en<br />
direction de l’aval.<br />
Le premier principe justifiant les pratiques de forclusion<br />
est en fait une tautologie, mais une tautologie qu’il convient<br />
de réaffirmer. Il est en effet important de comprendre que<br />
les pratiques destinées à « monopoliser » l’aval n’ont de<br />
sens que dans des environnements où ce pouvoir de monopole<br />
n’est pas déjà ou, plus exactement, ne peut pas s’exercer<br />
« naturellement ». Pour que la forclusion soit une solution,<br />
faut-il encore qu’il y ait un problème préalable...
Ce problème, et c’est là la seconde idée-force de l’analyse<br />
théorique de la forclusion, est l’impossibilité pour la firme<br />
amont de s’engager au travers de contrats publiquement<br />
observables par les firmes en aval à répliquer les niveaux<br />
de profits qu’elle aurait pu obtenir si elle avait exercé un<br />
contrôle direct du secteur aval. C’est cette solution d’« intégration<br />
verticale » que la firme amont cherche alors à répliquer<br />
ou à approcher autant que faire se peut au travers<br />
1.3 Un exemple canonique<br />
Pour illustrer notre propos, considérons un des modèles de<br />
référence dans la littérature sur la forclusion. Un monopole<br />
amont fournit un bien intermédiaire à deux détaillants en<br />
concurrence duopolistique sur un marché aval. Supposons<br />
pour simplifier mais sans aucune perte de généralité que<br />
les coûts de production en amont soient nuls. La concurrence<br />
sur le marché aval est de type Cournot, c’est à dire en<br />
quantité, et chacune de ces firmes utilise une technologie<br />
Leontief pour transformer une unité de bien intermédiaire<br />
en une unité de bien final. La solution de monopole que<br />
voudrait atteindre idéalement la firme amont consiste à<br />
vendre à chacune des unités de l’aval la moitié de la quantité<br />
de monopole et à récupérer les profits ainsi générés en<br />
aval par une charge fixe égale, pour chacune de ces unités,<br />
à la moitié du profit d’un hypothétique monopole qui aurait<br />
pu y évoluer. Ainsi le pouvoir de monopole sur le marché<br />
aval et les profits qui y sont associés bénéficieraient in fine<br />
à la firme en amont.<br />
Bien entendu, cette solution intégrée n’est accessible que<br />
si la firme amont peut s’engager de manière crédible vis-àvis<br />
des détaillants à ne pas leur fournir plus de la moitié de<br />
la production de monopole. Cette crédibilité est aisément<br />
obtenue dès lors que les contrats d’approvisionnement<br />
sont publics et engagent la firme dominante.<br />
Considérons a contrario la situation où les contrats passés<br />
entre l’amont et l’aval restent secrets et posons nous la<br />
question de savoir si la solution intégrée peut toujours<br />
être atteinte sous ces conditions. Puisque le détaillant 1<br />
ne vend que la moitié de la quantité de monopole et que le<br />
prix est au delà du coût marginal des détaillants, la firme<br />
amont peut vouloir vendre un peu plus de bien intermé-<br />
de pratiques contractuelles pouvant limiter l’accès à un<br />
input essentiel qu’elle fournit. La théorie de la forclusion<br />
fait donc écho assez naturellement à la théorie certainement<br />
plus générale des restrictions verticales, théorie qui<br />
expose de quelles façons un manufacturier sait imposer à<br />
ses détaillants des clauses contractuelles dans le seul but<br />
d’atténuer leur concurrence et de maintenir des profits<br />
élevés pour la chaîne de production.<br />
diaire au détaillant 2 et augmenter ainsi les profits de ce<br />
dernier. Cette déviation est possible dès lors qu’elle est<br />
sous-tendue par un accord secret non-observable par le<br />
détaillant 1. Bien sûr, cette déviation se fait tout d’abord<br />
aux dépends de ce dernier détaillant mais, et c’est plus<br />
surprenant, elle implique aussi que la firme amont ne<br />
pourra pas capter autant de profits au travers de la charge<br />
fixe qu’elle demande à ce détaillant. Pire encore, pour les<br />
mêmes raisons qu’un contrat secret bilatéral supportait<br />
une déviation avec le détaillant 2, un autre contrat bilatéral<br />
supporte aussi une déviation avec le détaillant 1 maintenant<br />
et ceci aux dépends du détaillant 2. Et par la même<br />
logique, ce sera au final la firme amont qui souffrira de ne<br />
pouvoir capter les profits de monopole en aval. A l’équilibre<br />
de ce jeu en contrats secrets, ce n’est plus le profit de la<br />
structure verticalement intégrée qui peut être atteint ; seul<br />
le profit global correspondant aux productions d’équilibre<br />
de Nash-Cournot sur le marché aval pourra être capturé<br />
par la firme amont.<br />
Un principe important émerge alors. Dans ce processus<br />
destructeur de valeur, la firme amont est son premier<br />
ennemi ; elle ne peut s’empêcher à négocier des contrats<br />
qui vont éroder les profits de l’aval.<br />
Une question cruciale se pose alors pour l’amont : comment<br />
recréer de la valeur sans s’exposer à devenir son premier<br />
concurrent ? C’est ici que les pratiques de forclusion<br />
prennent toute leur importance. Examinons deux solutions<br />
possibles pour fixer quelque peu les idées. La première<br />
consiste pour la firme amont à s’engager à ne vendre qu’au<br />
détaillant 1 dans un contrat de service exclusif et nulle<br />
érosion des profits aval n’aura lieu. La solution de mono-<br />
135
pole peut dès lors facilement être rétablie en vendant la<br />
quantité de monopole au seul contractant aval ! Que la<br />
firme amont puisse intégrer verticalement le détaillant<br />
1 et de la même manière, toute augmentation des ventes<br />
auprès du détaillant non-intégré est compensée par un<br />
ajustement des quantités produites en interne de manière<br />
à préserver le pouvoir de monopole aval.<br />
Les conclusions de ce modèle sont assez robustes voire<br />
amplifiées sous certaines spécifications alternatives de<br />
la modélisation (modulo certaines hypothèses sur les<br />
Selon nous, le marché de l’optique et les pratiques commerciales<br />
qui le caractérisent aujourd’hui répondent dans<br />
leurs grandes lignes à la stricte définition d’une situation<br />
de forclusion. Cette situation reste cependant assez spécifique<br />
et ne correspond pas à l’exemple canonique que nous<br />
avons pu évoquer dans la section 1.3.<br />
Pour en avoir pleinement conscience, décrivons ce qui<br />
nous apparaît être les grandes caractéristiques de ce<br />
secteur. Une analyse attentive du secteur montre en effet<br />
que ce marché peut être décrit de manière stylisée de la<br />
façon suivante.<br />
Essilor International produit et vend des verres destinés<br />
à corriger tous les types de défauts de la vue (presbytie,<br />
myopie, astigmatisme, etc.) ainsi que des verres de protection<br />
solaire. Les principales marques des verres correcteurs<br />
sont Varilux (progressifs), Crizal (multitraitements)<br />
ou encore la dernière innovation Optifog (antibuée). Ce<br />
segment représente une part importante de la valeur dans<br />
la chaîne de production (57%). Essilor International est<br />
donc un producteur en amont qui fournit ces inputs à des<br />
distributeurs de lunettes qui sont en concurrence auprès<br />
des consommateurs finals. Ce producteur est très largement<br />
dominant en amont, il détient en effet près de 90 % de parts<br />
de marché. Qui plus est, des investissements importants<br />
136<br />
croyances hors équilibre des détaillants, subtilité théorique<br />
non sans conséquence sur la description des équilibres<br />
ou leurs propriétés). Remplaçons par exemple la<br />
concurrence en quantités sur le marché aval par une<br />
concurrence en prix pour des biens différenciés et les<br />
conclusions du modèle s’en trouvent renforcées. Ce ne<br />
sont plus les profits d’un équilibre de Nash-Cournot qui<br />
peuvent être capturés par l’amont dans le cas des contrats<br />
secrets mais les profits correspondants à des concurrences<br />
en prix plus agressives.<br />
2 Pertinence du concept de forclusion<br />
pour le marché de l’optique<br />
dans la recherche et développement lui permettent par<br />
ailleurs de préserver cette position de leader en innovant<br />
systématiquement dans le « haut de gamme », produisant<br />
des verres de très haute qualité et aux caractéristiques<br />
toujours plus complexes.<br />
La production et la vente de montures représentent une part<br />
nettement plus faible de la valeur (24 %) et seront négligés<br />
dans le reste de l’analyse.<br />
Tournons-nous maintenant vers l’aval. Les distributeurs de<br />
lunettes y sont de deux sortes. Tout d’abord, on retrouve des<br />
enseignes bien connues ayant adopté un mode de distribution<br />
traditionnel s’appuyant sur de denses réseaux de<br />
distributeurs physiques. Les tarifs élevés, du moins si on<br />
les compare aux pratiques tarifaires dans des pays comparables<br />
à la France (pays européens, Etats-Unis...) ont rendu<br />
possible l’entrée sur ce marché de nouveaux concurrents<br />
qui ont adopté la vente sur Internet comme pratique alternative,<br />
remplaçant ainsi un réseau physique par un réseau<br />
virtuel leur permettant d’économiser significativement sur<br />
leurs coûts.<br />
En ce qui concerne la forclusion proprement dite, l’amont<br />
pratique des ventes exclusives de verre de qualité élevée aux<br />
distributeurs traditionnels. La concurrence sur le segment<br />
le plus haut du marché s’en voit donc limitée de facto, ce qui
se fait bien sûr aux dépends des consommateurs les plus<br />
désireux d’obtenir les produits de qualité élevée.<br />
Le lecteur attentif aura d’ores et déjà noté que dans le cas<br />
d’espèce qui nous intéresse ici, ce ne sont plus les quantités<br />
ou les prix seuls qui régissent la concurrence entre les<br />
détaillants sur le marché aval. Les consommateurs choisissent<br />
en effet leur détaillant préféré en comparant les<br />
meilleurs rapports qualité-prix et c’est selon ce critère que<br />
se segmente alors le marché. Les consommateurs les plus<br />
susceptibles de payer pour une qualité élevée y mettront<br />
le prix. La concurrence sur le marché aval est donc une<br />
concurrence en biens différenciés verticalement par leur<br />
qualité : les firmes fournissant un produit de qualité élevée<br />
se concentrent sur le segment de la demande ayant exprimé<br />
une forte propension pour cette qualité.<br />
Dans un tel contexte, le problème d’engagement du monopole<br />
amont ne résulte plus d’une incitation excessive à<br />
contracter secrètement avec chacun de ses détaillants pour<br />
augmenter leurs productions respectives. C’est maintenant<br />
l’incitation à dévier des offres de qualité qui auraient maximisé<br />
les profits de la structure verticalement intégrée qui<br />
est au cœur de l’analyse. La différenciation entre les qualités<br />
produites sur les segments hauts et bas du marché est ici<br />
endogène. Comme les prix pratiqués et les profits obtenus,<br />
ces qualités reflètent les capacités d’engagement limitées<br />
de l’amont.<br />
L’étude formelle que nous avons effectuée s’attache<br />
précisément à étudier le problème de la forclusion dans<br />
ce contexte d’une concurrence verticale en qualité. La<br />
section suivante reprend quelques uns de nos résultats de<br />
manière informelle.<br />
3 Forclusion et différenciation verticale<br />
3.1 Une brève description<br />
Notre description du marché nous amène à une modélisation<br />
pour laquelle nous assimilerons le segment haut du<br />
marché aux réseaux traditionnels alors que le segment bas<br />
du marché représente les nouveaux entrants opérant au<br />
travers du e-commerce.<br />
Un monopole amont offre à deux détaillants des biens<br />
intermédiaires de qualités différentes (les qualités de<br />
verres), la qualité haute étant bien entendu plus coûteuse<br />
à produire que la qualité basse. Les contrats liant l’amont<br />
3.2 Quelques points de références utiles<br />
3.2.1 La solution intégrée<br />
Ici les décisions sur les prix comme sur les niveaux de<br />
qualité sont prises de manière à maximiser les profits de<br />
l’industrie prise dans son intégralité. Tout se passe donc<br />
comme si la firme amont produisait elle-même les biens à<br />
destination des consommateurs finals. Cette firme appa-<br />
aux détaillants stipulent non seulement des charges fixes<br />
dont l’objectif est ici encore de rapatrier vers l’amont les<br />
profits du détaillant mais aussi des prix unitaires pour<br />
chaque unité vendue ; et les prix dépendent bien sûr des<br />
qualités fournies. Ces contrats définissent en fait la structure<br />
de coût des détaillants qui se font concurrence en prix<br />
sur le marché aval en prenant comme données les qualités<br />
qu’ils reçoivent de l’amont.<br />
raît donc comme un monopole multi-produit offrant une<br />
gamme complète de qualités (haute et basse).<br />
Ce monopole fixe alors les prix de ses différents produits<br />
en pratiquant une marge sur chacun d’eux. Cette marge<br />
reflète bien sûr le pouvoir de marché de l’entreprise mais<br />
elle prend aussi en compte la concurrence effective de ces<br />
137
iens entre eux. Augmenter le prix d’un produit de moindre<br />
qualité induit en effet une diminution de sa demande qui<br />
se réfugie alors vers le bien de qualité plus faible. L’élasticité<br />
de la demande pour chacun des biens capture alors<br />
ces effets de substitution. Cette élasticité de la demande<br />
est bien entendue endogène dans ce contexte où le monopole<br />
choisit quelles qualités mettre sur le marché. Que<br />
les qualités soient proches l’une de l’autre et les effets de<br />
substitution seront significatifs, ce qui réduirait d’autant<br />
les marges.<br />
Pour comprendre l’impact de ces considérations sur les<br />
stratégies commerciales, observons que le monopole veut<br />
certainement extraire le plus grand surplus des consommateurs<br />
ayant la propension à payer pour la qualité la plus<br />
forte. Pour ce faire, il est intéressant de rendre les biens de<br />
qualité inférieure moins attractifs, notamment en fournissant<br />
des niveaux de qualité basse inférieurs à l’optimum<br />
social. Ainsi un plus grand pouvoir de marché s’exerce<br />
sur le segment haut de la demande. La firme amont se<br />
comporte comme un monopole discriminant ces différents<br />
segments.<br />
La solution verticalement intégrée ainsi obtenue est bien<br />
entendu inefficace du point de vue du bien-être social. Le<br />
monopole ne prend pas en compte le surplus du consommateur<br />
dans son évaluation des prix et qualités fournies.<br />
3.3 Contrats publics<br />
Suivant en cela la logique d’arguments que nous avons<br />
déjà évoqués dans la section 1.3., des contrats publiquement<br />
observables entre le monopole amont et les firmes<br />
concurrentes sur l’aval permettent de rétablir la solution<br />
d’intégration verticale. L’intuition sous-tendant ce résultat<br />
est immédiate : plutôt que de contrôler directement les<br />
3.4 Contrats secrets : le coût de l’opportunisme<br />
Considérons maintenant un scénario en contrats secrets.<br />
Nous démontrons que, sous les spécifications choisies<br />
pour notre modèle, le problème d’opportunisme auquel fait<br />
face le monopole amont est si sévère que seule la qualité<br />
138<br />
La théorie économique ne fournit que peu de leçons<br />
robustes quant aux conséquences de ces choix sur les<br />
niveaux de qualité observés une fois que les prix ont aussi<br />
été ajustés. Les qualités choisies par un monopole peuvent<br />
être excessives ou insuffisantes du point de vue du bienêtre<br />
social ; seuls les prix conditionnellement à ces niveaux<br />
de qualité sont trop élevés et les demandes servies sur<br />
chaque segment du marché diminuent en conséquence.<br />
Les spécifications que nous adoptons nous permettent<br />
de contrôler cet effet qualité et d’assurer que les seules<br />
distorsions liées au pouvoir de monopole proviennent en<br />
fait du niveau des prix pratiqués.<br />
3.2.2 Concurrence en amont<br />
Imaginons un instant que notre firme amont, opérateur «<br />
historique » sur ce marché, se spécialise dans une seule<br />
qualité, servant donc exclusivement les consommateurs<br />
sur le segment haut du marché. C’est donc ici encore<br />
une firme intégrée vers l’aval que nous considérons. Le<br />
segment bas est maintenant servi par un concurrent dès<br />
l’amont, ce concurrent étant pour simplifier verticalement<br />
intégré avec l’aval. Cette concurrence empêche maintenant<br />
notre opérateur « historique » de pratiquer des politiques<br />
discriminantes. L’équilibre qui peut émerger voit le nouvel<br />
entrant servir tout le marché avec un bien de qualité intermédiaire.<br />
prix à la consommation fixés par les détaillants, le monopole<br />
amont peut simplement déterminer les prix des différentes<br />
qualités qu’il leur fournit de manière à ce que ces<br />
choix décentralisés à l’aval, à qualités fixées et publiquement<br />
reconnues, répliquent ceux que ce monopole aurait<br />
fait par lui-même en cas d’intégration verticale.<br />
la plus faible est produite à l’équilibre. Tout se passe donc<br />
comme si la firme amont faisait face à l’entrée d’un concurrent<br />
sur l’aval et se substituait de facto à ce concurrent en<br />
supprimant la production de la qualité supérieure.
Avec des contrats secrets, le monopole amont est désireux<br />
de renégocier avec les producteurs de qualité faible<br />
en aval pour augmenter secrètement à la fois le niveau<br />
de cette qualité basse mais aussi son prix et venir éroder<br />
les marges faites sur le segment haut du marché. Cette «<br />
cannibalisation » du segment haut prend ici une forme<br />
extrême conduisant à sa disparition pure et simple.<br />
Tournons-nous maintenant sur les conséquences de cette<br />
érosion du pouvoir de marché en ce qui concerne le surplus<br />
3.5 Forclusion : les contrats d’exclusivité<br />
En réponse à ce problème d’opportunisme, le monopole<br />
amont peut vouloir signer des contrats d’exclusivité avec<br />
les détaillants distribuant la qualité la plus élevée auprès<br />
des consommateurs. Un tel contrat permet de s’isoler de<br />
la pression concurrentielle exercée dès lors que les distributeurs<br />
de la qualité basse sont présents. Avec de tels<br />
contrats, le monopole s’engage de façon crédible à ne pas<br />
se comporter de manière opportuniste et se transforme<br />
de facto en monopole mono-produit intégré verticalement<br />
vers l’aval. Le coût d’un tel arrangement est bien entendu<br />
une restriction de la gamme qui se fait aux dépends des<br />
des consommateurs. Ces derniers en fait bénéficient de la<br />
nouvelle structure du marché qui émerge. Si seule la qualité<br />
basse persiste dans le nouvel équilibre, c’est une qualité<br />
déjà suffisamment élevée en comparaison avec la solution<br />
d’intégration verticale. Les consommateurs sont donc les<br />
grands gagnants de l’incapacité du monopole à s’engager<br />
à des politiques prix/qualité suffisamment discriminantes<br />
et ceci même si la gamme des qualités disponibles a diminué.<br />
consommateurs. Ces derniers seront moins servis et seul<br />
un bien de qualité moyenne sera disponible.<br />
Cette stratégie d’exclusivité ne permet bien entendu pas<br />
de retrouver les niveaux de profits de la solution verticalement<br />
intégrée mais s’en rapproche significativement.<br />
Cette analyse fait directement écho à la stratégie récente<br />
d’Essilor International qui consiste, de plus en plus, à<br />
intégrer toutes les étapes, de la production des verres<br />
à la distribution aux opticiens, à travers l’acquisition de<br />
centres de distribution et de laboratoires de prescription.<br />
139
Table des matières<br />
EXECUTIVE SUMMARY 2<br />
SOMMAIRE 6<br />
INTRODUCTION : UNE ETUDE ECONOMIQUE SECTORIELLE INEDITE,<br />
SUR UN MARCHE CLE POUR LE POUVOIR D’ACHAT DES FRANÇAIS 8<br />
1. PARTIE I : PRESENTATION DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 12<br />
1.1. PRESENTATION DES PRODUITS DE L’OPTIQUE : UNE OFFRE FORTEMENT DIFFERENCIEE 16<br />
1.1.1. LES PRODUITS D’OPTIQUE, DISPOSITIFS MÉDICAUX 17<br />
>Les principaux troubles visuels pris en charge par les équipements d’optique 17<br />
>Les verres correcteurs, des produits très différenciés 18<br />
>Les montures 21<br />
>Les lentilles oculaires de contact 21<br />
1.1.2. LES AUTRES PRODUITS D’OPTIQUE HORS DISPOSITIFS MÉDICAUX 23<br />
>Les lunettes de soleil 23<br />
>Les produits d’entretien des lentilles de contact 24<br />
>Autres produits divers 24<br />
1.1.3. LES PRIX MOYENS DES DIFFÉRENTS PRODUITS PROPOSÉS SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 24<br />
1.2 EN AMONT : ORGANISATION ET ACTEURS DE LA PRODUCTION 25<br />
1.2.1. UN MARCHÉ ATOMISÉ MAIS DOMINÉ PAR QUELQUES TRÈS GROS ACTEURS 26<br />
>Un marché atomisé entre de nombreux acteurs 26<br />
>Un marché dominé par quelques acteurs et des suiveurs lointains 27<br />
1.2.2. LA FABRICATION DE MONTURES, UN QUART DU SECTEUR DE L’OPTIQUE 27<br />
>Un segment qui compte pour un quart du secteur de l’optique, dominé par une entreprise italienne 27<br />
>Luxottica 28<br />
>Safilo 28<br />
>Luxottica / Safilo, éléments de comparaison 29<br />
>Un marché français largement importateur 31<br />
1.2.3.LA FABRICATION DE VERRES : UN SEGMENT QUI ABSORBE LES TROIS QUARTS DE LA VALEUR GLOBALE DU SECTEUR,<br />
ET DOMINÉ TRÈS LARGEMENT PAR ESSILOR 31<br />
>Essilor 31<br />
>Zeiss 34<br />
>Hoya 35<br />
140
1.3. EN AVAL : LES PRINCIPAUX CANAUX DE DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE 35<br />
1.3.1. LE MÉTIER D’OPTICIEN 35<br />
>Présentation générale 35<br />
>Démographie de la profession en France 36<br />
1.3.2. LES POINTS DE VENTE « EN DUR » DE PRODUITS D’OPTIQUE EN FRANCE 38<br />
>Présentation générale 38<br />
>Eléments financiers des points de vente d’optique 38<br />
>Les principales enseignes (généralités) 40<br />
>Les principales enseignes, détail par enseigne 44<br />
1.3.3. LES OPTICIENS EN LIGNE 54<br />
>Présentation générale 54<br />
>Les principaux acteurs de l’optique en ligne en France 54<br />
1.4. LES CLIENTS ET CONSOMMATEURS DE PRODUITS D’OPTIQUE SUR LE MARCHE FRANÇAIS 57<br />
1.4.1. PROFILS DES CONSOMMATEURS FRANÇAIS DE PRODUITS D’OPTIQUE : UNE POPULATION LARGEMENT CONCERNÉE 57<br />
>Entre six et sept français sur dix concernés 57<br />
>Les consommateurs par type de défaut visuel 58<br />
1.4.2. LES MOTIVATIONS DE L’ACTE D’ACHAT POUR LES FRANÇAIS À L’HEURE D’UNE DÉPENSE OPTIQUE 59<br />
>La dimension financière, déterminante dans la motivation de l’acte d’achat 59<br />
>La dimension conseil dans l’acte d’achat, essentielle et très incitative 61<br />
1.4.3. L’OPTIQUE DANS LE BUDGET MOYEN DES MÉNAGES 62<br />
1.4.4. LES DYNAMIQUES HAUSSIÈRES DE LA DEMANDE : SYSTÈME DE SANTÉ ET VIEILLISSEMENT 63<br />
1.5. UN TIERS ESSENTIEL : LE SYSTEME DE SANTE 66<br />
1.5.1. A L’ORIGINE DE LA PRESCRIPTION : LES OPHTALMOLOGISTES 66<br />
>Une population urbaine et vieillissante 66<br />
>Des prescripteurs essentiels, mais concurrencés 66<br />
1.5.2. A LA SOURCE DU REMBOURSEMENT : LA SÉCURITÉ SOCIALE, LES COMPLÉMENTAIRES DE SANTÉ 67<br />
>La sécurité sociale 67<br />
>Les complémentaires 69<br />
1.5.3. LA RÉPARTITION FINALE DU COÛT ENTRE SÉCURITÉ SOCIALE, COMPLÉMENTAIRES ET CONSOMMATEUR 72<br />
141
2. PARTIE II : DES DOUTES SUR LE FONCTIONNEMENT CONCURRENTIEL DU MARCHE DE L’OPTIQUE 74<br />
2.1. LES DOUTES CONCURRENTIELS SUR LE SECTEUR AMONT 77<br />
2.1.1. UN SECTEUR FORTEMENT CONCENTRÉ 77<br />
>Un marché particulièrement concentré autour d’un acteur dominant, Essilor 77<br />
2.1.2. L’ANALYSE ÉCONOMIQUE RÉVÈLE DES INCITATIONS À LA FORCLUSION SUR LE MARCHÉ DE L’OPTIQUE EN FRANCE 80<br />
> Des incitations fortes à la forclusion par le monopole amont 80<br />
Un article scientifique inédit 80<br />
La forclusion, présentation classique 80<br />
La forclusion dans le cas de produits différenciés 81<br />
>La forclusion dans le secteur de l’optique 82<br />
La stratégie de différenciation d’Essilor 82<br />
La stratégie d’intégration verticale d’Essilor 83<br />
L’absence d’incitation à fournir le bas du marché 83<br />
2.2. LES DOUTES SUR LE SECTEUR AVAL 83<br />
2.2.1 L’EXISTENCE DE PRIX ÉLEVÉS POUR LE CONSOMMATEUR FINAL 83<br />
2.2.2. DES CHIFFRES D’AFFAIRES ÉLEVÉS POUR LES PROFESSIONNELS DU SECTEUR<br />
AU REGARD DE LA RÉALITÉ DES PAYS VOISINS 86<br />
> Des marges importantes 86<br />
> Des chiffres d’affaires bien supérieurs à ceux constatés dans les autres pays 86<br />
> Des chiffres d’affaires par consommateur bien supérieurs aux autres pays 88<br />
2.2.3. DES COMPLÉMENTAIRES SANTÉ VICTIMES DE COMPORTEMENTS FRAUDULEUX DE LA PART DES DISTRIBUTEURS 89<br />
2.2.4. UNE DÉMOGRAPHIE DES OPTICIENS TRÈS ÉLEVÉE EN FRANCE AU REGARD DES BENCHMARKS INTERNATIONAUX 90<br />
2.2.5. UN MARCHÉ CONCENTRÉ 94<br />
> Parts de marché en points de vente 94<br />
> Parts de marché en valeur 95<br />
2.2.6. UN MARCHÉ OPAQUE SUR LA FORMATION DES PRIX 96<br />
>Une transparence très imparfaite du marché 96<br />
142
3. PARTIE III : FAVORISER LA CONCURRENCE DANS LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN FRANCE :<br />
PISTES ET GAINS ATTENDUS 98<br />
3.1. LE RETARD DE LA FRANCE EN MATIERE D’OPTIQUE EN LIGNE 100<br />
3.1.1. UN SECTEUR ENCORE PEU DEVELOPPÉ ET CONTRAINT EN FRANCE 100<br />
>Un développement très limité 100<br />
>Un marché encore contraint 100<br />
3.1.2. LE DROIT COMMUNAUTAIRE CLAIREMENT EN FAVEUR DU CANAL INTERNET 101<br />
3.1.3. LA PROMOTION DU CANAL INTERNET AUX ETATS-UNIS 102<br />
3.2. LES GAINS A ATTENDRE D’UNE CONCURRENCE ACCRUE SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 103<br />
3.2.1. LES GAINS D’UNE CONCURRENCE ACCRUE EN TERMES DE POUVOIR D’ACHAT 103<br />
3.2.2. LES GAINS D’UNE CONCURRENCE ACCRUE EN TERMES D’EMPLOI 105<br />
ANNEXE I : COMPARAISON DES CHIFFRES D’AFFAIRES DES MARCHES DE L’OPTIQUE ENTRE PAYS 106<br />
1) FOCUS SUR LES MARCHES OPTIQUES DE QUELQUES PAYS CHOISIS 106<br />
2) LES CONSOMMATEURS POTENTIELS PAR PAYS ET PAR PRODUIT 107<br />
3) LES CHIFFRES D’AFFAIRES PAR CLIENT SUIVANT LES PAYS 109<br />
4) SIMULATION DE MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES SUR LA BASE DE CHIFFRES D’AFFAIRES<br />
PAR CONSOMMATEUR ETRANGER 110<br />
5) DIFFERENCES ENTRE LES MARCHES FRANÇAIS HYPOTHETIQUES ET LES MARCHES ETRANGERS 112<br />
6) CONCLUSION 114<br />
ANNEXE II : EVALUATION DES GAINS POTENTIELS DE L’ACCROISSEMENT DE LA PART D’INTERNET<br />
SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE EN FRANCE 116<br />
1) LA BAISSE DES PRIX ENGENDREE PAR LE COMMERCE SUR INTERNET EN GENERAL 116<br />
2) LA BAISSE DES PRIX ATTENDUE DANS LE SECTEUR DE L’OPTIQUE EN LIGNE 118<br />
3) LES PRIX ET LES CHIFFRES D’AFFAIRES ACTUELS SUR LE MARCHE DE L’OPTIQUE FRANÇAIS 119<br />
4) PRIX ESTIMES A L’ISSUE DES BAISSES DE PRIX CONSECUTIVES AU DEVELOPPEMENT DU CANAL INTERNET,<br />
SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES 120<br />
a) Hypothèse I1 : les prix baissent de 8 ou 10 % en moyenne 120<br />
b) Hypothèse I2 : les prix baissent de 25 ou 30% au maximum 120<br />
c) Hypothèse II: les prix baissent de 75% 121<br />
5) NOMBRE DE PRODUITS VENDUS PAR AN SUR LE MARCHE FRANÇAIS DE L’OPTIQUE 121<br />
6) LES GAINS ESTIMES POUR LES CONSOMMATEURS D’UNE GENERALISATION DU CANAL INTERNET<br />
POUR LA DISTRIBUTION D’OPTIQUE EN LIGNE, SUIVANT LES DIFFERENTES HYPOTHESES ENVISAGEES 122<br />
143
a) Scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits 122<br />
>Hypothèses I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 % 122<br />
> Hypothèse I2 : baisse des prix de 25 % ou 30 % 124<br />
> Hypothèse II : baisse des prix de 75 % 126<br />
b) Scénario B : accroissement de la part de la distribution par Internet dans le secteur total 127<br />
>Hypothèses I1 : baisse des prix de 8 % ou 10 % 127<br />
>Hypothèses I2 : baisse des prix de 25 % ou 30% 129<br />
>Hypothèses II : baisse des prix de 75 % 131<br />
c) Gains moyens par consommateurs 132<br />
>Nombre de consommateurs 132<br />
>Gains moyens dans le scénario A : baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits 133<br />
>Gains moyens dans le scénario B : accroissement de la part de la distribution par internet dans le secteur total 133<br />
ANNEXE III : FORCLUSION ET CONCURRENCE EN QUALITE SUR LES MARCHES AVAL 134<br />
144
Figure 1 – Schéma simplifié du secteur de l’optique 12<br />
Figure 2 – Répartition du chiffre d’affaires par type de produit 16<br />
Figure 3 – Répartition des ventes, en volume et en valeur, entre les verres unifocaux et les verres progressifs en 2011 17<br />
Figure 4 – Evolution des ventes de verres 18<br />
Figure 5 – La composition d’un verre ophtalmique organique 19<br />
Figure 6 – Campagne de publicité Optifog / Essilor 20<br />
Figure 7 – Chiffres d’affaires par segment dans le secteur des lentilles de contact 22<br />
Figure 8 – Ventes de solaires en millions d’euros sur un an 23<br />
Figure 9 – Unités vendues entre janvier et septembre 2012 24<br />
Figure 10 – Prix moyens constatés entre les mois de janvier et septembre 2011 et 2012 25<br />
Figure 11 – Facturations industrielles d’optique-lunetterie en 2009 26<br />
Figure 12 – La structure des établissements et des effectifs du marché amont 27<br />
Figure 13 – Chiffre d’affaires 2008 en milliards d’euros des groupes Safilo / Hal et Luxottica 29<br />
Figure 14 – Répartition des chiffres d’affaires des groupes Safilo / Hal et Luxottica entre la distribution et la fabrication, en pourcentage 30<br />
Figure 15 – Nombre de points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 30<br />
Figure 16 – Répartition géographique des points de vente des groupes Safilo / Hal et Luxottica en 2009 31<br />
Figure 17 – La chaîne de production intégrée d’Essilor 32<br />
Figure 18 – Chiffre d’affaires d’Essilor par activité 33<br />
Figure 19 – Chiffre d’affaires de la division « Vision care » de Zeiss en millions d’euros 34<br />
Figure 20 – Nombre de diplômés et d’opticiens en activité en 2004 et 2010/2011 36<br />
Figure 21 – Evolution du nombre de jeunes diplômés au BTSOL entre 2004 et 2011 37<br />
Figure 22 – Évolution conjointe du nombre d’opticiens actifs occupés et du nombre d’opticiens demandeurs d’emploi entre 2004 et 2011 37<br />
Figure 23 – Coût d’ouverture d’un point de vente d’optique par poste, en euros et en pourcentage du total 38<br />
Figure 24 – Conditions d’entrée dans les principaux réseaux 39<br />
Figure 25 – Répartition du chiffre d’affaires moyen d’un point de vente d’optique en 2009 40<br />
Figure 26 – Répartition des points de vente d’optique par catégorie 41<br />
Figure 27 – Proposition de loi visant à permettre aux mutuelles de mettre en place des réseaux de soins, 16 octobre 2012 42<br />
Figure 28 – Principales enseignes par catégorie 43<br />
Figure 29 – Exploitation des points de vente d’optique par les centrales et les enseignes 43<br />
Figure 30 – Campagne de publicité Krys (2011) 44<br />
Figure 31 – Campagne de publicité Krys (2012) 44<br />
Figure 32 – Dates clés du groupe Krys 45<br />
Figure 33 – Chiffres clés du groupe Krys 45<br />
Figure 34 – Campagne de publicité Optic 2000 46<br />
Figure 35 – Dates clés du groupe Optic 2000 47<br />
Figure 36 – Chiffres clés du groupe Optic 2000 47<br />
Figure 37 – Dates clés du groupe All 48<br />
Figure 38 – Chiffres clés du groupe All 48<br />
Figure 39 – Principales acquisitions du groupe GrandVision 49<br />
Figure 40 – Dates clés du groupe GrandVision 50<br />
Figure 41 – Chiffres clés du groupe GrandVision 50<br />
145
Figure 42 – Page d’accueil du site www.alainafflelou.fr 51<br />
Figure 43 – Chiffres clés du groupe Afflelou (France) 51<br />
Figure 44 – Chiffres clés du groupe Les Opticiens Mutualistes (France) 52<br />
Figure 45 – Chiffres clés du groupe Atol 52<br />
Figure 46 – Chiffres clés du groupe Schertz / Luz 53<br />
Figure 47 – Chiffres clés du groupe Soc. Cos. Europtic 53<br />
Figure 48 – Proportion de Français portant des corrections 57<br />
Figure 49 – Part de la population portant des corrections 58<br />
Figure 50 – Proportion des critères financiers jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 59<br />
Figure 51 – Jugement des Français sur les prix des lunettes 60<br />
Figure 52 – Proportion de Français portant des lunettes, par niveau de revenus 61<br />
Figure 53 – Proportion des critères « conseil » jugés très ou assez importants lorsque les consommateurs se rendent chez un opticien 62<br />
Figure 54 – Dépense moyenne annuelle en euros 63<br />
Figure 55 – Croissance annuelle (%) en volume et en valeur de la consommation de produits d’optique et du pouvoir d’achat 64<br />
Figure 56 – Les déterminants des dynamiques du marché de l’optique 64<br />
Figure 57 – Pourcentage de porteurs de lunettes dans la population française 65<br />
Figure 58 – Prescriptions de verres correcteurs 67<br />
Figure 59 – Remboursements des lunettes établis par l’Assurance maladie. 68<br />
Figure 60 – Chiffres d’affaires (en millions d’euros) du secteur des complémentaires 69<br />
Figure 61 – Pourcentage de consommateurs bénéficiant d’une complémentaire proposant une prise en charge supérieure au ticket modérateur,<br />
par âge du consommateur 70<br />
Figure 62 – Remboursement par les organismes complémentaires, en euros, pour un prix de référence de 200 euros<br />
(100 euros pour la monture et 50 euros pour un verre simple) 71<br />
Figure 63 – Répartition de la prise en charge du prix d’une paire de lunettes 72<br />
Figure 64 – Chiffre d’affaires mondiaux et parts de marché des principaux producteurs 78<br />
Figure 65 – Parts de marché des producteurs au niveau mondial (2011) 78<br />
Figure 66 – Parts de marché des producteurs en France (2001) 79<br />
Figure 67 – Chiffre d’affaires en France des principaux producteurs et rapport à Essilor 79<br />
Figure 68 – Sondage Mutualité Française et L’Opticien Lunetier 84<br />
Figure 69 – Note regards, données à fin septembre 2012 84<br />
Figure 70 – XERFI 85<br />
Figure 71 – Synthèse des estimations 85<br />
Figure 72 – Taux de marge selon la taille des entreprises du secteur 86<br />
Figure 73 – Surplus moyen du marché français en comparaison avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, en millions d’euros 87<br />
Figure 74 – L’ « excès » inexpliqué du marché français 87<br />
Figure 75 – Le chiffre d’affaires moyen par consommateur, par type de produit, dans 5 pays de l’Union européenne, en euros 88<br />
Figure 76 – Le chiffre d’affaires par consommateur pour les verres dans 5 pays de l’Union européenne, en euros 89<br />
Figure 77 – Nombre de points de vente d’optique 91<br />
Figure 78 – Densité des points de vente dans quelques pays 92<br />
Figure 79 – Nombre moyen de consommateurs par point de vente dans quelques pays 93<br />
Figure 80 – Chiffre d’affaires moyen par point de vente 93<br />
146
Figure 81 – Parts de marché des groupes d’optique en nombre de points de vente 94<br />
Figure 82 – Parts de marché des groupes d’optique en valeur 95<br />
Figure 83 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme des prix dans le secteur de optique 103<br />
Figure 84 – Gains dans l’hypothèse d’un accroissement de la part du secteur de l’optique en ligne, présentant des prix inférieurs 104<br />
Figure 85 – Marchés étrangers par catégorie de produits en 2007, en milliards d’euros 106<br />
Figure 86 – Part de population portant des corrections 107<br />
Figure 87 – Porteurs de correction dans différents pays, en 2007, en milliers 107<br />
Figure 88 – Consommateurs potentiels par pays et par type de produit, en 2007, en milliers 108<br />
Figure 89 – Chiffres d’affaires moyens par consommateur et par type de produit, en euros 109<br />
Figure 90 – Ecarts de chiffres d’affaires par consommateur par rapport à la France, en euros 109<br />
Figure 91 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Allemagne 110<br />
Figure 92 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Espagne 110<br />
Figure 93 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est en Italie 111<br />
Figure 94 – Hypothèse d’un marché français dans lequel le chiffre d’affaires par consommateur serait équivalent à ce qu’il est au Royaume-Uni 111<br />
Figure 95 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont en Allemagne (en millions d’euros) 112<br />
Figure 96 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont en Espagne (en millions d’euros) 112<br />
Figure 97 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont en Italie (en millions d’euros) 113<br />
Figure 98 – Différences entre le marché français réel et le marché hypothétique fondé sur des chiffres d’affaires par consommateur<br />
équivalents à ce qu’ils sont au Royaume-Uni (en millions d’euros) 113<br />
Figure 99 – Ecarts et écart moyen entre le marché français réel et les marchés hypothétiques fondés sur les chiffres d’affaires<br />
par consommateur de quelques pays 114<br />
Figure 100 – Différence de prix moyen sur le canal Internet 117<br />
Figure 101 – Prix moyens des produits d’optique 119<br />
Figure 102 – Chiffres d’affaires par produit d’optique de septembre 2011 à septembre 2012 119<br />
Figure 103 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 8 % ou 10 % des prix moyens 120<br />
Figure 104 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 25 % ou 30% des prix au maximum 120<br />
Figure 105 – Prix des produits d’optique dans les hypothèses de baisse uniforme de 75 % 121<br />
Figure 106 – Unités vendues par type de produit entre septembre 2011 et septembre 2012 121<br />
Figure 107 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 % 122<br />
Figure 108 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 8 % 122<br />
Figure 109 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 % 123<br />
Figure 110 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 10 % 123<br />
Figure 111 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 % 124<br />
Figure 112 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 25 % 124<br />
Figure 113 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 % 125<br />
Figure 114 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 30 % 125<br />
Figure 115 – Marché hypothétique dans l’hypothèse d’une baisse des prix de 75 % 126<br />
Figure 116 – Gains dans l’hypothèse d’une baisse uniforme de 75 % des prix 126<br />
147
Figure 117 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 127<br />
Figure 118 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 8 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 127<br />
Figure 119 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 128<br />
Figure 120 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 10 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 128<br />
Figure 121 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 129<br />
Figure 122 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 25 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 129<br />
Figure 123 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 130<br />
Figure 124 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 30 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 130<br />
Figure 125 – Marché hypothétique dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 131<br />
Figure 126 – Gains dans l’hypothèse de prix en ligne 75 % inférieurs et d’une distribution par Internet de 10 % du secteur 131<br />
Figure 127 – Porteurs de correction en France en 2011 132<br />
Figure 128 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses d’une baisse uniforme des prix de l’ensemble des produits 133<br />
Figure 129 – Gains moyens par consommateur en euros pour chacune des hypothèses de prix inférieurs des produits distribués par Internet 133<br />
148
Les Français sont parmi les plus gros consommateurs de produits d’optique en Europe. Le marché de<br />
l’optique en France, estimé à 5,7 milliards d’euros en 2011, est en croissance continue. Très dynamique,<br />
il est aussi très opaque et artificiellement surévalué. La présente étude, réalisée par les économistes<br />
David Martimort et Jérôme Pouyet de l’Ecole d’économie de Paris, se propose pour la première fois de<br />
faire la lumière sur ce secteur. Elle révèle de fortes suspicions sur son fonctionnement concurrentiel<br />
et estime les gains, plus que substantiels pour les consommateurs, que permettrait son ouverture à de<br />
nouveaux entrants.<br />
David Martimort, diplômé de l’Université de Toulouse 1, ingénieur de l’Ecole Polytechnique et Professeur<br />
Agrégé des Universités, est Directeur d’<strong>Etude</strong>s à l’Ecole des Hautes <strong>Etude</strong>s en Sciences Sociales et<br />
Professeur à l’Ecole d’Économie de Paris. Jérôme Pouyet, diplômé de l’Université de Toulouse 1, a enseigné<br />
à l’Ecole Polytechnique, est chargé de recherche 1ère classe au CNRS et Professeur à l’Ecole d’Economie<br />
de Paris.