Se former aux métiers de l'environnement - Apesa

Lettre du Pôle Environnement Sud-Aquitain N°14
Hiver 2000
Se former aux métiers de l'environnement
Il faut former des agents de terrain compétents
par Joël FRIBOULET, Proviseur du Lycée de Mourenx
Au lycée professionnel de Mourenx on se bat pour offrir des formations en adéquation avec la réalité de l'emploi
dans le secteur de l'environnement.
"Au niveau IV et III de formation, explique Joël Friboulet, proviseur du Lycée de Mourenx, les diplômes
existent, tant dans l'Education Nationale que dans d'autres ministères. On forme des cadres, des ingénieurs, des
naturalistes, mais on néglige les formations d'agents de terrain niveau V, polyvalents et qui comprennent bien les
tenants et aboutissants de leur métier."
Le lycée propose une formation au CAP d'Agent d'assainissement et de collecte de déchets liquides spéciaux.
Effectif cette année : 0. Le métier soufre d'une mauvaise image auprès des jeunes et de leurs parents, pourtant
c'est un métier intéressant, complet et qui a de l'avenir. Avec un tel CAP en poche, on est quasiment sûr de
trouver un emploi, à condition d'être mobile. En effet, les demandes des entreprises affluent. Les éco-industries
cherchent clairement à recruter du personnel qualifié.
Agent d'assainissement est aujourd'hui un métier de haute technicité, qui a de multiples facettes et requiert de
plus en plus de compétences : conduite d'engins, surveillance par caméra, connaissance en micro-biologie, etc...
Pour l'équipe du lycée de Mourenx, les métiers de l'environnement sont des métiers d'avenir, mais ils sont
aujourd'hui en danger faute de réalisme : l'environnement n'a besoin que d'un seul J.Y. Cousteau par génération
tout au plus, mais il lui faut des milliers d'agents qui surveillent, collectent, trient, traitent, nettoient. Cela
demande des compétences et des connaissances spécifiques.
Chiffres : formation et emploi en totale contradiction.
Les formations en environnement abondent. Malheureusement, elles sont encore aujourd'hui en total décalage
avec les besoins du marché. Près de 350 formations initiales supérieures forment massivement à la protection de
la nature alors que la prévention et le traitement des pollutions sont les deux secteurs les plus demandeurs.
En outre, d'après l'IFEN et l'ANPE, alors qu'en 1997 62% des offres concernaient des postes peu qualifiés de
traitement des polluants, les demandes d'emploi émanaient principalement de cadres. Or, les postes de cadres
dans le domaine de l'environnement étaient généralement pourvus en interne par des ingénieurs formés en sus
aux questions d'environnement.
Depuis 97 les recrutement de cadres ont augmenté, certes, mais il s'agit principalement d'ingénieurs Bac+5 ayant
une double compétence environnement/qualité ou environnement/sécurité et susceptibles d'exercer des fonctions
de recherche, d'étude et de conduite de projet.
On forme des naturalistes à bac+5 quand notre société réclame des agents techniques ayant un CAP. Les deux
secteurs les plus dynamiques en terme d'emploi, celui de l'épuration des eaux usées et celui des nouvelles filières
de récupération/valorisation, manquent de fait de personnel compétent sur le terrain car les jeunes boudent les
formations initiales d'agent d'assainissement ou d'agent de collecte.
Il devient de plus en plus urgent de rectifier le tir et de réussir l'adéquation entre formation et emploi, sous peine
de minimiser les performances des éco-industries par manque de compétences techniques.

Métiers de l'eau
Le GRETA Landes Océanes propose plusieurs formations aux métiers de l'eau. Notamment, une mention
complémentaire qui forme des techniciens niveau IV responsables de la gestion technique, de la maintenance des
installations de traitement d'eau et du fonctionnement des réseaux, de la surveillance de la qualité de l'eau et de
l'encadrement d'une équipe. Il propose également de nombreux modules courts de formation pour les salariés
d'entreprises sur des sujets précis tels que le dimensionnement des réseaux d'assainissement ou l'assainissement
autonome.
Valorisation énergétique des déchets urbains
Le Diplôme Universitaire de Gestion des Services Urbains créé par l’Institut de l’Environnement Urbain (centre
de formation interne du groupe CGEA, filiale de Vivendi) et l’université de Cergy-Pontoise comporte trois
filières: gestion de l’eau, transport de voyageurs et propreté urbaine.
Afin de former les futurs responsables d’exploitation des usines d’incinération d’ordures ménagères, une
spécialisation consacrée à la valorisation énergétique des déchets a été mise en place. Elle est dispensée par
l'ENSGTI* à Pau.
Elle couvre le génie et la régulation des procédés, la transformation des ordures ménagères au sein du procédé et
les transferts de pollution afférents, ainsi que le potentiel de valorisation énergétique représenté par cette
opération. Cette formation " technique " est complétée par des enseignements relatifs à la gestion financière et
sociale d’une telle installation et par un projet de conception.
Des travaux pratiques sont réalisées dans la nouvelle halle technologique de l’ENSGTI. La partie la plus
originale de la formation consiste en la conduite de l’unité d’incinération réalisée sur un simulateur en temps réel
qui permet de confronter directement les élèves aux situations de crise auxquelles ils pourraient avoir un jour à
faire face.
Ce diplôme est réalisé en alternance, la partie pratique se déroulant dans un site industriel du groupe Vivendi.
Les étudiants sont donc rémunérés et l’obtention du diplôme se traduit, le plus souvent, par une embauche.
* L'ENSGTI forme des ingénieurs en génie chimique et génie des procédés. L'une des trois spécialisations de 3ème année concerne l'environnement et
la sécurité.
Gestion des déchets
Le DPF d'Artix du GRETA Béarn-Soule ouvre aux adultes la formation au CAP d'agent d'assainissement et de
collecte des déchets liquides spéciaux (cf. page 1) et peut accueillir une dizaine de stagiaires en formation
rémunérée.
Ce centre de formation propose également un CAP de gestion des déchets et propreté urbaine. "L'image de ce
métier-là commence à changer, se félicite Jean-Paul Chauvel. Le CAP est maintenant bien connu et reconnu par
les entreprises et il est même de plus en plus demandé par les SIVOM." Le centre de formation d'Artix forme
ainsi une quinzaine de stagiaires par an, pendant 1100 heures dont 350 en milieu professionnel.
Les élèves diplômés travailleront ensuite à l'accueil dans les centres de tri, ou bien dans les entreprises et
collectivités locales assurant la collecte sélective, ou encore dans des incinérateurs. "Pour les entreprises et
collectivité, la propreté urbaine est affaire de communication et ces métiers sont considérés comme des métiers
de communication, insiste Jean-Paul Chauvel. A travers eux, c'est leur image qu'elles véhiculent." C'est sans
doute la raison pour laquelle bon nombre des gestionnaires des déchets et de la propreté urbaine sont des
femmes.

Certain que les métiers de l'environnement sont des métiers porteurs, Jean-Paul Chauvel envisage également de
monter dans les mois qui viennent une formation au CAP d'opérateur des industries de recyclage. "Ce CAP est
tout nouveau : il n'a été officialisé que par le J.O. du 25 août 2000 et la première session d'examen est prévue
pour 2002. Ce n'est donc encore qu'un projet. Mais j'entends bien que le DPF d'Artix sera le premier à offrir cette
formation en Aquitaine."
Mesure des polluants et des nuisances
"La MST Mesure et traitement des pollutions et nuisances de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA)
ne forme pas des naturalistes, souligne Marcel Grimaud, son responsable ; elle forme des physico-chimistes
spécialisés dans la détection, la mesure et le traitement des polluants, des techniciens capables en entreprises de
trouver des solutions pour réduire les emissions de polluants et leurs effets dans l'environnement."
Les étudiants sont recrutés au niveau BAC+2, avec de bonnes bases en mathématique, physique et chimie. C'est
essentiellement sur ces trois matières et sur la biologie que porte l'enseignement de première année.
En deuxième année, ils s'orientent vers une des deux spécialisations offertes par la MST : "Eau et gestion des
déchets", sur le site de Pau ; "Air, combustion et nuisances", à Tarbes.
"Le secteur public a beaucoup embauché il y a quelques années, mais le renouvellement et les création de postes
sont aujourd'hui plus limités," explique Marcel Grimaud. La plupart des étudiants trouvent du travail, après la
MST ou après une année complémentaire en DESS ou DEA, dans les éco-industries (fabrication de matériels,
mise au point de traitements ou services de dépollution) et dans les bureaux d'études. Un petit nombre intègre
des entreprises industrielles de production.
Environnement et risques industriels
L'Ecole Nationale Supérieure de Chimie et de Physique de Bordeaux (ENSCPB) propose un mastère en
environnement et risques industriels (MERI). Cette formation de niveau BAC+6 s'adresse aux étudiants, mais
accueille aussi de plus en plus de salariés d'entreprise en activité ou en reconversion. Associant 6 mois de cours
et 6 mois en entreprise, le MERI forme des cadres compétents dans la gestion des risques technologiques :
qualité, environnement, sécurité des personnes et des installations. Les intervenants viennent pour moitié de
professionnels d'entreprise et pour moitié de chercheurs de laboratoires et instituts technologiques de pointe.
Etudes de cas et projets industriels constituent la base de l'enseignement. A ce jour, 70% des diplômés ont un
emploi dans ce domaine correspondant à leur niveau de formation.
Maîtriser le risque chimique et protéger l'environnement
Le Centre de Formation de Lacq propose aux entreprises industrielles des formations professionnelles dans le
domaine de l'environnement, de l'hygiène et de la sécurité. Outre des formations à la méthodologie, telle que la
connaissance de la norme ISO14000, l'analyse des risques et/ou les réglementations dans le domaines des
matières dangereuses, il dispense des formations techniques qui concernent les opérations de stockage et
d'exploitation, la lutte contre la pollution des eaux, la prévention des risques ou encore les actions de dépollution.
L'unité pilote pédagogique, véritable modèle d'installations industrielles, donne à ses actions de formation la
dimension du réel et permet de mettre les participants en situation de conduite et d’intervention. Ils peuvent ainsi
acquérir le savoir-être parallèlement aux connaissances et au savoir-faire.

Un catalogue de formations en environnement
édité par le Pôle Environnement Aquitain
Favoriser en Aquitaine les transferts de technologies et de savoir-faire entre les laboratoires de recherche publics
et les entreprises ou les collectivités dans le domaine de l'environnement, telle est la mission du Pôle
Environnement Aquitain.
Dans le cadre de la réalisation de projets de partenariat entreprise/laboratoire, la clé de la réussite passe souvent
par le dynamisme et la disponibilité de la personne qui, tout en effectuant les travaux au sein de l'entreprise et/ou
du laboratoire, va entretenir le lien entre les 2 partenaires. Ce rôle est souvent tenu par une personne détachée par
l'entreprise ou par un étudiant en stage de fin d'études qui pourra d'ailleurs, dans beaucoup de cas, être embauché
par l'entreprise afin de mettre en oeuvre ou de maintenir en son sein le savoir-faire une fois transféré.
Afin de faciliter l'organisation des projets de partenariat entreprise/laboratoire sur le développement des
technologies de l'environnement, le Pôle Environnement Aquitain a réalisé un catalogue comprenant :
• les formations initiales en environnement proposées par les universités et organismes aquitains avec,
notamment, les dates et les noms des responsables des stages de fin d'études.
• les formations continues ou à la carte proposées aux industriels pour leur permettre de former leur
personnel sur les nouvelles technologies et le management environnemental.
Pour accompagner financièrement l'embauche d'un stagiaire, d'un jeune ingénieur ou chercheur, des outils
financiers sont proposés par les partenaires du Pôle (ANVAR, DRIRE, Conseil Régional, DRRT, etc
...).N'hésitez pas à contacter le Pôle pour recevoir le catalogue des formations ou des informations
complémentaires.
A noter
Le Pôle Environnement Aquitain, missionné par le Conseil Régional et l'Etat vous aide à concrétiser vos projets
de développement technologique dans le domaine de l'environnement en recherchant pour vous les compétences
publiques et les financements les plus appropriés.
Chaque année le PEA instruit des dossiers présentant des projets de partenariat entre entreprise(s) ou
collectivité(s) et laboratoire(s) de recherche et les fait financer dans le cadre d'un appel d'offres à 2 sessions.
Pour 2001, les lettres d'intention doivent nous parvenir avant le 31 mars 2001 pour la première session, avant le
31 août 2001 pour la deuxième session.
Contactez Hélène BOISSERIE au 05 59 30 83 17

Zoom sur... l'éco-conception
Concevoir des produits respectueux de l'environnement tout au long de leur durée de vie, depuis la production
des matériaux qui les composent jusqu'à leur mise au rebut : voilà en quoi consiste l'éco-conception. C'est une
approche globale qui vise à intégrer l'impact environnemental (consommation d'énergie et de matière première,
rejets, production de déchets) dans les données de conception et d'amélioration d'un produit ou d'un service.
L'éco-conception sera le thème de la prochaine journée technique organisée par l'APESA.
Le 30 janvier 2001, à Hélioparc à Pau
Nadia BOEGLIN de l'ADEME Paris, co-auteur de "Conception de produit et environnement : 90 exemples
d'éco-conception", viendra exposer la démarche de l'éco-conception.
Des industriels aquitains feront profiter de leur expérience de l'éco-conception, en détaillant chaque étape du
cycle de vie de leurs produits
Daniel Frohlich de l'ENSAM présentera les outils de l"éco-conception que sont l'ACV (analyse du cycle de vie)
et l'ESQCV (évaluation simplifiée et qualitative du cycle de vie).
Votre contact : Jean WILLAUME - Tél.: 05 59 30 81 82