Un pays illisible au milieu d'un croissant fertile - CONSEIL DE ...
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PAYS <strong>DE</strong> REDON<br />
Le Pays de Redon vu d’en h<strong>au</strong>t<br />
<strong>Un</strong> <strong>pays</strong> <strong>illisible</strong> <strong>au</strong> <strong>milieu</strong> d’un <strong>croissant</strong> <strong>fertile</strong><br />
Quel avenir pour le<br />
Pays de Redon à l'horizon<br />
2030 ? La question<br />
posée par le Conseil de<br />
développement a mobilisé<br />
de nombreuses<br />
personnes mardi soir <strong>au</strong><br />
Cinémanivel. Dommage<br />
qu'elles n'aient<br />
pas eu le temps d'y répondre<br />
dans le cadre<br />
<strong>d'un</strong> débat contradictoire<br />
avorté. A la place,<br />
trois spécialistes de<br />
l'aménagement sont<br />
venus expliquer comment<br />
ils voyaient (ou<br />
ne voyaient pas) ce territoire.<br />
<strong>Un</strong>e impression<br />
générale : il est invisible.<br />
Et pourtant, la<br />
”belle inconnue” a de<br />
nombreux atouts à<br />
faire valoir. Reste à séduire<br />
les décideurs... En<br />
attendant, leurs ”ambassadeurs”<br />
lui demande<br />
de coopérer.<br />
Explications.<br />
REDON AU MILIEU D'UN<br />
”CROISSANT FERTILE”<br />
Jacques Lescoat est directeur<br />
de la Conférence des villes de<br />
Bretagne. L'homme n'est jamais<br />
avare de qualificatifs pour<br />
vanter les mérites de son hôte.<br />
« Sur la petite enfance, le<br />
Pays de Redon est en avance<br />
sur les <strong>au</strong>tres commun<strong>au</strong>tés.<br />
Il considère que quand on<br />
peut répondre à ces besoins,<br />
c'est un atout pour le développement<br />
économique.<br />
Vous avez une capacité d'accueil<br />
extraordinaire (coût du<br />
terrain) et un cadre de vie de<br />
grande qualité. C'est une<br />
chance si vous êtes capables<br />
d'abandonner les lotissements<br />
et d'aménager des<br />
zones d'activité nickel. Vous<br />
avez <strong>au</strong>ssi des atouts particuliers<br />
concernant la réindustrialisation.<br />
Votre gare est un<br />
site unique !»<br />
Jacques Lescoat remarque<br />
par ailleurs que le Pays de<br />
Redon bénéficie <strong>d'un</strong> environnement<br />
régional plutôt favorable.<br />
« La croissance démographique<br />
bretonne est de<br />
25% supérieure à la croissance<br />
nationale. Et, dans ce<br />
”<strong>croissant</strong> <strong>fertile</strong>”, Redon est<br />
<strong>au</strong> <strong>milieu</strong> des trois départements<br />
français les plus toniques.»<br />
REDON EST UN ANGLE MORT<br />
Soit. Mais alors comment<br />
expliquer que Redon ne bénéficie<br />
toujours pas de sa position<br />
stratégique <strong>au</strong> sein de ce<br />
”triangle d'or” dont parle encore<br />
Jacques Lescoat ?<br />
Force est de constater que<br />
ce triangle d'or, délimité par<br />
Rennes, Nantes et Vannes, ressemble<br />
plutôt à un triangle des<br />
Bermudes dans lequel Redon<br />
<strong>au</strong>rait échappé <strong>au</strong>x écrans de<br />
contrôle de ces grandes villes.<br />
Rennes en particulier.<br />
« Redon manque de lisibilité.<br />
C'est un angle mort»,<br />
constate Henri-Noël Ruiz, directeur<br />
de l'agence d'urbanisme<br />
de Rennes Métropole<br />
(AUDIAR). Et pourtant cette<br />
”Audiar tous terrains” n'a eu<br />
<strong>au</strong>cune difficulté à trouver les<br />
routes de Nantes, ou de Saint-<br />
Malo. <strong>Un</strong> paradoxe, « les flux<br />
Le Pays de Redon<br />
et des Bisounours !<br />
« Ce n'est pas le monde<br />
des Bisounours ! » Ah, la<br />
belle expression, tellement infantilisante,<br />
tellement empreinte<br />
de condescendance à<br />
l'égard de ces grands naïfs qui<br />
continuent à croire qu'un <strong>au</strong>tre<br />
monde est possible, plus fraternel<br />
et plus juste. Elle est devenue<br />
très tendance dans la<br />
bouche des sachants à cravate<br />
qui ont calqué leurs discours<br />
sur celui des pouvoirs dominants.<br />
Ainsi, le mot bisounours,<br />
qui semble d'abord suggérer<br />
de la douceur est une<br />
arme utilisée pour discréditer la<br />
parole de l'<strong>au</strong>tre, placé hors<br />
sujet et hors du monde réel.<br />
Mardi soir, un naïf s'est demandé<br />
pourquoi « la plus<br />
grande école de crépiers du<br />
monde» avait quitté M<strong>au</strong>rede-Bretagne<br />
pour s'installer à<br />
Rennes ?<br />
Et de s'interroger alors sur le<br />
bien fondé de cette coopération<br />
encouragée par l'un des<br />
représentants du monde réel,<br />
Henri-Noël Ruiz. « La coopération<br />
ne fait pas disparaître<br />
la concurrence ! La coopération,<br />
ce n'est pas le monde<br />
des Bisounours !» Ça y est, le<br />
mot est lâché ! Encore une<br />
louche ? Le jeu est inégal,<br />
c'est la bagarre, mais rien ne<br />
dit que vous ne récupériez<br />
pas de nouvelles entreprises.»<br />
A une seule condition :<br />
quittez le monde des Bisounours<br />
! Au fait, ”liberté, égalité,<br />
fraternité”, c'est encore le<br />
monde des Bisounours ?<br />
4 000 personnes du <strong>pays</strong> travaillent à Rennes, mais ils sont<br />
encore 25 070 (70% des actifs) à travailler à la "maison".<br />
sont plus importants entre<br />
Rennes et Redon qu'entre<br />
Rennes et Saint-Malo.»<br />
RENNES PRÉDATEUR<br />
Henri-Noël Ruiz souligne «la<br />
politique volontariste de<br />
coopération» de son agence<br />
qui se prolonge jusqu'à Brest.<br />
<strong>Un</strong> an après sa nomination,<br />
Henri-Noël Ruiz reconnaît<br />
n'avoir jamais mis les pieds à<br />
Redon. « C'est la première<br />
fois que je viens ici.» Et d'admettre<br />
encore que « Rennes<br />
ne regarde pas souvent ce<br />
territoire. Nous n'avons<br />
<strong>au</strong>cun partenariat, même<br />
avec l'ESLI qui est pourtant<br />
une école de renommée nationale.<br />
Les liens sont plus<br />
forts avec Saint-Malo où<br />
Rennes a retrouvé une façade<br />
maritime»...après avoir<br />
annexé le port de Redon après<br />
la Révolution ! La volonté hégémonique<br />
du puissant voisin<br />
n'est pas nouvelle et elle toujours<br />
redoutée. « J'ai souvent<br />
entendu, et j'entends encore,<br />
que le développement rennais<br />
est perçu comme prédateur,<br />
se réalisant <strong>au</strong> détriment<br />
du reste de la<br />
Bretagne.»<br />
La cigale et les fourmis.<br />
De nombreux cinéphiles ont<br />
en tête l'image de cette colonie<br />
de fourmis dévorant tout sur<br />
son passage et contournant<br />
subitement une zone perçue<br />
comme un obstacle. Les cartes<br />
de l'évolution démographique<br />
et de l'emploi présentées mardi<br />
soir <strong>au</strong> public par Bruno Julien<br />
(Agence d'urbanisme de Nantes<br />
métropole) pouvaient faire<br />
songer à cette image. L'activité<br />
semble éviter le Pays des chantous<br />
à l'approche des marais.<br />
FAIBLE PROGRESSION<br />
<strong>DE</strong>S REVENUS<br />
Henri-Noël Ruiz remarque<br />
que «Rennes et Redon sont<br />
dans les deux groupes de développement<br />
opposés en<br />
terme de croissance. Redon<br />
est marquée par une croissance<br />
démographique moindre,<br />
une faible progression<br />
des revenus et des qualifications,<br />
une logique de vieillissement.<br />
L'industrie résiste<br />
mais il n'y a pas de développement<br />
de l'emploi.» Le directeur<br />
de l'AUDIAR observe<br />
<strong>au</strong>ssi une absence d'économie<br />
présentielle (*). Bruno Julien<br />
remarque que «les territoires<br />
qui résistent sont ceux où il<br />
y a une grande qualité des<br />
services et de l'habitat.» Et<br />
de déplorer « l'extension du<br />
bassin de vie nantais, avec<br />
des gens qui cherchent à se<br />
loger de plus en plus loin. Ce<br />
n'est pas une bonne chose,<br />
sans compter le coût de<br />
l'énergie (transports).»<br />
Redon : zone de villégiature<br />
pour les retraités ?<br />
Après avoir été contournée,<br />
Redon deviendra incontournable,<br />
quand, des mots <strong>au</strong>x<br />
actes, la relocalisation indis-<br />
Coup de chape<strong>au</strong> <strong>au</strong> Conseil de développement présidé<br />
par Alain Madoré d’avoir su mobiliser de nombreux acteurs<br />
loc<strong>au</strong>x venus écouter les aménageurs (de g<strong>au</strong>che à droite)<br />
Jacques Lescoat, Henri-Noël Ruiz et Bruno Julien. Outil précieux<br />
de la démocratie participative, le Conseil de développement<br />
est en danger, à l’heure où le <strong>pays</strong> de Redon qu’il<br />
défend est bousculé dans ses frontières et son identité.<br />
pensable de l'économie <strong>au</strong>ra<br />
fini par convaincre les acteurs<br />
politiques et économiques.<br />
« Redon est un point de<br />
passage obligé de la LGV,<br />
entre Rennes et Nantes »,<br />
assure Henri-Noël Ruiz. Sa position<br />
à la croisée des chemins<br />
entre Rennes et Quimper,<br />
intéresse be<strong>au</strong>coup les<br />
décideurs rennais. C'est une<br />
façon de faire <strong>d'un</strong>e pierre<br />
deux coups. Les colonies rennaise<br />
et nantaise qui vont inéluctablement<br />
finir par se rejoindre<br />
n'inquiète pas le<br />
directeur de l'AUDIAR. Redon<br />
va alors bénéficier <strong>d'un</strong> bassin<br />
d'emplois élargi.»<br />
Enfin, après avoir retrouvé<br />
une façade maritime <strong>au</strong> Nord,<br />
Rennes aimerait voir se développer<br />
<strong>au</strong> Sud une zone de villégiature<br />
appréciée des retraités.<br />
« On est en déficit sur<br />
les retraités et on n'attire pas<br />
les touristes. Le potentiel<br />
touristique de Redon est reconnu.<br />
C'est une carte importante<br />
à jouer. »<br />
Jakez Lesouëf : Redon<br />
ville dortoir. Jean-René Marsac<br />
ne veut pas <strong>d'un</strong> gros<br />
bourg à Redon. Militant écologiste<br />
et fervent défenseur de<br />
son <strong>pays</strong>, Jakez Lesouef redoute<br />
quant à lui une ville dortoir,<br />
en plus <strong>d'un</strong>e zone de villégiature.<br />
« C'est en tout cas<br />
ce que j'ai entendu ce soir.<br />
Alors <strong>au</strong> nom de l'équilibre<br />
territorial, êtes-vous prêts à<br />
contractualiser, à dire à une<br />
Le tiercé gagnant de Jean-<br />
René Marsac ? C’est la voiture,<br />
le bate<strong>au</strong> et le train ! Le député<br />
de Redon-Bruz croit dur<br />
comme fer à l'avenir industriel<br />
du Pays de Redon. A condition<br />
que les chefs d'entreprises loc<strong>au</strong>x<br />
s'engouffrent par exemple<br />
dans «la brèche» ouverte par<br />
Daniel Delave<strong>au</strong>. Le président<br />
de Rennes Métropole, également<br />
maire de Rennes et président<br />
de l'AUDIAR, a fait une proposition<br />
<strong>au</strong> Pays de Redon pour<br />
qu'il puisse monter dans le<br />
«véhicule décarbonisé» ou<br />
électrique. Comment ? En prenant<br />
à son compte la réalisation<br />
des bornes de rechargement.<br />
Des bornes <strong>au</strong>x pontons,<br />
Jean-René Marsac met le cap<br />
22<br />
entreprise d'aller s'installer à<br />
Redon plutôt qu'à Rennes.<br />
Parce que le reste, c'est du<br />
blabla sans intérêt !»<br />
Réponse du directeur de<br />
l'AUDIAR : « Ne mettez pas le<br />
Pays de Redon en position<br />
d'assisté. Les entreprises<br />
iront à Redon si Redon est<br />
attractif.»<br />
Jacques Lescoat tente d'arrondir<br />
les angles. « Vous pouvez<br />
contractualiser comme<br />
cela se fait entre Rennes et<br />
Saint-Malo, car vous avez<br />
des atouts en matière de<br />
foncier et de cadre de vie.»<br />
Ce qui n'a pas empêché Jakez<br />
Lesouef de rappeler que la position<br />
pro-aéroport de Jacques<br />
Lescoat n'était pas partagée<br />
par la majorité de ses confrères<br />
réunis <strong>au</strong> sein de l'association<br />
”géographes de Bretagne”. Le<br />
débat continue...<br />
J.F<strong>au</strong>cheux<br />
(*) Economie présentielle.<br />
Ensemble des activités<br />
mises en oeuvre sur un territoire<br />
pour la production de<br />
biens et de services destinés à<br />
satisfaire les besoins des populations<br />
présentes, résidentes ou<br />
de passage.<br />
Cet concept est un néologisme<br />
utilisé par L<strong>au</strong>rent Davezies<br />
et Christophe Terrier pour<br />
décrire une économie basée<br />
sur la population réellement<br />
présente sur un territoire qui<br />
peut varier rapidement, et qui<br />
à la fois produit et consomme.<br />
J.R. Marsac : Redon est<br />
un bourg ou une ville ?<br />
sur des bate<strong>au</strong>x électriques qui<br />
porteraient pavillon redonnais.<br />
«Avec le n<strong>au</strong>tisme nous<br />
avons une belle carte à jouer,<br />
car la côte est saturée.» Pour<br />
le député, le tourisme doit être<br />
abordé sous un angle industriel<br />
et ne pas se réduire « à l'accueil<br />
de Rennais pendant le<br />
week-end.» Jean-René Marsac<br />
rappelle enfin l'importance<br />
stratégique de la nouvelle gare<br />
dans le développement futur<br />
de la ville-centre, de même que<br />
l'hôpital et l'outil de formation.<br />
« Redon, comme Châte<strong>au</strong>briant,<br />
a vocation à être un<br />
pôle urbain d'équilibre intermédiaire.<br />
Que voulons-nous<br />
entre Rennes et Nantes ? <strong>Un</strong><br />
bourg ou une ville ? Il f<strong>au</strong>dra<br />
se mettre d'accord.»
PAYS <strong>DE</strong> REDON<br />
Jean-Louis Fougère annonce une usine<br />
de déconstruction en juin prochain<br />
Le maire de Saint-Nicolas-de-Redon sous les feux de l’actualité !<br />
Jean-Louis Fougère, président<br />
de la commun<strong>au</strong>té de<br />
communes du Pays de Redon<br />
(CCPR) : « Je suis d'accord<br />
avec Jean-René Marsac».<br />
<strong>Un</strong> scoop ? Les deux poids<br />
lourds politiques du <strong>pays</strong> ne<br />
ratent jamais une occasion de<br />
se tacler sans jamais se citer !<br />
En tout cas, ce soir là, les<br />
deux orphelins de DSK semblaient<br />
regarder dans la<br />
même direction.<br />
La coopération du Pays de<br />
Redon avec les agences de<br />
développement des conseils<br />
génér<strong>au</strong>x ? Jean-Louis Fougère<br />
ne cesse de marteler son<br />
importance. Premier fruit de<br />
cette coopération : l'implantation<br />
<strong>d'un</strong> centre d'appels rue<br />
de Vannes, avec 180 emplois<br />
à la clé. « Il y a deux ans, je<br />
ne pensais pas que Redon<br />
pouvait accueillir ce type<br />
d'activité.» Après la fermeture<br />
du site de F<strong>au</strong>récia, un<br />
deuxième fruit devrait tomber<br />
dans la corbeille, sous la<br />
forme <strong>d'un</strong>e usine de déconstruction<br />
<strong>au</strong>tomobile. Le président<br />
de la CCPR a annoncé<br />
«un premier coup de pioche<br />
en juin à Saint-Nicolas-de-<br />
Redon.»<br />
A l'instar du député, Jean-<br />
Louis Fougère aime l'air<br />
marin. Ça rafraîchit la mémoire<br />
! « Le port de plaisance<br />
? Qui s'en est occupé<br />
depuis 20 ans ? » Le maire<br />
de Saint-Nicolas-de-Redon<br />
aime tellement la mer qu'il insiste<br />
pour que le Pays de<br />
Redon se tourne davantage<br />
vers Saint-Nazaire. « C'est la<br />
zone où il y <strong>au</strong>ra le plus<br />
d'emplois demain, avec l'éolien<br />
offshore notamment.»<br />
Enfin, pour Jean-Louis Fougère,<br />
« le vrai quartier d'affaires<br />
de Redon est à la<br />
gare, en complémentarité<br />
avec Rennes Métropole. Si<br />
la CCPR a racheté la gare de<br />
Beslé, c'est bien pour s'inscrire<br />
dans cette stratégie de<br />
développement.»<br />
Et alors que le président de<br />
la CCPR n'a pas hésité à s'envoler<br />
vers le futur aéroport<br />
nantais, on s'est souvenu que<br />
Jean-René Marsac était resté<br />
sur le plancher des vaches lors<br />
de son intervention. Que les<br />
fidèles de Notre-Dame-des-<br />
Landes se rassurent : l'un<br />
comme l’<strong>au</strong>tre ne sont pas<br />
prêts d’atterrir !<br />
Alain Greffion, micro en<br />
main, ne cesse de déplorer<br />
le déchirement du<br />
territoire <strong>au</strong> détriment de<br />
son identité.<br />
« Mais c’est quoi le<br />
Pays de Redon» ?<br />
s’interroge le maire des<br />
Fougerêts.<br />
Jean-Louis Fougère approuve.<br />
« Alain a résumé<br />
tout le problème.<br />
Pour savoir<br />
où l’on va, il f<strong>au</strong>t savoir<br />
qui l’on est et d’où l’on vient.» Le président de la commun<strong>au</strong>té de communes<br />
du Pays de Redon (CCPR) ne voit plus l’avenir à l’échelle d’un ”Grand Redon” mais du ”Pays<br />
de Redon” et de ses 90 000 habitants. La feuille de route existe : c’est le schéma de cohérence<br />
territoriale (SCOT). Reste à trouver de nouve<strong>au</strong>x outils pour la mettre en oeuvre. Pour<br />
tirer son épingle du jeu, le Pays de Redon devra être «coopératif et <strong>au</strong>tonome»,prévient<br />
Jacques Lescoat. Coopératif, certes, à condition que cette coopération ne repose pas sur<br />
un lien de subordination, <strong>au</strong> bénéfice de Goliath, <strong>au</strong> détriment de David. Qu’est-ce qui empêche<br />
le territoire de ce doter de sa propre agence de développement ? Autonome, certes,<br />
à condition que les habitants de ce territoire puisse choisir librement leur destin. Malmené, y<br />
compris parfois par ceux qui sont censés le soutenir, le Conseil de développement permet<br />
d’entretenir la flamme d’une (bonne ?) conscience collective. Jusqu’à quand ?<br />
Au lendemain de la<br />
conférence, le Redonnais,<br />
militant écologiste<br />
et régionaliste, Jakez<br />
Lesouef confirme et développe<br />
ses propos.<br />
« La croissance exponentielle<br />
de ces deux métropoles ,<br />
Rennes et Nantes, est patent.<br />
Leur appétit semble insatiable.<br />
Leur croissance obère donc de<br />
fait la croissance que nous attendons<br />
en Pays de Redon.<br />
CHANGER<br />
LES RÈGLES DU JEU<br />
« La seule façon d’inverser le<br />
cours de l'histoire, c'est de<br />
changer les règles du jeu et de<br />
légiférer, de contractualiser. Il<br />
f<strong>au</strong>t qu'un certain nombre<br />
d'entreprises potentiellement<br />
intéressées pour s'installer dans<br />
le secteur de Rennes ou Nantes,<br />
soient dirigées vers les<br />
”villes intermédiaires” comme<br />
Redon, Fougères, Châte<strong>au</strong>briant,<br />
et que les Métropoles<br />
acceptent ce fait.<br />
Mais c' est <strong>au</strong>x politiques de<br />
Rennes Métropole et Nantes<br />
Métropole qu'il f<strong>au</strong>t poser la<br />
question. On peut deviner la<br />
réponse à l’<strong>au</strong>ne de ce que<br />
nous avons entendu hier soir<br />
de nos élus loc<strong>au</strong>x. En fait, rien<br />
de vraiment concret.<br />
LGV : ELLE NE PASSERA<br />
PAS PAR REDON<br />
Les métropoles ont leur précarré,<br />
et non seulement ne<br />
sont pas prêtes à le lâcher,<br />
mais feront tout pour l ' agrandir.<br />
Quant à la future ligne directe<br />
SNCF Rennes-Nantes,<br />
chacun a pu constater qu' il y<br />
avait encore des élus à croire<br />
qu’elle passera, et s’arrétera,<br />
en Pays de Redon. F<strong>au</strong>t il rappeler<br />
que le rapprochement<br />
SNCF de Rennes-Nantes ne<br />
passe pas par Redon ? C’est<br />
une ligne LGV ou TGV ”rapide”<br />
qui est prévue. Donc, impéra-<br />
tivement, en ligne la plus<br />
droite possible et évidemment,<br />
sans arrêt.<br />
On ne peut donc plus laisser<br />
le territoire <strong>au</strong>x mains des<br />
”Metropolistes” rennais ou<br />
nantais. Ceux ci ne peuvent<br />
tenir le discours «que vous<br />
êtes jolis, que vous nous semblez<br />
be<strong>au</strong>x», nous, Redonnais<br />
avec notre be<strong>au</strong> bassin à flot et<br />
notre Tour Romane, et nous<br />
congratuler en pensant «dites<br />
nous de quoi vous avez besoin,<br />
on va vous expliquer<br />
comment vous en passer.»<br />
L’ EXEMPLE <strong>DE</strong> PEILLAC<br />
L’intérêt majeur de la<br />
construction équilibrée <strong>d'un</strong><br />
territoire exige que le maillage<br />
des PME-PMI soit justement réparti.<br />
Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi pour cela<br />
que l’attractivité de notre ”territoire”<br />
soit forte en terme culturel<br />
dans le sens le plus large.<br />
Et là, Redon a une excellente<br />
carte à jouer , située <strong>au</strong> carrefour<br />
des can<strong>au</strong>x Bretons, avec<br />
un festival traditionnel de La<br />
Bogue d' Or, avec un maillage<br />
associatif dynamique, dans un<br />
cadre rural favorable à la marche,<br />
à l’expression des sports<br />
cyclistes, n<strong>au</strong>tiques, dans un<br />
environnement de qualité, pré-<br />
23<br />
En vert, le Pays de Redon ne profite pas de l’<strong>au</strong>gmentation de population dont bénéficie la<br />
”Bretagne riche” (Sud Est) entre Rennes-Nantes et la côte morbihannaise.<br />
Jakez Lesouëf : plutôt un<br />
”Aquapolis” qu’un aéroport<br />
Ce projet d’aéroport dont Jakez Lesouëf ne veut pas.<br />
servé et qui sera certainement<br />
de plus en plus recherché ,<br />
avec une ville centre équilibrée<br />
et commercialement dynamique.<br />
Des communes comme<br />
Peillac l’ont bien compris : culture<br />
et entreprise sont étroitement<br />
liées. Il f<strong>au</strong>t relancer<br />
enfin l’idée de cet ”Aquapolis”<br />
qui pourrait voir le jour<br />
dans les friches Garnier, véritable<br />
verrue dans le quartier du<br />
port, créer un ”Océanopolis”<br />
de l'e<strong>au</strong> douce, de sa flore et<br />
de sa f<strong>au</strong>ne. <strong>Un</strong> tel outil serait<br />
véritablement fédérateur et<br />
constituerait un élément attractif<br />
de grande qualité pour<br />
le Pays de Redon.<br />
Ce projet me semble plus<br />
concret et rassembleur que<br />
d’attendre la construction de<br />
plus en plus hypothétique <strong>d'un</strong><br />
aéroport inutile situé à une<br />
heure de Redon. Et puis la dynamique<br />
de la gare SNCF avec<br />
son PEM, et puis la construction<br />
<strong>d'un</strong>e grande salle de concert<br />
dans le quartier du Port...<br />
Redon va devenir un lieu de<br />
résidence et un lieu ou l' on<br />
travaille, absolument incontournable.»<br />
Dossier réalisé par<br />
Jacques F<strong>au</strong>cheux