ECRITURE POETIQUE ET QUETE DU SENS - Académie de Nancy ...

SEQUENCE 1 : ECRITURE POETIQUE ET QUETE DU SENS : LES REGRETS DE DU BELLAY
Objet d’étude : LA POESIE
Objectifs : - lire et comprendre le sens des poèmes les plus représentatifs d’un recueil
- s’interroger sur l’expression de la nostalgie, du désenchantement et de l’indignation
dans la poésie humaniste
- étudier une forme fixe (le sonnet) et ses principales caractéristiques esthétiques et
formelles
Durée de la séquence : environ 19 heures (en comptant les évaluations en classe)
Lecture cursive : Différents poèmes de la Pléiade et de la poésie baroque : réalisation d’une
anthologie poétique.
Problématique de séquence : montrer comment s’expriment les différentes émotions de Joachim
Du Bellay dans son recueil poétique.
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SEANCE N°1 : QUI ETAIT JOACHIM DU BELLAY (1 heure) ?
Objectifs : - comment effectuer une recherche documentaire efficace ?
- bien comprendre les conditions de la rédaction du recueil
Prolongement : mémorisation de la fiche-auteur réalisée et de la séance 1 en vue d’une
interrogation orale. Lecture d’un document complémentaire sur le contexte de la rédaction
des Regrets. (Histoire littéraire, Brunel)
SEANCE N° 2 : LECTURE ANALYTIQUE N°1 : LE PROJET DE DU BELLAY DANS LES REGRETS (2
h)
Objectif : - faciliter la lecture des sonnets du recueil Les Regrets en percevant le projet de l’auteur
Texte d’étude :
I
Je ne veux point fouiller au sein de la nature,
Je ne veux point chercher l’esprit de l’univers,
Je ne veux point sonder les abîmes couverts,
Ni dessiner du ciel la belle architecture.
Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts arguments ne recherche à mes vers :
Mais suivant de ce lieu les accidents divers,
Soit de bien, soit de mal, j’écris à l’aventure.
Je me plains à mes vers, si j’ai quelque regret :
Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,
Comme étant de mon cœur les plus sûrs secrétaires.
Aussi ne veux-je tant les peigner et friser,
Et de plus braves noms ne les veux déguiser
Que de papiers journaux ou bien de commentaires.
Prolongement : rechercher dans le classeur de 2 nde les séances consacrées à la
méthodologie du commentaire littéraire. Se référer également au manuel. Relire les
conseils proposés, les devoirs rédigés l’an passé.
Mémoriser la lecture analytique n°1 (relecture du cours pendant dix minutes à haute voix).
SEANCE N° 3 : DE LA LECTURE ANALYTIQUE AU COMMENTAIRE LITTERAIRE (2 heures)
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Objectifs : - revoir la méthodologie du commentaire littéraire
- Préparer le devoir n°1 (évaluation en classe, une heure)
Mise en commun des conseils méthodologiques et des pratiques du commentaire en 2nde
Construction d’un plan détaillé de commentaire à partir de la lecture analytique n°1.
Rédaction d’un paragraphe.
I. Le projet de l’auteur dévoilé
II. La parole poétique comme confidente et « secrétaire » de l’âme de l’auteur
DEVOIR N°1 : Rédaction en classe, en une heure, de l’une des deux parties.
SEANCE N° 4 : LA DESILLUSION DANS LES REGRETS (1 heure)
Objectifs : - analyser l’expression des émotions et des sentiments du poète découvrant la ville de
Rome
Lecture cursive de 3 poèmes des Regrets : XXVI, XXXII, XXXIX
Travail à rendre en fin de la séquence : réaliser une anthologie (tapée ou manuscrite)
regroupant dix à quinze poèmes du XVIème siècle. Chaque poème sera illustré par un
tableau de la Renaissance. L’anthologie comportera : une première de couverture et un
titre, un sommaire, un sonnet personnel rédigé à la manière des poètes du XVIème siècle
sur le thème de votre choix. Vous serez capable de présenter à l’oral vos choix et votre
démarche.
Pour la séance n°6 : effectuer une courte recherche sur les personnages d’Ulysse et de
Jason.
SEANCE N° 6 : LECTURE ANALYTIQUE N°2 : « HEUREUX QUI COMME ULYSSE » (2 HEURES)
Objectif : - étudier l’influence de la culture antique sur les poètes de la Pléiade
Texte d’étude :
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
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Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
Prolongement : histoire des arts / découverte de représentations d’Ulysse et Jason sur les vases
grecs. Diffusion de l’adaptation du poème par le chanteur RIDAN (de l’actualité des Regrets ?)
Vase grec du IIIème siècle avant Jésus-Christ
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Jason apporte à Pélias la toison d'or, représentation figurant sur un vase grec du IV° siècle avant
Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Diffusion de la chanson de RIDAN, réécriture d’ « Heureux qui comme Ulysse »
http://www.youtube.com/watch?v=1yI75QDF_8k
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SEANCE N° 7 : CORRECTION DU COMMENTAIRE LITTERAIRE REDIGE EN CLASSE (1 heure)
Objectifs : - retour sur la méthodologie du commentaire littéraire
- travail sur la langue : l’insertion des citations au sein du paragraphe de commentaire
et les mots de liaison
Préparation pour la séance n°8 : lecture des sonnets LXII, LXIII, LXXVII, LXXIX
SEANCE N° 8 : LECTURE CURSIVE : LA SATIRE SOCIALE DANS LES REGRETS (2 heures)
Objectifs : - aborder une autre facette de la poésie des Regrets : la critique des mœurs de la Cour
- entraînement à la rédaction de la question sur corpus (écriture en classe)
Textes : Les Regrets, sonnets LXII, LXIII, LXXVII, LXXIX
Texte 1 :
Texte 2 :
LXII
Ce rusé Calabrais tout vice, quel qu’il soit,
Chatouille à son ami, sans épargner personne,
Et faisant rire ceux que même il époinçonne,
Se joue autour du cœur de cil qui le reçoit.
Si donc quelque subtil en mes vers aperçoit
Que je morde en riant, pourtant nul ne me donne
Le nom de feint ami vers ceux que j’aiguillonne :
Car qui m’estime tel, lourdement se déçoit.
La satire, Dilliers, est un public exemple,
Où, comme en un miroir, l’homme sage contemple
Tout ce qui est en lui ou de laid ou de beau.
Nul ne me lise donc, ou qui me voudra lire
Ne se fâche s’il voit, par manière de rire,
Quelque chose du sien portrait en ce tableau
LXIII
Quel est celui qui veut faire croire de soi
Qu’il est fidèle ami, mais quand le temps se change,
Du côté des plus forts soudainement se range,
Et du coté de ceux qui ont le mieux de quoi ?
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Texte 3 :
Quel est celui qui dit qu’il gouverne le roi ?
J’entends quand il se voit en un pays étrange,
Et bien loin de la cour: quel homme est-ce, Lestrange ?
Lestrange, entre nous deux, je te pry, dis-le-moi.
Dis-moi, quel est celui qui si bien se déguise
Qu’il semble homme de guerre entre les gens d’Église,
Et entre gens de guerre aux prêtres est pareil ?
Je ne sais pas son nom : mais quiconque il puisse être
Il n’est fidèle ami, ni mignon de son maître,
Ni vaillant chevalier, ni homme de conseil.
LXXVII
Je ne découvre ici les mystères sacrés
Des saints prêtres romains, je ne veux rien écrire
Que la vierge honteuse ait vergogne de lire,
Je veux toucher sans plus aux vices moins secrets.
Mais tu diras que mal je nomme ces Regrets,
Vu que le plus souvent j’use de mots pour rire
Et je dis que la mer ne bruit toujours son ire,
Et que toujours Phoebus ne sagette les Grecs.
Si tu rencontres donc ici quelque risée,
Ne baptise pourtant de plainte déguisée
Les vers que je soupire au bord ausonien.
La plainte que je fais, Dilliers, est véritable :
Si je ris, c’est ainsi qu’on se rit à la table,
Car je ris, comme on dit, d’un ris sardonien.
Texte 4 : LXXIX
Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux,
Je n’écris de beauté, n’ayant belle maîtresse,
Je n’écris de douceur, n’éprouvant que rudesse,
Je n’écris de plaisir, me trouvant douloureux :
Je n’écris de bonheur, me trouvant malheureux
Je n’écris de faveur, ne voyant ma princesse,
Je n’écris de trésors, n’ayant point de richesse,
Je n’écris de santé, me sentant langoureux :
Je n’écris de la cour, étant loin de mon prince,
Je n’écris de la France, en étrange province,
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Je n’écris de l’honneur, n’en voyant point ici :
Je n’écris d’amitié, ne trouvant que feintise,
Je n’écris de vertu, n’en trouvant point aussi,
Je n’écris de savoir, entre les gens d’Église.
Question : Comment la parole poétique se met-elle au service de la satire sociale dans ces trois
poèmes ?
Rédaction en classe de la réponse à la question. + réflexion collective autour d’un sujet de
dissertation sur la poésie : « LA POESIE N’A-T-ELLE POUR BUT QUE L’EXPRESSION DES
SENTIMENTS ? » Recherche en classe du plan détaillé. Devoir facultatif à la maison. Rédaction de
l’introduction, une partie et la conclusion de la dissertation.
SEANCE N° 9 : LECTURE ANALYTIQUE N°3 : « France, mère des arts des armes et des lois »(1
heure 30)
Objectif : - aborder la veine élégiaque des Regrets
France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.
Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
Préparation pour la séance n°9 : lecture des extraits de Défense et illustration de la langue
française de Du Bellay.
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SEANCE N° 10 : LECTURE CURSIVE : Défense et illustration de la langue française : un projet
humaniste ? (1 heure)
Objectif : - montrer l’ancrage de la pensée de Du Bellay dans le mouvement humaniste.
Lecture de deux extraits de Défense et illustration de la langue française. Résumé de la
pensée de l’auteur dans le cours.
Confrontation avec quelques textes du recueil : les préceptes évoqués par Du Bellay se
retrouvent-ils dans les textes composant les Regrets ?
SEANCE N° 11 : PRESENTATION DE L’ANTHOLOGIE POETIQUE (1 heure)
Objectifs : - développer le goût pour la lecture de poèmes et pour l’histoire des arts
- être capable de justifier à l’écrit le choix de poèmes (préparation écriture
d’invention)
Lecture expressive de quelques poèmes représentatifs de la Pléiade, de la poésie du
XVIème siècle
Faire circuler les anthologies poétiques
Exercice d’écriture d’invention : Vous écrivez au directeur d’une revue poétique pour lui
proposer l’édition des poèmes que vous avez choisis. Ecrivez cette lettre dans laquelle vous
montrerez que les poètes du XVIème peuvent toucher des lecteurs contemporains.
Préparation de la séance n°12 : apprendre les lectures analytiques n°2 et n°3 ; noter
éventuellement les éléments qui n’ont pas été bien compris.
SEANCE N° 12 : LECTURE ANALYTIQUE N°4 : « Las, où est maintenant ce mépris de
fortune ? » (1 heure 30)
Objectif : - montrer comment s’expriment les doutes du poète
Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?
Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,
Cet honnête désir de l’immortalité,
Et cette honnête flamme au peuple non commune ?
Où sont ces doux plaisirs qu’au soir sous la nuit brune
Les Muses me donnaient, alors qu’en liberté
Dessus le vert tapis d’un rivage écarté
Je les menais danser aux rayons de la Lune ?
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Maintenant la Fortune est maîtresse de moi,
Et mon cœur, qui voulait être maître de soi,
Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient.
De la postérité je n’ai plus de souci,
Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,
Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient.
SEANCE N° 13 : SYNTHESE (1 heure)
Objectifs : - retour sur la problématique de séquence
- construction d’un tableau récapitulatif des lectures analytiques et cursives de la
séquence)
- préparation de l’évaluation finale
Prolongements : - compléter le sommaire de séquence
- relire l’ensemble de la séquence
SEANCE N° 14 : EVALUATION EN CLASSE (2 heures) :
Rédaction partielle d’un commentaire littéraire.
Texte : Sonnet XII DU BELLAY, LES REGRETS
Vu le soin ménager dont travaillé je suis,
Vu l’importun souci qui sans fin me tourmente,
Et vu tant de regrets desquels je me lamente,
Tu t’ébahis souvent comment chanter je puis.
Je ne chante, Magny, je pleure mes ennuis,
Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante,
Si bien qu’en les chantant, souvent je les enchante :
Voilà pourquoi, Magny, je chante jours et nuits.
Ainsi chante l’ouvrier en faisant son ouvrage,
Ainsi le laboureur faisant son labourage,
Ainsi le pèlerin regrettant sa maison,
Ainsi l’aventurier en songeant à sa dame,
Ainsi le marinier en tirant à la rame,
Ainsi le prisonnier maudissant sa prison.
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