Compétences cliniques transculturelles et pratique médicale ...
Compétences cliniques transculturelles et pratique médicale ...
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<strong>Compétences</strong> <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong><br />
<strong>et</strong> <strong>pratique</strong> <strong>médicale</strong><br />
Quels besoins, quels outils, quel impact?<br />
Fabrice Althaus a ,Patricia Hudelson b ,Dagmar Domenig c ,Alexander R. Green d ,Patrick Bodenmann e<br />
Quintessence<br />
P La prise en charge des patients migrants ou d’origine étrangère est un<br />
défi particulier pour la <strong>pratique</strong> <strong>médicale</strong> en raison des différences épidémiologiques,<br />
culturelles <strong>et</strong> linguistiques, des difficultés propres àlamigration<br />
<strong>et</strong> des problématiques socioéconomiques souvent surajoutées.<br />
P Les compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> sont un ensemble d’attitudes,<br />
de connaissances <strong>et</strong> savoir-faire perm<strong>et</strong>tant de prodiguer des soins de qualité<br />
àdes patients d’origines socioculturelles <strong>et</strong> linguistiques diverses.<br />
P L’acquisition de compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> perm<strong>et</strong> d’améliorer<br />
la qualité de la prise en charge des patients migrants ou d’origine<br />
étrangère <strong>et</strong> de limiter le risque d’inégalités en termes d’accès aux soins,<br />
de qualité des soins <strong>et</strong> de santé.<br />
P Les bénéfices de l’acquisition de ces compétences ne se limitent pas à<br />
la prise en charge des patients ayant un passé migratoire. C<strong>et</strong>te formation<br />
est une opportunité pour le soignant de s’interroger sur sa <strong>pratique</strong><br />
<strong>et</strong> d’améliorer la prise en charge de l’ensemble de ses patients, suisses,<br />
migrants ou d’origine étrangère.<br />
Fabrice Althaus<br />
Les auteurs<br />
certifient<br />
qu’aucun conflit<br />
d’intérêt n’est lié<br />
à c<strong>et</strong> article.<br />
Introduction<br />
Commenous l’avons largement détaillé dans le premier<br />
article de c<strong>et</strong>te série, la population migrante représente<br />
une part importante de la population suisse. A l’avenir,<br />
la migration continuera à jouer un rôle majeur pour<br />
notre société, ne serait-ce qu’en raison du vieillissement<br />
démographique [1]. Des projections perm<strong>et</strong>tent<br />
d’estimer que le nombre de migrants à travers le<br />
monde passera de quelque 200 millions actuellement à<br />
près d’un milliard à l’horizon 2050, principalement en<br />
raison de bouleversements climatiques entraînant des<br />
catastrophes «naturelles» à large échelle [2].<br />
Etre capable de travailler efficacement avec des patients<br />
d’origines variées est essentiel dans un pays<br />
comme la Suisse où l’on fait face à une diversité socioculturelle<br />
<strong>et</strong> linguistique importante. Dans ce contexte<br />
de larges diversités, une prise en charge <strong>médicale</strong> centrée<br />
sur le patient pose des défis spécifiques <strong>et</strong> exige que les<br />
médecins adoptent un comportement adapté <strong>et</strong> disposent<br />
de connaissances <strong>et</strong> d’un savoir-faire appropriés,<br />
autrement dit qu’ils acquièrent des «compétences <strong>cliniques</strong><br />
<strong>transculturelles</strong>».<br />
Définition des compétences<br />
<strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> (CCT)<br />
Le terme compétence transculturelle désigne, selon le<br />
concept de Domenig, la capacité de percevoir <strong>et</strong> com-<br />
Vous trouverez les questions à choix multiple concernant c<strong>et</strong> article<br />
à la page 78 ou sur Intern<strong>et</strong> sous www.smf-cme.ch.<br />
curriculum<br />
prendre les individus dans leur monde vécu <strong>et</strong> leur<br />
contexte individuels <strong>et</strong> d’agir de façon adéquate. Les<br />
professionnels disposant de compétences <strong>transculturelles</strong><br />
ont la capacité d’intégrer leurs influences <strong>et</strong> préjugés<br />
propres, savent percevoir la perspective d’autrui<br />
<strong>et</strong> évitent la culturalisation <strong>et</strong> les stéréotypies. Le noyau<br />
de la compétence transculturelle est une capacité d’interaction<br />
transculturellement compétente dans le<br />
contexte de la migration. Les piliers de la capacité interactive<br />
sont: réflexion sur soi-même, savoir contextuel<br />
<strong>et</strong> expérience <strong>et</strong> enfin empathie narrative. Les professionnels<br />
doivent en premier lieu apprendre à connaître<br />
leur monde vécu dans un processus de réflexion sur<br />
soi-même; ce n’est que dans un second temps qu’ils<br />
sauront mieux comprendre <strong>et</strong> situer les mondes vécus<br />
individuels des migrants. Des connaissances de fond <strong>et</strong><br />
des expériences <strong>transculturelles</strong> associés à une réflexion<br />
sur soi-même aident à comprendre les migrants<br />
<strong>et</strong> leur vécu. L’empathie narrative consiste en une attitude<br />
valorisante <strong>et</strong> respectueuse vis-à-vis des migrants<br />
en s’interrogeant sur les préjugés, les idées racistes <strong>et</strong><br />
les actes discriminants <strong>et</strong> en plaçant la narration au<br />
centre du traitement <strong>et</strong> des soins. Réflexion sur soi-même<br />
<strong>et</strong> empathie narrative favorisent une bonne relation en<br />
incluant les mondes vécus individuels. La réflexion sur<br />
soi-même, les connaissances de fond <strong>et</strong> les expériences<br />
<strong>transculturelles</strong> acquises sensibilisent les professionnels<br />
aux questions <strong>transculturelles</strong> <strong>et</strong> les rendent plus<br />
conscients d’eux-mêmes. Connaissances de fond, expériences<br />
<strong>et</strong> empathie narrative perm<strong>et</strong>tent d’élargir<br />
l’anamnèse <strong>et</strong> de l’enrichir par les modèles explicatifs<br />
des patients, qui mènent ensuite au processus de négociation<br />
des causes, du diagnostic <strong>et</strong> du traitement de la<br />
maladie [3].<br />
Les compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> (CCT) sont<br />
en résumé un ensemble d’attitudes, connaissances <strong>et</strong><br />
savoir-faire qui perm<strong>et</strong>tent à un professionnel de santé<br />
a Médecin-assistant, Responsable de Recherche,<br />
Unité des Populations Vulnérables,<br />
Policlinique Médicale Universitaire, Lausanne<br />
b Anthropologie <strong>médicale</strong>, PhD,<br />
Hôpitaux Universitaires de Genève<br />
c Suppléante du Directeur <strong>et</strong> Responsable du Département<br />
Santé <strong>et</strong> Intégration, Croix-Rouge Suisse, Wabern, PhD, MLaw<br />
d MD, MPH, Associate Director,The Disparities Solutions Center,<br />
Senior Scientist,The Institute for Health Policy,Massachus<strong>et</strong>ts<br />
General Hospital, Chair,Cross-Cultural Care Committee,<br />
Harvard Medical School, Boston, USA<br />
e Médecin associé, MER, MSc, Responsable de l’Unité des<br />
Populations Vulnérables, Policlinique Médicale Universitaire,<br />
Lausanne<br />
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de prodiguer des soins de qualité à des patients d’origines<br />
diverses [4]. Bien que les CCT, dans l’acceptation<br />
la plus récente de ce terme, soient souvent associées de<br />
manière étroite à l’approche centrée sur la personne,<br />
certaines de ces compétences sont néanmoins spécifiques<br />
à la prise en charge des patients issus de la<br />
migration [5–7]. On y intègre bien entendu d’autres<br />
dimensions de la diversité également connues pour influencer<br />
la santé <strong>et</strong> les comportements ayant trait à la<br />
santé <strong>et</strong> aux soins, notamment le genre, l’âge, le statut<br />
social, les handicaps ou l’orientation sexuelle [8].<br />
Contexte historique récent<br />
Le domaine de l’<strong>et</strong>hnopsychiatrie est à l’origine de la<br />
prise de conscience des problématiques liant migration<br />
<strong>et</strong> santé. Georges Devereux au milieu du XX e siècle en<br />
France ou plus récemment Tobie Nathan ont, parmi<br />
d’autres, largement participé à l’élaboration des<br />
concepts les plus importants [9].<br />
La reconnaissance de la nécessité d’enseigner les CCT<br />
en Suisse se développe au début du millénaire <strong>et</strong> est à<br />
m<strong>et</strong>tre en parallèle à la mise sur pied par l’Office fédéral<br />
de la santé publique de la première stratégie «Migration<br />
<strong>et</strong> Santé» de 2002 à 2007. Des travaux scientifiques<br />
en lien avec la politique des drogues <strong>et</strong> la<br />
migration ont permis d’élaborer les premiers concepts<br />
nécessaires à c<strong>et</strong> enseignement [10, 11].<br />
La Croix-Rouge Suisse (CRS) s’est intéressée<br />
à c<strong>et</strong>te problématique dès la fin<br />
des années 90. Les formations mises en<br />
place concernaient alors en premier lieu<br />
des infirmières <strong>et</strong> des infirmiers, soit directement<br />
dans les hôpitaux, soit dans le<br />
cadre de la formation professionnelle ou continue. A ce<br />
jour, la CRS a formé près de 5000 professionnels de<br />
santé lors de 360 journées de cours. Elle s’est également<br />
investie dans la conception <strong>et</strong> le développement<br />
de nombreux modules. Ces modules ont pour but d’aider<br />
les professionnels de santé à être mieux conscients<br />
des déterminants qui interfèrent avec leur perception.<br />
Ce savoir-être doit leur perm<strong>et</strong>tre d’appréhender <strong>et</strong><br />
d’interpréter correctement la situation de l’autre (cf.<br />
www.transkulturelle-komp<strong>et</strong>enz.ch).<br />
Le concept de la compétence transculturelle s’est ainsi<br />
répandu de manière importante dans le monde infirmier<br />
avec néanmoins des réticences initiales du même<br />
ordre que celles rencontrées à l’heure actuelle auprès<br />
des médecins. Plus récemment, des initiatives comme<br />
celles de Migrant-Friendly Hospitals (MFH) ont permis<br />
d’élaborer des stratégies au niveau européen (Déclaration<br />
d’Amsterdam en 2004) [12] <strong>et</strong> de faire tache<br />
d’huile auprès de réseaux <strong>et</strong> d’associations suisses tels<br />
que les Health Promoting Hospitals (HPH) <strong>et</strong> H + [13].<br />
Les poli<strong>cliniques</strong> des Universités de Lausanne [14] <strong>et</strong> de<br />
Genève [15] ont mis en place dès 2000 des cursus de<br />
formation postgraduée <strong>et</strong> continue en compétences <strong>cliniques</strong><br />
<strong>transculturelles</strong>. Depuis 2004, des cours ont<br />
également été introduits dans la formation prégraduée.<br />
Les barrières d’accès à<br />
des soins de qualité sont<br />
nombreuses <strong>et</strong> se situent<br />
àdifférents niveaux<br />
Pourquoi acquérir des compétences<br />
<strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong>?<br />
curriculum<br />
Nous illustrerons les divers contenus théoriques évoqués<br />
au moyen d’une vign<strong>et</strong>te clinique en plusieurs<br />
parties.<br />
M. Fonza (nom fictif) est un patient de 57 ans, originaire<br />
de Lecce en Italie. Arrivé en Suisse en 1970, il<br />
est divorcé depuis plus de 15 ans <strong>et</strong> père de trois enfants<br />
de 30, 27 <strong>et</strong> 26 ans. Il se présente pour être suivi<br />
àlaconsultation générale de la Policlinique Médicale<br />
Universitaire de Lausanne, son médecin traitant ayant<br />
pris sa r<strong>et</strong>raite.<br />
Lors de la première consultation, une fibrillation auriculaire<br />
chronique <strong>et</strong> un syndrome métabolique sévère<br />
sont r<strong>et</strong>enus comme diagnostics principaux. M. Fonza<br />
souffre également d’un syndrome d’apnée du sommeil<br />
<strong>et</strong> d’une broncho-pneumopathie obstructive sur tabagisme<br />
chronique. Son médecin relève par ailleurs une<br />
consommation d’alcool àrisque <strong>et</strong> des signes évocateurs<br />
d’un état dépressif chronique.<br />
Comme nous l’avons largement développé dans le premier<br />
article de c<strong>et</strong>te série, l’état de santé de la population<br />
migrante est globalement moins bon que celui des<br />
Suisses. Que faire dans ces circonstances pour améliorer<br />
la qualité de la prise en charge des patients migrants<br />
ou d’origine étrangère <strong>et</strong> de fait participer àla<br />
diminution des disparités en termes de santé?<br />
L’approche doit être large. Différents<br />
facteurs tels que les conditions prémigratoires,<br />
les circonstances de la migration,<br />
les conditions sociales <strong>et</strong> le niveau<br />
d’intégration une fois en Suisse, les<br />
contraintes légales imposées <strong>et</strong> l’attitude<br />
générale de la société d’accueil visà-vis<br />
des migrants sont autant de déterminants de la<br />
santé sur lesquels il semble possible d’agir malgré<br />
toutes les difficultés que cela représente [16]. Qu’en estil<br />
de la prise en charge <strong>médicale</strong>?<br />
Le médecin de M. Fonza lui propose une consultation<br />
spécialisée en diabétologie <strong>et</strong> effectue une intervention<br />
brève àpropos de la problématique d’alcool.<br />
L’évolution est néanmoins défavorable avec une péjoration<br />
des valeurs d’hémoglobine glyquée <strong>et</strong> la persistance<br />
d’un état dépressif moyen avec poursuite d’une<br />
consommation d’alcool àrisque.<br />
Les barrières d’accès àdes soins de qualité sont nombreuses<br />
<strong>et</strong> se situent àdifférents niveaux. Schématiquement,<br />
on peut relever des barrières au niveau des<br />
patients, des soignants <strong>et</strong> du système de soins. Le<br />
tableau 1 p résume quelques-unes de ces barrières.<br />
Si l’on additionne l’ensemble de cesbarrières, on se r<strong>et</strong>rouve<br />
dans un système oùl’accessibilité àdes soins de<br />
qualité est compromise. L’acquisition des CCT perm<strong>et</strong><br />
de limiter les barrières liées au soignant <strong>et</strong> en partie au<br />
système. L’acquisition pour le patient de compétences<br />
en santé peut lui perm<strong>et</strong>tre de réduire les barrières qui<br />
lui sont propres. La figure 1A x perm<strong>et</strong> de visualiser<br />
ces difficultés <strong>et</strong> la figure 1B x perm<strong>et</strong> de mieux comprendre<br />
l’intérêt de l’acquisition des CCT.<br />
Forum Med Suisse 2010;10(5):80 80
Enseignement <strong>et</strong> acquisition des<br />
compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> (CCT)<br />
Le médecin de M. Fonza décide de mieux évaluer la<br />
compréhension du français de son patient, bien qu’elle<br />
lui ait semblé bonne dans un premier temps. Il reprend<br />
également l’anamnèse migratoire. Sur le plan<br />
théorique, il effectue une courte recherche lui perm<strong>et</strong>tant<br />
d’exclure des différences significatives dans la<br />
prise en charge des patients diabétiques d’origine ita-<br />
Tableau 1. Barrières d’accès à des soins de qualité pour les patients migrants<br />
ou d’origine étrangère.<br />
Au niveau du patient<br />
Manque de connaissances linguistiques<br />
Manque de connaissances du système de santé <strong>et</strong> référence basée sur un autre système<br />
Difficultés financières (franchise, absence d’assurance maladie)<br />
Pression de l’employeur (horaire de consultation)<br />
Manque de connaissances en santé<br />
Manque de confiance dans le soignant<br />
Crainte de la dénonciation (illégalité du statut)<br />
Au niveau du soignant<br />
Manque de compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong><br />
Manque de connaissances <strong>médicale</strong>s théoriques (pathologies <strong>et</strong> traitements spécifiques)<br />
Non-conscience de son propre contexte (personnel, professionnel)<br />
Tendance aux stéréotypies <strong>et</strong> à la stigmatisation<br />
Au niveau du système<br />
Manque de données statistiques à propos de la patientèle migrante ou d’origine<br />
étrangère<br />
Absence ou manque de services de traduction/médiation socioculturelle<br />
Manque d’information adaptée (signalétique, documentation)<br />
Personnel soignant peu diversifié sur le plan socioculturel<br />
Augmentation de la technicité des actes médicaux au détriment de la communication<br />
Pression pour l’efficience des soins en général<br />
Contexte légal contraignant<br />
A B<br />
curriculum<br />
lienne. Il découvre néanmoins que les patients migrants<br />
présentent un risque accru par rapport aux<br />
Suisses de développer un état dépressif sévère au<br />
moment de la r<strong>et</strong>raite.<br />
M. Fonza, en décrivant son parcours migratoire <strong>et</strong> son<br />
intégration progressive en Suisse, avoue qu’il n’a<br />
jamais vraiment appris le français <strong>et</strong> qu’il ne comprend<br />
pas bien comment prendre son traitement. Il dit en<br />
avoir honte <strong>et</strong> n’a jamais osé en parler à son médecin<br />
traitant par le passé.<br />
M. Fonza parvient progressivement àévoquer la manière<br />
dont il avait toujours envisagé sa r<strong>et</strong>raite àLecce,<br />
dans sa ville natale, entouré des siens. Il réalise <strong>et</strong> parvient<br />
àverbaliser le fait qu’il ne rentrera sans doute<br />
jamais chez lui <strong>et</strong> qu’il faut désormais concevoir sa<br />
r<strong>et</strong>raite en Suisse. Son médecin lui propose d’intensifier<br />
la prise en charge de l’alcool. Il est en eff<strong>et</strong> conscient<br />
que le risque de développer un état dépressif sévère est<br />
important chez ce patient migrant <strong>et</strong> que ce risque est<br />
majoré par la problématique alcoolique surajoutée.<br />
L’introduction d’un nouveau traitement antidépresseur<br />
ne lui semble pas judicieuse, celle-ci risquant d’accroître<br />
encore la confusion dans l’adaptation de la prise<br />
adéquate de son traitement anti-diabétique oral.<br />
L’égalité des chances <strong>et</strong> la diminution des disparités en<br />
termes de santé est le but visé par l’enseignement des<br />
compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong>. C<strong>et</strong> enseignement<br />
vise principalement à:<br />
1. Améliorer l’attitude (savoir-être) des soignants<br />
à l’égard de leurs patients d’origine migratoire.<br />
Ceci passe par la prise de conscience de sa propre origine<br />
socioculturelle, la mise en évidence de ses a<br />
priori <strong>et</strong> les stéréotypes que nous nous sommes<br />
construits. L’idée est de tenter de comprendre dans<br />
quelle mesure tout ceci influe (positivement ou négativement)<br />
sur son comportement àl’égard de ses patients<br />
en général <strong>et</strong> de ses patients d’origine migratoire<br />
en particulier <strong>et</strong> quelle sont les répercussions<br />
sur la prise en charge.<br />
Figure 1<br />
A Représentation schématique de la perception d’une situation clinique (en termes de connaissances <strong>médicale</strong>s, représentations de la maladie,<br />
compétences linguistiques, attentes <strong>et</strong> valeurs). Point de vue entre soignant <strong>et</strong> patient.<br />
B Le point de vue commun s’est élargi grâce à l’amélioration des compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> du soignant (amélioration des<br />
connaissances <strong>médicale</strong>s, compréhension des représentations de la maladie, aide d’un traducteur/interprète, exploration des attentes,<br />
meilleur partage de valeurs).<br />
Forum Med Suisse 2010;10(5):81 81
Communication<br />
Satisfaction du patient<br />
Compliance<br />
Etat de santé<br />
Figure 2<br />
Etapes entre communication <strong>et</strong> état de santé des patients.<br />
Selon J. R. B<strong>et</strong>ancourt [20].<br />
2. Améliorer les connaissances <strong>médicale</strong>s théoriques<br />
(savoirs) des soignants.<br />
Ces connaissances sont essentielles pour prendre en<br />
charge des patients originaires de pays où la prévalence<br />
de certaines pathologies est très différente de<br />
celle de la Suisse (diabète, tuberculose, syndrome de<br />
stress posttraumatique) <strong>et</strong> où certaines pathologies sont<br />
fréquentes alors qu’elles sont inconnues chez nous<br />
(malaria, maladie de Chagas, leishmaniose, par exemple).<br />
Il est également nécessaire de mieux connaître les traitements<br />
spécifiques de ces pathologies auxquelles nous<br />
n’avons pas l’habitude d’être confrontés. De plus, il est<br />
important d’être conscient que les réponses aux traitements<br />
anti-hypertenseurs ou anti-diabétiques oraux<br />
par exemple peuvent varier de manière importante en<br />
fonction de l’origine. La connaissance des déterminants<br />
sociaux de la santé <strong>et</strong> de leur importance fait également<br />
partie de ce chapitre <strong>et</strong> les exemples sont nombreux<br />
pour expliquer qu’une partie des différences observées<br />
du niveau de santé est due à des inégalités sociales<br />
[17, 18].<br />
3. Améliorer le savoir-faire (aptitude) des soignants<br />
à s’occuper de patients d’origine migratoire.<br />
Ce sont essentiellement des compétences en communication<br />
qu’il est nécessaire d’acquérir pour améliorer le<br />
savoir-faire. Les liens entre une meilleure communication<br />
<strong>et</strong> l’amélioration de l’état de santé ont été démontrés<br />
il y a une dizaine d’années déjà par l’équipe anglaise<br />
du Dr Stewart dans une étude fondamentale dans<br />
ce domaine [19]. La figure 2 x résume les étapes entre<br />
la communication <strong>et</strong> la santé des patients. La spécificité<br />
transculturelle de c<strong>et</strong>te étape incontournable de la relation<br />
patient–médecin est liée au trialogue (consultation<br />
avec un tiers traduisant), à l’identification du modèle<br />
explicatif de la maladie, àlanégociation du plan de traitement<br />
<strong>et</strong> de suivi, à la gestion des conflits induits par<br />
des perspectives différentes <strong>et</strong> à l’identification commune<br />
des résultats attendus.<br />
Au terme d’un enseignement des compétences <strong>cliniques</strong><br />
<strong>transculturelles</strong>, un soignant doit avoir acquis<br />
curriculum<br />
un ensemble de savoir-être, connaissance <strong>et</strong> savoirfaire<br />
qui sont résumés dans le tableau 2 p.<br />
Impact, besoins actuels <strong>et</strong> futurs<br />
Bien que c<strong>et</strong>te approche nous semble essentielle <strong>et</strong> utile<br />
au quotidien non seulement pour la prise en charge des<br />
patients migrants ou d’origine étrangère mais pour<br />
l’ensemble de la patientèle, il est légitime de se poser un<br />
certain nombre de questions à propos de l’enseignement<br />
des compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> à des<br />
soignants, à savoir [20–22]:<br />
– les soignants apprennent-ils ce qu’on leur enseigne?<br />
– les soignants utilisent-ils ce qu’ils apprennent?<br />
– est-ce que l’enseignement <strong>et</strong> l’apprentissage ont un<br />
impact sur la santé des patients?<br />
L’impact de l’enseignement des CCT sur les attitudes, la<br />
connaissance <strong>et</strong> le savoir-faire du médecin, sur la satisfaction<br />
des patients, leur compliance <strong>et</strong> finalement leur<br />
état de santé doit être évalué de manière systématique.<br />
Il existe de nombreux moyens de répondre à ces questions<br />
par des mesures objectives, comme des tests de<br />
connaissance avant <strong>et</strong> après un enseignement, des interviews<br />
qualitatives de médecins <strong>et</strong> de leurs patients,<br />
des études de dossiers ou une analyse détaillée de<br />
consultations filmées. Une revue systématique de la littérature<br />
conduite en 2007 par une équipe de Baltimore<br />
aux Etats-Unis dirigée par Mary Catherine Beach perm<strong>et</strong><br />
de détailler les niveaux de preuve actuels de l’efficacité<br />
de l’enseignement des CCT [23]. On a ainsi d’excellentes<br />
preuves que l’enseignement des CCT améliore<br />
les connaissances des professionnels de santé; de bonnes<br />
preuves qu’il améliore également leurs aptitudes <strong>et</strong><br />
attitudes. Il existe de plus de bonnes preuves que la<br />
satisfaction des patients est améliorée mais celles démontrant<br />
l’amélioration de la compliance sont encore<br />
faibles. Aucune étude n’a à ce jour évalué l’impact<br />
direct sur la santé des patients de l’enseignement des<br />
CCT. La mesure de l’impact précis de c<strong>et</strong> enseignement<br />
sur la santé des patients est en eff<strong>et</strong> beaucoup plus<br />
complexe à démontrer. C’est un de nos objectifs de recherche<br />
principaux dans ce domaine pour les années à<br />
venir.<br />
En Suisse, les besoins actuels <strong>et</strong> futurs sont nombreux<br />
<strong>et</strong> la capacité du système à y répondre est encore relativement<br />
faible. Comme souvent, le défi est d’intégrer<br />
l’enseignement des compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong><br />
aux trois niveaux que sont la formation prégraduée,<br />
postgraduée <strong>et</strong> continue. Les recommandations<br />
du rapport de Christian Rüefli pour l’Office fédéral de la<br />
santé publique vont dans ce sens [24]. L’extension des<br />
services professionnels d’interprétariat de même que la<br />
mise en place d’un régime de financement de ces services<br />
est un des points les plus importants relevés dans<br />
ce rapport.<br />
Une autre piste qui nous semble intéressante est la mise<br />
à disposition de ressources d’information <strong>et</strong> d’enseignement<br />
informatisées basées sur Intern<strong>et</strong> (e-learning).<br />
Les sites suisses sont encore très rares <strong>et</strong> l’essentiel des<br />
initiatives dans le domaine des compétences <strong>transculturelles</strong><br />
sont américaines. Nous avons listé dans le<br />
Forum Med Suisse 2010;10(5):82 82
tableau 3 p quelques-unes des ressources Intern<strong>et</strong><br />
existantes, en Suisse <strong>et</strong> aux Etat-Unis. Il s’agit soit de<br />
bases de données perm<strong>et</strong>tant de se renseigner sur telle<br />
ou telle culture de manière générale <strong>et</strong> non stigmatisante,<br />
soit de cours compl<strong>et</strong>s en compétences <strong>cliniques</strong><br />
<strong>transculturelles</strong>, en général payants <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant de<br />
Tableau 2. Exemples des savoir-être, savoirs <strong>et</strong> savoir-faire à acquérir lors<br />
d’un enseignement des compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> [8].<br />
Savoir-être<br />
Acceptation de la responsabilité du clinicien à identifier <strong>et</strong> prendre en compte<br />
les aspects sociaux <strong>et</strong> culturels de la prise en charge<br />
Savoirs<br />
Connaissance de l’influence des facteurs socioculturels sur les croyances <strong>et</strong> comportements<br />
en matière de santé<br />
Connaissance des barrières sociales, économiques <strong>et</strong> culturelles à l’accès aux soins,<br />
à l’adhérence thérapeutique<br />
Connaissance des sources fréquentes de malentendus entre patient <strong>et</strong> clinicien<br />
Reconnaissance de ses propre biais <strong>et</strong> préjugés à propos des patients <strong>et</strong> leur impact<br />
sur les soins<br />
Connaissances spécifiques dans le domaine de la migration (démographie, épidémiologie,<br />
lois, types de permis, ressources disponibles pour les patients migrants, <strong>et</strong>c.)<br />
Savoir-faire<br />
Capacité à travailler efficacement avec un interprète<br />
Capacité à identifier <strong>et</strong> explorer les facteurs socioculturels qui pourraient influencer<br />
la prise en charge du patient<br />
Capacité à proposer un plan de traitement qui prend en compte le contexte socioculturel<br />
du patient <strong>et</strong> capacité à négocier avec le patient en cas de désaccord à propos<br />
du plan proposé<br />
Tableau 3. Références Intern<strong>et</strong> importantes concernant les CCT<br />
(date de consultation: juill<strong>et</strong> 2009).<br />
Pays Type de ressource Adresse du site<br />
Suisse Site édité par la Croix-Rouge Suisse.<br />
Définitions, agenda de cours spécialisés.<br />
Programme de e-learning en CCT en<br />
préparation<br />
http://transkulturelle-komp<strong>et</strong>enz.ch<br />
Etats-Unis Informations <strong>médicale</strong>s <strong>et</strong> culturelles<br />
à propos de différents groupes<br />
d’immigrants <strong>et</strong> de réfugiés<br />
Etats-Unis Guide pour aider les médecins à<br />
assurer des soins de qualité à des<br />
patients de cultures diverses<br />
Etats-Unis Programme de e-learning en CCT.<br />
En partie payant<br />
Etats-Unis Programme de e-learning en CCT.<br />
En partie payant<br />
http://<strong>et</strong>hnomed.org<br />
http://erc.msh.org<br />
http://qualityinteractions.org<br />
http://thinkculturalhealth.org<br />
curriculum<br />
consulter des patients virtuels d’origines diverses.<br />
L’adaptation de ces initiatives à la Suisse nous semble<br />
parfaitement envisageable, dans la lignée de l’expérience<br />
de Marc-André Ra<strong>et</strong>zo qui a mis en ligne un site<br />
de formation continue à l’attention des médecins généralistes<br />
[25].<br />
Conclusion<br />
L’acquisition de compétences <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong><br />
doit perm<strong>et</strong>tre aux médecins d’améliorer la qualité de<br />
prise en charge de leurs patients migrants ou d’origine<br />
étrangère <strong>et</strong> de participer à l’amélioration de l’égalité<br />
des chances <strong>et</strong> à la réduction des disparités en termes<br />
de santé. Outre la prise de conscience nécessaire à la<br />
mise en route du processus de changement (savoirêtre),<br />
les acquis sont d’ordre théoriques (savoirs) <strong>et</strong><br />
communicationnels (savoir-être), apportant ainsi de<br />
nouvelles perspectives positives pour la prise en charge<br />
de l’ensemble des patients, suisses, migrants ou d’origine<br />
étrangère.<br />
Remerciements<br />
Nous remercions pour leur relecture attentive du manuscrit <strong>et</strong> leurs corrections:<br />
Monsieur le Professseur Jean-Bernard Daeppen, Lausanne, <strong>et</strong><br />
Madame Sophie Paroz, Lausanne.<br />
Correspondance:<br />
Dr Patrick Bodenmann<br />
Médecin associé, MER, MSc<br />
Responsable de l’Unité des Populations Vulnérables (UPV)<br />
Policlinique Médicale Universitaire<br />
Rue duBugnon 44<br />
CH-1011 Lausanne<br />
patrick.bodenmann@hospvd.ch<br />
Références recommandées<br />
– Domenig D. Das Konzept der transkulturellen Komp<strong>et</strong>enz. In: Transkulturelle<br />
Komp<strong>et</strong>enz Lehrbuch für Pflege-, Gesundheits- und Sozialberufe,<br />
2., vollständig überarbeit<strong>et</strong>e und erweiterte Auflage. Bern:<br />
Verlag Hans Huber; 2007:165–89.<br />
– Hudelson P, Stalder H. Sociocultural diversity and medical education.<br />
Rev Med Suisse. 2005;1:2214–7.<br />
– Green AR, B<strong>et</strong>ancourt JR, Carrillo JE. Integrating social factors into<br />
cross-cultural medical education. Acad Med. 2002;77:193–7.<br />
Vous trouverez la liste complète <strong>et</strong> numérotée des références dans la<br />
version en ligne de c<strong>et</strong> article sous www.medicalforum.ch.<br />
Forum Med Suisse 2010;10(5):83 83
Transkulturelle Komp<strong>et</strong>enz in der medizinischen Praxis:<br />
Bedürfnisse, Mittel, Wirkung<br />
<strong>Compétences</strong> <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> <strong>et</strong> <strong>pratique</strong> <strong>médicale</strong>: quels<br />
besoins, quels outils, quel impact?<br />
Weiterführende Literatur (Online-Version) / Références complémentaires (online version)<br />
1 Bodenmann P, Diserens EA, Marguerat-Bouche I, Callens B, Monod S. Migrants forcés âgés:<br />
vulnérabilités, complexité <strong>et</strong> propositions. Gériatrie Pratique 2009:30–3.<br />
2 Virilio P, Depardon R. Terre Natale: Ailleurs commence ici. Paris: Fondation Cartier pour l’art<br />
contemporain; 2008.<br />
3 Domenig D. Das Konzept der transkulturellen Komp<strong>et</strong>enz. In: Transkulturelle Komp<strong>et</strong>enz Lehrbuch für<br />
Pflege-, Gesundheits- und Sozialberufe, 2, vollständig überarbeit<strong>et</strong>e und erweiterte Auflage. Bern:<br />
Verlag Hans Huber; 2007:165–89.<br />
4 Domenig D. Trankulturelle Komp<strong>et</strong>enz: Lehrbuch für Pflege-, Gesundheits- und Soziallberufe. Bern:<br />
Hans Huber; 2007.<br />
5 B<strong>et</strong>ancourt JR. Cultural comp<strong>et</strong>ency: providing quality care to diverse populations. Consult Pharm.<br />
2006;21:988–95.<br />
6 B<strong>et</strong>ancourt JR. Cultural comp<strong>et</strong>ence – marginal or mainstream movement? N Engl J Med.<br />
2004;351:953–5.<br />
7 Domenig D. Transcultural change: a challenge for the public health system. Appl Nurs Res.<br />
2004;17:213–5; discussion 5–6.<br />
8 Hudelson P, Stalder H. Sociocultural diversity and medical education. Rev Med Suisse. 2005;1:2214–7.<br />
9 Ethnopsychiatrie: site du centre Georges Devereux. (Accessed June 2009, at<br />
http://www.<strong>et</strong>hnopsychiatrie.n<strong>et</strong>/.)<br />
10 Domenig D, Gross CS, Wickler H-R. Studie Migration und Drogen. Implikationen für eine<br />
migrationsspezifische Drogenarbeit am Beispiel Drogenabhängiger italienischer Herkunft.<br />
Schlussbericht: Institut für Ethnologie und Bundesamt für Gesundheit, EDMZ; 2000.<br />
11 Domenig D. Migration, Drogen, transkulturelle Komp<strong>et</strong>enz. Bern: Verlag Hans Huber; 2001.<br />
12 Site Migrant Friendly Hospital. (Accessed June 2009, at http://www.mfh-eu.n<strong>et</strong>/public/home.htm.)<br />
13 Site Health Promoting Hospital. (Accessed June 2009, at http://www.healthhospitals.ch/.)<br />
14 Bodenmann P, Madrid C, Vannotti M, Rossi I, Ruiz J. Migration without borders, but… barriers of<br />
meaning. Rev Med Suisse. 2007;3:2710–2, 4–7.<br />
15 Hudelson P. Contextualizing cultural comp<strong>et</strong>ence training of residents: results of a formative research<br />
study in Geneva, Switzerland. Med Teach. 2006;28:465–71.<br />
16 Schenk L. Migration and health – developing an explanatory and analytical model for epidemiological<br />
studies. Int J Public Health. 2007;52:87–96.<br />
17 Marmot M, Friel S, Bell R, Houweling TA, Taylor S. Closing the gap in a generation: health equity<br />
through action on the social d<strong>et</strong>erminants of health. Lanc<strong>et</strong>. 2008;372:1661–9.<br />
18 Green AR, B<strong>et</strong>ancourt JR, Carrillo JE. Integrating social factors into cross-cultural medical education.<br />
Acad Med. 2002;77:193–7.<br />
19 Stewart M, Brown JB, Boon H, Galajda J, Meredith L, Sangster M. Evidence on patient-doctor<br />
communication. Cancer Prev Control. 1999;3:25–30.<br />
20 B<strong>et</strong>ancourt JR, Green AR, Carrillo JE, Ananeh-Firempong O, 2nd. Defining cultural comp<strong>et</strong>ence: a<br />
practical framework for addressing racial/<strong>et</strong>hnic disparities in health and health care. Public Health Rep.<br />
2003;118:293–302.<br />
21 B<strong>et</strong>ancourt JR. Cross-cultural medical education: conceptual approaches and frameworks for<br />
evaluation. Acad Med. 2003;78:560–9.<br />
22 Carrillo JE, Green AR, B<strong>et</strong>ancourt JR. Cross-cultural primary care: a patient-based approach. Ann<br />
Intern Med. 1999;130:829–34.<br />
23 Beach MC, Price EG, Gary TL, <strong>et</strong> al. Cultural comp<strong>et</strong>ence: a systematic review of health care provider<br />
educational interventions. Med Care. 2005;43:356–73.<br />
24 Ruefli C, Vatter B. Possibilités de soutenir les médecins de famille dans la prise en charge de patients<br />
d’origine migrante. Résultat des travaux de deux focus groups. In. Berne: Office fédéral de la santé<br />
publique; 2008.<br />
25 Virtual Intern<strong>et</strong> Patient Simulation. 2006. (Accessed June 2009, at<br />
https://www.swissvips.ch/fr/index.htm.)<br />
1
Transkulturelle Komp<strong>et</strong>enz in der medizinischen Praxis:<br />
Bedürfnisse, Mittel, Wirkung<br />
<strong>Compétences</strong> <strong>cliniques</strong> <strong>transculturelles</strong> <strong>et</strong> <strong>pratique</strong> <strong>médicale</strong>: quels<br />
besoins, quels outils, quel impact?<br />
Weiterführende Literatur (Online-Version) / Références complémentaires (online version)<br />
1 Bodenmann P, Diserens EA, Marguerat-Bouche I, Callens B, Monod S. Migrants forcés âgés:<br />
vulnérabilités, complexité <strong>et</strong> propositions. Gériatrie Pratique 2009:30–3.<br />
2 Virilio P, Depardon R. Terre Natale: Ailleurs commence ici. Paris: Fondation Cartier pour l’art<br />
contemporain; 2008.<br />
3 Domenig D. Das Konzept der transkulturellen Komp<strong>et</strong>enz. In: Transkulturelle Komp<strong>et</strong>enz Lehrbuch für<br />
Pflege-, Gesundheits- und Sozialberufe, 2, vollständig überarbeit<strong>et</strong>e und erweiterte Auflage. Bern:<br />
Verlag Hans Huber; 2007:165–89.<br />
4 Domenig D. Trankulturelle Komp<strong>et</strong>enz: Lehrbuch für Pflege-, Gesundheits- und Soziallberufe. Bern:<br />
Hans Huber; 2007.<br />
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6 B<strong>et</strong>ancourt JR. Cultural comp<strong>et</strong>ence – marginal or mainstream movement? N Engl J Med.<br />
2004;351:953–5.<br />
7 Domenig D. Transcultural change: a challenge for the public health system. Appl Nurs Res.<br />
2004;17:213–5; discussion 5–6.<br />
8 Hudelson P, Stalder H. Sociocultural diversity and medical education. Rev Med Suisse. 2005;1:2214–7.<br />
9 Ethnopsychiatrie: site du centre Georges Devereux. (Accessed June 2009, at<br />
http://www.<strong>et</strong>hnopsychiatrie.n<strong>et</strong>/.)<br />
10 Domenig D, Gross CS, Wickler H-R. Studie Migration und Drogen. Implikationen für eine<br />
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Schlussbericht: Institut für Ethnologie und Bundesamt für Gesundheit, EDMZ; 2000.<br />
11 Domenig D. Migration, Drogen, transkulturelle Komp<strong>et</strong>enz. Bern: Verlag Hans Huber; 2001.<br />
12 Site Migrant Friendly Hospital. (Accessed June 2009, at http://www.mfh-eu.n<strong>et</strong>/public/home.htm.)<br />
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14 Bodenmann P, Madrid C, Vannotti M, Rossi I, Ruiz J. Migration without borders, but… barriers of<br />
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15 Hudelson P. Contextualizing cultural comp<strong>et</strong>ence training of residents: results of a formative research<br />
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16 Schenk L. Migration and health – developing an explanatory and analytical model for epidemiological<br />
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17 Marmot M, Friel S, Bell R, Houweling TA, Taylor S. Closing the gap in a generation: health equity<br />
through action on the social d<strong>et</strong>erminants of health. Lanc<strong>et</strong>. 2008;372:1661–9.<br />
18 Green AR, B<strong>et</strong>ancourt JR, Carrillo JE. Integrating social factors into cross-cultural medical education.<br />
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19 Stewart M, Brown JB, Boon H, Galajda J, Meredith L, Sangster M. Evidence on patient-doctor<br />
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20 B<strong>et</strong>ancourt JR, Green AR, Carrillo JE, Ananeh-Firempong O, 2nd. Defining cultural comp<strong>et</strong>ence: a<br />
practical framework for addressing racial/<strong>et</strong>hnic disparities in health and health care. Public Health Rep.<br />
2003;118:293–302.<br />
21 B<strong>et</strong>ancourt JR. Cross-cultural medical education: conceptual approaches and frameworks for<br />
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22 Carrillo JE, Green AR, B<strong>et</strong>ancourt JR. Cross-cultural primary care: a patient-based approach. Ann<br />
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23 Beach MC, Price EG, Gary TL, <strong>et</strong> al. Cultural comp<strong>et</strong>ence: a systematic review of health care provider<br />
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24 Ruefli C, Vatter B. Possibilités de soutenir les médecins de famille dans la prise en charge de patients<br />
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25 Virtual Intern<strong>et</strong> Patient Simulation. 2006. (Accessed June 2009, at<br />
https://www.swissvips.ch/fr/index.htm.)<br />
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