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Discours du Consul général à TAMBOV

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<strong>Discours</strong> au mémorial de Tambov<br />

(le 28 août <strong>à</strong> 10h15)<br />

Monsieur le Gouverneur de l’oblast de Tambov<br />

Monsieur le Maire de Tambov,<br />

M. le Président <strong>du</strong> conseil <strong>général</strong> de Moselle,<br />

Monsieur le député,<br />

Mesdames et messieurs les conseillers généraux de Moselle,<br />

Mesdames et messieurs les présidents et représentants d’associations,<br />

Messieurs les vétérans <strong>du</strong> camp de Tambov,<br />

Mesdames, messieurs,<br />

Chers amis,<br />

Dans un poème, Victor Hugo a dit : « ceux qui sont morts pour la patrie ont<br />

droit qu’<strong>à</strong> leur sépulture, la foule vienne et prie ».<br />

D’où notre présence ici aujourd’hui <strong>à</strong> Tambov et demain <strong>à</strong> Kirsanov.<br />

Comme l’a rappelé il y a deux ans, l’ancien Président de la République<br />

Monsieur Nicolas Sarkozy, dans un discours qui fit date, « les malgré nous » ne<br />

furent pas des traitres. Les menaces de représailles qui pesaient sur leur famille<br />

ne leur laissaient pas le choix. Ce furent des victimes. Des victimes <strong>du</strong> nazisme.<br />

Victimes d’un véritable crime de guerre.<br />

On les envoya sur le front de l’Est. A leur souffrance morale s’ajoutèrent les<br />

pires souffrances physiques. Ceux qui furent prisonniers connurent des<br />

conditions de détention effrayantes dans des camps. Le camp le plus tristement<br />

célèbre est celui de Tambov aussi connu comme le camp n°188.<br />

Ce camp ressemble <strong>à</strong> tous les autres camps avec ses 4 rangées de barbelés ses 5<br />

miradors, ses baraques surpeuplées destinées <strong>à</strong> recevoir en principe 120<br />

prisonniers, mais en comptant jusqu’<strong>à</strong> 350.<br />

Travaux exténuants, conditions sanitaires effroyables, nourriture insuffisante,<br />

désespoir devant l’injustice, sensation de trahison, tel est le lot quotidien des<br />

prisonniers dans ce camp où cohabitent les « malgré nous » les soldats de la<br />

Wehrmacht, les volontaires de la LVF….<br />

Mesdames, Messieurs,<br />

Comme l’a écrit Bernard Reumaux dans sa préface d’un ouvrage collectif<br />

consacré au camp de Tambov, il y a donc la faim, le froid, l’injustice, et puis le<br />

silence : Tambov égale silence. Silence de ceux qui en sont revenus, silence


dans les familles, silence des historiens, silence des archives, silence des<br />

écrivains des artistes et de l’opinion publique.<br />

Le dernier rapatriement vers la France eu lieu en 1955. Les retours ne furent pas<br />

facile : maladies, questions matérielles et pécuniaires, plus de famille, la perte<br />

d’un travail car trop faible pour le reprendre. En outre, le combat pour la<br />

mémoire fut long. Il a fallu l’opiniâtre courage de poignées d’indivi<strong>du</strong>s (anciens<br />

prisonniers, responsables d’associations, élus, historiens, artistes et journalistes<br />

aujourd’hui présents <strong>à</strong> Tambov) pour que la parole et la reconnaissance trouvent<br />

progressivement leur chemin.<br />

Les timides retours en Russie dès 1990, sur les lieux mêmes <strong>du</strong> camp, ont<br />

con<strong>du</strong>it <strong>à</strong> des contacts avec les autorités russes. Puis, a commencé un travail de<br />

recherche historique sur les archives de guerre soviétique, désormais largement<br />

accessibles. Enfin les échanges et pèlerinages qui se multiplient, permettent de<br />

dire que la parole est libérée. Enfin ! A ce titre, je tiens tout particulièrement <strong>à</strong><br />

saluer la présence des membres de « l’association Pélérinage Tambov »<br />

con<strong>du</strong>isant jeunes et anciens sur ces lieux de souffrance et qui ne ménagent pas<br />

leur peine dans l’entretien des sépultures de Kirsanov.<br />

Mesdames, Messieurs<br />

Les sépultures de ceux qui reposent ici en terre de Russie, loin de leur Moselle<br />

et de leur Alsace natale, sont notre mémoire, notre cœur.<br />

Commémorer un événement c’est lutter contre l’oubli. Commémorer c’est faire<br />

mémoire ensemble. D’une génération <strong>à</strong> l’autre, ce flambeau mémoriel qui est<br />

transmis est une responsabilité. Le partage de mémoire doit être un ciment et<br />

non une fissure.<br />

Aussi avons-nous des choses <strong>à</strong> dire aux jeunes générations sur les dangers de<br />

croire que cela ne peut se repro<strong>du</strong>ire : l’ivresse <strong>du</strong> pouvoir, la bêtise qui tue, les<br />

foules que l’on manipule, la stigmatisation des plus faibles et des plus<br />

vulnérables existent encore..<br />

Aujourd’hui, ces commémorations <strong>à</strong> Tambov prennent une signification<br />

particulière et profonde : celle des enfants de notre Nation, la France, se<br />

recueillant sur eux mêmes, pour puiser en eux la force de s’ouvrir aux autres et<br />

de se tourner vers l’avenir sans rien oublier <strong>du</strong> passé.<br />

Mesdames, messieurs


Je tiens <strong>à</strong> saluer l’action <strong>du</strong> Conseil <strong>général</strong> de Moselle et de son président M.<br />

Weiten, ainsi que l’action de toutes celles et ceux qui, en Moselle mais aussi en<br />

Alsace, contribuent <strong>à</strong> ce travail remarquable de préservation des lieux de<br />

mémoire. Bien sûr, cette tâche essentielle n’a été ren<strong>du</strong>e possible qu’avec le<br />

concours des autorités russes. Je tiens également <strong>à</strong> remercier chaleureusement<br />

pour leur implication dans ces commémorations, en particulier M. le<br />

Gouverneur, M. Oleg BETIN, ainsi que M. le chef de la ville de Tambov, M.<br />

KRONDIATEV et M. Alexandre BOBROV chef de l’administration de la ville,<br />

ainsi que toutes celles et ceux qui <strong>du</strong> côté russe ont compris que la construction<br />

d’une identité se forgeait aussi sur les lieux de mémoire.<br />

Je vous remercie.

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