L'Acquittement de Mme Caillaux

'
me
de
IMPRESSIONS D'AUDIENCJ
TOUS LES JEUDIS
Le N° 25 centimes
par an 1 0 francs
PA R
GUSTAVE TÉRV
N•30
11' ANNÉE: 21 Juillet 191 4
220, Faub. st-Honoré (8•)
Tèl6phone : 589.55
Dl fiE OTE JR:
GUSTAVE TÉR1

atténuante; que l'on n'excuse pas un crime en
calomniant la victime ; que le droit de tuer
n'appartient à per sonne, pas même à la femme
de M. Caillaux; que l'ass:issinat est un crime,
et que ce crime est réprimé par /n os lois; que
jus qu'à présent aucun texte en vigueur n'exempte
du châtiment les femmes de nos ministres; que
les jurés enfin, sont fait5 pamr rédiger des verdicts,
et non pour pr éparer des apothéoses.
Et si nous pouvions faire partager ces idées
très simples aux jurés de l'affaire et à quelques
citoyens soucieux cle l'administration de la justice,
nous nous tiencll'ions pour contents. Nou s -
ferons le nécessaire, en ce qui nous concerne,
pour que ces sept jours de débats annoncés n e
marquent pas, malgré toutes l es précautions
prises, un abaissement de la moralité publique.
JEAN BRÉ7-0LLES.
CONTREFACON
..
Certains de nos confrères o.nt tait «crier» sur
les boulevards, vendredi dernier, une brochure
en faveur de Mme Caillaux qui n'était guère, en
réalité, qu'un r amassis d 'injures contre un mort.
A mettre ce factum en vente en l 'annonçant pour
ce qu'il était, on courait le risque de n'en placer
aucun. Aussi l'avait-on h abillé d'une couverture
orange (comme l'Œuvre) et avait-on r ecommandé
aux camelots de n ous attribuer la paternité d e
la brochure. Mais l'Œuvre a des amis qui veillent,
et nous avons reçu, snmecli matin , la lettre
·que vo ici : .
-- :1.101 -
J'ai l'hon neur de porter à votre connaissance les faits
suivants :
Passant rue de la Chaussée d'Antin, mon attention
fut attirée par un certain nombre de camelots qui criaient,
en vendant un e brochure : «Ce qu e n'a pas dit le Figm·o;
l'affaire Calmette contre Caillaux, par Gustave 'l'éry ».
Ayant acheté cette brochure, je fus surpris de constater
qu'elle contenait le développement d'idées totalement
opposées à celles que vous défendez dans l'Œuvre. Dés
lors, estimant que je devais intervenir dans une affaire
où l'on ten tait de jeter le discrédit sur un journaliste en
lui prêtant des opinions contraires à celles qu'il a
maintes fois affichées, j'ai pris J'initiative, afin que vous •
p uissiez en tirer telles conclusions que vous jugerez
utiles, defaire conduire sur le champ au commissariat
plusieurs vendeurs de la dite brochure..
Je vous informe donc que j'ai fait constater la matérialité
des faits ci-dessus:
1 o par le commissaire de police de la rue Saint-
Georges;
2° par celui de la rue d'Amboise;
3° enfin, par celui du Faubourg Montmartre.
J'ai pris soin de faire noter sur l'interrogatoire:
1° l'endroit où la brochure avait été mise en vente,
2o le concours de circonstances qui avait incité les
camelots à vous attribuer la paternité du fascicule .
Vous pourrez donc trouver tous renseignements utiles
aux adresses indiquées plus haut.
Recevez, Monsieur, etc.
G. DE M.
Il est trop clair que les camelots n'avaient
pas pris d'eux-mêmes l'initiative d'attribuer
ce libelle à Gustave Téry. Et il ne serait
pas difficile, si les procès-verbaux qu'a fait
dresser notre ami ne l'établissaient d'une façon
certaine, de deviner quels sont les gens qui
avaient pris la. chose sous leur bonnet.
- 1103 -
•