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Mazon, Albin (1828-1908). Voyage au pays ... - Beauzons.com

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<strong>Mazon</strong>, <strong>Albin</strong> (<strong>1828</strong>-<strong>1908</strong>). <strong>Voyage</strong> <strong>au</strong> <strong>pays</strong> Helvien. 1885.<br />

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11<br />

,Grr,t.-ta ,(.t: t'<br />

VOYAGE<br />

PAR<br />

Le Dôcteur FRANCLTS.<br />

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"Í£85<br />

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VOYAGE AUPAYS 9ELVIEN


VOYAGE<br />

AU<br />

PAYSIIELVIEN<br />

l'11<br />

Le Docteur FRIiNCUS.<br />

PRIVAS<br />

tl~rltlva:~t:r; I~C<br />

1885<br />

c l'c~lrfola IIIŒHTÍm


VOYAGE<br />

.AUPAYSIIELVIEN<br />

I<br />

LA CAPITALEDES IIELVIEN!!<br />

I.a grande porte du Bu-Vivarais, Lo drque d'Albe. Le Palais.<br />

La pouzzolane. 1.0 temple d'Auguste. La collection<br />

Buffel, Une émer<strong>au</strong>de qui guérit les yeul, Celtes el<br />

"elvien.. Un l'rince l~elvie@t, ami do Jules César, La tondation<br />

d'Albe. Les pierres milliaires. Plineet la ,igno helvienne.<br />

Le plus ancien marchand de vins du Vivamis.<br />

Sévir., quatuorvirs et quindecemvirad'Albe. Saint-RestitutA<br />

Albe. La date de la destruction d'Albe. La pierro milliaire<br />

du bois de Loou. Où l'absence d'un musée départemental so<br />

fait sentir. Lo dieu Mercure. Les trois prieurés d'Aps.<br />

Les ruines d'Albe<strong>au</strong> xvis'et <strong>au</strong> mm' siècles, L'églisemoderne.<br />

Brutus. Les barons de Deul-Chiens. Lesancien. seigneurs<br />

d'Aps, St-pons, Ste<strong>au</strong>lres et Aubignas, Le ch~te<strong>au</strong><br />

d'Aps, 1.0docteur Gaillard. L'abbé Terme. Une tempète<br />

éternelledans un verre d'e<strong>au</strong>,<br />

Aubignas! Aps cria l'employé do chomin do fer,<br />

dès quo le lrain s'arr(%Ia <strong>au</strong> sortir de la sério de tun-<br />

uels que la vole lI'avet'se en venait( du Toil.<br />

Nous nous hâlâmes do descendre.<br />

Eh bionl I dis-jo à Barbe, nous voici cotte fois <strong>au</strong><br />

rays hclvien,<br />

·


6<br />

Je vois des nnlriers, des figuiers, des noyers,<br />

dit Birbe; plus loin, un vieux caslcl clc~labrbsur un<br />

rocher noir; plus loin encOl'O,des montagnes polées<br />

qui eslompont 10bleu du ciel il est joli, voire <strong>pays</strong><br />

helvinn 1<br />

Nous no sommes pas venus ici, dis-je, pour<br />

clierclier clessujets do lable<strong>au</strong>x, mais pour évoquer<br />

les plus vieux souvenirs hisloriques (le notro <strong>pays</strong><br />

et saluer ses plus antiques monumonts. Au resto,<br />

j'ai employé uno expression inexacte, car l'Ilelvio ot<br />

10<strong>pays</strong> ltelvicu correspondaient à peu près à l'Dncion<br />

~'ivarais et par suite <strong>au</strong> département actuel do<br />

l'Ardècho, La plaine d'Aps n'est tlonc pas plus<br />

l'Ilelvio que Privas n'est l'~lrdéche et que Paris n'est<br />

la Franco,<br />

Maisc'est ici seulonH'lIt quo la vieillo Aolvio a<br />

laissé son cachet c'est ici quo tout parle cl'un passé<br />

grandiose que les l'a vagesdu temps ont partout ailleurs<br />

effacé, et voilà pourquoi on voutlt'a bion trou-'<br />

VCI'tout naturel que nous ayons rt4sirvé spécialement<br />

l'appellation de <strong>pays</strong> helvien à celle région du<br />

midi do l'Arilèpliequi nous reste.à Irnrcnurir.<br />

Or, pourquoi les anciens habitants de cette contrée<br />

se sont-ils groupés ici plut¡\( qu'ailleurs? La<br />

topographie du <strong>pays</strong> répond il celle question. Mais<br />

pont- la bien fairo <strong>com</strong>prendre, il f<strong>au</strong>t remonter un<br />

peu h<strong>au</strong>t, <strong>au</strong>-delà norne du (1t~ttige.<br />

Quand l'e<strong>au</strong> et le feu,après s'êtro démonés <strong>com</strong>me


7<br />

des diables, pendant un nombro illimild do siècles,<br />

curent t'cIlIlu nos montagnes hahitahles, l'hommo<br />

se présenta pour oit prondro lossession. Ne pouvant<br />

adl1\otlt'o qu'il y ait poussé cumme un champignon,<br />

nous supposons du'il y vint par 10 côté 10<br />

plus accessible, c'est-ti-diro par la valldc du Rhône,<br />

En poursuivant cette supposition, il est évident que<br />

la voie la plus <strong>com</strong>modopour pénétrer dans 10bassin<br />

do r Ardèchofui, non pas 10lit mc3modo la rivière,<br />

c'est-ù.diro l'élroit cl profond ravin où no<br />

passont encoro quolespuchours et les poissons, mais<br />

lalargo trouéo que la nallll'o avnit praliclndo entre le<br />

Coironet les montagues de Derg, 1111ajustant bout ù<br />

bout, sur les deux rebords cl'un col élevé, les<br />

deux rivibres d'Escoulny ct Le gr<strong>au</strong>d<br />

portier du Dis-Vivarais n'est donc pas saint pierre,<br />

mais saint Jean, et il n'est pas étollnanl qu'opros<br />

avoir servi de passage <strong>au</strong>x <strong>com</strong>merçants pliocéciis,<br />

<strong>au</strong>x anciens G<strong>au</strong>lois ct <strong>au</strong>x Itomains, le petit col qui<br />

fait la division des eaw des deux tOl'l'enlsso soit<br />

tiualomeut imposé <strong>au</strong>x ingénieurs du moderne chemin<br />

do for,<br />

Ceci explique <strong>au</strong>ssi le choix de l'emplacement do<br />

l'oncicnllocapitale dr l'IIulvie,.llGu Ilcluiorttnt, pla-<br />

ClIc,nuit loill du Itlulue, a la pr:1l1del'orle (lit pay,<br />

d<strong>au</strong>, un tormir fertile et à l'nl.ll'ides VClltsdu Nord,<br />

O~nsles plus heurcuses conditions strolégiqucs, rOIl1nurciales<br />

et climaldriclues~ui se puissent imnl.dnc!


1')<br />

Mais où sout donc les ruines d'Albe? interrompit<br />

Barbe.<br />

Nous y sommes, Seulement le temps les a recouvertes<br />

d'un océan, de boue et de poussière fournies<br />

par les montagnes environnantes, et là bas seulement<br />

nous verrons quelques tlo!s émerger sous les<br />

arbres.<br />

Les trav<strong>au</strong>x du chemin de feront mis à découvert,<br />

près de la gare d'Aubignas, deux restes de substructions<br />

rumaines, qui prouvent l'étendue dalbo ou<br />

tout <strong>au</strong> moins de ses f<strong>au</strong>bourgs. L'ancienne voie<br />

d'Albe à Mélas et Lyon qu'a remplacée le sentier<br />

moderne d'Aps à Aubignas et qui passait tout près<br />

de la gare, était bordée, suivant l'usage romain,<br />

d'une double ligne de tombe<strong>au</strong>x. Il y a cinq ou six<br />

ans, à cent cinquante mètres de la gare d'Aubignas<br />

et à peu près à égale distance de la montagne, sur<br />

un terrain excessivement dur, demeuré jusqu'alors<br />

sans culture, un <strong>pays</strong>an découvrit un monument<br />

contenant une amphore à large ouverture qui renfermait<br />

elle. mêmedeux urnes et une lampe funéraire.<br />

Plus loin, <strong>au</strong>- pied de la colline des Combes,<br />

près du Fra)'ol, se trouvait la colonne du quatrièmo<br />

mille (milliarassuum). Le mille romain équivalait à<br />

t ,4-81mètres, Ce qui correspond juste <strong>au</strong>x six kilomètres<br />

qui séparent ce point du quartier central<br />

d'Albe appelé le Palais.


9.<br />

Une <strong>au</strong>tre grande voie partait de la citadelle par<br />

la vallée de Valvignères,<br />

Enfin, une troisième voie remontait à l'ouest par<br />

la vallée de l'Escoutay, passait <strong>au</strong> Buis-d'Aps (une<br />

ancienne porte d'Albe) et se ramifiait plus loin, une<br />

branche allant à Nimes par Ruoms et Barjac, et l'<strong>au</strong>tre<br />

à Gergoviepar l'Echelelle,<br />

Nous quitt~mes bientôt la route pour entrer dans<br />

les terres cultivées, Partout des fragments de briques,'de<br />

tuiles rougcàlres, de marbres de toutes couleurs,<br />

d'anciennes poteries ou de pierres carbonisées<br />

rappellent- l'existence de la vieille cité et de la catastrophe<br />

qui l'engloutit, Les be<strong>au</strong>x. morce<strong>au</strong>x, les<br />

médailles et monnaies rares, les objets artistiques<br />

sont partis depuis longtemps, car il y a deux ou trois<br />

siècles que les amateurs exploitent cette mine d'antiquités,<br />

mais il en reste toujours assez pour éveiller<br />

l'atlenfion du touriste et du philosophe,<br />

Nousvoici, ami Barbe, sur le plus be<strong>au</strong> et le plus<br />

vaste cimetière de la vieille Helvie 1Dans cette partie<br />

de]a plaine vivait, il y a quinze ou seize siècles,<br />

une population évaluée à soixante mille âmes, C'est<br />

donc soixante mille corps humains en moyenne qui<br />

out été hri'tlés ou enfouis dans ce sol à chaque période<br />

de trente ans, pendant une durée de trois ou<br />

quatre siècles, en ~orte qu'il n'est pas possible d'y<br />

remuer une pelletée de terre qui ne contienne des<br />

lIébl'ishumains. Jamais terre ne fut plus engraissée,


to<br />

et ce n'est pas étonnant qu'il y pousse de be<strong>au</strong>x ar-<br />

bres. Quelques grains de pOl1!;sièl'e: voilà donc oùaboutissent<br />

inévitablement tous nos rives, toutes<br />

nos ambitions," toutes nos v<strong>au</strong>itds 1 Ça ,'<strong>au</strong>t lion la<br />

peine de tant se chamailler 1 Je <strong>com</strong>premls qu'après<br />

la féroce destruction de Ciiroctis, des moines soient<br />

venus les premiers s'inslaller sur les ruines. Trdres,<br />

il /'at:t mourir! 1Lelieu, ses cendres et ses souvenirs<br />

le disaient plus éloquemment que ne pouvait le dire<br />

<strong>au</strong>cune bouche humaine,<br />

1t.'<br />

Le seul monument d'Alho dont il reste quelques<br />

débris notables est le cirque. L'amphillll)¡\h'e, avec<br />

son mur circulaire dont les deux extrémités sont apparentes,<br />

avait cinquante-cinq mèlrcs de diamètre,<br />

En le déblayant, on retrouverait les ératlins sous les<br />

vignes et les inûriers chétifs qui ont remplacé les<br />

spectateurs. On aperçoit <strong>au</strong>ssi le mur de la scène de<br />

l'<strong>au</strong>tre côté du ruisse<strong>au</strong> Luol. La situation de ce cir-<br />

que à cheval sur un petit cours d'e<strong>au</strong> fait supposer<br />

qu'on )' donnait'des spectacles n<strong>au</strong>tiques,<br />

Sur)e bord de ce ruisse<strong>au</strong>, en atnont du th~¡\tre,<br />

il y a des indices de thermes clIo yuartier s'alrello<br />

l3agnols.<br />

De magnifiyues noyers ont liotisst', clans le Icrrain<br />

qui est de nive<strong>au</strong> smec )0 SOll1l11Ut de l'<strong>au</strong>tlrhillrérllrn.<br />

Tout près do là, un champ de pommes de Icrl'l~1<br />

borné par des amas de débris, et qui porte le 1111111


Il<br />

do Pcclais, marque le siège du gouverneur et do la<br />

curie, C'est en cet endroit qu'on a failles plus bellés<br />

trouvailles.<br />

D'après la tradition locale, le prieuré do St-llartin,<br />

dont les ruines sont un peu plus lo,ts, <strong>au</strong>rait été<br />

construit sur l'emplacement du collègo des Flamines<br />

Augustoux, fondé par Tibère, Quelques pans do<br />

mur, à l'ongle do la routo de Viviers et d'un sentier<br />

rural, marquent seuls la place des deux monuments.<br />

Un peu'plus liatit, sur cette môme route do Vi-<br />

viers, on voit trois pans de mur surmontés d'uno<br />

croix c'est tout ce qui restv de l'église Saint-Pierre,<br />

laquelle <strong>au</strong>rait succédé à un temple de Jupiter.<br />

La citadelle était <strong>au</strong>-delà de l'Fscoul~y. Les <strong>pays</strong>ans<br />

se sont bàti sur ses ruines des habitations et<br />

be<strong>au</strong>coup do pierres de taille employécs par eux ne<br />

sont <strong>au</strong>tres que d'anciennes pierres tombales j on 1'0'<br />

trouverait sans <strong>au</strong>cun doute be<strong>au</strong>coup d'inscriptions<br />

en les retournant.<br />

Birbe s'étonnait, en parcourant la plaine, qu'une<br />

si grande ville mU 1)tt subir une destruction si 00111-<br />

lilète. Cela s'explique par l'incendie cl par la facile<br />

dll<strong>com</strong>position, sous l'action du feu, de la pierre<br />

calcairo qui entrait à peu près seulo dans sa consiruction.<br />

Si quelques parlies ont résistc~, il f<strong>au</strong>t en<br />

faire honneur ait,; einienis romains dont on peut en-<br />

cora remarquer ici l'étonnante solidité, Soulavio y a<br />

observé des ciments saillnnts, tandis que les pierres,


12<br />

même granitiques, employées dans ia bâtisse, avaient<br />

été détériorées et en partie pulv~risées. Les Romains<br />

avaient sans <strong>au</strong>cun doute reconnu dans l'lIelvie la<br />

pouzzolane dont ils se servaient à Rome pour leurs<br />

constructions, et peut-être sa coexistence dans la région<br />

d'Albe avec les magnifiques bancs calcaires de<br />

Lussas, (ut-cHe un des motifs qui les déterminèrent<br />

à bâtir en cet endroit la capitale de l'Hel vie, La blocaille<br />

que l'on trouve dans les ciments d'Albe avait<br />

pour but d'empêcher le retrait. La llouzzo]ane, formée<br />

des débris graveleux de la lave poreuse, sert 11<br />

faire un beton sans pareil. Tous les ciments romains<br />

emplo)'és dans les monuments de Vienne, Nimes,<br />

Orange sont faits avec de la pouzzolane ou des briques<br />

pilées. La pouzzolane abonde <strong>au</strong> Coiron et dans<br />

nos <strong>au</strong>tres montagnes volcaniques, Celle de Chenavari<br />

est renommée dans les environs: Soulavie rend<br />

<strong>com</strong>pte (1) d'une expérience qui fut faite à Toulon<br />

en 1171 sur des pouzzolanes provenant du Vivarais et<br />

d'Italie, pour en apprécier les qualités respectives il<br />

est fâcheux qu'il n'en fasse pasconnaître les résultats.<br />

Nous mont9mes ait village d'Aps oit nous recueil-<br />

Urnes quelques rares traditions sur la destruction<br />

d'Albe. Ainsi on nous montra, non loin du châte<strong>au</strong>,<br />

le chemin du Dlalconseil oit, dit.on, les chefs vanda-<br />

les décidèrent la destruction de la ,'illo. Une partie<br />

des habitants se s<strong>au</strong>va \'CI'S Aubigitas et périt dans la<br />

(1) NialoiroIIII/ur,rudela FrancemEridionale, l, 2, 216,


13<br />

Vallée du .itassacre. Du côté de )[élas est le Chemin<br />

clcsDnn:es par où les Vestales ce seraient enfuies. On<br />

assure que ces Vestales habitaient un temple de.<br />

Diane sur le mont Juli<strong>au</strong>, et c'est peut-être à ce me-<br />

nument que se rapporte le passage suivant des Mémoires<br />

consulaires de la <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té d'Aps, bien<br />

quo la tradition r voie le temple de César et d'Auguste<br />

« On a trouvé, à deux pieds dans la terre, sur<br />

la croupe du mont Juli<strong>au</strong>, faisllnt face à Alba, d'an-<br />

ciens bàlimonts, plusieurs votltes soutenues par de<br />

gros piliers de marbre d'une façon admirable, quantHé<br />

de pierres de taille, d'une architecture ac<strong>com</strong>plie,<br />

des médailles et des statues de f<strong>au</strong>x dieux et<br />

<strong>au</strong>tres choses curieuses (1). »<br />

Il n'y a plus <strong>au</strong>jourd'hui <strong>au</strong>cun vestige de vieux<br />

temple, <strong>au</strong> sommet ni sur le versant du mont Juli<strong>au</strong>,<br />

mais on voit encore <strong>au</strong> pied de la montagne des déhris<br />

qui semblent indiquer les restes d'un ancien<br />

temple converti ultérieurement oit inonastère. Ils<br />

sont connus dans le <strong>pays</strong> sous le nom de Tige-~toine,<br />

l.es plushe<strong>au</strong>x nbjets l' 1'0\'tJlJantdes ruines d'Albe,<br />

se trouvent dans la collection de 111.Valetitin, à Mon-<br />

lélimar, ou <strong>au</strong> musée d'Avignon. La seule<br />

collection locale était celle do JI. le vicaire Buffel,<br />

<strong>au</strong>jourd'hui curé il Freyssenel, où nous remarquémes<br />

(t) CoDectiondu Languedoc,1. 2i.


Un Mercure en bronze oxydé, sur un piédes-<br />

-tal, avec lous ses attributs (vingt-cinq centimètresde<br />

Il<br />

h<strong>au</strong>teur)<br />

Un Priape en fer, assez détérioré j<br />

Un cel'f portant sur ses branches une fiole lacrymatoire,<br />

couché el ayant l'air de dormir à côté l''une<br />

urne funéraire<br />

Un lion en bronze, tenant sous ses griffes une<br />

boule, représentaiitsaiisdoute la puissance romaine,<br />

maitresse du monde;<br />

Une chienne allailant ses petits, protégeant<br />

do sa<br />

patte une urne ciselée, et munie d'un be<strong>au</strong> collier<br />

garni de grelots;<br />

Un be<strong>au</strong> bas-relief en piCl'l'e représentant un guer-<br />

rier cheval;<br />

Un chapile<strong>au</strong> avec des feuilles cl'acanthe iIl'lislement<br />

burinées;<br />

Un grand nombre d'urnes fuuéraires, de fioles la-<br />

crymatoires, de lampes en terre de formes variées,<br />

des médailles de bronze ou d'argeut, des cloehelles,<br />

des clés eu bronze, des cassolettes à parfum, des<br />

peintures analogues à celles de 1'0mpé'l, des pierres<br />

tumulaires, enfin plusieurs émer<strong>au</strong>des, destinées à<br />

orner des bagues, portant l'emgie de blercure ou de<br />

Vénus, ou celle de la Victoire distribtiont des couronnes<br />

et des l<strong>au</strong>riet's,<br />

Celle précieuse collection, qui sumrait à faire revivre<br />

la vieille Albe païenne, fut cédée à M, Odilon'


1Õ<br />

DaI'rol et altpartieul <strong>au</strong>jourrl'Imi, nous dit-on, à<br />

M, CololUI)t maire des Assions,<br />

Un liabit<strong>au</strong>t d'Aps, nommé Vincenl, possède une<br />

pierre précieuse, tirée des ruines d'Albe, assez semblablo<br />

<strong>au</strong>x émor<strong>au</strong>des de la collection DulTel,arrondie<br />

d'un côté, et de l'<strong>au</strong>tre tlo couleur rose (un ccn-<br />

limètro de long sur un doini-centiinètre de large).<br />

Sur l'une des faces a été Lurinée une main tenant<br />

une coupo eulrelacée de feuilles de vigne et d'épis de<br />

blé. Cette pielTe passe pour guérir les m<strong>au</strong>x d'yeux<br />

et on accourt en foule dans ce but chez Viticent.<br />

ill. Cliiroi), instituteur à St-Just, possède uu opercule,<br />

trouvé ù Aps, dit petit 1Il0lIusquo du genre<br />

titi-bo <strong>au</strong>quel les Itomains allribuaielll <strong>au</strong>ssi une<br />

vel'Iu spécifique pour les yeux, Ou nous raconla que<br />

deux de ces coquilles, échues en héritage à une<br />

famille rl'Aps, lui avaient t-tté <strong>com</strong>ptées liuit cents<br />

francs d<strong>au</strong>s 10 (lu iiiobilier. Lune d'elles<br />

at<strong>au</strong>t été prêlée ir uu jeulle liotnutu (lui avait mal<br />

<strong>au</strong>x yeux fut ~,garée, cl soit pt'opl'iélaire s'empressa de<br />

rlem<strong>au</strong>tlcr deux mille francs de dommages-inlérêts.<br />

Heureusement 011eut l'idée do s'adresser ait Direcleur<br />

du do Donle<strong>au</strong>x qui en envoya une pleine<br />

boîte, et e'esl depuis lors seulement (lue la valeur<br />

des opercules de t~rrGo a sensiblement baissé à<br />

Aps.<br />

Les <strong>pays</strong>ans d'Aps n'aiment pas qu'ou vienne<br />

fouiller leurs terres, s'imaginant toujours qu'on. va


16<br />

leur dérober quelque riche trésor. Une tradition lo-<br />

cale veut qu'il existo quelque part, dans les ruines<br />

de la vieille cité, une chèvre avec son chevre<strong>au</strong>,<br />

tous deux en or et représentant une valeur de plusieurs<br />

millions.<br />

»<br />

Quelques mots sur l'hisloire d'Albe.<br />

Ollier de Ml1richard a recueilli dans les ruines, et<br />

sous les maisons métues, do be<strong>au</strong>x oulils en silex,<br />

d'où il conclut qu'Albe remonte <strong>au</strong>x populations<br />

cellibériennes. C'est bien possible, et l'on pourrait<br />

môme trouver étonnant quo les indigéues eussont<br />

attendu les Rotnains pour occuper un endroit <strong>au</strong>ssi<br />

heureusement situé que le bassin daps. ~Jais ce n'est<br />

pas l'intérêt préhistorique qui domine ici et l'on<br />

nous permettra do passer, sans <strong>au</strong>tre préatnbule, à<br />

l'époque gal1o-romaine,<br />

Les historiens qui, à l'aide des vagues et rares données<br />

que nous ont laissées les écrivains grecs et latins,<br />

ont cherché 'tl dissiper les ténëbl'es de nos origines,<br />

considèrent les Galls ou Celtes <strong>com</strong>me les plus anciens<br />

habitants de la G<strong>au</strong>le Ils y seraient venus plusieurs<br />

siècles avant les hgmris ou Belges, c'est-à-dire mille<br />

ou quinze cents ans avant Jésus-Christ.<br />

Les Galls occupaient le midi et rest de la G<strong>au</strong>le.<br />

Les Kymris occupèrent Je nord, puis l'ouest, d'oil ils<br />

refoulèrent les Ibéro-Ligurcs j enfin, lournant le pla-


17<br />

te<strong>au</strong> central, ils 1Il1l'liient l'eflné jusqu'it l'Ileivie,<br />

tl'ttprès lu passage suivant tl':lmétlC~u Tltierry<br />

« la place des Lignres doiiiiiie 1111 granti peuple<br />

do sang (les deux versaitts des Cévenncs,<br />

qui porto lo uom do l'ollre et se parla¡.;e ell<br />

.1 ré<strong>com</strong>iques et L~closcc~es. Le caillou ol'ielltal, situé<br />

entre les le<br />

IlIlI\IIOet la mer, alpartiettt<br />

<strong>au</strong>x pl'emi()J'sttni 0111 pl:1~l;lelll' chef-lieu à ~1'eutuo-<br />

sus <strong>au</strong>jourd'hui ~imes; les secontls hussèdent la<br />

ltnrtic do l'ouest et onl [leur capitale 7ôlosc, ville de<br />

110111tout il fait ilorien. Cet élut de choses exislait<br />

eu 280, é"orllle d'ulle éllligl'3lioll des 'I'ectosa~,es<br />

ltuur la Gt'èco ell'Asio j il u'avait lr.ts clt<strong>au</strong>gu en:?18,<br />

lors du passage 11'lIlIihol. (1), »<br />

Si~harscs l'uno de l'allll'e l'nt' la seule ch3ino dos<br />

Cévenlles, les trilnts nl'écol1lÍlluo et ledosoge forutèrcnl<br />

iii)o liaI ion unicltte tlui continun do ltortcr le<br />

nom de I~elg<strong>au</strong>tlucl Ies Galls elles Ilures donnaient<br />

la fol'lllOdo Ilolg, l'olg' et l'olG (2).<br />

La coutluùlc se sera it Itix 1II01llagllOS,<br />

lt;tliilées 1ar les Galls-Itelvieus clui faisaiuut parlie<br />

de In confuléraliou des 11(liielle se COI1llmsait<br />

anssi do. Vélnulles, Gabales et Unlhènos<br />

(Velay, Gé,'alldan 01 Itoucr~uo). Cette reucoutre des<br />

deux races, qui ttroha~lemeut n'eut pas lieu sans<br />

lultcs sanglanles, \'emolltOl'a it <strong>au</strong> 1\1'ou <strong>au</strong> IV' siècle<br />

avnlll.J,<br />

(1) 1/istuiredesGuu'ois,t. I, l', 36,<br />

(3)Ilis(~~iredesG<strong>au</strong>lois,1. 1, p. Il,


.18<br />

~oici, à parlir de cette époque, les seules données<br />

-quo les historiens anciens nous foarnissent sur los<br />

Holvielis<br />

En l'an t t8 avant J.-C., les Romains s'e.mparèrent<br />

du <strong>pays</strong> des Hoh'iens, des Volkes-Aré<strong>com</strong>iqueset des<br />

Sordes. Celle nouvolle acquisition pamtlleUl' avoir<br />

coMé peu de peine (1).<br />

Jales César trouva les G<strong>au</strong>les divisées en trois<br />

parties babitées l'une par les Belges, l'<strong>au</strong>tre par les<br />

Aquitains et la troisièmo par les Celles ou G<strong>au</strong>lois,<br />

Toutes ces nations, ajouto-t-il, dillërout par la )an~<br />

guo, les lois et les illstilulions..<br />

Les Aquitains sont évidemment le produit de la<br />

fusion des Belges vainqueurs avec les Ibéro-Ligures<br />

vaincus.<br />

Nos nncêtres, les IIelves ou Iielviens, qui étaient<br />

une tribu celle, son,tnolUmés plusieurs fois dons les<br />

Commenlairesde César. Nous savous par 10 t6moi-<br />

gnago du conquéranl, que nolro plirs ancion prince<br />

~onommait Caburus ot que ses fidèles sujets lll'iront<br />

parti tontôt pour et tantôt contro 10Sénat romain,<br />

co qui était foit absurde, vu la difficulté pour eux de<br />

savoir <strong>au</strong> juste ce quo valait l'<strong>au</strong>ne des factions qui<br />

sa disputaicnt fi Romo10 pouvoir. Mal leur on prit.<br />

dans tous les cas, d'avoir soutenu la révolte do<br />

Sortoritis, car Pompéo los en punit onlesdÓpouillant<br />

de leurs terres qu'il livra ait\ Massaliotes, et do là<br />

(1) Ilisroir~desC<strong>au</strong>loipt. 1, p. 5511.


19<br />

sans tloulo l'accenl marseillais qui nous est plus ou<br />

moins resté. Pompéon'eut pas, d'ailleurs, à se féliciter<br />

do celle poliliquo spoliatrico i10 princo helvion<br />

s'eu vengea plus tant en prenant 10 parti do César<br />

contro lui. 1'alerius Procillus, fils de Caburus, élevé<br />

à Romo, fut l'inlimo ami-du vainqueur des G<strong>au</strong>les<br />

qui l'appelle 1'lioinino 10 plus distingué do la Provinco<br />

J'omnino (honrinenr honestissinuun 1)1-oviljcioe<br />

Gn/licc.J~lussi,voyons-nous Procillus assister à l'ontrevue<br />

de César avec Divitiac, quanti César vint dévoiler<br />

à Divitine les trahisons de sou.fréro Dumnorix<br />

et doniaiidoi-sa punition.<br />

Plus tard, nous !t'ouvons Valéritis Procillus choisi<br />

par Césai,,àc<strong>au</strong>se do sa fidélilé 01da sa conllaissanco<br />

do la languo g<strong>au</strong>loiso, <strong>com</strong>mo envoyé <strong>au</strong>près d'Ariovisto,<br />

César lui aûjuignit ~I. ~(cllius,qui IIvail été<br />

l'luto d'Ariovisto, et il les chargea do rccovoir et do<br />

lui rappurtor les propositions du roi germain. Mais,<br />

<strong>au</strong>ssitôt quo celui-ci les vit ciiiret, dans son camps<br />

il leurcria dovallt touto l'urméo: u Qui vous amène ?2<br />

Venez-vousici pour nous espionner? » Et, sans leur<br />

donnerle temps do s'expliquer, il les fit eliarger de<br />

fers.<br />

César, ayant. battu l'lIrméo d'Ariovisto, ¡'etrouva<br />

Valerius Procillus que SI.1Sgardiens fugitifs cmmenaient<br />

cbllrgé do clratues, ot, si nous l'en oroyons,<br />

cette roncontro ne lui cnusa pliSmoins do plaisir quo<br />

la victoit'oolle-mdme, Procillus lui dit qu'il avait vu


20<br />

trois fois jeter le sort pour décider s'il serait livré<br />

<strong>au</strong>x flali;mes', ou si l'on renverrait sa mort à un <strong>au</strong>-<br />

tre temps, ci que trois fois le hasard l'avait s<strong>au</strong>vé,<br />

Metlius fut <strong>au</strong>ssi retrouvé et s<strong>au</strong>vé(an 58avtiiitJ.-C.).<br />

Six ans après, Vereingétorix fit attaquer la province<br />

romame (Narbonnaise) par trois elllh'oits à la<br />

fois. Les Gabales et quelques cantons arverues assail-<br />

lirent les lielviens, tandis que les Volkes-Aré<strong>com</strong>iques<br />

avaient sur les bras les Huthènes et les Cadurkes<br />

insurgés,<br />

Les lIelviens Curent battus et obligés de se renfcrmer<br />

dans leurs villes, après avoir perdu ltlysG~urs<br />

de leurs chefs, entr'<strong>au</strong>tres Valerius Douot<strong>au</strong>rus, le<br />

frère ainé de PI'ocillus, qui tellait le premiel' 1'OIIg<br />

par mi eux.<br />

Quello était alors la résidcllce des princes he}viens<br />

L'histoire ne lé dit pas, mais on peut présumer<br />

'lue c'tttait, sinon la plaine d':llts, trop ouverte<br />

<strong>au</strong>x agressions étrana~res, <strong>au</strong> moins une des liaittcms<br />

voisines.<br />

Auguste voulllt resserrer les liells de l'Iloivie avec<br />

Rome pnr la foudalion d'une capitale digue du <strong>pays</strong>,<br />

digne SUl't01.'tde ses puisSi\llls protecteurs. L'emttla<strong>com</strong>cut<br />

choisi est un indico de la force militaire<br />

dont disposaicnt les Itomaius dans la coutrée, car<br />

il impliquait la (ol'lnalioll de plusieurs forts exté-<br />

ricurs ou camps retranchés pour eu hrotéger les<br />

abords. Et c'osl, on effet, ce qlli eut lieu, <strong>com</strong>me 10


2t<br />

prouvent les camps romains dé lltélas, de Jastres, de<br />

Champusas et de Viviers.<br />

Alba Auriusta jouissait de tous les privilèges du<br />

droit latin, et la Il'3ùiliou <strong>com</strong>me les débris de ses<br />

anciens monumenls, sumsent Ù démontrer sa richessa<br />

et son importance politique.<br />

La date des borues milliaires de ses grandes voies,<br />

qui toutes remontont à l'époque des Antonins, montre<br />

qu'elle profita spécialement do l'ère do calme<br />

et de prospérilé que ces empereurs donnèrent à<br />

l'emph'o romain. Constatons, on passant, quo l'em-<br />

placement cl':111ot, quoiquo ne pouvant (aire l'objet<br />

d'un doute pour toute porsonne connaissant 10 <strong>pays</strong><br />

et son ancienne histoiro, a de plus, reçu de l'abbé<br />

Rouchior uno démonslration mathématique, baséo<br />

sur les bornes milliaires, découvOI'tes sur divers<br />

peints du Vivarais, el sur lesquelles 10 chiffre des<br />

pas indiqués correspond exactement à la distance<br />

qui séparait Albe des points où chacuno {¡'ouvée.<br />

d'olles a été<br />

Plino, dans son IIistoÎl'e naturelle, mentionne deux:<br />

fois fAlbe des Ilolvieus. La première fois, il ne fait<br />

que la nommer <strong>com</strong>mo une ville de la inarbonnaise.<br />

La seconde fois, c'ost pour dire quo la septième<br />

année après ce clu'il vient de raconter, on trouva à<br />

AlGcc Ilelvin, dans la provinco de la Narbonnaise,<br />

CIune vigue, tlourissanl en un seul jour, el à c<strong>au</strong>se


22<br />

de cela très sOre, que la Province tout onlièl'e cultive<br />

<strong>au</strong>jourd'hui (1), )1<br />

Malte-Brun conclut de là que, déjà du temps de<br />

Pline, toute la G<strong>au</strong>le Narhonnaise produisail des<br />

vins. Il ajoute<br />

a Tous les plants de yignes de la Narbonnaise<br />

étaient originaires d'Alba Ilelviormn, qui est Alps<br />

dans le Vivarais, ce qui doit faire croire la vigne<br />

indigène en,l7ranco. J) (2)<br />

Amédée Thierry (3) parle de l'llelvicttf~a gentts. On<br />

dit enfin que le vin d'Albe a été cité avec lionneur<br />

par Columelle, Confondu avec les `uiands vins<br />

clérels de Villeneuve, <strong>com</strong>me les appelle Olivier de<br />

Serres, que de fois il a fait depuis le bonheur des<br />

gourmels 1 Il est à romarqucr, du resle, qyo 10 plus"<br />

important personnage d'Albe dont le nom soit parvellu<br />

jusqu'à nous, est un marchand de vins: il<br />

s'ahpolait lltinttalius Vitalis et quoiqu'élabli à Lyon,<br />

la' cité d'Albo l'avait admis dans son sénat. Les<br />

marchands de vins de Lyoti lui élevèrenl si mort<br />

une statue dont l'inscription l'a seule s<strong>au</strong>vé do l'oubli<br />

<strong>au</strong>près de ses <strong>com</strong>palt'ioles de 1llelvie moderne.<br />

(.f.)<br />

(1) Septimohinc anno in NarLoncnsisprorillciœAlld heloid<br />

inventaest vitisuno die deflorescens, oLid fufissimn,quam nuno<br />

tofaProaincinrnnserif(L XIV,cap. IV.)<br />

(2) Géographie de MalleBrun,t. 1, p. 201.<br />

8) AisioiredesG<strong>au</strong>lois,t. 1, p. 425.<br />

(4) Rouchier,t. l, p. 110,


23<br />

Parmi les <strong>au</strong>tres personnages d'Alhe qui figurent<br />

dans les rares inscriptions exhumées du sol helvien,<br />

trois ou quatra méritenl d'être signalés, à c<strong>au</strong>se du<br />

jour qu'ils jettent sur les mœurs et les institutions<br />

du temps.<br />

Deux SOllt des Sévirs Aunust<strong>au</strong>x, c'est-à-dire faisoient<br />

partie du <strong>com</strong>ité supériel1l', <strong>com</strong>posé do six'<br />

membres, des Flamines chargés de desservir le culte<br />

d'Au~uste, et l'on <strong>com</strong>prend l'importance que de telles<br />

fonctions devaient avoir dans la capitale de l'Helvie.<br />

L'un des deux, l'etroninus Diadumius, ayant perdu<br />

sa femmo, lui fit (\10\'01'un tombe<strong>au</strong> à Lussas. L'<strong>au</strong>=<br />

rte, ~lproi~ius l:utrolus, dont le tombe<strong>au</strong> été retrouvé<br />

du coté de Limon)', était de plus médecin de<br />

l'école d'Asclépiade, ce dont je lui fais mon <strong>com</strong>pliment,<br />

car, <strong>au</strong>tant qu'on petit en juger par les rares<br />

extraits qui IIOUSrestent do ce Grec célèbre, sa mé-<br />

decine était pleine de bon sens, puisqu'elle a\'ait<br />

pour moyens princip<strong>au</strong>x l'hygiène, la diôlo et l'e<strong>au</strong><br />

fralche. Asclépimlo mourut Rome vers l'an 90<br />

avant Jésus-Christ.<br />

Une <strong>au</strong>tre inscription d'Albo nous conservé le<br />

souvenir cl'un certain Pinarius Oplalus, prêtre des<br />

Lares.<br />

n'<strong>au</strong>lt'es inscriptions, quo noua avons sigllalées<br />

dans un précéd<strong>au</strong>l volume, se rapporlellt à deux<br />

nolahilités d'Albo qui portaient le titre de Quntuoruir,<br />

co qui semble indiquer quo l'nulol'ihi civile dans la<br />

cité se <strong>com</strong>posait de quatre mombres.


21.<br />

,Enfin, l'inscriplion du t<strong>au</strong>robole do Dio, cito parmi<br />

les assistants un quindecen:vir d'111uo nOlllnll\<br />

Castricius'Zozimion, par oa l'on voit qu'un des corps<br />

importants de la cité se <strong>com</strong>posait alors de quinzo<br />

membres.<br />

Barbe fit un mouvement à cc nom de latirobole.<br />

Le malheureux t<strong>au</strong>re<strong>au</strong> qu'on immolait dans ces<br />

sortes de cérémonies et dont le sang devait inonder<br />

toule la personne de l'officiant, lui inspirait une<br />

pitié profonde, et il se mit naïvement à cél{'hrel' le<br />

progrès moderne qui a\'ait mis fin i) sacrifices,<br />

ces absurdes<br />

Oh 1 pour 10 coup, Illi dis-jo, ami les<br />

pailles du liassé vous empêchent par trop de voir les<br />

poutres du temps présent. Sans doute, oit ne tue.<br />

plus de l<strong>au</strong>re<strong>au</strong>c en gl'3ndc pompe, mais les ulrattoirs<br />

ne clnment pas pOlir. cela 01 la cousonunation<br />

croissante de heafteaks qui se fait <strong>au</strong>ssi bien dans<br />

les runublidues que dans les monarchies, n'est I)as<br />

lrrécisument lin indice de notre Iiiiiiiiiiité, 11 l'égard<br />

des MIes à cornes.<br />

C'est pourtant vrai dit Barhe, Coiiiiiieiit n'y<br />

avais-je pas pensé ? 2<br />

i' i<br />

Une légende fort ancienne alIté l'allaclll(o, dans<br />

ces dernicrs temps il l'histoire ruligicusv d' Ibe.<br />

On lil dans les vieil x hréviairl1! iricaslius, i) hrolms<br />

de Sl-Restitul, (le l'Eviln¡.¡ilo et le lire-


25<br />

mier évêque de St-Patil-T rois-Ch.1 (e<strong>au</strong>x, qu'ayant été<br />

à il lba pour l'évangéliser, il y tomba malade, pres-<br />

sentil sa mort prochaine et ordonna à ses disciples<br />

de transporter son corps à St-P<strong>au</strong>l.<br />

Or, des lielvieiis a été pendant bien des siècles<br />

si profondément oubliée que personne ne s'étail<br />

encore avisé de songer il elle pour expliquer co<br />

point de lu vie do St-Restitut. On supposa qu'il<br />

s'a¡;issail d'All~e dans le 1\IiIonais et les esprils forts<br />

enrent unc oreisioti de plus de fairo ressortir l'in-<br />

\'1'aisemblollco d'ull récit qui faisail courir en<br />

Piémont un évolue des hords du *Rhône el qui obli-<br />

geait ses disciples ripporter son corps de l'<strong>au</strong>tre<br />

cÔté des Alpes alors presque inaccessihles.<br />

Notre Albe dissipe ces obscurités, Autanl il était<br />

difficile d'aclmettre due St-Itestilnt quitt.1t les Tricastins<br />

pour aller v~an~éliscr les païens de l'<strong>au</strong>tre<br />

côté des ,\Ipes et enjoignft à ses disciples de rapporter<br />

son corps <strong>au</strong> siè~o épiscopal, <strong>au</strong>tant l'titi et l'<strong>au</strong>tre<br />

cleciennent natnrels et mdme vraisemblahles, si l'on<br />

songe que l'Albe des Helviens n'était qu'à unojournre<br />

de marche des Tricastins, quo les <strong>com</strong>munications<br />

entre les deux <strong>pays</strong> faciles par la voie romaine<br />

dit Honrg;.1 ~'alvigm!res et (lue la proximité d'uno<br />

ville <strong>au</strong>ssi importante qu'.116c devait nécessairemont<br />

tcnter le 7.èled'un disciple 11uChris!. Lo fait esl du<br />

pins h<strong>au</strong>t pour l'histoire religieuse de nos<br />

('1111 It'iles puisqu'il <strong>au</strong>torise à supposer que l'intro-


26<br />

duction du christianisme y est antérieure <strong>au</strong> mart~Te<br />

de SI-Andéol, et qu'il donne un degré de vraiselllblance<br />

de plus à la thèse de ceux qui veulent que le<br />

midi de la G<strong>au</strong>le ait reçu les premiers enseignements<br />

évangéliques des ouvriers envoyés par les apôtres<br />

eux-m~mes, thèse fort contestée,iI f<strong>au</strong>t bien le dire.<br />

dans les région!! classiques de la science, c'est-à-dire<br />

à l'Académie des inscriptions et belles-lettres,<br />

A quelle é~oquo a eu lieu la destruction d'Albe<br />

Le Père Colombi accepte la version du moine Sigebert<br />

et la date de 111 II suppose d'ailleurs, avec<br />

assez de raison, bien qu'ignorant la légendu de<br />

St-ltestitul, clu':llbe était déjà cht,'Éienne et avait<br />

un évêque ait <strong>com</strong>mencement du III' siècle, lors de<br />

la mission de_Sl-Andc,ol, sans quoi celui-ci, <strong>au</strong> lien<br />

de s'arréter à liergoïates (le Bourg), serait allé, selon<br />

l'habitude des apôtres, prêcher la bonne nouvelle<br />

dans la ville la plus importanfe dit <strong>pays</strong>, Son livre<br />

résume tout ce (lu'On sait et ce qu'on ne sait pas,<br />

sur les premiers évêques de Viviers et la destruction<br />

d'Albe par Chrocus, en citant les divers <strong>au</strong>tenrs (lui<br />

en ont parlé. L'abbé Rouchier a adopté <strong>au</strong>ssi la date<br />

de 11J, par la raison surtout que l'extension et le<br />

prestige dujà acquis par l'Eglise lors de l'inw.iun de<br />

Chrocus, le nombro d'évêqucs massacrés par les<br />

Vandales el l'importance de la place qu'ils parnis-


27<br />

sent tenir à celle époque, ne peuvent guère être<br />

admis avant le V. siècle. Celle raison a cerlninemenl<br />

un grand poids, mais elle ne lions parait pas absolument<br />

probante et «notis pencherions plutôt pour<br />

l'avis de Constant qui, dans une récente broclnrre<br />

(i), démontre, par des raisons forl pl<strong>au</strong>sibles,<br />

que cet évènemenl eut lieu be<strong>au</strong>coup plus trll, c'està-dit'e<br />

en ~:59. Il r a cependant, dans le livre do<br />

J'abbé nouchier,' un fait qui peut fournir le sujet<br />

d'une objection suricuse à la thèse de 1'.ibl)é Constant.<br />

UIIC pierre milliaire trouvée la lisière (lit bois<br />

de Ldou, sur la voie raccourcio <strong>au</strong> Bourg par<br />

Ynlvignères ct Gras, porte une inscription qui se rap~<br />

porterait à l'intiée 28r), la première du règne de<br />

l'empcreur Maximien (2), Si celte date était confirmée,<br />

il aernit dillicile d'admettre qu'Albe fflt détruite à celle époque (3).<br />

déjà<br />

Ce problème fII'chéologiqne serait depuis long-<br />

Iemps résolu, si les objels trouvés il et particulièrement<br />

les médailluset monnaies, ait lieu d'avoir<br />

Oé dispersés <strong>au</strong>x yuatre coins du monde, avaient<br />

Il-ouvt' un musée dupartemental pour y être réunis<br />

(1) La dcslrrrc(ion âAlGt, f 88.1.<br />

(2) Roucl:ier, t, 1. p. 5.\9.<br />

(3) Acetteobjectionquenousn~ionsformuléodans le Patriote<br />

dal'Ard~rhenfévriert884,!II.t'abbéDuf<strong>au</strong>ta essayéderépondre, en disantquela voie10!1i3ine e¡hl:,i!et quela pierremilliaire<br />

indiqu<strong>au</strong>neréparationet non pointun établissement. Il suppose,<br />

d':liileurs, qu'Allrechercbase releverdesesruines,cIe. Toutcela<br />

nenousparaitpasconclu.-at.


2M<br />

et classés. Il sufrirait, en effet, d'un coup d'ceil sur<br />

eux pour avoir la date <strong>au</strong> moins approximative de<br />

la prise d'Allie, car il est bien évident, par exemplo,<br />

que si ]'011 n'y trouvait pas de monnaio postérieure<br />

à Valérien, qui rigna de 253 à 260, la lhèso de l'abbé<br />

Constant, qui fixe cet évènoment à ~351, en recevrait<br />

une force nouvelle et petit-ôtre. décisive.<br />

On s<strong>au</strong>rait bien vite <strong>au</strong>ssi do coite manièro la date<br />

de la destruction d'un <strong>au</strong>tre cenlt'o imttorlant do<br />

populationqui exislait <strong>au</strong> dessous du Pradel dans la<br />

presqu'île formée par l'Atizon et Cladnègne, et que<br />

les uns prétendent cttro encore le fait de Cliroctis,<br />

tandis que d'<strong>au</strong>tres la rapportent à une époque anlérieure.<br />

Uri quartier de ce terrain qui représente un<br />

kilomètre carré, s'appelle Ilarone ou Qaccune, un<br />

<strong>au</strong>tre St-Denis, un troisième un quatrième<br />

les Ilorto~ts et un cinquième l'ttlèuc. Les débris antiques<br />

y abondent, moins tontefois qu'à Aps. Si celte<br />

ville a été contemporaine d'tlps, elle devait en ctlre<br />

le f<strong>au</strong>bourg éll\gant, une sorte do St-Cloud. i'anilns<br />

vanitalrtm, le nom même s'en est perdu, Il est lirubable<br />

quo la fondation des villages voisins Mirabèl,<br />

St-L<strong>au</strong>rent, St-Gineis, St-Andéol, Der1.èmo,Darbres,<br />

Freyssenot, tous perchés sur des h<strong>au</strong>leurs et dans de<br />

bonnes conditions de dufenso, coïncida avec les<br />

catastrophes qui marquèrent la disparition d'AIIJl',


29<br />

A x2<br />

Albe resta longtemps abandonnée après sa destrue-<br />

tion par CUrocus, mais l'on peut supposer que les<br />

survivants s'y réunirent <strong>au</strong> moins encore une fois<br />

pour jouir do la revanche que leur offrait Marianus,<br />

préfet d'Arles, lequel a}'ant battu Chrocus, le fit<br />

hromeuer, disent les chroniqueurs, dans toutes les<br />

villes qu'il avait saccigées, avant de le mettre à<br />

mort.<br />

Des nioiiies-vinrent plus tard s'~ établir, mais les<br />

prieurs ne purent y rester, soit à c<strong>au</strong>se de nouvelles<br />

invasions de barbares, soit par suite d'épidémies.<br />

D'<strong>au</strong>tres leur succ~dèrent, et c'est ainsi que furent<br />

fondés les trois prieurés de Saint-Pierre, <strong>au</strong> nord-<br />

ouest, sur les ruines de l'ancienne cathédrale d'Albe;<br />

Saitlt-Dlaolin, <strong>au</strong> sud-ouest, et Saint-hhilippe, dans<br />

la vallée de Valvigllêl'es,<br />

Catel (1), parlant d'Aps, dit<br />

(¡ En ce lieu que l'on nomme encore alb paraissent<br />

les ruines de l'ancienne ville Alba, mesme le<br />

palais. les églises ~aiul-pierre et Saint-Martin, et<br />

plusieurs <strong>au</strong>tres édifices, pierres et tombe<strong>au</strong>x <strong>au</strong>cieus.<br />

»<br />

On peut inférer de ce passage que be<strong>au</strong>coup do<br />

ruities, encore apparentes à cette époque (vers 4 630),<br />

ont disparu depuis.<br />

Le marquis de Jovyac écrivait il dom Botirotte, le<br />

(1) Mémoirede l'I1isloirodu Languedoc, p, 5U.


;10<br />

7 septemlH'e 1762 « Lo <strong>com</strong>mandoul' de Gaillard<br />

cadet, qui est fort curiew d'arclteologic, alla l'<strong>au</strong>ll'o<br />

jour à 1\J>s, en venant des e<strong>au</strong>x de Yals, NIacheta<br />

plusieurs médaillrs el releva plusieurs inscriptions.<br />

Il vient de déchiffrer les inscriptions de Jov~'ac, »<br />

c'est-à-diro de quelques hornes milliaires et <strong>au</strong>tres<br />

pierres 11inscriptions que le marquis avait l'nit<br />

transporter <strong>au</strong> clnte<strong>au</strong> de Jo\')'ac.<br />

Lancelol, visitant ilp.9, \'ers 1720, releva deux iuscrip(ions<br />

(citées par l'ctb6GRoticiiier), l'une, dans un<br />

ruisse<strong>au</strong> entre Aps et llvlas, la mémoire de Janun-<br />

ris, el l'<strong>au</strong>tre, dans l'égliso de li floche, r, la mémoire<br />

de Perdulo (1). Il trouva, dans le jardin du<br />

curé, une stalue de Mercure « qui était da (¡,¡')sbail<br />

soûl. »<br />

F<strong>au</strong>jas de Saint-Fond parlo <strong>au</strong>ssi quelque part<br />

d'un 310rcuro en bronze, d'un bon style, qui lui fut<br />

onvoyé daps.<br />

« Les G<strong>au</strong>lois, dit César, ont pOUl'pl'incipole divi-<br />

nild 3lerctiro,'inveiiteui- des arts, guide des covageurs,<br />

dieu protecteur du <strong>com</strong>oercu. Après lui, ils<br />

adorent Apollon, )Iors, ftij)iget- et Hiuerve dont ils<br />

se relit ci peu près la lIIèl1loidée due les <strong>au</strong>lres na-<br />

tions ainsi Apollon guérit les maladies, etc, » (2).<br />

Nous avons eu dvj;t l'occasion de constater due la<br />

(1) AntoineLancelot,membrede l'Académiedes inscriptions<br />

et belles-lettres(1673-17"'0),<br />

(2) Livre3, cllap,18 desComrne~dairer.


31<br />

statue de Mercure est celle qu'on retrouve le plus<br />

frécluemment dal\ l'rlrd~cLe.<br />

Le curé d'Aps écrivait en 1762<br />

« Il n'y a <strong>au</strong>jourd'hui qu'uno église sous 10 vocable<br />

do Saint-André b~lio onviron l'annéo'I615, dans<br />

laquelle les deux curés de Saint-Martin et de Saint-<br />

Pierre font le servico alternativement. On y voit<br />

les ruines des trois églises do Saint-Jfartin, Saint-<br />

I'ierre et Saillt-Plli1ipl'e, <strong>au</strong>trefois paroissiales et col-<br />

Dans lout le terroir, et surtout <strong>au</strong> quartier<br />

appelé le Palais, d'environ un quart de lieue d'é-<br />

tendue, oit voit les l'estes de l'ancienne ville. En<br />

fouillant la terre, il se trouve journellement quanlité<br />

de médailles dont plusieurs sont d'argent, des<br />

urnes pleines de cendres et d'ossl1men(s; on y trouve<br />

<strong>au</strong>ssi des lombeaw bien baltis doliS lesquels il y a<br />

des ossements d'une gl'andeur eYtraordinairc. Il se<br />

voit encore <strong>au</strong>jôurd'hui plusieurs pavés, les uns bien<br />

faits do gramles pierres bien travaill~es, les <strong>au</strong>tres à<br />

la mosaïcluc, plusicurs nqueducs de plomb,do bellcs<br />

colonllcs dont Cfuelque,uncs sont encore entières,<br />

des slatues de bronze et de pierres et bien d'<strong>au</strong>tres<br />

antiquités, UIICinfinité de pièces de marbre, et dans<br />

la tcne de be<strong>au</strong>x glacis. On trouve sous les glacis<br />

d'<strong>au</strong>tres L9timents et du charbon iiiiilés (1).<br />

Il y avait dans 10 mandetnent d'Aps trois percevant<br />

climes, savoir le prieur de Saint-llartiu<br />

(1) Coflccliondulanyucdoc,1.25, Colio17.


32<br />

nommé par le prieur de Saint-Martin du Saùzet (près<br />

Montélimar), le prieur'curé do Saint-Pierre nommé<br />

par l'abbé de Saint-Ruf, et le prieur de Saint-Philippo<br />

nommé par les Bénédictins du Saint-Esprit. Le<br />

curé de Saint-liartin était nommé par le prieur de<br />

Saint-Alartin..<br />

Le prieuré de Saiut-lllartin dépendait des Bénédictins<br />

de Cluny. Nous voyons par la visite qu'y fit<br />

en 1 î93le dél éguéde la maison-mèro, que le prioUl'<br />

de Al~ibtvs ne résidait pas dans son prieuré et ses<br />

moines pas davantago. Injonction leur fut donc faite<br />

par Jo visiteur d'y résider désormais(1),<br />

L'églised'Aps est formée d'une seule nof (lui nous<br />

semble remonter plus h<strong>au</strong>t que la dâte indiquée par<br />

la lettro ci-dessùs du curé d'Aps, Comme la forme<br />

en est passablement irrégulière, une partie des as<br />

sistants fait face <strong>au</strong>x murs latér<strong>au</strong>x plutôt qu'<strong>au</strong><br />

maHre-<strong>au</strong>lel, d'où le dicton local qu'ils r('gol'dent 10<br />

bon Dieu de travers. Le vieux béiiiiiei, en marbro<br />

j<strong>au</strong>ne, orné de quelques sculptures, qui so trouve à<br />

l'entrée, repose sur un tronçon de colonne provenant<br />

des ruines d'Albe, Presque toutes les dalles du<br />

sanctuaire sont <strong>au</strong>ssi despiel'l'us tombales ou <strong>au</strong>tres<br />

débris d'Albe. l'lus d'une sans douto porte des inscriptions<br />

sur ses faces invisibles, Que de traces écrites<br />

de l'ancienne cité tic retrouverait-on pas si l'ou<br />

(1) BiLliotlnque Nationalo-m:lnuscrits, Noucellcs acguisilionslatinu(2270-71),


33<br />

pouvait examiner un à un tous les blocs de pierres<br />

de taille qui ont été utilis4s pour la bâtisse à Aps ou<br />

dans les environs 1 Dans la campagne, toutes les<br />

croix ont pour piédest<strong>au</strong>x de vieux tronçons de colonnes.<br />

L'églised'Aps tombe en ruines presqu'<strong>au</strong>tant que<br />

celles d'Alho. Un vieux table<strong>au</strong> de Saint-Andéol.<br />

diacre, d'<strong>au</strong>tres disent de Saint-Vincent, patron des<br />

vignerons, provenant du prieuré do Saint-Morlin,<br />

porte les traces d'un coup de bayonnello donné sous<br />

la Révolution celte bayounolto inte1ligenta croyait<br />

qu'il y avait quelqu'un derrière Saint-Andéol. Le<br />

table<strong>au</strong> est curieux et ancien on y voit figurer deux<br />

<strong>pays</strong>ans avec le costume de l'époque. Dans la même<br />

est<br />

un table<strong>au</strong> do Parrocel qu'on a abtmé en<br />

le rest<strong>au</strong>rant. Les trois frères Parrocel, (.4,vignon,<br />

ont laissé be<strong>au</strong>coup do table<strong>au</strong>x dispersés dans les<br />

églisesdo Provence.<br />

Sur la façade de la maison d'école à Aps, on voit<br />

uno tète en relief encastrée dans le mur sans doute<br />

celle d'un vieux républicain d'Albe, car l'individu a<br />

l'air revéclie et porte une grando barbe. On distingue<br />

<strong>au</strong>tour de la tète les lettres B RV. le reste est<br />

effacé.Les démocrates de l'endroit ne doutent paa<br />

que ce no soit'un Brutus et lui ont fait plus d'uno<br />

ovation,<br />

Sur le mur opposé de la même maison, on aperçoit<br />

une <strong>au</strong>tre tète de pierre grimaçant sous le toit


34-<br />

jalousie de voisin sans doute, parce que celle-ci n'a<br />

jamais été l'objet d'<strong>au</strong>cune manifestation politique.<br />

En face, encastrée dans le mur d'une outre maison,<br />

est l'inscription de Pinarius Optatus, prêtre des<br />

Lares, reproduite par l'abbé Bouchier.<br />

Sur la place voisine surgit un vieux beffroi portant<br />

les débris d'tiiie horloge en bois.<br />

III<br />

L'ancienne seigneurie d'Aps, qui <strong>com</strong>prenait St-<br />

Pons, Sce<strong>au</strong>tres et Aubignas, appartenait avant le<br />

XIIl'siècle à une noble famille, portant le nom d'Aps,<br />

qui, du reste, la possédaitconjointement avec d'<strong>au</strong>tres<br />

seigneurs, et notamment avec Gir<strong>au</strong>d Adhémar,<br />

seigneur du Teit et Itochom<strong>au</strong>ro.<br />

Au xme siècle, la famille d'Aps avait dO.tomber<br />

en quenouille, car on la trouve remplacée par celle<br />

de Doux-Chions.<br />

Celle-ci restera immortelle, dans l'hisloire du Vivarais,<br />

par un vieil usage dont il serait intéressant<br />

de retrouver l'origine. Culombi (f) rapporte qu'en<br />

12if, l'évêque do Viviers, Sébastien, donna deux<br />

chiens <strong>au</strong> baron d'Aps, et il s'étonne de trouver ce<br />

fait consigné dans les archives de l'évêché, Vingt-un<br />

ans après, l'évêque Aimon donne <strong>au</strong>ssi deux chions<br />

<strong>au</strong> baron d'Aps, et le fait est èncoro consigné dans<br />

.un acto public. Il est donc évident que ce cade<strong>au</strong> de<br />

(t) Columbi,<br />

p, 127et128.


35<br />

deux chiens, fait par les évéques de Viviors <strong>au</strong>x barons<br />

d'Aps, probablement à chaque changement de<br />

baron, était une sorte do tribut résultant de quelque<br />

concession ou d'un service rendu. Et l'on <strong>com</strong>prend<br />

<strong>au</strong>ssi fort bien quo la singularité d'un pareil tribut<br />

ait suffi pour quo 10 nom en restât attaché à la fa"<br />

mille d'Aps. Lo baron do Deux-Chionsavait pour armes<br />

parlantes deux chiens debout. M. Yalentin; de<br />

Montélimar, a un sce<strong>au</strong> on plomb rappelant cette famille.<br />

Les armes des Adhémar sont sur la faco et<br />

colles des Deux-Chiens sur 10 revers. Lgonde<br />

S. Gir<strong>au</strong>di Adccrnarü dni Grahinncini et de Alpibtts.<br />

Commo pendant devco nom bizarre, on peut citer<br />

celui de nobilis Ilernandtts dé septen~ Canibus qui<br />

habitait Mâconon H26 (1).<br />

Pour donner uno idéo do l'oxtrctmo division où<br />

étaiont alors tombées les seigneuries vivaroises<br />

nous nous bornorons à dire quo Pans de Deux-Chions<br />

recevait en ~2iO, d'Agnès de Roc, la douzième<br />

partie du fort do la Itocho d'Aps; en H!45, do Bertrand<br />

do Sce<strong>au</strong>tres, la httitic~mepartie du ehâto<strong>au</strong><br />

d'Aps, et, on 4~.1·9,do Guill<strong>au</strong>me do la Tour, <strong>au</strong>tre<br />

huitième partio do co mbmeichâte<strong>au</strong>. Ellcetto même<br />

année, Pons de Deux-Chionsdonnait à Gir<strong>au</strong>d, seignour<br />

do Monteil, les rhàie<strong>au</strong>x d<strong>au</strong>bignas ot de<br />

Sce<strong>au</strong>tres.<br />

En ~287,Gir<strong>au</strong>d Adnémar, seigneur do Grignan;<br />

(t) La,roi¡.L'Amnldiutm6l" dodfontdli~rtar, t. IV,p. 188.


36<br />

èpousa Blonde do Deux-Chiens, nièce et hérilière de<br />

Pons de Deux-Chiens, qui lui apporta les fiefs d'Aps,<br />

Ajoux, Aubignas, Saint-Pons, la Roche-d'Aps, Saint-<br />

Andéol de Berg et Verfeuil, Le soigneur de Grignan<br />

rendait hommage, du reste, pour ces fiefs, <strong>au</strong>x Gir<strong>au</strong>d<br />

Adhémar,seigneurs do Rochem<strong>au</strong>re (t). Ceux-ci<br />

paraissent jouer dans le <strong>pays</strong>un rôle do plus on plus<br />

important. En t3fO, Gir<strong>au</strong>d hdlrémar, seigneur de<br />

Monteil, lègue à un <strong>au</strong>tre Gir<strong>au</strong>d, son fils unique,<br />

}Jonteil, Rochem<strong>au</strong>re, 10Teil, Aps, la Roche d'Aps,<br />

St-Andéolde Berg, St-Pons, Sce<strong>au</strong>tres, etc.<br />

Les terres d'Aps, la Roche d'Aps, St-Pons et Aubignas,<br />

Í'eslèrent assez longtemps dans la maison des<br />

Adhémar de Grignan, où elles servaient ordinairement<br />

d'apanage <strong>au</strong>x cadets, Grigu<strong>au</strong> restant à l'ainé.<br />

Elles furent l'objet d'un long procès à la fin du<br />

lyl, siècle entre les la B<strong>au</strong>me, <strong>com</strong>tes de Suze, et les<br />

Brunier, seigneurs de Larnage, qui tous deux les revendiquaient<br />

et qui, pendant de longues années, prirent<br />

également le titre do barons d'Aps. Cette baronnie<br />

finit par échoir en 1670à la famille des Montagut,<br />

vi<strong>com</strong>tes de De<strong>au</strong>ne, Je renvoie ceux qui voudraient<br />

en savoir plus long sur ce sujet à l'intéressante étude<br />

qu'a publiée J'abM Fillet dans le Bulletin d'archéologie<br />

de la DrQnre('88,1), Je relèvo seulement, dans cet<br />

article, pour l'édification de mon ami Darbe, que<br />

des libertés et franchises étaient accordées par les<br />

.(2) H4Wrdr d~J(mrlJi<strong>au</strong>cr, parleLaroadeCoaloos t. I, p. t87,


37<br />

seigneurs d'Aps à leurs vass<strong>au</strong>x d'Aps en fttO, et bceux<br />

d'Aubignas en 1303.<br />

En f626, le <strong>com</strong>te d'Aps, se trouvant chez lui<br />

dans l'oisiveté, fit une_partie contre ceux *déPrivas<br />

et de la vallée de Rochess<strong>au</strong>ve, à laquelle il convie<br />

le <strong>com</strong>te de Rochefort son cousin, lesquels ayant<br />

vin- ou vingt-cinq chev<strong>au</strong>x et deux cents hommes<br />

de pied, ils en firent deux embuscadesdans le Coiro'n,<br />

<strong>au</strong>-dessus de ladite vallée de Rochess<strong>au</strong>ve. n<br />

Le <strong>com</strong>te d'Aps fut tué dans cette beUe partie de<br />

plaisir. Ceuxqui trouvent tout naturel qu'on soulève,<br />

les passions religieuses feront bien de relire les Contmentaires<br />

du Soldat dit Vivarais.<br />

La baronnie d'Aps fut vendue <strong>au</strong> <strong>com</strong>te de Rochepierre,<br />

qui en transporta le titre à Saint-Remèze, et<br />

elle passa ensuite à son neveu, le <strong>com</strong>te de Rochemore,<br />

En 1779, les habitants d'Aps refusaient d'acquitter<br />

certaines redevances dues <strong>au</strong> seigneur: quelques<br />

quint<strong>au</strong>x de bois, trois quartes d'aroine, une poule,<br />

un agne<strong>au</strong>.,Ils furent condamnés Il payer. En <strong>com</strong>pa.<br />

rant les charges fiscales de cette époque à celles<br />

d'<strong>au</strong>jourd'hui, on na peut s'empêcher de songer à la<br />

fable des grenouilles qui demandent un Roi. La<br />

nature liumaiiio est ainsi faite: les solive<strong>au</strong>x débonnaires<br />

ne lui suffisont pas; il lui f<strong>au</strong>t des grues qui<br />

la dévorent. Aujourd'hui, le budget dépasse 1rois<br />

milliards et personne ne sait <strong>au</strong> juste.le chitire'do la<br />

deUe publique ètes-votis contents, citoyens?Q


38<br />

Le vieux elièteiu féodal était <strong>au</strong> siècle dernier, en<br />

assez bon état, mais inll[lhité, ce qui no l'empêcha<br />

pas d'éprouver)a violence des passions révolutionnaires.<br />

Il fut livré <strong>au</strong> ]liIlage, Les vieillards du <strong>pays</strong><br />

so rappellent encore cet évènement. Tous les objets<br />

qui n'avaient pas été enlevés, furent vendus <strong>au</strong>x<br />

enchères sur la :,lace publique. On brûla les papiers<br />

ainsi que la bibliothèque qui devait coutenir tant do<br />

documents intéressants pour l'histoire locale. On<br />

alla même jusqu'à s'emparer des pierres do taille qui<br />

servaient de couronnement à l'édifice sous prétexte<br />

de nivellement égalitaire, Finalement, le cliàle<strong>au</strong> fut<br />

vendu lui-mêmo et partagé entre divers acquéreurs.<br />

Un enfant d'Aps, lI. Gaillard, médecin à Lyon, en<br />

a acheté dans ces derniers temps, la plus grande<br />

partie et y a fait exécuter d'importantes réparalions,<br />

qui malheureusernent ont un caractèro plus confortable<br />

qu'artisliquo et jurent par conséquent avec 10<br />

caractère général du monument. Nous avons roruar-<br />

qué dans l'une des nouvelles pièces, deux belles<br />

tables en poirier sculpté qui faisaient, dit-on, partie<br />

de l'ancien mobilier seigneurial. La famille Gaillard<br />

est originairc de Marcols.<br />

Le ch Menuprimilif d'Aps consistait en un simple<br />

donjon carré, avec un cotirtit, <strong>com</strong>me il llirabcl et<br />

Brison, posé sur un massif do basalte qu'un filon<br />

étroit, courant du levant <strong>au</strong> couch<strong>au</strong>t, reHo d'un<br />

côté à la Rocho d'Ahs ct de l'<strong>au</strong>tre <strong>au</strong>x dikes qui S\lut


39<br />

<strong>au</strong> pied du Mont-Juli<strong>au</strong> en face de St-Pons. Lorsque<br />

M. Gaillard <strong>com</strong>mença ses trav<strong>au</strong>x de rest<strong>au</strong>ration,<br />

il était assez facile (le distinguer ce donjon carré <strong>au</strong><br />

milieu des maçonneries en ruines, malgré les modi-<br />

fications qu'il avait subies et il est fàcheux qu'on<br />

n'ait pas songé à l'isoler et à le mettre en relief.<br />

Les observateurs prétendent que le vieux levain<br />

de paganisme révolutionnaire a conservé dans la<br />

région d'Aps une énergie toute particulière, Les<br />

fèles du carnaval y présentaient, du moins il y a<br />

quelques années, des traces de l'ancienne idolâtrie.<br />

On "raconte qu'en 1820 le curé Terme, cédant à un<br />

mouvement d'indignation, s'élança de l'église vers<br />

une farandolo qui venait troubler les prières des<br />

fidèles et d'un coup~de poing enfonça le tambour. On<br />

faillit lui faire un m<strong>au</strong>vais parli, mais le respect<br />

l'oinporta sur le ressentiment et la foule bruyanto ne<br />

tarda pas à so disperser.<br />

Cet obM Terme était un homme des plus remarquables.<br />

Il a été missionnaire et curé de Laluuvesc.<br />

On lui doit la fondation de l'ordre des sœurs do<br />

Saint Régis qui s'est dédoublé depuis et a formé<br />

l'ordre des dames de la Retraite ~à Paris. L'abbé<br />

Termo était du Plagnnl Oll il est retourné pour mourir<br />

le 12 décembre 183t. Les gens d'Aps fernient<br />

be<strong>au</strong>coup mieux de se rappeler les leçons de ce digne<br />

prêtre que de se livrel' <strong>au</strong>x caprices do leur humeur<br />

turbulente. Ils sont allés jusclu'tl l'clltcrremellt civil,


.0<br />

bien <strong>com</strong>prendre probablement co qu'ils fai-<br />

,tliB.Îent.Ils ont trois écoles laïques, y <strong>com</strong>pris la salle<br />

mais J'e<strong>au</strong> leur manque pendant la moitié de<br />

1'~lé; ceux d'entre eux qui sont obligés, pour boire,<br />

cledescendre à JlEscoulay,pensent qu'il etlt été plus<br />

sage de bâtir une école de moins et de créer de<br />

.vraies (ontaines d'<strong>au</strong>tant plus que l'instruction<br />

primaire avec les Frères valait <strong>au</strong> moins celle quo<br />

distribuent les instituteurs laïques. Albo était alimentée<br />

d'e<strong>au</strong> par les sources de la rivière de Sce<strong>au</strong>tres.<br />

Cette rivière fait mouvoir la fabrique de<br />

là. Borne. Ou a songé, dit-on, la conduire à Aps,<br />

mais je n'ai pas ouï dire, depuis ma visite dans ce<br />

village, qu'on y soit parvenu. En attendant, ou se<br />

chamaille ferme à Aps, à propos de ioataines, à propos<br />

d'écoles, à propos de processions, il propos de<br />

tout c'est une continuelle tempêle dans un verre<br />

d'e<strong>au</strong>. Les tètes y pnrlicipent décidément do la nature<br />

volcanique du sol, et co n'est pas 11Aps que jo<br />

conseillerai à un bourgeois aimant la paix d'aller<br />

planler ses choux.


Il<br />

LED~SERTEUR DE 5.%INT-IPONÇ<br />

LaRoctie-d'Aps. La(ont:¡in8du MMl'cÎn,Les terminaisons<br />

acet as. Saint-Pons. L'abbéReboul.Le cabaretde la<br />

Préccnlerie,Un délachcmeDI <strong>au</strong>tricb:en11Aps. Est.ceun<br />

dt'serieur? Saint-Jean-le-Centenier.<br />

SOUSle vieux: clulte<strong>au</strong> féodal (I',11)s est le hame<strong>au</strong><br />

de la Roche, un fragment momifié du moren-âge, Le<br />

village a, en effet, son barri, c'est-à-dire son mur<br />

d'enceinte <strong>com</strong>plet, ce que du Bartas appelle barailles.<br />

La rocbe basaltique isolée qui domino co<br />

village était surmontée d'une tour. On y voit encore<br />

quelques restes de murs oit conduh;aj( un sentier<br />

des plus abruptes, ce qui n'empèchail pas <strong>au</strong>trefois<br />

les conscrits d'y monter en farandole,<br />

Il y a dans le ruissèati de Chabonne, qui vient de<br />

Sainl-Phi1ippo. une source qui porte 10 nom de Foatnine<br />

dit alédecin dont les e<strong>au</strong>x sont réputée!! pour la<br />

guérison les m<strong>au</strong>x d'entrailles, On y va, du restc,<br />

be<strong>au</strong>coup plus en partie de plaisir que dans un llUl<br />

do santé. et il f<strong>au</strong>t bien nvouor que la plupart de ses<br />

visiteurs, les jours do fc%te,ont le soin tl'"romatiser<br />

ses ondes avec de l'altsinthe 0\1de l'anisette. Nous en<br />

bQmes un verro et elle 110\15 parul si douce et si<br />

légère que nous nous domandllmes si soit mérite ne


u<br />

venait pas simplement de son extraordinaire pUl'eté.<br />

Notons ici en pas~ant, que quelques-unes des sources<br />

les plus renommées, Cil Europe, spécialement celles<br />

qu'on emploie contre la gravelle et la pierre, <strong>com</strong>me<br />

Contrexéville, Wittel, Gastein) se distinguent uniquement<br />

par leur pureté et ne laissent à l'analyse <strong>au</strong>cune<br />

trace de subslane0s minérales,<br />

On n'apprécio pas assez les bienfaits de l'e<strong>au</strong> pure,<br />

Si elle ne suffit pas à guérir toutes les maladies, on<br />

peut dire tout <strong>au</strong> moins que c'est le plus universel de<br />

tous les remèdes et qu'un médecin qui s<strong>au</strong>rait<br />

toujours l'appliquer propos et dans la juste mesuro,<br />

étonnerait le moncle par ses succès. Un romancier<br />

a mis ironiqilOmenl en scène 10docteur Sangrado<br />

qui guérissait toutes les maladies avec la snigllée et<br />

l'e<strong>au</strong> clr<strong>au</strong>de. Le docteur ou dit moins sa<br />

moitié "d'e<strong>au</strong> ct<strong>au</strong>de, fait nujourd'Imi fureut' on<br />

Amérique sous le nom de docteur Salisbury. Le praticien<br />

Yankee dit et peul-ètre avec raison quo<br />

l'e<strong>au</strong> ch<strong>au</strong>de excite les mouvements péristaltiques<br />

norm<strong>au</strong>x du canal intestinal, délergo les muqueuses<br />

gastro-intestinales des impuretés qui les recouvrent,<br />

favorise l'écoulerneut normal de la bile et provoque<br />

son élimil1nlinn par les intestins en etnlvcli<strong>au</strong>t son<br />

introcluction dans le sang et son ()xpulsion par la<br />

voie des reins. San~raclo-Salisbury ~tnit hoiro ses<br />

clicnts de l'e<strong>au</strong> clramle la trmpénature titi corps,<br />

c'est-à-dire de 39° a .i.2~.La densité des urincs lui


43<br />

sert do 'guide pour la quantité à faire absorber, quan.<br />

lité qui varie do un quart à trois quarts de litre par<br />

jour. Le traitement dure ordinairement six mois. Je<br />

crains que ce système ait moins de succès dans l'Ardècho<br />

qu'à New-York, Au reste, si l'on songe à la<br />

quantité de tisanes inoffensives qu'absorbent une<br />

foule de malades, en vertu de la médecine tradition-<br />

nelle des ménages, un peut dire que la pratique du<br />

docteur Salisbury n'est pas absolument nouvelle" et<br />

qu'elle rentre, ou peu s'en f<strong>au</strong>t, dans une des lois les<br />

plus guoérales de l'hygiène, Avec de la teml)éraiice,<br />

de l'exercice, de l'e<strong>au</strong> et du soleil, que de malades<br />

qui tic le seraient pas!<br />

La Fonlaine dit ~llédecir:est signalée <strong>com</strong>me purgative<br />

dans la lellre du curé d'AI)s do 1702 et il<br />

paraît qu'elle était alors fort connue. Nous pensons<br />

que c'est d'elle <strong>au</strong>ssi qu'a voulu parler Sonlavie, en<br />

signalant l'existence cl'une source minél'8le ¡{ Yalvi-<br />

gnères (1). Elle mérilorail, dans tous les cas, cl'c!lro<br />

analyséo,<br />

Auhignas, Oll nous revînmes, était un f<strong>au</strong>bourg<br />

on un avant-posto d'Albe, ~(. de St-Audéol suppose<br />

qu'on l'appelait alors allbina. D'<strong>au</strong>tres ont supposé<br />

que son nom lui venait d'~tlba l~nea. Au moyeu-<br />

¡'ge on l'appelaillantÕt ~ilbiyhaci~nn et tantôt ~llbi-<br />

(t) tlinoiroNaturellede la Franceméridionale, l. 2, p. 21t


4~<br />

niacum. Il est 11 remarqner que F<strong>au</strong>jas et Soulavio<br />

disent Attbignac.<br />

Pourquoi, parmi les lIombrel1x noms de lieux do<br />

l'~lrdéche qui, ait moyen-1~e, avaicnt la termiuaison<br />

ac (ou acuna en latin), les uns ont-ils conservé la<br />

finale ac, <strong>com</strong>me S<strong>au</strong>ilhac, L<strong>au</strong>rnc, Chomérac, Orgitac,<br />

tandis que be<strong>au</strong>coup d'<strong>au</strong>tres ont pris la finale<br />

as <strong>com</strong>me Quintonas, Aubignas, etc. ?2<br />

Il est 11remarquer quo la f nalo duro ac a persisté<br />

principalement dans le midi de t<strong>au</strong>dis<br />

qu'elle est devenue as dans le II<strong>au</strong>l-Vi\'nrl1is, 011<br />

même s'est tr<strong>au</strong>formée en icrr, <strong>com</strong>me 11noifiicl1x, Botilieu, Satillien, etc.<br />

Ces rlitT~rwces vicnncnt, croyons-nous, cles I¡¡¡hiludes<br />

locales de lallgage, et vit la r~pu~nance<br />

inslinctivc des bouches h<strong>au</strong>t-vivaroises pour les<br />

consonnes dures, on <strong>com</strong>prend f'ort l~ieu clu'oiles<br />

n'aient pas en besoin de contrainte pour les<br />

ac en ieo et<br />

as.<br />

Il est <strong>au</strong>ssi à remarquer que les<br />

géographes loc<strong>au</strong>x n'ont pas poil contribué à cette<br />

rudcsso (les appellations locales en so 1)~isaiit, 1'°"1'<br />

écrire les noms, bien moins sur la prononciation<br />

]oca]c-


45<br />

t<br />

sa 1<<br />

On a découvert récemment du côté de Sce<strong>au</strong>tres,<br />

située plus li<strong>au</strong>t sur le Coiron, une caverne remplie<br />

de débris d'anim<strong>au</strong>x fossiles.<br />

Dédaignant les gl'andes routes, ce qui est plus<br />

pitloresque mais parfois tries fatig<strong>au</strong>t, nous filâmes<br />

sur St-Jean par un sentier <strong>au</strong> nord du chemin do<br />

fel', Do là, nous doiiiiijàtnes pendant un certain<br />

temps touto la plaine d':lps et, lilellant un peu la<br />

brido à notre imagination, nous ptlmes nous figurer<br />

les Vandales an'i\'ant sur elle du côté de Vogué,<br />

puis l'incendiant altrés l'avoir pillée, tandis que tous<br />

ses abords étaient couverts de malheureux des deux<br />

sexes, fll~'anlle feu et le glaive des bru'baros, Que de<br />

plaintes dtl entendre le sen lier quo nous ~uivions,<br />

et que' de malheureux dont les ossemeuls<br />

aient Lhi fumer ce côté du Coiron Un moment<br />

f<strong>au</strong>t-il le dire? l'illusion chez Barbe fut si<br />

fot'Ie, sous l'impression de nos discours, qu'il s'itna-<br />

Bina un fU}'


46<br />

Dans le ravin de Luol, on aperçoit un gros bloo<br />

-bnsalliquo surgi du sol ou détaché do la montagne,<br />

semblable à celui de la Roche d'Aps qui lui fait visà-vis<br />

là-bas <strong>au</strong> sud.<br />

Dans un <strong>au</strong>tre ravin, le village de St-Pons semble<br />

se dorloter ail soleil.<br />

Nous traversons ce village qui devait étre un des<br />

plus joyeuxpoiutsdo la banlieue d'Albe. St-Ponsavait<br />

du moins une certaine importance, <strong>com</strong>me le prouvont<br />

les nombreuses découvertes archéologiques<br />

qu'on y a faites.<br />

L'e<strong>au</strong> des thermes d'Alba-Augusta venait en partie<br />

de St-Pons, et il y a encore dans ce village des<br />

nomsde rues, <strong>com</strong>me celui de l'Orfévrerie, qui témoi.<br />

gnent de son ancienne qualité de f<strong>au</strong>bourg d'une<br />

capitale. Sur un des plate<strong>au</strong>x qui dominent'St-Pons<br />

à l'est, on montro un camp où les Sarrasins, expulsés<br />

de la vallée du Rhône, seraient venus se réfugier.<br />

Nous avons déjà dit à propos de St-L<strong>au</strong>rent, qu'en<br />

4070, l'évéquede Viviers, Gér<strong>au</strong>d Il, donna les églises<br />

de St-Pons et de SI-L<strong>au</strong>rent à l'abbaye de Pobrac.<br />

En 1626,le 1 janvior, les protestants tentèrent do<br />

s'emparer du châte<strong>au</strong> de St-Pons, mais ils échouèrent<br />

dans leur entreprise,<br />

St-Pons rappelle le souvenir d'un do ces humbles<br />

prétt'es dont la vie toute de dévouement et do sacrificone<br />

fait pas grand bruit dans le monde, mais n'en<br />

ost que plus glorieuse, m0me <strong>au</strong>x yeux des philoso-


.47<br />

plies. L'abbé Etienno Reboul, né à St-Pons, fut<br />

ordonné 1)rL%Iro en 1852. Il onlra dans les Oblats et<br />

fut envo}'é eu mission <strong>au</strong> Canada. Il est mort en<br />

janvier t8i'7 à Hull, dont il avait été en quelquo<br />

sorto le fondateur et où sa mémoire est restée en vénération.<br />

Ne peut-on pas <strong>com</strong>parer l'œuvro du missionnaire<br />

<strong>au</strong> sillon que trace silencieusement le<br />

bœuf dans la terre et d'où sort le grain qui nourrit<br />

les hommes, tandis que 10vent qui fait grand bruit<br />

<strong>au</strong>tour et détruit <strong>au</strong> lieu de produire, figllt'o si bien<br />

les outres vidos et sonores qui s'appellent des avocats<br />

et des politiciens 2<br />

On uous montra sur la placo de l'église l'ancien<br />

prieuré dû Le Io-emetit du prieur avant la<br />

Révolution se <strong>com</strong>p~sait do deux constructions contiguës<br />

qui n'étaient pas do la môme époque. Peu<br />

élevées 1'uiioet l'<strong>au</strong>tre, elles n'avaient <strong>au</strong> midi qu'un<br />

seul étage qui, du côté du nord, so trouvait do nive<strong>au</strong><br />

ovec Je sol do la place. La partie moins ancienne, oit<br />

l'on voit encore l'ontréo principale, avait été bâtio<br />

vers le milieu du une siècle par messiro Jacques<br />

Nwcoyrol, prieur do St-Pons et chanoiue-précentour<br />

(premier chantre) do la cathédrale do Viviers, Son<br />

portrait est <strong>au</strong>jourd~hui conservé <strong>au</strong> presb)'tère do<br />

St-Pons et plusieurs branches do sa famille oxistent<br />

à Viviers ou dans les onvirons sous 10 nom de<br />

Mercoyrolde Beatilieu. Lo prieuré do St-Pons, uni<br />

avec 10titre do chanoino-pr~contour do la cathédrale


~48<br />

de Viviers, fut occupé successivement par plusieurs<br />

membres de la famille Alercorrol de Be<strong>au</strong>lieu. Les<br />

ouailles de messire Jacques avaient l'habitude da<br />

donner à leur pasleur le titre qui lui semblait le<br />

plus honorable. On ne disait pas M. le Priettn, mais<br />

àl. le Préccntet


49<br />

patlrio pour ces ~lr<strong>au</strong>;ers. Si l'ou n'osait pas toujours<br />

tracluire par des acles les sentiments de répulsion<br />

qu'ils isispiraieiit, oit se gênait moins pour les exprimer<br />

en lraroles. Un très-petit lIombre de ces soldats<br />

eomprenaieul quelques inuts ,10 français; <strong>au</strong>cun ne<br />

pouvait entendre lu langage vulgaire du <strong>pays</strong>. Aussi<br />

arrivait-il souvellt que les réllexious les plus malveill<strong>au</strong>tes,<br />

même injurieuses étaient librement<br />

éclronnécs à la des envahisseurs de la France.<br />

Ce lie fut donc pas sans unu grande surprise, mêlée<br />

de quelquo effroi, que les palriotes d'Aps s'aperlJurent<br />

un jour clu'un sons.ol1iciOl' récemment arrivé à<br />

la tête d'un nouve<strong>au</strong> délachement de cavalerie,<br />

<strong>com</strong>prenhit lion seulemont lu français, mais encore<br />

le patois, et mème qu'il le parlait très facilement et<br />

avec plaisÍl', Du reste, ciractère bienveillant, il n'a-<br />

busn jamais do cet avantage pour faire de la peine à<br />

pcrSOllnu, Il c<strong>au</strong>sait volontiers avec les habitants, et<br />

paraissait écontor avec be<strong>au</strong>coup d'intérêt les détails<br />

qu'on lui duunscit, qu'il provoquait parfois lui-même,<br />

sur les familles U'tlps et des environs. Finalement il<br />

nvait gagné toutes les s~'lIJpathie~j sa société était rechcrchéo<br />

de tout lu momie,<br />

Lorsclu'ou lu qucstionnnit sur sa patriu, et qu'on<br />

ui témoignait quclque admiration pour son habileté<br />

n so servir de tant da.langues différentes, il mêlait à<br />

la con\'ot'salion des lermus italiens puis 1 répondait<br />

vaguement quo dans le nord de l'italio on parlait<br />

4


M<br />

presque <strong>com</strong>medans le midi do la Franc~ quil. avait<br />

longtemps fréquenté des prisonniers français, originaires<br />

de la Provence ou du Languedoc, et qu'il<br />

aimait il c<strong>au</strong>ser avec eux, enfin, que dans son <strong>pays</strong><br />

tout 50(aisait <strong>com</strong>me il Aps, Ainsi, ajoutait-il, dans<br />

co moment, 011vendange chez moi r-omineici.<br />

Quel est ce <strong>pays</strong> demanda-t-il un jour <strong>au</strong>-<br />

garde-clwmpdtre d'lps, en lui désignant un village<br />

adossé <strong>au</strong> pied du Coiron.<br />

C'est St-Pons, renommé par son excellent vin<br />

blanc muscat.<br />

Du muscat 1 il f<strong>au</strong>t aller le dégusler, Venez1<br />

c'est moi qui paie.<br />

~lais vous allez seul ? vous lie prenez <strong>au</strong>cun de<br />

vos hommes 9<br />

Non1C'est inutile: parlons 1<br />

A peine en route, le sous-officier perd toute sa<br />

verve et sa loquacité: il dovient ssrieux, puis tout:à.<br />

fait morne et taciturne, Lo garde tente vainement<br />

de lier conversation avec les gens qu'on rencoDtre<br />

iurle chemin, ou dans les vignes qui 'le bordent:<br />

Ancune questions <strong>au</strong>cune ploisalllerie tic peut ititéresser<br />

son <strong>com</strong>~agnon, qui tantôt av¡mca d'un pas<br />

précipité, et tantôt semble hésiter et sur le point de<br />

rebrousser chemin. On lui demande s'il est fatigué<br />

ou malade il répond négativement d'un Ion.dur et<br />

sec; qui ne permet <strong>au</strong>cune réplique,<br />

Le voyage se poursuit donc en silence, el J'on<br />

arrive ainsi sur la peUte place du Plot.


5111<br />

Voici une dit le gard~champ~tre,<br />

nous pouvons entrer.,<br />

Non 1 répondit l'Autrichien visiblement émo-<br />

tionné. Un peu plus loin, nous en trouverons bien<br />

une <strong>au</strong>tre.<br />

Et, sans <strong>au</strong>cune hésitation, il s'engage, dans la<br />

ruelle qui aboutit sur la place de l'église, où se<br />

trouvait le cabaret de 80)'el'.<br />

Les rues du étaient presque désertes; tout<br />

le monde travaillait à la vendange. Boyer, sa<br />

femine, ses ouf<strong>au</strong>ts, étaient, <strong>com</strong>me les <strong>au</strong>tres, occupés<br />

à leurs vignes. Ils avaient laissé l'<strong>au</strong>berge sous<br />

la garcle de la vieille mire, dont les yeux, <strong>com</strong>me.<br />

les jambes, étaient fort ,Waiblis par l'nge,<br />

Le sous-utlicier, suivi par le garde-c6ampèlre stu-<br />

pétait, entre dans la salle do la Précetiterie, puis<br />

dans la cuisino qui venait après et, sans s'y arrêter,<br />

pénètro dans la pièce du fond oit il s~ jette sur un<br />

siège, près d'unc table, en s'appu~'ant la têle dans les<br />

mains.<br />

La'vieille cabaretière, surprise, presque effrayée,<br />

suit en lrcmbl<strong>au</strong>t cet étranao visiteur, Le garde lui<br />

demande une bouteille de muscat, qu'elle apporte<br />

avec dos verres; liuis elle 50 Mie do revclIÎI' d<strong>au</strong>s la<br />

premièro salle. Elle 50 sontail mal à l'aise avec ct'<br />

soldat étranger.<br />

Celui-ci, sur l'invil¡¡tion réiléréo de son <strong>com</strong>pagnou,<br />

relèvo enfin la tète et saisit sou verre plein. Au


52<br />

moment de le porter à ses lèvres, un sanglot élouffé<br />

soulève sa poilrine, el, sans avoir bu, il laisse re-<br />

tomber sa tète sur la lahle, Le gardo n'o!>eplus rien<br />

dire un souvenir et un soupçon viennent de tra-<br />

verser son esprit il se demande s'il doit immédiatement<br />

éclaircir ce m)'stère, Mais avant qu'il ait eu le<br />

temps tlo réfléchir, le. sotis-oiricier se relève, tirant<br />

fortéinent sa visière sur ses yeux pleills de larmes.<br />

Il jette une pièce d'argent sur la table, puis, du ton<br />

d'un homme qui vient de prendre une résolution<br />

violente, il s'écrie CI.Misérable que je suis j'ai<br />

CIabatidoniié mes soldats sans chef, ait milieu d'un<br />

CI <strong>pays</strong> ennemi. Vite en route 1 Il Et il part en<br />

courant.<br />

Vainement 10 girde-eliaml)ètro veut le laisser aller<br />

tout seul l'Autrichien l'oblige à le suivre. Tout en<br />

marchant rapidement vers Aps, il affecte cette fois<br />

de parler be<strong>au</strong>coup, de parler sans c~sse, de parler<br />

fo'rl. Ce fut le tuur du garde de se taire et de ré-<br />

Iléchir. Ses réflexions no firent quo confirmer ses<br />

premiers soupçons. D~s 10 !endemain il revint à.<br />

SI-Pons, pour raconter tous les détails de cette aventuro<br />

extraordinairo <strong>au</strong> cabaretier do la Précenterje,<br />

Boyer avait eu un fils alné, qui était parti du <strong>pays</strong><br />

dupuis une quinzaine d'années environ. Comme<br />

presque tous les jeunes ~ens valides de celle époque,<br />

il avait été appelé sous les drape<strong>au</strong>x, et s'en était<br />

allé guerroyer on diverses contrées do l'Europe. A


53<br />

la suite d'une C3mp¡¡gno, il cessa do donner de ses<br />

nouvelles. Peu de temps après, un de ses <strong>com</strong>pagnons<br />

d'armes, enfant de St-Pons <strong>com</strong>me lui, apprit<br />

à ses parents quo 10 jeune Boyer avait disparu dans<br />

un <strong>com</strong>bat., Etait-ce lino 'grande bataille, ou une<br />

simple escarmouche, ou peut-ètre seulement une<br />

marche périlleuse à travers un <strong>pays</strong> ennemi ? on<br />

l'ignore. Son corps avait dù dire jeté, avec tant<br />

d'<strong>au</strong>tres, dans une de ces vastes tranchées, qui recevaieut<br />

pèle-mèle les restes des enfants do la Franco<br />

et ceux de leurs adversaires. Le silence et presque<br />

l'oubli se firent peu à peu sur cette nouvelle "iclime<br />

de la guerre, Tant de mères pleuraient alors leurs<br />

eufant.s moissonnés à la fleUl'do l'alge lIant de pères,<br />

privés de leur soutien, gémissaient sous le poids des<br />

ans et du travail 1<br />

Or, ce fils que la famille Boyer avait pleuré, qu'elle<br />

avait cru dire mort glorieusement en défendant le<br />

drape<strong>au</strong> de la Franco, ii'était-co pas celui-là qu'on<br />

avait vu sous l'uniforme <strong>au</strong>trichien, s'asseoir un instant<br />

<strong>au</strong> foyer de la Préccnterie 1 A celle pensée, tout<br />

le patriotismo du porc Doyer se révolte. Son fils dans<br />

les rangs des envahis50Ul'S de la patrie 1 son fils cumbattant<br />

avec l'étranger et refoulant les défenseurs de<br />

la Franco 1 Cela ne pouvait dire 1 Ne serait-ce pas le<br />

<strong>com</strong>blo du cl~suonneur et do la honte pour toule sa<br />

famille ? Aussi défendit-il <strong>au</strong> garde d'aps do faire<br />

part de ses sonpçons à personne, etsUl'tollt d'on rien


51<br />

dire à ce soldat, dont il n'avait pas rougi do faire son<br />

<strong>com</strong>pagnon,<br />

L'amour paternel cependant ne tarda pas à J'em-<br />

porter sur le patriotisme, dans lu cœur de Boyer.<br />

Etait-ce bien son fils qui était venu pleurOl' sous le<br />

toit de la famille, désormais horciuc pour lui Après<br />

tout, son fils élait-il un traUre? avait-il abandonné<br />

lâchement son poste plutôt que de pél'ÎI' les armes à<br />

la main? Rien ne le prouvail. Ne pouvait-il pas<br />

avoir été blessé en faisant vaillamment son devoir 2<br />

Abandonné, <strong>com</strong>me tant d'<strong>au</strong>tres, (tue l'on avait cru<br />

frappés mortellement, il pu être recueilli par<br />

une personne charitable, itétabli après une longue<br />

convalescence, seul et sans l'eSSOIll'ce.à quelques<br />

centaines de lieues de son <strong>pays</strong>, ne pouvant écrire à<br />

sa famille, était-il donc bien coupable, d'avoir<br />

accepté du service dans une armée étrangère La<br />

paix avait été signée sans (lente ce moment: <strong>com</strong>ment<br />

pouvait-il deviner qu'il serait hientôt forcé do<br />

porter les armes contre sa patrie? Et si cette viclime<br />

d'une atfreuse fatalité n'osait avoner sa honte, tant<br />

le sentiment de l'honneur cl du patriotisme était<br />

encore vivant dans son cœ\1l', fallail-il le rebuter?<br />

n'était-il pas permis de lui faire eutenclre une parolo<br />

de pardon et d'enconragemenl ?2<br />

Ces réflexions calmèrent peu 11 puu le liroiiiier<br />

sentiment de courroux du pèl'e O(lrer, Deux jours<br />

après, c'était un dim<strong>au</strong>cbé matin, il appela son plus


55<br />

jeune fils Baptiste. Celui-ci, ~gé do seize <strong>au</strong> dix-sept<br />

ans, était à peine né, lorsque son grand frèro avait<br />

été appelé sous, les drape<strong>au</strong>x. Il ne pouvait donc le<br />

reconnaître. un camarado de l'ancien soldat de<br />

l'Empire, qui avait ses traits gravés dans la mémoire,<br />

se (I'accoinpa-ner le jeune homme.<br />

L'<strong>au</strong>bergiste les envoya tous les deux à Aps, avec<br />

ordre do chercher à voir 10 sous-officier <strong>au</strong>trichien<br />

en tète-â-tète, de lui promellrc toute la discrétion<br />

nécessaire, do l'ot~liger enfin à dire s'il était véritablement<br />

celui qu'on supposait.<br />

En arrivant 3 .lps, les deux envoyés apprirent que<br />

tous les Alllrichiens étaient à la messe, qui venait<br />

de <strong>com</strong>mencer: ils se rendirent donc à l'église, Le<br />

sous-officier et ses soldats occupaient le premier<br />

rang do la place réservée <strong>au</strong>x hommes. Derdère<br />

eux, une masse <strong>com</strong>pacte remplissait tout l'espace<br />

jusqu'à la porte impossible de pénétrer bien avant.<br />

Ayant réussi cependant à se mettre en évidence, en<br />

montant sur ulle marche d'escalier, J'habitant de<br />

St-Pons prononça quelques paroles presque à h<strong>au</strong>le<br />

voix, Ainsi qu'il l'avait prévu, le sotis-ofricier <strong>au</strong>tri-<br />

trichien se retourna vivement à ce bruit insolite,<br />

Mais à peine eut-il rencontré ce r(1gard fixé sur lui,<br />

co visage plein de bienveillanco déji, et qui s'éclaira<br />

soudain d'un sourire presqu'imperceptiblo, qu'il se<br />

détourna plus vivement encore, A la sortio de l'offico,<br />

il passa froid et impassiblo à côté des deux étrangers,<br />

qui purent cependnllt 10considérer plus à l'aise.


Õ6<br />

C'est ton fr~re, dit à Baptiste son <strong>com</strong>pagnon<br />

très-certainement avant qu:il soit nuit, nous lui parlerons.<br />

Tu l'embrassel't1s, et nous nous entendrons<br />

avec lui pour qu'il vienne passer quelques moments<br />

dans sa famille.<br />

Après la messe, les Autriclrieus prenaient leur<br />

repas. Puis le chef du délielicinemeiit reçut des<br />

ordres; il se rendit chez le maire il y avait des<br />

pièces à remplir, qui demandèrent un temps assez<br />

considérable, Les cavaliers <strong>au</strong>triclriens, consignés<br />

dans leurs lu-emeiits, pansaient leurs chev<strong>au</strong>x, c<strong>au</strong>sant<br />

vivement el saiment entre eux, sans que personne<br />

<strong>com</strong>prit rien il leur conversation. Les Labitanis<br />

d'Aps se clispersèrent dans les cabarets; ceux de St-<br />

Pons firent <strong>com</strong>me eux, espérant réussir un peu<br />

plus tard à remplir leur mission, Bientôt la rue<br />

retentit sous le pas des eliev<strong>au</strong>x du détachement.<br />

Les Autrichiens rentraient à Montélimar, d'on leur<br />

régiment partit quelques jours après.<br />

Personne depuis lors n'entendit plus parler de<br />

celui que quelques-uns appelèrent dès lors le Déserleut·<br />

de Sl-Pons )Jtait-co bien un déserteur Be<strong>au</strong>-<br />

coup degens prétendirent après coup l'avoir reconnu,<br />

mais l'imagination fait voir tant de choses qui ne<br />

sont pas, surtout quand il s'agit d'un visage quo<br />

personne n'avait l'eVII depuis quinze ai)s. Les circonStances<br />

que nous venons de rapporter, cl'après le<br />

témoignage de Baptiste Doyer lui-mèll1l1, 11101'1en


57<br />

1877, sont certaines, mais il f<strong>au</strong>t bien avouer qu'elles<br />

ne sont pas décisives, D'ailleurs, nous devons 3jouter<br />

que le père Mazoyer, décédé plus que centenaire, à<br />

St-Jean, a toujours affirmé que l'alné Boyer, son<br />

<strong>com</strong>pagnon d'3nI1CS, était mort sur le champ de<br />

bataille.<br />

Tout en c<strong>au</strong>sant,<br />


58<br />

Thib<strong>au</strong>d de Barjac, mari de Bonne de Nicolaï, poss6dait<br />

des biens à 31on'téliiiiar en lai~8. Les Darjac<br />

avaient donné leur nom et celui de leur fief ù un<br />

quartier qui leur appartenait, sur la route de Roctem<strong>au</strong>re<br />

à Ilotitéliniar (1).<br />

Nous montames les rampes de ltontbrul jusqu'à<br />

mi-chemin des Balmes pour examiner le' dépôt de<br />

cailloux roulés que coupe la roule et qui rlémontre<br />

l'existence d'un cours d'e<strong>au</strong> antérieur <strong>au</strong>x coulées<br />

volcaniques (lit Coiron. Nous avons déjà eu l'occasion<br />

de dire que ces cailloux nI.'diffèreiit pas de ceux que<br />

roule encore l' .\rdèche,<br />

Sur la montagne de Maillas ou Jastres, <strong>au</strong> flanc de<br />

laquelle zigzaguent les raiiil)es de Montbl'lll, on petit<br />

voir les, vestiges de l'ancien camp romain qui, de ce<br />

côté, pl'otégcait Alhe et qui, 1),tr~tît-il,avait été <strong>au</strong>trefois<br />

un' campement celtique.<br />

Dans celle région les oreilles tintent de mille<br />

souvenirs liistoriqties. C'est le grand carrefour des<br />

batailles helviennes et vivaroises. Pour le philo-<br />

soplie, Albe n'est pas morte et tout esprit un peu<br />

cultivé a dans son imagination une fée puissante pour<br />

la faire sortir dit tombe<strong>au</strong>, Du sommet do 1(aillas,<br />

je montrai fi Barbe la direction des cinq grandes<br />

voies pavées (cami /'errat) conduisant rl'~llbo fi Lyon,<br />

Arles, Nimes, Mende et Gergovie, et dont eliacune a<br />

laissé les traces d'un pont sur Frayol. l'Escoalay,<br />

(1) llia(airedo JIontEfirnar,<br />

par te baronde Coston,t. 2, p, 68.


59<br />

Claduègne et l'Auzou. Nous évoqu1mes les anciens<br />

temps nous vîmes Clirocus, roi des Vandales, venant<br />

de la Lozère oit il avait délruit Javols, se précipiter<br />

sur Albe el la livrer <strong>au</strong>x Ilamrues après en avoir<br />

eUerminé tou~ les habitants, Nous assist3mes, en<br />

esprit, a la longue destruction que le temps niveleur<br />

fit subir à la ville ruinée: nous vÎmcs les ronces, les<br />

Ill'dws, les a "'mstes, puis les moissons annuelles se<br />

~ucculer ;i la surface oplïmie des dé<strong>com</strong>bres, et des<br />

générations de chêncs, de noyers el de mtlriers<br />

pousser dans les feutes de ses édifices minés,<br />

Le moyen-ilge vint peu à peu substituer la civili-<br />

sation chrétienne <strong>au</strong> vieux monde païen, Les<br />

moines donnèl'ent l'exemple du défriclternent, et tout<br />

un peuple d'agriculteurs vint se logel' <strong>au</strong>tour des<br />

églises el des monastères. Comme l'abus se glisse<br />

dans toutes les choses Lumaioes, l')J~lise et les ordres<br />

religieux se relèchèreutdes rigneurs primitives et la'<br />

nMùl'me pUl'itaine, <strong>com</strong>pliquées dcs i-aiieuties et am-<br />

bitions seiglwurialcs, mit le <strong>pays</strong> sens dessus dessous.<br />

Les morts d'Albe hurent enlendre les /¡atailles des<br />

prolcstnnts l'I des catltolidues, car on se batlit souv~nt<br />

et jusqu'à 10 fin deux pas de leur cercueil à<br />

la Gorce, Villeneuve et llirabel. Olivier de Serres<br />

ltti-n.éme, malgré son ér<strong>au</strong>d esprit, fut emporté<br />

dans cette mèléc ftii-ietis(~cl l'Uisluire impartiale est<br />

fort disposée à voir en lui ce capitaine Pl'lldel qui<br />

reprit <strong>au</strong>x catholiques en 1573.


60<br />

Uno invasion, cello-Ià toute~acifiquo, viont cloro<br />

cette lugubro sério do yeurlres el d'iniquit6s, et ici<br />

l'on peut sans craindre do contradiction, glorifior 10<br />

Père de l'ogriculturo française, C'est lui, en effet,<br />

qui, par ses 6crits et son exemple, n donné 10 plus<br />

vif essor à la cultnre du mtlrier et à l'introduclion<br />

du ver à soio en Franco,<br />

Nous sommes allés déjà ait Pl'odel, ami Barbo,<br />

honorer l'<strong>au</strong>leUl' do cette grantle et pacifiquo révolution.<br />

Allons à Villeneuve saluer sa statue. Celle-là<br />

survivra Ii toutes IC1I quorelles civiles, parco qu'clio<br />

est, non 10 produit des passions politiques, mais 10<br />

triomphe do la \'io agricolo et dit ménage des<br />

champs,<br />

III<br />

VILLENEUVE-DE-BERG<br />

Tourn~net Turnus. Les moustiques. La grange do nerg,<br />

Le p3réagodo U8!, L'ancienne ville. La maisonIlolrnul!, Villeneuvependant les guerres reliôicusea. Louis do la<br />

Mollode Clmlendar: Les prisons. L'181i.Oparoissiale,<br />

La r,13isonlIarrucl. La familleBcrtopo. La statue d'Olivicr,<br />

Ce qu'cllo peeae. Vins de Monlileury, Les ,'oleurado<br />

raisins. L,'s giLe,r.Les fourchcapalibulaire..10 Manlloubier.<br />

Processionspour la pluie. La chapelle des Sept-Douleur.,<br />

L'école bique et l'école .11."Frères.<br />

Villolictivo est ait sommet trUno colline, à 7uotro<br />

kiloniétnes environ dit elieiiiiil do for qui passe<br />

à ses


fil(<br />

IJieds, En sUÍ\'ant la belle mOllfllequi r conduit, on<br />

pout voir non loin de la glll'O,dons un ravin b g<strong>au</strong>che,<br />

10 long lilon volcaniquo do 10Cholllllrclle110ntparle<br />

Foujas, On dirait un mur l~run. Il ressort \111instant<br />

de tor.'o dans le chllmp voisin ci \'11rvlrnrnilro<br />

ensuite be<strong>au</strong>coup plus loin.<br />

Aviiiitd'entrer ù Villenou\'e, on laisse il clroilo la<br />

route do Tournon, Cello localité esl plus anclellno<br />

que Villeneuve. Les savants de villago 10 font 1'0monter<br />

à Turiitis, co qui doit siugulibroment flotter<br />

Virgile ni co polin lui ¡Jtll'lenl dans l'nutre monde,<br />

D'<strong>au</strong>tres croient cluo Tournon est une calonio do<br />

Ber¡;oiuto (le l3ourg-St-Ancléol) ci que son 110111<br />

lui vlont de sn belle fontaine clui <strong>au</strong>rait, <strong>com</strong>me<br />

celle du Uourg, porté le 110111 de Tourne.<br />

P<strong>au</strong>vre Cette<br />

ancienno cnpitnlo<br />

jmliciniro du VÍ\'OI'oisest de plus en plus dé-<br />

Inis,6e ot l'oit lteut prévoir lutl'm)!Soilla \llup;lI'1do<br />

ses habitants abandonneront leurs domoures cummo<br />

ccux (lit vieux Ilocirecalomhu, (lit \'ieux nochomnure<br />

et du Chastelns de Vallon, pour \'enÎl' s'établir<br />

eux aboi-ds du chemin (le for, Ils y gogneront <strong>au</strong><br />

moins d'èll'o délHWI'I\ssé5dos moustiquos, car VillelIeuvo,<br />

sur co point tic 10 cède en rien it Vallon, et à<br />

Auhonds. Les moustiques. continu le clrôlcSrn,liaiment<br />

pis les lyv d'eoux \'Ives et hrbfvrenl ceux où<br />

l'on boit des e<strong>au</strong>x de citernes, Aussisont-ils toujours<br />

plus abondants <strong>au</strong>x (lu'<strong>au</strong>x étog05


112<br />

élevés des maisons, Ces pofiles Mlos hiquent <strong>au</strong>ssi<br />

de pl'Óférencoles nouvenw venus et épargnent les<br />

indigèncs. Est-ce amouu de la uouw<strong>au</strong>tb ou puro<br />

malico Dans tous les cns, les gens do la muntaguu,<br />

avec leur figuro sont pOUl'eux. une proio<br />

opp6lissanto.<br />

Tout 10mondo coumlt 1'liistoirti oncienne do \1lenouve.<br />

Un momhro de la f<strong>au</strong>~ille de Vogué avait<br />

donné nux moines do <strong>Mazon</strong>lo domnino de Derg (toutes<br />

les grandns ttloayes du la montogno ovaiont des<br />

colonies (taris lu bas <strong>pays</strong>, <strong>au</strong>tant pour leurs provi.<br />

sions do fruits el do vin (tirepuur 10s6jolll'des FrJres<br />

malades,) Les religieux do ~Iaznus'Ótahlh'enl il la<br />

nt6lairio, encore appoléo la Grnngodo Ders, qui est<br />

située jlltro la colline du l>ovoisel 10mont Juli<strong>au</strong>,<br />

nu bord du lo.onl de ltanncl cttio propriété nppnrtient<br />

<strong>au</strong>jourd'hui il ~I. Alexis Saluùin, de St-Jusl,<br />

Mais les moines élnienl lit fOl'1wposu <strong>au</strong>x vuxaliuns<br />

cl titixrapines du fiel's l'l (lit quarl, sans cumlriur les<br />

envahisseurs étrnllgllrs, car, une lettre ùu curé do<br />

St,Al\!léol (1) rappurlo que la Grnngu do 1)url; fut<br />

Wtruito « les uns disent par les les <strong>au</strong>tres<br />

par les Sarrasins. ~sl'our se 1IIl'Ilroen 5\\rolé, les<br />

moiues su virnnt obligës 110construire un petit fort<br />

qui dovlnt lu uuyttu nil%iiiedo Villoneuve, Ce fort<br />

(1) Voir10ouvti-o<br />

de &l,l'aLh6&lo!lior:<br />

Rechtrchuhfdori'lllcS <strong>au</strong>r <strong>au</strong>quel<br />

nousbisou<br />

donombreuiemprunlsdans ce chapitre,Cetourragaa parub<br />

",i8nonchezAuunelen 1800.


63<br />

avait quatre tours, dont trois, plu5 ou moins romaniées,<br />

uxistont oncoro l'uno esllo tour dll Templo,<br />

prbs do la statue d'Olivier du Serres; i J'<strong>au</strong>tro,10tour<br />

do la I3ougotlo,et la troisième, la' tourdo l'Horloge i<br />

la quntriùme a été l'emplocéo nnr 10 clocher octuel,<br />

Uno galerie rolinit ces quatre tours pour fncililer la<br />

défonso, Lo fort n'nvait qu'une seule (101'10, etitro lit<br />

'DougoUoet~1'lloi-10-o, là 011 passe <strong>au</strong>jourd'hui la<br />

srand'I'outo,<br />

'Le fOl't do Borg ~orv3il d'asile éventuel <strong>au</strong>x<br />

religieux, mais n'empèchaÎl pas mallreurousemont<br />

leurs tel'l'OSd'dlro pillées, tantôt pal' les selglleul's<br />

ot tantôt par les pnysnus des uuvirons. Do graves<br />

ci6m~lss surgircul, notnmmout avec les liabitatils<br />

do St-Andéol qui allérenl unu foisjusqu'h moltro la<br />

Grnngu de l3erg h sac cil lunnt plusieurs religieux.<br />

Il rttstilte dos l'I'glsh'úsconsulaires de cette <strong>com</strong>munnul6<br />

quo l'ohM du MOlonpardonna <strong>au</strong>x iiictiririet-9,<br />

!liais en imposnnt nux consuls do 5l-And~ol l'obligalion<br />

do su rOl1lh'oil Malon <strong>au</strong>x fdtosdu l'Asconslonet<br />

do l'Assomption ut du 50 présonter Î\ lit grollll'porto<br />

du monostèro, en chemiso et 10corde ait cou, pour<br />

èli-acotidtiiis ninsi jusqu'nu mnitre-nutol do l'égliso<br />

et y demander hardun do lotir crimo.<br />

l'our moUro un terme <strong>au</strong>x voxiiiietis dont ils<br />

dtaicul l'objet, les moines c~ercinront un protccteur<br />

puissant ct Pl'oposèrontà St-Louisdu fomler uno \'1110<br />

juiguonl leur fOI'!01d')' uttablirune juridiction ro)'alo


6i<br />

en partageant l'<strong>au</strong>torité et les reveuus. Le roi accepta<br />

l'olTre, mois l'acte de pnl'éa¡.;ene fut conclu qu'en<br />

~28l sous Philippe le IIardi. C'est un des plus gl'ands<br />

événements de l'ltisloiro du Vivarais, puisqu'il iutroduisit<br />

la jilstice royale dans un <strong>pays</strong> trop livré<br />

jusque-là à l'arbitraire féodal.<br />

Une ,'ille viut donc s'nccolel' à l'ancien forl. Elle<br />

formail un rectangle très reconnaissable <strong>au</strong>x quatre<br />

lours principah's qui en warquaieul les angles, et<br />

dont deux, la tour du Temple el collequi est devenue<br />

le clocher do la paroisse, faisaient partie du fort<br />

primitif, La troisiémo est la 1f)l1l' ronde que l'on remal'que<br />

à J'esl. La yualrivmo fait partie da la maison<br />

Heyr<strong>au</strong>d achetée <strong>au</strong>x Taveritol qui la lenaient euxmômes<br />

des barons do la Itoclie. La halle actuelle<br />

était donc en dehors de l'enceinte.<br />

La maison lIeYl'Oud,dont il s'agit ici, a subi de<br />

numbreuses modificalions depuis. La chamLro où<br />

coucha LouisXIII en t729 a mbme disparu, ainsi que<br />

Je be<strong>au</strong> ltorlail, d'urdrc corinthien, supporté par<br />

deux colonnes du chaquecôté, (lui a été sacl'Îlié pour<br />

faire do belles dovanlurcs de I11i1~LS1115.<br />

La prosloriU de Yilleneuve, devenue ville royale,<br />

indépend<strong>au</strong>le des Etats du Vivarais ct des Etats du<br />

Languedoc, s'acerut raph.lulI1cnt ci l'on peut dire<br />

qu'elle n été pondant plusieurs siècles la vraie capitole<br />

du Vivarais.<br />

En II)ars 36 l, lieuri fi créa à Nimcs un JJI'ésilIial


65<br />

<strong>au</strong>quel tout le Vivarais était uni. Ce fut un grand<br />

malheur pour 10 <strong>pays</strong>. La bailliage, se trouvant<br />

paralysé par les empiètomentsdu présidial de Nimes,<br />

la séeurité I)ublique diminua, et peut-èlre cet incidant<br />

contribua-t-il à la désaffection géntirale qui s~<br />

traduisit bientôt après par les troubles politicoreligieux<br />

où Villeneu\'o no joua que trop un 1'010<br />

actif. Les protestanls y furent les maRres pendant<br />

longtempsde (1562à 1621), s<strong>au</strong>Cuno petile interruPtion<br />

de quelquesmois en 1512. Lors de la Saint.<br />

Bal'Ihélemy, les protestanls et les' catholiques de<br />

Villeneuve avaient convenu entre eux de rester unis<br />

et de se défendre les tins les <strong>au</strong>tres pour résister <strong>au</strong>x<br />

massacres. Chaque parti avait choisi un capitaine de<br />

sa religion et chacun cloces officiers faisait les rondes<br />

et les revues tour tour, le calholique veillant sur<br />

les pl'olestants et le protestant sur les catholiques. Le<br />

lieutenant-général du bailliage, Louis de la 3lotlie<br />

de Chalendar, paraU avoir be<strong>au</strong>coup contribué à<br />

cette œuvro do conciliation et sa mémoire doit à ce<br />

titre restor glorieuse parmi nous.<br />

AI. de Logères vint sur ces entrefaites prendro<br />

possession de Villeneuve <strong>au</strong> nom du roi. Mais son<br />

triomphe ne fut pas long, car le capitaine des pro.<br />

testants, un nommé Baron, qui s'était réfugié à'<br />

Mirabel, surPrit la ville deux meis après, de concert<br />

avec un <strong>au</strong>tre gentilhomme appelé Pradel, et leurs<br />

hommes <strong>com</strong>mirent d'offreux massacres.


66<br />

Ouvrons ici une parenthèse il propos de oe Cameux<br />

Pradel. in'ost-ce P?S Olivier do Senes que les chroniques<br />

du temps ont voulu désigner sous ce nom 2<br />

Cettequestion a été agitée doux ou trois fois dans les<br />

journ<strong>au</strong>x do l'Ardèche, et il nous semble qu'à déf<strong>au</strong>t<br />

do témoignages nouve<strong>au</strong>x,qui liese sont posl)roduits,<br />

il était parfaitoment inutile d'y l'cvenÏ1'après la<br />

discussion à fond qui a ou lieu sur co mdmo sujet<br />

dans l'Echo de Isn (1), discusssion tltii peut se<br />

résumer ainsi<br />

JI est proboblo, non pas certain toutefois, que co<br />

Prade1était, on effet, l'<strong>au</strong>lelll' du TJiédlred'Agriculture,<br />

mais rien no prouve qu'il ait participé directe,ment<br />

ou indircetement <strong>au</strong>x horribles excès qui<br />

ac<strong>com</strong>pagnèrent ce succès do ses coreligionnaires,<br />

Ainsi quo 10fait justomont remorquor M. Eugène<br />

Villard, « si l'on obsorvo que le si01ll' do Logères<br />

était venu, quelques mois aUplII'a\'ant,s'emparer do<br />

Villeneuve et y introdoiro une garnison catholique,<br />

le coup do main du mars 1673so l'ésoul en un fait<br />

do 8uerro dont les suites, si déplorables qu'elles<br />

soient,llo peuvent ôtre mises Illa1chal' godu chef IH'Otostant.<br />

Dans les temps do luttes intcslines, le meurtre<br />

d'<strong>au</strong>jourd'hui provoclue l'assassinat do demain<br />

vengeance et représailles, voilà le rève des partis<br />

(t) VoirTschodel'Arclèche des 2! ct !4 :lOdl,Il, n el 20<br />

septembre, 4 et f octobre1872,


67<br />

tour tour abattus et triompliatits. La responsabilité<br />

de tels culmes retombe sur cet Ótre impersonnel,<br />

enclin à toutes les ivcesses, même à celle du sang,<br />

qui s'appelle la sohlatesque ou la populace (~), 10<br />

Le duc de Montmorency rendit définitivement<br />

Villeneuve <strong>au</strong>x ~atho1iques en G2i,<br />

Louis XlVétablit Villeneuve en i Gi6et i 657une<br />

cour présidialo. Plus tard, celle ville devint le siège<br />

d'lino moUdso des e<strong>au</strong>x- et forêts dont le ressort<br />

embrassoit Je Vivarais, 10Velay<br />

et 10diocèse d'Uzès,<br />

Les anciensrcmpal'ts de Villeneuvo existent encore<br />

en partie, Lo palais de l'aricienno cour royale est<br />

devenu' la mairie. C'est un fort modesto bàtiinent qui<br />

no,répond guère à l'importance de l'<strong>au</strong>torité qui y<br />

a siégé si longtemps. Il servait <strong>au</strong>ssi de prison et J'on<br />

s'dlonne, en voyant la solidité des murailles, que les<br />

6vasions y fussent si fréquentes, Une série de cachots<br />

porte le nom de Purgaloite c'était le lieu réser vé<strong>au</strong>x<br />

coridanitiés à temps et <strong>au</strong>x I)révoi)us. L'<strong>au</strong>tre série<br />

qui <strong>com</strong>prend un vasto cachot oit J'on voyait encore<br />

les ceps, il y a quelques années, était réservée <strong>au</strong>x<br />

condamnés à mort et portait le nom d'Bn/er. Tousles<br />

tnurs sont formés d'énormes blocs calcaires do la<br />

Villedieu. On remorque dans lenter un des blocs<br />

qui est descellé et sorli de quelques centimètres de<br />

(ij Olicierda Serreaet aon<strong>au</strong>or~,p. 2.


68<br />

son alvéol~: c'est le travail d'un prisonnier qui<br />

cherchait à s'évader, Il fallait ù ce malheureux une<br />

grande patience, el il devait avoir un instrumellt<br />

solide el un rude poignet. Et\l-il réussi à arracher le<br />

bloc, il n'<strong>au</strong>rait pu s'évnder, car derrière le mur qu'il<br />

voulait ouvrir se trouvait encore un cachot. Un <strong>au</strong>tre<br />

prisonnier tenta de s'échopper par un égot\t qui passe<br />

sous les cachots, mais sans succès. L'égotit est trvsélroit<br />

et sa longueur de quatre à cinq cenls tnètras.<br />

Le fugitif était à moitié asphyxié quand on le rcs-<br />

saisit.<br />

L'église paroissiale de Villencuve dale de la canonisation<br />

de St-Louis et lui fut consacrée <strong>com</strong>me <strong>au</strong><br />

bienfaiteur du <strong>pays</strong>, mais elle a suhi, depuis, bien<br />

des remaniements. Il parait que son clocher était un<br />

des plus beoux de France; il s'écroula en 4707 et sa<br />

chute occasionna de graves dommages à l'église,<br />

Celle-ci a été l'objet d'intelligentes et considérables<br />

réparations, il a vingt-cinq ans.<br />

Parmi les table<strong>au</strong>x que possède Péglise do Villeneuve!<br />

le plus remarquable est celui de la mort et<br />

de l'apothéose de St-Louis <strong>com</strong>mencé par Pierre<br />

Panocel et terminé par son fils Joseph (Petrus Par-<br />

rocel delfneccuit, Josephus pinxit). On raconte que<br />

Joseph avait été chargé de peindre deux fois ce même<br />

sujet pour Villeneuve et pour l'Hôtel des Invalides<br />

de Paris. Quand il eut terminé son table<strong>au</strong> pour<br />

Villeneuve, iJle trouva trop réussi pour une petite


69<br />

localilé ou peu de personnes pouvaient 'l'apprécier,<br />

elle résel'va pour Paris. Dans l'intervalle, étant allé<br />

visiter l'atelier de sculpture d'un <strong>au</strong>tre artiste aviguonnais,<br />

il aperçut un l'étable d'ordre corinthien<br />

qui lui parut admirablement exécuté et de pl'Opor-'<br />

tiens irréprochables, 1<br />

A quelle église est donc desliné co rét!lble? dit<br />

lc peintre <strong>au</strong> sculpteur.<br />

.Je l'ai fait, dit celui-ci, pourYilleneuve-de-Dorg; i<br />

un m'a dit qu'il devait encadrer un table<strong>au</strong> d'un<br />

peintre d'Avignon et j'ai pensé que c'était vous.<br />

En effet, dit Parrocel, et le l'étable est digue de<br />

mon table<strong>au</strong>.<br />

Et, changeant alors d'idée une fois de plus, <strong>au</strong> lieu<br />

d'envoyer à Paris ce qu'il appelait son chef-d'œuvre,<br />

il l'envoya à Villeneuve.<br />

Les deux médaillons peints sur bois, représentant<br />

l'uu l'enfant Jésus et l'<strong>au</strong>tre la Sainte Vierge, qui<br />

lignrent dans 10 l'étable, furent alrportés d'Allemagne<br />

parle frèro Grivolas, originaire de Villeneuve, après<br />

que les ormées de la République eurent dispersé sa<br />

<strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té, Les table<strong>au</strong>x do la tribune et celui do<br />

la Présentation viennent de l'ancien couvent des<br />

Capucins (lui les avait reçus de Rome.<br />

On remarque à Villeneuve bon nombre de hellcs<br />

maisons qui, pm'lcUl's proportions et leur ornemeu-<br />

tation, révèlent l'imlorl<strong>au</strong>ce des anciennes familles,<br />

nohles on hOUl'geoiscs(lui les ont possédées. Les mai-


70<br />

80ns de Barruel, Hoyr<strong>au</strong>d, et Dupré ont appartenu<br />

à la famille des Astards. La première, oti se tint<br />

l'assemblée de la Î1ol.Jlesseen 1789, a été achetée<br />

l'année dernière, <strong>au</strong> prix de huit mille francs, par<br />

:ml. Derlo)'e, de Lafarge'et de Bournet et mise par<br />

eux à la disposition de l'évêque qui en a fait un<br />

orphelinat. Dès celle même année, elle recevait uné<br />

quinzaine d'enfants que le choléra avait rendus<br />

orphelins. Notons, en passant, que l'honorable<br />

famille Berloye a des traditions religieuses fort anciennes.<br />

L'abbé Vernet, qui a été en quelque sorte<br />

le rest<strong>au</strong>rateur du culte dans l'Ardèche après la<br />

Révolution, était fils d'une Bertoye. La vénérable<br />

mère Arsène, qui succéda Mmelüvier dans la direc-<br />

tion des sœurs de la Présentation, était <strong>au</strong>ssi une<br />

Bertoye.<br />

Le seul monument de Villeneuve est la statue<br />

d'Olivier de Serres, élevée en 1858 sous l'adminis-<br />

tratiou de M, Levert. L'emplacement a été admirablement<br />

eli(oisi. Du h<strong>au</strong>t de son piédeslaJ¡ le Père<br />

de l'agriculture française domine, non-seulement la<br />

Brande vallée qui sépare le Coiron des montagnes<br />

de Berg, mais une bOllne partie du ~'ivarais ait<br />

premier plan, les villages de Alirabel et de St-L<strong>au</strong>rent-du-Coiron<br />

avec leurs vieilles tours: puis le<br />

massif de Ste-,Ilir-tierite, le Coiron, l'Escrinet, le


71<br />

Tanarguo, la tour de Brison, tout le magnifique cercle<br />

de montagnes que nous avions admiré dans nos<br />

précédents voyages, du sommet de la Dent do Retz et<br />

du h<strong>au</strong>t de la montagne de Leyris. Quelques nuages<br />

floUent sur ces h<strong>au</strong>teurs loiutaines. On sent à leurs<br />

mouvements l'alh'aclion qu'exercent sur eux les pics<br />

pointus d'où se dégagent sans doute des flots d'électricité,<br />

La satue d'Oliyieresll'œuvro du sculpteur Héberl.<br />

Elle porte sur le piédestal les deux inscriptions<br />

suivantes<br />

A<br />

OUVJER DE SERRES<br />

PÈRE DE L'AGRICULTUREFRANÇAISE<br />

VILLENEUVE-DE-BERGSA VILLE NATALE<br />

A ÉLEVI: CE 1110NUhIL~NT<br />

SOUSLE RÈGNEDE L'EJIPERCURNAPOLÉONIII<br />

t858<br />

OLIVŒRDE SERRES<br />

SEIGNEUR DU PR:1DEL<br />

AUTEURDU THÉATRE<br />

D'AGRICULTURE<br />

Nf: l VILLENEUVE-DE-BERG<br />

EN 4539<br />

NORT DANSLA hlh\IE VILLE<br />

LE 2 JUILLET 1619


72<br />

La statue regarde l'orient et tourne presque le (ios<br />

<strong>au</strong> Pradel, qu'on ne peut, du reste, apercevoir,<br />

masqué qu'il est parla colline (le llontlleurp. Olivier<br />

a la main droite sous le menlon et de l'nuire lient<br />

une branche de imlrier. La figure est lumincuse, in-<br />

telligente, pensive sous un certain jour, et 1 6<br />

d'une sorte de sourire ironique si on la regarde d'un<br />

outre cÓlé, Que l'artiste 3' ait songé ou non, il est<br />

~ertain que ce double sentiment répond aclmirahle-<br />

ment <strong>au</strong>x impressions que doit éprouver le~ grand<br />

homme an spectacle du temps présent. Lui qui croyait<br />

naïvement iI Dieu, que dirait-il eu voyant les soi-<br />

disant progressistes de notre temps soutenir que le<br />

monde est l'acuvro du hasard, que l'IJOmme n'est<br />

qu'un singe perfectionné, que la llible el l'Evaügilo<br />

sont des contes de f~es et que les iiociélés humaines<br />

peuvent vivre et Irrospérer sans <strong>au</strong>cune croy<strong>au</strong>ce à<br />

un Ólre supérieur et à'une cio meilleure ?<br />

Ce qu'il dirait? C'cst peut4ti-e ce qu'on a trouvé<br />

un jour sous sa statue:<br />

Je ne sais trop, Messieurs, pourquoi<br />

Vous m'aTez mis sur celle pierre.<br />

t";1nchemenl, entre vous et moi<br />

Les ¡\\ ne concordent guère,<br />

J'adorais un Dieu, je topais<br />

l'arlout sa main, sa Proividence,<br />

Son bras !,uissanl, elje croyais<br />

En l'hme, en une <strong>au</strong>tre existerice.<br />

La lerrl1 me narlait du ciel.<br />

lllon TM~tra.d~1gricuhure<br />

ri'est qu'un hommage solennel<br />

Au grand mallrc de la nature.


73<br />

Le ver qui me le cocon<br />

Qui s'enfermeet meurt dans la soie,<br />

Sort transformi de sa prison;<br />

Son vol <strong>au</strong> soleil se déploie.<br />

Ainsila mort est le chemin<br />

Menant<strong>au</strong>x splendeurs éternelles ¡<br />

l'onr trouver l'idéal divin,<br />

L'dme <strong>au</strong> sépulcre prend des ailes.<br />

Aux cliamps, tout élève le coeur<br />

C'est le conlmire dans les villes<br />

Ici travail, vertu, bonheur,<br />

Là conUils et débats slériles,<br />

Retournez donc bien vite <strong>au</strong>x champs<br />

Et moquez-vous des politiques,<br />

C'est là, croyez,moi, braves gens,<br />

La meilleuredes Républiques,<br />

Les grands et be<strong>au</strong>x vignobles de Villeneuve s'é-<br />

tendaient principalement sur les collines de l'ouest,<br />

à St-Gir<strong>au</strong>d, d 31ontfloui,y et jusqu'à blirabel. Mais<br />

dans le <strong>com</strong>merce, ils portaient le nom de 8fontfleury,<br />

dont le cote<strong>au</strong> passait pour produire les meilleurs<br />

Cl'l\s, La cave la plus renomméo était celle de<br />

M, de Barruel dont les terres à llontfleury· tic <strong>com</strong>,<br />

prenaient qne clos hl<strong>au</strong>ls d'Ermitage. Il récoltait<br />

environ (feux cents hectolitres velldus Íl1Yal'iablement<br />

à raison de cellt francs 1'lipetolitro. Ce vin était<br />

expédié surtout en Belgique, en tinglcterro et, en<br />

dernier lieu, <strong>au</strong> Japon. Il gagnait L~e<strong>au</strong>coup à voyager.<br />

Les proiiiiares anuctes, il était fllrre et dtiret tic devenait<br />

réellement bon clu'après six ans. :1 dix 0115il


71<br />

était exquis, Dans les derniers temps, avant quo<br />

le phylloxera ellt fait main basse sur la région,<br />

les raisins étaient achetés en masso par des marchands<br />

de Tain ou de Chàlons-sur-SaÕneet erilraient<br />

ainsi, sans faire do bruit, mais certainement sans<br />

rien gâter, dans la <strong>com</strong>position des plus h<strong>au</strong>ts crt\s<br />

de Bourgogneet de la vallée du Rhône.<br />

Il fut un temps où le vin élait si aboudant dans la<br />

région qu'on pouvait l'avoir pour cinq on dix contimes<br />

10lilre. L'ouvrier, (lui n'cn récollail pas, faisait<br />

sa provision cri allant travailler Illa journée chez les<br />

propriétaires. On le payait en vin ait lieu d'argent, à<br />

raison d'un sctier (vingt-six litrcs) par j<strong>au</strong>r. Pendant<br />

longtemps,à villancuve, la journéo de l'ouvriera été<br />

tariféo un franc cinquante centimes avec,nn Jilro di~<br />

vin, ou bien un franc soixante oentimcs sans yin,<br />

On nous a cité un prol'I'iéloire qui, faisant constrtiire,<br />

détrempait sa choux avec du vin, attendu<br />

que (Villeneuvon'nyant pas 01)('01'0do fontaine) l'e<strong>au</strong><br />

trnnspol'lée do l'ibio lui <strong>au</strong>rait cotltd plus cher,<br />

Lorsquo 10raisin était mAr, on organisait lt Villeneuvo<br />

une sorte do garde nationale qui avait pour<br />

mission de sUl'vciIlel'les maroudours el <strong>au</strong>ssi d'em-<br />

p~cher la vendange avant l'époque fixée chaquo<br />

ann~opar on'ôté municipal. Quand la garde surpreliait<br />

un mar<strong>au</strong>dour, on 10 promouaiW-(lotis lit ville<br />

portant ait con un chapelot do raisins volés, avec<br />

lit, 1»nior ait hl'05 rompU dos mômes rl'nits ct un


75<br />

écrite<strong>au</strong> sur le dos: l'olettmle La garde<br />

l'csc{lrtnit l'arme ait bras et tambour bottant. La<br />

dcrnièl'o ex~cution do ce gonre remonte à t 830,Des<br />

remontrances adressées alors par le parquet <strong>au</strong><br />

maire et <strong>au</strong> <strong>com</strong>mandant de la garde nationalo mirent<br />

fin à ce systbme, un peu arbitraire mais fort<br />

efficace,d'intimider les mar<strong>au</strong>deurs.<br />

Aujourd'hui, toutes les anciennes \'ignes ont été<br />

détruites par le pliylloxeri. On plnnte he<strong>au</strong>coup de<br />

ceps américains qui paraissent réussir. Mois rendront-ils<br />

jamois le vieux, l'excellent vin d'oulrefois<br />

Olivier £leSerres cile, parmi les vins blancs renommés<br />

de son temps, ceux de Joyeuse, de Largentibro,<br />

de Monlréal, do Loml1ras(Vinezac), tle Cornns,<br />

et parmi les /'rictnts vins cleuets, cetix do Monssen-<br />

Girait(l, do Baignols, (le Iloiitéliinar, de Villeneuvede-BorgCI.<br />

ntct~cttt'ie. Il<br />

Le ~ilnrtssen-Git·atu!est évidemment ici pour 310lit-<br />

St-Gir<strong>au</strong>d (la colline Noisiic de lfontleury), el<br />

nnigttofs indique sans douto le duarlier do ce 110m<br />

que nous avons signnlÓprds du cirque d'Aps.<br />

Dans un nuire entlroit, Olivier rlit que « en Vi.<br />

vOl'ets,<strong>au</strong>x qual'!icl's de Joyouso et LlII'senIièrc. on<br />

garde les raisins un couplo cI'nnn~(s dans dos<br />

feuilles du figuier, (iotit ils sont onvoloppés un 11un,<br />

desquels sont faits elo pctils paquels <strong>com</strong>me dos<br />

saacissons de où c.insiutignartlemont ployez<br />

50mainfiunnenl fort nettement. Les gens du pa}'s


70<br />

appellcnt ces pnquels Siyir/icnfions ci (üGes, ot<br />

il Paris oil (luctiliteftiisles nsnrchamls y en :1pportont<br />

l'irccols.. n<br />

Nous nous sotiventitisencore 11'nvuirou, il y 0 11110<br />

qu,trontolnod'nlllll!tJ! il tic r.l!~pnyuels<br />

do giGes; nujourtl'luli un l'OnSl'r\'O,conlmo pas-loti1,<br />

les rilsitis tlnns des sacs de )1"picr,<br />

Apropos clu figtsier,Olivier dc Sorres (lit<br />

blai-stille nllontlu ell 1)1-ttcielises fiptieqCOgllOlliJS<br />

pnr tuulu IIIFranro. Allssiest iiiiii-esllil'01'Selllh'oils<br />

de In Psovoncoon croissent 110fort lsonnos en plu-<br />

1i10Ilr:l!\cl\;(du Lnn;;uclloctcvrr, ronunu A 1(outpollIor,<br />

Nismrs, ait I'onl-Sl-~slril, nu Ihlllrs.S(.Alldéol,<br />

tnn pnirio, b Allhclloset nilletit-s. Il<br />

On s'est (leinitistlélà-tiesîtis si Olivier n'était pas<br />

né à D(Jtlrg-St.rllléol, mllis il nous senllllo 6\'1I\01ll<br />

ciuo10 11101Irla pnfric, svpnrvici pllr 11110 \'lrSlllo do<br />

llotirg-St-Aiiiléol(Inllllls yll'il lie l'I!sl pas «111115 ln<br />

citntlon prdciulnnla,nitIl 5'oppll'l1l0h \'iIhHICII\'c.clo'<br />

Dorg),est mis Ih siulplenleul pour N'illetietiveoilll's<br />

Cil c~'ut,niulnntolllcl SOlltallssi (muncs (1"'11\1<br />

l)ont-St-gSPI'it, 011 Dourg 1'1h Auhnnns. Soit Il"0<br />

l'éditeur ait omis lu mot c\ou Ilans nvnlll rnct ynlrie,<br />

soit ilit'Oliviel-Itti-illèlito nit tinilitoyécette furme l1"i<br />

nujuurli'Imi 5l!l'nÎtpen coi-recto,l'itlllo do l'ccrivnin<br />

l'st, tiniis lotis le!;ca! O!\Sell'IiI,il'l1l\lon ln !liI tort<br />

Ilirn l'lJIJwlllnll1ilti !\Ilttle 10llg(Iii (les 111111\\l!s<br />

lihucs, en Ilusignnnl1'illencuve por lr Ilualilicn(if Iller


77<br />

,)ait-je qu'il lui avait tléjù donné, sUI'posant ~lua~cela<br />

sul1Isalll,our les lccteurs de. boit sens et lie 50 doutant<br />

pas des démangeaisons do parler ou d'écl'iro<br />

(lue cela pouvait occasionner chez les <strong>au</strong>tres.<br />

Le monticule de Yontioubier, ou Montlloubier, qui<br />

est <strong>au</strong>ssi à l'ouest tla Villeneuve, rappelle un funèbro<br />

souvenir. C'est là clu'étnienl les rourches patibulaires.<br />

Le président Clrallamel rnpporlo une troditlon<br />

locale laquelle, titi )lr~trc ayant été condamné<br />

b mort ct son corps ayanl été exposé Monlloubier,<br />

1'ttvè(luede Viviers mit Villeneuve en interdit, ct la<br />

municipalité fut obligéo tJ'aller taira amende bonol'ohio<br />

<strong>au</strong> l'lcd du Ileudu et de le faire enterrer convennUlomenl.<br />

le président Challamol rattache à re<br />

failuuo ordonnance de Philippe de Valois, en dote<br />

du 1 scplemlrro 1J:lI;, qui défend h l'é\c)ue de<br />

IIwth'ol'illeneuve en interdit sons un mandement du<br />

haha.<br />

Sur co intimesommet de Montloubicrétait un vieil<br />

armitagu d6diÓ h St-Joscph, où l'on se, rendait en<br />

lrocassian <strong>au</strong>x éhwluas do s~clerrsso pour obtenir<br />

do la 1,luic, D'alrès l'abbé Molliel', ces processions<br />

1'0\11'la pluie aviiient lieu <strong>au</strong>ssi sur lu monticule<br />

\'oisin du St-Giritifl cllll~lIIe <strong>au</strong>x ruiues do la ville<br />

détruite de Sl-Donis, fi est 1\ remarquer que, dans<br />

.ce iiil%iiielieu do Sl-Danis, on a trouvd une inscription<br />

untiquo consacrée <strong>au</strong>x èlères ~1«guslcs,divinil~s<br />

qu'h1\'oquaiont <strong>au</strong>trefois les IHlïcns pour obtenir la<br />

fartilité do leurs lerres.


78<br />

111<br />

Du côté de l'est, l'aspect de Villeneuve est des plus<br />

riants. La colline s'incline doucement de co côté<br />

jusqu' la rivière d'Ibie. Le mamelon brun qu'on<br />

aperçoil de l'<strong>au</strong>tre côté de la rivière s'appelle le<br />

Dovois,Les terres sont excellentes. Le Devois fut<br />

donné à Villeneuvo par Jeanne de Be<strong>au</strong>mont, dont le<br />

nom est resté en vénération dans le pàys. Cette dame<br />

qui avait épousé son cousin Jacques Arlempde de Mi.<br />

l'obeI, neveu du braveBrison, mourut en I i05,à l'àee<br />

de soixante-douzo ans. Le Devois fut partagé entre<br />

les habitants en 1797. Ne serait-ce pas cette dame<br />

de Be<strong>au</strong>mont dont la conversion <strong>au</strong> catholicisme fit<br />

grand bruit en t655 (1).<br />

Il y a <strong>au</strong> pied du Devois, en face de Villeneuve,<br />

une chapelle des Sept-Douleurs qui l'emonte ait XVi'<br />

siècle, Réparéo par l'ancien curé, elle a été ngrandie<br />

par le curé actuel, M. l'abbé Coulomb dont nous<br />

avons déjà eu l'occasion de sigtialer la belle conduite<br />

pendant l'épidémie eliolérique de 1881. Cette cbapelle,<br />

de style roman, est d'un ensemble irés-harnronique,<br />

et be<strong>au</strong>coup do petites paroisses seraient<br />

heureuses de posséder un semblable édifice. Le<br />

l'étable de cette clrapclle fait l'admiration des amateurs<br />

par la finessedes sculptures qui encadrent ses<br />

colonnes torses. Il vient do l'ancien couvent des<br />

(1) <strong>Voyage</strong> <strong>au</strong>tourdeVqJ¡;orge, p. 514.


79<br />

Capucins. On dit qu'il est l'œuvre d'un religieux,<br />

fort mal outillé, puisqu'il <strong>au</strong>rait travaillé uniquement<br />

avec la pointe de son coute<strong>au</strong>, mais qui <strong>au</strong>rait<br />

mis dix ans à ce travail. De la porte de la chapelle,<br />

on a une large vue d'ensemble sur Villeneuye <strong>au</strong><br />

premier plan, avec le panorama lointain du Coiron<br />

et du Tanargue <strong>au</strong> nord et à l'ouest. Le clocher de la<br />

chapelle, quand il y en <strong>au</strong>ra un, sera un merveilleux<br />

belvédère d'où l'on dominera tout le Bas-Vivarais. Il<br />

existe <strong>au</strong>ssi sur le territoire de Villeneu\'e une chapelle<br />

de Notre-Dame-de-PHié,<br />

La nouvelle école laïque de Villeneuve est située à<br />

l'entrée de la ville quand on vient do la gare, Elle a<br />

été bâtie en contre-bas de la grand'route, à l'extrémité<br />

opposée à l'église, <strong>com</strong>me si l'on avait tenu à<br />

éloigner les enfants du curé. Dans tous les cas, on les<br />

a exposés à dos refroidissements dangereux, et les<br />

p<strong>au</strong>vres petits qu'on y enverra payeront probablement<br />

la vanité administrative par plus d'une fluxion<br />

de poitrine. Ici <strong>com</strong>me ailleurs, nous retrouvons<br />

l'ostentation <strong>com</strong>me le caractère dominant de tous<br />

les nouve<strong>au</strong>x édificesscolaires, Ce sont des réclames<br />

électorales bi\ties à ch<strong>au</strong>x et à sable, toujours à l'en~<br />

droit le plus en yue et non pas à l'exposition la plus<br />

favorable à la santé. D'ailleurs, l'école de Villeneuve,<br />

outre qu'elle-est mal placée, nous a fait l'effet<br />

d'un châte<strong>au</strong> de cartes. On <strong>au</strong>rait pu be<strong>au</strong>coup mieux<br />

employer les quatre-vingt mille francs qu'elle a


80<br />

coMés, par exemple en rest<strong>au</strong>rant' l'ancienne école.<br />

Il est vrai.que, si cela eOt paru plus sensé, cela n'<strong>au</strong>-<br />

rait pas fait <strong>au</strong>tant d'effet <strong>au</strong>près des imbéciles. An<br />

reste, les folies <strong>au</strong>xquelles ont donné lieu ces constructions<br />

d'écoles, depuis -qu'on s'est imaginé que<br />

nous avions été vaincus en 1870 par une armée<br />

d'instituteurs, sont innombrables, Pour n'en citer<br />

qu'une de plus, notons. ici qu'<strong>au</strong>x Salelles (près des<br />

Yans) on a choisi pour bâtir l'écolo une h<strong>au</strong>teur où<br />

il n'y a pas même de l'e<strong>au</strong> pour boire, en sorte que<br />

les enfants en été sont obligés d'y aller avec une<br />

gourde.bien garnie.<br />

Les Frères do Villeneuve doivent à la générosilé<br />

de M. llertoye d'avoir un local infiniment plus sain<br />

que le laïque, avec une exposition en plein midi, sur<br />

la rivière d'Ibie, Cette rivière qui prend sa source<br />

un peu <strong>au</strong>-dessus de Villeneuve, a toujours do l'e<strong>au</strong><br />

dans ces panages, tandis qu'en a\'all'e<strong>au</strong> se perd dans<br />

les graviers. Les Frères ont une cenlaine d'élèves,<br />

c'est-à-dire le double <strong>au</strong> moins de l'école laïque. De<br />

même, les soeurs ont environ cent cinquanto élèves.<br />

tandis que quarante <strong>au</strong> plus vont chez J'institutrice,<br />

La salle d'asile congréganiste <strong>com</strong>pte enfin près de<br />

cent enfants, tandis qu'il y ena une vingtaine <strong>au</strong> plus<br />

à la laïque.<br />

La population do Villeneuve a notablement diminué<br />

par suite des flé<strong>au</strong>x naturels qui accablent les<br />

agriculteurs de la contrée. On a constaté néanmoins


81<br />

qu'il y avait moins de p<strong>au</strong>vres qu'<strong>au</strong>trefois. Ce ne<br />

sont pas les plus fortunés naturellement. qui émi-<br />

grent. Par suite, le bure<strong>au</strong> de bienfaisance n'a plus<br />

à assisterqu'un assez petit nombre do personnes.<br />

IV<br />

PROFILS ET USAGES LOCAUX<br />

llichel, Trois jours de courses et de bavardages. L'e.pril<br />

et la race à Villeneuve La farandole. Le jeu de pealJl!1e,<br />

Les fétes. St-Vincent et SI-Eloi, La féle des cuisinières,<br />

St-Làche. Le carnaval, L'agedes filles écris <strong>au</strong>x'por-'<br />

les. La Cèledes Bergères. La source fécondanle de Tour.<br />

non. La croustade. Fille de ville et llousaou du Coiron;<br />

Blé,noyers et àmandiers. Oliviers séculaires. Les truffes<br />

et la pencldnclle. Les cendrousoa. Filatures et tissages.<br />

Les fontainea. Les cfrons. Le prophète Deleuze.<br />

Foires et pacties. Les parjades. La solirlariléchez les porcs,<br />

Le parricide de Lussas. Les sobriqizeis du eanlon.<br />

Nmdjo·chdLro. Uneinscription lumulaire à SI,Andéol-de-Berg,<br />

-Etymologie de Claduègne, Leduel grec dans le patois local.<br />

La gallébaisse. Eloge de la naïvelé.<br />

Au moment de quitter Villeneuve, nous. fimes la<br />

rencontre d'un ancien camarado de collège, qui<br />

poussa des exclamations en nous voya nt Le docteur<br />

L'ami Barbe 1 Comment 1 vous partiez sans<br />

être venus vous reposer à la maison, sans avoir de-<br />

mandé 'a~gu4ter mon vin blanc, sans m'avoir con-<br />

sulté sur Villeneuve; mais c'est abominable 1<br />

1


82<br />

Voyons, qu'avez-vous recueilli sur notre vénérable<br />

cité l<br />

Je lui fisbrièvement le résumé de mes notes, c'està-dire<br />

de tout ce que contient le chapitre précédent.<br />

Oui, oui, murmura-t-il, les moines de Berg,<br />

le bailliage, lesguerres religieuses,Olivier de Serres,<br />

le bon vin d'antan mais, mon cher, tout cela est<br />

connu, archi-banal; c'est de l'histoire offi(}iello,c'està-dire<br />

ennuyeuse <strong>au</strong> possible. Cela représente Carpentras<br />

tout <strong>au</strong>ssi bien que Villeneuvo,et nos braves<br />

concilo)'ens,après vous avoir lu, connaîtront la<br />

vieille ville de St-Louis et de l'abbé de Mazan exactement<br />

<strong>com</strong>meje connais la localité la plus inconnue<br />

de la Chine et du Kamtschatka. Le caractère d'un<br />

<strong>pays</strong>, retenez bien ceci, n'est pas dans les grands<br />

faits deson histoire, mais dans lespetits côtés, dans<br />

les profils et usages loc<strong>au</strong>x, dans les traits de caractère,<br />

dans les détails intimes, dans une foule de<br />

mœurs et coutumes que les écrivains dédaignent ou<br />

ne savent pas voir, et qu'un homme d'esprit <strong>com</strong>me<br />

vous, devrait chercher avant tout.<br />

Mercidu <strong>com</strong>pliment, répondis-je, mais je pense<br />

que vous allez me trouver encore plus spirituel<br />

quand je vous <strong>au</strong>rai dit que je suis entièremént de<br />

votre avis. Seulement, ces traits de mœurs et de<br />

caractère dont vous parlez, il estassezdifficile de les<br />

saisir, et bien qu'ils courent les rues, personne ne<br />

songeà vous les signaler, <strong>com</strong>me choses de trop peu


83'<br />

d'importance, Il f<strong>au</strong>drait, pour les attrapper <strong>au</strong> passage,<br />

passer des semaines ou des mois dans chaque<br />

endroit, l'moins de rencontrer, <strong>com</strong>me la Providence<br />

nous l'envoie en votre personne, un fil conducteur<br />

et un guide précieux.<br />

1Bief,nous nous rendlmes le plus volontiers du<br />

monde à l'invitation de Michel c'est ainsi que<br />

nous désignerons notre vieux camarade. Nous nous<br />

installâmes chez lui pendant trois jours qui furent<br />

consciencieusement employés, non seulement à faire<br />

honneur à son vin blanc, mais encore et surtout à<br />

courir les environs, à c<strong>au</strong>ser avec tout le monde, à<br />

voir et entendro <strong>au</strong>tant que nos yeux et nos oreilles en<br />

étaient capables, à bourrer dé notes notre carnet de<br />

voyage, et c'est le résultat de ces trois jours de courses,<br />

d'observations et de bavardages, que nousallons<br />

fairodéfiler le plus brièvement et le plus clairement<br />

possible sous les )'eux de nos"lecleurs,<br />

Il semble que les gens de Villeneuve aient <strong>au</strong> physique<br />

et <strong>au</strong> moral conservé quelque chose de l'ancienne<br />

splendeur de leur ville. A leur esprit délié, à<br />

leur extérieur qui dépasse la moyennede la vulgarité<br />

provinciale, on sent la race et des traditions de supériorité<br />

qui, malgré un siècle de décadence, ne sont<br />

pas encore effacés. ll n'ya pas un de nous, dit Michel,<br />

qui n'ait dans ses veines quelques gouttes de sang de


si<br />

bailli ou de magistrat. Chacun a parmi ses a'leux<br />

quelque personnage Ii large crâne qui a porté ULIC<br />

toque de conseiller ou de président.<br />

Le fond du caractère local,est, d'ailleurs, essentiellement<br />

méridional: on dirait une coloniomarseillaise.<br />

Lesgensde Villeneuve sont <strong>au</strong>ssi bruyants, <strong>au</strong>ssi tapageurs,<br />

<strong>au</strong>ssich<strong>au</strong>ds queles enfantsdola Cannebière.<br />

Ils en out la Ute et les mœnrs. On dit qu'en Franco<br />

tout finit par des chansons: à Villeneuve, tout finit<br />

par la farandole. Après uneélection,on faitlafarandole.<br />

Un maire I)CUs)'mpathiquo est-il renversé en<br />

avant la farandole. En arrive-t-il un <strong>au</strong>tre qui platt<br />

davantage, <strong>com</strong>me tout hlat nouve<strong>au</strong> encore la farandole.<br />

Apprend-on une victoirede nos armées: tout<br />

le monde se mot à la farandole. Le roi ,'ient-il: les<br />

blancs font la farandole; s'il s'en va ce sont les républicains.<br />

Les conscrits ne manquentpas de la faire<br />

tous les dimanches jusqu'<strong>au</strong> jour du tirage. Pendant<br />

les trois joursde la vogue, il y a bal jusque vers une<br />

heure du matinj quand le bal cesse, tout le monde,<br />

hommes et femmes, garçons et filles, sort son mouchoir<br />

et 011fait en farandole un petit tour de ville<br />

avant d'aller se coucher. On a vu à Villeneuve des<br />

farandoles de six cents personnes. En It345,<strong>au</strong> retour<br />

des Bourbons, il y en eut une dont on parle encore<br />

Mmede la Doissière et Mmede Barruel étaient à la<br />

têle.<br />

Lejeu de pc<strong>au</strong>lJ1e,qui est un jeu provençal et es-,


85<br />

pagnol, est <strong>au</strong>ssi le jeu favori des Villeneuvois, Les<br />

exercices ont lieu à l'endroit appelé les Balais. Là,<br />

vingt ou trente joueurs, formant deuxcamps, lancent<br />

et 56 renvoient la pe<strong>au</strong>mo à qui mieux mieux. Il y<br />

a chaque dimanche des centaines de spectateurs<br />

attentifs, manifestant leur approbation, quand il se<br />

produit un be<strong>au</strong> coup, par des éclats de voia:,des trÓ'<br />

pignoments, des battements de main. Cejeu cst assez<br />

<strong>com</strong>pliqué. Il n'est guère pratiqué dans l'Ardèche<br />

qu'à Villeneuve et dans le canton, et hors du canton,<br />

à Valvignères.Le lundi de la vogue, il donne lieu à<br />

un concours, et un prix est décerné, lu concours a<br />

lieu non nar iudividus, mais par <strong>com</strong>mures. Lorsqu'il<br />

y avait du vin et descocons, et par suite de l'argon#<br />

hl dimanche ne suffisait pas <strong>au</strong>x amateurs du<br />

jeu do l'e<strong>au</strong> me la partie sefaisait presque toutes les<br />

après-midi,<br />

A cette population ardente, il f<strong>au</strong>t des fêtes, Aussi<br />

chaque cO/ilsde métier célèbre consciencieusement<br />

celle de son patron. Les plus fêtés sont St-Vincent,<br />

patron dos vignerons, et St-Eloi, patrondes serruriers<br />

et maréch<strong>au</strong>x-ferra nts.<br />

Le jourde St Vincent,les vignerons se réunissent<br />

le matin à la mairie pour nommer le président de<br />

l'année suivante, leCJuelestvice.président pour l'annéo<br />

courante. On part pour l'église le président est en<br />

Mtedu cortège, portant à la boutonnière un énorme<br />

bC'uquet.Il est conduit par le président d'honneur,


86<br />

qui a été pendant longlemps bf de Barruel. Après la<br />

messe, on promène dans la ville la statuo de St-Vincent<br />

placée dans une niche et munie d'une serpette.<br />

Viennenl ensuite naturellement le dlncr et la farandoJe<br />

-et il f<strong>au</strong>t bien avouer que Docchus fait une<br />

rude cuncurrence à St-Vincont.<br />

Pour St-Eloi, lout se passe<strong>com</strong>mepour SI-Yincent,<br />

Seulement les ferronniers n'o}'ant pas de statue de<br />

St-Eloi, les vignerons leur prèterit St-Yincent qui<br />

on enlève sa serpette et qu'on affublod'un petit mante<strong>au</strong>..<br />

JI n'ya pas jusqu'<strong>au</strong>x cuisinières et <strong>au</strong>x femmesde<br />

chambre qui n'niant eu leur fête à Villeneuve. C'étnit<br />

celle de Ste-Jfarlhe, Cojonr ln, toutes les Marton et<br />

Marinetle do la ville so lovaient de grand II1Jtin et<br />

préparaient d'avanco 10repas des patrons, lesquels<br />

devaient ensuile s'arranger <strong>com</strong>me ils pouvaient.<br />

L'heuro venue, elles allaient h la messe. Pui~ il r<br />

avait banquet et bal exclusivement féminin oùl'on<br />

dansait <strong>au</strong> son des casseroles et des convr.a-plats,<br />

musique, <strong>com</strong>me on voit, toute do circonstorce.<br />

St-Lotii.9est le patron do la paroisse. Par suite, ce<br />

jour-là on danse et on fait la farandole.<br />

Le lendemain (lundi)delavogue, onfai~~it 3utrefoi!l<br />

la St-Ldche c'Ótait la fèle des flàneurs. Ici '3ncorela<br />

farandole, mais le tambour remplaçait la marche vive<br />

el alerte des sons ordinaires par des /la et des ra qui<br />

vousdonnaient la fléme. Les farandoleurs avaient de


81<br />

la peine lover le pied et il leur fallait toute une<br />

demi-journée pour faire le tour do la ville. En !ôte<br />

de la farandole, on portait une bannière représentant<br />

les plus grands flâneurs de la ville, C'était C. dévidant<br />

du fil, S, se versant à boire, ayant de la peine<br />

à soulever la bouteille, manquant son verre et inondant<br />

la nappe, R. piochant à genoux, et AI.montô sur<br />

un 9ne pour semer des pommes de terre. Les ressemblances<br />

étaient parfaites et les origin<strong>au</strong>x n'étaient<br />

pas contents.<br />

On <strong>com</strong>prend qu'avec ces dispositioI:5populairele<br />

carnaval avait il Villeneuve plus d'entrain qu'ail-'<br />

leurs, Le mardi gras, te caiamaiitran (ne serait-ce<br />

pas le car~me enlraal qj était brt\lé avec se-ilennité,<br />

après avoir été préalahlement cotidamné par des jugos<br />

revêtus, en guise de surplis, de chomisesde femmoc,<br />

et qui avaient l'air de prendre leur rôle très <strong>au</strong><br />

sérieux.<br />

Le mercredi, les rorna,'oJiers étaient à leur "'ur<br />

condamnés. Ils portaient une longueéchelle placée<br />

liorirontalement, chacun sortant sa tête dans l'intervalle<br />

des échelons, coiffés d'un bonnet de nuit et en-<br />

veloppés de draps blancs qui leur cachnienlle corps<br />

et les pieds, en sorte qu'on ne voyait qu'une sorte do<br />

long catafalque ambulant d'où sortaient douze ou<br />

quinze têtes. Les tambours en t~te du cottège<br />

battaient une marche funèbre et les enfants esortoi<br />

ontonchantant Adieou, paotiré cornoutit 1


88<br />

Nous avons vu ces mêmesusages à la Voulte, à<br />

Largentière et ailleurs, mais nuno part ils n'étaient<br />

pratiqués avec la même conviction que dans l'ancien<br />

siège do la cour ro~'ale,<br />

Dans la nuitdu mardi gras <strong>au</strong> mercredi des cendres,<br />

les jeunesgens allaient (et cela se fait encore un<br />

peu) marqueravec des cendres délrompéos les porteg<br />

des maisons où il y avait des jeunes filles, en y inscrivant<br />

l'âge de chacune, surtout de celles qui avaient<br />

coifféSte-Calherine,Mais cel/es-ci,qui s'y attendaient,<br />

étaient toujours lovées le matin de bonno heure et,<br />

les manches retroussées jusqu'<strong>au</strong> coude, faisaient<br />

prestement disparaître à coups de torchons et de balais<br />

les chiffres indiscrets, et quelquefois co n'était<br />

pas sans peine, car on avait eu soin de délayer les<br />

cendres avec de l'huilo,<br />

Le premier dimanche do Carême était connu à Villeneu\'e<br />

sous le nom do dimancho des Dergères. Co<br />

jour-là, lesjeunes gens en pantalon blanc, vesto blanche<br />

et chape<strong>au</strong> do paille, d'<strong>au</strong>tres déguisés en bergères,<br />

avec robe blanche et houlette à la main, conduisant<br />

de petits agne<strong>au</strong>x enrubannés, parcouraient les<br />

rues et les places de Villeneuve, s'arrétant à tous les<br />

carrefours, à toutes les places pour chanter une romance<br />

tirée du roman de Florian, Estelle et Némorin:<br />

ce' 'sont les adieux des bergers <strong>au</strong>x bergères<br />

lorsque ceux-ci vont partir pour conduiro les parjades<br />

(grands troupe<strong>au</strong>x) en montagne.


89<br />

Le dimanche nprès Pâques, qu'on appelledans tout<br />

le midi do l'Ardècho le dim<strong>au</strong>cho de Pasguette, c'est<br />

ln voguè à Tournon-lès-Villeneuvo. Les Villoneuvois<br />

y vont'on famille pour boiro le lait et manger la<br />

grBle,c'est-à-diro l'omelette <strong>au</strong> lard dont les lardons<br />

en fondant el s'arrondissant à la poële, forment de<br />

petits grctlon3.<br />

Autrefois, les noces étaient très.gaies, On allait à<br />

l'égliso et à la mairie <strong>au</strong> son du violon. Lo ménétrier<br />

a disparu. Mris ce qui n'a pasdisparu, c'est la promenade<br />

à Tournon. Ce \'illnge possède uno fontaine<br />

célèbre dans le <strong>pays</strong>. Après le dlnor, la noce 50rend<br />

à Tournon pour faire boire à la ndvio do l'e<strong>au</strong> de celle<br />

fontaine. Cette e<strong>au</strong> passo pour avoir des vertus fécondt's<br />

et, do plus, si la lIút'io en boit le jour de son<br />

mariage, ello est assurée que son premier né sera un<br />

garçon, La source ne coule pas ait grand jour; elle<br />

sort <strong>au</strong> foud d'un puits ct il f<strong>au</strong>t un se<strong>au</strong> pour tirer<br />

do l'e<strong>au</strong>.Aussi dès qu'une noce pot-ait, tous les gamins<br />

du village accourent avec des se<strong>au</strong>x ponr offrir leurs<br />

services et gagner des dragées, Comme il n'est pas de<br />

noce qui n'aille à Tournon t'tl)as de mariée qui no<br />

boivo de l'e<strong>au</strong> mer\'cilleuse, tous les prentiors nés à<br />

Villeneuvedovraicnt donc dire du sexe masculin<br />

co qui no paraît pas confirmé par les r~8istrcs de l'état<br />

civil.<br />

La Cnoustadeeslle mots friand du pa)'s, C'est un<br />

l~Atéde la dimco~iond'une tourte ou pain de ménage,


to<br />

mais très-mince (deux doigtsdépaisseur). La l'Ale se<br />

fait <strong>com</strong>me celle du pAt~,et entre les deux crO\\tesse<br />

trouve une légère couche de viande, surtout de porc<br />

frais. La principale différence entre la croustade et le<br />

pâté, c'cst que la viande est salée dans celui-ci et sucrée<br />

dans celle-là. Tous les estomacs ne .4'ac<strong>com</strong>mo<br />

dent pas de cette friandise, mais à Villeneuve il f<strong>au</strong>t<br />

qu'une famille soit bien p<strong>au</strong>vre pour ne pas se passer<br />

une cronstade le mardi gras et ne pas inviter les amis<br />

à on manger une <strong>au</strong>lre le dimanche qui suit l'égorgement<br />

du Gras. 11n'y a pas de noces non plus sans<br />

croustade.<br />

Les jeunes filles de Villeneuve ont la réputation<br />

d't\tre curieuses et moqueuscs, mais n'est-ce pas<br />

un péché <strong>com</strong>mun <strong>au</strong> sexe tout entier On prétend<br />

cependant qu'elles l'ont à un degré plus accentué.<br />

Lorsqu'un étranger et surtout une étrangère passe<br />

,dans la rue, on accourt à la fenl\tre on sur le seuil do<br />

la porte pour examiner la dégaine et l'accoutrement<br />

de la personne. Et en route les quolibets et les lanis,<br />

souvent A h<strong>au</strong>te voix, <strong>au</strong>x dépens du prochain,<br />

lialbeur à la fille du Coiron qui porte un bonnet de<br />

m<strong>au</strong>vais go~t ou des souliers croltés, le p<strong>au</strong>vre bouaaot~(boueux)est<br />

assuréde faire rire et surtout raqueter.<br />

Maisil arrive parfois que le boissaoun'adegrossier<br />

que sa robe et sait mettre à sa placeles Villeneu\'oises<br />

moqueuses. Ri l'on entend des dialogues <strong>com</strong>me<br />

celui-ci


9~<br />

Quonvenüds vosté soroçou,<br />

Dous6ouddouCouïrou?<br />

(Combienvendez-vous votre m<strong>au</strong>vais fromage, fille<br />

crottée du Coirony)<br />

Le ~soro¢ouest un fromage do qualité inférieure<br />

qu'Olivier do Serres mentionne sous le nom de sarasson.<br />

Et le bousaou de répondre<br />

Fillo dé villo,<br />

hlouré d'anguillo,<br />

.~pinchofenéstro,<br />

Licho plats,<br />

Quon mé n'én voulés douna q<br />

(Fille de ville, muse<strong>au</strong> d'anguille, regardeuse<br />

IIUXfenêlres. licheuse de plats, <strong>com</strong>bien voulez-vous<br />

m'en donner q)<br />

Ce petit échange d'aménités n'empêche pas, du<br />

reste, les transaclions, et une verte riposte semble<br />

m~me danner plus do saveur la marchandise. Le<br />

m0l1réjO¡le un grand rôle dans les appréciations et<br />

les apostrophes rurales. Jluse<strong>au</strong> d'anguille, <strong>com</strong>me<br />

me~sea~pointu signifiequ'on lève be<strong>au</strong>coup trop le<br />

nez, qu'on est effronté èt qu'on risque de tourner<br />

,mal.<br />

w<br />

Une plaine de trois kilomètres sépare Villeneuve<br />

dn mont Julieu. Tous les terrains de la <strong>com</strong>mune sont


91-<br />

bien cultivés et, <strong>com</strong>me'leur étendue est asSezconsidérablo,<br />

on y récolte une moyenne de trente mille<br />

francs de blé, outre celui qui est nécessaire la ~on,<br />

sommation locale, Sur le marché d'Aubenas, le blé<br />

de Villeneuve, <strong>com</strong>me celui de Lussas, se vend généialement<br />

un ou deux francs par sac plus cher que<br />

celui des <strong>au</strong>tres pl'Ovenances.Be<strong>au</strong>coup de propriétairesd'Aubenas,<br />

de Jo)'euso,deLargentière viennent<br />

chercher à Villeneuve leur blé de semence,<br />

Il y avait <strong>au</strong>trefois be<strong>au</strong>coup de noyers sur le territoire<br />

de Villeneuve, Amesureque les <strong>com</strong>munications<br />

sont devenues plus faciles, il est arrivé des leveurs<br />

pour les faire abattre et les envoyer <strong>au</strong>x ébénistes des<br />

grandes villes ou <strong>au</strong>x armuriers, car ce bois est trè'èrecherché<br />

pour les crosses de fusil.<br />

Par contre, les amandiers ont <strong>au</strong>gmenté, En 'fB8~,<br />

Villeneuve a exporté pour soixante-cinq mille francs<br />

d'amandes, expédiées lu plupart à Verdun pour les<br />

dragées ou à Montélimarpourle nougat. Quand, pondant<br />

les soirées d'hiver, on passe dans certaines rues<br />

de Viilaneuve, on est frappé par le bruit d'une sorte<br />

de crépitement continu qui n'est <strong>au</strong>tre que celui des<br />

amandes que l'on casse. Les leveurs donnent à<br />

quelques familles ce travail, d'ailleuis pou rémuii6raleur:<br />

vingt-cinq centimes par double décalitre il<br />

est vrai que les coquilles restent <strong>au</strong>x casseurs et font<br />

dans le foyer une flamme très-vive quidispense souvent<br />

d'allumer le chalel,


93<br />

Gras et St-Romèze sont, avec Villeneuve, lès trois<br />

seules <strong>com</strong>munesdo l'Ardèche où l'on récolte be<strong>au</strong>":<br />

coup d'amandes. Gras retire parfois de ca produit<br />

<strong>au</strong>tant quo Villeneuve. On évalue la récolte annuelle<br />

de St-Remèzeà une trentaine do mille francs. Nous<br />

avons connu à Paris unancien négoeiantde Villeneuve<br />

et d' ~lubonas,nommé Bonn<strong>au</strong>re, qui avait vendu en<br />

une soule année <strong>au</strong>x fabricants de dragées et de parfunieries.<br />

pour deuxcent mille francs d'amandes do<br />

l'Ardèche les amères pour la parfumerie et les si-<br />

rops. Il nous racontait que la ville d'Aix en Provence,<br />

qui est renommée par ses amandes, en faisait acheter<br />

dans notre départomellt et les revendait sous son<br />

nom.<br />

On récolte encore à Villeneuve une certaine quantité<br />

d'huile d'olive. Les oliviers prospèrent à St-Gi-<br />

r<strong>au</strong>d, à liontloubier, à la Valette et à Montfleur)' i<br />

l'huile estde bonnequalité, mais avec un goùtde fruit<br />

assez prononcé,ce qui tient simplement à sa préparation<br />

défectueuse, L'olivier est très anciendans10<strong>pays</strong>,<br />

car <strong>au</strong>x Pradiers ct du côté d'Aps, <strong>au</strong> milieu des ehc~nes<br />

séculairc;on trouve des troncs d'oliviers,donnant<br />

encore desjets, qui étaient là certainement avant les<br />

chènes. Les restes de niu rs desoutènement que l'on<br />

aperçoitdans ces lorrains montrent qu'ils ont été <strong>au</strong>trefois<br />

cultivés,<br />

Les truffesse trouvent dans tous les bois de cMnes<br />

do Villoneuve, mais surtout <strong>au</strong>x Prades, à Fesquier


9~<br />

et <strong>au</strong> sud, du côté do St-M<strong>au</strong>rice, On nous a cité<br />

une femme de l\firabel qui se faisait un peULrevenu<br />

de trois ou quatre cents francs par an avec la cueil-<br />

,lelte destruffes,<br />

Dans les mêmes terrains, <strong>au</strong> milieu des lavandes et<br />

de Jajavelle, on trouve co qu'on appelle dans 10 <strong>pays</strong><br />

la penchinelle, espèce de chardon ou plutôt d'artich<strong>au</strong>t<br />

s<strong>au</strong>vage. On le récolte avantclu'il soit ouvert;<br />

on enlève loutes les feuilles garnies de piquants et on<br />

garde le coeur qui a ur goMsul generis très prononcé<br />

et très parfumé. De p<strong>au</strong>vres femmes\'endent cesponchinelles<br />

par assiettées; cela romplaco les truffes. La<br />

penchinelle sert de baromètre à nos fermiers; lorsqu'elle<br />

est mOre,on la cloue à la porte de la ferme; si<br />

elle est bien ouverle, si elle forme bien ce qu'on. appelle<br />

10 soleil, il fera be<strong>au</strong>; si ello se ferme, c'.est la<br />

pluie. Il n'y a pas de grango où l'on ne voie une ou<br />

deux penchinelles clouées à la porte de la basse-cour.<br />

Une <strong>au</strong>tre industrie des p<strong>au</strong>vres gons do Villeneuve,<br />

c'est la .ente des cendres pour la lessive. Des<br />

femmes parcounnt les fermes et se font donner les<br />

cendres du foyer. Le samedi, olles vont les vendre à<br />

Aubenas et, avec le produit, achètent du beurro, dos<br />

pommes et des poires qu'elles \'iennent débiter à<br />

Villeneuve. Le peUt sac do cendres se vend quinzo<br />

ou vingtsous. Les cendroitsos, c'est ainsi qu'on les<br />

appelait à Aubenas, étaient <strong>au</strong>trefClis une vingtaine<br />

et il était curieux do les voir partir ensemblo le sa-


ç,g<br />

modimatiu, conduisant chacune son âne, Aujourd'hui<br />

il n'en reste plus que deux ou trois.<br />

Une industrio be<strong>au</strong>coup plus importante naturellument,<br />

est celle de la filature et du tissagede la soie.<br />

M. Leydier, le gendro de M, Lacroix (do Montbouohel),<br />

a établi h Villeneuve, en amont de l'lble, une<br />

filature à vapeur qui emploio une soixantaine de<br />

personnes, bj. Lacroix a eu le mÓrite il'appliquer le<br />

premier dans notro région une Brande et généreuse<br />

IdÓe,dont l'honneur appartient à M.Donnet, filateur<br />

dans l'Ain celle do l'emploi des saours dans les ateliers<br />

industriels pour surveiller et moraliser les ouvrières.<br />

C'est dans cet esprit, qui est une précieuse<br />

garantie de sécurité pour les familles, que sont organisés<br />

les ateliers do M, Loydier, ainsi que 10 tissage<br />

de M. Bernard, qui occupe une cinquantaine de personnes,<br />

Un <strong>au</strong>tre tissage a été établi à la Villedieu par M.<br />

Chambon.<br />

w w<br />

Dans la prairie que domine la place Olivier de<br />

Sel'res prend naissance le ruisse<strong>au</strong> du Chaituel, dont<br />

il est question dans l'acle de paréage; notons en passant<br />

quo ca nom do Ch<strong>au</strong>vel so retrou\'e à Creysseilles,<br />

pour désigner le lit caillouteux de la rivière,<br />

A trois ou quatre cents mètres do là coule une<br />

sourco très (l'aiche ot abondante, mais dont l'e<strong>au</strong><br />

passe pour être lourde et iiiolfaisante, soit à c<strong>au</strong>se


96<br />

du voisinage du cimetière, soit plutôt ou simplement<br />

à c<strong>au</strong>se de son oxcessive fralcheur,<br />

Le fontaine de la Nicolasse, à deux cents mètres<br />

du nouve<strong>au</strong> pont de Claduègne,n'a pas meilleure ré-<br />

putation. Ses e<strong>au</strong>x sont <strong>au</strong>ssi très-fratches, L'imprudence<br />

des buveurs fait le reste.<br />

Au confluent du Ch<strong>au</strong>vel avec Font<strong>au</strong>rie, une<br />

source pétrifiante sort d'un rocher couvert de mousse,<br />

Au Chade est une fontaine portant 10 nom do<br />

Ctrre-biace, qui lui vient, dit-on, de ses qualités apéritives.<br />

Lorsqu'en été, les ouvriers, travaillant <strong>au</strong>x<br />

environs, trouvent leur pain trop sec, ils vont 10<br />

tromper dans cette fontaine, mais quelques instants<br />

seulement, car, <strong>au</strong> bout do quelques minutes, il tomberait<br />

en bouillie. Un certain nombre de sources <strong>au</strong><br />

Coiron portent ce même nom do Cure-biace et ont,<br />

dit-on, les mèmes propriétés.<br />

La fontaine de Basse-Rue à Villeneuve coulait,<br />

avant la Révolution, <strong>au</strong> couvent des Capucins. Une<br />

bonno vieille nous a racontéqu'on l'avait abandonnée<br />

parce que le lutin s'amusait à jeter du sable dans les<br />

/'errals (les se<strong>au</strong>x do ménago qui sont en fonte.)<br />

De tout temps, on a parlé à Villeneuve du projet<br />

d'amener les sources de la Ch<strong>au</strong>mette, Il parait que<br />

le projet est sérièux cette fois. Les études sont faites<br />

et la dépense ne dépasserait pas uno quarantaine de<br />

mille frimcs.<br />

Les grandes crevasses du terraiu calcaire, qu'ou.


!j7<br />

appelle <strong>au</strong>ins (lit côté de Vallon et du nourg, sont rares<br />

dans la région (levilleiieu ve, oit la roche nue est<br />

généralement recouverte par une couche pllls ou<br />

moins épaisse (le l'ail/oux ou de terre végétale. Ce-<br />

pendant il en existe quolqucs-unesd'une grande profOlllleur<br />

elles portenl 10 nom de cérons. Il y en a<br />

uueuVaseilles, du côté de 6t-)l<strong>au</strong>rice, dont lesbergers<br />

Sf'S('l'1'ait'llt <strong>au</strong>trefois <strong>com</strong>me d'un piège à loups. Ils<br />

"('('OU\'l'nh'nt1'00'Ïlire avec des mentts branchages et,<br />

y lila(.iieiii un [Tu lunp pl'Î: rllH'elte fayon, put<br />

*t ~1ullo l'cl'Iaille profmuleur il une saillie do<br />

rocher. 1't,,iiilaiit cluolyuos jours, ce furent des hurleineiiis<br />

upuuvant:lhlcs. .\11bout de quatre jours, les<br />

hurlemunts devinrent rares et faihles, Le lIouviÙme<br />

jour, ou cntendail encore des et ce<br />

n'est (tue le onzième qu'on n'entendit plus rien. On a<br />

fait, je crois, l'expériollcel(ue l'holnmo pouv~it <strong>au</strong>ssi<br />

vivre une dizainc de jours sans 111anâel· ~'OilBun<br />

point clc res~emlllance dc plus entre l'homme et le<br />

loull.<br />

porte à Villeneuve le nom de peïro-rmido.<br />

l'uuryuoi pierre muclle, pnisqu'dle parle ? 2<br />

L'a/'c-en-ciel, nppelé généralement dans l'Ardèche<br />

Pont cteSl-Ilernar(l, s'appelle ici Pont cte~St-~llarlin.<br />

Quand les gens du <strong>pays</strong>, arant ch<strong>au</strong>d, se reposent<br />

à l'ombre d'un IIO}'er, ils ne manquent jamais avant<br />

de s'en aller, de lancer uue pierre contre l'arbre,<br />

Sans cette préc<strong>au</strong>tion,garo lû'pleur~sie ou la fluxion<br />

(


us<br />

de 1)uitriiie. I.n l'ais')11en est il<strong>au</strong>s ce dictoll local<br />

Zlaryuo lon s~ vos l~nsquv IWnuryuu r<br />

Lc vendrédi i(!sluucure IIl'l'l'Il\ il \'illcllcu\'u par<br />

b~nl1('oull 110g~usle joun ~!csli~tr~ls,I,arcu y~e les<br />

p<strong>au</strong>vro; tle ln ville et tics unvirnns t'huisisselll sliél'ÎnlCI1IClIll'ojour-13<br />

1'0111' uller,l;ms les 1I01lilesmaisuus<br />

rccuvuir Iours 1liIIIIÓIIUS,<br />

An conllnellcenwntdll siècle, il vit ses<br />

[11'UhIICICS. Le liltis l'élèhl'C lie luns IlU Doletize, lu<br />

sraml'pèrclll1l1l11ircul'Illoi. 51'sIwuplt~lirs onlllll)me<br />

été iiiiiiriiiiées, d 1I0liSacuns -il 1't-iio(lite<br />

néfaste (le ItHCJ,nn ton lit, lit 1'illulivu, iltii<br />

les lisail ~vru 1'I'lccl, \lUIII'vuir si lit gl'anlh' unlastrophe<br />

du moment lie s' ti-otivititpas 1)ré(lite.1.11cÍ'-<br />

IébrilAtlu Deletizelui cnnail surloal lie ru 1III'iiawnil<br />

annoncé lit chllte lIe 11011 Ilplil'II!ut le rcluur dcs llutirbOIlS,Lorsqllc<br />

l'c1>ilé(Il,-l'tlu ~1'l~.llml'c\'illt allx CCII!<br />

jours, cn rv[troclta À 1)uluuzudu n'itvoir pris \ll'Ih'u<br />

cjuu Luuis X\'III si \1011tlu letnp;. III'é\londit<br />

I.nrslluo la IJI'cmièl'ccltarruluc fois) clltrel'n<br />

dans Villetictive, ()Il a[t[irumlr,~I~~ IIC~1).Irtdéfillitif<br />

lie Nipoléoii el le l'I'tolll'll1iIloi. Il avail iiiitoiicé des<br />

~u2rre; iiietis-trièresiiiii nu su lisse trop<br />

sous l'cmpirc, Il hlâmllit rew fini (les<br />

uuyers I)otir plantes- tics ii)t)i-iers,en clisanl (itit- le<br />

iiiàrier serait litsjunr la ruinr lits pava sct'1I'on ra-


sp~<br />

lIIassl~l'ailsa I~1'll'lll!1111111' l'II f;lil'l!1111flllllil'I', 1)1101111<br />

1'llll la I~lillilllll!IILiil il v(Ill!,1111se r;llllll'lil lIalu-<br />

l'CIlOIllUIlIhe:ll\l'lllIl' de l'roplll''lÎl'S Ilu I)u<br />

il a%lit lurrllu, Ilu ~IIII Vi\'alll, cri<br />

1M2!,unu Imllur l':lrr:l' cll~sa l'IIJllltalill1l tlu l'l'IIphete,<br />

II dunlÎt y iI~lIiI',l'l'Ill' alllll: .I¡~,;l;lil-il Ilit, ttna<br />

cnclluressu ';l'UII\ uillahh' ail l'OI.dlll'llI'l'lIll'nt Ilu Irrill-<br />

IOlllpSet Ics lopisIll' I)lt'-lit- 1);Is se fornler.<br />

La séritei-esse fut _r;lmlr, uu 1'11'1, maisla iblttioétatit alTÏ\'lol'n Il'IIIJI: la 1'1"1'011.. fnl IlliIgllilillllU: presque<br />

l'as cle paille, umis hl'.IIH'1I1' clu !!l'aills: 1'(\ (lit une<br />

tics ylus llI'lIes ilolit q~il;ril le :;ouvunÎl',<br />

Quallt il Dd"lIle, il 1'1 /t~,enl 1. Il'a\'oir l'iell, 1'&11'1'0<br />

1111'iI il1'ilit, "iI'OIl, ;11'I'n;nslltl Illn, l'n Soi-le IIIIL le,;<br />

épis ;lillll l'II /t'I' sï,ltalltwr"1I1. /)'111'1 In lulllic lil'n<br />

la cOIu'llISÍtlH111I'i1:1111I~~Iljmlr~miell,t I;lisscr agil'<br />

le boit /)iI'II,<br />

Alljolll'il'ltlli, il Il* a Iru Ilulrri>plli·Ies;l 1'illeueuve,<br />

salir (11.'111-1\11'1' en 1'°lilÎll'IP, Illais il y a c).111Xuoyanles<br />

cG~mor'!s foi t l'al' Ir.; hadallds des deux<br />

5CXO, 011;lit l'l'; \'tI~'all"'S Ilu snnl pas w1lltirllle-<br />

ment (les lIIo:II'I£'5Ih, klll(1';1'.1111"<br />

A \,illelu'lIn', ('0111111,' clalls toits 110" 1);i%s, les par-<br />

IÎI!Sfonl pichc uu jrl(rlm, 1''t'I-il.dil'l~ runcluont un<br />

tii s~~fl'nprinlt 111111111'111'1111'111 dansla main.<br />

QlHllul Il, cuup Ilonun a ,;111l'I!IIIIII,la est<br />

~olidc IltlCsi le iioliii-e, y aVllil lasstt.<br />

nussi


~oo<br />

La foire de PAquesétait <strong>au</strong>trefois la pi~is consldé.<br />

rahlo c'était celle des 111011Ions ¡elleclur,iit trois<br />

jours; ¡ ony amonait des troule<strong>au</strong>x do 10lltela montagne<br />

et les Provenç<strong>au</strong>x y afi1l1l1ionl pour tics aclrats.<br />

Une année, sous luprumier empire, lorsque les troupe<strong>au</strong>x<br />

étaiollt en roule, il tomba du verglas les<br />

moutons, ayant été tondus depuis lieu, périrent presquo<br />

tOIlS.Les fussesde la 1'011te, lus chomps, les ravins,<br />

où ils s'étlliont précipités dans leur affolement,<br />

étaient cOll\'erlsdes cmlll\'I'Cstlo ces Irmvres Mies,<br />

Ce fut un vrai MsastH' ¡ biendes irrol~ricStoiresfurent<br />

ruinés, et ce (ut ullssi la ruine cle iette foire qui<br />

depuis lors n'a plus d'importance,<br />

La foire de Noill(13décembre) porte le nom de<br />

foire des merluches, parce qu'on vient s'y approvisiontier<br />

de morues sèches,<br />

La foire de St-Jenn.le-Centenier, qui se tient le 1!5<br />

juin, esll'enommée dans tOlite la contrée. Les Villeneuvois<br />

qui, h part les boutiquiers, s'uccuI>ent trèspeu<br />

de leurs foires, ne manqueraient pas celle de<br />

St-Jean pour un roy<strong>au</strong>me: c'est là qu'ils vont faire<br />

leur pro\'ision d'ail; il f<strong>au</strong>t dire <strong>au</strong>ssi quo la St-Jeati<br />

est l'époque des payements on s'acquitle alors visà-vis<br />

de son épicier et de son cordonnier¡ les emprunteurs<br />

fixent souvent h cette époqlle la date des<br />

remboursements. A la St-Jean, en effot, les cocons,<br />

quand il y en avait. avaient été vendus, ct c'éluit bien<br />

le moment où J'on avait le plus (l'argent.


40t<br />

Les formiers pron nenl possessiondo leu l' fermoà<br />

la St-Michel, Dans les environs do Privas et do St-<br />

Piel'l'evilIe, c'est à NCllro-Dame-cJe-~[ars, et en D<strong>au</strong>phiné<br />

h la St-llartin. Notons ici qu'à Villeneuvo il n'y<br />

a (lue des m~tO)'el' tandis CJu'àPrivas, la plupart<br />

des fermes se payo«t en argent.<br />

Aux foires du 1etmai et do la St-3ficliel (30 soptembro),<br />

les domestinues do fOl'm9,bergers ol ber.<br />

gères, afflticiit à Villenouve sur la place Olivier de<br />

Serrespourlouer leurs servicesl'annéo. Les bergers<br />

apportent lours sonnailles quolques uns en ont<br />

trento ou quoranlo i ccsont les plus considérés, car<br />

cela prou\'e qu'ils ont nu grand tl'Oupe<strong>au</strong>, Ces<br />

sonnailles out rhacuuc un nomj celles des grands<br />

héliers s'appellent les r~clons.Ces bravos gens purlotit<br />

<strong>au</strong>ssi leur litre, leur fouet ut leur carnier. Ils ont<br />

enfin titi lloC]uetde laine 5111' leur clrahe"u tant qu'ils<br />

nu sont pas e«gogts. L;r lmche failu, 10HoC]uelest enlevé,<br />

Un huit borgor des Sl'illlllesfvrmesest Pay6jusqu'à<br />

deux ('ouls francs pis-ait. Le herser des pmjades,<br />

de grands troupe<strong>au</strong>x qui "ont estiver<br />

sur les montagne: est ordinaircment pay6 vingt<br />

francs par mois et nourri.<br />

·<br />

Il y a des ontrehrcueurs génér<strong>au</strong>x de parjades qui<br />

ro~oi\'enlles truupcaw des InolH'iétaires, el ont leur<br />

horsonnel deux 1>OIII'ics soignor. 1.0hropriélairo lotir<br />

donne un ou deux francs par Inte. L'entrolreneur<br />

affermo les pMurages qu'il ne p(1)'Ojamaisbien cher,


c 102<br />

car on tient s\1I'lont<strong>au</strong> fumier. 1.0 horger doit ripporter<br />

à dit <strong>au</strong> propriétaire la pe<strong>au</strong><br />

des bêtes mortes d<strong>au</strong>s la saisonj <strong>au</strong>ssi toutes les parjades<br />

qui descendcnt ou l'rovonco sout-elles suivies<br />

de doux ou truis ¡)ne: port;mt (le. peanx sèches. Il<br />

paraît que les se n01\l'Ii~soutIIlell, Dans toits<br />

les cas, 10 (les<br />

¡)nos prou\'o que tous<br />

les parl<strong>au</strong>ts lie ruvieunoul pas, D'oit 10 dialogua<br />

suivant que raconteut les loustics du mÓtler:<br />

Un mouton qui pal't pour la pronnivre fois<br />

1'011111'011611 ? 2(Uitallons-lluns ?i<br />

La brobis,(f(tiblemonl)<br />

En ~llewAn (An 31ézelle.,)<br />

Le petit agite4iii<br />

TOtf)'llD1'b~ll `! ~(~ll1'illl(il·U113-11(7115 ')<br />

Le gros béliel' (~(':wenlont)<br />

Ileléon (pcut-ètl'o,)<br />

Les parjaùos qui passentit Villeiietivovionnenl or-<br />

dinairement du L<strong>au</strong>t Gill'd, (les envirous de 1101100.<br />

Il~' y n pour elles 1111Cvoie sp'5dalo qui Suit la vieille<br />

route royale du Villellcu\'o lumliéo <strong>au</strong> l'ang tic routo<br />

de parjade, par le Terme-Nègre et Leyris. A Villeneuve,<br />

elles call1pellt <strong>au</strong> I)i('(]de 1~ stfltue sous l'tLil<br />

bienveillant cl'Olivier. Le lendcmaiu du hassagu, le<br />

balayeur public fait une bonne jourW e, en emportant<br />

Irlosiépr~ broucttées du cacurelles.<br />

Nous viiiies arriver à l'illeiieiive une helle pai,jade<br />

c'csl-il-tlire \III troupe<strong>au</strong> (le trois ou quatre urillo


103<br />

moutons, nppartonnnl pout-être à cinquante pro=<br />

pritçtnii-esdifférents avec lesquels avait lraité l'enlreproneur.<br />

En l~te titi lroulc<strong>au</strong> mOl'choient cinq ou six clo-<br />

vres, précMées du I)otiereconnnissalilu 11sa grande<br />

barbe, ses cornes et soit neclm (grande sonnnillu.)<br />

Jamais on ne ,"oit les CI1O\'I'eS <strong>au</strong> millell ni à la queue<br />

(lit troupe<strong>au</strong>, car, toujour. prêtes à quelque méfait,<br />

ollos vmUd'iustinct à pont,<br />

avoir toute<br />

liberlé do rnoavemenls. Le bélier-chef, appelé drl,<br />

\'8nolt ensllito i ila\'ait trois hOllppesdo laine liées<br />

par un ruban rouge, UIIOsur les ép<strong>au</strong>les, l'<strong>au</strong>tro <strong>au</strong><br />

milieu du dos, et la (l'UlSit~1110 nu peu <strong>au</strong>-dessus de<br />

la quelle,<br />

Le vulgurnpecns portait sur le dos diverses mar-<br />

ques h la Cl'oiehlcuc ou rouge, des lettres, des ronds,<br />

descarrl.~s clmque propriétaire Il son chitTre.<br />

Les chiens se tenaient sur les côtés et les Anes,porlonlles<br />

nippes des bergers, formalcnll'OI'rlùl'6-garrle,<br />

Le convoi était ferm6 par l'enlreprenour Ùelievil.<br />

Par;jaclevient salis doulo do parc, à c<strong>au</strong>se do la clôture<br />

oi'iplanches oit l'on enferme les bêles la nuit.<br />

Tousles malins 10herger change trois côtés du parc<br />

c'est ainsi qu'on fume les ICl'ros méthodiquement<br />

ilulour des fermes. A ~iontéliiitai-3on IIppollo les<br />

liarjades les abeilles d'.lrles.<br />

Apropos do lroupooltx, je ne puis l'éslstCl'ait désir<br />


foi<br />

sa réputation et qui, à un certain point do vue,<br />

pourrait donner des leçons à l'espèce humaine. Il<br />

s'agit de celui que nos <strong>pays</strong>ans appellent un habillé<br />

de soie, en parlant par respect. Eh bien cet <strong>au</strong>imal<br />

possède à un très h<strong>au</strong>t degré une qualité que nous<br />

n'avons pas et dont nous <strong>au</strong>rions grand besoin pour<br />

le quart d'heure: il a 10sentiment de la solidarité de<br />

l'espèce et de la défense sociale. Faites-est crier un,<br />

tous accourent Il sonsecours. On nuits raconte que,<br />

sousle promiel'empire, un évdue (doDigne,je crois)<br />

qui avait gardé les duadupédcs acant do garder les<br />

bipèdes, rencontra un Ialtre qui se lamcntait parce<br />

qu'il avait perdu un porqtiet.,L'évèquepinçi l'oreille<br />

d'un <strong>au</strong>tre porquet, et tous, y <strong>com</strong>pris le perdu, s'empressèrent<br />

d'accourir. Ah 1 dit le berger, je l'avais<br />

oublié 1 Et s'adressant à l'évêque, il ajouta On voit<br />

bien que vous êtes du métier 1<br />

Les cochons so défendraieut du loup, si le loup<br />

n'emportait pas leslemeut sa proie. Ces bêtes-là no<br />

font ni discours, ni articles de journ<strong>au</strong>x sur la soli-<br />

darité, mais ils la pratiquent.<br />

"`*.<br />

Parmi les chroniques judiciaires de Pancien temps<br />

qu'on se raconte le plus fréquemmenlllans les veillées,<br />

la suivante est celle qui a toujours le plus grand<br />

succès d'émotion<br />

Unejeune fille de Lussas, en service à Villeneuve,


401)-<br />

voulait se marier avec un soldat, mais ce mariage ne<br />

plaisait pas à8< mère qui refusaU son consentement,<br />

Un jour, la fille se rendit à Lussas <strong>au</strong>près de sa mère<br />

dans l'espoir de la fléohlr, mais elle l'encontra une<br />

résistance inébranlable. Ello oonçut alors un horrible<br />

projet et, ayant attÏ1'Ósa mère dans une cave où<br />

!letrouvait un puits, elle parvint à l'y précipiter.<br />

La malheurcuse fcmme, ayant pu surnager, s'accrocha<br />

<strong>au</strong>x pienes nrcl jointes formant les parois du<br />

puits et arriva presque à l'orifico. Elle étails8uvée si<br />

sa fille voulait lui tend1'0 la Elle la conjura de<br />

tic pas cunsomtner soit crinte. La fille tendit 10bras,<br />

en cirel, mais pour précihiter une secondu fois sa<br />

p<strong>au</strong>YI'emorc ait fonds du )luils, La victime put encore<br />

surnager, sous avoir la force lie tenter de nouve<strong>au</strong><br />

l'escalade. Elle supplia encore sa fille do l'épargnel'<br />

en allant cbérclier du secours. Au lieu de se fendro<br />

à cet appel déseshérb, la fille s'arma cl'une énorme<br />

pierre et Ciltcrasa la tôte de sa mère.<br />

Le crime étant découvert, la fille fut condamnée à<br />

morl par l'acour royale de Villeneuve. Celle inallieu..<br />

reuse était, dit-on, d'uno beoulé remar4)uabloet elle<br />

avait de coupahlos relations. parmi les officiers do la<br />

garnison qui cssayèl'ent, mais en vain, de la fairoévodl1r.LejotirfixC-pour<br />

l'exûcutlon,un l'é¡;imonlétranger<br />

arriva subitemenl, entoura l'échaf<strong>au</strong>d et fendit<br />

tout coup de main impossible à tenler. Avant d'exécuter<br />

la coupable, le bourre<strong>au</strong> fit l'essai do son arme


106<br />

surun balai qui fut coupé du premier coup. La patiénte<br />

mit ensuite sa tète sur le billot, mais l'exécuteur<br />

ne fit qu'une blessure bien que le coup porlât<br />

juste. Desmurmures se firenl entendre. Le second<br />

coup no fut pas plus lieuretix. Cette fois, ce furent<br />

des cris et des meliaces à l'adresse dit bourre<strong>au</strong> qui<br />

s'écria I.e doi~tdl' Dieu est là ¡ cettemalheureuse a<br />

condamné sa mèl'Otrois fois ~t mort; Dieu a voulu<br />

queje la tue en trois fois. Et ait troisième coup, en<br />

effet, la tète fut séparée du truite.<br />

Nous lisioilsi il y a quelque temps, dans les L'phémérides<br />

vi~~aroises,do 11i. Dubois, qu'en. le<br />

froid fut excessifet quo les oliviers cxposés <strong>au</strong> midi<br />

souffrirent be<strong>au</strong>coup, tanllis qn'àl'exposition dunord,<br />

ils n'eurent <strong>au</strong>cun mal. Le méme phénomèlics'est reproduil<br />

en 1870dans les environs de Villeneuve ct<br />

les <strong>pays</strong>ans se l'expliqllaienl fort bien par le fait que,<br />

s'il gelait fort la nuit, on avait pendant le jour un<br />

be<strong>au</strong> soleil et du dégel, et que ces alternatives do<br />

froid et de ch<strong>au</strong>d étaient bien plus dangereuses pour<br />

les arbresqui avaient à les supporter, qu'une lempéfllture<br />

plus rigoureuse, mais sans variations subites,<br />

ne l'était pour les <strong>au</strong>tres, à l'oxpositiondu nord.<br />

!if<br />

Lesgens de Villeneuve ont sur les gens d'Aubenas,<br />

qui n'ont qu'un surnom (/'otcïro-barri), celui (l'oit


f 07<br />

ayoir deux: i côsont des sénténo saoti (sème-sel)et des<br />

mondjo-chdbro (mange-chèvres.) Le premier leur<br />

vient sans doute des anciens grenier3 roy<strong>au</strong>x de lei<br />

que possédait Villeneuve du temps du -bailliage.<br />

Touto la région était ohligée de venir là s'approvisionner<br />

do sol, et les naïfs ont hien pu croire qu'on<br />

l'y récoltait.<br />

Le secoud do leur sobriquet s'explique par le fait<br />

que ViIlel\tmvopossédait et possèdo encore dos boucheries<br />

de chèvres, Autrefois, la viandedo chèvre se<br />

vendait do cind à six sous la livre; i <strong>au</strong>jourd'huielle<br />

est montée il huit sous. Le docteur Larm<strong>au</strong>de, qui est<br />

resté que!llue temps ¡\ Villeneuve, faisait servir do<br />

cette vialidoil sn table, afin, disait-il, de réagir contre<br />

lu préjugé populaÏl'e (lui la 'croil malsaine. A ce<br />

propos, un couteliel' do Villeneuve qui reçoit des<br />

bouchers ù' Aubenas be<strong>au</strong>coup de cornes d'anim<strong>au</strong>x<br />

pour faire des manches do coute<strong>au</strong>, nous a raconté<br />

que bon nombre avaient appartenu à des ehèvrcs ct<br />

il en tirailnalurellemenllo conclusion que les gens<br />

d'Aubenas mouricaiuntpeut-~tre, sans le savoir, oncore<br />

plus do viando do chèvl'o tlue ceux do Villeneuve.<br />

A cCl'laincs foires, des leveul's \'iennent i1<br />

Villeneuve achetoa'des chê\TOSpar centaines et. les<br />

embar~luontestelieiiiiiido fer. Lesm<strong>au</strong>vaises langues<br />

prétondent que les lmuclicrs ont le tolollt tic les mé=<br />

tamorphoscr en mouton ayant lotir nnivél' sur l'étal.<br />

Au reste, 1'illcuuuvu Il'esl pos la scule ville qui ait


408<br />

cette m<strong>au</strong>vaise réputation de manger de la viande de<br />

chèvre. Elle la partage avec Joyeuse, L<strong>au</strong>rooet même<br />

avec Béziers, Nimoset Montpellier.<br />

Les gens de L<strong>au</strong>rac sont <strong>au</strong>ssi surnommés mondjochdbro,<br />

ot ne s'en porlent pas plus mal.<br />

Les habitants de St-H<strong>au</strong>rico ~.i'Ibioportent le nom<br />

d'est~'stovoïrou, à enlise do J'habitude qu'ils ont do<br />

pêcher le vél'on de la rivière en frappant d'un coup<br />

de marte<strong>au</strong> les cailloux sous lesquels le poisson s'est<br />

réfugié. Le gibier abondait <strong>au</strong>trefois à SI.f<strong>au</strong>rice et<br />

à St-Andéol, mais il y en a bien moins depuis qu'on<br />

a détruit la plupart des bois do chênes pour on faire<br />

des traverses de chemins de fer. On fait à St-ll<strong>au</strong>rico<br />

be<strong>au</strong>coup d'huile do cade, C'csl de St-M<strong>au</strong>rico quo<br />

vient le charbon de bois qui se consomme à Villeneuve<br />

et à Aubenas, surtout à J'époque des vers à<br />

sole.<br />

Lesgens de St-Andéol do Borg sont connus sous 10<br />

nom de couocholetno (poursulveur de lézards.) Il y<br />

a, en effet, be<strong>au</strong>coup do lézards à St-Andéol à c<strong>au</strong>se<br />

des bois et landes incultes, mais on peut supposer<br />

que les habitants ont <strong>au</strong>tre chose à faire qu'à les<br />

poursuivre.<br />

Le curé de St-Andéol-de-Berg, <strong>au</strong> milieu du siècle<br />

derniel', écrit que cette paroisse avait )!uh'dois<br />

un prieur curé dontle revenu ne dépassait pas trois<br />

ou quatre cents livres. Le bénéfice fut réuni en t662<br />

par l'évêque de Vivi·rs à la maitriso du choeurde la<br />

cathédrale et la cur\ érigée en vicairio perpéluelle.


",09<br />

L'abbé Mollier reproduit une curieuse inscl'Iption<br />

prisesur une tombe de l'a nciencimeticredeSt-Andéol<br />

do Borg. Il f<strong>au</strong>t la lire dodroite à g<strong>au</strong>che<strong>com</strong>me t'hébrou<br />

hf'esjouir penseje Quand<br />

dormir ou mnnger, Boire<br />

oreille mon à résonne Il<br />

réveille me qui boix L'ne<br />

étrangement fort Disant<br />

monument du tous Snrte:,<br />

somme vousjs <strong>com</strong>haroir De<br />

homme vrai est gui UierrDeuant<br />

différemment ouïr Pour<br />

jugement dernier Volre.<br />

Quelle est 1'IStymologie, de Cloduègne, la rivière<br />

souvent à seo, qui baigne les cote<strong>au</strong>x de l'ouest Y<br />

M. de St-Andéol y voit la trace d'un massacre et<br />

d'un incendie exprimés par les mots Clades ignis.<br />

Mais peut-être va-t-il chercher bien loin ce qui est<br />

sous nos pieds. Remarquonsquo dans cette région cla<br />

signifiepierre, caillou. Il n'est pas raro d'entendre un<br />

gamin dire h l'<strong>au</strong>tre: Té baïle 'dia co de cla (je te<br />

donneun coup de pierre.) Fair£'un moulou de claa,<br />

c'est faire un tas de pierre3 roulantes. Les grands<br />

tas de pierres qu'on voit dans les environs do Villeneuve<br />

et qu'on appelle ailleurs des chiers ou des


110<br />

cheyres s'appelleut ici des clopas. Les enfants qui<br />

jettent des pierres sont des clopeyrou:i.<br />

dans~llireiu<br />

Mistral dil<br />

E di dindcnti c1'(1cirolo<br />

EmélounbastounesImodiui6li fréj<strong>au</strong>.<br />

(Et des souores tas tic avec son b~ton il<br />

chassait les cailloux.)<br />

Comme Claduègne roule be<strong>au</strong>coup de laves et dtl<br />

cailloux basaltiques, on peut douc supposer, on te-<br />

nant <strong>com</strong>pte du cla celte oupntols et de l'irlnis latin,<br />

que son nom signifie Irierre btnilc~c.<br />

Une curieuso remarquo lin~uislirlne a 6t~ faito par<br />

un des hommes les plus intclligonts titi pars. Les<br />

<strong>pays</strong>ans, à Villoneu\'e, à la Villcclieu et <strong>au</strong>x environs,<br />

semblent avoir- un article particulier- pmu' les objets<br />

qui vont par paires. Ainsi, ils disent: én oï (ou bien<br />

Ollï) gan, (une paire de glllltS), é» ouï bollos (une<br />

paire de boUes)j loï l»nellos (les lunettes). Ils cliseul<br />

<strong>au</strong>ssi mOlli' gans, moï bra~os (ntes gants, mes pantalons),<br />

et non pas mos gans, mos bmyos. )Iais ils<br />

disent ntot~s lorli/lés, ntos lerros (rites pommes de<br />

terre, mes terres) X'esl-cc l'liS un vestige du duel<br />

grec On sait que 10grec a trois Sciii-es singulier,<br />

pluriel et duel.<br />

Nous avons lu quelque pal'l qu'<strong>au</strong> siècle dernier, on<br />

recueillait des paillettes d'or- d<strong>au</strong>s la rivière de Cla-<br />

duègrie et dans le ruisse<strong>au</strong> de Foninurie (Fons <strong>au</strong>ri.)


III<br />

Cela semble bien dans un terrain<br />

<strong>com</strong>mecelui du Coiron et de Villeneuve, et nouscroirons,<br />

jusqu'il preuvu du eontrnire, (tue la traclition<br />

pepulaire ne roliose ici sur <strong>au</strong>cune hase sérieuse.<br />

Apropos du nuit)de le principal affltiont<br />

do Claduégne, il est il 1'0 mill'Iluc l' Iluebe<strong>au</strong>coup de<br />

cours d'ean, grancls ut petits, lturlent ce inéiiie nom.<br />

Il a des Auzon dans V<strong>au</strong>cluso, lu fard, la Houle-<br />

LeÎl'c,l'Aube et ailluurs. El puis nous avons en Vivarais<br />

des Auzon, des .luzenue, des Auzonnct. Ces<br />

noms n'<strong>au</strong>raicut-ils Iras la uumu ori;;inequ'I~lix?<br />

.1 proposdel'orlginc (levilleiietive, dit 111ichal, il cst<br />

esscnlicl de noter un fait qui sedé;~a~ufot't clairement<br />

ticsrecherches Listoricluesde 1'0siècle, c'est que cette<br />

urigioe se rallaclm nu ¡!rOI1lIIllUnvclllcul do notre<br />

histoi1'0nlllionolo,Du onziomo <strong>au</strong> douzü;me siècle.<br />

les populatiuns ruralus, ~prouvées I)ai, des m<strong>au</strong>x<br />

de tout genre, elterclrenl â se Srouler pour se rnieux<br />

défendl'u, Les munastères lent- (lll'rcllt dos terres k<br />

~éfricUeret, lie plus, ¡!l'~CCa leurs iiiiiiiiiiiités cI <strong>au</strong><br />

.!l'oild'asile, peuventlent- assurur nue l'crtaine sécurité.<br />

C'est alors clu'ou vuit se funcier11111.1 foule de<br />

villes neuves, cunstruitcs d'un coup, sousles nomsde<br />

l'illc/'rnnche, ~eurillc, .~uuvelc, Ilaslicle et surtout<br />

l'illeneuve. Les suigncurs suivenl plus tiirti l'oxem-<br />

pic des moines. Enfin les rois s'y meltent <strong>au</strong>ssi, eL.1


m<br />

une fois lancés dans cette voie, y dépassent le,<br />

moines et les seigneurs dans un but facile à cont-<br />

prendre.<br />

Toutes ces villes ncuves reçul'ent des chortes plus<br />

ou moins libérales mais qui étaient un énorme progrès<br />

pour l'époque, car on y voit polndrc la liberté<br />

persol'nelle et la règle fJXt1substituée il l'Arbitraire<br />

féoda1.<br />

Au Jlllllllcntde prendre tie nuire ami, Huous<br />

dit encoru<br />

N'oubliez pas de noter quu la gatlci a joliment<br />

baissé à Villeneuve, depuis quelques<br />

années, plus qu'ailleurs mêllle, car le chemin de fer<br />

a fait de notre ville une sOl'lecl'impasseoil personne<br />

ne vient plus. Quand une vuilure nrrive, c'est un<br />

Óvénelllent, alors qu'<strong>au</strong>trefois Villeneuve était. le<br />

grand passage du I3as-Yivarais..lussi toute notrti<br />

jeunesse S'Cilva dans les grandes villes, et ceux qui<br />

revionneiit n'on ropporlent pas l'amour de cette vie<br />

patriarcale qui fait le chArmedu livro d'Olivier de<br />

Serres. Ne vous étonnoz donc pas que Villeneuve<br />

fête be<strong>au</strong>coup moins tous ses saints que précédemment.<br />

lflaisil était essentiel, il étAit môme urgent,<br />

de rappeler son animaliou, son cnll'8ln, sa prospérité<br />

d'<strong>au</strong>trefois parce train dont vont les<br />

choses, les derniers vestige" en <strong>au</strong>ront bientôt disparu,<br />

en sorte que les futures générations ne s'en


!t3<br />

douteraient mdmo pas si elles n'on retrouvaient la<br />

trace dans quelque musée d'onli~uités, c'est-à-dire<br />

dans vos récits de voyagos.<br />

N'oubliez pas non plus de constater que l'esprit<br />

d'indépendance de la vieille Belvlo n'ost pas tout.àfait<br />

mort parmi nous. Nos pères, les conseillers dt)<br />

l'onclenne cour royale, ont dtdle plus sol-derempart<br />

desdroitsdu pouple contrela tyrannie fCl iale. ,Nous<br />

cherchons à ôtra'dignes d'eux en réslstant.nu;t potiles<br />

tyrannies modernes, qui ont remplacé l'ancienne<br />

Qi quo résume si bien <strong>au</strong>jourd'hui la colorie politi.coprolestante,<br />

dont tant do crédules républicains do<br />

l'Ardèche sc sont faits les humbles et fé<strong>au</strong>x sujets.<br />

Nous l'avons battue sous les yeux d'Olivier de Sôrres<br />

souriant et nous espérons bien que notre exemple<br />

sc générlliisera tOt.outard dans le département.<br />

Barbe qui avait été fort réservé pendant ces trois<br />

journées, crut cette fois devoir protester.<br />

Tais-toi, grand naïf lui répliqua Michel.<br />

Qui sait, dit Bar~4e, si l'événement ne démontrera<br />

pas <strong>com</strong>meil l'a déjà fait tant de fois, que nous<br />

le sommes tous un pou ? 2<br />

Je pense, dis-je à mon tour, que nous pouvons<br />

nous donner la main. Et, d'ailleurs, r~ppelons-nops<br />

ce mot d'un vieux jugodu Bas-Vivarais ,Si onn'éta~&<br />

pas naïf. on se jetterait par la fenêtre 1<br />

.8


v<br />

TROIS PROTESTANTSILLUSTRE$<br />

JeandoSerres. L'actodobaplèmod'Anlolno Courl. Ser31Jmoira,~Les<br />

prédicanlesdu Vivarais. La propliétesto<br />

Tih<strong>au</strong>do.Un °I1ÓlrO Luguenot. -Uno lettredo&brieGc!belin.<br />

L'il/oiro desCamiserds, CourldoGéhelin. Lohlondi<br />

primiti/: UnVivarois inhumGdanslesjardin. duroid'Yvetot.<br />

-A larecherched'untombe<strong>au</strong>.<br />

VllIenouve-do-Derg a produit be<strong>au</strong>coup d'hommes<br />

distingués, Nousrenvoyonspour la pluparlà l'ouvrage<br />

~0111.l'abbÓMolllor(I), I'our nous, qui faisons plu-<br />

Ml de la chronique quo de l'hlslolro, nous nous bOl'nerons<br />

il quelques notes sur tel ou tel cl'outro oux,<br />

soit pour on faire mieux ressortir la pltysionoruio,<br />

soit pour donner quelques tl3lails inédits sur lotir vie<br />

et leurs trav<strong>au</strong>x.<br />

Au promier rallg de ceux qui tn3ritoraiont d'dtrc<br />

mieux connus de leurs COl1cito~'ellsJnous plaçons<br />

Jean do Serres, le frère cadet d'Olivier.<br />

Jean uaciuit à Villeneuve on tfi48, ~I. Anatolo de<br />

Gallier publié sur lui on 1874(2) un tr3s-int3rossant<br />

article que nous signolilmesalors à l'attention<br />

du public vivarois (3). Uno courto noie, éCl'itede la<br />

(1) Recl~erche,t Aisloriques sur Villeneum.de-Dery.<br />

3) Bulletind'archéologie dota Drôme.<br />

~5)Petitesnotesardéclioises,série,Privai,imprimerie dulourl1li1dei'Ardiche,<br />

1874.


11t~<br />

maiclo Salomonilt'luMorcl,de Valence,un des gendres<br />

de Jean lie Serres, confirme les dissidences do son<br />

1J03U-PÔ1't) avec 1(~sgrancis meneurs protestants du<br />

xvt~siècle. « Estoit l'ol'Oelodo son temps pour avoir<br />

lion grandeamitié avec Thl'odol'e doDeze,puisfuront<br />

onnemis SUI'10 suliject do son livre a plornltts ttd<br />

fcclemcufholiccrm. Et (101)llis,des 11III1'esminisll'os<br />

pour un lIul1'elivrct manuscriplinlitulcl<br />

:ldvis cle<br />

Jean clc Serr·cs Irouneornlro.serlr.s<br />

Itcligion<br />

de la<br />

»<br />

J\i3n do Serres a écrit da uombrett:c ut importants<br />

ouvrages, notamment l'Irtvonlaire de l'hisloira de<br />

et c'cst <strong>com</strong>me Itislorien et litt~I'lIteurérudit<br />

yu'il estsurtotit countt pOl'lniles lettrés. ~falsce n'est<br />

pas (lui<br />

dans sa vie et ses trav<strong>au</strong>xnousIntéressi<br />

le hlus, et l'on nous pertnotlra do reproduiro ici cc<br />

que nous disions clcijRsur ce iiiéniesujet on i874:<br />

« Un trop petit nombre connaissent et apprécient<br />

les effortsqu'a fttits Jean do Senes pour éclairel'los<br />

convictions et surlout apniser les passions religiouses<br />

de son temps, efforts sous lesciuels il suc<strong>com</strong>ba,<br />

C'esl ce point do vue copcndollt cluo la figure de<br />

Jean dc Serres nous paratt particulièrement romarcluable.<br />

C'est à ce point de VIIOqu'à 1108yeux ollo se<br />

détocho avec 10plus d'éclot du fond obscur que forment<br />

les logomachies fanatiques et les aveuglements<br />

achol'nés.du milieu où il vivait. Rien de plus rare,<br />

<strong>au</strong>x époques d'e(Tervesceucopolitique ou religieuse,


-110<br />

q~ueles hommes douésd'assez de bon senset de force<br />

de.carMtère pour rester calmes et :raisonnableS <strong>au</strong><br />

milieu de la folie générale. Leur rÓleest certainement<br />

des plus ingrats et des plus difficiles, car Hs<br />

sont à peu près sArs dodéplaire à tout le monde et<br />

.presque toujours ils sont, <strong>com</strong>me Jean de 'Serrds,<br />

écrasés par le choc des.partis entre lesquels ils ,ossayent<br />

de se porter médiateurs. Mais ~léur rôle en<br />

est-il moins be<strong>au</strong> pour cela, et ne leur mérite-t-iL<br />

pas, <strong>au</strong> contraire, de la part de l'impartiale postérité,<br />

une plus belle couronne ? En cherchant.4 démontrer<br />

que les dissidences existantes ne motivaient pas :la<br />

lruplore de l'unité chrétienne,. Jean de Serres ne,faisait<br />

que voir de plus h<strong>au</strong>t et de.plus loin que ses<br />

coreligionnaires contemporains, et chacun sait que<br />

,biendes protestants iIIustl'es,pormiJesquels..n nous<br />

suffira de citer Leibnitz et M. Guizot, ont partagé<br />

sette opinion. En sacrifiant son repos à l'œuvre. de<br />

réconciliation des deux Eglises, laquelle était <strong>au</strong>ssi<br />

.une œuvre de pacification et do consolidation,nationales,<br />

il prouvait <strong>au</strong>ssi qu'il était plus p~nétré du véritable<br />

esprit chrétien que tous ses contradicteurs<br />

.catholiques ou h~guenots. »<br />

Une <strong>au</strong>tre beIlefigure de protestant est celle d'Antoine<br />

Court. La:plupart desbiographes le font -naltre<br />

à.Villeneuve le 17 mai 1696 d'<strong>au</strong>tres, h la Tour-


tt1<br />

d'Ai~üas,'en Vivarais; i mals<strong>com</strong>me personne n'a<br />

encore pu nous rensèigner sur cotto ToûtLd'Aiguos;<br />

on-peut supposèr qu'il s'agit d'un nom estropié ou do<br />

pure imagination. Dans tous les cas, voici une piècé<br />

<strong>au</strong>thentique transcrite sur les registresde Villeneuve,<br />

qui permettra <strong>au</strong>x biographes futurs de rectifier les<br />

informations de leurs alnés<br />

ACTEDE BAPTtMB (textuel.)<br />

L'annee mille six cent nonante-cinq et le vingtseptiesmejour<br />

du mois de mars a eslé baptiss Anthoine<br />

Court, fils à Jean Court et à blaric Jabelin.<br />

Sonparrain a esté Anthoine G.bellin et sa marraine<br />

3larie Ladet soubsignés et moi.<br />

Gebelin. -Chambon prltro et vicaire.<br />

Il est à remarquer que 10nom du parrain, qui est<br />

8yssf celui do la mère, n'est écrit correctement que<br />

dans le signàturo. Lesbiographes de Courtdisent que<br />

sa mère, MarioGébelin, venait du Languedoc, mais<br />

on peut tenir le fait <strong>com</strong>me improbable, attendu que<br />

ce nom do Gébelln n'était pas rare, h cette époque,<br />

dansla région d'Aubônas et de Villeneuve. Un Pierre<br />

Gébellnfd'Aubenas, <strong>com</strong>promis dans la révolte de<br />

Roure en t670, fut banni de cette ville pour six ans.<br />

Ne serait-ce pas un parenl d'Antoine Gébelln qui<br />

figure dans l'acle do baplèmo <strong>com</strong>me parrain et<br />

qui était sans doute un frère ou un cousin de la<br />

mère? Le nom de Court était <strong>au</strong>ssi fréquent dans le


H 8<br />

<strong>pays</strong>. Le sommaire des Archives de l'Ardèche (t576 à<br />

1729)mentionne même un Antoine Court, papetier.<br />

à.Vals.<br />

Le père de notre héros mourut en noo, et a'est de<br />

lui probablement qu'il est question dans les registres<br />

do Villeneuve, à la date du 20 janvier t 700. où se<br />

trouve *montionn'del'inhumation de Lottis Cotu·t. On"<br />

a vu que l'acte de baptême d'Antoine donne à son<br />

père le nom de Jean, mais si l'on songeque les noms<br />

de Jean et Louissont encoro lrès-rréquemment associés<br />

dans le <strong>pays</strong>stir la même personne, on s'explique<br />

fort bien que le père d'Antoine se trouve inscrit, sous<br />

le premier de ces noms, à l'acte de baptême de son<br />

fils, et sous le second, à son propre notede décès.<br />

~fllrleGébelin étaU une zélée protestante qui éleva<br />

son filsdans toute l'ardeur de sa foi,si bien que l'enfant,<br />

dès sa plus .tendre jeunesse, ac<strong>com</strong>pagnait sa<br />

mère<strong>au</strong> Désert, c'est-à-dire <strong>au</strong>x assemblées clandestinos,<br />

que les hugueuols persécutés tenaient ordiuaireiiiont<br />

la nuit dans des granges isolées ou uonte ait<br />

milieu des bois.<br />

Lesalémoires d'Antoiue Cotwt,quo vient d'édilcl'<br />

Il. Edmond Hugues (1) contiennent cio l'urioux défaits<br />

sur la jeunesse de l'apôtre protestant. Nous y<br />

(t) kfimoires d'AntoineCourt,publié.avec,unepréfaceel des<br />

notesexplicatives parEdmondRugues,Paris1885.M.Hugues, <strong>au</strong>jourd'huisous-préfet<br />

<strong>au</strong>xAndelys, avaitdéjàpubliéent8 7 1·Histoiredelaral<strong>au</strong>rationduprotestantismc<br />

m France,ouvragequi lut<br />

couronnéparl'Académie, etdontunegrandepartieestconsacrée a<br />

1'tiuyredamtolneCourt.


H9<br />

voyons que ses jeunes camarades le tourmentaient et<br />

le huaient <strong>com</strong>me huguenot, et qu'un jour même<br />

quelques-uns employèrent la violence pour obliger<br />

Antoine à venir avec eux à la messe, sans se douter,<br />

les petits imtiéciles,


4iO<br />

parti protestant en Yivarais étaient Jacques Bonbonno\ÍX;un<br />

ancien chef camisard, Jean Rouvière, de<br />

Blaizao, èt le prophète Pierre Chabrier, dit BroneI.<br />

C'est ce dernier qui, en emmenant Court avec lui<br />

dans 10H<strong>au</strong>t-Vivarais, décida en f7t3 sa vocation de<br />

missionnaire protestant.<br />

La lâche que Court assumait était doubloment diffiolleet<br />

dangereuse. D'un côté, l'aùtorité, <strong>au</strong> lendomain<br />

de là révolte des Camisards, n'était pas tendre<br />

pour les prédicants et le gibet était ordinairement<br />

leur partage. D'<strong>au</strong>tre part, les malheureux calvinistes<br />

du Midi, aigris par la persécution et privés do<br />

leurs pasteurs réguliers, étaient tombés dans des<br />

égarements mystiques qui touohaient à la folie. Le<br />

peu quo dit Court des extravagances du prédicant<br />

YessÓnetdu prophète bionteil (ce dernier exerçait<br />

dans les environs de St-Pierreville) suffit pour indiquer<br />

à quel point leur cervelle était dérangée. Une<br />

<strong>au</strong>tre ftiis, c'est la veuve Caton qui, avec Claire,<br />

exorcise une prétendue possédée du démon. il<br />

parait que cette Claire s'imagina de prédire un jonr<br />

une grande assemblée qui devait se tenir <strong>au</strong> pré de<br />

Lacour à Chalancon, le jour de Noëlt7la. Ondovuit<br />

y administrer la Sainte-Cène. La prophétesse désigaaitmémo<br />

les officiants: Besson,de Blaizac, distribuerait<br />

la coupe et Grel, de Bllix, verserait le vin.<br />

On verrait des Anglais à cette assemblée. Maisl'événement<br />

donna tort à la prophélesso 10pré resta


421<br />

seul, 16jour de Noël, avec la neige qui le couvrait, et<br />

pas l'ombre d'un Anglais 1<br />

L'histoirode la prophétesse Tib<strong>au</strong>de, de Nimes, est<br />

encore plus amusante. C'était la femmo d'un fàbricant<br />

d:aiguilles pour les métiers de bas. EcoiHon!l<br />

Court:


Iii<br />

pour tAche de faire cesser une anarchie politique et<br />

religieuse dont il avait vu de plus près les tristes<br />

.effets.11se fit le grand missionnaire du Désert, <strong>com</strong>battant<br />

les inspirés, pr~cbant à ses coreligionnaires<br />

non seulement le retour à l'orthodoxie calviniste,<br />

mais encore le respect des puissances, c'est-à-dire<br />

de l'<strong>au</strong>torité du prince, pour tout ce qui n'était pas<br />

en opposition avec la conscience. JI reconstitua les<br />

églises, leur donna de nouve<strong>au</strong>x pasteurs et mérita le<br />

titre de Rest<strong>au</strong>rateur du protestantisme enFrance.<br />

L'apostolat d'Antoine Court sc prolongéa pendant<br />

une quinzaine d'années, et eut pour théâtre toute la<br />

région des Cévennes, depuis leH<strong>au</strong>t-Vivaraisjusqu'à.<br />

Montpellier, mais principalement la région de Nimes<br />

et d'Uzès.En ni9, le Régent fit parler à Court, afin<br />

de prévenir une révolte des protestants que cherchaient<br />

à provoquer les ennomis de la Franco l'extérieur.<br />

Court fit assurer 10Régent do la fidélité des<br />

réformés des Cévennes, En t720, il fit un vo~'agoA<br />

Genève et la peste qui éolata, sur cos entrefaites, à<br />

Marseilleet se propagea jusqu'on Vivarais, le retint<br />

deux ans en Suisse. L'ouvrage de M. Huguescontient<br />

une lettre odresséo do Villeneuve pendant celle période.(12<br />

ootobre t7î!I) par Marie Gébc1in à son fils.<br />

Nous en exlrayons le passage suivant qui montre les<br />

tcrreurs occflslonm1esdans nos montagnes par la présence<br />

de l'épldÓmleà St-Gencsl-de-B<strong>au</strong>zon<br />

Il Qitant à ce grand flé<strong>au</strong>, dont nous sommes me-


113<br />

nossés el qu'il est à nolre porie, cola fait bOllucoup<br />

de paino; mais, toutefois, la volonté do Dieu soit<br />

faite et non pas la nôtre ( ce mal contagieux n'est<br />

qu'à quatre ou cinq licues de chez nous; car il est à<br />

Siiiit-Jiiiieys, à demy lieu en delà de Joyeuse, et recognou<br />

cslre cn plusieurs villages de ce Cf'lé-là, où<br />

l'uu fait cOlllinuellemonldes lignes gardébs par des<br />

gens de guerre, afin qu'<strong>au</strong>cune personue ne passe en<br />

delà d'Ardèche, à peine d'estrc fuzilhéc. Nous travaillons<br />

actuellement il clore tous nos faw bourgs,<br />

eu y laissant des portes oux principales advenues, et<br />

faisant garde cotriinuello. Veuille le Seigneur nous<br />

en préserver par sa sainte gràce I »<br />

Courtreviiit cu Fr<strong>au</strong>co <strong>au</strong> moisd'aoilt i7~?. L'année<br />

~uivante, legouveriieinciit lui tlto(irir des passeports<br />

pOlll'quitter 10 roy<strong>au</strong>me, avec ititoi-isation do voit-<br />

111'0seslions fondss'il eu avait. Il fit répondro quo,<br />

sion le connaissait mieux, <strong>au</strong> lieu do l'expulsor, on<br />

l;waillcrait le retenir. La prime offerte <strong>au</strong>x délatrnrs<br />

pour lu prise do Court, qui n'avait été jusques<br />

là cluade mille livres, fut élevée cette année à trois<br />

mille clin sitllolion devint lie plus en plus périllruse<br />

petit- le courageuxpasteur, ce qui tic l'emp~dla<br />

l'as do vonir donne.' la consécraliou -CIPierre Durend<br />

cI tlo faire una visite talc des églises du Vivarais.<br />

I:n 172R,les efforts pnur Je prendre rcdoublèrollt.<br />

Lv',10novembre de cette ann~e, on exécuta à Monl-<br />

liellier le pasteur Rousscl. « On Iruuca, dit Court,


-t'l6-<br />

divers papiers sur luiqui firent connattro <strong>au</strong>x puissances<br />

l'influence que j'avais sur les affaires. » Le<br />

marquis de la Fare, <strong>com</strong>mandant militaire en Languedoc,<br />

promU alors dix mille livres à qui livrerait<br />

Court mort ou vif. Bref, après avoir couru les plus<br />

grands dangers, Court se décida à prendre sa l'etraite<br />

et passa en Suisse à la fin lI'aot\t 17~9.<br />

Il resta à L<strong>au</strong>sannejusqu'à sa mort, et y fonda le<br />

séminaire protestant qui nocessa de fournir des pasteurs<br />

<strong>au</strong>x réformés du Midide la France. Sa correspondance<br />

avec les pasteurs du Désert, conservée à la<br />

bibliothèque do Genève, contient une foule de détails<br />

précieux pour l'histoire de nos contrées <strong>au</strong> XVIII'<br />

siècle. Court ayant parcouru lui-môme, pendant ses<br />

mis310ns,tous les lieux qui furent le théâtre de la<br />

révolte dos Camisards, avait écrit sur ce sujet un travail<br />

conseienciëux, bien quo portant naturellement<br />

l'empreinte de ses sympalhles personnelles, <strong>au</strong>quel<br />

son fils, Court de Gébelin, paraît avoir donné la ciornière<br />

main et qui parut en t760, e'est-à-4lire l'année<br />

môme de sa mort. Cette IJistoire des Camisards est<br />

devenue assez rare, bien qu'ay<strong>au</strong>t été réimprimée à<br />

Alais en t8f9. Court dit quelque part, à propos do<br />

cet ouvrage, qu'il l'a <strong>com</strong>posé pour fournir une des<br />

plus fortes preuves de la nécessité do la lolérllllco<br />

religieuse, attendu que « l'histoire des Camisards<br />

n'est qu'un tissu des plus affreux effelsdont l'intoléranco<br />

ait jamais été la s<strong>au</strong>rce. »


t 25<br />

Court a laissé bon nombre d'<strong>au</strong>tres ouvrages qui<br />

font honneur fi la droiture et à l'élévation de son<br />

esprit. C'était un homme de cœur et do foi qui metlait<br />

<strong>au</strong> service de ses convictions religieuses un zèle<br />

et une ardeur que ses coreligionnaires d'<strong>au</strong>jourd'hui,<br />

<strong>au</strong> moins dans l'Ardèche, mettent trop à accaparer<br />

les emplois et à taquiner les catholiques, <strong>com</strong>me s'ils<br />

avaient une revanche à prendre pour les persécu.<br />

lions d'<strong>au</strong>lrcfois.<br />

Les inspir·ésque Courtlla si courageusement <strong>com</strong>battus<br />

nous font penser <strong>au</strong>x exaltés politiques de<br />

notre temps, et nous <strong>com</strong>prenons fort bien la peine<br />

qu'il eul b.les convaincre, par l'impossibilité absolue<br />

oùnous nous trouvons <strong>au</strong>jourd'hui de ramenerles nÔtres<br />

<strong>au</strong> bon sons,Il est vrai que, dans<strong>au</strong>cun des partis<br />

<strong>au</strong>jourd'hui florissants, on ne poursuit guère cette<br />

utile tâche.<br />

Ah 1 mes chers confrères, rationalistes el philosophes,<br />

é.~l'Îvojnslégers ou profonds, spirituels ou<br />

ennuyeux, journalistes blagueurs do toutes les<br />

nuances, que nous sommes petits à côté de ces<br />

apôtres do la folie évangélique, qui s'appellent<br />

Antoine Court, Soint-Jean-Françols Régis, madame<br />

Rivier ou dom Bosco1Et je ne puis me défendre d'un<br />

sentiment d'effroi, quand jo vois que cette forco im-<br />

mense, que donne 10sentiment religieux, est appréciée,<br />

ut.ilisée,exaltée par les Allemands, les Anglais,<br />

les Américains, les Russes, les Turcs, les Arabes, par


12li<br />

tous les peuples du globl', t<strong>au</strong>dis que la coterie clotninante<br />

en France se Lait<strong>com</strong>me un jeu infernal do la<br />

déprécier et de la détruire 1 (1)<br />

r~<br />

Courl de Gébelin, le fils d'Antoine, fut ni) des ltlns<br />

illustres érudils de son temps. Itab<strong>au</strong>t do St-Iaieune,<br />

qui fut soit élève ci soit ami, le fnilnatll'o ô Nimcs<br />

en t725, mais il semble résullCl' de la correspoudance<br />

do son père qu'il nacluit soulemeut Cil 1728<br />

quant <strong>au</strong> lieu de sa naissance, 011 peut supposer que<br />

co fut, eu effet, du côté de Nimes ou d'Uzès, puiscluo<br />

sa mère, Eliennelte Pogès, était d'Uzès,mais on n'a fi<br />

cet égard <strong>au</strong>cune dOllnée ccrtainc, car Gébelin vi ni<br />

<strong>au</strong> monde pendant la période err<strong>au</strong>te et militante de<br />

la vielle son père, el ne fut inscrit sur <strong>au</strong>cun l'cgisll'e<br />

d'état civil.<br />

Court do Gébel\n montra dès sa jeunesso une aptitude<br />

merveilleuse pour les langues, ce qui le conduisit<br />

naturellement à l'étude spéciale du l'antiquité. En<br />

n05, il était professoUl' de logique 'et do morale ù<br />

L<strong>au</strong>sanne, mais en 1763, il vint se fixer fiParis avec<br />

Je titre elles émolumentsd'agont et de député géneraides<br />

Eglises réformées do France. Il lwofitado son<br />

séjour Paris el de ses relations avec tous les hommes<br />

(1) UnputeurdeNimcI,M.Borel,a publiélahiographie d'AntoineCourt,maisles<br />

deuxpublications de \I. EdmondIluguei<br />

constituent le travaile plus<strong>com</strong>plet quiait él6faitsur ce pertonD'le.


2'7<br />

éminents de son temps, pour se livrer avec passion à<br />

ses reoherohes scientifiques et <strong>com</strong>monça en n72 la<br />

publication du Nondeprintiti/' analysé et <strong>com</strong>par8<br />

avec lo mondemoderne,ouvrage immense interrompu<br />

par sa mort. Rivarol dit « C'est un livre qui n'est<br />

pas proportionné à la brièveté de la vie et qui sollicite<br />

un abl'égé dès la première page. »<br />

Le ~llondeprimiti/ est consacré surtout à l'étude<br />

des vieilles mythologies, à J'origine de la parole et du<br />

langllge, à l'anatomie des longues et l'oit y trouve le<br />

lIlctionnaire étymologique du français, du latin et<br />

du grec. L'ouvrage <strong>com</strong>plot, à en juger par ce qui a<br />

paru, devait <strong>com</strong>prendre quinze à vingt volumes.<br />

L'<strong>au</strong>tour en était <strong>au</strong> neuvième quand il mourut.<br />

L'idée principale de Gébelin, celle qui l'a guidé<br />

dans toutes ses recherches, c'est que les anciennes<br />

allégories ont des origines naturelles qui doivent se<br />

relrouver dans les trav<strong>au</strong>x, les usages et surtout les<br />

besoinsdes premiers hommes. C'est ainsi qu'il ses<br />

yeux, l'histoire de Saturne rappelle les heureux effetsde<br />

l'agriculture, celle de Cérès la culture du blé<br />

et celle d'Horcule les défrichements ot l'assainlssc4<br />

ment de la terre.<br />

Domôme, la parole et les langues ne sont pas des<br />

inventions arbitraires elles procèdent de l'organisatiou<br />

physique de l'homme eLil a d!\ exister une lait-<br />

Sueprimitive universelle forméo par un certain nombre<br />

de sons et d'intonations naturelles qui doiven~


i 28<br />

sc rell'Ollverdans tous les idi0mes. Gdbolin croyait<br />

que les vo~'ellesropcdsentaiont les sensations et les<br />

consonnes les idées. Il cOllsidél'aill'écriture <strong>com</strong>me<br />

une sorte de prolonaemonldu langago, d'abord hIéroglyphique,<br />

ellsuite alphabétique. Il passa sa vie h<br />

chercher cette langue primitive el le sens des ancieunes<br />

allégories,<br />

Nous <strong>au</strong>rions sans doute bien des l'éserves h foire<br />

snr le système de Gdbelinet en particulier sur ln part<br />

trop exclusive qu'il fait <strong>au</strong>x besoins physiques de<br />

l'homme. Il oublio trop l'élément moral qui a bien<br />

da jouer <strong>au</strong>ssi son rôle dans la formation des anti-<br />

ques allégories, et c'esl cette lacune que les uryllrologues<br />

allemands so sont attachés principalement à<br />

faire ressortir. Alais, on somme, le point de dé-<br />

part de l'illustre 6rtidit no manquait pas do justesso<br />

et son principal déf<strong>au</strong>t était de viser un but<br />

be<strong>au</strong>coup trop <strong>au</strong>.dessus des forces d'un homme et<br />

hors do toute proportion avec la somme des connaissances<br />

contemporaines. Aussi, quand 10prospec tus parut en 1772, <strong>com</strong>prend-on fort bien que d'Alemborlail<br />

demandé si un pareil programme pouvait<br />

être réalisé même avec qnaranle collaborateurs. Le<br />

Jorrrnraldes Snvants, de son côté, exprima fortjustement<br />

le doute «qu'une société des plus sovlInts hommes<br />

lie toutes les nations, qui s<strong>au</strong>raient toutes les<br />

les langues, qui <strong>au</strong>raient sous les yeux tous les 111'1numents)<br />

pat y l'éussir. »


129<br />

(:omml}nl,en nhol'dnllt scultlllc CIII1'ClH'iso si .,1'due,<br />

Gébelillllo sernil-il pu'stomlu, urulgrb ,ngramie<br />

trnclition, dans boit nombre d'lrypollrèses gratuites<br />

et de rWeries2 3faiss'il est lrermis nnx tteiiii-savitils<br />

(l'cil l'ire, nous sommes convailicti quo les vrais snvnuls<br />

se rnppellent, dans Urlloul outrc sonlimout, les<br />

immenses recherolresde l'nuleur clu .llondelmimili/'? snchant <strong>com</strong>bien les tl'OVOUXdo ce genre, unrno semés<br />

d'erreurs, conlribucnt nux progrès do l'esprit<br />

humoillet, d'ailletirs, no 50ngeontpas sans oppréhensien<br />

ce qu'on pourra penscr (1t, letirs propres recherches,<br />

quand un siècle nura passé dessus, <strong>com</strong>me<br />

sur celles de leur illuslro 1)t,é(técessetir.<br />

Gubelinont, pnrait-il, beuucoup d'ennuis avec ses<br />

cOl'oliglonnoÎl'osqui lui reproclnient ses l'clotions<br />

nvecde h<strong>au</strong>ts fonctionnaires et do grands personnuges,<br />

suns réflécLir que ces relations étaient toutes ù<br />

leur ovontogo, el avaient singulièrement facilité l'u.<br />

~oncissementqui fut yoportdà lotit, silunlion pendont<br />

la seconde moitié du 18' siècle.<br />

Gdbeliufut !l'ès-lié avec los économistes et le fumew<br />

Quesnay l'oppeluil soit disciple bien aimé ce<br />

qui 1)rotive<strong>com</strong>bien l'osprit de Géboliu était ouvert<br />

anx idées justes et \'roill1lJllt progressives. 811n8<br />

cluute les iuitiateurs de la science ~conomiquc<br />

<strong>au</strong> XVIIIesiècle n'ont pas lIttelllt d'emblée ln perfeclion<br />

de la doctrine, mais ils n'eu ont pas moins ou<br />

l'éclotnnl mérite cl'iuuugurerdes études qui clevienli


130<br />

dront la-base la plus solide de la politique, le jour<br />

où.la politique deviendra sérieuse. En somme, l'écowomie<br />

politiquo est lascioncedogouvernerleshommes<br />

ce que l'anatomie est i\ l'art de guérir. Lesindividus<br />

qui prétendent faire de la politique, sans avoir<br />

étudié sérieusement la scionce économique, sont de<br />

la même force que ceux qui se mêlent de médecine<br />

sans avoir appris, <strong>au</strong> préalable, <strong>com</strong>ment le corps est<br />

conformé et <strong>com</strong>ment ses organes fonctior.nenl.<br />

Gébelin toucha <strong>au</strong>ssi à la politique active en lra-<br />

vaillant avec l'illustre Franklin et quelques <strong>au</strong>tres à<br />

une sorte de publication périodique intitulée Affaires<br />

d'Amériqueqai parut en 1776 et les années suivantes.<br />

Gébelin mourut le 10 mai 17Si, victime, dit-on,<br />

des procédés magnétiques de ~Iosmer dont il <strong>au</strong>rait<br />

abusé pour relever sa santé <strong>com</strong>promise j d'où l'épitaphe<br />

épigrammatique suivante<br />

Ci-glt ce p<strong>au</strong>vreGébelin,<br />

QuipuJailgrec,liébreu,latin<br />

Admireztoussonhéroïsme,<br />

JIfutmartyrdumaônétisme. Gébelin laissa des affaires fort embarrassées, par<br />

suite de sa particirati~n <strong>au</strong> Jlrtsée dont il fulle fondateur.<br />

Les crsanciers rirent saisir cet élablissement<br />

ainsi que tùns les papiers de Gébelin. Le tout fut<br />

vendu <strong>au</strong>x encltèreset les manuscrits de Gébelin paraissent<br />

être venus plus tard en la possession du célèbre<br />

bibliophile Gabriel Peigtiot.


.ai<br />

L'abbé blolliei- établit que était fr<strong>au</strong>c-nia-<br />

çon, ce qui n'a rien d'étonnant, car une foule d'Irommes<br />

distingués l'étaient à cette époque oit la franc-<br />

maçonnerie n'était pas encore devenue la grallde<br />

association de la rhnbarho et du séné, c'est-a-dire<br />

le lien <strong>com</strong>mun d'une immense coterie.<br />

Gébelin fut inhumé à Franconville, prés de Paris.<br />

dans les magnifiques jardins de son protecteur, le<br />

<strong>com</strong>te d'Albon, à c0t~ Jos monuments que celui-ci<br />

avaitdéjà élevés à la mémoire de IIaller et de Guill<strong>au</strong>me<br />

Tell. Le corps fut mis dans un cercueil de<br />

plomb couverl (j'une pierre sur laquelle on voyait<br />

une lIécsse t; açant des caractères hiéroglyphiques i<br />

quatre colcnnes mutilées et tronquées inégalement<br />

l'environnaient. Surun coté du m<strong>au</strong>soléeon lisait ces<br />

mots<br />

PASSANTS, VÉNÉREZ CETTElrOlIBE,G$aBLlI1<br />

JIEPOSE,<br />

Le 9 mAi188i, nous venions de relire l'éloge de<br />

Gébelin par le <strong>com</strong>te d'albou. En songeant que le<br />

centcnaire de sa mort tombait précis6mentle lendemain,<br />

nous résolûmes d'allor il Franconville visiter<br />

son tomhe<strong>au</strong>. Si son ombre est encore sensiblc <strong>au</strong>x<br />

ohoses humaines, petit-dire, pcnsâmes-nous. serat-elle<br />

touchée <strong>au</strong>tant qu'étonnée de voir un Vivarois<br />

venir, <strong>au</strong> nom des <strong>com</strong>patriotesouhlieux de son père,<br />

rendre cet hommage à sa méllloire.<br />

s.


13~<br />

Le lendemain, fort heureusement, le temps était<br />

magnifique et nous pûmes, avec deux jeunes <strong>com</strong>pagnons,<br />

réaliser ce projet.<br />

Nous descendîmes à la station de Sannois qui n'est<br />

éloignée de Franconville que de deux kilomètres.<br />

C'était par une belle journée de printemps, qu'une<br />

ondée avait rofraichle le matin, en som<strong>au</strong>t lie perles<br />

le feuillage des arbres et des arbustes. Elle soleil, en<br />

faisant étinceler tous ces petits globes vivants, prouvait<br />

que le plus be<strong>au</strong>, <strong>com</strong>me le plus fugitif des diamants,<br />

est encore la goutte d'e<strong>au</strong>. Les lilas étaient<br />

en fleurs et des milliers de boutons se balan-<br />

çaient <strong>au</strong>x branches, dans les champs et les jardins,<br />

guettant l'heure de montrer leurs frais visages. On<br />

sentait les boUemenls de toute la nature \'égélole<br />

d'un bout à l'<strong>au</strong>tre de la vallée de Montmorency dont<br />

les deux rangées decollines vertes dominent tant de<br />

riants villages, Oh 1qu'il est plus agréable de voir<br />

pousser l'herbe, perler la rosée et s'épanouir les<br />

Oeurs, que de rester face face avec les innombrables<br />

verrues physiques et morales qui déshonorent la<br />

plante humaine 1<br />

Nous nous étions plus d'une foisdemandé en route<br />

si le montiment de Gébelin existait encore. Allait-on<br />

<strong>au</strong> premier mot nous y conduire, ou bien était-il<br />

tombé sous la f<strong>au</strong>lx du temps et sous l'indifférence<br />

encore plus meurtrière des hommes ?2<br />

A l'entrée de Franconville, nous avisâmes un vieil-


133<br />

lard, il figure intclligeule, qui cansait avec deux on<br />

trois pa~.sons.<br />

Nous lui demandimes oil se trouvait Ic parc du<br />

<strong>com</strong>te d'Albon.<br />

Ah1je vois bien, dit-il, vous venez voir la maison<br />

du roi d'Yvetot.<br />

Cela nous rappela qu'en effet le <strong>com</strong>te d'Albon<br />

avait été le dernier seigneur d'Yvetot. Il parait que<br />

le typo Imaginaire créé depuis par Dérangcl', en excitant<br />

la curiosité des Parisiens, n'a pas élé sans profit<br />

pour Franconville.<br />

J'expliquai <strong>au</strong> vieillartl quo nous venions voir un<br />

tombe:m dans l'anoienne propl'iÓtÓdu <strong>com</strong>lo d'AIbon.<br />

Ah 1le tombe<strong>au</strong> de Jobelin, nous dit-il, mais<br />

il est détruit depuis longtemps 1A la première Révolulion,<br />

on y avait établi uno batterie de canons.<br />

Il nous raconta quo le parc du l'amie d'AI bonavait<br />

été vendu. La plus belle partie, celle où sont les fon-<br />

taines, appartient depuisdeux ou trois ansPitiet,<br />

un eélèbro cordonnier de Paris. Quant <strong>au</strong>x bois, où<br />

se trouvait le tombe<strong>au</strong>, ils avaient été divisés entre<br />

de nombreux acquéreurs.<br />

La propriété Pinot est située à l'extrémité du vil-<br />

lage. Lejardinier, bien qu'il fM là depuis douze ans,<br />

ne connaissait pas même le nom de Jobclin, mais il<br />

avait entendu dire qu'il y avait <strong>au</strong>trefois des monuments<br />

dOllsles hni~.


f3i<br />

Nous inoilibliies dans les bois, <strong>com</strong>ptant sur notre<br />

bonne fortune et sur les reuconlres éventuelles pour<br />

trouver le monuÓ1ent ou ses débris. Hélas! 1c'esten<br />

vain que nous queslionntlmes tous les promeneurs<br />

indigènes, jeunes ou vieux personne ne savait ce<br />

dont nous voulions parler et nous saistmes plusd'uno<br />

envie de souriro <strong>au</strong>x lèvres des personnes à qui nous<br />

nous adressimes. Les plus étounés furent deux indi-<br />

vidus, qui faisaienllles bouquets s<strong>au</strong>vagc3 et qu'à<br />

leur allure nous reconnames tout de suite pour des<br />

inslituteurs. L'un d'eux nous montra une sorte de<br />

borne placée à l'angle de deux sentiers, et reconverte<br />

par les <strong>au</strong>bépincs, s\lr laquelleon lisait lesdeu:c<br />

lettres D et S en nous demandant d'un air goguer.ard<br />

si cela tic voulait pas dire Deus Super. Nous<br />

lui fimes <strong>com</strong>pliment de sa h<strong>au</strong>te science épig:-aphique<br />

et il fUll'oconnu, dans tous les cas, que ce n'était<br />

pas là \Ille borne ordinaire, mais probablernent un<br />

lIéhri lie quelque ddilicv ddti-uit. Bref, IIprès ètre re-<br />

descendu <strong>au</strong> village pour consulter les personnes<br />

'111'011nous désigna <strong>com</strong>me les plus <strong>com</strong>pétenlcs et<br />

à la suite d'une etiquéte quidura deux ou trois heures,<br />

nous finimes par trouver un vieillard, fabricant<br />

de cerce<strong>au</strong>x lIans le bois, qui s'engagea à nous mener<br />

à l'endroit précis oit existaient <strong>au</strong>trefois les monu-<br />

monts que nous cllerchiuus.<br />

II nons y conduisit, en effet, ot c'est dans un taillis<br />

formé;de uh9taigniers, de syconrores e; de noisetiers,


435<br />

<strong>au</strong> quartier dit des Rinuas, qu'il nous tit voir, émergeant<br />

à peine <strong>au</strong> milieu des mousses et des détritus<br />

végét<strong>au</strong>x, deux ou trois amas lie pierres et de platras.<br />

Il.)' avait eu là éviclemment quelque chose, et<br />

il nons sembla reconnaître les traces d'uno lorfasse<br />

qui avait dr1 servir d'emplocemenl une construclion<br />

quelconque mais toute preuwe motérielle était<br />

absente et, à déf<strong>au</strong>t de certitndo, il fallut se contenter<br />

d'une simple probabilité basée sur l'ensemble des<br />

informations rccuoillies sur les lieux.<br />

><br />

L'endroH était, duresle, admirablement choisi pour<br />

un philosophe, et l'ombre do Gébelin, du milieu de<br />

sa colline, pouvait fort bien échanger sesimpressions<br />

post-mortuaires avec l'ombre de Jean-Jacques Rousse<strong>au</strong><br />

perchée de l'<strong>au</strong>trecdté<br />

d'Erménonvillo.<br />

de la vallée, surlacolline<br />

Il est à noter que la borne, qu'on nous avait O1on-<br />

trée pour riro un moment <strong>au</strong>paravant, n'est qu'à<br />

deux ou trois cents mètres de dislance do l'emplacement<br />

du tombe<strong>au</strong>, en sorte qu'elle pourrait fort bien<br />

en ctlre uu dernier tlébri.<br />

Nous avons depuis consulté, ait sujet de Franconville,<br />

l'Ilisloire des envil'ons de Paris, dobulnure, et<br />

nous y voyous que tous les mouumonts du parc<br />

d':llbon n'existaient déjà plus en 1838. Dul<strong>au</strong>re cons-<br />

toto, <strong>com</strong>me uno siogularitv assez piquante, que le<br />

<strong>com</strong>lo d'AI bon, tout roi d'Yvctot qu'il fl\ était le<br />

premier en Franco (lui, bien avant la Révolution,


36<br />

avait planté un arbre de]o Liberté. Le monument<br />

de Guill<strong>au</strong>me Tell consistait en un Ions m9t, cou-<br />

ronnéparlechape<strong>au</strong>, « \'éritoble symbole de liberté.)<br />

On y lisait deux inscriptions. La première, adressée<br />

à Guill<strong>au</strong>me Tell, lu légendaire rest<strong>au</strong>rateur de<br />

la liherté hcJ\'étlquc, était ainsi conçue<br />

llclt~ellco libeualori Cuilletvno Tell<br />

attno t78;<br />

La seconde portait<br />

A la libenté Catttille cl'~Ilbon<br />

1782<br />

Ce brave roi d~Yvetol eut la chance de mourir en<br />

1788, dans la ()Iéllitudc de ses illusions libémles.<br />

Quel excellent président. du centre g<strong>au</strong>che on <strong>au</strong>rait<br />

pu en fairesous la troisième républidue<br />

Les Diographiesgénérales mentionnent, à l'articlu<br />

Il'Iboll, un recueil de dix-neuf gravurcs in-H' IH1I'1I<br />

Cil 178~et don/l3111 les Vttes des tnonttmettls r.onx-<br />

truits dans les jardins de Hranconuille-lu-Garenne,<br />

«ltparten<strong>au</strong>t à Mm.la corntesse cl'albott.<br />

Nous avons vainement cherché ce recueil à la Bi-<br />

bliothèque Nationale, mais nous avous pu en retruuver<br />

deux planches la scction des Tstampes (1) et<br />

l'une d'e)lo3 représentait le tombe<strong>au</strong> de Céleliu suu~<br />

la forme d'un sarcuphagc, portant des c¡u'aet('I'1'~<br />

(1) Topographio y~ndraledolaI·rance arrondisscmcnl de Pontoise.


U7<br />

hiéroglyphiques, avec quatre colonnes tronquées et<br />

d'inégalo grandeur <strong>au</strong>x quatre angles. JI résulte du<br />

titre placé <strong>au</strong> bas de la gravure que Géhelin fut<br />

inhumé on cet endroit le 10juillet 1781, c'est-à-dire<br />

deux moisjuste après sa mort. Son corps est-il encure<br />

à cet endroit 0\1biell a-t-il été exhumé pour la<br />

seconde fois et lransporté <strong>au</strong> cimetière du villagu ou<br />

ailleurs? C'estcequ'il nous a été impossible de découvrir.<br />

Les habitants de Franconville s'occulietit de leurs<br />

terres, deleurs récoltes,de leurs maisonsqu'ils louent<br />

le plus cher possible <strong>au</strong>x Parisiens pendant la belle<br />

saison, et ce n'est pas le souvenir de Conrt de Gébelin<br />

ou de Guill<strong>au</strong>me Toll qui les empêc!wdellormir1.<br />

N'illlporte 1notre illustre déchiffreur de hiéroglyphes<br />

<strong>au</strong>ra fourni la matièrc d'unlJ charade de plus. Il valait<br />

bien la peine d'èl1'e \ln doshommes les plus sa-<br />

\'¡¡lItSde son siéclo, on, cou~mo le proclamait 10<br />

conite d'Albon, \IIIdes plus vllsles génies qui aient<br />

jamais existé, pour n'avoir à son cenll1l1airequ'un.<br />

nucllicureuz louristc qui n'est pas mêmc bien sdr<br />

cl'avoir retrouvé l'ombre lie son tombe<strong>au</strong>.


VI.<br />

AUTRESILHOUETTES<br />

LOCALES,<br />

Les Barrueld'Ecosset du Vi"~rai., Le<strong>com</strong>mercede la soione<br />

dérogepas. Les Barruel-Be<strong>au</strong>vert. LePèreJesurteAugustin<br />

de Barruel. Jean-Louisde la Boissière. Simoude Tavernol.<br />

Lesaventitresdu sieurde Cliambeaoa chezless<strong>au</strong>vages,<br />

L'abLéEcuilladecI lordBristol.<br />

1Il famille tle Barruel remonte <strong>au</strong> XIII' siècle. Les<br />

généalu~islcs lui donnent une origine écossaise, etson<br />

nom Barcvcl qui signifie ponle bien, est celui lI'lIllC<br />

très-ancieuno famillell'Ecosse, On dit que lord Barwel<br />

venu à Paris en 1780, reconnul les Barruel du<br />

Vivarais POUI'ses cousins. Cette famille fut deux fois<br />

ruinée pcndollt les guel'res religieuses 01 obligée de<br />

se liner <strong>au</strong> <strong>com</strong>merce POUI' rétablir sa fortune; ses<br />

titres atieictispéi-irent dansces désastres et ce fut sans<br />

doute 0 c<strong>au</strong>se de cet effacemcnl lIlolllcntané que les<br />

Barruel ne figurent point parmi les familles qui furenl<br />

l'l!cherchées en 1666 pour avoir pris, 1\1qualité<br />

de nobles, ni parmi celles qui firent enregistrer leurs<br />

armes dans l'~lrmorial général tlo rr<strong>au</strong>ce en ((¡!}6,<br />

Plus tard, qllelquos titres retrouvés furent envoyés<br />

à Cliériti, gélléalogislo du Hoi, qui établit leur filia-<br />

lion r~gulièl'O (1).<br />

Ilest assez piquant de que la famille du<br />

(1) Voir<strong>au</strong> l, 13du Nol,¡'iairede SI-AtI.iis.


i s9<br />

Barruol, si conuue <strong>au</strong>joitrd'hui par son dé\'ouemoni<br />

à la c<strong>au</strong>so catholiquc el dont la principale illustralion<br />

est un Jésuite des plus mililants, a <strong>com</strong>pté dans<br />

son sein de zélés oalviuistes. Parmi les cléfunseurs de<br />

Privas en 1029, figurait un Antoine de Borrual qui,<br />

ayant eu tous ses biens cOllfisqurs, seretira <strong>au</strong> Cheylard<br />

oit il !ierit lIococons. Quand il eut ré-<br />

tabli sa fortune, ililemandu sa rlliutrgl'allon dans la<br />

noblesse, mais la challcellerie lui répunditque c'était<br />

inutile, attendu que le uommerce de la suie ne clérogeait<br />

pas.<br />

Son fils Timothée, étnigi-é pour ralise lie religion,<br />

fut capitaillo dans l'nrméu de Frécléric-Gnillnume,<br />

électeur de Brandebourg. C'est un de ses olifants,<br />

René, (lui acheta les fiefs du Bavas, SI-Cierge, Durfort,<br />

Sl-Qulnlin et St-Viticent.<br />

Les Barruel-Be<strong>au</strong>verl, qui Ollt joué un rôle dans<br />

la R¡j\'oluUolI, n'<strong>au</strong>raient, d'après M. noydier, rien<br />

(Itt <strong>com</strong>mun avec ceux du Vivarais.<br />

Joseph rlntoine Bas-ruel-Be<strong>au</strong>vert né à Bagnols, en<br />

l7:jli, de parents p<strong>au</strong>vres, était le cousin du fameux<br />

Rivarol. 11~ttail maréchal des 10His des gardes du<br />

COI'l)Sdu roi cln<strong>au</strong>el, le 10 aoÙt, la Reine lui confia<br />

lfaclemoisellu Ro~.alodepuis duchess: d'angoulc~me,<br />

qu'il s,tuva en 1'01l1(1(II'lanl dans ses bras. Plus tard,<br />

il s'olTrit <strong>com</strong>me otage de Louis XYI ahrés le vuyaâo<br />

du YarCllnf'S,Enfin. en 17!~4,ridi~caitavecRivarul,<br />

le couranew ifiirnal les acte~sdr,.c a~ni·<br />

tres, ce qui lui vnlul la déportation.


HO<br />

LesBarruel du Vivarais ne sc montraiont pas moins<br />

dévoués à la c<strong>au</strong>se royalo, pendant cette mdmo période.<br />

L'un d'eux:surtout, 10 P. Jésuito Augustin lie<br />

Barruol, fils d'Antoine do Barruel, lieutenant général<br />

<strong>au</strong> bailliage de Villoneuve, se distingua par la guorre<br />

de plumo qu'il soutint pondant un demi-sièclo,<br />

avec <strong>au</strong>tant d'énorgie et d'activil~ que de talent,<br />

conlre les philosophes, les fr<strong>au</strong>cs-maçons et les<br />

révolutionnaires. Le P. Barruol était né à Villenouvo<br />

le 2 oclovro 1711. II fit ses études <strong>au</strong> coJlègo<br />

de Tournon, entra dans l'ordre dos Jésuites, professa<br />

dans plusieurs collèges d'~111emagno,rentra en<br />

Franco en 1772, devint en 1771 le précepteur des<br />

enfants du prince Xavier de Saxe, frère de la<br />

D<strong>au</strong>phine, et en 4777 <strong>au</strong>mdnier do la princesse de<br />

Conti. Obligé do fuir en t793, il se réfugia en Anglelerre<br />

d'oll il ne revint qu'en 1802. Il mourut le 5<br />

octobre 18~0.Peu d'hommesont écrit <strong>au</strong>tant que lui.<br />

Nous citerotis soulement parmi ses ouvrages: les IlclviPnnes,les<br />

~lémoireslro~trsenvir à l'histoine ctuJacobinisme,<br />

l'llistoire dit etergcrpertclant la RAuolrttion<br />

frnttçaise, le Papeet ses droits aeli~ieux, 10 l'rincipc<br />

et l'obslinalion des Jacobins, etc., etc. Si /lOUSavions<br />

à juger l'oeuvre du Père Barrtiol, nous nous clcmanderions,<br />

avec tous les égards (lits à soitcaractère et à<br />

son talent, si, (iir)s sa longue lutte contre les iMes<br />

modernas, il n'a pas vu trup Souvent le petit clllé des<br />

choses, c'est-à-dire l'e(tcl des conspirations .secrèles,


HI<br />

là oit il fallait voir simplement le besoin d'agir, d'innover,<br />

de révolutionner, si on veut, qui eslle fon" de<br />

la nature même de l'homme, et qu'on peut bien se<br />

donner pour tâche lie modérer et do diriger, mais<br />

non pas d'arrêter court ou de faire reculer. Nous admirons<br />

cerlainement le courage et les fortes convictions<br />

du célèbre Jésuite, mais on nous permettra de<br />

croire que, s'il otHpu vivre soixante ans de plus et<br />

assister b toutes les évolutions morales et à tous les<br />

bouleversements matériels dont nous avons été té-<br />

moins, ce spectacle eût apportéquclquc tempérament<br />

dans sa manière de voir. Au reste, le P. Barruel<br />

est une figure trop remarquable pour que nous prétendions<br />

esquisser sa biographie en quelques lignes,<br />

encore moins prononcer sur sa personne et son o<strong>au</strong>vre,<br />

et nous sommes heureux lI'opprcndre à nos lectours<br />

qu'une étude sérieuse et approfondie sera prochainemeut<br />

publiée sur lui par le P. Regn<strong>au</strong>lt, de<br />

Totilouse. Il paraH que ce religieux a trouvé à Dijon<br />

be<strong>au</strong>coup lie documents IIOUWOUXsur son éminent<br />

`<br />

confrère.<br />

Alfred do Darruel, mort à Villeneuve en 1883,<br />

était un neveu du Père Augustin. Les Barruel de<br />

Villeneuve possédaient les fiefs de Chais, SI-POliS,<br />

Ilassonègues, la Roche-Chérie,et la co-seigneurie de<br />

Villelleuve-de-Derg,Mirnbel,la Villeclieu,St-L<strong>au</strong>rent<br />

et <strong>au</strong>tres lieux.<br />

·<br />

Les branches de la famille Barruel sont assez nom-


li2Q<br />

breuses. Nous nonunerons seulemeut celles de Sàou,<br />

près de Montélimal', de Grignan et de Pont-de-<br />

Ve~'le.<br />

C'est/¡ une de ces branches devenues étl'l1ngèros<strong>au</strong><br />

Vivarais, qu'appartient l'abbéCamillede Barruel, né<br />

en 1851.qui, IIPl'èsIIvoirquitté la robc d'IIVOCllt près<br />

le tribunal de Yalence, est devenu religieux salésien,<br />

prètre et secrétaire du St-Viiiectitde P<strong>au</strong>le moderne,<br />

le vénérable dom Bosco.<br />

Un<strong>au</strong>tre enfant de Villeneuve, qui a fait moins de<br />

bruil dans le monde quo Jean doSerres, lesdeux Court<br />

et le Il. Barruel, iiiaisdoiit la sympathique figure opporallllons<br />

toutes les clrrouidues de la fin dusiècle<br />

dernier ou du <strong>com</strong>menccmcnt de celui-ci <strong>com</strong>me 10<br />

type du travailleur patient et érudit, (lui chC'che à<br />

reconstituer l'Iristoirede son <strong>pays</strong>, est 31. de la Boissière.<br />

Jean-Louisde la Boissière,né à Villeneuvc le 6 soptembre<br />

1i49, citait fils du lieutenant principal du<br />

bliilliage, Il fut avocat général dit Parlement de Grenoble,<br />

juge lie paix do Villeneuve en l'an XIet enfin<br />

consciller à la cour de Nimpsi où il mourut en t831).<br />

C'est lui qui ac<strong>com</strong>pagna Arthur Young lors dosa visite<br />

ait Pradel, et nul n'élolt mieuxqualifié pour servir<br />

de guide il l'~crivain anglais, puisqu'il connaissait<br />

Cond la langue de Sterne, dont il avait, traduit


143<br />

le Voyayesentirnental. F<strong>au</strong>jas do St.Folll1, Soitlavie,<br />

le géologueitalien 3farziri-Peiicati, tous les- lioinines<br />

intclli¡wli'isqui ont visité Je Vivariis à cette époque,<br />

célèlJl'or.1l'éÎ'lHIi,lioll l'esprit et les manières aimables<br />

de ~r, do la Boissiére.~r. Dey(lier dit dans ses<br />

maiiiisci-ils(article Survillo) qu'il s'occupa do reclerches<br />

Irisloriques sur le Vivarais, rüais quo les ilifflcultés<br />

l'ari-illèreiit. La Doissiereest l'<strong>au</strong>telll' des no.<br />

tes insvrCesdans l'Allnullire


d~~<br />

Le fils cadet Hippolyte, sous-préret de ~fontélimllr<br />

pendant toute là i1est<strong>au</strong>ration, épousa Emma de Bel-<br />

Jeval dont un des ancêtres a fondé, sous Henri IV, 10<br />

jardin hotanique do Montpellier.<br />

Le troisième, Sébastien, a été maire de Villeneuve.<br />

Hippolytede la Boissière, eut trois fils d'Emma de<br />

Belleval Henri, capitaine d'état-major tué en montant<br />

à l'ass<strong>au</strong>t de ~Sébastopol Armand, inspecteur<br />

principal du chemin de fer de Lyonet Raymotid, qui<br />

naguère était encore conservateur des liois et for~ts il<br />

Privas. Leur soeur est veuve de M. Pavin de Lafarge<br />

de Montélégier(2).<br />

Simon Pierre de Tavernol, lieutenant-criminel <strong>au</strong><br />

bailliage de Villenenve avant la Révolution, a laissé<br />

un Essai snr les char:gemerttsà /aire à la pnocddure<br />

criminelle.<br />

Ses deux fils, Pierre et Alexandre, appelés, l'titi<br />

le chevalier' de Tavernol, et l'<strong>au</strong>tre le sieur do Chambeson,<br />

furent forcés d'émigrer, et l'on peut voir tlOIlS<br />

les maimscrits de M.Derllier le récit de leurs avellturcs.<br />

Le premier, réfugié à New-York, tua en duel titi<br />

officieranglais qui s'était permis de parler mal de la<br />

France, maisil mourut lui-mctme peu après des suites<br />

de sesblessures.<br />

(2)Bisl,deMoolélimu, parbl. lebarondeCoSIOD, l, J, p. 1\12.


liâ<br />

Le seéohd, qui avait suivi son frère en Amérlqué,<br />

fut pris par tes s<strong>au</strong>vages qui se disposaient à lui faire<br />

subir une mort cruelle quand, s'étant apel'çUI de<br />

son adresse à réparer les armes, ils jugérent plus<br />

sage do se l'attacher <strong>com</strong>me armurier. Chambeson<br />

dut remplir, assezlongtemps, bien qu'à contre-cœur,<br />

ces importantes fonctions parmi les Pe<strong>au</strong>x-Rouges.<br />

En f799 seulement, il parvint à s'évader, mais pour<br />

tomber entre les main" d'un <strong>com</strong>mandant de navire<br />

républicain qui le fit jeter, <strong>com</strong>me émigré, dans les<br />

prisons do Cherbourg. La fin de la tourmente approchait<br />

heureusement, et de plus il out l'appui lie son<br />

parent, Perrotill, lieutenant-colonel du génie, qui<br />

obtint de Carnot sa mise en liberté. Quel malheur<br />

que co Ghaml1csonne nous ait pas laissé un récit détaillé<br />

de ses romanesques aventures 1<br />

Un personnage d'un genre tout différent et dont<br />

la vie agitée doit servir d'eusoignement t't non de<br />

modèle, est celui d'un <strong>au</strong>tre enf<strong>au</strong>t de Villeneuve,<br />

l'<strong>au</strong>teur de quatre volumes lombés dernièrement entre<br />

nos mains.<br />

L'abhé ))ierr6 Lafond Feuillade, ",lait, avant la Ré-<br />

volution, vicaire <strong>au</strong> Bomg-SI-AnrJéol un de ses frèrcs<br />

était curé à St-Sernin, et l'<strong>au</strong>tre curé et chanoine<br />

à Viviers. Il prêta serment à la constitution civile du<br />

clergé, mais il se rétracta ensuite, et l'exemplo<br />

10<br />

de


H6<br />

ses deux frères, se montra prêtre digne et fidèle pendant<br />

les m<strong>au</strong>vais jours. L'abbé Mollier nous apprend<br />

qu'il était même de ceux que les révolutionnaires<br />

poursuivaient le plus activement. Feuillade était entré<br />

dans l'état eccléslastiquo en 1775. Il en sortit en<br />

1810, CInon par la crainte des hommes, dit-il dans<br />

la préfocode son principal ouvrage, mais par celle<br />

de Dieu et par l'amour de la vérité. Fouillade étaU<br />

alors vicaire à Privas. 11 prétendait avoir perdu la<br />

foiun jour qu'il disait la messe.Il suspeiidit sa messe<br />

c'était du moins sa version alla trouver son<br />

curé et luidit J'ai perdu la foi, cherchez un <strong>au</strong>tre<br />

vicaire. Son curé lui cépondit Co n'est pas une raison<br />

pour faire un pareil scandale.<br />

Le p<strong>au</strong>vre prêtre s'était laissé séduire par les théories<br />

de lJupuy et Volney. Il était devenu partisan de<br />

la religion dite nolurelle et n'admetlait d'<strong>au</strong>tre révélation<br />

que celle que Dieu a faite <strong>au</strong>x hommes en<br />

leur donnant la raison. Dans une <strong>au</strong>tre dlsserlation<br />

sur la nature de l'homme, il tombe dans le plus grossier<br />

matérialisme en cherchant à établir que les<br />

substances spirituelles ne sont <strong>au</strong>tre chose que la<br />

partie la plus suhtile et la plus déliée de la matière.<br />

Finalement, il concluait, <strong>com</strong>me les anciens Perses,<br />

ou culto dit su!eil. Telles sont, eu résumé, les théories<br />

que Feuillado a développéesdanssesquatrovolumes.<br />

Son premier ouvrage, intitulé Projet de réunion de<br />

tous les cultes (3 volumes), était terminé en UHO,


l17<br />

mais ne parut qu'en 18t5. Feuillade fit deux voyages<br />

à Paris, on 1810et en 181 pour trouver un édi.<br />

teur, mais IIl'encontra dang la censure d'invincibles<br />

obstacle. Il fut plus heureux en t 8la,grâce la confusion<br />

produite par les événements, Son livre fut<br />

loutefols saisi, mais la suite d'une pétition qu'il<br />

adressa Louis XVIII, la saisie fut levée.<br />

En 1812,il publia un Eaïamencritique dttjudaïame<br />

el dit maltométisnte,dans lequel il s'attache à réfuter<br />

quelques-unes des attaques dirigées conlre lui.<br />

~Fouilladoa <strong>au</strong>ssi édité l'Analogie de la religion<br />

avec la nature, traduit do l'anglais<br />

Ulle personne qui a be<strong>au</strong>coup connu Feuillade,<br />

nous l'a représenté <strong>com</strong>me un homme simple, nayf<br />

et sincère dans ses erreurs. Après ,son iulerdiclion,r<br />

Feuillade se rendit il Paris, on il logeait dans l1O0<br />

mansarde et vivait de la pension de trois centsfrancs<br />

faite par l'ElaL<strong>au</strong>x ancions ecclésiastiques. Un ha-'<br />

sard le sortit de la misère. Son ouvrogo, étalé chez<br />

les libraires, attira l'attention d'titi grandpersonnage<br />

anglais, lord Bristol, qui fut plus lai-d l'un des représentants<br />

de l'AlIgletcrro<strong>au</strong> socro do Charles X. Lord<br />

Hristol, qui s'intéressait <strong>au</strong>x questions traitées par<br />

Feuillade, aehela Iv livre et dornamla ê Õtro mis en<br />

relations avec l'<strong>au</strong>teur. On c<strong>au</strong>sa louguemont.<br />

Maiscontinent \'ivoz-vous, dit car je<br />

je ne suppose pas que la venle de votre ouvrage soit<br />

bien fructueuse Y


448<br />

Feuillado répondit que sa pensiou de trois cents<br />

francs lui suffisait. L'Anglaisrépliqua que c'élail im-<br />

possible el le pria d'accepter une pension lie quinze<br />

ceuts fr<strong>au</strong>cs par an, quo Feuillade n'eut garde naturellemeut<br />

do refuser et qui lui fut servie jusqu'à sa<br />

mort. Deplus, lord Brislol fit faire à notre <strong>au</strong>teur<br />

deux ou trois fois le voyaged'AuHletorre.<br />

Vers la fin dosa vie, Feuihado consentit, sur les<br />

instances de sa famille, à quitter Paris pour venir<br />

habiter Villeneuve. Quelques jours avant son départ,<br />

il setrouvait avec L<strong>au</strong>reiit «le l'Ardèche) et un de<br />

ses amisde Pierrelatte, le poète Tossat. Celui-ci dit<br />

à Feuillad~: Tu as lori d'lIlIortu n'en reviend.'as<br />

plus; nous te voyous pour la demièn! fois.<br />

Peu de lemps après, en. Fetiillide mourut<br />

étouffé par une figuequ'illIvait mangée trop vile et<br />

qui avait pénétré dans son gosier.


vu<br />

LE PRÉSIDENTCDALLA3IEL ETLESANCIE"SETATSDUVIVARAIS<br />

Lavieet lesœune5deCliallamel LeVivaraisa-t-ilappparleDU<br />

<strong>au</strong>x <strong>com</strong>tesde Toulouse? Lesvraissouverainsélaier:1lesbarops,<br />

':originedesElalsdu Vivarais. Leaduutobirunsde<br />

tour. Unel'I!p:1bliq~' r.:o


450<br />

Villeneuve-de-Berget en exerça les fonctions jusqu'à<br />

la suppression de cette administration en 1790.<br />

ChaUamel avoiladuplé avec enthousiasme les idées<br />

nouvelle.. Son emploi ét<strong>au</strong>t supprimé, il fut nommé<br />

membre du bure<strong>au</strong> de paix du district deVilleueuve.<br />

Maisle bure<strong>au</strong> en question ne dura pas longtemps,<br />

et deux ou trois mois après, Challamel fut élu à l'unanimité<br />

par uiie assemblée électorale, juge près 10<br />

même tribunal. Plus tard, une loi supprima les Il'ols<br />

tribun<strong>au</strong>xdu département et les remplaça par le tri<br />

bunal unique lie Privas, où Cliallamet fut nommé<br />

juge le 27 vendémiaire ari m. De co posto, il passa<br />

le 23 prairial an V,IIl, à celui de président du tribunal<br />

de Largentière, où il reslajusqu'en 1816. La Rest<strong>au</strong>ration<br />

le destitua sans lui donner de pension do<br />

retraite. Irse retirll alors à ViHeneuve où il vécut<br />

fort modestement en donnant quelques consultations<br />

d'avocat et en oedupant SUl'luutlés loisirs forcés que<br />

lui faisait la palitique, à mûrir èt'à coordonner les<br />

résultats de ses recherches sur J'histoire du Vivarais.<br />

En 1830, quelques amis se souviurcnt lie lui et le<br />

signalèrenlou premier président et <strong>au</strong> procurourgénéral<br />

dolâ coù r d'appel de' Nlmes,' ainsi qu'à N, de<br />

Pelet, préfet do l'Ardèche. Celui-ci se hàta lie le faire<br />

réintégrer à la I)ré~idencedu tribunalde L8I'gelltière,<br />

en déclar<strong>au</strong>t que c'était une bonne fortune pour le<br />

<strong>pays</strong> Mais hélas 1il était trop tard. Les événements


151<br />

l'avaient vieilli <strong>au</strong>tant que les années, et il ne fit que<br />

reporaUre à son ancien poste pour retourner presque<br />

immédiatemeut à Villcneu\'e-de-Berg, où il s'éteigiiit1*e18<br />

mars f832..<br />

Deux mots sur le caractèro de l'homme lormineront<br />

cet aperçu biographique. C6allamel était, <strong>au</strong> té..<br />

moignogedo tous ceux qui l'ont connu, un homme<br />

d'une modestie et d'un désintéressement rares.<br />

Nous avons publié dans un <strong>au</strong>tro opuscule (1) une<br />

lettre qu'il adressa en ~800<strong>au</strong> ministre de la justice<br />

pour demander une amnistie en faveur des choitans<br />

de l'Ardèche, leUre qui<br />

montre chez lui <strong>au</strong>tant d'es-<br />

prit politique que d'humanité. Un bon curé, son coutemporain,<br />

nousdisait do lui il C'étaitun rét;olutiannaire,<br />

mais un brave homme ctlrès estimé. J)<br />

Challamel a laissé un certain nombre de notes et<br />

de maniJscrits, qui furent pieusement recueillis par<br />

son neveu, ~f.Mnzet,ancien percepleur et sont 8Ujourd'hui<br />

entre les mains de :\1.Dagrèce (de ~Iontélimar),<br />

gendre de M.Mazel. Parmi ces manuscrits on<br />

distingue deux eouvres principales<br />

d Un Essai sur l'antiquité des Etats du Vivarais<br />

et sur les changements qrt'its éprouvèrent en di/j'ére»Is<br />

temps (manuscrit iii -t* de qilaire-vingt-ireize8<br />

Pages)i<br />

2° Des Noteset obseruulions chrouologiques lrour<br />

servir à l'histoire du I'iuarais (manuscrit in-i' de<br />

quatre cent dix-huit pages.)<br />

(1 ) Petitu notes nrdkhoiaes, 21 série 1814.


iÕ2<br />

Le premier de ces ouvragos se trouve, d'ailleurs,<br />

fondu et reproduit dans le second, dont il forme pour<br />

ainsi dire la partie doct'rinalc. Codernier va jusqu'<strong>au</strong><br />

milieu du ume siècle. L'un et l'<strong>au</strong>tre pcouvent que<br />

l'<strong>au</strong>teur avait longuement et profondément étudié<br />

l'histoire do son <strong>pays</strong> et dénotent chez lui un grand<br />

esprit d'observation et un jugement sain et élevé.<br />

Quoiqu'un peu trop imprégné des passions politiques<br />

du temps, l'Essai des Etats dt~ l'ivarais mériterait<br />

d'~tre publié. En attendant, nous allonson résumer<br />

les traits princip<strong>au</strong>x, C'est une pago d'histoiro que<br />

nos lecteurs sérieux lirout, pensons-nous, avec intérêt<br />

Les <strong>au</strong>tres n'ont qu'à tournel' quelques feuillets.<br />

et à passer <strong>au</strong> chapitre suivant.<br />

>If<br />

Après la ruino d'Albe, une nuit profonde se rtlrand<br />

sur le passé tle l'IIeJvie, On sait seulement qu'elle<br />

ne tarda pas dovenir unchamp debataillu entre les<br />

Burgomles, établis entre le Ilhin et l'Isère,et les \isi-<br />

goths fixés à Toulouso. Il parait certain qu'Euric,<br />

roi des Wisigoths, el son fils Aliric r,~gnèrenl dans<br />

cette cuntrée (lui prit dans l'intCl'valle le nom de Vi-<br />

varais. Challamol, relevant uno erreur do 110m' Vic<br />

et dom Vaissette, démontre que la réunion du h<strong>au</strong>t<br />

et du bas Vivarois fut l'œuvl'e d'Euric mort en IBol.<br />

La victoire de Clovis à Vonillé (507), fit passer ce<br />

<strong>pays</strong> sous la domination des Bourguignons alliés des


i 53<br />

Francs. Nous restâmes Bourguignons pendant plus<br />

de trois siècles et demi, 'c'est-à-'dire jusqu'en l'an de<br />

grâce 873 où Boson nous <strong>com</strong>prit dans son roy<strong>au</strong>me<br />

éphémère de Pruvence,<br />

Mais, après Bosonq Oh 1 après Boson, les historiens<br />

ne s'entendent guère. Ceux de Toulousa veulent<br />

à tonte force que nous ayons été les vass<strong>au</strong>x de lotira<br />

<strong>com</strong>tes et les <strong>au</strong>tres trouvent que le fait n'est rien<br />

moins que prouvé.<br />

Les. savants <strong>au</strong>teurs de l'llistoire du Languedoc<br />

prétendent qu'à In mort do Louis l'Aveugle, fils de<br />

Boson, en 928, les marquis de Gothie s'ompârérent<br />

du Vivarais, « ce qu'ils firent, ou <strong>au</strong> nom de Charles<br />

Je Simple, qu'ils reconnaissaient toujours pOlIl' seul<br />

roi lé¡.dtil11e,ou, à c<strong>au</strong>se que ces hays étaient à leur<br />

bienséance, ils se crnront être <strong>au</strong>tant en droit que<br />

des étrangers de se les approprier el de les unir à<br />

leurs domaines. »<br />

Les mômes écrivaius citent encore à l'appui do<br />

leur thèse un testament du <strong>com</strong>te nll~'mol1d, dllté de<br />

96t ot un acte de mariago do Rayroond de SI-Gilles,<br />

en dote du 109~, où le mal'iJ assignc pour douaire à<br />

sa lioncée les ~ci;l^.s, l,omlé3 ct l~yèchés de Rode~,<br />

Calrors, Viuiers, Avignon et Digne. ~Jais rien ne<br />

prouve que possession ac<strong>com</strong>pagnàt\itre èt, vu l'absence<br />

de tout <strong>au</strong>tre indice, il y a lieu de croire que<br />

le <strong>com</strong>te de Toulouse ]lOssédail alors le Vivarais de<br />

la môme façon que le roi d'Italie possède <strong>au</strong>jourd'hui<br />

Chypre et Jérusalem,


151<br />

L'abbé Rouchier, repoussant cette annexion rétrospective<br />

du Vivarais <strong>au</strong>x. domaines du <strong>com</strong>te de Tou-<br />

louse, constate qu'en 933, l'usurpateur Hugues, successeur<br />

de Jean l'Aveugle, céda le Vivarais avec le<br />

reste dit roy<strong>au</strong>me de Proveuco <strong>au</strong> roi de Buurgo~ne,<br />

Rodolphe II, et, à déf<strong>au</strong>t de preuves directes qui<br />

manquent des deux côtés, il fait ressortir <strong>com</strong>bien<br />

il est invraisemblable que les <strong>com</strong>tt!s de Tou-<br />

louse, entourésalors de tant de vass<strong>au</strong>x qui rivalisaieut<br />

avec eux, aient pu réaliser une conquête lointaine<br />

et s'imposer par la force à un <strong>pays</strong> qu'un pa:sé<br />

de plusieurs siècles rattachait ait roy<strong>au</strong>me do Bour-<br />

gogne et qui devait leur être foncièrement hostile,<br />

Tuut porte donc à penser que le Vivarais fit alors re.<br />

tour <strong>au</strong> roy<strong>au</strong>me de Bourgoguc.<br />

Il est vrai qu'en Vivarais, encore plus que dans les<br />

<strong>au</strong>tres provinces do ce roy<strong>au</strong>me, la domination des<br />

derniers souverains fut plus nominale que réelle.<br />

Les seigneurs It laissaient régner à la condition de<br />

gouverner leur place.<br />

En 9 iO, le jeune roi deBourgogne, Conrad 10Paci-<br />

fique, à qui les prélats et barous avaient donné pour<br />

tuteur son paront, l'empereur Otbon, roi de Ger-<br />

manie, se plaça sous la suzeraü~eté do ce "dernier.<br />

Son fils, Rodolphe III, instil,a l'cmpereur Conrad le<br />

Salique son hérilier. La chose se fit sans rencontrer<br />

<strong>au</strong>cune résistance. Comme le fait remarquer l'abbé<br />

Rouchier, CIla perspectivc de l'arrivée desomlieretirs


155<br />

germaniques n'avait plus rien d'alarmant. On savait<br />

qu'ils ne recueilleraient dans cette succession qu'une<br />

ombre do pouvoir salis l'éaJilÓ,une suzerainete toute<br />

honol'ifiquc, un titre et rien do plus. Ce ro)'<strong>au</strong>me<br />

de Bourgogneétait fini du vivanl même de Rodolplie<br />

le Fainéant, la souvcraineté était ailleurs elle<br />

avait passé avec tout le domaine utile entre les mains<br />

des barons, alors maUrcs absolus dans leurs fiefs<br />

agrandis et transformés en véritables petites princip<strong>au</strong>tés.<br />

1)<br />

C'estainsi que pendant 10 mo}'en-àge les seigneurs<br />

du Vivarais, en accept<strong>au</strong>t la suzeraineté nominale<br />

do tel ou tel prince étranger ou plutôl en opposant<br />

les unes <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres les prétentions rivaJesde leurs<br />

ambitieux voisins, parvinrent à échappor plus ou<br />

moins à la souverainetb rédle des uns et des <strong>au</strong>tres.<br />

Nous <strong>au</strong>rons à revenir.sur ce sl!jet à propos du rôle<br />

joué à cette époque par les évêquesdeViviers. Pour<br />

le moment, nous allonsefllettrer une queslÍon encore<br />

plus intéressante, en examinant avecChallamell'origine<br />

et les pouvoirs des.anciens Etats du Vivarais.<br />

L'existence du ces Etats est constatée <strong>au</strong> XIV'sièclc,<br />

mais leur fondaUonYremontebien plus h<strong>au</strong>t: car<br />

<strong>au</strong>x Etats du Languedoc leurs représontants occupaient<br />

le premier rang, tandis quo ceux du VelaN,et<br />

du Gév<strong>au</strong>dan, n'ayant pu.prouver lIlICorigine <strong>au</strong>ssi<br />

ancienne, ne venaient qu'après,


t 56<br />

Or, la <strong>com</strong>position des Etats du Vivarais et les règles<br />

qui y étaient en usage présentent un caractère<br />

tout particulier et qui, dit-on, ne se retrouve<br />

nuUe part dans les <strong>au</strong>tres provinces de l'ancienne<br />

monarchie.<br />

Dans le prinoipe, douze barons seulemont concouraient<br />

à la formation de ces Etats: c'étaient les<br />

barons de Crussol, Montl<strong>au</strong>r, Lavoulte, Totirtion,<br />

Largentière, Boulogne, Joycuse, Chalancon et la<br />

Tourrelte, Annonay, Vogué et Aubenas,<br />

Ces douze barons y étaient représentés par lems<br />

baillis, que présidait le bnron de tor~r, c'est-à-(Iii-0<br />

que chaque baron à son tour présidait<br />

blée de baillis.<br />

cette asseut-<br />

l'lus tard, il fut créé trois nouvelles baronnies:<br />

Prmlelles, la Gurce et Viviers. AJors seulemenll'th'è-<br />

que ent lu droit d'y avoir un dÓI(-gué, muis en sa<br />

qualité de baron de Viner;; ot non en sa quali(i Il'é-<br />

.vèque, Ou alFectait mème d'appeler son (lélégnl'. (lui<br />

était ordiuaireutent. son vÎ


457<br />

doute à la suite du grand mouvement <strong>com</strong>munal'du<br />

~u' siècle, leur entrée <strong>au</strong>x Etats, Sous Philippe-le-<br />

Bel, le tiers-btat 3· avait <strong>au</strong>tant de représentants que<br />

la noblesse.<br />

AuXVIII"s' .\cJe, Privl'ls et une <strong>au</strong>tre municipalité<br />

perdirent, par leur l'évuHe, le droitd'avoir un représentant<br />

<strong>au</strong>x Etats.<br />

Il est à remarquer que le premier consul de Viviers<br />

était de' temps immémorial admis <strong>au</strong>x Etats,<br />

peut-ètre SiOlplCllllmtlHlI'ce queViviers, <strong>com</strong>mebe<strong>au</strong>coup<br />

d'<strong>au</strong>tres villes épiscopales, avait toujours joui,<br />

depuis les Romains, du ses droils municip<strong>au</strong>x,<br />

Le roi était représen~é <strong>au</strong>x Etats du Vivarais par<br />

le premier oflieier do la sénéch<strong>au</strong>ssée de la province,<br />

par le premier consul de Viviers, et enfin par un des<br />

membres présonts des derniers Etats, choisi par le<br />

<strong>com</strong>mandant en chef do la pl'ovillCO.<br />

Les délil~6ratiuns des Etats du Vivarais, qui sont<br />

parvenues jusqu'à nous, lie remontent pas tout Il fait<br />

<strong>au</strong> <strong>com</strong>mencement du xvie siècle, mais elles suffisent<br />

à monla'er que les pouvoirs de ces Etats avaient<br />

été très étendus. Sous Louis XIV,nous les voyons en-<br />

1.'01'0l,tablh' 1-iii)p(~t, le réparlir, choisir<br />

les agenls chargés do 10percevoir, ré-ler son emploi<br />

et s'en cliar~~er oux-mèmes. Nous les voyons oncol'o<br />

faire des ré~lements d'udmiuislralion publique et s'eu<br />

réscrvcr l'exécution, établir des prévôts pour la recherche<br />

des malfaiteurs et fixel' les Soges do ces em-


f 58<br />

ployés. Louis XIV a-t-il une guerre à soutenir: il demande<br />

<strong>au</strong>x Etats un certain nombre de troupes, et<br />

lesEtats, en les fournissant, les arment et les équipeut.<br />

Ils font plus, ils choisissent eux-mêmes les officiers<br />

qui doivent les <strong>com</strong>mander, fixent les appointemetits<br />

des militaires de chaque grade et payont la<br />

soldejl1squ'à la limite du <strong>pays</strong>. Ils font, en un mot,<br />

tout ce que fait ue Etat indépendant qui fournit à<br />

son allié des troupes <strong>au</strong>xiliaires, oprèss'yûtre engagé<br />

par un traité.<br />

Challamel, s'appulant sur cet ensemble de faits,<br />

s'attache à démontrer quo le Vivarais, tout en acceptant<br />

la suzeraineté, plus ou moins nominale, do diversprinces<br />

étrangcrs, a formé on fait" du iii <strong>au</strong><br />

1111" siècle, une sorte de rdpnblique féodale.<br />

L'expression est heureuse, parce qu'elle frappe l'imaginalion,<br />

el par sa singularité indique bien un état<br />

politique spécial, mais il f<strong>au</strong>t sc garder de la prendre<br />

trop <strong>au</strong> sérieux. Dans tous les cas, elle nous a<br />

valu une étude curicuse sur l'originc et les lransformations<br />

successives de l'<strong>au</strong>torité suprêmo en Vivarais.<br />

On sait qu'après la conquête des G<strong>au</strong>les par les<br />

Romains, chaque peuple conserva une large part<br />

d'<strong>au</strong>toll'>mie, ou, selon le langage de Challarnol, sc<br />

gouverna en république et fit lui-mêmc, dons ses assemblées,<br />

les lois qui devaient le régir.


459<br />

L'exercice de ce droit d'<strong>au</strong>tonomie laissé par le<br />

vainqueur <strong>au</strong> vaincu, fut confié, pour les provinces,<br />

à une assemblée générale des délégués des cités¡ pour<br />

les cités, à un sénat, et pour lescantons ou centaines,<br />

dont les cités étaient <strong>com</strong>posées, il des assemblécs<br />

municipales ou curies.<br />

Les cités, sous Théodose, correspondaient <strong>au</strong>x diocèses<br />

et étaient gouvernéespar des <strong>com</strong>tes.<br />

Les viguiers (vicQr'ii) étaient les lieulenants de3<br />

~:omles,et avaient sous leurs ordres tes cenleniers.<br />

Ladomination visigotlreelbourguignonnonochangea<br />

rien à cette administration. Seulement, Eurie,<br />

roi des Visigoths,agrandit notablement la cité do Viviers,<br />

en y réunissant les <strong>com</strong>munos des cité:; de<br />

Vienne etde Valence qui se trou"oienl sur la rive<br />

droite du ltliône, La cité do Viviers, jusque-là réduito<br />

ait Bls-Vivnriis, se trouva dès lors correspondre<br />

ait Vivarais tel qu'il evistait avant liS9.<br />

LesFrancs supprimèrent les grandes provinces et<br />

les grandes assemblées, mais 110louchèrent point <strong>au</strong>x<br />

cit~s ni <strong>au</strong>x cantons. Ils leur lais.~iJrenllourss.\nots,<br />

leurscuries et toits lours droits.<br />

Charlnmagno reconstitua les gr/IOdes provinces<br />

sous le nom de Légations, interposant ainsi un rouaga<br />

administratif, <strong>com</strong>me ait terillis des Romains, entre<br />

l'<strong>au</strong>torité suprJme elles sénats, mais il netoucha pas<br />

<strong>au</strong>x ussell1hl~esdes cih~sni <strong>au</strong>x curies.<br />

Au xi-siècle, le \'Ï\'orais est soumis une aristo-


.60<br />

cratie de nobles qui fut dans la suite remplaede par<br />

une oligarchielIe douze barons. Riende pareil n'ex.iste<br />

en Franco IIiil celle époqua ni plus tard. Il y a des<br />

alliances de seigneurs dans un but do défense ou do<br />

conquête, mais on n\'n signale nulle part dans un<br />

but d'administralion <strong>com</strong>mune.<br />

Cballamol voit dans les douze barons du Vivarais<br />

les conUnuateurs do l'ancienne assemblée £le la cité<br />

du Viviers, lessuccesseurs du séllat 110lvion,et voici<br />

ctinillielitse sernit opéréo cette tratisformation.<br />

Sotisles Romailis,lescoliliL.Setles cente)1iersétaient<br />

nommés par le prince. Lecenlouier, quoique subordonné<br />

<strong>au</strong> <strong>com</strong>to, remplissait d<strong>au</strong>!! son canton à pou<br />

prd~les mômes foncliuns que 10<strong>com</strong>lo dans la cité.<br />

Il présidait <strong>au</strong>x jugotiients ci <strong>com</strong>mandaitles milices.<br />

Il y eut ainsi jusqu'A Cbatiemagno un pouvoir contral<br />

fortemont constitué. Mais, sous les faibles successeurs<br />

de ce prince, les emplois et los bénéficesdovouant<br />

héréditaires sous le nom do fiefs, chaquo teudatairo<br />

voulut dire roi cJlC~soi 10<strong>com</strong>te dans la cité,<br />

Jo cenleoier dans son conton, et le dernier des sei-<br />

8/1CIlr3iliiiissonlief, srmt 1'tifinirnngeet lo ser\'ico<br />

niiiiiiiirecluo ciracun d'cll~ vtail lenu de rendre à son<br />

supt'l'iellr.<br />

i-tivolutioli<br />

s'ac<strong>com</strong>plit en Vivarais <strong>com</strong>me<br />

lions les rmlrrs Irovincci (I'Occidoiit. Seulement 10<br />

(iiii <strong>au</strong>x rlvalitisvlr<strong>au</strong>géresdonl il était l'objet,<br />

do pouvoir conserver plus longtemps ses lois ot


16'1<br />

son athnillistration. Sous Bosonet ses s~~esseurs, la<br />

vouroiinedellrovence, pour se défendrede l'ambition<br />

des grands, s'appuya sur le peuple et lui maintint ses<br />

pri~iléges. Les plus grands progrésde la féodalité en<br />

~'ivnraiseuront lieusous la domination des ruis tle<br />

Bourgogne, ruais ici il fallut usér tle rnénagemenls<br />

pour ne pas froisser trop vivement un peuple ntlachô<br />

à ses instilutior;s. Tandis que le3 seigneurs de tons<br />

les <strong>au</strong>tros <strong>pays</strong> so rendaient souveraius chacun chez<br />

soi, ceux dn Vivarais se résignèrent à exercer le pouvoir<br />

en <strong>com</strong>mun. Challolllei conclut de ces suppositiens,<br />

d'ailleurs fort judicieuses, à l'existence d'un<br />

Sénat étahli depuis lungtemps, Sénat cher <strong>au</strong>x populatiolist<br />

el dOlltles soigncur~ durent faire plus ou<br />

moins adruitemcnt la conqnêtc pour devenir maUres<br />

dans 10<strong>pays</strong>. Dans (otite la Franco, avant 10rénimo tIcs fiels,<br />

lus hommes libres Uaieirt divisés en familles séiiato-'<br />

riales, en familles da propriétaires ou notables el on<br />

classes tl'artisans. Sous les deux premiÕrcs races, et<br />

iiiènie (lit temps des empereurs romains,<br />

Ics<strong>com</strong>les choisissaient cux-m~mcs les St~noteursen<br />

les l'reliant dans le5familles sénatoriales. Du m"ml1,<br />

un tirait do la classe dc5 notables ceux qui .le\'aier.1<br />

<strong>com</strong>poser les curies. Avec ¡'établissement des fiels,<br />

cette première division cessa. La classo sénatoriale<br />

fut remplacéepar celle des nobles possesseurs lie fit-ta<br />

ou descendants da possesseurs de nefs. Le reste des<br />

Il


462<br />

anciennes classes se confondiLpeu à peu en uneseule.<br />

Challamel pense qu'en Vivarais les administrations<br />

curiales se yainlinrenl pluslouglemps qu'ailleurs.<br />

L'<strong>au</strong>torité ou 1)lutôtlus prétentions des <strong>com</strong>tes de<br />

Toulouse sur le Vivarais ayant rencontrb bon nombredoconcurronts,<br />

parmi lesquelsil sutllra do citerles<br />

évêques de Valence et de Vienne, les rois de Bourgogne<br />

et d'Arles. et enfin les empereurs germaniques,<br />

les nobles vivarois surent habilement les opposer<br />

les uns <strong>au</strong>x <strong>au</strong>lres, et finalemenlles é\'incer tous;i<br />

seulement ils sureut <strong>au</strong>ssi mettre à profit ces querelles<br />

pour asseoir les fondements de leur propre<br />

puissance. Or, <strong>com</strong>me nous l'avons dit, en présence<br />

d'un peuple très jaloux de ses libertés, et dans la<br />

crainte de le voir appeler du dehors un protecteur<br />

puissant, ils durent renoncer à établir cette foule de<br />

petites roy<strong>au</strong>tés féodales qui existaient ailleurs, et<br />

rendre leur accroissement do puissance moins percoptiblo<br />

en continuant à l'exercer pal' une administration<br />

<strong>com</strong>mune, c'est-à-dire dans le sénat.<br />

Plus tard, ils parvinrent à supprimer" les adminis-<br />

'rations curiales et à devenir premiers mogislrats,<br />

chacun dans ses domaines, la classe des artisans<br />

n'ayanl pas grand intérc~lp soutenir les Irrolrriutaires<br />

qui formaient le personnel exclusif des curies.<br />

Le gouvernement aristocratiquo du l'ivarais dégénéra,<br />

<strong>com</strong>mecela arrive toujours pour cessortes de<br />

6ouvernement, en oligarchie. Tous les seigneurs du


63<br />

Vivarais pouvaient bien se réunir, une fois par an,<br />

par oxemple, pour élaborer des lois, mais ils ne pouvaiont<br />

pas rester continuellement assemblés pour les<br />

faire exéculer. Supposons, ce qui n'a rien d'improbable,<br />

qu'ils eussent confié leurs pou·~oirs à l'ancien<br />

sénat, en 3· faisant siéger leurs représentants, Ce sé-<br />

nal, cômposé de cent personnes, <strong>com</strong>me l'étaient généralement<br />

les sénats des cités, était encore trop<br />

nombreux pour rester constamment réuni. Il fallut<br />

former un nouve<strong>au</strong>sénat, que l'on revêtit de la puiss<strong>au</strong>ce<br />

exécutive, el ce sénat dut èlre formé <strong>au</strong> moyen<br />

des anciens uigi~iers, qui, devenus seigneurs d'arrondissemeut<br />

et plus puissants que chacun des <strong>au</strong>(rt1s<br />

seigneurs, ovoil'nt encore sur eux la prééminence<br />

qu'un suzerain a sur ses vass<strong>au</strong>x. Les seigneum d'arrundisscmenifuront<br />

donc chargésdo la puissanceexécutive,<br />

dont les rois de Bourgogne et les empereurs<br />

germaniquesavaient en dernier lieu investis. Des<br />

fonctions du gouvornement à la puissance souveraine<br />

il n'y a qu'un pas, et nos nouve<strong>au</strong>x sénateurs ne tardèrent<br />

pas h le franchir.<br />

C'est ainsi, dit Cliallamel, que la noblesse, après<br />

avoir dépouillé le souverain, futdanslasuitedépouillée<br />

à son totirpar les seigneurs d'arrondissement qui<br />

lui ôtèrent la puissance législative, usurpation qui dut<br />

50 faire a vecd'<strong>au</strong>(ant plus de facilité quole peuple,accoutumé<br />

à l'administration de ccs seigneurs, n'aper-<br />

cevait <strong>au</strong>cun changomenl dans une révolution qui


toi<br />

laissait toujours les mêmes personnes la tête dugouvÚnemenl.<br />

Telle fut <strong>au</strong>ssi des douze barons<br />

de tour. On voit que pourla découvrir il f<strong>au</strong>t remonter<br />

<strong>au</strong>x anciens vicaires ou vi~uiers. Celle ori~iue ne<br />

s<strong>au</strong>rait être douteuse': on s'en convaincra surtout en<br />

jetant un coup d'œil sur la carte #lu <strong>pays</strong>. Que l'on<br />

examine la position des lieux qui donnaient leurs<br />

noms <strong>au</strong>x anciennes baronnies et la distance qui sé-<br />

pare ces lieux les uns des <strong>au</strong>tres, on y reconnaîtra<br />

facilement les traces d'une ancienne division du <strong>pays</strong><br />

en arrondissements dont ces lieux étaient les capitales.<br />

Si parmi les dernières baronnies, on en voit de trèsrapprochées<br />

les unes des <strong>au</strong>tres <strong>com</strong>me celles de Stitemèze,<br />

la Gorce et Vogué, cela vient de ce que les<br />

seigneurs achet aient queiquefois les titres de baronnies<br />

anciennes et les faisaiènt altacher <strong>au</strong> village dont<br />

ils portaient le nom. C'est,ainsi que le seigneur d'Aps<br />

fit donnor à son village le titro do baronnie qu'avait<br />

Rochem<strong>au</strong>re et que celte nouvellebaronnie d'Aps devint<br />

encore dans la suite baronnie de St-Remèze,<br />

C'est ainsi que le titre de la baronnio de Brion passa<br />

à la terre de Vogué. On voit tous les nouve<strong>au</strong>x barons<br />

placés à la suite des anciens sur les listes des<br />

Etats, parce que, après ces sortes de changement, le<br />

remplaçant ne pronait pas le rang du remplacé. Le<br />

dernier des nouve<strong>au</strong>x barons n'a vajt rang qu'après<br />

tous les <strong>au</strong>tres, même après ceux qui n'étaientpasdu


t65<br />

nombre des barons de tour, quoiqu'il fM baron de<br />

tour lui-même, (Les barons de Pradelles, de la Gorce<br />

et de Vivicl's, étant de création récente, avaient bien<br />

le droit d'envoyer leur bailli <strong>au</strong>x Etats, mais n'a-<br />

vaient pas le droit de les présider. Ces trois barons<br />

devaient <strong>au</strong> roi leur entrée <strong>au</strong>x Etats.)<br />

On peut s'étonner que Challamel n'ait pas simplement<br />

rattaché les premiers Etats du Vivarais avec<br />

leurs douze barons et leur <strong>com</strong>missaire du <strong>pays</strong> à<br />

l'ancien décurionat avecsesdumvirsetsondéfenseur<br />

de la cité, sans faire intervenir les viguiers, qui,<br />

d'ailleurs, peuvent fort bien avoir été les successeurs<br />

des décurions. Notons en passantque Challamel était<br />

mort quatre ans avant la publication do l'Histoire de<br />

la G<strong>au</strong>le rnéridionale de F<strong>au</strong>riel qui a tant contribué<br />

à nous faire connattre l'ancierine administration iro-<br />

maine dans nos contrées.<br />

Les barons du Vivarais présidaient une <strong>au</strong>née,<br />

chacun à son tour. Dans tous les <strong>pays</strong> d'Etats, c'était<br />

le roi qui désignait le président, Une pareille coutume<br />

n~ pouvait donc.avoir été établie quo par les<br />

barons éux-méfnes à uno époque où nul <strong>au</strong>tre qu'eux<br />

n'avait d'<strong>au</strong>torité ni ctlinOuence dans Je <strong>pays</strong>.<br />

Un <strong>au</strong>tre indice de l'ancienne indépendance dU,Vivarais<br />

se trouve dans ce fait quo les barons n'avaient<br />

pas le droit de délibérer eux-mêmes <strong>au</strong>x Etats du<br />

Vivarais et devaient y. envoyer leurs baillis, tandis<br />

qu'on ne voit ricnde semblablc dans les <strong>au</strong>tres-<strong>pays</strong>


t 66<br />

d'Etats. En supposant les Etats du Vivarais institués<br />

par le prince, on no voit pas dans quoi but celui-ci<br />

<strong>au</strong>rait fait inscrire une semblable cl<strong>au</strong>se dans l'ins-<br />

titution même. Le droit de délibérer donné <strong>au</strong>x barons<br />

du Vivarais pal'l'<strong>au</strong>torilé royale no pouvait pas<br />

être plus dangereux pour elle (]ans le Vivarais qu'il<br />

ne l'était dans les <strong>au</strong>tres <strong>pays</strong>.<br />

La vraie c<strong>au</strong>se de cette différence de traitement se<br />

trouverait précisément dans la dil1éren~e d'origine.<br />

Les barons, tels que ceux duLanguedoc, dont les pouvoirs<br />

émanaient de la seule <strong>au</strong>torité du roi, ne pouvaient<br />

pas lui être bien redoutables. Comme ils n'avaient<br />

jamais été que sujets, ils rivaient tout lieu de<br />

craindre que la main qui les avait pour ainsi dire tirés<br />

du néant, né les fit de nouve<strong>au</strong> rontrer sans<br />

be<strong>au</strong>coup de peine, s'ils osaient désobéir. Les baiflis<br />

du Vivarais *étaient à peu près dans le même cas. La<br />

protection du roi les avait mis en utat de ,supplanter<br />

les barons, cl cette protection leur était néce.4saii-0<br />

pour conserver la puissance qu'ils avaient usurpée,<br />

tandis que les barons, ayallt été souveraius, il ¡;tait<br />

prudent du ne pas leur laisser l'exercico d'ulle <strong>au</strong>turité<br />

dont ils pouvaient être tentés d'user <strong>au</strong>trumcut<br />

que <strong>com</strong>me des agents soumis de J'<strong>au</strong>torité royale.<br />

Sous le régime féodal, le bailli était l'officier du sei-<br />

gneur, chargé du gouvernelIlcnl et de la répartition<br />

de la justice dans ses domaines. Tant qu'on lie leur<br />

contesta pas leur <strong>au</strong>torité souveraine, les barons du


167<br />

V varais dédaignèrent de l'exercer eux-mêmes.Quand<br />

ils voulurent la reprendre, il était trop tard. Les bail-<br />

lis avaient tpouvé dans la pouvoir royal un ailié<br />

devant lequel les barons durent s'incliner.<br />

Partout ailleurs qu'en Vivarais, l'histoire montre<br />

un seigneur, <strong>com</strong>te, ducou vi<strong>com</strong>te, supérieur à tous<br />

les <strong>au</strong>tres. Icrnous voyons be<strong>au</strong>coup de prétendants<br />

à la dignité de <strong>com</strong>te. et nous n'en voyons <strong>au</strong>cun qui<br />

en ait réellemcnt exercél'<strong>au</strong>torité. Pointd'actesd'ad-<br />

ministration, point de pouvoirs, point de <strong>com</strong>missions<br />

émanès d'eux. Deux <strong>com</strong>tes du Vivarais, EriberL et<br />

son fils Elpodorius, sont mentionnés, le dernier dans<br />

une charte de Louis-le-Débonnaire, do 817, mais la<br />

dignité <strong>com</strong>tale parait s'éteindre avec eux.<br />

Du IX' <strong>au</strong> XIIIesiècle, dom Vaisselle ne parle presque<br />

pas du Vivarais et nous n'avons pas besoin d'insister<br />

sur le caractère peu probant des deux seuls<br />

documents cités par lui pour démontrer que les <strong>com</strong>tes<br />

de Toulouse ont l'égné dans co <strong>pays</strong>. Ces deux do-<br />

cumetits (le testament du <strong>com</strong>te Raymond, filsd'Er-<br />

mengarde, et le mariage du <strong>com</strong>te Bertrand) peuvent<br />

indiquer, en effet, des prétentions à dominer<br />

surle Vivarais, maisils ne prouvent nullement une<br />

domination réelle, Un legs fait à l'église de Viviers<br />

eu 961, un douaire assigné à une femmeta. ans après<br />

et dans lequel le nom du Vivarais se trouve ajouté<br />

<strong>au</strong>x noms de quelques <strong>au</strong>tres <strong>pays</strong>, ne peuvent suppléer<br />

<strong>au</strong> silence absolude l'histoire sur tout acte d'ad-


68<br />

ministration ou de souverainelé eaercL par les <strong>com</strong>.<br />

tes de Toulouse dans ce <strong>pays</strong> pendant tiiie<br />

glle périodo de 1,<br />

temps.'<br />

<strong>au</strong>ssi lon-<br />

Il est à i-emariltier <strong>au</strong>ssi qu'à ces époques oit lés<br />

ambitions seigneuriales allumaien~ la guerre môme<br />

entre les plus petits <strong>pays</strong>, le Vivarais n'est mentionné<br />

nulle part <strong>com</strong>me ayant pris part a cescoutlagralions.<br />

Son nom ne figure pas dans les états, hourlant fort<br />

détaillés, des contingents dont disposait tel ou tel<br />

parti. On peut en couclure qu'il jouissait de la paix,<br />

el ce privilège doit s'expliquel' à li1fois par la sitti~t-<br />

tion topographique du <strong>pays</strong> et par le régime oligarchique<br />

qui s'y était étnbli, bar il est inliniment plus<br />

difficile d'amener un <strong>pays</strong> à se mèlcr <strong>au</strong>x querelles<br />

oxt3rieures qui ne le concernent pas dircctemont,<br />

quand l'<strong>au</strong>torité souveraine n'y est pas c.Jncentrée<br />

dans une seule main.<br />

Si l'on voit assez souvent. dcl:uis le dixième siè-<br />

ch" les <strong>com</strong>tesde Toulouse figurol' (li.tis l'histuÎl' dr.<br />

celle province, ce n'est l'occasion do leurs fiefs<br />

particuliers, et nolammeut de la baronnie de Pnuj<strong>au</strong>e,<br />

qui nu leur confurait pas de préroralivu SIIII\<br />

ricllre à celle des <strong>au</strong>tres harons, puisqll\1l1e tic doitunit<br />

d'<strong>au</strong>lru privilège 'que le droit d'entrer et de<br />

ddiL.él'cr eux l;lals.<br />

Plusieurs actes sont d, tus dU'l'èglie je certains rui~<br />

du France d'<strong>au</strong>tres portent la dale dUl'ègne des 0111-<br />

liereiirs.~31~tis(itie iii-otivotit ces actes, si ce u'est 'Iuc,


i69<br />

suivant les circonstances oit l'on se trouvait, on faisait<br />

hommnge à celui des prince!; que l'on avait le l'lus<br />

intérèl à ménager 2 D'ailleurs,.la date du règne des<br />

princes insérée dans les actes publics n'incliqnait<br />

qu'une h<strong>au</strong>te suzeraineté reconnue, et la suzeraineté<br />

était bien dilTérente de la souveraineté. Le va~sal,<br />

maître chez lui, ne devait à son suzeram que le service<br />

militaire el l'hommagej encoro ne se seumellait.<br />

il à'ces devoirs que lorsqu'il ne se sentait pas assez<br />

puissant pour refuser impunément de les remplir,<br />

Challamel rapporte un témoignnge import<strong>au</strong>t do<br />

dom Malherhe, le savant bénédictin qui fut chargé do<br />

continuer l'llisloire chcLangececloc.En 1788, ce. re-<br />

ligicu~ ayant été consultd par M.de Roche'mure. de la<br />

parldes Etalsdu Vivarais, <strong>au</strong> sujet de quelques.troits<br />

réclamés par ce <strong>pays</strong>, répondit que les actes relatifs<br />

<strong>au</strong>x drqits et <strong>au</strong>x priviléges du Vivarais étaient <strong>au</strong>x<br />

archivescie la provinco du Languedoc, qu'il Ics y<br />

nvnit lus, et que dom Vaisselle en <strong>au</strong>rait parlé dans<br />

son histoire, si les Etats du Languedoc ne lui noaiera<br />

c.chresscmentclé/'enclu de /'aire connaitrc des<br />

yriciléges de ce tmys.<br />

On peut encore voir titi vestige de l'ancienne iu-<br />

délendanco des Etalsdu Vivarais dans un usage qui<br />

s'était perpétué jusqu'en IiH9: à la fin des délibéra<br />

tions, le haroll de tour 011son suhrogé si;;nait Ie'prcmirr,<br />

tandia que le vommissaire pl'Încipal,rel'résclI,.<br />

tant la persolllll' (lit roi, lie signail cln~ 10 ~rcotul,


170<br />

trsage singtilier, ohsorve 111.do Baville, car pai-loiti<br />

aille~a·s lc covunfssaire signc le lmemier.<br />

La préseiice du promior consul de Viviors sié~e<strong>au</strong>t<br />

<strong>au</strong>x Etotsdll VivOI'nis, en ~(ualit~,


ni<br />

1 Egliseet de la roy<strong>au</strong>té naturellement liguçes pour<br />

meltre un termo aw ahus des grands, ,D'aiIlOlIl's, ce<br />

pou voir absohc do la l'o~'<strong>au</strong>té, dont on 1)~irletant c1ans<br />

nue certaino crilicluo, est be<strong>au</strong>coup plus difiil'ilo h<br />

retrouver dans la rénlité de l'Itisloire (Iti'oii nu se<br />

l'imagine, Jlalgré la fameuse formule: tel est uotne<br />

plaisir, qui revenait sans cesse dans Je langagc officiel<br />

du souverain, le roi, mème à l'apog~o de la 100-<br />

lIal'chie, se trouvait arrèté à cLacluo pas pur le respecl<br />

qu'il était obligé do pour les droits et les<br />

usages en vigueur. Quand il clcnt<strong>au</strong>tlait à ses sujets<br />

des dons gratuits, des intltdts, des subsides,<br />

Il ulait obligé d'user cle ae~»·ésentalinns avec; le<br />

clcl'gé do Franco et do l'asseutbler hour les ohl(HIÍI'i<br />

11 ttégociait l'enrer~islaement d'un édit 1)(11'501avec<br />

Io Pademont i<br />

Il cletnnndait l'assise <strong>au</strong>x Etats du Lallguedec i<br />

Il Cil BOUl'gogIWj<br />

Il était souvent obligé de l'aclteten en Bretagno plus<br />

ou moins direclement.<br />

VOIIC,sans vouloir méconnaîlrc lus ahlls de co<br />

qu'on a appelé le pouvoir absolu, il n'est juste<br />

de cuustater que parloul <strong>au</strong>trefois il cvistail des<br />

droits et usages pour poncivrerl'<strong>au</strong>torit~ l'ornle, droits<br />

et usages dont nos constituliuus lIIodel'l1es n'ont été<br />

que le dÓveloppemenl. S'il y a prugl'ès <strong>au</strong>jourd'hui,<br />

peut-cttreest-il plus dons les 1~IŒI1I'SJœU\'l'edutemps,<br />

que dans les institutions, œuvre des hommes, Le tra-


172<br />

vail de Cballamel, quoique conçu dans une pensée<br />

hostile <strong>au</strong> régime monarchique, en est une prouve<br />

nouvelle, puisqu'il a pour but rl'crtaOlir et qu'il établit<br />

en parlie Pexistcnce d'une sorte de répuhlilluu<br />

vivaroise sc maintenant pendant dessièelcs sonsl'<strong>au</strong>.lorité<br />

des rois du Provence ou de Bourâorinc, des cmpereurs<br />

dalleinagite et des rois de rrance.<br />

Les Etats du Vivarais Perdirent iusensiblvment d~<br />

leur <strong>au</strong>torité et de leur prestige, mesure que 10roi,<br />

soutenu par le peuple et par l'évèqlW de Viviers, ac-<br />

quérait ou s'arrogeait peu à peu Icdroit de les convoquer,<br />

d'y drtputer des <strong>com</strong>missaires, d' faire des<br />

propositions ot finalement J'y l'xcrccr un droit de<br />

veto. Nous avons vu plus h<strong>au</strong>t les rois <strong>com</strong>mencer à<br />

s'introduire dans les âlfairos du VÎ\'arais en donnant<br />

raison <strong>au</strong>x baillis ~ontre les barons (lui vouloient re-<br />

preuclre l'administration effective du <strong>pays</strong>. Le dépit<br />

des barons leur fournit bientôt l'occasion d'un nouvol<br />

enlpiètemcnl. Ceux-ci, pour faire pièce <strong>au</strong>x baillis<br />

et diminuer leur atitoi-ittt, vendirent <strong>au</strong>x habitants<br />

de leurs seigneuries, avec le droitde municipalité, la<br />

propriété des tenes dont ceux-ci n'étaient que fermiers.<br />

Notons ici qu'en Vivarais <strong>com</strong>me dans le reste de<br />

l'ancienne Province romaine, toute terre était censée<br />

apparlenÎl' à Dieu, et quo le 8~igncur devait, s'il la<br />

réclamait, fournis- la preuve qu'elle lui appartenait,<br />

tandis qu'ailleurs, la -t(~.re étail consée alrpartenir <strong>au</strong>


173<br />

seigneur el c'est 10 réclamant qui devait faire la<br />

III'eu\'l' du contraÎl'o,<br />

Les croislllics anxlluellcs priront part do nornhrClu:<br />

seirincrirsUu Vivarais conlribuhreut rlUl0~I0IIILlItait<br />

mouvement <strong>com</strong>munal pm'les hes()insll'~r¡;ent qu't'"es<br />

créèrent. Les har<strong>au</strong>s cherchèrent ensuite à introduire<br />


'1'<br />

rJlllllr Il'sl:l;lls rlu \'I\'nl'nI5 il reu~ 11111.111181le4lor,<br />

01111do les domincr ibliis ,\l'I'I'nlellt.<br />

HII1:111:1, l'hilippu IleIlel olllinl 1111prumier !iIlCl'è~<br />

.\)'0 ni rnnvoyun unu Il'l!lnhlt\l' Ila la !i1\lIlkhIlIlIlS~\J<br />

do 1I1'IIIII'alrll Il"111' ln fnln' il il SIIl 1Ill'pl'! ait fillur<br />

1'11111'11", IIl!1I151)111 ,l')' ('lIn\'Ilfllll1rIrs loir(iii-.4dll<br />

\'1\'111'"1,, ut Il' tics ('Oillllllllll' QIII'"1IIl'S1111rons<br />

)' IIlIèrelll,1'000t-l'trllil litro Ilr!ruvnnrlu: eoniru<br />

loc 1);sillis r·'rtlniunlIv lbiri)ti'ilticeliii lit)<br />

'fuurnnn~`t uu lie<br />

t-eltii rlvJII)1H1~O, Lci<br />

¡J¡"11II1t~5 ,10'1IIati'"tu1111111 IICSpl,7cius sousl'I{llhwIIl'O<br />

,10l'6v'nluu (1'iv'it`t' Sl-ll~rccl,lu llotirg.St-.tlltl~-01<br />

ci 1.lIrJ;clltièr,,)~'i111Sr1!Ill {.~lIh!nll'III,~lrlii CI!1I1I1'CtJS<br />

u'uul pas rluslIlIod il filitit ricu 1110111'1 citie les<br />

Hlh!rrl!"IlIallIlHIrI!IISI'jI '1110la 11ri1l1l'l~CIII Il 1\11IlIt'nh'<br />

cunlra le.4.%tigliii-î 1)oiii-oirbrrr la rvunion MSÍl"~I!.<br />

.\1111,ou, l'UlIIlIIlHlit (litillilliel, S(silsl'rélt.'(to11'1I1I¡' IIwntcl' 110.'1II1I)'C1I5 ,1'lIlIa'llIod tic réïistiiiii-eest iiiiit.<br />

(agit llus ri'ensemlrlu rl;m3 les Olh~I'iICI()ns. Ics l'ois<br />

nppuli`rent 1'0111' Ilvlilrurcr ¡111\(111 1.;lII8111'cloo<br />

.'é\l\'llIe 110'h'll'rs, yu"Irlues-uns Ilus 1)riiicii)ntix<br />

Imrons (lis1).I%%el Irs preruier; mnsirls tlt,.iprincipnlus<br />

cornnnrnes.<br />

I.cs ré,ulutious prises Ilrlus ocs MsellllMcs fnronl<br />

miniMes ci tiiiiiç Il' \'ivarais cutnme élnnl<br />

en qucirpo sorte l'œu\TorlI'S représelltants titi Im~'s,<br />

ci, Il'nilicum, parce rlrreles malhellrs tics Icmps na<br />

rermetlaienl pas (le rujclcr de bunnes résolutions


'71)<br />

pour yttnlyue, eiresnlu rllrllll!,(cite uccnsiontloralrt1<br />

'cl61II1l~rl'r dt's pcr:onusy~s :lu 1'jvnrnis uux Htats 41ts<br />

se ltru,unln si souvunl cl pumliuUsi loti,<br />

leutps (1IIult'slialiiiiiiiii dis \'h'nrllÍ!l. s'ucnuulnumnl<br />

I!CIIil pou (-elle 11I/1II1ôl' tic teilla'lus1-*Itils.liiiireiit<br />

pnr.ox6('lIlcrilltlllli~r('IJIIJII!llllcsr{':lOllltioll!i(10ceux dlll.nllgllellu.! et lies IL-tir. ou les l'ois "011lalelll<br />

-est\'01111'. Iln alors cic~(lnilivumentla<br />

iii.iiiit*~rti Ilolltlo \'h'nl'Ilis scrllll il ruprusuuld<br />

titi%lits Lunguctloc. Ils c~nlunuC~runl '11I'ii rM<br />

rcirrc~sunld1).irl'dw4luudo 1'ivicrs, l'al' lu Itaruu do<br />

lotir do l'iiiiiiée cl imr 10ronsul du lieu princilnl de<br />

ln harollnio do tour. l'rmr fsriruatccuplurcestlucisiuns<br />

nu pn~sdo \'1\11l'a1:1,est1(,-lIalla JIartlell: distlnctiolls:<br />

scmhuron tic toits-cdtliul le l'IIIISel lus droits ile'liremiel'<br />

huron do In Irrovince,cl soissynlic cui lrlnconu<br />

111\111: dl'Asyorlics gÓlI{orllllxltemlnnl ilite t-etix d('s<br />

nulrca 11iI)' .1t~pl'lIIlullt (h!s1I1I'lIIl'S étaieiii pincés<br />

ÎIim Ililile inféricur. Il rut (~Iahlimissi, estfaveur des<br />

dOllzoharolls dc toits-(lis Viviiriis, coulissecles huit<br />

du (i6vnmlnu, lisse si l'titi d'l!llx, outre sa Irtronnie<br />

rlu tour, avait tissu attire liii-otiiiie ou lit) cornld rlunliniii<br />

droit d'clltrée alllllll'ilo I1\IXEtos géliét-alix do<br />

ln province, il 1)otirriii y ¡1\'oïl'deux ,luldi:uds ou<br />

assistcr lui-II\~lI1oavec titi cnwyd, du 10111',<br />

ci avoir ninsi douhlc Etiffi-180.<br />

nès co m0ll10llt,les Etals du LangueJoc priront<br />

sur ceux du Vivarais tissu supériorité jusqu'alors


l'Iii (.,<br />

inconnue. Ils o~igèrent que les délibérations de<br />

ceux-ci fussent soumises leur approbation, Quand<br />

la révolution de 1789 éclata, les Etats du Vivarais<br />

étaient entièrement subol'donnésà l'<strong>au</strong>toritédes Etats<br />

du Languedoc. Leurs pouvoirs se réduisaient à un<br />

simple droii de remontrance et à la répartition des<br />

contributions ordonnées par les EJats du Languedoc.<br />

Ils n'étaient plus en divergence avec ceux-ci que sur<br />

leur titre d'Etats qui blessait l'orgueil des Etats-Génél'<strong>au</strong>x<br />

de la provinée et <strong>au</strong>ddel ceux-ci <strong>au</strong>raient voulu<br />

substituer le nom d'~issielte donné <strong>au</strong>x assemblées<br />

des diocèses chargées d'asseoir l'impôt. Les mats du<br />

Vivarais refusèrent constamment d'abandonner leur<br />

ancientitre et sequalifièrenttoujoursdunom d'Etats.<br />

Quant à leurs anciennes attributions souveraines, ils<br />

les avaient abandonnées successivemont, mais lion<br />

sans avoir courageusement résisté pendant des siècles.<br />

C'est même à leur pçrsistance que Cliallamel<br />

attribue un grand événement. Auxvne siècle, le clate<strong>au</strong><br />

de Sampzon, où étaient renfermées les archives<br />

desEtatsdu Vivarais, fut détruit par un incendie. Le<br />

bruit courut quê le feu ayait été mis par le syndic du<br />

Vivarais, le sieur de Fayn de nochepierre, qui, ayant<br />

fait déclarer le syndicat héréditaire danssa famille,<br />

avait voulu, disait-on; brÍ1ler les archives afin d'a-<br />

néantir des actes constatant que ceux de ses ancêtres<br />

qui avaient exercé les mêmes fonctions Ics tenaient<br />

d'une nomination particulière f¡;iLe par les Etats pour


4 ïi<br />

chacun d'eux. Mais Challamel-accuse formel!ement<br />

les Etats du Languedocd'avoir fait allumer l'incenilie<br />

des archives du Vivarais pourparrir les Etatsde lerir<br />

opposition et leur faire perdre jusqu'<strong>au</strong> souvenir de<br />

leur anhque pouvoir en brillant lea papiers qui les<br />

leur rappelaient sans cesse..<br />

(( Etcertes, ajoute Challamel,il f<strong>au</strong>tconvenirqu'ils<br />

réussirent on ne peut mieux, car, à la réserve 41'une<br />

faible tradition, le souvenir s'en est perdu <strong>au</strong> point<br />

que ee n'est que par des raisonnements et des-calculs<br />

qu'on peut s'assnrer <strong>au</strong>jourd'hui que 10 Vivarais fut<br />

<strong>au</strong>trefois un <strong>pays</strong> libre et que l'on peut découvrir<br />

<strong>com</strong>ment il perditsa lil>rrté. »<br />

Ces dernières lignes carac!érisenl le travail de<br />

Challamel. F<strong>au</strong>te de preuves matérielles sutlisantes,<br />

l'historien a dû recourir largement <strong>au</strong>x inditetions et<br />

a'ux preuves :norales.11a dû suppléer, à forced'études<br />

et deconjectures,:Il1X documentsdispal'us. Ensomme.<br />

il riposé un problème plutôt qu'il ne l'a résolu. Tel<br />

qu'il est, son travail a une incontestable importanc~.<br />

On y aperçoit, quoiquo dans un certain vague,lai'ltique<br />

indépendance du Vivarais favorisée à la fois par'r<br />

les difficultés topographiques et par l'uloignemerit<br />

ou les rivalités des princes qui <strong>au</strong>raient pu y pol'tel'<br />

atteinte.<br />

Au point de vue des libertés intérieures, c'est-àdire<br />

de la participation du peuple. ou du moins de la<br />

clessse moyenno, à l'administration du <strong>pays</strong>, il seraft<br />

n


478<br />

fort intéressant de savoirsi, <strong>com</strong>mele croit cha lia moi,<br />

cette parlicipation s'est toujours continuée, dans une<br />

cel'tnine mésurm depuis les Romains. Or, bien quo la<br />

répu6lique /'éodale de Challnmel nuus paraisse fort<br />

sujette à c<strong>au</strong>tion et que le mot d'anaachie féodale<br />

convienne be<strong>au</strong>coup mieux 11l'état po!itiqtie de cette<br />

lointaine époque, il nous semhle qu'il n'est pas impossiblede<br />

se faire une id Sede ce qui a dû se passer. En<br />

somme, la nature humaiue n'était pas <strong>au</strong>tre alors<br />

qu'elle n'est <strong>au</strong>jourd'hui et les mêmes mobiles que<br />

nous voyons agir dans le jeu de la société nctuello<br />

doivent su retrouver à tontes les élioques. Tout homme<br />

aime à <strong>com</strong>mander: il y dans chacun de nous<br />

chez ceux qui se croient libérnux encore plus que<br />

chez les <strong>au</strong>tres legerme d'on tyran. IIIais si la<br />

t}'rannie pour soi est naturelle, la coalition pOUl' résister<br />

à la tyrannie d'<strong>au</strong>trui ne l'est pas moins. De<br />

là <strong>au</strong>ssi les Sénats. Etats ou Parlements, dui représentenlle<br />

terrain ga3né par les goU\'ernés et le cou-<br />

trepuid~, qu'ils sont parvenus à opposer à la puissance<br />

du ou des gouvernants.<br />

Ces roprésentatious onl dû toujours exister, s<strong>au</strong>f<br />

peul-ètro.}quelques périodes violentes, dans des COIlditions<br />

plus ou moins accentuées. cl l'<strong>au</strong>tear d'uu<br />

Mémoire sur les Etats dit I.,iiigue(loc, publié en 1788,<br />

était nu moins dans la vérité l'clative, quand il (lisilit<br />

que l'administralionde celte partie de la G<strong>au</strong>le nidridionale<br />

avait été u éb<strong>au</strong>chée par les G<strong>au</strong>lois, for-


479<br />

inée par les Romains, protégée par 'les Wisigoths,<br />

respectée par les Sarmsins, conservée par lo,,4lltérovinaiens,<br />

mainlenue par les fiai-lovin-ieiis et les ducs<br />

et <strong>com</strong>tes lJéréditaÍl'es, perfectiounév par St- Louis,<br />

réglée par Citarles rlI, confirmée successivement par<br />

tous nos souverains. » (1)<br />

C'est <strong>au</strong>ssi à ce point do vue que Challamel a peutêlre<br />

raison derattacfer les Etats du Vivarais a l'an-<br />

cien Sénat lielvien. F<strong>au</strong>te do charl03 poal' ~nivro les<br />

lranforuralions successives de l'<strong>au</strong>torité adminislrative<br />

<strong>au</strong> moyen il f<strong>au</strong>t se l'appeler {PIC lvs libertés<br />

Jocalcs, ce qu'on appelait alors les /·r·an~hises et<br />

~rivilèges des <strong>com</strong>mnnes, uedaleot -pas diiier ~;tque les plus vieux documents de ce genre que nouspossédons<br />

visent tous des usa£e3, franchises ou privilé-<br />

Ses plus anciens désignés le plus souvent <strong>com</strong>me<br />

eaistadt de lemps immémocial.<br />

La vie polilique d'alors, était un drante à quatre<br />

personnages: le roi, le clergé, la noblesse et-le peuple.<br />

Le plus puissant ét,lÍt la noblesse, c'est-il-dire<br />

les barons investis de la force iiiatérîellc e-i hrusenco<br />

du clergé qui n'anlil clue la force momie, du l'cllplu<br />

qui n'a\'ait pas conscience de IlIi-mùlllo et du l'iii 01'<br />

dillaÍl'emenllrop éluigné. C'est dune ~contre Il unblesse<br />

ou les IHII'O!IS(lue les Imis<strong>au</strong>tn' se<br />

réuilir, et c'est ce qui eut .lieu, en cl1el, peu lieu<br />

jusclu'<strong>au</strong> triomphe absolu de la roy<strong>au</strong>té, lacluello na-<br />

(1)CoIJeCliOD duLanguedoc, t. t Y~J.


.'180<br />

turellemellt avait to'ujours cherché à relever la situation<br />

des classes moyenne et inférieure pour s'en faire<br />

des alliés contre les barons.<br />

Le besoin d'al"gent, résultat cie guerres incessantes.<br />

obligmmlles rois il réclamer cotistamiiieiit de nouve<strong>au</strong>x<br />

subsides, amena la convocalion plusfréquente<br />

des Etats previnci<strong>au</strong>x ci donna il ceux-ci une importancecroissanle<br />

dont la roy<strong>au</strong>té, devenue plus forte.<br />

prilombl'


18.1<br />

nous ayons fait sous ce rapport des progrès mervoilletix.<br />

QIli1n¡)les érudits de l'avenir <strong>com</strong>pareront<br />

les diverses phases historiques qu'a traversées le<br />

bon peuple français, peul-être trouveront-ils qu'on<br />

a trop noirci le passé et que nos décurions modernes<br />

<strong>au</strong>raient bien des leçons de sag~sse et de palriolismf><br />

à prendre de leurs antiques prédécesseurs.<br />

Quoi qu'il en soit, Challamel a écrit un llémuirv<br />

qui lui fait honneur. En le dégageant des préoccupations<br />

de temps etde parti qui ont visiblement iutlué<br />

sur l'<strong>au</strong>teur, on aperçoit une part de vérité dont<br />

l'élucidation serait égalemont précieuse pour l'histoire<br />

de nos contrées et pour l'hisloire générale. Bien<br />

des documents enfouis dans les archives publiqnes<br />

et pi-ivéesoti dans les offices de uotaires, peuvent<br />

recevoir de cette étude une lumière iuatlendue. Elle<br />

méritait,danstous les cas, d'èlt'e signa léc<strong>au</strong> public intelligent.<br />

Les trav<strong>au</strong>x de ce genre ne set-voiit pas seulement<br />

à faire apprécier plus é;luitablemenl le passé,<br />

ils contribuent <strong>au</strong>ssi à un jugement plus s.iii des<br />

choses du présent. En voyant avec quelle lenleur le<br />

progl'ès s'est toujours etreclué dans le monde ci li<br />

part que toutes les classes ont prise successivemonl,<br />

on finira peut-étre par cornprendre qu'il èst in>ensú<br />

de vouloir lui furcer la main. qu'il n'est l'ilpana!c<br />

d'<strong>au</strong>cune caste ui d'<strong>au</strong>cune coterie, et que no~ pèl'l'<br />

(lui croyaient il quelqu'un el à quelflile chose, qui<br />

parlaient he<strong>au</strong>conp moins de lenrc droit~, mais Ill'i


43!<br />

iniiiiteniient pnliemmellt et avec pcrsécéranco do<br />

lière en fils. 5nn5l'nHclllla'e rdl Il'111 Cde ciel cl la tcrre<br />

ilillis 11110llliltinéo, ava¡~1I1 (11115Ires(lrit liulitiiltio<br />

iiiie iiotii. Diiiis tt)iti les CilS,si, des It<strong>au</strong>lcurs tlo l'<strong>au</strong>-<br />

Ire 111011110, il~ pcuw·nt enlemlru nu, s'ils<br />

voicnt nntro sc-~ibliciiiiie et tioi fulies, on pctit rai-<br />

souu.nlcntent (1t)tllel' (I"'ils nl'l'l<strong>au</strong>tiissent ce speotacle,<br />

car uous tracaillous siluplelllelli défaire, ct<br />

cela lort ropidJllhHlt,l'édilicc mural et lioliliqtie 'l"'ils<br />

ont ('u (¡\lit de peine et ntis tant cla siècles à élever.<br />

1'III<br />

4nr.ntoLOGIE1:1':1.IE1'1£<br />

Li (amille D(almazet de Etuolc5 tlu vi<strong>com</strong>te de 51-<br />

AI1,I~1J1 sur 1':trcl"It'Clllre (les premiers siècles Slyle<br />

fil/lit" et style u¡:i,al. La ltolllill,-klio sarrasino Jans le 3liéti<br />

tI~ la Fra, co. llac lettre Je 31. ,1..SI. \IIJénl en 1 !lOti. No.<br />

lices snr 1'5 ..¡:1is< s rumanca du 1¡~3-\ï,ar:lis. 1:"I'pi,lum g<strong>au</strong>-<br />

Inis dc Il'rgl\'i; ,\pcrç" snr le <strong>pays</strong> les Ilc!virus. M.<br />

de <strong>au</strong> cell~rè.4arclrimlryielue de 3logillig-ili.-ren ISG!).<br />

LSm.ny~: dv .11. sur ('arclritecturc m.nane titi 3Ii,li.<br />

Lcs arclut -clt?sard,i'n!ugul'S et les arcLiviacs arcl,én!n¡;s,<br />

Le grand Iékit entre Ics du N"r.1 et ceux dit 3li(li.<br />

J.a "ol1lc nn pir~rrc el la vol1tden bois. Bonjour, 111.Crisiein<br />

31éditilioii s m les ruiues.<br />

Le %,icoirite Ferdilland do St-Aritléol qui <strong>com</strong>plo-<br />

tera celle série de <strong>com</strong>palriotes célèbr~s, était né à<br />

Villenellm le ¡hll\1 1810.<br />

La famillo Malmazot de St-ndéol est d'une an-


t 83<br />

cionnetÓ rospectaLlc. bien (iti'elle lie figllro ni parmi<br />

celles qui furcnt maintellues dans leur nol1lcsso lors<br />

de; I;l'allilcs reclturclms 1101(i~(iet ni harmi<br />

cullcsyui ftireiti roiiiliiiiiiées l'our USllll111tiollt!eIÍlre5<br />

de noblesse. 1l;~iases lilrca (tirent vériliés plus tard<br />

à Iii COlII'des <strong>com</strong>plcs (le 3loiiiiiellit,,i-qui la déciira<br />

noh!11cl';mciunnc racu (rtr IIITèt du 13 novembre<br />

1788. Oit si gl~lIl\alll~ilJdi1l1s les archi\'cs de<br />

Lainé (l8ai.) Lu premicr )lalmi1zct venait de Voison<br />

dans le Con<strong>au</strong>l 1'uuaissin. Il vivait en 1;3~~3.<br />

J. B. lie )lalrlli1ll't, lié en 1 Gï9,coloncl do la bourgeuisiu<br />

du cliocvsu du Viviers, fut tué, le 23 ool\t<br />

ln: 11 Villenou\'c lar Simon du I3lacltéro. Anno do<br />

Gasc\Ju, sa ,un', pOIII'5ui\'it le stictiririer, do concert<br />

avcc son heilu-I'èl'l'. Anlh'tÍ)lalllli1Zet, «avocat à' 1\0-<br />

Sil'I'CS,ils a(ti-essoi-eiitliste cucluétu ait gaa~lodes scc<strong>au</strong>x<br />

110111' utalilir due fa vidimo était noble et que le<br />

tueurlriur lie l't'lait 1).ts. Celui-ci s'~lait enfui, mais<br />

Louis~ du Nai-I)oiiiiedo Laque, sa feiliiiie, s'empressa<br />

,d'clI\"()~CI', de son côté, les prcuves lIécessnÍ!'c5 pour<br />

i t;~lilir que lIIachl~ro étmtno"lc ut que 31aliiiazet ne<br />

1\:lait pas. nladlêre ohtint des leltrus du grtlco I1l1tÓriitées<br />

il Touluusu le 1t ctutlt 11~3Gutaccordécs ulleudtc<br />

la ~trnlit~ cfes pzrsotntes. B:achèro avait été condamné<br />

à 1I10rten 17.23. Il évila l'échaf<strong>au</strong>d, mais les<br />

frais (;).9i! livrcs)et l'amcmlu (I~,000 livres) restèrent<br />

à sa charge, Ces Blachère avaient été anoblis<br />

en WH (1).<br />

(1) Hanuscrit~d'HenriDeydier.


Hli<br />

Une bulle du papr; Pic \'l, datée du palais d'A,'i-<br />

gnon. le 13 avril 17Bi, conlirma n Jean-lIdrl~ de<br />

3[iliitizet de St-Alllltlolle titre. IH~réditairc de contlc<br />

du Sl-l;mpirc quc les Sl-Alldéolpussédaienl dtljà depuis<br />

titi temps illllllémoriai.<br />

LI' \'Î<strong>com</strong>te Ferdillalld tic St-Alllitlui fil soit éduca-<br />

tion classiquu ait collège tic \'alelu~c, lluis alla il GrelIol1le<br />

suivre les cOllrs tic la (le ili-oit; mais.<br />

entraÎllé iiiii- uuu \"él'itablt, il atanJouna<br />

bielllôt la jurisllrmlencu puur sn itix recller_<br />

clles iivec gitij ne s'estjdmais<br />

(léiiiviitie. n. ` nunlhrcw voyages dans le Midi<br />

de la fl'llllCCci Cil Italic lui lcrmircnt d'éludior sur<br />

placc les nlonumenla il'uri~ines les plus diverses.<br />

Vo)'agcanl souvent il Pied, le sac sur le (los, rien no<br />

écli~11)1)ait.<br />

11.. Emilo I3er~er, <strong>au</strong>jourd'hui consciller detil,<br />

qui rmnplaçaen 1872le vicoiiite(leSt-Antléol à 1'.Acarlémio<br />

1)elpllinalc, a (loiiiié, rlans soit discours de récepliou,<br />

1111 apcl'l:u de l'œU\Tl\ al'chéelogiquc de son<br />

prvlécesscur. Oit IÍOUS1)eriiielli-a d'eu iullirlner la<br />

substance av<strong>au</strong>t de nous uccuper spécialelllcill 11~`s<br />

11";1\all\ tI~)1. de SI-Amhl,,1~III'lc Yharil¡s<br />

Les élllllc5 arl'llllologilJllcs tic ~i. tlt- SI- 1It1t11l1 t)ist<br />

l'ul'l.1SIII'l':11'clllICCttl1'C ~:11111-l'11111i11111'. l~ill'Cllllr`l'1111'l,`<br />

depuis l'apnariliuu Iln cllri,lianisnu·. Il:lus<br />

1;1G:lulc jusqu'¡m xi-i*siècle. l'arcllil.`clnl'c nlnnns-<br />

li¡pll', et siii-le~4t'il Il.mll~il· t 14-il\Ï-<br />

\arilis pal'l'OI'c'lIpalloll sill'rasin,


IëJ<br />

Son premier niéllloire àl'chéulugique fututieiVolic4<br />

<strong>au</strong>r les églises du .llottier et de Penol. ~f. de SI. An-<br />

\léol les l'ompare 4:1 he<strong>au</strong>couh d'<strong>au</strong>trcs mouumeuts<br />

analogues dont la date esl certaine et conclut qu'elles<br />

irtieiiiient, la pr\~lI1ière;m vit*siècle l:lla !'l'roade<br />

<strong>au</strong> ra`.<br />

Ses investigations purlèrent ensuite siil- I~·s l'¡.;lbt)s<br />

de St-Htigties, Se)-ssisis. Ste-Mark des Côtes de Sasse.<br />

nage, Mésage, St-Firmin, Chante-Dlerle, et enliti sur<br />

les cathédrales deiiibriiii, de Valence, de ~l-P<strong>au</strong>l-<br />

Trois Châte<strong>au</strong>x el de Vienne, Plusieurs de "CSmono-<br />

graphies ont été publiécs sous le titro générique:<br />

Les cathédrales en ~arrphiné.<br />

Dans sa dissertation sur la cathédrale de Mélas<br />

~1.,jeSt-Andéolnvoulu démontrer avocquelle légèreté<br />

on classecerlainsédiliccs d<strong>au</strong>s le style roman des XI"et<br />

xu` siècles en se fontlant uniquemonl snr co que les<br />

uuvertures de ces édilices sont '~ipleins cintres ou à<br />

cintres brisés. II tilablil que la cathédrale de ldélas<br />

remoute à la pllls h<strong>au</strong>te nntÎllllité et que sa cons-<br />

Iroclion dite dit v' sièclo.<br />

Après une foule .l'éludes particulières sur des nieuunrents<br />

nuciens, existant pour la plupart cn 01lU-<br />

phiIll' et en Viv1lrriis,Vt. de voultit synthétiser<br />

le frilit de ses utudesd<strong>au</strong>s un mémoire intitulé' ·<br />

llistoire de l'orchiteclure r·eligieuse dans l'ancianne<br />

p~arince et gothique, delmis son ori,yine jusrtu'ri<br />

to ~inrlu 1~1`sir?clr.


f 86<br />

J.'<strong>au</strong>teur expose les changcmcnts apportés par le<br />

chrislianismc <strong>au</strong>x temples païens do la G<strong>au</strong>lo méridionale<br />

pour les faire servir <strong>au</strong> nouve<strong>au</strong> culte ;'il indiquo<br />

quels sOllllcs mOlll1JnlJnts qui ont cOllsen'é les<br />

mal'qlles de cette trallsfl)rmalilll~; il décrit les églises<br />

qui furent construites jusqu'à la fin du \'JI' sièclo, le<br />

rôle quejouèreiitdansces constructions lestnatériatix<br />

empratités tux monuments romains ou qui provonaient<br />

de la rl1inlldccesmonuments. 11,de St-Andéol<br />

pose en principe que, pour l'étude do l'archéologie<br />

roligicusc, il f<strong>au</strong>t tracer uno ligne de démarcation<br />

entre le midi et le nord de la Franco; que, dans le<br />

midi, l'architecturo romane ou latine s'est perpétuée<br />

jusqû'<strong>au</strong> viii*siècle; qu'n ~arlir de cette cltoque,<br />

les Goths, nrailres de la Gnrrla rnéridionale deptvis<br />

l'année41;2,dégag~srerrtet nrinent en pratiqrre utnnorcve<strong>au</strong><br />

styla arclrirectrrrat a~ant porn·carnctère l'ahpareil<br />

moyen à joint., .senrcs,les voirlesen bercearaavec<br />

nrcs dorrble«ux, pilastres, pilier·set contrc/'orts, torct<br />

en nehrenantpour° la déc.or~ationcertaines lr·actilions<br />

anligues.<br />

Ce stylo, ajoute ~I. de St-Andéol, ayant acquis un<br />

caracière distinct et original à partir dit xi, sieclo,<br />

remolita lentement vers 10uord, fut adopté et propagé<br />

par les moines do Cluny, qui ne tnrdèrenl pas<br />

il Jomodifier et finit par s'éteindre vers la fin du xn'<br />

sièclo, <strong>au</strong> moment où naissait sur lesol do la Franco<br />

Je sl}'leoâival, l'art chrétien par excellence.


~87<br />

Ce serait donc à tort qu'on appell,earchitectnre romoite<br />

l'irrchitcclnro appliqndo dans la Franco mé tidionale<br />

jusqu'<strong>au</strong> xu' siècloj celle ~rchitecture devrait<br />

s'appeler goliii(luo, car elle e~t l'œuvro des Gothsqui,<br />

rapidemcnt arl'Ï\'6s i, 10 civilisation,, avaient subi<br />

l'iuflnenee des Ai-iibesétablis sur leurs frontières.<br />

Enfin, M. :J13St-Ancléol croit quo la vérité lie ces<br />

appréciatbils 0:51 géllél:alementméconuuo, parce quo<br />

tous les écrivains qui se sont ocçupés d'archéologie<br />

apparliennont <strong>au</strong>x provinces 'sdunord de la Franco.et<br />

n'ont pas suffisammont étudié les monuments du<br />

midi.<br />

Endiscutânt ln valeur deces expressions: style rom<strong>au</strong>,<br />

style golhiqne et slylc_ogiual, M. de Sl-ndéof'<br />

u'a pas eu la pcnsée do soulover line vaine dispute<br />

de mots. Il n voulu dlnblir la \'érilé historique et démontrerqu'nu<br />

mu' et nu xis-la France a doté le<br />

monde d'une sircldlccluru digne du chl'Îslii1nisme.Il<br />

a voulu encore placer les Mifices 1'01iBieux il l'abrido<br />

restoUl'ations qui, par leur anachronisme, constitucnt<br />

de. véritable:; mutilations.<br />

M. de St-Auddolprotcstonvec raison contro le nom<br />

de slyle gothfqnc donné h l'architecture ogivall', créée<br />

dans le nord tlo la hronco et il 10l]lIelloles GOlh~sont<br />

restés <strong>com</strong>plèlmnontélrangcr: L'architecture 081\'010<br />

est udedans }110do Franco ait xti' si~cloj ses promiers<br />

chéfs-d'muvroont Élb l'église do SI-Denis cl1<br />

Notre-Dame de Paris. Do là, elle se répandit dansles,


'88<br />

<strong>au</strong>tres provinces françaises, et passa successivemt'nt<br />

en Allemagne, en Angleterrn et en Espagne. L'action<br />

des Goths est caractérisée surtout par la transforma-<br />

Lionqu'ils ont fait subir <strong>au</strong> stylo romain, sans le supprimer<br />

et la faire oublier <strong>com</strong>plétomenl, <strong>com</strong>me l'a<br />

fait l'architecture ogivale.<br />

En 'HOI,M.de St-Andéol publio: Lessept mortumenta<br />

de Lyon.<br />

Déjà, en j857, <strong>au</strong> congrès archéologique de Valence,<br />

il avait- exposéses idéessur les églisesdu Bas-<br />

Vivarais..<br />

Telssont ses trav<strong>au</strong>1tprincip<strong>au</strong>x sur l'architecture<br />

religieuse.<br />

En fait d'ltl'chéologiegallo-rontaine, M. do St-AndéolllJlublié<br />

l~nOppidrrmgâulois:·etroueé, l'Aperru<br />

gEogrvphiquesur le <strong>pays</strong>det llelviertt et un mémoh'o<br />

sur l'ATetirrde Novalaise (Savoie).<br />

Nous regrellons vivement de ne pas connattre les<br />

mémoires icrits parM. de St-Andéol sur l'invasion<br />

sarrasine. On sait <strong>au</strong>jourd'hui que, sous l'aclion de<br />

préveulions religieuses et patriotiques, d'ailleurs fort<br />

concevables, la vérité pour cette partie de l'histoire<br />

de Fr<strong>au</strong>ce a été passablement 81~érée. JI est avéré,<br />

depuis les be<strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x de M. Rein<strong>au</strong>d, que les<br />

Sarrasins nous étaient très.supérieurs sous bien<br />

des rapports et que leur longue domination sur<br />

les bords de la Méditerranée n'a été ni sans gloire<br />

pour eux ni sans utilité ponr l"f'h'iIiM!fon de ('.('~


'IH9<br />

contrées. Les traces de la domination atmsine dans<br />

le Bas-Vivarais sont visibles à chaque pis et nous<br />

espérons bien qu'un 3rudit en fera un jour l'ohjet<br />

d'uno étude spéciale.<br />

Lespublications de M. de St-Andéol sur les Sarrasins<br />

paraissent se borner à divers articles parus<br />

dans la Semaine religieuse de 1870 sous 10 titre de<br />

~Recherchesarchéologiques sur les Sarrasins dans le<br />

Graisiv<strong>au</strong>dun à un rapport à l'Académie ~Ipbinalt'<br />

sur un opuscule de Vingtrinier relatif l'invasion<br />

des Sarrasitis dans le ly01JluÍ's(486:1); enfin à<br />

plusieurs pages manuscrites, trouvées dans les papiers<br />

do l'<strong>au</strong>teur; écrites et signées par lui et se<br />

terminant par cette mention ~ccontinuer.<br />

Jusqu'<strong>au</strong> dernier jour de 58 vie, M. de St-Andéol'a<br />

affirmé sa pa!\Sionpour l'archéologie, son dévouetuent<br />

à la science. Il se rendait, le 10 juin ~1870,à Charlieu,<br />

près de Roatine, afin d'y étudier les ruines<br />

d'une ancienne abbayodes Béuédictins. Après deuz<br />

jours de Iravail sous un soleil bràlant, il fut saisi<br />

par ln fiè,'rt>. Rnmené à Grcnoblo ell toute hâle, il<br />

rendit le dernier soupir le 17juin 1870.<br />

s fi<br />

Lu 1868, ayant envoyé à M.de St-Andéol une note<br />

sur les dolmeas du Vivarais, insérée dans l'Annuaire<br />

de l'Ardache da 1867, nous regùmegdu notre coatpatriote<br />

la leUre suivante


Monsieur,<br />

190<br />

Grenoble, 4 avril 1868.<br />

Je viens vous remercier do l'intéressant article quo<br />

vous'avoz eu l'obligeance de m'adresser. Comme<br />

vous, enfant du Vivarais, j'ai à ('œurque cette petite<br />

province sorte de l'oubli, et qu'elle montre <strong>au</strong>ssi que<br />

son passé Ji'a pas été sans richesse cl sans gloire.<br />

Son historien s'est mis à l'œuvre et ron ne s<strong>au</strong>rait<br />

trop regretter que l'indifférence dl: public l'ait<br />

3I'fêté aU prémier tiers du cettesav<strong>au</strong>ce et liHél'aire<br />

publication:<br />

Au puinlde vue de l'archéologie monumentale,<br />

j'ai recueilli la majeure partie de ses édifices, spécialement<br />

de la chute de l'empÍl'e romain <strong>au</strong> xr siècle,<br />

et, par occasion, ses oppidum et lieux de refti-e<br />

des cinq à six siècles précédant immédiatement<br />

la domination romaine.<br />

M.de Malbos, 51,de ilaric6ard, et Je vous y prends<br />

à votre tour, mettez en lumière ses témoignagesdes<br />

temps ante-historiques, science nouvelle, pleinod'ardeur,<br />

de faits, de résultats. et dans laqliollo le Vivarais<br />

apportera sa bonlle part, grâce à vos recherches,<br />

pour plus qu'il n'eSI15I'05,est pent 10 dire, car 10<br />

D¡lUphioÓ, trois fois plus gr<strong>au</strong>d, reste en arrivre, et<br />

<strong>au</strong>ssi la Savoie, s<strong>au</strong>f les lacustres.,pOlir cette dernièro,<br />

et encore le Vivarais trouvera-t- des échantillons<br />

très-certalnernont dans son lac lJIIssar1ès,D~a


49i<br />

lors cette province tiendra par toutes ses dates et le<br />

nive<strong>au</strong> et le courant.<br />

3les publi('ations <strong>com</strong>posent nn bagage bien légor.<br />

Je regratte toutefois do n'ovoÍl' pas fait des tirages<br />

plus vnlumineux, afin d'avoir le plaisir d'offrir mon<br />

travail tel quel <strong>au</strong>x Vivaroisqui. s'intéres~ant à tout<br />

ce qui touche à celle province, m'ont témoigné le désir<br />

de le connaître.<br />

Si j'ai )leu écrit sur le Vivarois, malgrémescahiers<br />

et allrums assez fournis de notes et de dessins, c'est<br />

qu'il f<strong>au</strong>drait faire tout imlwimvr à ses frais' elle sav<strong>au</strong>t<br />

~1. llouchicr lui-me!mene Jlcut y joindre les<br />

deux bouts. La Société des Sciences naturelles de<br />

Privas est trop p<strong>au</strong>vre pour grossir son Bulletin annuel.<br />

Elle y résui-ve tout juste ce qui vient de ses<br />

rnembl'es résidant~ et coqui, par son côté pratique,<br />

l'enlÍ'edans le dO:llainedes sciences industrielles. Il<br />

f<strong>au</strong>drait que celle Société pdt se forlifier <strong>com</strong>me celle<br />

do la Drdnre, do façon à mellrc <strong>au</strong> jour un Bulletin<br />

plus nourri.<br />

Il serait, à propos, ainsi quo vous le témoignez,<br />

que le patois f:lt stucliv. C~s;l'ait un des plus sl\rs<br />

moycns d'rrivcr i la longue rettiyne plus insaisissable<br />

que l'égyptien dos Pharaons,. en Cil dlIgag\'an\<br />

d'aherd les teruma qui l'laonétÎl)lhHuon!,n'ont 1'i1!<br />

leur analogue dans le latin, sans pnijuJice do, toU!<br />

les emprunts faits par ce clvrnier ait colle. Chaque<br />

jour notre patois so franciso ~iarco procédA.qui cou-


Hh!<br />

aiste à patoiser des moh\français: marmitu, /ruisos,<br />

ressor, grdnados, tcicoreio, couverturo, etc., pour<br />

otilla, rnadvou/'os,re.djital, r~taor~grono,endivo, Jlassallo,<br />

etc.<br />

Ce que j'ai écrit sur le Vivarais seréduit à ce petit<br />

nombre<br />

Aperçu sur le<strong>pays</strong> des Helviens, Bulletin de l'Académie<br />

Delphiuale, 2«série, t. 1(tirage épuisé);i<br />

Un Oppidumg<strong>au</strong>lois retrouvé, même Bulletin, 2.<br />

série, t. IIj<br />

Le Trophée de Q. Fabius, id. 2' série, t. IIIi<br />

Architeclt~re militaire des bords du Rhdnedit YII'<br />

<strong>au</strong> X1V'siècle, congrès scientifique de Saint-Elienne,<br />

t. Il, p. 59 (sans tirage à part) i<br />

Uneéglisecathédrale ait I'·si~cle et son baptistère<br />

à Saint-Etienne-de-Melas. Revue de l'Art chl'étien.<br />

1862,1tirage épuisé)<br />

l~ûtre-Dame-de-Thines, almanach de la FrElncelittéraire.<br />

Lyun f865, chez Poladan.<br />

Je regrellequ'i! ne me reste plusqu'un exemplaire<br />

de l'Oppidunag<strong>au</strong>lois retrouvé que je me fais un<br />

plaisir de vous adresser.<br />

Cet oppidum (alaf~na)m'Elidel'a,an besoin, A prou.<br />

ver (je n'y songeais pas alors) que la tribu g<strong>au</strong>loise<br />

des Segal<strong>au</strong>niens (CInon la circonscription romaine<br />

de ce nom que l'on confoud) était tOUldentière sur<br />

la rive droite du liltôtiu entre le Doux et le Coirou,<br />

Seg ayant le seus latin de ad, in chez, vers, de, pro-


193<br />

che. Seg-Aluuni tribu de Al<strong>au</strong>na. Pline dit unofois<br />

Segovell<strong>au</strong>ni, ce qui confirme 10seus de seg, proche<br />

los Vell<strong>au</strong>nes ou Vellaves.<br />

Je rf~gr,~tlede n'avoir plus d'exomplaires du Il '-ophée<br />

de Q. Fabius. mais je sais fille ~I. lruilliusiifile,<br />

imprimeurdu Bulletinde l'Académie delphiualo, rue<br />

l,arnyeHe,en a tiré quoi(lues exempHIires.<br />

Les professeurs des facultés à Grenoble ont adopté<br />

l'opinion que j'émets, et, dans le <strong>com</strong>ph,rendu de<br />

la Revue des sociétés s<strong>au</strong>antes, M. Quicherat, rap7porteur,<br />

la partage <strong>au</strong>ssi. Nous possé~erions ainsi<br />

dans le Vivarais le plus ancien monument romain de<br />

la Franco, datant de la République, et le deuxième<br />

des premicrs trophées de pierre que les Uomains<br />

aient dressés le 1ll'emier, antérieur d'une année,<br />

<strong>au</strong>jourd'hui introuvablç, vers la Sorgue et que je<br />

crois avoir été détruit par convenancc pour être<br />

remplacé par un trophée général, l'arc-de-triomphe<br />

d'Orange.<br />

Ma noticesur l'église do Mélasa attiré. après qua-<br />

Ire années, l'attention du <strong>com</strong>ité des arts et monuments.<br />

Un or\Jhitecledu gouvernement est venu la<br />

relever, l'année dernière. J'ai dvcouverl, depuis, lu<br />

fondde la piscinede onbaptis!ère. Enfin, une somme<br />

de Fià 6,000 fr. vicnt de lui ~lre allouée. C'csl <strong>au</strong>tant<br />

d'acquis. 3laisje m'oublie n c<strong>au</strong>serdu Vivarais i<br />

o'e~t un déf<strong>au</strong>t que vous excuserez, et je vous prie,<br />

Monsieur,d'agréer l'assurance de la cordialité de mes<br />

sentimen~s. F. os âmnr-AxutoL.<br />

tI


~9i<br />

M. de Saint-Andéol oublie, dans l'énumération de<br />

ses trav<strong>au</strong>x sur le Vivarais, ses Notices sur les églises<br />

romanes du Bas-Vivarais, que nous trouvons<br />

dans le <strong>com</strong>ple-rendu du Congrès archéologique,<br />

tenu hlende et Valence en 1857. Nola'o <strong>com</strong>patriote<br />

rattache ces églises à trois types Cruas, Mazan, Vi-<br />

viers.<br />

Il décrit pour le premier type Cruas, Sainl-.J.ulien-du-Serre,<br />

Thines, Vesse<strong>au</strong>x, Cliassier6, Cham-<br />

bonas, Be<strong>au</strong>mont, Vinezac, Balazuc, Coucouron, Montpe7.at<br />

et le Cros-de-Géorand i<br />

Pour lesecond<br />

SI-Andéol j<br />

type: hiazan, Mirabel, Villeneuve,<br />

Pour le troisième type Viviers, le Bourg, Ruoms,<br />

Mélas, S<strong>au</strong>ve-Plantade, Sainl-M<strong>au</strong>rice7


19--i<br />

Le Trophée de Quiutus-Fabiua, dans lequel M. de<br />

Saint-Andsol voit le plus nncion rnollumentde pierre<br />

élevé par les Romains dons la G<strong>au</strong>le, est situé entre<br />

Sarras et Asidance, et tous les voyageurs en chemin<br />

de fer qui vont tle.Lyon à Tournoi), pcitveiit l'apercovoir<br />

sur leur droite à vingt moires de la voie. Il<br />

est connu dans le <strong>pays</strong> sous le nom do la Snarasinière,<br />

sans doute parce que les Sarrasius ont campé à côté.<br />

L'abbé Caillet, curé .l'Andance, nous apprend dans<br />

son intéressant Olt~'l'8âCsur les anliquités do la<br />

contrée ~Ruines et légertcles) qu'il avail, dès les premiers<br />

temps de son séjoui- à Aniliiice, reconnu égn-<br />

Icmenl dans III 80 rrasinièm l'ancien Trophéc do<br />

Quiulus-Pabius.<br />

L'étude de notrc <strong>com</strong>patl'Íote sur Notrc-l:arne-de-<br />

Thines a été reproduitu par le bulletin de la Société<br />

desscicnces naturelles de l'Ardèche (18G8,)<br />

1tfnisle travail de M. de Saiut-Aruleol 10 plus inté-<br />

ressant pour nous est sans conUetlit l'~fhersrr~srrr le<br />

<strong>pays</strong> des /leluiensqui est UIIOv~rilahle évucalion de<br />

l'ancien état géogrol6iclue do notre <strong>pays</strong>. Cet opus.<br />

cule est ac<strong>com</strong>lagnd d'une carte qui pormet de saisir<br />

d'un coup d'reil l'économie do l'IIelvie romainc<br />

avec ses camps, ses routes et ses villes principales.<br />

Les <strong>au</strong>teurs anciens fournissent peu de données<br />

pour la reconstruclion de l'ancienne Helvie. M. do<br />

Saint-Andéol s'est servi principalcment du pouilld<br />

des donations faites à l'église de Viviers, relevé otk


t96<br />

iii- par l'évêquc Thu'lIUS, C:)ducumunl, connu<br />

son· lu n~m tlo Charta est l' JIH'OIluil dllni l'eu-<br />

\'1'0;0 Ilu<br />

ns rehrrs g.~s'is 1.·pvscr~,arunt<br />

et so Il'OU\'(Junssi loi l'i~cl!s<br />

ja~liliva:ivo3 du prl!lIIiel' cul mu cl~:l'/lü/pirc du l'iuunuis,<br />

do ~I. 1'ill)l~éIIIIUdlil'f. Il ('OIlU,'1I1il loinc<br />

un tieWvsactes dodullaliu,II'OI\SU,I!S dansI~ Il'SOI'<br />

do Saint-Viuront Lus ttiti-~ts1~laiunt d,WI!l1I1Sild,¡ihies<br />

par~élu¡¡té. (:clU ulmrlo nuns fait t:sister il<br />

l'origine el 11la furmaliuu cl'un l'ortain 1I01lll..lru Ilu<br />

paroisses. C'est le documont lu plus nonseulement<br />

pour l'él;li·e de Viviers, m;iis encore pour<br />

la géographio ancienne do notm <strong>pays</strong>,<br />

H. do Sainl-~lrnléul est <strong>au</strong>ssi servi des indications<br />

qu'il a pli trouvel' dans la langue, les traditions<br />

et les monuments ruinés. Il est allJsi parvenu<br />

à faire figurer sur !la cal'te, outre les cinq voies romaines<br />

aboutissant à Alba-Augusta, cinq ponts, dia<br />

camps, fJuatol'Ze vallées ou territoires, vinglnoms de<br />

et enfin d'assoz nombreuses localilés lsrisus<br />

la plupart dans le Charlce uetus.<br />

La carte de !,Ht!lvie pourrait déjà être refaite <strong>au</strong>jU'II'II'hni<br />

d'nue fnçon plus cumplele, uuiis cela n'lIte<br />

rien :m 111I\¡to cl'iuitialour LI\! 11. de Rainl-Anlléol,<br />

d-iiit Il.) Il 'Jil'I, Iiieii dcs urruurs innvita-<br />

b,cs, ollachú il l'hisiuiru ùe de l'Ar,l~ch0<br />

et du midi de la France.


1loi<br />

,Atfi<br />

Les porsonnes ait cflllrllntiles yueslions archéologiques<br />

saveul qu'un Bralilidébat estouvert entre les<br />

nord et cru: du midi <strong>au</strong> sujot de<br />

l'clgealurorimatif des 1I10nllll1ent~ l'oligieuxen généroi,<br />

mais surtout clocuur du nlitli. Vuioiun extrait,<br />

fU1'1intúressant il ce p/)inl lIu vuo, cl'unolellrt! écrUs<br />

par 11I.du 81-llIléul, lu 301870 (c'pst-A-dire<br />

qtielqites mois 11\'anlsa lI1orl), li ~I. l'abbé Mullier<br />

l'<strong>au</strong> leurdes Ilechercheshisloriquessttr i'illeneuue-dt~<br />

Berg<br />

u L'nunéo cleru:bre,jo propll);eaimes opinions <strong>au</strong>x<br />

congrvs tic Cireissuiiiie, PUI'pi3nllu,<br />

~lIrholllw el Iluziura.<br />

« Au rougrès suionli0cluodo llunthellier, j'affirlllni<br />

notrearcltitecture (les6ullistit)iii los.unstruclion9clv<br />

lie la lits du \'111' sicclo et du du ilsièele,<br />

sonlll1isos pal' l'école actuolJe à la fiu du lit'<br />

:ièclu,<br />

ti Je delllllllilai que l'on (Itisignit, pont, l'nnnlyser,<br />

une des cirilisescio l'olle f/lll1illesi recoiiiiiissable,<br />

m'engageant à prouver quo colui'lui la placerait eu<br />

an'sièclo, ou bien no l'avait jamais vise, ou bien, s'il<br />

l'avail vise (ce ciue sur son nffirmntÍ\'o j'étais tenu<br />

de croire) lie l'avait pas bion regnrdée.<br />

Il Personne ne dit mot. On désigria le collatéral<br />

l1'Ai: ancioune catluhlralu, ot jo prouvai, pièces en<br />

mains et par cOll1)1aruison,par analy3o el par toiteq,


4 OR<br />

qu'on il' voyail goutte 01ciu'uno cOllslrllclion cuntiSIIUdu<br />

XI'siècle, dont le lexte était pnr ignurnnco<br />

01)1)1i(Illé ail 1-01)osilit lu Illititde ses ilitirs<br />

sur ce IIIL'mocollnh~1'01qui lui llinitllnllc nllh\I'ÏI!\II',<br />

CocOllgl'ÔSse larmiua ligie<br />

et à t~l'1CS.<br />

%.isil(. il .Aigul'slIwl'les<br />

CIIci .11.nlhoil, 10 srv:mt 1ll'l'hitl'I'Il' dioc¡:snill (le<br />

Niiiies, cojuul'.11IlIolJ'u(Iiii rlrluis eÎl1I1nns<br />

travaille à un hcl uuvr;yo sur les muuunteut, ruiiiniis<br />

du 3li(li, int Ille !l'OU\'I'I' pour utu (111-(~~ju'il<br />

ndhlh'ait cntièl'ClIlClltil IncsJIl'illei(les ol'ch(\ologiques,<br />

tlu'il était olll-il ~ll\lIlS,1-'Illl)l-tlll,(ill'il vouillit voir<br />

Tltincs, tir.<br />

IlJe filsd'ohoJ'lIsitil)ét~iii,vnr son est (~ci-il<br />

ait point do vue l'Olllnllj mois ses souscriltluurs su<br />

plulgnaieul depuis deux ans de ses Itlr~uclies<br />

sans J'avais dit à hlusicur; d't'IIII'I!1'11'\ flue<br />

j'ovnis vit il COl'cossunno1'1 Jlonlpelliur, que .l'ici<br />

i1pou du lomlo lu~plOIlCIIl'sou dessins douhlel'aienl<br />

de valeur, ntais (itio lu texte serait jelé ou feu,<br />

Il M. lievuil ruudit qu'il ullnil adresser ions ses<br />

souscripteurs un nouve<strong>au</strong> pour uxlliquel'<br />

son changement de frollt.<br />

a Il avait clnj3tIrorsuadé Viollet-Ledue et 11,<br />

rimée, tondis (lue lI. Quielieral, de l'écolo des Cliiites,<br />

(luia écrit sur l'arelrilecturu 1'01l10lle, ne vuuluil<br />

pas eu entendre paclor.<br />

(1Cc dernier lI1'iIfait 1'lioiiiietit-,depuis lors, d'UUl1


t99<br />

savante réftitittion do mon dlmio sur Emhrun, où<br />

l'nrchivisto so fait sentir toujours et l'strclnologuu<br />

nuilemenl.<br />

« A l'ilistigilioli do l'Acnddmiodelphinnlo, je lui<br />

ferni uno r~ponso, un peu pour lui, Lenttconn pour<br />

l'école. J'ai donc lour moi les principnw architectes<br />

du Midi, celui d'Ariès <strong>au</strong>ssi, hi. 10 chanoine Jouvo,<br />

do Valetico, VioIleH.educ et 3féritnéo.<br />

a L'nvottir do l'arclléologie est <strong>au</strong>x nrchilecles ar-<br />

cMologucs ¡les III'dlivistes archéologues l'onl 0111uourloo<br />

sur le seuil du xi- siècle.<br />

«Je vous saisgr (le la remorttue quo vousme faites<br />

do joindre mes lII'tirlcs les sources où j'ai puisé.<br />

S'il s'agit d'i1I'dll~(Jlogiornonul11entnleIu'opremenl<br />

tlile, je no le pouxguère, Irnrcoquejo puise mespreu-<br />

\'t's dans le corps n1l1\\1odu monument, ce que je fais<br />

ressortir par 1'.ttinlyse,In tlissectioti,.tyaiitpour point<br />

d'appui, cousé connu 1111Iecleur, )¡1slylu des XI' et<br />

xu' sièch's.<br />

u Qunut<strong>au</strong>x tox(es(iti0j'ell ai sous coliiiiie<br />

les trois quarts tlovionneut fnw par nlylicnlion, hicn<br />

qu'ils restotit1'tiiiicliie preuvo pour les archivistes et<br />

Itisloriogrnphesr jo parfois do les citer n (1)<br />

lit<br />

On sait quo l'nrcltilecture grecquo est essentielle-<br />

~11Nousaroosreproduit la8ndecellelellreet d'nutre.titrait.<br />

¡Dédit. delacorrespondance de M. deSI-An,léol, qu'a bientoulu<br />

nous<strong>com</strong>muniquer t'ahM)Io\licr,8ujounJ'ú¡curédeBanno,dal1'<br />

le 1'oynye /lu/ollrdeValyorge, rages~H 2711.


200<br />

mentt-ectiligtie la colonne, l'architecture. le fronton<br />

triongulaire, partuut la ligno droite.<br />

Le style roman est caractérisé par l'arcade et la<br />

vodte plein cintre, et Jostylo improprement appelé<br />

go~hiquo par l'ogive qui, on donllollt 10' moyen<br />

d'exh<strong>au</strong>sser la h<strong>au</strong>tour des édificos, ne lit que ré-<br />

pondl'o<strong>au</strong>x nspirations religieuses du tomps.<br />

Quant <strong>au</strong>x détails, le st)'le roman, dans l'architeetUl'ereligieuse,<br />

se différencie dusl)'le latin et du st)'le<br />

byzantin, dont il semble avoir été le produit <strong>com</strong>biné,<br />

par la multiplication des nrcades et des chapelles,<br />

par l'orientation du la nof toujours tonrnÓe<br />

<strong>au</strong> levant et qui avec le transept, l'oprésente une<br />

croix latine, par l'impol'tance du clocher placé ordinairemetit<br />

sur la façade ou sur le croisillon dosbras<br />

du transept.<br />

C'est l'étude attentive des monuments religieux de<br />

ce gem'e dans le Midida la Franco qui a occupé surtout<br />

M. de St-Anddol et a inspiré tous ses traVCll1t<br />

sur l'architecture religieuse dans nos contrécs jusqu'<strong>au</strong><br />

XI' siècle.<br />

On nous permettra ici une courte digression sur<br />

la plus grosse des divergences qui existent entre les<br />

archéologues du nord et ceux du midi de la France.<br />

Le nœud de la question n'est <strong>au</strong>tre quo colle de la<br />

transition de l'art païen. grec ou romain, à l'art roman<br />

ou chrétien. Comme questioh subsidiaire, il s'agit<br />

de savoir à quelle époque la voOte en berce<strong>au</strong>'s'est


~o~<br />

subsliluée <strong>au</strong> plafond en bois ou à la votllo en bois.<br />

On sait"qu'en fait de voOtesen pierres, los anciens<br />

n'ont guère laissé que des arce<strong>au</strong>x ,bas et étroits,<br />

appuyés sur des massifs énormes. Tous on presque<br />

tous leurs monuments do h<strong>au</strong>te portée sont coul'ormés<br />

par le plafond en bois. Maisils n'ont pas pratiqué la<br />

voQteon berce<strong>au</strong> liardiment jetée entre deux grands<br />

murs latér<strong>au</strong>x du moins, les spécimens de ce genre<br />

sont assez raresdans le midi et introuvables dans le<br />

nord.<br />

Les archéologues du Nord qui tic nient pas obso-<br />

Jumontla voQleon pierre chez les Romains pensent<br />

que l'art de bâtir subit après eux une éclipse <strong>com</strong>-<br />

\lIMe,ct qu'il n'a plus été construit de vo~ltos en<br />

Ilierl'es jusque vers le xi- siècle, alors que la dispariliun<br />

des terrcurs occasionnées Pal' l'approche de<br />

l'an mille et d'<strong>au</strong>tres circonstanccs vinrent donner<br />

une vivo impulsion à tous les esprits. Un vieux<br />

clwuniqueur, Raoul Globor, dit que « près de trois<br />

ans après l'an mille, les basiliques des églises furent<br />

renouvolées dans presquo tout l'univers, surtout<br />

dans l'Italie et dans les G<strong>au</strong>les, quoiquo la plupart<br />

fussent encore assez beUes pour no pas exiger de ré.<br />

paralions, parce que les peuples chréliens semblaient<br />

rivaliser entre eux de magnificence pour élever des<br />

l'glises, » S'appuyant sur ce pllssnge, bon nombre<br />

ù'archéologues soutiennent que la voillo en berce<strong>au</strong>,<br />

dans 10nord, no s'est substituée qu'à partir dit Il'.


~OQ<br />

sièole <strong>au</strong> plafond en bois ou à la volHe en bois,<br />

br~lés par suite de faits de guerre ou de simples accidonts.<br />

Et ils en concluent que la rnème chose a d~<br />

so pas~or dans le midi.<br />

A cola, les archéologues du midi répondent que la<br />

situation était toute différente dans leur région i<br />

qu'on y a be<strong>au</strong>conp moins employé les votlles et plafonds<br />

en bois, ou qu'on y avait reuoucb de bouno<br />

heure, parco que de tout temps les architectes méridion<strong>au</strong>c<br />

avaient trouvé, dans les rnonumonts romains<br />

qui en<strong>com</strong>braient la vallée du Rhône, des spécimens<br />

de voiltes on pierres posées sur des murs<br />

latér<strong>au</strong>x. Ils citent à l'appui le temple de Diane,do la<br />

fontaine de Niaies, qui a trois nofs<strong>com</strong>me nos belles<br />

églises, ainsi que les volltes eu berce<strong>au</strong> 'qui supportent<br />

les grorlins des Arones.En conséquence, les arelitiolo-tins<br />

du midi se croient endroit de faire remon-<br />

1er<strong>au</strong> moins à l'époque carlovingiennn, c'est-à-dire<br />

<strong>au</strong> IX' siècle, la ronaissance de l'art architectural<br />

d<strong>au</strong>s 10midi, lequel ayant sous' les yeux une foule<br />

do modèles, u'a fait quecontinuer appliquer les règles<br />

de l'ort antérieur païen. Quelques-uns vont<br />

même <strong>au</strong>.delà et soutiennent que, dans certains monumeuts<br />

eucoro e"istants, les vot'ltes dites romanes<br />

succèdent immédiatement à l'art païen et remontent<br />

à l'épo({ue conslantinienne. (Ceciconstituerait l'évolution<br />

architecturale que M. de St-Andéol appelle<br />

l'époque des Goths! première phase du style roman,


203<br />

la seconde phi)sOpartant de l'époque carlovingionne<br />

selon los archéologues du midi, on du XI' sièole,<br />

selon les théories de M,Quichernt.) L'église de Mélas<br />

avec son baptistère serait de la plemière phase, et<br />

il est de fait qu'on ne peut guère s'oxpliquer J'existence<br />

d'un pareilmonumenl en cet emla'oit, si on no<br />

fait pas remonter sa construction à une époque <strong>au</strong><br />

moins contemporoine do la trunslalion do l'évc~ch6<br />

d'Albe fi Viviers, et difficilement poslérieuro do<br />

bé<strong>au</strong>coup.<br />

Commole faitobservor M. de Sainl-Andéol, il y a<br />

une distinction profonde à établir entre 10nord elle<br />

midi pour l'architocture religieuse. Si ~I. Quichorat,<br />

l'éminent et regrettéchnmpion du nord, avait, cOl11me<br />

l'archéologue de Villeneu\"t},parcouru les deux rives<br />

du Rhône où tant do modestes églises exhalent<br />

un si saisissant parfum d'antiquité, il <strong>au</strong>rait lini<br />

sans nul doute par y reconnnUro tantôt des munuiiients,<br />

tanlt\l des copies do cotte vieille création roiiione<br />

éclose <strong>au</strong> souffiede la grande école des arclitectes<br />

d'Arles, Avignon, St-Poul-trois-Ch¡\tt'HUX.<br />

Vaison. Carpentras, eto., dont nous retrouvons encure<br />

les signatures Hugo, Id grand maUre de l'art<br />

carlovingien, Stephanus, Asterius, etc.<br />

On <strong>com</strong>prend, du reste. que Jansles grandes 1)lni.<br />

nos du nord, où le bois se trouvait plus facilomunt<br />

que la piel'l'e à Mlir, on ait g6néralemenl employé<br />

les toitures en bois plus longtemps.


Q0~<br />

Les rares spécimens de' vot1tesen pierre (qui ont<br />

pu exister) Olll-ils été détruits par les invasions ou<br />

par les rt\voluliolls ? Ces questions seront sans doute<br />

ISlucidée¡;uu jour. Q:lOiqu'il en soit, M. de Saint-<br />

Andéol 01avec lui, 111.Revoit, le spécialiste, 10 proticien<br />

(arrhitecto du gouvernement pour les, 1I10numents<br />

historiques de la vallée du Ittuue, et membre<br />

correspundant de l'Itistitiii), nous paraisseul s'êlro<br />

élevés ave~craison contre la théorie absolntisto qui<br />

attribue utiiqiiement à la nécessité et <strong>au</strong>x inceudies<br />

la subslilution des vurltosen pierre IIUXplafonds ci<br />

votlles en /Jois,et la reporte <strong>au</strong> XI'siècle.<br />

u Parlel pour vous 1 "dille midi pu nord.<br />

« Nous avons des preuves écrites, répond le<br />

nord monlrez-uous les v8tres. Le t1air archéologique<br />

ne suffit pas, el toutes vos hypothèsesnous ¡:araissenllrop<br />

empioinles d'un sentimcnt de patriotisme<br />

local. »<br />

VoilÀoù en est acluc1lerncnlle din]oguo,el, connno<br />

les chartes el documenls scripluraires des ISr:oques<br />

carlovingieuneou mérovingienne sont nature1lement<br />

lieiucoup plus rares que ceux du 1\' siècle, on <strong>com</strong>prend<br />

s<strong>au</strong>s peine que sur ca terrain le nord semble<br />

avoir momenlanémentl'avantago. Mais qui ne voit<br />

que les documentsécrits ne forment ici qu'un des<br />

côtés de la tJucsliun et que des cousidvraliuus basées<br />

à la foissur la condition des matéri<strong>au</strong>x, les formes<br />

d'architecture, l'hislotre et d'<strong>au</strong>lres circonstances


20~<br />

locales, peuvent fournir des preuvestout <strong>au</strong>sslsérlouses<br />

quo les chartes les plus <strong>au</strong>lhontiquPSEt tel est,<br />

par exemple, jus%lu'àI)Itiiample réfutation, 10cas do<br />

l'c!glisodo ~lÓluseLdo son baptistère. Et c'est pOlir<br />

cela que ~1 do St-AiidLit)l110115parait a\'oir l'oison<br />

qllalhl, pour de l'hgo et de l'origine<br />

des iglisa, il cou5i,1©roL~ssirclri~eclcsarchéuloguos<br />

l'();OIII~.J..H'uuconp plus <strong>com</strong>pétents que loJsarc!Jh"isles<br />

iirulvuluguos.<br />

Loinde nous, d'ailleurs, la prétention du tranchcr<br />

line question <strong>au</strong>ssi épineuse, Nous avons vuulu simplumont<br />

la poser, afin d'appeler sur elle l'atttiiiiion<br />

du publio intelligent d'un <strong>pays</strong> où il srra facile,<br />

croyons-nous, de trouvor tôt ou tard des prouv~s décisives<br />

à opposer <strong>au</strong>x objeotions des archéologues<br />

du nord. Ce nc sera pas la premièro fois que des<br />

problémes réputés insolubles rccc\'raiont une solution<br />

inattendue. Qui connaissait, il y a quelques années,<br />

l'architecte des Árèn\Js do Nirnos9 Un jour,<br />

M. Uovoilen fit déblayer les bas-fonds et l'on se<br />

trouva en présence d'une inscriplion lapidaire en<br />

lettres énormes<br />

CItISPINUS Jlli FECIT.<br />

Bonjour, M. Cl'ispin1 N'etitt3tidraiis-no:lspas crier<br />

un juur: Rcce i~erum Crispinus? C'est-à-dire no<br />

retrouverons-nous pas qllolque matin le nom de vos<br />

confrJres; les cadets romans, dans "Iesrondement&


~OÔ<br />

de quelquo vieille église gallo-romaiuo du carlovin-<br />

gionno Il est \'rai que si on l'etll trouvé, notre ignorance<br />

jusqu'ici était fort capable de né pas l'apercovoir.<br />

Maisvoilà maintenant nos maçons bien avertis,<br />

et si Crispin codet sort de sa cachette douzeon quinze<br />

fois séculaire, je pense qu'ils feront à cet ancctlrevénérable<br />

tous les honneurs mérités. Que de choses<br />

disent les vieux murs. si on savait les entendre 1<br />

Losdébris de l'église deSt-Pol)'carpe <strong>au</strong> Bourg soulèvent<br />

plus d'un problèmo dans le sens des vues de<br />

M.de St-Amléol.Nous }' reviendrons un'jour.<br />

En attendant que la Ju~ièl'e 50 fassesur cette intéressanle<br />

question de l'àgo de nos monuments reli-<br />

gleux, nous avons voulu .4iniplemetit constater que<br />

notre regretté <strong>com</strong>patriole, tout en cédani sans doute<br />

plus d'une fois à l'enlhousiasme local, tout en se<br />

laissant aller à vieillir par une coquetterie juste<br />

l'inverse de la coqueUerieféminine làge desobjets<br />

de ses amours archéologiques, n'en a pas moins élé<br />

un très-remarquable obser\'aleur des monuments<br />

de nos contrécs, un véritable iuitiateur. Il a conli-ibué<br />

pourunelarge part à éclairer une question<br />

dont les sommités académiques n'apprécient peutêtre<br />

pas encore assez l'imporlance, cequi tient, entre<br />

<strong>au</strong>tres c<strong>au</strong>ses, à la frlcheuse hahitudo où elles sont<br />

d't.lIer chercher ell Italie ou ailleurs des sujels d'é-<br />

tulie,quand il y en a tant en France dont elles ignorent<br />

ou u'approfondissent pas lc:caract~ruori4inal et


Sl01<br />

mOrneprimordial. Il est vrai que les sujets diétude<br />

sont plus attrayants en..ltolie oit 'les églises mème<br />

primitives ont généralcment des détails de décoration<br />

et d'ornementation qui font obsolumcnt déf<strong>au</strong>t<br />

à nos p<strong>au</strong>vres petitcs 6,,Iisesninéridionalosj mais n'y<br />

a-t-il pas là précisément un argument favorable à la<br />

primordialité de cesdernières ? ce qui viendrait<br />

encore à l'aplui de la niatiière do voir do M. do SI-<br />

Andéol.<br />

!II<br />

Nous n'ignorons pas quo ces questions d'archéologie,<br />

<strong>au</strong> bon <strong>pays</strong> de Vivarais, font sourire bien des<br />

fortes tètes. La laïcisalion, luscrutiu dolisteet <strong>au</strong>tres<br />

insanités ilo la politique coul'3nte les intéressent bien<br />

<strong>au</strong>trement, surtout quand ou espère y attrapel' un<br />

bon lot, et ceux-là nous érieraient volontiers de luisser<br />

là les vieillel'Ícs ct de fail'e de l'actualité. Bélos 1<br />

pour le ponseUl',l'archéologie se rattache <strong>au</strong>x aettialités<br />

présentes par be<strong>au</strong>coup plus do puints que ne<br />

le supposent sans doute ceux qui 1'lionoi-ciitdo lours<br />

sourires.<br />

Nous nous croyons n l'apogvode la civilisation et<br />

nous n'avons pas encore appris à méditer sur les<br />

ruines et"ày chercher les enseignementsqu'elles <strong>com</strong>-<br />

portent.<br />

L'Belvie, avant les invasions des barbares, a été,<br />

selon toute apparence, <strong>au</strong>ssi l'iche et <strong>au</strong>ssi peuplée


~08<br />

que l'Ardèohe d'<strong>au</strong>jourd'hui, <strong>au</strong> moins dans lu partIe<br />

qui s'étend du pied des h<strong>au</strong>tes Cévennes <strong>au</strong> Rhône.<br />

Cotte opinion n'a rien d'invraise:nUlablo, si l'on<br />

songo que des évolutiollsinodértteàportent h soixante<br />

mille hinet.environ le chiffredela population d'Alba-<br />

Aurusla.<br />

l'onrriuui cette civilisation a t-elle suc<strong>com</strong>lo sous<br />

les conp:;d~s bnrbnre3 Iliii-in,les c<strong>au</strong>sis duu l'III:<br />

loir%)aasigno à la chute de l't1Ilcienmonde romaiu, il<br />

f<strong>au</strong>t placer Cil première ligne l'iinpiété et l'immoralité,<br />

la soif des richesses et l'imporlance prise par los<br />

rhéteurs: or, qui oseraiL soutenir que la société modorne<br />

ne souffre pas de tous ces m<strong>au</strong>x <strong>au</strong> moins<br />

<strong>au</strong>tant qu'en a souffert la société romaine p<br />

lx<br />

LA CHAPIILLBDE SAINTE-FOLIE.<br />

Le montJoli'<strong>au</strong>. Les perdrix. Leur instinct maternel. -La<br />

sroUe. La Wc des Fous à Viviers. La fAtedesAoe..<br />

Comme quoi la folieest dansle sangde l'hommeet la politique<br />

un carnnal perpétuel. L'eofantet le chalcl. Les nouverle.<br />

maisonsd'écoleet la ranté publique.<br />

Une pt'omenade matinale sur le mont duli<strong>au</strong>, par<br />

un be<strong>au</strong> temps d'été, est chose fort agréable:<br />

Le mont Juli<strong>au</strong> dumine les collines do Berg. Il 8e<br />

tlrc:;se en face de Si-Iloiis, !éparé du Coiron par ln


209<br />

vallée le l'Escoutay. La montagne est peu boisée et<br />

les perdrix at'fééliônnent ses landes arides. Aussi y<br />

reticolitre-t-on plus de chasseurs 'que dé touristes.<br />

NolI'oapproche fit envoler plus d'une bande 110perdrix<br />

rouges. P<strong>au</strong>vres billes, vous vous trompez sur<br />

nos personnes et nos inlenlions. Ce n'est pas un fusil<br />

que nous avons en main, mais un bâton de voyage.<br />

Vouspourriez vous laisser approcher salis avoir l'ien<br />

à craindre. Nololls ici que nous n'avons dans l'Ardécho<br />

quo la porddx rougo et non pas la vraie<br />

bartavelle, bien qu'on ait donné 'ce nom à la perdrix<br />

do Chorar. La perdrix rougo a <strong>au</strong> sommet de la<br />

poitrine, <strong>au</strong>-dcssous do son demi collier uoir, des<br />

tachos noires qui malllluellt chez la bartavelle. Elle a<br />

de plus dix-huit pennes à la queue, tandis quo la<br />

bartavelle n'on a quo seize.<br />

JI paraIt que l'une et l'<strong>au</strong>tre, ou plutôt que toutes<br />

les espèces do pordrix sont remarquablos par un<br />

instinct ou sentiment niaternel qui leur inspire lotile<br />

espèce de ruses, et notamment celle de se trnfner<br />

avec peine <strong>com</strong>mo si elles étaiu blessées et d'une<br />

capture facile, ann do se faire poursuivre et d'éloigner<br />

ainsi le chassonr et les chiens du nid où sont leurs<br />

petits. Jr. Chervillc, Jo spirituel collaborateur du<br />

Temps, racontait encore l'attire jour un fait de ce<br />

genre, dont il avait été lémÓinj il étnét l'o,;is que<br />

c'est'là plus que<br />

u<br />

do l'instinct et croit plus simple<br />

d'odmeHré que, sous l'intluonco de la maternité, I~


21°<br />

cerve<strong>au</strong> de la bête peut s'affranchir momentnn~ment<br />

de ses langes et aniver h des ~cloircies de l'Oison.<br />

Il nous apprend encore qu'il u'n surpris ce mnuvoment,<br />

c'est-à-dire cette feinte do l'immolriliou volontaire<br />

pour s<strong>au</strong>ver ses petils, quo chez ln femelle du<br />

canard s<strong>au</strong>vage, chez ln pordrix et chez lu chevreuil.<br />

Novous semble-l-il pas, lecteur, que, si on connaissait<br />

mieux les anim<strong>au</strong>x, on sOl'aitmoins cruel pour<br />

eux ? Au point do vuo moral, y n-t-il une bien<br />

grande différence entro l'assassinat d'une pitivro<br />

femmequi nourrit ses enfants et celui d'une mal heurouso<br />

perdrix qui soigne ses pelits ? Je n'ai jamais<br />

aimé les chasseurs, mais cette répulsion naturelle<br />

s'est encoro IIccruoen raison des vertus que je découvre<br />

tous les jours chez les anim<strong>au</strong>x.<br />

Notre guido nous fit t,raverserln ploine d'Aps,u.°ur<br />

aller voir sur le versont duCoiron, nux limites d'Aps,<br />

entro Sce<strong>au</strong>tres et Aubignas, une grotte il toit bosaltique,<br />

fort curieuse, sinon par clio-même, <strong>au</strong> moins<br />

par les traditions qui s'y rattachent. Cette grotte a<br />

encoro dans la population des etivirotis des clients<br />

qui viennent y chercher ]0 guérison de leurs m<strong>au</strong>x.<br />

Il y coule, dit-on, parfois des e<strong>au</strong>x limpides qui rendaient<br />

jadis la santé <strong>au</strong>x lépreux, mais il f<strong>au</strong>t do<br />

fel'veutes prières pour foire apparoUre cette source<br />

m}'stérieuseet je dois avouer quo les nôtres n'eurent<br />

pas ci pouvoir. Il est vrai que nous étions dans une<br />

grosse période de sécheresse et Barbe put supposer,


ii<br />

11011satis riliSUn, (l'l'II prèstitre bonne pluie, nous<br />

<strong>au</strong>rions été plus heureux.<br />

A l'attirée do la grollo, so truuvu un Christ eu fer,<br />

mois lellemout infurrnu qu'on peul tout ous!ilbien y<br />

voir <strong>au</strong>tro chose ciu'un ornhlvmocUrcSlion.Les gens<br />

des envirous disent que co lieu était consacré 11Slo-<br />

Folio, une saiuto qui no se lrouvu pas dans 10calendl'ier.<br />

mais qui est cerlninement la sainlo la plus<br />

f~l~odans co p<strong>au</strong>vre monde, car die a uno pctile<br />

ebapelle dans tous lus crânes humains.<br />

Il est vrai quo les curés des euviruns l'ovenrllquont<br />

co snucluaire volcanique lus uns liotir St-h6lix et les<br />

<strong>au</strong>tres pour laquelle<br />

est lmnorée on<br />

endroits<br />

voisins, le long du RIJ(~lIe,el no-<br />

lamrnont h I3aYa mais je suis fort tenté do croire<br />

qu'il y a lit l'tlolleml1nlun \slige de paganisme et<br />

qu'il fout r voir un des plus anciens lemples dèdiès<br />

à ln sainle dont El'nsinca si spirituellement raconlé<br />

ln dominotion ullivorselle,<br />

Quoi qu'il en soit, il est certain quo de braves<br />

gens viennollt oncoro do temps Il <strong>au</strong>tre dans co lieu;<br />

sollicitel'Sanlo-1%Olioet lui apporter- lotir offrande,<br />

C'est pourquoi les horgers y passont chaque malin et<br />

profilent des ~ros soua déposés par les pèlerins.<br />

Celtogrullu do Sie-Folie. miraculeusement échappée<br />

11l'actiun du lemps, fait songer-la fèle des Fous<br />

qui, <strong>au</strong> moycn-8go, 50 célébrait non loin d*elà. en<br />

pleine villo. do Viviers, et sur Inqudle Lancelot,


21~<br />

l'académicien du xvn' siècle, nous 1\conservé quelques<br />

délalls d'oprès un l'ituelnll\l1usol'itdo l'égllso do<br />

Viviors.<br />

(( Celte f¡)to<strong>com</strong>mençait liar l'éleotlon d'un abbé<br />

tltt cloogtf.C'était 10 jeunes chonoinos,<br />

olorcsou onfonts do ChOOIll', qui 10 f,1lsolont.I,'nub6<br />

élu, et 10 To Dertrtlohnnld, on lu porlnit sur los<br />

ép<strong>au</strong>les dans la molson ot5 tout lu l'cste du clmpitro<br />

était ossemblé tout le monde se lovait il son<br />

arriv.o )'6vOquolul-mÓlllo, s'il était pr~sellt. Cola<br />

était 8ulvld'ulle amplo collnliou oprès Irrduollo 10<br />

Uout cliodur d'titi côté ot lu bns-clmur do 1'111111'0,<br />

<strong>com</strong>monçaicnt 1\chontor cortoines ptiroles qui u'nvoicnt<br />

point do suite. On s'nnilitait en chantant dos<br />

deux côtés, on h<strong>au</strong>ssait 10toit jusqu'h co qu'line des<br />

parties, 1\force de eliniitor et de criel', avait valiieti<br />

l'outro. Alorsc'était uno Illlte de cris, de si0lols, do<br />

tmr)omonts, de moqueries, do Bosles de moins, 10<br />

partie voinC{ueurs'efforçant do dépasser l'outro par<br />

ses joyeuses plaisanteries. Du côté do l'abbé, on<br />

criait L'aot4t-ez(vousl'nurez 1)L'<strong>au</strong>tre clunur r6poudail<br />

~oli 1ivolil (non 1non 1)Lo premior répondait<br />

Atl /'ont; rancli IJacon. D'<strong>au</strong>!t'es disaient h'~nic<br />

eleison 1etc, »<br />

Cette /'ontnine de S!-Ilacon, qui (inuro (laits la<br />

rolntion de Lancelot (1) nous avait be<strong>au</strong>coup intrigué.<br />

Nous en avons heureusement trouvé l'explication<br />

(1) Aadémiedesinscriptions et belleslettres,t. 7, p. 25.


213<br />

dans l'lnlérossonlo Óludodo l'alri~dltouotior sur l'ob-<br />

bo)'o do itontgouvort (1),<br />

Du côté do l'ohM, on disait, non pas Ilaot4e-ez,mais<br />

Abbas, 11'11101l'nutro chromordi~ondail: Do rrtalc><br />

goucrno (do~rolllgouvort.)La ohrom' do l'obM repreliait<br />

lit uos, sarrcfoPicoti (acl /'ons anncti Racoti)<br />

l'aittro olrcuurrdirondait: h'yrio eloisou 1<br />

L'ahbd Rotiollici,l'ottnohela tôte dos Coush Vivlol'S<br />

<strong>au</strong>x cérémoniesdo la joyeuse ahbnyodo hionlgouvort,<br />

dont le pull'on, St-Picholi, avait pour spécialité du<br />

fl1h'ol'Inquisition des m<strong>au</strong>vais ménngos,do corrlgor,<br />

de frapper (Iricha, lücca) les époux coupables et en<br />

hnrticulior les rnaris trop débonnoires qui so laissont<br />

Uallro par leurs femmes.<br />

Contlnllons ln l'elotion de Laticelot<br />

« Celn finissnit par uno procession qui 80 faisait<br />

tous les jours do l'octave (de NoôÎ). Enfin 10joür do<br />

Sl-);lionno pn"rnissnitl'EvÓque fou (episcopus slultt~s).<br />

C'Ótoll<strong>au</strong>ssi un jeune oloro différent do l'obM<br />

du clol'gé, Quoiqu'il ftlt élu dès 10j6uÍ' des Innocents<br />

do l'anndo IH'Ócédentc,il no jouissait, proprement<br />

parler, des droits do sa dignité, quo cos trois jours<br />

de St-Etiellno, do St-Jcon et des Innocents, Après<br />

s'êtro vêtu des oi-iieniciits 1)oittificatix,' on ehappo,<br />

10il 1'0,crosso, ole" suivi de soit <strong>au</strong>mônior, <strong>au</strong>ssi on<br />

eliappe, qui avait sur sa lêto un petit coussin, <strong>au</strong><br />

(t>"Dullelindala SociélédesSciencesnaturelleset ilisioriqued<br />

del'Ardèche, 1868.


1.~<br />

lieu de bonnet, il venait. s'àsseoir dans la chaire<br />

épiscopale, et assistait à l'office. recevant les mêmes<br />

honneurs que le véritable Evêque <strong>au</strong>rait reçus, A la<br />

fin de l'office, l'<strong>au</strong>mônier disait à pleino voix': Silele,<br />

silete, ailentiùn: habeteI Le chmur répondait Deo<br />

gratiâs L'évêquo fou, après avoir. dit r1 djutorifrm<br />

etc., donnaitsa bénédiction qui était immédiatement.<br />

suivie deces prétendues indulgences, que son 11l11110nier<br />

prononçaitovec gravité<br />

DeparMouenbor l'Eréque<br />

QueDieouvosdonémalalDesolé(t),<br />

Ayezunapler'3banasla depardos,<br />

Edo. déderaschasotlomenla(!).<br />

CILes <strong>au</strong>tres jours, les mêmes cérémonies se pratiquaient<br />

avec la seule différence que les indulgences<br />

variaient. Yoi.cicelles du second jour qui so répé-taient<br />

<strong>au</strong>ssi 10Iroisièll1o<br />

Mouenhnr qu'ceciuiprésen<br />

VOldonaXXlunastasdémaldédenl.<br />

,El.IÓs YÚS aoùslrésatressi<br />

Don<strong>au</strong>ni coade Roussi(5) n<br />

Ces Cèleso-%taieiit<br />

ac<strong>com</strong>lwgnécs de 11I'omelllldcson<br />

villo faites par des bandes d'individus iccoutrés do<br />

pe<strong>au</strong>x d'anim<strong>au</strong>x, marchalit pièds. nus, la barl.o ct<br />

les cheveux hérissés, eu pnrotliant les ps<strong>au</strong>mes. Ou<br />

arrachait les iitaiite<strong>au</strong>x des possanls ou ou leur (lisait<br />

(1)Lefoie.<br />

) Deu1t doigtsde teigne.ou.lementon.<br />

(5)Vou.donneà Ireller unequeuederoussin,


!t5<br />

des injures. C'est ce qu'on appelait faire des truffa,<br />

o'ost-à-diro des fbrces. l'église, onbr~loit du ouir<br />

~e.r~ièrol'<strong>au</strong>tel pou chasser 10diat..1e.Oncourait la'<br />

.ville en désordro pondant la nuit; on faisait des<br />

processions burlesques, <strong>au</strong>xquolle~ on portait des<br />

tonné<strong>au</strong>x de vin et on buvait forme. Sous l'influence<br />

du vin, on passait toutes les,bornes do la décence. On<br />

voyait, par, exe!11plo,après 10 banquet qui suivait<br />

l'élection, un clore faisant l'office de chancelier, se<br />

meUrasur la porte du la Guache (qui faisait <strong>com</strong>muniquer<br />

la ville de Viviers avec 10 châte<strong>au</strong>), criant à<br />

h~utevoix la proclamation suivante<br />

DépermoussuJ'abbatembétouscounseillé<br />

Yéou' vousfaou.aber quétout tiommé louligué<br />

Anaroquaouvoudracagua~oubréla piano<br />

DeCastéouViel..<br />

Lo manuscrit d'où ces détails sont extraits ajoute<br />

Hcec.estcrèida seu clamatio facta per porterium<br />

Guaschim qui re:x Vivarii appellatut·, quia tunc<br />

burgensèspoterant ingredi~Castrum, durri in reliquo<br />

anno nequidem pote,rant ad cacandum ingredi, ut<br />

aiunt. Soleba~ttetvamjieri quedam alia inhone,ttade<br />

quibus taceo de pra3senti:<br />

On voit encore b Viviers sur la place do l'hÓteldo-villo<br />

un pavé on mosa'ique où sont figurées la<br />

crosse ot la mUrode l'évêquo fou.<br />

On sait que les fêtes de ce genrè, restes altérés<br />

des saturnales romai':les, étaient pratï"quées dansu.ne


-t- 216<br />

Iotllpd'églises en France et dans d'<strong>au</strong>tres <strong>pays</strong> et que<br />

les éY~queseurent he~ucollp de peine à les supprimer,<br />

Leur.prolongation à Viviers s'explique par la<br />

f9rco persistante des traditions chez une population<br />

<strong>com</strong>posée pour la plus grando partio des fuyards<br />

4'Albo, c'est-à-dire do' la capitale gallo-romaine où<br />

~e&vieux usages paYonsdevaient dire plus enracinés<br />

que partout ailleurs.<br />

)( y 41vfiU<strong>au</strong>ssi à Viviers une fête des Ânes qui se<br />

ç.éléhrait10 17janvier, jour de SI-Antoine. Tous les<br />

8~nes,couverls rlP riches draperies, étaient conduits à<br />

l'église. Sur 10 plus be<strong>au</strong>, plus richement paré que<br />

les <strong>au</strong>tres, était montée une jeune fille, magnifiquement<br />

v~tue et teJ;1antune quenouillo et un fuse<strong>au</strong>. A<br />

la messe, on chantait la prose si connue<br />

MenireAsne,quandch:1nter,<br />

B.elle bouche. rechigner 1<br />

Vous<strong>au</strong>rez'dufuinouez,<br />

Etdelapaillea plantez<br />

Ili 1boua 1 hi1 boua1 etc<br />

Tous les ânes étaient onsuite bénis par un lecleur<br />

ou un exorciste. CuUe rôle était, coiiiiiio on le voil,<br />

assez inoffensivo et nous nô voyons pas que les évôques<br />

s'en soient jamais,préoccupés. )) n'on est pas de<br />

mème des. précédentesqui furont interdites <strong>au</strong> XIY'<br />

siècle, par l'évêque Bertrand de Chalancon. Maisil<br />

ne put les faire cesser-que momentanément et en<br />

1549,,le Parlement de Paris dut intorvenir ot prononça<br />

la peino de la cOQfisC{ltiondes t>ienscontre


247<br />

ceux qui la célébreraient encore à Viviors. Ces mesures<br />

contribuèrent on écarter graduellement les<br />

abus, mais le fond resta et 10fSquten~785,ces fdles<br />

furent entièrement supprimées, le clergé et 10peuple,<br />

<strong>au</strong> témoignagede FJ<strong>au</strong>gergues, rnanifeslèrent do sensiblos<br />

regrets.<br />

Au reste, dans Ips siècles do foi orclènte uù ces<br />

usages étaient encore pratiqués, on s'en scandalisait<br />

be<strong>au</strong>coup moins qu'on ne le ferait oujourdhui,<br />

peut.êtro, parce'qu'il ne serait vonu alors 1\l'i~léude<br />

personne d'on tirer lin argument contre la rdigion<br />

'011e-même.Aussi quand le Parlement de Paris voulut<br />

interdire cette fête des Fous en t5i2, il so trotivn des<br />

gens sérieux pour en prendre la défense, et, si leurs<br />

raisons no sont pas irréfutables¡ olles méritent <strong>au</strong><br />

moins d'être signalées, ne fM-co que par la profonde<br />

connaissance qll'oJJes montront de la p<strong>au</strong>vre nature<br />

humaine.<br />

« Nosprédécesseurs qui étniont des grands personnages,<br />

disaient ces apologisles, out. porniis cette<br />

fète: vivons <strong>com</strong>mo eux, et faisons t'a qu'ils cml fuit,<br />

Nous ne faisons pas toutes ces choses sérieusement,<br />

mais par jeu seulement, et pour nous divertir, selon<br />

l'ancienne coutume afin que la folie qui nous est<br />

naturelle, et qui somble née avec nous, s'emporle oL<br />

s'écoule pal' là, du moins une fois choque année. 1.03<br />

tonne<strong>au</strong>x de vins crôveraient si on no leur ouvrait<br />

~uel~uefoisla bonde ou le fossot, pour leurà-nQor


2'8<br />

de l'air. Or, nous sommes de vieux vaisse<strong>au</strong>x et des<br />

tonne<strong>au</strong>x mal reliés, que le vin de la sagesse ferait<br />

rompre, si nous le laissions bouillir ainsi par une<br />

dévotion continuéllo <strong>au</strong> service divin il lui -f<strong>au</strong>t<br />

donner quelque. air ot quoique relâchement, de peur<br />

qu'il ne se porde et ne se répando salis profit. C'est<br />

pour cela (IU6 nous donnons quelques jours <strong>au</strong>x jeux<br />

et <strong>au</strong>x bouffonneries, afin de retourner ensuito avec<br />

plus de joio et de ftsrveur <strong>au</strong>x e;ercices de la Religion.<br />

» (t)<br />

Ces braves gens avaient raison et noircami Pélican<br />

<strong>au</strong>ssi, quand il sOllti~nt que la folie est dans<br />

notre sang. J'l1joule, <strong>com</strong>me médecin, qu'il f<strong>au</strong>t<br />

voir,' danstoutes ces satnrnales de l'antiquité et du<br />

moyea-Age,des exuloires naturels du vico constitutIonnel<br />

qui nous infecle. Jo me souviens d'avoir vu<br />

d.aiisma jeuuesso bien des clrarivaris, des paillado,<br />

des folies carnavalesques et <strong>au</strong>tres J'ai assisté un<br />

jour à Uzer,sans ilti'il y edl pour cela un abbé de<br />

~fonlgou\"t~rl,il l'exhibition d'un h<strong>au</strong>yre diable de<br />

mari qui s'était laissé haUro par sa femme et qu'on<br />

promenait sur un âne, le visago tourné vers la queue<br />

de l'animal qu'il tenait dnns les mains on guise de<br />

bride. Ces petiles tyrannies do la foule ont Stéjuste<br />

ment proscrites par le progrès des moeurs<strong>au</strong>tant quo<br />

par la loi. En valons-nous mieux pour cela ? Je<br />

(t) DuTILLtOT.<br />

~Iémoiropourservirl'bistoire de la r~ledes<br />

Fous,Genèvet 750tp. 47 àb,4.


2t9<br />

crains que non. Notro Colieest moins gaie, moins<br />

bruyanle, a des allures moins brutales, mais la nier<br />

serait tout <strong>au</strong>ssi hardi que de nier le soléil en plein<br />

midi. Elle se porte tantôt sur un ohjol ettanlÕI sur<br />

un <strong>au</strong>tre elle diable n'y perd jamais.rien. Actuollc-<br />

ment, elle parait êtro concentrée dans la poliiiiitte<br />

qui. menace de dovouir un carnaval coulinuol:<br />

Ecoutez ce qui so dit dans les eOetlS,dans les<br />

réunions publiques, et même, Dieu me parJonno,<br />

dans nos assemblées délibérantes; vous croyez qu'on<br />

y fait des lois on vue de pourchasscr les voleurs, les<br />

assassins, les perturbateurs quelconques de la tranquillité<br />

et de la sécurité publiques: allons doue 1on<br />

n' sunge qu'à organisoe quelquo<br />

bonne tracasserio<br />

nOIl\'ellocontre les Frol'es des écoles chrétiennes, les<br />

smurs de charité ou les <strong>au</strong>môniers des hôpit<strong>au</strong>x.<br />

Gambetta l'à di~ le cléricalisnte,.c'est l'ennemi, et<br />

depuis lors, c'est à qui trappera lu plus fort snr la<br />

tète de Turc créée par cet ~minelll homme d'Elllt.<br />

Les corporations les plus vénérées, celles qui ont<br />

rondu et reiidtiit encore les servicus les plus inconleslnblcs,<br />

les (lévoûnients les lllus sublimes,. sont<br />

précisément ceux qui ont le privilège d'oyeuter avec<br />

le l'lus d'ensemblo les coteries prétendues libérales<br />

du jour. On dirait quo la Franco est menacée iit 1\<br />

par les Prussions, mais par des régilllcnis do Jésuites,<br />

ot quo notro plus grand onnoml n'est pas Bismarck<br />

mais le pape. On prétond amélioror l'iustrnctian en


~20<br />

y mêlant, sous le couvert patriotique, des sujets quo<br />

la jeunesse no peat pas <strong>com</strong>prendro ou plutÓtqu'ello<br />

<strong>com</strong>prend nécessairement de travers. On adore des<br />

mots infiuiment plus bêtes quo ceux de Byzance, par<br />

oxcmple celui de laïcisation dont on fait une sorte de<br />

p<strong>au</strong>acée univorselle en même temps qu'un \éritable<br />

moyen du trranllie. Sous los anciens régimes qualifiés<br />

d'obscurantistes, les pères de Í1millo disposaient do<br />

l'éducation de leurs enfants: en est-il bien de même<br />

<strong>au</strong>jourd'hui? Je mo suis souvonl demandé s'il était<br />

possible d'imaginer quelque chose de plus grotesque,<br />

de plus inepte, quo l'esprit public du moment, tout<br />

<strong>au</strong> moins celui qui domine dans lus cafés, les réunions<br />

et une certaine presse, celui dont les irommes d'Etat<br />

républicains eux-mêmes <strong>com</strong>mencent d'avoir lrouto<br />

mais dont ils semblent impuissants à secouer le joug<br />

et j'avouo que je n'ai rien pu imuginer <strong>au</strong>-delà.<br />

Voilà poul'quoi je pense, ami Barbe, que nous<strong>au</strong>rions<br />

peut-être hic Ilfaitde laisser subsister le carnaval et<br />

les folies anciennes'. Le mal qui sort n'est pas dan-<br />

gereux, tandis que le mal rentré tue lôt ou tarcl, et il<br />

mo semble quo nous sommes joliment malades.<br />

(:es paroles indignèrent Barbe qui, Im~nant une<br />

a!lilllde llu8tralo, ci nie moutrant le magnifique<br />

panorama dont on jouit do la porle de la chapelle de<br />

Sainte-Folie, me dit<br />

Que voyez-vous lù-bas ?2<br />

Jo vois be<strong>au</strong>coup de <strong>pays</strong>, mois cela i-opréstiito


221<br />

tout <strong>au</strong> plus un grain de poussière dans le roy<strong>au</strong>me<br />

do la grande sainte adorée ici.<br />

N'apercevez-vous pas dans tous les villages une<br />

bâtisso blanche, indice d'une construction nouvelle 2<br />

Oni.<br />

lûb bien 1 s'écria-t-il. voila une réfutation !!o-<br />

lennelle de vos paradoxes misanthropiques ¡voilà<br />

l'affirmation et la décoration du progrès moderne<br />

ce (ont lef écoles httties par l'administration<br />

blicaine.<br />

·<br />

rél)u--<br />

Vous connllissez sans doute, dis-je à Barbe, la<br />

triste histoire qui s'est possée dernièrement<br />

village<br />

dans un<br />

de la montagne ? 2<br />

Laquelle ? 2<br />

Un <strong>pays</strong>an avait chargé son fils d'aller lui chercher<br />

quelque chose <strong>au</strong> grenier. C'était le soir.<br />

L'enfant avoit cinq où six ans. On lui confia une du<br />

ces lampes appelées chulels. Le grenier était plein de<br />

foin ou de bois sec. Sr.ez-vous ce qui arriva L'enfant<br />

impl'udenl mil la feu à '10 maison et péril luimôme<br />

dans l'inccndie avec une partie de la famille.<br />

Quel rapport,<br />

maisons d'école 2<br />

dit Oal'be, cela a-t-il avec nos<br />

Un rapport très direct. mon Drave ami. Le feu,<br />

c'est l'instruction qui éclaire mais qui brûle, et l'enfanl<br />

est loujours l'onfant Comment no voyez-vou~<br />

pas quo si l'instruction e:3t en princila une bonne<br />

chose, encore f<strong>au</strong>t-il qu'clio soit proportionnée <strong>au</strong>x


222<br />

personnes et <strong>au</strong>x circonst<strong>au</strong>cesl Outroles rl<strong>au</strong>âorà suci<strong>au</strong>x<br />

qui1>cuvonten i-ésiiiiereLque fait cornpremlro<br />

l'hisloire do l'enfallL. vous 1(iniettrez bioii avec moi<br />

qu'il n'y a guère d'utililé pour ni) menuisier 11savoir<br />

l'aslronomio et pour un cullivatour 1 apl>I'endro10<br />

souscrit ou le cornet à piston. Il y a donc une IIIcsure<br />

11'sal'dei' selon les personnes et les milieux. Quo tous<br />

les enfants sacliotit lire, ~criru, calculer et rnçoivonl<br />

quelques <strong>au</strong>tres UOtiOIlSélémonlaires, utiles dans la<br />

vio pratique ou permett<strong>au</strong>t il coux qui ont des aptitudesspéciales<br />

de les manifester: voilà le vrai; i vÓilà<br />

la règle qui dil'igeailuos pèl'es, be<strong>au</strong>eoul moins indifférents<br />

qu'on ne cherche à le farre croiro, à uno<br />

culture iutollectuullo sagement entendue. Allor <strong>au</strong>delà,<br />

c'est brusquer l'intér~t g~néral <strong>au</strong>tant que l'intérêl<br />

particulier, car c'est rendreo plus laniblos<br />

pour les classos inférieurcs les ncrcossilésdo l'inégalité<br />

sociale et o'esl semer Mlement les rémlutions<br />

qui ne prolitont à persurruo.Est-ce que los enfollts,<br />

élerés d'après les nouvelles méthodcs sont plus<br />

instruits; plus mor<strong>au</strong>x que les alltrcs q<br />

Maisen admettant même, ce qui u'est pas, que 10<br />

nouve<strong>au</strong> s)'slèmo vaille mieux quo l'ancien et que<br />

les i/lslitulellrs larqucs l'emportent sur les cO/lsr~g<strong>au</strong>istes,<br />

il 100 serait facile do vous prOl!ver qu'il y<br />

avait mieux à faire qu'à se prèter <strong>au</strong>x fantaisies<br />

luxueuscs dl}smunicipalités qui, pour la plupart, so<br />

50llt MIi, sous prélexte cl'écolos,des Mlols-de-villu


2"i!:l<br />

tout-II-fait disproportionnés avec l'importance de<br />

leurs <strong>com</strong>munes rt'speclivcs, L'Elot a été ainsi grevé<br />

de charges <strong>au</strong>xquclles il f<strong>au</strong>clra bien tôt ou tard, et<br />

malgré lous les trompe-l'œil, fairo faco par de nouveoux<br />

impôts. Quo si la Franco était réellement<br />

assez riche pour accorder à nos villages les jolies<br />

subventions quo 1'011sait, jo protesto énorgiquement,<br />

ô mon point do vuc do médecin, (lui place la santé<br />

publique avant tout, co~tre l'emploi qui en a élé fait,<br />

contre ces prodigalités insensées do pierro et de<br />

ch<strong>au</strong>x. Avez-vous(IUelquefoissongé, ami Barbe, <strong>au</strong>x<br />

victimes que font chaque onnée dans nos populations<br />

rurales et urbaines, la flèvre typhoïde, 10<br />

croup, la petilo vérole, 10 choléra et <strong>au</strong>tres flé<strong>au</strong>x<br />

qui procèdent plus ou moins de l'oubli des plus vulgaires<br />

préc<strong>au</strong>tions hygibniques, ici da manque d'e<strong>au</strong>,<br />

ellô du manque do propreté? Alilieu de tant parler<br />

des dlmes quo levaient les anciens seigneurs, peutêtro<br />

seroit-il bon de s'occulier du cello dimo <strong>au</strong>trement<br />

h~rible quo la mort lève sur nous, grâcc à<br />

notre incurie et fi notre ignorance. Pour moi, il est<br />

clair l'ommo la lumièro (lit jour quo, si l'on avait<br />

omploy, dans choquo ville ou village, à des trav<strong>au</strong>x<br />

d'assainissement bien entondus, surlout à avoir do<br />

bonnes e<strong>au</strong>x et à faire dlsparoflro les foyers d'infec-<br />

tion, tout l'argent qu'oll a mis à bàlir do petits<br />

palais, on <strong>au</strong>rait s<strong>au</strong>vé la vioir bien des gons, et bon<br />

nombro de familles tic pleureraient pas leur chef<br />

ou ce qui est pis leurs enfants..


9îl<br />

J'avais louiliè troh juste cette fois. Les mlli¡jdies<br />

que j'avais énumérées rappelèront h Barbe mie porto<br />

cruollo et peut-êtro 50 dematida-t-il si, on cffot, son<br />

mallieur n'<strong>au</strong>rait pas pu Ótro conjuré par une plus<br />

judicieuse admininistration des rcssourcospubliques,<br />

Il garda 10sllonce..<br />

Jo m'efforçai do 10 distrairo on lui parlnnt dôâ<br />

montagnes qui s'étendaient.dovant nous â porte do<br />

vue. Nous avions on faco le mont iuli<strong>au</strong>, ot dans lé<br />

lointain IOdmontagnes do Dorgot de la Donl do Rez.<br />

On voit mieux do Ih quo do pOl'loufaillours <strong>com</strong>bien<br />

nos montagnos sont dépouillées, Quelques ral'es<br />

ohênos poussent entre les bancs calcaires ou les coùches<br />

marnouses quo no recouvro pas toujours mi<br />

,'ulgoiro gazon.Dans les collinosd'en bas, 10sainfoin<br />

ot la lavandoont remplacé les vignes. Par exemple,<br />

Je chardon crott partout pour les Anes. Stô-Folio,<br />

priez pour nous 1


1IVIBPB<br />

",IVIBRS<br />

8t-Thom', L'originede Yiriets. Lestrop4héroiqueido<br />

YEglisa deYirionet mespremiers4,rèot-a. L'intervention d0<br />

Pépinla Brefetde Charlem. ,¡op"o rétçnd<br />

Boson. La'puluancodes4I'ê


226<br />

L'égllso do St-TLom6ostmentionnée dans le Cltarta<br />

Vettts.lrllo fut Mlle parles soins d'uno sainto femme<br />

nommée Ytoria qui la dota do terres allant jusqu'à<br />

la rivièrod'Escoutayet do la m6tairio Cacordis, et<br />

donna ensuite 10tout «ilDiou ot il St-Vincent. 1)<br />

I,o marquis do Jovy·ao,dans ses lettres à (loin Bou-<br />

rotto, parle du curé do St-Tltom6, oppolé Pavin,<br />

lequel, dit-il, contrairornont h son nom, no met<br />

jamais d'o<strong>au</strong> dans son vin.<br />

Viviers, où nousol'rivltmes do nuit et quo nous visilAmos<br />

10 londemain, a été pendont longtemps,<br />

après la destruotion d'tllbo, la capitale du Vivarais<br />

ouquel elle tt donné-son noru. Qu'Ótoit Viviors<br />

avant do devenir la résidonce des év()ques2<br />

C'est co qu'on ne s<strong>au</strong>ra probablement jamais bien,<br />

Lo P. Colombioroit quo o'était déjà une villo d'une<br />

certaine importanco ot qu'ollo s'6londait sur tout<br />

l'ospaco <strong>com</strong>pris ontro le bourg ot )0 Rhône, Son<br />

nom provlondl'lIlt des viviers ou réservoirs pour le<br />

poisson (vivaria) qui y oxislaiant )Jour 10sorvico dos<br />

riches maisons d'Albo. Ou dit oncoro (IU'iIy avait un<br />

templo do Jupilor sur 10 monticulo, appolé Platijattx,<br />

qui se dresse, on dolrors do Viviol's, entro la<br />

goro du chemin do for eL 10 It~Ono.Tout cela peut<br />

Õtro oJtact, mais il no f<strong>au</strong>t juror do rien. l'OUI'nous,<br />

la forlo situation do Viviors, perchée sur un roclror,<br />

suffit à expliquer to o~oixdes tive~quos,et nous pensons<br />

par ln mOmoraison qu'il y avait là, du tomps


~27<br />

d'Albe, un fort oxldriour ou un ~camp retranché,<br />

destiné à protéger all sud la capitale dos Holvions,<br />

<strong>com</strong>me btdlas 11l'est, Champusas h l'ouest, et Jastres<br />

<strong>au</strong> nord. nais, si Viviers oxistoiL<strong>com</strong>me ville, du<br />

temps d'Albo, elle ne semble pas, dans tous los cas,<br />

avoirou alors be<strong>au</strong>coupd'importance, car « tous les<br />

monuments épigraphiques do Viviers, qui sont postérieurs<br />

<strong>au</strong> règne d'Honorius, ct les <strong>au</strong>tres débris<br />

d'anUI)uUé,les mosaïques, les fragmentsdésoulpturo<br />

ou les bronzes qu'on y a découverts, pOI'lont <strong>au</strong>ssi<br />

10cochet bien marqué d'un sièelo où l'orl étaii on<br />

pleino décadence (~.) ».<br />

L'histoire des évêques do Viviers est l'hlstolro<br />

môme du Vivarais apl'ès la destruction d'Allia. Les<br />

débuts on sont fort obscurs, mais cotte partie, jusque.<br />

vcrs l'an mille, a roçu fort heureusement du<br />

savant ouvrage do l'abbé Rouohlor, une JumlÕrodont<br />

ello avait grand besoin. On y voit apparaître, dans<br />

la pdnombro du Charta Velus,la belle figure do cos<br />

promiers pi-6loL-i,br~lant do toutes les ardeurs du la<br />

foi ohrétienne qui venait do naître, zélés,charitablos<br />

ot courageux, toujours prÓts11sacrifier leur vie pour<br />

leur trouponu. Los fidèles les olioisissout ordinolremont<br />

parmi les hlus éeloirés ot los.plus élovés par la<br />

naissance ot la fortune. En dovonant év~ques, Ils<br />

font donation do tous leurs biens 11l'Eglise ot cos<br />

circonstances e~pliquent suffisamment l'inOuence<br />

(1)Itouceun, IINwir~du Yioaruit,t. t, p.l33~q


228<br />

croissante dont'ils jouirent et qui aboutit à la création<br />

'd'un véritable pouvoir temporel. On a même<br />

prélendu quo l'<strong>au</strong>torité cpiscopàle avait fini par se<br />

fondre avec le principat héréditaire do 1'Helvio, dont.<br />

Euric, roi des Wisigoths, <strong>au</strong>rait fait périr le dernier<br />

rejeton, saint Valèré, descendant de Valerius Procillus.<br />

On ajoute qu'après la défaite d'Alaric en 507,<br />

1'lielvie'foi-m,~iune sorte do gouvernement représen-<br />

tatif, présidé par des <strong>com</strong>tes élus à vio, dont 10 premier<br />

<strong>au</strong>rait été l'évêque saint Venance. peut-c~tro y<br />

a-t-il dans ces hypothèses de l'abbé Baracand un<br />

fond de vérité, mais on aimerait fort à les voir ap-<br />

puyées de documents <strong>au</strong>thenticlues.<br />

Nous en dirons <strong>au</strong>tant de la version de ce même<br />

abbé (un historien légèrement romancier dont nous<br />

parlerons plus tard), <strong>au</strong> sujet du meurtre de l'évêquo<br />

Arconte. ScIon lui, c'est la tranformation des insti-<br />

tutions politiques <strong>au</strong> profit des évêques qui, mal vue<br />

des llelviens jaloux de leurs libertés, <strong>au</strong>rait déterminé<br />

les évènements dont saint Arconte fut victime.<br />

Or, la notice la plus ancionne que nous possédioils<br />

sur cet évêque dit simplement qu'il perdit la vie<br />

CIen défetidant les libertés de son Eglise, » ce qui fait<br />

présumer que ses meurtriers furent moins guidés par<br />

des motifs d'ordre politique que par des raisons d'intérét<br />

personnel, peut-être par des ressentiments<br />

basés sur des donations de biens dont ils avaient<br />

voulu s'emparer.


2i9<br />

Quoiqu'il on soit, Pépin le'Bref et Chârlemagne durent<br />

intefve~'nipour rétâb1i¡'liôidrô et, s'ifs ne créèrent<br />

pas l'<strong>au</strong>torité souveraine des évêques de Viviers,<br />

ils lui donnèrent du moins unÓ confirmation formelle<br />

et uno extcnsion décisive. Parmi les chartes<br />

des princes carlovingiens, rendues en leur faveur, il<br />

convient do noter spécialement celle dé Louis lé<br />

i?~bonnairo (81fi) qui, en accordant l'immunité à<br />

l'Eglise de Viviers, conférait à l'évêque une véritablo<br />

souveraineté dans sa ville épiscopale.<br />

Le pouvoir temporel do nos évêqucs s'accentita<br />

encore en passant sous la souveraineté des ernpereucs<br />

d'Allemagne. L'nbbÓ Baracand dit que cette évolution<br />

ne se fit pas sans résislancoÍ que les évèques<br />

étaient alors <strong>au</strong>ssi attachés à la couronne ao France<br />

qu'ils le furcnt plus tard <strong>au</strong>x empereurs d'Allemagne,<br />

et que l'un d'eux, Galceran, aima mieux subir<br />

l'oxil que de violer son.serment envers son souveraiu.<br />

Nalbeureusement, selon son habitude, il ne<br />

cito <strong>au</strong>cun document à l'appui de cette assertion,<br />

Les écrivains du Languedoc,cherchant fi démontrer<br />

que Viviers appartenait; dès le X' siècle, à l'empiro<br />

d'Allemagne, allèguent 10 passage suivant de la<br />

chronique rimée de Godefroid de Viterbe<br />

ImperiisoliumcuramaximuiOttoteneret<br />

Etvalituralati,mundiforlunafaveret,<br />

liuicrexBol )10'loqùen3'vlàrbi-géiii~do'icteii<br />

Tradotibirèpm, clinololdeponodectiréi<br />

Amodonostratibi~a~ lancepr,slel honores,<br />

5Ó1~mihiMonaclll v'itaébTén~3 fôTè~.


t30<br />

DotibiVim1I1J11, Lugduni redoredebir,<br />

Umeduoci.Rodanom, me'"duce,castralenebil,<br />

BoxibiFroucigeàis prœdiaDullapetit.<br />

Co qui veut dire<br />

elf.orsqu'Olhon le Grand occupait le trônedel'em.<br />

pire et que la fortune croissante lefavorisait, Je roi<br />

Bosonlui dit en gémissant Je te livre Je roy<strong>au</strong>me,<br />

je déposetoutes ies dignités désormais notre lance<br />

sacrée te rendra les honneurs pour moi, je veux<br />

mener uniquement la vie monacale. Je te donne Viviers,<br />

tu t'assiéras sur le siègede Lyon; tu <strong>au</strong>ras ces<br />

deux ohâte<strong>au</strong>x en deçà du RhOneque je te livre le<br />

roi de France n'a pas de prétention sur eux. JI<br />

Quel était ce Bosonq<br />

Evideminent cc n'était pas le roi de Provence, de<br />

ce nom, qui a régné de 879 à 889, tandis qu'Othon le<br />

Grand, suzerain du roy<strong>au</strong>me d'Arles, a régné de 936<br />

à 973.<br />

On a vu dans un précédent chapitre qu'après la<br />

mort de Boson, le Vivarais avait passé <strong>au</strong> roy<strong>au</strong>me<br />

de Bourgogneet que plus tard les rois fainéanls de<br />

Bourgognese donnèrent <strong>au</strong>x empereurs d'Allemagne<br />

et leur remirent la lance de St-M<strong>au</strong>rice, emblèmo de<br />

leur <strong>au</strong>torité. Mais,en même temps, régnèrent successivement<br />

à Arles, sous le titre de <strong>com</strong>tes de Provence,<br />

deux <strong>au</strong>tres Boson, l'un de 926Il9i8 etl'<strong>au</strong>tro<br />

de 948 à 968, dont les Etats étaient <strong>com</strong>pris entre<br />

le Diois, le Graisiv<strong>au</strong>dan, le Briançonnais. la Médi-


t31<br />

terranée, les Alpes et le Rhône, Il était alors fort à<br />

la mode de donner ce qu'on ne possédait pas, et c'est<br />

peul-être de cette façon que l'un de ces Boson là<br />

donna Viviers et Lyon à Othon le Grand. Ceci est<br />

sans doute une purosupposition, Peut-être est-il<br />

encore plus vraisemblable do supposer que l'<strong>au</strong>teur<br />

de la chroniquo rimée faisait de l'histoire par à peu<br />

près, <strong>com</strong>motant de gens la font même <strong>au</strong>jourd'hui,<br />

et qu'il a brouillé les noms et les époques en rapportant<br />

le fait, oxact <strong>au</strong> fond, de la donation du<br />

roy<strong>au</strong>me de Bourgogne,qui <strong>com</strong>prenait le roy<strong>au</strong>me<br />

d'Arles, <strong>au</strong>x empereurs d'Allemagne.<br />

Il est cerlain qu'<strong>au</strong> Xl' siècle, le Vivarais était<br />

sous la dépendance, <strong>au</strong> moins nominale, de ces empereurs<br />

et que, grâce à leur appui, l'<strong>au</strong>torité des<br />

évêques de Viviersprit alors un développement conlIidérable.<br />

Les souverains germaniques attachaient<br />

naturellement une grande importance <strong>au</strong> Vivarais,<br />

<strong>com</strong>me à un poste avancé de l'empire à l'extrême<br />

Occident, et c'est dans le but de s'en assurer la possessionque<br />

Conrad 111 y installa, en 1f 46,son cousin<br />

Guill<strong>au</strong>me <strong>com</strong>me évêque, en lui accordant les droits<br />

régaliens(scilicetmonetam,pedagium, utraque strata<br />

lelluris et /luminis Rodani) et en ~faisantde Pévêché<br />

de Viviors une sorto de souveraineté indépendante.<br />

Unecharte de Frédéric en 4177confirma, en faveur<br />

dol'évêque Nicolas,les libertés et privilèges accordés<br />

par Conrad en ajoutant cette cl<strong>au</strong>se, évidemment


232<br />

dirigée contre les prétentions des <strong>com</strong>tes de Toul<strong>au</strong>se:<br />

« Èn outre, nous statuons que la dite cité de<br />

Viviers et son EgIiSè,dont la liberté et l'indépendance<br />

ont été reconnues par nous, n'<strong>au</strong>ront jamais<br />

d'<strong>au</strong>tre seigneur et possesseur que son évêque (nullo<br />

unquam tempore aliqt~em excépto suo Pontifice<br />

dominum habeat ét possessorem). »<br />

Des lettres patentes de Frédéric il, en date de 2.3IS,<br />

confirmèrent toutes les concessions impériales déjà<br />

faites <strong>au</strong>x év~quesde Viviers, et notamment le droit<br />

de battre monnaie et le péage sur terre et sur e<strong>au</strong>,<br />

jusqu'à la rivière d'Ardèohe, qui formait la limite<br />

méridionale de t'empire (usque ad flumers Ardechii<br />

veteris quod est limés irripcrü.j<br />

11paratt que le droit de régale des évéques de<br />

Vivierss'étendait depuis le ruisse<strong>au</strong> de DraYs (.ifeysso~<br />

jusqu'à la rivière d'Ard~cbo.<br />

Les Óv~quesont donc pu battre monnaie, mais<br />

les pièces portant leur cmprointe sont fort rares.<br />

h1. Jules Roussot en avait trouvé onze spécimens<br />

dont il a roproduit l'imago dans l'Annuairo de ~839,<br />

mais toutes ces pièces sont anonymes ou à pou près,<br />

puisque le mot episcopus n'est jamais suivi ni du<br />

nom de l'évêque en fonctions ni d'<strong>au</strong>cune espèce do<br />

date. Ces onze pièces et deux tiers d'un sol d'or de<br />

Dagobert, que l'on suppose frappés à Vivier- voilà,<br />

croyons-nous, à quoi se réduit toute la richesse aûmismatique<br />

du Vivarais.


233<br />

Il 1-ésulte d'un acte de 1289que, sur le praduit do<br />

l'hôtel des monnaies de Viviers, le Chapitre avait<br />

droit à doux deniers par chaque livre grosso quo<br />

l'on évaluait à deux m"al'bset demi. L'évêque jouis~sait<br />

du reste.<br />

Après la soumission des évêques à la couronne dè<br />

France, Philippe le Bel exigea que la monnaie courante<br />

de la. Franco fM reçuo dans toute l'étendue du<br />

Vivarais et que la monnaie frappée en Vivarais par.<br />

tAtle nomdu roi de Franco conjointement avec celui<br />

de l'évl\que¡ » Ii<br />

Les croisades contribuèrent béaticoupà <strong>au</strong>gmenter<br />

la puissance temporelle des évêques. Chaquo soi-<br />

g6edc vivarois, en partant pour la Terre-Saiuto,<br />

mottait ses terres et ses vass<strong>au</strong>x sous leur h<strong>au</strong>to<br />

protection. C'est ce qui oxplique le l}Ombreconsidé-<br />

Í'oble d'hommages quo les vieilles chartes signalent<br />

pendant cetto période et quo 10 P. Colombi résumé<br />

ordinairement par la formule suivante<br />

L'évBquereçoil le chdteaerde maisse conten=<br />

fanl cle1'hommagcdu seigneur, il lui rend lechdtenu<br />

qui sera désormais un fief épiscopad.<br />

L'enrôlement pour les croisades so faisait dans les<br />

églises et donnait lieu à une cérémonie religieuse,<br />

appelée la Préscnlation des Drape<strong>au</strong>', que décrit<br />

ainsi une vieille chronique:<br />

Aux grandes solomnités, deux croisés, chanoines


231:<br />

ou <strong>au</strong>tres, prenaient placo de chaque côté de l'<strong>au</strong>tel,<br />

dès le <strong>com</strong>mencement de vêpres. Ils avaient la milre<br />

en tète, la chape sur les ép<strong>au</strong>les et'a.la main une<br />

lance <strong>au</strong> bout de laquelle était attaché un tlrape<strong>au</strong>.<br />

Lorsque le chœur chantait le verset du. cantiquo de<br />

la.Vierge Deposuitpotentes de sede, les deux croisés<br />

se levaient et faisaie~t le tour du chœur, ensuite de<br />

la nef, présentant à tous la lance en <strong>com</strong>mençant par<br />

l'évêque. C'était une invitation à prendre la croix.<br />

On vit des clercs, des nobles, des bourgeois, des<br />

marchands, des femmes mêmes s'engager. Le chroniqueur<br />

dit qu'il a vu lui-même quatorze personnes<br />

prendre la croix Je mômejour. Cependant, ajoute-til,<br />

plusieurs se croisaient plulôt par vaino gloire,<br />

pour s'attirer la considération des hommes, qu'en vue<br />

de l'honneur do Dieu.<br />

Tous les nouve<strong>au</strong>x croisés étaient <strong>au</strong>ssitôt inscrits<br />

.sur,le regislro du sacriste qui leur donnait à chacun<br />

une chape sur laquelle était roprésentéo une grande<br />

croix. S'ils ne tonaient pas leur serment, on leur re..<br />

tirait la chape.<br />

Princes indépendants, ne relevant que du pape et<br />

de l'empereur, les évêques do Viviers eurent encore<br />

pour eux dans cette périodo, l'appui des barons qui<br />

redoutaient l'àmbilion des <strong>com</strong>tes do Toulouse.<br />

Ceux-ci basaient leurs prÓtclllionssur la conquête<br />

du Vivarais par Pépin lu Bref et soutenailJnt quo les


!35<br />

rois de France leur avaient cédé cette partie de POc.<br />

Oitanl0.<br />

Les évêqucs répondaient que Pépin n'avait pu,<br />

sans injustice, séparer 10 Vivarais des roy<strong>au</strong>mos<br />

d'Arles et de Bourgogneet que Conrad n'avait fait<br />

que prendre ce qui lui appartenait en entrant à Viviers,<br />

puisque le dernier roi de Bourgogno avait dit<br />

il Othon Do tibi Vivarium.Ils rappelaient <strong>au</strong>ssi que<br />

dès t095, Bertrpnd, fils de Raymond do St-Gilles,<br />

avait donné à Hélène sa femme, pour cade<strong>au</strong> de<br />

noces, la ville de Viviers avec son <strong>com</strong>té. Tout cela,<br />

<strong>au</strong> moins, sur le papier.<br />

On <strong>com</strong>prend que, sur ce terrain, le débat pouvait<br />

durer longtemps, car on a toujours trouvé des chartes,<br />

<strong>com</strong>me des avocats, pour toutes les c<strong>au</strong>ses, et<br />

des deux côtés on a pu se donnerraison. Les savants<br />

Dénédictins, <strong>au</strong>teurs de l'llistoire du Languedoc, n'y<br />

ont pas manqué pour leur part, mais ils nous semblent<br />

ètre allés un peu loin en soutonant que l'ambition<br />

et l'intérêt personnel avaient seuls parlé les<br />

é\'t~q\1cSde Viviersà refuser de reconnatlre l'<strong>au</strong>torité<br />

des rois de Franco, successeurs des <strong>com</strong>tes do Toulouso.<br />

Au reste, cette thèse a été victorieusement<br />

réfutéo par M. Van der Haeghen (t), et un des faits,<br />

cités par lui, nous semble décisif. SI-Louis ayant<br />

(1)Ruhetchahitforiguaoorttaeant.la aouraainelAda empaeurt<br />

d'Allamagee surle Virarai~duIl' nuX!V' .ièd" par Ph. Van<br />

derUalllbeo, Béziers1880.


i36<br />

choisi pour arbitres 'entre lui et l'évèque do Viviers,<br />

le chevalier Raymond de Vayrac et le célèbre Gui<br />

Fulgoti, qui fnt depuis 10pope Clément IV, le rnpport<br />

de Gui donne les résnltats suivants de l'enquête<br />

des deux arbitres<br />

« Nous avons visité les archives de l'évêque et du<br />

chapitre, nous avons examiné leurs privilè'ges, et<br />

nous avons vu que tous étaient délivrés par les empereurs<br />

et <strong>au</strong>cun par nos rois; tous prouvaient que<br />

cette églisedépendait de l'empire depuis une époque<br />

fort reculée. On nous a montré <strong>au</strong>ssi les étendards<br />

impéri<strong>au</strong>x dont les évÕquesde Viviers se servaient à<br />

l'occasion et, bien que nous ayons fait prvter serment<br />

sur cet objet; nous n'avona pu découvrir <strong>au</strong>!l'o<br />

chose. Il<br />

s<br />

L'affaire des Albigeois, <strong>com</strong>pliquée do l'incident<br />

des minos do Largentière, vint bionlÕtfaire sortir do<br />

cét imbroglio les évèllemonts les plus graves.<br />

Les Albigeoiséloientt<br />

c'est-à-diro qu'ils<br />

croyaient, <strong>com</strong>me les anciens Persos, à deur priuoipescréaleurs<br />

opposés 1'tin, essentiellement bon,<br />

qui est Dieu, l'esprit ou la lumièro, et l'<strong>au</strong>tro, essentiellement<br />

m<strong>au</strong>vais, le diable, la matière ou les lénèbres.<br />

Ces braves gens, fluxduels un bon régimo<br />

hydrothérapique <strong>au</strong>rait mieux convenu que des ox<strong>com</strong>munications<br />

et dos rroisados, représentaicnt dit<br />

plus un peuple riche, i..telligeut et plus ou moins<br />

corrompu par la supériorité du bien-ètre.


237~<br />

Lespapes voulaient les convertÎ1',et non les citer"<br />

miner. Ils curont le tort de faire appel <strong>au</strong>x barons<br />

du Nord, ol'lhodoxes, mais p<strong>au</strong>vres et plus ou moins<br />

s<strong>au</strong>vages, et ceux-ci n'eurent garde de manquer une<br />

si belle occasion de' satisfaire leur humeur querelleuse<br />

et do faire du butin. C'est ainsi quo le Nord<br />

écrasa 10Midi, <strong>com</strong>me les barhol'os avaient préalilblement<br />

écrasé 10 monde romain, <strong>com</strong>mo les néebarbares<br />

ollcmands nous ont écrasés en 1870,<br />

<strong>com</strong>moles Slaves écraseront prolablomont un jour<br />

l'empire allemand, quand les progrès do la richesse<br />

et mômedo l'instruction (qui toute sculo n'empcletto<br />

pas l'abaissoment des mœurs) <strong>au</strong>ront sonné pour lui<br />

l'heure de la décadence. Co qui prouve néanmoins<br />

(malgré les immenses catastrophes que produit la<br />

Forluno en roulant sans cessoà travers le monde),<br />

qu'olle n'est pas conduito à l'aventuro, c'est que le<br />

bion sort toujours du mal, et que la purification et la<br />

régénération sont ordinairemcnt liées l'expiation.<br />

Pouron revcnÎl' <strong>au</strong> cas actuel, il est certain quo cet<br />

écrasoutout injuste et brutal dit Midicivilisé par lp<br />

Nord inculte, contribua singulièrement <strong>au</strong> triomphe<br />

do la l<strong>au</strong>guo françaiso el d.~l'unité uatioualo.<br />

L'dv~qttodo Viviers et les barons Ólnienlnaturelle.<br />

ment fort lieu préoccupés do ces h<strong>au</strong>tes considératiuns<br />

}JO/itiques, Ils faisaient l'bisloiro et n'nvnioot<br />

pas le tomps <strong>com</strong>me nous d'ou étudier la philosophie.<br />

L'évêquoardeutot crôyant, <strong>com</strong>moon l'était alors, ne


238<br />

pouvait pas aimer les hérétiques, et si l'intérét politiquo,<br />

qui était d'aillenrs celui du Vivarais tout<br />

entier, est venujoindre son action à celle du sentIment<br />

religieux, il n'y a pas lieu do s'en étonner,<br />

sùrtout à une époque dont les mobik9, tout différents<br />

des nôtres, échappent si facilement à notre<br />

appréciation. Quant <strong>au</strong>x barons vivarois, on peut<br />

supposer qu'ils se souciaient <strong>au</strong>ssi peu du Nord que<br />

du Midi, de l'empereur d'Allemagnt) que du roi de<br />

France. Le meilleur souverain pour eux était le<br />

moins çênant, c'est-ô-dire 10plus éloigné, et ils ne<br />

devaient dire rien moins quo sympathiques à leur<br />

puissant voisin méridional trop intéressé à s'emparer<br />

de leur <strong>pays</strong> pour en faire un camp retranché sur sa<br />

frontièro nord-est.<br />

La situation changea du tout <strong>au</strong> tout, pour les<br />

6v~ques, ~quandles rois do Franco curent succédé<br />

<strong>au</strong>xdroilsdes <strong>com</strong>tes de Toulouse, Lcs rois, qui <strong>au</strong>raient<br />

pu, Rla rigueur, soutyrir le pouvoir do leurs<br />

vass<strong>au</strong>x, les <strong>com</strong>les do Toulonse, à Viviers, 110pou-<br />

,voient guèro y admettre celui do l'Empereur, Ils<br />

durent dono clrorchor pur tous les moyens à exercer<br />

les droits réclamés par les <strong>com</strong>tes, et les sénéch<strong>au</strong>x<br />

do Be<strong>au</strong>caire ne se firont pas f<strong>au</strong>te de poursuivre<br />

l'<strong>au</strong>torité des évêques par toutes sortes do voxations,<br />

pour l'amener à résipiscence. Si les rois n'avaioat<br />

pas pour eux les chartes ot les traditions des tr'.>ÍS<br />

derniers siècles, Il f<strong>au</strong>t avouer qu'ils étaient singulièrement<br />

poussés par la force des choses.


239<br />

pouvaiout-ils admettre quo le Vivarais rostât sur<br />

la rive droite du Rhône, seul en dehors do leur<br />

<strong>au</strong>torité et <strong>com</strong>me 'une setitinelle avancée do l'empire<br />

<strong>au</strong> soin de l'unité nationalo qui se constituait 9<br />

Leur poliliquo ne faisait donc que répondro b un<br />

irrésistible besoin d'expansion et de défense, <strong>au</strong>ssi<br />

bien qu'<strong>au</strong> sentiment de IOlll'spouple~. C'est pourquoi<br />

les évêques durent céder..<br />

Quo si l'on voulait, <strong>com</strong>me mon ami Barbe, roproeber<br />

<strong>au</strong>x 6v~quosd'avoir manquÓ'de patriotisme<br />

011préférant l'<strong>au</strong>tOl'itÓdo l'omporuur d'Allemogne à<br />

cellodu roi do France, il suttirait do répondre que<br />

les empereUl's d'rlllomagno éloiellt <strong>au</strong>tant quo les<br />

rois do France, dos dcsceudanls de Charlemagnej quo<br />

la patrie était on formation plutôt que formée et<br />

qu'il n'ost pas étonnant que les 6vdque:\n'aient pas<br />

ou à celto époque reculée l'idée (lit patriotisme mo-<br />

derno, quand on voit, nu siècle dernier, nos protostanlsdu11idi<br />

pactiser sans sorti pu]avec les puissances<br />

étrangères dans de leUl'sopinions religieuses.<br />

14-<br />

Dès la secondo moitié du xm' siècle, les rois do<br />

Fr<strong>au</strong>co essayèrent, an moyen des baillis roy<strong>au</strong>x<br />

qu'ils avaient introduits on Vivarais, do soumettro h<br />

louroutoritÓ les dv~duo, de Viviers. En 1268,1'6vl\<br />

que normand se plaignil <strong>au</strong> pape Clément IV qui<br />

rappela à St-Lotiis les résultats du su mission à<br />

Viviers. ot 10roi s'ompressa do céder.


240<br />

Plus tard, sous Philippe 10 Hardi, les agents<br />

roy<strong>au</strong>x ronouvolèront lours onh'eprises, mais Grégoiro<br />

X intervint et des 10Ures potontos royalos<br />

Curentronduos en faveur do l'évêque.<br />

En 4300, nouvollesdifficultés. Cette fois, l'évêquo<br />

Aldobert do Peyro, no pouvant rccoul'ir Donifaco<br />

V1IIeu querolle avec Philippo 10Bol,il en résulta un<br />

véritable conflit. Los Iroupos royalos entrèrent dans<br />

1.'bv~cli6do ViviersPar le Pont-St-Esprit ot s'ompararont<br />

do la ville do St-Jusl. Cet 6vdnomont amono<br />

une transaction dont voici loshoints essontiols:<br />

L'év(%quoreceiiiinit que 10 Vivarois est désormais<br />

ossujetti ir la houle suzerainol6 du roi do rranco,<br />

mais 10roi roconnait do son côté, que l'dvpuo 110<br />

tient son <strong>com</strong>té do personne eLque c'est un domnino<br />

do franc alleu<br />

L'ÓvÕquoost tonu an serment do fidélité pO\11' lui<br />

ut ses vass<strong>au</strong>x.<br />

L'év~quoa 10promier dogré de juridiction, mais<br />

on pou en 0 ppelor <strong>au</strong> sénéchal do he<strong>au</strong>cairo el<br />

Nimes.<br />

Les cas roy<strong>au</strong>x sont dévolus à la jul'idiction do<br />

l'6vequo cclui-ci a 10droit do foire la suone liors<br />

du roy<strong>au</strong>me, ou quelcas 10roi est obligé de donner<br />

hassago Ii ses troupes.<br />

L'bvvluo a 10 droit do Lattro monlloio <strong>com</strong>me<br />

av<strong>au</strong>t, ot sa monnaie a cours <strong>com</strong>mo celloqes<br />

barons du roy<strong>au</strong>me.


2it<br />

1.0sénéchal, le juge mage et le procureur du Roi<br />

de Nimes ol Be<strong>au</strong>caire juroront, h chaquo mutation<br />

d'évèque, do ne point conlrevenir <strong>au</strong> tr5~ilé, sinon<br />

l'dv~quo ti'atira pas h reoonnatw leur justice.<br />

Les terres de l'6v~quo ne seront sujetles h <strong>au</strong>cuno<br />

laillo sans le consenlement do l'évêquo et du<br />

chapitre.<br />

Lo Iloi nopourra rien requérir<br />

tG<br />

dans la tomporalitéde<br />

l'évOquoet du chapitre.<br />

L'évêque qui portait <strong>au</strong>paravant les annes Impôl'laies<br />

<strong>au</strong> premier quartier do sos or01ol:,los, sora<br />

tonu da porler celles du Roi dans ses cachots ou<br />

dans ses drape<strong>au</strong>x,<br />

L'évêque et ses successeurs sont créés conseillers<br />

d'Elat avec obligation de prdter <strong>au</strong> R~i même serment<br />

quo los <strong>au</strong>tres conseillors.<br />

Le Roi rend à l'évêquo la villo do St-Just.<br />

Cotraité conolu <strong>au</strong> Ponl-St-Esprit on t 306, ronoontra<br />

dos dlfficullés <strong>au</strong>près du Roi Il c<strong>au</strong>se d'lino<br />

cl<strong>au</strong>se portant qu'il devait O(¡'o aaréb par 10 papo.<br />

L'ÓvÕqlleLouis, successeur daldebort, ayant consenti<br />

à retirer cotte cl<strong>au</strong>so, le traité fut confirmé en<br />

t307 par Philippo 10Bol.<br />

Il est à remorquer quo 10 traité est passé par le<br />

Roi avec l'ovêquo ot le chapitre ot qu'il y est <strong>au</strong>ssi<br />

stipulé que cet arrollgomont ne chango rien <strong>au</strong>x<br />

rapports de l'évêque et du chapitre.<br />

Les cl<strong>au</strong>ses de ce traité 80 trouvent invoquées


"~t~.2<br />

dans un Mémoire.de l'é~écLséde.Viviersécrit sous le<br />

règne de LÓuisXIV(ent~ponse à une lettre dé M.<br />

dn Molard, subdélégué dè l'intendant du Languedoc),<br />

.en: vrte d'établir que, si Philippe le Bel a<br />

réuni le Viva'râis à la couronne, les terres de l'évêohé<br />

n'étaient pasde la di rectoroyale.<br />

Le.traité de 1307, <strong>com</strong>me on. le voit, laissait on-<br />

.core de be<strong>au</strong>x restes à l'<strong>au</strong>torité temporello,des évêqu'es<br />

de Viviers, mais l'élan était donné ut cette<br />

<strong>au</strong>torité alla s'~moindriss~n~de plus en plus par la<br />

progression naturelle 'du-pouvoir royal et. parla jalousie<br />

non moins naturelle d~~ barons. Ceux-ci<br />

étaient, ravis de voir le. souverain d'hier mis <strong>au</strong>j()urd~hqià<br />

leur nive<strong>au</strong>. D'<strong>au</strong>tre part, la résistance<br />

prolongée des évéques l'<strong>au</strong>torité des rois cie<br />

France, qui représentaient alors la protection des<br />

faibles et la réa etioncontre les abus de la féodalité,<br />

4ut b~<strong>au</strong>c()~pleur.nuire dans l'esprit des popula-<br />

,tioÓs,et c'est ces deux-c<strong>au</strong>ses qu'il convient d'at-<br />

.tribuer la situatiôn inférieuro faite à l'évêque dans<br />

.les anciens Et!s ou Assiette du Vivarais d'où le<br />

clergé était exclu, tandis que, dans tous les <strong>pays</strong><br />

voisins, c'est l'évêque qui présidai.t. Viviers était<br />

.réprésenté <strong>au</strong>x Etats du Vivarais par le bailli<br />

de 'lci baronnie de Viviers, qui n'avait pas droit<br />

'à' la présid'ence..L'évéque.Depouvait présider qu'en<br />

sa qualité de baron. de Largentière et à son tour,<br />

tous<br />

les douze ans. Cette question fut


~~3<br />

soulevée plusieurs fois et elle fut toujours résolue par<br />

le conseil d'Etat contre l'évêque. Louis de Suse, le<br />

plus militant des prélats qui ont occupé le si.ège de<br />

_Viviers,essaya en t646, de rompre la tradition, en se<br />

prévalant de sa qualité de <strong>com</strong>missaire du Roi pour<br />

rovondiquer la prési.dence des Etats du Vivarais qui<br />

devaient se réunir cette année là à Privas, attendu<br />

que le marquis de Chàte<strong>au</strong>neuC,seigneur de Privas,<br />

était baron de tour. Le marquis fit tout ce qu'il put<br />

pour maintenir son droit, mais il avait à faire à forte<br />

partie Louis de Suse réunit en deuxjours plus de<br />

cent gentilshommes qui vinrent se ranger <strong>au</strong>tour de<br />

sa personne et l'assemblée fut transférée AAubenas,<br />

où l'évêque put présider à l'aise..<br />

Grande émotion parmi les' barons du Vivarais.<br />

L'atleire vint, l'année suivante, devant les Etats génér<strong>au</strong>x<br />

dé la province du Languedoc tenus à. Mont,<br />

pellier. Et voici ce qu'en dit le chanoine de Banne,<br />

dont if ne (<strong>au</strong>lpas oublior ici la qualité de fonctionnaire<br />

épiscopal<br />

« Lesbarons du VivaraiH,qui sont <strong>au</strong> nomlire de<br />

douze, se trémoussèrent fort do ce quo mondit soigneU!"évesque<br />

se disoit président né da ladite assurablée<br />

et pour arrêter sa possession, ils eurent recours<br />

<strong>au</strong> Privé Cons£ilqui re'nvoyaladite affaire à la décision<br />

ou à l'advis des Etats génér<strong>au</strong>x du Languedoo,<br />

lesquels se tenant Ii Montpellier, messieurs les<br />

barons du Vivarais <strong>com</strong>mandàrent <strong>au</strong> sieur deFaya,


2~¡.-<br />

syndlo du Vivarais, de déreni:lre leur c<strong>au</strong>se dans<br />

l'assemblée;" co qu'il fit; <strong>com</strong>me appert par sa<br />

harangue.qu'est fort élégante, à laquelle l'assemblée<br />

générale n'eut pas garde Mais elle ordonna que<br />

dorénavant le <strong>com</strong>missairo du Roy envoyé par<br />

l'Assiette du Vivar9is :presideroit à l'exclusion du<br />

barod, que le seigneur évesque <strong>au</strong>roit la première<br />

place et précéderoit le baron de tour <strong>au</strong> pas et <strong>au</strong><br />

siège ét que Je baron de Íour opineroit le premier i<br />

ce qui s'est observé à l'Assietté de la baronnie d'Aps<br />

éonvoquéoà Villensuve-dé-Berg. 1)<br />

Il parait qU'en cette dernière. circonstance, le<br />

baron de tour avait convoqué l'Assiette à Thueyts,<br />

puis à Joyeuse, mais le surintendant de là justice en<br />

Languedoc, venu exprès en Vivarais, donna contre<br />

ordre et la convoqua à Ÿitleneuve-de=$erg, a jugeàutj<br />

e"tfort à propos qu'il y <strong>au</strong>roit plus de bruit si<br />

on la tenoit en lieu suspect <strong>au</strong> seigneur wesque. Les<br />

affaires se pasoorontfort doucement et suivant l'ordl'O<br />

qui avoit été ordonné par les Etats générailx de .la<br />

province. D<br />

Les barons du Vivarais ne se tinrent pas pour<br />

battus et recourtirent de nouve<strong>au</strong> <strong>au</strong> conseil du Roi<br />

qui, cette lois, leur do~na pleinement raison.. par<br />

al;r~tdu 20 ao~t 48~7.Le bp.ronde tour fut maintenu<br />

dans sondroit'de présider l'Assiette et ce n'est qu'à<br />

ce titre, c'est à dire tous les douze ans, que ce même<br />

droitfùt rooonnu à l'évêque..


9N~<br />

D'<strong>au</strong>tres Rrrèts, en date ~.u.24J;na.i16~, inte~di..<br />

sent Ii l'évêquede Viviers l'entrée <strong>au</strong>x AssieVÉes, Iii<br />

ce n'est ensa qualité de baron.<br />

Ces arrêts sont encore rappelés dansu.n Mémoir,e<br />

des barons sur le même sujet p~b]jé en 4703-f90~.<br />

La même question revint jJ1c~~emmentsur .le<br />

tapis en 4755et voici la lettre qui fut adressée, à<br />

cette occasion, par le syndio du Vivar¡¡isjà Péylt-<br />

que de Viviers (4)<br />

Monseigneur,<br />

Permettes.moy,.on qualité de,syndio du ;V;~var~8,<br />

de vousrepr4senter que vous n'a voz\pasété informé<br />

des priviléges de.MM. les.barons de ço ¡pa)'slors du<br />

Mémoiredu 20' février dernier contenant les décisions<br />

du Roysur ce qui doit ~tre observo dans la répartition<br />

desin~Dni~és..<br />

L'art..¡ de ce Mémoire attribue à MM.lesEv~que8<br />

la place~do,Président,~la_tette c~uBure<strong>au</strong>, le Barop<br />

à sa droite. Cet arrangement qtit.reut être pratiqué<br />

dans les diocèzes, oû MM.les évêques président <strong>au</strong>x<br />

Assiettes et à toutes leurs .assembléos, ne doit pas<br />

s'étendre àcelles du <strong>pays</strong> :d~ Vivares qui en sont<br />

exomptées de droit, par la raison des contraires que<br />

ce n'est pas l'Evêquo mais les propriétair~s des<br />

douze Baronnies du <strong>pays</strong> qlJi y présidf,mt:tOJ}r, à<br />

( t) .rc4i, ,I déPII"Ptllt. 1'~rd~che.


~8<br />

t~nr par eux, où par leurs subrogés'qui les représentent;<br />

Feu M. l'Evêque de Suse, Monseigneur, voulut<br />

s'emparer de ce droit et forma instance <strong>au</strong> Conseil<br />

en 4616contre madame la duchesse de Guise, MM.<br />

les ducs de la Voulte et d'Uzès et les <strong>au</strong>tres Barons<br />

il apella à son secours les agents génér<strong>au</strong>x du'"clergé,<br />

-et le sindic général de la province tous ses efforts<br />

furent vains et inutiles la présidence fut adjugée<br />

<strong>au</strong>x barons par ar~e.stdu 3` may.165) avec déffences<br />

1\levéque de leur donner <strong>au</strong>cun trouble. Ces arrests<br />

et son exécution pendant plus d'un siècle sans réclamation<br />

de la part des Evêques, forment une<br />

double fin de non recevoir contre eux, pour les<br />

exclure Ii jamais des Assiettes et Assemblées du<br />

Vivarès.<br />

Si l'art du Mémoire substituoit Monseigneur <strong>au</strong><br />

lieu de la présidence que l'arrest attribue <strong>au</strong> Baron<br />

de tour, il le forceroit, ou son subrogé, de descendro<br />

d'une place éminente pour s'aller ranger à la droite<br />

de l'Evèque dans le rang des <strong>au</strong>tres <strong>com</strong>missaires du<br />

Pays avec qui il leur seroit <strong>com</strong>mun.<br />

Le Roy n'a pas pensé de déroger à des droits qui<br />

lui étoient inconnus, et MM.les Barons tirent do ce<br />

déf<strong>au</strong>ldeconnoissanco 10juste moyen de l'appel de<br />

César mal instruit à César mieux informé, pour<br />

qù'iI soit du bon plaisir de sa Majesté de déclarer<br />

n'avoir entendu y <strong>com</strong>prendre messieurs les


247<br />

Barons du Vivarès ny rien innoverfi l'arres.~de son<br />

conseil du 3' may 1651qui continuera d'étro exécuté<br />

suivant sa formo et teneur, conformément à 'l'usage<br />

qui s'en est ensuivy depuis un si long tems sans<br />

opposition de la part de MM.les Evêques qui, sans<br />

se meler de l'administration de l'affaire du Pays,<br />

ont toujours saisi cependant les occasions de luy<br />

'rendre leurs bons offices.<br />

J'ai l'honneur d'être avec un tres profond respect;<br />

Monseigneur,<br />

Votretrès humble et très obéissant<br />

serviteur.<br />

Un indice encore plus significatif des jalousies et<br />

des rancunes qu'avait laissées l'ancienne suprématie<br />

des évêques se trouve dans l'incidont de t510 <strong>au</strong>x<br />

Etats du Vivarais. Le siège épiscopal était alors<br />

occcupé par Cl<strong>au</strong>de de Tournon, un des prélats les<br />

plus dislingués de Viviers. Cl<strong>au</strong>de, en sa qualité de<br />

baron de Largentière, convoqua les Etatsà Tournon<br />

et les présida <strong>com</strong>me baron de tour. Malheureusement<br />

il y vint avec le faste et l'appareil d'un souverain<br />

pluMt que d'un simple baron. D'<strong>au</strong>tre parl~<br />

ses manières et son langage, ainsi que ceux du premier<br />

consul et du juge mage de Viviers, choquèrent<br />

les représentants des <strong>au</strong>tres baronnies, de sorte<br />

que l'on faillit en venir'à une sédition ouver~: Le


218..<br />

maire de Viviers, ayant demandé un subside pour<br />

les fortifications de cetUo ville, qui était alors la<br />

capitale du Vivarais, l'Assemblée fut prosque unanime<br />

rejeter la proposition. Cl<strong>au</strong>de de Tournon<br />

voulut pa,=leren maUre, mais les membres de l'As.<br />

e levant en masse, évacuèrent la salle pour<br />

aller se réunir aiIJeurs.Là, ils déclarèrent l'évêque<br />

ét le consul de Viviers exclus de l'Assemblée et<br />

reprirent le cours de leurs délibérations, Cl<strong>au</strong>de se<br />

rendit <strong>au</strong>près de Jacques de Tournon, son frère, et<br />

tous deux, àla têle de leurs homtues d'armes, allèrent<br />

cernerl'Assemblée qui fut obligée d'annuler son<br />

arrêté injurieux pour le prélat et de lui faire des<br />

excuses. Jusqu'à la fin des Etats, Cl<strong>au</strong>de présida les<br />

séances assisté d'un piquet de troupes. C'est à cette<br />

occasion que Cl<strong>au</strong>de, craignant une attaque ultérieure<br />

des seigneurs, se fortifia vigoureusement à<br />

Viviers et fit construire le mur d'enceinte de Lar-<br />

genljre.<br />

Ilnoter, d'après le chanoine de Banne, qtte<br />

Cl<strong>au</strong>de de Tournon fut le,premier des évêques de<br />

Viviers qui se qualifia <strong>com</strong>te de Viviers et prince de<br />

Do»aèreet de Chcite<strong>au</strong>neuf.


XI<br />

L'ADMINISTRéTIOY INT~RIBURB D'AUTREFOIS.<br />

LaI~gellde deschanoines laiques. Unelenlencearbitraledel'archevéquedeViennenlrel'~vèque<br />

de Vivierselsonchapitre.<br />

Le droit<strong>au</strong> sèl. Les6efsde 1'~Yéque,' du chapitreet de<br />

l'université. Dissensions perpéluelle. de l'évêqlloet du çha.<br />

pitre. L'universitédesprêlre.de Viviers. La<strong>com</strong>mune<br />

deViviera. Uneéleclionmunicipale<strong>au</strong> XIV'liède.<br />

Uneenquétede<strong>com</strong>modo çt in<strong>com</strong>modo <strong>au</strong> XV~siècle. Ici<br />

lùir.Ii Viv'.en. La confrériede la Cloche. Les charivaris.<br />

Lecardinalde Brogny. UneélectionlChbmatique.<br />

Cl<strong>au</strong>d.;de Tournonet François 111.<br />

Avant d'aborder la période moderne qui <strong>com</strong>tnènco<br />

<strong>au</strong>x guerres religieuses, oeaminons quelle<br />

~lait~l'oraanisation intérieure du <strong>pays</strong>Il célie 'lointaine<br />

époque,<br />

'Ecartons.ti'abord une légende que bf. Albert du<br />

Boysa -ou le tort d'admettre dans son Album du<br />

Vivarais celle des chanoines la'iques que l'émperoUI'Conradnurait<br />

introduits dans la conslihilionde<br />

l'Eglise de 'Vi\'iors. Ces chanoines d'une nouvelle<br />

espJce avaiont, dit-on, 10droit d'assister <strong>au</strong>x offices<br />

avec la casaque militaire, le he<strong>au</strong>me, le casque, la<br />

éUh'asse,les cuissards, les gantelets, 10bouclier,et la<br />

Nndacbo. Ils entraient à choval dans la nef, mais<br />

ils n'avaieut pas le droit de pénétrer ainsi dans 10<br />

ohœur. Leurs femmes les suivaienl pourvu qu'elles


250<br />

gardassent le silence et ne parussent qu'en chape<strong>au</strong>x<br />

à larges ailes et enveloppées dans de grands mante<strong>au</strong>x<br />

dorés (lorrgissimiscapelliscopertceet de<strong>au</strong>ratis<br />

amplissimis mantellis inuolutce.) Commentdouter de<br />

l'<strong>au</strong>lhenticité de la chose devant de pareilles cita-<br />

tions latines L'abbé Bar3condne s'a rrète pas<br />

en si<br />

be<strong>au</strong> chemin et raconle par 10menu les divergences<br />

<strong>au</strong>xquelles <strong>au</strong>rait. donné lieu plus tard la suppression<br />

de ces fameux chanoines laïques. Le cbapitre<br />

l'<strong>au</strong>rait demandée, mais l'évêque Henri de Villars s'y<br />

serait opposéen disant <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres chanoines Si vous<br />

ne voulez pas avoir les seigneurs voisins pour collègues<br />

et amis, vous le~<strong>au</strong>rez pour ennemis 1<br />

Avons-nous besoin de dire qu'on chercherait vainement<br />

dans les chartes de Conrad et ailleurs la trace<br />

de cette institution grotesque, donll'honneur revient<br />

à l'imagi!1°tionde notre abbé romancier. Paix à sa<br />

mémoire il était alors si jeune 1 Le seul fait réel,<br />

qui a servi de base à cette fanlaisio, est le nombre<br />

considérable des chanoines qui était effectivement<br />

<strong>au</strong>trefois de quarante et plus et qui ful réduit à<br />

vinât par le motif quo les revenus du chapitre.<br />

étaient devenus tout-à-fait insuffisants la suito de<br />

la poste générale qui sévit do t337 à 1339et reparut<br />

en 1317 etl3i8, et des guerres, inondations et<br />

<strong>au</strong>tre3 calamités publiques qui marquèrent cetto<br />

tristo époque,


!5I<br />

r ~s<br />

Le pouvoir temporoI à Viviers était exercé con-<br />

curremment par l'évêque et le chapitre, et ce fait,<br />

déjà indiqué par le traité de 1307, et qU'ail verra<br />

ressortir encoroJpl.us clairement de documents ultérieurs,<br />

suffit à expliquer les dissensions continuelles<br />

qui ont existé entre leschanoines et le chef de l'église<br />

de Viviers.<br />

Les princip<strong>au</strong>x dignitaires du chapitre étaient 10<br />

prévot, le doyen, le précemplcur, le succenteur, le<br />

chancelier, le sacriste. l'archiprêtro et le maUro de<br />

chœur. Le chapitre avait droit de session particulière<br />

indépendamment de l'<strong>au</strong>torisation de l'évêquo.<br />

Celui-ci avait entrée an chapitre, mais il n'y votait<br />

quo <strong>com</strong>me simple chanoine.<br />

Les chanoines de Viviers avaient <strong>au</strong>trefois le droit<br />

d'officier avec la mitre, tandis que l'évêque portait<br />

la tiare et le pallium.<br />

L'évêque et 10chapitre avaient chacun leurs revenus<br />

respectifs, et cette question, <strong>com</strong>me celle des<br />

préséances et <strong>au</strong>tres prérogatives temporelles, donna<br />

lieu à des difficultés sans cesse renaissantes, dont on<br />

peut se faire une idéo par la sentence arbitralo qui<br />

fut renduo en 1289 par l'archevêque do Vienne.<br />

Voici la subslance de ce curieux document<br />

Le châte<strong>au</strong> el la ville de Viviers seront régis et<br />

administrés conjointement par l'évêque et le chapitre.<br />

Les contributions appartiendront cependant à


252<br />

l'évêque qui sera obligé d'en verser un sixième dans<br />

le trésor du.chapitre.<br />

Un Juge sera chargé de rendre la justice <strong>au</strong><br />

nom de l'évêque et du chapitre. L'élection do ce<br />

magistrat appartient à l'évêque, mais l'élu sera tenu<br />

de prêter serment conjointement à l'évêque et <strong>au</strong><br />

chapitre. Les notaires, huissiers, sergents. greffiers,<br />

seront choisis dela m5tno manü'rc. L'évêque nommera<br />

un bailli ou juge assesseur et le chapitro un<br />

<strong>au</strong>tre, et tous les deux seront tenus à prèter sermc.nt<br />

conjointement à l'évêque et <strong>au</strong> chapitre.<br />

La moitié de la ville sera sous l'intendance du<br />

bailli do l'évêque et l'<strong>au</strong>tre. moitié sous celle du<br />

bailli du chapitre. Lesétrangers seront régis par l'un<br />

ou, l'<strong>au</strong>tre, suivantleurdomicile.<br />

Le bailli épiscopal <strong>au</strong>ra seul 10droit do condamner<br />

à la peine de mort ou do mutilation.<br />

Les amendes pécuniaires seront partagées entre<br />

l'évêque et le chapitre.<br />

Dans les c<strong>au</strong>ses <strong>com</strong>merciales 'du relatives <strong>au</strong>x<br />

impMs, on s'adressera, suivant les cas, <strong>au</strong> procureur<br />

fiscal, à l'intendant des salines ou <strong>au</strong> juge géné<br />

raI des domaines épiscop<strong>au</strong>x et <strong>au</strong>tres officiers à ce<br />

constitués à Viviers.<br />

Le resto dQ la province sera administré da la<br />

même manière que la capitale, l1l'0portion gardée<br />

néanmoins et I)xceplionfaito des domaines appartenant<br />

en propriété particnlière à l'évêque, <strong>au</strong> cha.<br />

pitre, ou d'<strong>au</strong>tres seigneurs,


253<br />

Au sujet des devoirs des feudataires, il est dit que<br />

l'évèqllOexigera des seigneurs, vass<strong>au</strong>x de son église,<br />

l'hommage et sOl'mentde fidélit6 dans l'année même<br />

do son intronisation, et de crainte qu'à r~ison de ses<br />

occupations il no puisse veiller assez, attentivement<br />

à ce que tous les feuciataires soient fidèles à leur<br />

sermont, payeut ex-iciciiient la dlme et fournissent<br />

leur contingent de soldats, il délèguera un chanoine<br />

qui <strong>au</strong>ra l'intend<strong>au</strong>co des fiefs et en fera une exacte<br />

reconnaissance <strong>au</strong> nom do l'évêque.<br />

Un article fixe le sel qui revient à chaque chanoine<br />

« Le chapitre se plaignant de ce que l'évêque<br />

refusait dé payer )0 sel nécessaire à chacun, nous<br />

statuons que ledit évèquo sera tenu do fournir du<br />

sel <strong>au</strong>x chuuoines et <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres clercs de son église,<br />

sans <strong>au</strong>cuns frais, soit que]o sel soit soumis à l'imp0t<br />

ou à la douano. Or, voici ln quantité quo nous<br />

fixons A un chanoine, un septier, et à un clero<br />

inférieur uno émino, mesuro de Viviers, s<strong>au</strong>f qu'à<br />

c<strong>au</strong>so des justes l'écllÍmntions do l'«h'èque, cetto<br />

quantité doivo êtl'e diminuée. 1)<br />

Un article concorno les absolutions<br />

(\ Ayant appris quo ~l'0v0quo avait ordonné quo<br />

les ex<strong>com</strong>muniés, intordits, snspendus, ete., no<br />

seraient absous qu'<strong>au</strong> moyen d'une <strong>com</strong>ponondodo<br />

dix livres pour quarante jours ot de quaranto livros<br />

;pour six mois, noUsstatuons qu'on nccordera.l'ab80.


~û~<br />

lution <strong>au</strong>x pénitents gratuitement, à moinsque leur<br />

crime ne mérite une amende, et alors elle sera<br />

applicable à la fabrique de la cathédrale. »<br />

Les articles 29 ~à31, répartissent les seigneuries<br />

L'év~quo est seigneur do Samlzon, châte<strong>au</strong> inexpugnablo,<br />

et pour subvenir <strong>au</strong>x réparations, il a<br />

<strong>au</strong>ssi la seigneurie de Vallon.<br />

Le prévôt du chapitre est seigneur de St-Etiennede-Fontbellon,<br />

de la Plaine sous Aubenas et d'Aubenas.<br />

L'archidiacre èst seigneur de Balazuc, Ch<strong>au</strong>zon,<br />

Uzcr et la Chapelle.<br />

Le précempteur est seigneur de Sl-Thomé.<br />

Le sacriste est seigneur do la Gorce ct de Salavas.<br />

Le corps du chapitre est soigneur do Joannas, de<br />

St-Martin-d'Ardèche, St-Lager, St-André Mitroix,<br />

J<strong>au</strong>jac, St-Remèze, -l\Jirabol,St-Germain, St-Albon,<br />

Vinezac, Bana, Aillou, Charmes, Juvinas.<br />

Le corps do l'Université est seigneur do St-:Ilar-<br />

cel-d'Ardèche, Lussas,St-Genest, St.Arcons-Darbrcs,<br />

Valgorge, la Blaclière, St-llfartin-le-Supériour, Larnas,<br />

Assions, Sce<strong>au</strong>trect, Be<strong>au</strong>mont, St-Alldl'ú-la-<br />

Champ, St-L<strong>au</strong>rent-les-Baiiis, St-Jcan -de-Poul'chnresse<br />

et SnbliÓres..<br />

Ainsi fut fixéola répartition des seigneuries sur<br />

lesquelles il y avait'eu discussion. Au surplus, l'dvéquo<br />

demeurait à jamais soigneur de Viviers,<br />

Donzùrecl ChMcouneuf, Ll;lrgentière, Rochem<strong>au</strong>ro,


251;)<br />

Baïx, Bourg-St-Andéol, Pierrelatte, la Palitd, Va]vignères,<br />

le Teil, Chomérac, Antraigues, etc.<br />

Tout le monde jura solennellement l'observation<br />

de cette transaction, mais le calme fut de courto<br />

durée. Lesévèques réclamèrent peu aplès contre la<br />

violation de leurs privilèges. Bu 1290, l'archevèque<br />

de Vienne, légat du pape, rendit une <strong>au</strong>tre sentence<br />

plus détaillée,' expliquant la précédente. Elle a cent<br />

quinze articles. On l'estreint encore plus les droits<br />

épiscop<strong>au</strong>x. Le pape Clément VI cassa cette seconde<br />

sentence <strong>com</strong>me injurieuse pour l'évêque,<br />

Lesdivergences entre les évêques et le chapitre<br />

furentparticuliôremeut vives sous Bei'non, Hugues<br />

de la TourdAuvergne, Jean de Liviers, Cl<strong>au</strong>de de<br />

Tournon et Lotiisde Suso. Il y eut des transactions<br />

on 1373, H07,U29, 143t.,143S, 1441, 44~48,t 526,<br />

-1652,eto., etc.<br />

Loctanoino do Banne, dans ses Mémoires,laisso<br />

apercevoir uno c<strong>au</strong>se de ces divereences.ApI'èsavoir<br />

roproduit 10Bref d'Obédienco des cltanoinos do Viviers<br />

où sont énumérés les hdnéfices dont jouissait<br />

primitivemont le eVapitre (1), il ajoute<br />

L'ordl'oci-dossus mentionné do bailler à ohacun<br />

des chanoines cortaines portions des églises,<br />

fonds et revenus, a été observé de longues années et<br />

(0) Coprécieu~document, ràpporiép.,rdoD311110 d'aprèsleChnrlp<br />

Voitu,a été reproduitpar 10P. Colombi eL 50trouve<strong>au</strong>ssi<br />

parmiles piècesjuslincalives du lomo1*1dol'HÏ$loÏrll du Vi.<br />

s~amis,par l'abhbRouchier.


'256<br />

mesmô jusqu'<strong>au</strong> dernier siècle i590, ainsi que j'ay<br />

veu dans les <strong>com</strong>ptes rendus pour cet ell'ot. Chaque<br />

chanoine devoit fournir la dépens\)de son mois qui<br />

se faisoit pour l'église et pour l'entretien des sieurs<br />

,chanoines. Presquetous les fonds et biens ci-dessus<br />

mentionnés ont changé de nom et les églises sont<br />

possédéespour la plupart par des personnesqui ne<br />

sont pas de nostre Egliso. Vous pourrez voir dans le<br />

cnthalogue des evcsques <strong>com</strong>me cela est advenu, car<br />

<strong>au</strong>cuns d'iceux ont failli ruyner l'Eglise tant ils ont<br />

eu d'alIdctiol1 pour les moines lesquels <strong>au</strong>jourd'hui<br />

font teste et la nique à leurs successeurs. Que ceux<br />

qui viennent à présent et qui viendront à l'avenir y<br />

prennent garde 1:0A la fin du slèclo dernier, ~1'év~que<br />

et le chapitro Ótaient encore en procès.<br />

Qu'était-ce que cette université de Viviers que<br />

nous venons de voir, dans l'acte do H89, possédant<br />

des seigneuries particulières Dans le langage de<br />

l'époque le mot tiitiversitas a deux sous il signifie<br />

tantôt ce que nous appelons <strong>au</strong>jourd'hui la <strong>com</strong>ttu~neet<br />

tantdt l'ensemble des prètres de la localité..<br />

Bon nombre do testaments faits à Privas <strong>au</strong> xy.<br />

sièole, et notamment celui de Florence Chalin, tante<br />

de la prétendue Clotilde do Surville (t), contiennent<br />

des legs à l'université des pretres de Privas, consi-<br />

(t) Registredu notaireAntoinede BrionU27-IB.


2~7<br />

dih-éspar la loi ou <strong>com</strong>me formant un corps<br />

moràl. L'université de Viviers n'était sans doute pas<br />

outre chose i peut-êtroétait-elle ouverte <strong>au</strong>x oflleiers<br />

laiques Jo l'évl'ehÓ dons tous les cas, elle avait<br />

une imporl<strong>au</strong>ce spéciale, puisqu'elle <strong>com</strong>ptait parmi<br />

ses membres l'évtlquo ot les chanoines. C'est pour<br />

cela que nous la voyonsinfluente et puissante, lutter<br />

contro l'évêque lui-môme et jouir de revenus et de<br />

pcivil~gèsqu'ollo a su, parall~il, consel'er jusqu'à<br />

la lin du siècle dernier. L'univel'sité do Viviers<br />

avait, <strong>com</strong>me 10chapitre, droit de session particuliore<br />

et chaquo nouvel dvdqno, entrant dans sa<br />

m611'opolo,dovait jurer de respecter ses franchises et<br />

privilèges <strong>com</strong>mu cou: ciu chapitre. C'e~Lelle qui n<br />

le goûveriiômôntdes iÍltérÕtsmatériels du clergé do<br />

Vivierset qui reçoit les legset dons qui lut sont des<br />

tinés. C'est aiiisi quo, dans la fameuse onqudle de<br />

U07, oit le chapitre so plainl de la pénurie du ses<br />

l'ossourccs,il ¡nie le « pape d'unir fi la table de !'uniuersilc<br />

des bénéfices pour l'entretenement, tant<br />

des chanoinesque des prébendiers et <strong>au</strong>tro3 habitués<br />

(10ladite ~tglise. »<br />

En'1368, l'évtlqtio Aymar do la Voulte donne il<br />

l'université 4,800 florins d'or « pour faire les livraisons<br />

du premier jour<br />

n<br />

do chaque mois do l'<strong>au</strong>née li<br />

tous ceux des corps du chapitro (IL. université,<br />

formant douzo livraisons générales; à la charge ttttb'<br />

lesdits sieurs pl'Îoron~Dieu pour son àmo. Il<br />

il


~1S8<br />

Un legs semblablo est fait par le cardinal Pierre<br />

Flandin, toujours à l'université do Viviers, savoir<br />

a t200 florins d'or pour faire douzo livraisons, tous<br />

les mois do l'année, de pain et do vin, à tous messieurs<br />

de l'égliso doViviers el l'<strong>au</strong>rn0no du c1oHro<br />

pour 10salut et repos de son Omc. J)<br />

En t331S,une portion do péage <strong>au</strong> Teil est vendue<br />

par 10chapitre à l'univorsité.<br />

En 1357, l'université ct 10chapitre font un prc~t~do<br />

quatre cents florins à la <strong>com</strong>llllUi<strong>au</strong>tédu Viviers.<br />

En «"-21,uno transaction est passéeentre J'évêque,<br />

le èbapitro et l'université, pour la création do choriors,<br />

etc.<br />

L'<strong>au</strong>tre uniuersitas, c'est-à-diro la <strong>com</strong>mune do<br />

Viviers, semble avoir fait be<strong>au</strong>coup moins do bruit<br />

quo la précédento, <strong>au</strong> moins dans les llnlllllcs ecclésiastiques<br />

do la localité. Elle se <strong>com</strong>posait, à co qu'il<br />

semblo, do deux classes do ciloyens, la iii-oniière<br />

formant uno sorte do conseil supérieur, et la seconde<br />

<strong>com</strong>pronant tout l'ensomble de la population.<br />

Un acte du 3 ftivrier i 393nuus montre <strong>com</strong>ment<br />

fonctionnait cette époque le sulfrago populairo. Ce<br />

jour-là, l'uniuersilas des hommes do la ville do Viviers,<br />

so réunit rc <strong>au</strong> son d'une petite trompette ou<br />

du tambour o selon l'usage, sur l'ordre du bailli de<br />

Viviers ot ,10son ressort. La réunion <strong>com</strong>prenait les<br />

deux classes d'hommes de la villcs dont on cite les


209<br />

noms tout <strong>au</strong> long, Le scribe ajoute que lesdit8<br />

hommesccuniversitatem facientes 1), en leur nom<br />

et <strong>au</strong> nom de ladilo université, après avoir révoqué<br />

lenrs précédents proouroul's génér<strong>au</strong>x, eu nommérunt<br />

d'untres, dont les noms sont également indiqués.<br />

Ces procureurs sont fort nombreux. Il en est nommé<br />

quinzo de VÍ\'iersdont les deux premiers sont Vincent<br />

Eschandolas et Guidon Pelaprat, licenciés-èslois.<br />

Il en est ensuite nommé cinq de Villeneuve-de-<br />

Borg, six de Nimes, un de St-Pons-du-Coiron, deux<br />

de l'tIil'l1hel,trois do Vienne, dix. d'Annotiay, quatre<br />

cl'un <strong>au</strong>tre endroit dont la nom est illisible. Ces nominations<br />

sont valables pour un an.<br />

Les candidats désignés, le bailli réserve expressément<br />

tous lesdroitsde l'évêque et proteste contre toute<br />

atteinte qui pourrait leur tUro portée sous pr~texle<br />

ou en vertu do cetto procuration. L'univcrsité reconnalt<br />

alors que sa procuration estsans valeuI' en ce<br />

qui louche l'évéqtioct ses officiers, à moins toutefois<br />

que cluulyues-uns desdits servitours ot officiers no<br />

dépoli dont en quolquo point de ladite université,<br />

IIIH11ICI cas le hailli n'entend pas emp~cher celle-ci<br />

d'exercer ses droits et il est spécifié quo les c<strong>au</strong>se'¡<br />

seront portées devant la curio du seigneur évêq¡J(j<br />

qui rondra justice.<br />

Tout cela bien stipulé, Jo bailli siégeant judiciaï-·<br />

remont selon l'IIncienno coutume (sedenspra tribunali<br />

more majorum suorurn in curia tempwali Vi-


i60<br />

varii) interpose son <strong>au</strong>torité et sanctionne les choix<br />

de l'université.<br />

Dans un <strong>au</strong>tre acte du 3 aoOtl-i08, nous voyons la<br />

même univer::ité réunie <strong>com</strong>me précédemment et les<br />

hommes qui <strong>com</strong>posentl'assemblée, asserentesse esse<br />

majorem et saniorempartem horninum <strong>com</strong>mtcnitatis<br />

prediclce, choisir, avec les mêmes formalités et sous<br />

les mêmes réserves, un providus vir nommé Pierro<br />

Vieu, pour la rélrartition des taillesentreles citoyons<br />

suivant lotir fortuno. Uno fois la noto des tailles<br />

établie, 10 répartiteur doit la l'omettre <strong>au</strong> bailli do<br />

Viviers qui en rendra 10lrayomont oxigihle.<br />

Un attire acto (la la mème époque (ioùt 1 ¡On)nous<br />

fait assister â une enquête de<strong>com</strong>modoet iu<strong>com</strong>mocio<br />

sur le projet du démolition de cerlains fuubourgs do<br />

Viviers qui servaient d'asile <strong>au</strong>x malfaileurs. L'évèque<br />

et son chapitre, avec tous les mornbres<br />

du conseil supérieur de la ville <strong>com</strong>ptnnt cotit<br />

cinquante deux membres, se rendent à l'hôtel<br />

du Cheval Blunc où les attond Guill<strong>au</strong>rno do Sa.<br />

nilbac, délégué par le roi Ctarles VII pour présider<br />

l'ellC(uèto.Tous las conseillers sont successivement<br />

interrogés el leurs rÓponses sont l'ocueillies<br />

par quatre notuires roy<strong>au</strong>x. Le projot de démolition<br />

est adopté par 138 voix contre I.t. La délihération<br />

porte les sce<strong>au</strong>x du clr<strong>au</strong>culier du roi, du chancelier<br />

do l'évêque et du chancelier de la municipalité de<br />

Yiviers. Cet intéressant document est reproduit dans


ssf<br />

le manuscrit de l'abbé Dnracand, Notons que ce<br />

dernier (égaré sans doute' par la présence do In particulociui<br />

dans tous ces vieux actes indique non la<br />

noblesse, mois un simplo rapport du fomille) a la<br />

bonhomio de considérer les cent cinqullnte-deux<br />

noms du conseil suloriour <strong>com</strong>mo représentant cent<br />

cinquante-doux familles noblcs il part de là, en<br />

supposant naturellemonLune population bourgeoise<br />

et ouvrière be<strong>au</strong>coup plus consid6rablo, pour cntculer<br />

quoViviers avait à cette époque quinze mille<br />

habitants..<br />

Notons 011581<br />

quo le ohanoirio de Danne semble indiCJucr<br />

la démolition des f<strong>au</strong>bourgs doVivier.<strong>com</strong>mo<br />

ayant eu liou à la suito dola peste do t 3i8.A Vivicm,<br />

dit-il, « sa maliguit6fut si prodigleuso qu'elled~serta<br />

la ville et los f<strong>au</strong>bourgs, no laissant dedix personnes<br />

une. Ln deshopulation fut toile quo lesplus grandes<br />

parties de la villo furont inhabltéos, si bieu que les<br />

volours el m<strong>au</strong>vais gnrnernents y faisoiout leur l'()traite,<br />

faisant millo m<strong>au</strong>x tant en cesto ville do<br />

Viviers qu'ès onviron d'icelle et quo cela fusl c<strong>au</strong>so<br />

que par orrcsl do la cour souveraino do Tholose<br />

furout dCSl1Iolis.» Quelqu'un fait-il ici erreur do<br />

date, ou hiens'l1gil.iI dodoux fnits dislincls 2<br />

Ou irout, d'apI'ès ces trois actes, sulposerque l'admiuislrrrtion<br />

municipale à Viviers coriipt-criaittrois<br />

degrés, snvuir I~l'université cumprunnut l'univorsalilé<br />

des citoyens i2'le conseil stipéi-icur<strong>com</strong>prouanl


16-M<br />

les notables de la ville, dont nous voyons tous<br />

les noms citls dans l'a'cte do 409, et enfin ce'que<br />

nous appellerions <strong>au</strong>jourd'hui le conseil municipal,<br />

c'est-à-dire les quinze citoyens de Viviers qui figurent<br />

<strong>com</strong>me procureurs génér<strong>au</strong>x dans l'acte de<br />

1393 etqui étaient évidemment chargés de toutes<br />

les <strong>com</strong>munications avec, les <strong>au</strong>tres procureurs nommés<br />

hors de Viviers.<br />

Quoi qu'il en soit, l'université des hommes de<br />

Viviers savait <strong>au</strong>ssi bien que l'<strong>au</strong>tre université, faire<br />

respecter ses droits et privilèges. Témoin un antique<br />

usage qui s'est perpétué à Viviers jusqu'à la Révolution.<br />

Le jourde son entrée dans la métropole diocésaine,<br />

l'évêque nouvellement élu descendait de sa<br />

haquénée et jurait, devant les consuls de la ville et<br />

devant les chanoines, de respecter à ln fois les privilèges<br />

du chapitre et de l'université et les franchises<br />

municipales. Il en était de même <strong>au</strong> Bourg-St-Andéol.<br />

La ville de Viviers est, croyons-nous, la seule du<br />

Vivarais où la présence des Juifs soit signalée <strong>au</strong><br />

moyen-Age. Cela s'explique par sa qualité de capitale<br />

où le3 besoins d'argent et de <strong>com</strong>mcrce étaient plus<br />

accentués qu'ailleurs. Mais cela prouve <strong>au</strong>ssi que les<br />

évêques n'étaient pas <strong>au</strong>ssi intolérants qu'on pourraitsel'imaginer.<br />

Il parait même que l'un d'eux<br />

(Hu¡ues de la Tour d'Auvergne) devint susped à


263<br />

son clergé et h l'archevêque de Vienne par les trop<br />

grandes facilités qu'il accordait à ces mécréants- du,<br />

moins s'il f<strong>au</strong>t en juger par l'article suivant que<br />

cito l'abbé Daracand <strong>com</strong>me fi-murantdans la senleuco<br />

arbitrale do f 289<br />

« Nous statuons que les Juifs porteront sur leurs<br />

vêtements une grande croix ou une roue en étoffe<br />

rouge. Nous révoquons tous les privilèges à eux ac.'<br />

cordés par l'évêque. Nous défendons qu'il leur soit<br />

permis à l'avenir de bâtir de nouvelles synagoâues<br />

ou d'avoir d'<strong>au</strong>tres cimetières sans Je con sentement<br />

du chapitre. »<br />

Les Juifs avaient leurghetto<strong>au</strong> quartier de Niquet,<br />

où a étÓbâti depuis le séminaire. Ils ne pouvaient<br />

.venir dans le reste do la ville qu'à certaines heures<br />

et avec le costume indiqué ci-dessus. Ils avaient<br />

d'abord un cimetière spécial dans leur ghetto. Plus<br />

tard, on les obligea d'inhumer leurs morts <strong>au</strong> quartier<br />

de Lanjavoux. Le convoi devait passor devant<br />

l'hôpital do la Madeleine et l'<strong>au</strong>mônier avait le droit<br />

de dépouiller les morts des bijoux qu'on allait enterrer<br />

avec eux. L'abbé Baracand, à qui nous laissons<br />

la responsabilité de cette histoire, ajoute que<br />

les Juifs ne mirent plus alors dans les cercueils qu&<br />

des verres, co qui donna lieu à un singulier ~)l'ocès<br />

dont les pièces existeraient encore. Il ost fâcheux<br />

({u'on ne dise pas où on peut les trouver.


261<br />

Il y avait deux hôpit<strong>au</strong>x ou maladreries, l'un<br />

extra-muros, dit de Ste-1tIadeleine,adminislré par<br />

le cJe"rgé,et l'<strong>au</strong>tre dit de St-Saturnin, entretenu<br />

par la municipalitéet confiéàla confrérie de la Place<br />

(çonfratenia de platea). Celle association portait en-<br />

ÇOf(lle nom de confrérie de la Carnpana parce<br />

qu'ollo. avait une grosse cloche pour convoquer les<br />

réunion! et l'on appelait ses membres les Omni~ces<br />

(bons à (~I,ltfaire.) C'était une sorte d'acaddmio des<br />

Elle se chargeait de toute espèced'ouvrages,<br />

défrichait des terres, plantait des arbres, semait du<br />

blé" ~oi,ssonna.it,~en,d!mg~a.it, bâtissait des maisons,<br />

~eségli,5eset des cli8te<strong>au</strong>x, faisait même, dit-on, des<br />

e!;péditionsmilitaires. Chaque a,nnéo,ello élisait un<br />

abbé. Les cOtifrères "Î\'aient eu <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té <strong>au</strong><br />

quartior. de. lloutarguy, dans une gl'ando maison<br />

contiguë à une église oit ils faisaient les offices religieux.<br />

Cette <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té devint. très-ricbo et par<br />

suit,çle relichement s'y inh:o~luisit.L'abbé s'érigea.<br />

en gr<strong>au</strong>d seigneur. La.cloche sonna be<strong>au</strong>coup plus<br />

pour do bons £liners que pour le travail. Les confrè-,<br />

xes, ayant bien bu, faisaient du tapage et insultaiont.<br />

tout le moudo. Il semble qu'ils, avaient la spécialité<br />

d.cscharivaris dont les gens riches so ddUarrassaient<br />

a,~eQdel'argent. Il résulte d'un~ inscription trouvée<br />

par Flatigergues dans sa maispn, qui avait été ce1Jo


~6~<br />

de cette singulière confrérie, qu'en 31,0) noble Pons<br />

Balbi-Crillou ne put échapper à un charivari qu'en<br />

donnant à cette coiifrérie une somrnodo vingt-cinq<br />

livres. ~lnno ~Of)1t11i :IICCC.I,seeunclctclre nouembris,<br />

Pontius Balbi dedit con/'rate~·ia' de Platea llV<br />

librascle qrtibtts (uit contenta isla. ttuten. L'é\'êque<br />

Boétratid de Chalancon la supprimai mais ce ne fut<br />

pas sans peinc.<br />

!ifil<<br />

Une période brillanto pour l'évêché de Viviers fut<br />

celle du séjour de la pap<strong>au</strong>td -t Avignon.011vit alors<br />

douze cardin<strong>au</strong>x s'y sitecéder et on vit <strong>au</strong>ssi deux,<br />

papes et trois cardin<strong>au</strong>x choisis parmi les etiatiolties<br />

do Vi,viers. Il est vrai que les mutatiuns étaient fréquentes<br />

et cela lie fi lisaitpas la bonne administration<br />

du diocèse. ~Aumv' siècle, vingt-cinq évêques<br />

ont passé sur le siègo do Viviers. Il f<strong>au</strong>t<br />

arriver <strong>au</strong>x<br />

1)réfoisou <strong>au</strong>x minish'es do notre république pour<br />

retrouvoruna parcillo mobilité.<br />

t'armj ces évêques, il conviont d'en signaler quelclue.-uns,<br />

soit à c<strong>au</strong>se de 10111' propre méritc, soit à<br />

c<strong>au</strong>se des é\'ènemcnts <strong>au</strong>xquels ils so trouvent m~lbs.<br />

Rend da Viiiirs (lue l'abbé Baracand, nous ne<br />

savons trop sur clael foudetneut, dit ori~inaire de<br />

Tliucyls ou des cuvirons, op61'a du gr<strong>au</strong>cles réfol'Il1os.<br />

dans son clergé.. !j'est sous soit épiscopat que fut<br />

décidée la (111 (les clranoinos. Un


~ft6<br />

grand nombro do seigneurs du Vivarais lui front<br />

hommage do Jeurildomaines, co qui démontre l'in-<br />

Quencoprédominante qu'il oJ"er'iuitlIons le <strong>pays</strong>.<br />

L'dvquo Bertrand do élialbiicon (1305) imposa à<br />

son clergé do se faire la birbe chaque semaiuo ot<br />

créa quatre barbiors hebdomadiers,.qui dovaiont<br />

rasor 10chapitre à tour do rôle. On les payait aveo<br />

du sel. (t) Ce n'est pas là sans (]otite la 11rincipale<br />

des réformes qu'il effectua, mais c'est <strong>au</strong> moins la<br />

plus piquante.<br />

Lo roi Jean passaquolques jours Viviers en 13¡;<br />

Il assista à la procession de la Chnndeleur avec un<br />

gros cierge allumé, suivi do sa cour.<br />

Deux papos ont été chanoines do Viviers. L'un<br />

Pierre Rogel',de Be<strong>au</strong>fort (en Limousin), qui figuro<br />

parmi les chanoines do Viviers eu 1333, fut papo<br />

sous Jonom de Grégoire XI(t370). L'<strong>au</strong>tre, Jocardinal<br />

Colonna, monlasur Je trône pontifical en U17,<br />

sous Jo nom do ~Jartin V, et a'est un ancien é\'¡)quo<br />

de Viviers, 10cardinal de Drognr, qui contribua 10<br />

plus à son dlection. Jean Allarmet de Brognyest un<br />

des prélats les plus distingués qui aient occupé Jo<br />

siège do Viviers. Il avait <strong>com</strong>mencé par ôtro gar.<br />

dour de pource<strong>au</strong>x. Doux chartreux qui 10 rencontrèrent<br />

à Ambrollnier, près d'Annecy, furent fralrlrés<br />

doson intelligenco ot se chargorent de soitéducation.<br />

(t) 1IlaDueeril. de t'abbéDir3cand.


26'1<br />

En passant à Genève. ils lui achetèrent de. vêtenicitts,<br />

mais il manduait six deniers pour les sou-<br />

Hers, Quand mo les payera-t-ou dit le marclrand.<br />

QUltadjo serai cardinal répondit.le petit homme.<br />

Allarmot doviut d'abord priour de la Chartrouse do<br />

la Trinité à Dijon, puis confesseur du duo doIlourgogno<br />

qui oh 138310fil nommOl' évêquo do Viviers.<br />

Lopo poso l'nUaeha et lui donna pour coadjuteur on<br />

t386 OHvierde Poitiers. Jean de Brogny avait <strong>au</strong>ssi<br />

l'évêcM do Genèvoet l'archevêché d'Arles en <strong>com</strong>monde<br />

pour faire honneur à sa dignité de cardinal,<br />

Il aimait à so rappelel' son ancienne situation. Pour<br />

on perpétuer Je souvouir, il fit construiro dans la<br />

cathédrale de St-Piel'l'oil Genove, uno chapelle dans<br />

laquello il est repl'ésontÓ assis nu-pieds sous 10<br />

elidiied'Ambronnior, gardant des pource<strong>au</strong>x avec<br />

des souliers il côté de lui, en mémoire do l'incident<br />

do Geno\'o.<br />

Jean do Drogn)' ost célobre par ses trav<strong>au</strong>x on vuo<br />

do l'extinction du schisme d'Occidont et o'est lui qui<br />

pr-isi(la,<strong>au</strong> bénéficod'clgo, 10 Concile de Constance,<br />

qui, pal' la déposition du Jean XXIII et nenoÎt XIII,<br />

mit fin .1Uschisme, Il mournt on t 120, Soulavio a<br />

Inissé sur la vio de cot illustre personnagoune notico<br />

manuscrito quo l'on croyait perduo et duo nous<br />

avons retrouvée rdconuucut dans la bibliothèque du<br />

ministère des affaires dtr<strong>au</strong>gvres. (1)<br />

(t) N' 1621 (PF Languedoc 20~},


~88<br />

Pormi les coadjuteurs ou successours qu'eut<br />

Drogny à l'évèclié do Viviors, il fout<br />

Locanlinnl Flamliu, 10tiovoti, qui gotiverna seu.<br />

temont six mois l'Óv~chÓdo Viviers, mnis qui, clovonu<br />

prcllov~quod'Auch, rovounit fl'équomlllontdans son<br />

<strong>pays</strong> natal, et c'est dans une do ses visites il.Viviors,<br />

en ~39!),qu'il posa la premiol'o pierro du l'église de<br />

St-Lourout oit il voulut Oro inhumé et oit l'ou a,<br />

du~~sves del'niers temps, retrcllvé sa tomhej<br />

Lo cardinal d'AiIlr,<br />

Le cardinal do Livicr3,<br />

Sous l'6piscopat do ce dernier, ln villo do Viviers<br />

attrait été priso et saccngéo par les hanclcstlitcs des<br />

c.ompccgnons Elle fut ropriso on l ,i09.<br />

Un évènement caractéristique do l'époque marqua<br />

on 1118l'itlectioli doGuill<strong>au</strong>mo do Poitiers.11r avait<br />

naturellementnloi-s cOl11mo 'oujOlIl'CI'hui,des esprits<br />

inquiots et amhilil)\1x, A leur tète l~rillnit lits cortain<br />

lliei-rodo Barillet, anciou avocat à Touluuso ot<br />

doctcl1l' dol'UnivorsitÓdoParis, CJui,visllntlui-mèmo<br />

l'épiscopat, f1'ouvaitnaturellement fort nH1l1\'aisque<br />

10chalilra ctlt fnit choix d'un attire cluo lui. SOIIS<br />

sou inlluonco, leshnbitttnts se rÓvollèl'ontcontre l'é-<br />

Vèq110 etlo 1)arco que, clisaiunt-ils,10tloulllo<br />

n'étoit plus admis ilclunncr sa voix l)otlt- 1't)Jcclioll<br />

des 1)~istetirs. Il fullut recourir 1111 roi qui nt uccuyer<br />

la villo par un corhs do troules. Bnrillel n'en c~ontintin<br />

pas moiliS ses 1lll'lIér.set le peuple révolté une


~69<br />

seconde fois 10nomma Óvl\que.Cétto élection sehis-<br />

mntihuu ôul lieu dans l'~glisedo la llodoleino, Il y<br />

out un <strong>com</strong>yromis <strong>au</strong>x terities ducluulBarillet devait<br />

succéder à Guill<strong>au</strong>me. MaisGuill<strong>au</strong>mo étant mort on<br />

1454 les chanoines tllll1'cnt à sa place 10 prwot<br />

AI'chlmb<strong>au</strong>d.<br />

Ln populace ftirictist)onvahit le citdlu<strong>au</strong> et htstollà<br />

Barillet sur le siège 6pisco~al ~d<strong>au</strong>s la cathédralo.<br />

Arcblmh<strong>au</strong>d et lu chplritros'~taicnt onf!-lisil Doii'zùro.<br />

La cimso fut déférée <strong>au</strong> hapo (lui chsrr"ua l'év~quo<br />

do Ylllencodo fairu uuo enclublo.<br />

Celui-ci annula<br />

l'6lucliun 11' AI'chimb<strong>au</strong>del l'ou élut h sa plnco ~lio<br />

,le Pompadour, évù!)uod'AhJlh. Quant ou scbislrtali-<br />

quo llal'Îllot, 10 lrilmual do l'Inquisition l'envoyà<br />

dans les prisons do Toulousu, sa patt~le, où il 1110U'<br />

rut bieiitôt do chagrin.<br />

Clnmlodo TOUl'l1011qui monta sur la chairo do<br />

Viviorseu 1498Yfit de grandes choses, mais eut be<strong>au</strong>-<br />

coup à luUOI'avec son clOl'gtlet avec 10 cltnhilro,<br />

sous <strong>com</strong>ptel' les hal'ons dit Vivarais. Il consh'ulsit,<br />

à Donzère, un magnifiquoclulte<strong>au</strong> qui doviut sa résideuco<br />

habituolle,lIlm)s qu'il eut fait nommer son<br />

novou, Ctorlcs do Tournon, son condjuhml'xiViviers.<br />

Ciamlu i-eçtitFrançois 1" à DOllZèl'o qnanU co roi<br />

allait rupuussurl'inv;tsioa do Charles-Quint en 1)1'0vuncu.<br />

11 lrarnil qu'on avail accusé l'Gvbyuo aUtll'ès<br />

du roi do battre du la f<strong>au</strong>sso niotinaie. Aussi 10 toi<br />

lui dit: a Aloncuré (car il le nommail ainsi toujours)


270<br />

j'ai ouy dire que vous faites battl'e de monoye de f<strong>au</strong>x<br />

aloyet quo d'icelle vous payez vos massons et manŒuvres,<br />

n'estanl pas moyens qu'avec si peu de<br />

revenu vous ayez les besoins de fafre tant et de si<br />

be<strong>au</strong>x bastiments. )J«Pour lors leditseignelll'é\'esque<br />

réponditqu'on l'avait accusé f<strong>au</strong>ssement et que s'il<br />

plaisoit à Sa Majesté d'avoyr patieuce, il lui feroit<br />

voir avant que sortir de DOllzère que son ménage et<br />

son économie lui fournissoyenl assez de moyens nOIl<br />

pas tant seulement de fayre de semblables édifices il<br />

ceux qu'il avaitdéjà faits, mais encore de plus magnifiques.<br />

Le Roy fut curieux de Jo voyr. Ledit seignenr<br />

lu), montra son vignoblo qui tenoit un gr<strong>au</strong>d<br />

<strong>pays</strong>, très-grande quantité de troupes 110moutons,<br />

brebis, ehèvres, bœufs, vaches et d'<strong>au</strong>tres denrées,<br />

ce qui fut c<strong>au</strong>se que le Roy l'en estima davantage et<br />

blasma grandement ses ennemis, (1)<br />

rr<strong>au</strong>çois 1" voulut aller à Viviers où il fut reçu magnifiquemont,<br />

mais il remarqua <strong>au</strong> fronton de la catladralo<br />

et ailleurs les armes imp6riules qu'on avait<br />

négligé de dél1'uÎl'e, et Hlil operol' cette destl'lletion<br />

sous ses veux. JI acheta à l'évèque ChMenulloufqu'il<br />

fit fortifiel'. En 1)~it-taiit, il dit à Cl<strong>au</strong>de de Touruon<br />

CIAdieu, on m'avait dit du mal de vous j'avais tOl't<br />

de Jo croire. Vous ètes un bon abbé, Puissent vous<br />

ressembler tous ceux do mon roy<strong>au</strong>me. I'riez pour<br />

le succès de mes armes. 1)<br />

(1) Mémoire.du chanoinede Banne.


2ïl<br />

Outre le châte<strong>au</strong>. de Donzère, Cl<strong>au</strong>do do Tournon<br />

avait fait bâtir 10châte<strong>au</strong> du Bousquet (près do St-<br />

Just), partie de la maison épiscopalo du Bourg-St-<br />

Andéol et partie du châte<strong>au</strong> de Largentière' laissé<br />

inachevé par son prédécesseur. Jean do Montchenu.<br />

Il parait que'ce dernier <strong>au</strong>rait été pris par les 1)irites<br />

en allant à Naples et qu'il resta sepl ans en Afrique.<br />

Il fut racheté finalement par les religieux de la<br />

Merci, mais, le croyant mort, on avait élu à sa place<br />

Cl<strong>au</strong>de de Tournon.<br />

En HS53,Simon do ltailld se présenta à Viviers<br />

avec le titre d'évilque que lui avait conféré Henri n.<br />

On le soumit, parsuito, encore plus l'igoureusement<br />

que tout <strong>au</strong>tre <strong>au</strong>x formalités imposées à tout prélat<br />

nouve<strong>au</strong> venant occuper sa métropole diocésaine. Il<br />

dut, <strong>com</strong>me ses prédécesseurs, descendro de sa haquenéo<br />

avant do franchir les portes do la ville, et<br />

jurordovnnt les consuls, les chanoines et les membres<br />

de l'Université, do respecter les immunités de l'Eglise<br />

do Viviers, les privilèges du chapitre et les franchises<br />

municipales. Il fut oncoro obligé do jurer qu'il ne<br />

tenaiLson <strong>au</strong>torité spirituelle quedu pape et la temporelle<br />

do personne, pas môme du roi du France, et<br />

qu'il uodevait en rendre <strong>com</strong>pte qu'à Dieu seul (1),<br />

Simon jura do m<strong>au</strong>vaise grâce el noresta à Viviers<br />

qu'une année..<br />

(t) Manuscrits det'abbéBaracand,


XII<br />

VIVIERS DEPUIS LES GUERRES IIELIGIEVSES<br />

AlberiNoé. Lesfeu~de joiafaitsuee lesarcliires, Ptofanatioit<br />

des adarres. La surprisede lIa,dan, Fait.et<br />

£e6lttdesfinsuenotswnsl'accup3tion daGu~dit linon, Jean<br />

do1'116101.1.*épisco1lie'.oui..10 Susc. l're.laliol1..Ia<br />

serment.Doitc3nceli'un elnouigueursur I~ maU,eurde.<br />

temps. '¡Ihasa ticla ligeue. Requétedvsdlôlnoinu<br />

conlrel'étèqtie. Les,UC(.t'UCUfI dc Louisdo Suso.-la<br />

tantlalisme ellesmalrarôl.lr. r6folutionnairet,Unmandement<br />

61'[100(111. 1.0.émÍD3ire.<br />

Nous voici Il In période orageuso do ln Réfortile.<br />

Viviers est la 'illo du 1'ivnrais tlui a été 10 plus<br />

souvent prise, rolirise, iiilléo, siceigéo et Im\1Ih' (lnilvs<br />

uns ou par les attires, 1HU' les Wisigolhs, les Sili'rasins,<br />

los ~lltigeuis, Iert pnstuure<strong>au</strong>:


i73<br />

l'ombre pour éolater en fl6j. Le mouvement <strong>com</strong>mença<br />

à Annonay, et se propagea bientôt dans le<br />

Bos-Vivarais.<br />

A Viviers, 10 chef des huguenots fut le fameux<br />

Albert Noé, sieur de St-Alban. Ce digne lieutenant<br />

du baron des Adrets se rendit maUre une première<br />

fois ent88~ de la ville et du châte<strong>au</strong>. On appelait<br />

ChAte<strong>au</strong> ou même Chéte<strong>au</strong>-Vieux (coslrum t~elutJ, A<br />

Vivien, par opposition à ChAte<strong>au</strong>-Neuf,situé de<br />

l'outre côté du Rhône, la plateforaie du rocher de<br />

Viviers. contonanlla cathédrale el un certain nombro<br />

do maisons particulières, qui était séparée de la<br />

ville par une enccinte de remparts et où l'on ne<br />

péntStraitque par deux portes qùi existonl encore<br />

l'une dite de Gouache ou du Guet, du r.Atéde la<br />

ville, et l'<strong>au</strong>tre située <strong>au</strong> levant. Albert Noé, mattre<br />

du ehAte<strong>au</strong>, arrêta les chanoines, saccagoala catM.<br />

drale, l'tSvéobéet 1e.9maisons des ecclé~iastiques,<br />

ùr~la les reliques, les titres et les papiers d'église et<br />

pilla 10trésor ot les vases sacrés.<br />

Les catholiques rentrèrent peu après à Viviers. Ils<br />

y Curentassiégés,en octobre f567, par les protestants<br />

sous les ordres do M. de Barjac. Albert Noé<br />

revint cette même année, pilla el brQlnles maisons<br />

des chanoines avec la bibliothèque et les archives.<br />

Comme on avait caché à lion approche l'argenterie<br />

dos églises, il fit mettre à la torture plusieurs oba-<br />

Daineset les obligeaà révéler la cachette. Il se saisit<br />

la


271<br />

ainsi de l'argenterie qui remplissait quatre corbeilles<br />

è't en fit faire des testons.<br />

Le chanoine de Banne rapporte que lesprotestants<br />

« tirent trois feux de joie des documents de l'Eglise,<br />

l'un dans l'évéch~, l'<strong>au</strong>tre à la plaine appelée de<br />

Mirabel, par devant les caves du chapitre, dans le<br />

~ch9tenu, et le troisième à la place de Viviers, où ils<br />

brt\lèrent avec quantité de documents presque tous<br />

iès livres. de la bibJiothèque du chapitre qu'estoit<br />

très-bolle. Le Cfiarla Vettcset les livres de cheour y<br />

furent brOlés, »<br />

Dans un <strong>au</strong>tre endroit, de Banne ajoute<br />

« Toutefois, la plupart des papiers furent s<strong>au</strong>vés<br />

parce qu'il y avoit quantité de lettres de notaires<br />

'qu'avoient esténos secrét(\ires. qui faisoient besoin à<br />

tous les habitants; ce qui occasionna certains hu-<br />

guenots de les garder pour les revendre à ceux qu'on<br />

avaient besoin et, les faisant porter hors de cette<br />

ville, de bonne fortune, se rencontrèrent quelques<br />

chanoines à la campngne qui s'on ostoiout onfuis,<br />

,qui les ostèrent à ceux qui les cinportoient. Lo sieur<br />

Castillon en s<strong>au</strong>va <strong>au</strong>ssi quelque partie qu'il cacha<br />

dans sa maison qui est sous le clocher à costé des<br />

grands degrés. »<br />

1 Entre<strong>au</strong>tres profanations, les protestants violèrent<br />

le tombe<strong>au</strong> de l'évêque Cl<strong>au</strong>de do Tournon.,Ils se<br />

saisirent de son corps, qui avoit été soigneusement<br />

emb<strong>au</strong>mé, et le tralnèrent sur les places du cMte<strong>au</strong>


275<br />

avec une corde <strong>au</strong> cou. Qu<strong>au</strong>d la bande de s<strong>au</strong>vages,<br />

s'arl'êtait, on écartait les mains du mort qui étaient<br />

jointes et, <strong>com</strong>rn'aelles tendaient à se rejoindre par<br />

l'effet du pli qu'avait pris la corps, ces misêrab,les<br />

riaient endisnnt dans leur langage<br />

i'éjd, véjo, qué /'aï sanctus I<br />

Le 17 mai M8, Viviersse rendit <strong>au</strong> roi, malgré<br />

Albert Noé qui tomba antro les mains. des troupes<br />

catholiques. Ce ma1l1l1ureuxse faisait.tant d'illusions<br />

sur son importance qu'il so-Iaissaprendre <strong>com</strong>me un<br />

iinbècile, avec tous ses <strong>com</strong>plices, malgré les avertissements<br />

qu'ilavait reçus. On le mit sur un bate<strong>au</strong><br />

sous lit garde du ch<strong>au</strong>oiuo Perrinet Des<strong>au</strong>bors et du<br />

chorier Gahriel do Donne (roncJo du chroniqueur),<br />

pour Jo conduire à Toulouse. Quand le baleko passa<br />

devant Roquom<strong>au</strong>ro do Lors, la dame du châte<strong>au</strong>,<br />

qui connaissait de Banne, lui oB'rit cinq cents .deus<br />

d'or pour qu'il lr.issM échapper St-Alban, mais le,<br />

chorier refusa. Lo Parlement do Toulouse condamna<br />

St-Alban à mort at le fit décapiter Je 28août, <strong>com</strong>me<br />

concussionnaire, sacrilège et rebelle, en m~mo temps<br />

quo Louis et Guili<strong>au</strong>me de 3fontr<strong>au</strong>x et Jean Ducros,<br />

sus otliricrs et cllmplicl's. 1.0 inènie arrÕt fixa à<br />

soixAnte mille livres les dommages dus <strong>au</strong> chapitre<br />

de la cathédrale do Viviers.<br />

Albert Noé avait fait construiro à Vivier3 une<br />

maison, vrai bijou de la Renaissance, quo \'ont admircr<br />

tous les amatcursd'antiquités. La èaçade,enrichi.


216<br />

de sculptures, coQta, dit-on, à elle seule, quatorle<br />

années de travail.<br />

Après la mort de St-Alb<strong>au</strong>, sa sœur, femme de<br />

noble Mathieu de Be<strong>au</strong>lieu, demanda la restitution<br />

de ses biens. Un arrêt du Parlement de Toulouse lui<br />

donna gain de c<strong>au</strong>se, mais les chanoines firent casser<br />

cet arrêt. « Tant y a que la plus grande et la<br />

principale partie des bieus de St-Alban se perdit on<br />

ne sait <strong>com</strong>ment, ne'Qù ils passèrent, ses héritiers à<br />

Viviers e'n ayant eu si peu qu'il leur a servi 'plutOt<br />

d'empêchement et de perte que de profit. Après la<br />

mort dudit St-Alban, les habitants de Viviers qui<br />

s'estoient faits hérétiques luthériens pour la considération<br />

de l'appui dudit sieur de St-Alban et<br />

plutost pour le profit du pillage du châte<strong>au</strong> et de<br />

l'église, sè remirent peu après <strong>au</strong> giron de l'Eglise<br />

qu'ils avoient abandonnée, les uns par crainte que<br />

ma fleur en arrivât, les <strong>au</strong>tres de bonne foy, inspirés<br />

par le St-Esprit, et les <strong>au</strong>tre!J par feyntise,' <strong>com</strong>me<br />

ils lé témoignèrent par leurs actions et m<strong>au</strong>vais<br />

offices qu'ils rendirent à l'Egliso j ce que je tais pour<br />

l'amour de ceux qui sont descendus de ces gens là<br />

qui, à le vérité, sont per-goùnes pieuses .et d'une<br />

éminento probité. Il ne s'en f<strong>au</strong>t pas estonner puisque<br />

les plus belles fleurs sortent des terres fumées<br />

des plus sales fumiers et charognes, et les roses des<br />

espines piquantes. Il


!71<br />

La St-Barthélemy ayant rallumé la guerre civile,<br />

les-protestants occupèrent de nouve<strong>au</strong> Viviers. 1<br />

Au mois de février 576, malgré l'accord signé,par<br />

les chefs des deux partis à la Borie de Balazuc, un<br />

aventurier calviniste nommé Gaydan, pénétrà par<br />

surprise dans le châte<strong>au</strong>, grâce à la trahison d'un<br />

prétre, natif de St-Remèze,qui avait été pendant<br />

dix-neuf ans receveur du chapitre et qui était<br />

furieux qu'on lui eÕÍ donné nn succosseur. Gaydan<br />

enferma tous les chanoines dans une cave,<br />

et essaya eusuite mais vainement, de pénétrer<br />

dans la ville où les habitants, qui s'y étaient<br />

barricadés, lui opposèrent une vive résistance.<br />

Gaydan, blessé grièvement <strong>au</strong> bras par un mortier<br />

d'airain, qu'une fémme jeta sur lui d'une fenétre,<br />

dut rentrer dans 10châte<strong>au</strong> avec les siens. Les protestants<br />

blâmèrent eux-mêmes ce manquement à la<br />

foi jurée et s'unirent <strong>au</strong>x catholiques pour' déloger<br />

Gaydan, qui persistait à garder le châtoàu. Celui-ci<br />

reconnut cependant à la fin l'impossibilité de résister<br />

et péda la place, mais en omporlant son butin; les<br />

-chanoines purent alors se~loment sortir de la cave<br />

où ils étaient restés, pendant trois jours, sans boh'e<br />

ni manger.<br />

Viviers fut encore occupé cette môme année, par<br />

un capitaine protestant nommé Gui, dit Baron, de


!18<br />

Vi1leneuve-de-Berg, qui lit fortifier le cbàte<strong>au</strong>,<br />

expulsa les chanoines et les notables catholiques et<br />

quitta Jui-même la ville, le 10juin t577, apks l'avoir<br />

dévastée.<br />

C'est à cette occupation que se r~ppol'tentles faits<br />

suivants rapportés par Jacques de Banne<br />

« Les huguenots viennent tirer coups d'arquebuse<br />

dans l'église<br />

d<br />

tandis, que les chanoines disent<br />

leùrs offices.Unjour, lorsqu'el'on chantoit vespres, ils<br />

entrèrent dans ladite chapelle de St-Jean avec grand<br />

bruit, tirèrent des arquebusades et deux de ces pendards<br />

montèrent sur le grand <strong>au</strong>tel et deux. <strong>au</strong>tres<br />

sur deux <strong>au</strong>tres <strong>au</strong>telsqui y avoit lors <strong>au</strong>x.costés do<br />

ladite chapelle, et ces sales ou plustôt diables, vidèrent<br />

leur vilain ventre sur ces <strong>au</strong>tels sacrés. Les<br />

p<strong>au</strong>vres chanoines et officiers, voyant cet acto si<br />

~trange se confessèreut promptement les uns <strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong>tres, croyant qu'on les tuerait, mais les canailles<br />

s'en sortirent avec des ris et deshuéosétl'OlIgcs..Les<br />

sieurs du chapitre se résolurent do s'en aller le plus<br />

tost qu'ils pourroient les uns après les <strong>au</strong>tres. co<br />

qu'ils firent, et 10cMte<strong>au</strong> doméura sans ccc1ésiasliques.<br />

»<br />

L'oncle do notre chroniqueur reçut pendant celto<br />

même période une grave blessure dont il tic gu6rit<br />

que par miracle, « Un soldat insulto Gabriel de<br />

Banne, maltro do chœur, qui cherche à se saisir do<br />

sa hallebarde. C'est alors que le soldat lui donno Ull


27b<br />

coup de poigriard <strong>au</strong> costé g<strong>au</strong>che, <strong>au</strong>. déf<strong>au</strong>t des<br />

costes, deiaquelle blessure, parco qu'eIJo était fort<br />

gr<strong>au</strong>de, ses enirailles sortirent et tombèrent à terre.<br />

Ledit blessé eut le courage de les relever et mettre<br />

dans les basques de son saye, les portant depuis le.<br />

carré de la maison de la maÎll'ise jusqu'<strong>au</strong> devant,<br />

de la précempterie oit il frapp1 le mieux.qu'il put.:<br />

On vint ouvrir, ceux qui le virent ainsi blessé, se<br />

mirent à crierà l'aide. Le mineur prébendier nommé<br />

Redoti sortit de sa maison, le pl'iLsoubs le bras et le<br />

porta dans sa maison où un excellent chirurgien"<br />

appelé rnattre Mal'lin Lot, lui lava ses ll'ipes avec du<br />

vin blanc, 'ot les lui remit dans son ventro le gros<br />

boy<strong>au</strong> estait offensé, <strong>au</strong>quel tallut donner, quinze<br />

points d'aiguille i tantil y a que ledit sieur Debano<br />

guérit de ceCurieuxcoup et vesquit après longues années.<br />

Il<br />

En 1578,les protestants occupèrent encore Viviers,<br />

mais ce tut la dernière foa.<br />

En t580, toute la jeunesso de Viviers alla se faire<br />

surprendre et égorger par les bl1guÓnotsà la desconte<br />

do Supine, près de Villeneuve-de-Berg.<br />

Pendant toute cette période violonte, losiège épiscopal<br />

de Viviers avait eu pour titulaires trois ou.<br />

qaatro évêques qui, la plupart, restèrent en Italie ou<br />

à Avigtion.<br />

En 157~,le <strong>com</strong>to do Suse, qui s'était distingué<br />

par son zèle et son énergie à soutenir 10 c<strong>au</strong>se


!80<br />

catholique, fitd.onner l'évêcMde Viviers à un de ses<br />

parents, Pierre d'Urre, qui mourut <strong>au</strong> boùt d'un an.<br />

Il fit alors nommer Jean de l'Hôtel, précepteur de<br />

ses enfants, afin que celui-ci gardât t'évêché jusqu'à<br />

ce que son fils putné ftU d'Age pour en être<br />

pourvu, et pour plus de sflreté il retint le nouvel<br />

hêque prisbnnier <strong>au</strong> cbâte<strong>au</strong> de Suse. Celui-ci<br />

resta lAonze ou douze ans et ne parvint à~s'échap.<br />

oer qu" la mort du <strong>com</strong>te de Suse survenue le 16<br />

aoQt 4587après la défaite des catholiques à Montélimar.<br />

J) arriva à Viviers J'année suivante, prêta les<br />

serments d'usage, et fut inst.allé sur 10siège épiscopal<br />

qu'il occupa jusqu'en 1624. Jean de l'HOtel mourut<br />

<strong>au</strong> Bourg-St-Andéolà l'âge de 91 ans, ét eut pour<br />

successeur Louisde Suse, qui occupa \0 siège épiscopal<br />

encore plus longtemps, c'est-à-dire de 1621 à<br />

1690.<br />

T.oP. CoJombilqui a écrit l'histoirt3 des évêques<br />

de Viviers sur l'invitation de Louis de Suse, fait de<br />

ce pr~l!lt un tablp.<strong>au</strong>des plus flatteurs, II l'a connu,<br />

dit-U, dans la poussière du collège, et les qualités<br />

qu'il montrait alors n'ont fait que s'or,orottro avoo<br />

1~8Dnées, « II est pieux sans être morose, grave<br />

sans. être sévère,(acile sans êtro léger, il captive tous<br />

ceux qui l'approclumt. »<br />

En présence de ces éloges, où l'affection personnelle<br />

semble avoir un peu trop de part, il convi~nt


281<br />

designaler Je silence du chanoine Jacques de Banne,<br />

qui parle sansdoute avec respectde son a seigneur<br />

évesque » mais semble loIn d'éprouver pour lui<br />

l'enthousiasme du P. Colombi.<br />

Dans tous les cas, Louisde Suse est un type à part<br />

qui pourraitfaire l'objet d'une curiousomonographie.<br />

Issu d'uno ancienne ramille noble, où toutes les traditions<br />

étaient militaires, il était évidemment mieux<br />

fait pour <strong>com</strong>mander une armée que pour diriger<br />

un diocèse.<br />

Louis de Suse"n'était âgé que de dix-sept ans et il<br />

n'avait <strong>au</strong>cun oniro sacré, quand mourut Jean do<br />

l'Hôtel qui, néanmoins, pour acquitter sa dette de<br />

reconnalssanco envers la ramille de Suse, l'avait fait<br />

nommer son coadjuteur. a C'est, dit de Banne, un<br />

privllègo du St-Siègosans exemple j'ay vou toutes<br />

les procedures do cette affaire où jo renvoye les<br />

curieux. »<br />

Le nouvel évéque fit <strong>au</strong>ssitôt,o'est-à-dire dès le<br />

mois d'avril t61' « sa jo)'euseontrée»dans sa bonne<br />

ville épiscopale. DeDonne rapporte longuomeut les<br />

détails do la cérémonie dont nous devons, à c<strong>au</strong>se<br />

do la sulie des évènemonts, reproduire le passago<br />

suivant<br />

a Le Provost do nostro Egliso lui fit une harangue<br />

on lui témoignant l'honneur et 10 couloutemont que<br />

Mcssieurs du chapitro rcccp\'oient do l'avoir pour<br />

évesque, mais qu'ils 10 5upplio)'cnt tres humblement


282<br />

d'observe les coustumes do l'Egliso confirmées par<br />

arresls des souveraines cours des Parlements de<br />

Paris el Tholoso, <strong>au</strong>thorisées et cunfirm~es par bullo<br />

de Nol1'eS. P. 10 Popo, avec cognoissanco do c<strong>au</strong>se<br />

et que mesdits sieurs dit clnrlritro et uui\'ersitÓ 10<br />

supplioient h'es humblement de les aymor el pro'h!er.<br />

MessireLoys François do Suso jura sur les<br />

saincts ~wangilcs du Dieu, il lui par, ledit<br />

seigncur (tvesquo du St-Pol, cl'ubserver inviolablom<strong>au</strong>l<br />

les <strong>com</strong>positions 1)~is~zé(,,s onl1'oles sei,,iiotirs<br />

évesquos sesclevanciers et le chapitre, confirma les<br />

privilegcs avec tlo lres grondes pl'otestations qu'il<br />

fit devant [ont 10momlode nous 1I~'mel'el prutcsâer<br />

en toutes occosions. l'uur lors on ouvrit la yamlo<br />

porte do J\\gliso. n<br />

Le sacre out lieu ait llourq.St-Andéol le 15décem-<br />

lrro 1628. Louis de Stisodut alors serment<br />

nouve<strong>au</strong> (levant la Iorte tic l'églisu qui était fermée.<br />

« On 1I\'lIitmis là une table couvcrte cl'un tapis avec<br />

uno eliiie sur lacluelloil s'nssit et mcssicurs dit chapitro<br />

tlo l'<strong>au</strong>tre costé. L'évèque su lovllnl duhout mit<br />

uno do ses mainssur sa poitriue et l'<strong>au</strong>tro sur l'Evangile,<br />

juranl d'ohsel'voI'les <strong>com</strong>positions,<br />

h'ons£lctiouset accords iulorvenus, et do<br />

surplus il dit<br />

Je jrrre, à /'oy da gentithontrne, ~Iavous protéger et<br />

voussaruir uupéril cta mas Giens,de ma vie et tlrJ<br />

1/1011honrtem·, a Cv sont, continuo du Battue$ les<br />

de


283<br />

paroles desquelles il usa, lesquelles jouys fort bien,<br />

estant fort proche de sa chaire, »<br />

Lo nouvel évôquo avait déployé, dans cette même<br />

annéo, une tr~sgwncle activité, à l'occasion des derniers<br />

troubles religieux du <strong>pays</strong>, et o'est proboblemont<br />

n son énergique attitado que Viviers dut de tie<br />

pas être aUaqué par les protestants,11résulte, eu effet,<br />

des <strong>com</strong>ptes-rendusdes Etats du Vivl1rnis.quo Louis<br />

do Suse, de concert avec ses deux frères (10cOll1tode<br />

Roctefort et le chevalier de Suselot Io Iwron do Bou-<br />

zols, réunit hon uomhre do gentilshommes pour<br />

<strong>com</strong>battre 10 duc do nohl1l1,qU'II eondtiisisit cinq<br />

cents hommes à "illcneuve-de-Berg 10 28 mars 1628<br />

et qu'il assista à la prise du Pradel, du Pouzin, do<br />

illirnbel el do Vals.<br />

Le nouvel évêque présida, en cette mômo année,<br />

les Ettils du Vivarais qu'il avait convoqués ù Viviers<br />

Cilsa qualité de baron do tOl\1'<strong>com</strong>mo seilçnecirde<br />

Lnrgenticre. La réunion fut des piliS brillnn(e3.<br />

Un gr<strong>au</strong>d nombro do seigneurs, et nolammellt, les<br />

-%titresbl1rons do tour, y vinrent. L'évêquo. les<br />

régalu ucngni(iqvomeut. (1Il y avoit \lno bande do'<br />

cumédiens <strong>com</strong>poséo Ru douze Oll Quinzo aeteurs<br />

prll'faitc1\1entbons qui jouoienl des violcs et chanloieut<br />

eu musique Ôtous les actes, ce qui estoit tres<br />

ogreablo, u<br />

Eu (~36, Viviers eut 11subir \lne visite d'un<br />

uouve<strong>au</strong> "0111'0,Des Irgions do rats s'ahaltirent sur


'8~<br />

tout!' la oampagno et mangèrent les<br />

trois quarts des récoltes. Pour les chasser, on fit des<br />

prières pendant trois jours dans les trois églisoset<br />

les champs furent purifiés à l'e<strong>au</strong> bénite.<br />

Mais on n'avait pas alors seulement à faire <strong>au</strong>x<br />

rats,.témoin cette phrase de de Banne, à la date<br />

d'aot\t ~638:«Il n'y a que misère en ce temps, confusion<br />

en l'esprit des hommes. Bon Dieu assisteznous,<br />

s'il vous plaist 1 En ce temps les gens se mangent<br />

}funl'<strong>au</strong>tre 1JI<br />

Ce bon chanoine 1. <strong>com</strong>me s'il n'en était pas<br />

ainsi depuis le <strong>com</strong>mencement du monde.<br />

Ecoutons encore cependant ses doléances. Elles<br />

jettent un triste j\?ur sur l'époquo où il écrivait. Ce<br />

qui suit se rapporte toujours à ]'annéeI638:<br />

a Estant donc las pour le moment de lire.ces vieux<br />

documents, il f<strong>au</strong>t que je parle du temps présent,<br />

afin que ceux qui lisent ces lliémoires à l'advenir<br />

prennent patience en leur misèro s'il leur en arrive,<br />

puisque nous en sommes si chargés que la<br />

plupart de ce roy<strong>au</strong>me sont vagabonds ou fainéants<br />

à c<strong>au</strong>se des foules ou du passage des gens do guerre,<br />

lesquels, quoique de mesme patrie, do mesme parti,<br />

de mesme religion, sont si cruels et si inhumains,<br />

que Je Turc, quoique infidèle, ne feroit pas tant do<br />

méchancetès s'il entroit à main armée et victorieux<br />

dedans ce roy<strong>au</strong>me, Dieu nous en préserve, quoique<br />

11!)!JMisères soient si gi-andesque si cela arrivoit,


i85<br />

car nous avons la liberté de professer la religion<br />

apostolique et romaine. Sans cette consolation, il<br />

v<strong>au</strong>droit <strong>au</strong>tant estrc parmi les antropophages. Dieu<br />

nous donne la paix par sa sainte miséricorde et fasse<br />

vivre les princes chrétieus en union et concorde.<br />

Tous les estats de ce roy<strong>au</strong>me sont corrompus ile<br />

vol, le larcin, les tromperies, les meurtres, sont<br />

venus <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t po int de leur exattati


286<br />

vieillard ayant les oreilles <strong>au</strong>ssi grandes et estendues<br />

que celles d'un asno, les yeux <strong>au</strong>ssi grosqu'un b<strong>au</strong>f,<br />

et bien ouverts, la bouche close et encadena!\sée, Au<br />

dessus de l'image estoil escript en gros caractères:<br />

La sagesse de ce temps. Les sages de celui-ci, f<strong>au</strong>t<br />

<strong>au</strong>ssi qu'ils fassent ainsi tout OU.il', tout voir et rien<br />

dire. Frons àp2rla, rneas cl<strong>au</strong>sa, lillgua parca, nulli<br />

~dere. En quels temps sommes-nous vouus, qu'il<br />

faille observer ce précepte 1»<br />

On voudra bien nous pardonner ces citations, vu<br />

l'analogie des temps. JI est vrai que les gens de<br />

guerre sont be<strong>au</strong>coup mieux disciplinés,qu'<strong>au</strong>trefois,<br />

mais quant à la corruption, <strong>au</strong>x larcins, <strong>au</strong>x trom-<br />

peries, à tout ce qui caraclsrise la bttise et la mitchanceté<br />

humaines, sans oublier les hommes qui se<br />

mariâent les uns les <strong>au</strong>tres, on conviendra que notre<br />

temps ressemble furieusement à celui du bon chanoine.<br />

Suivons donc son conseil, et prenons patience<br />

en nos misères, puisqu'il parait qu'il en a toujours<br />

été ainsi el qu'on petit, sans t~mérité, prévoir qu'il<br />

en sera toujours à lieu près do même, Après lotit,<br />

il y n bien un certain progrès, 1)tiisqti*ntt lieu de<br />

massacrer <strong>com</strong>mo <strong>au</strong>trefois les gens qui pensent différemmcllt,<br />

on se contcnte de les brrller à petit feu<br />

par des dénonciations, des destitutions, des actes<br />

d'arbitraire<br />

tracasseries.<br />

adminislralif, et toutes sorles do petites


287<br />

Revcnons à Louis de Suso. On a vu, dans un <strong>au</strong>tre<br />

chapitre, ses tentatives pour accaparer la présidence<br />

des Etats du Vivarais et la résistance victorieuse que<br />

lui opposèrent les barons, Il pal'Ott que ses rapports<br />

avec les chanoines ne furenl pas toujours empreintsde<br />

la plus parfaite cordialité, <strong>au</strong> moins s'il foui en juger<br />

par une rcquêtc du chapitre et de l'université <strong>au</strong><br />

Parlement de Toulouse, qui se trouve <strong>au</strong>x Archives<br />

du département de l'Ardèche. Dans cetté pièce, qui<br />

est datée d'aoQt 1655, les chanoines exposent que,'<br />

« quoiqÚe ne s'eslant jamnis despartis du respect<br />

que des ecclésiastiques doibvenl à leur évesque et<br />

qu'ils ayent défendu uniquement par les voies de la<br />

justice leurs oxemptions, privilèges et biens de<br />

l'Eglise, ils ont encouru depuis longtemps l'indignation<br />

de l'évesquo sans avoir pu, malgré leur soumi¡;sion,<br />

en faire cesser les effets. n<br />

Ils sont a continuellemont inquiétés par des procès<br />

criminels et des décrets injurieux el tortionnaires<br />

qui les divertissent des offices et rendent souvent<br />

l'église ddserle, eslant certain qu'en l'an 1653, sur<br />

les informations que 10sieur évesqur fil faire d'<strong>au</strong>thorité<br />

do la cotir, soubs 10 nom de Symil1n, son<br />

vicairo général, il obtint deuxdécrets d'ajournement<br />

personnel, en date des 18 et 23 apyrill65:J, contre<br />

huicl chanoines qui furent obligés do quitter leur


it$8<br />

église pour obéir <strong>au</strong>x arr~ts de la cour, laqûelle,<br />

ayant cogneu leur innocence,les mist hors do c<strong>au</strong>se.<br />

CIEt depuis, ayant ledit sieur évesque faict donner<br />

information contre tous les chanoines dont il fit<br />

rechercher la vie depuis trente ans, 11obtint décret<br />

contre quatre, du 28 juin 4653, qui ont <strong>au</strong>ssi esté<br />

relaxés.<br />

CILe juillet, <strong>au</strong>tre décret contre neuf chanoines<br />

ou officiers tous lesquels la cour a veu à ses pieds<br />

réclamer la. protection de la justice. Nouve<strong>au</strong>x<br />

décrets en 1651 et 1655 l'évesque ayant pris la<br />

c<strong>au</strong>se pour son juge et pour des subjects frivoles,<br />

outre los persécutions que les chanoines souffrent<br />

de la part des officiers temporels et spirituels du<br />

sieur éve3que qui se fout contro leurs libertés,<br />

s'est3nt souvent vous assiégéspardesgens estrangors<br />

et Incognusjusques dans l'église et pendant les divins<br />

ornces. Lorsqu'ils ont esté rendre leurs devoirs <strong>au</strong><br />

sieur évesque dans son palais épiscopal, <strong>au</strong> Bourg-<br />

St-Andéol, ce qui a esté mesme exécuté le 3' novem.<br />

bre dernier, lorsque Jo chapitre feust reçu andict<br />

palais, revêtus de leurs surplis, bonnets carrés et<br />

<strong>au</strong>musses, où souvent le sieur évesque s'est emporté<br />

à des injures tr9s qualifiées. jusques à avoir donné<br />

un soumet <strong>au</strong> sieur archiprubtre, une des plus considérables<br />

dignités du chapitre, et arraché les cheveux<br />

à doux chanoines, lorsqu'ils furent lui demander<br />

des ordres sacrés.


289<br />

« Au mois de mars dernier, il faict enfoncer les<br />

granges du chapitre. A peine si les chanoines osent<br />

sortir do leurs maisons pour aller à l'office divin, à<br />

c<strong>au</strong>se des entreprises qu'on raict sotines.<br />

contre leurs lier-<br />

KLe dernier Illnr. a faict assigner dans ~a maison<br />

épiscopale 11°Jacque: )Iel'co)'rol, ctanuinu précempteur<br />

et syndic, jeatir assister à la raction de quelques<br />

c°xtrails. où il s~,seroit tenu avec JI' Guill<strong>au</strong>me<br />

Crouzel, chanoine, et ayant esté amusés il collotionner<br />

quelques actes deluis cinq heures jusqu'il neuf<br />

de nui!. lr laquelle heure douze ou quinze personnes,<br />

tant dumesliqucs du sieur évesque que <strong>au</strong>lres,<br />

seroient venus conduits pnr Dcgore, notaÎ1'e, ct Jean<br />

Chamc, sergent, officier:; du sieur évesquu, qui les<br />

<strong>au</strong>raient constitués prisonniers. et les <strong>au</strong>raiunt<br />

conduits dans une chnm(¡I'11h<strong>au</strong>te de la tour de<br />

l'évescté, quoiqu'ils eussent o!lel't d'aller ouvrir les<br />

archives et exhihcr et bailher extmit de tous les<br />

actes que le sicur,~s·esquc ileniiiideroit.<br />

Finalement, le chapitre demamle justice pour l'in-<br />

jnru<br />

19<br />

faite ses membres et la dvlivranru des prisonniers.<br />

La rcquÕtl1 est signéo par :lmlrt Duno)'er,<br />

prévôt et député clu chapitre Galrriel Allier, dépulé<br />

de l'univer~it~, et B<strong>au</strong>cluru, suh~titut du sytulic.<br />

Nous ignorons la suitu de l'incident, mais il esl<br />

aisé du voir, par un passoge de lu reqnÕto, que les<br />

dissiciances eu question portaient <strong>com</strong>me toujours<br />

sur les droits et privilèges du chapitre.


290<br />

Un noie plus glorieux de Louis dé Suse fut la<br />

donation qu'il fit de J'a ncien palais épiscopal, situé<br />

en face de la cathédrale, pour y établir un séminaire.<br />

II alla s'installer lui-mcttne à la maison épiscopale<br />

du Buurg où il mourut le 5 septembre 1


'l9t<br />

Joseph do hlorel de llous fut nommé en 1748 à la<br />

place de lten<strong>au</strong>cl de Villeneuvo transfcsré an siège 1111<br />

Montpellier. C'est lui qui fit blltir (1758) la vOl\te de<br />

la nef de la cathédrale détruite par les huguellots en<br />

1567 et remplacée en t50cJ par un plafond en bois.<br />

lfgu lllorel, iiirirnie, donna sa démission en<br />

avril 1778 et fulrcmplacé par le fomenx Lafont do<br />

Savine, né à Emhrun, dont les ~éfaillances sons la<br />

Révolution nu sont quo trop connues. Ou a toujours<br />

mis en question I'fqat mental de ce personnage qui,<br />

d'oilleurs, avant so,mort, arrivée en 181.f, cytrima<br />

un vif regret de son CI: inconcevnble nvouglement »<br />

pendant la période révolutionnaît'e..<br />

La population de Viviers ne voulut pas l'csler cn<br />

nl'riùre de l'exh'a\'a!;allco.généralo lie Elle<br />

céléltra cl'ahord la priso de lit Bastille en hrcll<strong>au</strong>l tous<br />

le5 vieux pallieri qui avaientuclroppS ait vanclalisme<br />

des hugnellots, Ou char8ea trois tomhl'I'e::lux (1(,s<br />

nrchives lie la cathédrale, de l'én'ché et (lit s(lminoire<br />

et, après ~· avoir altclé des ~lnes costumés en<br />

chanoines, 011les promena clans la ville ct on y mit<br />

Ic feu sur la place Ilu Niquet. Une violeulo avcrse<br />

suscitéo évidemment par le hon -~éiiie dl~ l'arc·héologie.<br />

éteignit l'incemliv, mois le malin eslrit lie 5l'<br />

tint pas pour battu ot l'œn\o de destruction CO/llniciicée<br />

en gros se lurmina en (lélail. 1-'iil'IIÜt, la<br />

municipalité ay<strong>au</strong>l fait transltorler tous t-es vicw<br />

papicrs à l'hatel de villc, on s'en servit pendant six


292<br />

mois pour allumer le feu. Là périt le précieux ma<br />

nuscrit Libe~· magistni chori, attribué <strong>au</strong> pi-éceinpleur<br />

Pons d'Auvergne quo J'on croit flvoÎ1' été écrit<br />

vers 380, et dont il ne nous reste que des e.trails.<br />

Plus lard, la fète de l'Elm Suprème fut signalée<br />

par une ridicule mascarade: on lit trois mannequins<br />

représent<strong>au</strong>t l'athéisme, la Tyrannie ct la Ser\'Ítude i<br />

on les jugea bel ct bien <strong>com</strong>me do simples ivrognes,<br />

on leur lut leur sentence contre laquelle <strong>au</strong>cun des<br />

trois n'eut garde de protester, }luis on les 1nu11a<br />

publiquement.<br />

Il parait qu'ils ont ressuscité, car jamais on ij'.ivait<br />

tant entelllJu parler que depuis lors d'athéisme, de<br />

tyrannie et de servitude, et l'uu se demande ce que<br />

pourraient dire les orateurs des réunions pnhliques<br />

s'il leur était interdit d'ahordcr ces trois points,<br />

Du temps de Cl<strong>au</strong>dc de Tournon, 10 revenu do<br />

l'évèché de Vivier,; s'élevait à ?00,000 livres, roprésentant<br />

un million <strong>au</strong> moins de la monnaie d'flujour-<br />

d'hui, mais pal' suile des usurpations et des ravages<br />

survenus licorl<strong>au</strong>l les guerl'cs religicuses, il avait été<br />

réduit à 80,000 livres. D'après lin mémoire do l'intendant<br />

Daguesse<strong>au</strong>, en '6"¡5, il ne 1).ls<br />

!6,OOOlivres, dont 15,000 }11'OVclHlIlt du péage sur<br />

le ltliôtie, et 10,000 lroven<strong>au</strong>t de la terre de Donzèro,<br />

Dc1gucssc<strong>au</strong> estime à fort pcu de chose le<br />

revenu des p1'Íeurés du Vivarais unis la mensu<br />

épiscopale.


293<br />

Il d'une pièce ornciello, certifiée par l'évêque<br />

Savine, qu'à la date du t 0 décembro1790, les<br />

revenus de l'évèclié s'élevaient 11 48,000 livres, et, en<br />

défaltluant les charges, à 3:iOO,<br />

Le siège éhiscopal do Viviers, supprimé en 1801,<br />

fut rétahli en 1823 et eut alors polir titulaire Msr<br />

Jtolin. !bLé l3onucl, un ieillnrd de soixante-dix<br />

ans, le rempfaé~aen18~5 et donna sa démission en<br />

18-il. 11 eut pour successeur Mgr Guil.Jert, dont la<br />

uominalion est du 1 mars 181'1 et tlui fut élevé à<br />

1'.ireliev(~eliéde Tours en 1857. Napoléon III nomma<br />

alors il l'évêché de Viviers, Dptetizy, un rC5lectable<br />

curé du -iticinel succéda en ISiG,<br />

l'évêque actuel, )I,,r DOllnet de L{ll1gogM,<br />

Si les évvlues avaient ln puis!i{lnce d'<strong>au</strong>lrefois,<br />

nous nous horneriuns cette sèche nou:enclalure<br />

mais <strong>com</strong>me ils sont ¡!ujoul'Il'hui, pour les ndmini:<br />

lraleurs provincinux et leurs plumitifs, des tètes de<br />

Turc en tlueltlue sorte ol~li~aloirus el par suite le<br />

point de (léliirt d'attaques et 110calotnnics ordinaircu1l'111insensées;<br />

vommu 011 lie riscluc ;·uére, II:H'<br />

conséquent, d'être traité de courlis<strong>au</strong> l'U faisant il<br />

Ieur égard acle tle reslieci et de s~ mp,lthie, tiotis<br />

nous lrermellrons de féliciler I\\vêqlle acluul lie Vi-<br />

\'iers, do 1'lictit-etix mélange (le 1()(lér;itioit el do<br />

fermclé, dont il a toujours su f, m prcuve Ilansia<br />

tflche llimcile quo les cit-coistaiires lui iiiiiioseiit. Sa<br />

Iclll'o <strong>au</strong> préfet do lors<br />

de l'tJ'\pulsiol1 des


39E<br />

(le I.;iiotlvesr, dunnait la tiole jusle ,la la si-<br />

lualion et conslilnail, <strong>au</strong>x ycux (lu pulllic hOIl/l~le<br />

el scnsé, Inu prumivrc revanclu: pU/lIr'o d'illjuslifiahlcs<br />

1I-iit-.isseries.La meme jmlesso de couh (l'œil<br />

1'1 la nu!me se rctruuceul les lettres<br />

1)~isturales de 1hr Bonnet. Une tics (iiii est<br />

l'dative <strong>au</strong> resyect de l'alllol'ill~, esl l~arliculiérument<br />

rellH1l'c¡uahle. Il f<strong>au</strong>t 8lre roiiiiiie Ir.<br />

sunt nos mdicmlx, p01ll'~IW l'as cuuyreutlre cluc S¡¡il~<br />

Dit-il il si' a l'as du priucile ti*.iiiiot-ili-,el clue, snas<br />

l'orili-c et la Iiliel' It; ("l'ilt-n'Ilirc lotit cc<br />

iliti fail la force (Fun hays, \llIt <strong>au</strong>x nllllllCs.11<br />

l'I!slc, si les Éliéoi-iLsillllll',S oiit l'air de Iriompht'I',<br />

la filIl teru est 1'III'Ol'Umoins ;m np(ltrcs III' 1'('Sfatah's<br />

tlocll'Înl'3, yuu dalls Il' 1'('r'llCmuul ~élléJ'ilI<br />

ynroucu lrlr l'éllul'aliolllllUllerlll', et rúmillellt l'rélilt<br />

t'il dl'oir il lu t'il(~it1(', Ilu iiial da115le passage<br />

(lue de\'l'aielll wé(liter !c.spèrcs lit' famille:<br />

siiivilit<br />

.· pans la famille, le l'ère et la uure lie gon\'cr-<br />

1I0lit plns ils unl ..I"IiIIUÚ10111'et ils uluisseul<br />

docill'lIICll1il ceux Ilu'ils ont Ie tln\'l)ir tlu 1'0111-<br />

utamlcr. A (luuzc <strong>au</strong>s, l'enfant se croit étiiaiicil)é<br />

il lie seul lIu-tlO:\5USde lui ui tissu maiu forte, ni une<br />

f, rnusv(eluii(i-.La vrrgu, tlont la Saiulo-1?criluru re_<br />

cununmnlr <strong>au</strong>x parcnts l'llS:1gosnhilaire ct prmlcul,<br />

la \'urgc est reléguée parmi 111svieil.\ iiistrtiiiieiiis 110<br />

torture. Lu de la vie (lmnestitue ¡¡miwe<br />

fatsllement le trouhle et yréparo l'anarchio tic la vie


295<br />

publique Qui yul'eil virgn.s, est. (lit <strong>au</strong> Li\'1'Cdes<br />

l'roverbes, oclit ~lium suum. Il<br />

L'histoire uous apprl1lll1 (lue, de toutes milllièrc5,<br />

on n'évite pas lit \'CI'¡.teest ee monde, Quand le~ pères<br />

ne 5:1~'ClllI)aScn ll~l' et (Illl' le C(11'If5social pl'rv1'a<br />

il lit nnl'iler col'oectÎ\'clllcnt, il surgit luujours yucl(lua<br />

iiiiiiieilse, (lotit l'action c:;t vil raison dcs excès<br />

l'Ollllllis, La Fl'llnre Il t!té SOU\'lJllt fusliSée, (111el'est<br />

<strong>au</strong>jourd'hui et la rorrcctiou nc scnllll(r 1).is Ilr~s do<br />

lillÎ1', ~utre patriotisme est souIl'1'0, IIwis pO111' peu<br />

(1'1'011s't!lè\'o all-dessllo; 111`;pcl;lc·sc, 1'1 desIImiLlio1\s<br />

1101'lieiii-P,présente, 1111rcmnn:lit Ilivll vit~~ 1\111'Uieu,<br />

011,si 1'011cclll 11'1\\ loIll' IlIl'11 Il'11jaIIIai., ltbi-1 (llu, les<br />

1"1'1'1'11\'1'5 sOlltdl' né('I'sit, Imul:liuu~·1'11(, ,l'lIilll'III'S,<br />

lieu 'Ill'on est 1'1'01ill'l'. dh', aicIII uliew<br />

le salut d'ulle u:Uiun fille la l"u:'p(lrih" urlltiriellc<br />

et la victuire.<br />

Il!HcminaÎ1'e ful foitili- par ~I. Ollier, (Ireulier su-<br />

\I,ldelll' 110la coullragnie (le 5l-Sulpico. 11est (1111'Orc<br />

r Pal' les Sllll'icil~IIS. L'ancicn bMimcnt, furnut<br />

lar le palais ulliscalrll (iti'ivait Lotiis do Suse,<br />

fut est parli~ détruit est nmi 177: }Jill' uu inromlie<br />

(Inut III c<strong>au</strong>se est l'l'siée igiiorée. UUI1elHll1~te fni<br />

alors faite 31. (Ie .1 n :Irriliprulru 110 ln<br />

cnlluull'alc el hailli lie la ville, 1'0111' viiii-~i les archi-<br />

1'c'J(Ill iltii se ti-oliviieilt <strong>au</strong> séminairc 11'il~'illl`Ilt


296<br />

pas souncrt de l'incemlie. Il fut eonstafé que le cou-<br />

\'l'I't,seul du Irllirnenl .0il elles se trouvaient, Hait été<br />

enclontmagé ( 1).<br />

s1 la slIite de cet accirlent, ou résolul de rclrltir le<br />

sCrniuslire ail quartiel' lIe Niyuel et les 11'a\'1IllX<strong>com</strong>menci.~renl<br />

est 1777. Ce nuuvc<strong>au</strong> Irllimenl servil dc<br />

prison pendalltla l'lits tard, Vernet<br />

Cet<br />

alilu Yomet (-tait an gr<strong>au</strong>c) ol'ganisaleur,<br />

un (les honlllles i. qui le Iliol'èse do Yhiers<br />

doit le plus. Il Vil a été 1'i1(lluillbtrah~lll' illielligollt<br />

et zélé, pendillil lotit lu temps de sa réllnion avcc<br />

celui lie 3leii(le. Ceux que sa svurité ullimluait ou<br />

1'.tl)peliit~iit le lync roo~~c. Les louanges sur<br />

son <strong>com</strong>hle ont ulé unaninu·s apl'l's s;mnrl. ~;I hiographie<br />

a 1~ll\ Pllhliée lar 31-,1r Haberl, é\'l\lllIe de<br />

Périguellx, ancien grnllll- \Î


~!l1<br />

Les ennemis de la religion onl toujours fait grand<br />

bruit (les vices du p,3rsuittiel religieux, avanl la<br />

Révolution, cl il f<strong>au</strong>t hien avouer qu'ils n'avaient pas<br />

tout-Ï1-fHittort si le clergl' et Ics ordres mon3fliques<br />

ont loujuars <strong>com</strong>pté (les Luutmes d'uno vertu Et d'un<br />

savoir éminents, ils cn ont romlb <strong>au</strong>ssi bon nombre<br />

dont le cal'aclère et la cultlll'e loissnient fort il dési-<br />

rer. L'immense (loi<br />

s'est manifestée<br />

(1(,Iitiislors est due !'ans doute à plusicurs c<strong>au</strong>ses. Il<br />

serail 1)tiéi-il de nit r tlue, mal£ré ses crimes et ses<br />

erreurs, la Ilévoltitioii ail laissé des réfurmes fécondes<br />

lestpwl1es, d'ailleurs, étaient hour la plupart le<br />

fruit dcs efforts des gloIH;ralions l'récédentcs: En<br />

suntnte, si les iniyucs PI'I'SI\culionscolitre le<br />

clergé ont élé pour lui iiiie rude la crise a<br />

été encore l'lus salutaire. ri en e:1 sorti muins nombrew<br />

et moins riclte, lfthis inliniment plus pur et<br />

plus l"l'spectahle. Sans ,"uuluÎl' l'el'hl'l'I'hel' la juslireet<br />

la n~or:tlit~ (le l'acte (lui le !luluntilla de ses hiens et<br />

supprima la tiiiiie clics il est wi~lencu'un<br />

fait l'elle almlialiuu cul un huu cbt en supprimant<br />

UIWl'<strong>au</strong>s\' (IL, l'ul'I'Uplionl'l llïml'uputarilt;, 11<br />

n'~ a plus <strong>au</strong>jllunl'hlli tlc wcalions forcics et les<br />

!li_nilt·s cl rcvrms (le l'Eglise unt "el'ssé un<br />

~i'leall l'llscnt> <strong>au</strong>x c¡ÙIl'ls des f;l'illuJI'Sfamilles, l.e<br />

pl'lHre sort (les entraillrs IIII'mestle la naliun, c'està-dire<br />

tle la maison du <strong>pays</strong>an ou du 1)t,tithourgl'ois<br />

he<strong>au</strong>l'ou(l hlus quu (les rh;llcaW rt (les et il


1<br />

(t


.i!98~<br />

eri-appgrle, sinon,be<strong>au</strong>coup: de Ininières et,d'habi;<br />

tude duimondo ce qui s'acquiert avec l'éducation,<br />

<strong>au</strong> moins des principes do morale et des 'Iualités.'<br />

de caractère.qui sont choso:1plus rareset,plus essen-<br />

tieUes. JI est donc, par le fait même de son origine,<br />

be<strong>au</strong>coup moins.hostile qu'on 110le croit <strong>au</strong>x institu<br />

lions libérales et, s'it ne porte pas <strong>au</strong>jourd'hui dans<br />

son cœur:.Ies répubiicaills, cenx-ci n'ont qu'à s'en<br />

prondte à leurpl,Ó'promaladressc et ignorance. D'<strong>au</strong>tre<br />

part, le prè~fe n'est plus élo\'6, <strong>com</strong>me cela arrivait<br />

trop souvnt <strong>au</strong>trefois, un peu à l'aventure, chez,<br />

un.bon onclc9curé ou ailleurs, 111fIis.dans des sémi-<br />

uaires 01\ les études sont sérieuses t'l la discipline<br />

sévère ot où des hommes intelligents. et dévoués pré.<br />

parent son esprit et son C001l1'<strong>au</strong>x. luiles de la vie.<br />

Voilà pourquoi nous n'husiluus pas à attribuer. à<br />

l'extension des séminaires la plus grando part de<br />

1'.imélioratioti incontestable qui s'est produite dans<br />

le clergé depuis la Révolution, et voilà pourquoi nous<br />

saluon¡¡le séminaire de Viviers <strong>com</strong>me l'un des foyers<br />

les plus bienfilisllnts de notre vie départementale,


XIII<br />

LE-CLOCHER -ET,LESwÉGLISES DEVIVIERS,'<br />

La catltédrale. Sa destructionen I59~ et sa reco..strucli01l .en'<br />

1698 Le préccmplcurFrançoisdlonoier.La C¡!lede si-<br />

Vincent, Le clocber. Lachapellede l'a'I'Change SI-1Iicl.cl.<br />

L'ancienneéglisede SI-Julien, Un mon1SlèrebAtiavec des.<br />

cercue~ls. LaJoannadc. Drin-drin,<br />

la cathédrale de Vivier~ est fort ancienne. S'il est<br />

vrai <strong>com</strong>me le disent les citroniqtieurs, que~t:Ve.<br />

n3.nco l'ait igratidie et rosltluréè !lune si~clo, olle<br />

do "il remonter$Ou. peu s'en f<strong>au</strong>t,. à l'époque tle, l'instal!¡¡tion<br />

(les évèques il Viviers. Le~ chanpine¡,de<br />

Banne. croit '1'10 'la première église..do Viviers se<br />

trouvait dans le bàlimolllqui formait, tlesun temps!<br />

Jes :caves du chapitre. Ou y vo~ait encore des traces<br />

de vieilles peintures et de Ilotes de musique..<br />

Consacl'éÓ d'alortl à St-Vinceul, la catltc~drale .de<br />

Viviers passa sous l'iuvucalion de la <strong>au</strong> xuc<br />

siècle, "pr~s avoir été r4.Jbâtio siuon foutl~: por l'é-<br />

vêque Léodegaire,-et le iiiotiuiiieiii tic c.~a~ ÓPO'IUC<br />

existe encore dans ses bases eI1i.11.; î WUVJ:'t'.<br />

C'est alors qu'elle fut solollnllllt., ¡\!ht par<br />

ni! pape ou lotit <strong>au</strong> iiitiiiis par un a.I.qllc,<br />

Lo Line du llaîlreclo Clul!lIr imliqué la date du 1107.<br />

et le nom de Calixte U, On en a nuuclu à une el'I'elll'<br />

du nom, car c'est Pascal Il qui pipe onll 07 et<br />

il était précisément on Tranco cette année là, D'<strong>au</strong>-<br />

tres.pensont que l'erreur est plutôt dans la date ei<br />

que c'est biollie papo Calixto 11 qui consaera l'é-


300<br />

glise de Viviers, mais seulement en i 149ou H~O,<br />

alors que du siège archiépiscopal de Vienne, il passa<br />

<strong>au</strong> siègepontifical. Les chroniqueurs constatent qu'en<br />

travaillant <strong>au</strong> choetrr de l'église, l'évêque Léodegaire<br />

découvrit un grand nombre de reliques qui avaient<br />

été ré~nies et placées là par ses prédécesseurs.<br />

Maisla rest<strong>au</strong>ration de la cathédrale fut surtout<br />

l'œuvrtl de Cl<strong>au</strong>de do Tournon et l'on pèut voir dans<br />

deBanne la description dece qu'étaitalors ce magnifique<br />

bâtiment. Il yavait, cutr'<strong>au</strong>tres choses. sur l'entrée<br />

du chœur, une tribune ou jubé uù l'on chantait<br />

l'Evangile, et sur cette tribune un <strong>au</strong>tel dédié à St-<br />

Martin. En ce temps-1à, l'église était à trois nefs<br />

supportées parsix gros piliers et à chaque pilier il<br />

avait an <strong>au</strong>tel.<br />

En 4561. les huguenots maUresde Viviers, détruisirent<br />

les trois nefs, et le chœur, dont on avait <strong>au</strong>ssi<br />

<strong>com</strong>mencé la démolition, 'Je fut s<strong>au</strong>vé quo par un<br />

accident arrivé à l'un des démolisseurs. Celui-ci<br />

ayant fait une chute mortelle, ses <strong>com</strong>pagnons, frappés<br />

de terreur, no voulurent plus, malgré les excitations<br />

d'Albert Noé, cOl}tinuerleur couvre.<br />

Les huguenots démolirent <strong>au</strong>ssi en 4567 toutes les<br />

maisons du châte<strong>au</strong>, excepté cinq qui appartenaient<br />

à des chanoines ayant d.esparents parmi eux.<br />

A partir de 1598,les chanoines firent relever la<br />

cathédrale dont le chœur était resté. C'estle précempteur<br />

Françoisltonnier, de Pierrelatte, qui fut chArgé


301<br />

de ce soio et qui s'en acquitta avec un zèle et une<br />

intelligence remarquables. Les murs furent Lientôt<br />

réédifiés et l'on couvrit la nef d'un plafond en bois<br />

<strong>au</strong>quel fut substituée seulement en 1755 la .o~te de<br />

pierre actuelle. Il fallut ensuite faire le pavé. Bref,<br />

l'oeuvre de riJconstrucLiondura six ou sept ans et ce'<br />

ne fut qu'en t605 que le service divin, que l'on célébrait<br />

jusque lil dans la chapelle St-Jean, put être<br />

transféré de nouve<strong>au</strong> à la cathédrale. L'évêqu(¡Jean<br />

de l'Hôtelne se distinguapas en ces circonstances, car<br />

%oneut grand peine à le faire contribuer à la dépense<br />

nécessitée par une si grosso entreprise, et le chapitre<br />

dut même la <strong>com</strong>mencer 'avecses seules ressources.<br />

On ne s'étonnera pas, après tant de vicissitudes,<br />

que tous les âges aient laissé leur trace dans les remaniements<br />

successifs dont la cathédrale de Viviers<br />

a été l'objet, et l'on s'étonnera moins de voir una<br />

large nefà plein cintre accolée à un chœur ogival.<br />

Leprécemptéur François 3fonsiier <strong>com</strong>posa l'inscription<br />

suivante qui devait rappeler la destruction<br />

et la réédification de la cathédrale<br />

HA9 ABDRS~ACRASQUE ANNO DNI<br />

èlDL7IYll RAHIBUAERSTICORUNQUI AB nOI\Dlo<br />

UERESEO!!LUTHERANI£XI~DB BVGUENO 8<br />

YULGO»APPELLAI114TURDIRUPTABfUBRANT<br />

IIESUVRARUIITR. Il'1 Cnao PATER D~9 Jo.ucftEi<br />

DRL80STBL EPUS VIURIEN II EICS<br />

CIPITULUN CY UlÙVIRSIUTB BUJCf<br />

ICCLIE A.4XODIU IIDL11U11a


302<br />

La éàthédÍ'ale de Viviers ayant été rendue depuis<br />

lé Xiesiècle <strong>au</strong> culte de St-Vincent, la fête du saint y<br />

est encore célébréo solennellement chaque nnn~e. le<br />

121 janvier. Comme c'st là fète du diocèse, l'éWque<br />

ofTic'ie.Les v igneronsapportent h l'église un be<strong>au</strong> cep<br />

de vigne, chargé de raisins, qu'on a eu soin de fair~<br />

passer préalablement à travers la terre.d'un grand<br />

vase, afin que 103 raisins so conservent plus frais.<br />

L'évèque adresse une allocution <strong>au</strong>x vignerons,<br />

Les belles tapisseries des Gobelins, représentant<br />

des scènes du nouve<strong>au</strong> Testament, qu'on remarque<br />

à la cathédrale, sont un don de 3tgr Guibert.<br />

Le clocher qui estséparé de la cathédrale, <strong>com</strong>me<br />

o'étaiL jadis est un monument d'un gra'nd intértlarchéologiqûe<br />

iltii remonte ait lie ou xa sii-cle.<br />

Ecartons encore ici une légende de l'abbé Béracand,<br />

qui semble lui 'n,'uir étè inspirée par les manuscrits<br />

-(le Fl<strong>au</strong>gergues, d'après laquelle la basedo cet édifice<br />

lie serait <strong>au</strong>tre:qu'un ancien temple d'Herèule et<br />

d'Isis. L'imagioalionnle notre jeune historien y avait<br />

rnème vit gri'lvés les signes du Zodiacluo'et le chiffre<br />

mystérieu t d'Isis (un i dans un sigma grec) que nous<br />

y avons vainoment cherché8: Quelqnos~pier:res de la<br />

base présentent, il est vrai, des nial'qttès de tailleurs<br />

de pierre tp'oWrelrouvo dans tuus les' monuments<br />

de cette époque; et c'('stlhsans dôÜle ce'que l'abbé<br />

Baracand <strong>au</strong>rsi~priApdUrde!3'biérofMt>hes,


303<br />

La tout' du clocher est carrée jusqu'à unè corh'IÎne<br />

houlcur. où, à une époque.poslérieure;, on l'a couronnéo<br />

de crene<strong>au</strong>x. 11est' aisé.devoiJ. <strong>au</strong>ssi que la<br />

-porlieoctogonol£: qui 'surmonte la partio'c31'réc¡"est<br />

égalemèrit de date 1)ostériùure sa :physll)nomio"in-<br />

«dique le xm' ou le-xi* siècle, mois il f<strong>au</strong>drait' la fntre<br />

l'cmonter <strong>au</strong> x~ic',s'il est vrai quel'évèqtio Hugues~de<br />

la-Tour d'Auvergne en suit ~'<strong>au</strong>teur,' Quoi qu'il en<br />

soit, la tour carrée est visiblement .(ailè'd'un'seul<br />

jet et proc~dôd'un plaú'uúique. Elle est. admirable<br />

par ses11roporlionset présenle 'une 'grando'anologie<br />

'avec celle de la cathédrale do' St..Frontil.Périgueux.<br />

Un étroit'escalier pratiqué d<strong>au</strong>s 1'épaisseurrdu-:mur<br />

'conduit dolnbase <strong>au</strong> sommet do-l'édillce cr il nous<br />

semble difficile d'admettre que cet1 c5c,alieroit été<br />

bàti après coup.<br />

Cet escalicr donne accès <strong>au</strong> prcqlicr ~~étage,dans<br />

une chapelle dont l'abside est <strong>au</strong>joùnl'!mi masyu~o<br />

.par.un mur moderne; qu'on devrailhiad détruire si<br />

cela no dôit pas noir,, à la..solidité do l'édifico;;¡8ur<br />

le'cOtAopposé À'rello nl.sida, et à -côtédel'ouverture<br />

du petit escalier, est Ullefenêtre qui a bien pu servir<br />

<strong>au</strong>trefois de porte, il en juger par lés trous otc'élaient<br />

fixés les gonds ct ceux.' plus liU'gt.s et 'plus, profonds<br />

dans lesqucls on rniMlit!glisser la ))lIrro<br />

do stlrelé::Ici, cummo dans..la plupartdrs tours<br />

do olJUoépoqllc,la porto étail ail premiur étage ot on<br />

y arrivait, escalier,<br />

mais par une simple


30{<br />

échelle qu'on retirait à soi dans l'intérieur de la tour,<br />

après s'en être servi. La coexistence dans le clocher<br />

de Viviers de l'escalier intérieur et de la porte du<br />

premier étage peut s'expliquer par le double carac-<br />

1ère de l'édifice l'escalier était pour les fidèles qui<br />

venaient la chapelle, et la- porte en était sans doute<br />

murve quand les nécessités de la défense obligeaient<br />

à n'en permettre l'accès que par la porte-fenêtre du<br />

premier étage.<br />

D'après feu M. l'abbé Bourg, curé de Cruas, qui a<br />

publié une intéressante monographie sur le clocher<br />

de Viviers, la coupole de la tour carrée formait la<br />

vo~te même du portique qu'on avait élevé devant<br />

la cathédrale pour lui servir et d'atrium et de baptistère,<br />

et la chapelle n'<strong>au</strong>rait '


,305<br />

l'<strong>au</strong>tre à l'archange St-Michel. 3lais,le pius ordinairement<br />

St-Michel était vénéré seul. On trouve sa<br />

chapelle <strong>au</strong>=dessus du portail occidental à Tournus,<br />

à 'Brioude, à la cathédrale d'Autun, à St-Benoit-sur-<br />

Loire, etc. etc. Dans be<strong>au</strong>coup d'églises, la chapelle<br />

St-~lichel était établie <strong>au</strong> premier étage des tours<br />

St-Germain-des-Pl'és, St-Pierre-sur-Dives, etc.<br />

a M. Albert Lenoir fait obsarver que la persistance<br />

du culte de St-Michel, dans une des tours de l'église,<br />

était due sans doute à ses fonctions de conducteur des<br />

âmes, ca qui <strong>au</strong>rait contribué à conserver son culte<br />

<strong>au</strong>près du parvis près de la façade sur laquelle on<br />

représentait le pèsement des âmes et le jug ement<br />

dernier. Les tours étaient, d'ailleurs pour l'église<br />

des yropugnacula qui pou\'aient avoir leur utilité en<br />

temps de troubles, et il était logique de placer l'<strong>au</strong>tel<br />

du chef de la milice céleste dans ces espèce;; de<br />

donjons pour qu'il protégeât l'église, la cité sainte, la<br />

o;aison du Seigneur. 1)<br />

Ce qui est bien certain, c'est due le clocher de<br />

Viviers! tant à l'extérieul' qu'à l'inlérieur, c'est-àdire<br />

ôla chapelle du premier étage, contient plusieurs<br />

colonnes ou chapite<strong>au</strong>x de marbre, do jaspe<br />

ou de porphyre, (lui proviennent Ih,itlclllment d'un<br />

édifice plus ancien donl ces Mbris funt présumer<br />

la magninccnce. Le chanoine de Banne, se basant sur<br />

lu vie de St-Venanco qu'il a trouvée a dans un Bré-<br />

viaire à l'usage do 'Viviers, escript sur du volin en<br />

10


306<br />

lettres gothiques, escripte à la main, et c'estoit en<br />

l'an de grâce mil cent et sept D après av oir constaté<br />

d'après ce document que St-Venance avait fait conslruire<br />

une magnifique église dédiée à St-Julien, présumo<br />

que c'est de là que viennent les pièces rapportées<br />

que l'on remarque iti clocher de Viviers. II nous<br />

apprend que cette église de St-Julien, dOl1til ne reslait<br />

plus qu'une petite chapplle, à moitié détruite<br />

par les huguenots, était située <strong>au</strong> delà de l'Escoulay,<br />

<strong>au</strong> pied de la montagne de Cogianos. Il y avait là <strong>au</strong>trefois<br />

de belles vignes. « Le sieur Rostier, ajoute-t-<br />

il, m'a assuré qu'en faisant planter une vigne près<br />

de la chapelle, ses manœuvres en fouillant la terre,<br />

trouvoient <strong>au</strong> dessous quantité de masures et quanlité<br />

de murailles et mesme que lui y trouva une pièce<br />

d'un tuy<strong>au</strong> de plomb. »<br />

De Banne présume encore qu'on Mtit avec ces débri31a<br />

grande tour de l'évêché.<br />

Il nous apprend enfin que les églises <strong>au</strong>jourd'hui<br />

disparues de St-Aulc, N.-D..du-Rh6ne et Ste-Croix<br />

étaient <strong>au</strong>ssi ornées « de plusieurs colonnes de marbre<br />

gris, blanc, et pierres <strong>com</strong>munes sans ordre<br />

d'architecture", ce qui fait <strong>au</strong>ssi croire qu'on avait<br />

employé il leur con~truction des débris provenant<br />

d'<strong>au</strong>tres édifices.<br />

Quand on construisit le couvent des Dominicaines<br />

sur l'emplacement de l'ancienne église de Notre-<br />

Dame-du-l\h6ne, on trouva plus de cent tombe<strong>au</strong>x


80T<br />

« faiols en cercueils de pierre, tout d'une pièce, dans<br />

l'un desquels on trouva une épée et de.l'ans tous les<br />

<strong>au</strong>tres (ayant osté leur couvert qu'estuit <strong>au</strong>ssi tout<br />

d'une pièce) on trouva de petites urnes ou pots de<br />

terre etdes ossements. On trouva <strong>au</strong>ssi quantité de<br />

briques fort longues et larges. On trouva <strong>au</strong>ssi un<br />

fragment ou large pièce de marbre Ilanc qu'estoit le<br />

couvert d'un tombe<strong>au</strong> où il y avoit en escript, en<br />

langue latine, que celui qui gisoit là dedans estoit<br />

un seigneur puissant, qu'il avoit quitté l'hérésie. Les<br />

noms de ce seigneur eLde l'hérésie estoieut brisés,<br />

mais ensuite il estoÎt esrripl qu'il avoit ramené plusieurs<br />

personnes avec luy à la croyance de la Très<br />

Sainte Trinité On inferoit par là que ce seigneur<br />

estoit du temps de St-Auguslin, y ayant alors une<br />

heresie qui ne croyoit pas à ce sainct mystère de la<br />

Ste-Trinité. La pierre desdits cercueils fut d'un<br />

grand espargne, car il y eutpour faire toute la pierre<br />

de taille dudit monastère. n<br />

C'est en t6U que la demande pour l'établissement<br />

des religieuses Dominicaines à Viviers fut faite<br />

<strong>au</strong> chapitre parélJl. Barthslemy F<strong>au</strong>re Lafarge, secrétaire<br />

de l'évuque, et Chenivesse, apothicaire et<br />

consul de Viviers. Elle fut bien accueillie et l'on<br />

donna <strong>au</strong>x religieuses l'onclos et l'église de Notre-<br />

Dame- du-Rhône sÎlués hors des murs. La vieille<br />

église fut <strong>au</strong>ssitôt réparée. 11 y avait une chapelle de<br />

SL-Clair où l'on accourait 'de bien loin pour les


308<br />

maladiés des yeux. Lés religieuses, qui venaient du<br />

couvent du Puy, nrrivèrent en janvier t6~5. Elles<br />

étaient <strong>au</strong> nombre de cinq, dont une H<strong>au</strong>tefort de<br />

Lestrangu. Elles furent logées en attendanl chez demoiselle<br />

Françoise de la B<strong>au</strong>me d'Uzer, veuve de<br />

nobleJacques de 13catilieu. Leur installation dans le<br />

monastère bàti d'unc, façon si funèbre eut lieu l'année<br />

suivante.<br />

Le vieil orme que l'on voit sur la place de la cathédrale,<br />

est un Sull~ c'est le nom réservé à l'arbre<br />

qui fut planté dans chaque paroisse de France lors<br />

de la conversion d'Henri IV. Il )' en a un fort be<strong>au</strong> à<br />

Dompnac. La plupart sont tombés de vieillesse. On a<br />

mis à celui de Viviers, pour qu'il n'en fasse pas<br />

<strong>au</strong>tant, une forte ceinture de fer.<br />

La colline qui domine Viviers et oil l'on ape'rçoit<br />

<strong>au</strong> sommet une statue de la Vierge, s'appelle la Joannade.On<br />

suppose que ce nom vientdes feuR de la St-<br />

Jean qu'on y allumail <strong>au</strong>trefois. Unecolline du Bourg,<br />

voisine de Tourne, porte le nnme nom.<br />

Sur la colline de Planj<strong>au</strong>r, il y avait un aLPme<br />

appelé Drin-clrin à C<strong>au</strong>sedu bruit sonore que faisaienl<br />

les cailloux qU1d'on y jetait, en rebondissant d'irn<br />

rocher à l'<strong>au</strong>tre à une profondeur infinie.


xm<br />

NOTABILITÉS DEVIVIERS<br />

LechanoineRouchier. Les manuscyilsdeJacques de :Banne.<br />

Lespieoreuisdu tempsdela Ligueet reos d'<strong>au</strong>jourd'hui.<br />

Unchienlidèle. :MessirePerrinetDes<strong>au</strong>bers. Lespoésies<br />

de Jacques de Romieu. La 1"irarologie. La fontainede<br />

Dlisalage. Un chanoinealchimiste. Mariede Romien.<br />

Fl<strong>au</strong>,ergue3. L'abbéBaracand; Si-Ostienet la pluie.<br />

Unromande Cherbullier.<br />

Bien que 10litre de chanoine ne soit plus <strong>au</strong>jourd'hui<br />

qu'une distinction honorifique pour les ccclé-<br />

siustiyues, il est encore de mode d'en faire l'objet de<br />

faciles hlaisnnteries. On dit (otijotirsfi-ais ou gras<br />

<strong>com</strong>me tl1lchanoine, quand ciiieuii sait fort bien que<br />

la 'plupart des chanoines sont vieux, maigres et maladifs.<br />

L'idée d'oisiveté que les gens soi-disant spirituels<br />

altacltent <strong>au</strong>ssi à l'état de cltanuine n'est rien<br />

moins que justifiée. Sans doute, les c<strong>au</strong>onicats et <strong>au</strong>tres<br />

bénéfices ecclési¡¡stiques étaient st)ti vent donnés<br />

<strong>au</strong>trefois à la faveur, maison v~ud¡'a bien' remarquer<br />

clue ceci était le résultat d'un abus du pouvoir civil,<br />

et non pas de l'<strong>au</strong>torité ecclésiastique, qui en était la<br />

victime en ce sens due des revenus destinés par leur<br />

nature à pourvoir <strong>au</strong>!cbesoins'(1u culte et fie ses in'i-<br />

nistres,~6taientdistraits pour d'<strong>au</strong>tre8 ol,jcts; quant<br />

.1


340<br />

<strong>au</strong>x prêtres ou religieux pourvus de b6né~ees, c'étaient<br />

généralement des hommes capables et travailleurs,<br />

qui ont pu ainsi mener à bonno fin, dans<br />

les lettres, les arts ou les sciences, des trav<strong>au</strong>x que<br />

sans cela ils n'<strong>au</strong>raient pu mèmeavoir la pensée d'en-<br />

treprendre.<br />

Quel est <strong>au</strong>jourd'hui l'écrivain le plus éminent du<br />

Vivarais'l C'estun chanoine.<br />

Il est vrai qu'il n'a publié qu'un volume, mais c'est<br />

dans les lettres et les sciences surtout que la qualité<br />

pl'Îmo la quantité, et à ce poiut do vue l'llisloire du<br />

de M.l'abbé Rouchier est <strong>au</strong>-dessus do toute<br />

discussion. Nous sommes convaincu quo si notre<br />

éminent concitoyen voulait ou pouvait terminer son<br />

oeuvro car les taquineries ndministratives contre<br />

les congr6gations reliâieuses, dout il a la h<strong>au</strong>to direction<br />

spéciale, ne lui on laissent pout-ètre guèra<br />

le loisir il obtiendrait certainement des stiffrage3<br />

bien <strong>au</strong>trementprécieux quo ceux dont disposent les<br />

préfets la'icisateurs contre la volonté évidente do g{néreux<br />

donateurs. DoBI'i\CO,M. 10chanoine, terminez<br />

votro magnifique trivail, nu mt-co quo pour<br />

nous donner litsatisfaction de voir l'Académio fr<strong>au</strong>-<br />

çais vous décer~cr un do ses grands prix, après quo<br />

les fortes têtes du conseil général de l'Ardèche vous<br />

<strong>au</strong>ront refusé le prix Villard.<br />

Sait-on co qui donna à M. Rouchior la premièro<br />

idée d'écrire l'histoire de notre <strong>pays</strong> C'est la lecture


341<br />

du manuscrit de Roulavie sur les évêques de Viviei~<br />

que possède la bibliothèque du grand séminaire.<br />

Quand la famille de Soulovio offrit cet ouvrage à<br />

l'évêque qui était alor3 MgrGuibert, celui-ci pria<br />

l'ohM llouchier de l'examiner. La seconde partie<br />

surtout l'avait frappé. Elle intéressa <strong>au</strong>ssi l'abbé<br />

Rouctiier et lui inspira le désir d'étudier à fond un<br />

sujet que Soulavle n'avait qu'emeuré.<br />

Parmi les <strong>au</strong>tres manuscrits que possède la bibliothèque<br />

du'séminaÎl'o de Viviers, nous devons citer les<br />

deux ouvrages du chanoine Jacques de Banne, sur lequell'alJbé<br />

Rouchier a publié une intéressante notice<br />

dans le Ilulletin de la Sociétccdes sciences naturelles<br />

et historiques de l'Ardèche, 4865. Le premier do ces<br />

manuscrits est inlitulé: a hidmoyros des antiquités<br />

« do l'église cathédrale de Viviors et da plusieurs<br />

« outres choses arrivées en divers tomps el ptriieti-<br />

« lièrement do celles qui se sont passées durant ma<br />

a vie. 1)Lo second a pour titre Il Chrouologiodes a 6vdquos de Viviers et el1coredo ceux qui ont siégé<br />

CIenla villod'Abs, <strong>au</strong>paravantque le siège fut trans-<br />

« fdrd en cette ville, et plusieurs mémoyres touchant<br />

a l'ancienneté, dotation et privilège de l'église cathéa<br />

drale de VÍ\'iers. Le tout tiré Sur des actes très<br />

<strong>au</strong>thentiques. III<br />

Aufond, les deux ouvrages n'on font qu'un, ou du


31<br />

moins, le second réédito presque entièrement, en, les<br />

<strong>com</strong>plétant sur quelques points, les documents et<br />

irifurmations conltmus dans lu premier.11 semble quo<br />

les Dlémuires iietit été le preniier jet, et en quelque<br />

stirte 1'ebrouillon de la Chronologie. C'est donc cuileci<br />

qu'il f<strong>au</strong>dra publier tôt ou tard, en prenant dans<br />

lés ~Iémoines quelques p'assages <strong>com</strong>plémentaires, le<br />

jour où un éditeur couranew se décidera à faire<br />

connaître <strong>au</strong> public cette intéressante chronique.<br />

L'œuvre du chnnoinode Banne se reconunande par<br />

un cachet de sincérité qui' exclut le soupçon. Tout<br />

co qu'ildit n'est pas sans doute parcle d'Evangile,<br />

par exemple, quand il parle des apparitions qui<br />

hantent les maisons de Viviers et des esprits ou des<br />

magiciens qui parcourent Ics rues en faisant un<br />

grand bruit de chatnes, ou d'un Œuf en furme de<br />

calebasse pondu par une poÙle vivaroise, ou enfin<br />

d'os de géant trouvés à La Votilte, son <strong>pays</strong> le bon<br />

chanoine était nnturcl1ellJ~nt de son temps et n'avait<br />

pas sur bien des choses la manière de voir des naturalisles<br />

cl'<strong>au</strong>jourd'6ui l'anatornie <strong>com</strong>parée, nu-<br />

tamment, était furt jeune et il n'est pas élonnant que<br />

le public intelligent du XVII' siècle prit des osse-<br />

ments d'éléphants pour des ossements humains<br />

mais quelle admirable bonne foi dllns tout ce qu'il<br />

écrit 1 Quelle honnête et loyale nature révèlent tous<br />

ses jugemoats el quelle scrupuleuse àt1ention, dans<br />

son œuvre d'annaliste, pour ne rien avancer que sur


3t8<br />

la:base do documents <strong>au</strong>thentiques 1 C'est grâce, à,<br />

lui que nous avons des extraits du Charta Velus,et<br />

du Li6er magiatri chori, ces deux monuments les.<br />

plus anciens de notre histoire locale, qu'a détruits<br />

10fanatisme révolutionnaire. L'ouvrage du P. Co7<br />

lombi n'est qu'une sorte de résumé des manuscrits<br />

du chanoine de Banne. L'<strong>au</strong>teur du De gestis episcoporum<br />

vivariensium le laisse, du reste, fort bien<br />

entendro dans sa préface où il fait le plus bel éloge<br />

de notre chanoine « noble par la raco, la modesti~<br />

« et la piété, qui a consacré à l'étudo dos vieux do-<br />

« cumenls de l'Eglise de Viviers tout le tumps que<br />

« no lui prenaient pas ses devoirs religieux, qui les<br />

a a recherchés, scrutés, étudiés, transcrits. qui a<br />

« ainsi be<strong>au</strong>coup amassé par un long et infatigable<br />

« travail et qui, avec moi, bon et facile, ma tout<br />

« <strong>com</strong>muuiqué. Le l'osle est de moi, ajoute le P. Co-<br />

« lombi, et c'est fort lieu de chose. »<br />

Mnis, si le P. Colornhi Il défloré considérablement le<br />

travail du chanoine do Banne, il est loin d'on avoir<br />

épuisé la substance. Il y a, eneffot, dans ces mémoirc1J<br />

une fuule de dul~ils (iiii, ne se rl1t\;lI'hanl qti'indirec-7,<br />

temetit <strong>au</strong>x ~vèques do Viviers, devaient nécessairemont<br />

ètre laissés de côté par leur historien, et qui<br />

n'on ont pas moins pour nous un très vif intérèt, Lo<br />

chanoine de Banne tic 50 borno pas <strong>au</strong>x faits hi!jto-<br />

riques. Il a noté les épidémies et les phénowèpes<br />

météorologiques: 10 froid et 10 ch<strong>au</strong>d, la n,oigo, la


3i<br />

pluie, le tonnerre et les inondations. Aveclui, uu vit<br />

en plein dans le Vivarais du xviiesiècle, et, ma foi,<br />

ce n'était pas gai. Nousavons rapporté déjà quelquesuuos<br />

de ses doléances. Voiciun <strong>au</strong>tre passage qui<br />

montre avec quelle sOretéde coupd'œil il appréciait<br />

les ambitieux politiques de son temps. C'était peo··.<br />

dant la Ligue 1<br />

a On ne savoit qui estoit ami ou ennemi. Lestroubles<br />

furent très grands. 11y eut divers partis. La<br />

France estoit un tl1ea(re lrngique où mille et mille<br />

meurtres se faisoient tous les jours, les uns pour<br />

faict de la religion ou plustot pour se grandir et se<br />

rendre maistres de la monarchie, les <strong>au</strong>tres pour picorer<br />

uu se rendre riches et tous pour leur in(eres(,<br />

laissant Dieu et le salut de la patrie à part. »<br />

Bon chanoine 1On picore <strong>au</strong>jourd'hui <strong>com</strong>mo en<br />

votre temps, et l'on pourrait même dire que le pico-<br />

rage a été élevé depuis<br />

à la h<strong>au</strong>teur d'une institu-<br />

tion. C'est lui qui sort do base à notre systéme éleclornl<br />

et c'est h ceux qui font le plus picorer qu'échoient<br />

l'influence et la pouvoir preuve nouvelle<br />

qu'il n'y a rien de nouve<strong>au</strong> sous le soleil.<br />

Jacquesde Banne, né à la Voulte le 22 septembre'<br />

~59t, avait été amené à Viviers le itr jal1';ier i59a,<br />

<strong>au</strong>près de son grand oncle. Gabriel de Banne, dont<br />

nous avons raconté la terrible aventure el qui était<br />

alors majeur prébendier. On le fit enfant de chœur<br />

le 7 janvier de l'année suivante. Après avuir occlJpé


3HS<br />

ce poste, selon l'usagé, pendant sept ans révolus, il<br />

fut envoyéparsa mère <strong>au</strong> collège de Tournon où il<br />

resta quelque temps.<br />

En 46049Gnbriel de Banne mourut d'une fluxion<br />

de poitrine. On voulut voir alors si son ancienne<br />

blessure n'avait pas contribué à sa fin, et l'<strong>au</strong>topsie<br />

fit conclure 11la négative. Gabriel de Banne étaU, à<br />

S3mort, prébendier majeur, prieur el seigneur temporel<br />

do Sl-Hichel d'Aurance et chapelain de la<br />

chapellenie dito de Prima die èlercurü. Avant sa<br />

mort, il résigna à son neveu en cour de I\ome son<br />

prieuré et lui légua par tostament sa chapellenie,<br />

mais il ne put lui résigner sa prébende parce que Jacque.<br />

n'était pas d'un 8go stiffisant. Le défunt avoit<br />

un vhien qui l'aimait si fort, qu'après son inhumation<br />

il n'y avail pas moyen de le faire sorlir du cimetière<br />

où il creusait avec ses pattes la terre qui recouvrait<br />

le coips do SOlimaUre, en potisst,iit des hurlements<br />

plainlifs. On le fittransporler 1\la Voulle, mais«« cette<br />

p<strong>au</strong>vre bêto ne voulut point manger et 50 laissa<br />

mourir. J)<br />

Jarquesdenall'II' r1evinl rhnrwine on IGISaprès la<br />

mort ,lu pré<strong>com</strong>ptent- François ~Jonnier. 'Sa vio<br />

paratt s'dire ééoulée sans incident saillant. Les recherchcs<br />

archéologiques furcnt sans doute pOlir lui<br />

un utile préservatif et nous no voyons pas qu'il ait<br />

été mèld en rien <strong>au</strong>x dÕmélésd4 ses collègues ave6<br />

l'évêque Loùlsdé Suso. Son manuscrit s'arrete 8U3t'


316<br />

octobre 46~T.11ne mourut cependant que dia ans<br />

aprè,s, ce.qui, vu son tempérament annaliste, indique<br />

assez les souffrancesqui marquèrent ses dernières<br />

années, puisqu'elles ne lui permirent plus de<br />

continuer son travail.<br />

Un <strong>au</strong>tre chanoine de Viviers, Jacques de Romieu,<br />

a <strong>au</strong>ssi laissé un manuscrit intitulé: Recherches sur<br />

l'antiquité de l'église cathédrule c~e i'iviers, qui se<br />

trouve à la bibliothèque du grand séminaire. Ce<br />

chanoine faisait des vers dans sa jeunesseet Colletet,<br />

dans sa Viedes poètes j'rançois, lui consacre une no-<br />

tice, ainsi qu'à sa £œur, 31ariedeRomieu. On saitque<br />

le manuscrit de Colletet, qui était il la bibliothèque<br />

du Louvre, et qui n'a jamaisété imprimé en totalité,<br />

a péri en tR7t, dans les incendies do la Commune.<br />

Fort heureusement, le docteur Silhol, du Bourg-St-<br />

Andéol, avait transcrit la notice des Romieu,<strong>com</strong>me<br />

nous avions transcrit nous-même celles de Daviti et<br />

de Christoplile de Gamon. M. Vaschalde a roproduit<br />

ces quatre notices dans son ouvrage sur les poètes du<br />

Vivarais.<br />

Jacques et Marie de Romieu étaient de Viviers où<br />

leur oncle, messire' Perrinet Des<strong>au</strong>bers, était ebanoine,<br />

sacristain et vicaire en l'église' cathédralô.<br />

Me5Sire~c¡'rinét était de plus, d'après une pièce do<br />

~el's de son neveu, pogte, musicien, arithm6tÎc.ion',<br />

7 v .1' 1 L "l,


317<br />

otateur,; brefun homme dC"grànd' savoir,e's\inié de<br />

tous: Jacques de Banue nous apprend qu'il étaitsyndié<br />

du chapilreàl'époqucd'Albert Ntis,et fut chargé<br />

en cette qualité,'de poursuivre ce triste personnage,<br />

C'est lui <strong>au</strong>ssi qui, avec Gabriel de Banne; ConduiSit<br />

sous bonne escorte Albert Noé à' Toulouse.. Jacqtfes<br />

de Banne se rappelait l'avoir vu, en t598" quand il<br />

était enfant de chœur. a II estoit tout expillé, n'ayant<br />

ni barhe ni cheveux. On dit qu'il estoit docte et<br />

grandement versé à la pratique. n'Il mourut en tÕ9D<br />

et fut enferré à la cathédrale, dans le cave<strong>au</strong> d'EIizabeth<br />

de Poitiers, femmedu maréchal deBoucic<strong>au</strong>t.<br />

Il paraIt que Jacques de Romieu, qui dans' sa jeunesse<br />

habitait Pariset avait le litre de secrétaire du<br />

Roi, fit alors un poème contre le be<strong>au</strong> sexe'et' l'envoya<br />

à son oncle le chanoineDes<strong>au</strong>bers. Celui-ci le<strong>com</strong>muniqua<br />

sa nièce, Marie dé Romieu, qui prit <strong>au</strong>ssitôt<br />

la plume et répondit <strong>com</strong>meil convenait, c'est.à-dire<br />

ell vers, à son frère. Jacques fut ravi de .la' défense<br />

et, la réunissant à d'<strong>au</strong>tres poésies qu'il avait déjà<br />

reçues de sa sœur, fit imprimer le tout h Paris, en<br />

t58t" chez Luéas Bl'éyer;sousce litre · Le~prentières<br />

ceuvrespoétigues de~~~éarredé Romicu viuaroise.<br />

Trois ans après, en Jacques sent imprimer à<br />

sontour, chez Bènoit Rig<strong>au</strong>d; à Lyon', et son ouvrage<br />

que nou'savons sous les yeux (1), jette sur la promi~re<br />

période' desa vie UIIOcertaine clarté.<br />

(t) LesMw."CGÛ deJaêquel~eRomicu.ÎTaroi.,secrétaireordinairedelaChambre<br />

duRoi,oil sont<strong>com</strong>primleilo1Wll"du.1Il<br />

patsdeVinrob.


318<br />

En ~~81, lors de la publication des poésie3 de sa<br />

sœur, Jacques était encore à Paris, avec le titre de<br />

secrétaire du Roi, puisque la lettre dédicace à Mar-<br />

guerite de Lorraine, duchesse de Joyeuse, placée par<br />

lui en tête do l'ouvrage, est dâtéu de Paris en son es-<br />

tude. Elle se tel'mine par des vœux qui, pour être<br />

sincères et naturels, n'en paratlraient pas moins as-<br />

sez insolites <strong>au</strong>x grandes dames de nos jours<br />

(1Et par ce moyen invoqueray celuy qui vous 0 si<br />

sainctement conduite <strong>au</strong>x divines lois du bon nopoier<br />

Hymenée, vous y maintenir une cenleine d'ans,<br />

avec l'aise et contentement de vos merites, et vous<br />

voir d'icy a neuf mois (avec joye et plaisir singulier<br />

de toute la France) enceinte d'un be<strong>au</strong> fruit humaine-<br />

ment divin, <strong>com</strong>me vous estes humainement toute<br />

divine. )J<br />

Les Mélanges sont dédiés à Just de Tournon, <strong>au</strong>-<br />

quel l'<strong>au</strong>teur ne ménage pas les plus emphatiques<br />

louanges, témoin le début do son premier sonnet:<br />

Celuy qui dit, Tournon, que vous prene: le nom<br />

De ce T'une ancien IIU<strong>com</strong>bat si Labile,<br />

Qui vint en ce Païs pour baslir voire ville<br />

El, Caicle, la nommer du be<strong>au</strong> nom de Tournon,<br />

Pcurroit birn dire mieux: car votre vieux renom<br />

Ilescend .Jivinem. ni d'une àme r'us genlile.<br />

Voire tige t'II ¡J'uo Dieu 'lI'COodeml'1 fertile<br />

Qu'oo peut nommer ou Mari ou le dieu Cu!,idoo.<br />

La leUre-dédicace <strong>au</strong> baron do Tournon est daléo<br />

du chàle<strong>au</strong> de Viviors, 1"janvier 4581. Nous voyon:i,


3t9<br />

dans un dY8tique latin qui suit, que l'<strong>au</strong>tour devait<br />

être encore jeune:<br />

QuiC01III'O'"Ít, udhvcjvnnit, lomri(i C°mcan°.r,<br />

Cumttniorjutrif, die(m~o)~u°ntus ~ril.<br />

La Vivarologieest une Ode assez longue dont trois<br />

strophes suffiront à donner l'idée<br />

De moJ, arcit des montagnes<br />

~irarioes je c6anterai,<br />

Et des fleurs des Terlelcampagnes<br />

Unbouquet je <strong>com</strong>poserai<br />

Bouquet que le t~mp8ni l'l'one<br />

Quoiqu'ils facent t neD~lrironl¡<br />

D'<strong>au</strong>tant que sa fleur est cueillie<br />

Aujardin du penieo Cronl.<br />

J'egalerai cettecootree<br />

A celle des plus grandsseigneurs,<br />

Puisqu le ciel l'a bonnoree<br />

De ses plu précieux honneurs ¡<br />

Car outre tout le nécessaire<br />

Que veut uo pais bon et doux,<br />

Le roc, miracle1 Tolontaire<br />

Produitdu hl6 pour des cailloui.<br />

J'en appellea lesmoin10ll'Ule<br />

Qui a son be<strong>au</strong> nom emFrunt6<br />

D'une belle AmeBlorieuse,<br />

joyiltit, le preux indolllpt6.<br />

Et ton rallon, Val!on,encore<br />

Qui prends ton nom du iraibellOu<br />

De mes ,jucteasoeursqu'on :.doro<br />

L'uDlquementcher oourriçoo,<br />

Une <strong>au</strong>tre pièce est consacrée ~i Viviers que t0l19<br />

les dieux sont venus <strong>com</strong>bler de leurs faveurs eL où<br />

l'on recucille en abondallco la gl'cnade, l'olive et tous<br />

les fruits les plus exquis.


wa~o<br />

~Plus 10iu,iI chante longuementunefoutBi~6d~:M.i8-<br />

Alage -une Sainte fontaine lrouvée depttis.detuu 011<br />

trois niois en Vivarais et qui, parait-il, guérit tous les<br />

m<strong>au</strong>x. 11 s'agit- sans doute d'une source située non<br />

loin de la gare, près d'une ferme appelée <strong>au</strong>trefois<br />

bliselage, dont les égoûls ont été achetés par ~1~1.<br />

Damon et Caries pour leur exploitation de ch<strong>au</strong>x.<br />

Elle est, dans tous les cas, bien déchue de son ancienne<br />

réputation. Un peu plus loin est la source de Fontbonne,<br />

un ancien bien d'église qui a été acquis par<br />

la municipalité plus loin enfin, se troU\'c une ll'Oisième<br />

source, la plus abondante de toutes; dont les<br />

e<strong>au</strong>x servent à l'év~ché.<br />

Les pièces qui suivent nous font entrer dans la vie<br />

privée de l'<strong>au</strong>teur. A la suite d'une série de huit sonnets<br />

amoureux, un dialogue s'engage entre B. et R.<br />

Celui-ci a des peines de ceeur et veut mourir à c<strong>au</strong>se<br />

des cru<strong>au</strong>tés de sa belle. L'<strong>au</strong>tre le morigène,leconsole<br />

et l'engllge quitter Paris<br />

Val'envoir,aim'encrois,lesterresagreables<br />

Deon genlillerroiret viTl'a'enrepos.<br />

Làla lerasl'amonr quelque honestedame<br />

QuicourtoisebieolM<strong>au</strong>radetoy merci.<br />

Quésertde .'arrellera unesotteflamme<br />

Oà1'011a pourguerdonquetrairailet souci?<br />

Le bon Jacques suivit ce conseil de tout pOtllt<br />

car après avoir gémi à Paris des rigueurs d'une<br />

h<strong>au</strong>te dame qu'il désigne sous le nom de ~IArie, nous<br />

le retrouvons à Viviers amoureux d'une <strong>au</strong>tre Marie:


3j!<br />

Qui m'etit dit alOtl qaej'abito~ Palis<br />

Qu'unanlre feuici me tiendroit pria<br />

7'eus~ègagé qué lesh<strong>au</strong>te. moulaigue.<br />

Egaleroionlles ferlilel<strong>com</strong>p3ignet<br />

En leur planeure et que 10ron 1des cieux<br />

Veuf, verroitdeee.~ul,radieux i<br />

Aina que jaméJj'eniso laissé Marie.<br />

Pour en avoir une <strong>au</strong>tre ici chuisie<br />

De mêmenomet de même be<strong>au</strong>té'.<br />

En qui je perds ores ma liberté.-<br />

Nous passons sur les vieux souvenirs de jeunesse<br />

qui se raUachent à Marie numéro un. C'était ulle<br />

Bourguigncnne et un voit qu'il l'aime encore. Il voudrait<br />

qu'elle vint en Vivarais et lui fait une description<br />

curieuse des plaisirs qu'on y trouve<br />

Tu cognoislroisque'lon Bourguignon fin<br />

A monnectar cederoit la Jio.<br />

Ici l'on voitles roses en hper<br />

Et en hiver un printemps arriver*<br />

Au gré do tons: seulementles pucelles<br />

Sont de be<strong>au</strong>coupqu'à Paris plus cruelles,<br />

Veu que Paris <strong>au</strong>ra toujours le pris<br />

Quant<strong>au</strong> metierde la molle 0' Ipris.<br />

De tel honneur je noie ma patrie.<br />

Vrayest qu'ici les craiotiyes 611eUes<br />

Ailocot toujoursles personnes bonnestes.<br />

Nous remarquons plus loin un quatrain assez pi-<br />

quant sous la plume d'nu futur chanoine:<br />

Au CnA! os V.<br />

Quelqu'un vous a ilecris, et cela vousluffile<br />

Ses polagel font foi du bon qui est en 'ous<br />

Voussenes uo à un des hommesles plus dous,<br />

Si la confusionne gastoil ~ostro i,lùe.<br />

U


322<br />

Tout ceci estimprimé il Lyon en 1~84. Les années<br />

se passent. Avec.elles viennenll'expérience et la réflexion.<br />

Le neveu prend la place de l'oncle, et devilJnl<br />

chanoine et sacristain de Viviers et, dans un<br />

manuscrit de la Bibliothèque Nationale signalé par<br />

l'abbe Rouchier (1), nous le trouvons écrivant celle<br />

fois sur un <strong>au</strong>tre ton à M. ~tasson, chanoine d'Angoulême.l\omieu<br />

s'est pris d'amitié pour ce cbanoiue<br />

dont il a lu Il\s ouvra~es et notamment un petit im-<br />

primé sur la naissance du D<strong>au</strong>phin. liaa su, de plus,<br />

par un confrère de Viviers, le chanoine Iiroé (2), que<br />

Mnsson travaillait à une histoire des cardin<strong>au</strong>~ fran-<br />

çais. Il lui signale donc les cardin<strong>au</strong>x sortis de Viviers<br />

et finit en lui envoyant quelques sonnets sur<br />

l'Eglise de Viviers destinés à être insérés dans le manuscrit<br />

qu'il prépare sur le mèrne sujet. Ces sonnels<br />

sont <strong>au</strong> nombre de huit encore le derniér est-il ina-<br />

elievé. L'abbé Rouclrier eu a reproduit qnelqucs-un5<br />

dans l'Avant-Propos de son Ilisloiue cha l'ivarats, et<br />

nous craindrions cl'abuser de la patience de nus lecteuls<br />

en citant ici les <strong>au</strong>tres.<br />

(1) FondsDuctiesne,<br />

tome35, p. 211.<br />

(2) Voicice queJacquesde Banne(litde Brote<br />

MessireBernardDroé,c<strong>au</strong>leleut<strong>au</strong> po;sib!et quimellniron<br />

canonimi<strong>au</strong>x enchère".ce quej'ai oui .lire(pmt-etrequecela<br />

n'estpas),tantil r a qu'il fustdupéet ceux<strong>au</strong>ssiquile vuuL~icut,<br />

car le héuHicene fustdonnéà ceux qui l'a"oientpoursuivi,aïns'dà<br />

MoJean Lagardequisefit cliartreux,lequeltésignaboncanonicatà<br />

Il"JeanRiflard.D


323<br />

Le chanoine de Banne parle en plusieurs endroits<br />

de Romieu. « Il estoit docteur ès dl'ùicts, homme de<br />

grand' savoir, mais particulièrement adonné à la<br />

chimie j il avoit estci grind poëte en ses jeunes ans,<br />

mais dans sa vieillesse il s'ndonna la transmuta-<br />

tion et <strong>au</strong>tres opérations chimiques. C'estoit un<br />

homme sanssoynde sa maison et sans apprelrension.<br />

vivant sans nu~ pansement. Sa maison se trouvoit<br />

sur les murs du cL9le<strong>au</strong>, du costé du levant, ainsi<br />

que celle du prévost, messire Ctarles Riffard, et le<br />

tout appelé de Gebenna formait. une seule maison<br />

appartcnant <strong>au</strong>x <strong>com</strong>tes de Geuève. Jacques de<br />

Romiéu fit <strong>au</strong>ssi réparel' une maison qui est en son<br />

propre. On l'accused'avoir découvert St-Pierre pour<br />

couvrir non pas St-l'<strong>au</strong>l, je veux dire (\u'il a pris<br />

quantité de pierres de taille qu'estoit à sa maison de<br />

la sacristie qu'est de bien d'église pour bastir la<br />

sienne qui est du bien du momie. Ou le dit ainsi, je<br />

n'an jurerois pas, ne l'ayanl pas vu faire.1; avoit<br />

travaillé quoIque temps <strong>au</strong>x recherches de la chro-<br />

nologiedes ~vesques de Viviers. Le peu de ses e,crips<br />

que ~L l'<strong>au</strong>isse, clr!uoine, me dOllll[l, il y a quelques<br />

années, m'onl d0lllll CU!Ir'1~Cde travailler à cet ouvrage.<br />

»<br />

Do Banne nous appran!1 enfin que Jacques de<br />

Itou!ierr mourut en 1G2i, à de 78 ans, laissant<br />

ses btiiiélices et ses be<strong>au</strong>x livres « il '11\ sien neveu,<br />

appelé <strong>com</strong>me lui Jacques de Romieu, qui n'estoit ni


3x~<br />

savant ni oiVil. Il estoit bon hommè, mais voilà<br />

tout. »<br />

Le chanoine poète tut enterré <strong>com</strong>me son oncle<br />

Des<strong>au</strong>bers dan's le lMubeàu do la maréchalo do Ho'ù-<br />

cic!\uipar permission du chapitre.<br />

Le second ,laoqises do Romieu, chanéine et saoris-<br />

Iain <strong>com</strong>mesen oncle Romieu et son grand oncle<br />

Des<strong>au</strong>bel's,mourut subitement <strong>com</strong>me eux lel9 ré.<br />

vrier 4638 d'une béniorelitigie. « C'estoit une chose<br />

pitoyable de voir quo son chien beultout son sang<br />

qu'il avoitvomi en terre 11estoit aagé do quarante<br />

ans. A ntorte subitaned et intrrovisd, libera nos,<br />

Domine 1 »<br />

D'après Colletot, Marie de iloinieu était une belle<br />

personne i ellese maria, puisqu'un tle ses sonnets<br />

ost adressé à sou fils ét qu'olloparle aillours des soins<br />

de son ménage qui ne lui permettent pas de cultiver<br />

les Muscs<strong>au</strong>tant qu'elle 10voudrait. 11paratLqu'elle<br />

était un peu plagiaire ainsi que son frère. Du moins,<br />

Colletet 10 leur reproche assez vivement, « 11 n'y a<br />

pas, dit Collotctait parlant de Marie, un titre de ses<br />

poèmes qui tic marque que ce,soit ou imitation ou<br />

t¡'aJuclion de quelque <strong>au</strong>teur toticienou model'ne.<br />

Mais, ajoutc-t-il ~alamment, tout est permis <strong>au</strong>x<br />

belles dames qui peuvent dérober jusqu'à nostro<br />

ecoursans le dire etsans que nous soyons obligez,


S2t;<br />

\'9ire mesme qu'il nous soit bien scéant de nous<br />

plaindre. »<br />

Colletet critique le style de Jacques de Romieu<br />

<strong>com</strong>me barbare, raJJoteux et fort dur. C'était, I.Íit-il,<br />

un docte écdvain, mais il n'avait pas sacrifié <strong>au</strong>x<br />

Grâces. Et Colletct u'a pas tout-à-fait tort. Le style<br />

do Marie de Romieu nous pori1ttbien supérieur. On<br />

y sent, il est vrai, l'imifatiQnpartout, mois'a forme<br />

est rpmarquablo pour l'époque. La plupart de ses<br />

petitspoèmes n~étaient pas évidemment destinés à<br />

sortir d'un cerclo d'amis. Marie do Romieu semble<br />

<strong>au</strong>ssi avoir écrit des exercicc~liltéraires plutôt que<br />

des impressions personnelles. Quant <strong>au</strong> caraotère hyperbolique<br />

des louanges adr('ssécs <strong>au</strong>x Tournon ou<br />

<strong>au</strong>x Joyeuse,le frère et la sceur peuvent se donper la<br />

main. C'était la mode et pout-btre cet abus dos<br />

louanges valait-il encore mieux que l'excès do:dénigrement<br />

qui a prévalu depuis. La bel~esprit d'alors<br />

était <strong>au</strong>ssi bien loin de ce quo nous appelons <strong>au</strong>jourd'hui<br />

le bon goM. C'était une futour d'anagramllll's<br />

et <strong>au</strong>tres jeux d'e¡;prit (lui nous paraissent<br />

pitoyables, mais dont délectalotit les 'lettrés d'alors<br />

<strong>au</strong> lendemAindes siècles de barbarie. Sommesnous<br />

plus spirituels, du reste, avec nos calembours '1<br />

Il f<strong>au</strong>t avoir lu nos, ,'ient poètes pour bien <strong>com</strong>prendre<br />

la réaction puristo dd Mallierbeet les anathèmes<br />

de 1lolloan. Moislour lecture fait <strong>au</strong>ssi <strong>com</strong>prondre<br />

les sonices que, malgré tous leurs déf<strong>au</strong>ls, ils ont


3216'-<br />

rendus la langue française. Ce sont eux, en définitive,<br />

qui ont défriché cette terre inculle, et ce sont<br />

leurs labeurs plus ou moins mal ré<strong>com</strong>pensés qui<br />

ont parmis à leurs successeurs plus heureux de légiférer<br />

]e.Parnasse. En ce qui concel'ue spécialement<br />

Jacques de Romieu, nous pensons qu'on peut tout<br />

pardonner à un homme qui a eu ridée de faire la<br />

!'ivar·ologie. Nous terminerons ce bref aperçu su rJacques<br />

et ltarie de Romieu, en oxpl'ill1ant le regret que<br />

le docteur Silhol n'ait pas donné suite <strong>au</strong> projet, ait-<br />

noncé par lui en 1871 (1) do publier une noU:e dé-<br />

tailléo et de reproduire les ceuvres de Jicclties et<br />

Marie do Romieu. Ces vieux pelils livres sont fort<br />

rares. Nous avons vu venclre plusieurs fois a des<br />

prix variant de cent à trois cents francs les peésivs<br />

da ~rarie da Romieu. On petit heureusement les<br />

avoir <strong>au</strong>jourd'tmi à meilleur <strong>com</strong>pte, grâce ir la réimpression<br />

qu'en a faite M. Prosper Blanctemain en<br />

1880 chez l'éditcul' Jou<strong>au</strong>st.<br />

~¥<br />

Parmi les illustrations modernes de Viviers, Honol'Ó<br />

Fl<strong>au</strong>gergues, né le 1(imai 17~'i, doit ôlre pIncé <strong>au</strong><br />

J}remier rang. Son père, mort dans les premières<br />

années de la Itécolution, était un- homl11otrès-versv<br />

dans les scieitecs naturelles et qui a laissé do précieux<br />

Mémoires sur l'histoire politique et religieuse<br />

(i) fichodel'Ard~eAe, 23 février1871.


327<br />

da.<strong>pays</strong>. On raconte qu'ayant à se plaindre de la<br />

façon dont il avait été lraité dans les écoles publi-<br />

(ities, il résolut de na pas envoyer son fils et qu'il<br />

se chargea lui-même de son éducation. Sous l'in-<br />

Iluenco paternelle et grâce à une aplitude merveilleuso<br />

pour toutes, les sciences; mais surtout pour les<br />

mathémntiques, Honuré ne tarda pas faire d'étonn<strong>au</strong>ts<br />

progrès, Il avait avant tout cette curiosité<br />

scientifique, qui est le plus sûr précurseur du<br />

génie, et la uécessité (car c'en était une pour lui) de<br />

se rendre <strong>com</strong>pte d'une foule do phénomènes naturels<br />

qui chaque jour frappaient ses yeux éminemmont<br />

ohservateurs, lui rendit bientôt familières la<br />

ph}'sique, la chimie, la météorologie, l'astronomie.<br />

Passionné surtout pOUl'cette dernière, il voulut lire<br />

les éerits (les anciens astronomes dans les tex les ori-<br />

et ful amené ainsi à étudier la plupart des<br />

ididmes orient<strong>au</strong>x, le hersan, le sanskrit.<br />

Quant ait grecet <strong>au</strong> latin, il, les parlait <strong>com</strong>mo sa<br />

longue innteriielle. La découverto de quelques inscriptionstébraTqu~·~sur<br />

l'emplacement de l'ancienne<br />

,luÎ\"erie de Viviemi donna l'idée d'étudier l'hébreu.<br />

Ayant lit,;un <strong>com</strong>merce du lettres acec les priticip<strong>au</strong>x<br />

I1sll'Onomesanglais d allemands, il jugea I(uo<br />

la connaissance (lu ces deux langues lui était indispensable.<br />

Et voilà <strong>com</strong>ment Fl<strong>au</strong>rorgues se fit en<br />

peu d'ann4us un riche tré~ord'éruditiou, Il)<br />

(t) M3Duscrils de 1'3bWD3racand.


318<br />

Dès l'année 4779, il adressait à l'académie des<br />

Sciences de Paris- un mémoire sur Ja théorie de~<br />

machines simplesqui lui valut une mention honorable.<br />

En 478., l'Académie de Lyon couranna son<br />

mémoire sur la dt/érente réfrangibilité des rayona<br />

aolaires, et en'1790 son étude sur la question de l'aplatissement<br />

de la terre <strong>au</strong>x pdles. Il écrivit encore à<br />

.cette époque d'<strong>au</strong>tres mémoires scientifiques, dont<br />

un sur l'arc en ciel.'obtint un prix à l'académie de<br />

Montpellier, et l'<strong>au</strong>tre sur les tnombes fut couronné<br />

à Toulouse.<br />

Le cÓ)~bre mathématicien Lalande, qui était en<br />

correspoudance suivie avec Flatigergues, le fit nommer<br />

en 1796 correspondant de l'Académie et peu<br />

aprèsdirecteui de l'Ob3ervatoire de 3firseille, Mais<br />

Fl<strong>au</strong>gcrgues refusa ce dernier poste. Dopuis l'aDnée<br />

f 798,il enricbit de be<strong>au</strong>coup d'observalions, de calculs<br />

et de tablesl'ouvrage intitulé Lesconnaissances<br />

utites.<br />

Maisce qui attira surtout J'attention des savants<br />

de l'Europe sur Fi<strong>au</strong>gergues fut la dJcouvel'lc do la<br />

<strong>com</strong>ète 11laquelle il laissé son nom. Le gOllv6rnc'ment<br />

français l'invita â se rendre à Paris. théâlro,<br />

disait-on, plus'eu rapport avec son mérite. JIdonna<br />

pour toute réponso qu'à Paris on ne lui rendrait pas<br />

le be<strong>au</strong> ciel de Viviers. admirant son désintéressement,<br />

l'Académie des Sciences lui envoya, avec ses<br />

félicitations, un grand nombre- ilinsiruments d'as-


9i9<br />

tronomie. Plusieurs savants fronçai!>~étr~l;lgers<br />

Toulu,rcnt voir un homme pour qui la science était<br />

tout et l'hopneur qui rovient de la science rien, et<br />

l'on assure que Hl'r5chollviut pour cela tle, Lgndres,<br />

et I.alande de Paris. C'estce mêmedédaiu.de la gloire<br />

ou de la gloriolo qui empêcha Fl<strong>au</strong>gergues de rien<br />

publier à part. Lesdeux seules pièces hJ1primé"squo<br />

l'on ait de lui sont un étémoire sur le lien du nosud<br />

de l'anne<strong>au</strong> de Sal~irne (4790) eL les Observations<br />

aslronomiques faites à Viviers (1798), qui se trpu..<br />

vent dans l'ancien recueil de l'Institut (section des<br />

sciences.)<br />

Fl<strong>au</strong>gergues est <strong>au</strong>ssi l'<strong>au</strong>teur d'un llémoire sur<br />

les queues des <strong>com</strong>ètes qui fut couronné par l'AclIdémia<br />

de Nlmes, en 1816,et d'une étude sur la slructure<br />

du globe de l'œil, qu'il écrivit, dit-on, pour<br />

aml'mer sa croyance en Dieu et réfuter l'opinion de<br />

coùx qui l'avaient présenté <strong>com</strong>me un athée, L'abbé<br />

Baracand dit qu'il était assez indifférent en malière<br />

religieuse, mais qu'il remplit en mourant sesdevoirs<br />

de chrétien.<br />

Fl<strong>au</strong>gergues Il laissé nn manuscrit intilulé: dlé.moiressur<br />

les antiquités et l'histoire de la villede Viviers<br />

.et ~lgses environs, qui se trouve il la bibliothèque du<br />

Grand Séminaire.<br />

Fl<strong>au</strong>gergues exerçait à Viviers les fonctions de<br />

juge do paix D'uDe int~8rilè parfaite. de moeurs<br />

puros. d'un caractère simplo et paisible c'ét¡U' 10<br />

l)'pe du p.arfait boupèt'e homme.


830<br />

Fl<strong>au</strong>gergues père avait épousé la fille du baron de<br />

Ilatte. Honoré fit un mari!Jge d'inclination. Une<br />

femme riche eût géné ses gol)ls de savant, tandis que<br />

celle qui ful "élue de son cœur, ne s'occupait que<br />

de lui. Il mourut en 1835. Sa mort excita des regrets<br />

en France et en Europe, mais elle passa inaperçue à<br />

Viviers, où l'on ignore même le lieu desa sépulture.<br />

Les biographies générales mentionnent <strong>com</strong>me<br />

étant de la même famille, un Fl<strong>au</strong>gergues (Pierre<br />

François), dl' Rodez, qui joua. un rôle assez rnarq'uanl<br />

dans l'Aveyron pendant III Révolution et fut t député<br />

sous la I\esl<strong>au</strong>ratian. Ce dernier est mort en 1836<br />

laissant plusieurs enfants dont un, P<strong>au</strong>l Fl<strong>au</strong>gergues,<br />

professeur de sciences appliquëes à l'école navale de<br />

Toulon, mort en 48i7, est l'<strong>au</strong>tour do plusieurs Mémoires<br />

adressés à l'Académie desSciences. Une <strong>au</strong>tre,<br />

P<strong>au</strong>line de Fl<strong>au</strong>gergues, qui nvaU habité le Portugal,<br />

a publié en t8f~l, à Paris, un petit volume de vers<br />

intitulé Au bord du Tagè.<br />

La Collection du Languedoc mentionne un capucin,<br />

le P. Emmanuel, de Vluier:s,qui fut <strong>au</strong>ssi un célèbre<br />

astronome, mais il parait qu'il s'agit ici d'un Viviers<br />

qui est dans le Tarn. La même remary:c s'applique<br />

sans doute une <strong>au</strong>tre céMbrité du Languedoc, mentionnée<br />

par la même Collection, sous le nom Je César<br />

d'Arcons. Celui-ci, qui mourut en 1fi81, awit été<br />

avocat <strong>au</strong> Parlement do Borde<strong>au</strong>x et a écrit divers<br />

traités scientifiques, un entr'<strong>au</strong>tres pour expliquer le<br />

flux et le reflux de la mer et les longitudcs.


3tH<br />

L'abbé Cyprion Diracand, que nous avons eu<br />

l'occasion de citer, plus d'une fois dans ce volume,<br />

était né à Viviers vers t 819.Il <strong>com</strong>mença às'o~cuper<br />

d'études historiques sur les b<strong>au</strong>cs du séminaire. La<br />

dédicace de son ouvrage à l'évêque d'alor. 3f-r Bonnel,<br />

est datée d'octobre 1841. Il avait donc terminé il<br />

virgt-deux ans un travail pour lequel vingt ans<br />

'd'éludes sér¡cusesn'ouraient pas été de trop. Aussi<br />

lie f<strong>au</strong>t-il pas trop s'étonner d'y trouver des puérilités,<br />

des hardicsses et des erreurs inimaginables. Notre<br />

jeune séminariste ne recule pns devantles arcanes<br />

les plus secrets de l'histoire. Ainsi, par exemple,<br />

yuand nous 5a\'On5 de St-Janvier tout juste ce Itu'en<br />

dit le Charla t'ettts, c'est-à->dire qu'il fut le pr~mier<br />

évêque d'Alha, l'abbé racoute par le menu son apostolat.<br />

Il nous le montre aeissanl avec St-Victoret, un<br />

capitaine des gardes qui se serait cunverti <strong>au</strong> christianisme.<br />

Il indique la grotteiu quartier de Planj<strong>au</strong>x<br />

oit les chrétiens tennienlleurs réunions. Il donne 10<br />

texte des adiew de 51-JanYÍ\'r ses disciples. Il raconte<br />

que St-Victoret fut précipité du h<strong>au</strong>t du pic<br />

d<strong>au</strong>s la vallée. Il précise même la date c'étnillo 16<br />

aotlt do l'an 100. St-J<strong>au</strong>vier, élant revenu. fut assassinh<br />

à son tour par les druides du lllanuni medium.<br />

Ses récits sur St-Arconle elles urigiues de la maison<br />

de Tournon no sont pas moins étourdissants. Il


33~<br />

parait que l'Helvie était' alors en république et quo<br />

son président s'appelait Justus. C'était un vaillant<br />

guerrier 'qui so joignit il Pépin contre les ~Sarrasins<br />

et reçut en ré<strong>com</strong>pense, la ville et le<strong>com</strong>té de Tour"<br />

non..Or, ce Justus, mc1par l'ambition, ~omeuta le<br />

D1écontenlementdes nobles Belviens contre St-Arconte<br />

et fut le ,'érilable instigateur du meurtre de<br />

cet évêquej ce qui ne l'empêcJtait pas d'être amoureux<br />

de la propre sœur du prélat, appelée Arcontia.<br />

Celle-oi ayant été enfermée dans un monastère, Just,<br />

dévançant la légende de ln tour de Brison, fit un<br />

paeto avec le diable qu'il <strong>au</strong>torisa à enlever deux<br />

pierres par on de la tour St-Martin, mo)'ennant quoi<br />

le diable l'introduisit <strong>au</strong>près de sa bien aimée. Le<br />

roman finit, dit reste, fort inal pour ce malheureux<br />

Just qui, repoussé' avec horreur par A.rcontia, se<br />

suicida. Arcontia alla mourir en odeur de sainteté<br />

dans un monastèré. On dit que son ombre blanche<br />

reparaît de temps en temps pour reprocher leur<br />

crimo <strong>au</strong>x gens de Viviers. Quant à Just ah 1<br />

n'allez pas, braves gens, promener du côté de la tour<br />

St-Martio, car son ombre y reparatt chaque nuit,<br />

pleurant Arcontia el disputant à Salan les pierres 4e<br />

la tour.<br />

Une invention, encore plus <strong>au</strong>dacieuse, puisqu'elle<br />

se ra{Jprocbe davantage des temps modernes, est<br />

celle des origines de l'évêque Leodegarius. Barac<strong>au</strong>d<br />

nous le représente, <strong>com</strong>me ,étant,danssa jeunesse, un


Sg3<br />

gentil6omtnè passablement léger du <strong>pays</strong> des Ségâl-<br />

Hers, devenu àujoÜrd1huila ville de Largentièro.<br />

L'évêque Jean, qui fut Un des conseillers de Grégoire<br />

'~11,lâi ayant arraché une jeune fille qu'ilnvait enlevée,<br />

notre gentilhomme aposta des hommes pour<br />

le tuer, mais les armestombèrént des mains des<br />

assassins, et ce prodige convertit si bien notre homme<br />

qu'il devint plus tard prêtre et mêmecardinal. Voilà<br />

une illustration que Lnrgenlièl'ene se donnaissait pas<br />

et voilà, toujours d'a presl'abbé romancier, l'origine<br />

des droits des évêques sur Largentière. Pourquoi diable<br />

tout cela n'est-il pas appuyé sur quelque hon<br />

parchemin? Y<br />

Il est probable que notre jeune historien ne<br />

tarda pas ê avoir lùi-mèrne conscience du pen de<br />

valeur de son couvre, car, après avoir abandonné<br />

son manuscrit entre les maihs de Marc-Aurel, l'imprimeur<br />

de Valence, il ne s'en inquiéta plus. Peu<br />

a'près, du reste, il qutla le diocè~oet colra en t8in<br />

dans l'ordro des Carmes déch<strong>au</strong>ssésà Carcassonne.<br />

Nous àvons lu une leUre do lui, datée de t855, dans<br />

laquelle il dit quo dcqà bien longtemps avant son<br />

entrée en religion, il avait perdu do vue ses recherches<br />

historiques sur l'Anlèchc. Nous savons qu'il<br />

acquit, plus tard, uno certaino notoriété dans le sudouest,<br />

sous 10nom de P. Alexis, par ses prédications<br />

quelquefois un peu excentriques. Il est mort vers<br />

1880. Pais.àsa cenrlro 1Si ses trav<strong>au</strong>x historiques


33"<br />

sur l'ardèche n'ont rien de sérieux, il f<strong>au</strong>t ¡'cconnat-<br />

Ire qu'ils le sont assez pour son ~ge et ils prouvent<br />

dans tous les cas une activité et une intelligence qui,<br />

avec plus d'expél'Îence et un esprit plus pondéré, <strong>au</strong>-<br />

raient pu dOIH.erdes fruits substantiels. '17els qu'ils<br />

sont, et malgré les éuormités dont ils foisonnent, ils<br />

nous ont intéressé à c<strong>au</strong>se des documents assez nombreux<br />

qui s'y trouvenlindiquésou reproduits.On vu<br />

quo nous en avons profité, mais jamais 'sans qnolqne<br />

appréhensiôn, car avec un guide <strong>au</strong>ssi peu srlr, il<br />

f<strong>au</strong>drait tout vérifier ce qui n'est pas toujours<br />

possible et, malgré no, justes défi<strong>au</strong>ces; il ne serait<br />

pas impossible qu'il nous cùl mis parfois dans l'erreur.<br />

Ces manuscrits sont <strong>au</strong>jourd'hni cnlr£' les mains<br />

do l'<strong>au</strong>teur des Ephémérides viearoises, .U. Dubois,<br />

ancien ju,~e de paix de Tlmeyts. II fut question de<br />

les publier vers ~855 et peut-èlJ'c cette circonstance<br />

contrihua-t-elle à liMer l'ahparition du premier<br />

volume de l'ahbé Rouchier, dé5ircux sans doute de<br />

couper coui-tatix Iégeudes s<strong>au</strong>grclluesqui menaçaienl<br />

d'envahir le public vicarois el qu'uuo foule dp J~l'avesgens<br />

n'<strong>au</strong>raient pas manqué d'accel)-ler <strong>com</strong>me<br />

des vérités incontestables.<br />

Il résulte d'ull acle judiciaire, découvert par rirlOin<br />

Boissin <strong>au</strong>x Archives nationales, qu'Armando


335<br />

Béjaf1'e, la femme de Molière, avait hérité de sa mère<br />

une créance de sept mille livr,!s sur le clergé de Viviers.<br />

La défunte dame Béjarre, voulant être payée,<br />

avait donné sa procUl'atiun, à un huissier, nommé<br />

Coiffier, lequel avait négocié la créance <strong>au</strong> préjudice<br />

des héritiers, et c'est pour s<strong>au</strong>ver cette somme que<br />

Molière et sa femme se présentèrenL le 29 octobre<br />

~6!2 <strong>au</strong> Châtelet de Paris, pour protester contre<br />

Coirfier et demander son arrestation, en se portant<br />

parties civiles.<br />

Notons ici, en passant, quoique<br />

cela n'ait <strong>au</strong>cun<br />

raliportavec la cré¡)ncc Béjarre, que. d'après deux<br />

lettres fort bien raisonnées do M. l'abbé Landr<strong>au</strong>,<br />

ancien curé de Tournon, )Iulièl'e fut toujours l'ami<br />

des Jésuites, en sorte que le Tantu/fe serait dirigé<br />

non contre eux, mais contre les Jai)séiiistes.<br />

Il fallut revenir un peu sur nos pas pour visiter la<br />

chapelle de St-Oiticii (lui se trouve dans le premier<br />

amuent de la rive rlruilc tle l')Jsceula~· du côté de<br />

Viviers.<br />

Le P. Colombi dit que le corlis du prèlre Sl-Ostien<br />

était dans la clralalle (h~ Saiiit-31artiii do la val-<br />

léo Consriensis à un millc do Viviers avec be<strong>au</strong>.coup<br />

d'<strong>au</strong>tnJs. Il ajouto que les vieux documents<br />

sont muets sur ce bienheureux. L'abbé Iiouchier<br />

constate quo, seul des saints particuliers dont se glo-


3'i6<br />

ri8elo Vivarais, Ostien a mérité d'avoir son nom ins-<br />

·'erit <strong>au</strong> martyrologe romain. Il fallait! du reste,<br />

qu'une tradition bien ancienne eM consacré la mémoire<br />

de ,ce saint, puisque nous voyons le nom de<br />

la chapelle figurer dans la carte de Cassini sous le<br />

nom de St-Ostian. Aussi, sous l'inspiration de l'abbé<br />

I\ouchier, et grâce ait précieux concours de M, )savit~<br />

de Lafarge, des recherches eurent-elles lieu en 1880<br />

pour trouver les reliques du saint. Après avoir fait<br />

une tranchée dans le sol de la chapelle jusqu'à la<br />

couche ,'ierge, on avança vers l'<strong>au</strong>tel qu'on trouva<br />

Mti sur un sarcophage monolithe, recouvert par un<br />

<strong>au</strong>tre monolithe, le tout fortemcnt cimenté par du<br />

beton gallo-romain, en sorte que l'<strong>au</strong>lel ne faisait<br />

qu'un avec le sarcophage. On suppose que cette bâtisse<br />

était destinée b prévenir un vol des reliques.<br />

Le sarcophage conhmait des ossements mêlés de<br />

terre et de gravier, d'ou l'en pnjsuma que c'était uné<br />

seconde sépulture. La première était sans doute à un<br />

endroit peu éloigné qui sCl'vnittraditiounellement de<br />

halte à la procession de St-Ostien, lorsqu'on se ren-<br />

dait à sa chapelle, et où l'on donnait la bénédiction.<br />

La tête du saint avec la plupart des ossements furent<br />

lran


337<br />

iruire une cripte que visitent de nombreux pèlerins.<br />

La chapelle de St-Ostien, est dans la vallée de-<br />

r.ouspier, <strong>au</strong> pied do la tOUl'SI-Mal'lin. La présence<br />

cIe quelques débris de mur, il petit appareil romain<br />

<strong>com</strong>me ceux de la chapelle, a tail. supposer qu'il y<br />

avait <strong>au</strong>trefois un monastère en cet endroit. D'après<br />

une tradition locale, le torrent,qui passe près de la<br />

chapelle prédit, quantl il ne cesse pas de couler en<br />

temps de sécheresse, une année do calamités, et lors-<br />

qu'il n'atigineiit6 pas trop malgré cl'assez fortes pluies,<br />

une année prospère. Le raviu situé derrière la tour<br />

St-llartin, s'appelle le vnllnt de l'en~'er.<br />

St-Ostien ou Ostian est de temps immémorial célèlJre<br />

dans le pay·s pour obtenir la pluie. Quand on<br />

lui fait un vaeu, c'est en prennnt la couleur noire,<br />

des rubans ou des vUements de deuil, <strong>com</strong>me pour<br />

St-J.-F. Uégis, t<strong>au</strong>dis que pour la Vierge ou d'<strong>au</strong>tres<br />

saints, on prend ,le bleu ou le' blanc. 13ieii avant<br />

qu'on 0111retrouvé son corps, les <strong>pays</strong>ans des environs<br />

allaientl'Ílm .quer en temls de sécheresse. Ceci<br />

nous rappelle un pelit incident de la translalion des<br />

reliques.<br />

22<br />

Bien que le temps fÙt' "'ès-bean <strong>au</strong> moment<br />

du départ de la p,Ocessioii, ~J. de dit Je<br />

connnis mon saint. je premls mon parapluie ( Les<br />

<strong>au</strong>diteurs sourirent et <strong>au</strong>cun ne l'imita. 31al letia- en<br />

prit, car ils furent trempés jusqu'<strong>au</strong>x os.


988<br />

Le recueil des Bollandistes (4) a publié, depuis, une<br />

vie de St-Ostian, parSuppari, récemmentdécouvérfe<br />

à la Bibliothèque royale de Bruxelles. D'après ce<br />

document, St-Ostian vivait du temps de l'évêque<br />

Venancequi gouverna l'église de Viviers de 517 à<br />

535, et était même sou parent. Dès son enfance, il<br />

étudia les lettres sacrées et, saisi d'un saint zèle,<br />

vendit tous ses biens pour en distribuer 1e pria <strong>au</strong>x<br />

p<strong>au</strong>vres. Il suivit St-Venance à Vivierspour y mener<br />

la vie de cénobite. L'évêque l'aida à chercher une solitude<br />

éloignée des hommes.Ilsla trouvèrent <strong>au</strong> pied<br />

de la montagne Raina (Bayne)produisant un ruisse<strong>au</strong><br />

appelé Ticinus. C'est là que St-Ostian choisit<br />

sa demeuro et que l'évêque lui fit bâtir une cellule<br />

dans laquelle le saint passa son temps en veilles,<br />

jeOnes et prières. Il y serait resté vlngl-cinq ans.<br />

L'<strong>au</strong>teur de la vie du saint rapporte quelques-uns<br />

des miracles opérés par son inlercession ils consistent<br />

surtout en pluies abondantes obtenues en temps<br />

de sécheresse. Plusieurs aveugles <strong>au</strong>raient <strong>au</strong>ssi<br />

recouvré la vue pour avoir touché son corps lorsqu'on<br />

allait l'enterrer.<br />

le alb<br />

Un membre de l'Académie française, M.Cherbullier,<br />

a placé la scène d'un de ses ouvrages, le<br />

(1) AnoJxlaBollandiana,<br />

tom~U, pale. sis-lie, ~ané~<br />

un.


339<br />

Roman d'une honnetefemme, dans la région de Donzère<br />

et partie même à Viviers. Remercions-le d'avoir,<br />

quoique protestant, donné un be<strong>au</strong> rôle <strong>au</strong> prêtre<br />

éatholique que son héroïne désespér~e rencontre<br />

dans la ville épiscopale. Je ne veux pas faire<br />

la critique de son livra et j'avoue même l'avoir<br />

1!, avec intérêt. Mais l'éminent écrivain me<br />

11ermettraJ'assaisonner cet éloge d'une critique qui,<br />

ù'u reste, l1es'adresso pas à lui seul. Pourquoi, parmi<br />

tant de drames saisissants qu'offi-a la vie réelle, la<br />

vie dé la masse immense, se lancer dans la peinturo<br />

d'un monde exceptionnel, et aller, chercher des types<br />

<strong>au</strong>ssi étranges que ceux de Max et d'Isabelle P<strong>au</strong>vres<br />

gens qui,' trop favorisés des biens de la fortune<br />

et des dons personnels, et n'ayant plus le lest des<br />

préoccupations de tout genre qui retient le <strong>com</strong>mun<br />

des mortels, sont le jouel de caprices et de passions<br />

souvent imaginaires et parfois ridicules. On ne peut<br />

pas dire que les J1crsonnogesde~r.Cherbullier soient<br />

de pure fantaisie, mais on pourrait encore moins<br />

soutenir qu'ils sont <strong>com</strong>pl6loment naturols. :'doxest<br />

trop vicieuxpour sa bonne conduite finale et la quasi<br />

défaillanco d'Isabelle jure avec son enractèré. Ce<br />

sont des poupées de salon, co tic sont pas dos êtres<br />

de chair et d'os. Ah 1monsieur l'académicien, quels<br />

tnotibles <strong>au</strong>trementvivants et vigoureux vous duriez<br />

trouvés dans ce <strong>pays</strong>, relath'ement primitif, qu'on<br />

appelle le Vivarais si, <strong>au</strong> lieu de vous arrdter à


3io<br />

l'une des portes, vous aviez pénétré dans ses montagnes<br />

1Ici pas de mièvreries, mais des couleurs forles<br />

et (r<strong>au</strong>chées. La lutte pour la vie, l8.<strong>pays</strong>~n<br />

puftant des fardea4x coq¡mc ou Moyeii-Age,la ménagère,<br />

tantôt rapp~lant la femme forte de l'Ecriture<br />

et tantôt profondément avilie par la misère ou par<br />

l'immoralité tous les types de Balzacse retrouven~<br />

dans cette vie provinciale dont les eliemiiisde fer o~<br />

les journ<strong>au</strong>x profanent tous les jours les secrets et<br />

font envoler les pénétrantes senteurs. Je vous ra,.<br />

<strong>com</strong>mande surtout nos po1i~hinellespolitiques, i vou~<br />

savez que c~uând un s<strong>au</strong>vage se grise, il dépasse le<br />

~ivi1iSÓjdo même, la poillique de nos'monta~Qe~est<br />

encore plus grotesque qq'ailleurs, et ce ~'est pas peu<br />

dire. Allez-yvoir un peu, et vous m'en direz des<br />

nouvelles 1<br />

fiV<br />

SAiNI-1I0l1TAN<br />

Les d~6gureur8de mots. Sem·6(outanua. La be<strong>au</strong>medu saint,<br />

L'çrmitagede ~rieq1t. Le p. Jean Bru:e<strong>au</strong>. -Une<strong>com</strong>mun<strong>au</strong>lÓdermites.<br />

Ce qu'on voit de la bc<strong>au</strong>mede SI-'I9n\al1la<br />

Perrière. Le noyé. Le elible<strong>au</strong>de St-Monian.<br />

Où les chai.' meurent droits. Les callora du RI,6ne. Le<br />

Père lIondili()n. n~l'ubliqura aquatiques, el RFpuhliques1er, re.lre.. Une reclificalion<strong>au</strong> sujet de Jacquelioc de la Borie.<br />

poil 1 dit BnrbÇ>, voil~ un chapitre hui <strong>com</strong>mence<br />

par uno f<strong>au</strong>te ~'oftho~çapllQ. Pourquq.i l\'écrive~vou6


3~~<br />

pas St-~fôntdnt <strong>com</strong>me tout le monde, c'oit '-à-diéë<br />

avec un t à la fin? Voyezla carte de l'état-major, les<br />

rapports des ingénieurs, les indicateurs du chetrlin<br />

de fer et mêmela plupart des Annuaires dé l'Ard~<br />

che: fous écrivent Sainf=Jltintant.<br />

= Et tous ont tort, dis-je, et jé suis enchanté de<br />

cette Óccasionde p~otëstercontre une orthographe qui<br />

n'a pas le sens <strong>com</strong>mun.<br />

L'orthographe doit être basée sur l'étymologié. En<br />

écrivant St-èlontant, on insinue que ce nomvient du<br />

caractère abrupto du <strong>pays</strong> lit des pentes rapides de<br />

hi montagne qu'on rie moritopas sans fatigué et sans<br />

peine, et c'est là sang doute ce qu'ont Compris les<br />

officiers d'état-major, les ingénieurs et les agents-vtiyers;<br />

c'est liourquoi ils ont adopté celle manièrè<br />

d'écrir') dans leurs cartes et daml léurs rapports et<br />

finalement l'ont fait prévaloir dans lu littérature officiello<br />

et d<strong>au</strong>s lés indicateurs du chemin de fer.<br />

Or, si ces fonctionnaires n'étaient pas généralement<br />

des étrangers <strong>au</strong> <strong>pays</strong>, il leur cM suffi diun<br />

mot échangé avec le premier <strong>pays</strong>an venu, pour savoir<br />

que le nom de St-Mositanvient, non do la topo.<br />

graphie de l'endroit qui, d'ailleurs, n'ost pas plus<br />

montant qu'une infinité d'<strong>au</strong>tres dansl'Ardècbe, mais<br />

d'un saint ermite, nommé ou surnommé Montânud,<br />

qui l'a <strong>au</strong>trefois habité.<br />

Ils <strong>au</strong>raient pu savoir <strong>au</strong>ssi que be<strong>au</strong>coup d'enfants<br />

dans le VillAgES reçoivent le nom de Jfonfà» ou


3~~<br />

Montane et non pas afontante, &~ivantle sexe, et ils<br />

se.seraient gardés, en présence d'une tradition si bien<br />

établie, d'adopter une orthographe qui jure aveo<br />

toute l'histoire locale..<br />

Mais la plupart des ingénieurs sont du Nord et,<br />

tandis qu'ils péchent par ignorance, il arrive, d'<strong>au</strong>tre<br />

part, que ceux du Midiveulent faire les savants<br />

et croient donner une preuve d'érudition et de go~t<br />

en francisant des appellations locales qui ne leur demandaient<br />

rien. C'est aiusi qu'ils ont appelé Laoult<br />

ou Lavoulte le bois ~e Ldou, et G<strong>au</strong>d la pres1u'ile de<br />

Gdousur la rivière d'Ardèche. C'est ainsi que Bay,<br />

déjà défiguré en Baïx, est devenu Bex dans la bouche<br />

des employés du chemin de fer. Et ce qu'il y a<br />

de plus triste, c'est qu'<strong>au</strong>cun de ces braves gens n'a<br />

la conscience de ses méfaits.<br />

En quoi donc, dit Barbe, sont-ils si coupables?<br />

Quediriez-vous, répliquai-je, d'un homme qui<br />

s'amuserait 8 badigeonner les statues antiques ou à<br />

défigurer les vieux monuments, en brisant les sculptures<br />

et en couvrant les murs d'ullc épaisse couche<br />

de ch<strong>au</strong>x ou de couleur 9<br />

Certainement, dit Barbe, ce serait là une tristo<br />

manie qui mériterait <strong>au</strong>tre chose que des <strong>com</strong>pliments.<br />

Eh bien 1mon brave ami, c'est, exactement ce<br />

que font les ingénieurs eL<strong>au</strong>tres qui défigurent notre<br />

vieux langage, c'est-à-dire le plus précieux de nos


313<br />

anciens monuments. Et il n'est pas trop tôt, je pensé.<br />

pour leur crier, à la race du public intelligent, qu'ils<br />

<strong>com</strong>mettent là un véritable vandalisme. Je vous ai<br />

déjà signalé à GOoula singulière coïncidence du nom<br />

donné à cette presqu'He avec le mot bas-breton qui<br />

signifie contour (f). Et <strong>com</strong>biend'<strong>au</strong>tres analogies de<br />

ce genre on pourrait signaler 1Maconclusion e~6bien<br />

simple écrivons les noms <strong>com</strong>me les prononcent les<br />

gens du <strong>pays</strong>; il y <strong>au</strong>ra plus de chances de leur conserver<br />

leur sens primitifetd'en découvrir la véritable<br />

étymologie.<br />

La légende de St-Montan se rapporte <strong>au</strong> il siècle.<br />

Selonles uns, le saint était de Laon, et, selon d'<strong>au</strong>tres,<br />

il était venu do Germanie en Lorraine. La chronique<br />

religieuse du temps rapporte qu'une dame nommée<br />

Célinie, qui se trouvait dans un état intéressant,<br />

étant allée lui demander le secours de ses prières, il<br />

lui préditqu'elle mettrait <strong>au</strong> monde un fils qui jouerait<br />

un grand r61epour le triomphe du christianisme.<br />

On ajoute que ce fils fut saint Rerni, l'archevêque de<br />

Reims, qui baptisa Clovis. Saint-Montan, importuné<br />

par l'affluencedes visiteurs qu'attirait sa réputation<br />

desainteté, quitta Laon et vint cl:ercher dans le Midi<br />

une solitude où il pàt on paix prier Dieu. Le Val<br />

(t) Yoyay~ tt toxgdelaRioür~ûA~ddchr, p. t os.


3U<br />

Çh<strong>au</strong>d (vallis calida), que domino la be<strong>au</strong>me où s'installa<br />

le saint, le séduisit par son âpreté s<strong>au</strong>vage, et<br />

il est de fait qu'on ne peut rien voir de plus parfait<br />

sous ce rapport, si ce n'est peut-ètre la Sainte-Be<strong>au</strong>me<br />

dont la s<strong>au</strong>vagerie a un caractère plus grandiese.<br />

Saint Montan <strong>au</strong>rait vécu là trente ou quarante ans.<br />

Le chanoine de Banne reproduit dans ses Mémoires<br />

la vie de St-Montan (transcrite du Bréviaire de<br />

Viviers), qui rac~)I1teles prières et les mortifications<br />

du saint dans sa grotte dominant la Yallis Callida.<br />

Il ajoute que la fin de la vie du saint n'est pas dans<br />

le Bréviaire. CILe martyrologe de noslre Eglise faict<br />

mention dudit St-Montan disant que sa vie est<br />

esèripte fort élégamment dans un livre appelé<br />

Charte vieilla que les Luthériens bruslèrent avec la<br />

plus grande partie de nos documents en l'an t56'('<br />

et 1567. Dans la vie de saint Remi est parlé de ce<br />

bienheureux saint. Lisez-la dans le Révérend Père<br />

Ril.Jadeueyra. »<br />

Une tradition, mentionnéepar une lettredu curé de<br />

St-bioutan de t762, porte que le saint reçut un jour la<br />

visite de saint Romi et de Jean, Jv¡\que de Viviers,<br />

et que ces'personnages le décidèrent à quitter sa<br />

be<strong>au</strong>me pour venir s'établir <strong>au</strong> pied de la montagne'<br />

et éviter ainsi de trop grandes fatigues <strong>au</strong>x dévots<br />

que sa piêté attirait. On ajoute que l'amuence des<br />

visiteurs l'obligea enfin à quitter le <strong>pays</strong> et qu'il se<br />

retira à la Fèro en Picardio, où. il serait mort et où<br />

l'on conservait ses reliques.


3~ô<br />

La be<strong>au</strong>me du saint est peu profonde. C'est une<br />

vraie cellule de moine, avec une antre cellule superposée<br />

à laquelle on monte de la premitro par un escalier<br />

naturel <strong>au</strong>x marches rudimeutaires. Le rezde-cb<strong>au</strong>ss~e<br />

est éclairé par la porle qui est trèsélroile<br />

et le premier étage par une sorte de lucarne.<br />

Le rez-de ch<strong>au</strong>ssée peut contenir une vingtaine de<br />

personnes. La cellule d'en h<strong>au</strong>t -sert de chapelle.<br />

L'<strong>au</strong>lol est <strong>au</strong> fond sur la g<strong>au</strong>che, tandis qu'on mon-<br />

tre à droite une tribune on lit de rocher où reposait,<br />

dit-on, le saint. Nous vhnes sur l'<strong>au</strong>tel deux chandeliers.<br />

La be<strong>au</strong>me a une porte qui ferme- à clé. De<br />

be<strong>au</strong>x chênes-verls stationnent à l'entrée, à droite<br />

et à g<strong>au</strong>che, <strong>com</strong>me des gardes d'honneur.<br />

Toutes les années, le lundi dequasimodo, le clergé<br />

et la population montent en procession solennelle à<br />

la be<strong>au</strong>mo du saiut, puis de là rcdescendentà la chapelle<br />

de San-Samonta (Saiiit-Saint-3fontan), située<br />

<strong>au</strong> bas do la montagne. C'est là qu'atirait été, d'après<br />

la tradition rapportée 'plus h<strong>au</strong>t, la seconde habita.<br />

tion de Saint-~iont<strong>au</strong>. C'est là, dans tous les cas, que<br />

fut construite Cl1son honneur une chapelle qui était<br />

desservie <strong>au</strong> xit' siècle, par les moines de St:"Médard.<br />

l.es Bénédictins les y remplacèrent. Puis vinrent-le9<br />

ohanoiucs do St-Ruf qui IWirent la chapelle actuelle<br />

remarqu¡\ble, non seulement par l'harmonie de ses<br />

formes, mais eucoro'par 10choix' des matéri<strong>au</strong>x employés<br />

à sa construction. Toutes. les pierres sont


3'6<br />

taillées. Une fontaine sort du rocher qui sert debase<br />

<strong>au</strong> monument. Les chanoines de St-Ruf ont abandonné<br />

cette chapelle <strong>au</strong> xvi' siècle.<br />

L'église paroissiale est <strong>au</strong> village prinCIpal, qui<br />

porte le nom de Madeleine, à côté du vieux châte<strong>au</strong>.<br />

Entra St-Montan et la route du Bourg se trouve la<br />

métairie de Brieux, dito <strong>au</strong>jourd'hui l'Hermitage ou<br />

bien Chez Vacher,qui ful, <strong>au</strong> xviieet <strong>au</strong> XVIII" siècles,<br />

le siè~e d'une <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té d'ermites, deux noms<br />

qu'on s'étonne de trouver accolés. Le fondateur de<br />

cette <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té fut le vénérable pr~tre Jean<br />

Bruze<strong>au</strong> dont la vie, écrite par l'<strong>au</strong>mônier de l'ermitage,<br />

a été publiée en 1789<strong>au</strong> Bourg-St-Andéolchez<br />

Pierre Guillet. Jean Bruze<strong>au</strong> était fils d'un marchand<br />

drapier de Tours. 11quitta fort jeune son <strong>pays</strong> pour<br />

se retirer avec deux <strong>com</strong>pagnons dans la Thébaïde,<br />

c'est-à-dire en Egypte. Nos futurs ermites arrivèrent<br />

non sans peine h bl~aseille, mais il fut impossiblede<br />

trouver là un navire pour arriver <strong>au</strong> but de leur<br />

voyage. L'abbé de St-Victor les engagea à se<br />

faire ermites dans le <strong>pays</strong> et ils suivirent ce conseil.<br />

Notons ici une circonstance intéressante. Nos jeunes<br />

ermites sentaient la nécessité d'avoir un supérieur<br />

pour les diriger, mais chacùn se prévoyant indigne<br />

de cette charge, ils résolurent la question par la ti-<br />

rage <strong>au</strong> aort, et voilà certainement ce qu'on n'a jamais<br />

vu et ce qu'on ne verra jamais dans nos <strong>com</strong>-


3'7<br />

mun<strong>au</strong>tds politiques. On ne dit pas <strong>au</strong> juste où était<br />

située la première solitude dont nos ermites firent<br />

choix ct où se passa ce mémorable événement, mais<br />

on saU que, toutes leurs ressources étant épuisées,<br />

ils durent la quitter et qu'ils se diriRèrent vers Lyon.<br />

Ils pnssèrent à l'ermitage de St-B<strong>au</strong>dileen D<strong>au</strong>phiné,<br />

où l~s accueillit le P. Jean Baptiste,alors en grande<br />

odfiur de sainteté. D'après le Dictionnaire historique<br />

de Feller, ce P. Jean Baptiste n'était <strong>au</strong>tre qu'u h<br />

fils nr.turel d'Honri IV, Autoine de Bourbon, <strong>com</strong>te<br />

de Moret, qui, ayant été ble.s6 à la bataille de Casteln<strong>au</strong>dary,<br />

serait parvenu à se s<strong>au</strong>ver et se serait fait<br />

ermite. Jean,Bruze<strong>au</strong> resta quelque temps à St B<strong>au</strong>dile<br />

-et ac<strong>com</strong>pagna plus tarrllo P. Jean Baptiste<br />

quand celui-ci fut chargé par l'archevêque de Lyon<br />

de réformer l'ermitage du mont Cindre.<br />

Il parait que cetto réforme présentait de grandes<br />

difficultés, car nos deux réformateurs durent revenir.<br />

Jean Bruze<strong>au</strong> se joignit alors à un <strong>au</strong>treermite établi<br />

dans la solitude de St-Didier en D<strong>au</strong>phiné. C'est là<br />

que le P. Jean Baptiste alla le chercher, mais il fut<br />

obligé d'avoir recours à l'<strong>au</strong>torité de l'archevêque de<br />

Lyon, pour déterminer Bruze<strong>au</strong> à accepter le sacerdoce<br />

dont il so cro)'ait indigne.<br />

Jean Brûzenu, devenu prétre, so retira à l'ermi~<br />

(age de la Madeleine,situé <strong>au</strong> sommet du mont Pila,<br />

où se trouvait déjà le F. P<strong>au</strong>l de Giv<strong>au</strong>dan. Celui-ci<br />

passa plus tard il l'ermitage de. Tain, qui a laissé


3'8<br />

~Ónnom <strong>au</strong>t fàmeùx vignobles qu'a déltuHs depuis<br />

lé phylloxera.<br />

Jean Bruze<strong>au</strong> iresla sept ans ait mont Pila. A la<br />

suite d'une maladie, il fit un pèlel'innge à une cha""<br />

pelle de 81-Joseph. située sans doute ilaii4 l'Ardèche,<br />

car il passa à Viviers, et c'est là que, sur les instancés<br />

du grand-vicaire Symian, il se décida il accepter l'hos.<br />

pitalité de cet ecclésiastique qui l'installa d'ans sa<br />

let're de Brujeas, ainsi appolée parce quo les bruyères<br />

y abondaient.<br />

Jean Bruze<strong>au</strong> avait amend avec lui trois <strong>au</strong>tres<br />

ermites, savoir le F. Martinien, le F. Cl<strong>au</strong>de Ferret,<br />

qui devait lui succéder, et le F. Jean l:henesves'<br />

a ayant laissé les <strong>au</strong>tres à Pila pour qu'ils continuassent-<br />

d'y vivre selon la règle qu'il avait prescrite »<br />

La métairie do Bruje3s était située « dans un affreux<br />

désert, <strong>au</strong>sud-ouest de Viviersi il n'y a presquepoint<br />

d'e<strong>au</strong>, le sol y est ingrat les loups, les renards, et<br />

les <strong>au</strong>tres bêtes s<strong>au</strong>vages s'y plaisent be<strong>au</strong>coup. »<br />

Les bons Frères s'y plaisaient moins, car l'un d'eux<br />

prit peur et abandonna ses <strong>com</strong>pagnons. Les <strong>au</strong>tres<br />

n'y restèrent qu'une vingtaine de mois, et l'on ne dit<br />

pas pour quelle raison il plut <strong>au</strong> grand vicaire do les<br />

déloger. Dans l'intef\'allc, nos ermites avaient visitoles<br />

montagnes environnantes et choisi pour leur tuture<br />

résidence la métairie 110Drieux, à St-Montnn.<br />

L'endroit était alors couvert.de cftônes. L'évèque do<br />

'Viviers ayant approuvé l'acquisition, Bruze<strong>au</strong> se


--r 3.9<br />

lransport~ dans son nouve<strong>au</strong> dpmairte ayea 'quatre<br />

religieux Ceci se passait en 167;). Les lods, o'est-àdire<br />

h!s droits, furent payé;¡s 3I. I)Uffi1U,tle St-Mon,<br />

tan, de qui cette terrerelevaU. Un seigneur voi5in<br />

en disputalltla propriété, il y eut procès, et ce ne<br />

fut pas le,seul des etitiuis qu'eut â supporter 1~ COD).<br />

munjluté naissnnte.<br />

Leserrrtilesppnstr'uish'o'lt d'aborddescellules, puis<br />

pue chapello. Leur vie était fort <strong>au</strong>slèr~ et. res~em-<br />

J.>lailbe<strong>au</strong>coup à celle des Trappiste3. Elle su parta-<br />

geait entre le travail manuelet la priére. La règle<br />

qu'ils suivaient nous a été conservée dans un manusçrjt<br />

q\le possèdenlles religieuses da la PrAsentaiÎQn<br />

<strong>au</strong> Bourg. Voici cômment les ermites recevaient les<br />

vi~ileurs<br />

a Aussitôt leur arrivée, leportier le~çoiidilira dans<br />

une çhal11bre et avertira le supérieur qui viendra les<br />

visiter en personne ou par délégué. L'entrevue <strong>au</strong>ra<br />

lieu ainsi; une courte prière, puis le supérieur don..<br />

nera à son hôte un baisor de paix, (era un peu d'9<br />

conversatioll avec lui et lui fera apporter quelque<br />

.r~fratcbissemen\. Grande cbarité est re<strong>com</strong>mandée<br />

pour les p<strong>au</strong>vres d~i ne dineruut jamais <strong>au</strong> rMectoire,<br />

non plus que les ermiles \'agaboUlls, moins<br />

~e permission du sup5rieur. 1)<br />

Quand les ermites allaient <strong>au</strong>x marchés voisine<br />

vendre leurs denrétJs, il leur était, re<strong>com</strong>mi)ndQ de<br />

les céder Ilun peu iu,-de4ous du prix d~mandÓ par


3M<br />

les séculiers) soit pour éviter tout soupçon d'avarice,<br />

soit pour.donner <strong>au</strong>x laïques un exemple de désintéressement,<br />

soit enfin pour avoir plus t6t vendu<br />

et rentrer plus Mt en solitude. »<br />

Les ermites tombèrent tous malades à la Cois,et<br />

Bruze<strong>au</strong> se trouva seul on état de les soigner, bien<br />

que malade lui-même. Son biographe nous apprend<br />

qu'il était fort indifférent pour les drogues des apothicaires.<br />

Il désirait qu'on usàt des remèdes qu'offre<br />

le désert en se servant des simples. Il agissait ainsi<br />

par principe de vertu et avait coutume de dire qu'il<br />

sied mal à un moine d'appeler à son secours et médecins<br />

et drogues <strong>au</strong>ssitôt qu'il est malade. Il C<strong>au</strong>t<br />

être indifférent, disait-il, pour tous les biens lemparels<br />

et par conséquent pour la santé. Et il ajoutait<br />

cette réflexionqu'Hippocrate n'<strong>au</strong>rait pas désavouée:<br />

CILa diète et l'e<strong>au</strong> guérissent la plupart des maladies<br />

notre corps est une machine faite de la main<br />

de Dieu, laquelle est si bien ordonnée qu'ellè se remet<br />

d'elle-mèmo dans l'ordre. pourvu qu'on ne la<br />

contrarie pas. p<br />

Jean Bruze<strong>au</strong> recevait difficilementles novices, car<br />

il n'en voulait qu'un nombre proportionné à l'Jtendue<br />

des terres possédéespar la <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té; CIon<br />

ne voulail pas, dit sonbiographe, reprendre la quAte<br />

on en connaissait trop les abus et les dangers. 1)<br />

Les ermites de St-1fontan furent <strong>au</strong>torisés par<br />

letlres-patimtes de l'évpque de Viviers de juin 1674.


35t<br />

Jean Bruze<strong>au</strong> mourut le "° ao~t' 1691 et fui inhumé<br />

dans la chapelle de l'ermilage. Ses successeurs dans<br />

la direction de la <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té furent Cl<strong>au</strong>de Ferret,<br />

qui eut jusqu'à huit religieux sous sa direction le<br />

F. ~oine qui en eut douze, et enfin le F. Jean-Baptiste,<br />

sous lequel le personnel de la <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té<br />

s'éleva à vingt religieux. Le F. Jean-Baptiste était<br />

entré dans la <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té dès rAge do seize ans il<br />

y apporta de grands biens, agrandit la maison et fut<br />

considéré <strong>com</strong>me le second fondateur.<br />

/( Les Frères actuels, dit le biographe, savent tous<br />

lire et écrire et plúsieurs d'onh'6 eux sont de trèsbonne<br />

famille; ils sont honnêtes et polis iI~ savent<br />

tous les arts mééaniques nécessaires à des ermites<br />

pour être dispensés de recourir <strong>au</strong>x s~culier8. Les<br />

artslibér<strong>au</strong>x n'y sont pas inconnus il y a actuellement<br />

un<br />

sculpteu~<br />

doreur et il n'y a pas longtemps<br />

qu'il y avait un chirurgien. L'hospitalité y est très<br />

bien exercée, Plusieurs personnes de considération<br />

y,vont laire des retraites. Les <strong>pays</strong>ans des environs<br />

en retirent mille secotiri dans leurs différents be-<br />

soins. La <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té de St-Montan les a toujours<br />

dispensés de payer la capitation, parce que, disent-<br />

ils, ces pieux solitaires nous attirent la Fiénédiction<br />

du ciel. J)<br />

Le curé de St-hfontan écrivant à dom Bourotte en<br />

t762, fait l'éloge des ermites et dit que cet établissement<br />

est la bonne odeur de sa paroisse. Ils étaienl


35i<br />

alors <strong>au</strong> nombre do tI'oizo«vivant sous l'obéissance<br />

d'un supérieur qui est toujours 10plus nucien, 01<br />

<strong>com</strong>mo leur fonds na leur suffit pas pour vivre, ils<br />

on travaillew quelques <strong>au</strong>tres, nodemandent rien à<br />

personno, donnontl'hospilalilé et l'<strong>au</strong>mdnoplus qu'ils<br />

no p~uvent. »<br />

Les ormitos do St-llontan ftrisaiout vœu tl'obéissanco,<br />

do p<strong>au</strong>vreté et do elinstoté. Ils couchaienl tout<br />

babillés sur un matelas avec oreillcr do paille et une<br />

ou deux couvortures selon la saison. Leur église<br />

était sous Ic vocable do St.Antoina. Elle a été res-<br />

pcctée, ainsi quo les pièces principales du couvent,<br />

par Ic propriétaire ettuel (Vacbar).<br />

Lors de ln Révolution, los bions do la <strong>com</strong>mun<strong>au</strong>té<br />

furent venduset plusieurs des ermilosso retirèretit à<br />

l'hospicc du Bourg. Ils y portèrent divers obJots,entr'outrcs,<br />

l'<strong>au</strong>lol Cilbois placé dons l'églisc do l'hôpital,<br />

à droitc on entrant par la gl'01Hlopol'te, <strong>au</strong>tel où<br />

on a trouvé des reliques de St-Aiidéol.<br />

JI parait quo St-31ontaii a toujours inspiré la vie<br />

erémitiquo, car des ermites ou prétendus tolsy<br />

ont encore été vus vers 18ai0. Ils étaieut deux, un<br />

prètrc et unlaïrÎuo, qu'on \'il surgir uu jOli l' <strong>com</strong>me<br />

des c~ampi~uons ct qu'accucillit lu buu ettré, salis<br />

consulter Ces denx (luiil l'un va-<br />

nait, dit-on, du moiiiistères'étiiblireiit<br />

<strong>au</strong> bas du Vul-Chaml, dans une chapelle de l'église<br />

de San-Samanta qu'ils divisol'cntsans façon on deux


31>3<br />

étages pour sc lairc deux cellules. On voit encore la<br />

trace do cette division quo bien des gens trouvèronl<br />

assez inconvenanto. Lesdeux solilaires vÍ\'aientd'<strong>au</strong>manow<br />

et l'un d'eux faisait Ic médecin. L'<strong>au</strong>torité<br />

diocésaine eraiguit des abus et les fil partir.<br />

Du site snuvogoet escarpé où est située la be<strong>au</strong>me<br />

de St-Monlan, 011jouit d'un spcclacle qui &uffirnit<br />

seul à <strong>com</strong>penser les luliguosdo l'ascension.<br />

LeR6Anolargo et bleu s'cn va là 1105miroitant <strong>au</strong><br />

soloil, à travers les rives ,'crics dominées à drollc et<br />

quolquofois à g<strong>au</strong>che par do boules falaises rocheu.<br />

ses, <strong>com</strong>me un gigantesque serpont de l1Ioreurc qui<br />

va so perdre dans les plaines caillouteuses dc la Provonco.<br />

Le Pout-St-laprit apparait ou sud c'ol1lmoIc<br />

portiquo d'une ruiuo ussyrienne, tandis quo plus<br />

loin sur la g<strong>au</strong>che, se clressc lu I1IOlitVcntoux dont la<br />

base sert à la culture des lruWs otlo sommet il l'obaervatiun<br />

desorages. Plus l'un rei;orclola jolie plaine<br />

du Bourg 0110cirarm<strong>au</strong>t cole<strong>au</strong> de St-Marcet, qui<br />

semblent so bercer dans la verdure, les tl<strong>au</strong>rs et les<br />

rayons du suleil, 01plus l'on <strong>com</strong>prwd que ce rnorce<strong>au</strong><br />

do Provenco égard on Vivarais ait tenté les anctens<br />

Gallo-Iloinuiiiï qui on avaient fait leur Tilmr<br />

ou leur St-Cloud. 011<strong>com</strong>prend <strong>au</strong>ssi que les é\'dques<br />

aient si longtemps préféré le séjour du Bourg il<br />

celui de Viviers.<br />

23


3~¡<br />

Je dislingúe aveo ma luncllo uno gronde alléo de<br />

mortatiniers sur les bords du Rh<strong>au</strong>o, un peu en<br />

amont du Bourg. Cette vuo 100rajounil de quarantc<br />

ans. C'cst la P~rriôro, une prolrridl de l'aneicn èol-<br />

)ègo. Ob 1les holles pol'tics de harras quo nous avons<br />

raites en cot endroitl 1Etquel bunheur, quand nous<br />

pouvions nous échapper dans les tics po~~rchercher<br />

des huttres dans les l0nes et des insectes dans les osefaiea'1<br />

Ji) me souviens <strong>au</strong>ssi des be<strong>au</strong>x silot qu'on<br />

trouvait dans les congloméraIs des bords du RMnc.<br />

Le fleuve a roulé bien do l'e<strong>au</strong> depuis lors et la terre<br />

a recouvort do son manle<strong>au</strong> de verdure la plu pari<br />

do nos p<strong>au</strong>vres camarades restés on bataille.<br />

Nous apercevons bien loin, là bas, sur la rived<strong>au</strong>phinoise,<br />

un groupo d'individus stationné sur la<br />

grbve, tandis que d'<strong>au</strong>tres hommes sur des barques,<br />

rouillonlles e<strong>au</strong>x du fleuve.<br />

Nolro guide nous oxplique qu'un jeune hommo<br />

~'e8t noyé la voillo et quo ses parents sont encore b<br />

la recimrche tic son corps. l.itsebno prend dèlflors à<br />

nos yeux un immcnse ititéi-èl. Toul-Il-coup un mouvament<br />

50produit. lo groupo sn porte vivement \'tIrs<br />

une des harques qui a rctrou\'Ó le corps. Une échelle<br />

garnie do (ouillage, sert de brancard <strong>au</strong> noyé, dont<br />

nolrc imagination nous fail apercovoir 10 vlsl1go<br />

boulUet les yeu)"gl<strong>au</strong>ques, en mvmo temps qu'elle<br />

nous fait entendro les cris 110désespoir dos pl1ronls<br />

Bc~ourU8à cette horrible décou\'cr(o. Le groupe


31S5<br />

èntier disliarait sous les arbres, La scène du nôyé.est<br />

finie. Encore quelques cris de douleur, le tintement<br />

des cloches du vilIogc, la cérémonio funèbre, puis<br />

il n'en sera plus quesl!oll, Un homme de moins <strong>au</strong><br />

hame<strong>au</strong>, c'est uno fouille tombéc do l'arbrè immense<br />

ait feuillage toujours renaissant qu'on 'appelle<br />

l'humanité. Cela n'empêchera ni les oise<strong>au</strong>x de chanter,<br />

ni 10fleuve de couler, ni le soleil de briller. Et<br />

l'on continuora <strong>au</strong>ssi do voir les vaniteux so gonOel'<br />

jusqu'à ce qud la mort viollne les piquer il tour de<br />

rôle dans lotir houtlissure.<br />

Lo vieux cbtlteiiu de St-3foiitii), dont on a muré<br />

les grottes so~lerraincs, se dresse dans un p¡¡~'sage<br />

dont la grandeur et ~e pittoresque ne laissent rien à<br />

désirer. Avec Ic liel'ro et les viellx mur5, on est ici<br />

on plein moyen-hge. lIu'y man4ue que les chàtclai.<br />

nes et les chcvllliers.<br />

Cochàleàu était déjà à moitié ruiné <strong>au</strong> siècle dernier.<br />

Il appartenait alors à un 31.Darmand qui Labitait<br />

31ondragoii Cill'rovenco. La justice était exercée<br />

ait nom de l'é\'êqlle. sntif pour le hnmcllu do la<br />

Coiiibedont Insjésuites d'uhclIlIS étnil'Ilt sei811l'urs<br />

on foute juridiction. Le 11/1)6était COl'tpilU\'I'e, r<strong>au</strong>te<br />

do clreutin pour écouler ses produits. La letirtt du<br />

curé du 1764votitieiit il cet églll'd 11110ptcraso signifientive<br />

POliroxhrimer la misère de la <strong>com</strong>rnuno<br />

de St-Monlan, 011dit <strong>au</strong> I3~urt;-St-Andéul que les<br />

chats y meurcnt droits. »


3!S6<br />

Nous visitâmes les carrières de Champel qui, avec<br />

celles du iloi à luiPèrriéro, ont (ourni les pierres du<br />

Pout-St-Espril, puis le domaine do St-Pierre où l'on<br />

a découvert en t883,.de curieuses substructions romaines.<br />

Le propriétaire, M. Laville, creusant pour planter<br />

des amandiers, mit à jour de vieux murs entre<br />

lesquels se trouvaient plusieurs rongées de tuy<strong>au</strong>x<br />

carrés en terre cuite, placés les uns <strong>au</strong>-dessus des<br />

<strong>au</strong>tres, en liensdifférent. Touscestuy<strong>au</strong>x étaient percés<br />

d'un trou carré et <strong>com</strong>muniquaient avec ceux du<br />

dessus eLdu dessous. On reconnut vite un établisse;'<br />

mont de bains, d'<strong>au</strong>tant que des restes de piscine<br />

furent constatés dans une pièce voisine. Un caillou<br />

percé, recueilli sur ce point, a donné lieu li be<strong>au</strong>coup<br />

de <strong>com</strong>mcntaires et plusieurs médecins, qui l'onLvu<br />

chez M. Romanet, admettent l'idée qu'il a servi de<br />

pessaire. Une coucho d'ossements trouvés dans les<br />

dé<strong>com</strong>bres laisse supposer une catastrophe subite,<br />

dont la date remonterait <strong>au</strong> deuxièmc siècle de notre<br />

ère. Dans tous les cas, le Lombèo considérable de<br />

débris de briques, urnes et poteries trouvés <strong>au</strong>tour<br />

des thermes, indique clairemenl une villa romaine<br />

d'une certaine importance (t),<br />

Reprenant Ilotrc course, nous allâmes visiter la<br />

ft) Voir"éludepubliéesurcesujetparM.Ollierde Maricltard<br />

damleSul(~tinlUla SociltJd'agricvlturs d. l'drdèchr1884.


357<br />

vieille égliseet le vieux cimotière de St-André de Mitroix.<br />

·<br />

En allant do St-llontan <strong>au</strong> Bourg, nous nporçOmos<br />

g<strong>au</strong>che, l'ancien couvent rural de BJnédictins dit<br />

l'Ermitage, sur une colline de,grès qui fournit, on<br />

ce <strong>pays</strong> da calc!liro,d'cxcellcllics et précoces ehAtaignes.<br />

A g<strong>au</strong>cho encore, les ruines de Nolre-Dame de<br />

Cuisignao, déjà paroisse <strong>au</strong> Tutsiècle, <strong>com</strong>me on fait<br />

foi la chai-tede Charles le Ch<strong>au</strong>vo, pour l'église de<br />

Viviers. La vieille église rcmontait ail moins <strong>au</strong><br />

x' sièclej on y voit encore la pierre d'<strong>au</strong>tel carrée<br />

d'environ un mètre et domi. La métairio de Campane,<br />

sous Cuisignao, a un nom qui fait assez-son.<br />

ner son origine romaino, d'ailleurs confirmée par de<br />

nombreux débris épars dans les champs.<br />

A droite, nous apercevonsla chapelle St-Joaohim,<br />

ermite, qui vivait d'abord dans une grotto à fleur de<br />

torre dont l'orifice est celui d'une citeruo naturelle<br />

le be<strong>au</strong> domaine de Rochecolombe,à M. Ponlal dit !o<br />

Ruiné, parco qu'il esltrès-l'iche j et le domaino de<br />

Chalancon, ancienne maison de campagne des Barnabites.<br />

Du côté opposé sc trou\'entle Cheylar, <strong>au</strong>tre villa<br />

romaine, puis la Perrière, enfin la belle scierie de<br />

marbre de M.H<strong>au</strong>ssan.<br />

Il est difficilo d'imaginer uno plus intéressante<br />

partie quo cette promenade do Vi\'icrs <strong>au</strong> Bourg par<br />

St-Hontan, en laissant la gratid'route du domaine do


3Õ8<br />

SI-Pierre et on la reprenant à la Croix Blanche du<br />

Pont de la Justice: ce dernier nom senllo brigand à<br />

plein nez, el nos ~'eux ont cherché 'inslÍncti\'emcnt<br />

la potence qui a dl\ jadis en assombrir lc J)sysago.<br />

Uno lettre de Fl<strong>au</strong>gcrgues de 1788 (t), parle d'un<br />

bano d'hutlres dans le Rhône près de St-Monton où<br />

l'on trouvait des perlés dans ces mollusques. L~n,~ore<br />

<strong>au</strong>jourd'hui les hutlres ne sont pas rares dans la vase<br />

de toutes les Miles où l'e<strong>au</strong> est Stagnilnle. Ce sont<br />

de grosses huîtres noires qui ne valent pas celles<br />

d'Ostendo, mais qüo lie dédai~nent pas les enfants et<br />

les chasseurs qui ont bon estomac..<br />

Une des tics docette région s'anpelle l'He des Castors.<br />

11 résulfo d'une note lue l'Académie des<br />

scioncl's on 17r.7 qu'on trouvait ces anim<strong>au</strong>x nonsuulomuut<br />

surcu tooiut, umisuncore sur leGarcluu et<br />

la ~'ist~, uù ils pu~~l,rientl~ nom de bi~3uresou brra·e,<br />

et 1'()Il ajuutu clue les habitants les chassaient pour<br />

les porter <strong>au</strong>x Chartruux de Valbonno à titre de gibier<br />

maigre.<br />

L'Annuaire de l'an XIcon:;lolo cJu'on a vu des cas-<br />

tors à Be<strong>au</strong>chastel, <strong>au</strong> cOIDmcncemonl du sièclo..<br />

Bien des gens les croient entièrement disparus de<br />

nos tics du Rhôno, surtoul depuis les inondations<br />

de i 8(0et de -1856,qui ont on quelque surlo détruit<br />

l'éloi séculaire de ces tles. On nous affirme néan-<br />

(1) CollectionduLanguedoc, 1. i6~, fol. 227.


359<br />

moins qu'il y en a encore quelques-uns. Par une interversion<br />

assez singulière, on, les aplielle vibré <strong>au</strong><br />

lieu de bièvre. Le dernier grand chasseur lie castors<br />

est mort <strong>au</strong> Bourg, il y a quelqttes années, à l'âge de<br />

97 ans, et l'on assure qu'il a guetté son gibier favori<br />

jusqu'à ~on dernier jour. C'était le descendant de<br />

l'ancienne famille de hfoncocuq de Montilion. On<br />

l'appelait lui, le p~re Bondïlion. Il avait son jardin<br />

près de la fontaine de Tdurne.<br />

La chasse <strong>au</strong> cnstor n'est pas chose facile. Cet ani-<br />

mal est très-défiant et pour c<strong>au</strong>se son œil aperçoit<br />

les traces humaines imperceptibles pour tout <strong>au</strong>tre<br />

animal, et il f<strong>au</strong>t souvent, pourpouvoir l'approcher,<br />

sationner des heures entières dans l'e<strong>au</strong>. Si le père<br />

Bondilion, <strong>au</strong> lieu do passer sa vie à poursuivre cet<br />

inoffensif et intelligenl animal, avait pris de lui des<br />

leçons d'architccture, d'ordre ci d'économie domes-<br />

tique, il <strong>au</strong>rait certainement vécu plus tranquille,<br />

serait mort plus riche. et <strong>au</strong>rait une meilleure place<br />

en paradis.<br />

Nous lisions, il n'y a pas bien longtemps, dans les<br />

Bulletins de l'Académie des sciences, uno note du<br />

docteur Prunièrcs constatant qu'il availltrouvé dans<br />

le lac do Sl-Andéol (Lozèrc) des restes d'importants<br />

trav<strong>au</strong>x de pilotis oxécutés <strong>au</strong>trefois par les castors.<br />

Les castors du Canada sont célèbres par leur indus-<br />

trie ils bâtissent des digues énormes et vivent en<br />

société <strong>au</strong> nombre de deux ou trois cents individus,


360<br />

sans se chamailler, co qui n'est cortainemcllt jamais<br />

arrivé dans un groupe do deux ou trois cents élecleurs.<br />

Si on laissait la poix à nos p<strong>au</strong>vres castors<br />

du Rhône, ils bâtiraicnt <strong>au</strong>ssi des digues Ci nous<br />

offriraicnt des modèles do république uql1a,l.Íf)l1o où<br />

nos républiques (erroslres trouvaraient be<strong>au</strong>coup à<br />

approndre. si elles en sont capables.<br />

Des notes extraites des registres des notaireshlourgues<br />

ct Belon (Lcs Vnns et Gravières), qn'a bien<br />

voulu nous <strong>com</strong>muniquer un do nos amis, nous per.<br />

meltont do rectil1el'une inoxoctiludo coniiiiise, dans<br />

notre précédoul volume, pages ti8ot suivanles, <strong>au</strong> sujet<br />

do Jacqueline da Borne. Celle-ci élait 11110d'Anno<br />

do Borneetde Gabriello duroure (eLnon Gabriollode<br />

Vose.)L'orreur vicnt do co qu'il y a eu deux Anne<br />

de Borne, l'onc)c et le nevou, qui Ópousèrolllchacun<br />

une Gabricllc, La confusion était radie fi la distance<br />

de t ôis siècles. Nous nous empressons do l'élablir<br />

la vÓritable ynéalogie do Jacqueline.<br />

François de Borllo do Lougièrcct Fralll¡oi!lod'.1ntraigues<br />

eurent deux fils Anne et Cl<strong>au</strong>dodo Dorno.<br />

Anne épousa en 1683Gabriellc do Yesc. Les deux


36f<br />

époux habitaient le chàtc<strong>au</strong>de la Borie et possédaiont<br />

la moitié de la terre et baronnie do Balazué<br />

quo leur avait laissée fetioblartine, damede Leugière.<br />

Aussicet Anne signait-il Leugière.~<br />

Cl<strong>au</strong>do de Borne qui signait Mirandol, épousa<br />

Mariode Naves,'ct tous deux habilaienllo chAte<strong>au</strong><br />

do Naves, Marie de Naves avait épousé, en premières<br />

noces, Auloine de 31olottede Morangiés qui fut tué<br />

par les ltuguouots à la défensodo la Garde-Guérin en<br />

t581, et elle avait eu de ce mariage Françoisde MoleUc<br />

do l\Iorangiés tué en 1637 en défendant Leucate<br />

contre les Espagnols.<br />

Do son second mariage, elle eut Anne de Borne et<br />

une fille nommée Gabrielle, mal'iéo <strong>au</strong> sieur de Clastrevieille.<br />

Lc 20 octobre t 625,Annéde Borne (neveu) épousa<br />

à NavesGabrielle du Rourc, veuve do feu Christophe<br />

d'Audibert do Lussan. Annodo Borne (l'oncle) ot sa<br />

fommoGtibrielle de Veso assistaient ait mariage et,<br />

<strong>com</strong>me ils n'avaient pas d'enfants, ils donuèrent <strong>au</strong>x<br />

époux.la moitié de la tefle et baronnie de Balaluo.<br />

Deco iiiai-iine naquirent deuc filles,;Mario, l'atuée<br />

qui, probablement mourut jeuno, et Jacqueline,<br />

dont on connaît l'hisloü·o, qui fut appeléo à recueillir<br />

ledouble liérila-0 desBorne de Noves et des Borne<br />

do Balazuo ct qu'on voit dans les actes de notaire,<br />

habiter Innl61 Naves, tantôt les Vans, et tantôt le<br />

châte<strong>au</strong> de la Borie. Ello signe Jacqueline de l.ogère.


361<br />

Nous ignorÓns la date de la mort des deux Gabrielle,<br />

la tante et la nièce Dans tous J69 cas, c'est<br />

la lanteseule (Gabriellede Vesc) qui fi-ure dans les<br />

minutes du notoire ConstanldcBalazllcoù,d'ailleurs<br />

Jacqueline est toujouts indiquée <strong>com</strong>me absente.


TABLE DES MA'l'IÉRES<br />

CHAPITREPREMIER<br />

Page.,<br />

LA CAPITALEDES UELVIENS. · 5<br />

La grande l'orle do Bas-Vivarais. Le cirque d'Albe. Le Pabi..<br />

La pouzzolane. Le temple d'Auguste. La collection<br />

Buffel. Une émer<strong>au</strong>de qui guérit les )'eux, Celie3 et<br />

lIeivieo5, Un prince 11t'lvit'n,ami de Jules César. La fon-<br />

(lationd'Albe. Les pi~rres miUi:liJ't's, Piineet la vigne hel-<br />

,bieni)e. Le plus ancien marchand de vins du \'ivarais,<br />

Sérms,' ql1:1!uo"ir4 et quindmemvirs d'Alhc. Saint-RestitutIl<br />

Aloo. La date de la dettrnction d'Albe. La pierre milliaira<br />

du hois de Lôou. Où l'absence d'lin musée d~I~1rICmtntat 50<br />

fait sentir. J.e dieu Mercure. Les trois prieurés d'Aps.<br />

Les ruines d'Albe <strong>au</strong> xvss*et <strong>au</strong> 'Hm.sit'cles, L'église moderne.<br />

Brutus Le- barons do Deux-Chiens. Les anciensseigoeura<br />

d'Aps, SI.Pons, Sce<strong>au</strong>lrt's et Aubigo:l5, I,e chMeao<br />

d'Ap.. LI)docteur,Gaillard. L'abbé Terme, Une lempète<br />

élcrnelledans un verre d'u,u.<br />

CHAPITUE Il<br />

tE ntsE11TEI:RDE S,\INT-P01'iS.<br />

La Roche-d'Ap.. La fontaine do 3fid~cin. Us termi~~aoaa<br />

oc et as. Saint-Pont. L'abbé R~boul.Le caoorel de la<br />

Précenterie. Un délacl!cmenl<strong>au</strong>trichien Il Apt. Est-ce un<br />

dhuleor? Saiol-Jean.te-Cenlenicr.<br />

',il


364,<br />

CHAPITRE ur<br />

TILLJlNBUVE-DB-BERG. 60<br />

Tournonet Turnu., Les muuatiqnes. La grange de Berg<br />

Le aréage de 1:18.1. ¡:ancienne ville. La m~;lonUrlr<strong>au</strong>d, Villeneuvl'pendant les guerres religieases. Louis de la<br />

Molle de Chalemlar. les prisnns. L'égliseparoiasiale.<br />

La maisonHarrael. La familleBerroye. La sl-tiue d Olivier.<br />

Ce qu'elle per~sa. Vins de Monlileury. Le%\'oleurl de<br />

raisinl, Les gibet. Les CO!lrchespatibulaires de Monlloubier.<br />

Processions pour la pluie. La cllapelledes Sepl-J)ouleurs<br />

L'école laique et l'école des Frères:<br />

CHAPITRE IV<br />

PROFILSET USAGESLocsua 8tI<br />

Michel. Trois jours de COllraelet de bavardage., L'esprit<br />

et la race Villeneuve. La faramlolo. Le jeu de pe<strong>au</strong>me.<br />

Les(éles. SI-Vincenlet St-Eloi. La rUe des cuisinières.<br />

SI,-Làcbe,-Le carnaval L'âgedes filles écrit <strong>au</strong>x porlei,<br />

La fêle de~t Bergères, La source fécondante de Tour.<br />

non. La croustade. Fille de ville et 8ousouu du Coiron.<br />

BI6,noyers et amandiera. Olivien lécul.irel, Lellrorfea<br />

et la pencltinelle. Lescendrousos. Filatures ellis~age.,<br />

Les fonlaines. Les cdrom. Le prophète Deleuze.<br />

Foireset )l3tbes. -Les parjades. La solidarité chez les pores.<br />

141parricide de Lussas. Les &ohriqllf'IS du eanlon,<br />

`Nanrdjo·chdGro. Uneinscriplion lumolaireil SI'Andéol-de,Derg.<br />

-Etymologie de Cladll~gne. Le duel grec dans le ['aloÍJ local.<br />

La gallébaisse. Elogede la na'jvelé,<br />

CHAPITRE V<br />

r<br />

TROISTROTESTANTS<br />

ILLUSTRES. t Cw<br />

Jeande Serres. L'ftle de baptéme d'Anloil!eCourt. Ses Mdrnoirm.<br />

Les prédicanle.du Vivarais. La l'ro['Mlene


365<br />

Tiboude. Un apÕtrehuguenot. -Une leure de Marie Cébelin.<br />

-L'Hia~re du Camiaarda. Conrt de Gébelin. Le bionde<br />

primifif. Un Vilraroisinhumé dans les jardins du roi dyve~ot.<br />

-A la recherche d'un tombe<strong>au</strong>.<br />

CHAPITRE VI<br />

AUTRESSILHOUETTESLOCALES<br />

138<br />

Les Barruel d'Ecosseet du Vivarais. Le <strong>com</strong>merceo, la soie ne<br />

déroge pas. Les Barruel-Be<strong>au</strong>Yerl. Le Pére JésuiteAuguslin<br />

de Banuel. Jean-l.ouis de la Boissière, Simon de Tavernol.<br />

Les aventures du sieur de (;Lambetonchelles .annge..<br />

L'abLé Feuillatloet lord Bristol.<br />

CHAPITRE VU<br />

LE PA651DE11TCUALLUIELET LES ANCIENSETATS<br />

DUVIVARAIS,<br />

149<br />

La vie et les Clunes de Cballamel, Le Vivaraisa-t-il apppartenu<br />

<strong>au</strong>z <strong>com</strong>tesde Toulouse ? Les rrais aouveraiasétaier.t les baroDS,<br />

L'origine du Elats du Vivarais, Les douze buuns de<br />

lour. Une npublique réoJale, Les Et<strong>au</strong> da Vivaraisell'an.<br />

cien sénat helvieo. Les barons supplantéspar<br />

leurs bailGa.<br />

Les EI~I. du Vivarais absorbés par les Etats du Languedoc.<br />

Le prélent éclairé par le passé.<br />

CHAPITRE Vlll<br />

ARCHÉOLOGIEDEL\'IEN:\E, v 18]<br />

La famille èlalmazotde 81-odéol, Elu/le. du vi<strong>com</strong>te tic St-<br />

Andéolsur l'architecture religieusedes premiers .iècles. SI,<br />

rnmao et style o-.ival. La dominaliollearrasine dans le Midi<br />

de la Fr.ce, Unelellre de M. de St-Andéolen t 868. -!fo·<br />

lice..ar 1,oéglise. romanesdu lus-Viiarais. L'oppidumgaalois<br />

de B.!I'piee. A~fÇIt sur le <strong>pays</strong> du Jlelcieue. M.


366<br />

de St-Andlola" congrès archéologiquedo Montpellier en f 869.<br />

L'ouvrage de M. Revoilsur l'nrchilecture romanedu Midi.<br />

Les arcbil.~lel archéologuelet les archivistes archéologues,<br />

Le grand IL;batentre les archéologuuadu N',r,1et ceux du Midi.<br />

l.a çoùte en pierre et la ,"ol1leen OO,s. --Bonjour, lU, Crispin<br />

Méditation sur les ruines.<br />

CHAPITRE JX<br />

LA CDAPELLEDE SAINTE-FOLIE. 208<br />

Le monlluli<strong>au</strong>. Les perdrix. Leur instinct maternel. -La<br />

gratte. La fête des Fous, à Vivien, La fête desbries.<br />

Comme quoi la folioest dans le sang de l'homme et la politique<br />

un carnavalperpétuel. L'enfantclio chulel. Les non"ellel<br />

maison. d'école cI la santt' pul,¡Jj'lue,<br />

CHAPITRE X<br />

'IviEns~ t 22~<br />

5t-Thomg. 110rigln'odo Yivicrs. L*eà*tempshérotquCl de<br />

l'Eglisodo Viviell et ses premiers i·vEquea, L'inlenenlion do<br />

Pépin le Brefet do Charlemagne. Une prMentluedonation dé<br />

Boson. L.' puimnco des évêques de Vivierssous "les empereurs<br />

g°.rm<strong>au</strong>iques. La ch3l10do Fré,Mrie en 1177. La<br />

numismaliquedu Vivarais.Les emisadea. Les Alhigeoiset les mines do Largenllèrè. La soumissiondes évéclues<strong>au</strong>x rois<br />

de France.' Le Irait4 de 1 gel entre l'chèque A!drbcrl et 1'111liplo<br />

le DI!I. Le'bailli,le 1.%barounie do Viviers<strong>au</strong>x Etats du<br />

V¡"arais, L'é"é1uUne peut assister el préaiderque <strong>com</strong>mo<br />

barun do tour. Louis de Suse. Une IcllrlJ du syndic du<br />

"¡"ara¡e en 1755. LÎnciJ.'ul de TournoI!co 1510.<br />

· C1I:\l'ITIII: Xi<br />

LIAU~11NISTRATiopi111TRIltELpKU'AUrnl!f01S. 2(.9<br />

La légitided;¡l1nolncl lai'1uce. crie sentencearhitrnlo de ;'archevéquo<br />

do Vienneentre l'év~qncde Viviers et son chaprire.<br />

Ledroit <strong>au</strong> sel. Les fiefs tle l'é\équc, ,lu chapilre et de<br />

l'université. Diueofions perpéluellee de lévèquo el du eh&.


867<br />

pitre. L'univeuilê des (lrêlres de Vi~era. La <strong>com</strong>mune<br />

de ViTien. Uno électicn municipale <strong>au</strong> XIV' siècle,<br />

Uneenquéte do COIII'JUJd4 e! in.rommndo<strong>au</strong> XV' siècle. Lu<br />

Juirs Il Viviers. La cintrttrie de la (:1.ICI,e, Les cherifaris.<br />

Le cardinal ,le Oro-,n% Une élection schismatique,<br />

Cl<strong>au</strong>de de Tournon el'rrançuis 1".<br />

CHAPITRE XII<br />

VIVIERSDEPUISLES GUERRESRELIGIEUSES* i1i<br />

Alberl Noé, Les reux de joie rails avec les archives. Profanatiundes<br />

cadavll's, La surprise de Gay.!sn, Falls et<br />

geues des huguenols sous l'occupation de l;u1,!il Baron, Jean<br />

de l'U61el. L'p acopat de Louis do Suse, Prestations do<br />

serment. Doléances d'un chroniqueur sur le malheur des<br />

temps. 1: imsg~ ,le la ugesle. Requêle des chanciuea<br />

Contre l'bvq~ie. 1.1'.successeurs de Louia do SUIO. 1.0<br />

'hR,!atilm',et les maitarattt-i révolulionnairo:s,Co maodrment<br />

épiscopal. Le séminaire.<br />

CHAPITRE xm<br />

LE CLOCOBI\ ET LEStOLI!lBSDI vwtsns.<br />

299<br />

La cathédrale, Sa destruction en 1 &61et sa reconstruction en<br />

1 G08. Le préc:cmpleurJ'rançois Monnier, La fne de 51-<br />

Vincent. Le docber, -1.1\ chapelle du l'arcbange St-6licLtl.-<br />

L'anciennot%lisa de SI.Julien, Un monastère t~,lti a\'co des<br />

cercue~la. La Joannadc. Drin-.lrin.<br />

NO'fABILIT69DE VIVIERS<br />

CIi.IPITR1; XIV<br />

309<br />

Le elianoine Itouclder. Leii manuscritsde JaCIJue. de Binne<br />

la pieoreurt ~lu mmpsJe la Likue el ceux d'r,ujonrd'hui.<br />

Un chienlittèle. 11rSfirel'errinet Der<strong>au</strong>bers. Les. M%4ies<br />

.10 JaCIJul'8 de Romieu, La Virmrofogie La 10iaine de<br />

Miulago. Un cl-nnoine alciiimiste. -de Romieu.<br />

Fi<strong>au</strong>gergues. L'atd~6Baracand, St-Ostien et la pluie.<br />

Un roman110Cherbullier,


368<br />

CHAPITRE XV<br />

8Allft-JiORTA"" 310<br />

Les dl&CUrtur.de mol., S!w·Jltonfonm. -LI he<strong>au</strong>medu uiot.<br />

L'~rmil'Ie de Drieul. Le P. Jean D,UIC'U. -Une C'OIDmun<strong>au</strong>l6<br />

d'ermilet. Co qu'on voit de la be<strong>au</strong>me de SI.ool'D,<br />

la Pernère. Le 1I0Je!. Le eltàle<strong>au</strong> de 51'0111.11.<br />

Où let dUI. ineurcnt droits. Les caatomdu Blibne. Le<br />

i?tre bondilionqb4j~Republiqutéaqualiques el Re!(lultlique. 1errtflre..<br />

U li6ation <strong>au</strong> sujet de Jacqueline de la Borie.<br />

Ptira~. lrearimeritda Patriote breretie.


~> t. v a.<br />

~aU~IR~G~$ DU:i~MEbÛT~II~R~<br />

orm<br />

'-Vo~âge.i~nx pass volcaùtyycs d~a "i~;à¡'àlll;<br />

;).<br />

Vofage,~aatour dé t'algôrge.<br />

Voyàge étutour de ~"h:W:<br />

"oY~rre,daas le Midi de'I'~r..è:i~Í(o.,<br />

<strong>Voyage</strong> le. Lonn d6. là iilvlère ¡à,'Â""èèl.c~,T,<br />

-h èèi<br />

~¡, Pou~ p,â~ail~e·pochâineme)it'<br />

~-< ~< '¡:<br />

@VOYAGE AU.B&ÛRG-ST~ANbEÓÜ.<br />

·` v<br />

l7nl?'OllUe CI1C0)' ü,l'~lj7TI1'inje)'tC<br />

`,- w'. y., = -'i<br />

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