124 CHIMIE ET SECURITÉ 2020challenge - Fabi
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S EVESO<br />
18<br />
«`On ne peut garantir<br />
absolument l’absence<br />
de risque`!`»<br />
Le Journal des Ingénieurs n°<strong>124</strong> - Octobre 2009<br />
Ir.`Jean-Pierre Vanbergen<br />
Il va de soi, hélas, que toutes les activités humaines peuvent<br />
être à l’origine d’accidents, voire de tragédies innommables<br />
– cf. l’inventaire non exhaustif dressé plus bas.<br />
Chaque année, en France, on ne dénombre pas moins de<br />
18`000 décès survenus consécutivement à des accidents<br />
domestiques, sans compter tous ceux qui surviennent en<br />
voiture, sur un terrain de sport ou sur une plage de<br />
«`rêve`». Dans les activités qui font appel aux technologies,<br />
il en va de même. Et il n’y a pas de «`risque zéro`». Dès que<br />
l’Homme décide de produire, de transporter ou de façonner<br />
la matière à son profit, des risques sont incontournables. Ce<br />
sont les statistiques qui le démontrent, à suffisance. Le<br />
risque technologique, c’est la possibilité qu’un événement<br />
accidentel se produise sur un site où sont utilisés des<br />
produits ou des procédés potentiellement dangereux. Qu’en<br />
est-il, au quotidien, chez nous, en milieu industriel`?<br />
L’usine AZF à Toulouse après la<br />
catastrophe de 2001<br />
«`Ces produits, ces procédés peuvent amplifier<br />
les conséquences de l’accident`», souligne la<br />
division chimique du groupe Total (…), dans<br />
une publication récente relative aux risques<br />
industriels (www.planete-energies.com). «`Le<br />
personnel d’une usine, les riverains ou même<br />
l’environnement sont, alors, susceptibles d’être<br />
touchés, parfois de manière dramatique. Il est<br />
donc essentiel de pouvoir mesurer ces risques,<br />
pour mieux les prévenir`», ajoute-t-elle.<br />
«`En matière de protection de la santé de<br />
l’homme au travail, tout le monde a envie de<br />
bien faire, tout le monde est en position difficile,<br />
mais personne n’en parle au sein des<br />
équipes de travail. Ce constat est terrible pour<br />
ce qu’il révèle d’occasions gâchées, d’opportunités<br />
manquées et de vies abîmées. Pour un<br />
grand pays républicain comme le nôtre, ce<br />
constat est choquant car il révèle que nous<br />
sommes, en matière de santé au travail, sur un<br />
registre de contreproductivité.<br />
Le secteur<br />
de la santé au<br />
travail est en crise et<br />
aucun acteur<br />
consulté n’a défendu<br />
un point de vue<br />
inverse. Si la<br />
croyance domine<br />
que le travail nuit à la<br />
santé, alors tous les<br />
discours fondés sur<br />
«`la valeur travail`»<br />
ne peuvent que susciter<br />
la méfiance. Par<br />
conséquent, améliorer la santé des travailleurs<br />
est, bien sûr, un objectif en soi, mais c’est aussi<br />
un enjeu global pour notre société`».<br />
(William Dab – Auteur du Rapport sur la formation<br />
des managers et ingénieurs en santé au<br />
travail, «`Douze propositions pour la développer`»<br />
- France, mai 2008).<br />
Prévention des risques<br />
technologiques<br />
Les industries chimiques produisent ou utilisent<br />
des substances souvent dangereuses, en<br />
grandes quantités. Ces produits servent à la<br />
fabrication de plastiques, de produits pharmaceutiques<br />
ou d’engrais parfois explosifs. Ils présentent,<br />
dans certaines conditions, des risques<br />
d’explosion ou d’émission de substances<br />
toxiques.<br />
En Europe, il existe une directive relative aux<br />
risques industriels`: la directive SEVESO, de<br />
1982. Elle est complétée, depuis 1996, par la<br />
directive 96/82/CE dite SEVESO`II. Cette réglementation<br />
met en place deux seuils de classement,<br />
en fonction du type de substances<br />
stockées et de leur quantité. Les directives<br />
SEVESO visent aussi à un meilleur échange d’informations<br />
entre les États membres et accordent<br />
beaucoup d’attention aux effets transfrontaliers<br />
potentiels d’accidents graves. Pour faire<br />
le point sur la question, en milieu industriel,<br />
nous nous sommes entretenus avec Ir.`Jean-<br />
Pierre Vanbergen, Conseiller en prévention<br />
(service Sécurité) au sein d’une grande entreprise<br />
chimique – UCB pour ne pas la citer –,<br />
coordinateur SEVESO et Chargé de cours à<br />
l’Université Libre de Bruxelles…<br />
Ir.`Jean-Pierre Vanbergen (JPV)`: –`Suite<br />
aux modifications de la réglementation<br />
SEVESO, l’entreprise où je travaille actuellement<br />
m’a demandé de participer à la réalisation<br />
d’études. La direction de cette entreprise, où<br />
j’exerçais d’autres fonctions, auparavant, avait<br />
besoin de quelqu’un qui s’occupe spécifiquement<br />
de cette question. Je suis en charge de<br />
cette problématique, depuis 2002. C’était vraiment<br />
un nouveau challenge, pour moi. En effet,<br />
j’avais accompli plusieurs missions différentes<br />
au sein de mon entreprise, dont de l’automatisation,<br />
de la maintenance et de l’informatique.<br />
La notion de sécurité n’était pas tout à fait nouvelle<br />
pour moi, car celle-ci était incluse dans de<br />
précédents travaux que j’ai effectués, notamment,<br />
dans le secteur de la maintenance, pour<br />
veiller à la sécurité des ouvriers.<br />
Le Journal des Ingénieurs (JI)`: –`Et vous êtes<br />
tout à fait à l’aise dans cette fonction…<br />
JPV`: –`Je crois que les aspects de la sécurité<br />
sont tellement multidisciplinaires qu’il faut avoir<br />
un parcours où, justement, l’on accomplit différentes<br />
choses en qualité d’ingénieur, pour les<br />
traiter valablement. Il faut avoir travaillé dans<br />
différents domaines d’une même entreprise,<br />
pour mieux la connaître et élaborer cette syn-