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Blik 22 (mai 97) - copie - Association Culturelle Juive de Nancy

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Le <strong>Blik</strong> du «55» Nvp) qylb rid<br />

Numéro <strong>22</strong> rimvn<br />

<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> um<br />

Editorial<br />

Le «<strong>Blik</strong>» reparaît après une interruption<br />

<strong>de</strong> plusieurs mois.<br />

Il reparaît malgré le départ <strong>de</strong> son pilier,<br />

Hervé Klajnermann, qui lui a donné<br />

forme pendant près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans. Or,<br />

Hervé quitte <strong>Nancy</strong> pour <strong>de</strong>s raisons<br />

professionnelles. C'est l'occasion <strong>de</strong> le<br />

remercier pour le travail considérable<br />

qu'il a accompli et dont il nous faut, à<br />

présent, assurer la relève.<br />

Nous avons récemment procédé au renouvellement<br />

du comité <strong>de</strong> notre association.<br />

L'équipe <strong>de</strong>s «sortants» a souhaité<br />

s'associer à <strong>de</strong> nouveaux élus pour<br />

prendre un nouvel élan, sans, toutefois,<br />

abandonner l'esprit <strong>de</strong> la <strong>mai</strong>son. Ce<br />

souhait s'est traduit par l'élection <strong>de</strong> la<br />

quasi-totalité <strong>de</strong>s candidats, alors que la<br />

qualité <strong>de</strong> titulaire ou <strong>de</strong> suppléant <strong>de</strong><br />

chacun d'entre eux n'avait pas été précisée<br />

au préalable.<br />

Il faut y voir la marque d'un esprit bon<br />

enfant qui privilégie le sens <strong>de</strong> la famille<br />

sur le respect scrupuleux <strong>de</strong> la forme.<br />

Néanmoins, la can<strong>de</strong>ur n'exclut pas<br />

l'esprit d'innovation, lequel a prévalu au<br />

cours <strong>de</strong>s premières réunions du comité.<br />

Ainsi, il a été décidé d'ouvrir les colonnes<br />

du «<strong>Blik</strong>» à tous les membres <strong>de</strong><br />

l'association qui souhaiteront s'y exprimer.<br />

Nous avons le projet <strong>de</strong> faire du «<strong>Blik</strong>»<br />

un laboratoire d'idées et un lieu <strong>de</strong> débat<br />

pour tous ceux que l'objet <strong>de</strong> notre association<br />

intéresse.<br />

Dans un tel cadre, la parole doit être à la<br />

fois libre et foisonnante.<br />

Nous vous invitons donc à vous saisir<br />

<strong>de</strong> vos plumes pour que ce projet <strong>de</strong>vienne<br />

réalité et que nous puissions tous<br />

bénéficier du talent <strong>de</strong> chacun.<br />

Ce n'est qu'à cette condition que le<br />

«<strong>Blik</strong>» sera ce que nous aurons tous voulu<br />

en faire.<br />

Thierry Lippmann-Nadaud<br />

ACJ, 55 rue <strong>de</strong>s Ponts,<br />

54000 <strong>Nancy</strong> • tél. 03 83 35 26 <strong>97</strong><br />

Directeur : Henri Krischer<br />

Rédacteur : Gérald Tenenbaum<br />

VU DANS LA PRESSE<br />

Faire partager à ses lecteurs l’intérêt d’un point <strong>de</strong> vue, ou d’une analyse,<br />

publié ailleurs, est aussi l’un <strong>de</strong>s objectifs du Blick. A l’enseigne <strong>de</strong> cet article<br />

<strong>de</strong> SHMUEL TRIGANO, paru dans «Le Mon<strong>de</strong>» du 26 mars 19<strong>97</strong>, qui<br />

vous invite à être attentifs aux avatars <strong>de</strong> la «question juive » à travers les<br />

discours consensuels <strong>de</strong> la société française.<br />

Gérard Cahin<br />

LE SIGNE JUIF DE LA POLITIQUE FRANCAISE<br />

par Shmuel Trigano<br />

A nouveau, les projecteurs <strong>de</strong> l’actualité sont braqués sur les juifs. Après le<br />

procès Papon, les biens juifs spoliés, la comparaison <strong>de</strong>s immigrés aux juifs<br />

exclus par Vichy, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République a donné un faste exceptionnel<br />

à la célébration du Sanhédrin napoléonien. Voici qu’est reparti le train fou<br />

d’une étrange actualité <strong>de</strong>s juifs qui hante la conscience collective <strong>de</strong>puis les<br />

années 80, <strong>de</strong> Copernic en Carpentras, d’éclats lepénistes en procès <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière<br />

guerre. Que signifie ce processus qui place les juifs sous les feux <strong>de</strong> la<br />

rampe ? Signes avant-coureurs d’une résurgence <strong>de</strong> la question juive en<br />

France ? (Lire la suite<br />

page 5)<br />

On reconnaît (<strong>mai</strong>s si !) <strong>de</strong> gauche à droite Marcel Wolkowicz, Simone Herzberg,<br />

Georges Gandwerg, Renée Wolkowicz, Suzie et Gaston Vadiat, Serge Wolkowicz,<br />

Henri Krischer, Yves Klejmann, Jérôme Scorin, Yvette Wirschaffter,<br />

Clau<strong>de</strong> Jablon, et Denise Rozencweig.<br />

Strasbourg contre le Front<br />

Le samedi 29 mars, nous sommes arrivés à Strasbourg pour manifester contre<br />

le FN (c’était ma première manifestation !). Le départ était la Place <strong>de</strong><br />

l’Etoile. Il y avait entre 50 000 et 90 000 personnes. J’ ai été très impressionné<br />

par le mon<strong>de</strong>, et j’ai eu peur <strong>de</strong> perdre mes parents. Sinon, la foule était<br />

très sympathique. Le Front National m’inquiète parce qu’il est raciste et antisémite.<br />

Première, <strong>de</strong>uxième, troisième génération... Nous sommes tous <strong>de</strong>s<br />

enfants d’immigrés. Mais moi, je suis <strong>de</strong> la quatrième...<br />

Ruben Tenenbaum<br />

En supplément à ce numéro,<br />

nos lecteurs adhérents <strong>de</strong> l’ACJ trouveront l’intégralité <strong>de</strong>s carnets <strong>de</strong><br />

voyage <strong>de</strong> Michèle Jablon, dont la publication a été commencée dans<br />

notre numéro 20.


<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 2 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

Voyage (subventionné par lACJ) avec quarante<br />

collégiens du collège La Fontaine <strong>de</strong> Laxou, huit<br />

étudiants, certains venant dAlgérie, du Cambodge,<br />

du Brésil et <strong>de</strong>s États-Unis. Il y avait aussi quatre professeurs<br />

et cinq accompagnateurs, ainsi que <strong>de</strong>ux<br />

chauffeurs.<br />

Nous sommes partis en car le 9 avril à 5h 30 et revenus<br />

le 15 à 1h 45.<br />

Destinations : Nuremberg, Prague, Cracovie,<br />

Auschwitz-Birkenau. Prague et Cracovie (et les mines<br />

<strong>de</strong> sel <strong>de</strong> Wieliczka) étant <strong>de</strong>s étapes touristiques.<br />

À Nuremberg, nous avons vu les vestiges du nazisme,<br />

la vaste tribune doù Adolf Hitler haranguait la<br />

foule, la jeunesse hitlérienne et saluait d'un air altier<br />

les défilés aux colonnes impeccables et au même<br />

bruit <strong>de</strong> pas. Ces explications données, jai fait le rapprochement<br />

avec les vociférations <strong>de</strong> Le Pen.<br />

Nous sommes arrivés à Auschwitz le 11 avril. Le silence,<br />

la douleur, le froid. Des centaines <strong>de</strong> pèlerins,<br />

500 israéliens emmitouflés. La neige tombe en rafales,<br />

<strong>de</strong>s bourrasques <strong>de</strong> vent sélèvent, les éléments<br />

sont déchaînés. La gui<strong>de</strong> raconte : le portail<br />

<strong>de</strong>ntrée et lorchestre.<br />

Devant le bloc 4, jinforme : jy étais. À lintérieur,<br />

<strong>de</strong>vant limmense carte <strong>de</strong>s villes dEurope toutes<br />

fléchées vers une <strong>de</strong>stination, Auschwitz, je situe<br />

Drancy. Je rappelle la mémoire <strong>de</strong> mon jeune frère,<br />

<strong>de</strong> mes parents, <strong>de</strong>s hommes, <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s<br />

enfants Juifs <strong>de</strong> France. Je voudrais me maîtriser.<br />

Des larmes coulent sur les visages <strong>de</strong>s filles et <strong>de</strong>s<br />

garçons.<br />

Puis, cest lhorreur <strong>de</strong>rrière les immenses vitrines :<br />

les cheveux, les valises, les chaussures,les lunettes,<br />

par milliers. Suit la visite <strong>de</strong>s blocs 5, 6, 10, 11.<br />

Au bout du camp, la chambre à gaz et ses <strong>de</strong>ux<br />

Notes <strong>de</strong> Lecture<br />

« SHANGAÏ LA JUIVE »<br />

(Flammarion)<br />

Michèle Kahn, journaliste et<br />

écrivain, nous offre, à travers une<br />

fiction, un regard aigu sur un<br />

épiso<strong>de</strong> mal connu <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong><br />

certains Juifs qui ont eu la<br />

chance <strong>de</strong> pouvoir se réfugier à<br />

Shangaï, dès la montée du nazisme.<br />

Elle met en scène un jeune<br />

journaliste autrichien, juif, qui<br />

sert <strong>de</strong> fil conducteur à <strong>de</strong>s intrigues<br />

où foisonnent <strong>de</strong>s personnages<br />

européens et chinois.<br />

Yvette Wirschaffter<br />

VOYAGE DE LA MÉMOIRE<br />

par Jérôme Scorin<br />

fours crématoires. Sur une étagère, quelques flammes<br />

vacillent, je dépose six bougies que six jeunes<br />

allument, il en aurait fallu cinquante.<br />

Nous prenons alors la direction <strong>de</strong> Birkenau. Le repas<br />

froid est pris dans le car.<br />

Pour moi, ici, cest Kippour.<br />

Dans la guérite, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la sinistre entrée,<br />

nous sommes rassemblés. Un professeur et une<br />

élève lisent <strong>de</strong>ux textes <strong>de</strong> Charlotte Delbo ; je<br />

poursuis avec Lettre daccompagnement pour un<br />

jeune pèlerin, <strong>de</strong> Marcel Wainstain. Ensuite, visite<br />

<strong>de</strong>s baraques puis arrêt à la «rampe». Je raconte<br />

brièvement mon arrivée.<br />

Près <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong>s chambres à gaz et <strong>de</strong>s fours<br />

crématoires, nous écoutons à nouveau un récit <strong>de</strong><br />

Charlotte Delbo. Nous arrivons au monument dédié<br />

aux victimes <strong>de</strong>s différents pays dEurope. Il pleut, il<br />

neige, il vente, impossible dallumer <strong>de</strong>s bougies.<br />

Je me tiens <strong>de</strong>rrière la stèle consacrée à la France.<br />

Devant et sur les côtés, tout le groupe est réuni,<br />

blotti les uns contre les autres. Les jeunes se serrent<br />

contre moi. Protégeant un lecteur <strong>de</strong> cassettes,<br />

jexplique ce que nous allons entendre. Tous<br />

écoutent avec respect El molei RaHamim chanté<br />

par Shalom Katz. Sept minutes découte et <strong>de</strong> recueillement.<br />

Des larmes...<br />

Dans le car, à laller et au retour, <strong>de</strong>s vidéo-cassettes<br />

furent visionnées : Le dictateur, Au revoir les<br />

enfants, Et le soleil se levait, Le point <strong>de</strong> détail,<br />

etc... Et aussi : Un Indien dans la ville.<br />

Au cours <strong>de</strong> ce voyage pédagogique, historique et<br />

culturel qui na laissé personne indifférent, nous<br />

avons vécu jeunes et adultes en parfaite entente<br />

damitié et daffection. Tous se souviendront !<br />

P.S. Les témoignages et le texte <strong>de</strong> Marcel Wainstain<br />

paraîtront dans le prochain numéro.<br />

TOURNOI D’ÉCHECS DU «55»<br />

***************<br />

Comme lan <strong>de</strong>rnier, un tournoi ouvert aux<br />

amateurs <strong>de</strong> tous niveaux aura lieu à partir<br />

du 6 <strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> au 55, rue <strong>de</strong>s Ponts.<br />

Chaque participant aura à jouer <strong>de</strong>ux parties avec tous les<br />

autres (une fois les blancs, une fois les noirs).<br />

Chaque partie durera au maximum <strong>de</strong>ux fois quarante cinq<br />

minutes, soit une heure trente en tout. Tout joueur dépassant<br />

les quarante cinq minutes aura partie perdue.<br />

Le premier prix aura droit à une poignée <strong>de</strong> <strong>mai</strong>n du prési<strong>de</strong>nt<br />

ou <strong>de</strong> son représentant légal, le <strong>de</strong>rnier à la bise dun(e)<br />

représentant(e) du CA dûment désigné(e) par celui-ci.<br />

Inscriptions : soit directement rue <strong>de</strong>s Ponts (tableau daffichage)<br />

soit auprès <strong>de</strong> Bernard Tenenbaum : 03 83 21 28 30,<br />

ou <strong>de</strong> Robert Finkelstein : 03 83 40 30 18<br />

Droits : 20 F pour les adhérents <strong>de</strong> lACJ,<br />

30 F pour les non-adhérents.


<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 3 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

De Strasbourg aux<br />

élections anticipées<br />

L’on peut dire que les événements<br />

vont vite, très vite, trop<br />

vite.<br />

Je pensais relater cette extraordinaire<br />

mobilisation contre le<br />

Front National à Strasbourg, où<br />

une belle délégation <strong>de</strong> l’ACJ<br />

s’était déplacée.<br />

Manifestation citoyenne <strong>de</strong><br />

50000 participants, non récupérables<br />

par <strong>de</strong>s passions partisanes,<br />

qui tenaient à montrer que<br />

dans certaines occasions, le combat<br />

contre les thèses anti-nationales,<br />

anti-républicaines du F.N.<br />

<strong>de</strong>vait et pouvait être engagé et<br />

gagné dans les esprits et les<br />

cœurs.<br />

Contre l’exclusion, contre le révisionnisme,<br />

contre les négationnistes,<br />

nous étions dans notre<br />

combat. C’est donc gonflés à bloc<br />

que nous revînmes à <strong>Nancy</strong>, expliquant<br />

à ceux qui n’avaient pu<br />

faire ce déplacement, combien<br />

avait été exaltante cette mobilisation.<br />

Je pensais relater...<br />

Mais voilà que déjà nous <strong>de</strong>vons<br />

sensibiliser nos adhérents<br />

pour la toute prochaine<br />

échéance électorale (les 25 <strong>mai</strong><br />

et 1er juin prochain).<br />

Face à un pouvoir qui pouvait<br />

tout pour conjurer les déficits<br />

budgétaires, pour lutter contre<br />

le chômage et son corollaire l’exclusion,<br />

le racisme rampant (voir<br />

les lois Debré), il faudra bien se<br />

déci<strong>de</strong>r en connaissance <strong>de</strong><br />

cause, en toute lucidité.<br />

Le signal <strong>de</strong> Strasbourg doit<br />

être perçu par tous les gens <strong>de</strong><br />

cœur pour être continué dans<br />

les faits. Sachons où et qui est<br />

notre adversaire !!!<br />

Georges Gandwerg<br />

AVIS DE<br />

RECHERCHE<br />

Transmis par André Balbin.<br />

Amie dEva TICHAUER,<br />

Liliane LELAIDIER-MARTON recherche<br />

quiconque aurait connu<br />

Jeanine MARTON,<br />

qui habitait <strong>Nancy</strong> pendant la<br />

guerre. Sadresser à :<br />

Liliane LELAIDIER-MARTON,<br />

10 rue Henri Barbusse,<br />

95100 ARGENTEUIL<br />

(Tél : 01 30 76 35 43).<br />

Les statuts du <strong>Blik</strong><br />

Le <strong>Blik</strong> est ouvert à tous. Comme tout organe d’expression, il se doit <strong>de</strong><br />

fonctionner dans la clarté et la transparence. C’est dans cette perspective<br />

que les membres du comité <strong>de</strong> rédaction ont souhaité rédiger et rendre publiques<br />

quelques règles simples avec lesquelles ils souhaitent faire fonctionner<br />

votre journal.<br />

Le comité <strong>de</strong> rédaction du « <strong>Blik</strong> » s'est réuni vendredi 4 avril. étaient présents : G.<br />

Cahin, M. Elalouf, F. Fumeron, H. Klajnerman, H. Krisher, T.Lippmann,<br />

G.Tenenbaum. Le projet suivant a été élaboré pour fixer un cadre <strong>de</strong> fonctionnement<br />

au <strong>Blik</strong> du 55.<br />

1. Vocation. (a) Assurer la liaison entre le bureau <strong>de</strong> l'ACJ et l'ensemble <strong>de</strong> ses<br />

adhérents. (b) Diffuser <strong>de</strong>s idées et les opinions sur les sujets <strong>de</strong> société et les courants<br />

<strong>de</strong> pensée culturels et politiques susceptibles d'intéresser les membres <strong>de</strong><br />

l'association. (c) Fournir le cadre d'une tribune libre <strong>de</strong>stinée à organiser le débat<br />

au sein <strong>de</strong> l'ACJ et parmi ses sympathisants.<br />

2. Responsabilité. (a) Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'ACJ est directeur <strong>de</strong> la publication ès<br />

qualité. (b) Le journal fonctionne avec un comité <strong>de</strong> rédaction souverain, issu du<br />

bureau <strong>de</strong> l'association. Ce comité peut <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la participation <strong>de</strong> personnalités<br />

extérieures à l'association.<br />

3. Censure. La publication d'un article soumis au comité <strong>de</strong> rédaction pourra être<br />

refusée dans les cas suivants: (a) Lorsque son contenu diffuse soit <strong>de</strong>s informations<br />

fausses, soit <strong>de</strong>s propos portant atteinte à la dignité <strong>de</strong> la personne ou d'un groupe<br />

<strong>de</strong> personnes.(b) Sur proposition d'un membre du comité <strong>de</strong> rédaction, ou d'un<br />

adhérent quelconque <strong>de</strong> l'ACJ, après vote unanime du comité <strong>de</strong> rédaction.<br />

4. Diffusion. Le « <strong>Blik</strong> du 55 » est diffusé gratuitement aux adhérents. Il peut aussi,<br />

après accord préalable du bureau, être distribué ou vendu (après éventuel dépôt<br />

légal) à toute personne physique ou morale.<br />

5. Périodicité. La périodicité <strong>de</strong> la parution est variable et peut être modifiée à<br />

tout moment par le comité <strong>de</strong> rédaction ou le bureau. Toutefois, il est souhaitable<br />

que la périodicité usuelle soit comprise entre une parution mensuelle et une parution<br />

trimestrielle.<br />

LES YID'N BLUES A LYON<br />

Elle a grandi notre chorale Yid'n Blues, née <strong>de</strong> l'obstination <strong>de</strong> quelques membres<br />

du «55». Après s'être produite lors <strong>de</strong> différentes manifestations-concerts au «55»,<br />

participation aux commémorations du ghetto <strong>de</strong> Varsovie, aux 3000 ans <strong>de</strong> Jérusalem,<br />

à l'hommage rendu aux anciens du «55» — nous voilà partis en tournée !! Par<br />

une prise en charge constante, une sollicitation pluri-hebdomadaire, notre chef <strong>de</strong><br />

«cœur » Danièle MORALI qui donne beaucoup <strong>de</strong> son temps, a réussi à discipliner<br />

quelques 25 choristes.<br />

Les chansons du folklore yiddish que chantaient nos parents, ainsi que <strong>de</strong>s chants<br />

hébreux ont été adaptés par notre chef, dont le talent <strong>de</strong> pianiste et <strong>de</strong> musicienne<br />

n'est plus à démontrer. A travers <strong>de</strong> superbes arrangements et accompagnements,<br />

eux-mêmes soutenus par les contributions <strong>de</strong> Patrick ATLAS à la guitare et Arnaud-<br />

David MORELLINI à la batterie.<br />

A l'invitation du Bnaï Britt et <strong>de</strong> la communauté Tilsitt <strong>de</strong> Lyon, Yid'n Blues s'est<br />

donc déplacée pour un concert dans la capitale <strong>de</strong>s Gaules, le 13 avril 19<strong>97</strong>. Dans<br />

une salle dont le style rappelle notre Salle Poirel, Léon ZYZEK présente avec éloquence<br />

et chaleur notre chorale. Coeurs battants, après avoir procédé aux ultimes<br />

préparatifs: lumière, son, tenues, maquillages et entendu les ultimes recommandations,<br />

nous faisons notre entrée sur scène. Devant un public fourni, nous commençons<br />

notre spectacle qui raconte l'histoire du petit Yossel, du Schtetl aux années<br />

d'après guerre. Du Rebbe Elimeleykh à Baï mir bistu scheïn, se succè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s chants<br />

expliqués et traduits par les choristes, <strong>de</strong>s chants yiddish et hébreux, tristes ou<br />

joyeux, sont salués par un public chaleureux.<br />

L'émotion est à son comble lors <strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong>s panneaux rappelant la<br />

Shoah avec un accompagnement <strong>de</strong> piano et <strong>de</strong> batterie qui bouleverse l'assistance.<br />

Le public <strong>de</strong>bout, écoute recueilli, le chant du ghetto Mir zennen do. Les bravos<br />

nourris, ainsi que les remerciements sincères <strong>de</strong> Bernard BALBIN nous récompensent<br />

(chef <strong>de</strong> chœur, instrumentistes et choristes) <strong>de</strong> tous nos efforts et nous sommes ravis<br />

du chemin parcouru ensemble, nous promettant <strong>de</strong> continuer. Une très sympathique<br />

réception <strong>de</strong> nos amis Lyonnais vint clôturer cette journée. Nous étions partis à<br />

la conquête <strong>de</strong> Lyon <strong>de</strong>vant un public particulièrement réceptif, nous pensons avoir<br />

transmis et prolongé notre patrimoine. Longue vie à notre chorale! Mir zennen do.<br />

Nicole et Gaston


<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 4 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

La soirée commémorant l e soulèvement<br />

du ghetto <strong>de</strong> Varsovie a<br />

été animée cette année par Jean-<br />

Charles Czurek. Chercheur au<br />

CNRS, il est le co-traducteur avec<br />

Jacques Burko et Maria Elster <strong>de</strong>s<br />

«Carnets du Ghetto <strong>de</strong> Varsovie»<br />

d’Adam Czerniakow , publiés<br />

cette année aux Éditions La Découverte.<br />

Les Carnets dAdam Czerniakow<br />

ont eu pour lhistoriographie du<br />

Ghetto <strong>de</strong> Varsovie la même importance<br />

que ceux dEmmanuel<br />

Ringelblum ou encore que les<br />

chroniques <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> guerre<br />

et doccupation <strong>de</strong> Ludwig Landau.<br />

En phrases courtes, hâtives,<br />

quelquefois difficilement compréhensibles,<br />

celui qui présida aux<br />

<strong>de</strong>stinées du plus grand ghetto<br />

<strong>de</strong> lEurope occupée, <strong>de</strong>s premiers<br />

jours <strong>de</strong> septembre 1939<br />

jusquà son suici<strong>de</strong> le 23 juillet<br />

1942 apporta un témoignage qui<br />

retrace la vie quotidienne dune<br />

masse hu<strong>mai</strong>ne <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong><br />

milliers <strong>de</strong>xistences vouées à<br />

lextermination. Chaque phrase<br />

en elle-même na rien <strong>de</strong> tragique.<br />

Il y est décrit le temps quil fait, ses<br />

propres misères <strong>de</strong> santé, le souci<br />

du manque <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong> son<br />

fils qui a fui les nazis et doit se<br />

trouver quelque part en Union<br />

Soviétique, le problème <strong>de</strong> trouver<br />

<strong>de</strong> la nourriture pour ces affamés,<br />

les oukases <strong>de</strong>s<br />

Allemands...<br />

Czerniakow német aucun jugement<br />

sur loccupant, il semble<br />

maîtriser sa haine. Craint-il <strong>de</strong>s représailles<br />

si ces carnets tombent<br />

entre les <strong>mai</strong>ns <strong>de</strong> lennemi ? Il me<br />

semble que lhomme qui avait une<br />

si gran<strong>de</strong> estime pour le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

civilisation alleman<strong>de</strong> (il a passé<br />

plusieurs années à lUniversité <strong>de</strong><br />

Dres<strong>de</strong>) soit revenu <strong>de</strong> toutes les<br />

illusions.<br />

Peut-être croyait-il au début <strong>de</strong><br />

sa prise <strong>de</strong> fonction, non pas collaborer<br />

avec les nazis, <strong>mai</strong>s pouvoir<br />

trouver un terrain <strong>de</strong> discussion,<br />

<strong>de</strong> compromis, afin d éviter<br />

la catastrophe totale pour ses coreligionnaires.<br />

Le silence quil<br />

voue à loccupant reflète son mépris<br />

! LAllemand est un barbare<br />

dont il ne faut rien attendre. En ce<br />

Le manifeste <strong>de</strong>s juifs laïques<br />

La rédaction du <strong>Blik</strong> a le plaisir <strong>de</strong> vous communiquer l’intégralité<br />

du texte adopté à l’unanimité, lors du 6ème congrès <strong>de</strong> la Fédération<br />

Internationale <strong>de</strong>s Juifs Humanistes et Laïques.<br />

Nous, membres <strong>de</strong> la Fédération Internationale <strong>de</strong>s Juifs Humanistes<br />

et Laïques, conscients <strong>de</strong> nos racines dans la valeur universelle<br />

<strong>de</strong> la Haskala (les lumières), affirmons notre attachement aux<br />

croyances morales et humanistes d’une société ouverte.<br />

Nous croyons que l’i<strong>de</strong>ntité juive peut être développée et renforcée<br />

en acceptant la réalité <strong>de</strong> la diversité du peuple juif et en renouvelant<br />

nos efforts afin d’enseigner et <strong>de</strong> célébrer notre histoire riche,<br />

notre patrimoine culturel, nos valeurs morales et notre conception <strong>de</strong><br />

la civisation mondiale.<br />

Nous affirmons que la culture et la civilisation juives peuvent être<br />

enrichies par leurs contacts avec les autres cultures. L’histoire montre<br />

que la vie juive a été la plus dynamique aux époques où prévalait<br />

l’ouverture.<br />

Nous reconnaissons que la justice, la liberté et l’égalité pour tous<br />

doit être un impératif juif comme un impératif hu<strong>mai</strong>n.<br />

Nous affirmons le droit <strong>de</strong> tous, juifs comme non-juifs, au style <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong> leur propre choix, libre <strong>de</strong> diktats autoritaires.<br />

Nous sommes convaincus qu’une paix juste et durable entre juifs<br />

et Arabes, Israéliens et Palestiniens, dans une société qui honore<br />

non seulement les droits nationaux <strong>mai</strong>s aussi la liberté personnelle,<br />

est un objectif moral <strong>de</strong> la plus haute importance.<br />

Nous affirmons la relation profon<strong>de</strong> qui existe entre le caractère<br />

historique et international. Une i<strong>de</strong>ntité juive qui met en relief les valeurs<br />

les plus hautes <strong>de</strong> son passé et qui voit avec optimisme l’avenir,<br />

ne peut prendre forme que dans un mon<strong>de</strong> où les lignes <strong>de</strong> démarcations<br />

nationales et raciales n’entravent pas la solidarité <strong>de</strong>s<br />

peuples.<br />

Nous rassemblons tous nos efforts afin <strong>de</strong> réaliser ce rêve.<br />

Paris, le 6 octobre 1996.<br />

jour <strong>de</strong> Juillet 1942, quand on lui<br />

signifie lordre damener les petits<br />

orphelins à lUmschlagplatz, le<br />

Prési<strong>de</strong>nt du Ghetto <strong>de</strong> Varsovie<br />

est certes désespéré, <strong>mai</strong>s honteux<br />

du jeu <strong>de</strong> dupes auquel il<br />

sest prêté. Il préfère la mort à toutes<br />

nouvelles compromissions.<br />

Durant <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> siècles,<br />

quand les Juifs menaient une<br />

lutte opiniâtre pour sauvegar<strong>de</strong>r la<br />

vie <strong>de</strong>s leurs, il y avait presque<br />

toujours une possibilité pour fléchir<br />

le bourreau, on abjurait sa foi<br />

(conversions <strong>de</strong>s Juifs au Moyenâge<br />

en Rhénanie, croisa<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

Pastoureaux, lInquisition) il était<br />

ainsi possible <strong>de</strong> sauver sa vie.<br />

Mais les lois édictées à Nuremberg<br />

par les nazis sur la pureté <strong>de</strong><br />

la race ne laissaient aucune possibilité<br />

davoir par quelque subterfuge<br />

que ce soit la vie sauve. Et<br />

pourtant dans les lieux où loccupant<br />

mettait en place la solution finale,<br />

<strong>de</strong> gré ou <strong>de</strong> force, <strong>de</strong>s Juifs<br />

se mirent au service du tortionnaire.<br />

Les historiens américains ont<br />

beaucoup controversé sur le rôle<br />

<strong>de</strong>s Ju<strong>de</strong>nrätter, ou <strong>de</strong>s Conseils<br />

dAnciens et <strong>de</strong> Notables Juifs qui<br />

pieds et poings liés obéissaient<br />

aveuglément aux ordres nazis.<br />

Souvent honorablement connus<br />

par leurs concitoyens, ils étaient<br />

dune rare efficacité criminelle.<br />

En France, lhistoriographie na<br />

pas encore trouvé beaucoup dintérêt<br />

pour étudier une structure<br />

comme lUnion Générale <strong>de</strong>s Israélites<br />

<strong>de</strong> France (U.G.I.F.) mis<br />

en place par les Allemands et non<br />

par Vichy dès lété 1940. Composé<br />

<strong>de</strong> notables Israélites Français,<br />

cet organisme était chargé par<br />

loccupant <strong>de</strong> transmettre aux<br />

Juifs lapplication <strong>de</strong>s différents<br />

décrets les dépossédant <strong>de</strong> leurs<br />

biens, <strong>de</strong> leur liberté, <strong>de</strong> leur qualité<br />

dêtre hu<strong>mai</strong>n et en définitive<br />

<strong>de</strong> leur vie.<br />

Ces élites pensaient elles pouvoir<br />

duper lennemi ou tout au<br />

moins composer avec lui ?<br />

Quoiquil en soit, cette histoire<br />

<strong>de</strong> lUGIF doit être écrite, les documents<br />

ne manquent pas ! Le<br />

YIVO <strong>de</strong> New-York les tient à la<br />

disposition <strong>de</strong> tous ceux qui sy<br />

intéressent.<br />

Henri Krischer


<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 5 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

Le signe juif <strong>de</strong> la politique française<br />

(suite <strong>de</strong> la première page)<br />

Cette image <strong>de</strong>s juifs dans l’opinion publique (le « signe<br />

juif ») ne coïnci<strong>de</strong> pas nécessairement avec leur condition<br />

vécue, même s’il ne peut y avoir <strong>de</strong> signe juif sans condition<br />

juive. Les magazines français nous annonçaient, il<br />

y a quelques années, l’imminence d’un retour <strong>de</strong> l’antisémitisme<br />

alors que les juifs vivaient le plus benoîtement<br />

du mon<strong>de</strong>.<br />

Le signe juif peut ainsi avoir sa propre histoire : elle<br />

nous renseigne plus sur la société qui le produit que sur<br />

les juifs, dont beaucoup assistent aujourd’hui stupéfaits,<br />

furieux, puis inquiets au spectacle <strong>de</strong> l’inflation d’un discours<br />

public qui leur échappe totalement, <strong>mai</strong>s les désigne<br />

au regard <strong>de</strong> la nation comme une totalité massifiée (« la<br />

communauté juive »). Comment expliquer ce<br />

phénomène?<br />

Les vingt <strong>de</strong>rnières années ont vu se développer un<br />

système symbolique spécifique sur les touches duquel pianote<br />

avec <strong>de</strong>xtérité M. Le Pen. Comment, dans le débat<br />

public, s’est-on représenté les juifs ? Essentiellement à<br />

travers <strong>de</strong>ux images, en relation avec les <strong>de</strong>ux grands traumatismes<br />

contemporains : la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale et<br />

Vichy d’un côté, l’immigration — revers <strong>de</strong> la décolonisation<br />

— <strong>de</strong> l’autre. Le juif-victime et le juif-modèle.<br />

Dans les années 80 jusqu’à la salutaire déclaration <strong>de</strong><br />

Jacques Chirac, le martyrologe juif est <strong>de</strong>venu — <strong>de</strong> fait<br />

— la source d’un grand pouvoir <strong>de</strong> signification et <strong>de</strong> légitimation.<br />

L’invocation répétée <strong>de</strong> la Shoah, source <strong>de</strong><br />

moralisation universelle, a contribué à la naissance d’un<br />

nouveau sacré qui a conféré au signe juif une valeur éthique<br />

absolue. Simultanément, la citoyenneté du juif français<br />

s’est vue construite comme modèle <strong>de</strong> l’intégration<br />

républicaine (l’envers <strong>de</strong> Vichy) offert en exemple aux<br />

immigrés : le signe juif, symbole <strong>de</strong> la République.<br />

Ces <strong>de</strong>ux figures sont nées sans doute en écho au refoulé<br />

<strong>de</strong> l’Occupation dans la mémoire collective et à<br />

l’inquiétu<strong>de</strong> née d’une immigration massive. C’est ce qui<br />

explique leur puissance et laisse entrevoir que, si le signe<br />

juif joue un rôle crucial dans l’idée <strong>de</strong> la France contemporaine,<br />

il reste un signe-limite, le signe <strong>de</strong> l’étrangeté<br />

autour duquel se forge l’i<strong>de</strong>ntité. Carpentras tout comme<br />

auparavant Copernic ont fourni l’exemple du recueillement<br />

<strong>de</strong> la France, toutes opinions confondues, autour<br />

d’un tel signe.<br />

Mais il n’y a ja<strong>mai</strong>s production <strong>de</strong> signes hors <strong>de</strong> l’action<br />

et <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>s acteurs sociaux qui y recherchent<br />

légitimation et confirmation <strong>de</strong> la condition dans laquelle<br />

ils se trouvent. Dans les années 80, un phénomène nouveau<br />

s’est produit : le signe juif est <strong>de</strong>venu une carte dans<br />

la politique politicienne française. Beaucoup d’analystes<br />

s’accor<strong>de</strong>nt en effet à reconnaître que François Mitterrand a<br />

alors privilégié le face-à-face avec Le Pen jusqu’ici peu<br />

important <strong>mai</strong>s diabolisé afin <strong>de</strong> renforcer le PS, seul<br />

rempart contre le néo-fascisme... La mobilisation du signe<br />

juif renforçait cette stratégie en l’authentifiant <strong>de</strong> sa<br />

garantie morale.<br />

Assisterait-on <strong>mai</strong>ntenant du côté <strong>de</strong> la droite à une<br />

opération semblable, avec la bizarre célébration d’un<br />

190 e anniversaire du Sanhédrin censée démontrer que les<br />

juifs sont bien français et que les immigrés peuvent être<br />

intégrés comme eux l’ont été ? En précipitant <strong>de</strong> façon<br />

artificielle ce qui aurait pu être dans dix ans un bicentenaire,<br />

cette célébration ne risque-t-elle pas <strong>de</strong> donner à penser<br />

que M. Chirac rameuterait la communauté juive pour<br />

lui donner un quitus moral <strong>de</strong>s lois Debré et lui fournir<br />

l’(heureuse) occasion <strong>de</strong> se démarquer <strong>de</strong> M. Le Pen ? Mais<br />

en la positionnant au coeur <strong>de</strong> la politique politicienne,<br />

alors qu’elle n’a aucune volonté partisane.<br />

La même ambivalence joue, dans un autre sens, avec<br />

l’exemplification du juif, modèle <strong>de</strong> l’intégration. Quand<br />

SOS-Racisme avançait l’équation généreuse « juif = immigré<br />

», quand le ministre <strong>de</strong> l’intérieur Pierre Joxe encourageait<br />

la création d’un Corif musulman sur le modèle du<br />

CRIF juif, quand François Mitterrand félicitait, dans un<br />

même souffle, les communautés juive et musulmane<br />

pour leur calme durant la guerre du Golfe, ne laissaient-ils<br />

pas entendre l’hétérogénéité (<strong>de</strong> principe) <strong>de</strong>s juifs dans la<br />

nation française ?<br />

Il en est <strong>de</strong> même aujourd’hui lorsque les pétitionnaires<br />

estiment — indûment — que la loi Debré est comparable<br />

au statut <strong>de</strong>s juifs. Dans tous ces discours, réellement<br />

généreux et antiracistes, pourrait être à l’oeuvre en fait<br />

un processus <strong>de</strong> déligitimation rampante <strong>de</strong> la communauté<br />

juive, subrepticement définie comme allogène. Ce qui<br />

n’est pas sans provoquer un malaise dans l’opinion.<br />

M. Le Pen joue comme sur du velours dans une telle<br />

configuration. En manipulant le signe juif, il engrange,<br />

sans aucun effort, le maximum d’acquis politico-symboliques<br />

parce qu’il touche à une <strong>de</strong>s clefs <strong>de</strong> la conscience<br />

nationale. Il désacralise le martyrologe et portraiture les<br />

juifs comme <strong>de</strong>s étrangers en investissant la figure <strong>de</strong><br />

l’immigré <strong>de</strong> la puissance symbolique du signe juif. Il<br />

tient ainsi les <strong>de</strong>ux bouts du refoulé national. Mais c’est<br />

justement à cet endroit que le signe juif rejoint très dangereusement<br />

la condition juive car l’ « explication » que<br />

donne M. Le Pen — ou, hier, l’abbé Pierre — en dénonçant<br />

le « complot juif mondial » <strong>de</strong>rrière ses masques<br />

vertueux, désigne précisément les juifs dans la cité comme<br />

une communauté étrangère...<br />

Il faut poser une question incroyable, cinquante ans<br />

après la Shoah : « La communauté juive est-elle en danger<br />

? » On pouvait ricaner <strong>de</strong>vant l’inflation médiatique<br />

du judaïsme-spectacle <strong>de</strong>s années 80, <strong>mai</strong>s aujourd’hui,<br />

après Vitrolles et face à la crise générale ? Cette idéologie<br />

n’a pas encore converti <strong>de</strong> masses, rassurons-nous, <strong>mai</strong>s<br />

le décor est en place, le scénario est écrit. On ne sait ja<strong>mai</strong>s<br />

! A force <strong>de</strong> manipuler les signes, ils peuvent se<br />

réaliser dans le concret. Il est sûr que les immigrés font<br />

office <strong>de</strong> « sas » <strong>de</strong> protection pour les juifs — ce qui ne<br />

réjouira personne — <strong>mai</strong>s il est aussi sûr qu’en touchant<br />

au signe juif on déstabilise plus efficacement la France<br />

qu’en touchant aux immigrés.<br />

Le plus grave, c’est que cette inquiétu<strong>de</strong> risque <strong>de</strong> ne<br />

plus être crédible tant la scène du « danger imminent »<br />

est éventée et le signe juif récupéré dans certaines stratégies<br />

médiatiques <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> produits ou <strong>de</strong><br />

personnes. Il y a fort à craindre que, dans l’avenir proche,<br />

les occasions électorales et judiciaires ne manqueront<br />

pas <strong>de</strong> réactiver ce théâtre d’ombres dangereux.<br />

Shmuel Trigano est maître <strong>de</strong> conférences <strong>de</strong> sociologie<br />

à l’université Paris X-Nanterre.


<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 6 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

A la recherche du 55...<br />

Le 29 mars à Strasbourg avait lieu un «événement»: le<br />

congrès du Front National dans la ville symbole <strong>de</strong> l’Europe,<br />

qui plus est ville dirigée par un <strong>mai</strong>re socialiste: Madame<br />

Trautmann. Mais finalement l’événement fut tout autre. Pendant<br />

tout le week-end <strong>de</strong> Pâques, Strasbourg fut la capitale<br />

d’un renouveau démocratique, d’un élan citoyen tel que notre<br />

région n’en avait plus connu <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies. Grand défilé<br />

populaire, concerts gratuits, débats publics, conférences<br />

et <strong>mai</strong>ntes initiatives collectives et individuelles étaient au<br />

ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> ce week-end <strong>de</strong> fêtes.<br />

Mais revenons un peu en arrière. Le Front National, ne l’oublions<br />

pas, vient <strong>de</strong> gagner sa première municipalité non pas<br />

au terme d’une triangulaire <strong>mai</strong>s bien en «tête à tête» face à<br />

un candidat «démocrate» du Parti Socialiste. Cet événement<br />

finalement n’a pas soulevé plus d’émoi que les différents<br />

dérapages <strong>de</strong> Jean-Marie Le Pen. Certes, au 55, nous<br />

avons organisé une conférence avec Guy Konopnocki sur les<br />

filières noires du F.N. Strasbourg y fut bien évoqué, <strong>mai</strong>s<br />

bon, il restait encore plus d’un mois... Après, le renouvellement<br />

du comité occupait plus les esprits qu’une éventuelle<br />

participation à un défilé... Et enfin, c’est au cours du débat<br />

qui précédait le dépouillement qu’un <strong>de</strong> nos amis souleva pour<br />

la première fois la question d’une participation collective<br />

sous une ban<strong>de</strong>role <strong>de</strong> l’ACJ Le ton était donné, la pression<br />

montait, le nouveau comité unanime votait pour notre présence<br />

en tant qu’association.<br />

Bien sûr, dans les jours qui précédèrent, certains se <strong>de</strong>mandaient<br />

encore s’il était utile <strong>de</strong> défiler, si cela ne ferait finalement<br />

pas plus <strong>de</strong> publicité à Le Pen que l’inverse. Bien sûr,<br />

également, les rumeurs les plus folles couraient sur une <strong>de</strong>scente<br />

<strong>de</strong>s skinheads d’Allemagne et <strong>de</strong> toute l’Europe... (Jean-<br />

Marie Le Pen lui-même prévenant par médias interposés que<br />

les membres <strong>de</strong> son service d’ordre (+ <strong>de</strong> 1000 pour 2000<br />

congressistes!!!) étaient en état d’alerte maximum pour prévenir<br />

d’éventuels débor<strong>de</strong>ments et les provocations <strong>de</strong>s<br />

«jeunes casseurs»). Bref le climat était tendu, l’heure était<br />

grave et les questions nombreuses...<br />

Pour une part, elles étaient <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sortes. Y allais-je en car<br />

(<strong>Nancy</strong> réussit le tour <strong>de</strong> force <strong>de</strong> remplir 59 bus) ou en<br />

voiture? Deuxièmement, <strong>de</strong>vais-je y aller seul ou avec mes<br />

enfants? La voiture parut plus pratique; quant aux enfants,<br />

je me contentais d’emmener Louisiane, mon aînée, âgée <strong>de</strong> 8<br />

ans et <strong>de</strong>mi, pas trop rassuré tout <strong>de</strong> même...<br />

Enfin le jour J!!! Soleil voilé <strong>mai</strong>s foule immense et bigarrée<br />

qui réchauffe le cœur. Place Kléber, une scène est dressée et<br />

<strong>de</strong>rrière, une gran<strong>de</strong> ban<strong>de</strong>role, un seul slogan: «Un raciste<br />

est quelqu’un qui se trompe <strong>de</strong> colère». Des confettis partout<br />

colorent la chaussée. De partout, <strong>de</strong>s jeunes, <strong>de</strong>s vieux convergent<br />

vers la Place <strong>de</strong> l’Etoile. Tout le mon<strong>de</strong> y va <strong>de</strong> son<br />

tract, <strong>de</strong>s petites affichettes passent <strong>de</strong> <strong>mai</strong>ns en <strong>mai</strong>ns:<br />

«Le racisme est un affront national», «Marianne, la France<br />

que j’aime est sans Le Pen»... Louisiane part en chasse aux<br />

auto-collants «touche pas à mon pote».<br />

Des bus continuent d’arriver, je regar<strong>de</strong> les plaques<br />

d’immatriculation: 29, 35, 83, 06, 42, 93... Il y a même <strong>de</strong>s<br />

délégations d’Allemagne, <strong>de</strong> Belgique, <strong>de</strong> Suisse, d’Angleterre,<br />

d’Espagne: «No pasaran!».Malgré la pluie qui<br />

commence à tomber, les collectifs étudiants font «péter les<br />

watts», «le bruit et l’o<strong>de</strong>ur, le bruit <strong>de</strong>s marteaupiqueurs»,<br />

chanson reprenant le fameux discours <strong>de</strong> Chirac<br />

sur les habitants <strong>de</strong> la Goutte d’Or. Le cortège s’ébroue, mélangeant<br />

les associations citoyennes, les partis politiques<br />

(discrets), les syndicats, les collectifs en tout genre. Du<br />

mon<strong>de</strong>, du mon<strong>de</strong>! Combien sont-ils: 20 000? 30 000?<br />

50000? Plus? Le problème, c’est que dans tout ça, point<br />

d’ACJ en vue... Y aurait-il eu un problème? Je <strong>de</strong>scend<br />

jusqu'à la fin <strong>de</strong> la manif, les drapeaux rouges et noirs flottent<br />

gaiement au vent; tiens! même les «anars» sont tout<br />

sourire, <strong>de</strong>s clowns maquillent les enfants, Louisiane ne résiste<br />

pas... Toujours pas d’ACJ, alors je prend ma fille sur mes<br />

épaules et je remonte sur les côtés le défilé. Les avenues ont<br />

beau être larges, il y a tellement <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> que j’ai du mal à<br />

avancer. J’ai une certaine habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s manifestations (ayant<br />

été élevé au quartier latin à Paris) et j’avoue éprouver une émotion<br />

folle; je remonte toujours la foule; tiens! Des courageux<br />

en échasses (bonjour les courbatures...) et bien sûr, les<br />

inévitables téléphones portables... Il y a <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>role partout,<br />

les gens applaudissent aux fenêtres. Avenue <strong>de</strong>s Vosges,<br />

vision incroyable: une famille juive qu’on croirait sortie<br />

d’un «schtetl» polonais du siècle <strong>de</strong>rnier, lève le poing gauche<br />

fermé et applaudit la «révolution antifasciste en<br />

marche».<br />

Tiens! Cavanna et Bertrand Tavernier! Je ne dois plus être<br />

très loin du début du cortège, je n’en crois pas mes yeux: ils<br />

sont au moins 50.000! De toutes couleurs, <strong>de</strong> toutes origines,<br />

ils sont venus affirmer que la France est une terre d’accueil<br />

et qu’elle doit le rester.... Pas <strong>de</strong> récupération politicienne,<br />

juste un grand mot d’ordre civique: «liberté, égalité,<br />

fraternité».<br />

Je veux en avoir le cœur net: où sont mes camara<strong>de</strong>s du<br />

55? Je coupe avant la fin du cortège et file à l’arrivée, Place<br />

<strong>de</strong> l’Hotel <strong>de</strong> Ville. La place est déjà noire <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, les marchands<br />

<strong>de</strong> saucisses font <strong>de</strong>s affaires, on se croirait à la Fête <strong>de</strong><br />

l’Humanité! Mais que vois-je? Là bas, <strong>de</strong>rrière les sucettes<br />

géantes, <strong>mai</strong>s oui, c’est Gaston, Clau<strong>de</strong>, Georges, Jérôme,<br />

Henri, Serge, Marc, et les autres... Le cœur empli <strong>de</strong> joie, je<br />

les rejoins. Comme moi, ils ont les yeux remplis <strong>de</strong> bonheur<br />

et d’émotions... Combien? Combien étaient-ils? La question<br />

brûle les lèvres <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>. Mais déjà, il faut se<br />

disperser...A bientôt! A <strong>de</strong><strong>mai</strong>n! Un <strong>de</strong>rnier regard <strong>mai</strong>s la<br />

foule immense nous éloigne les uns <strong>de</strong>s autres. Et puis il n’y a<br />

pas eu un seul inci<strong>de</strong>nt, autant faire durer cet état <strong>de</strong> grâce...<br />

Strasbourg est à nous, Place Kléber, les musiciens tapent sur<br />

<strong>de</strong>s bidons; les CRS ne chargeront que plus tard dans la<br />

nuit.Comment? C’est déjà fini? Non, c’est le début, quelque<br />

chose a commencé à germer dans la capitale alsacienne. Non,<br />

la rue n’appartient pas aux racistes, aux xénophobes et aux fascistes.<br />

La jeunesse <strong>de</strong> la foule est porteuse d’espoir, sachons<br />

l’entretenir.<br />

A propos <strong>de</strong> jeunesse, la <strong>de</strong>rnière image qu’il me reste <strong>de</strong> ce<br />

défilé: Louisiane est sur mes épaules, son camara<strong>de</strong> Ruben<br />

est sur les épaules <strong>de</strong> son oncle. Ruben se tourne vers<br />

Louisiane: «Alors, c’était ta première manif? T’en a pensé<br />

quoi? C’était génial, hein? »<br />

François Fumeron<br />

Catherine LIPPMANN NADAUD<br />

proposera une lecture <strong>de</strong> contes yiddish,<br />

<strong>de</strong>stinée aux enfants, au cours d'un mercredi<br />

après-midi du mois <strong>de</strong> septembre.<br />

N’oubl i ez pas <strong>de</strong> régler votre cotisation<br />

19<strong>97</strong>, dont le montant reste fixé à 350 F...<br />

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pour le <strong>Blik</strong>, idées...


<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 7 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

La mémoire, à quoi ça rime ?<br />

La langue yiddish apprend le silence, et sa pensée la<br />

souffrance — comme on dit d'un paquet qu'il est en<br />

souffrance — dans un mon<strong>de</strong> qui prend <strong>de</strong>s reflets <strong>de</strong><br />

poste restante abandonnée où certains sons s'abîment<br />

parce qu'ils émanent d'un mon<strong>de</strong> disparu et que personne<br />

ne viendra plus les réclamer.<br />

Mais les langues ne meurent ja<strong>mai</strong>s, elles se dissolvent<br />

dans le tissu sémantique <strong>de</strong> celles qui leur survivent un<br />

instant pour tomber à leur tour dans l'insondable havresac<br />

<strong>de</strong> notre bagage linguistique inconscient.<br />

Alors...<br />

Alors, comme vous peut-être, il me prend <strong>de</strong> temps à<br />

autre le sourd désir d'accompagner le mourant en lui<br />

tenant doucement la <strong>mai</strong>n et en chantonnant avec lui <strong>de</strong>s<br />

airs anciens lourds <strong>de</strong> sens et légers <strong>de</strong> nostalgie.<br />

Alors...<br />

Alors, comme d'autres peut-être, il me souvient <strong>de</strong><br />

temps en temps <strong>de</strong> la musique et <strong>de</strong>s paroles.<br />

Alors...<br />

Alors, comme personne peut-être, il me faut parfois<br />

emprunter la voie périlleuse <strong>de</strong> souffrir cette dissolution<br />

et <strong>de</strong> me faire violence en tentant la traduction (ne<br />

dit-on pas «traduire en justice ? ») <strong>de</strong> quelques rimes<br />

dont l'écho s'est noyé et dont, obstiné, l'accent surnage.<br />

Avec toi, lecteur du <strong>Blik</strong>, je voudrais faire partager plus<br />

qu'une émotion : une saveur <strong>de</strong> la mémoire, dont voici<br />

le premier plat.<br />

Le yiddish se meurt, vive le yiddish !<br />

Ne dis ja<strong>mai</strong>s qu'ici s'achève ton chemin<br />

Quand un ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> plomb occulte le matin<br />

Reviendra le temps <strong>de</strong> l'espoir et au <strong>de</strong>là<br />

Nos pas feront vibrer le sol : nous sommes là !<br />

Des vertes palmeraies aux neiges bleues <strong>de</strong>s plaines<br />

Nous emportons partout nos souffrances, nos peines,<br />

Et les champs <strong>de</strong> nos gouttes <strong>de</strong> sang clairsemés<br />

Verront soudain <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> courage germer.<br />

L'éclair <strong>de</strong> l'aube scintillera aujourd'hui<br />

L'ennemi se fondra dans l'oubli <strong>de</strong> la nuit<br />

Et si le soleil et le jour nous font défaut<br />

Ce chant d'âge en âge portera le flambeau.<br />

Ces couplets sont écrits non d'encre <strong>mai</strong>s <strong>de</strong> sang.<br />

Ils ne sont pas ceux d'oiseaux libres dans le vent.<br />

Un peuple entier les entonne sous les décombres<br />

Et brandissant ses armes s'extirpe <strong>de</strong> l'ombre.<br />

Alors ne dis ja<strong>mai</strong>s que finit ton chemin<br />

Quand un ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> plomb occulte le matin<br />

Reviendra le temps <strong>de</strong> l'espoir et au <strong>de</strong>là<br />

Nos pas feront vibrer le sol : nous sommes là !<br />

Gérald Tenenbaum<br />

L’hymne <strong>de</strong>s partisans (Hirsch Glik 19<strong>22</strong>-1944)<br />

NimyhjrinAzyerAp<<br />

Cgivv Nexil Mid esyyg yd zA ClZm Nyyq eyn gZz<br />

Cgie iZlb NliewrAp) iniulb NilmFhf Nivv<br />

Chiw ieqnibigsGa rizdnva KZn eivv Nimvq<br />

" ! Zd Ninuz rym‘ :eZre rizdnva Na=e qGp< A eivv si<br />

Hnw NsHvv Nvp) dnAl zyb dnAlnimlAp< Minyrg Nvp)<br />

Cyyvv rizdnva eymCNup< rizdnva eym NZ Nimvq rym<br />

Cevlb rizdnva Nvp) Xyrp>w A zya Nlap)ig VB Nva<br />

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<strong>mai</strong> 19<strong>97</strong> Le <strong>Blik</strong> du «55» — 8 — «55» Nvp) qylb rid 19<strong>97</strong> um<br />

Les écrivains yiddish sont sur le réseau !<br />

La page internet commune du Me<strong>de</strong>m et <strong>de</strong> lAEDCY (http://www.col.fr/yiddish/) fourmille <strong>de</strong> liens sur le<br />

yiddish et permet <strong>de</strong> contacter facilement les associations ou individus attachés à la culture ashkénase. Voici,<br />

en primeur à <strong>Nancy</strong> pour les lecteurs du <strong>Blik</strong> quelques nouvelles fraîches et néanmoins passionnantes.<br />

De gauche à droite : Men<strong>de</strong>le, Sholem Aleichem, ben-ami, et Bialik en Suisse.<br />

Sholem-Aleychem<br />

(Pseudonyme <strong>de</strong> Sholem Rabinovitch)<br />

(1859-1916)<br />

Sholem-Aleychem, né à Pereyeslav en Ukraine, mort en 1916 à New York, est<br />

l'écrivain le plus lu, le plus aimé et probalement le plus original <strong>de</strong> la littérature<br />

yiddish.<br />

Auteur extrêmement fécond et divers, il campe dans <strong>de</strong>s monologues inoubliables<br />

les personnages les plus caractéristiques du mon<strong>de</strong> semi-rural juif <strong>de</strong> la fin du<br />

siècle <strong>de</strong>rnier : Tevye <strong>de</strong>r milkhiker (Tévié le laitier; 1984-1916), qui incarne la<br />

sagesse et les ressources <strong>de</strong> l'auto-ironie face aux souffrances et aux vicissitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

la vie; Menakhem Mendl (1892-1913) qui, par son échange épistolaire avec sa<br />

femme Sheyne-Sheyndl, <strong>de</strong>vint le prototype du lufmentsh, cet homme acculé à vivre<br />

d'expédients, d'espoir et <strong>de</strong> l'air du temps; Motl Peysi <strong>de</strong>m 'hazns (Motel Peysi<br />

fils du chantre; 1914), le garçonnet qui trompe la misère matérielle et la détresse morale par l'inventivité et la fraîcheur<br />

<strong>de</strong> l'enfance.<br />

Sur la trentaine <strong>de</strong> volumes que comporte son oeuvre on peut citer, entre autres, Komivoïajorn, (Commis-voyageurs),<br />

Blondjen<strong>de</strong> shtern, (Etoiles vagabon<strong>de</strong>s), Funem yarid, (Retour <strong>de</strong> la foire), Mayses far yidiche kin<strong>de</strong>r, (Histoires<br />

pour enfants juifs), Fun Karsilevke, (La ville <strong>de</strong> Karsilevké).<br />

La marque caractéristique <strong>de</strong> cette oeuvre est un humour empreint <strong>de</strong> tendresse, profondément enraciné dans la sensibilité<br />

et le parler du peuple que Sholem-Aleychem réussit à styliser avec un rare bonheur, jouant sur le trilinguisme juif<br />

(ici yiddish, hébreu et slave), mêlant avec une liberté débridée les textes sacrés et les dictons populaires.<br />

Quelques «liens» (internet abi guizint...)

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