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Livret Pédagogique CNC de La Famille Tenenbaum - Les Yeux Verts

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du film – est une exception puisque dans la course au succès que s’imposent<br />

involontairement les <strong>de</strong>ux comédiens, Owen possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis longtemps une longueur<br />

d’avance.<br />

Le surgissement Ben Stiller<br />

Ben Stiller, lui, vient d’ailleurs. Issu d’une famille <strong>de</strong> comiques, il s’est lancé dès<br />

le milieu <strong>de</strong>s années 80 dans la comédie, entre Broadway et la télévision (Saturday<br />

Night Live, The Ben Stiller Show, pour lesquels il joue et réalise <strong>de</strong>s courts-métrages<br />

hilarants) avant <strong>de</strong> passer à la réalisation <strong>de</strong> longs-métrages au cours <strong>de</strong>s années<br />

90 (Génération 90, Disjoncté avec Jim Carrey, Zoolan<strong>de</strong>r…). Son sens aigu <strong>de</strong> la parodie<br />

et <strong>de</strong> la satire s’incarne dans un corps trapu pouvant osciller à loisir entre explosivité<br />

et retenue, déchaînement burlesque et second <strong>de</strong>gré. Petit gabarit musculeux<br />

et râblé, plein <strong>de</strong> nerfs et d’énergie, Stiller impose cet équilibre <strong>de</strong> robustesse, <strong>de</strong><br />

sècheresse et d’élasticité dans <strong>de</strong> nombreuses comédies à succès où se côtoient<br />

farces régressives et comique plus sophistiqué (Mary à tout prix <strong>de</strong>s frères Farrelly,<br />

Mon Beau-père et moi, Mystery Men, Dodgeball…).<br />

Dans <strong>La</strong> <strong>Famille</strong> <strong>Tenenbaum</strong>, Wes An<strong>de</strong>rson en fait un parfait pendant au flottement<br />

lunaire et à la souplesse alanguie et volatile <strong>de</strong>s frères Wilson : crispé, buté<br />

et concentré, le regard noir, plein d’agressivité rentrée, Stiller y exprime une rage,<br />

une rancœur et une rigidité qui poussent le ton mélancolique du cinéaste à son<br />

point d’intensité maximale – c’est d’ailleurs à son seul pardon (un relâchement)<br />

que le film doit son climax final. Cette intégration <strong>de</strong> Stiller à la « famille »<br />

An<strong>de</strong>rson n’est pas fortuite : <strong>de</strong>puis qu’il a rencontré Owen Wilson sur le tournage<br />

<strong>de</strong> Disjoncté en 1998, Stiller l’a retrouvé aussi souvent que possible (Mon<br />

Beau-père et moi, Zoolan<strong>de</strong>r, Starsky et Hutch, <strong>La</strong> Nuit au musée…). Le petit brun<br />

hargneux et le grand blond au regard doux forment un duo tout en contrastes<br />

qui trouve, dans <strong>La</strong> <strong>Famille</strong> <strong>Tenenbaum</strong>, un véritable accomplissement, même si,<br />

paradoxalement, ils ne sont ensemble, à <strong>de</strong>ux, à l’écran.que pour la scène <strong>de</strong><br />

poursuite finale. Avec Luke Wilson (et ailleurs aux côtés d’acteurs aussi novateurs<br />

que Vince Vaughn ou Will Ferrell), ils constituent la base d’une nouvelle<br />

génération pour la comédie burlesque américaine.<br />

O u v e r t u r e<br />

<strong>Pédagogique</strong> 2<br />

LOSERS<br />

<strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>s personnages <strong>de</strong> <strong>La</strong> <strong>Famille</strong><br />

<strong>Tenenbaum</strong> sont en situation d'échec et<br />

peuvent être qualifiés <strong>de</strong> losers. Chas,<br />

Margot et Richie ont connu la réussite<br />

dans un passé révolu et souvent regretté,<br />

voire ressassé. À trente ans, ils sont déjà<br />

has been <strong>de</strong>puis bien longtemps.<br />

On pourra <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux élèves s'ils se<br />

souviennent <strong>de</strong> héros <strong>de</strong> cinéma qu'ils<br />

qualifieraient ainsi. Le terme est-il pour<br />

eux uniquement négatif ? <strong>Les</strong> losers qu'ils<br />

citent sont-ils <strong>de</strong>s personnages pitoyables<br />

ou suscitent-ils une forme <strong>de</strong> sympathie ?<br />

Ils provoquent souvent une émotion ambivalente.<br />

<strong>La</strong> comédie contemporaine cultive<br />

ainsi avec tendresse les personnages<br />

<strong>de</strong> ratés : The Big Lebowski <strong>de</strong>s frères<br />

Coen, Mary à tout prix et Dodgeball<br />

avec Ben Stiller… On étudiera les différentes<br />

variantes du loser dans <strong>La</strong> <strong>Famille</strong><br />

<strong>Tenenbaum</strong> : la neurasthénique Margot,<br />

le désinvolte Eli, le puéril Chas, le mélancolique<br />

Richie ou le maladroit Henry se<br />

situant chacun à un sta<strong>de</strong> différent entre<br />

les pôles comique et dramatique <strong>de</strong> ce<br />

type <strong>de</strong> personnage.<br />

On verra enfin que contrairement à la<br />

plupart <strong>de</strong>s losers du cinéma américain,<br />

les personnages <strong>de</strong> Wes An<strong>de</strong>rson sont<br />

riches, beaux et intelligents. Même dans<br />

l'échec, ils conservent une certaine classe,<br />

se révélant ainsi proches <strong>de</strong> la figure, plus<br />

littéraire et dandy, du perdant magnifique.<br />

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