19.06.2013 Views

Bulletin SMHV 3 - Société Mycologique des Hautes Vosges

Bulletin SMHV 3 - Société Mycologique des Hautes Vosges

Bulletin SMHV 3 - Société Mycologique des Hautes Vosges

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

1<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Page 1 - Sommaire<br />

Page 2 - Editorial<br />

Pages 3, 4 - Bilan de l’année 1997. Rapport moral<br />

Page 5 - Organisation de la <strong>SMHV</strong><br />

Pages 6, 7 - «La Culotte» un site remarquable !<br />

Pages 8, 9 - Les mycorhizes<br />

Pages 10 à 12 - Les champignons qui ont changé l’Histoire<br />

Page 13 - Hygrophorus gliocyclus<br />

Pages 14 à 17 - Notes sur la dispersion <strong>des</strong> basidiospores à hyménophore lamellé.<br />

Page 18 - Champignons, un loisir à risque ?<br />

Page 19 - Suivi du développement d’un spécimen d’Amanita crocea<br />

Pages 20 à 23 - Amanita excelsa : Espèce ou variété ?<br />

Page 24 - Rappel de certains textes utiles<br />

Pages 25 à 28 - Les champignons sortent du bois<br />

Page 29 - La mycologie sur internet<br />

Page 30 - Description de Cystoderma superbum<br />

Page 31 - Description de Leucopaxillus paradoxus<br />

Page 32 - Description de Entoloma pernitrosum = E. politum<br />

Page 33 - Description de Chamaemyces fracidus<br />

Page 34 - Description de Cortinarius vulpinus<br />

Page 35 - Description de Datronia mollis<br />

Page 36 - Description de Antrodia serialis<br />

Page 37 - Description de Lactarius intermedius<br />

Page 38 - Description de Lactarius fuliginosus<br />

Page 39 - Description de Russula illota<br />

Page 40 - Description de Cantharellus cibarius var. alborufescens<br />

Page 41 - Description de Myxomphalia maura<br />

Page 42 - Description de Xerocomus subtomentosus<br />

Page 43 - Description de Panellus violaceofulvus<br />

Page 44 - Description de Baeospora myosura<br />

Page 45 - Description de Amanita excelsa<br />

Page 46 - Description de Amanita strobiliformis<br />

Page 47 - Description de Cortinarius vulpinus<br />

Page 48 - Examen microscopique de Morchella conica (Ascomycète)<br />

Page 49 - Examen microscopique de Discina perlata (Ascomycète)<br />

Page 50 - Examen microscopique de Sarcosphaera crassa (Ascomycète)<br />

Page 51 - Examen microscopique de Hemitrichia aurea (Myxomycète)<br />

Page 52 - Notre président se mouille pour nous !<br />

Pages 53 & 54 - Des mots pour dire quoi ?<br />

Pages 55 & 56 - Le patrimoine fongique en Lorraine


2<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Le Monde <strong>des</strong> Champignons est passionnant, insolite et ne finit<br />

jamais de m’étonner.<br />

Cet étonnement devant les merveilles de la nature, devenu rare de<br />

nos jours où plus personne ou presque ne s’étonne plus de rien, nous<br />

devons le partager.<br />

Ce bulletin remplit quelque peu ce but et retrace <strong>des</strong> moments forts<br />

de notre année mycologique, avec ses découvertes, ses espèces rares, nos<br />

avancées en matière de connaissance, l’histoire concernant le règne<br />

fongique...<br />

Il se veut être un bulletin pour tous, du néophyte, en passant par le<br />

naturaliste, jusqu’au mycologue.<br />

Notre nouvelle technologie acquise en matière de vidéomicroscopie<br />

doit nous permettre, d’une part la capture d’éléments<br />

indispensables à la détermination <strong>des</strong> espèces, ainsi que la diffusion<br />

d’images peu communes pour le grand public et qui sont normalement<br />

réservées à la communauté scientifique.<br />

Ainsi à l'attrait de l’aspect macroscopique s’ajoutera l’intérêt de<br />

l’aspect microscopique.<br />

L’engagement financier important de cette année pour la dotation de<br />

ce matériel sophistiqué contribuera, j’en suis sûr, à pérenniser notre jeune<br />

société, à lui donner <strong>des</strong> atouts soli<strong>des</strong> pour la recherche taxonomique afin<br />

de nous hisser à un bon niveau technique.<br />

Reste le plus long, le plus difficile à réaliser, ce que la technique ne<br />

pourra pas faire à notre place bien qu’elle nous facilite souvent la tâche,<br />

travailler sur les espèces que nous aurons récoltées, nous plonger dans la<br />

littérature et travailler pour le plaisir de la connaissance, la richesse du<br />

savoir et la satisfaction collective ou simplement pour satisfaire une<br />

passion !


3<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Rapport moral :<br />

Bilan de<br />

l’année 1997<br />

‘année 1997 a permis le recensement d'espèces fongiques<br />

L courantes ou intéressantes, dont certaines très rares, voire<br />

nouvelles pour le Département. Les herborisations ont été<br />

effectuées sur de nombreux sites, du Département, sur le<br />

massif Vosgien, plus rarement en Alsace-Lorraine. Chaque site ou<br />

station visité a donné lieu à l'établissement de listes <strong>des</strong> espèces<br />

récoltées, qui sont systématiquement transmises, via la Faculté de<br />

Pharmacie et de Biologie de Nancy, à la cartographie nationale,<br />

élaborée par le Pr. Régis Courtecuisse à la faculté de Pharmacie et<br />

de Biologie de Lille. Ces listes sont à la disposition <strong>des</strong> différents<br />

organismes publics, comme le D.D.A., O.N.F., service<br />

Environnement du Département, etc...<br />

Les sites remarquables ou simplement intéressants, feront<br />

l'objet d'un suivi spécifique en terme de recensement, comportant<br />

les données de biotope précises et donnent lieu à <strong>des</strong> publications<br />

dans les ouvrages spécialisés, soit locales, soit nationales ou<br />

internationales. Publications <strong>des</strong>tinées soit au grand public soit aux<br />

spécialistes.<br />

Une Exposition a été réalisée à St-Michel sur Meurthe (88),<br />

le dimanche 28 septembre 1997, qui a eu un réel succès, malgré la<br />

sécheresse et le beau temps, peu propices au remplissage de salles.<br />

Nous avons accueilli 500 visiteurs et nous avons reçu l'ensemble<br />

<strong>des</strong> classes du primaire de cette commune (soit 5 classes), plus une<br />

classe de l'établissement <strong>des</strong> 3 Scieries de St-Dié. Nous avons<br />

obtenu les plus vifs encouragements de la part <strong>des</strong> enseignants.<br />

Cette manifestation a eu un retentissement départemental et<br />

régional. Mrs. Claude JACQUOT député, Roland BEDEL et Alain<br />

DUMAS, conseillers généraux, le maire de St-Michel et les<br />

représentants <strong>des</strong> Communes du Canton, pourront attester de la<br />

qualité didactique, pédagogique et artistique esthétique de cette<br />

manifestation, qui pourrait être qualifiée d'utilité publique. En effet<br />

l'accent <strong>des</strong> ateliers est mis sur la toxicologie.<br />

Une seconde Exposition a été réalisée à la demande et avec la<br />

collaboration du Parc Régional <strong>des</strong> Ballons <strong>des</strong> <strong>Vosges</strong> à Munster<br />

et le soutien du Ministère de l'Environnement, le 19 octobre 1997.<br />

Nous avons obtenu 600 visiteurs le dimanche et avons reçu lundi<br />

15 classes de la région, soit 350 élèves du primaire.<br />

Nous nous sommes également exportés dans le Haut-Rhin à<br />

AUBURE pour une exposition le 21 septembre 1997 et dans le<br />

Bas-Rhin pour une exposition à SCHIRMECK en collaboration<br />

avec le Club-Vosgien, le 12 octobre 1997.<br />

Nous avons effectué une<br />

intervention sur l'Environnement<br />

au Lycée Jules Ferry<br />

de St-Dié, avec une Classe de<br />

1ère STT, le 5 mars 1997.<br />

Des sorties sur le terrain<br />

ont été organisées et<br />

encadrées, pour différentes<br />

associations de St-Dié et sa<br />

région, avec <strong>des</strong> adolescents.<br />

Nous avons prêté notre<br />

concours dans le cadre de la<br />

formation mycologique <strong>des</strong><br />

Etudiants de la faculté‚ de<br />

pharmacie et biologie de<br />

Nancy, chaque jeudi de<br />

septembre et octobre 1997, en<br />

participant notamment aux<br />

sorties d'étu<strong>des</strong> sur le terrain,<br />

en Région Lorraine, dont trois<br />

sorties sur notre département.<br />

(La Chipotte, Le Grand<br />

Ventron, Col de Martimpré).<br />

En collaboration avec la<br />

Maison de l'Environnement C.<br />

I.E. de Lusse, nous avons<br />

animé deux sorties publiques,<br />

le 7 et 21 septembre 1997.<br />

Dans ce même Centre<br />

d'initiation à l'environnement à<br />

LUSSE, nous avons organisé<br />

une exposition mycologique<br />

les 13 et 14 septembre 1997 en<br />

collaboration avec le Parc <strong>des</strong><br />

Ballons <strong>des</strong> <strong>Vosges</strong>.<br />

Une sortie publique en<br />

collaboration avec la <strong>Société</strong><br />

d’Histoire Naturelle de<br />

Colmar (Museum), a été<br />

effectuée dans le Ried en forêt<br />

communale d’Ohnenheim à<br />

Illhaeusern, le 25 octobre,<br />

permettant le recensement de<br />

nouvelles espèces.


4<br />

C<br />

Rapport moral :<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

'est au total plus de 2000 visiteurs adultes et près de 700<br />

élèves ou étudiants qui ont bénéficié de notre support<br />

pédagogique.<br />

En dehors <strong>des</strong> Expositions publiques et sorties, nous avons<br />

eu l'occasion de nous exprimer aux journaux télévisés de 13h et<br />

20h sur TF1, le 6 mars 1997, concernant la radioactivité <strong>des</strong><br />

champignons sur le Massif de l'Ormont, où nous avons voulu<br />

dédramatiser et être rassurant, tout en donnant les conseils<br />

élémentaires de récolte et de consommation.<br />

Au cours de la semaine du 15 au 21 septembre 1997, nous<br />

avons participé à une émission sur les Champignons, sur Radio-<br />

France Nancy-Lorraine sur les thèmes : Réglementation, cueillette,<br />

toxicologie, comestibilité, écologie.<br />

Nous avons publié un article intitulé : "Champignons, un<br />

loisir à risque", dans le Magazine La Vie la Santé‚ n° 3 du dernier<br />

trimestre 97 (Magazine Régional Lorraine-Champagne).<br />

Nous avons assuré la formation mycologique de 30 élèves<br />

"Guide Nature", le week-end du 21 septembre, à la demande de<br />

France Nature Environnement section Alsace Nature.<br />

J'ai eu l'occasion de sortir un livre au mois d'août 1997, aux<br />

éditions SOLAR à Paris, "Les Champignons en 1000 photos", qui<br />

n'aurait pu se faire, sans la collaboration de la S.M.H.V.<br />

Elu au conseil d'administration du Centre d'Initiation à<br />

l'Environnement et futur C.P.I.E. à LUSSE aux côtés de Mrs De<br />

LESSEUX et Jakie PIERRE Conseillers Généraux, nous pourrons<br />

apporter notre concours à différentes manifestations et missions<br />

d'Environnement en termes de pédagogie, découverte, recensement<br />

et protection.<br />

En 1997, le Conseil Général <strong>des</strong> <strong>Vosges</strong>, par une allocation<br />

de subvention de l'ordre de 4000 F, a permis l'acquisition d'un<br />

microscope indispensable aux recherches et également très<br />

intéressant pour la vulgarisation auprès <strong>des</strong> écoliers et étudiants. Ce<br />

matériel a servi à chaque exposition et a été mis à la disposition du<br />

public. Les images microscopiques ont suscité un vif intérêt de la<br />

part <strong>des</strong> enfants, mais aussi <strong>des</strong> adultes.<br />

Ce matériel de précision est équipé d'une tête trinoculaire,<br />

apte à recevoir une camera numérique spécifique, qui répondra à<br />

trois besoins :<br />

1 - Une diffusion grand public, Ecole, Collège, Lycée,<br />

Faculté, <strong>des</strong> images microscopiques lors <strong>des</strong> cours mycologiques<br />

ou simplement lors <strong>des</strong> Expositions, via un moniteur vidéo.<br />

2 - La conservation et stockage de ces mêmes images<br />

scientifiques, via un micro-ordinateur.<br />

3 - La publication de ces images, via le Réseau E-mail et<br />

Internet, ou par imprimante pour la littérature spécialisée ou de<br />

vulgarisation.<br />

Le matériel acquis en<br />

début d’année 98 (Caméra<br />

numérique SONY plus<br />

accessoires indispensables), a<br />

représenté un investissement<br />

de 10042 F (Cf. Devis<br />

NACHET Nø 972905 du<br />

9/12/1997.)<br />

Le moniteur représentera<br />

en plus un investissement de<br />

5100 F.<br />

Ce matériel sera<br />

également d'une grande utilité,<br />

pour les recherches qui font<br />

suite à nos observations sur la<br />

sporulation <strong>des</strong> champignons<br />

(Mode de dispersion <strong>des</strong><br />

spores <strong>des</strong> champignons à<br />

lamelles, voir notre article pages<br />

14 à 17), travaux qui sont<br />

également menés par le<br />

Museum d'histoire naturelle à<br />

Paris. A ce propos un récent<br />

courrier de Régis Courtecuisse<br />

va nous permettre<br />

d’approfondir le processus de<br />

recherches en se fondant sur<br />

les travaux de H Clémençon*<br />

* Clémençon H. -1997 -<br />

Anatomie der Hymenomyceten. Eine<br />

Fürhrung in die Cytologie und<br />

Plectologie der Krustenpilze,<br />

Keulenpilze, Leistlinge, Blätterpilze<br />

und Röhrlinge. 996 pp. (F. Flück-<br />

Wirth Ed., Teufen, CH).<br />

L.P.


5<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Carnet d’adresses<br />

S.M.H.V.<br />

Une liste<br />

qui<br />

s’allonge...<br />

S.M.H.V. Siège à LA BOURGONCE 88470<br />

Adresse postale 26 route du Repas 88520 WISEMBACH<br />

Tel/Fax : 03.29.57.39.13.<br />

Adresse E-mail : laurent.mycosmhv@wanadoo.fr<br />

Composition du Bureau :<br />

Président : Patrick LAURENT 26 Route du Repas 88520<br />

WISEMBACH - Tel/Fax : 03.29.57.39.13<br />

Adresse E-mail : laurent.mycosmhv@wanadoo.fr<br />

Vice Président : BELEY Christian 7 Chemin tremezeaux 88100 St-<br />

Dié - Tel : 03.29.56.34.18<br />

Secrétaire : LAURENT Catherine (Coordonnées du président)<br />

Trésorier : PERNIN Claude 220 rue de la Chauciotte 88470 LA<br />

BOURGONCE - Tel : 03.29.58.31.98<br />

Assesseur : VALENCE Bernard 21 rue d’Algésiras 88100 St-DIE<br />

Tel 03.29.55.01.10<br />

Liste <strong>des</strong> membres :<br />

BELEY Christian - Vice-Président<br />

7 Chemin Tremezeaux - ST-DIE 88100<br />

03.29.56.34.18.<br />

CHARPENTIER Claude & Rosa<br />

27 Place Clémenceau - 88210 SENONES<br />

03.29.57.60.38.<br />

BLANC Frédéric<br />

250, Le Centre - LA BOURGONCE 88470<br />

03.29.58.36.68.<br />

CLAUDEL Christian<br />

85 Rue de la Gasse - 88470 LA VOIVRE<br />

- 03.29.58.30.95.<br />

COLLENNE Claude<br />

14 rue <strong>des</strong> Gran<strong>des</strong> Hières - 88110 RAON L’ETAPE<br />

03.29.41.87.71.<br />

DIDIER Philippe<br />

45 Grande-Rue - PROVENCHERES/FAVE 88490<br />

- Pharmacie - 03.29.51.21.15.<br />

DIDIER Johan<br />

Faculté de Pharmacie - NANCY 54000<br />

DUPREY Jean &<br />

1053 Route <strong>des</strong> Rouges Eaux<br />

LA BOURGONCE 88470<br />

03.29.58.42.87.<br />

EHRHARD Marcel<br />

5 1ère impasse rue de la Madeleine<br />

88100 ST-DIE<br />

03.29.56.38.73.<br />

ETIENNE René<br />

315 chemin du Poirier - 88100 TAINTRUX<br />

03.29.50.07.73.<br />

GERMONT Robert<br />

180 Rue <strong>des</strong> Feigneux - 88470 LA BOURGONCE<br />

88470 - 03.29.58.38.42.<br />

GIRARDY Sylviane<br />

6 aux trois maisons - 88490 LUSSE<br />

GRANDHOMME Guy<br />

11 Chemin de la Roye du Ham - 88470 LA SALLE<br />

03.29.58.45.97.<br />

GRANGE Olivier<br />

Grande rue - Trois maison - 88490 LUSSE<br />

HATTON Alain & Nicole<br />

481 Rue du 11 Novembre - COINCHES<br />

88100 - 03.29.57.36.38.<br />

HENRY Monique<br />

192 Rte <strong>des</strong> Rouges Eaux<br />

LA BOURGONCE 88470<br />

03.29.58.43.08.<br />

LAURENT Patrick - Président<br />

26 Route du Repas «Chalet Wisemrêve»<br />

88520 WISEMBACH<br />

03.29.57.39.13.<br />

LAURENT Catherine - Secrétaire.<br />

même adresse.<br />

MERVELET Henri<br />

32 Avenue de Robache<br />

88100 SAINT DIE<br />

MICHEL Marc<br />

12 route de Saulcy - 88100 SAINT DIE<br />

03.29.55.21.16.<br />

PERNIN Claude - Trésorier<br />

220 Rue de la Chauciotte - 88470 LA BOURGONCE<br />

03.29.58.31.98.<br />

PIERREL Pierre<br />

11 La Rue - 88100 TAINTRUX<br />

03.29.50.95.28.<br />

SCHLOSSER Marcel<br />

4 rue Nesslé - 68000 COLMAR<br />

03.89.41.81.60<br />

SIDEL Jean.Pierre<br />

1793 Route <strong>des</strong> Jumeaux - 88470 LA BOURGONCE<br />

03.29.58.31.25.<br />

SIDEL Monique<br />

même adresse ci-<strong>des</strong>sus.<br />

Réviseur aux comptes.<br />

SZEKELY Roland<br />

25 route de Sadey - 88520 LA CROIX AUX MINES<br />

03.29.57.72.29.<br />

Réviseur aux comptes<br />

SZEKELY Anne-Marie<br />

même adresse ci-<strong>des</strong>sus.<br />

VALENCE Bernard - Assesseur<br />

21 Rue d’Algésiras - 88100 SAINT-DIE<br />

03.29.55.01.10.<br />

VALENTIN Thierry<br />

88490 LESSEUX<br />

VILLAGGIO Patrick<br />

67 rue du Ladhof - 68000 COLMAR<br />

VOIRIN Caroline<br />

16 rue de Rindler Knecht - 68230 TURCKHEIM<br />

Membres donateurs :<br />

HIEROLTZ Charles<br />

6 Rue du Loup - RUSS 67130<br />

03.88.97.05.98.<br />

HUIN Denis<br />

46 Le village - 88470 LA BOURGONCE<br />

Maire.


6<br />

«La Culotte» :<br />

un site remarquable !<br />

C'est à la suite de nombreux legs<br />

de notre Ami Christian BELEY,<br />

que je suis venu à m'interroger<br />

sur la station d'où provenaient les<br />

espèces qui y étaient récoltées.<br />

La plupart <strong>des</strong> espèces qui<br />

m'étaient montrées, se trouvaient<br />

être <strong>des</strong> taxons calcicoles,<br />

calciphiles ou calciclines.<br />

Or le lieu-dit "La Culotte" sur les<br />

hauteurs de Robache, hameau sis<br />

au Nord de la ville mieux connue<br />

de Saint-Dié-<strong>des</strong>-<strong>Vosges</strong>, perché<br />

à une altitude de 490 m, se situe<br />

dans le massif gréseux Vosgien<br />

généralement acidophile.<br />

Cependant nous savons que <strong>des</strong><br />

argiles ou <strong>des</strong> calcaires<br />

décalcifiés se mêlent aux grès.<br />

Etait-ce le cas ici ?<br />

En fait la géologie est<br />

particulière tout le long du<br />

Ruisseau de Robache, et plus<br />

exactement d'une ligne qui va<br />

<strong>des</strong> Raids de Robache, en<br />

passant par La Culotte, le<br />

hameau de Robache, les<br />

Tuileries et le <strong>des</strong>sous de<br />

l'Orme. Se suivent <strong>des</strong> grès<br />

particuliers, enrichis de calcium,<br />

de magnésium, d'argiles ou de<br />

nodules.<br />

La Culotte est un site<br />

Cortinarius caesiocyaneus<br />

remarquable en raison de la<br />

particularité de son sol et <strong>des</strong><br />

espèces qui y sont associées. Ce<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

sol est composé d'un grès<br />

dolomitique. Soit : du grès, roche<br />

sédimentaire d'origine ditrétique<br />

constitué de sable consolidé par<br />

une cimentation <strong>des</strong> grains par<br />

une gangue de matières<br />

argileuses, de calcite ou<br />

d'hématite, communément appelé<br />

grès <strong>des</strong> <strong>Vosges</strong> ou grès rose ; et<br />

de dolomite, minéral composé de<br />

carbonate naturel double de<br />

calcium et de magnésium. Le<br />

carbonate naturel provient de<br />

calcium cristallisé d'origine<br />

biologique (squelettes, coquilles)<br />

Clitocybe gilva<br />

qui se trouvaient dans les<br />

sédiments.<br />

On qualifie de calcicoles les<br />

espèces qui poussent sur les<br />

stations calcaires, de calciphiles<br />

les espèces qui ont une<br />

préférence pour ces mêmes sols,<br />

et de calciclines les espèces<br />

enclines à croître sur ces sols.<br />

Les nuances étant toutes très<br />

relatives.<br />

La station prospectée et<br />

herborisée est colonisée par <strong>des</strong><br />

pins sylvestres pinus sylvestris &<br />

nigra.<br />

A la sortie du 10 mai, sur les<br />

Raids de Robache, nous avions<br />

récolté, le long d'une haie, en<br />

lisière de forêt mêlée et en prébois<br />

Agrocybe praecox, Amanita<br />

gemmata, Bolbitius vitellinus,<br />

Calocybe gambosa ou<br />

Tricholome de la St-Georges,<br />

Cortinarius infractus<br />

réputé calciphile et qui n'était pas<br />

encore cartographié sur St-Dié et<br />

absent de tout le massif Vosgien<br />

acidophile, Collybia luteifolia,<br />

Conocybe pilosella, Coprinus<br />

angulatus, Coprinus plicatilis,<br />

Entoloma clypeatum, Inocybe<br />

rimosa, Marasmius orea<strong>des</strong>,<br />

Mycena acicula, Mycena<br />

galericulata, Psathyrella<br />

spadiceogrisea, Stropharia<br />

coronilla, Stropharia<br />

semiglobata.<br />

Tout au long de l'année notre ami<br />

nous apporta <strong>des</strong> espèces<br />

réputées avoir <strong>des</strong> préférences<br />

pour le calcaire.<br />

Après une réunion du mardi, où<br />

l'on nous avait apporté <strong>des</strong><br />

Phlegmacium (cortinaires) je<br />

décidai le 28 novembre 1997, de<br />

prospecter deux stations chères à<br />

notre ami, sur le secteur désigné.<br />

Nous nous arrêtâmes tout d'abord<br />

le long d'un chemin qui mène<br />

aux Molières. Il s'agit d'une forêt<br />

principalement de résineux, à<br />

population dominante d'abies<br />

alba, puis picea abies, pinus<br />

sylvestris en faible proportion.<br />

Sont mêlés à ces résineux,<br />

quelques rares fagus, acer et en<br />

bordure de forêt le long du<br />

chemin, une population de salix<br />

et plus rarement de quercus.<br />

Nous pûmes récolter sous les<br />

saules, Tricholoma cingulatum<br />

ainsi que Hygrophorus<br />

chrysodon espèces peu courantes<br />

<strong>des</strong> feuillus calcaires<br />

thermophiles, qui se trouvaient le<br />

long d'un talus en grande<br />

quantité. Puis sous les résineux


7<br />

Cortinarius odorifer<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Il s’agissait de<br />

Cortinarius caesiocyaneus, C.<br />

camphoratus, C. infractus, C.<br />

pseudoglaucopus, C. odorifer.<br />

D'autres Cortinaires présents<br />

n'ont pu être formellement<br />

identifiés. Les sporophores<br />

étaient frais, en parfait état, et en<br />

grand nombre. Ceci à ma grande<br />

surprise, car nous avions essuyé<br />

<strong>des</strong> gelées jusqu'à moins 6 la<br />

semaine précédente. Les<br />

champignons se situaient dans le<br />

fond d'un large fossé, assez<br />

profond, sous un bon couvert<br />

végétal qui les a<br />

vraisemblablement protégés du<br />

froid. Au pied d'un pin, nous<br />

avons laissé un Sparassis crispa,<br />

sans oublier une magnifique<br />

touffe de Psathyrella<br />

piluliformis.<br />

En re<strong>des</strong>cendant sur La Culotte,<br />

nous avons prospecté une station<br />

très intéressante, peuplée<br />

principalement de Pinus<br />

sylvestris mêlés à quelques<br />

autres résineux comme les sapins<br />

et les épicéas, çà et là <strong>des</strong> taches<br />

de végétation acidophile<br />

révélaient la présence d'une<br />

acidité du sol, comme Calluna<br />

vulgaris (La Bruyère), <strong>des</strong><br />

fougères et les Myrtilles. Nous<br />

avons ainsi pu récolter sur la<br />

mousse vivante une minuscule<br />

espèce pleurotoïde Arrhenia<br />

spathulata. Un hydne que je<br />

n'avais encore jamais récolté sur<br />

le massif Vosgien Sarcodon<br />

imbricatus. Outre quelques<br />

Hygrophores communs comme<br />

Hygrophorus hypothejus <strong>des</strong><br />

conifères mêlés, tardif, H.<br />

olivaceoalbus commun parmi les<br />

Myrtilles sous picea abies ; nous<br />

avions l'agréable surprise de<br />

récolter une espèce beaucoup<br />

plus rare Hygrophorus gliocyclus<br />

Sarcodon imbricatus<br />

(Voir page13) reconnaissable à<br />

son anneau très visqueux, mais<br />

aussi Hygrophorus pustulatus.<br />

Quelques Russules<br />

apparaissaient, comme Russula<br />

amara sous les Pins, R. cavipes<br />

et R. fragilis, R. badia. Les<br />

derniers bolets nous attendaient<br />

avec Suillus collinitus, Suillus<br />

variegatus.<br />

Nous avons aussi récolté :<br />

Mycena epipterygia var.<br />

lignicola et terricola, M. pura,<br />

M. crocata, M. polygramma,<br />

Rickenella fibula, Cortinarius<br />

caninus et C. anomalus, C.<br />

mucosus, Clitocybe suaveolens,<br />

C. ditopa, Lactarius deliciosus<br />

var. rubescens, Hebeloma<br />

crustuliniforme, Strobilurus<br />

esculentus sur cône d’épicea,<br />

Inocybe geophylla et sa variété<br />

lilacina, Tricholoma<br />

pseudonictitans, T. portentosum,<br />

T. terreum, Cortinarius<br />

cinnamomeus et C. sodagnitus,<br />

C. trivialis, Tephrocybe rancida,<br />

Hygrophorus agathosmus,<br />

Collybia butyracea et C.<br />

driophylla, C. aquosa, Lepista<br />

nebularis, L. irina, L. nuda, dans<br />

la prairie voisine Lepista saeva.<br />

Clitocybe cerussata,<br />

Pseudoclitocybe ciathyformis,<br />

Cortinarius uginosus<br />

Tricholoma terreum (Petits gris)<br />

Gymnopilus penetrans,<br />

Lycoperdon perlatum,<br />

Cystoderma<br />

Crepidotus<br />

amianthinum,<br />

Patrick Laurent


8<br />

Les Mycorhizes<br />

Les mycorhizes sont <strong>des</strong><br />

associations symbiotiques entre<br />

les racines d’une plante et<br />

certains champignons. On les<br />

trouve dans la plupart <strong>des</strong> sols.<br />

Elles doivent leur ubiquité à la<br />

faculté <strong>des</strong> champignons de<br />

transporter le phosphore dans<br />

leur tissus. Le phosphore est un<br />

aliment essentiel pour les plantes<br />

et l’un <strong>des</strong> principaux<br />

constituants <strong>des</strong> aci<strong>des</strong><br />

nucléiques supportant<br />

l’information génétique <strong>des</strong> êtres<br />

vivants.<br />

Quand les végétaux<br />

colonisèrent la terre ferme, il leur<br />

fallut trouver les minéraux<br />

indispensables dans le sol et non<br />

plus dans l’eau de mer où le<br />

phosphore diffuse assez vite. Ils<br />

furent donc confrontés à une<br />

difficulté car les phosphates sont<br />

presque complètement insolubles<br />

et par conséquent ne se déplacent<br />

guère dans le sol. Quand un<br />

jardinier éparpille un engrais<br />

phosphaté sur son gazon le<br />

mélange sera encore présent<br />

cinquante ans plus tard dans les<br />

quelques centimètres proches de<br />

la surface car la pluie ne peut<br />

l’éliminer <strong>des</strong> particules de terre<br />

qui les entoure et ne peuvent<br />

guère en obtenir davantage.<br />

Les radicelles du Pin sylvestre<br />

sont entourées par <strong>des</strong> manchons de<br />

filaments fongiques qui pénètrent entre<br />

leurs cellules : ces ensembles sont<br />

appelés ectomycorhizes.<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Les mycorhizes ont dû<br />

apparaître très tôt au cours de<br />

l’évolution puisque l’on a trouvé<br />

<strong>des</strong> plantes primitives fossiles<br />

associées à <strong>des</strong> champignons<br />

mycorhiziens. Le champignon a<br />

l’aspect d’une masse de<br />

filaments (mycélium) comme<br />

ceux qui apparaissent sur le pain<br />

ou le fromage moisi ; ces<br />

filaments cherchent les<br />

phosphates en dépensant une<br />

infime partie de l’énergie que<br />

devraient déployer les plantes<br />

supérieures pour faire la même<br />

chose en déployant leur appareil<br />

radiculaire. La plante cède une<br />

partie de ses sucres en excès au<br />

champignon qui s’en sert pour<br />

édifier son réseau de filaments ;<br />

de son côté, il transmet <strong>des</strong><br />

phosphates à la plante. Cette<br />

association est si efficace qu’elle<br />

est extrêmement répandue et se<br />

présente sous deux formes. Les<br />

mycorhizes ectotrophes sont<br />

visibles à l’oeil nu car elles<br />

forment un manchon autour <strong>des</strong><br />

radicelles, par exemple celles du<br />

Pin sylvestre et les autres<br />

conifères, mais aussi de<br />

nombreux arbres feuillus. Les<br />

radicelles envahies par le<br />

champignon s’épaississent car<br />

elles sont entourées d’un<br />

feutrage de filaments fongiques<br />

reliés à leurs cellules d’une part<br />

et au mycélium qui se développe<br />

dans la terre d’autre part.<br />

Les champignons impliqués dans<br />

ces associations sont <strong>des</strong> espèces<br />

bien connues vivant en forêt<br />

comme Amanita muscaria<br />

Le Pin sylvestre vit en<br />

association avec de<br />

nombreux champignons<br />

(comme les<br />

Bolets) et forment <strong>des</strong><br />

l’Amanite tue-mouches<br />

qui pousse en<br />

association soit avec les<br />

bouleaux soit avec les<br />

épicéas. On sait que le<br />

sporophore est un<br />

appareil reproducteur<br />

fugace ; l’appareil<br />

végétatif permanent<br />

(mycélium) se trouve<br />

dans le sol et toutes les<br />

associations<br />

mycorhiziennes se font<br />

avec <strong>des</strong> plantes<br />

ligneuses vivaces.<br />

Les plantes herbacées et<br />

quelques plantes<br />

ligneuses forment <strong>des</strong><br />

mycorhizes avec d’autres<br />

champignons plus simples qui<br />

n’ont pas d’appareil reproducteur<br />

visible en surface et qui ne<br />

modifient pas l’aspect <strong>des</strong><br />

radicelles. Ces mycorhizes sont<br />

dites endotrophes car elles se<br />

trouvent à l’intérieur <strong>des</strong> cellules<br />

de la plante supérieure et on ne<br />

peut les voir qu’au microscope.<br />

Invisibles, elles n’en sont pas<br />

moins fort répandues et existent<br />

chez la plupart <strong>des</strong> plantes


9<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

herbacées, toutefois elles sont<br />

rares chez les Crucifères et les<br />

Chénopodiacées, peut-être parce<br />

que de nombreuses espèces de<br />

ces deux familles sont annuelles,<br />

or les plantes annuelles ont<br />

rarement <strong>des</strong> mycorhizes. En<br />

effet, la rapidité de leur<br />

croissance s’oppose à la<br />

formation d’une association dont<br />

elles n’auraient pas le temps de<br />

tirer profit. En revanche, les<br />

trèfles et la plupart <strong>des</strong><br />

Légumineuses sont fréquemment<br />

envahis par <strong>des</strong> champignons<br />

mycorhiziens, de sorte que ces<br />

plantes obtiennent leur azote<br />

Les endomycorhizes ne<br />

modifient pas l’aspect externe <strong>des</strong><br />

racines mais le champignon se ramifie<br />

à l’intérieur.<br />

d’une bactérie et leur phosphate<br />

d’un champignon ; dans les deux<br />

cas, elles «payent» ces<br />

«fournitures» avec <strong>des</strong> sucres.<br />

D’autres groupes de<br />

plantes ont <strong>des</strong> mycorhizes<br />

particulières dont certaines<br />

fonctionnent un peu<br />

différemment, les plus étranges<br />

étant celles <strong>des</strong> orchidées.<br />

On comprend ainsi<br />

facilement l’importance du<br />

couvert végétal pour la recherche<br />

et l’identification <strong>des</strong> espèces de<br />

champignons, quand on sait<br />

qu’un grand nombre de ces<br />

espèces sont justement<br />

micorhizées.<br />

(Patrick LAURENT).<br />

Une grande majorité<br />

<strong>des</strong> lactaires vivent en<br />

symbioses<br />

micorhiziennes avec les<br />

racines <strong>des</strong> arbres,<br />

qu’ils soient feuillus ou<br />

Il s’agit uniquement<br />

d’ectomicorhizes,<br />

visibles par <strong>des</strong><br />

renflements <strong>des</strong><br />

radicelles <strong>des</strong> arbres


10<br />

Les Champignons qui ont<br />

changé l’Histoire. (P.L.)<br />

Il est difficile de croire que<br />

de minuscules champignons<br />

ont boulversé la politique<br />

mondiale et le<br />

comportement <strong>des</strong> hommes.<br />

Et pourtant...<br />

ême si «l’histoire est un<br />

clou auquel chacun pend<br />

ce qu’il veut»<br />

(Alexandre Dumas), il est<br />

irréfutable qu’elle résulte parfois<br />

de causalités étonnantes. Et les<br />

relations entre l’homme et les<br />

champignons en sont un<br />

exemple. Ces êtres si discrets ont<br />

en effet modifié le cours de<br />

certains événements.<br />

Dès l’an 41, Agrippine<br />

les utilisait pour s’assurer contre<br />

les incertitu<strong>des</strong> du <strong>des</strong>tin... Les<br />

champignons, baptisés fungus, de<br />

funus (mort) & ago (je produis)<br />

par les Latins, n’ont jamais aussi<br />

bien porté leur nom : un jus<br />

d’Amanite phalloïde versé sur un<br />

plat permit à Agrippine de tuer<br />

son auguste époux, l’empereur<br />

romain Claude. Elle put ainsi<br />

déshériter le <strong>des</strong>cendant royal,<br />

Britannicus, au profit de son<br />

propre fils, Néron : les chrétiens<br />

se souviennent encore <strong>des</strong><br />

persécutions de ce dernier...<br />

L’ergot du seigle anéantit l’armée de<br />

Pierre le Grand<br />

Un autre repas fatal, mais<br />

aux conséquences tout aussi<br />

tragiques, celui du pape Clément<br />

VII. en 1534. Celui-ci avait<br />

interdit la cueillette <strong>des</strong><br />

champignons dans les forêts<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

proches de son palais, afin de<br />

s’en réserver l’exclusivité.<br />

Punition divine ou meurtre ?<br />

Quoi qu’il en soit, sa<br />

gourmandise lui fut fatale et il<br />

laissa son saint-siège au pape<br />

Paul III... qui conduisit la<br />

Suprême Inquisition.<br />

Deux siècles plus tard, un<br />

ridicule champignon stoppa les<br />

ambitions du tsar de toutes les<br />

Russies. En 1722, Pierre le<br />

Grand lance son armée à la<br />

conquête <strong>des</strong> ports turcs. Mais,<br />

sur les bords de la Volga,<br />

hommes et bêtes succombent.<br />

Leur chairs pourrissent, leur<br />

mains et leur jambes se nécrosent<br />

et se détachent de leur corps.<br />

Pierre le Grand en réchappe<br />

miraculeusement, mais doit<br />

abandonner le conflit. La Russie<br />

devra attendre cinquante ans et la<br />

Grande Catherine pour conquérir<br />

le littoral de la mer Noire. Le<br />

responsable : Claviceps purpurea<br />

ou ergot de seigle, qui a<br />

empoisonné la farine de seigle<br />

dont les soldats Russes avaient<br />

Depuis 1870, les Anglais sont<br />

caricaturés pour leur culte du tea time.<br />

fait du pain.<br />

Au XIX e siècle, un parasite impose le thé à<br />

l’Angleterre !<br />

Si les Anglais boivent<br />

chaque année 2000 tasses de thé,<br />

c’est à cause d’un minuscule<br />

champignon baptisé Hemileia<br />

vastatrix. Auparavant, les sujets<br />

de sa très Gracieuse Majesté<br />

étaient de grands buveurs de<br />

café, à tel point d’ailleurs que le<br />

roi Charles II lui-même exigea<br />

en 1674 la fermeture <strong>des</strong> cafés<br />

«qui troublaient la paix et la<br />

tranquilité du royaume». Il était<br />

d’ailleurs soutenu par les<br />

Anglaises pour qui le café<br />

rendait leurs maris «aussi stériles<br />

que le désert». La boisson<br />

menaçait leur vie privée ! Mais<br />

les Anglais tinrent bon...<br />

jusqu’en 1870 quand l’île de<br />

Ceylan, recouverte par leur soins<br />

de caféiers, fut dévastée par un<br />

champignon parasite. Tous les<br />

plants périrent ! Le<br />

gouvernement fit alors planter<br />

<strong>des</strong> théiers. Mais si le thé était<br />

connu auparavant, il n’était<br />

réservé qu’aux classes sociales<br />

élevées. Il faillit d’ailleurs être<br />

interdit aux travailleurs par le<br />

gouvernement. De fortes taxes<br />

sur le café et de faibles sur le thé<br />

modifièrent radicalement les<br />

usages britanniques.


11<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Kennedy grâce au mildiou !<br />

Le XX e siècle n’échappe<br />

pas non plus à l’influence <strong>des</strong><br />

champignons parasites. Et sans le<br />

mildiou de la pomme de terre<br />

Phytophtora infestans, John<br />

Fitzgerald Kennedy n’aurait<br />

peut-être pas été élu président<br />

<strong>des</strong> Etats-Unis ! L’histoire<br />

débute en Irlande, en 1845,<br />

quand le champignon s’attaque<br />

au tubercule national, la pomme<br />

de terre. Les récoltes sont<br />

détruites alors que la patate est le<br />

seul aliment <strong>des</strong> 8 millions<br />

d’irlandais. Les ai<strong>des</strong> sont<br />

ridicules, la majorité de l’opinion<br />

britannique considérant qu’il<br />

s’agit d’un châtiment divin à<br />

l’encontre du peuple Irlandais.<br />

La famine, qui sévit jusqu’en<br />

1851, tue un million d’hommes,<br />

autant que ceux qui fuient le<br />

pays et s’embarquent pour les<br />

Etat-Unis : en 1860, on compte<br />

plus de 4 millions d’immigrés,<br />

les plus nombreux étant les<br />

Irlandais (38%). Parmi eux, la<br />

famille Kennedy, dont le nom<br />

marquera l’histoire du Nouveau<br />

Monde...<br />

Un champignon démoralise les<br />

troupes alleman<strong>des</strong><br />

L’histoire qui débuta en<br />

Irlande en 1845, ne s’arrête<br />

d’ailleurs pas là, puisque ce<br />

champignon traversa la Manche<br />

et gagna l’Allemagne en 1915-<br />

1917. En cette période<br />

bouleversée, il fut un véritable<br />

soutien pour les alliés, en sapant<br />

le moral <strong>des</strong> troupes alleman<strong>des</strong><br />

et en différant une offensive<br />

ennemie... «Pendant l’hiver<br />

1915». retrace Jean Semal,<br />

professeur de phytopathologie à<br />

l’université de Gembloux, «les<br />

stocks de pomme de terre<br />

pourrissent, attaqués par le<br />

mildiou. Les autorités<br />

alleman<strong>des</strong> hésitent : doivent-<br />

elles traiter les cultures de 1916,<br />

encore saines, avec un solution<br />

cuprique alors que l’armée a<br />

besoin du cuivre pour fabriquer<br />

les cartouches ? Le stock de ce<br />

métal est au plus bas et toutes les<br />

cloches <strong>des</strong> églises ont déjà été<br />

fondues.<br />

Mais l’armée passe avant<br />

tout : les stocks de pomme de<br />

terre seront donc perdus, avec<br />

pour conséquence dramatique, la<br />

famine. Malgré la censure, les<br />

soldats l’apprirent par <strong>des</strong> lettres<br />

de leurs familles et leur moral en<br />

pâtit tellement qu’une offensive<br />

dut même être différée. Le<br />

mildiou avait peut-être changé le<br />

cours de l’histoire», conclut Jean<br />

Semal.<br />

Six milliards d’humains grâce à<br />

une moisissure...<br />

Depuis la Première<br />

Guerre mondiale, les hommes<br />

sont capables de luttrer<br />

efficacement contre les<br />

champignons. Et ils sont même<br />

devenus nos alliés. Ainsi ont-ils<br />

modifié la courbe<br />

démographique de la planète !<br />

Sans une<br />

moisissure,<br />

serionsnous<br />

plus<br />

d e 6<br />

milliards<br />

d’humains ?<br />

Grace à<br />

Pénicillium notatum, on a en<br />

effet fabriqué les premiers<br />

antibiotiques et diminué<br />

fortement la mortalité. Les décès<br />

par méningites, par exemple, ont<br />

baissé de 93%. Mais si chacun<br />

sait que la pénicilline (cette<br />

substance que le champignon<br />

secrète naturellement pour se<br />

protéger <strong>des</strong> bactéries) a été<br />

découverte par Alexander<br />

Fleming en 1929, beaucoup<br />

ignorent que l’on profita de cette<br />

propriété antibactérienne que<br />

vers 1940. La guerre, avec ses<br />

troupes d’estropiés, convainquit<br />

les laboratoires américains de<br />

fabriquer industriellement le<br />

médicament. Mais il fallait<br />

d’abord isoler <strong>des</strong> souches de<br />

Penicillium capables de se<br />

multiplier dans les fermenteurs.<br />

«Tous les moyens furent mis en<br />

œuvre : l’armée de l’air rapporta<br />

<strong>des</strong> échantillons de moisissures<br />

du monde entier, les<br />

restaurateurs transmirent <strong>des</strong><br />

aliments moisis, les ménagères<br />

furent mises à contribution... Et<br />

c’est sur un melon acheté au<br />

marché de Peorira (Illinois) que<br />

l’on isola la meilleure souche !»<br />

relate Marie-France Roquebert,<br />

du laboratoire de cryptogamie du<br />

Muséum national d’histoire<br />

naturelle.<br />

La ciclosporine,<br />

médicament isolé à partir de<br />

Tolypocladium inflatum, a sauvé<br />

elle aussi <strong>des</strong> milliers de vies<br />

humaines : sans elle, les greffes<br />

d’organes sont vouées à l’échec,<br />

car le système immunitaire,<br />

reconnaissant la greffe comme<br />

corps étranger, la «rejette».<br />

L e<br />

champignon a été découvert par<br />

hasard dans une poignée de terre<br />

ramassée, en 1969, sur un sentier<br />

norvégien. Depuis les premiers<br />

essais réalisés en 1978, les<br />

chercheurs ont découvert que la<br />

ciclosporine est un produit<br />

miracle de l’immunologie.<br />

Résultat : les pharmaciens se


12<br />

promènent sur les sentiers du<br />

monde entier à la recherche de<br />

champignons prometteurs.<br />

Qu’attendons-nous pour les<br />

imiter ? Loin d’être un gag, leur<br />

activité leur a permis d’isoler un<br />

champignon dans un échantillon<br />

prélevé sur le mont Tsubuka, au<br />

Japon. Et leur découverte,<br />

baptisée «FK506», s’apprêterait<br />

à détrôner la ciclosporine.<br />

Ce sont aussi de vulgaires<br />

moisissures qui nous permettent<br />

de fabriquer le pain, le vin, la<br />

bière... et sans fermentations, pas<br />

de fromages ! Quel rapport entre<br />

nos fromages et le cours de notre<br />

histoire ? Mais un «pays où il y a<br />

tant d’espèces de fromages est un<br />

pays ingouvernable», répétait<br />

Churchill...<br />

Les champignons qui font<br />

progresser les sciences<br />

Chacun sait la<br />

contribution de certaines<br />

BIOMASSE<br />

Spores<br />

- Bioconversion<br />

- Inoculation pour<br />

industries agroalimentaires<br />

Levures<br />

Champignons<br />

filamenteux<br />

- Champignon de Paris<br />

- Pleurotes<br />

- Lentins<br />

- Volvaires<br />

- Truffes<br />

- Shitaké<br />

- (Tricholomes)<br />

Ce que l’on tire <strong>des</strong> champignons<br />

PRODUITES DU<br />

METABOLISME<br />

Macromolécules<br />

- Enzymes (hydrolases)<br />

- Polysacchari<strong>des</strong><br />

Micromolécules<br />

- Aci<strong>des</strong> aminés<br />

- Aci<strong>des</strong> organiques<br />

- Ethanol<br />

- Vitamines<br />

Métabolites secondaires<br />

- Antibiotiques<br />

- Alcaloï<strong>des</strong><br />

- Hormones<br />

- Immunomodulateurs<br />

moisissures à la découverte et au<br />

développement <strong>des</strong> antibiotiques.<br />

«Les champignons sont<br />

caractérisés par une extrême<br />

diversité. Au cours de<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

l’évolution, ces organismes ont<br />

fabriqué <strong>des</strong> molécules adaptées<br />

à leurs cibles, propres à<br />

neutraliser bactéries ou<br />

prédateurs. Ils synthétisent <strong>des</strong><br />

hormones, <strong>des</strong> alcaloï<strong>des</strong>, <strong>des</strong><br />

antibiotiques, dont une infime<br />

partie seulement a été identifiée.<br />

Cette grande diversité<br />

biochimique sera de plus en plus<br />

exploitée par l’homme».<br />

L’industrie agro-alimentaire<br />

exploite aussi le potentiel <strong>des</strong><br />

champignons comme bioinsectici<strong>des</strong><br />

par exemple, voire<br />

comme antifongique.<br />

Des champignons magiques...<br />

... aux médicaments de pointe<br />

L’Amanite tue-mouches<br />

Amanita muscaria est, comme on<br />

le sait, un champignon toxique<br />

très répandu en Europe et sur le<br />

continent américain. Il est<br />

traditionnellement utilisé par les<br />

chamans <strong>des</strong> tribus indiennes du<br />

Nord-Ouest <strong>des</strong> Etats-Unis pour<br />

RECEPTACLES<br />

POUR GENES<br />

ETRANGERS<br />

- Vaccins (Hépatite B)<br />

BIOCIDES<br />

- Bio-insectici<strong>des</strong><br />

- Bioherbici<strong>des</strong><br />

ACTIONS<br />

ENZYMATIQUES<br />

SUR LES SUBSTRATS<br />

- Fermentation<br />

- Brassage, vinification<br />

- Lait, fromage, jus de<br />

fruits<br />

- Détoxification<br />

- Industrie du papier<br />

- Bioconversion<br />

- Industrie<br />

entrer en contact avec les esprits.<br />

Mastiqué ou consommé sous<br />

forme d’extrait, il entraîne<br />

excitation, hallucinations, et<br />

augmentation de la libido. Ces<br />

effets sont dus à une substance,<br />

le muscimol, dont un analogue,<br />

le THIP est étudié pour son<br />

activité analgésique, proche de<br />

celle de la morphine.<br />

L’ergot de Seigle qui a<br />

fait ses ravages au Moyen Age,<br />

contient <strong>des</strong> alcaloï<strong>des</strong> dérivés de<br />

l’acide lysergique qui provoque<br />

une concentration <strong>des</strong> fibres<br />

lisses réglant le calibre <strong>des</strong><br />

vaisseaux (vasoconstriction).<br />

Cette contraction peut être<br />

intense et provoquer une brusque<br />

diminution de l’irrigation <strong>des</strong><br />

tissus, entraînant une gangrène.<br />

Par hydrogénation, les alcaloï<strong>des</strong><br />

de l’ergot perdent ces propriétés,<br />

et acquièrent <strong>des</strong> effets<br />

vasodilatateurs, qui sont<br />

aujoud’hui employés pour traiter<br />

hypertension, migraine et<br />

troubles du système nerveux à<br />

l’instar de la dihydroergotoxine.<br />

L’acide lysergique de<br />

l’ergot de seigle a été utilisé par<br />

deux chimistes <strong>des</strong> laboratoires<br />

suisses Sandoz-Stoll & Hofmann<br />

pour donner naissance dès les<br />

années 30, à une série de 27<br />

corps de synthèse. Le 25° vit le<br />

jour en 1938. Il s’agissait du<br />

diéthylamide de l’acide Dlysergique,<br />

plus connu sous le<br />

nom de LSD.<br />

Certains champignons ont un effet<br />

anticancer<br />

Selon le Dr. S Hendler<br />

(Université de Californie, San Diego), «<br />

les chercheurs s’intéressent aux<br />

propriétés de deux champignons : Le<br />

Shiitaké Lentinus edo<strong>des</strong> et le<br />

Ganoderme luisant Ganoderma<br />

lucidum. Le premier possède <strong>des</strong> effets<br />

anti-tumeurs, anti-viraux et immunostimulateurs,<br />

probablement liés à la<br />

présence d’un polysaccharide, le<br />

lentinan. Cette substance augmente les<br />

productions d’interleukine-1 et<br />

d’interféron. Le Shiitaké peut aussi<br />

diminuer le cholestérol et la tension<br />

artérielle. Quant au Ganoderme, c’est<br />

un champignon très toxique mais<br />

immangeable en raison de sa texture,


13<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Hygrophorus gliocyclus<br />

Description macroscopique :<br />

Le Chapeau (4 à 9 cm),<br />

est hémisphérique à convexe,<br />

plan-convexe, surface piléique<br />

finement rugueuse, sublisse,<br />

recouverte d’une épaisse<br />

viscosité, à disque légèrement<br />

excorié dans l’âge, jaunâtre avec<br />

<strong>des</strong> restes de viscosité plus ou<br />

moins gris rosâtre vers<br />

l’extérieur, parfois en ri<strong>des</strong><br />

radiales. La marge est excédante,<br />

très fortement visqueuse.<br />

Les Lames adnées à<br />

largement décurrentes, arquées,<br />

peu larges, parfois anastomosées,<br />

fourchues et interveinées, sont<br />

blanches à crème ochracé.<br />

Le Stipe 4-8(15) x 8-15<br />

(25) cm, cylindrique, plutôt<br />

trapu, souvent fusiforme ou<br />

atténué à la base, un peu<br />

fibrilleux sous un pseudoanneau<br />

sous-tendu, visqueux,<br />

avec <strong>des</strong> bavures de viscosité<br />

comme sur le chapeau.<br />

La Chair est blanche à<br />

saveur et odeur nulles.<br />

Notre récolte du 28 novembre 1997,<br />

«La Culotte» (voir notre article) à St-<br />

Dié sur grès dolomitique et sous pinus<br />

sylvestris.<br />

Photos : LAURENT P.<br />

Description microscopique :<br />

Spores : 7,5-9 (11) x<br />

4,5-6 (7,2) µm, QM = 1,38-1,50,<br />

elliptiques à ovoï<strong>des</strong> ou<br />

subamigdaliformes, lisses.<br />

Basi<strong>des</strong> : 45-60 x 6-8<br />

µm, subcylindriques,<br />

subclaviformes, tetrasporiques<br />

avec <strong>des</strong> stérigmates de 4 à 5<br />

µm.<br />

Par Patrick LAURENT<br />

Hygrophorus gliocyclus Fries<br />

Syn. Limacium glyocyclum (Fr.) Ricken<br />

Famille : Hygrophoraceae<br />

Genre : Hygrophorus<br />

Section : Ligati Bataille<br />

Epicutis en ixocutis<br />

plus ou moins enchevêtré à<br />

hyphes 4-6 µm, subégales ou<br />

clavées.<br />

Caulocutis de même<br />

texture ou un peu moins gélifié,<br />

subconcophobe.<br />

Trame : Ci<strong>des</strong>sous<br />

Habitat : Cette


14<br />

Notes sur la dispersion<br />

<strong>des</strong> basidiospores à<br />

hyménophore lamellé.<br />

La Sporulation.<br />

Photo n° 1. (Négatif)<br />

Traces de sporulation de Tricholoma cingulatum, récoltées<br />

sur plaque de verre en chambre close, sous 24 heures.<br />

L es Spores <strong>des</strong><br />

champignons sont parmi les plus<br />

petits éléments de la<br />

reproduction et ils sont émis par<br />

millions. Chaque être vivant,<br />

qu’il soit végétal, animal ou du<br />

règne <strong>des</strong> mycètes, adopte un<br />

style, une façon de se reproduire.<br />

Si l’on connaît assez bien la<br />

reproduction <strong>des</strong> animaux, ainsi<br />

que celle <strong>des</strong> végétaux, qu’en<br />

est-il de celle <strong>des</strong> Champignons ?<br />

On sait que certains<br />

utilisent simplement le vent pour<br />

disséminer leurs spores, d’autres<br />

chargent les insectes de trouver<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

une solution efficace pour les<br />

disséminer utilement et avec<br />

toujours un maximum de chance<br />

pour assurer la survie de<br />

l’espèce.<br />

Les mycologues ont<br />

constaté depuis fort longtemps<br />

que les ascomycètes expulsaient<br />

les spores hors <strong>des</strong> asques, avec<br />

une force relative, par <strong>des</strong> sortes<br />

de décharges, qui interviennent à<br />

<strong>des</strong> moments précis de maturité,<br />

ou à l’occasion de chocs<br />

mécaniques (effleurement du<br />

sporophore) et par chocs<br />

thermiques, (changement brutal<br />

de température, il suffit parfois<br />

Par<br />

Patrick LAURENT.<br />

seulement de cacher le soleil et<br />

de faire de l’ombre sur un<br />

ascomycète, pour que la<br />

décharge se produise), voire<br />

chimiques.<br />

Que savons nous en<br />

revanche sur la dissémination<br />

<strong>des</strong> basidiomycètes ? Depuis<br />

plus de six mois, je pose la<br />

même question à mes collègues<br />

et amis, et j’obtiens à quelques<br />

variantes près les mêmes<br />

réponses.<br />

Comment les spores<br />

d’un champignon « classique »,<br />

sporophore composé d’un<br />

chapeau, de lames et d’un stipe,<br />

sont-elles disséminées au sol ou<br />

sur leur substrat ? Réponse : :<br />

Elles tombent.<br />

C’est effectivement ce<br />

que je pensais, tout du moins<br />

pour la plupart d’entre eux. En<br />

effet, par le simple fait de la<br />

gravitation terrestre, un corps, si<br />

minuscule soit-il, tombe au sol<br />

sous l’effet de son propre poids,<br />

le vent se chargeant de les<br />

véhiculer plus au loin. Quoique...<br />

quand j’ai posé cette question à<br />

Paul Hertzog, mycologue<br />

Alsacien, il me répondit qu’il<br />

avait observé un jour, dans son<br />

chalet de montagne dans les<br />

<strong>Vosges</strong>, qui se faisait<br />

malheureusement dévorer par un<br />

Mérule <strong>des</strong> maisons, le trop<br />

célèbre Merulius lacrymans, que<br />

les spores avaient été projetées à<br />

plus d’un mètre de distance. Le<br />

chalet était clos, donc pas de<br />

vent.<br />

Tout à fait fortuitement,<br />

mon ami Yves Lanceau,<br />

Photographe, eut l’occasion de<br />

prendre une photo d’une<br />

sporulation de Tricholoma<br />

cingulatum, qui lui révéla <strong>des</strong>


15<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

formes étranges. La technique habituellement<br />

utilisée pour récolter <strong>des</strong> spores consiste à poser<br />

<strong>des</strong> chapeaux lamellés de champignons à<br />

maturité, privés de leur stipe, directement sur un<br />

support, d’attendre la sporulation puis à prélever<br />

les spores aux fins d’étu<strong>des</strong>, sans préoccupation<br />

aucune de la façon dont s’est effectuée<br />

physiquement cette sporulation. Cette fois, le<br />

sporophore était piqué avec son stipe sur un clou,<br />

dans sa position originale de récolte dans la<br />

nature.<br />

Force était de constater que notre<br />

champignon, en l’absence de forces extérieures,<br />

vent, inclinaison, magnétisme, électricité,<br />

chaleur, etc.., avait bel et bien propulsé ses<br />

spores, par deux jets distincts et opposés.<br />

Je fis immédiatement de multiples<br />

expériences, afin de vérifier cette constatation.<br />

Conditions de récoltes <strong>des</strong> différentes<br />

sporées :<br />

Les sporulations sont obtenues dans une<br />

boite en polystirène, le tout recouvert par un drap<br />

ou un couvercle, dans une pièce fermée non<br />

lumineuse. Les sporophores sont disposés avec<br />

leur stipe, sur un clou ou un cure-dent en bois,<br />

piqués dans le polystirène. Les sporées sont aussi<br />

obtenues en 12 h ou en 24 heures, sur papier<br />

coloré ou blanc, sur plaque de verre ou plastique<br />

transparent, ainsi que dans <strong>des</strong> boîtes en bois ou<br />

en verre.<br />

Plusieurs fiches de récoltes sont<br />

réalisées et donnent une <strong>des</strong>cription avec croquis,<br />

<strong>des</strong> différentes sporées ainsi obtenues. Exemple<br />

figure 3.<br />

Des photographies ont été réalisées sur<br />

plaque de verre en chambre close, et donnent les<br />

résultats <strong>des</strong> Photos 1.2.3.4.<br />

Au microscope, nous constatons que les<br />

spores sont fixées par un stérigmate à la baside.<br />

Ces stérigmates ne semblent pas équipés d'un<br />

quelconque processus de propultion, ils sont<br />

rectilignes et non en forme de serpentin ou de<br />

ressort. Les basidiospores semblent seulement<br />

suspendues, accrochées aux stérigmates. L'effet<br />

de l'attraction terrestre voudrait, qu'un corps<br />

quelqu'il soit, d'une masse et d'un poids donné,<br />

tombe à la verticale, en l'absence de force<br />

extérieure.<br />

Avec les éclaicissements de Régis<br />

Courtesuisse, Mycologue et Maître de<br />

conférences à la Faculté <strong>des</strong> Sciences<br />

Pharmaceutiques et biologiques de Lille 59, nous<br />

y voyons un peu plus clair.<br />

Dans le monde scientifique, si la<br />

certitude est acquise depuis longtemps que les<br />

spores de Agaricomycetideae ne tombent<br />

nullement de leur stérigmate, mais sont<br />

activement projetées par la baside, elle<br />

n’explique pas tout.<br />

Avec la nouvelle technologie proposée<br />

par les microscopes électroniques à balayage, il<br />

en est tout autrement. Il y a bien un mécanisme<br />

de propulsion, manifesté par le «punctum<br />

lacrymans» point lacrimal.<br />

Le processus est le suivant : sur la<br />

spore, à proximité du pore germinatif, existe un<br />

point lacrimal qui donnera naissance à la<br />

goutte initiale qui provient du hile (zone<br />

déprimée de la spore d’où sortent <strong>des</strong> éléments<br />

liqui<strong>des</strong>) situé à proximité. Cette goutte initiale<br />

grossit et va, par expansion, entrer en contact<br />

avec une goutte «plate» appliquée sur la spore.<br />

Le mouvement confluent provoqué par la<br />

jonction <strong>des</strong> deux gouttes, va engendrer un<br />

mouvement d’élévation à la spore, qui sera<br />

ainsi projetée. Croquis n°1 ci-<strong>des</strong>sous :<br />

C’est une particularité parfaitement<br />

Naissance Expansion MouvementElévation<br />

de la & contact confluent<br />

goutte<br />

connue. (Ingold 1992 et plus recemment,<br />

l’excellent et indispensable ouvrage de<br />

Clémençon H.-1997 - Anatomie der<br />

Hymenomyceten). Il met également en évidence<br />

la diversité <strong>des</strong> différents éléments de<br />

l’hyménium : Basi<strong>des</strong> et une gamme de spores :<br />

Les Meiospores, les Basidiospores, les<br />

Ballistospores.<br />

Reste à savoir si tous les hyméniums<br />

sont équipés de processus identiques.<br />

En 1889 FAYOD observait sur<br />

Conocybe tenera : «J’ai vu très distinctement...<br />

une goutte d’eau que l’on voit se former à la<br />

base du hile et disparaître lorsqu’elle a atteint


16<br />

une certaine grosseur, parce qu’elle arrive à<br />

toucher l’exospore qui est humide et qu’elle se<br />

répand à la surface de la spore...» En fait cette<br />

goutte d’eau sert à l’expulsion de la spore sur son<br />

stérigmate par dilatation, comme le montre la<br />

figure ci-<strong>des</strong>sous : Croquis n° 2.<br />

goutte<br />

initiale<br />

Temp = 0 t = 2 sec. t = 5 sec. Expulsion<br />

>5 sec.<br />

Concernant les formes extraordinaires<br />

<strong>des</strong> sporées, il faut également envisager les<br />

phénomènes de convection liés au dégagement<br />

de chaleur causé par le métabolisme intense <strong>des</strong><br />

champignons en phase de sporulation... Les<br />

spores de Ganoderma se retrouvent bien sur le<br />

chapeau. Il est vraisemblable que les courants<br />

thermiques portent les spores s’échappant <strong>des</strong><br />

tubes au <strong>des</strong>sus du chapeau. C’est un travail de<br />

longue haleine, qui nécessite de multiples<br />

expériences.<br />

Tout ceci constitue un vaste champ<br />

d’investigation à mettre en parallèle à une<br />

éventuelle explication, prenant en compte au<br />

moins les deux éléments ci-<strong>des</strong>sus : projection<br />

<strong>des</strong> spores et courants thermiques. Peut-être les<br />

champs magnétiques sont-ils également<br />

impliqués dans ce phénomène ? Ceci montre<br />

bien que la mycologie ne doit pas se limiter au<br />

simple exercice de la détermination.<br />

La nouveauté :<br />

Les champignons orientent les jets de spores<br />

Comment expliquer que ces spores se<br />

retrouvent à 15, 20, 30 (100) cm de<br />

l’hyménophore ? Mieux, dans plus de 90% <strong>des</strong><br />

cas de figures, la sporulation se fait en deux<br />

directions distinctes, souvent opposées. Il est<br />

curieux de constater que lorsqu’on met en<br />

présence plusieurs champignons d’une même<br />

espèce, nous obtenons <strong>des</strong> sporulations qui<br />

vont à l’opposé de l’endroit où se situent les<br />

autres sporophores.<br />

Le laboratoire de la S.M.H.V. multiplie<br />

les expériences les plus diverses sur <strong>des</strong> espèces<br />

lamellées et porées, afin de tenter de trouver une<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

explication rationnelle à ces observations.<br />

Il apparaît assez nettement, dans de nombreux<br />

cas, que les champignons dispersent leur<br />

"semence" afin de se reproduire, dans une<br />

direction opposée à la position de l'un de leur<br />

semblables. Comme si, sachant qu'un autre<br />

champignon va disséminer ses spores à un<br />

endroit donné, il s'efforce de disséminer les<br />

siennes dans un autre endroit, pour multiplier les<br />

chances de reproduction et de survie. On connaît<br />

bien la faculté de certaines plantes à se tourner<br />

du côté du soleil, ou à diriger leur tige à tel ou tel<br />

endroit plus favorable. Le champignon<br />

"supérieur" est donc capable d'orienter le jet <strong>des</strong><br />

spores, dans telle ou telle direction plus<br />

favorable.<br />

Voici quelques exemples :<br />

Chapeaux<br />

Sporées recueillies<br />

Croquis n° 3 . - Essai sur 3 ex. de Paxillus involutus.<br />

Le Paxillus involutus disperse ses<br />

spores de façon originale. La projection suit un<br />

axe central, puis cette ligne se divise en deux<br />

directions opposées décrivant deux arcs de cercle<br />

(comme si deux fers à cheval étaient mis côte-àcôte).<br />

Ce qui paraît curieux et insolite, c'est non<br />

seulement que la sporée est projetée en avant,<br />

mais qu'elle soit capable de décrire ces demicercles.<br />

Le jet principal se fait d'abord dans une<br />

direction donnée, puis la division se fait de<br />

gauche à droite, en arc, comme si les spores


17<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

étaient projetées dans un premier<br />

temps puis immédiatement<br />

aspirées. Rappelons que ces arcs<br />

de cercle ne sont modelés que<br />

par le sporophore lui-même, et<br />

qu'aucune action extérieure<br />

n'intervient pour définir la forme<br />

de la sporée. Les projections<br />

peuvent atteindre 17 cm.<br />

Le cas de Tricholoma<br />

cingulatum (photo 1) est<br />

également original. On assiste à<br />

une dispersion <strong>des</strong> spores d'une<br />

façon divergeante et opposée, en<br />

deux jets bien distincts. Les<br />

projections atteignent 12 cm. La<br />

sporée est projetée en jet fin à<br />

partir de l'hyménophore, puis les<br />

spores s'étalent plus ou moins.<br />

On remarque que les deux<br />

sporées décrivent également <strong>des</strong><br />

courbes plus ou moins<br />

accentuées.<br />

Photo n° 2. Vue du <strong>des</strong>sus en oblique.<br />

Sporée de Paxillus involutus en 24 h.<br />

Sporulation à jet central, ondulé, puis<br />

s’évasant, se divisant en arcs de cercle<br />

plutôt étroits et de directions opposées.<br />

Oudemansiella radicata<br />

disperse ses spores en un élégant<br />

et large arc de cercle, en forme<br />

de fer à cheval, jusqu'à 13 cm.<br />

En observant la forme<br />

de la sporée du Paxille enroulé et<br />

celle de la Collybie radicante on<br />

s'aperçoit que les deux formes<br />

pourraient bien s'emboîter à la<br />

manière d'un puzzle, les formes<br />

de l'un épousant les contours de<br />

l'autre.<br />

Amanita phalloi<strong>des</strong><br />

Photo n° 3. Prise de côté.<br />

Sporée de Oudemansiella radicata.<br />

Sporulation d’un seul côté, en large arc<br />

de cercle unique.<br />

sporule en un large arc de cercle,<br />

d’un seul côté, avec une<br />

projection jusqu’à 20 cm.<br />

D'autres sporées<br />

Photo n° 4. prise de côté.<br />

Sporée d’Amanita phalloi<strong>des</strong>, récoltée<br />

en 24 H. Il est frappant de constater,<br />

que bien que l’orientation du chapeau<br />

de cette amanite soit vers la droite, le<br />

jet de la sporée s’est effectué vers la<br />

gauche.<br />

obtenues sont moins<br />

spectaculaires, mais on observe<br />

toujours un, souvent deux jets<br />

distincts. En aucun cas les spores<br />

ne tombent à la verticale, tout du<br />

moins dans les conditions de<br />

sporulations mentionnées ci<strong>des</strong>sus.<br />

Voir les différentes<br />

figures <strong>des</strong> pages suivantes.<br />

Notons que même <strong>des</strong><br />

espèces grêles et fragiles comme<br />

Psathyrella leucotephra, sont<br />

capables d'envoyer leurs spores à<br />

plus de 10 cm de l'hyménophore.<br />

Dans les différentes<br />

expériences menées, où les<br />

sporophores sont disposés en<br />

triangle, voire en carré, les<br />

sporées ainsi obtenues sont<br />

généralement projetées à<br />

l'opposé de l'emplacement <strong>des</strong><br />

autres sporophores. Ainsi le<br />

triangle ou le carré <strong>des</strong>siné à<br />

partir de la position <strong>des</strong> stipes,<br />

restent vi<strong>des</strong>, les spores étant<br />

éjectées à l'extérieur de ces<br />

figures géométriques<br />

imaginaires. (Cf. croquis n° 3).<br />

Cf. ci-<strong>des</strong>sus : Croquis de M.M.<br />

Josserand, bulletin SMF 1928 T 44, p.<br />

208.<br />

Ce <strong>des</strong>sin reproduit la sporée de<br />

Collybia clavus Quel. Ce champignon<br />

(A) était posé contre une lame de verre<br />

(B), la sporée recueillie (C) avait une<br />

dimension de 8 cm d’une «corne» à<br />

l’autre. «Cela suppose une force de<br />

projection latérale.» Josserand pose la<br />

question : «Cette puissance de<br />

projection dépend-elle de l'espèce<br />

envisagée ou <strong>des</strong> conditions dans<br />

lesquelles elle a été disposée pour<br />

répandre ses spores ?» . M. Josserand<br />

écrit : «On considère, en général, que<br />

les spores <strong>des</strong> Hyménomycètes sont<br />

libérées et non projetées, ou, du moins,<br />

que leur force de projection est très<br />

faible, contrairement à ce qu’on a<br />

observé ches les Discomycètes...». Il<br />

précise encore : «Il est bien évident<br />

qu’aucun déplacement d’air n’a pu être<br />

la cause de cette dispersion <strong>des</strong><br />

spores,...<br />

Il termine : «C’est un peu l’amusante<br />

symétrie de ce dépôt qui nous a décidé<br />

à publier cette courte note, dont nous ne<br />

nous exagérons pas l’intérêt et c’est<br />

aussi l’espoir de décider nos collègues à<br />

entreprendre <strong>des</strong> expériences<br />

systématiques pour élucider les<br />

conditions nécessaires à l’obtention de<br />

ce phénomène


18<br />

Champignons,<br />

un loisir à risque ?<br />

“Contrairement aux idées reçues,<br />

les champignons ne sont pas <strong>des</strong><br />

végétaux. Ils constituent un<br />

règne à part entière, autonome...<br />

Ils ne possèdent pas de<br />

chlorophylle et ne peuvent, par<br />

photosynthèse, transformer<br />

l’énergie solaire en matières<br />

nutritives. Ils se trouvent donc<br />

dans l’obligation de puiser leur<br />

nourriture directement dans leur<br />

environnement. Non seulement<br />

ils pompent mais encore ils<br />

concentrent toutes les particules<br />

qui s’y trouvent. C’est le cas <strong>des</strong><br />

minéraux et <strong>des</strong> phosphates qui,<br />

une fois métabolisés, alimentent<br />

les arbres. Mais également celui<br />

<strong>des</strong> métaux lourds tels que le<br />

plomb, le mercure, le cadmium<br />

et les césium 134 et 137”.<br />

Quels champignons<br />

concentrent le plus les éléments<br />

radioactifs ?<br />

PL : “Nous n’avons pas assez de<br />

recul et de données. Néanmoins,<br />

il semblerait que le bolet bai<br />

Xerocomus badius, la chanterelle<br />

en tube Cantharellus<br />

tubaeformis, les Laccaires<br />

Laccaria amethystina et laccata,<br />

qui pullulent sur le massif<br />

Vosgien, soient les espèces qui<br />

concentrent le plus les métaux<br />

lourds et les matières<br />

radioactives. Toutefois cette<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Article paru dans le magazine<br />

La Vie La Santé - n° 3<br />

d’octobre- novembre 1997,<br />

page 27 propos recueillis par<br />

Catherine Guenot rédacteur<br />

en chef.<br />

Voilà qu’après nous avoir alertés sur <strong>des</strong> espèces<br />

vénéneuses particulièrement nombreuses dans nos<br />

régions on nous parle aujourd’hui de traces de<br />

radioactivité sans doute dues à l’accident de<br />

Tchernobyl. Pourquoi les champignons ? Sont-ils tous<br />

concernés ?<br />

Les risques pour notre santé sont-ils réels ?<br />

Patrick Laurent, Garde nature et président de la <strong>Société</strong><br />

radioactivité ne peut pas tuer<br />

l’homme! Pour atteindre une<br />

concentration nocive, de 600<br />

becquerels par kilo selon la<br />

norme Européenne, il faudrait en<br />

consommer en quantités<br />

astronomiques et de façon<br />

répétitive. En outre, notre<br />

organisme diminue la<br />

radioactivité absorbée de moitié<br />

tous les 100 jours”.<br />

Où se trouvent ces<br />

champignons ?<br />

PL : “Les concentration de<br />

radioactivité sont éparses telle<br />

une peau de léopard. En outre,<br />

les éléments radioactifs se<br />

concentrent dans certaines<br />

vallées du massif Vosgien, sous<br />

l’effet <strong>des</strong> eaux de ruissellement.<br />

On se gardera donc de cueillir les<br />

champignons à ces endroits-là.<br />

C’est notamment vrai du côté Est<br />

<strong>des</strong> <strong>Vosges</strong> qui a fait barrage au<br />

nuage de Tchernobyl”.<br />

Les champignons pourraientils<br />

témoigner de la pollution de<br />

notre environnement ?<br />

PL : “Avant d’en arriver là, il<br />

faudrait davantage d’échantillons<br />

et plusieurs stations dispersées<br />

géographiquement. Dix ans après<br />

Tchernobyl, il n’existe toujours<br />

pas de surveillance organisée de<br />

la radioactivité <strong>des</strong> champignons.<br />

Les récoltes officielles sont<br />

ponctuelles et très localisées.<br />

Il est néanmoins certain que le<br />

césium retrouvé dans les<br />

champignons n’est pas le fruit<br />

d’une radioactivité naturelle.<br />

C’est le produit de la fission<br />

nucléaire provenant soit de<br />

l’activité civile soit <strong>des</strong> essais<br />

militaires. On reçoit bien de<br />

temps en temps <strong>des</strong> pluies de<br />

sable du Sahara !”.<br />

Quelles améliorations<br />

suggérez-vous ?<br />

PL : “Les sociétés de mycologie<br />

bénévoles pourraient soumettre<br />

une partie de leurs récoltes à <strong>des</strong><br />

contrôles de radioactivité. Leur<br />

activité me paraît trop centrée sur<br />

la mycographie, à savoir la<br />

récolte, l’identification et la<br />

cartographie <strong>des</strong> champignons.<br />

La mycologie concerne plus<br />

largement l’étude <strong>des</strong><br />

champignons : leur mode de vie,<br />

de reproduction, leur toxicité...<br />

même s’ils sont a priori<br />

comestibles !<br />

Car la comestibilité n’est pas<br />

seulement liée à la présence de<br />

toxines comme, par exemple, la<br />

muscarine <strong>des</strong> amanites, la<br />

coprinine <strong>des</strong> coprins... mais à<br />

d’autres polluants extérieurs.<br />

Les marchés devraient également<br />

être davantage surveillés. Les<br />

services vétérinaires sont trop<br />

sporadiques ou tolalement<br />

absents. Il faudrait être aussi<br />

vigilant pour les champignons<br />

que pour la viande !”.<br />

Attention aux<br />

conditions de récoltes !<br />

Un champignon doit être consommé<br />

pafaitement identifié, cueilli jeune et frais (dans la<br />

journée qui suit au grand maximum ou quelques<br />

jours après, s’il a été conservé dans <strong>des</strong> conditions<br />

favorables). Il doit avoir été transporté dans un<br />

panier aéré et non dans un sachet plastique qui<br />

favorise en quelques heures la<br />

fructification de parasites<br />

toxiques.


19<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Suivi du développement d’un<br />

spécimen d’Amanita crocea.<br />

L’espèce est repérée le 10<br />

juin 1997, sur ma propriété de<br />

Wisembach (<strong>Vosges</strong>), route du<br />

Repas, sous deux bouleaux<br />

( Betula pendula & B.<br />

pubescens), dans l’herbe près<br />

d’une table à jardin. Il s’agit d’un<br />

endroit assez souvent piétiné. Le<br />

sol est argilo-siliceux, assez<br />

acide.<br />

C’est donc sous la forme<br />

d’une boule de 4 cm de Ø<br />

qu’apparaît cette amanite<br />

entièrement recouverte de son<br />

voile général très épais (1,5 à (2)<br />

mm) et verruqueux. Ce voile est<br />

blanc taché de gris-noirâtre sur<br />

les verrues. Il ressemble à la<br />

surface d’un ananas ! Il se<br />

déchire en suivant le contour <strong>des</strong><br />

verrues.<br />

Le 11 juin elle mesure 4<br />

cm de haut, son diamètre n’a pas<br />

évolué, le chapeau couleur safran<br />

pâle commence à se découvrir, la<br />

plupart <strong>des</strong> verrues sont encore<br />

adhérentes les unes aux autres et<br />

solidement attachées à la base du<br />

sporophore à partir du sol.<br />

Le 12, le stipe est<br />

apparent, il mesure 3 cm, et<br />

supporte un chapeau entièrement<br />

dépourvu d’écailles. Les verrues<br />

du voile général restent attachées<br />

à la volve. Le chapeau est<br />

campanulé à cylindrique au<br />

début. Son diamètre n’a toujours<br />

pas évolué.<br />

Le 13, elle atteint sa<br />

hauteur maximale de 15 cm. Son<br />

chapeau est légèrement plus<br />

foncé, safran-orangé. La marge<br />

striée sur plus d’un centimètre se<br />

retrousse légèrement pour donner<br />

un chapeau franchement<br />

campanulé à conique. Le stipe de<br />

3 cm de Ø, se déchire en surface<br />

sur le premier tiers de sa hauteur,<br />

puis il est chiné tigré à<br />

floconneux pruineux, jaune<br />

roussâtre orangé sur fond blanc<br />

jaunâtre.<br />

Le 14 juin, elle a atteint<br />

l’âge adulte. Le chapeau mesure<br />

11 cm de Ø, il est étalé réfléchi<br />

avec un mamelon robuste au<br />

disque, plus foncé au centre qu’à<br />

la marge, qui se déchire. Les<br />

lames blanchâtres ont l’arête<br />

concolore vers la marge du<br />

chapeau. La sporée est<br />

blanchâtre à crème très pâle. Le<br />

stipe fortement déchiré écailleux<br />

dans son premier tiers à partir de<br />

la base et nettement chiné<br />

floconneux sur les 2/3 du haut.<br />

La volve vaginée est assez<br />

fragile mais relativement épaisse,<br />

appliquée sur la base du stipe<br />

presque jusqu’en haut et non<br />

séparée de sa surface dans le<br />

fond par un bourrelet saillant,<br />

déchiqueté, crème orangé.<br />

Les spores subglobuleuses,


20<br />

Amanita excelsa :<br />

Espèce ou variété ?<br />

La mycologie est<br />

remplie de paradoxes. En<br />

effet certains auteurs<br />

n’hésitent pas à créer une<br />

espèce nouvelle en raison<br />

<strong>des</strong> dimensions <strong>des</strong> spores<br />

différentes ou par rapport à tel<br />

ou tel élément macroscopique<br />

différent, C’est notamment le<br />

cas pour <strong>des</strong> Russules ou<br />

surtout pour les Cortinaires,<br />

où l’on voit publier <strong>des</strong><br />

espèces fantômes ou très<br />

fantaisistes !<br />

Quand on connaît la<br />

prudence d’un maître comme<br />

M. Romagnesi, que doit-on<br />

penser <strong>des</strong> créations fleuves<br />

de M. Reumaux ?<br />

Beaucoup devraient<br />

s’inspirer de G. Becker, qui<br />

n’était certes pas un<br />

scientifique comme il aimait<br />

lui même le rappeler, mais qui<br />

en revanche avait<br />

parfaitement cerné la<br />

mycologie, ses certitu<strong>des</strong> et<br />

ses doutes, ainsi que ses<br />

abus.<br />

Si j’en crois la<br />

littérature, les Russules et les<br />

Cortinaires passent pour <strong>des</strong><br />

genres difficiles. Quoique, “ce<br />

qui n’est pas difficile, n’est<br />

sûrement pas un<br />

champignon ! ”<br />

Le genre Amanita<br />

n’est pas connu pour être un<br />

genre particulièrement ardu,<br />

bien que le sous-genre<br />

Amanitopsis soit encore bien<br />

mal débrouillé. Alors pourquoi<br />

tant de noms différents autour<br />

d’Amanites que l’on peut<br />

identifier pratiquement au<br />

premier coup d’oeil ?<br />

Pourquoi nier <strong>des</strong> différences<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

nombreuses et évidentes. Je<br />

veux parler <strong>des</strong> différences<br />

flagrantes entre Amanita<br />

spissa & A. excelsa.<br />

Je m’oppose à<br />

considérer qu'à. excelsa est<br />

une variété d’A. spissa. Bien<br />

trop de caractères<br />

macroscopiques les<br />

opposent.<br />

Amanita spissa (Fr.)<br />

Kummer.<br />

Il s’agit d’une espèce de<br />

port généralement robuste et<br />

assez trapu, à chapeau globuleux<br />

au début et restant toujours<br />

convexe, brun bistré, plus ou<br />

moins sombre (très rarement<br />

pâlissant) parsemé de verrues<br />

farineuses, grisâtres, durcissant<br />

au sec, à marge toujours unie.<br />

Les lames blanches à<br />

légèrement grisâtre pâle, voire<br />

parfois à reflets verdâtres (un peu<br />

comme chez certaines Amanites<br />

du groupe solitaria), serrées. La<br />

sporée est blanche.<br />

Le stipe possède un bulbe<br />

bien net (naissant<br />

superficiellement) ou parfois<br />

simplement clavé et alors<br />

subbulbeux mais toujours épaissi<br />

à la base. Il porte un anneau strié,<br />

bien développé et persistant. (Ce<br />

stipe brunit ou se tache de brun<br />

rouille, surtout à la manipulation,<br />

dans la variété valida).<br />

La chair blanchâtre a une<br />

odeur de rave (de radis)<br />

caractéristique, parfois anisée<br />

dans la jeunesse, de saveur fade<br />

ou à peine salée.<br />

* On notera une forme alba<br />

dénommée par Gilbert, Quélet &<br />

Velesy, à peu près totalement blanche,<br />

avec un anneau oblitéré et fragile et à


21<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

rares verrues.<br />

Habitat : A. spissa croît dans les forêts<br />

de conifères sur le massif vosgien.<br />

Microscopie : Spores amyloï<strong>des</strong>,<br />

ovoï<strong>des</strong> ellipsoï<strong>des</strong>, apiculées en bas, finement<br />

guttulées, 8-10 x 5,5-7,5 µm.<br />

Quant à Amanita excelsa (Fr. : Fr.)<br />

Dörfelt & Roth désignée comme variété de A.<br />

spissa, elle est absolument différente par un<br />

chapeau globuleux aplani (contrairement à A.<br />

spissa), grisâtre pâle à blanchâtre, couvert de<br />

verrues floconneuses, caduques, jamais blanc pur<br />

mais gris pâle, dont la marge lisse au début se<br />

strie assez nettement à la fin, ce qui peut prêter à<br />

confusion avec A. pantherina mais qui permet de<br />

distinguer A. spissa dont la marge reste unie.<br />

Les lames sont blanches à nets reflets<br />

rosés dans l’âge, libres, très amples et<br />

modérément serrées.<br />

Le stipe est long, épais, souvent arqué,<br />

grisâtre, toujours écailleux, squamuleux sous<br />

l’anneau, tout au plus légèrement renflé à la base<br />

avant de s’enfoncer dans le sol, donc nettement<br />

radicant. L’anneau est ample, blanc, strié par<br />

<strong>des</strong>sus, souvent déchiré, fragile et parfois caduc<br />

(ce qui est bien différent chez A. spissa).<br />

Le chair blanche est immuable, molle, à<br />

fine odeur de pomme rainette (fruitée) puis de<br />

pomme de terre (et non pas de rave comme chez<br />

A. spissa), de saveur douce mais moins agréable<br />

ou savoureuse que celle d’A. spissa. Le<br />

lactophénol la teinte de violet brun (in litt.).<br />

Habitat : Elle croît sous les feuillus,<br />

surtout sous Fagus ou Quercus, très rarement<br />

sous résineux.<br />

Microscopie :<br />

Les Spores<br />

amyloï<strong>des</strong>, ovoï<strong>des</strong>,<br />

présentent <strong>des</strong><br />

dimensions de 10-<br />

12x7-9 µm.<br />

E s p è c e<br />

comestible médiocre,<br />

à saveur fade ou<br />

terreuse, sans grande<br />

valeur et aux<br />

TABLEAU DES DIFFERENCES<br />

AMANITA SPISSA AMANITA<br />

EXCELSA<br />

Chapeau Brun bistré (foncé) Gris pâle à<br />

blanchâtre (clair)<br />

Lames Serrées à reflets<br />

verdâtres dans l’âge<br />

Stipe Bulbeux Radicant<br />

Moins serrées à<br />

reflets rosâtres dans<br />

l’âge<br />

Anneau Consistant Fragile, voire caduc<br />

Chair Odeur de rave Odeur de pomme de<br />

terre, fruitée dans la<br />

jeunesse<br />

Habitat Sous résineux le<br />

plus souvent<br />

Vu ces trop<br />

nombreuses<br />

différences<br />

anatomiques, je<br />

reconnais<br />

volontiers<br />

Amanita<br />

excelsa comme<br />

“bonne espèce”<br />

Sous feuillus,<br />

surtout fagus &<br />

quercus<br />

Amanita spissa, variété valida<br />

Le stipe est nettement taché de brun<br />

roux.


22<br />

<strong>Bulletin</strong> trimestriel de la<br />

<strong>Société</strong> <strong>Mycologique</strong> de<br />

France.<br />

Tome LXIV, fascicule 3-4,<br />

1948, p. 193. par L. Imler.<br />

Amanita ampla (sensu Gilbert)<br />

et les mycologues.<br />

Il conclut son article : “Il<br />

nous paraît indiscutable que les<br />

deux formes maintenues au rang<br />

d’espèces distinctes (A. spissa &<br />

A. excelsa) ... sont bien celles<br />

que nous connaissons et que<br />

nous avons vu croître si souvent<br />

côte à côte sur le même<br />

mycélium. Dans ces conditions,<br />

nous nous refusons à admettre la<br />

théorie classique (à savoir<br />

reconnaître les deux espèces<br />

distinctes).<br />

<strong>Bulletin</strong> S.M.F. Tome LXVI,<br />

fascicule 1, 1950, p. 5 à 20 par<br />

R. Heim<br />

A propos de deux Amanites<br />

Je cite : “Pour la plupart <strong>des</strong><br />

mycologues le problème Amanita<br />

spissa - Amanita excelsa est réglé.<br />

R. Heim sait parfaitement<br />

distinguer les deux espèces.<br />

Aimé G. Parrot<br />

AMANITES du Sud-Ouest de<br />

la France, 1960, p. 101...<br />

Amanita spissa (Fr.) Quélet =<br />

Amanita cinerea Krombholz (non<br />

bresadola) = Agaricus spissus Fries<br />

etc...<br />

Amanita excelsa (Fr.) Quélet =<br />

Agaricus excelsus Fries = Amanita<br />

ampla Persoon, etc...<br />

Amanita valida (Fr.) Quélet.<br />

Il distingue les deux<br />

espèces et insiste sur leurs<br />

différences.<br />

R. Kühner & H. Romagnesi<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Flore analytique <strong>des</strong><br />

champignons supérieurs, 1974,<br />

p. 432.<br />

Amplariella spissa Fr. =<br />

Amanita valida ss. Quélet.<br />

Amplariella excelsa Fr. =<br />

Amanita spissa ss. Quélet.<br />

Il reconnaît deux espèces.<br />

Meinhard Moser<br />

Guida alla determinazione dei<br />

funghi, Vol. 1°, 1980, p. 239.<br />

Amanita spissa (Fr.) Kummer<br />

Amanita spiss a var. valida (Fr.)<br />

Amanita spissa var. excelsa (Fr.)<br />

= A. ampla Pers.<br />

Il n’accepte pas excelsa<br />

comme espèce, mais la situe au<br />

rang de variété.<br />

Marcel Bon<br />

Champignons d’Europe<br />

occidentale, 1988, p. 296.<br />

Amanita spissa (Fr.) Kummer<br />

Il écrit que l’autonomie<br />

d’Amanita excelsa (Fr.) Bertillon<br />

est très discutée.<br />

Régis Courtecuisse<br />

Guide <strong>des</strong> champignons de<br />

France et d’Europe, 1994,<br />

p. 276.<br />

Amanita spissa (Fr.) Kummer<br />

Amanita spissa var. excelsa<br />

(Fr. :Fr.) Dörfelt & Roth = (Amanita<br />

ampla)<br />

Amanita spissa var. valida (Fr.)<br />

Dörfelt & Roth.<br />

Il écrit que l’espèce est très<br />

variable et place excelsa au rang<br />

de variété.<br />

J. Breitenbach & F. Kränzlin<br />

Champignons de Suisse,<br />

1995, Tome 4, p. 148.<br />

Amanita excelsa (Fr.) Bertillon =<br />

Amanita ampla Pers. = Amanita spissa<br />

(Fr.) Kummer.<br />

Ils synonymisent toutes les<br />

espèces et ne reconnaissent qu’A.<br />

excelsa.<br />

Dans leurs remarques, ils<br />

précisent que l’espèce est très<br />

variable d’où l’attribution de<br />

toute une variété liée à (ce qu’ils<br />

considèrent comme) l’ancienne<br />

épithète “spissa” comme valida,<br />

excelsa et cariosa.<br />

Notons que “cariosa (Fr.)<br />

Quélet” n’est autre que Amanita<br />

Amanita spissa<br />

On remarque que l’anneau<br />

d’Amanita excelsa est oblitéré, déchiré,<br />

fragile.<br />

En revanche, on remarque ici<br />

l’anneau ample bien développé et<br />

persistant d’ Amanita spissa.


23<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Afin d’éviter toutes confusions,<br />

décrivons : Amanita rubescens,<br />

A. franchetii & A. pantherina.<br />

Amanita rubescens<br />

(Pers. : Fr.) S.F. Gray : Amanite<br />

rougissante, Golmotte, Queumelle rose,<br />

Oronge vineuse, etc...<br />

Elle offre un Chapeau jusqu’à<br />

15 (20) cm de Ø, brun rosé, ocre<br />

brunâtre, parfois blanchâtre à rose pâle,<br />

à voile général peu régulier dont les<br />

verrues confluentes, irrégulières, sont<br />

blanchâtres à crème ochracé sale,<br />

portant <strong>des</strong> lames blanches quelquefois<br />

tachées de rose vineux. Le stipe blanc,<br />

blanchâtre à brunâtre vineux, surtout<br />

dans les blessures, subbulbeux (parfois<br />

avec un bourrelet assez net, à volve<br />

floconneuse parfois subnulle ou nulle,<br />

l’anneau est blanc (jaune dans la forme<br />

annulosulfurea Gill. qui est plus<br />

gracile). La chair blanche à rosâtre<br />

devient vineuse dans l’âge.<br />

Habitat : Espèce ubiquiste,<br />

très courante et parfois abondante sur le<br />

massif vosgien.<br />

Comestible bien cuit. Toxique<br />

crue (s’attaque aux globules rouges du<br />

sang).<br />

Spores 8x6 µm.<br />

Amanita rubescens <br />

Amanita franchetii (Boudier)<br />

Fayod (= A. aspera. (Vitt.) Quélet)<br />

Elle a la stature de la<br />

précédente, mais possède un voile jaune<br />

plus régulier sur le chapeau comme sur<br />

les bords de l’anneau et à la base du<br />

stipe à chapeau brunâtre, gris, jaunâtre<br />

à plus ou moins olivacé bistré et qui ne<br />

rougit pas (la forme lactella (Gilbert ex<br />

Bertillon) Bon & Contu possède un<br />

chapeau blanc), couvert de verrues<br />

serrées et parfois pointues, très<br />

fortement adnées, de teinte jaune d’or<br />

brunissant plus ou moins par temps sec.<br />

Les lames sont blanches. Le stipe est<br />

blanc grisonnant, épaissi à la base,<br />

couvert de squamules jaunes, à bulbe<br />

ovoïde, grisâtre brunissant recouvert<br />

par une pseudovolve en bourrelets<br />

concentriques jaune soufre à jaune d’or.<br />

La chair blanche reste immuable au<br />

contact de l’air.<br />

Habitat : Peu courante, sous<br />

feuillus ou résineux.<br />

Comestible cuite comme pour<br />

A. rubescens.<br />

Spores 8-10 x 5,5-8 µm.<br />

Amanita franchetii <br />

Amanita pantherina (De<br />

Candolle : Fr.) Krombholz : Amanite<br />

panthère.<br />

Le chapeau vite plat, brun ou<br />

brun roussâtre ou café au lait à ochracé<br />

fauvâtre, à voile régulièrement<br />

floconneux blanc pur et immuable, à<br />

marge striée. Les lames banales sont<br />

blanches. Le stipe blanc pur, nettement<br />

bulbeux à bulbe orné de 1-2(3)<br />

bracelets plus ou moins hélicoïdaux,<br />

blanc pur comme l’anneau, dont le<br />

bracelet supérieur forme sur le bulbe un<br />

bourrelet floconneux débordant. La<br />

chair est blanche.<br />

Habitat : Espèce assez<br />

courante, qui vient sous feuillus ou<br />

conifères.<br />

Toxique <br />

Spores 11 x 7 µm.<br />

Amanita pantherina <br />

Amanita pantherina, var. abietum<br />

(Gilb.)Velesy.


24<br />

Rappel de certains textes utiles :<br />

Ramassage et cession à<br />

titre gratuit ou onéreux <strong>des</strong><br />

champignons.<br />

L’arrêté ministériel du 24<br />

avril 1979 fixant pour les<br />

champignons les conditions de<br />

ramassage et de cession, à titre<br />

gratuit ou onéreux est abrogé et<br />

remplacé par l’arrêté ministériel<br />

du 13 octobre 1989 (J.O. 10<br />

Déc.) relatif à la liste <strong>des</strong> espèces<br />

végétales sauvages (et<br />

notamment toutes les espèces de<br />

champignons non cultivées)<br />

pouvant faire l’objet d’une<br />

réglementation préfectorale<br />

permanente ou temporaire.<br />

Cas particulier du<br />

ramassage <strong>des</strong> champignons sur<br />

les terrains faisant partie <strong>des</strong><br />

biens communaux (y compris les<br />

forêts communales). Aux termes<br />

de l’article 542 du Code civil :<br />

“les biens communaux sont ceux<br />

à la propriété ou au produit<br />

<strong>des</strong>quels les habitants d’une ou<br />

plusieurs communes ont un droit<br />

acquis”. cf. BIENS COMMUNAUX.<br />

Le ramassage <strong>des</strong> champignons<br />

sur ces terrains constitue donc un<br />

droit acquis à tous les habitants<br />

de la commune.<br />

Est dès lors illégale la<br />

délibération d’un conseil<br />

municipal qui réserve le bénéfice<br />

d’une carte annuelle de<br />

ramassage <strong>des</strong> champignons sur<br />

les biens communaux aux seuls<br />

habitants permanents de la<br />

commune et exclut ainsi de ce<br />

bénéfice les personnes ayant une<br />

résidence temporaire dans la<br />

commune (Conseil d’Etat, 31<br />

mai 1989, Mme MAUZERIN). Est<br />

légal, un arrêté limitant<br />

l'autorisation de cueillette aux<br />

seuls habitants de la commune et<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

l’interdisant aux étrangers à<br />

celle-ci.<br />

Rappelons en outre, que<br />

le ramassage non autorisé par<br />

son propriétaire, dans une<br />

propriété close ou non, est<br />

punissable :<br />

-d’une manière générale<br />

par l’article du Code pénal.<br />

-dans les propriétés<br />

forestières par l’article R.331-2<br />

du Code forestier.<br />

Cependant dans les forêts<br />

domaniales du département <strong>des</strong><br />

<strong>Vosges</strong>, la récolte <strong>des</strong><br />

champignons, myrtilles et autres<br />

fruits ou baies est tolérée sans<br />

formalités pour la consommation<br />

familiale à condition que la<br />

quantité récoltée ne dépasse pas<br />

3 litres par personne et par jour.<br />

(Note d’information diffusée par<br />

l’ONF)<br />

La commercialisation de<br />

tous les produits récoltés ainsi en<br />

forêt domaniale est strictement<br />

interdite. (ce qui n’empêche pas<br />

de voir fleurir dans chaque<br />

village <strong>des</strong> sites de collecte <strong>des</strong><br />

champignons sauvages suite au<br />

pillage de nos forêts, notamment<br />

par la société Champi-Est, qui a<br />

même ouvert un site sur<br />

Internet ; ceci depuis de trop<br />

nombreuses années et en toute<br />

impunité. Mais que fait la<br />

police ?)<br />

Je me souviens avoir lu<br />

dans un article sur Le Saint-<br />

Hubert d’avril 90 n° 3, que les<br />

chercheurs de champignons<br />

représentaient un réel danger<br />

pour la faune de nos forêts. (me<br />

fera-t-on croire que mon panier<br />

et mon appareil photo sont plus<br />

dangereux que les fusils <strong>des</strong><br />

chasseurs pour cette même<br />

faune !) Deux exemples de<br />

condamnation y étaient<br />

mentionnées, pour <strong>des</strong> cueilleurs<br />

qui avaient dérangé du gibier,<br />

alors qu’une battue était<br />

annoncée. (je pense que le juge<br />

devait être chasseur lui-même et<br />

avait fait un jour une indigestion<br />

de champignons). A la réflexion,<br />

c’est vrai que le chasseur ne<br />

dérange pas le gibier,...lui, il le<br />

tue !<br />

Je pense néanmoins que<br />

les deux activités ne sont pas<br />

incompatibles, si chacun respecte<br />

les droits de l’autre, ainsi que les<br />

règles élémentaires de savoir<br />

vivre et de prudence.<br />

Il y a donc lieu de nous<br />

informer sur les jours et les lieux<br />

de chasse, avant d’organiser une<br />

sortie sur le terrain, avant de<br />

nous retrouver comme cible,<br />

donc comme gibier !<br />

Patrick LAURENT.


25<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Les champignons<br />

sortent du bois<br />

Avec une production de plus de 1,8 million<br />

de tonnes, le champignon de Paris (Agaricus<br />

bisporus) est le plus cultivé au monde. Mais il<br />

existe une vingtaine d’autres espèces<br />

domestiquées, que les Français méconnaissent.


26<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons


27<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Un petit champignon devenu grand<br />

p Au XVIe siècle la culture du champignon se développe en France.<br />

p XVIIe siècle, La Quintinie, jardinier de Louis XIV, produit <strong>des</strong> champignons à l’air libre sur<br />

<strong>des</strong> meules de fumier.<br />

p En 1810, un horticulteur nommé Chambry expérimente la culture du champignon dans les<br />

carrières abandonnées de Malakoff, en région parisienne. La construction <strong>des</strong> grands<br />

boulevards parisiens multiplie le nombre de carrière et ainsi de champignonnières.<br />

p Dans les années 20, la culture du champignon de Paris en “maison” débute aux Etats-Unis puis<br />

en France en 1970.<br />

Une Grande famille<br />

Environ 150 000 espèces de champignons<br />

sont identifiés (y compris les champignons<br />

microscopiques) et répertoriés. Mais les<br />

chercheurs estiment leur nombre total sur notre<br />

planète entre 250 000 & 300 000, c’est-à-dire<br />

presque autant que de plantes à fleurs. Rien<br />

qu’en France, on dénombre plus de 5000<br />

espèces dites supérieures, dont fort<br />

heureusement une infime partie se retrouve dans<br />

Un aliment riche<br />

Comme de nombreux légumes frais, le<br />

champignon de couche est riche en sels<br />

minéraux & vitamines. Pour 100 g, il contient<br />

en moyenne 420 mg de potassium et 120 mg de<br />

phosphore (voir notre article page 8), ses<br />

principaux constituants<br />

On trouve aussi 13 mg de magnésium, 8 mg de<br />

calcium et 1,3 mg de fer, ainsi que divers oligoéléments<br />

: cuivre, zinc, sélésium, iode, fluor...<br />

Les vitamines sont abondantes, en particulier<br />

B2, B3, B5 ,D ,K & C en moindres quantités.<br />

La recherche variétale<br />

De nos jours les chercheurs rendent possible la<br />

culture de nombreuses variétés de champignons.<br />

En France, l’INRA travaille sur la sélection <strong>des</strong> espèces<br />

afin de les rendre plus savoureuses et faciliter leur culture.<br />

Il y a là, un long chemin à parcourir.<br />

Des champignons indispensables<br />

Moisissures & levures sont essentielles à certaines<br />

activités humaines.<br />

Les premières jouent un rôle important dans la fabrication<br />

de fromages tels que roquefort, fourme, bleu d'Auvergne<br />

ou simplement camembert et munster..., ou la production<br />

de médicaments (voir notre article page 12) comme les<br />

antibiotiques.<br />

Sans les champignons microscopiques que sont les<br />

levures, responsables de la fermentation, il serait<br />

impossible de produire la bière et de faire lever la pâte à


28<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons


29<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

La mycologie sur<br />

Internet !<br />

Des champignons sur<br />

le WEB !<br />

Comme dans tout, il y a<br />

du bon et du mauvais. Je suis<br />

allé surfer sur le “net” et je n’ai<br />

pas été déçu.<br />

Un site qui me parait<br />

intéressant est MYCOMANIA à<br />

l’adresse suivante :<br />

http://wwwperso.hol.fr/~vanvoore/<br />

On y trouve de bonnes<br />

et sérieuses indications sur les<br />

publications internationales en<br />

mycologie, ainsi que les<br />

bulletins de la <strong>Société</strong><br />

<strong>Mycologique</strong> de France, <strong>des</strong><br />

Documents Mycologie, de la<br />

fédération Dauphiné-Savoie ou<br />

méditerranéenne. Ou encore la<br />

sortie <strong>des</strong> CD-ROM. C’est ainsi<br />

que j’ai obtenu <strong>des</strong><br />

renseignements sur un CD-<br />

ROM plus vite, qu’en les<br />

demandant directement à son<br />

propre créateur, qui au jour de<br />

la rédaction de ces lignes, ne<br />

m’a toujours pas répondu !<br />

On accède à <strong>des</strong> clés de<br />

détermination, surtout sur les<br />

sites étrangers (en avance d’une<br />

guerre, par rapport à la France).<br />

Ce site donne <strong>des</strong><br />

adresses d’autres sites Internet<br />

sur la mycologie, avec <strong>des</strong><br />

indications concernant la qualité<br />

<strong>des</strong> textes ou <strong>des</strong> images, <strong>des</strong><br />

références bibliographiques,<br />

etc...<br />

J’ai ainsi pu voir sur<br />

mon écran “magique” <strong>des</strong><br />

champignons fossilisés voici<br />

près de 50 000 000 d’années.<br />

Comme quoi le Web, ça<br />

rapproche !<br />

Je confirme un site<br />

remarquable, tant sur la qualité<br />

pratique et interactive, que sur<br />

le plan de la qualité <strong>des</strong> images,<br />

de la présentation scientifique.<br />

Il s’agit d’une<br />

monographie du Genre<br />

LACCARIA. On découvre de<br />

magnifiques photographies en<br />

couleur pour chaque espèce,<br />

avec en prime <strong>des</strong> croquis <strong>des</strong><br />

différents éléments<br />

microscopiques, une photo <strong>des</strong><br />

Laccaria occidentalis<br />

spores prises au microscope<br />

électronique à balayage et une<br />

photo de la mise en culture.<br />

Des références<br />

bibliographiques complètent<br />

chaque espèce.<br />

Il est ainsi facile de<br />

compléter sa photothèque, avec<br />

<strong>des</strong> espèces rares ou exotiques<br />

et de se faire ainsi une idée <strong>des</strong><br />

espèces lointaines que l’on a vu<br />

décrites dans <strong>des</strong> ouvrages ou<br />

<strong>des</strong> flores.<br />

Outre l’Internet, le<br />

réseau E-Mail offre <strong>des</strong><br />

possibilités intéressantes en<br />

terme de rapidité d’exploitation<br />

et d’économie. En un clin d’oeil<br />

et pour un prix modique<br />

(suivant les heures), ce réseau<br />

permet l’échange de données,<br />

de photos, de cartographies et<br />

de tous renseignements.<br />

J’ai donc adressé nos<br />

coordonnées à MYCOMANIA,<br />

et nous pourrons désormais<br />

annoncer nos sorties et autres<br />

manifestations, comme <strong>des</strong><br />

sorties publiques et nos<br />

expositions. On peut également<br />

envisager de créer notre propre<br />

site WEB. Ce qui serait<br />

intéressant pour faire connaître<br />

et partager nos découvertes en<br />

espèces rares, voire peu<br />

courantes, pour également<br />

signaler <strong>des</strong> espèces en voie de<br />

raréfaction, avec à l’appui une<br />

bonne photographie et <strong>des</strong><br />

images numérisées <strong>des</strong> éléments<br />

microscopiques.<br />

Pour étendre ses<br />

connaissances sur les<br />

champignons, l’adresse suivante<br />

propose une Librairie virtuelle<br />

et donne une liste assez<br />

exhaustive <strong>des</strong> sites présents sur<br />

le WEB et Internet dédiés au<br />

monde <strong>des</strong> champignons.<br />

Au détracteur de<br />

l’Internet, je réponds que la<br />

discipline doit se faire,<br />

d’abord au niveau de<br />

l’utilisateur. Le choix est<br />

grand, immense voire<br />

infini, à chacun de choisir<br />

son site !<br />

Les deux photos ci-contre (à<br />

gauche) représentent <strong>des</strong><br />

champignons fossilisés au<br />

précambien.


30<br />

Quels mots pour dire quoi ?<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

« Des goûts et <strong>des</strong> couleurs on ne dispute point » dit le proverbe. Mais la sagesse populaire est<br />

souvent oubliée.<br />

Même si on n’est pas daltonien, quand on arrive aux nuances turquoise, vous affirmez dur comme fer<br />

que c’est bleu alors que votre voisin vous regarde avec pitié parce que vous ne voyez pas que c’est<br />

vert. Il en va de même pour les goûts (entendons par là les saveurs). Bardés de certitu<strong>des</strong>, nous<br />

affirmons. Prenons un exemple.<br />

Quelqu’un (supposons un enfant, ça fait moins prétentieux pour le donneur de<br />

leçons ) mord dans une moitié de citron, fait une grimace très expressive et<br />

s’écrie : « c’est amer ! »<br />

Bon. C’est une erreur facile à corriger, et on lui explique qu’il ne faut pas<br />

confondre amer et acide. Ces deux sensations n’ont pas la même localisation<br />

sur la langue : l’acidité est captée par les papilles gustatives dites<br />

« filiformes » situées vers le milieu de la langue, de part et d’autre de la zône<br />

insensible, alors que l’amertume est captée par les papilles « caliciformes »<br />

situées à l’arrière de la langue. L’endive est amère (de moins en moins),<br />

certaines oranges le sont (elles entrent dans la composition de la confiture d’oranges chère aux<br />

Anglais), certaines aman<strong>des</strong> sont amères, la bile l’est énormément (quand mon grand père tuait un<br />

lapin il prenait grand soin de ne pas percer la vésicule biliaire qui aurait rendu le foie immangeable ;<br />

le fiel de boeuf serait utilisé par certaines brasseries pour obtenir l’amertume de la bière) ainsi que de<br />

nombreuses plantes sauvages (la gentiane, par exemple, qui est à la base de la fabrication de la<br />

Suze, car l’amertume est apéritive), la feuille de pervenche, etc...<br />

Les amateurs de poêlées fongiques ont intérêt à bien connaître les champignons amers, car un seul<br />

exemplaire peut rendre tout un plat infect; c’est le cas de certains bolets : le chicotin, ou Bolet de fiel,<br />

Tylopilus felleus et de Boletus calopus, le Bolet « à beau pied ».<br />

L’enfant nous suit. Alors on lui explique que le jus de citron est acide, aigre comme l’oseille, les<br />

cerises aigres, les fruits verts ou comme le vinaigre (vin aigre) qui n’est autre que<br />

l’acide acétique. Quelques bolets présentent une chair, sinon acide, du moins<br />

acidulée ; ce sont par exemple Boletus permagnificus, Boletus lupinus, Boletus<br />

luteocupreus, Boletus queletii ; et aussi certaines Russules comme Russula<br />

paludosa, la belle Russule palustre.<br />

C’est le mot latin « acer » qui a donné en Français les mots « aigre »,<br />

« acéré », « âcre ». On voit bien la parenté entre acéré (piquant) et aigre. Un vin qui « pique » est en<br />

train de tourner au vinaigre. C’est moins évident pour le mot « âcre » . Le<br />

dictionnaire le définit comme « très irritant au goût ou à l’odorat, au point<br />

de brûler, de prendre à la gorge ». L’âcreté est ce qui caractérise un grand<br />

nombre de russules. Parmi les plus typiques on trouve notamment Russula<br />

emetica ( = qui fait vomir), Russula urens ( = brûlante), Russula drimeia ( =<br />

âcre, en grec), aussi appelée Russule sardoine, et Russula badia dont le nom<br />

n’est pas révélateur mais qui est néanmoins extrêmement âcre. Acres<br />

également sont la plupart <strong>des</strong> Lactaires blancs dont le type est le Lactaire<br />

poivré, Lactarius piperatus.<br />

Comme on l’a vu, dans la définition de l’âcreté il n’est question ni d’amer,<br />

ni d’acide, mais ces trois mots « aigre », « amer », « âcre » ont un antonyme commun : « doux », et<br />

c’est sans doute ce point commun qui provoque les confusions fréquentes entre ces trois notions :<br />

dans les trois cas on fait la grimace. Un simple exemple montre combien la confusion est courante.<br />

Les savants ouvrages de référence indiquent que Russula fellea, la Russule de fiel, a une saveur âcre.<br />

C’est donc sûrement vrai. Mais dans ce cas le nom, même latin, de l’espèce est pour le moins<br />

approximatif puisque le fiel est précisément symbole d’amertume.


31<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

«aspérité» et qui évoque donc une sensation de rugosité, de ru<strong>des</strong>se,<br />

« cuisante » même selon le dictionnaire, et là encore désagréable et s’opposant<br />

à « doux ». Et pourquoi pas aussi le mot « rêche », plus rare, « âpre au goût »<br />

nous dit le dictionnaire : une poire rêche. Là, nous approchons d’une sensation<br />

bien connue <strong>des</strong> oenologues et <strong>des</strong> mycologues avec Panellus stypticus :<br />

l’astringence, qui nous renvoie aux fruits mal mûrs déjà évoqués, au jus de<br />

citron et à la grimace du début. On voit comme ces sensations sont proches,<br />

mal délimitées au point d’empiéter les unes sur les autres, de se recouvrir<br />

partiellement et même totalement lorsqu’il y a confusion.<br />

Le côté désagréable, point commun de ces mots, fait qu’ils ont tous un sens figuré évoquant un état<br />

déplaisant ou une attitude hostile, agressive : un commentaire acide, la discussion tourne à l’aigre,<br />

une amère déception, une ironie pleine d’âcreté, d’âpres reproches .Arrêtons là, pour ne point<br />

provoquer l’acrimonie d’un lecteur à l’esprit revêche qui pourrait faire remarquer en <strong>des</strong> termes<br />

caustiques, voire acerbes, que ce bavardage insipide ne fera pas avancer la science mycologique. A<br />

moins qu’il n’édulcore son propos pour le rendre moins amer, amarescent comme dit le mycologue,<br />

doux-amer, ou aigre-doux ... et l’on retombe dans la confusion !<br />

Ces quelques remarques qui ne méritent pas le nom de réflexions pourraient tout au plus rappeler<br />

que les perceptions sont plus ou moins subjectives et attirer l’attention sur le fait que, de surcroît, il<br />

est parfois difficile de s’entendre sur les mots.<br />

Christian BELEY.


32<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Le Président se mouille pour nous !<br />

Notre président est toujours à l’heure. La plupart du temps il est même en avance, quitte à appuyer<br />

à fond sur le champignon (mais il n’a jamais pu résister à l’appel du champignon) . Pourtant ce mardi 14<br />

avril, il avait 5 minutes de retard à la réunion mycologique.Vous voulez savoir pourquoi ?<br />

Cet après-midi ils ont eu la visite d’une personnalité qui se croit importante, à la Brigade Verte , alors<br />

ils ont mis les uniformes de gala. Il a fière allure, le président, dans son costume d’apparat ! Ayant<br />

terminé son service, et déjà sur le retour dans sa voiture personnelle, une splendide B.M.W., il ressent<br />

brusquement un impérieux appel de champignons, juste le temps de braquer à droite sur un petit chemin<br />

qu’il connaît bien. On n’est pas aux briga<strong>des</strong> vertes pour rien ! Ce chemin, il l’a déjà pris <strong>des</strong> centaines<br />

de fois, à cheval, en 4-4, et même avec sa voiture personnelle, l’ancienne, une Renault. Un appel<br />

irrésistible, presque une hallucination, tellement il les voit déjà, ses morilles, se détachant sur fond de<br />

terreau, avec une netteté ! un vrai mirage, presque une photo d’Yves Lanceau. Et puis, par ce temps,<br />

(hier encore on était sous la neige) les récoltes sont rares et ce serait bien d’avoir quelques petites<br />

merveilles à montrer à la réunion de ce soir. Un président se doit de montrer l’exemple si on veut que<br />

« tout baigne ».<br />

Sa vision a tant de réalité que pour un peu il n’aurait pas vu la flaque sur le chemin ; une grosse<br />

flaque, à vrai dire ; disons plutôt que le chemin est inondé. Mais ça ne le surprend pas, c’est habituel. Je<br />

vous l’ai dit : <strong>des</strong> centaines de fois, avec la Renault. Allons-y doucement quand-même, pour ne pas salir<br />

la B.M. ...On ne va tout de même pas renoncer si près du but ...<br />

Plouf, plouf. Plus rien. le moteur s’arrête, il ne redémarre plus. Alors dans sa tête ça se met à<br />

carburer, et vite ! Il n’est pas du genre lambin, notre président ; il faut rapidement la pousser sur un<br />

mètre, ça suffira pour sortir du mauvais pas. Oui, mais, avec mon beau costume ...<br />

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il a déjà tombé la veste, enlevé les chaussures, les<br />

chaussettes et, laissant le tout bien au sec sur le siège passager, il a retroussé ses jambes de pantalon<br />

jusqu’aux genoux ... Ouille !!! Son pied a plongé dans l’eau glacée ( il y a encore <strong>des</strong> plaques de neige<br />

ici et là ) c’est comme si on lui sciait la jambe avec une scie de glace. Mais il en faut plus pour le faire<br />

renoncer, le président. Des briga<strong>des</strong>, il en a vu, <strong>des</strong> vertes et <strong>des</strong> pas mûres ! Il remonte un peu plus le<br />

pantalon et héroïquement il plonge l’autre jambe. Même effet. En prime, ça coupe le souffle ! Vite à<br />

l’arrière, pour pousser.<br />

Il s’arc-boute, et fait effort. Alors il entend un drôle de bruit, à intervalles réguliers...on dirait<br />

l’alarme...<br />

C’est elle, mais au lieu de faire bip- bip, ça fait un peu glou-glou ... Après le moteur, c’est le système<br />

électronique qui se noie ; mais la brave B.M., même à l’agonie, assume vaillamment son <strong>des</strong>tin de fidèle<br />

servante. Et soudain : Clic ! Clac ! Elle fait son devoir jusqu’au bout ; la sécurité a fonctionné :<br />

fermeture automatique <strong>des</strong> portes en cas d’agression extérieure !!!<br />

Le hic, c’est que les clefs sont à l’intérieur, avec les chaussures, les chaussettes, la veste, le téléphone,<br />

que le président est pieds nus dans l’eau glacée, avec sa belle chemise, à <strong>des</strong> kilomètres d’une habitation.<br />

Dans sa tête, ça carbure à une vitesse folle, et il est déjà sorti de la mare, et il court, il court ... sur le<br />

chemin empierré! Presque 3,5 km (il a mesuré après).<br />

Je passe sur les détails : deux collègues alertés par téléphone finissent par arriver en 4x4 ; il faut<br />

rentrer dans l’eau, les pieds en sang et, cette fois-ci, plonger aussi les bras pour accrocher le cable de<br />

remorquage (entre temps le niveau de l’eau est monté et le bas de caisse est complètement immergé). Il<br />

faut casser une vitre de portière et, à deux, ils empoignent la troisième (une brigadière, heureusement<br />

qu’elle est mignonne) et l’introduisent dans la B.M. dont elle prend le volant pendant qu’on la tire (la B.<br />

M.) jusque chez le concessionnaire où le mycologue prend connaissance <strong>des</strong> conséquences financières<br />

de l’expédition. On cherche la morille, on trouve la galère et le marasme!<br />

Avec Renault je roule Français - Avec B.M. je rouille salement !<br />

Il ne reste plus qu’à annoncer la nouvelle à son épouse : encore un petit coup de froid en perspective.<br />

Il a même peur que son chalet ne devienne l’Auberge du Tournedos ... aux champignons !<br />

Voilà pourquoi notre président avait 5 minutes de retard à la réunion du 14 Avril. Christian BELEY


33<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

Le patrimoine fongique en<br />

Lorraine.<br />

Par Jean Paul MAURICE, conseiller scientificque régional du patrimoine naturel de Lorraine.<br />

La présente note répond à<br />

plusieurs objectifs :<br />

Le premier est de se mettre<br />

d’accord pour rédiger une<br />

publication commune qui reflète<br />

tous les aspects de la fonge<br />

Lorraine telle qu’elle est<br />

ressentie par tous les mycologues<br />

lorrains. Les rédacteurs<br />

pourraient être <strong>des</strong> animateurs du<br />

comité <strong>des</strong> champignons au sein<br />

du C.S.R.P.N.<br />

Le deuxième objectif est de<br />

mettre à leur juste place les<br />

champignons (le fait que les<br />

experts du Muséum les aient<br />

oubliés dans le tableau<br />

synthétique distribué au cours de<br />

la réunion du C.S.R.P.N. à Metz<br />

est probant à cet égard).<br />

Pour cela, je vais<br />

développer deux arguments :<br />

1) Les scientifiques<br />

pensent que les champignons<br />

constituent un régime autonome<br />

appelé FUNGI, indépendant <strong>des</strong><br />

Végétalia. Cette distinction<br />

systématique majeure doit<br />

aboutir à une reconnaissance <strong>des</strong><br />

champignons dans de<br />

nombreuses étu<strong>des</strong> écosystématiques<br />

servant à<br />

l’élaboration <strong>des</strong> différents types<br />

de protection : ZNIEFF, ENS,<br />

APB mais aussi RBD. réserve<br />

intégrale.<br />

2) Les champignons<br />

représentent en effet une partie<br />

essentielle <strong>des</strong> écosystèmes tant<br />

en terme de biodiversité qu’en<br />

terme de fonctionnalité.<br />

Le rôle <strong>des</strong> champignons<br />

est prépondérant dans les<br />

écosystèmes forestiers, ou les<br />

champignons par leur mode de<br />

nutrition jouent un rôle<br />

déterminant. Ainsi la gestion<br />

courante <strong>des</strong> forêts doit éliminer<br />

ou rendre très rare certaines<br />

espèces saprotrophes,<br />

nécrotrophes ou biotrophes/ Les<br />

champignons se succèdent à<br />

travers <strong>des</strong> mycétations qui ne<br />

s’exprime pas totalement si le<br />

traitement forestier est trop<br />

drastique. La notion de<br />

succession mycorhizienne<br />

parallèle à celle de succession de<br />

peuplement végétal doit émerger<br />

également dans <strong>des</strong> milieux<br />

ouvert (les prés salés, les<br />

tourbières alcalines et aci<strong>des</strong>, les<br />

prés-bois, les haies... )<br />

Nous avons réalisé au sein<br />

du laboratoire de cryptogamie<br />

<strong>des</strong> étu<strong>des</strong> chorologiques qui<br />

nous permettent :<br />

• d’apporter <strong>des</strong> commentaires<br />

taxonomiques mettant en<br />

évidence les espèces les plus<br />

intéressantes, les plus rares et<br />

les espèces “à faire connaître”.<br />

• de développer <strong>des</strong> analyses<br />

écologiques permettant de<br />

mettre en évidence les<br />

caractéristiques écologiques<br />

d’une station et de remarquer<br />

les habitats inhabituels. La<br />

Meuse<br />

Moselle<br />

Meurthe-et-<br />

Moselle<br />

<strong>Vosges</strong><br />

notion de spectre biologique est<br />

apparue dans une étude pilotées<br />

par l’ONF dans le cadre du<br />

réseau RENECOFOR. On peur<br />

apprécier les pourcentages<br />

respectifs de mycorhiziques, de<br />

saprotrophes et de<br />

nécrotrophes.<br />

• de repérer <strong>des</strong> caractéristiques<br />

édaphiques parmi les statuts<br />

d’espèces calciphiles,<br />

calciclines, acidophiles et<br />

acidoclines... et de souligner<br />

l’importance du calcaire actif.<br />

• de tirer <strong>des</strong> conclusions<br />

biogéographiques en appréciant<br />

<strong>des</strong> comportements<br />

thermophiles, hygrophiles,<br />

continentaux, océaniques mais<br />

également altitudinaux, ce qui<br />

peut permettre d’identifier <strong>des</strong><br />

limites d’aire de répartition <strong>des</strong><br />

espèces.<br />

Cette étude chorologique,<br />

réalisée, il faut le rappeler, avec<br />

l’aide de plus de deux cents<br />

mycologues de terrain depuis<br />

près de dix ans, nous a permis<br />

d’avoir <strong>des</strong> convictions<br />

conservatoires.<br />

Ainsi, dans le cas de stations<br />

particulièrement riches en taxons<br />

précieux sur le plan patrimonial,<br />

doit se profiler la nécessité de<br />

création de “ZNIEFF de<br />

deuxième génération” ou d’<br />

”arrêté de protection de biotope”.<br />

Enfin, il nous faudra<br />

dégager <strong>des</strong> aspects<br />

patrimoniaux applicables à la<br />

Lorraine à travers les quelques<br />

sources existantes : liste rouge<br />

de quelques länder allemands, de<br />

la Suède ou de la Hollan<strong>des</strong>. La<br />

plus importante étant la liste<br />

rouge européenne : LRE qui


34<br />

comporte 300 espèces réparties<br />

en quatre groupes.<br />

(COURTECUISSE et DUHEM -<br />

1994). C’est d’ailleurs cette liste<br />

qui a inspiré notre travail.<br />

Le troisième objectif est de<br />

mettre en évidence tous les<br />

problèmes relatifs aux<br />

mycophytes en s’appuyant sur le<br />

travail du MUSEUM : “critères<br />

et espèces utilisés pour le choix<br />

<strong>des</strong> espèces déterminantes”.<br />

a) Critères pré-requis :<br />

• indigénat :<br />

A l’exception d’une espèce,<br />

toutes les espèces présentes en<br />

Lorraine répondent à ce critère.<br />

• “Fidélité” de l’espèce :<br />

Les quelques étu<strong>des</strong> effectuées<br />

en Lorraine ont démontré les<br />

difficultés d’apparition au long<br />

cours <strong>des</strong> champignons avec <strong>des</strong><br />

phénomènes d’éclipses qui font<br />

qu’une espèce peut apparaître<br />

tous les dix ans, par exemple.<br />

• Période d’observation :<br />

Ce critère permet de nuancer le<br />

précèdent puisqu’il faudra<br />

accorder une attention<br />

particulière aux espèces<br />

d’apparition cyclique, ce qui est<br />

presque la règle en mycologie.<br />

• Statut biologique :<br />

C’est un critère prépondérant<br />

pour le règne fongique. Nous<br />

l’avons fait apparaître dans un<br />

champ particulier dans le tableau<br />

d’espèces proposé. Il faudra le<br />

développer au travers du concept<br />

de spectre biologique en<br />

comparant les différents statuts.<br />

b) Critères prépondérants<br />

dans l’identification <strong>des</strong> espèces<br />

déterminantes :<br />

• Rareté régionale :<br />

Nous pouvons y accéder par le<br />

BULLETIN <strong>SMHV</strong> N° 3 - Les Champignons<br />

nombre de stations repéré pour<br />

les espèces proposées à l'échelle<br />

de la Lorraine (cf. étude de B.<br />

DANGIEN).<br />

• Menace au niveau régional<br />

La liste rouge proposée doit<br />

encore être homologuée de façon<br />

collégiale par <strong>des</strong> mycologues<br />

reconnus pour leur compétence<br />

en Lorraine.(La liste que je<br />

confie à la DIREN a été<br />

transmise pour avis à quelques<br />

personnalités mycologiques.)<br />

• Menace au niveau national<br />

ou international :<br />

Il est très difficile d’apprécier ce<br />

paramètre ; il faudra donc<br />

attendre un consensus. Quelques<br />

genres comme HYGROCYBE,<br />

HYDNELLUM, SARCODON,<br />

HERICIUM, LENTINELLUS ou<br />

RAMARIA semblent éligibles.<br />

c) Autres critères utilisés :<br />

• Marginalité écologique :<br />

Elle doit être basée sur <strong>des</strong><br />

statuts qui dépendent <strong>des</strong><br />

Habitats déterminants (cf.<br />

indice CORINE)<br />

• Limite d’aire (géographique et<br />

latitudinale) :<br />

Aire disjointe, endémisme : le<br />

travail de collecte <strong>des</strong> données<br />

est en cours avec <strong>des</strong><br />

publications annuelles issues <strong>des</strong><br />

thèses d’exercices en pharmacie<br />

et quelques articles.<br />

• Effectifs de population :<br />

Ce critère est difficilement<br />

accessible pour le groupe<br />

taxonomique <strong>des</strong> mycophytes<br />

excepté dans les habitats rares<br />

(vieilles forêts, tourbières,<br />

prairies altitudinales non<br />

amendées, par exemple)<br />

• Représentativité régionale<br />

ou européenne :<br />

Pratiquement inaccessible pour<br />

de nombreuses années encore.<br />

• Raréfaction :<br />

Qu’est ce que la raréfaction pour<br />

un champignon si l’on considère<br />

les difficultés d’apprécier à leur<br />

juste valeur <strong>des</strong> poussées<br />

épisodiques liées à la<br />

climatologie ?<br />

Il faut comme pour les<br />

phanérogames ou les Insectes<br />

parler de régression <strong>des</strong> habitats<br />

rares ou peuvent donc émerger<br />

<strong>des</strong> FUNGI rare.<br />

d ) C r i t è r e s<br />

complémentaires :<br />

Les protections régionales,<br />

nationales et internationales en<br />

sont encore à leur balbutiements<br />

et <strong>des</strong> directives et convention<br />

n’existent pas à ce jour.<br />

La liste rouge Lorraine<br />

provisoire (LRL), détenue au<br />

siège <strong>SMHV</strong>, devra donc être<br />

amendé. Elle est issue d’une<br />

banque de données sur ACCESS<br />

97 qui comprend 4100 espèces<br />

parmi lesquelles 300 environ ont<br />

été sélectionnées.<br />

Je crois que cette liste ainsi<br />

structurée avec les champs<br />

définis (si l’on ajoute le nombre<br />

de stations identifiées en<br />

Lorraine pour chaque espèce :<br />

travail du laboratoire de<br />

cryptogamie de la faculté de<br />

NANCY) répond à la<br />

problématique :<br />

Espèces déterminantes<br />

Habitats déterminants.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!