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Les écrits coloniaux sur le burundi et leur impact sur les mentalités

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Murundi comme <strong>le</strong> mensonge, envisagé comme un des beaux arts. Il pourra alors<br />

affirmer dans son anthologie rundi<br />

" La vérité n'est pas un élément dominant dans l'échel<strong>le</strong> des va<strong>le</strong>urs de la société rundi"<br />

(RODEGEM, 1973 : 20). Et que dire de c<strong>et</strong>te mère qui, en l'envoyant chercher de l'eau à<br />

la source, fait c<strong>et</strong>te recommandation à sa fil<strong>le</strong> de 10 ans : Maze ugende wirirwe ku<br />

mugezi n' abahagusanze bagusigeyo ! " (va donc passer la journée à la source, que<br />

même ceux qui y arrivent après toi t'y laissent). Que voilà bien un mensonge !<br />

Le désarroi du missionnaire, pourtant fort averti, vient du fait qu’il reste souvent aux<br />

pieds de la <strong>le</strong>ttre, à la <strong>sur</strong>face du texte, lorsqu'il n’en reste pas à ses préjugés. Ceux-ci<br />

étaient notamment teintés d'un racisme commode assorti au contexte colonial.<br />

Une des idées centra<strong>le</strong>s de la philosophie colonia<strong>le</strong> est en eff<strong>et</strong> cel<strong>le</strong> de la supériorité<br />

racia<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> reflétait un besoin pour <strong>le</strong>s Européens de justifier la domination qu'ils<br />

exerçaient <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s autres peup<strong>le</strong>s. En témoigne <strong>le</strong> zè<strong>le</strong> de nombreux explorateurs,<br />

philosophes <strong>et</strong> défenseurs de la colonisation, tels David Livingstone, Jamoul<strong>le</strong>, Pierre<br />

Ryckmans à démontrer l'inégalité des peup<strong>le</strong>s <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> des groupes dans une même<br />

société. C<strong>et</strong>te théorie assigne aux êtres supérieurs <strong>le</strong> devoir de gouverner <strong>le</strong>s autres <strong>et</strong><br />

de <strong>le</strong>s conduire dans la voie du progrès, <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur accorde même <strong>le</strong> droit de disposer<br />

d'eux.<br />

C<strong>et</strong>te idéologie de différenciation racia<strong>le</strong> soutendait <strong>le</strong>s relations entre Européens <strong>et</strong><br />

Barundi <strong>et</strong> fut appliquée ensuite aux relations entre Barundi eux-mêmes.<br />

<strong>Les</strong> relations entre Européens <strong>et</strong> Barundi se caractérisaient par une discrimination de<br />

ces derniers par <strong>le</strong>s premiers. Ainsi certains lieux étaient inaccessib<strong>le</strong>s aux Barundi.<br />

L'habitat était un signe distinguant <strong>le</strong> colonisateur de l'indigène. <strong>Les</strong> gîtes, <strong>le</strong>s missions,<br />

<strong>le</strong>s quartiers résidentiels étaient de vrais sanctuaires <strong>coloniaux</strong>. Un écart géographique<br />

<strong>et</strong> matériel était recherché pour créer une hiérarchie racia<strong>le</strong>.<br />

Pour marquer c<strong>et</strong>te supériorité du Blanc, on s'ingénia à créer chez <strong>le</strong>s Barundi un<br />

comp<strong>le</strong>xe d'infériorité. <strong>Les</strong> injures, la chicotte <strong>et</strong> toutes sortes d'humiliations étaient des<br />

moyens de casser la fierté du colonisé.<br />

C<strong>et</strong>te " raciologie " (pour employer <strong>le</strong> terme de Jean-Pierre Chrétien) était éga<strong>le</strong>ment<br />

appliquée pour la hiérarchisation racia<strong>le</strong> entre Barundi. On privilégiait <strong>le</strong>s<br />

différenciations supposées d'ordre racial dans <strong>le</strong>s explications socio-politiques du<br />

Burundi, malgré <strong>le</strong> constat d'une réel<strong>le</strong> unité linguistique <strong>et</strong> culturel<strong>le</strong> du pays. Hans<br />

Meyer écrivait.<br />

"En Urundi comme au Rwanda, <strong>le</strong> mélange de la population est plus intéressant que<br />

celui de la flore <strong>et</strong> de la faune. On y trouve trois éléments, tout à fait différents du point<br />

de vue anthropologique <strong>et</strong> culturel, mais qui vivent côte à côte ou plutôt dans un<br />

rapport hiérarchique séparés de façon relativement rigoureuse <strong>et</strong> qui, regroupés de la<br />

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