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Diagnostic territorial du Pays de Maurienne - Région Rhône-Alpes

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<strong>Diagnostic</strong> <strong>territorial</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>


1<br />

AVANT-PROPOS<br />

Ce diagnostic a été élaboré à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux principaux travaux : l’étu<strong>de</strong> « Eléments d’orientations pour<br />

la réalisation <strong>de</strong> la Charte <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> » réalisée par <strong>de</strong>s étudiants <strong>du</strong> Centre d’Etu<strong>de</strong>s<br />

Supérieures d’Aménagement à Tours (Juin 2002) et l’analyse prospective réalisée par le bureau<br />

d’étu<strong>de</strong>s Stratégie Territoriale et Développement (2001-2002).<br />

Il forme la première partie <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> et a servi <strong>de</strong> base <strong>de</strong><br />

connaissance pour l’élaboration <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> partie, la Charte <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>.


I. CARTE D’IDENTITE<br />

DU PAYS DE MAURIENNE


1<br />

Carte n°1 : La <strong>Maurienne</strong> dans son contexte géographique


I.1. Géographie<br />

a. Une vallée alpine<br />

La <strong>Maurienne</strong> est la plus importante <strong>de</strong>s vallées transversales <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> françaises : <strong>Pays</strong> savoyard <strong>de</strong><br />

haute montagne, au relief heurté et au climat ru<strong>de</strong>, son territoire correspond à la vallée <strong>de</strong> l’Arc, longue<br />

<strong>de</strong> 120 km, qui <strong>de</strong>scend <strong>de</strong>puis le col <strong>de</strong> l’Iseran jusqu’à la confluence avec l’Isère, au niveau <strong>de</strong> la<br />

Combe <strong>de</strong> Savoie, entre Albertville et Chambéry.<br />

Affluent rive gauche <strong>de</strong> l’Isère, l’Arc s’est taillé un passage à travers la zone intra-alpine et les massifs<br />

centraux, contournant les secteurs les plus résistants. Ceci explique son tracé en courbe qui lui fait<br />

éviter par le sud le massif <strong>de</strong> la Vanoise et longer la chaîne <strong>de</strong> Belledonne, en se faufilant entre les<br />

massifs <strong>de</strong>s Sept-Laux et <strong>de</strong> la Lauzière.<br />

Cette géomorphologie complexe, propre au milieu montagnard, est à l’origine <strong>de</strong>s nombreux risques<br />

naturels qui contraignent fortement l’occupation <strong>de</strong>s sols <strong>de</strong> la vallée : avalanches, glissements <strong>de</strong><br />

terrains, chutes <strong>de</strong> pierres, crues et inondations sont autant <strong>de</strong> paramètres supplémentaires à prendre en<br />

compte dans le cadre <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong>s projets d’aménagement.<br />

Carte n°2 : Le relief <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

0<br />

I.1.1. Une forte unité géographique…


. L’effet d’abri : une influence majeure sur le climat<br />

Ce relief très cloisonné influe beaucoup sur le climat <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> par l’effet d’abri qu’il procure. A<br />

l’ouest <strong>du</strong> département <strong>de</strong> la Savoie, les chaînes <strong>de</strong> l’Epine, <strong>de</strong>s Bauges et <strong>de</strong> la Chartreuse constituent<br />

<strong>de</strong>s obstacles aux dépressions océaniques, aussi les perturbations arrivent-elles affaiblies en<br />

<strong>Maurienne</strong>.<br />

En revanche, les perturbations méditerranéennes influencent-elles un peu plus fortement le climat <strong>de</strong> la<br />

vallée. Ainsi, à altitu<strong>de</strong> égale, Avrieux en <strong>Maurienne</strong> reçoit 952 millimètres <strong>de</strong> pluie par an, contre<br />

1500 millimètres en Chartreuse.<br />

On repère quelques îlots <strong>de</strong> sécheresse au sein <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, notamment en fond <strong>de</strong> vallée, <strong>de</strong>s<br />

environs <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> jusqu’à Lanslevillard. Le terme <strong>de</strong> « sécheresse » reste<br />

cependant exagéré, car la répartition <strong>de</strong>s précipitations sur l’ensemble <strong>de</strong> l’année évite toute pénurie en<br />

eau importante.<br />

Le climat varie également selon le type <strong>de</strong> versants, en fonction <strong>de</strong> leur exposition :<br />

- les versants adret sont dotés, grâce à l’ensoleillement, d’un climat plutôt chaud et sec, aussi sont-ils<br />

la zone <strong>de</strong> prédilection <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong> l’habitat.<br />

- les versants ubac sont en revanche ombragés et plus humi<strong>de</strong>s, ce qui en fait <strong>de</strong>s lieux propices à<br />

l’extension <strong>de</strong> la forêt, et surtout à l’installation <strong>de</strong> stations <strong>de</strong> sports d’hiver (sur les 24 stations<br />

mauriennaises, seules quatre sont situées sur les versants adret : Saint François-Longchamp, Orelle,<br />

Aussois et Bessans)<br />

c. Une forte présence <strong>de</strong> l’eau<br />

On constate en <strong>Maurienne</strong> une forte présence <strong>de</strong> l’eau : l’Arc et ses affluents, ainsi que les lacs et<br />

étangs, structurent la vallée jusqu’à la confluence avec l’Isère.<br />

La gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>du</strong> réseau <strong>de</strong> torrents, alliée à la morphologie et au climat montagnard, ren<strong>de</strong>nt<br />

importants les risques <strong>de</strong> crues. Aussi l’histoire <strong>de</strong> la vallée a-t-elle été jalonnée <strong>de</strong> catastrophes<br />

causées par les caprices <strong>de</strong> l’Arc et <strong>de</strong> ses affluents. Les Mauriennais ont dû lutter contre les éléments<br />

pour se façonner peu à peu un cadre <strong>de</strong> vie. Certaines crues historiques dévastèrent la <strong>Maurienne</strong>, à tel<br />

point que la vallée tirerait son nom <strong>de</strong> cette caractéristique : « Mau Rieu », la Mauvaise Rivière. . .<br />

Cette présence importante <strong>de</strong> l’eau constitue cependant un atout pour la vallée. Le bassin <strong>de</strong> l’Arc,<br />

cours d’eau à forte dynamique, représente une considérable ressource en eau superficielle. La<br />

construction <strong>de</strong> nombreux ouvrages hydroélectriques, tirant parti <strong>de</strong> cet avantage, a contribué - entre<br />

autres causes - à une très forte artificialisation <strong>de</strong>s milieux aquatiques locaux et <strong>de</strong> leur<br />

fonctionnement.<br />

La <strong>Maurienne</strong> est traditionnellement divisée en trois zones géographiques, qui séparent les<br />

rétrécissements <strong>de</strong> la vallée :<br />

- la Haute-<strong>Maurienne</strong>, qui <strong>de</strong>scend <strong>de</strong>puis les sources <strong>de</strong> l’Arc jusqu’aux environs d’Aussois et <strong>du</strong><br />

Fort <strong>de</strong> l’Esseillon, au nord <strong>de</strong> Modane,<br />

- la Moyenne-<strong>Maurienne</strong>, qui s’étend <strong>de</strong> Modane à Epierre,<br />

1<br />

I.1.2. …même si l’on peut distinguer trois gran<strong>de</strong>s zones


- la Basse-<strong>Maurienne</strong>, qui comprend principalement le canton d’Aiguebelle et qui constitue<br />

l’ouverture <strong>de</strong> la vallée sur le Val Gelon et la Combe <strong>de</strong> Savoie.<br />

Notons cependant que ce découpage géographique est très approximatif. D’abord parce que les limites<br />

entre ces trois zones sont très controversées (la Haute-<strong>Maurienne</strong>, par exemple, s’arrêterait pour<br />

certains plutôt en aval <strong>de</strong> Modane). Ensuite parce que ces distinctions ne tiennent pas compte <strong>de</strong> toutes<br />

les nuances, notamment entre les zones <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée et celles d’altitu<strong>de</strong>.<br />

Ce zonage reste cependant pertinent, étant donné qu’il souligne <strong>de</strong>s caractéristiques très générales<br />

permettant <strong>de</strong> différencier ces trois sections.<br />

Ainsi, la Haute-<strong>Maurienne</strong>, qui possè<strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> moyenne la plus élevée, est dotée d’une activité<br />

économique axée principalement sur le tourisme et l’agriculture.<br />

La Moyenne-<strong>Maurienne</strong> présente <strong>de</strong>s paysages plus variés. On y trouve toujours <strong>de</strong> vastes espaces<br />

montagnards, mais aussi un large fond <strong>de</strong> vallée. Son économie reflète cette variété, elle est axée tout<br />

autant sur le tourisme que sur l’activité in<strong>du</strong>strielle.<br />

Enfin, la Basse-<strong>Maurienne</strong>, à l’altitu<strong>de</strong> moyenne la plus faible et constituant le point <strong>de</strong> transition entre<br />

le milieu montagnard qui caractérise la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> et le milieu <strong>de</strong> la plaine qui caractérise<br />

la Combe <strong>de</strong> Savoie, vit très majoritairement <strong>de</strong> l’activité in<strong>du</strong>strielle.<br />

Territoire frontière avec l’Italie, la <strong>Maurienne</strong>, étant donné sa configuration géographique, est<br />

prédisposée à être une voie <strong>de</strong> passage privilégiée vers ce pays. Elle est la plus longue <strong>de</strong>s vallées<br />

transversales <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> françaises. Sa morphologie fait d’elle un véritable couloir naturel reliant la<br />

France à l’Italie, se frayant un passage entre les sommets <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3000 mètres qui constituent la<br />

frontière naturelle entre les <strong>de</strong>ux pays.<br />

L’annexion temporaire <strong>de</strong> la Savoie au royaume <strong>de</strong> Piémont-Sardaigne témoigne <strong>de</strong> la pertinence<br />

relative qu’il y a à considérer le col <strong>du</strong> Mont-Cenis comme une véritable frontière géographique.<br />

La <strong>Maurienne</strong> a conservé et accentué cette culture <strong>de</strong> passage routier et ferroviaire. D’une part avec la<br />

réalisation récente <strong>de</strong> l’A 43, qui permet <strong>de</strong> gagner rapi<strong>de</strong>ment l’Italie en traversant la vallée jusqu’au<br />

tunnel <strong>du</strong> Fréjus. D’autre part avec le projet <strong>de</strong> liaison ferroviaire Lyon-Turin, qui <strong>de</strong>vrait voir le jour à<br />

l’horizon 2012. La vallée se situe donc au cœur <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s déplacements transfrontaliers via les<br />

cols et tunnels alpins.<br />

Malgré un éloignement certain entre l’amont et l’aval et la gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong>s profils<br />

économiques liée au disparité <strong>de</strong>s reliefs, la vallée <strong>de</strong> l’Arc fait <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> un territoire<br />

d’une forte unité géographique. De plus, la configuration et la position géographique <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong> font d’elle un couloir <strong>de</strong> passage privilégié entre la France et l’Italie.<br />

2<br />

I.1.3. La <strong>Maurienne</strong>, porte <strong>de</strong> l’Italie


I.2. Histoire<br />

Sa géomorphologie, prédisposait la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> à constituer une importante voie <strong>de</strong><br />

communication transalpine. Mais, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s temps reculés, l’homme a su tirer parti <strong>de</strong> cette<br />

particularité naturelle. Aussi, la vocation <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> passage entre la France et l’Italie que la <strong>Maurienne</strong><br />

s’est forgée, est-elle tout autant l’œuvre <strong>de</strong> l’histoire que <strong>de</strong> la nature.<br />

Malheureusement, cette vocation ne fut pas seulement un atout pour la vallée. Elle lui a, il est vrai,<br />

permis <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un lieu privilégié d’échanges commerciaux et culturels entre les <strong>de</strong>ux pays, en temps<br />

<strong>de</strong> paix. Son accessibilité lui a également valu d’être la proie fréquente <strong>de</strong> combats entre les <strong>de</strong>ux pays,<br />

<strong>de</strong> pillages mais aussi <strong>de</strong> la peste, propagée systématiquement lors <strong>de</strong> chaque pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerre.<br />

a. Un lieu privilégié d’échanges franco-italiens<br />

Dès l’Antiquité, la <strong>Maurienne</strong> s’est positionnée comme une voie <strong>de</strong> communication transalpine<br />

privilégiée. La construction d’une voie romaine, franchissant la frontière au niveau <strong>du</strong> col <strong>du</strong> Mont-<br />

Cenis, témoigne <strong>de</strong> l’importance ancienne <strong>du</strong> trafic dans la vallée.<br />

Malgré la belle unité géographique <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, la relative facilité <strong>de</strong>s communications avec<br />

l’Italie amena le diocèse mauriennais à englober, lors <strong>de</strong> sa fondation (au XII ème siècle), les vallées <strong>de</strong><br />

Suse, Lanz et le Briançonnais. Ces liens entre régions limitrophes sont suffisamment forts pour avoir<br />

per<strong>du</strong>ré jusqu’à nos jours, puisque la politique européenne régionale INTERREG touche, entre autres,<br />

les territoires <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> Suse, <strong>Maurienne</strong>, et <strong>du</strong> Haut-Briançonnais !<br />

Entre 1803 et 1812, Napoléon fit aménager une route transfrontalière <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité qui accentua<br />

encore le rôle <strong>de</strong> passage <strong>de</strong> la vallée. En 1810, 2991 voitures <strong>de</strong> voyageurs et 14 037 voitures <strong>de</strong><br />

charge traversaient déjà à l’année le col <strong>du</strong> Mont-Cenis ! Les Autrichiens, qui maîtrisaient une gran<strong>de</strong><br />

partie <strong>du</strong> nord <strong>de</strong> l’Italie, allèrent même jusqu’à construire un fort sur le site <strong>de</strong> l’Esseillon afin <strong>de</strong><br />

parer à une éventuelle attaque française, tant l’accès à la frontière était facilité par la route.<br />

Au XIX ème et au XX ème siècle, le progrès <strong>de</strong>s transports et l’accroissement <strong>de</strong>s échanges européens<br />

conforta encore la vallée dans son rôle <strong>de</strong> « porte transalpine ». Aujourd’hui, la <strong>Maurienne</strong> est, <strong>de</strong>puis<br />

l’acci<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> tunnel <strong>du</strong> Mont Blanc, l’un <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage transfrontaliers où le trafic, tous mo<strong>de</strong>s<br />

confon<strong>du</strong>s, est <strong>de</strong>s plus importants. Il est en forte augmentation au niveau <strong>de</strong> l’A 43 et <strong>du</strong> tunnel <strong>du</strong><br />

Fréjus (en particulier le trafic poids lourds).<br />

Cette qualité <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> passage est un avantage d’autant plus considérable que l’Italie reste l’un <strong>de</strong>s<br />

principaux partenaires commerciaux <strong>de</strong> la France.<br />

b. La qualité <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> passage : une caractéristique à double tranchant<br />

La qualité <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> passage transalpin ne fut pas seulement un atout. Cette caractéristique a valu à la<br />

<strong>Maurienne</strong> d’être au cœur <strong>de</strong> nombreux conflits territoriaux. Jusqu’au XIX ème siècle, la vallée fit les<br />

frais <strong>de</strong> sa position géographique stratégique, enclavée entre <strong>de</strong>ux nations. Elle fut en effet le théâtre <strong>de</strong><br />

nombreux combats, opposant les peuples vivant <strong>de</strong> part et d’autre <strong>du</strong> massif alpin.<br />

Les Francs arrachèrent tout d’abord la <strong>Maurienne</strong> aux mains <strong>de</strong>s Lombards, avant que le Duc <strong>de</strong><br />

Savoie ne parvienne à reconquérir son bien et à la rattacher à l’Italie, au XVI ème siècle. Mêlée à la<br />

3<br />

I.2.1. Une tradition <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> communication


guerre <strong>de</strong> succession d’Autriche, la vallée fut ensuite occupée par les Espagnols <strong>de</strong> 1742 à 1749.<br />

Pillages et saccages sont alors le lot quotidien <strong>de</strong>s Mauriennais.<br />

En 1792, les troupes révolutionnaires françaises libèrent la Savoie, qui choisit l’annexion à la France.<br />

Cependant, l’anticléricalisme radical <strong>de</strong>s révolutionnaires se heurte à une <strong>Maurienne</strong> très pratiquante.<br />

Les autochtones vivent alors très mal la <strong>de</strong>struction d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>du</strong> patrimoine religieux et<br />

montrent <strong>de</strong> la réticence à occuper <strong>de</strong>s postes administratifs, auxquels on les enrôle quasiment <strong>de</strong><br />

force. La Savoie, et par conséquent la <strong>Maurienne</strong>, rejoignent pour un temps encore le royaume <strong>de</strong><br />

Piémont-Sardaigne, mais la vallée <strong>de</strong>vient définitivement française en 1860, lors <strong>de</strong> l’annexion <strong>de</strong> la<br />

Savoie à la France.<br />

C’est ainsi que les Mauriennais, ballottés entre <strong>de</strong>ux nations, vont cesser d’être simplement savoyards.<br />

La <strong>Maurienne</strong> est également victime <strong>de</strong> tous les fléaux indirectement générés par les guerres. Ainsi, à<br />

chaque occupation ou presque, la peste se répand dans toute la vallée et décime la population.<br />

En 1943, c’est son rôle <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> communication lui-même qui est visé. Modane est <strong>de</strong>ux fois<br />

bombardée par l’armée alliée, à cause <strong>de</strong> sa place essentielle dans le trafic commercial vers l’Italie <strong>du</strong><br />

nord.<br />

Sa tradition <strong>de</strong> voie <strong>de</strong> communication ne fut pas toujours un avantage pour la <strong>Maurienne</strong>. Elle lui a<br />

permis, certes, <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir et <strong>de</strong> rester un haut-lieu <strong>de</strong>s échanges internationaux entre la France et<br />

l’Italie et donc <strong>de</strong> s’enrichir, culturellement et financièrement, <strong>de</strong> ce trafic intensif. Mais sa position<br />

intermédiaire entre <strong>de</strong>ux pays fit également d’elle un lieu privilégié pour le déroulement <strong>de</strong> combats<br />

qui les déchirèrent. Il n’en reste pas moins qu’en temps <strong>de</strong> paix, l’accessibilité <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est un<br />

atout fondamental.<br />

a. La <strong>Maurienne</strong>, terre <strong>de</strong>s évêques souverains<br />

Au VII ème siècle, Sainte Thècle, originaire <strong>de</strong> Valloire, rapporte dans la cité <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> les trois<br />

doigts <strong>de</strong> Saint Jean Baptiste. Aussi érige-t-on la cité en évêché, afin <strong>de</strong> la rendre digne <strong>de</strong>s précieuses<br />

reliques. C’est ainsi qu’elle est baptisée <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, et <strong>de</strong>vient véritablement<br />

capitale <strong>de</strong> la vallée. Le diocèse acquiert un prestige historique lorsque Humbert I er , ancêtre <strong>de</strong>s Ducs<br />

<strong>de</strong> Savoie, puis roi d’Italie, est inhumé <strong>de</strong>vant la cathédrale <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

La <strong>Maurienne</strong> féodale voit le transfert quasi-intégral <strong>du</strong> pouvoir temporel vers les détenteurs <strong>du</strong><br />

pouvoir spirituel : les évêques. Deux chartes rédigées au XII ème siècle confèrent un pouvoir sans<br />

partage à l’évêque sur une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la vallée. Au sein <strong>de</strong> ses possessions, il fait frapper sa<br />

propre monnaie, anoblit à son gré, lève ses propres armées et rend seul la justice. Les pouvoirs <strong>de</strong><br />

l’évêque sont si grands, que <strong>de</strong>s jacqueries répétées se pro<strong>du</strong>isent dans toute la vallée, afin <strong>de</strong> renverser<br />

ce personnage omnipotent. Plusieurs traités mettent alors fin à cette pério<strong>de</strong>. Les évêques, déchargés<br />

d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leur pouvoir temporel, se consacrent plus à leur diocèse, notamment aux<br />

créations artistiques.<br />

Malgré ces révoltes, les Mauriennais restent très religieux – relativement aux autres Français – comme<br />

en témoigne leur résistance face à la folie <strong>de</strong>structrice <strong>de</strong>s républicains qui, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la<br />

révolution, abattent les clochers et rebaptisent les communes honorant les saints tels que Saint-Michel.<br />

4<br />

I.2.2. Un catholicisme fervent, source d’une abondante création artistique


. La foi populaire, moteur <strong>de</strong> création <strong>de</strong> chefs-d’œuvre<br />

La foi mauriennaise a généré une gran<strong>de</strong> quantité d’œuvres artistiques religieuses, souvent <strong>de</strong> qualité.<br />

Les évêques <strong>du</strong> XV ème siècle impulsent ce mouvement artistique en faisant <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong>, capitale <strong>du</strong> diocèse, une véritable ville d’art. On leur doit nombre d’ornements <strong>de</strong> la<br />

cathédrale, tels que les voûtes gothiques, le cloître ou la flèche <strong>du</strong> grand clocher.<br />

Au XVII ème et au XVIII ème siècle, l’âge baroque voit l’apogée <strong>de</strong>s créations artistiques en <strong>Maurienne</strong> :<br />

la vallée est fécon<strong>de</strong> en peintres et en sculpteurs. Un peu partout, on agrandit les églises, on les<br />

embellit, on enrichit leur intérieur d’une multitu<strong>de</strong> d’ornements : dorures, colonnes, torsa<strong>de</strong>s, angelots,<br />

tout est mis en œuvre pour glorifier les saints. La <strong>Maurienne</strong>, contrairement aux vallées voisines, est<br />

enrichie <strong>de</strong>s créations <strong>de</strong> ses propres artistes, dont le talent est tel qu’ils s’exportent <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

(certains, même, vers la cour <strong>de</strong> Turin). Les Dufour, Clappier, Rey, Bertrand … sont <strong>de</strong> véritables<br />

dynasties d’artistes qui peignent ou sculptent retables, autels et statues renommées bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la<br />

vallée.<br />

La chapelle Saint Roch, à Jarrier, dédiée au protecteur <strong>de</strong> la peste.<br />

Mais les chefs-d’œuvre les plus poignants sont sans aucun doute ceux créés dans un contexte<br />

d’angoisse populaire. La peste, qui a régulièrement fait <strong>de</strong>s ravages en <strong>Maurienne</strong>, fut le moteur <strong>de</strong> la<br />

création <strong>de</strong> nombreuses chapelles dédiées aux protecteurs contre ce fléau, tels que Saint Roch, Saint<br />

Damien ou Saint Cosme.<br />

Le poids <strong>de</strong> la religion a laissé <strong>de</strong>s traces importantes dans la culture <strong>de</strong> la vallée, notamment à travers<br />

une quantité et une variété impressionnantes <strong>de</strong> patrimoine bâti religieux.<br />

Sa vocation <strong>de</strong> lien privilégié entre la France et l’Italie, tout comme sa tendance à accor<strong>de</strong>r une<br />

place majeure à la religion catholique (dont le patrimoine bâti en est la preuve) ont contribué à<br />

faire <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, au fil <strong>de</strong>s siècles, un territoire à l’i<strong>de</strong>ntité forte.<br />

Cette unité historique et culturelle confirme la cohérence <strong>du</strong> périmètre délimitant le <strong>Pays</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Maurienne</strong>. Elle est également à l’origine d’un patrimoine original, propre à la vallée, qui est un<br />

véritable atout pour son développement touristique.<br />

5


I.3. Organisation <strong>du</strong> territoire et acteurs <strong>du</strong> développement <strong>territorial</strong><br />

La population <strong>du</strong> territoire mauriennais, son économie, s’organisent à travers <strong>de</strong>s territoires<br />

administratifs et fonctionnels multiples qui se superposent parfois, tels les cantons, les bassins <strong>de</strong> vie<br />

mais également les territoires intercommunaux, développés <strong>de</strong>puis la décentralisation et plus<br />

récemment par les lois Chevènement et Voynet.<br />

a. La <strong>Maurienne</strong>, une entité administrative et fonctionnelle<br />

L’arrondissement <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, également bassin d’emploi est subdivisé en 6 cantons et<br />

62 communes (19 communes dont le territoire est exclusivement montagnard, 1 commune <strong>de</strong> plaine, et<br />

42 avec un territoire mixte plaine/montagne).<br />

Les six cantons, organisés autour <strong>de</strong>s chefs-lieux <strong>de</strong> canton <strong>du</strong> même nom, constituent autant <strong>de</strong><br />

bassins <strong>de</strong> vie spécifiques au sein <strong>de</strong>squels la vie quotidienne s’organise.<br />

Il s’agit, en remontant <strong>de</strong> l’aval vers l’amont <strong>de</strong> la vallée, <strong>de</strong>s chefs-lieux <strong>de</strong> canton suivants:<br />

- Aiguebelle (12 communes ; 4 966 habitants ; 17 243 hectares),<br />

- La Chambre (14 communes ; 6 184 habitants ; 18 735 hectares),<br />

- Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, sous-préfecture, (16 communes ; 15.666 habitants ; 35 641 hectares),<br />

- Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> (6 communes ; 5 670 habitants ; 32 150 hectares),<br />

- Modane (7 communes ; 6 547 habitants ; 23 092 hectares),<br />

- Lanslebourg-Mont-Cenis (7 communes, 2 574 habitants, 61 885 hectares).<br />

b. L’Etat et le développement <strong>territorial</strong><br />

La Sous-préfecture <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> est très active dans le développement <strong>territorial</strong>, elle a<br />

même connu la direction <strong>de</strong> « Sous-préfets développeurs » dans les années 80.<br />

La Sous-préfecture dispose en effet <strong>de</strong> plusieurs compétences qui lui permettent d’influer sur la vie<br />

locale.<br />

- Elle examine les dossiers <strong>de</strong>s entreprises en difficulté et soutient ceux qui semblent essentiels à la<br />

<strong>Maurienne</strong>, notamment au niveau <strong>de</strong>s emplois pour l’obtention <strong>du</strong> Fonds National d’Aménagement<br />

et <strong>de</strong> Développement Territorial (FNADT). Ce Fonds a pour l’instant permis <strong>de</strong> préserver<br />

l’entreprise <strong>de</strong> recherche Onera.<br />

- La sous-préfecture est également le relais <strong>de</strong> la Direction Départementale <strong>du</strong> Travail, <strong>de</strong> l’Emploi<br />

et <strong>de</strong> la Formation Professionnelle (DDTEFP). A ce titre, elle examine <strong>de</strong> nombreux dossiers <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> subvention pour les chômeurs qui présentent un projet <strong>de</strong> création d’entreprise.<br />

- Elle rassemble <strong>de</strong> nombreux acteurs socio-professionnels ou élus pour tous les problèmes<br />

économiques et sociaux <strong>du</strong> territoire : la Sous-préfecture est un lieu <strong>de</strong> dialogue.<br />

- Enfin, mais la liste n’est pas exhaustive, la Sous-préfecture appuie les dossiers <strong>de</strong> certains projets<br />

pour leur financement par <strong>de</strong>s fonds européens. A titre d’exemple, le Musée <strong>de</strong>s Hurtières a été<br />

financé en partie par l’objectif 5b.<br />

6<br />

I.3.1. Les territoires administratifs et fonctionnels traditionnels et leurs acteurs


I.3.2. Une intercommunalité dynamique 1<br />

L’organisation <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> se décline sur trois niveaux : celui <strong>de</strong> la commune, celui<br />

<strong>de</strong>s intercommunalités <strong>de</strong> proximité, puis celui <strong>de</strong> la vallée avec le Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>.<br />

a. Les Communautés <strong>de</strong> Communes<br />

Cinq communautés <strong>de</strong> communes présentes sur la vallée couvrent approximativement le<br />

territoire <strong>de</strong>s cantons existants : Aiguebelle avec la communauté Porte <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (11<br />

communes), Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> avec les communautés Cœur <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (6 communes) et <strong>de</strong><br />

l’Arvan (8 communes), Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> avec la communauté <strong>Maurienne</strong> Galibier (6<br />

communes) enfin le canton <strong>de</strong> Lanslebourg-Mont-Cenis avec la communauté Haute-<strong>Maurienne</strong>-<br />

Vanoise (7 communes).<br />

Les <strong>de</strong>ux communautés <strong>de</strong> communes restantes ne comptent seulement que <strong>de</strong>ux communes <strong>du</strong> canton<br />

où elles s’inscrivent. Il s’agit <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> la Vallée <strong>du</strong> Glandon, dans le canton <strong>de</strong> La Chambre, et <strong>de</strong><br />

La Norma dans celui <strong>de</strong> Modane.<br />

Outre les compétences obligatoires d’aménagement <strong>de</strong> l’espace et <strong>de</strong> développement économique<br />

qu’exercent les communautés <strong>de</strong> communes, celles-ci doivent également exercer une compétence<br />

optionnelle. Dans le cas <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, les communes en ont transféré au minimum<br />

trois.<br />

Les compétences les plus prisées sont celles <strong>de</strong> protection-mise en valeur <strong>de</strong> l’environnement (6<br />

communautés <strong>de</strong> communes), voirie-transport (6) et logement-cadre <strong>de</strong> vie (6). On peut citer<br />

également comme autres compétences transférées la gestion <strong>de</strong>s équipements sociaux, culturels et<br />

sportifs (5 communautés <strong>de</strong> communes).<br />

En pratique, la compétence « urbanisme » n’est déléguée au niveau intercommunal que lorsque le<br />

nombre <strong>de</strong> communes adhérentes à la communauté est restreint (2 communes). Au <strong>de</strong>là, chaque<br />

municipalité a tendance à gérer par elle-même ses opérations d’aménagement.<br />

1 Source : Sous-préfecture <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Groupement <strong>de</strong>s collectivités locales d’arrondissement, Saint-Jean-<br />

<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> (2002)<br />

7


Carte n°3 : Les communautés <strong>de</strong> communes en <strong>Maurienne</strong> en mars 2002<br />

8


. Une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> syndicats intercommunaux et mixtes<br />

Quatre syndicats intercommunaux à vocation multiple (S.I.V.O.M.), trois syndicats mixtes (S.M.),<br />

vingt <strong>de</strong>ux syndicats intercommunaux et un syndicat <strong>de</strong> pays sont recensés en <strong>Maurienne</strong>.<br />

On peut remarquer que les cantons <strong>de</strong> La Chambre et <strong>de</strong> Modane, peu couverts par les communautés<br />

<strong>de</strong> communes, disposent comparativement aux autres cantons d’un tissu <strong>de</strong> syndicats important. Il<br />

existe une complémentarité entre les syndicats et les communautés <strong>de</strong> communes. Il est à noter que ces<br />

cantons sont en cours <strong>de</strong> réflexion pour créer <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong> communes.<br />

On peut citer le syndicat intercommunal <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> la Chambre qui exerce les compétences :<br />

- d’étu<strong>de</strong> et réalisation <strong>de</strong>s actions programmées dans le cadre <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> pays,<br />

- d’aménagement hydraulique et mise en valeur <strong>de</strong> la rivière Arc et <strong>de</strong> ses affluents,<br />

- d’équipement et services d’intérêt commun,<br />

- <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte <strong>de</strong>s TV privées.<br />

On peut également citer le syndicat intercommunal à la carte <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> Modane, qui détient les<br />

compétences :<br />

- gestion <strong>de</strong> la piscine, école <strong>de</strong> musique, or<strong>du</strong>res ménagères et déchetterie, morgue funéraire, collège<br />

d’enseignement général <strong>de</strong> la Vanoise, installation appel 18,<br />

- convention ville-habitat, installation 5 et 6 pour TV, actions liées à la reconversion <strong>du</strong> centre et<br />

gestion <strong>de</strong>s réalisations.<br />

Parmi les 29 syndicats intercommunaux, 8 syndicats, n’exerçant qu’une seule compétence, ont été<br />

créés pour répondre à <strong>de</strong>s questions liées à la gestion <strong>de</strong> l’eau (création et gestion d’une station<br />

d’épuration, réalisation <strong>de</strong> travaux d’ad<strong>du</strong>ction d’eau…). 3 syndicats à vocation multiples assument<br />

également la compétence d’assainissement.<br />

9


Carte n°4 : Les structures intercommunales en <strong>Maurienne</strong> en Mars 2002 (hors CdC)<br />

10


c. Le Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

La <strong>Maurienne</strong> possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> longue date une forte tradition <strong>de</strong> coopération intercommunale, qui a<br />

d’abord pris la forme d’une association (loi 1901) : l’Association <strong>de</strong>s Maires <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (AMM)<br />

fondée en 1972. Elle regroupait toutes les communes <strong>de</strong> l’arrondissement hormis quatre (Ran<strong>de</strong>ns,<br />

Notre-Dame-<strong>du</strong>-Cruet, Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Cuines, Le Freney) et travaillait en cinq commissions<br />

(emplois/formation, finances, environnement, communication et tourisme).<br />

L’AMM a initié plusieurs projets :<br />

- la Mission locale jeunes en 1982,<br />

- le Contrat <strong>de</strong> développement Economique <strong>du</strong> bassin en 1991,<br />

- le Contrat <strong>de</strong> Rivière Arc <strong>de</strong>1996 à 2001,<br />

- le Contrat Global <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong>1997 à 2001<br />

- LEADER II.<br />

L’AMM s’est transformée en décembre 2000 en syndicat mixte à la carte. Ce <strong>de</strong>rnier a repris les<br />

compétences exercées par l’AMM, celles <strong>de</strong> trois syndicats d’intérêt communautaire et a pris la<br />

dénomination <strong>de</strong> Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (SPM).<br />

Le SPM a engagé une réflexion avec les acteurs locaux pour l’élaboration d’une charte <strong>de</strong> pays,<br />

précisément les gran<strong>de</strong>s lignes d’effort et les gran<strong>de</strong>s orientations pour l’ensemble <strong>de</strong> la vallée, dans la<br />

perspective <strong>de</strong> la mise en œuvre d’un contrat <strong>de</strong> pays et <strong>de</strong> gestion d’une dynamique <strong>de</strong> développement<br />

<strong>du</strong>rable.<br />

Trois grands défis ont été recensés par le SPM pour le développement <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> à l’horizon<br />

2012 :<br />

• Créer une communauté d’intérêts économique, sociale et environnementale à l’échelle <strong>de</strong> la Vallée<br />

• Prendre sa place dans le massif alpin, en Savoie et en <strong>Rhône</strong>-<strong>Alpes</strong><br />

• Se connecter aux valeurs <strong>du</strong> 21 ème siècle<br />

D’autres acteurs participent et travaillent en collaboration ou en parallèle avec le SPM, dans le même<br />

souci <strong>de</strong> développement <strong>du</strong>rable territoire, en voici quelques uns :<br />

- la Sous-préfecture,<br />

- la Mission Locale Jeunes (1982) créée pour favoriser l’insertion et l’emploi <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> 16 à<br />

25 ans,<br />

- la Société d’Economie Mixte <strong>Maurienne</strong> Expansion (1989) pour le développement économique,<br />

- la Plate-Forme d’Initiative Locale Savoie Initiative <strong>Maurienne</strong>,<br />

- le Comité <strong>de</strong>s Stations <strong>de</strong> sports d’hiver et d’été <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>,<br />

- le Parc National <strong>de</strong> la Vanoise.<br />

Le territoire mauriennais est une entité administrative est fonctionnelle, puisqu’il est à la fois<br />

arrondissement, bassin d’emploi et <strong>Pays</strong>. Cet avantage considérable, qui en fait un territoire<br />

d’action, est relayé à l’échelle <strong>de</strong>s communautés <strong>de</strong> communes. Celles-ci couvrent largement la<br />

<strong>Maurienne</strong>, concrétisant <strong>de</strong>s regroupements d’acteurs. Pourtant, l’intercommunalité n’en est<br />

qu’à ses débuts ; <strong>de</strong> nombreuses communautés <strong>de</strong> communes doivent encore se mettre en place<br />

et les existantes approfondir leur cohésion grâce à la mise en place d’une TPU, par exemple.<br />

11


12<br />

II. LE PAYS DE MAURIENNE,<br />

UN BASSIN DE VIE


II. 1. Démographie<br />

Pour une superficie <strong>de</strong> 187 000 ha, soit 30 % 2 <strong>de</strong> la surface <strong>du</strong> département savoyard, la <strong>Maurienne</strong><br />

ne rassemble que 11,2 % <strong>de</strong> la population <strong>du</strong> département. La <strong>de</strong>nsité moyenne <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>,<br />

22 hab./km 2 , est ainsi inférieure à la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> la Savoie (62 hab./km 2 ).<br />

habitants<br />

13<br />

55000<br />

52500<br />

50000<br />

47500<br />

45000<br />

42500<br />

40000<br />

37500<br />

35000<br />

II.1.1. Une évolution contrastée <strong>de</strong> la population<br />

52547<br />

53000<br />

52000<br />

démographique en <strong>Maurienne</strong><br />

45800 45000<br />

Mouvement d'in<strong>du</strong>strialisation <strong>de</strong><br />

fond <strong>de</strong> vallée<br />

45000<br />

44800<br />

43200<br />

44000<br />

Un siècle<br />

d’évolution<br />

46416<br />

42413<br />

42323<br />

41193<br />

1861 1886 1907 1921 1926 1931 1937 1959 1962 1968 1975 1982 1990 1999<br />

années<br />

Source: INSEE 1999<br />

La courbe <strong>de</strong> population témoigne d’une perte constante d’habitants entre 1886 et 1990, avec<br />

quelques variations <strong>du</strong>es à <strong>de</strong>s grands travaux et <strong>de</strong>s mouvements d’in<strong>du</strong>strialisation.<br />

Depuis 1990, l’évolution démographique <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est <strong>de</strong>venue légèrement positive (+ 0.11 %),<br />

mais son taux reste tout <strong>de</strong> même largement inférieur au taux d’évolution <strong>de</strong> la Savoie (0,77 %). La<br />

<strong>Maurienne</strong> est aujourd’hui peuplée <strong>de</strong> 41.607 habitants, grâce à un sol<strong>de</strong> naturel positif <strong>de</strong> + 0,17 %<br />

(Savoie + 0,38 %), alors que le sol<strong>de</strong> migratoire, <strong>de</strong> - 0,06 % 3 reste négatif.<br />

2 Source : DDE 73 SAU EST, <strong>Maurienne</strong> <strong>Diagnostic</strong> thématique, fév.1998<br />

3 Source : INSEE RGP1999<br />

Grands chantiers E.D.F.<br />

Barrage <strong>du</strong> Mont-Cenis<br />

Tunnel <strong>du</strong> Fréjus<br />

Chantier<br />

Autoroute A43<br />

41607


14<br />

Développement <strong>de</strong> la population par canton 4<br />

Cantons Population<br />

1990 1999<br />

Variation<br />

Taux <strong>de</strong> Variation annuelle<br />

totale Variation<br />

1990-1999 annuelle Sol<strong>de</strong> naturel sol<strong>de</strong> migratoire<br />

(%) (%) (%)<br />

(%)<br />

Aiguebelle 4307 4966 15,3 1,59 -0,16 1,75<br />

La Chambre 5942 6184 4,1 0,44 -0,16 0,61<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

15746 15666 -0,5 -0,06 0,30 -0,36<br />

Saint-Michel-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

5516 5670 2,8 0,31 0,01 0,30<br />

Modane 7255 6547 -9,8 -1,13 0,41 -1,54<br />

Lanslebourg 2427 2547 4,9 0,66 0,38 0,27<br />

<strong>Maurienne</strong> 41193 41607 1,0 0,11 0,17 -0,60<br />

Quatre cantons enregistrent une augmentation <strong>de</strong> la population entre 1990 et 1999, qui est<br />

principalement <strong>du</strong>e à un sol<strong>de</strong> migratoire positif : Aiguebelle, La Chambre, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong> et Lanslebourg/Mont-Cenis.<br />

Le canton <strong>de</strong> La Chambre, par exemple, a un sol<strong>de</strong> naturel légèrement négatif, mais grâce à un sol<strong>de</strong><br />

migratoire relativement élevé (+ 0.61 %), ce canton a gagné <strong>de</strong>s habitants.<br />

Dans le canton d’Aiguebelle, on peut constater une forte augmentation <strong>de</strong> la population (+ 15,3 %) <strong>du</strong>e<br />

en partie à l’installation d’un centre pénitentiaire (seul canton à avoir un taux supérieur à la moyenne<br />

départementale).<br />

Les cantons <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et <strong>de</strong> Modane ont subi une baisse <strong>de</strong> population<br />

respectivement <strong>de</strong> – 0,5 % et – 9.8 %, tous <strong>de</strong>ux en raison d’une migration forte en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur<br />

territoire.<br />

4 Source : INSEE RGP 1982,1990,1999


15<br />

Carte n°5 : Variations <strong>de</strong> population en <strong>Maurienne</strong> entre 1990 et 1999


Entre 1982 et 1990, la plupart <strong>de</strong>s communes supports <strong>de</strong> stations a connu une augmentation <strong>de</strong> la<br />

population, en raison d’une offre conséquente au niveau <strong>du</strong> tourisme et <strong>de</strong>s emplois, et<br />

particulièrement dans le canton <strong>de</strong> Lanslebourg-Mont-Cenis. Quelques communes supports <strong>de</strong> stations<br />

constituent <strong>de</strong>s exceptions par rapport à cette tendance : Modane (restructurations <strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>strie et<br />

perte d’emplois), Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards et Saint-Alban-<strong>de</strong>s-Villards.<br />

Si l’on regar<strong>de</strong> la carte <strong>du</strong> développement <strong>de</strong> la population entre 1990 et 1999, on constate une<br />

croissance dans la plupart <strong>de</strong>s communes supports <strong>de</strong> stations, (16 sur 24 communes). Dans le canton<br />

<strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, toutes les communes possédant <strong>de</strong>s stations gagnent <strong>de</strong>s habitants.<br />

Par ailleurs, trois pôles connaissent une variation forte <strong>de</strong> la population : le premier dans le canton <strong>de</strong><br />

Lanslebourg, avec les communes <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise, le <strong>de</strong>uxième dans les communes<br />

Valmeinier, Valloire et Albiez-Montrond (stations <strong>de</strong> ski) et le troisième en bas <strong>de</strong> la vallée avec<br />

Pontamafrey-Montpascal, Le Châtel et Montvernier.<br />

Dans le même temps, on constate une baisse <strong>de</strong> la population dans les unités urbaines principales<br />

5 . A Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Modane et Saint-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines (avec<br />

La Chambre et Saint-Avre) vivait, en 1999, 51 % <strong>de</strong> la population mauriennaise contre 55 % en 1990.<br />

Cette perte (-4,3% à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, -6,1% à Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, et -14,6% à<br />

Modane) 5 s’explique par la baisse <strong>de</strong>s activités in<strong>du</strong>strielles, la faible attractivité <strong>de</strong>s centres-bourgs, la<br />

qualité insuffisante <strong>de</strong> l’environnement urbain et le poids <strong>de</strong> la fiscalité.<br />

16<br />

Les principales agglomérations et leurs habitants<br />

Commune(s) centre(s) Communes périphériques 1990 1999 %<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> Villargondran 10293 9849 -4,3%<br />

Modane Fourneaux 5328 4550 -14,6%<br />

Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> Saint-Martin-d'Arc 3721 3054 6,3%<br />

Saint-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines, La<br />

Chambre, Saint-Avre<br />

II.1.2. Une répartition inégale<br />

Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Cuines,<br />

Saint-Martin-sur-la-Chambre<br />

3252 3956 -6,1%<br />

Source INSEE RGP 1990 ;1999<br />

Généralement, en <strong>Maurienne</strong>, <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> population sont notables entre la Haute, la<br />

Moyenne et la Basse–<strong>Maurienne</strong>, ainsi qu’entre les villes et le reste <strong>du</strong> territoire. Ces différences<br />

sont directement liées aux disparités <strong>territorial</strong>es en termes d’emplois, <strong>de</strong> services, d’accessibilité, <strong>de</strong><br />

relief, d’équipements, etc.<br />

La <strong>de</strong>nsité est par exemple plus importante en Basse-<strong>Maurienne</strong> et plus faible en Haute-<strong>Maurienne</strong>.<br />

La population se répartit au sein <strong>de</strong>s différentes entités <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> façon très contrastée. D’une<br />

manière générale, la <strong>Maurienne</strong> est une entité peu peuplée avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités inférieures à 10 hab./km²<br />

pour 35 % <strong>de</strong>s communes (22) et inférieures à 40 hab./km² pour les trois quarts <strong>de</strong>s communes (46).<br />

Seuls les pôles urbains, plus peuplés, présentent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités élevées. De même, l’influence <strong>de</strong>s pôles<br />

5 Source : <strong>Diagnostic</strong> <strong>territorial</strong> en vue <strong>de</strong> l’élaboration d’une charte <strong>de</strong> pays <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, 2001 p.13 INSEE


se fait sentir et les communes périphériques ont en général <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités plus importantes que les<br />

communes éloignées <strong>de</strong> ces pôles.<br />

On peut constater <strong>de</strong>s zones très peu peuplées, comme cela est le cas dans le canton <strong>de</strong> Lanslebourg<br />

qui a une <strong>de</strong>nsité moyenne <strong>de</strong> 4.2 hab./km², ou bien encore pour <strong>de</strong> nombreuses zones ayant <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nsités inférieures à 10 hab./km². Ces secteurs sont <strong>de</strong> vastes espaces composés d’alpages, <strong>de</strong> pistes<br />

<strong>de</strong> ski et <strong>de</strong> forêts et sont par conséquent peu peuplés.<br />

17


18<br />

Carte n° 6 : Densité <strong>de</strong> population en <strong>Maurienne</strong> en 1999


II.1.3. Un <strong>de</strong>sserrement <strong>de</strong> la population qui aggrave le phénomène <strong>de</strong><br />

périurbanisation<br />

19<br />

6000<br />

5000<br />

4000<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

0<br />

Aiguebelle<br />

Evolution <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> ménages<br />

La<br />

Chambre<br />

Saint-Jean<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

Saint-<br />

Michel-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

Modane<br />

Lanslebourg<br />

Source : INSEE RGP 1990, 1999<br />

L’augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> ménages (+ 143 par an <strong>de</strong>puis 1990) 5 peut s’expliquer par un<br />

<strong>de</strong>sserrement <strong>de</strong> la population.<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, qui comprend le tiers <strong>de</strong>s ménages mauriennais, connaît la plus forte<br />

progression (+ 46 par an).<br />

L’augmentation <strong>de</strong> la population et <strong>de</strong>s ménages est l’une <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> la péri-urbanisation<br />

autour <strong>de</strong>s bourgs traditionnels. La surface <strong>de</strong> cet espace urbain en fond <strong>de</strong> vallée a cru <strong>de</strong> 54 % en<br />

25 ans (1970-1995), alors que la <strong>de</strong>nsité dans les villes a diminué <strong>de</strong> 42 % sur la même pério<strong>de</strong> 6 .<br />

II.1.4. Une population vieillissante<br />

Depuis 1990, la population a vieilli. Ce phénomène n’est pas particulier à l’arrondissement, mais la<br />

tendance générale constatée en France y est accentuée. La part <strong>de</strong>s moins <strong>de</strong> 20 ans a diminué (25 %<br />

en 1990 contre 23 % en 1999), tandis que celle <strong>de</strong>s plus <strong>de</strong> 60 ans a augmenté (21 % contre 23 %).<br />

Le canton <strong>de</strong> La Chambre est le canton le plus âgé avec 28 % <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60 ans, contrairement à celui<br />

<strong>de</strong> Lanslebourg-Mont-Cenis dont la population est la plus jeune avec 24 % <strong>de</strong> 0-19 ans et seulement 19<br />

% <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60 ans 7 .<br />

5 Source : INSEE, RGP 1999<br />

6<br />

Source : Groupe <strong>territorial</strong> <strong>de</strong> concertation, DTA <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Nord, 2001<br />

7 Source : INSEE RGP 1990, 1999<br />

1990<br />

1999


20<br />

30%<br />

25%<br />

20%<br />

15%<br />

10%<br />

5%<br />

0%<br />

Répartition <strong>de</strong> la population par tranche d’âge<br />

0 à 19 ans 20 à 39<br />

ans<br />

40 à 59<br />

ans<br />

60 à 74<br />

ans<br />

75 ans et<br />

+<br />

Savoie<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

Source : INSEE RGP 1999<br />

En comparant la répartition <strong>de</strong> la population par tranche d’âge <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> avec celle <strong>de</strong> la Savoie,<br />

on constate un déficit pour les tranches d’âge <strong>de</strong> 0 à 39 ans. Ceci correspondant à la migration <strong>de</strong>s<br />

étudiants et jeunes actifs à l’extérieur <strong>de</strong> la vallée.<br />

La <strong>Maurienne</strong> représente 30 % <strong>de</strong> la superficie <strong>de</strong> la Savoie et seulement 11.2 % <strong>de</strong> sa<br />

population (41 607 hab. en 1999). Sa population a diminué <strong>de</strong>puis le milieu <strong>du</strong> XIX ème siècle, et<br />

malgré une population vieillissante, la tendance semble s’inverser <strong>de</strong>puis le recensement <strong>de</strong> 1990.<br />

La répartition <strong>de</strong> la population y est inégale :<br />

- quatre unités urbaines concentrent 51 % <strong>de</strong> la population,<br />

- une <strong>de</strong>nsité moyenne est <strong>de</strong> 22 hab./km² sur l’ensemble <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> contre seulement 4.2<br />

hab./km² en Haute-<strong>Maurienne</strong> Vanoise.<br />

L’augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> ménages (<strong>du</strong>e à un <strong>de</strong>sserrement <strong>de</strong>s familles) accroît, elle, le<br />

phénomène <strong>de</strong> périurbanisation.


II. 2. Urbanisation<br />

a. Un relief très contraignant<br />

La <strong>Maurienne</strong>, territoire <strong>de</strong> haute montagne, se caractérise par un relief particulièrement<br />

heurté. Cette vallée est marquée par son encaissement, <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> dénivelé fort qui existe entre le fond<br />

<strong>de</strong> vallée et les sommets qui le bor<strong>de</strong>nt, sommets qui culminent parfois à plus <strong>de</strong> 3000 mètres<br />

d’altitu<strong>de</strong>.<br />

De ce fait, mis à part les espaces <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée qui se caractérisent plutôt par une géomorphologie<br />

« <strong>de</strong> plaine », la majeure partie <strong>du</strong> territoire mauriennais est marquée par <strong>de</strong> fortes pentes. Ce sol pentu<br />

est la contrainte première et majeure <strong>de</strong> l’occupation <strong>du</strong> sol : il rend la construction et la culture<br />

difficiles, voire impossibles par endroits.<br />

Cela explique en partie la variété <strong>de</strong>s types d’occupation <strong>de</strong>s sols entre le fond <strong>de</strong> vallée et les sites<br />

d’altitu<strong>de</strong> :<br />

- le terrain « plat » <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée est plus propice aux constructions et à la pratique agricole,<br />

permettant une urbanisation importante ;<br />

- les sols d’altitu<strong>de</strong>, souvent pentus, ne permettent les constructions que par endroits, et sont<br />

plus contraignants quant à l’activité humaine : aussi l’occupation <strong>du</strong> sol est-elle moins <strong>de</strong>nse.<br />

Si cette géomorphologie particulière constitue en elle-même une forte contrainte à l’occupation <strong>de</strong>s<br />

sols, les risques naturels qu’elle engendre représentent une gêne encore plus gran<strong>de</strong>.<br />

b. Le risque naturel, facteur limitant <strong>de</strong> l’urbanisation<br />

L’occupation humaine s’est faite <strong>de</strong> tous temps en fonction <strong>de</strong>s contraintes naturelles : l’homme a dû<br />

s’adapter aux caprices <strong>de</strong> la nature.<br />

Jusqu’au dixième millénaire avant notre ère, il était hors <strong>de</strong> question <strong>de</strong> s’installer dans la vallée car les<br />

glaciers wurmiens n’avaient pas achevé leur œuvre ; la végétation elle-même ne peuplait pas encore la<br />

<strong>Maurienne</strong>.<br />

Le réchauffement climatique a permis la colonisation <strong>du</strong> fond <strong>de</strong> la vallée par les feuillus, le bas <strong>de</strong><br />

pente par les conifères, et à <strong>de</strong>s limites plus hautes qu’aujourd’hui, par <strong>de</strong>s pelouses alpines. L’homme<br />

a donc, petit à petit, défriché et colonisé la <strong>Maurienne</strong>, principalement au niveau <strong>du</strong> versant<br />

adret, plus ensoleillé. Basses pentes, coteaux et replats en adret furent ainsi les lieux les plus<br />

rapi<strong>de</strong>ment occupés.<br />

L’avancement <strong>de</strong>s techniques a ensuite permis à l’homme <strong>de</strong> s’approprier d’autres espaces, tels que le<br />

fond <strong>de</strong> vallée, qui n’était jadis qu’une basse plaine marécageuse. Dès le XV ème siècle, on a entrepris à<br />

quelques emplacements l’endiguement <strong>de</strong> l’Arc, mais ses nombreuses crues empêchaient encore toute<br />

installation sûre et définitive.<br />

21<br />

II.2.1. Une urbanisation fortement contrainte


Peu à peu, l’habitat s’est dispersé, au gré <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> la construction et <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication.<br />

La maison principale, <strong>de</strong> dimension importante, se trouvait dans le chef-lieu ou dans un hameau voisin,<br />

sur les replats d’altitu<strong>de</strong> moyenne. Elle servait à passer l’hiver, tandis que les chalets d’alpage, plus<br />

rudimentaires, permettaient <strong>de</strong> surveiller les troupeaux l’été.<br />

La ru<strong>de</strong>sse <strong>du</strong> climat et les caprices <strong>du</strong> milieu naturel ont obligé les Mauriennais à innover en matière<br />

<strong>de</strong> techniques <strong>de</strong> construction : charpentes et murs indépendants pour faire face aux glissements <strong>de</strong><br />

terrain sur <strong>de</strong>s communes comme Jarrier et Montvernier, maisons enterrées avec pare-avalanches en<br />

pierre en Haute-<strong>Maurienne</strong>.<br />

L’homme a donc tout mis en œuvre pour repousser les limites naturelles possibles à l’habitat dans ces<br />

milieux hostiles. L’amélioration <strong>du</strong> confort et <strong>de</strong> la solidité <strong>de</strong>s maisons, ainsi que la persévérance <strong>du</strong><br />

savoyard, a ren<strong>du</strong> possible un habitat permanent sur <strong>de</strong>s villages d’altitu<strong>de</strong> comme à l’Ecot à<br />

Bonneval-sur-Arc, situé à 2027 m.<br />

Aux XIX ème et XX ème siècles, l’Arc fut complètement endigué, permettant le colmatage <strong>de</strong> la vallée, ce<br />

qui eut pour effet <strong>de</strong> transformer les terrains insalubres en riches terres agricoles. Pour contrecarrer les<br />

éventuels envahisseurs, les militaires construisirent à <strong>de</strong>s endroits souvent impensables, réussissant à<br />

vaincre un relief difficile, comme ce fut le cas pour les forts <strong>de</strong> l’Esseillon.<br />

L’amélioration <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication et l’apparition <strong>de</strong> la voiture ont encore contribué à la<br />

dispersion <strong>de</strong> l’habitat.<br />

Début XX ème , on découvre le tourisme <strong>de</strong> montagne, notamment grâce au Club Alpin Français. Il faut<br />

construire, toujours plus haut, hôtels et chalets-refuges. La <strong>de</strong>uxième moitié <strong>de</strong> ce siècle connaît un<br />

autre événement : l’essor <strong>du</strong> tourisme <strong>de</strong> masse, qui oblige à construire en quantité sur <strong>de</strong>s terrains, que<br />

le progrès et les connaissances permettent <strong>de</strong> sécuriser.<br />

L’homme a, <strong>de</strong>puis toujours, essayé <strong>de</strong> dompter la nature afin <strong>de</strong> coloniser le plus d’espaces possible.<br />

Mais il n’a jamais réussi à maîtriser totalement la nature. Les innombrables crues <strong>de</strong> l’Arc ont causé <strong>de</strong><br />

sérieux dommages aux habitations <strong>du</strong> fond <strong>de</strong> la vallée, tandis que celles qui colonisaient les pentes<br />

subissaient glissements <strong>de</strong> terrains ou éboulements. Mais le risque principal reste la neige. Sur tout le<br />

territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, les couloirs d’avalanches, connus <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles, contraignent l’espace<br />

et son utilisation.<br />

Le risque naturel est donc en <strong>Maurienne</strong> l’un <strong>de</strong>s principaux facteurs limitants <strong>de</strong> l’occupation<br />

humaine et <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong> son habitat. Aujourd’hui encore, même si l’on maîtrise <strong>de</strong> plus en plus<br />

les techniques permettant <strong>de</strong> limiter ces risques ou <strong>de</strong> sécuriser certaines zones, on ne peut pas<br />

construire n’importe où.<br />

Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) interdisent l’urbanisation <strong>de</strong> zones présentant <strong>de</strong> trop forts<br />

risques : les Plans <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s Risques Naturels (PPRN), qui recensent et déterminent l’ampleur<br />

<strong>de</strong>s risques naturels au sein <strong>de</strong> chaque commune, doivent être pris en compte dans l’élaboration <strong>de</strong>s<br />

PLU.<br />

80 % <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> sont soumises à au moins un risque naturel (avalanche, inondation<br />

et glissement <strong>de</strong> terrain). Certaines, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> leur situation, n’ont plus, ou presque, eu d’espaces à<br />

urbaniser comme Bonneval-sur-Arc, dont le territoire est très contraint par les inondations <strong>de</strong> l’Arc, les<br />

avalanches et les glissements <strong>de</strong> terrain.<br />

22


c. Les espaces naturels <strong>de</strong>s zones préservées <strong>de</strong> l’urbanisation<br />

L’urbanisation n’est pas seulement contrainte par le relief et les risques naturels. Afin <strong>de</strong> préserver la<br />

richesse et la diversité <strong>de</strong>s milieux naturels, une part importante <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est protégée par <strong>de</strong>s<br />

mesures réglementaires 8 .<br />

25 % <strong>du</strong> territoire est ainsi protégé <strong>de</strong> toute nouvelle urbanisation (site classé, forêt <strong>de</strong> protection, …).<br />

Seules la réhabilitation ou la restauration <strong>de</strong>s bâtiments existants, selon <strong>de</strong>s règles établies, peuvent<br />

être autorisées.<br />

D’autres mesures contraignent les constructions (comme les servitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> champs <strong>de</strong> tir ou <strong>du</strong><br />

domaine skiable) représentant 15.2 % <strong>de</strong> la superficie <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Au total, plus <strong>de</strong> 40 % <strong>du</strong> territoire ne peut plus faire l’objet <strong>de</strong> nouvelles constructions. Il faut<br />

cependant préciser que ces zones se trouvent à <strong>de</strong>s endroits non forcément urbanisables. Ces mesures<br />

<strong>de</strong> protection englobent déjà <strong>de</strong>s zones non constructibles <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> plusieurs facteurs : le relief (ex :<br />

Perron <strong>de</strong>s Encombres), l’altitu<strong>de</strong> (ex : glaciers <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise), la pente et les risques<br />

naturels (ex : forêt <strong>de</strong> protection), etc.<br />

Les sites Natura 2000 feront aussi l’objet d’une attention particulière pour limiter toute urbanisation<br />

« anarchique » et <strong>de</strong> grands projets. Toutefois les zones <strong>du</strong> réseau Natura 2000 se trouvent pour<br />

l’immense majorité sur <strong>de</strong>s territoires déjà réglementairement protégés (Parc National <strong>de</strong> la Vanoise,<br />

site classé <strong>du</strong> Mont Thabor).<br />

La nature impose ses contraintes à l’homme qui doit dès lors composer avec elles lorsqu’il aménage<br />

son territoire. Mais d’autres paramètres, tels que <strong>de</strong>s événements historiques ou économiques, sont<br />

autant <strong>de</strong> facteurs qui, eux aussi, déterminent l’organisation d’un territoire.<br />

a. Un fond <strong>de</strong> vallée saturé<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, territoire transfrontalier, est un axe <strong>de</strong> passage international <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s<br />

temps immémoriaux ; cette tradition historique, qui remonte à l’Antiquité, a été en gran<strong>de</strong> partie à<br />

l’origine <strong>du</strong> développement fort <strong>de</strong> la vallée.<br />

En outre, l’endiguement progressif <strong>de</strong> l’Arc, laissant apparaître <strong>de</strong>s terres fertiles en fond <strong>de</strong> vallée, a<br />

permis la conquête plus importante <strong>de</strong> ce territoire par l’homme.<br />

Pour ces raisons historiques, s’est développée une forme d’urbanisation le long <strong>de</strong> cet axe <strong>de</strong><br />

communication et <strong>de</strong> cette ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre <strong>de</strong>venue cultivable.<br />

Plusieurs voies <strong>de</strong> communication sillonnent aujourd’hui le fond <strong>de</strong> vallée, renforcent sa tradition <strong>de</strong><br />

voie <strong>de</strong> passage : la RN6, l’A43, la ligne SNCF, la rivière Arc. A ces terres, autrefois sources <strong>de</strong><br />

richesse car cultivables, se sont substituées <strong>de</strong>s infrastructures humaines ; le fond <strong>de</strong> vallée étant<br />

relativement étroit, est aujourd’hui saturé, très peu d’espace restant disponibles.<br />

8 Cf. partie environnement<br />

23<br />

II.2.2. Les facteurs humains dans les choix d’implantation


La loi Barnier <strong>du</strong> 02 février 1995, dite <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l’environnement, a intro<strong>du</strong>it<br />

la notion d’inconstructibilité <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong>s axes routiers : 75 m pour les routes nationales et 100<br />

m pour les autoroutes, et ce pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> confort <strong>de</strong>s habitants (bruits, poussières).<br />

Cette loi contraint donc encore plus l’urbanisation en fond <strong>de</strong> vallée, <strong>de</strong>venue impossible sur <strong>de</strong><br />

nombreux secteurs.<br />

Un autre phénomène à la fois historique et économique a marqué la vallée, celui <strong>de</strong><br />

l’in<strong>du</strong>strialisation. Au XIX ème , la <strong>Maurienne</strong> a occupé une place importante dans la révolution<br />

in<strong>du</strong>strielle grâce à son potentiel hydroélectrique. L’installation <strong>de</strong> grands complexes s’est faite,<br />

logiquement, dans <strong>de</strong>s zones planes disposant d’assez d’espace, essentiellement dans le fond <strong>de</strong> vallée.<br />

La <strong>Maurienne</strong>, « vallée <strong>de</strong> l’aluminium », a longtemps gardé les stigmates <strong>de</strong> la restructuration <strong>de</strong>s<br />

in<strong>du</strong>stries lour<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> leurs bâtiments. Le chantier <strong>de</strong> l’A43 a contribué à refermer quelques plaies<br />

(friches in<strong>du</strong>strielles). Cinq pôles in<strong>du</strong>striels subsistent aujourd’hui.<br />

Sur ces pôles in<strong>du</strong>striels, six entreprises relèvent <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> la directive SEVESO et ainsi<br />

contraignent davantage encore l’urbanisation.<br />

b. Les sites d’altitu<strong>de</strong> : saturés ou menacés <strong>de</strong> désertification.<br />

La répartition <strong>de</strong> la population dans les sites d’altitu<strong>de</strong> est elle aussi très largement déterminée par <strong>de</strong>s<br />

facteurs historiques et économiques, et non seulement par <strong>de</strong>s facteurs naturels.<br />

Les sites d’altitu<strong>de</strong>, très peuplés jusqu’à la révolution in<strong>du</strong>strielle, ont vu une émigration<br />

progressive <strong>de</strong> leur population vers le fond <strong>de</strong> vallée. L’in<strong>du</strong>strialisation forte a été accompagnée<br />

d’une déprise agricole et donc d’un exo<strong>de</strong> rural, auquel la <strong>Maurienne</strong> n’a pas échappé. Les<br />

Mauriennais <strong>de</strong>s sites d’altitu<strong>de</strong> sont « <strong>de</strong>scen<strong>du</strong>s » afin <strong>de</strong> se reconvertir dans le secteur secondaire,<br />

pourvoyeur <strong>de</strong> revenus plus conséquents, et moins aléatoires que l’activité agricole.<br />

Cependant, au XX ème siècle la <strong>Maurienne</strong> a connu l’explosion <strong>du</strong> secteur touristique,<br />

spécialement <strong>du</strong> tourisme hivernal : elle a alors connu la reconquête <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses sites<br />

d’altitu<strong>de</strong>, les plus propices à la pratique <strong>de</strong>s sports d’hiver. Aujourd’hui, le tourisme est l’un <strong>de</strong>s<br />

secteurs économiques phare <strong>du</strong> territoire. En corollaire se développe dans les stations d’altitu<strong>de</strong><br />

l’urbanisation. Néanmoins, cette <strong>de</strong>rnière est contrainte à la fois par <strong>de</strong> nombreux risques naturels<br />

(avalanches, etc. ) et par <strong>de</strong> vastes espaces protégés. Mais ces stations souffrent également, pour la<br />

plupart, d’une certaine saturation.<br />

La reconquête <strong>de</strong>s sites d’altitu<strong>de</strong> a néanmoins été partiale. Les communes ne permettant pas le<br />

développement <strong>de</strong>s sports d’hiver, conservent une activité majoritairement agricole et sont menacées<br />

<strong>de</strong> désertification. Leur configuration naturelle pourrait être parfois favorable à un développement <strong>de</strong>s<br />

constructions, mais l’environnement économique (absence d’activité in<strong>du</strong>strielle ou touristique) n’a<br />

pas entraîné leur développement.<br />

Le facteur historico-économique a ainsi été prépondérant dans la répartition <strong>de</strong> la population en<br />

altitu<strong>de</strong>. Cette <strong>de</strong>rnière se concentre principalement autour <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver,<br />

accompagnant les besoins d’activités économiques liées au tourisme. Ces stations souffrent d’une<br />

saturation au niveau <strong>de</strong> l’urbanisation. Paradoxalement, d’autres sites d’altitu<strong>de</strong>, ne permettant que la<br />

pratique <strong>de</strong> l’agriculture, offrent parfois moins <strong>de</strong> contraintes naturelles à l’urbanisation ... mais sont<br />

menacés <strong>de</strong> désertification. Cette contradiction montre l’importance <strong>de</strong>s facteurs humains dans la<br />

structuration d’un territoire.<br />

24


II.2.3. les documents d’urbanisme : concilier contraintes naturelles et facteurs<br />

humains<br />

L’urbanisation en montagne s’est principalement développée en fonction <strong>de</strong>s contraintes naturelles<br />

(relief et risques) auxquelles sont venues se joindre celles que l’homme impose (espaces naturels<br />

protégés, risques technologiques). Les documents d’urbanisme visent à concilier au mieux ces<br />

paramètres déterminant la répartition <strong>de</strong> la population.<br />

Jusqu’à une pério<strong>de</strong> récente, malgré les contraintes naturelles, les hommes ont construit sans se soucier<br />

<strong>de</strong>s générations suivantes, là où cela était le plus facile, le moins coûteux ou encore le plus agréable.<br />

Les habitations ont fleuri, mitant peu à peu l’espace.<br />

L’essor <strong>de</strong>s sports d’hiver marque une nouvelle ère dans la construction : il faut construire vite,<br />

toujours plus, dans <strong>de</strong>s espaces vierges et propices au ski. Cette urbanisation souvent anarchique<br />

perturbe fortement les marchés fonciers souvent au détriment <strong>de</strong>s activités agricoles.<br />

Les montagnards se sont vite ren<strong>du</strong> compte que la montagne « était attaquée <strong>de</strong> toutes parts ». Le<br />

législateur a ensuite pris une série <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong>stinées à encadrer les constructions nouvelles.<br />

La Loi d’Orientation Foncière <strong>de</strong> 1967, l’instauration <strong>de</strong>s Plans d’Occupation <strong>de</strong>s Sols (POS) et <strong>de</strong>s<br />

Schémas Directeurs (SD), <strong>de</strong>venus respectivement Plan Local d’Urbanisme et Schéma <strong>de</strong> COhérence<br />

Territoriale par la loi Solidarité et Renouvellement Urbain <strong>du</strong> 13 décembre 2000 permettent aux<br />

communes <strong>de</strong> planifier leur extension.<br />

Des règles d’urbanisme spécifiques à la montagne ont également été développées dans la directive<br />

d’aménagement nationale relative à la protection et à l’aménagement <strong>de</strong> la montagne approuvée par le<br />

décret n° 77-1281 <strong>du</strong> 22 novembre 1977.<br />

Celles-ci ont été confirmées et renforcées par la loi montagne n°85-30 <strong>du</strong> 9 janvier 1985 relative au<br />

développement et à la protection <strong>de</strong> la montagne 9 .<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> ces dispositions, la procé<strong>du</strong>re dite Unité Touristique Nouvelle (UTN) instituée dès<br />

1977 pour encadrer l’ aménagement touristique occupe une place particulièrement importante.<br />

Dès 1983, la protection <strong>de</strong> l’homme contre les risques naturels a fait l’objet <strong>de</strong> nombreux zonages. Les<br />

Plans d’Exposition aux Risques remplacés par les Plans <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s Risques en 1995 permettent<br />

<strong>de</strong> contrôler l’urbanisation.<br />

a. La loi montagne <strong>de</strong> 1985 et l’élaboration <strong>de</strong>s POS<br />

Cette loi a imposé les mesures suivantes : maintien <strong>du</strong> développement <strong>de</strong>s activités agricoles,<br />

construction en continuité <strong>de</strong>s hameaux existants, urbanisation interdite (sauf cas particulier) sur les<br />

rives <strong>de</strong>s plans d’eau, hameau nouveau intégré à l’environnement . . .<br />

Son application a bouleversé l’urbanisation en montagne.<br />

Selon l’enquête « Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> », les avis <strong>de</strong>s maires sont partagés sur son<br />

application : 26 % <strong>de</strong>s édiles y sont favorables et voient en la loi montagne un outil cohérent<br />

d’organisation et <strong>de</strong> gestion <strong>du</strong> territoire : « favorable pour éviter le mitage », « meilleure gestion <strong>de</strong>s<br />

espaces naturels et agricoles », « reconnaît les caractères spécifiques <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> montagne », 13 % y<br />

sont totalement opposés parce qu’ils la trouvent « un peu trop restrictive sur la reconstruction <strong>de</strong>s<br />

chalets d’alpage », « trop stricte », . . .<br />

9 Cf. référentiel sur les lois relatives à la montagne<br />

25


. La procé<strong>du</strong>re Unité Touristique Nouvelle<br />

La procé<strong>du</strong>re UTN façonne, <strong>de</strong>puis 1977 malgré quelques changements, la vie <strong>de</strong> la montagne pour les<br />

nouvelles constructions, extensions et renforcements <strong>de</strong>s remontées mécaniques.<br />

La procé<strong>du</strong>re se décompose en quatre catégories :<br />

- UTN en site vierge<br />

- UTN en discontinuité<br />

- UTN avec plus <strong>de</strong> 8000 m² <strong>de</strong> SHON 10<br />

- UTN portant extension ou renforcement significatif <strong>de</strong>s remontées mécaniques selon <strong>de</strong>s seuils<br />

financiers fixés par décret (actuellement 4 millions d’euros, soit 26 millions <strong>de</strong> francs)<br />

La plupart <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> ont fait l’objet d’une ou plusieurs UTN.<br />

Plusieurs conditions sont nécessaires pour la recevabilité <strong>du</strong> dossier. La procé<strong>du</strong>re UTN a pour objectif<br />

d’apporter <strong>de</strong>s garanties tant au niveau financier (rentabilité <strong>de</strong> la future station) qu’au niveau<br />

environnemental (mesures compensatoires).<br />

Certaines stations sont nées en suivant cette procé<strong>du</strong>re qui passe outre les prescriptions <strong>de</strong> la loi<br />

montagne telle la construction en site vierge ou en discontinuité <strong>de</strong> l’existant. (ex : Le Corbier).<br />

Plusieurs procé<strong>du</strong>res sont aujourd’hui en cours : Montricher-Albanne (20 000 m² <strong>de</strong> SHON),<br />

Lanslebourg Val-Cenis ( 15 000 m² <strong>de</strong> SHON), Valmeinier et dans l’Arvan-Villards.<br />

La procé<strong>du</strong>re UTN <strong>de</strong> Lanslebourg a été validée pour un total <strong>de</strong> 25 000 m² <strong>de</strong> SHON, construit par<br />

un important promoteur, le Club Méditerranée.<br />

Les nouveaux projets (ceux supérieurs à 8000 m² <strong>de</strong> SHON) sont nombreux. En effet, les installations<br />

<strong>de</strong> remontées mécaniques vieillissent et doivent être remplacées, ce qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> forts<br />

investissements qu’il faut amortir en forfaits <strong>de</strong> ski, et donc par la construction <strong>de</strong> lits neufs.<br />

c. Les Plans <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s Risques (PPR)<br />

En raison <strong>de</strong>s nombreux risques existants, différentes mesures ont été prises <strong>de</strong>puis 1983 afin <strong>de</strong><br />

sécuriser les zones habitées. La mise en place <strong>de</strong> dispositifs pour empêcher les risques ne décourageant<br />

pas les constructeurs. Les Plans <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s Risques Naturels sont <strong>de</strong>s zonages effectués après<br />

avis d’experts et <strong>de</strong>s administrations compétentes permettant <strong>de</strong> visualiser précisément les risques et<br />

leur <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> dangerosité.<br />

La plupart <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> sont vouées à plus ou moins long terme à avoir leur PPRN :<br />

quelques-uns sont déjà approuvés, mais la plupart sont en cours d’élaboration. Suite à l’approbation<br />

d’un PPR, diverses prescriptions ou recommandations orientent les futures <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> permis <strong>de</strong><br />

construire. A titre d’exemple recommandation <strong>du</strong> type « absence <strong>de</strong> plancher habitable dans le premier<br />

mètre ».<br />

Les PPRN prévoient également l’information <strong>de</strong> la population, la surveillance et l’entretien <strong>de</strong>s<br />

ouvrages <strong>de</strong> protection, la préparation <strong>de</strong>s mesures d’assistance.<br />

Des constructions existent néanmoins dans <strong>de</strong>s zones aujourd’hui déclarées dangereuses (inondations ,<br />

risques in<strong>du</strong>striels) <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> leur exposition aux risques.<br />

Les PPR n’ont d’influence que sur l’urbanisation future et non sur celle préexistante.<br />

Après la catastrophe <strong>de</strong> Toulouse, le risque in<strong>du</strong>striel est soumis à <strong>de</strong>s mesures juridiques plus strictes<br />

dans le cadre <strong>de</strong>s futurs PPRI. En <strong>Maurienne</strong>, six sites font l’objet <strong>de</strong> règles <strong>de</strong> constructibilité limitée<br />

10 Surface Hors Œuvre Nette<br />

26


en application <strong>de</strong> l’article L.111. 12 <strong>du</strong> co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme lié à l’existence d’un risque SEVESO 2 :<br />

Atofina, Blue System, Pack system à la Chambre, Atofina à Epierre, Air pro<strong>du</strong>ct à Aiguebelle et<br />

Péchiney à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Ainsi, le projet <strong>de</strong> lotissement communal prévu à Saint-Avre, situé dans la zone Z2 <strong>de</strong> l’usine Atofina,<br />

n’a vu son acceptation qu’à la condition que chaque logement soit pourvu d’une pièce <strong>de</strong> confinement,<br />

permettant aux habitants une protection en cas d’un dégagement <strong>de</strong> fumées toxiques suite à un<br />

acci<strong>de</strong>nt survenu sur le site.<br />

d. Les Plans Locaux d’Urbanisme, successeurs <strong>de</strong>s Plans d’Occupation <strong>de</strong>s Sols<br />

Les PLU institués par la loi SRU <strong>du</strong> 13 décembre 2000, viennent <strong>de</strong>puis le 01 janvier 2002<br />

remplacé les POS. Les PLU reprennent les orientations <strong>de</strong>s PPRN, <strong>de</strong>s futurs PPRI, et <strong>de</strong> la loi<br />

montagne.<br />

Dès le milieu <strong>de</strong>s années 80, la loi Montagne a obligé les communes à se munir d’un POS afin <strong>de</strong><br />

mieux maîtriser les constructions liées au développement <strong>du</strong> tourisme. La mise en œuvre d’une<br />

procé<strong>du</strong>re UTN permettant l’urbanisation d’un site touristique n’était autorisée que si la commune était<br />

dotées d’un POS. Cela explique que les documents d’urbanisme couvrent largement la Savoie.<br />

Une limite est apparue dans la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> POS suite à la loi montagne, « le mal » étant déjà fait, la<br />

loi montagne, qui oblige à la construction en continuité, a été adoptée après une forte pério<strong>de</strong><br />

d’urbanisation. Des maisons isolées se sont vues intégrés par <strong>de</strong> nouvelles constructions, dans <strong>de</strong>s<br />

nouveaux hameaux.<br />

Par contre, un hameau déjà existant constitue une zone constructible sur un POS (PLU). C’est le cas<br />

sur Jarrier qui était déjà bien urbanisé en 1985 lors <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong> son POS et qui, <strong>de</strong> ce fait, n’a<br />

pu maîtriser les nouvelles constructions. Cette commune a donc aujourd’hui un habitat très dispersé.<br />

27


28<br />

Carte n° 7 : Documents d’urbanisme en <strong>Maurienne</strong> au 15 janvier 2002


Au 15 janvier 2002, sur les 62 communes que compte l’arrondissement <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>,<br />

53 disposent d’un PLU approuvé ou en cours d’approbation.<br />

Ces documents d’urbanisme tels que les POS (maintenant PLU) sont indispensables aux communes<br />

ainsi qu’aux communautés <strong>de</strong> communes afin qu’elles puissent maîtriser leur développement. Ils sont<br />

nécessaires à celles qui désirent ouvrir à l’urbanisation <strong>de</strong> nouvelles zones mais aussi préserver leur<br />

environnement.<br />

Les PLU doivent prévoir une urbanisation <strong>du</strong>rable. Pour cela, ils doivent logiquement s’insérer dans un<br />

Schéma <strong>de</strong> COhérence Territoriale (SCOT) si celui-ci existe.<br />

La communauté <strong>de</strong> communes <strong>de</strong> la vallée <strong>du</strong> Glandon a ainsi entrepris <strong>de</strong> réviser les <strong>de</strong>ux Plans<br />

d’Occupation <strong>de</strong>s Sols <strong>de</strong> ses communes membres pour aboutir à un Plan Local d’Urbanisme commun.<br />

29<br />

Carte n° 8 : Occupation <strong>du</strong> sol en <strong>Maurienne</strong><br />

II.2.4. La problématique logement et habitat<br />

On compte 38 228 logements dans la vallée, dont 17 341 rési<strong>de</strong>nces principales et 18 673<br />

rési<strong>de</strong>nces secondaires 11 . On note que certains villages sont désertés hors pério<strong>de</strong> touristique et que la<br />

vie locale « sommeille ».<br />

11 Source : Conseil Départemental <strong>de</strong> L’habitat, rapport 2002


Etudier l’habitat, le nombre <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nces et leurs caractéristiques permet <strong>de</strong> mieux connaître le<br />

territoire et <strong>de</strong> mettre en avant les zones où les personnes vivent et où les touristes logent.<br />

Dans quelles mesures l’évolution <strong>de</strong> l’habitat, en terme spatial, a-t-il un impact sur l’aménagement <strong>de</strong><br />

la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> ?<br />

a. Les pôles d’habitat en fond <strong>de</strong> la vallée<br />

30<br />

UN PARC DE LOGEMENT SOCIAL IMPORTANT LIE AUX POLES D’EMPLOI INDUSTRIELS<br />

Les communes situées en fond <strong>de</strong> vallée telles que Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Modane, Saint-Michel<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>,<br />

La Chambre et Aiguebelle, ont connu dans les années cinquante à soixante-dix un fort<br />

développement dû à l’implantation d’in<strong>du</strong>stries comme Péchiney à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, ou<br />

Métal-Temple à Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>. Des habitations ont été construites pour loger les<br />

employés et les commerces s’y sont développés.<br />

Le parc <strong>de</strong> logement social <strong>de</strong> l’OPAC, dont le total s’élève à plus <strong>de</strong> 2400, est par conséquent<br />

plus répan<strong>du</strong> dans les communes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée. Il est en effet principalement situé sur Saint-<br />

Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> avec 833 logements, et Modane avec 420 logements.<br />

Il est également important <strong>de</strong> noter que les stations sont également pourvues, pour la moitié d’entre<br />

elles, d’une vingtaine <strong>de</strong> logements sociaux. Autrefois occupés périodiquement par les saisonniers, ces<br />

<strong>de</strong>rniers sont <strong>de</strong> plus en plus habités à l’année, ce qui pose <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> logements pour les<br />

personnels temporaires <strong>de</strong>s stations.<br />

Répartition <strong>de</strong>s principaux pôles <strong>de</strong> logements HLM en<br />

<strong>Maurienne</strong> 12<br />

Communes Nombre <strong>de</strong> logements sociaux <strong>de</strong> l’OPAC<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> 833<br />

Modane 420<br />

Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> 218<br />

Aiguebelle 115<br />

Fourneaux 79<br />

St-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines 70<br />

12 Source : OPAC <strong>de</strong> Savoie


31<br />

Carte n° 9 : Répartition <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces principales et secondaires en <strong>Maurienne</strong> en 1999


Suite à la crise in<strong>du</strong>strielle <strong>de</strong>s années quatre-vingt, les communes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée ont per<strong>du</strong><br />

<strong>de</strong>s emplois et en corollaire <strong>de</strong>s habitants : les mauriennais ont dû chercher <strong>du</strong> travail ailleurs.<br />

Il y a aujourd’hui une vacance <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3 mois, pour absence <strong>de</strong> candidat, élevée 13 . Cette vacance est<br />

majoritairement <strong>du</strong>e à une quantité importante <strong>de</strong> logements HLM vacants (environ 300) 14<br />

principalement sur la ville <strong>de</strong> Modane. Avec l’abolition <strong>de</strong>s frontières au sein <strong>de</strong> la communauté<br />

européenne en 1992, la ville a en effet connu une perte d’emplois importante (près <strong>de</strong> 2000 emplois).<br />

32<br />

LA PERTE DE POPULATION ET SES CONSEQUENCES SUR L’HABITAT<br />

Les communes in<strong>du</strong>strielles ont été touchées par <strong>de</strong> nombreuses restructurations 15 , et une perte<br />

d’emplois importante, ce qui in<strong>du</strong>it une vacance dans les logements sociaux mais aussi dans les<br />

logements non sociaux. Les villes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée, très liées aux in<strong>du</strong>stries, sont <strong>de</strong>s pôles d’habitat<br />

social importants mais également d’habitat indivi<strong>du</strong>el et collectif non social (elles concentrent la<br />

majorité <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> la vallée).<br />

De plus, elles sont marquées par la présence <strong>de</strong> nombreuses coupures : la Route Nationale 6,<br />

l’autoroute A43 et la voie ferrée. Sources <strong>de</strong> bruit, <strong>de</strong> fractures dans le paysage, ces infrastructures<br />

constituent une faiblesse pour le développement <strong>de</strong> l’habitat <strong>de</strong> ces communes. L’image que ces<br />

infrastructures renvoient n’incite pas à l’installation ou à <strong>de</strong>meurer dans ces communes.<br />

En fait, le sol<strong>de</strong> migratoire est négatif dans les communes <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Modane, Saint-<br />

Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Aiguebelle. Seule La Chambre dont le nombre d’habitants a sensiblement<br />

augmenté constitue une exception.<br />

Le taux <strong>de</strong> vacance relativement élevé dans ces communes est la conséquence d’une perte <strong>de</strong><br />

population.<br />

En effet, alors que le taux <strong>de</strong> vacance <strong>de</strong> logement est <strong>de</strong> 6 % sur l’ensemble <strong>de</strong> la vallée soit 2 314<br />

logements au RGP <strong>de</strong> 1999, ces communes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée représentent à elles seules 36 % <strong>du</strong><br />

nombre <strong>de</strong> logements vacants sur l’ensemble <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, soit 850 logements.<br />

Le Taux <strong>de</strong> vacance <strong>du</strong> parc <strong>de</strong> logement dans les communes in<strong>du</strong>strielles <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée 16<br />

Communes<br />

Quantité <strong>de</strong> logements<br />

vacants par rapport à la<br />

commune<br />

Aiguebelle 13 % 59<br />

La Chambre 5.2 % 32<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> 6.7 % 284<br />

Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> 9.7 % 155<br />

Modane 11.3% 320<br />

Total 850<br />

Nombres absolus <strong>de</strong><br />

logements<br />

Ainsi la population baisse dans les unités urbaines principales, ces centres urbains se dégra<strong>de</strong>nt et les<br />

logements périclitent.<br />

Les Opérations Publiques d’Amélioration <strong>de</strong> l’Habitat (OPAH), lancées <strong>de</strong>puis une vingtaine<br />

d’années, sont insuffisantes pour l’instant, afin <strong>de</strong> requalifier certains centres urbains comme ceux<br />

situés en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong> la RN 6.<br />

13<br />

Source : Conseil Départemental <strong>de</strong> L’habitat, rapport 2002<br />

14<br />

Source : OPAC <strong>de</strong> Savoie, (antenne <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>)<br />

15<br />

Cf. pôle d’emploi secondaire<br />

16<br />

Source : INSEE RGP 1999


Sur ce thème, une étu<strong>de</strong> pré-opérationnelle d’OPAH sur la thématique « <strong>de</strong>s points noirs bruit-RN6 »<br />

est en cours. Réhabiliter l’habitat situé en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong> la RN 6 constitue un réel enjeu sur certains<br />

centres urbains comme Aiguebelle ou Modane.<br />

Les habitants sont en effet à la recherche d’un meilleur cadre <strong>de</strong> vie et n’hésitent pas à faire construire<br />

ou à acheter dans les communes périphériques, désertifiant ainsi certains centres et engendrant par la<br />

même une spirale négative.<br />

b. Les pôles <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nces indivi<strong>du</strong>elles<br />

L’ATTRACTIVITE DES COMMUNES PERIPHERIQUES PAR RAPPORT AUX COMMUNES DE<br />

FOND DE VALLEE<br />

La « périurbanisation », phénomène grandissant sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire français, a gagné la vallée<br />

<strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

En effet, la surface <strong>de</strong>s principaux pôles urbains a cru <strong>de</strong> 54 % en 25 ans (1970-1995) alors que la<br />

<strong>de</strong>nsité dans les villes a diminué <strong>de</strong> 42 % sur la même pério<strong>de</strong>.<br />

33<br />

Exemple <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> population dans les communes<br />

périphériques à Saint Jean <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> 17<br />

Communes<br />

Sol<strong>de</strong> migratoire<br />

Population 1990 Population 1999<br />

1990/1999<br />

Jarrier 436 450 + 24 %<br />

Hermillon 505 520 + 15 %<br />

Saint-Pancrace 153 214 + 61 %<br />

Villargondran 824 944 + 120 %<br />

Cette « périurbanisation » s’explique par plusieurs facteurs :<br />

- faible attractivité <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its «logements» dans les bourgs-centres,<br />

- qualité <strong>de</strong> l’environnement urbain encore insuffisante pour fixer les populations,<br />

- poids <strong>de</strong> la fiscalité locale,<br />

- coût <strong>du</strong> foncier particulièrement élevé (sur Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>)…<br />

et à contrario une forte attractivité <strong>de</strong>s communes périphériques pour leur cadre <strong>de</strong> vie.<br />

Les communes périphériques sont marquées par la prédominance d’un habitat indivi<strong>du</strong>el important.<br />

Les projets immobiliers sont bien présents sur les versants (lotissements <strong>de</strong> maisons indivi<strong>du</strong>elles<br />

<strong>de</strong>stinées aux rési<strong>de</strong>nces principales 18 ).<br />

Ce phénomène est la conséquence <strong>de</strong>s tendances actuelles <strong>de</strong> la société. La population, est aujourd’hui<br />

à la recherche <strong>de</strong> plus d’espace. Elle souhaite construire et avoir son propre jardin. La qualité <strong>du</strong> cadre<br />

<strong>de</strong> vie est <strong>de</strong>venu un élément auquel les habitants sont particulièrement sensibles. Comme l’espace est<br />

<strong>de</strong> plus en plus restreint en fond <strong>de</strong> vallée et le coût <strong>du</strong> foncier important, la population migre vers les<br />

versants. L’habitat se diffuse et cette dispersion accentue le phénomène <strong>de</strong> mitage.<br />

17 Source : RGP 1999<br />

18 Source : Questionnaire Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>


34<br />

LE MITAGE ET SES CONTRAINTES SUR L’ENVIRONNEMENT<br />

Le mitage, caractérisé par un habitat dispersé, consomme beaucoup d’espaces au détriment <strong>de</strong>s espaces<br />

naturels et agricoles.<br />

Le mitage contraint les déci<strong>de</strong>urs locaux à faire <strong>de</strong>s aménagements coûteux en infrastructures mais<br />

indispensables aux futurs rési<strong>de</strong>nts tels que :<br />

- les réseaux électriques,<br />

- les réseaux d’assainissement,<br />

- les routes. . .<br />

Alors que les règles d’urbanisme spécifiques à la montagne ont tenté <strong>de</strong> limiter « le mitage urbain »<br />

<strong>de</strong>s vallées et <strong>de</strong>s versants, il semble que ce phénomène se soit fortement développé.<br />

La loi montagne oblige en effet les communes à urbaniser leur territoire en continuité avec les bourgs,<br />

les villages et hameaux existants. Mise en œuvre trop tardivement, elle n’a pu contrôler l’extension <strong>de</strong>s<br />

constructions. Néanmoins dans <strong>de</strong> nombreuses communes périphériques ou d’altitu<strong>de</strong>, l’habitat<br />

traditionnel et sa continuité avec les hameaux existants a pu être préservé.<br />

LES CARACTERISTIQUES DE L’HABITAT EN ZONE DE MONTAGNE<br />

La construction <strong>de</strong> maisons en montagne répond à <strong>de</strong> nombreuses contraintes concernant les types <strong>de</strong><br />

matériaux et l’armature <strong>de</strong> l’habitation.<br />

Les toits, l’orientation <strong>de</strong> la maison sont scrupuleusement étudiés afin <strong>de</strong> préserver la qualité <strong>de</strong><br />

l’environnement et l’harmonie avec le paysage.<br />

En Haute-<strong>Maurienne</strong>, notamment dans la zone périphérique <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise, ces<br />

contraintes sont plus importantes. Des ai<strong>de</strong>s sont apportées aux propriétaires pour entretenir un habitat<br />

traditionnel qui a fait l’i<strong>de</strong>ntité <strong>du</strong> territoire et compenser le surcoût <strong>de</strong> ces contraintes.<br />

Les rési<strong>de</strong>nces indivi<strong>du</strong>elles et principales se situent essentiellement en périphérie <strong>de</strong>s villes<br />

in<strong>du</strong>strielles <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée, à proximité <strong>de</strong>s pôles d’emplois. L’habitat se disperse dans les zones<br />

périphériques.<br />

Mais la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est également une entité touristique. Si <strong>de</strong>s personnes y vivent, d’autres<br />

y viennent en villégiature. Les rési<strong>de</strong>nces secondaires et touristiques constituent la secon<strong>de</strong> part<br />

importante <strong>de</strong> l’habitat dans la vallée.<br />

c. Les pôles d’habitat à vocation touristique<br />

L’habitat à vocation touristique se répartit entre les lits banalisés (logement loué, mis sur le marché),<br />

tels que les hôtels et rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> tourisme, et les lits non banalisés comme les rési<strong>de</strong>nces secondaires.<br />

Ces logements se situent essentiellement dans les communes à vocation touristique, les stations <strong>de</strong><br />

sports d’hiver.<br />

DES PROJETS DE CONSTRUCTION CROISSANTS<br />

Rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> tourisme, villages <strong>de</strong> vacances et hôtels fleurissent, dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> où 15<br />

000 lits touristiques sont en projet. Ainsi en 2001, le nombre <strong>de</strong> constructions en station a progressé <strong>de</strong><br />

38,7 % par rapport à 2000.


Les promoteurs immobiliers, grands groupes français et internationaux ou petits promoteurs locaux,<br />

n’ont <strong>de</strong> cesse d’investir. Le marché est porteur, les appartements se ven<strong>de</strong>nt facilement grâce aux<br />

mesures <strong>de</strong> défiscalisation. Les entrepreneurs profitent <strong>de</strong> cet engouement, réalisant <strong>de</strong>s opérations<br />

haut <strong>de</strong> gamme, répondant à une nouvelle clientèle sélective et exigeante.<br />

En accueillant plus <strong>de</strong> vacanciers dans les stations, le nombre <strong>de</strong> journées <strong>de</strong> ski <strong>de</strong>vrait s’accroître et<br />

permettre d’améliorer le chiffre d’affaires <strong>de</strong>s stations et leur rentabilité pour pouvoir in fine réinvestir<br />

dans <strong>de</strong> nouveaux équipements.<br />

Dans les stations <strong>de</strong> Valmeinier (construction <strong>de</strong> 120 lits par la société Pierre et Vacances), Val Cenis,<br />

Aussois et Valloire se développent <strong>de</strong> nombreuses opérations immobilières. La qualité <strong>de</strong> l’habitat<br />

contribue à faire <strong>de</strong> ces stations <strong>de</strong> réels pôles touristiques.<br />

Les anciennes constructions appelées « HLM <strong>de</strong>s neiges » sont aujourd’hui rejetées par les vacanciers.<br />

Ces stations, construites dans une optique <strong>de</strong> tourisme <strong>de</strong> masse, n’attirent plus les amateurs <strong>de</strong> sports<br />

d’hiver. Est engendrée une dynamique moins vertueuse que la précé<strong>de</strong>nte, baisse <strong>de</strong>s prix, <strong>de</strong> la<br />

rentabilité et difficultés <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation.<br />

Néanmoins, il est impossible <strong>de</strong> penser le développement <strong>de</strong>s stations sur la seule dynamique <strong>de</strong> la<br />

construction. Se poseront rapi<strong>de</strong>ment pour les stations <strong>de</strong>s problèmes d’espace et <strong>de</strong> gestion<br />

environnementale (qualité <strong>de</strong> l’environnement <strong>du</strong> cadre <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> la sécurité).<br />

Déjà, l’espace dans certaines stations est <strong>de</strong> plus en plus restreint. Le droit à construire se fait rare. En<br />

conséquence, le prix <strong>du</strong> foncier est <strong>de</strong> plus en plus cher et dissuasif car la rentabilité <strong>de</strong> nouvelles<br />

opérations plus précaires.<br />

35<br />

LA REHABILITATION DES RESIDENCES TOURISTIQUES<br />

Une voie <strong>de</strong> développement peut être la rénovation <strong>de</strong> l’habitat ancien, ce à quoi le Conseil Général <strong>de</strong><br />

la Savoie contribue fortement. Grâce à <strong>de</strong> nombreuses subventions, 31 opérations <strong>de</strong> réhabilitation <strong>de</strong><br />

l’habitat ont été réalisées sur les cinq <strong>de</strong>rnières années, L’objectif est ici <strong>de</strong> relancer un tourisme <strong>de</strong><br />

qualité sur <strong>de</strong>s stations aujourd’hui en déclin.<br />

La réhabilitation <strong>de</strong> l’immobilier <strong>de</strong> loisirs est effectivement un enjeu majeur dans les stations <strong>de</strong><br />

sports d’hiver <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Pour la station <strong>de</strong> la Norma, la restructuration et la remise aux normes<br />

<strong>de</strong>s appartements sont <strong>de</strong>s objectifs touristiques majeurs <strong>de</strong>s prochaines années. Les immeubles<br />

construits dans les années soixante-dix ne correspon<strong>de</strong>nt plus aux attentes <strong>de</strong>s vacanciers. En un an, 16<br />

appartements ont été rénovés et d’ici 2005, les responsables <strong>de</strong> la station souhaitent en rénover 70 <strong>de</strong><br />

plus soit près <strong>de</strong> 400 lits sur les 4500 que compte la station.<br />

Cette volonté <strong>de</strong> réhabilitation a l’avantage <strong>de</strong> concerner tous les acteurs <strong>de</strong> la station : les propriétaires<br />

sont plus concernés par la valorisation <strong>de</strong> leur bien, les gestionnaires oeuvrent à l’embellissement <strong>de</strong>s<br />

espaces publics.<br />

La réhabilitation n’est pas en revanche un processus facile à mettre en place. Il faut respecter <strong>de</strong><br />

nombreuses étapes, notamment convaincre les propriétaires <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> cette démarche. Il est<br />

parfois nécessaire <strong>de</strong> les retrouver. Cette difficulté a été l’une <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> l’échec <strong>du</strong> projet <strong>de</strong><br />

réhabilitation <strong>de</strong> « l’espace Cosmos » dans la station <strong>du</strong> Corbier.<br />

La gestion <strong>de</strong> l’habitat touristique est complexe, surtout quand les immeubles sont vieillissants. Elle<br />

pose également un autre problème, celui <strong>du</strong> logement <strong>de</strong>s employés saisonniers.


LES LOGEMENTS SAISONNIERS DANS LES STATIONS DE SPORTS D’HIVER<br />

D’après une enquête réalisée en 2001 par la DDE sur les logements <strong>de</strong>s saisonniers auprès <strong>de</strong> 15<br />

stations, les besoins non couverts en logements seraient <strong>de</strong> 1 452 logements soit un pourcentage <strong>de</strong> 56<br />

% contre 1 137 offres spécifiques <strong>de</strong> logements saisonniers, soit 44 %. 19<br />

Les logements dans les stations sont également trop chers pour les employés. Ils sont souvent obligés<br />

<strong>de</strong> vivre dans <strong>de</strong>s communes situées à quelques kilomètres <strong>de</strong>s stations.<br />

C’est pourquoi, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> constructions sont en cours dans quelques stations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> :<br />

- Valmeinier : projet d’un parc social<br />

- Montricher-Albanne : projet <strong>de</strong> logements foyers<br />

Avec la loi SRU, les logements pour les saisonniers dans les stations sont une contrainte nouvelle à<br />

laquelle les opérations doivent répondre.<br />

L’urbanisation <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est ainsi contrainte par le milieu naturel et ses risques, puis par<br />

les hommes qui déci<strong>de</strong>nt selon <strong>de</strong>s impératifs économiques ou rationnels d’aménagement quels<br />

sites ils désirent urbaniser, et <strong>de</strong> quelle manière ils doivent le faire. Cela aboutit à une occupation<br />

humaine <strong>de</strong> l’espace beaucoup plus <strong>de</strong>nse en fond <strong>de</strong> vallée que sur le reste <strong>du</strong> territoire.<br />

Entre le développement croissant <strong>de</strong>s stations et la perte d’habitants en fond <strong>de</strong> vallée, les<br />

collectivités locales doivent s’attacher à maîtriser le développement <strong>de</strong> l’urbanisation <strong>de</strong>s<br />

communes et <strong>de</strong> ce fait la structure <strong>de</strong> la vallée.<br />

19<br />

Sur le territoire <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> seulement 6 communes ont répon<strong>du</strong> à ce questionnaire (<br />

Foncouverte-La Toussuire, Villarembert, Montricher-Albanne, Valmeinier, Modane, Villarodin-Bourget)<br />

36


II.3. Services à la population<br />

Les pôles <strong>de</strong> commerces et <strong>de</strong> services, bien que constituant également <strong>de</strong>s pôles d’emplois sont ici<br />

présentés en tant qu’éléments concourant à la qualité <strong>de</strong> vie.<br />

Contrairement aux pôles d’emplois in<strong>du</strong>striels qui génèrent un flux <strong>de</strong> personnes concentré et régulier<br />

(heures d’embauche et <strong>de</strong> débauche), les pôles <strong>de</strong> commerces et <strong>de</strong> services sont utilisés <strong>de</strong> manière<br />

diffuse dans le temps par la population active et inactive.<br />

a. Les pôles <strong>de</strong> services publics et semi-publics 20<br />

Pour François SERVOIN, auteur <strong>du</strong> livre La commune <strong>de</strong> montagne, « Les besoins <strong>de</strong> services publics<br />

exprimés par les habitants <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> montagne <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> plus en plus i<strong>de</strong>ntiques à ceux <strong>de</strong>s<br />

populations urbaines [. . .]. On constate (dans les communes <strong>de</strong> montagne) un double mouvement<br />

contradictoire <strong>de</strong>s services. Sous l’impulsion <strong>de</strong>s communes et d’une population active se développent<br />

les services <strong>du</strong> cadre <strong>de</strong> vie (action sociale, culture, sports). Dans le même temps, la fermeture <strong>de</strong><br />

commerces confrontés aux nouvelles métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> distribution, le redéploiement <strong>de</strong>s services publics<br />

vont dans le sens contraire et compromettent les tendances en cours et les inversent ».<br />

37<br />

II.3.1. Les pôles <strong>de</strong> commerces et <strong>de</strong> services<br />

LES SERVICES PUBLICS TRADITIONNELS<br />

Les services <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong>s personnes sont logiquement et en priorité situés dans les<br />

chefs-lieux <strong>de</strong> canton, là où la population locale est la plus nombreuse.<br />

Au niveau <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong>s personnes, le territoire est bien maillé : l’arrondissement dispose <strong>de</strong> 5<br />

gendarmeries ou commissariats, 29 cellules <strong>de</strong> pompiers ou centres <strong>de</strong> secours.<br />

Les établissements <strong>de</strong> santé et d’action sociale 21 sont représentés dans 12 communes et répartis sur les<br />

six cantons. Plusieurs types d’établissements ne sont présents que dans les seules villes <strong>de</strong> Saint-Jean<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong><br />

et <strong>de</strong> Modane.<br />

Les actions sociales à la maison pour les personnes âgées sont bien réparties sur le territoire. Dans la<br />

plupart <strong>de</strong>s communes existe au minimum une action d’ai<strong>de</strong> à domicile en milieu rural. Seules trois<br />

communes (Montgellafrey, Notre-Dame-<strong>du</strong>-Cruet et Villarembert) ne disposent d’aucune ai<strong>de</strong> sur leur<br />

territoire. Ces ai<strong>de</strong>s à domicile sont très importantes et nécessaires spécialement en milieu rural où les<br />

établissements <strong>de</strong> santé, centres médico-sociaux, ou services d’ambulance pour les personnes âgées<br />

sont limités : seules cinq communes disposent d’un <strong>de</strong> ces établissements, sont toutes chefs-lieux <strong>de</strong><br />

cantons sauf Lanslebourg. Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Modane en ont <strong>de</strong>ux.<br />

Les crèches et haltes-gar<strong>de</strong>ries sont très rares sur le territoire. Sept établissements seulement pour<br />

l’ensemble <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> et le canton d’Aiguebelle n’en a pas.<br />

In fine, <strong>de</strong>ux pôles majeurs, avec les quatre catégories <strong>de</strong> santé et action sociale ressortent : Saint-<br />

Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Modane.<br />

20 Source : Inventaire communal INSEE, 1998<br />

21 Source : Inventaire communal INSEE, 1998


38<br />

Carte n° 10 : Dispositifs <strong>de</strong> santé et d’action sociale en <strong>Maurienne</strong>


Dans le domaine <strong>de</strong> l’enseignement, quatre lycées (dont <strong>de</strong>ux d’enseignement professionnel) et cinq<br />

collèges situés dans les chefs-lieux <strong>de</strong> canton existent.<br />

Beaucoup d’écoles primaires et 42 écoles maternelles maillent le territoire. L’é<strong>du</strong>cation nationale a<br />

procédé à <strong>de</strong>s regroupements pédagogiques pour conserver <strong>de</strong> nombreuses classes primaires. 14<br />

communes ont ainsi fait l’objet d’un regroupement pédagogique.<br />

Cependant 10 communes ne font pas partie d’un regroupement pédagogique et ne possè<strong>de</strong>nt pas non<br />

plus <strong>de</strong> classes. Il s’agit <strong>de</strong>s communes <strong>du</strong> Freney, Albiez-le-Jeune, Saint-Pancrace, Saint-Alban-<strong>de</strong>s-<br />

Villards, Montgellafrey, Notre-Dame-<strong>du</strong>-Cruet, Saint-Léger, Montsapey, Montgilbert, Bonvillaret.<br />

39<br />

LES SERVICES DU CADRE DE VIE<br />

Dans le domaine <strong>de</strong>s services culturels, en analysant la carte (page suivante), on note un déficit : seule<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> dispose <strong>de</strong> quatre équipements culturels constitués par la salle <strong>de</strong> spectacle<br />

(théâtre Gérard Philippe), le centre culturel (salle polyvalente <strong>de</strong>s Chaudannes), le centre socioculturel<br />

(Centre Jacques Brel) et le cinéma. Mais la ville ne dispose pas d’équipement culturel structurant pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong> la vallée.<br />

Les autres chef-lieux et quelques stations en comptent <strong>de</strong> un à trois, mais près d’une cinquantaine <strong>de</strong>s<br />

communes ne dispose d’aucun <strong>de</strong> ces équipements.<br />

Il existe dans les stations <strong>de</strong>s équipements culturels (cinéma au Corbier, à Valmeinier), qui ne<br />

fonctionnent que <strong>du</strong>rant la saison touristique.<br />

On peut ainsi constater une faiblesse en équipements culturels au détriment <strong>de</strong> la population<br />

locale. Cette faiblesse est toutefois relativisée par le fonctionnement en intercommunalité <strong>de</strong> certains<br />

<strong>de</strong> ces équipements et par la richesse associative en <strong>Maurienne</strong>.<br />

Pour les équipements sportifs et <strong>de</strong> loisirs, l’inventaire communal <strong>de</strong> l’INSEE <strong>de</strong> 1998 ne prend en<br />

compte que les équipements publics ou privés, situés sur le territoire <strong>de</strong> la commune, en<br />

fonctionnement permanent et accessible à tout public.<br />

Cela concerne : les bases <strong>de</strong> plein air et <strong>de</strong> loisirs, plages ou baigna<strong>de</strong>s aménagées, pistes d’athlétisme,<br />

terrains <strong>de</strong> jeux (grands et petits), installations sportives couvertes (salle <strong>du</strong> sport ou gymnase), tennis<br />

couverts ou non et piscines couvertes et non. Les sentiers et les parcours <strong>de</strong> randonnée, qui existent<br />

dans chaque commune, ne sont pas inclus. De même, les pistes <strong>de</strong> ski, patinoires dans les stations <strong>de</strong><br />

sports d’hiver, fonctionnant <strong>de</strong> manière saisonnière, ne sont pas prises en compte alors qu’elles<br />

constituent une offre sportive majeure.<br />

En <strong>Maurienne</strong> l’offre sportive est bien répartie : 50 communes sont au minimum dotées d’un terrain <strong>de</strong><br />

jeux. Seules 12 communes, situées dans les cantons <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, La Chambre et<br />

Aiguebelle ne disposent d’aucun équipement. Toutefois, leur gestion intercommunale permet aux<br />

habitants <strong>de</strong> l’intercommunalité concernée d’y accé<strong>de</strong>r.


40<br />

Carte n° 11 : Les équipements culturels et sportifs en <strong>Maurienne</strong> en 1998


. Les pôles d’artisanat et <strong>de</strong> commerce 22<br />

Ces pôles concourent, au même titre que les services publics, à la qualité <strong>de</strong> l’offre commerciale au<br />

sein <strong>du</strong> territoire. L’offre <strong>de</strong> services et <strong>de</strong> commerces concourt au bien être et à la satisfaction <strong>de</strong>s<br />

citoyens.<br />

Dès 1998, le syndicat <strong>de</strong> Modane a réalisé une ORAC (Opération <strong>de</strong> Restructuration <strong>de</strong> l’Artisanat et<br />

<strong>du</strong> Commerce) afin <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r les entreprises artisanales et commerciales, et d’améliorer leur<br />

activité par <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> revitalisation. Cette initiative a été prolongée en 2000 sur les cantons <strong>de</strong><br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Le diagnostic a été réalisé par Merlin et associés <strong>du</strong> cabinet PIVADIS et ren<strong>du</strong> en mars 2002. Ses<br />

principales conclusions sont les suivantes :<br />

41<br />

COMPOSITION DE L’OFFRE ET STRUCTURE DE L’OFFRE EN ATTRACTIVITE<br />

L’offre commerciale <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> compte, en décembre 2001, 1 247 commerces et<br />

services en activité répartis en 44 pôles commerciaux 23 ou plutôt <strong>de</strong>s unités géographiques<br />

commerciales distinctes.<br />

Cet ensemble commercial développe un chiffre d’affaires d’environ 208 Millions d’Euros ( 1.4<br />

milliards <strong>de</strong> francs) soit 1.2 fois le potentiel <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s habitants (à périmètre comparable).<br />

Cela montre qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’appareil commercial s’appuie sur le tourisme.<br />

22 Source : Etu<strong>de</strong> ORAC, mai 2001<br />

23 12 typologies <strong>de</strong> pôles ont étés attribuées en fonction <strong>de</strong> l’appareil commercial existant mais aussi en fonction <strong>de</strong><br />

l’environnement démographique.


42<br />

Carte n° 12 : Unités géographiques commerciales distinctes<br />

Réalisation : cabinet PIVADIS<br />

Les pôles commerciaux majeurs correspon<strong>de</strong>nt aux pôles d’emploi et <strong>de</strong> services publics. Ressort<br />

d’abord le pôle <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, puis ceux <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée (Saint-<br />

Etienne-<strong>de</strong>-Cuines, Hermillon, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Modane et Fourneaux), enfin ceux <strong>de</strong>s<br />

stations d’altitu<strong>de</strong>.<br />

La <strong>de</strong>nsité commerciale est importante. Celle-ci est étroitement liée à l’attrait touristique : près <strong>de</strong><br />

13 % <strong>de</strong>s commerces actifs sont saisonniers.<br />

L’offre <strong>de</strong> la vallée est forte en ce qui concerne l’alimentaire, les loisirs et les cafés, hôtels, restaurants.<br />

A noter une faiblesse pour ce qui concerne l’équipement <strong>de</strong> la personne et <strong>de</strong> la maison.<br />

L’attractivité <strong>de</strong> l’offre commerciale est satisfaisante. De nombreux clients extérieurs<br />

(principalement <strong>de</strong>s touristes) au territoire viennent y faire leurs achats.<br />

Elle est très forte surtout sur les commerces <strong>de</strong> culture et loisirs (souvenirs, magasins <strong>de</strong> sport, presse,<br />

photographe, …) et en CHR (Café-Hôtel-Restaurant). Cette attractivité est elle aussi fortement liée au<br />

tourisme.


COMPORTEMENTS D’ACHAT DES LOCAUX : LES EVASIONS COMMERCIALES VERS LE SILLON<br />

ALPIN<br />

L’étu<strong>de</strong> fait ressortir une évasion commerciale importante en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la vallée, notamment sur<br />

l’équipement <strong>de</strong> la personne, et ce particulièrement pour le canton d’Aiguebelle qui est le plus proche<br />

d’Albertville et <strong>de</strong> Chambéry. .<br />

Dans ce canton, 43 % <strong>de</strong>s achats alimentaires sont effectués en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’arrondissement, 31 % à<br />

Albertville et 13 % à Chambéry.<br />

Le canton <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> n’enregistre qu’une moindre évasion <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> son<br />

positionnement comme pôle structurant.<br />

43<br />

Carte n° 13 : Synthèse <strong>de</strong>s évasions commerciales en ce qui concerne l’ équipement <strong>de</strong> la personne<br />

Réalisation cabinet Pivadis


44<br />

BILAN : UN APPAREIL COMMERCIAL DE QUALITE MOYENNE, FORTEMENT CONCURRENCE<br />

L’analyse <strong>de</strong> l’appareil commercial fait ressortir un état général bon et une proposition commerciale<br />

cohérente. Cela signifie qu’il y a un assez bon professionnalisme d’ensemble et que le rapport<br />

prestations prix ne présente pas <strong>de</strong> distorsions importantes.<br />

De plus, le caractère commercial plutôt « agréable » <strong>de</strong>s trois pôles urbains (aspect, vitrines,<br />

ambiance), Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Modane est mis en avant par les<br />

clients interrogés.<br />

Le niveau <strong>de</strong> fréquentation <strong>du</strong> pôle majeur structurant <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> par les habitants est<br />

excellent, avec une bonne transformation en achats malgré une critique générale <strong>du</strong> lieu <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong>s<br />

difficultés <strong>de</strong> stationnement.<br />

Des menaces sont néanmoins présentes. L’autoroute a tendance à engendrer une évasion commerciale<br />

vers Chambéry qu’il faut limiter. Seule une amélioration qualitative <strong>de</strong> l’offre commerciale et <strong>de</strong><br />

l’animation peut permettre d’éviter la stagnation voire le déclin <strong>de</strong> ce pôle.<br />

Les pôles <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Modane-Fourneaux, malgré une attractivité relativement<br />

bonne, sont fréquentés, presque exclusivement, par les habitants <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong> pour l’un, et par ceux <strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Modane et Lanslebourg pour l’autre. Pour<br />

l’équipement <strong>de</strong> la personne et <strong>de</strong> la maison, les achats se font à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Chambéry<br />

ou Albertville. L’enjeu commun à ces <strong>de</strong>ux pôles est <strong>de</strong> requalifier les commerces, <strong>de</strong> resserrer le<br />

linéaire commercial et d’élargir l’offre.<br />

Sur les autres chefs-lieux <strong>de</strong> canton et surtout à Aiguebelle l’attractivité <strong>de</strong> Chambéry et d’Albertville<br />

est prégnante. Maintenir l’offre <strong>de</strong> proximité est l’enjeu <strong>de</strong> développement local. Sans une offre <strong>de</strong><br />

proximité restructurée, <strong>de</strong> nombreuses cellules commerciales sont vouées à disparaître.<br />

c. Armature <strong>de</strong>s services publics et privés<br />

UN NIVEAU D’EQUIPEMENTS DE BASE FORTEMENT POLARISE<br />

L’inventaire communal <strong>de</strong> 1998 outre les 36 équipements, commerces et services définis par la<br />

classification <strong>de</strong> l’INSEE d’autres équipements notamment culturels et sportifs.<br />

Pour les services et les équipements, la ville <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> possè<strong>de</strong> l’offre la plus<br />

diversifiée et la plus importante (36 équipements), aussi est-elle la plus attractive <strong>de</strong> la vallée.<br />

Viennent ensuite les chefs-lieux <strong>de</strong> canton <strong>de</strong> Saint-Michel et Modane qui disposent <strong>de</strong> 30<br />

équipements, La Chambre et Aiguebelle (27) et enfin Lanslebourg (25). La station-village <strong>de</strong> Valloire<br />

(24) et la commune <strong>de</strong> Saint-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines (21) sont également bien pourvu <strong>de</strong> ce type<br />

d’équipements. La proximité <strong>de</strong> Chambéry est aussi un atout non négligeable pour la vallée. Cette ville<br />

possè<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong> offre d’équipements et <strong>de</strong> services qui en fait un fort pôle majeur d’attraction.<br />

Malgré le fait que seule Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> dispose <strong>de</strong>s 36 équipements la mobilité qu’ont<br />

acquis les mauriennais leur permet d’accé<strong>de</strong>r à une qualité certaine <strong>de</strong> services : l’éloignement <strong>de</strong>s<br />

services et pro<strong>du</strong>its est aujourd’hui relatif.


45<br />

ELOIGNEMENT AUX SERVICES ET PRODUITS : UN ACCES INEGAL<br />

Le niveau d’enclavement <strong>du</strong> territoire est faible.<br />

Pour définir l’éloignement <strong>de</strong>s services et pro<strong>du</strong>its, 2 indicateurs ont été pris en compte les distances<br />

d’accès aux 36 équipements : c’est l’éloignement <strong>de</strong>s équipements.<br />

Les services <strong>de</strong> substitution (commerces, multi-services) mis en place. Les pro<strong>du</strong>its d’épicerie, le pain,<br />

la vian<strong>de</strong> peuvent ainsi être trouvés dans <strong>de</strong>s commerces multi-services, sur <strong>de</strong>s marchés, ou chez un<br />

marchand ambulant.<br />

De même les opérations les plus simples habituellement réalisées dans un bureau <strong>de</strong> poste peuvent<br />

l’être dans une agence postale. Des opérations bancaires peuvent être effectuées dans un commerce<br />

multi-service ou dans un service itinérant. L’école primaire est considérée comme disponible si la<br />

commune appartient à un regroupement pédagogique et s’il y a au moins une classe sur la commune.<br />

En 1998, dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, on dénombre trois secteurs relativement touchés par<br />

l’éloignement aux services et pro<strong>du</strong>its. Ce sont les mêmes que ceux éloignés <strong>de</strong>s équipements. 17<br />

communes sont distantes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 7 km aux services et pro<strong>du</strong>its, principalement en Moyenne-<br />

<strong>Maurienne</strong>. Les communes <strong>de</strong> l’Arvan, <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> la Haute-<strong>Maurienne</strong> sont ainsi éloignés <strong>de</strong>s<br />

équipements et services principaux.


46<br />

Carte n ° 14 : Niveau d’équipements <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> en 1998


Les trois-quarts <strong>de</strong>s communes restent toutefois à moins <strong>de</strong> 7 km <strong>de</strong>s services et pro<strong>du</strong>its<br />

essentiels, ce qui affirme un bon maillage <strong>du</strong> territoire.<br />

Cette conclusion est confirmée pour les commerces et services privés, par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Opération <strong>de</strong><br />

Réhabilitation <strong>de</strong> l’Artisanat et <strong>du</strong> Commerce (l’ORAC). Le bilan semble plus mitigé pour les services<br />

publics.<br />

Afin d’assurer la proximité et la qualité <strong>de</strong>s services, priment une qualité et une quantité <strong>de</strong> structures<br />

routières et <strong>de</strong> télécommunication.<br />

Pour les structures routières, facteur <strong>de</strong> proximité et <strong>de</strong> qualité, on peut néanmoins objecter que ce<br />

raisonnement ne s’applique pas aux captifs. Certaines personnes âgées, femmes au foyer, handicapés,<br />

jeunes qui ne disposent pas d’un véhicule, ne sont pas ou peu mobiles.<br />

Comme la mise en place <strong>de</strong> transports en commun ne suffira probablement pas à répondre à cette<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> et il est important <strong>de</strong> continuer à maintenir, dans certaines communes, les services <strong>de</strong><br />

proximité.<br />

La <strong>Maurienne</strong> a la chance <strong>de</strong> disposer d’une offre conséquente en services <strong>de</strong> télécommunication à<br />

haut débit. En effet, lors <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong> l’A 43, ce chantier a permis <strong>de</strong> mettre en place le long <strong>de</strong><br />

l’autoroute un câblage en fibre optique. Peu d’entreprises et <strong>de</strong> communes sont cependant reliées à ce<br />

réseau. Seule Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> a saisi cette chance : 85 % <strong>de</strong>s logements, bâtiments et<br />

commerces sont connectés et le réseau câblé permet d’alimenter les principaux services municipaux<br />

(bibliothèque, école <strong>de</strong> musique, foyers, …) 24 . Un projet porté par la communauté <strong>de</strong> commune cœur<br />

<strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> est inscrit dans le dossier <strong>de</strong> candidature Lea<strong>de</strong>r + <strong>du</strong> Syndicat <strong>de</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, il<br />

vise à relier la communauté au réseau haut débit.<br />

Les commerces et services publics et privés maillent assez bien le territoire. Leur quantité, assez<br />

importante par rapport à celle <strong>de</strong> la population, est liée à l’attrait touristique <strong>de</strong> la vallée.<br />

Le danger serait que l’attrait touristique <strong>de</strong>viennent prioritaire au détriment <strong>de</strong> la population<br />

locale, <strong>de</strong> la vie locale. Il est essentiel que la population locale puisse pouvoir satisfaire ses besoins<br />

en services même hors pério<strong>de</strong> touristique.<br />

24 Source : Projet <strong>de</strong> développement <strong>de</strong>s NTIC, 2002<br />

47


48<br />

Carte n° 15 : Eloignement aux services et pro<strong>du</strong>its en <strong>Maurienne</strong> en 1998


II.4. Déplacements et transports<br />

a. L’A 43, artère <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

49<br />

II.4.1. Les infrastructures routières<br />

UNE INFRASTRUCTURE RECENTE<br />

En 1980, le tunnel <strong>du</strong> Fréjus s’ouvrait à la circulation. Le passage entre la France et l’Italie via la<br />

vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> fut alors gran<strong>de</strong>ment facilité. Rapi<strong>de</strong> et ouvert été comme hiver, contrairement<br />

au col <strong>du</strong> Mont-Cenis, le tunnel est <strong>de</strong>venu la voie <strong>de</strong> prédilection <strong>de</strong>s véhicules lourds et légers.<br />

L’intensification générale <strong>de</strong>s échanges franco-italiens et la rapidité <strong>de</strong> ce nouveau passage ont<br />

concouru à une augmentation considérable <strong>du</strong> trafic transfrontalier en <strong>Maurienne</strong>. De ce fait, la Route<br />

Nationale 6, seule voie permettant alors <strong>de</strong> rejoindre le tunnel, est rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>venue engorgée par<br />

les poids lourds.<br />

Face aux problèmes <strong>de</strong> sécurité routière générés par cette saturation, la création d’une voie rapi<strong>de</strong><br />

apparaît aux élus et acteurs locaux comme une nécessité. Au début <strong>de</strong>s années 90, la Société Française<br />

<strong>du</strong> Tunnel Routier <strong>du</strong> Fréjus (SFTRF) soutenue par la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la vallée, relève<br />

le défi et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> financer et <strong>de</strong> bâtir une voie <strong>de</strong> communication mo<strong>de</strong>rne permettant <strong>de</strong> rejoindre<br />

rapi<strong>de</strong>ment le tunnel <strong>du</strong> Fréjus. Dès que la concession est accordée par l’Etat, les travaux sont engagés,<br />

sous la pression <strong>de</strong>s Mauriennais qui revendiquent leur besoin <strong>de</strong> sécurité sur la RN 6, seule et unique<br />

route nationale <strong>de</strong> la vallée.<br />

Le 3 juillet 1993, le premier coup <strong>de</strong> pioche <strong>de</strong> l’autoroute <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est donné. Trois sections<br />

sont mises en service progressivement : la première, qui relie Aiton, « porte <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> » à<br />

Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Cuines, en janvier 1997. La <strong>de</strong>uxième, qui va jusqu’à Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, en<br />

janvier 1998. Le 12 juillet 2000, la totalité <strong>de</strong>s 63.5 km <strong>de</strong> l’A 43 était ouverte à la circulation, assurant<br />

la jonction entre le tunnel <strong>du</strong> Fréjus (point <strong>de</strong> passage majeur <strong>du</strong> trafic franco-italien) et le réseau <strong>de</strong>s<br />

autoroutes européennes.<br />

Si l’on fait un rapi<strong>de</strong> bilan <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> la mise en service <strong>de</strong> l’A 43, <strong>de</strong>ux points essentiels<br />

interpellent : la forte augmentation <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong> cette autoroute, d’une part ; les impacts<br />

multiples <strong>de</strong> cette nouvelle infrastructure sur le territoire qu’elle traverse, d’autre part.<br />

UNE FORTE AUGMENTATION DU TRAFIC SUR L’A 43<br />

Le trafic véhicules légers (VL) : une croissance soutenue et régulière


50<br />

Evolution <strong>de</strong> la moyenne journalière <strong>du</strong> trafic VL sur l’A 43<br />

moyenne journalière <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> VL<br />

8000<br />

6000<br />

4000<br />

2000<br />

0<br />

1997 1998 1999 2000<br />

courbe<br />

d'évolutio<br />

n <strong>de</strong> la<br />

moyenne<br />

journalièr<br />

Source : Observatoire économique <strong>de</strong> l’autoroute A 43, bilan 2000<br />

Depuis l’année 1997, date d’ouverture <strong>du</strong> premier tronçon, le trafic <strong>de</strong>s véhicules légers n’a cessé <strong>de</strong><br />

croître sur l’A 43. On constate une augmentation <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20 % par an sur l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

pério<strong>de</strong> 1997-2000, ce qui est considérable. L’évolution <strong>de</strong> la moyenne journalière (<strong>de</strong>ux sens<br />

confon<strong>du</strong>s), ainsi qu’en témoigne le graphique, confirme cette tendance.<br />

L’ « explosion » <strong>du</strong> trafic poids lourds (PL)<br />

moyenne journalière <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> PL<br />

Evolution <strong>de</strong> la moyenne journalière <strong>du</strong> trafic PL sur l’A 43<br />

8000<br />

6000<br />

4000<br />

2000<br />

0<br />

1997 1998 1999 2000<br />

courbe<br />

d'évolution <strong>de</strong><br />

la moyenne<br />

journalière<br />

Source : Observatoire économique <strong>de</strong> l’autoroute, bilan 2000<br />

Dès 1997, le trafic PL sur l’autoroute était <strong>de</strong> 789 700 entrées et sorties, représentant 35 % <strong>du</strong> total <strong>de</strong>s<br />

entrées et sorties. En 1998, il s’est considérablement accru, augmentant <strong>de</strong> 27 % par rapport à l’année<br />

précé<strong>de</strong>nte (passant à 978 000 passages), alors que le tunnel <strong>du</strong> Mont-Blanc était toujours en service.<br />

Le 24 mars 1999, la catastrophe <strong>du</strong> tunnel <strong>du</strong> Mont-Blanc entraîne sa fermeture immédiate. Le report<br />

<strong>du</strong> trafic se fait alors <strong>de</strong> manière quasi intégrale sur le tunnel <strong>du</strong> Fréjus : l’A 43 enregistre en 1999 un<br />

doublement <strong>du</strong> nombre d’entrées et <strong>de</strong> sorties par rapport à l’année précé<strong>de</strong>nte.<br />

Aujourd’hui encore (mi-2002), la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s poids lourds qui franchissaient auparavant le<br />

tunnel <strong>du</strong> Mont-Blanc empruntent le tunnel <strong>du</strong> Fréjus, en attendant la réouverture complète <strong>du</strong> Mont-<br />

Blanc, prévue pour la fin <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> juin 2002. Tout cela sans préjuger <strong>du</strong> contexte <strong>de</strong> hausse continue<br />

<strong>du</strong> trafic routier <strong>de</strong> marchandises qui en corollaire augmente constamment le trafic propre <strong>de</strong> l’A 43.<br />

Le graphique illustrant l’évolution <strong>de</strong> la moyenne journalière témoigne <strong>de</strong> cette augmentation<br />

constante <strong>de</strong> la fréquentation . La montée plus brutale <strong>de</strong> la courbe entre 1998 et 1999 signale le report<br />

<strong>de</strong> la circulation <strong>du</strong> Mont-Blanc.


51<br />

Un paramètre d’importance dans cette hausse <strong>du</strong> trafic : l’acci<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Mont-Blanc<br />

Le graphique montre bien qu’avant l’acci<strong>de</strong>nt (en 1998), l’importance <strong>du</strong> trafic se situait dans <strong>de</strong>s<br />

ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur tout à fait comparables pour les <strong>de</strong>ux tunnels. 2 150 poids lourds en moyenne<br />

franchissaient chaque jour le Fréjus, soit à peine plus qu’au Mont-Blanc : 2 130 PL / jour.<br />

L’évolution quasi-symétrique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux courbes témoigne <strong>du</strong> report presque total <strong>de</strong> la<br />

fréquentation d’un tunnel vers l’autre après l’acci<strong>de</strong>nt, et explique donc très largement le<br />

doublement <strong>de</strong> la circulation sur l’autoroute cette année-là. La réouverture totale <strong>du</strong> Mont-Blanc, qui<br />

est imminente, <strong>de</strong>vrait ré<strong>du</strong>ire en gran<strong>de</strong> partie la circulation sur l’autoroute <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, même si le<br />

contexte est celui d’une hausse générale <strong>du</strong> trafic. A terme, l’objectif est <strong>de</strong> partager équitablement le<br />

trafic PL entre les <strong>de</strong>ux tunnels, avec un minimum <strong>de</strong> 35 % <strong>du</strong> trafic total au Mont-Blanc.<br />

nb d'entrées et <strong>de</strong> sorties <strong>de</strong> PL (dans les <strong>de</strong>ux<br />

sens)<br />

2000000<br />

1500000<br />

1000000<br />

500000<br />

Comparaison <strong>de</strong> l’évolution <strong>du</strong> trafic PL entre les tunnels <strong>du</strong><br />

Mont-Blanc et <strong>du</strong> Fréjus<br />

0<br />

1998 1999 2000 2001<br />

Tunnel <strong>du</strong><br />

Fréjus<br />

Tunnel <strong>du</strong><br />

Mont-Blanc<br />

Source : Observatoire économique <strong>de</strong> l’autoroute et SFTRF<br />

L’ARRIVEE DE L’AUTOROUTE : UN IMPACT CONSIDERABLE SUR LE TERRITOIRE<br />

MAURIENNAIS<br />

Les sources ayant permis l’évaluation <strong>de</strong> cet impact, et la démarche choisie pour l’exploitation <strong>de</strong> ces<br />

sources sont :<br />

- le bilan publié en 2000 par l’Observatoire socio-économique <strong>de</strong> l’A 43.<br />

Cet observatoire a été mis en place <strong>de</strong> septembre 1997 à l’an 2000, date <strong>de</strong> la mise en service <strong>du</strong><br />

<strong>de</strong>rnier tronçon. Il s’est attaché à évaluer les retombées économiques <strong>du</strong> chantier sur les secteurs <strong>de</strong> la<br />

construction, l’activité <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> services aux entreprises, les commerçants, les hôteliers, les<br />

restaurateurs et sur l’hébergement.<br />

- les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> intitulée « Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> », publiée en avril<br />

2002.<br />

Pour la réalisation <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, l’ensemble <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> a été invité à répondre à<br />

une série <strong>de</strong> questions relatives au fonctionnement <strong>de</strong> leur territoire, aux projets envisagés et aux<br />

difficultés rencontrées.<br />

Il est important <strong>de</strong> noter que près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s communes ont répon<strong>du</strong> au questionnaire, ce qui<br />

représente tout <strong>de</strong> même 63 % <strong>de</strong> la population mauriennaise. Le résultat a donc l’avantage <strong>de</strong> mettre<br />

en avant certaines tendances d’évolution, et <strong>de</strong> refléter certaines opinions, même si la valeur <strong>du</strong>


traitement statistique <strong>de</strong> ces données reste à prendre avec précaution, étant donné qu’il ne couvre pas la<br />

totalité <strong>de</strong> la vallée.<br />

Les enjeux <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> cette infrastructure<br />

52<br />

L’accroissement <strong>de</strong> l’accessibilité : un bouleversement <strong>de</strong> la notion distance-temps<br />

La plupart <strong>de</strong>s communes apprécient la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport distance-temps permis par l’amélioration<br />

<strong>de</strong> l’accessibilité. Cette accessibilité nouvelle a un impact fortement positif sur l’économie. Les maires<br />

considèrent en effet comme bénéfique le rapprochement <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s agglomérations, dans la mesure<br />

où il est favorable au développement <strong>de</strong>s entreprises locales (et à l’attractivité <strong>du</strong> territoire pour <strong>de</strong>s<br />

entreprises nouvelles). Ce rapprochement est également favorable au développement <strong>du</strong> tourisme,<br />

autre secteur majeur <strong>de</strong> l’économie locale.<br />

- Un axe stratégique pour le développement et l’implantation <strong>de</strong>s entreprises<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> a toujours été un axe <strong>de</strong> communication majeur entre les régions <strong>Rhône</strong>-<br />

<strong>Alpes</strong> et Piémont-Lombardie. En ré<strong>du</strong>isant les distances avec les gran<strong>de</strong>s villes françaises d’une part,<br />

avec l’Italie d’autre part, l’autoroute <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> a considérablement renforcé la position<br />

stratégique <strong>de</strong> la vallée.<br />

Aujourd’hui, les entreprises implantées sur le territoire mauriennais ont un accès direct aux marchés<br />

français et italiens. Les sept échangeurs <strong>de</strong> l’autoroute, répartis tout au long <strong>de</strong> la vallée, ont pour cinq<br />

d’entre eux été implantés à proximité immédiate <strong>de</strong>s pôles in<strong>du</strong>striels <strong>de</strong> la vallée :<br />

- Arc-Isère, dans le canton d’Aiguebelle,<br />

- François Horteur, dans celui <strong>de</strong> La Chambre,<br />

- Pré <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, dans celui <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>,<br />

- Les Oeillettes, dans celui <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>,<br />

- Le Fréjus, dans celui <strong>de</strong> Modane.<br />

Situés en bor<strong>du</strong>re d’une voie <strong>de</strong> communication internationale, ces pôles bénéficient à présent d’une<br />

irrigation parfaite.<br />

De plus, l’axe autoroutier est équipé <strong>de</strong> fibres optiques, permettant <strong>de</strong> favoriser le développement <strong>de</strong>s<br />

NTIC dans la vallée. A terme, la présence <strong>de</strong> ce réseau haut débit, atout intéressant pour les<br />

entreprises, <strong>de</strong>vrait participer au maintien <strong>de</strong>s emplois existants et au développement d’emplois<br />

nouveaux liés aux NTIC.<br />

L’arrivée <strong>de</strong> l’A 43 a redonné un dynamisme nouveau aux anciennes entreprises et a donc permis <strong>de</strong><br />

maintenir sur le territoire un grand nombre d’emplois.<br />

- Une <strong>de</strong>sserte touristique exceptionnelle<br />

L’amélioration <strong>de</strong> l’accessibilité participe également au développement touristique <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, ce<br />

qui est un avantage évi<strong>de</strong>nt au vu <strong>de</strong> l’importance <strong>du</strong> tourisme dans l’économie mauriennaise. En effet,<br />

l’A 43 con<strong>du</strong>it les touristes au cœur <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> dans <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> confort et <strong>de</strong> sécurité bien<br />

plus gran<strong>de</strong>s que sur la RN 6, tout en leur offrant un gain <strong>de</strong> temps très appréciable. Cette accessibilité<br />

routière <strong>de</strong> la vallée est d’autant plus importante que plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s touristes venus en<br />

<strong>Maurienne</strong> en hiver choisissent le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport routier.<br />

Le nombre relativement élevé d’échangeurs (sept en tout) permet <strong>de</strong> <strong>de</strong>sservir directement chaque<br />

massif, faisant ainsi <strong>de</strong>s 24 stations <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> quelques unes <strong>de</strong>s stations les mieux<br />

<strong>de</strong>sservies d’Europe.


On constate en effet le développement <strong>de</strong>s séjours « journées » ou « week-end » qui permettent<br />

d’attirer une clientèle <strong>de</strong> proximité, essentiellement rhônalpine et italienne.<br />

53<br />

Vers un meilleur cadre <strong>de</strong> vie, et une image redorée<br />

L’arrivée <strong>de</strong> l’autoroute en <strong>Maurienne</strong> est aussi à l’origine <strong>de</strong> gain considérables pour le territoire, bien<br />

que moins facilement mesurables que les conséquences économiques. Ces gains sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types :<br />

l’amélioration <strong>du</strong> cadre <strong>de</strong> vie d’une part, et la très nette revalorisation <strong>de</strong> l’image <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>,<br />

d’autre part.<br />

La construction <strong>de</strong> l’autoroute est d’un large bénéfice pour les usagers <strong>de</strong> la RN 6. En effet, le report<br />

quasi total <strong>de</strong> la circulation poids lourds sur l’A 43 a très largement allégé la circulation sur la route<br />

nationale.<br />

En signant une charte « Environnement et <strong>Pays</strong>age » en 1993, la SFTRF s’engageait à restituer un<br />

cadre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> qualité, base <strong>du</strong> développement touristique. En réalité, le travail <strong>de</strong> requalification<br />

paysagère autour <strong>de</strong> l’autoroute a permis aux usagers <strong>de</strong> l’A 43 <strong>de</strong> voir la <strong>Maurienne</strong> telle qu’ils ne<br />

l’avaient jamais vue. . . En effet, alors que la loi impose <strong>de</strong> réserver 1 % <strong>du</strong> budget <strong>de</strong> construction<br />

<strong>de</strong>s autoroutes aux aménagements paysagers ( « 1 % paysage »), c’est près <strong>de</strong> 5 % <strong>du</strong> budget qui<br />

a été ici alloué aux actions environnementales et paysagères. Autant dire qu’un effort très net a été<br />

fait dans ce sens, modifiant profondément l’image <strong>de</strong> la vallée.<br />

L’A 43, à l’origine <strong>de</strong> nombreux aménagements paysagers, sait aussi se faire discrète<br />

(photo : SFTRF)<br />

Tous les travaux <strong>de</strong> valorisation <strong>du</strong> paysage, ainsi que les travaux d’insertion <strong>de</strong> l’A43 elle-même dans<br />

le paysage mauriennais, ont largement contribué à améliorer l’image <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, que ce soit <strong>du</strong><br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> passage (touristes, transporteurs) que <strong>de</strong>s habitants eux-mêmes. Grâce aux<br />

aménagements effectués, la vallée est <strong>de</strong>venue plus agréable à vivre et plus attractive.


Le revers <strong>de</strong> la médaille<br />

54<br />

Les désagréments économiques causés par l’A 43<br />

- La perte <strong>de</strong> terrains agricoles<br />

Une infrastructure telle qu’une autoroute a une emprise au sol importante. L’espace requis pour sa<br />

construction représente autant <strong>de</strong> terrains souvent agricoles dont les propriétaires ont dû se séparer <strong>de</strong><br />

gré ou <strong>de</strong> force. Les compensations allouées pour ce type <strong>de</strong> perte ne sont pas toujours estimées<br />

suffisantes. Aussi, certains agriculteurs se plaignent <strong>de</strong> la perte d’une partie <strong>de</strong> leur gagne-pain, au<br />

profit d’une autoroute dont ils tirent peu d’intérêt, <strong>du</strong> moins directement.<br />

- Le détournement <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> la RN 6 (donc <strong>de</strong>s clients potentiels)<br />

Certaines communes, situées au bord <strong>de</strong> la nationale, tiraient un revenu substantiel <strong>du</strong> statut <strong>de</strong> voie <strong>de</strong><br />

passage important <strong>de</strong> la RN 6. En effet, nombre d’hôtels ou <strong>de</strong> restaurants installés aux abords directs<br />

<strong>de</strong> la route profitaient <strong>de</strong> ses flux <strong>de</strong>nses, pourvoyeurs <strong>de</strong> clients : touristes et chauffeurs routiers.<br />

Aujourd’hui, la RN 6 ayant surtout vocation à être utilisée par les mauriennais pour <strong>de</strong>s déplacements<br />

<strong>de</strong> courte distance, toutes les structures <strong>de</strong> restauration ou d’hôtellerie ne sont plus idéalement situées<br />

par rapport à la clientèle potentielle.<br />

L’effet pervers <strong>de</strong> l’autoroute : l’effet <strong>de</strong> fuite<br />

Il existe également un risque in<strong>du</strong>it à l’ouverture <strong>de</strong> l’autoroute, bien qu’il n’ait pas été perçu par les<br />

maires interrogés. Si l’A 43 permet <strong>de</strong> venir plus vite dans la vallée, elle permet aussi d’en sortir dans<br />

<strong>de</strong>s délais courts. . . Cet « effet <strong>de</strong> fuite » est en effet un risque majeur en <strong>Maurienne</strong> : Chambéry est un<br />

pôle considérable d’emplois comparativement à la vallée et la ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la distance-temps entre<br />

cette ville et la <strong>Maurienne</strong> est <strong>de</strong> nature à encourager <strong>de</strong> nombreux Mauriennais à aller travailler<br />

chaque jour à Chambéry.<br />

La conséquence <strong>de</strong> ce phénomène serait alors double :<br />

- la transformation <strong>de</strong> la vallée en simple « vallée-dortoir », et par effet d’entraînement la<br />

disparition <strong>de</strong> nombreux services et emplois,<br />

- une pollution supplémentaire liée à la multiplication <strong>de</strong>s migrations pen<strong>du</strong>laires.<br />

L’accroissement <strong>de</strong>s pollutions<br />

Depuis la fermeture <strong>du</strong> tunnel <strong>du</strong> Mont-Blanc, le doublement <strong>du</strong> trafic au Fréjus à entraîné un<br />

doublement <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> polluants rejetés dans l’atmosphère mauriennaise 25 . Ce fait est<br />

déplorable, mais n’est pas lié à l’arrivée <strong>de</strong> l’autoroute mais, directement, à la catastrophe <strong>du</strong> Mont-<br />

Blanc.<br />

25 Source : Etu<strong>de</strong> prospective sur la pollution <strong>de</strong>s vallées alpines (POVA)


En revanche, l’A 43 est responsable d’une pollution sonore importante : les zones riveraines <strong>de</strong><br />

l’autoroute subissent les conséquences <strong>du</strong> report <strong>du</strong> trafic <strong>de</strong> la RN 6 sur l’A 43, même si <strong>de</strong>s<br />

protections phoniques ont été installées dans les zones les plus sensibles. Un comité bruit a été mis en<br />

place, piloté par le Sous-préfet, visant à résorber les <strong>de</strong>rniers points noirs repérés. Les étu<strong>de</strong>s sont en<br />

cours et les travaux pour la mise en place <strong>de</strong>s protections <strong>de</strong>vraient être impulsés, à partir <strong>de</strong> 2003, sur<br />

les sept points noirs i<strong>de</strong>ntifiés.<br />

b. La RN 6 : vers une vocation nouvelle <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte locale<br />

La Route Nationale 6 (RN 6) est une voie <strong>de</strong> communication internationale qui relie Paris, cœur <strong>de</strong> la<br />

France, à l’Italie. Sur le territoire mauriennais (c’est à dire <strong>de</strong> Pont-Royal jusqu’à la frontière<br />

italienne), elle s’étend sur une longueur <strong>de</strong> 114 km et traverse par conséquent un grand nombre <strong>de</strong><br />

communes : 36 sur 62, soit plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la vallée.<br />

Son tracé suit le cours <strong>de</strong> l’Arc, qu’il remonte jusqu’à Lanslebourg, avant <strong>de</strong> bifurquer vers le col <strong>du</strong><br />

Mont-Cenis.<br />

La route est classée sur 72 km, entre Pont-Royal et Modane, « itinéraire liaison », puis « itinéraire<br />

ordinaire » <strong>de</strong> Modane à la frontière, sur 42 km.<br />

55<br />

LA NOUVELLE FONCTION DE LA RN 6<br />

Avant même la construction <strong>du</strong> tunnel <strong>du</strong> Fréjus, la RN 6 était la voie <strong>de</strong> communication la plus<br />

importante <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Elle était, en effet, la seule route permettant la traversée <strong>de</strong> la vallée<br />

jusqu’à la frontière italienne, via le Mont-Cenis. En 1980, lors <strong>de</strong> l’ouverture <strong>du</strong> tunnel <strong>du</strong> Fréjus, elle<br />

a conservé son rôle <strong>de</strong> liaison principale, étant le seul itinéraire menant jusqu’à l’entrée <strong>du</strong> tunnel, au<br />

niveau <strong>de</strong> Modane.<br />

Avec l’ouverture <strong>de</strong> l’A43 qui relie l’entrée <strong>de</strong> la vallée au tunnel <strong>du</strong> Fréjus, la RN 6 a per<strong>du</strong> son<br />

rôle <strong>de</strong> liaison transfrontalière principale. Certes, elle permet elle aussi <strong>de</strong> gagner la frontière via le<br />

Mont-Cenis, mais l’essentiel <strong>du</strong> trafic transfrontalier se situe désormais sur l’A 43, plus confortable et<br />

plus rapi<strong>de</strong>.<br />

Désormais, délestée <strong>du</strong> trafic <strong>de</strong> transit, la route nationale a désormais une fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte<br />

locale, un rôle <strong>de</strong> liaison « inter-bourgs » en fond <strong>de</strong> vallée.<br />

Les routes départementales, qui <strong>de</strong>sservent chaque commune, rejoignent pour la plupart la RN 6. Cette<br />

<strong>de</strong>rnière conserve un rôle majeur dans les déplacements au niveau <strong>de</strong> la vallée, étant donné qu’elle<br />

reste l’artère principale pour tous les trajets courts. Ces trajets représentent un trafic important, puisque<br />

94 % <strong>de</strong> la population active travaille dans la vallée 26 . La RN 6, malgré l’arrivée <strong>de</strong> l’A 43, reste une<br />

voie <strong>de</strong> communication à forts enjeux.<br />

Cependant, l’évolution récente <strong>de</strong> sa fonction n’est pas sans conséquences : l’importance <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> la<br />

RN 6 dans la vallée mène à analyser précisément les conséquences spatiales <strong>de</strong> sa mutation.<br />

26 Source : DTA <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> nord


56<br />

LES IMPACTS TERRITORIAUX DE CETTE MUTATION<br />

Les impacts positifs<br />

Une route plus sécurisée<br />

Pendant <strong>de</strong>s années, l’Association <strong>de</strong> Défense <strong>de</strong>s Usagers <strong>de</strong> la RN 6 s’est battue pour qu’une<br />

autoroute soit construite en <strong>Maurienne</strong>, afin que la RN 6 soit délestée <strong>du</strong> considérable trafic<br />

international et cesse d’être une route dangereuse pour ses usagers habituels.<br />

C’est aujourd’hui chose faite : les Mauriennais peuvent enfin circuler sur la seule route nationale <strong>de</strong> la<br />

vallée avec plus <strong>de</strong> fluidité, et donc <strong>de</strong> sécurité.<br />

Des travaux restent néanmoins nécessaires pour parfaire cette sécurisation <strong>de</strong> la RN 6, notamment la<br />

création <strong>de</strong> véritables « entrées <strong>de</strong> villes » <strong>de</strong>s bourgs traversés par la route. En effet, le fait que la RN<br />

6 ait longtemps eu une vocation routière <strong>de</strong> transit, a empêché les communes traversées <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à<br />

<strong>de</strong>s aménagements matérialisant l’entrée en zone « urbaine ». Aujourd’hui, il est enfin possible <strong>de</strong><br />

réaménager <strong>de</strong> véritables entrées <strong>de</strong> ville, qui rappelleront aux con<strong>du</strong>cteurs qu’ils traversent une zone<br />

<strong>de</strong>nsément peuplée, et qu’ils doivent par conséquent « lever le pied ».<br />

Une opportunité : le traitement <strong>de</strong>s zones riveraines<br />

Le report d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>du</strong> trafic <strong>de</strong> la RN 6 sur l’A 43 a eu <strong>de</strong>s effets réellement positifs sur le<br />

cadre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s villes et villages traversés par la route. Une sécurité plus gran<strong>de</strong> n’a pas été le seul<br />

gain : avec la diminution <strong>du</strong> bruit et <strong>de</strong>s nuisances liées à un trafic <strong>de</strong>nse, c’est tout un potentiel <strong>de</strong><br />

réhabilitation <strong>de</strong>s centres-bourgs et <strong>de</strong> leurs espaces publics qui émerge. Les Mauriennais <strong>de</strong>vraient<br />

petit à petit repeupler et revitaliser <strong>de</strong>s zones auparavant peu attractives. Ainsi, les zones riveraines <strong>de</strong><br />

la RN 6 <strong>de</strong>vraient connaître un « second souffle ».<br />

LES IMPACTS NEGATIFS<br />

En cessant d’être la voie principale <strong>de</strong> la vallée, la RN 6 a per<strong>du</strong> les avantages liés à ce statut.<br />

L’avantage économique<br />

Si bon nombre <strong>de</strong> territoires profitaient <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> la RN 6, aujourd’hui, tous les services et<br />

commerces liés à la route sont en difficulté : restauration, garages, etc. . . La clientèle potentielle<br />

circule essentiellement au niveau <strong>de</strong> l’A 43, ce qui pose un certain nombre <strong>de</strong> problèmes économiques<br />

sur les franges <strong>de</strong> la RN 6.<br />

Aussi faudra-t-il songer, à reconvertir un grand nombre <strong>de</strong> ces commerces. L’arrivée <strong>de</strong> l’autoroute ne<br />

doit pas faire <strong>de</strong>s abords <strong>de</strong> la RN 6 une zone <strong>de</strong> commerces désaffectés.<br />

C’est un point d’autant plus important que <strong>de</strong> nombreux touristes empruntent encore la RN 6, et qu’il<br />

faut par conséquent préserver voire améliorer l’esthétique et l’aspect vivant <strong>de</strong> ses abords.<br />

La perte <strong>de</strong> la priorité <strong>de</strong> la RN 6 au niveau <strong>du</strong> déneigement<br />

L’A 43, <strong>de</strong>venue la principale voie <strong>de</strong> communication <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, est par là <strong>de</strong>venue prioritaire<br />

au niveau <strong>du</strong> déneigement. La RN 6, sur laquelle le trafic a fortement diminué, est donc passée au<br />

second plan.


Auparavant, la route nationale était classée en « niveau 1 » vis-à-vis <strong>du</strong> déneigement. En cas <strong>de</strong> chutes<br />

<strong>de</strong> neige, la circulation y était donc délicate 27 la nuit, mais garantie normale en journée ; aujourd’hui,<br />

l’A 43 étant classée en « niveau 1 », la RN 6 est passée au « niveau 2 » : la circulation y est difficile la<br />

nuit, délicate en matinée et garantie normale seulement en milieu <strong>de</strong> journée.<br />

Cette dégradation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la circulation sur la RN 6 en cas <strong>de</strong> chutes <strong>de</strong> neige est donc gênante,<br />

car elle diminue les garanties <strong>de</strong> circulation pour tous les usagers locaux, qui utilisent peu l’autoroute.<br />

Elle peut poser à terme <strong>de</strong> véritables questions en matière d’aménagement <strong>du</strong> territoire, car <strong>de</strong> la<br />

viabilité <strong>de</strong> la RN 6 dépend la <strong>de</strong>sserte d’un nombre important <strong>de</strong> villages situés sur les hauteurs.<br />

c. Les routes départementales<br />

Comme dans tous les territoires <strong>de</strong> montagne où le relief oblige à maints contournements et détours, le<br />

réseau <strong>de</strong>s routes départementales est considérablement <strong>de</strong>nse en <strong>Maurienne</strong>, notamment dans le<br />

canton <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, où il avoisine les 200 km. Il totalise une longueur <strong>de</strong> 672 km sur<br />

les 2728 km <strong>du</strong> département savoyard, et se répartit par canton tel que suit :<br />

57<br />

- Aiguebelle : 175 km<br />

- La Chambre : 82 km<br />

- Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> : 190 km<br />

- Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> : 73 km<br />

- Modane : 52 km<br />

- Lanslebourg : 100 km.<br />

UN ROLE ESSENTIEL DE DESENCLAVEMENT<br />

Pour les habitants<br />

Les routes départementales relient chacune <strong>de</strong>s communes à la RN 6 et à l’A 43, aussi leur rôle est-il<br />

majeur dans les déplacements au sein <strong>de</strong> la vallée. Pour toutes les communes non traversées par la<br />

route nationale ou l’autoroute (spécialement les communes d’altitu<strong>de</strong>), les routes départementales sont<br />

le seul moyen <strong>de</strong> gagner le fond <strong>de</strong> vallée, où se situent la majorité <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s emplois. Gagner<br />

le fond <strong>de</strong> vallée est d’autant plus important en pério<strong>de</strong> hivernale, dès que les cols sont fermés : les<br />

voies rapi<strong>de</strong>s <strong>du</strong> fond <strong>de</strong> vallée sont alors le seul lien <strong>de</strong> communication avec l’extérieur <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong>.<br />

Par ailleurs, les routes départementales mènent aux différents cols (à part celui <strong>du</strong> Mont-Cenis, qui est<br />

<strong>de</strong>sservi par la RN 6) : ceux <strong>du</strong> Glandon (D 927), <strong>de</strong> la Croix <strong>de</strong> Fer (D 80), <strong>de</strong> la Ma<strong>de</strong>leine (D 213),<br />

<strong>du</strong> Galibier (D 902), <strong>du</strong> Lautaret (D 902), <strong>de</strong> l’Iseran (D 902). Elles permettent ainsi d’assurer le lien<br />

avec les vallées voisines. Ces franchissements latéraux, bien qu’impraticables en hiver, participent au<br />

désenclavement <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> qui est, rappelons-le, une vallée encaissée. En outre, ces routes qui<br />

traversent <strong>de</strong>s sites d’altitu<strong>de</strong> exceptionnels sont d’une gran<strong>de</strong> importance pour le tourisme d’été.<br />

Les routes départementales occupent un rôle essentiel dans le canton <strong>de</strong> Lanslebourg. Comme la RN 6<br />

bifurque à Lanslebourg vers la frontière, la D 209 prend alors son relais et remonte la vallée d’aval en<br />

27<br />

Circulation difficile : nécessité <strong>de</strong> circuler avec <strong>de</strong>s équipements spéciaux, risque <strong>de</strong> blocage pour les poids lourds ;<br />

circulation délicate : nécessité <strong>de</strong> circuler à vitesse ré<strong>du</strong>ite en restant vigilant, <strong>de</strong> préférence avec <strong>de</strong>s équipements<br />

spéciaux ; circulation normale : possibilité <strong>de</strong> circuler sans équipements spéciaux. (source : DDE Savoie, La viabilité<br />

hivernale en Savoie)


amont, jusqu’au col <strong>de</strong> l’Iseran. Ainsi, une route départementale peut parfois être l’unique<br />

infrastructure <strong>de</strong> transport sur un canton.<br />

Les routes départementales jouent donc en <strong>Maurienne</strong>, territoire montagnard, un rôle <strong>de</strong><br />

désenclavement essentiel.<br />

Pour le développement <strong>du</strong> tourisme<br />

Il est d’autant plus crucial d’assurer la qualité <strong>de</strong>s routes départementales que celles-ci relient le<br />

fond <strong>de</strong> vallée aux stations <strong>de</strong> sports d’hiver. Elles sont donc le passage obligé <strong>de</strong>s touristes en<br />

hiver. L’arrivée <strong>de</strong> l’A 43 a permis une formidable amélioration <strong>de</strong> l’accessibilité <strong>de</strong> la vallée, mais<br />

cette amélioration peut être compromise si les routes départementales n’assurent pas correctement le<br />

relais et ne permettent pas <strong>de</strong> gagner rapi<strong>de</strong>ment les stations. Leur qualité leur permet-elle d’assurer<br />

efficacement ce relais ?<br />

58<br />

UNE MISSION BIEN REMPLIE, MAIS DES MENACES QUI SUBSISTENT<br />

Une qualité globalement bonne<br />

Les routes départementales maillent le territoire <strong>de</strong> façon satisfaisante : chacune <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la<br />

vallée dispose d’au moins une <strong>de</strong> ces RD. La <strong>de</strong>sserte <strong>de</strong> la vallée est à cet égard globalement bonne.<br />

En outre, les routes départementales sont généralement <strong>de</strong> bonne qualité.<br />

L’Etat, les collectivités <strong>territorial</strong>es et locales, ont investi 48 millions d’euros (321 millions <strong>de</strong> francs)<br />

dans divers travaux routiers au sein <strong>du</strong> département savoyard, dans le cadre <strong>de</strong>s Contrats <strong>de</strong> Plan<br />

Etat/<strong>Région</strong> 2000-2006 ; la <strong>Maurienne</strong> bénéficie donc directement <strong>de</strong> ce renouvellement <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong>s routes.<br />

Par ailleurs, en 2002, à l’initiative <strong>du</strong> Conseil Général, un Plan Qualité Routes a été mis en place. En<br />

collaboration avec l’Etat, la <strong>Région</strong>, les communes et les sociétés <strong>de</strong> remontées mécaniques, 260<br />

millions d’euros (1,7 milliards <strong>de</strong> francs) ont été investis dans <strong>de</strong>s aménagements pour la sécurisation<br />

<strong>de</strong>s routes <strong>de</strong> montagne. Ce programme vise particulièrement, en ce qui concerne la <strong>Maurienne</strong>, le<br />

secteur <strong>de</strong> la Haute-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Plus spécifiquement, les routes départementales dont la qualité est essentielle au développement<br />

touristique, c’est-à-dire celles donnant l’accès aux stations <strong>de</strong> sports d’hiver, sont d’une qualité<br />

globalement satisfaisante. Sylvain MATHIEU 28 , dans le cadre <strong>de</strong> son travail d’étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> recherche<br />

sur l’accessibilité <strong>de</strong>s stations touristiques <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> réalisé en 2002, a classé les routes d’accès<br />

aux stations selon leur état. Il a pour cela combiné différents critères : largeur, sinuosité, pente, qualité<br />

<strong>de</strong> l’enrobé, traversée ou non <strong>de</strong> village.<br />

28 Etudiant en maîtrise <strong>de</strong> Géographie à l’Université <strong>de</strong> Grenoble en 2001-2002


59<br />

Classement <strong>de</strong>s stations selon l’état <strong>de</strong> leur route d’accès (hormis les<br />

stations <strong>de</strong>sservies directement par la RN 6)<br />

Etat <strong>de</strong>s routes d’accès Stations Types <strong>de</strong> routes<br />

Bon état Bonneval, Bessans, Sollières-<br />

Sardières, la Norma,<br />

Valmeinier, Valloire<br />

Etat moyen Valfréjus, Albiez-le-Jeune,<br />

Saint-Sorlin d’Arves, Saint-<br />

Jean-d’Arves, la Toussuire,<br />

Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards,<br />

Saint-François-Longchamp,<br />

Routes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée, ou<br />

routes construites dans un but<br />

touristique<br />

Routes anciennes<br />

Jarrier, les Bottières<br />

Mauvais état Les Karellis, Le Corbier, Routes qui posent problème<br />

Albiez-Monrond, Montaimont<br />

Source : S. MATHIEU, L’accessibilité <strong>de</strong>s stations touristiques en <strong>Maurienne</strong>, 2002<br />

La conclusion <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est que plus on remonte vers l’amont <strong>de</strong> la vallée, plus les routes sont<br />

en bon état.<br />

Les risques naturels , une menace pour l’accessibilité <strong>de</strong>s communes d’altitu<strong>de</strong><br />

Les routes d’accès aux stations sont tributaires <strong>de</strong> nombreuses composantes physiques : pente, relief,<br />

altitu<strong>de</strong>, froid, dynamique <strong>de</strong>s cours d’eau, instabilité <strong>de</strong>s terrains…Les routes <strong>de</strong> montagne sont ainsi<br />

soumises à quatre types <strong>de</strong> risques naturels : les glissements <strong>de</strong> terrain, les avalanches, les inondations<br />

et les chutes <strong>de</strong> blocs.<br />

Outre la sécurité <strong>de</strong>s usagers, ces évènements naturels ren<strong>de</strong>nt la circulation parfois temporairement<br />

impossible sur certaines routes, et par conséquent menacent la qualité <strong>de</strong> l’accessibilité <strong>de</strong>s communes<br />

d’altitu<strong>de</strong>. Ceux-ci sont donc extrêmement surveillés et combattus.<br />

Les glissements sont nombreux en <strong>Maurienne</strong>, et causent généralement un affaissement <strong>de</strong> la route.<br />

Afin <strong>de</strong> traiter ce problème, il est nécessaire <strong>de</strong> compenser l’affaissement par une recharge en<br />

matériaux. Les inondations sont plus rares et irrégulières, mais con<strong>du</strong>isent souvent à <strong>de</strong>s coupures,<br />

voire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>structions <strong>de</strong> routes (dans le cas <strong>de</strong>s routes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée qui jouxtent l’Arc).<br />

Les chutes <strong>de</strong> blocs et avalanches sont les risques les plus communs, donc les plus gênants. Ils<br />

entraînent assez régulièrement <strong>de</strong>s perturbations <strong>du</strong> trafic, voire une fermeture totale <strong>de</strong>s routes. Ainsi,<br />

aux Karellis, la route a été interdite à la circulation pendant trois semaines à cause <strong>de</strong> chutes <strong>de</strong> gros<br />

blocs, et les routes menant à Aussois et Bonneval-sur-Arc sont régulièrement fermées à titre préventif,<br />

lorsqu’il y a risque d’avalanche.<br />

d. Les voies communales<br />

UN RESEAU TRES IMPORTANT<br />

Les voies communales assurent la liaison entre les routes nationales, départementales et toutes les<br />

zones habitées non <strong>de</strong>sservies par ces infrastructures. En <strong>Maurienne</strong>, territoire rural et montagnard, à<br />

l’habitat dispersé, le réseau <strong>de</strong>s voies communales est remarquablement long : 1 087 km 29 .<br />

29 INSEE, recensement 1999


Sa longueur par canton est celle-ci :<br />

- Aiguebelle : 142 km<br />

- La Chambre : 160 km<br />

- Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> : 361 km<br />

- Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> : 88 km<br />

- Modane : 84 km<br />

- Lanslebourg : 252 km<br />

C’est bien enten<strong>du</strong> dans les cantons où l’habitat est le plus dispersé, que la longueur <strong>de</strong> voies<br />

communales est la plus importante.<br />

60<br />

UNE QUALITE INEGALE<br />

La longueur <strong>de</strong>s voies est donc importante par rapport à la quantité <strong>de</strong> population <strong>du</strong> territoire. Ainsi,<br />

l’entretien <strong>de</strong> la voirie est souvent une charge très lour<strong>de</strong> pour les communes. La commune <strong>de</strong><br />

Bessans, qui ne compte que 311 habitants, doit notamment financer l’entretien <strong>de</strong> 77 km <strong>de</strong> voirie !<br />

Les communes délèguent souvent la surveillance et l’entretien <strong>de</strong> leurs voies aux services <strong>de</strong><br />

l’Equipement. Contre rémunération, ceux-ci prennent en charge l’ATESAT (Assistance Technique <strong>de</strong><br />

l’Etat pour <strong>de</strong>s Raisons <strong>de</strong> Solidarité et d’Aménagement <strong>du</strong> Territoire). Les services ren<strong>du</strong>s dans le<br />

cadre <strong>de</strong> ce contrat sont <strong>de</strong> trois types :<br />

- conseil et assistance concernant la gestion <strong>de</strong> la voirie et <strong>de</strong> la circulation,<br />

- assistance entretien et réparations,<br />

- assistance à la con<strong>du</strong>ite d’étu<strong>de</strong>s relatives à l’entretien d’ouvrages d’art intéressant la voirie.<br />

Ce service s’adresse tout particulièrement aux petites communes disposant <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> revenus et ne<br />

possédant pas <strong>de</strong> services techniques.<br />

Même si les communes sont subventionnées par l’Etat pour financer l’entretien <strong>de</strong>s routes - par le biais<br />

<strong>de</strong> la Dotation Globale <strong>de</strong> Fonctionnement (DGF) - les routes sont inégalement entretenues selon les<br />

municipalités. La qualité <strong>de</strong>s voies communales dépend autant <strong>de</strong>s sensibilités <strong>de</strong>s élus que <strong>de</strong><br />

l’importance <strong>de</strong>s budgets communaux.<br />

La qualité <strong>de</strong>s voies communales est pourtant essentielle au maintien <strong>de</strong> la population dans les<br />

communes d’altitu<strong>de</strong>. En effet, le mauvais état <strong>de</strong>s routes locales dégra<strong>de</strong> l’accessibilité <strong>de</strong> la<br />

commune, et rallonge le temps <strong>de</strong> trajet domicile-travail (pour ceux qui vivent en altitu<strong>de</strong> et travaillent<br />

en fond <strong>de</strong> vallée).<br />

L’homogénéisation nécessaire <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> ces voies pourrait être, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, obtenue par<br />

le biais <strong>de</strong> l’intercommunalité. Si les communes délèguent la compétence « voirie et transports » à la<br />

structure intercommunale dont elles font partie, la qualité <strong>de</strong>s routes sera beaucoup plus homogène<br />

entre les diverses communes.<br />

LA QUESTION DU DENEIGEMENT : UNE MENACE D’ENCLAVEMENT<br />

Jusqu’en 2000, le déneigement <strong>de</strong>s voies communales n’était souvent pas assuré par les communes<br />

elles-mêmes, mais, contre rémunération, par les subdivisions locales <strong>de</strong> la DDE. La DDE fournissait<br />

alors, selon les communes, le personnel ou les engins, voire les <strong>de</strong>ux. De la sorte, les communes<br />

n’étaient ni obligées <strong>de</strong> s’équiper en engins coûteux, ni d’engager <strong>de</strong> manière permanente un personnel<br />

ponctuellement nécessaire. Rémunérer les services temporaires <strong>de</strong> la DDE était alors nettement plus<br />

économique, en particulier pour les communes les plus petites.


Dans le cadre <strong>de</strong> la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> ses fonctionnaires, la DDE se désengage<br />

progressivement <strong>de</strong> cette mission <strong>de</strong> déneigement <strong>de</strong>s voies communales. Aujourd’hui, les<br />

fonctionnaires <strong>de</strong> l’Equipement doivent travailler en priorité pour leur maître d’ouvrage principal, à<br />

savoir le Département. En effet, il n’était pas rare que le personnel <strong>de</strong> la DDE passe autant <strong>de</strong> temps <strong>de</strong><br />

travail à déneiger les voies communales qu’à déneiger les routes départementales. A Jarrier, le circuit<br />

<strong>de</strong> déneigement, traitant pour une moitié les voies communales, pour une autre moitié les routes<br />

départementales, <strong>du</strong>rait en 2001 4 h 30…<br />

Dans l’impossibilité <strong>de</strong> contractualiser avec la DDE, les communes <strong>de</strong>vront faire appel à <strong>de</strong>s services<br />

privés <strong>de</strong> déneigement ou s’équiper en engins et se munir d’un personnel approprié. Ces<br />

investissements vont se révéler très lourds pour les collectivités locales financièrement les plus<br />

fragiles.<br />

Pourtant, assurer un service <strong>de</strong> déneigement sur l’ensemble <strong>de</strong>s voies communales est essentiel à la<br />

survie <strong>de</strong> certaines communes. En effet, comment imaginer rester vivre au sein d’un village où la<br />

circulation est impossible dès la première chute <strong>de</strong> neige, notamment en altitu<strong>de</strong> ? Les communes,<br />

pour maintenir leur population, doivent au plus vite assurer le relais <strong>de</strong> ce service indispensable.<br />

L’une <strong>de</strong>s solutions au problème <strong>du</strong> financement <strong>de</strong> cette nouvelle compétence serait la délégation <strong>de</strong><br />

celle-ci aux structures intercommunales. La mise en commun <strong>de</strong>s fonds disponibles <strong>de</strong> chaque<br />

commune dans le budget intercommunal rendrait les investissements moins lourds. Par ailleurs, le<br />

déneigement au niveau intercommunal est souvent plus rapi<strong>de</strong> car plus facile (sections <strong>de</strong> circuits<br />

communes, continuité <strong>de</strong>s voies entre les communes…).<br />

En <strong>Maurienne</strong>, le réseau ferré est composé d’une unique ligne ferroviaire, qui traverse et <strong>de</strong>ssert la<br />

Basse et la Moyenne-<strong>Maurienne</strong> jusqu’à Modane, où elle va, via le tunnel ferré <strong>du</strong> Fréjus, vers Turin.<br />

Cette ligne supporte un trafic mixte fret et voyageurs.<br />

a. Le transport <strong>de</strong> marchandises<br />

61<br />

II.4.2. Les infrastructures ferroviaires<br />

LA NECESSITE D’UNE NOUVELLE LIAISON TRANSALPINE<br />

Une infrastructure bientôt inadaptée<br />

La place prépondérante <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> dans le trafic ferroviaire transfrontalier<br />

La ligne ferroviaire mauriennaise occupe une place considérable dans le trafic marchandises entre la<br />

France et l’Italie.<br />

La <strong>Maurienne</strong> est déjà un point <strong>de</strong> passage crucial au niveau <strong>de</strong>s échanges routiers, puisque les <strong>de</strong>ux<br />

tiers <strong>du</strong> trafic marchand routier franco-italien s’écoule par le tunnel <strong>du</strong> Fréjus. Sur le plan ferroviaire,<br />

on ne compte que <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> passage <strong>de</strong> fret entre les <strong>de</strong>ux pays : la ligne côtière par Vintimille et<br />

la ligne <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. De ce fait, la <strong>Maurienne</strong> tient une place tout aussi prépondérante au niveau<br />

<strong>du</strong> rail que <strong>de</strong> la route, elle absorbe en effet la quasi totalité <strong>du</strong> trafic ferroviaire entre la France et<br />

l’Italie.


62<br />

Répartition <strong>du</strong> trafic ferroviaire <strong>de</strong> marchandises entre l’Italie et<br />

la France selon le point <strong>de</strong> passage en 1998 (en millions <strong>de</strong><br />

tonnes)<br />

0,8<br />

Un trafic qui augmente considérablement<br />

9,3<br />

Ligne <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

Ligne côtière par<br />

Vintimille<br />

Source : Sénat, Protocole Lyon-Turin<br />

Comme dans la plupart <strong>de</strong>s pays européens, la tendance est celle d’un fort développement <strong>du</strong> trafic <strong>de</strong><br />

marchandises.<br />

En trente ans, c’est-à-dire <strong>de</strong>puis 1970, le tonnage entre la France et l’Italie a été multiplié par quatre et<br />

la part <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> la route est passée d’un quart à près <strong>de</strong>s 4/5 <strong>du</strong> trafic. Selon les projections<br />

effectuées par la commission intergouvernementale franco-italienne, le trafic marchandises entre la<br />

France et l’Italie atteindrait 87 millions <strong>de</strong> tonnes en 2015 ( soit 70 % <strong>de</strong> plus qu’en 1997) et 126<br />

millions <strong>de</strong> tonnes en 2025.<br />

Prévision d’évolution <strong>du</strong> trafic marchandises entre la France et<br />

l’Italie (en millions <strong>de</strong> tonnes)<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

1997 2015 2025<br />

Rail<br />

Route<br />

Source : Sénat, Protocole Lyon-Turin<br />

Même si la part <strong>de</strong> la route reste élevée par rapport à celle <strong>du</strong> rail, l’augmentation <strong>du</strong> trafic ferroviaire<br />

est réellement tangible : il est appelé à doubler d’ici 2015, et à tripler d’ici 2025.<br />

La ligne <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, qui voit transiter la quasi totalité <strong>du</strong> trafic, sera donc prioritairement<br />

concernée par cette croissance. Mais la ligne existante n’est pas en mesure d’absorber l’augmentation<br />

considérable prévue pour ces prochaines années, et reste posée la question <strong>de</strong> la sécurité dans le tunnel<br />

ferré actuel, aujourd’hui complètement inadapté par rapport à cette augmentation atten<strong>du</strong>e <strong>de</strong> flux.<br />

En théorie, la ligne mauriennaise peut absorber – sous réserve <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation - un trafic maximum<br />

<strong>de</strong> 20 millions <strong>de</strong> tonnes par an, soit environ le double <strong>du</strong> trafic actuel. Ainsi, l’augmentation <strong>du</strong><br />

tonnage reste possible sur la ligne existante sans saturation jusqu’aux environs <strong>de</strong> 2012, date à laquelle<br />

un nouveau tunnel ferroviaire transalpin <strong>de</strong>vrait être mis en service.


Un nécessaire rééquilibrage <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport<br />

Face à l’augmentation continue <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> transports, émerge la nécessité <strong>de</strong> s’interroger sur les<br />

solutions à adopter.<br />

Il n’est tout d’abord pas envisageable <strong>de</strong> développer les infrastructures routières au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

réalisations actuelles. On mesure en effet aujourd’hui les difficultés auxquelles se heurte la simple<br />

réouverture <strong>du</strong> Mont-Blanc. Par ailleurs, les pays signataires <strong>de</strong> la Convention Alpine <strong>du</strong> 7 novembre<br />

1991 se sont engagés, à travers l’article 11 <strong>du</strong> protocole « transport » <strong>du</strong> 31 octobre 2000, à s’abstenir<br />

<strong>de</strong> construire <strong>de</strong> nouvelles routes à grand débit pour le trafic transalpin.<br />

En outre, la priorité européenne au niveau <strong>de</strong>s transports transalpins est au renforcement <strong>du</strong><br />

transport ferroviaire. Dans son Livre blanc sur les transports publié en septembre <strong>de</strong>rnier 30 , la<br />

commission européenne insiste sur l’importance majeure <strong>de</strong> l’adoption <strong>de</strong> liaisons ferroviaires dans les<br />

<strong>Alpes</strong> en vue <strong>de</strong> « transférer une partie <strong>de</strong> la croissance <strong>du</strong> trafic routier vers le rail dans cette région<br />

carrefour <strong>du</strong> réseau européen ». A ce titre, la Convention Alpine stipule : « <strong>de</strong>s mesures structurelles et<br />

d’aménagement <strong>du</strong> territoire doivent encourager un transfert <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> personnes et <strong>de</strong><br />

marchandises vers les moyens <strong>de</strong> transports plus respectueux <strong>de</strong> l’environnement ».<br />

Bien enten<strong>du</strong>, la France, à travers les schémas multimodaux <strong>de</strong> services collectifs <strong>de</strong> transport arrêtés à<br />

l’été 2001 et l’Italie, dans le cadre <strong>de</strong> son plan général <strong>de</strong>s transports et <strong>de</strong> la logistique, font également<br />

<strong>de</strong>s liaisons ferroviaires transalpines une forte priorité.<br />

La démarche <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s transports, à l’échelle nationale comme européenne, est donc fondée<br />

sur un rééquilibrage <strong>de</strong> l’offre entre les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transports : le projet adopté en solution à<br />

l’augmentation <strong>du</strong> trafic sera donc la création d’une nouvelle liaison ferroviaire, le Lyon-Turin.<br />

Les solutions : mo<strong>de</strong>rnisation et création<br />

63<br />

La mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la ligne existante<br />

La ligne existante est en mesure d’absorber sans saturation l’augmentation <strong>du</strong> trafic jusqu’en 2012,<br />

date à laquelle une nouvelle ligne pourra prendre le relais. La capacité <strong>de</strong> cette ligne sera également <strong>de</strong><br />

20 millions <strong>de</strong> tonnes par an. Avec ces <strong>de</strong>ux infrastructures, les lignes mauriennaises pourraient donc<br />

voir transiter jusqu’à 40 millions <strong>de</strong> tonnes annuelles <strong>de</strong> marchandises (le but étant <strong>de</strong> faire passer, à<br />

terme, un maximum <strong>du</strong> trafic sur la ligne nouvelle).<br />

Des travaux vont être réalisés sur la ligne existante, afin d’éviter un risque <strong>de</strong> saturation d’ici 2012 31 .<br />

Les chantiers porteront notamment sur l’augmentation <strong>de</strong>s gabarits <strong>de</strong>s tunnels compris entre Saint-<br />

Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Suse (en Italie), dont celui <strong>du</strong> Fréjus. Avec un gabarit à la norme B+, ces tunnels<br />

seront adaptés au passage, sur <strong>de</strong>s wagons surbaissés appelés Modalohr, <strong>de</strong> 90 % <strong>du</strong> parc routier.<br />

A l’issue <strong>de</strong> ces travaux d’agrandissement <strong>de</strong>s tunnels, en 2006, 400 000 camions pourront être<br />

chargés annuellement sur le rail.<br />

En vue d’amorcer dans les délais les plus brefs un rééquilibrage <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport routier et<br />

ferroviaire, les Etats français et italien ont décidé d’expérimenter un service d’autoroute ferroviaire dès<br />

2002, entre la <strong>Maurienne</strong> et Bussoleno.<br />

30<br />

Commission <strong>de</strong>s communautés européennes : Livre blanc. La politique européenne <strong>de</strong>s transports à l’horizon 2010 :<br />

l’heure <strong>de</strong>s choix. 12 septembre 2001<br />

31<br />

Source : Réseau Ferré <strong>de</strong> France, Lettre d’information : Liaison ferroviaire transalpine, mars 2001


Ce concept <strong>de</strong> ferroutage organisé sur la ligne existante est ren<strong>du</strong> possible par <strong>de</strong> nouveaux wagons<br />

surbaissés. Ainsi, le plan <strong>de</strong> chargement n’est qu’à quelques centimètres <strong>de</strong>s rails, ce qui permet d’ores<br />

et déjà <strong>de</strong> s’adresser à 18 % <strong>du</strong> parc routier sans modifier le gabarit <strong>de</strong> l’actuel tunnel <strong>du</strong> Fréjus. La<br />

vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> sera ainsi déjà délestée (avant l’achèvement <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> la<br />

ligne) d’environ 30 à 50 000 camions par an. La plate-forme <strong>de</strong> chargement a été installée à Aiton-<br />

Bourgneuf, à l’entrée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

64<br />

La création d’une nouvelle ligne : le Lyon-Turin<br />

- Un projet d’ampleur…<br />

Le projet d’une nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin s’inscrit dans un contexte général<br />

d’amélioration <strong>de</strong>s liaisons transalpines et <strong>de</strong> rééquilibrage en faveur <strong>du</strong> rail réunissant les différents<br />

pays concernés, appuyés par l’Union Européenne (UE). En décembre 1994, lors <strong>du</strong> Conseil Européen<br />

d’Essen, les chefs d’Etat et <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong> l’UE ont retenu, parmi les 14 grands projets<br />

prioritaires d’infrastructures, <strong>de</strong>ux « percées alpines » par voie ferroviaire : le tunnel ferroviaire <strong>du</strong><br />

Brenner en Autriche (qui concerne principalement les échanges entre l’Allemagne et l’Italie) et le<br />

projet Lyon-Turin. Ce projet franco-italien concernera aussi bien le transport <strong>de</strong> marchandises<br />

que le transport <strong>de</strong> voyageurs.<br />

En ce qui concerne le trafic <strong>de</strong> marchandises, le projet Lyon-Turin consiste en un itinéraire empruntant<br />

pour partie la ligne actuelle <strong>de</strong>puis Lyon, mais quittant cette <strong>de</strong>rnière aux abords <strong>du</strong> massif <strong>de</strong> la<br />

Chartreuse, pour franchir ce <strong>de</strong>rnier en tunnel. Il évite ensuite Chambéry, et rejoint la nouvelle ligne<br />

gran<strong>de</strong> vitesse voyageurs aux abords <strong>du</strong> tunnel qui passe sous le massif <strong>de</strong> Belledonne, la ligne<br />

<strong>de</strong>venant alors mixte jusqu’à Turin.<br />

Il s’agit donc, sur un trajet d’environ 270 km suivant l’itinéraire actuel par la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>,<br />

d’aménager plusieurs tronçons, dont certains seront dédiés au trafic voyageurs, d’autres au fret,<br />

d’autres enfin au trafic mixte. Ces tronçons pourront être réalisés indépendamment les uns <strong>de</strong>s autres,<br />

dans le cadre d’un programme par tranche. En ce qui concerne le transport <strong>de</strong> marchandises, la ligne<br />

nouvelle sera non seulement adaptée au fret classique et au transport combiné (conteneurs transférés <strong>de</strong><br />

camions sur <strong>de</strong>s wagons) mais aussi au ferroutage (poids lourds chargés sur wagons spéciaux).<br />

- …qui concerne la <strong>Maurienne</strong> au premier chef<br />

Deux chantiers d’ampleur concernent directement la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Le premier est le tunnel <strong>de</strong> base franco-italien lui-même, maillon central <strong>de</strong> la nouvelle liaison. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier suivrait une direction générale ouest-est, à partir <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> jusqu’en amont<br />

<strong>de</strong> Suse (en Italie), passant sous le Mont d’Ambin, d’une longueur totale <strong>de</strong> 52,7 km. Ce tunnel aura<br />

une vocation mixte fret et voyageurs.<br />

Un <strong>de</strong>uxième chantier, d’ampleur beaucoup moins importante mais tout <strong>de</strong> même non négligeable,<br />

consistera en la percée <strong>du</strong> tunnel d’accès reliant le sillon alpin à l’entrée <strong>du</strong> tunnel <strong>de</strong> base, à Saint-<br />

Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>. Ce tunnel passera sous le massif <strong>de</strong> Belledonne, avant que la ligne sorte à l’air<br />

libre dans le canton <strong>de</strong> la Chambre 32 , pour rejoindre l’entrée <strong>du</strong> tunnel transfrontalier à Saint-Jean.<br />

Cette section accueillera également un trafic mixte.<br />

32 Le tracé exact <strong>de</strong> la ligne aérienne est encore indéterminé : le choix d’un tracé idéal est laborieux, sachant que la ligne<br />

traverse nécessairement une partie <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> la Chambre, zone assez urbanisée.


65<br />

L’IMPACT DU CHANTIER LYON-TURIN SUR LE TERRITOIRE MAURICIENNES<br />

Un chantier d’une telle ampleur, qui <strong>de</strong>vrait rassembler une quantité <strong>de</strong> main-d’œuvre conséquente et<br />

ce pour une <strong>du</strong>rée allant <strong>de</strong> cinq à six ans, aura sans aucun doute un impact considérable sur le<br />

territoire mauriennais. La Préfecture a donc initié une « procé<strong>du</strong>re grand chantier ». Une fois que cette<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> sera validée (c’est-à-dire lors <strong>de</strong> la prochaine réunion <strong>du</strong> CIADT 33 ), <strong>de</strong>s mesures<br />

d’anticipation et d’accompagnement <strong>de</strong>s effets <strong>du</strong> chantier pourront être mises en place.<br />

b. Le transport <strong>de</strong> voyageurs<br />

Bien qu’elles soient d’une importance très inégale, on dénombre neuf gares en <strong>Maurienne</strong> : Aiton-<br />

Bourgneuf, Aiguebelle, Argentine, Epierre, Saint-Avre, Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Julien<br />

Mont<strong>de</strong>nis, Saint-Michel, Modane. Les trains <strong>de</strong> voyageurs qui circulent dans la vallée relient<br />

Chambéry à Modane, voire l’Italie via le tunnel <strong>du</strong> Fréjus. A Chambéry, les correspondances sont<br />

possibles vers les gares d’importance régionale et nationale : Lyon, Grenoble, Valence, Paris. . .<br />

C’est le Train Express <strong>Région</strong>al (TER) 36 <strong>de</strong> la région <strong>Rhône</strong> <strong>Alpes</strong> qui <strong>de</strong>ssert toutes les gares <strong>de</strong> la<br />

vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Le TGV <strong>de</strong>ssert également les gares principales : Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et<br />

Modane, et, en pério<strong>de</strong> hivernale, Saint-Avre et Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Bien enten<strong>du</strong>, les caractéristiques <strong>de</strong> la <strong>de</strong>sserte (fréquence, etc) varient en fonction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,<br />

c’est-à-dire, dans le cas <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> - haut lieu touristique - en fonction <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> touristique.<br />

UNE TRES BONNE DESSERTE TOURISTIQUE<br />

Au niveau <strong>de</strong>s gares elles-mêmes<br />

Une offre adaptée aux skieurs<br />

Lors <strong>de</strong> la saison hivernale, les gares les plus <strong>de</strong>sservies sont celles les plus proches <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong><br />

ski :<br />

- Saint-Avre, au pied <strong>de</strong> Saint-François-Longchamp et Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards<br />

- Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, au pied <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Arvan et <strong>de</strong>s Karellis<br />

- Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, au pied <strong>de</strong> Valmeinier et Valloire<br />

- Modane, au pied d’Aussois, Valfréjus,. . .<br />

Près <strong>de</strong> 63 trains par semaine (TGV compris) transitent en <strong>Maurienne</strong> toute l’année et 30 trains<br />

supplémentaires <strong>de</strong>sservent la vallée les week-ends d’affluence. C’est une hausse <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> trains<br />

<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 50 %, comparativement au reste <strong>de</strong> l’année, que l’on peut constater lors <strong>de</strong> ces week-ends<br />

<strong>de</strong> chassés-croisés touristiques.<br />

Cette croissance <strong>de</strong> l’offre pendant la saison touristique n’est que la conséquence directe <strong>de</strong>s variations<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Les gares principales affichent une fréquentation record <strong>du</strong>rant les week-ends. On<br />

dénombre 1 500 personnes à Saint-Avre, 4 000 à Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, 7 000 à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong> 34 .<br />

33 CIADT : Comité Interministériel pour l’Aménagement et le Développement <strong>du</strong> Territoire<br />

34 Source : Service voyageurs SNCF <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>


66<br />

En réponse, une fréquentation importante, pour une clientèle au profil spécifique.<br />

Cette offre importante et adaptée aux départs au ski (arrêts au pied <strong>de</strong>s stations, augmentation <strong>du</strong><br />

nombre <strong>de</strong> trains le week-end) trouve une réponse en termes <strong>de</strong> fréquentation. Cependant, il est<br />

intéressant <strong>de</strong> constater qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s utilisateurs <strong>du</strong> mo<strong>de</strong> ferroviaire a un profil bien<br />

particulier. Une étu<strong>de</strong> qualitative, menée en partenariat par la SNCF et l’Association <strong>de</strong>s Maires <strong>de</strong><br />

<strong>Maurienne</strong> entre décembre 2000 et avril 2001, a permis <strong>de</strong> mieux cerner le profil type <strong>de</strong>s clients<br />

venant en <strong>Maurienne</strong> pendant la saison hivernale, par voie ferroviaire. Deux tendances se dégagent : le<br />

client-type vient souvent <strong>de</strong> loin et voyage seul ou en petits groupes.<br />

La majorité <strong>de</strong>s passagers est en effet constituée <strong>de</strong> touristes aux origines géographiques relativement<br />

éloignées : la région parisienne (30 %), l’ouest (27 %), le nord <strong>de</strong> la France (13 %). . . Ceci peut<br />

s’expliquer par plusieurs raisons.<br />

D’abord, parce que le train s’avère plus compétitif en termes <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> parcours sur les longues<br />

distances, <strong>de</strong>sservies par TGV ou trains <strong>de</strong> nuit directs (l’exemple <strong>du</strong> temps <strong>de</strong> trajet Paris-Modane :<br />

4h en train contre 6h55 en voiture).<br />

Ensuite, parce que les départs au ski exigent <strong>de</strong>s équipements et bagages encombrants dans un<br />

véhicule. Or, la plupart <strong>de</strong>s touristes venus <strong>de</strong> loin tiennent peu à rajouter à l’inconvénient <strong>de</strong> la <strong>du</strong>rée<br />

<strong>du</strong> voyage celui <strong>de</strong> circuler dans une voiture bondée et inconfortable. Ils préfèrent donc, dans le cas<br />

<strong>de</strong>s longs trajets, opter pour le choix <strong>du</strong> train, d’autant plus que celui-ci subit moins les aléas<br />

climatiques que la voiture (difficultés <strong>de</strong> circulation <strong>du</strong>es à la neige, par exemple).<br />

Enfin, parce que la <strong>de</strong>sserte assurée par les « TGV neige » est très attractive. Elle permet, pendant les<br />

week-ends <strong>de</strong> pointe, <strong>de</strong> gagner directement les principales gares mauriennaises <strong>de</strong>puis Paris sans<br />

changement <strong>de</strong> train. C’est là l’explication principale à la forte fréquentation par les touristes parisiens.<br />

Les touristes d’origine régionale (Lyonnais, Grenoblois. . . ) représentent un pourcentage beaucoup<br />

moins important <strong>de</strong> la clientèle (12 %), préférant au transport ferré le transport routier ; la proximité<br />

bien plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong>puis le domicile, rendant les trajets vers les vacances assez courts, donc<br />

moins pénibles via la route, explique en gran<strong>de</strong> partie ce fait. D’autant que l’A 43 permet une bonne<br />

accessibilité <strong>de</strong>s différents sites touristiques <strong>de</strong>puis ces gran<strong>de</strong>s villes.<br />

L’enquête menée par la SNCF montre que les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> déplacements sont très hétérogènes selon le<br />

nombre <strong>de</strong> personnes.<br />

On observe une large prédominance <strong>du</strong> train pour les clients voyageant seuls (66 %). La part <strong>de</strong><br />

marché <strong>du</strong> train est inversement proportionnelle à la taille <strong>du</strong> groupe : 43 % pour les couples et les<br />

groupes d’amis contre 36 % pour les familles. On explique cette tendance par le fait que pour les<br />

familles dites nombreuses, le voyage en voiture <strong>de</strong>vient moins onéreux que le voyage en train à partir<br />

<strong>de</strong> trois personnes.<br />

Au niveau <strong>de</strong>s relais entre gares et stations<br />

Un excellent relais est assuré entre les gares <strong>de</strong> la vallée et les stations <strong>de</strong> ski. En effet, toutes les<br />

stations mauriennaises sont <strong>de</strong>sservies par <strong>de</strong>s autocars assurant la navette entre gares et stations. En<br />

pério<strong>de</strong> hivernale, on compte dans chaque gare une navette à l’arrivée <strong>de</strong> presque tous les trains.<br />

HORS SAISON, UN SERVICE SATISFAISANT<br />

Une offre importante et bien répartie dans la vallée


Les Mauriennais, grâce au rail, peuvent gagner rapi<strong>de</strong>ment d’une part Chambéry, chef-lieu <strong>du</strong><br />

département, où <strong>de</strong>s correspondances sont possibles vers les gran<strong>de</strong>s villes et d’autre part l’Italie via le<br />

tunnel <strong>du</strong> Fréjus à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> Turin.<br />

Hors saison touristique, neuf trains circulent quotidiennement dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, bien<br />

répartis au niveau <strong>de</strong>s horaires. Parmi ces trains, un TGV, qui <strong>de</strong>ssert Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, et<br />

fréquemment Modane. Le TER <strong>de</strong>ssert toutes les gares, mais les arrêts sont plus fréquents dans les<br />

principales gares, réparties dans toute la vallée : Saint-Avre, Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Michel<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>,<br />

Modane.<br />

Les gares où les arrêts ont été supprimés sont en compensation <strong>de</strong>sservies par <strong>de</strong>s autocars au tarif<br />

SNCF. A Saint-Rémy-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> / Les Chavannes, un service <strong>de</strong> transport à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, nommé<br />

« taxis à domicile », a même été mis en place. Ce système permet aux personnes domiciliées dans ces<br />

communes à présent non <strong>de</strong>sservies <strong>de</strong> rejoindre la gare la plus proche (Saint-Avre) grâce à un taxi, sur<br />

simple réservation, pour la somme <strong>de</strong> 2,3 euros (15 francs). Ce système rencontre un succès important.<br />

Seul point noir à la qualité <strong>de</strong> l’offre : toute la semaine, un train transite entre Chambéry et Saint-Jean<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong><br />

après 20 h, mais ne roule pas le samedi.<br />

Une clientèle d’habitués<br />

Hors saison, les utilisateurs réguliers <strong>de</strong> la ligne sont les internes <strong>de</strong>s collèges et lycées <strong>de</strong> la vallée qui<br />

se déplacent entre leur lieu d’étu<strong>de</strong>s et leur domicile.<br />

De plus, une ligne quotidienne a été mise en place pour les élèves venant <strong>de</strong> Modane et se rendant<br />

quotidiennement à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>. Celle-ci touche 150 élèves par jour 35 . Ce service a été<br />

instauré avant l’ouverture <strong>de</strong> l’A 43, alors que la circulation était difficile aux heures <strong>de</strong> pointe entre<br />

les <strong>de</strong>ux villes par voie routière. Le Conseil Général avait alors décidé <strong>de</strong> transférer le transport<br />

scolaire entre les <strong>de</strong>ux villes sur le rail, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la population. Aujourd’hui, alors que<br />

l’autoroute est ouverte et le trafic plus flui<strong>de</strong> sur la RN 6, ce système a été maintenu, à la satisfaction<br />

<strong>de</strong> ses usagers.<br />

Une ligne <strong>du</strong> même type a été mise en place entre Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Chambéry, et connaît un<br />

succès grandissant.<br />

La fréquentation <strong>de</strong>s touristes, hors saison, ne représente pas quant à elle une part notable <strong>de</strong> la<br />

fréquentation. La <strong>Maurienne</strong> reste en effet beaucoup moins fréquentée par les touristes en été qu’en<br />

hiver (65 % <strong>de</strong>s personnes interrogées pendant l’hiver ne se ren<strong>de</strong>nt jamais en <strong>Maurienne</strong> pendant la<br />

saison estivale). En outre, les touristes « d’été », bien moins chargés que leurs homologues hivernaux,<br />

et plutôt itinérants (contrairement aux skieurs qui se fixent pour la semaine sur une station) préfèrent<br />

au confort <strong>du</strong> train l’aspect plus pratique d’un véhicule indivi<strong>du</strong>el. Aussi ne représentent-ils qu’une<br />

faible part <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> la ligne.<br />

67<br />

LES CONSEQUENCES DE L’ARRIVEE DE L’AUTOROUTE SUR LA FREQUENTATION<br />

Depuis l’ouverture <strong>de</strong> l’A 43, la SNCF a constaté un fléchissement <strong>de</strong> fréquentation sur la ligne<br />

mauriennaise.<br />

Au niveau <strong>de</strong> la fréquentation touristique, cela peut s’expliquer par l’amélioration notable <strong>de</strong><br />

l’accessibilité en <strong>Maurienne</strong>, qui décourage moins <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> venir en voiture.<br />

En ce qui concerne la fréquentation par la population locale, on peut supposer que le fort<br />

désengorgement <strong>de</strong> la RN 6 conséquent à l’ouverture <strong>de</strong> l’autoroute, facilitant fortement la circulation<br />

en fond <strong>de</strong> vallée entre les centres-bourgs, ou entre la vallée et Chambéry, a beaucoup joué. En effet,<br />

35 Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, Service <strong>de</strong>s transports scolaires


avant l’arrivée <strong>de</strong> l’A 43, les difficultés <strong>de</strong> circulation par voie routière encourageait une partie<br />

importante <strong>de</strong> la population à utiliser le train, plus rapi<strong>de</strong> les heures <strong>de</strong> pointe pour relier les bourgs<br />

(comme le montre le transfert sur rail <strong>du</strong> transport scolaire <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> vers Modane ).<br />

Maintenant que la circulation est plus flui<strong>de</strong> sur la route, le rail n’est plus localement aussi compétitif<br />

en terme <strong>de</strong> rapidité.<br />

68<br />

L’IMPACT D’UNE NOUVELLE LIGNE VOYAGEURS A GRANDE VITESSE SUR LE TERRITOIRE<br />

La nouvelle ligne gran<strong>de</strong> vitesse Lyon-Turin sera une ligne mixte fret et voyageurs, <strong>de</strong> l’entrée <strong>du</strong><br />

tunnel <strong>de</strong> Belledonne, en aval <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, jusqu’à la sortie <strong>du</strong> tunnel <strong>de</strong> base, en<br />

Italie. La <strong>Maurienne</strong> sera donc traversée par une ligne transfrontalière voyageurs <strong>de</strong>s plus mo<strong>de</strong>rnes et<br />

<strong>de</strong>s plus rapi<strong>de</strong>s.<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, <strong>de</strong>rnier passage à l’air libre <strong>de</strong> la ligne avant l’Italie, sera très certainement,<br />

si les élus se mobilisent, un <strong>de</strong>s lieux d’arrêts <strong>du</strong> TGV. Cet avantage représente un enjeu <strong>de</strong> taille pour<br />

le développement <strong>de</strong> la vallée. En effet, la <strong>Maurienne</strong>, vallée très longtemps enclavée, va <strong>de</strong>venir,<br />

grâce à l’ouverture <strong>de</strong> l’autoroute, et prochainement <strong>de</strong> la ligne Lyon-Turin, l’une <strong>de</strong>s zones les plus<br />

accessibles. Cette accessibilité exceptionnelle va enfin permettre à la <strong>Maurienne</strong> <strong>de</strong> tenir enfin<br />

une place notable dans le sillon alpin.<br />

Selon l’étu<strong>de</strong> Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, l’impact pressenti par les communes <strong>de</strong> l’arrivée<br />

<strong>de</strong> la nouvelle ligne TGV Lyon-Turin est positif dans 46 % <strong>de</strong>s cas et négatif à seulement 4 % (<br />

concernant le cadre <strong>de</strong> vie : bruit, etc.). 50 % <strong>de</strong>s communes n’ont pas encore d’opinion à ce sujet, le<br />

projet étant encore trop récent. Mais pour les communes convaincues <strong>du</strong> bénéfice apporté par la future<br />

ligne, les conséquences atten<strong>du</strong>es concerneraient principalement le développement économique (dans<br />

21 % <strong>de</strong>s cas), l’emploi (11 %), l’accroissement <strong>de</strong> la population (16 %) ou le développement <strong>de</strong> la<br />

construction (16 %).<br />

Cependant, l’accessibilité ferroviaire nouvelle <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> par une ligne à gran<strong>de</strong> vitesse ne sera<br />

un avantage déterminant que si elle s’accompagne d’une <strong>de</strong>sserte suffisamment fréquente : les<br />

élus locaux <strong>de</strong>vront s’attacher à obtenir une fréquence minimale <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux arrêts par jour à Saint-Jean<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong><br />

pour que la ligne TGV profite réellement au développement local.<br />

II.4.3. Les transports en commun<br />

a. Un transport scolaire satisfaisant<br />

Le Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, dès sa création, s’est substitué au Syndicat Intercommunal <strong>de</strong><br />

Ramassage Scolaire <strong>de</strong>s Elèves <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (SIRS). La quasi totalité <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la vallée a<br />

délégué au Syndicat l’organisation et la gestion <strong>du</strong> transport scolaire. Le <strong>Pays</strong> a donc la charge<br />

d’environ 2 560 élèves 36 .<br />

Le Syndicat <strong>de</strong> <strong>Pays</strong> exerce cette compétence en liaison avec le département, qui prend à sa charge une<br />

partie <strong>du</strong> financement (l’autre partie étant supportée par les communes). Les <strong>de</strong>ux acteurs se partagent<br />

la gestion <strong>du</strong> service <strong>de</strong> la manière suivante:<br />

36 Centre d’Affaires et <strong>de</strong> Ressources, Bureau <strong>du</strong> transport scolaire


Le Syndicat est responsable <strong>du</strong> ramassage <strong>de</strong> tous les élèves <strong>de</strong> l’enseignement primaire et secondaire<br />

<strong>de</strong> la vallée, <strong>de</strong> La Chapelle à Lanslebourg, à <strong>de</strong>ux exceptions près :<br />

- les internes, dont le ramassage est directement géré par le département (sauf dans quelques cas<br />

exceptionnels : 37 en tout)<br />

- les jeunes <strong>de</strong>meurant à Saint-Alban et Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards, communes n’ayant pas<br />

délégué au pays la compétence « transport scolaire ».<br />

Le département supporte le ramassage <strong>de</strong>s internes. Cela ne concerne pas les élèves d’écoles primaires,<br />

mais un nombre important d’élèves <strong>de</strong> l’enseignement secondaire. En effet, on ne dénombre dans<br />

toute la vallée que cinq collèges (<strong>de</strong>ux à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-<br />

Etienne-<strong>de</strong>-Cuines et Modane) et quatre lycées. Aussi, <strong>de</strong> nombreux jeunes, résidant trop loin <strong>de</strong> leur<br />

lieu d’étu<strong>de</strong>s, ont fait le choix <strong>de</strong> l’internat.<br />

Ces <strong>de</strong>ux acteurs <strong>du</strong> ramassage scolaire, par un travail conjoint, réalisent donc un maillage efficace <strong>du</strong><br />

territoire.<br />

Avant chaque rentrée scolaire, le tracé <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> bus est adapté à la répartition <strong>de</strong>s élèves dans les<br />

communes. Bien enten<strong>du</strong>, on ne vient pas chercher les élèves « <strong>de</strong>vant leur pas <strong>de</strong> porte », mais<br />

l’intérêt <strong>du</strong> tracé est réévalué pour que le service soit, dans la mesure <strong>du</strong> possible, le plus proche<br />

possible <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Les communes <strong>de</strong> Saint-Alban et Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards n’ont pas délégué au Syndicat la<br />

compétence <strong>du</strong> ramassage scolaire.<br />

Elles assurent elles-mêmes ce service pour les élèves <strong>de</strong>s écoles maternelles et primaires, service qui<br />

est co-financé par la Communauté <strong>de</strong> Communes <strong>de</strong> la vallée <strong>du</strong> Glandon, Saint-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines et<br />

le Conseil Général.<br />

Il n’existe en revanche pas <strong>de</strong> transport scolaire pour les élèves <strong>de</strong> l’enseignement secondaire. Ce fait<br />

s’explique aisément, le Conseil Général a financé la rénovation <strong>de</strong>s internats <strong>de</strong> Saint-Etienne-<strong>de</strong>-<br />

Cuines et Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, aussi n’est-il pas favorable à une extension parallèle <strong>du</strong> transport<br />

scolaire.<br />

La lacune <strong>de</strong> ce service dans ces communes s’avère donc compensée par une meilleure qualité <strong>de</strong>s<br />

internats, sachant par ailleurs que seuls 10 élèves fréquentent actuellement l’école communale.<br />

b. Les autres transports en commun<br />

La <strong>Maurienne</strong> ne dispose pas <strong>de</strong> transports en commun <strong>de</strong> type urbain, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la ruralité <strong>de</strong> son<br />

territoire. Seules les communes <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et <strong>de</strong> sa périphérie, qui forment un pôle<br />

« entre ville et campagne », seraient susceptibles <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> transports urbains. Il n’existe donc<br />

que <strong>de</strong>s liaisons « inter-urbaines », qui relient les communes <strong>de</strong> la vallée entre elles et qui s’adressent<br />

aux touristes et à la population locale.<br />

69<br />

UNE ANALYSE NECESSAIREMENT PARTIELLE<br />

Selon le questionnaire « Zoom sur la <strong>Maurienne</strong> », le transport en commun ne semble pas représenter<br />

un enjeu majeur pour les communes, puisque 46 % <strong>de</strong> celles qui ont répon<strong>du</strong> au questionnaire ne se<br />

prononcent pas à ce sujet. On peut en conclure qu’elles ne disposent donc d’aucune liaison, et n’en<br />

éprouvent pas non plus le besoin.<br />

Il semblerait que seulement 21 % <strong>de</strong>s communes ayant répon<strong>du</strong> possè<strong>de</strong>nt une liaison régulière<br />

(sachant qu’il n’est pas précisé si le transport scolaire est inclus). De plus, <strong>de</strong> nombreuses communes


disposent <strong>de</strong> lignes non régulières, qu’elles soient hebdomadaires, mensuelles ou saisonnières ; 33 %<br />

<strong>de</strong>s communes ont répon<strong>du</strong> disposer <strong>de</strong> ce type d’offre.<br />

70<br />

UNE OFFRE LIMITEE ET UNE DEMANDE PAS TOUJOURS EVIDENTE<br />

Les « mieux dotés » : les touristes<br />

Les compagnies privées ont saisi l’opportunité qui leur était offerte : 40 % 37 <strong>de</strong>s touristes qui viennent<br />

l’hiver en <strong>Maurienne</strong> choisissent le train et à l’arrivée en gare, sont dans l’obligation <strong>de</strong> prendre un bus<br />

ou un taxi pour rejoindre les stations <strong>de</strong> ski. Nombre d’entre eux préfèrent le bus, le taxi étant trop<br />

onéreux. A l’arrivée <strong>de</strong> chaque train, en haute saison, les compagnies sont donc sûres <strong>de</strong> remplir leurs<br />

bus et <strong>de</strong> rentabiliser la liaison. Aussi, en pério<strong>de</strong> touristique, toutes les liaisons nécessaires (garestation,<br />

inter-stations) sont assurées par les compagnies privées, car extrêmement rentables.<br />

Le maximum <strong>de</strong> lignes est ouvert pendant la saison touristique hivernale et dans une proportion<br />

moindre, pendant les vacances d’été, alors que la fréquentation touristique est bien moindre.<br />

Les liaisons sont bien réparties dans la journée et <strong>de</strong>s rotations régulières permettent aux touristes <strong>de</strong><br />

rejoindre <strong>de</strong> nouvelles pistes ou sentiers.<br />

Ces liaisons sont donc empruntées principalement en hiver, par les skieurs arrivés en train pour aller<br />

jusqu’à la station puis re<strong>de</strong>scendre à la gare. Ceux qui sont venus en voiture ont souvent peur d’utiliser<br />

leur propre véhicule, à cause <strong>de</strong> la neige ou <strong>du</strong> verglas et utilisent donc plus facilement les transports<br />

en commun. L’été, l’offre est moins importante car la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est moindre . Les touristes viennent<br />

plus facilement en voiture (et ne sont donc pas dépendants <strong>de</strong>s transports en commun), n’hésitent pas à<br />

utiliser leur véhicule en l’absence <strong>de</strong>s aléas climatiques hivernaux et préfèrent gar<strong>de</strong>r leur « liberté ».<br />

Cependant, ce type <strong>de</strong> transport, étant exploité par <strong>de</strong>s compagnies privées, coûte cher : jusqu’à 13<br />

Euros (80-90 Francs) pour accé<strong>de</strong>r à une station, selon les distances. Cette offre en transport en<br />

commun est donc peu utilisée par la population locale, car son coût est prohibitif. Si les touristes<br />

s’accommo<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ce prix élevé dans le cadre <strong>de</strong>s vacances, la population locale ne peut se permettre<br />

<strong>de</strong> dépenser régulièrement <strong>de</strong>s sommes aussi conséquentes.<br />

Une offre beaucoup plus ré<strong>du</strong>ite pour la population locale<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la saison touristique, peu <strong>de</strong> lignes régulières irriguent le territoire. La <strong>Maurienne</strong> est une<br />

zone rurale, montagnar<strong>de</strong>, où l’habitat est extrêmement dispersé. L’installation d’une ligne n’est pas<br />

rentable et la plupart <strong>du</strong> temps déficitaire. L’offre n’est donc dans ce cas pas assurée par les<br />

compagnies privées. Seules les collectivités sont susceptibles <strong>de</strong> mettre en place ces services au<br />

bénéfice <strong>de</strong> la population, au prix <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s dépenses. Or, la plupart <strong>de</strong>s communes ou<br />

intercommunalités n’ont pas les moyens d’assurer un service aussi coûteux, et le Conseil Général ne<br />

peut se permettre <strong>de</strong> subventionner un transport <strong>de</strong> ce type pour toutes les communes. L’offre est donc<br />

très limitée dans la vallée.<br />

La Haute-<strong>Maurienne</strong> est la mieux <strong>de</strong>sservie. Elle dispose <strong>de</strong> lignes régulières toute l’année (moins<br />

fréquentes en pério<strong>de</strong>s creuses). Cela vient <strong>du</strong> fait que son territoire n’est pas <strong>de</strong>sservi par l’ A 43 mais<br />

surtout par la RN 6, ce qui fait d’elle la zone la plus enclavée <strong>de</strong> la vallée, loin <strong>de</strong>s pôles, donc la plus<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>use <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> service. Plusieurs lignes existent. Un exemple, la ligne entre Modane et<br />

Bonneval/Arc : neufs communes (celles <strong>du</strong> Canton <strong>de</strong> Lanslebourg, Modane et Villarodin) sont reliées<br />

<strong>du</strong> lundi au vendredi (sauf jours fériés) avec trois liaisons : une le matin au départ <strong>de</strong> Bonneval-sur-<br />

Arc, <strong>de</strong>ux au départ <strong>de</strong> Modane à 11h et 17h. Cette ligne, exploitée par la société privée « Trans<br />

37 Source : Enquête SNCF, Direction <strong>Région</strong>ale Voyageurs <strong>de</strong> Chambéry, hiver 2000-2001


Savoie », a un prix quelque peu onéreux : 12,5 Euros (80 Francs) pour relier en 1h15 Bonneval et<br />

Modane. La Haute-<strong>Maurienne</strong> et le canton <strong>de</strong> Modane disposent <strong>de</strong> liaisons régulières et bien réparties<br />

dans la journée, mais qui ne <strong>de</strong>sservent pas toutes les communes.<br />

La Moyenne-<strong>Maurienne</strong> et Basse-<strong>Maurienne</strong> sont moins bien <strong>de</strong>sservies : elles ne proposent que <strong>de</strong>s<br />

liaisons non quotidiennes.<br />

Les lignes ici mises en place relèvent d’initiatives prises par les compagnies privées qui ont saisi<br />

l’opportunité d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> conséquente. Leur prix est élevé et il est ainsi difficile pour les usagers<br />

<strong>de</strong> prendre le bus tous les jours.<br />

De ce fait, les communes ont dû prendre en charge les liaisons non rentables, puisque non assumées<br />

par les compagnies privées et en assument difficilement le coût afin <strong>de</strong> rendre un service à la<br />

population.<br />

- Les lignes <strong>de</strong> marché<br />

Différentes lignes ont été ouvertes à l’initiative <strong>de</strong>s communes ou intercommunalités les plus<br />

importantes (ou les plus riches) afin <strong>de</strong> répondre aux attentes <strong>de</strong> la population : pour se rendre au<br />

marché, aux gran<strong>de</strong>s surfaces, en ville (Chambéry, Albertville).<br />

Ce sont les jeunes et surtout les personnes âgées, ne disposant pas <strong>de</strong> véhicule indivi<strong>du</strong>el, qui<br />

représentent la frange <strong>de</strong> population la plus <strong>de</strong>man<strong>de</strong>use <strong>de</strong> ce type d’offre.<br />

Plusieurs intercommunalités font ainsi fonctionner <strong>de</strong>s lignes pour aller au marché ( Communautés <strong>de</strong><br />

Communes <strong>du</strong> Glandon, <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> Galibier et Cœur <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>). Si ce type d’offre a un certain<br />

succès, il reste difficile à mettre en place puisque coûteux.<br />

D’autres lignes régulières ont été supprimées par manque <strong>de</strong> succès. C’est le cas au sein <strong>de</strong> la<br />

Communauté <strong>de</strong> Communes Porte <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, qui avait mis en place une ligne vers Chambéry. On<br />

ne sait si cela est dû au fait que l’offre n’était pas adaptée, au fait qu’il n’y ait simplement pas <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou encore à un manque <strong>de</strong> publicité quant à l’existence <strong>de</strong> la ligne.<br />

- Les lignes transfrontalières<br />

Il existe également une certaine <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au niveau <strong>de</strong>s transports rejoignant l’Italie. De forts liens<br />

unissent la vallée à ce pays et les Mauriennais apprécient la possibilité <strong>de</strong> faire régulièrement quelques<br />

courses <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la frontière.<br />

Aussi la commune <strong>de</strong> Modane a-t-elle mis en place une ligne la reliant à Bardonecchia.<br />

- Une utilisation informelle <strong>du</strong> transport scolaire<br />

Quelques personnes profitent également, <strong>de</strong> manière informelle, <strong>de</strong>s places disponibles dans les bus<br />

scolaires. Ce sont <strong>de</strong>s arrangements locaux, ne faisant l’objet d’aucune publicité. Ce n’est que dans le<br />

cas où il reste <strong>de</strong>s places disponibles qu’une personne extérieure au public scolaire peut prendre le bus.<br />

Ce type d’arrangement ne concerne qu’environ 5 personnes par jour pour 2500 scolaires, à savoir un<br />

public d’habitués, spécialement <strong>de</strong>s personnes âgées désirant se rendre en ville.<br />

- Les ramassages effectués par les employeurs<br />

Les sociétés <strong>de</strong> remontées mécaniques organisent parfois un système <strong>de</strong> ramassage <strong>de</strong>s employés <strong>de</strong> la<br />

station concernée. En effet, un certain nombre d’employés <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> ski habitent dans les pôles <strong>de</strong><br />

fond <strong>de</strong> vallée, soit faute <strong>de</strong> logements en station, soit pour un prix <strong>du</strong> logement prohibitif sur leur lieu<br />

<strong>de</strong> travail, soit qu’il préfèrent habiter près <strong>de</strong>s commodités <strong>du</strong> fond <strong>de</strong> vallée. La station organise alors<br />

un ramassage quotidien <strong>de</strong> ses employés. C’est le cas <strong>de</strong> la station <strong>de</strong>s Karellis, dont nombre<br />

d’employés vivent à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

71


Ce système fonctionne car les employés effectuent tous le même trajet, restent sur place pour la même<br />

<strong>du</strong>rée et embauchent et débauchent à la même heure. Une unique ligne faisant l’aller-retour dans la<br />

journée suffit donc, ce qui est relativement peu coûteux.<br />

- Les transports à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

En ce qui concerne les jeunes, les transports en commun ne sont récemment organisés à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

La Communauté <strong>de</strong> Commune Cœur <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> a, à cet effet, en partenariat avec le canton, la<br />

commune <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et le Conseil Général, mis en place une initiative<br />

intéressante dans le cadre <strong>du</strong> « Contrat Cantonal Jeunesse ». Elle s’engage, lorsque <strong>de</strong>s animations sont<br />

mises en place par l’association VIRA’J (association d’animation culturelle <strong>de</strong>s jeunes) en fond <strong>de</strong><br />

vallée où hors <strong>de</strong> la vallée, à amener sur place et ramener gratuitement les jeunes quelque soit<br />

l’éloignement <strong>de</strong> leur lieu d’habitation dans le canton, proche ou très éloigné.<br />

Malheureusement, cette initiative ne connaît pas un franc succès. Aucune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ce jour n’a été<br />

enregistrée, malgré une publicité faite autour <strong>du</strong> public concerné. Plusieurs hypothèses pourraient<br />

permettre d’expliquer cet insuccès ; une promotion insuffisante, un intérêt limité <strong>de</strong>s jeunes pour les<br />

activités en fond <strong>de</strong> vallée, ou encore l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombre d’entre eux <strong>de</strong> s’organiser en l’absence <strong>de</strong><br />

transports en commun. Le co-voiturage est en effet une pratique courante dans les zones rurales.<br />

- Le « système D » et le co-voiturage<br />

En termes <strong>de</strong> transport, les Mauriennais, comme la plupart <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> zones rurales, sont très<br />

« débrouillards ». Ils s’arrangent couramment entre eux : une certaine forme <strong>de</strong> solidarité existe <strong>de</strong><br />

longue date dans les communes d’altitu<strong>de</strong> où tout le mon<strong>de</strong> subit l’inconvénient <strong>de</strong> l’éloignement <strong>de</strong> la<br />

ville. Le voisin <strong>de</strong>scend la personne âgée ne disposant pas <strong>de</strong> moyen <strong>de</strong> locomotion ou lui fait ses<br />

courses. Il en va <strong>de</strong> même pour les jeunes qui, s’ils désirent <strong>de</strong>scendre en ville, profitent d’un trajet<br />

effectué par un voisin ou se ren<strong>de</strong>nt à leur lieu <strong>de</strong> loisir grâce au parent d’un camara<strong>de</strong> s’y rendant<br />

aussi.<br />

Une remarque revient toujours dans la bouche <strong>de</strong>s Mauriennais : si l’on veut vraiment se rendre<br />

quelque part, il se trouve toujours une connaissance ou une « bonne âme » à proximité qui n’hésitera<br />

pas à faire profiter <strong>de</strong> son trajet quelqu’un qui en fait la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

72


73<br />

III. LE PAYS DE MAURIENNE,<br />

UN BASSIN ECONOMIQUE


III.1. L’emploi<br />

La <strong>Maurienne</strong> est riche d’une économie diversifiée. Elle tire cette richesse <strong>de</strong> plusieurs secteurs.<br />

Sa population comptait 19 261 actifs en décembre 2001 38 avec un taux <strong>de</strong> chômage <strong>de</strong> 4.9 %.<br />

2 793 entreprises sont déclarées 39 , la majorité ayant moins <strong>de</strong> 10 salariés (156 entreprises ont<br />

cependant plus <strong>de</strong> 10 salariés) :<br />

- 1 407 entreprises n’ont pas <strong>de</strong> salariés,<br />

- 1 076 <strong>de</strong> 1 à 5 (total <strong>de</strong> 2 271 salariés)<br />

- 30 grosses entreprises (plus <strong>de</strong> 50 salariés) regroupent en leur sein 3 946 salariés.<br />

Les entreprises <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> sont résolument tournées vers l’extérieur : 1 sur 2 contribue aux<br />

échanges extérieurs <strong>de</strong> la vallée, 1 sur 4 est exportatrice.<br />

Le secteur tertiaire représente 66 % <strong>de</strong> l’emploi salarié dont la moitié liée au tourisme, l’in<strong>du</strong>strie 25 %<br />

et la construction 10 %.<br />

Le secteur tertiaire, très lié au tourisme, est dynamique. Il a multiplié ses effectifs par 2.2 entre 1975 et<br />

1999.<br />

Ce type d’emploi, saisonnier, se trouve essentiellement dans les communes supports <strong>de</strong> station. On<br />

estime à 4500 le nombre d’emplois permanents liés au tourisme au cours <strong>de</strong> l’hiver 2000-2001 40 (789<br />

pour les seules remontées mécaniques).<br />

Un comptage effectué en 2000 par la sous-préfecture estime à 6 000 le nombre d’emplois saisonniers<br />

(4 500 équivalent emplois permanents).<br />

Les villes sont également pourvoyeuses d’emplois tertiaires avec les administrations (employés <strong>de</strong> la<br />

sous-préfecture à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, gardiens <strong>de</strong> prison à Aiton) et les commerciaux (gran<strong>de</strong>s<br />

surfaces, services tertiaires...) qui sont moins dépendants <strong>du</strong> tourisme et représentent une part moindre<br />

d’emplois.<br />

Cette prédominance <strong>du</strong> tourisme, comme principal vecteur d’emplois tertiaires, est confirmée par<br />

l’avis <strong>de</strong> certains maires ayant répon<strong>du</strong> au questionnaire « Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> » qui<br />

considèrent, pour 49 % d’entre eux, que le couple tourisme-agriculture est la principale activité sur<br />

leur commune, et pour 8 % le couple tourisme-services.<br />

La plupart citent le couple agriculture et tourisme car les agriculteurs sont pour la majorité <strong>de</strong>s<br />

pluriactifs et exercent <strong>de</strong>s métiers liés au tourisme (plus <strong>de</strong> 70 % <strong>de</strong> pluriactivité dans le canton <strong>de</strong><br />

38 Source : Direction Départemental <strong>de</strong> l’Emploi <strong>du</strong> Travail et <strong>de</strong> la Formation, service étu<strong>de</strong>s et statistique<br />

39 Source : Annuaire économique, 2000<br />

40 Source : Observatoire Economique <strong>de</strong> la Savoie, bilan 2001<br />

74<br />

III.1.1. Un emploi tertiaire, principalement touristique, réparti en altitu<strong>de</strong> . . .


Lanslebourg). Mais l’agriculture n’occupe qu’une part mo<strong>de</strong>ste : l’équivalent <strong>de</strong> 500 emplois à temps<br />

complet sur toute la <strong>Maurienne</strong>. 41<br />

L’essentiel <strong>de</strong> l’emploi saisonnier, principalement hivernal, est donc réparti dans les 24 stations que<br />

compte la <strong>Maurienne</strong>. Les grosses stations sont <strong>de</strong> véritables pôles d’emplois touristiques. Les plus<br />

importantes sont :<br />

75<br />

- Valloire, 14 000 lits<br />

- Le Corbier, 9 000 lits<br />

- La Toussuire, 9 000 lits<br />

- Val Cenis, 7 000 lits<br />

- Saint-François-Longchamp, 6 900 lits.<br />

III.1.2. . . . et un secteur secondaire localisé en fond <strong>de</strong> vallée. 42<br />

Le <strong>de</strong>uxième secteur prédominant est le secteur secondaire : 936 entreprises artisanales, 97 entreprises<br />

in<strong>du</strong>strielles pour un total <strong>de</strong> 4 380 salariés en 2000. Malgré les restructurations, l’emploi in<strong>du</strong>striel est<br />

encore fortement présent. Toutes ces entreprises se trouvent en plus être <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pourvoyeuses <strong>de</strong><br />

finances locales (Taxe Professionnelle notamment).<br />

La principale activité rési<strong>de</strong> dans l’in<strong>du</strong>strie manufacturière qui emploie 2 459 personnes (42<br />

entreprises).<br />

41 Source : Recensement Général Agricole 2000<br />

42 Source : Annuaire économique 2001, <strong>Maurienne</strong> Expansion


III.2. Zoom sur l’agriculture<br />

76<br />

a. Les filières agricoles en <strong>Maurienne</strong><br />

L’agriculture <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> est particulièrement diversifiée si on la compare à celle <strong>de</strong>s vallées et<br />

massifs voisins (Tarentaise, Beaufortain, Val d’Arly), où la pro<strong>du</strong>ction laitière dépasse 75% <strong>du</strong> chiffre<br />

d’affaires global.<br />

DES FILIERES « CLASSIQUES »<br />

On peut distinguer, en <strong>Maurienne</strong>, cinq filières principales <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction plus ou moins organisées,<br />

dont les caractéristiques sont détaillées ci-après.<br />

La filière lait<br />

III.2.1. Une agriculture diversifiée et structurée<br />

La pro<strong>du</strong>ction agricole:<br />

13 Millions d'Euros<br />

86 Millions <strong>de</strong> Francs<br />

7,7% <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction savoyar<strong>de</strong><br />

Présentation <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction agricole en terme <strong>de</strong> chiffre d'affaire<br />

Autres pro<strong>du</strong>ctions<br />

vian<strong>de</strong><br />

3%<br />

Lait<br />

47%<br />

Ovins<br />

5%<br />

Caprins<br />

4%<br />

Pro<strong>du</strong>ctions végétales<br />

15%<br />

Services<br />

9%<br />

Elevage bovin<br />

17%<br />

La filière « lait » dans son ensemble comprend 24 % <strong>de</strong>s exploitations, pour 47% <strong>du</strong> chiffre d’affaire<br />

agricole <strong>de</strong> la vallée. Les <strong>de</strong>stinations <strong>du</strong> lait sont les suivantes :<br />

Les quatre coopératives <strong>de</strong> la vallée transforment la majeure partie <strong>du</strong> lait en Beaufort, fromage<br />

traditionnel AOC qui permet une excellente valorisation <strong>du</strong> lait (3.55 F/l. en moyenne en 2001.<br />

Pour mémoire, sur la même pério<strong>de</strong>, le prix moyen payé au pro<strong>du</strong>cteur en France était <strong>de</strong> 2,00<br />

F /l.). D’autres pro<strong>du</strong>ctions, plus localisées, permettent également une très bonne valorisation <strong>du</strong><br />

lait : on retrouve ainsi, le Bleu <strong>de</strong> Termignon, le Bleu <strong>de</strong> Bonneval et les différentes tommes.


Pour le canton d’Aiguebelle qui n’est pas en zone A.O.C. Beaufort, le lait est <strong>de</strong>stiné à la<br />

fabrication <strong>de</strong> Tomme <strong>de</strong> Savoie et d’Emmental <strong>de</strong> Savoie (I<strong>de</strong>ntifications Géographiques<br />

Protégées), par une coopérative (Bissy) et un in<strong>du</strong>striel (Société Entremonts) situés en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la<br />

vallée. Le lait <strong>de</strong>stiné à ces pro<strong>du</strong>ctions est moins bien valorisé que celui <strong>de</strong> la zone « Beaufort »<br />

(environ 2,50 F/l. en 2001). Les exploitations <strong>de</strong> ce secteur sont en moyenne <strong>de</strong> dimension plus<br />

importante que sur le reste <strong>de</strong> la vallée.<br />

La fabrication fermière concerne environ 12 % <strong>du</strong> lait pro<strong>du</strong>it dans la vallée. Souvent elle s’est<br />

développée là où les coopératives ne pouvaient pas collecter le lait ou alors dans <strong>de</strong>s secteurs très<br />

touristiques où les débouchés sont importants.<br />

La filière laitière mise donc sur une bonne image et qualité <strong>de</strong> ses pro<strong>du</strong>its et sur une maîtrise <strong>de</strong> la<br />

pro<strong>du</strong>ction-transformation et <strong>de</strong> la commercialisation. C’est la pro<strong>du</strong>ction la mieux organisée.<br />

La filière vian<strong>de</strong> bovine<br />

Traditionnellement, les élevages <strong>de</strong> la vallée pro<strong>du</strong>isent <strong>de</strong>s broutards 43 (sur le marché italien surtout) à<br />

partir <strong>de</strong> troupeaux <strong>de</strong> races mixtes, et, dans une moindre mesure, <strong>de</strong>s veaux <strong>de</strong> lait. Les bovins sous<br />

signe <strong>de</strong> qualité sont pratiquement absents <strong>de</strong> la vallée. Une filière en circuit court est en cours <strong>de</strong><br />

structuration, associant éleveurs et bouchers au sein d’une même association. Pour le moment cette<br />

filière est handicapée par une pro<strong>du</strong>ction assez saisonnière, avec <strong>de</strong>s volumes globalement ré<strong>du</strong>its, et<br />

<strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> carcasses qui ne correspon<strong>de</strong>nt pas toujours aux attentes <strong>de</strong>s bouchers.<br />

De façon générale, la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> est une activité en perte <strong>de</strong> vitesse en raison d’une<br />

conjoncture très défavorable et <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction peu compétitifs en montagne.<br />

La filière ovine (5 % <strong>du</strong> chiffre d’affaires agricole <strong>de</strong> la vallée)<br />

Les élevages ovins sont souvent <strong>de</strong> petite dimension (110 têtes / exploitation en moyenne), avec <strong>de</strong>s<br />

chefs d’exploitation double-actifs ou âgés. Cependant, il y a aussi quelques grosses unités (400 à 1400<br />

brebis) qui concentrent une part importante <strong>du</strong> cheptel.<br />

Contrairement à la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> bovine, la part <strong>de</strong>s ovins commercialisés sous signe <strong>de</strong> qualité<br />

est en augmentation rapi<strong>de</strong>, sous l’impulsion <strong>de</strong> la coopérative <strong>de</strong> Grillon en particulier (agneau<br />

d’alpage et <strong>de</strong> « l’Adret »). De plus, la tendance est <strong>de</strong> façon générale à la pro<strong>du</strong>ction d’agneaux<br />

lourds, alors que traditionnellement les éleveurs vendaient souvent leurs agneaux à <strong>de</strong>s engraisseurs.<br />

Cette pro<strong>du</strong>ction est assez spéculative, avec <strong>de</strong>s cours très fluctuants. Comme pour la vian<strong>de</strong> bovine,<br />

les démarches <strong>de</strong> qualité et les circuits locaux permettent <strong>de</strong> se détacher en partie <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong>s<br />

marchés.<br />

Remarque : environ 4000 agneaux <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> sont déjà commercialisés annuellement par le biais <strong>de</strong><br />

la filière «Vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> ».<br />

La filière caprine (4 % <strong>du</strong> chiffre d’affaires agricole <strong>de</strong> la vallée)<br />

Tous les éleveurs <strong>de</strong> chèvres transforment leur lait à la ferme, en tommes et fromages lactiques<br />

(fromages «frais »). A l’échelle <strong>du</strong> département, les éleveurs caprins souhaitent s’organiser pour<br />

proposer un pro<strong>du</strong>it commun «Tomme <strong>de</strong> chèvre <strong>de</strong> Savoie », mais cette démarche n’en est qu’à son<br />

début. La commercialisation <strong>de</strong>s fromages n’étant pas organisée, chaque pro<strong>du</strong>cteur recherche donc<br />

par lui-même ses débouchés (vente à la ferme, marché, SICA <strong>de</strong> commercialisation). Cependant, grâce<br />

à la forte présence touristique et à l’image « terroir » <strong>de</strong> cette pro<strong>du</strong>ction, il n’y a pas <strong>de</strong> problème<br />

d’écoulement <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its.<br />

Quelques exploitations commercialisent également <strong>de</strong>s chevreaux élevés sous la mère à <strong>de</strong>s<br />

négociants, en général pour l’exportation (Italie / Espagne).<br />

43 animaux maigres <strong>de</strong>stinés à l’engraissement<br />

77


Les pro<strong>du</strong>ctions végétales (15 % <strong>du</strong> chiffre d’affaires agricole <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>)<br />

Les pro<strong>du</strong>ctions végétales sont très ré<strong>du</strong>ites en <strong>Maurienne</strong> puisque les rares cultures <strong>de</strong> ventes (céréales<br />

à paille et maïs surtout) sont concentrées dans le bas <strong>de</strong> la vallée.<br />

Le chiffre donné ci-<strong>de</strong>ssus (15 % <strong>du</strong> chiffre d’affaires) est essentiellement constitué par les cultures<br />

autoconsommées dans les élevages. Aujourd’hui les exploitations qui dégagent un revenu <strong>de</strong>s cultures<br />

sont très rares.<br />

La diversité <strong>de</strong>s cultures pratiquées en <strong>Maurienne</strong> a bien diminué, puisque la vigne ou les vergers ne<br />

sont aujourd’hui plus exploités <strong>de</strong> manière professionnelle.<br />

78<br />

LES FILIERES EN DEVELOPPEMENT<br />

Certaines exploitations ont développé <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions ou activités sortant <strong>de</strong>s filières traditionnelles.<br />

Il s’agit en particulier :<br />

- d’activités touristiques basées sur l’exploitation (restauration à base <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> la ferme par<br />

exemple) ;<br />

- <strong>de</strong> services proposés à d’autres agriculteurs (travaux agricoles), à <strong>de</strong>s collectivités (entretien <strong>de</strong><br />

pistes <strong>de</strong> ski…) ou à <strong>de</strong>s particuliers (accompagnement en montagne avec <strong>de</strong>s ânes…).<br />

Ces activités représentent une faible part <strong>de</strong>s exploitations mais leur développement semble rapi<strong>de</strong>. Il<br />

n’existe pour l’instant pas <strong>de</strong> structuration <strong>de</strong> ces exploitations à l’échelle <strong>de</strong> la vallée. Seul le réseau<br />

«bienvenu chez les <strong>Pays</strong>ans <strong>de</strong> Haute <strong>Maurienne</strong> » fait une timi<strong>de</strong> avancée dans ce sens.<br />

b. Une agriculture très structurée<br />

A l’instar <strong>du</strong> reste <strong>de</strong> la zone montagneuse <strong>de</strong> Savoie, <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> trente ans, l’agriculture <strong>de</strong><br />

<strong>Maurienne</strong> a fondé son développement sur une logique collective très forte.<br />

LES GROUPEMENTS DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE<br />

Les <strong>de</strong>ux groupements <strong>de</strong> développement agricole <strong>de</strong> la vallée sont <strong>de</strong>s associations d’agriculteurs<br />

(type Loi 1901) ayant à disposition <strong>de</strong>ux conseillers agricoles mis à disposition par la Chambre<br />

d’Agriculture ; ils sont les structures clés <strong>du</strong> développement agricole <strong>de</strong> la vallée.<br />

Leur mission est <strong>de</strong> permettre le développement agricole local à travers l’ai<strong>de</strong> aux agriculteurs<br />

(installation, formation, information, suivi technique,…), l’accompagnement <strong>de</strong>s projets collectifs<br />

agricoles concernant la qualité et la valorisation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions, la gestion <strong>de</strong> l’espace, les conditions<br />

<strong>de</strong> travail.<br />

Le budget est issu <strong>de</strong>s cotisations <strong>de</strong>s adhérents et <strong>de</strong>s subventions <strong>de</strong>s collectivités locales.<br />

Ces Groupements sont impliqués d’une manière plus ou moins directe dans les autres organes<br />

professionnels agricoles qui suivent.<br />

DES STRUCTURES POUR LA PRODUCTION<br />

Les Coopératives d’Utilisation <strong>du</strong> Matériel Agricole (CUMA) (1 en Moyenne <strong>Maurienne</strong> et 2 en<br />

Haute <strong>Maurienne</strong>)<br />

Leur objectif est <strong>de</strong> permettre l’achat et l’utilisation collectifs <strong>de</strong> matériel agricole pour une meilleure<br />

rentabilité.<br />

Les CUMA existantes fonctionnent bien mais à petite échelle. Elles contribuent à créer <strong>de</strong>s conditions<br />

favorables à l’installation <strong>de</strong> jeunes, en permettant l’accès à <strong>du</strong> matériel performant à peu <strong>de</strong> frais.<br />

Les groupements d’employeurs à vocation <strong>de</strong> remplacement<br />

Les <strong>de</strong>ux G.E.V.R. <strong>de</strong> la vallée emploient chacun un salarié pour environ 25 adhérents.


Ils ont pour vocation <strong>de</strong> permettre le remplacement <strong>de</strong>s adhérents en cas <strong>de</strong> maladie ou acci<strong>de</strong>nts.<br />

C’est aussi une solution pour les agriculteurs qui souhaitent prendre <strong>de</strong>s vacances et confier leur<br />

exploitation à une personne compétente.<br />

79<br />

DES STRUCTURES POUR LA GESTION DES SURFACES<br />

Les Associations Foncières Pastorales (AFP)<br />

Les AFP sont <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> propriétaires qui mettent en commun <strong>de</strong>s terrains pour les mettre à<br />

disposition d’éleveurs et faciliter ainsi leur gestion. Elles sont un outil intéressant face au<br />

morcellement <strong>du</strong> parcellaire qui est problématique en <strong>Maurienne</strong>, et permettent efficacement <strong>de</strong> lutter<br />

contre l’enfrichement. Elles sont la plupart <strong>du</strong> temps à l’initiative <strong>de</strong>s communes mais sont<br />

malheureusement longues à mettre en place.<br />

Elles sont au nombre <strong>de</strong> 24 en <strong>Maurienne</strong> (sur 35 dans toute la Savoie).<br />

Les Groupements Pastoraux (GP)<br />

Les GP sont <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>cteurs qui mettent en commun leurs animaux sur un alpage (et<br />

son infrastructure) pour une gestion facilitée et un gain <strong>de</strong> temps. Leur principal intérêt est qu’ils<br />

permettent d’utiliser <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces d’alpages, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’exploitation. Ils sont peu nombreux<br />

en <strong>Maurienne</strong> (9) et concernent surtout les ovins.<br />

Les Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole d’alpage (une en Moyenne <strong>Maurienne</strong> et une en Haute<br />

<strong>Maurienne</strong>)<br />

Elles ont été créées par les Groupements <strong>de</strong> Développement Agricole (en 1972) pour faciliter le<br />

financement <strong>de</strong>s travaux d’amélioration <strong>de</strong>s alpages (bâtiments et infrastructure d’alpage). Elles gèrent<br />

<strong>de</strong>s subventions <strong>de</strong> la <strong>Région</strong> qui sont attribuées à <strong>de</strong>s agriculteurs, mais aussi à <strong>de</strong>s Associations<br />

Foncières Pastorales et à <strong>de</strong>s collectivités.<br />

DES STRUCTURES POUR LA TRANSFORMATION DES PRODUITS<br />

Les coopératives laitières<br />

Les quatre coopératives <strong>de</strong> la vallée s’occupent <strong>de</strong> la collecte <strong>du</strong> lait, <strong>de</strong> sa transformation et pour<br />

certaines vont jusqu’à la commercialisation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its : le Beaufort essentiellement, et <strong>de</strong> manière<br />

plus restreinte <strong>de</strong> la Tomme. Outre la collecte <strong>du</strong> lait, les coopératives jouent un grand rôle dans le<br />

conseil technico-économique <strong>de</strong>s exploitations laitières et sont par là d’importants facteurs <strong>de</strong><br />

développement agricole. Elles ont ainsi beaucoup œuvré pour le développement <strong>du</strong> Beaufort dont<br />

bénéficient aujourd’hui beaucoup d’exploitations.<br />

L’abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

L’abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> est un modèle <strong>de</strong> partenariat entre profession agricole et collectivités. L’outil<br />

d’abattage, construit en 1998, est la propriété <strong>du</strong> Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, tandis que son<br />

exploitation est assurée par une Société Anonyme (la S.A. <strong>de</strong> l’Abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>) dont les<br />

actionnaires sont <strong>de</strong>s bouchers (à 49 %), <strong>de</strong>s associations d’éleveurs (à 49 %) et les collectivités<br />

(à 2 %). L’abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> fonctionne bien (il a traité 625 tonnes <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> en 2001) mais,<br />

comme tous les abattoirs publics, c’est une structure assez fragile car soumise à <strong>de</strong>s réglementations en<br />

constante évolution, et à <strong>de</strong>s marchés incertains (cours <strong>de</strong>s cuirs notamment).


DES STRUCTURES POUR LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS<br />

Les Sociétés d’Intérêt Collectif Agricole (SICA) commerciales<br />

Elles sont au nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux et s’occupent <strong>de</strong> la commercialisation au détail d’une part <strong>de</strong>s<br />

pro<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong> Beaufort et d’autres pro<strong>du</strong>its fermiers <strong>de</strong> la vallée. Celle-ci se fait par l’intermédiaire <strong>de</strong><br />

nombreux magasins <strong>de</strong> détail disséminés dans toute la vallée<br />

Leur objectif est <strong>de</strong> vendre un maximum <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its au détail qui permet une meilleure valorisation <strong>de</strong><br />

la pro<strong>du</strong>ction (ex. : Beaufort à 12€/kg au détail, 7,5€/kg chez grossiste).<br />

L’Association <strong>de</strong>s Bouchers et Eleveurs : ADUNAM (Association pour le Développement et<br />

l’Utilisation <strong>du</strong> Nouvel Abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>)<br />

Cette association a été créée en prélu<strong>de</strong> à la mise en fonctionnement <strong>de</strong> l’Abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>. Sa<br />

vocation est <strong>de</strong> structurer une filière vian<strong>de</strong> en circuit court, associant directement les éleveurs et les<br />

bouchers dans un double but :<br />

- valoriser localement les animaux pro<strong>du</strong>its dans la vallée ;<br />

- assurer à l’abattoir <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> un tonnage suffisant pour assurer son équilibre économique.<br />

Un réseau <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>cteurs fermiers « Bienvenue chez les <strong>Pays</strong>ans <strong>de</strong> Haute-<strong>Maurienne</strong><br />

Pour l’instant ce réseau réunit entre 4 et 8 agriculteurs selon les années sur la Haute <strong>Maurienne</strong>. Son<br />

rôle est <strong>de</strong> communiquer auprès <strong>de</strong>s touristes une liste d’exploitations proposant <strong>de</strong>s services d’accueil<br />

à la ferme (restauration, hébergement, visites). Cet outil <strong>de</strong> communication manque encore <strong>de</strong> stature<br />

et méditerait d’être renforcé et éten<strong>du</strong> à l’ensemble <strong>de</strong> la Vallée.<br />

a. Un nombre d’exploitations qui diminue, comme partout…<br />

80<br />

III.2.2. Les dynamiques et les perspectives d’évolution<br />

LES ACTIFS AGRICOLES<br />

Comme sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire français, la <strong>Maurienne</strong> a connu une diminution <strong>du</strong> nombre<br />

d’exploitations agricole. Cette baisse a été <strong>de</strong> 42% entre 79 et 88, et <strong>de</strong> 39% pour la pério<strong>de</strong> 1988 –<br />

2000, contre respectivement 32% et 41% sur le département <strong>de</strong> la Savoie .<br />

Le phénomène <strong>de</strong> restructuration a donc été spécialement rapi<strong>de</strong> en <strong>Maurienne</strong>. On peut voir à cela<br />

<strong>de</strong>ux raisons :<br />

- les exploitations mauriennaises étaient globalement <strong>de</strong> plus petite dimension économique que sur<br />

le reste <strong>du</strong> département ; les exploitations actuellement viables résultent <strong>de</strong> la fusion <strong>de</strong> plusieurs<br />

petites unités ;<br />

- par ailleurs, il y avait en <strong>Maurienne</strong> un fort potentiel d’emplois dans l’in<strong>du</strong>strie et le tourisme.<br />

Devant cette opportunité, les agriculteurs ont souvent été tentés par les perspectives <strong>de</strong> sécurité<br />

d’emploi et <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> travail promises par le salariat.


Par ailleurs, 49 % <strong>de</strong>s chefs d’exploitation mauriennais sont double-actifs, contre 35 % sur l’ensemble<br />

<strong>du</strong> département.<br />

La diminution <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s exploitations s’est accompagnée d’une baisse évi<strong>de</strong>nte <strong>du</strong> nombre<br />

d’équivalents à temps plein (Unité Travail Annuel 44 ). En 12 ans (<strong>de</strong> 88 à 2000), l’agriculture est un<br />

secteur qui a per<strong>du</strong> 277 emplois, soit une baisse <strong>de</strong> 37 %.<br />

En 2000, 62% <strong>de</strong>s exploitants <strong>de</strong> la vallée ont moins <strong>de</strong> 55 ans alors qu’ils étaient 43% en 1979. On<br />

assiste ainsi à un rajeunissement <strong>de</strong> la population agricole. Néanmoins, la proportion d’agriculteurs<br />

ayant plus <strong>de</strong> 55 ans est <strong>de</strong> 38% (soit 210 personnes qui risquent d’arrêter leur activité dans moins <strong>de</strong><br />

10 ans).<br />

81<br />

100%<br />

80%<br />

60%<br />

40%<br />

20%<br />

0%<br />

Age <strong>de</strong>s exploitants et coexploitants<br />

825<br />

420<br />

202<br />

419<br />

263<br />

179<br />

CARACTERISTIQUES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES<br />

210<br />

217<br />

120<br />

1979 1988 2000<br />

La taille moyenne <strong>de</strong>s exploitations a fortement augmenté, passant <strong>de</strong> 21 à plus <strong>de</strong> 40 ha par<br />

exploitation. En proportion, cela est équivalent à l’agrandissement observé sur l’ensemble <strong>du</strong><br />

département. En valeur absolue, les exploitations mauriennaises utilisent chacune plus <strong>de</strong> surface ; ceci<br />

est dû à l’importance <strong>du</strong> domaine pastoral <strong>de</strong> la vallée (en effet, près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s alpages<br />

savoyards se trouve en <strong>Maurienne</strong>).<br />

Le nombre d’exploitations professionnelles 45 a connu spécifiquement en <strong>Maurienne</strong> une hausse <strong>de</strong><br />

28% entre 1988 et 2000 (passant <strong>de</strong> 138 à 177), tandis que dans le même temps, en Savoie, le nombre<br />

d’exploitations professionnelles diminuait <strong>de</strong> 8%.<br />

C’est aussi une tendance bien propre à la <strong>Maurienne</strong> : le cheptel présent dans la vallée a augmenté,<br />

selon les types d’animaux, <strong>de</strong> 13 % (cas <strong>de</strong>s chèvres) à 17 % (cas <strong>de</strong>s vaches laitières et moutons) au<br />

cours <strong>de</strong>s douze <strong>de</strong>rnières années, tandis qu’il diminuait <strong>de</strong> 1 à 5 % sur l’ensemble <strong>du</strong> département.<br />

L’augmentation la plus spectaculaire est celle <strong>de</strong> l’effectif <strong>de</strong> vaches allaitantes (+ 43 %).<br />

44<br />

Une UTA étant la quantité <strong>de</strong> travail d’une personne à temps complet pendant une année<br />

45<br />

une exploitation professionnelle est définie comme employant au moins l’équivalent d’une personne à ¾ temps, ou ayant<br />

un outil <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction au moins équivalent à huit vaches laitières<br />

plus <strong>de</strong> 55 ans<br />

40 à 55 ans<br />

moins <strong>de</strong> 40 ans<br />

Répartition <strong>de</strong>s classes d’âge <strong>de</strong>s exploitants et coexploitants <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

en 1979, 1988 et 2000


On peut donner quelques éléments d’explication :<br />

- dans le cas <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, compte tenu <strong>de</strong>s conjonctures plutôt mauvaises, <strong>de</strong> plus gros<br />

effectifs sont nécessaires pour dégager un revenu comparable. De plus, la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s outils<br />

<strong>de</strong> travail (il y a eu beaucoup <strong>de</strong> constructions <strong>de</strong> bâtiments d’élevage <strong>de</strong>puis douze ans)<br />

s’accompagne en général d’une augmentation <strong>de</strong>s volumes pro<strong>du</strong>its. Par ailleurs,les exigences <strong>de</strong><br />

revenu vont croissant,<br />

- d’autre part, compte tenu <strong>de</strong>s conditions d’exploitations contraignantes et <strong>de</strong>s limites imposées par<br />

les différents cahiers <strong>de</strong>s charges, la <strong>Maurienne</strong> a cultivé <strong>de</strong>s systèmes d’exploitation assez<br />

extensifs, avec une pro<strong>du</strong>ction par animal plutôt faible (par exemple, une vache laitière<br />

mauriennaise inscrite au Contrôle Laitier pro<strong>du</strong>it en moyenne 3800 litres <strong>de</strong> lait par an, contre 6300<br />

en moyenne en France),<br />

- enfin, le système <strong>de</strong>s quotas laitiers (mis en place en 1984) a permis <strong>de</strong> ré-injecter <strong>de</strong>s droits à<br />

pro<strong>du</strong>ire dans les zones <strong>de</strong> montagnes.<br />

82<br />

b. Une activité agricole qui a évolué inégalement sur le territoire<br />

La topographie <strong>de</strong> la Vallée, puis son histoire économique et sociale ont façonné le visage <strong>du</strong> tissu<br />

agricole <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Le développement économique vers l’in<strong>du</strong>strie, les transports, puis le<br />

tourisme ont dans un premier temps été les facteurs <strong>de</strong> la déprise. Ils sont aujourd’hui <strong>de</strong>s facteurs<br />

importants pour le maintien <strong>de</strong> l’agriculture grâce à la pluri-activité et les synergies entre l’agriculture<br />

et le tourisme.<br />

La carte ci-après illustre la déprise agricole dans les cantons <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> ces 20 <strong>de</strong>rnières années (<strong>de</strong><br />

1979 à 2000). Bien qu’elle se soit faite <strong>de</strong> manière différente selon les cantons, la baisse <strong>du</strong> nombre<br />

d’exploitations sur ces 20 <strong>de</strong>rnières années était autour <strong>de</strong> 65 % dans les 4 cantons <strong>de</strong> Moyenne<br />

<strong>Maurienne</strong> alors qu’elle était autour <strong>de</strong> 55 % en Haute <strong>Maurienne</strong>.<br />

278<br />

Aiguebelle<br />

292<br />

132<br />

94<br />

La Chambre<br />

150<br />

95<br />

466<br />

265<br />

Saint-Jean <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

144<br />

117<br />

63 44<br />

Saint-Michel <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

Modane<br />

72 65 32<br />

218<br />

160<br />

104<br />

Lanslebourg<br />

Nombre d’exploitations agricoles par canton en 1979, 1988 et 2000


Les cartes suivantes montrent clairement que l’agriculture est restée plus forte dans les communes<br />

touristiques <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>. L’agriculture n’a pas la même place et n’occupe pas les mêmes fonctions<br />

selon les types <strong>de</strong> communes. Les enjeux <strong>de</strong> l’agriculture, ses opportunités, ses menaces sont différents<br />

également.<br />

Les types <strong>de</strong> communes <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

83<br />

T1<br />

T1<br />

P1<br />

R1<br />

P1<br />

R1 P1 R1<br />

R1<br />

Rres<br />

R1<br />

R1<br />

R1<br />

R1<br />

P1<br />

T1<br />

R1<br />

R1<br />

T1<br />

T1<br />

Rres<br />

R1<br />

Rres<br />

Rres<br />

R1<br />

R1<br />

Rres<br />

Rres<br />

res1<br />

T1<br />

R1<br />

P6<br />

Rres<br />

T1<br />

R1<br />

T1<br />

T1<br />

T1<br />

T3<br />

Rres<br />

Rres<br />

P3<br />

T1<br />

R2<br />

Rres<br />

T1<br />

P4<br />

R1 P1<br />

Source : Typologie <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Nord, SUACI/GIS <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Nord<br />

T1 Type <strong>de</strong> commune<br />

Commune touristique<br />

Pôle d’activités<br />

Commune rési<strong>de</strong>ntielle<br />

Commune rurale<br />

T2<br />

P1<br />

T1<br />

T1<br />

T1<br />

T1<br />

T2<br />

T1<br />

T1


Le tissu agricole en <strong>Maurienne</strong> en 2000<br />

84<br />

13<br />

18<br />

3 4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

9<br />

5 5<br />

8<br />

15<br />

22<br />

6<br />

nc<br />

nc<br />

4 nc<br />

nc<br />

7<br />

13<br />

3<br />

8<br />

6<br />

8<br />

8<br />

3<br />

3<br />

nc<br />

8<br />

12<br />

4<br />

13<br />

nc<br />

17<br />

nc<br />

4<br />

3<br />

nc<br />

Source : Recensement Général Agricole 2000<br />

13<br />

19<br />

33<br />

11<br />

nc<br />

nc<br />

20<br />

ANALYSE FONCTIONNELLE DU TISSU AGRICOLE<br />

nc<br />

nc<br />

8<br />

nc<br />

nc<br />

nc<br />

5<br />

16<br />

L’utilisation d’une typologie tenant compte la mise en œuvre <strong>de</strong> nouveaux savoir-faire et la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> moyens (humain et capital) permet <strong>de</strong> distinguer 4 pôles en <strong>Maurienne</strong> :<br />

- un pôle traditionnel qui regroupe les exploitations <strong>de</strong> très petite dimension tenues en majorité par<br />

<strong>de</strong>s exploitants double actifs ou retraités d’autres secteurs d’activité. Ce pôle représente 40 % <strong>de</strong>s<br />

exploitations agricoles <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>. Si aucune mesure n’est prise, ces petites exploitations<br />

continueront à disparaître au profit <strong>de</strong> l’agrandissement <strong>de</strong>s structures voisines car elles ne sont pas<br />

viables en l’état. Pourtant leur intérêt sur le territoire et le maintien d’un tissu agricole <strong>de</strong>nse est<br />

reconnu.<br />

- un pôle pro<strong>du</strong>ction où l’activité agricole consiste à pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s matières premières qui seront<br />

transformées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’exploitation. Ce pôle représente 45 % <strong>de</strong>s exploitations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>.<br />

Pour les filières peu structurées telles que celle <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, il semble nécessaire <strong>de</strong> renforcer une<br />

filière locale qui permettrait <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s contraintes <strong>du</strong> marché. Pour les filières <strong>de</strong> qualité<br />

telles que celles <strong>du</strong> lait et <strong>de</strong>s ovins, <strong>de</strong>s efforts restent à réaliser sur le respect <strong>de</strong>s cahiers <strong>de</strong>s<br />

charges. L’amélioration <strong>de</strong>s pratiques et <strong>de</strong> l’organisation <strong>du</strong> travail peut également rendre ces<br />

exploitations « vivables ».<br />

- un pôle valorisation où les agriculteurs ont choisi <strong>de</strong> valoriser à la ferme leur pro<strong>du</strong>ction agricole.<br />

Ce pôle représente 10 % <strong>de</strong>s exploitations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>. Si la gamme <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its aujourd’hui<br />

proposée pourrait être étoffée, il semble nécessaire <strong>de</strong> structurer l’offre en pro<strong>du</strong>its fermiers pour<br />

que <strong>de</strong> nouvelles installations soient possibles.<br />

nc<br />

6<br />

24<br />

12<br />

9<br />

21<br />

18<br />

14<br />

Dense et structuré<br />

Dense et peu structuré<br />

Peu <strong>de</strong>nse et structuré<br />

Peu <strong>de</strong>nse et peu structuré<br />

10 Nombre d’exploitations<br />

par commune en 2000


- un pôle diversification où les exploitants ont développé <strong>de</strong>s services sur la base d’une activité<br />

agricole. Ce pôle représente 5 % <strong>de</strong>s exploitations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>. La <strong>Maurienne</strong> est un territoire<br />

riche en opportunités pour les activités agritouristiques. Un accompagnement <strong>de</strong>s porteurs <strong>de</strong><br />

projets et une mise en réseau <strong>de</strong>s exploitations existantes faciliteraient l’installation <strong>de</strong> nouveaux<br />

venus sur ce créneau.<br />

Pour répondre au maintien et au développement d’une activité agricole diversifiée, dont la<br />

fonction <strong>territorial</strong>e dans un territoire <strong>de</strong> montagne comme celui <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est évi<strong>de</strong>nte, il<br />

est indispensable <strong>de</strong> s’attacher à :<br />

- assurer la pérennité <strong>de</strong>s exploitations en place et freiner la dynamique d’agrandissement,<br />

- sécuriser la composante foncière et améliorer l’outil <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agriculteurs,<br />

- poursuivre le travail <strong>de</strong> structuration <strong>de</strong> filières <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> qualité et l’élargir avec <strong>de</strong>s<br />

activités correspondant aux attentes et aux opportunités <strong>du</strong> territoire,<br />

- organiser et faire reconnaître la onction <strong>de</strong> gestionnaire <strong>de</strong> l’espace,<br />

- favoriser la bonne insertion <strong>de</strong> la profession agricole dans son environnement par un effort<br />

<strong>de</strong> communication et d’ouverture.<br />

85


III.2. Zoom sur l’activité in<strong>du</strong>strielle<br />

Longtemps l’homme, laissant le fond <strong>de</strong> vallée à la rivière et à ses crues <strong>de</strong>structrices, a vécu <strong>de</strong><br />

l’agriculture dans une société pastorale nichée sur <strong>de</strong>s plateaux ou sur les pentes. Ce n’est qu’au<br />

XIX ème siècle que celui-ci s’est implanté aux bords <strong>de</strong> l’Arc, grâce à la maîtrise <strong>de</strong> la force <strong>de</strong>s torrents<br />

et <strong>de</strong>s réserves d’eau, génératrices d’énergie électrique.<br />

Cette énergie qu’à l’époque on ne savait pas transporter, l’in<strong>du</strong>strie est venue la chercher. La<br />

<strong>Maurienne</strong> s’est alors transformée en « vallée <strong>de</strong> l’aluminium ».<br />

En 1886, Paul Héroult dépose son brevet <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> l’aluminium. En 1894, l’usine <strong>de</strong> la Praz est<br />

construite. En 1904, c’est au tour <strong>de</strong> la Saussaz, puis <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> en 1907. L’ouverture<br />

<strong>de</strong> nombreuses usines dans la basse vallée a accéléré la mutation <strong>de</strong> la société, en forgeant<br />

progressivement un esprit d’ouverture et <strong>de</strong> solidarité.<br />

De nombreuses in<strong>du</strong>stries anciennes ont marqué l’histoire <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>,<br />

telles que la fabrication <strong>du</strong> célèbre couteau savoyard : l’Opinel.<br />

Les in<strong>du</strong>stries extractives (mines et carrières) ont laissé <strong>de</strong>s plaies plus ou moins visibles dans le<br />

paysage <strong>de</strong> la vallée. On exploite le gypse, l’ardoise. On extrait <strong>du</strong> calcaire, puis les minerais <strong>de</strong> fer et<br />

<strong>de</strong> cuivre.<br />

L’héritage in<strong>du</strong>striel <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée lié aux ressources minières et hydro-énergétiques<br />

(électrométallurgie, électrochimie, aluminium, phosphore, zinc, hydroélectricité), a conféré à la vallée<br />

<strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> une certaine « culture in<strong>du</strong>strielle ». Une tradition qui reste encore active aujourd’hui.<br />

La <strong>Maurienne</strong> compte 2 793 46 entreprises déclarées, réparties entre une majorité d’établissements <strong>de</strong><br />

moins <strong>de</strong> 10 salariés et 156 <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 salariés.<br />

De nombreuses zones d’activité ont été créées dans la plupart <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée ; cinq<br />

pôles d’accueil, <strong>de</strong>stinés à accueillir <strong>de</strong>s entreprises in<strong>du</strong>strielles sont privilégiés :<br />

- Le Fréjus, canton <strong>de</strong> Modane<br />

- Les Œillettes, canton <strong>de</strong> Saint Michel <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

- Le Pré <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong><br />

- François Horteur à La Chambre<br />

- Arc-Isère à Aiguebelle<br />

46 Source : Annuaire économique <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

86<br />

III.2.1. L’héritage in<strong>du</strong>striel <strong>de</strong> la vallée<br />

III.2.2. Une mutation à la réussite relative


87<br />

Carte n° 16 : Localisation <strong>de</strong>s zones d’activité en <strong>Maurienne</strong> en 2001


D’ouest en est, les cantons <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (sauf Lanslebourg) concentrent la majorité <strong>de</strong>s activités au<br />

sein <strong>de</strong>s communes limitrophes <strong>de</strong>s grands axes (RN6, A43) , au niveau <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée.<br />

Un pôle majeur ressort clairement, celui <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> qui comprend le pôle in<strong>du</strong>striel<br />

<strong>du</strong> Pré <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> et les zones d’activité <strong>de</strong> Saint-Julien-Mont<strong>de</strong>nis, Villargondran et Hermillon.<br />

Le canton concentre 47 % <strong>du</strong> chiffre d’affaires et 46 % <strong>de</strong>s effectifs salariés <strong>de</strong> la vallée (2007 salariés<br />

pour 56 entreprises). Sur son territoire, six entreprises comptent plus <strong>de</strong> 50 salariés, les plus<br />

importantes étant Aluminium Péchiney (716 salariés) et son centre <strong>de</strong> recherche LRF Péchiney (113)<br />

,Yvroud Européenne <strong>de</strong>s Flui<strong>de</strong>s (123 salariés), Invensil (135 salariés), Fin<strong>de</strong>r composants (55<br />

salariés), l’entreprise <strong>de</strong> distribution alimentaire Bertrand (51).<br />

S’en suivent les cantons <strong>de</strong> Modane et <strong>de</strong> La Chambre, avec environ 800 salariés et treize entreprises<br />

chacun.<br />

88<br />

- Le pôle <strong>de</strong> Modane, Fourneaux comprend quatre entreprises <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 salariés : la SFTRF<br />

(249), l’Onéra (187), les transports Jacquemmoz et fils (95) et Oliva Travaux publics (68)<br />

- tandis que celui <strong>de</strong> La Chambre, avec les Zones d’activités situées principalement à La<br />

Chambre, Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Cuines, Saint-Avre, à Saint-Rémy-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> en compte quatre :<br />

AtoFina, 250 salariés, Spirel 204 salariés, et l’atelier <strong>de</strong> construction <strong>du</strong> Mas Barral 110<br />

salariés, la Société <strong>de</strong> nettoyage et d’Entretien Gasparini (70).<br />

Le canton <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> a pour principale zone d’activités les Oeillettes, à Saint-<br />

Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Saint-Martin-la-Porte.<br />

Il compte trois entreprises <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 salariés dont Métal Temple qui emploie 422 personnes, la<br />

Société électronique <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (53 salariés) et l’entreprise <strong>de</strong> terrassement Mancuso (58).<br />

Un <strong>de</strong>rnier pôle se dégage enfin, celui <strong>du</strong> canton d’Aiguebelle avec <strong>de</strong>ux entreprises <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50<br />

salariés : JEMAPLAST Savoie (63 salariés) et Société Electronique <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (53).<br />

Actuellement, <strong>de</strong>s établissements importants tels que Pechiney à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> (720<br />

salariés), Métal-Temple à Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> (420 salariés), ou Ato-Fina à La Chambre (250<br />

salariés) comptent parmi les activités ayant surmonté la crise énergétique qui a frappé les secteurs <strong>de</strong><br />

l’in<strong>du</strong>strie lour<strong>de</strong> dans les années soixante-dix.<br />

Le début <strong>de</strong>s années quatre-vingt va marquer le déclin <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong> l’aluminium dans la vallée.<br />

Les usines <strong>de</strong> la Praz et <strong>de</strong> la Saussaz sont fermées.<br />

Seule l’usine Pechiney <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, mo<strong>de</strong>rnisée, pro<strong>du</strong>it encore une quantité<br />

significative d’aluminium.<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> a cependant connu, ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies, un désengagement <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> grands groupes in<strong>du</strong>striels, auquel s’est ajouté la cessation d’activité <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong><br />

dédouanement sur le canton <strong>de</strong> Modane. Des emplois ont disparu et <strong>de</strong>s bâtiments ont été abandonnés,<br />

renvoyant une image dégradée <strong>du</strong> tissu économique local.<br />

On observe une forte concentration <strong>de</strong> l’emploi autour <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong>, Aiton et Modane. Toutefois, il est apparu ces <strong>de</strong>rnières années une forte progression autour<br />

<strong>de</strong> La Chambre dans le secteur électrique et électronique alors que Modane a été confrontée à<br />

d’importantes restructurations entre 1988 et 1994 <strong>du</strong>es à une réorganisation SNCF, à l’ouverture <strong>de</strong>s<br />

frontières, à la baisse <strong>de</strong>s effectifs Onera et à la fermeture <strong>de</strong> la papeterie Matussière et Forest.<br />

Le poids <strong>de</strong>s grands groupes in<strong>du</strong>striels s’est fortement ré<strong>du</strong>it mais représente un niveau élevé, avec 50<br />

% <strong>de</strong>s 2 650 emplois in<strong>du</strong>striels <strong>de</strong> la vallée.


La reconversion économique <strong>de</strong> ce bassin in<strong>du</strong>striel et la persistance <strong>de</strong> friches in<strong>du</strong>strielles, a en<br />

gran<strong>de</strong> partie justifié le classement <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> en pôle <strong>de</strong> conversion, au titre <strong>du</strong><br />

contrat <strong>de</strong> plan 2000-2006. Dans le même esprit, elle a été inscrite dans le zonage <strong>du</strong> programme<br />

européen « objectif 2 ».<br />

Pendant <strong>de</strong> nombreuses années, l’in<strong>du</strong>strie prédominait au sein <strong>de</strong> la vallée. Aujourd’hui, on<br />

constate une baisse <strong>de</strong> l’emploi in<strong>du</strong>striel au profit <strong>du</strong> tertiaire et <strong>du</strong> tourisme.<br />

89


III.4. Zoom sur le tourisme<br />

a. Les stations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

Les sports d’hiver ne se développent qu’au début <strong>du</strong> XX ème siècle, à partir d’initiatives privées.<br />

L’engouement pour cette pratique sportive se confirmant petit à petit, entre les <strong>de</strong>ux guerres, <strong>de</strong>s<br />

villages s’équipent en hôtels, chalets et engins <strong>de</strong> remontées mécaniques. Le développement <strong>de</strong>s sports<br />

d’hiver est alors en marche.<br />

Cette croissance entraîne une véritable envolée <strong>de</strong>s stations anciennes dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Ce sont les stations-villages comme Valloire, Saint-Sorlin-d’Arves, Aussois. . . Puis naissent <strong>de</strong>s<br />

stations dites <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième génération et troisième génération telles que La Toussuire, Le Corbier et<br />

Les Karellis ; la <strong>de</strong>rnière génération est celle <strong>de</strong> la Norma ou <strong>de</strong> Val Fréjus.<br />

90<br />

III.4.1. Le tourisme d’hiver<br />

Quelques exemples <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver<br />

en <strong>Maurienne</strong><br />

Typologie <strong>de</strong> stations Caractéristiques générales<br />

Première génération : « Stationsvillages<br />

»<br />

Deuxième génération : « stations<br />

fonctionnelles ou stations pieds<br />

dans la neige »<br />

Troisième génération : « stations<br />

intégrées »<br />

Développement né d’initiatives<br />

indivi<strong>du</strong>elles non coordonnées<br />

Aspect plus anarchique<br />

Croissance spontanée<br />

Opération en site vierge<br />

Développement planifié<br />

Privilégie la fonctionnalité et la<br />

garantie <strong>de</strong> neige<br />

Une seule organisation publique ou<br />

privée est en théorie à la fois<br />

aménageur, promoteur, ven<strong>de</strong>ur,<br />

exploitant<br />

Fonctionnalité accrue<br />

Mise essentiellement sur la station<br />

en saison hivernale<br />

Conciliation <strong>de</strong> l’esprit village et<br />

Quatrième génération<br />

<strong>de</strong> la fonctionnalité, réalisées<br />

également en site vierge<br />

Source : La politique <strong>de</strong> la montagne, Volume 1<br />

Les noms <strong>de</strong>s stations en<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

Valloire, Val-Cenis, Saint-Sorlind’Arves,<br />

Aussois, Sollières-<br />

Sardières, Saint-Jean-d’Arves,<br />

Albiez-Montrond…<br />

La Toussuire, Saint-François-<br />

Longchamp,<br />

Le Corbier, Les Karellis<br />

La Norma, Val-Fréjus


91<br />

Carte n° 17 : Les communes supports <strong>de</strong> station en <strong>Maurienne</strong>


Ce sont les paysages qui forment l’écrin <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 700 km <strong>de</strong> pistes <strong>de</strong> ski alpin, entre neiges <strong>de</strong>s<br />

<strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Nord et soleil <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Sud.<br />

Les 24 stations proposent une importante diversité <strong>de</strong> paysages, <strong>de</strong> reliefs, qui permettent à tout un<br />

chacun <strong>de</strong> pratiquer le ski qu’il apprécie.<br />

Certains domaines skiables cherchent à étendre leurs parcs <strong>de</strong> pistes <strong>de</strong> ski pour satisfaire les amateurs<br />

<strong>de</strong> sports d’hiver. Trois grands domaines se distinguent Orelle, Saint-François-Lonchamp et Valloire-<br />

Valmeinier. Un important projet <strong>de</strong> liaison est également en cours dans la vallée <strong>de</strong> l’Arvan et <strong>de</strong>s<br />

Villards.<br />

b. La diversification <strong>de</strong>s activités : un nouvel atout pour les stations<br />

Les sommets enneigés ont été les points <strong>de</strong> départ <strong>du</strong> développement <strong>du</strong> ski en <strong>Maurienne</strong>, et ont<br />

permis la création <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver. Toutefois les plateaux recouverts <strong>de</strong> neige sont<br />

également propices à la pratique d’une autre glisse : le ski <strong>de</strong> fond.<br />

Le ski <strong>de</strong> fond est en pleine évolution ; il connaît actuellement un renouveau.<br />

Les communes <strong>de</strong> Bonneval-sur-Arc, Bessans, Lanslebourg, Lanslevillard, Termignon, Sollières-<br />

Sardières et Bramans s’étagent sur trois plateaux doux, aux sources <strong>de</strong> la rivière Arc, au bord <strong>du</strong> Parc<br />

National <strong>de</strong> la Vanoise. Les sept stations-villages se sont tardivement ouvertes au tourisme.<br />

Lanslebourg, Lanslevillard ont créé Val-Cenis. Bonneval et Bessans se sont équipés <strong>de</strong> remontées<br />

mécaniques.<br />

Les collectivités locales développent actuellement une véritable stratégie <strong>de</strong> diversification, afin <strong>de</strong><br />

mieux se faire connaître : d’abord pour accroître leur fréquentation, ensuite pour mieux s’équiper.<br />

Ainsi, la Haute-<strong>Maurienne</strong> est chargée d’organiser les championnats <strong>du</strong> Mon<strong>de</strong> junior <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> fond<br />

en 2004. Son ambition ne s’arrête pas là : elle a déposé un dossier <strong>de</strong> candidature aux championnats <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> biathlon <strong>de</strong> 2007. Pour que ce projet voie le jour, 910 000 euros (six millions <strong>de</strong> Francs) 47<br />

seraient investis dans un programme <strong>de</strong> requalification hôtelière. Environ 300 000 euros (<strong>de</strong>ux millions<br />

<strong>de</strong> Francs) iraient à la valorisation <strong>du</strong> patrimoine culturel, <strong>de</strong>s lignes électriques seraient enfouies. Les<br />

bala<strong>de</strong>s en raquettes, en traîneau, ou aux abords <strong>de</strong>s pistes ainsi que les animations, sont également<br />

autant d’atouts qui enrichissent les stations <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Elles incitent les vacanciers à<br />

regar<strong>de</strong>r et à découvrir un autre aspect <strong>de</strong> la montagne sous la neige.<br />

c. Les effets <strong>du</strong> développement <strong>du</strong> tourisme d’hiver sur le territoire<br />

92<br />

LE TOURISME D’HIVER, FACTEUR DE DEVELOPPEMENT LOCAL<br />

Le ski constitue une ressource à part entière, aussi bien au niveau fiscal, que dans la pérennisation <strong>de</strong> la<br />

vie au sens le plus large sur certaines communes. Une station <strong>de</strong> ski n’est pas simplement un site<br />

d’altitu<strong>de</strong> ; c’est tout un système <strong>de</strong> développement local qui a <strong>de</strong>s impacts sur l’économie, la<br />

population et l’environnement.<br />

47 Source : Revue Les Mairies <strong>de</strong> Savoie, n° 76 Janvier-février 2000


93<br />

Population locale<br />

Un système <strong>de</strong> développement local<br />

Village Environnement favorable :<br />

- neige<br />

- relief<br />

Services,<br />

équipements…<br />

Les stations <strong>de</strong> sports d’hiver sont ancrées dans un environnement local, elles impulsent la création<br />

d’emplois et le maintien <strong>de</strong>s services dans les communes.<br />

Le tourisme d’hiver : source <strong>de</strong> richesse<br />

Stations <strong>de</strong> sports d’hiver<br />

Vacanciers<br />

Création d’emplois<br />

+<br />

Accroissement <strong>de</strong> l’activité culturelle,<br />

sociale dans les villages<br />

Deux outils financiers existent afin d’apporter aux collectivités une ressource supplémentaire<br />

complétant les outils <strong>de</strong> la fiscalité ordinaire (dont la taxe <strong>de</strong> séjour) et leur permettant d’organiser le<br />

développement local. Ce sont :<br />

- la re<strong>de</strong>vance sur le ski <strong>de</strong> fond<br />

- la taxe sur le chiffre d’affaires <strong>de</strong>s remontées mécaniques<br />

Le chiffre d’affaires (CA) issu <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s remontées mécaniques est une ressource<br />

importante. Il facilite le développement <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver. Dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>,<br />

ce <strong>de</strong>rnier représente 11 % <strong>du</strong> CA <strong>de</strong> la Savoie. Il est notamment créateur d’emplois et permet ainsi le<br />

maintien et la croissance <strong>de</strong> la population dans les villages d’altitu<strong>de</strong>.<br />

Le tourisme d’hiver : source d’emploi et d’accroissement <strong>de</strong> la population<br />

AMENAGEMENT <strong>de</strong><br />

la station<br />

Matériels : remontées mécaniques, canons<br />

à neige…<br />

Equipements, services publics et privés<br />

Entretien <strong>de</strong>s pistes et <strong>de</strong>s paysages<br />

hiver et été<br />

Il est difficile <strong>de</strong> connaître le nombre exact d’emplois et l’évolution <strong>de</strong> l’emploi dépendant <strong>du</strong> tourisme<br />

en montagne, compte tenu notamment <strong>du</strong> fait qu’un emploi est peu souvent totalement lié au tourisme.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers étant davantage occupés par <strong>de</strong>s locaux, ces emplois permettent <strong>de</strong> maintenir voire<br />

d’accroître la population locale dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

A titre d’exemple, <strong>du</strong>rant l’hiver 1959-1960, le village <strong>de</strong> Montricher ne comptait plus que trois<br />

habitants permanents. Ils sont aujourd’hui 150. L’école qui avait fermé ses portes a réouvert en 1978.<br />

Ce regain démographique est lié à l’essor <strong>du</strong> tourisme à travers la création <strong>de</strong> la station <strong>de</strong>s Karellis.<br />

En 1998, la station a réalisé un CA <strong>de</strong> 18,29 euros (120 Millions <strong>de</strong> Francs), et généré 264 emplois<br />

directs. Au cours <strong>de</strong> l’hiver 2001, 550 personnes ont travaillé dans la station 48 .<br />

48 Source : Entretien réalisé par <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Chambéry auprès <strong>de</strong> l’office <strong>de</strong> tourisme <strong>de</strong>s Karellis


De même, à Valmeinier, le nombre d’habitants à l’année est passé <strong>de</strong> 228 en 1962 à 395 habitants en<br />

2000 49 .<br />

Toutefois, le développement actuel <strong>de</strong>s stations in<strong>du</strong>it un recours à une main d’œuvre extérieure, ce<br />

qui pose <strong>de</strong> nouveaux problèmes tels que le logement <strong>de</strong> ces employés saisonniers.<br />

94<br />

60%<br />

50%<br />

40%<br />

30%<br />

20%<br />

10%<br />

0%<br />

Les impacts <strong>du</strong> ski sur l’économie locale<br />

50%<br />

39,28%<br />

Création d'emplois Effet <strong>de</strong> levier sur<br />

l'activité économique<br />

28,57%<br />

Ressources fiscales<br />

complèmentaires<br />

21,40%<br />

Installations <strong>de</strong> nouveaux<br />

ménages<br />

Source : Zoom sur les communes <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

Le tourisme lié aux sports d’hiver est un service marchand ; contrairement à d’autres activités<br />

touristiques liées à la mer ou à la campagne, il est une source directe <strong>de</strong> richesse.<br />

Le tourisme d’hiver est donc un véritable vecteur <strong>de</strong> développement local pour les communes supports<br />

<strong>de</strong> stations en <strong>Maurienne</strong> d’abord, pour l’ensemble <strong>de</strong> la vallée ensuite.<br />

Toutefois, actuellement, il est sans doute à un tournant. De nouveaux défis se manifestent auxquels les<br />

communes doivent faire face, dont la maîtrise <strong>du</strong> développement touristique et la préservation <strong>de</strong>s<br />

milieux.<br />

UNE CROISSANCE CONTRASTEE : LA DIFFICILE ALLIANCE ENTRE LA PRESERVATION DE LA<br />

MONTAGNE ET L’ACTIVITE TOURISTIQUE<br />

Les difficultés rencontrées par les acteurs locaux face au coût économique <strong>du</strong> tourisme d’hiver<br />

Les élus locaux doivent allier le développement touristique et la gestion <strong>de</strong> leur territoire, tout en<br />

s’adaptant aux souhaits <strong>de</strong>s vacanciers à la recherche <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> loisirs, <strong>de</strong> services, <strong>de</strong> sécurité et<br />

d’une nature préservée. Ces <strong>de</strong>rniers veulent que leurs vacances se déroulent avec « 100 % <strong>de</strong> plaisir et<br />

0 % d’embêtement » ; en marketing ceci est appelé la « convenience » 50 . Les collectivités locales<br />

doivent ainsi aménager <strong>de</strong>s routes fiables, <strong>de</strong>s parkings, accroître la sécurité sur les pistes <strong>de</strong> ski et<br />

mettre en valeur le calme, l’espace, le grand air qui règnent dans leurs stations.<br />

Les équipements spécifiques à la pratique <strong>du</strong> ski sont coûteux<br />

Il est parfois difficile aux collectivités locales <strong>de</strong> maîtriser leur développement touristique. En effet, les<br />

ressources collectées par le biais <strong>de</strong>s taxes <strong>de</strong> séjour sont insuffisantes pour permettre <strong>de</strong> financer<br />

l’activité touristique. Celles-ci n’ont d’ailleurs pas le but <strong>de</strong> les financer en totalité, mais seulement d’y<br />

49<br />

Source : document INSEE<br />

50<br />

Source : « Carnet <strong>de</strong> route <strong>de</strong> la montagne », étu<strong>de</strong> COFREMCA


participer. Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins que les ressources <strong>de</strong>s collectivités spécifiques à la montagne,<br />

telles que les taxes sur les remontées mécaniques, restent également insuffisantes.<br />

Les équipements nécessaires au développement <strong>de</strong>s sports d’hiver sont en effet coûteux, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

une gestion scrupuleuse <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s communes.<br />

Le coût d’un téléski par exemple peut s’élever à plus <strong>de</strong> 460 000 euros (3 MF). De même, le matériel<br />

d’installation <strong>de</strong> neige <strong>de</strong> culture est important. A Termignon, 530 000 Euros (3,5 Millions <strong>de</strong> Francs)<br />

ont été investis l’an passé. Sachant que le chiffre d’affaires <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> oscille entre 300<br />

000 Euros (2 Millions <strong>de</strong> Francs) à 6,1 Millions d’euros (40 Millions <strong>de</strong> Francs) 51 .<br />

De plus, le matériel <strong>de</strong> remontées mécaniques actuel est vieillissant. Les collectivités vont <strong>de</strong>voir le<br />

remplacer ou le rénover afin d’assurer la sécurité <strong>de</strong>s pratiquants <strong>du</strong> ski.<br />

95<br />

La gestion <strong>de</strong>s aménagements in<strong>du</strong>its par le tourisme<br />

A ces investissements, il est nécessaire d’ajouter le coût <strong>de</strong>s aménagements in<strong>du</strong>it par le<br />

développement <strong>du</strong> tourisme.<br />

A Saint-Sorlin-d’Arves, la remise à niveau <strong>de</strong>s réseaux (assainissement et eau potable) et celle <strong>de</strong>s<br />

espaces publics et <strong>de</strong>s équipements d’accueil représentent 1,52 Millions d’Euros (10 Millions <strong>de</strong><br />

Francs) sur les cinq prochaines années, soit trois fois plus que les investissements réalisés par la<br />

commune ces cinq <strong>de</strong>rnières années 52 .<br />

Un développement touristique difficile à maîtriser par les élus locaux<br />

Les acteurs locaux ont tendance à sous-évaluer les investissements et les frais <strong>de</strong> fonctionnement.<br />

Certaines stations <strong>de</strong> ski dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> ont connu <strong>de</strong>s difficultés.<br />

La Norma, créée il y a 30 ans à l’initiative <strong>de</strong> la commune d’Avrieux et <strong>de</strong> Villarodin-Bourget, s’est<br />

engagée dans un programme <strong>de</strong> développement suite à <strong>de</strong>s difficultés financières et à trois hivers sans<br />

neige. Une crise sans précé<strong>de</strong>nt a touché l’économie <strong>de</strong> la station dans les années 1990. Actuellement<br />

elle est gérée par une Société d’Economie Mixte qui réalise un travail autour d’objectifs précis. Pour<br />

éviter <strong>de</strong> renouveler les erreurs <strong>du</strong> passé, le choix a été fait <strong>de</strong> faire confiance à <strong>de</strong> vrais<br />

professionnels 53 .<br />

De nombreuses stations en <strong>Maurienne</strong> sont, malgré cela, gérées par <strong>de</strong>s régies communales ou par les<br />

communes elle-mêmes. Sur les 24 sociétés <strong>de</strong> remontées mécaniques, seules cinq sont privées.<br />

51<br />

Source : Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

52<br />

Source : U.T.N Massif Arvan-Villards « Ouillon », Présentation <strong>de</strong>s enjeux et <strong>de</strong>s orientations <strong>du</strong> projet<br />

53 Source : Article : La Norma, une station pour gar<strong>de</strong>r les jeunes au pays, La <strong>Maurienne</strong>, n° 2681, jeudi 9 mai 2002


96<br />

La gestion <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver en <strong>Maurienne</strong><br />

Communes Stations Exploitants<br />

Albiez-Montrond Albiez-Montrond Commune<br />

Aussois Aussois Régie Municipale<br />

Bessans Bessans Régie Municipale<br />

Bonneval-sur-Arc Bonneval-sur-Arc Régie Municipale<br />

Saint-Pancrace Les Bottières Régie Municipale<br />

Bramans Bramans Régie Municipale<br />

Villarembert Le Corbier SATVAC (privée)<br />

Montricher-Albanne Les Karellis Régie Municipale<br />

Avrieux-Villarodin Bourget La Norma SOGENOR<br />

Orelle Orelle STOR (privée)<br />

Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards SEMCOVI<br />

Saint-François-Lonchamps Saint-François-Lonchamp SAGLAT<br />

Saint-Jean-d’Arves Saint-Jean-d’Arves Régie<br />

Saint-Sorlin-d’Arves Saint-Sorlin-d’Arves Régie Municipale<br />

Sollières-Sardières Sollières-Sardières Gran<strong>de</strong>s Sardières<br />

Termignon Termignon SAEM TERM/VAL<br />

Fontcouverte La Toussuire SOREMET<br />

Lanslebourg-Lanslevillard Val-Cenis SILL<br />

Modane Val-Fréjus Transmontagne (privée)<br />

Valloire Valloire Régie touristique<br />

Valmenier Valmenier SEMVAL<br />

Source : Observatoire <strong>de</strong>s impacts socio-économiques et <strong>de</strong>s transports, tome 2,1998<br />

Le développement <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver entre aujourd’hui dans une nouvelle phase. Une<br />

concurrence <strong>de</strong> plus en plus vive les incite en effet à se mo<strong>de</strong>rniser. Elles investissent afin d’attirer la<br />

clientèle, stations améliorant le domaine skiable ou dotant leur site d’une patinoire, d’une piscine...<br />

Cette « fuite en avant » peut pro<strong>du</strong>ire une détérioration <strong>de</strong> la qualité <strong>du</strong> site par une urbanisation<br />

excessive et une dévalorisation <strong>du</strong> domaine existant.<br />

Les impacts <strong>du</strong> tourisme d’hiver sur l’environnement<br />

Le développement touristique en hiver a un coût économique mais également un coût social. Celui-ci<br />

s’exprime à travers les nuisances engendrées, principalement les atteintes à l’environnement :<br />

pollutions diverses, dégradation <strong>de</strong>s paysages et <strong>de</strong>s milieux, etc.<br />

Ces effets négatifs <strong>du</strong> tourisme se trouvent accrus par la concentration, dans le temps et dans l’espace,<br />

<strong>de</strong> la fréquentation touristique.<br />

Les impacts liés à la concentration touristique saisonnière et spatiale<br />

En montagne, l’espace disponible est vaste, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> se concentre néanmoins dans <strong>de</strong>s lieux en<br />

nombre limité et d’extension ré<strong>du</strong>ite. Cette concentration spatiale, aggravée par la concentration<br />

temporelle à <strong>de</strong>s conséquences dommageables pour les espaces ainsi surfréquentés.<br />

En hiver, les 24 stations <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> accueillent, en effet environ 4 401 200 nuitées qui se<br />

répartissent sur une pério<strong>de</strong> d’environ 4 mois (<strong>de</strong> Décembre à Mars).<br />

Bien que la sectorisation <strong>de</strong>s vacances scolaires d’hiver et <strong>de</strong> printemps ait permis d’allonger la saison<br />

touristique, l’impact sur l’environnement reste important. Les problèmes liés au tourisme en matière<br />

d’assainissement, d’épuration <strong>de</strong>s eaux, d’enlèvement <strong>de</strong>s or<strong>du</strong>res ménagères sont en effet<br />

difficilement résolus par les communes. A cela s’ajoute une dégradation <strong>de</strong>s paysages lors <strong>de</strong> la<br />

dégradation <strong>de</strong>s pistes, bien que le réengazonnement <strong>de</strong>s parties terrassées soit désormais<br />

systématique. La vue <strong>de</strong>s engins <strong>de</strong> remontées mécaniques est toutefois gênante pour les vacanciers<br />

estivaux en quête d’une nature préservée.


97<br />

La station <strong>de</strong> Saint-François-Longchamps au Printemps<br />

La pratique <strong>du</strong> ski, le développement <strong>de</strong>s stations et l’extension <strong>du</strong> tracé <strong>de</strong>s pistes causent une gêne<br />

pour la faune et la flore. Le ski hors piste contribue à éloigner certaines espèces animales.<br />

Utilisation accrue <strong>de</strong> la ressource en eau<br />

Par ailleurs, l’activité touristique nécessite une forte exploitation <strong>de</strong> la ressource en eau, exploitation<br />

parfois trop importante en hiver (au moment où la nappe phréatique est au plus bas). A ce titre, l’un<br />

<strong>de</strong>s principaux enjeux <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière « Arc et affluents », est la recherche d’équilibre entre les<br />

particularités <strong>du</strong> milieu et les usages qui tirent partis <strong>de</strong> ces ressources, dont le tourisme hivernal.<br />

L’eau est la ressource essentielle à la survie <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> sports d’hiver. En effet, l’utilisation <strong>de</strong> la<br />

neige <strong>de</strong> culture est <strong>de</strong> plus en plus répan<strong>du</strong>e, conséquence d’un professionnalisme accru et <strong>de</strong> l’aléa<br />

climatique 54 .<br />

Si l’impact est assez négligeable en haute altitu<strong>de</strong> (au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 2 500 m) il en va différemment en<br />

<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 2 000 mètres. A Valloire en mars 2001, seul l’enneigement <strong>de</strong> culture permettait la pratique<br />

<strong>du</strong> ski.<br />

Cette évolution oblige les stations à s’équiper <strong>de</strong> plus en plus en canons à neige pour pallier à l’aléa<br />

d’enneigement sans pour autant qu’on puisse dire que les stations <strong>de</strong> basse altitu<strong>de</strong> assurent, par ces<br />

investissements, leur pérennité.<br />

III.4.2.Le tourisme <strong>de</strong> naturel et culturel<br />

a. Le potentiel <strong>du</strong> tourisme estival et <strong>de</strong> nature<br />

Outre les sports d’hiver, indispensables au développement <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> montagne, le tourisme d’été et<br />

<strong>de</strong> nature a gagné ses lettres <strong>de</strong> noblesse. Son essor, bien que postérieur à celui <strong>de</strong>s sports d’hiver, est<br />

bien réel. Autrefois réservé à une « élite militante » ou aux jeunes peu fortunés, le tourisme d’été a<br />

54 Pour certains glaciologues : les glaciers <strong>de</strong> types alpin reculent sur l’ensemble <strong>du</strong> globe <strong>de</strong>puis la première moitié <strong>du</strong><br />

XIX ème , « surtout en basse altitu<strong>de</strong> » souligne François Valla <strong>du</strong> Cemagref <strong>de</strong> Grenoble.


sé<strong>du</strong>it toutes les couches <strong>de</strong> la société. Plus accessible que les sports d’hiver en termes <strong>de</strong> coûts, le<br />

tourisme <strong>de</strong> nature possè<strong>de</strong> un potentiel important.<br />

98<br />

UN CADRE NATUREL POUR SE RESSOURCER ET ROMPRE AVEC LE QUOTIDIEN<br />

La qualité environnementale est un aspect indéniablement positif <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, aspect que les<br />

plaquettes <strong>de</strong> communication savent mettre en valeur avec <strong>de</strong>s photos animalières ou <strong>de</strong> paysages. Le<br />

Parc National <strong>de</strong> la Vanoise, par exemple, attire une foule <strong>de</strong> vacanciers : 819 200 visiteurs dénombrés<br />

sur les parkings en bout <strong>de</strong> route en 2001, l’essentiel étant concentré (75 %) entre le 20 juillet et le 25<br />

août. La gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s promeneurs vient pour découvrir le territoire <strong>du</strong> Parc le long <strong>de</strong>s circuits<br />

<strong>de</strong> randonnée. 55<br />

DES ACTIVITES DE NATURE VARIEES POUR DECOUVRIR LA MAURIENNE AUTREMENT<br />

L’exploitation <strong>de</strong>s potentialités naturelles <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> permet la pratique <strong>de</strong> multiples activités et<br />

répondant ainsi à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> actuelle <strong>de</strong> la clientèle touristique :<br />

- la randonnée pé<strong>de</strong>stre : avec plus <strong>de</strong> 600 km <strong>de</strong> sentiers, la <strong>Maurienne</strong> offre aux touristes une<br />

autre manière <strong>de</strong> découvrir une nature préservée et authentique,<br />

- le cyclotourisme est également une activité développée en <strong>Maurienne</strong> (circuits balisés, cols…),<br />

- l’escala<strong>de</strong> et les via ferrata<br />

- les activités <strong>du</strong> ciel (parapente, planeur…),<br />

- les activités d’eau (canyons, plans d’eau, pêche…)<br />

DES HANDICAPS A SURMONTER<br />

La montagne souffre d’un réel déficit d’image pour la saison estivale : elle est ressentie trop sportive,<br />

ennuyeuse, peu conviviale et difficile d’accès. Elle n’est donc pas une <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> référence pour la<br />

majorité <strong>de</strong>s touristes, surtout pour les jeunes (moins <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong>s touristes 56 ). Malgré cela, 40 % <strong>de</strong>s<br />

français se disent attirés par la montagne en été mais seulement 50 % d’entre eux la pratiquent 57 .<br />

Des handicaps par rapport à l’image <strong>de</strong> la montagne<br />

Les <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Nord ont une forte image d’inaccessibilité à cause <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts médiatisés ou <strong>de</strong>s<br />

exploits alpinistiques. Certaines activités sont trop élitistes, dans les conditions actuelles. Par exemple,<br />

très peu <strong>de</strong> pistes « soft » sont aménagées pour la pratique <strong>du</strong> VTT qui <strong>de</strong>vient, dans l’imaginaire <strong>du</strong><br />

touriste, une activité physique exigeante.<br />

Le fait que les stations soient conçues pour l’hiver et non pour l’été contribue à ce déficit d’image : la<br />

neige cache certains défauts, mais tout est visible l’été. A Albiez-le-Jeune, <strong>de</strong> gros efforts ont été<br />

réalisés comme l’intégration <strong>de</strong>s cabines téléphoniques, en bois.<br />

Des services non marchands<br />

D’autres difficultés existent. La randonnée, activité principale <strong>du</strong> tourisme d’été, coûte cher aux<br />

communes et n’a pas <strong>de</strong> retombées directes. Les communes <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée ne voient pas toujours<br />

l’intérêt <strong>de</strong> maintenir ou <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s sentiers, tant les coûts d’investissement ou d’entretien sont<br />

importants. En effet, le randonneur est un touriste <strong>de</strong> passage, déjà équipé et qui, la plupart <strong>du</strong> temps,<br />

vient avec son propre pique-nique. Les retombées directes sur la commune sont faibles si celles-ci ne<br />

55 Source : Entretien au Parc National <strong>de</strong> la Vanoise<br />

56 Source : Direction <strong>du</strong> tourisme / SOFRES<br />

57 Source : étu<strong>de</strong> COMFRENCA, 1999


disposent pas d’hébergements. Seules les communes touristiques, ou les stations, peuvent s’apercevoir<br />

<strong>du</strong> gain apporté par les randonneurs.<br />

Le revenu ainsi apporté apparaît donc inférieur aux coûts pour bon nombre <strong>de</strong> communes.<br />

Les vacanciers dépensent effectivement moins : 24 euros (155 F) par jour et par personne en été contre<br />

47 Euros (310 F) en hiver 58 . Même si l’investissement consenti par la commune est bien moins<br />

onéreux que celui effectué pour la pratique <strong>de</strong>s sports d’hiver, sa rentabilisation n’est pas toujours<br />

évi<strong>de</strong>nte. Par exemple, une via ferrata représente un coût égal au quart <strong>de</strong> celui d’un téléski mais les<br />

retombées <strong>du</strong>es à la location <strong>du</strong> matériel et à la prestation <strong>du</strong> gui<strong>de</strong> sont bien moins importantes. La<br />

clientèle <strong>de</strong> ces activités est <strong>de</strong> plus moins nombreuse que celle <strong>du</strong> ski, ce qui rend les investissements<br />

plus difficiles à amortir.<br />

Des pressions environnementales<br />

Un autre point faible <strong>de</strong> la vallée, lié à sa géographie montagnar<strong>de</strong>, est la forte saisonnalité <strong>de</strong>s<br />

activités. La plupart ne sont praticables que <strong>de</strong> juin à septembre, voire seulement <strong>de</strong> juillet à août.<br />

L’eau trop froi<strong>de</strong> ou encore glacée en début <strong>de</strong> saison limite fortement les possibilités d’activités<br />

nautiques ou <strong>de</strong> baigna<strong>de</strong>. Le problème <strong>de</strong> l’étiage <strong>de</strong>s lacs et retenues d’eau est aussi un frein à ces<br />

activités, les accords étant difficilement trouvés avec EDF.<br />

La principale faiblesse <strong>du</strong> tourisme d’été reste la pression que celui-ci exerce sur la nature. Toutes ces<br />

activités ne sont pas neutres en termes d’impacts sur les espèces et les milieux naturels (perturbation <strong>de</strong><br />

la faune, piétinement, érosion…).<br />

b. Le patrimoine culturel, confusion entre une vallée montagnar<strong>de</strong> et in<strong>du</strong>strielle ?<br />

99<br />

UN PATRIMOINE BATI ET CULTUREL RICHE ET PRESERVE<br />

Monuments historiques, « chemins <strong>du</strong> Baroque » et « pierres fortes <strong>de</strong> Savoie »<br />

La <strong>Maurienne</strong> possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombreux monuments classés et inscrits à l’inventaire <strong>de</strong>s Monuments<br />

historiques. La foi catholique a légué une cathédrale à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, et plus <strong>de</strong> trente cinq<br />

chapelles et dix-huit oratoires, <strong>de</strong> style roman ou baroque inscrits à l’inventaire <strong>de</strong>s monuments<br />

historiques dans l’ensemble <strong>de</strong> la vallée.<br />

En 1996, sur le canton <strong>de</strong> Lanslebourg, 27 monuments <strong>de</strong> caractère religieux ont été inscrits à<br />

l’inventaire, et <strong>de</strong>ux Zones <strong>de</strong> Protection Patrimoine Architectural Urbain et <strong>Pays</strong>ager (ZPPAUP) sont<br />

en cours à Bessans et Bonneval-sur-Arc.<br />

58 Source : La politique <strong>de</strong> la montagne, rapport d’évaluation, Volume 1, 1999


Vue <strong>de</strong>puis l’intérieur <strong>du</strong> fort <strong>de</strong> l’Esseillon<br />

De nombreux forts, tels que celui <strong>de</strong> l’Esseillon, dont certains sont inscrits à l’inventaire <strong>de</strong>s<br />

monuments historiques, ont ren<strong>du</strong> le patrimoine militaire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> célèbre. Leur visite permet<br />

<strong>de</strong> découvrir une autre <strong>Maurienne</strong>.<br />

Une convention, signée en 1991 entre le ministère <strong>de</strong> la Culture et la Fondation pour l’Action<br />

Culturelle Internationale en Montagne (FACIM), a permis aux vallées <strong>de</strong> la Tarentaise et <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong> d’obtenir le label « <strong>Pays</strong> d’art et d’histoire ». Ce mouvement <strong>de</strong> labellisation a profité <strong>de</strong><br />

l’impulsion <strong>de</strong>s Jeux Olympiques d’Albertville.<br />

Le Conseil Général <strong>de</strong> la Savoie a confié à la FACIM la mission <strong>de</strong> gérer les projets <strong>de</strong> tourismes<br />

culturels tel que :<br />

- les « chemins <strong>du</strong> Baroque » représentatifs <strong>du</strong> patrimoine culturel<br />

- les « pierres fortes <strong>de</strong> Savoie » pour le patrimoine militaire.<br />

La FACIM édite <strong>de</strong>s livrets très complets sur le patrimoine militaire et religieux, disponibles dans tous<br />

les bureaux <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> l’arrondissement.<br />

Ce patrimoine est, <strong>de</strong> ce fait, valorisé par l’édition <strong>de</strong> documents. Afin <strong>de</strong> le faire découvrir aux<br />

touristes et aux habitants locaux, la FACIM organise <strong>de</strong>s visites avec <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s agréés.<br />

Le patrimoine mauriennais, riche et diversifié, compte un nombre importants d’éléments non<br />

répertoriés à l’inventaire <strong>de</strong>s monuments historiques. Ceux-ci ne disposent donc pas <strong>de</strong> crédits d’Etat<br />

pour leur valorisation. On peut citer le fort militaire <strong>du</strong> Replaton à Modane, qui malgré sa valeur<br />

patrimoniale est en train <strong>de</strong> s’écrouler faute <strong>de</strong> moyens financiers suffisants pour sa restauration, tandis<br />

que le fort <strong>de</strong> Saint Gobain proche a accueilli 6 761 visiteurs en 2001 (<strong>de</strong> Janvier à Septembre) suite à<br />

sa restauration et sa valorisation.<br />

Le tourisme est un facteur important <strong>de</strong> la préservation <strong>du</strong> patrimoine bâti et <strong>de</strong> la sensibilisation <strong>de</strong>s<br />

habitants et <strong>de</strong>s visiteurs à cet héritage. Toutefois l’abondance <strong>de</strong> ce patrimoine rend parfois difficile sa<br />

valorisation.<br />

100


. L’héritage montagnard<br />

L’habitat, la gastronomie, le folklore et d’autres éléments <strong>de</strong>s sociétés rurales d’antan sont autant<br />

d’occasions <strong>de</strong> promouvoir le territoire : tous participent à l’ambiance bucolique et authentique<br />

recherchée par les vacanciers.<br />

L’ HABITAT TRADITIONNEL, UN ATOUT POUR LES VACANCIERS EN QUETE<br />

D’AUTHENTICITE<br />

L’habitat traditionnel est un élément incontournable <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong> la vision touristique <strong>du</strong> territoire.<br />

En créant une certaine homogénéité dans le bâti, les maisons <strong>de</strong> pierre et <strong>de</strong> bois, les toits <strong>de</strong> lauze, les<br />

greniers à grains, … donnent un « cachet » particulier à la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Des sites se fondant dans le paysage<br />

Le territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> compte 4 sites classés dont 3 à Bonneval-sur-Arc, commune <strong>du</strong> Parc<br />

National <strong>de</strong> la Vanoise et <strong>de</strong> nombreux sites inscrits (17 à Valloire). Parmi ces sites outre les glaciers,<br />

lacs et cols, 5 hameaux et 6 agglomérations sont signalés pour leur habitat montagnard typique.<br />

Le hameau <strong>de</strong> l’Ecot, dont les habitants ont su préserver le caractère typique, est l’un <strong>de</strong>s joyaux <strong>de</strong> la<br />

Haute-<strong>Maurienne</strong> et <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise. Son unité bâtie participe à la vision préservée que<br />

se fait toute personne extérieure à la montagne. Facile d’accès, ce site a attiré près <strong>de</strong> 92 000 visiteurs<br />

en 2001 59 . Situé dans un environnement protégé, les visiteurs s’y attar<strong>de</strong>nt volontiers.<br />

Des actions sont entreprises pour restaurer ce petit patrimoine. Par exemple, au hameau <strong>de</strong> la Côte, la<br />

section maçonnerie gros œuvre <strong>du</strong> lycée <strong>de</strong> la Montagne <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> a en mai 2002<br />

remis en état le four à pierre.<br />

La restauration <strong>de</strong>s chalets d’alpage<br />

L’attractivité touristique <strong>de</strong>s chalets d’alpages est réelle : la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s vallées sont<br />

parcourues par <strong>de</strong>s sentiers balisés. Certaines sont équipées <strong>de</strong> refuges, <strong>de</strong> gîtes, ou offrent <strong>de</strong>s<br />

possibilités <strong>de</strong> restauration. Plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s alpages est visitée chaque jour, en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pointe,<br />

par au moins une cinquantaine <strong>de</strong> personnes. La vente <strong>de</strong> fromages sur place et les activités <strong>du</strong><br />

gestionnaire liées au tourisme sont aujourd’hui fréquentes.<br />

A côté <strong>de</strong> ces éventuels compléments <strong>de</strong> revenu à leur activité pastorale, les alpagistes ont souvent une<br />

activité secondaire liée au tourisme. Ces <strong>de</strong>ux activités, pastoralisme et tourisme, cohabitent bien et se<br />

complètent.<br />

De nombreux chalets d’alpage sont aujourd’hui en cours <strong>de</strong> restauration ou <strong>de</strong> reconstruction. Ces<br />

travaux d’aménagement sont soumis à une réglementation stricte 60 .<br />

En effet, il faut au préalable constituer un dossier <strong>de</strong> restauration et ou <strong>de</strong> reconstruction qui est ensuite<br />

examiné par la commission départementale <strong>de</strong>s sites, perspective et paysage au titre <strong>de</strong> la protection et<br />

la mise en valeur patrimoniale <strong>de</strong> ces chalets. En 2000/2001, 72 dossiers ont été examinés pour la<br />

<strong>Maurienne</strong> et 59 ont été validés.<br />

59 Source : enquête <strong>de</strong> fréquentation 2001 <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise<br />

60 La loi montagne est restrictive sur la reconstruction <strong>de</strong>s chalets d’alpage. Le législateur a limité la possibilité <strong>de</strong><br />

construire <strong>de</strong> façon isolée en montagne et ce faisant, empêché la plupart <strong>de</strong>s interventions sur d’anciens chalets d’alpage.<br />

Depuis 1994, un texte permet d’autoriser la restauration <strong>de</strong>s anciens chalets, dans un objectif <strong>de</strong> protection <strong>du</strong> patrimoine.<br />

101


102<br />

LES FESTIVALS, SOURCES D’ANIMATION ET DE VALORISATION DE L’HERITAGE LOCAL<br />

Les festivals constituent autant d’occasions <strong>de</strong> découvrir les traditions agricoles comme<br />

l’enmontagnage, les cloches tintantes, la gastronomie avec les diots 61 , la polenta cuite au chaudron, le<br />

fromage <strong>de</strong> Beaufort et les costumes traditionnels <strong>de</strong>s jeunes filles avec leurs coiffes garnis <strong>de</strong> bavolets<br />

aux couleurs chatoyantes.<br />

Le début <strong>du</strong> printemps et l’été sont donc propices à ces fêtes.<br />

- En avril 2002, pour la 8 ème fois à Bessans s’est tenu le festival intitulé « l’hiver et ses secrets ». Les<br />

aînés <strong>du</strong> village sont venus raconter les secrets <strong>de</strong> Bessans (légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Djan <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> et <strong>du</strong> diable<br />

<strong>de</strong> Bessans). Des activités liées à la fabrication <strong>du</strong> pain étaient proposées. Le soir la soirée savoyar<strong>de</strong> a<br />

permis l’intervention <strong>du</strong> groupe folklorique « <strong>de</strong>s danseurs <strong>de</strong> l’Arc », l’animation <strong>de</strong> guitares, flûtes,<br />

cors <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong>. Le journal La <strong>Maurienne</strong> a qualifié ce festival <strong>de</strong> véritable réussite.<br />

- En mai 2002 « le printemps <strong>de</strong>s Arts » à Modane a été un moment privilégié pour les artistes<br />

représentant les traditions <strong>de</strong> la vallée d’exposer leur oeuvres, mais aussi pour les échanges franco -<br />

italiens. Des nombreux Italiens ont participé à ce festival présentant <strong>de</strong>s sculpteurs sur bois et <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ntellières.<br />

- Au mois <strong>de</strong> juillet 2002, aura lieu « le festival <strong>de</strong>s Arts Jaillissants » pour lequel une forte<br />

promotion <strong>de</strong> niveau national est réalisée qui se tiendra à Montsapey, petite commune d’altitu<strong>de</strong> à<br />

l’entrée <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

De plus, <strong>de</strong> nombreux groupes folkloriques ou musicaux participent activement à la promotion <strong>de</strong> cette<br />

culture.<br />

Les festivals sont relayés pour le touriste par <strong>de</strong> nombreux musées en fond <strong>de</strong> vallée présentant la<br />

culture montagnar<strong>de</strong> rurale.<br />

LES MUSEES PRESERVENT LA MEMOIRE CULTURELLE DE LA VALLEE<br />

Les musées et expositions sont nombreux, 14 sont répartis sur l’ensemble <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

61 diot : nom donné à la saucisse cuisinée au vin blanc. Varie selon les villages, celle <strong>de</strong> Valloire est particulièrement<br />

renommée.


103<br />

Les musées et expositions dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> 62.<br />

Musées et Communes Fréquentation 2000 Fréquentation 2001<br />

expositions<br />

(<strong>de</strong> juin à septembre)<br />

Musée <strong>de</strong>s costumes Saint Jean <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> 9 804 Pas <strong>de</strong> données<br />

Musée <strong>du</strong> Mont<br />

Corbier<br />

Saint Jean <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> 6 000 5 400<br />

Musée <strong>de</strong> l’Opinel Saint Jean <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> 27 680 25 825<br />

Musée <strong>de</strong> la Traversée<br />

<strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong><br />

Modane 4 145 3 156<br />

Salle Historique <strong>du</strong><br />

Mont Cenis<br />

Mont Cenis 5 760 5 488<br />

Musée Agropastoral Aussois 4 987 4 456<br />

Musée Archéologique Sollières Sardières 3 847 3 845<br />

Musée <strong>de</strong> l’Habitat<br />

Ancien<br />

Bessans 1 800 Pas <strong>de</strong> données<br />

Ecomusée Jarrier 1 000 1 000<br />

Maison <strong>du</strong> Patrimoine Saint Collomban <strong>de</strong>s<br />

Villards<br />

350 200<br />

Musée « Le Grand Saint Georges <strong>de</strong>s<br />

361<br />

12 000<br />

Filon »<br />

Hurtières (ouverture nov. 2000)<br />

Musée <strong>du</strong> Félicien Argentine Pas <strong>de</strong> données Pas <strong>de</strong> données<br />

Exposition Maison<br />

Franco-Italien<br />

Lanslebourg 14 000 8 500<br />

Exposition Artisanat<br />

rural<br />

La Toussuire 12 000 15 000<br />

Source : Maison <strong>de</strong>s Jeux Olympiques d’Albertville<br />

Ces musées sont le plus souvent <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> mémoire et <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong> la culture locale plus que<br />

<strong>de</strong> véritables pro<strong>du</strong>its à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s touristes. Nombreux sont gratuits : à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>,<br />

on peut citer le musée <strong>de</strong> l’Opinel.<br />

Mais, le nombre <strong>de</strong> visiteurs n’est pas assez nombreux pour considérer certains <strong>de</strong> ces musées comme<br />

<strong>de</strong> véritables atouts pour le développement touristique <strong>de</strong> la vallée. On sait par ailleurs qu’un musée ne<br />

peut-être rentable qu’à partir <strong>de</strong> 15 000 entrées payantes.<br />

Une véritable réflexion doit être menée sur les synergies à créer, d’autant plus que <strong>de</strong>s projets<br />

d’ouverture <strong>de</strong> nouveaux sites sont à l’étu<strong>de</strong>.<br />

c. L’héritage in<strong>du</strong>striel<br />

Des villes comme Modane, Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, Argentine, Epierre,<br />

La Chambre sont marquées par leur passé in<strong>du</strong>striel. La <strong>Maurienne</strong>, 2 ème exportateur d’aluminium au<br />

XIX ème siècle, doit être fière <strong>de</strong> ce passé qu’elle révèle dans les écomusées.<br />

A Saint-Georges-<strong>de</strong>s-Hurtières, le site minier détient, avec 12 000 visiteurs en 2001, la secon<strong>de</strong> place<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinations payantes <strong>de</strong> Savoie <strong>de</strong>rrière l’aquarium d’Aix-les-Bains.<br />

Le Grand Filon est un parc <strong>de</strong> découverte minier a but é<strong>du</strong>catif. Des animations autour <strong>de</strong> la<br />

métallurgie, mais également <strong>de</strong>s concerts, y sont organisés. Il a accueilli cette année près <strong>de</strong> 2000<br />

élèves et 5000 retraités.<br />

De plus un musée <strong>de</strong> l’Aluminium est en projet à Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>. L’association pour un<br />

musée mauriennais <strong>de</strong> l’aluminium et l’association Solid’Art <strong>Maurienne</strong>… souhaiteraient rassembler<br />

62 Cette liste n’est peut-être pas exhaustive, elle a été réalisée par la Maison <strong>de</strong>s J.O d’Albertville


et mettre en valeur, au cœur même <strong>de</strong> la vallée qui a vu « naître » les premiers lingots <strong>de</strong> ce métal, les<br />

différents aspects liés à son « invention », sa fabrication, son utilisation, son impact sur la vie sociale et<br />

culturelle, son avenir… au sein d’un musée vivant <strong>de</strong> l’aluminium.<br />

L’association Solid’Art <strong>Maurienne</strong> a pour ambition <strong>de</strong> créer une fresque immense « Laura » à<br />

assemblage <strong>de</strong> 42 000 pièces à flanc <strong>de</strong> colline qui porterait haut les valeurs <strong>de</strong> solidarité et d’échanges<br />

qui caractérisent la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Le tourisme in<strong>du</strong>striel d’autrefois fait aujourd’hui place, dans certains secteurs, à un tourisme<br />

in<strong>du</strong>striel et technique. A Modane, il est possible <strong>de</strong> faire une visite guidée <strong>de</strong> l’ONERA, in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong><br />

pointe sur la recherche spatiale, le nombre <strong>de</strong> visites est cependant très limité dans l’année. De même,<br />

avec la construction <strong>du</strong> TGV, une exposition permet <strong>de</strong> satisfaire la curiosité <strong>de</strong>s touristes et <strong>de</strong>s<br />

locaux. Le laboratoire <strong>de</strong> Modane ouvre également ses portes lors <strong>de</strong> quelques journées mais un projet<br />

<strong>de</strong> salle dédiée aux in<strong>du</strong>stries <strong>de</strong> pointe est à l’étu<strong>de</strong>.<br />

c. Un patrimoine difficile à valoriser<br />

Bien que le patrimoine culturel, bâti et in<strong>du</strong>striel soit très varié et qu’il fasse souvent l’objet <strong>de</strong><br />

nombreux circuits <strong>de</strong> randonnée et <strong>de</strong> visites guidées tels que les « chemins <strong>du</strong> baroque », l’offre<br />

touristique manque <strong>de</strong> structuration.<br />

Les acteurs (restaurateurs, hôteliers,…) sont en effet « disséminés » sur le territoire, sans ou avec peu<br />

<strong>de</strong> lien entre eux. Les Offices <strong>de</strong> Tourisme qui sont chargés <strong>de</strong> faire la promotion et l’information au<br />

niveau local travaillent indépendamment et souvent avec peu <strong>de</strong> moyens. Ceci ne favorise pas le<br />

développement d’un tourisme d’été et hors saison <strong>de</strong> qualité.<br />

De même, les différents sites, musées, forts… sont « éparpillés » sur l’ensemble <strong>de</strong> la vallée, aucun<br />

organisme ou dépliant ne fait le lien entre eux.<br />

L’ensemble <strong>de</strong> cette offre n’est pas homogène. Cela ne facilite pas l’approche <strong>du</strong> vacancier sur le<br />

territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Il ne connaît que les sites les plus remarquables. Le col <strong>du</strong> Galibier, le Parc<br />

National <strong>de</strong> la Vanoise, le musée <strong>de</strong> l’Opinel… sont autant <strong>de</strong> noms qui résonnent dans la tête <strong>de</strong>s<br />

futurs vacanciers en quête <strong>de</strong> nouvelles découvertes.<br />

Mais au cœur <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> diversité, l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> ne ressort que peu voire pas<br />

<strong>du</strong> tout.<br />

La promotion <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> doit être l’un <strong>de</strong>s atouts incontournables pour la valorisation<br />

<strong>de</strong> son patrimoine naturel, architectural et culturel. Réalisée par <strong>de</strong> nombreux acteurs <strong>du</strong> tourisme, elle<br />

permet à travers les brochures, articles <strong>de</strong> journaux ou revues comme « Les <strong>Alpes</strong> loisirs » <strong>de</strong> faire<br />

connaître la vallée aux futurs vacanciers.<br />

a. Les acteurs <strong>du</strong> tourisme<br />

104<br />

III.3.3. Promotion et fréquentation touristique<br />

AU NIVEAU REGIONAL ET DEPARTEMENTAL<br />

Le Comité <strong>Région</strong>al <strong>du</strong> Tourisme réalise <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> promotion et <strong>de</strong> communication <strong>du</strong><br />

tourisme à l’extérieur et dans la région <strong>Rhône</strong>-<strong>Alpes</strong>. Lors <strong>de</strong> salons, il incite les visiteurs à venir<br />

découvrir le territoire régional.


Le département, via l’Agence Touristique <strong>de</strong> la Savoie, réalise, avec la participation <strong>du</strong> Comité<br />

<strong>Région</strong>al <strong>du</strong> Tourisme, <strong>de</strong>s documents d’information comme « La Savoie escala<strong>de</strong> via ferrata,<br />

canyoning » ou « La Savoie, promena<strong>de</strong> et randonnée pé<strong>de</strong>stre ».<br />

105<br />

LES ACTEURS TOURISTIQUES LOCAUX :<br />

Les offices <strong>du</strong> tourisme ouvrent les portes <strong>de</strong> la vallée<br />

Les Offices <strong>de</strong> Tourisme (OT) contribuent à la promotion, l’information et à l’accueil <strong>de</strong>s vacanciers<br />

dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Dans chaque commune et chaque station, un point d’information ou<br />

bien un OT permet <strong>de</strong> valoriser les particularités <strong>du</strong> territoire et d'encourager les vacanciers à le visiter.<br />

39 OT exposent brochures et plaquettes décrivant la vallée. Ils ont un rôle <strong>de</strong> gui<strong>de</strong> et dirigent les<br />

visiteurs à la découverte <strong>de</strong>s lieux les plus remarquables. Toutefois, <strong>de</strong>s dysfonctionnements sont<br />

notables au sein <strong>de</strong> ces organismes.<br />

La qualité <strong>de</strong> leur service est primordiale mais parfois insuffisante<br />

En décembre 2000, <strong>de</strong>s étudiants en Maîtrise <strong>de</strong> tourisme à Lyon ont téléphoné, sous la direction <strong>de</strong><br />

leur professeur 63 , aux cents stations <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> la brochure Ski France en se faisant passer pour une<br />

famille lyonnaise <strong>de</strong> quatre personnes désireuse <strong>de</strong> découvrir les sports d’hiver pendant les vacances <strong>de</strong><br />

février.<br />

De cette enquête est apparu que seulement 24 % <strong>de</strong>s stations ont été en mesure <strong>de</strong> proposer une<br />

solution adaptée aux familles, et que 18 % ont pu donner les coordonnées d’un prestataire. Dans le<br />

palmarès <strong>de</strong> l’accueil téléphonique, arrivent en tête les stations <strong>de</strong>s Karellis, avec une note <strong>de</strong> 17,5 et<br />

<strong>du</strong> Corbier, qui obtient 15 sur 20.<br />

Les conclusions qui ont été tirées <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> sont les suivantes : « les Offices <strong>de</strong> Tourisme semblent<br />

manquer <strong>de</strong> personnels formés à mener un entretien téléphonique commercial et informatif vis à vis <strong>de</strong><br />

la clientèle ». L’étu<strong>de</strong> Sociovision/Cofremca avait déjà mis en évi<strong>de</strong>nce ce constat.<br />

De plus, « la majorité <strong>de</strong>s stations axent leur communication sur une brochure, qui doit être la plus<br />

complète et la plus générale possible pour toucher le plus <strong>de</strong> clients potentiels ».<br />

Toutefois, n’est-il pas dangereux <strong>de</strong> miser essentiellement sur ce support, sachant que les gran<strong>de</strong>s<br />

tendances sont la convivialité, la personnalisation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its, les valeurs traditionnelles ?<br />

Le manque <strong>de</strong> professionnalisme est également marqué par le fait que les contrats signés dans les OT<br />

ne sont que saisonniers et faiblement rémunérés, ce qui n’attire pas les jeunes diplômés, qui ont<br />

souvent d’autres prétentions salariales. De plus certains <strong>de</strong> ces saisonniers ont parfois peu <strong>de</strong><br />

connaissances <strong>du</strong> territoire.<br />

Des difficultés sont rencontrées par le milieu montagnard pour s’adapter aux évolutions <strong>de</strong> la clientèle.<br />

« Depuis <strong>de</strong>ux ans, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s par portable ont explosé. Les gens veulent pouvoir se déci<strong>de</strong>r à la<br />

<strong>de</strong>rnière minute, en se renseignant par un simple coup <strong>de</strong> fil. Or les OT n’ont pas en général un service<br />

d’accueil spécifique » note le directeur <strong>du</strong> cabinet Cîme conseil, M. Bruno Gillet.<br />

Comme les Offices <strong>de</strong> Tourisme sont le plus souvent <strong>de</strong>s associations gérées par <strong>de</strong>s bénévoles ; <strong>de</strong>s<br />

difficultés apparaissent lorsque l’activité touristique <strong>de</strong>vient trop importante. Ceux-ci n’ouvrent<br />

seulement que <strong>du</strong>rant la saison touristique. Les vacanciers venant hors saison, lors <strong>de</strong> courts séjours<br />

trouvent les portes closes. L’accueil et l’information <strong>de</strong>s vacanciers montrent à ce niveau quelques<br />

faiblesses.<br />

63 Source : « la montagne doit mieux s’adapter à la clientèle », revue Aménagement et montagne n°164


Les OT doivent dès lors s’adapter pour mieux vendre les pro<strong>du</strong>its mis sur le marché, tel que le suggère<br />

le « Carnet <strong>de</strong> route <strong>de</strong> la montagne ». Les Offices <strong>de</strong> Tourisme <strong>de</strong>vraient <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s agences <strong>de</strong><br />

voyages. Dans la pratique, cette évolution pose <strong>de</strong>s problèmes car ils sont un service public. Certaines<br />

stations ont essayé <strong>de</strong> contourner l’obstacle en créant, parallèlement à l’OT <strong>de</strong>s centrales <strong>de</strong><br />

réservation comme l’Office <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong>s Sybelles.<br />

106<br />

DES NOUVEAUX PARTENAIRES : LES INTERCOMMUNALITES<br />

L’Office <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong>s Sybelles<br />

Le syndicat Intercommunal <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> l’Arvan et <strong>de</strong>s Villards, en partenariat avec l’Etat, la <strong>Région</strong><br />

et le Département, s’était engagé en 1996 dans un opération contractuelle <strong>du</strong> Contrat <strong>de</strong> Plan. Cette<br />

opération, programmée sur trois ans, était composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grands types d’actions :<br />

- Les actions communales<br />

- Les actions intercommunales<br />

Dans les actions intercommunales, il avait été préconisé la création d’un « Office <strong>de</strong> pôle ». C’est ainsi<br />

qu’est né l’Office <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong> l’Arvan et <strong>de</strong>s Villards composé majoritairement <strong>de</strong>s communes <strong>du</strong><br />

massif et <strong>de</strong>s partenaires touristiques (Remontées Mécaniques, Offices <strong>de</strong> Tourisme, Ecole <strong>de</strong> ski…).<br />

L’office <strong>de</strong> promotion a opté pour <strong>de</strong>ux objectifs principaux :<br />

- Créer une dynamique à l’échelle <strong>du</strong> massif en fédérant <strong>de</strong>s acteurs touristiques autour <strong>de</strong><br />

projets <strong>de</strong> développement, <strong>de</strong> promotion et <strong>de</strong> commercialisation afin <strong>de</strong> répondre à une concurrence<br />

<strong>de</strong> plus en plus exigeante.<br />

- Créer une centrale <strong>de</strong> réservation commune au massif.<br />

La perspective <strong>de</strong> la réalisation <strong>du</strong> quatrième domaine skiable <strong>de</strong> France, grâce à la liaison entre Saint-<br />

Colomban-<strong>de</strong>s-Villards, Saint-Sorlin-d’Arves, par le massif <strong>de</strong> L’Ouillon, reliant ainsi <strong>de</strong>ux domaines<br />

skiables, celui <strong>de</strong> l’Arvan et celui <strong>de</strong>s Villards était l’axe fédérateur <strong>de</strong> cette création. Les principaux<br />

acteurs <strong>du</strong> projet d’équipement ont souhaité que le massif puisse communiquer sous le label générique<br />

« Sybelles », preuve d’une cohérence interne. Toutes les communes ont accepté que l’Office <strong>de</strong><br />

Promotion <strong>de</strong> l’Arvan et <strong>de</strong>s Villards <strong>de</strong>vienne l’Office <strong>de</strong> Promotion <strong>de</strong>s Sybelles.<br />

La centrale <strong>de</strong> réservation a montré <strong>du</strong>rant l’hiver 2001/2002 son efficacité et se révèle être un outil<br />

important pour la promotion <strong>de</strong>s différentes stations. En effet, une collaboration commerciale avec <strong>de</strong>s<br />

Tours Opérateurs a débuté sur le marché anglais pour l’hiver 2002/2003.<br />

La communauté <strong>de</strong> communes <strong>de</strong> Haute-<strong>Maurienne</strong>-Vanoise<br />

Sur l’ensemble <strong>de</strong> la vallée, peu d’organismes fonctionnant dans le cadre d’une collaboration entre<br />

communes existent. La Communauté <strong>de</strong> Communes <strong>de</strong> Haute-<strong>Maurienne</strong>-Vanoise (possédant la<br />

compétence <strong>de</strong> développement touristique) appréhen<strong>de</strong>, elle, le développement <strong>du</strong> tourisme à l’échelle<br />

<strong>du</strong> territoire intercommunal.<br />

Le chargé <strong>de</strong> mission tourisme employé au sein <strong>de</strong> l’intercommunalité met ainsi en relation les<br />

différents Offices <strong>de</strong> Tourisme <strong>de</strong>s communes membres <strong>de</strong> la structure intercommunale et monte <strong>de</strong><br />

véritables projets touristiques.


107<br />

LES ACTEURS DU TOURISME A L’ECHELLE DE LA VALLEE<br />

Le Comité <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

Le Comité <strong>de</strong>s Stations est une association qui travaille en collaboration avec le Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Maurienne</strong>.<br />

Il a notamment pour objectif <strong>de</strong> rassembler <strong>de</strong>s fonds collectés auprès <strong>de</strong>s communes supports <strong>de</strong><br />

station afin <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> promotion en partenariat avec l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs <strong>du</strong><br />

tourisme en <strong>Maurienne</strong>.<br />

Ils participent notamment à <strong>de</strong>s salons touristiques présentant l’ensemble <strong>de</strong>s stations <strong>de</strong> la vallée.<br />

Le Comité <strong>de</strong>s Stations <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> et cinq autres stations ont par exemple lancé une campagne <strong>de</strong><br />

prospection commerciale auprès <strong>de</strong>s <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> l’Europe Centrale et Orientale (PECO) qui se tra<strong>du</strong>it par<br />

une augmentation sensible <strong>de</strong> cette clientèle <strong>de</strong>puis quelques années.<br />

L’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la vallée véhiculée par le Syndicat <strong>de</strong> <strong>Pays</strong><br />

Le Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> a <strong>de</strong>s compétences en termes touristiques. Il est chargé <strong>de</strong><br />

promouvoir la vallée et <strong>de</strong> valoriser son image.<br />

Il travaille en collaboration avec le Comité <strong>de</strong>s Stations. Il réalise notamment <strong>de</strong>s documents<br />

d’information et <strong>de</strong> promotion comme par exemple « <strong>de</strong>s trésors à découvrir, sentiers à thèmes ». ces<br />

documents sont essentiels pour faire connaître l’ensemble <strong>de</strong>s attraits touristiques <strong>de</strong> la vallée et<br />

accentuer l’unité <strong>de</strong> celle-ci.<br />

Les enjeux d’une promotion commune face à l’indivi<strong>du</strong>alisme <strong>de</strong>s sites touristiques :<br />

Le Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>du</strong> <strong>Maurienne</strong> et le Comité <strong>de</strong>s Stations sont favorables à la mise en place d’une<br />

promotion commune.<br />

L’enjeu principal est bien effectivement le rassemblement <strong>de</strong> tous les acteurs vers un même objectif :<br />

favoriser le développement <strong>du</strong> tourisme en <strong>Maurienne</strong>. Une valorisation commune permet <strong>de</strong><br />

positionner la vallée sur le marché touristique et <strong>de</strong> cibler une large clientèle. Les forces ainsi<br />

associées, les synergies créées, facilitent l’élaboration d’une communication importante et plus<br />

percutante.<br />

Toutefois, les acteurs locaux n’en ont pas toujours pris conscience et continuent à faire « cavalier<br />

seul ». Certaines stations <strong>de</strong> sports d’hiver, par exemple, sont réticentes à la mise en commun d’une<br />

partie <strong>de</strong> leurs ressources pour une communication d’ensemble.<br />

La Haute-<strong>Maurienne</strong> est fortement marquée par la présence <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise. Les<br />

communes situées en périphérie <strong>du</strong> Parc comme Bonneval-sur-Arc ou Termignon favorisent leur<br />

communication autour <strong>de</strong> l’entité Haute-<strong>Maurienne</strong>-Vanoise. La maison <strong>du</strong> Parc <strong>de</strong> la Vanoise située<br />

à Termignon permet un bon accueil et facilite l’information sur cette partie <strong>du</strong> territoire.<br />

Les vacanciers aiment cependant avoir <strong>de</strong>s informations claires. La multiplication d’informations ne<br />

facilite pas la communication et ne permet pas <strong>de</strong> transmettre un message simple et explicite aux<br />

vacanciers. La communication est alors moins efficace.<br />

Durant le printemps, les multiples O.T et autres lieux d’informations ne sont pas toujours ouverts les<br />

dimanches et jours fériés. C’est une faiblesse pour l’accueil <strong>de</strong>s vacanciers <strong>du</strong>rant cette pério<strong>de</strong> même<br />

s’ils sont aujourd’hui peu nombreux, mais que l’ambition affichée est d’élargir la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

fréquentation. L’offre touristique au niveau <strong>de</strong> l’accueil est trop dispersée, elle manque <strong>de</strong><br />

structuration.


. Les hébergements au centre <strong>de</strong> l’économie <strong>du</strong> tourisme<br />

Les éléments nécessaires au développement <strong>de</strong> l’activité touristique sont la présence d’un patrimoine<br />

remarquable, <strong>de</strong>s acteurs <strong>du</strong> tourisme travaillant pour le valoriser et enfin une offre en hébergements<br />

suffisante pour accueillir les vacanciers.<br />

Actuellement, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> construction sont à l’étu<strong>de</strong>. Les mesures fiscales, mises en place par<br />

l’Etat, sont certainement à l’origine <strong>de</strong> cette reprise.<br />

Les hébergements sont un maillon <strong>de</strong> la chaîne formée par l’économie <strong>du</strong> tourisme. En effet, la<br />

logique veut qu’à un nombre <strong>de</strong> lits touristiques supplémentaires correspon<strong>de</strong> un nombre <strong>de</strong> forfaits <strong>de</strong><br />

remontées mécaniques. Les stations <strong>de</strong> sports d’hiver se basent d’ailleurs sur ce ratio pour développer<br />

et améliorer leur économie.<br />

LES CAUSES DE L’ESSOR DES CONSTRUCTIONS TOURISTIQUES DANS LES STATIONS DE<br />

SPORTS D’HIVER<br />

Nouvelle offre d’hébergement pour développer l’économie <strong>de</strong>s stations<br />

Afin <strong>de</strong> maintenir « la performance par lit touristique », les stations <strong>de</strong> sports d’hiver <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

accroissent progressivement leur capacité d’hébergement 64 . Cette notion, calculée à partir <strong>du</strong> ratio<br />

Chiffre d’Affaires, (C.A.) sur le nombre <strong>de</strong> lits 65 permet d’évaluer, en hiver, la rentabilité <strong>de</strong> la station<br />

<strong>de</strong> ski.<br />

Pour maintenir leur C.A., les stations doivent garantir le taux <strong>de</strong> remplissage <strong>de</strong> la station. Les<br />

hébergements doivent donc être loués.<br />

Toutefois, chaque année on constate une baisse naturelle <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> lits banalisés (nombre <strong>de</strong> lits<br />

sur le marché et loués), pour les raisons suivantes :<br />

108<br />

- <strong>de</strong>s hébergements sortent <strong>du</strong> secteur marchand ( propriétaires ne voulant plus louer. . . )<br />

- diminution <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> skieurs par hébergement<br />

Pour pallier cette baisse naturelle, les collectivités encouragent la construction <strong>de</strong> nouveaux<br />

hébergements afin <strong>de</strong> maintenir la croissance <strong>de</strong> la station.<br />

Ce nouvel élan <strong>de</strong> construction a par ailleurs été encouragé par <strong>de</strong>s mesures fiscales incitatives.<br />

64<br />

Capacité d’hébergement : cela correspond au nombre d’hébergements touristiques par rapport au nombre d’habitants,<br />

elle permet d’évaluer l’importance <strong>du</strong> tourisme dans la station.<br />

65<br />

C.A/Nombre <strong>de</strong> lits touristiques permet <strong>de</strong> voir combien un lit rapporte à la station. En effet, un hébergement<br />

correspond un nombre <strong>de</strong> forfaits <strong>de</strong> remontées mécaniques et donc à une part <strong>du</strong> C.A <strong>de</strong> la station


109<br />

LOCATION<br />

D’HEBERGEMENTS<br />

Les Stations <strong>de</strong> sports d’hiver : augmenter le<br />

nombre <strong>de</strong> lits touristiques<br />

La construction <strong>de</strong> nouveaux lits touristiques<br />

Répercutions <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’Etat sur l’immobilier en montagne<br />

Le dispositif perissol<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années ont été marquées par une reprise <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> neuf. Cette reprise est en partie<br />

liée au dispositif Perissol, lequel a eu pour effet <strong>de</strong> donner <strong>du</strong> tonus au secteur <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong><br />

tourisme avec un effet qualitatif certain sur l’offre d’hébergements en station. Ce dispositif est arrivé à<br />

terme fin 1999.<br />

Le classement <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> en Zone <strong>de</strong> Revitalisation Rurale, ZRR<br />

33 % <strong>de</strong>s communes ZRR sont en zone <strong>de</strong> montagne. Destinées à compenser les handicaps qui freinent<br />

le développement économique <strong>de</strong> certains territoires, les ZRR bénéficient d’un dispositif législatif<br />

particulier, notamment en matière fiscale. La principale mesure est l’exonération <strong>de</strong> la Taxe<br />

Professionnelle pendant cinq ans en faveur <strong>de</strong>s créations, extensions… elle permet aux nouveaux<br />

acheteurs d’obtenir <strong>de</strong>s ré<strong>du</strong>ctions fiscales 66 . Cette opportunité <strong>du</strong>rera jusqu’en 2006.<br />

Ce contexte fiscal encourage la construction d’hébergements touristiques, plus <strong>de</strong> 15 000 lits<br />

touristiques sont en projet <strong>de</strong> construction sur la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Le nombre d’hébergements dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

La capacité d’hébergements <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> constitue 20 % <strong>de</strong> la capacité d’accueil <strong>du</strong> département<br />

<strong>de</strong> la Savoie.<br />

Il existe en <strong>Maurienne</strong> 92 865 67 lits touristiques, qui sont principalement répartis dans les stations <strong>de</strong><br />

sports d’hiver.<br />

66 Source : Dossier dans la revue, Géomètre n° 1, janvier 1999<br />

67 Source : Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

Forfaits <strong>de</strong> remontées<br />

mécaniques<br />

SOLUTION<br />

Source <strong>de</strong> CA pour<br />

la station<br />

TENDANCE<br />

Baisse naturelle <strong>du</strong> nombre<br />

<strong>de</strong> lits banalisés (sur le<br />

marché <strong>de</strong> la location)


110<br />

2%<br />

3%<br />

5%<br />

26%<br />

10%<br />

La Nature <strong>de</strong>s hébergements touristiques<br />

dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong><br />

16%<br />

21%<br />

17%<br />

Meublés non classés<br />

Rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> Tourisme<br />

Collectivité<br />

Meublés classés<br />

Hôtels<br />

Campings<br />

Gîtes<br />

Rési<strong>de</strong>nces secondaires<br />

Source : Syndicat <strong>du</strong> <strong>Pays</strong> <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

Le parc immobilier touristique dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est marqué par une forte présence <strong>de</strong><br />

l’immobilier non classé et <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nces secondaires. Cependant, la location <strong>de</strong> ces différents<br />

hébergements est souvent difficile. Les rési<strong>de</strong>nces secondaires par exemple, sont souvent prêtées à <strong>de</strong>s<br />

amis ou louées « au noir ». La politique <strong>de</strong> commercialisation <strong>de</strong>s hébergements reste rudimentaire.<br />

Les rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> tourisme, les hôtels, les gîtes représentent en effet une part moins importante.<br />

Par ailleurs, l’ancienneté <strong>du</strong> parc d’hébergements existant dans certaines stations montre l’urgence <strong>de</strong><br />

lancer <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> réhabilitation <strong>du</strong> parc immobilier.<br />

DE NOUVELLES CONSTRUCTIONS, EN DEPIT D’UN PARC IMMOBILIER VIEILLISSANT A<br />

RENOVER<br />

La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> touristique <strong>de</strong>s sports d’hiver en France stagne tandis que l’offre en hébergement<br />

augmente<br />

Les récents travaux réalisés au Commissariat général <strong>du</strong> plan par le groupe <strong>de</strong> prospective <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> touristique à l’horizon 2010 68 fournissent quelques indications sur les évolutions probables<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> touristique, dont certaines <strong>de</strong>vraient avoir un impact direct sur le tourisme <strong>de</strong> montagne.<br />

Cette évolution <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est d’une part liée aux mutations <strong>de</strong> la démographie française et d’autre<br />

part aux attentes <strong>de</strong>s touristes eux-mêmes.<br />

Cette étu<strong>de</strong> révèle que le marché <strong>de</strong>s sports d’hiver est en contraction. Il serait dans une phase <strong>de</strong><br />

maturité. On sait déjà que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au niveau <strong>de</strong>s sports d’hiver, est aujourd’hui à peu près<br />

stabilisée. L’évolution démographique, qui se <strong>de</strong>ssine, <strong>de</strong>vrait conforter cette tendance : il s’agirait<br />

d’une diminution <strong>du</strong> volume <strong>de</strong> la clientèle cible <strong>de</strong>s sports d’hiver 69 .<br />

A moins d’un mouvement fort <strong>de</strong> démocratisation <strong>de</strong> cette activité, le tourisme d’hiver, en France, ne<br />

pourra se développer qu’en prenant <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché aux autres <strong>de</strong>stinations étrangères. La<br />

concurrence sera alors <strong>de</strong> plus en plus vive, d’autant plus qu’émergent <strong>de</strong> nouvelles <strong>de</strong>stinations.<br />

68<br />

Source : Rapport Réinventer les vacances, la nouvelle galaxie <strong>du</strong> Tourisme, CGP/ Direction <strong>du</strong> tourisme, la<br />

documentation française, 1998<br />

69<br />

En France, bien que les tranches d’âge actives <strong>de</strong>s moins <strong>de</strong> 60 ans continuent à augmenter, les plus <strong>de</strong> 60 ans seront en<br />

2010 presque aussi nombreux que les moins <strong>de</strong> 20 ans. En 2020, les plus <strong>de</strong> 60 ans représenteront même près <strong>de</strong> 27 % <strong>de</strong> la<br />

population contre 22.7 % pour les moins <strong>de</strong> 20 ans.


Ces divers éléments soulèvent une crainte sur l’essor <strong>de</strong> la construction immobilière dans la vallée <strong>de</strong><br />

la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Si l’offre en lits touristiques augmente tandis que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> reste stable, on pourrait alors enregistrer<br />

une diminution <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> remplissage, une croissance <strong>de</strong> la vacance et dans le pire <strong>de</strong>s cas, voir<br />

apparaître <strong>de</strong>s friches touristiques sur les hébergements les plus dégradés en <strong>Maurienne</strong>.<br />

Par ailleurs, les touristes s’orientent vers une pratique plus diversifiée <strong>de</strong>s sports d’hiver, moins centrée<br />

sur les sports <strong>de</strong> glisse mais plus exigeante en infrastructures, qu’il convient <strong>de</strong> compléter (promena<strong>de</strong>,<br />

animations en station).<br />

De ce fait, l’accroissement <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> lits touristiques ne générera pas forcément une augmentation<br />

<strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> forfaits.<br />

Un parc immobilier vieillissant qui n’est plus adapté aux souhaits <strong>de</strong>s vacanciers<br />

Les vacanciers attachent une gran<strong>de</strong> attention à leur cadre <strong>de</strong> vie. La qualité <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> l’accueil sont<br />

plus que jamais d’actualité dans les lieux <strong>de</strong> villégiature en montagne. La réhabilitation <strong>de</strong>s<br />

hébergements <strong>de</strong>vient alors primordiale surtout si ces <strong>de</strong>rniers ne correspon<strong>de</strong>nt plus aux attentes <strong>de</strong>s<br />

vacanciers à la recherche <strong>de</strong> plus d’espace et <strong>de</strong> convivialité.<br />

En effet, le parc immobilier <strong>de</strong>s villages rési<strong>de</strong>ntiels <strong>de</strong> tourisme vieillit. Son entretien est insuffisant et<br />

aboutit à une dégradation <strong>de</strong> l’offre, au moment où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>vient exigeante.<br />

111<br />

Difficultés d’appliquer les mesures <strong>de</strong> réhabilitation <strong>de</strong> l’habitat<br />

Ce constat a été fait <strong>de</strong>puis quelques années. Pour remettre le parc immobilier au niveau, dans les<br />

stations <strong>de</strong> Savoie, il faudrait rénover plus d’un tiers <strong>du</strong> parc <strong>de</strong> logements locatif 70 .<br />

Le Conseil Général a lancé une opération pilote sur quatre sites tests. Celui-ci a inscrit à son budget un<br />

fond expérimental et a <strong>de</strong>mandé aux stations intéressées <strong>de</strong> présenter les dossiers <strong>de</strong> réhabilitation. Sur<br />

les quatre sites, <strong>de</strong>ux sont en <strong>Maurienne</strong> : La Norma et Le Corbier. Ces <strong>de</strong>ux stations connaissent <strong>de</strong>s<br />

problèmes d’adaptation <strong>de</strong> leur parc immobilier, entraînant <strong>de</strong>s difficultés croissantes pour la mise sur<br />

le marché d’une part importante <strong>de</strong> leur parc touristique.<br />

Cette démarche initiée par le Département est soutenue par l’Etat 71 , qui a mis en place une mesure afin<br />

d’inciter les propriétaires <strong>de</strong> logements <strong>de</strong> tourisme à engager <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> réhabilitation pour<br />

remettre leur appartements sur le marché <strong>de</strong> la location. Cette mesure est appelée « Villages<br />

Rési<strong>de</strong>ntiels <strong>de</strong> Tourisme » (VRT). Ce sont <strong>de</strong>s établissements commerciaux d’hébergements classés.<br />

Ils se constituent d’un ensemble <strong>de</strong> locaux et d’équipements communs. Ces appartements sont <strong>de</strong>stinés<br />

à la location touristique 72 et s’inscrivent dans le périmètre d’une ORIL.<br />

L’Opération <strong>de</strong> Réhabilitation <strong>de</strong> l’Immobilier <strong>de</strong> Loisirs, l’ORIL, véritable opération<br />

d’aménagement, permet aux collectivités <strong>de</strong> mettre en œuvre une action ambitieuse <strong>de</strong> rénovation.<br />

Elle vise notamment à améliorer l’offre qualitative <strong>de</strong> logements à vocation touristique et d’accueil <strong>de</strong>s<br />

saisonniers. C’est à la commune ou la communauté <strong>de</strong> communes <strong>de</strong> délibérer sur le périmètre et <strong>de</strong><br />

réaliser le cahier <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> l’opération.<br />

Pour les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, cette opération a été très délicate, la facture <strong>de</strong> la réhabilitation<br />

s’élevant au minimum à 152 245 Euros (100 000 Francs).<br />

70<br />

Source : « La Savoie donne le ton <strong>de</strong> la Rénovation », revue Aménagement et montagne n°145, janvier-février 1998<br />

71<br />

Décret Villages Rési<strong>de</strong>ntiels <strong>de</strong> Tourisme( V. R. T) a été publié au journal officiel le 21 avril 2001<br />

72 Une personne physique ou moral conclut avec le propriétaire un contrat <strong>de</strong> location d’au moins neuf mois


C. La Fréquentation touristique en <strong>Maurienne</strong><br />

112<br />

UNE FREQUENTATION TOURISTIQUE EN HIVER QUI PROGRESSE<br />

Après la Tarentaise, la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est la plus fréquentée <strong>de</strong> la Savoie. Depuis quatre ans la<br />

fréquentation croît lentement. En hiver 2000/01, on a compté 4.401.164 nuitées, soit 21 % 73 <strong>de</strong> la<br />

fréquentation savoyar<strong>de</strong>.<br />

5000000<br />

4500000<br />

4000000<br />

3500000<br />

nombre <strong>de</strong><br />

nuitées<br />

4342474<br />

4401164<br />

4181104 4268096<br />

1997/98 1998/99 1999/00 2000/01<br />

Fréquentation touristique en hiver en<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

Source : Agence Touristique <strong>de</strong> la Savoie<br />

Une clientèle familiale, et <strong>de</strong>s catégories socio-professionnelles difficiles à définir<br />

Suite à une enquête réalisée en 2002 74 à laquelle 28 communes ont participé, la clientèle <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong> serait plutôt familiale ou <strong>de</strong> groupe. Les jeunes (<strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans) sont plus présents que<br />

les retraités. Dans cette même enquête, il apparaît que les professions les plus fréquentes parmi les<br />

touristes seraient les employés puis les ouvriers. Les prestations offertes en <strong>Maurienne</strong> s’adressent<br />

donc à une clientèle d’un pouvoir d’achat moyen, alors que la Tarentaise est fréquentée par une<br />

clientèle plus aisée.<br />

Les tarifs <strong>de</strong>s forfaits <strong>de</strong> remontées mécaniques permettent en partie d’expliquer ce constat.<br />

Deux types <strong>de</strong> clientèles : « les fidèles » et « les occasionnels »<br />

Suite à une enquête réalisée par la SNCF en collaboration avec le Comité <strong>de</strong>s Stations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>,<br />

quelques caractéristiques se détachent sur la clientèle <strong>de</strong> la vallée.<br />

Des questionnaires ont été distribués dans les Offices <strong>de</strong> Tourisme <strong>de</strong>s principales stations <strong>de</strong> sports<br />

d’hiver pendant la pério<strong>de</strong> d’avril à décembre 2001.<br />

Le constat qui peut être effectué est que la clientèle est fidèle à 60 % (un ou plusieurs séjour par an),<br />

mais que 65 % <strong>de</strong>s personnes interrogées l’hiver ne se rend jamais en <strong>Maurienne</strong> pendant la saison<br />

estivale.<br />

UNE CLIENTELE DE PRINTEMPS MOINS IMPORTANTE QU’EN HIVER<br />

Il existe peu <strong>de</strong> statistiques concernant cette pério<strong>de</strong> au niveau <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Néanmoins, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ont été réalisées au niveau <strong>de</strong> certaines aires dans la vallée dont une enquête en<br />

Haute-<strong>Maurienne</strong> et dans la vallée <strong>de</strong> l’Arvan-Villard. Quelques caractéristiques sont à noter.<br />

73 Observatoire <strong>du</strong> Tourisme en Savoie N°25, Agence touristique <strong>de</strong> la Savoie, Hiver 2000/01<br />

74 Zoom sur les communes <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, Harmonie Conseil, avril 2002


Les touristes étrangers<br />

Durant l’hiver 1997/98, le pourcentage <strong>de</strong> touristes étrangers était en <strong>Maurienne</strong> beaucoup plus bas<br />

qu’en Savoie. Mais à l’inverse en été 1998, la Savoie a connu un plus faible taux <strong>de</strong> touristes étrangers<br />

que la <strong>Maurienne</strong> seule.<br />

La fréquentation <strong>de</strong> la clientèle étrangère en <strong>Maurienne</strong> varie en fonction <strong>de</strong>s saisons. La présence la<br />

plus faible est la fréquentation hivernale, avec 13 % <strong>de</strong> nuitées. L’été (25 %) et le printemps (28 %)<br />

sont plus attractifs pour la clientèle étrangère.<br />

Sur toute l’année, les touristes étrangers représentent 15 % <strong>de</strong>s nuitées étrangères, ils viennent<br />

essentiellement <strong>de</strong>s pays limitrophes <strong>du</strong> nord <strong>de</strong> la France : par exemple <strong>du</strong> Benelux, pour un tiers et<br />

les Anglais pour un quart <strong>de</strong>s nuitées étrangères 75 .<br />

Une enquête sur la clientèle régionale (française et italienne) a été réalisée par l’Observatoire socioéconomique<br />

<strong>de</strong> l’autoroute en hiver 1999/2000 76 par le comptage <strong>de</strong>s plaques d’immatriculation <strong>de</strong>s<br />

véhicules sur les parkings réservés à la clientèle à la journée dans trois stations pilotes :<br />

113<br />

- Saint-François-Longchamp<br />

- Orelle<br />

- Aussois.<br />

L’enquête sur les voitures a mis en évi<strong>de</strong>nce que la part <strong>de</strong> la clientèle régionale française (47 %)<br />

est plus importante en Basse-<strong>Maurienne</strong> (Saint-François-Longchamp), et que la situation s’inverse<br />

lorsqu’on s’approche <strong>du</strong> Tunnel <strong>du</strong> Fréjus et <strong>de</strong> la frontière italienne (48 % d’Italiens à Orelle).<br />

Cette répartition est encore plus marquante pour les clientèles autocaristes. Les Italiens représentent<br />

jusqu’à 100 % à Orelle et 57 % en amont d’Orelle mais seulement 49 % en Basse-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Le tourisme vert, favori <strong>de</strong>s vacanciers estivaux<br />

Suite à l’enquête menée en Haute-<strong>Maurienne</strong> 77 , on s’aperçoit que pour 81 % <strong>de</strong>s personnes interrogées,<br />

la principale activité pratiquée au printemps est la contemplation <strong>du</strong> paysage.<br />

Pour 75.6 % d’entre eux, c’est également la découverte et l’achat <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its locaux qui les attirent.<br />

Enfin, 54.3 % aiment à découvrir le patrimoine.<br />

L’enquête Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> le confirme, le tourisme vert et les activités <strong>de</strong><br />

nature attirent le plus les vacanciers <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> estivale.<br />

En été, la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> offre <strong>de</strong> multiples possibilités, ce qui lui permet <strong>de</strong> totaliser près d’un<br />

septième <strong>de</strong>s nuitées savoyar<strong>de</strong>s estivales en 1998. Mais le type <strong>de</strong> séjour est différent : il est plus<br />

court en <strong>Maurienne</strong>. Cette caractéristique rappelle que la vallée est d’abord un lieu <strong>de</strong> passage. Le<br />

tourisme estival est donc plus itinérant.<br />

Le volume quantitatif <strong>de</strong> flux <strong>de</strong> clientèle n’est nullement comparable entre l’hiver et l’été<br />

Le tourisme d’hiver est plus important que le tourisme d’été au niveau <strong>du</strong> flux <strong>de</strong> clientèle et aussi en<br />

volume <strong>de</strong> chiffre d’affaires.<br />

Si l’on prend l’exemple <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Arvan Villards, cela est très marqué. En effet, celle-ci<br />

comptabilise environ 900 000 journées en hiver (le chiffre d’affaires <strong>de</strong>s remontées mécaniques<br />

totalise, 8 380 000 euros 55 soit millions <strong>de</strong> Francs) et 300 000 journées touristiques en été :<br />

75 Source : <strong>Diagnostic</strong> <strong>de</strong> territoire <strong>du</strong> Canton <strong>de</strong> La Chambre, mars 2001, DESS Développement Rural, Lyon<br />

76 Source : Autoroute <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, l’infrastructure autoroutière Bilan année 2000, SFTRF<br />

77 Source : diagnostic <strong>du</strong> Canton <strong>de</strong> Haute-<strong>Maurienne</strong>


globalement, l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> chiffre d’affaires <strong>du</strong> tourisme avoisine 45.75 millions d’Euros<br />

(300 millions <strong>de</strong> Francs) dont 85 % en hiver et 15 % en été 78 .<br />

114<br />

LE POTENTIEL DE LA CLIENTELE EN MAURIENNE :<br />

Proche <strong>de</strong> nombreuses agglomérations<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est proche <strong>de</strong> plusieurs gran<strong>de</strong>s villes telles que Chambéry, Grenoble, Lyon<br />

et Turin. Ces gran<strong>de</strong>s agglomérations constituent un potentiel <strong>de</strong> clientèle pour le développement<br />

touristique <strong>de</strong> la vallée.<br />

Grâce à son accessibilité satisfaisante <strong>du</strong>e à l’autoroute, elle se situe à seulement 2 heures <strong>de</strong><br />

Lyon, 1 heure <strong>de</strong> Chambéry et une 1 heure <strong>de</strong> Grenoble. Des lignes ferroviaires <strong>de</strong>sservent également<br />

bien la <strong>Maurienne</strong> 79 .<br />

La Ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> Temps <strong>de</strong> Travail favorable aux courts séjours<br />

La notion <strong>de</strong> temps libre est très liée à celle <strong>de</strong> loisirs, <strong>de</strong> vacances et <strong>de</strong> tourisme, le temps libre est en<br />

effet celui dont un indivi<strong>du</strong> peut disposer quand il le souhaite. En France la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> temps libre<br />

s’accroît. La population qui est par ailleurs plus mobile qu’auparavant, part plus facilement en weekend.<br />

En effet, les trois quart <strong>de</strong>s parents sont favorables à la fermeture <strong>de</strong>s écoles le samedi, et plus <strong>de</strong><br />

80 % <strong>de</strong>s familles considèrent le week-end comme le moment <strong>de</strong> ressourcement indispensable à leur<br />

équilibre. Ce rôle renforcé <strong>du</strong> week-end, dans une société <strong>de</strong> mobilité et d’autonomie <strong>de</strong> soi, <strong>de</strong>vrait à<br />

terme se tra<strong>du</strong>ire par une augmentation <strong>de</strong>s départs en week-end 80 .<br />

La Ré<strong>du</strong>ction et l’Aménagement <strong>du</strong> Temps <strong>de</strong> Travail (ARRT) est une véritable opportunité pour le<br />

développement <strong>du</strong> tourisme si l’offre touristique est capable <strong>de</strong> répondre à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> spécifique <strong>de</strong><br />

courts séjours. En effet, la population a plus <strong>de</strong> temps libre et les week-ends <strong>de</strong> plus en plus privilégiés.<br />

Sachant que la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>s séjours diminue (2 à 3 jours en moyenne) mais que la fréquence augmente,<br />

on peut penser que la vallée à un atout a une opportunité à saisir, sur le développement <strong>de</strong>s courts<br />

séjours, pour attirer les habitants <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes.<br />

Le tourisme est une activité essentielle pour le développement <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Par<br />

rapport au déclin <strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>strie, l’économie touristique a ouvert <strong>de</strong> nouvelles perspectives.<br />

Le Tourisme d’hiver a redonné vie aux villages <strong>de</strong> montagne délaissés par leurs habitants lors <strong>de</strong><br />

la déprise agricole. Il leur a permis <strong>de</strong> maintenir <strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s équipements et <strong>de</strong> limiter la<br />

perte <strong>de</strong> population.<br />

L’économie touristique est également une opportunité pour les agriculteurs. Le tourisme leur<br />

ouvre <strong>de</strong> nouvelles opportunités grâce à la vente <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its locaux.<br />

Le développement touristique, principalement estival, favorise la préservation <strong>du</strong> patrimoine et<br />

sensibilise les vacanciers aux spécificités <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Toutefois, cette activité <strong>de</strong>meure en hiver et en été fragile. Le mariage entre développement<br />

touristique et valorisation <strong>de</strong>s paysages, <strong>de</strong>s cultures locales reste souvent conflictuel.<br />

78 Unité touristique Nouvelle, Massif Arvan-Villard « Ouillon », Présentation <strong>de</strong>s enjeux et <strong>de</strong>s orientations <strong>du</strong> projet.<br />

79 cf. partie Transport<br />

80 Source :Cahiers <strong>de</strong> l’espaces n°66, Loisirs Sportifs, p12


115<br />

IV. LE PAYS DE MAURIENNE,<br />

UN CADRE DE VIE


IV. 1. Biodiversité et milieux naturels<br />

Le territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est riche <strong>de</strong> sa biodiversité 81 . Le relief et le climat constituent <strong>de</strong>s<br />

contraintes auxquelles la flore et la faune ont dû s’adapter.<br />

58.8 % <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est répertorié à l’inventaire Zone Naturelle d’Intérêt<br />

Ecologique Faunistique et Floristique 82 :<br />

116<br />

IV.1.1. Une nature riche et variée<br />

- 45280.3 ha (21.7 % <strong>de</strong> la surface <strong>de</strong> la vallée) en ZNIEFF <strong>de</strong> type I<br />

- 98369.3 ha (37.1 %) en ZNIEFF <strong>de</strong> type II.<br />

Les milieux naturels dépen<strong>de</strong>nt tous <strong>du</strong> relief et <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong>, nous pouvons donc constater un<br />

étagement <strong>de</strong> la végétation. C’est ainsi que l’on peut retrouver, dans la vallée <strong>de</strong> l’Arvan-Villard, la<br />

série <strong>de</strong> la hêtraie sapinière, la série intra alpine <strong>du</strong> sapin et <strong>de</strong> l’épicéa à l’étage montagnard, la série<br />

subalpine <strong>de</strong> l’épicéa à l’étage subalpin et, à l’étage alpin, la série alpine sur silice. Des zones<br />

d’éboulis, <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s et marécageuses, <strong>de</strong>s espaces pastoraux conservent également une flore<br />

adaptée.<br />

Au niveau floristique, la diversité est très gran<strong>de</strong>. De nombreuses espèces<br />

ont été référencées, et plusieurs présentent un intérêt particulier par leur<br />

rareté. Citons une espèce <strong>de</strong> saule, Salix Glaucosericea, dont quelques<br />

stations ont été repérées, ou bien encore le Sabot <strong>de</strong> Vénus (Cypripedium<br />

calceolus), présent sur certaines zones <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> et protégé au<br />

niveau national et européen, tout comme le Panicaut <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> (Eryngium<br />

alpinum).<br />

Sabot <strong>de</strong> Vénus (Cypripedium calceolus), une orchidée très rare (Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fleurs<br />

sauvages)<br />

La diversité <strong>de</strong>s milieux naturels est réelle. Pour exemple, quelques-uns inscrits dans la directive<br />

Habitat comme prioritaires : les lan<strong>de</strong>s alpines et boréales, les pentes rocheuses siliceuses avec<br />

81<br />

Biodiversité : « variété structurale et fonctionnelle <strong>de</strong>s diverses formes <strong>de</strong> vie qui peuplent la biosphère aux niveaux<br />

d’organisation et <strong>de</strong> complexités croissants : génétique, population, espèce, communauté, écosystème » Sandlund et coll.,<br />

1993<br />

82<br />

Source : DIREN mai 2001


végétation chasmophytique, les forêts alpines à Larix doci<strong>de</strong>ra, les formations pionnières alpines <strong>du</strong><br />

Caricion bicoloris-atrofuscae, peuvent être rencontrées en <strong>Maurienne</strong>.<br />

Une autre originalité <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> rési<strong>de</strong> dans la présence <strong>de</strong> tulipes <strong>de</strong> Savoie dont on recense<br />

encore cinq variétés : la tulipe <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, <strong>du</strong> cardinal Billiet, <strong>de</strong> Didier, <strong>de</strong> Montandré et <strong>de</strong>s<br />

Sarrasins. Ces fleurs, dont on ne connaît pas précisément l’origine (anciennes cultures, espèces<br />

indigènes ?) ont aujourd’hui <strong>de</strong>s effectifs très ré<strong>du</strong>its.<br />

La <strong>Maurienne</strong>, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong> ses habitats, est également dotée d’une biodiversité animale<br />

importante.<br />

Outre les espèces que l’on peut qualifier <strong>de</strong> « conventionnelles » et communes à une gran<strong>de</strong> partie <strong>du</strong><br />

territoire français, comme le hérisson (Erinaceus europaus), la mésange bleue (Parus caeruleus), le<br />

crapaud commun (Bufo bufo), ou bien encore le papillon paon <strong>du</strong> jour (Inachis io), d’autres se sont<br />

également adaptées à la ru<strong>de</strong>sse <strong>du</strong> climat.<br />

C’est ainsi que la <strong>Maurienne</strong> dispose d’une faune typiquement montagnar<strong>de</strong>. De nombreuses espèces,<br />

reliques <strong>de</strong> l’ère glaciaire, y <strong>de</strong>meurent. Ce sont <strong>de</strong>s espèces sensibles aux modifications <strong>de</strong>s biotopes<br />

in<strong>du</strong>ites par les activités <strong>de</strong> l’homme, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> leur manque <strong>de</strong> facultés d’adaptation.<br />

Différentes espèces caractérisent cette faune, tels le tétras-lyre (Tetrao tetrix) le lagopè<strong>de</strong> alpin<br />

(Lagopus mutus), le lièvre alpin (Lepus timi<strong>du</strong>s), la perdrix bartavelle (Alectoris graeca saxatilis) ou<br />

bien encore <strong>de</strong>s espèces à fort capital sympathie comme la marmotte (Marmotus marmotus).<br />

Au niveau <strong>de</strong>s ongulés, à la présence <strong>de</strong> populations <strong>de</strong> chevreuils, cerfs, mouflons et autres sangliers,<br />

s’ajoutent <strong>de</strong>s espèces typiquement montagnar<strong>de</strong>s telles que le chamois et le bouquetin.<br />

De fortes populations d’ongulés coexistent en <strong>Maurienne</strong> 83 :<br />

117<br />

- près <strong>de</strong> 9 000 chamois (Rupicapra rupicapra) et environ 4 500 dans le Parc<br />

National <strong>de</strong> la Vanoise (Tarentaise et <strong>Maurienne</strong>)<br />

- 4 500 à 6 000 chevreuils (Capreolus capreolus)<br />

- entre 1 200 et 1 600 cerfs (Cervus elaphus)<br />

- plus <strong>de</strong> 2 000 bouquetins <strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> (Caprax ibex ibex), espèce protégée dont on<br />

trouve près <strong>de</strong> 300 indivi<strong>du</strong>s sur le massif <strong>de</strong>s Encombres, et près <strong>de</strong> 2 000 dans le<br />

Parc National<br />

- environ 50 mouflons (Ovis gmelini) sur Modane.<br />

Une espèce plus controversée semble être en cours <strong>de</strong> colonisation, le loup (Canis lupus, espèce<br />

protégée par la convention <strong>de</strong> Berne), dont quelques indivi<strong>du</strong>s sont <strong>de</strong> passage en été et automne en<br />

Haute-<strong>Maurienne</strong>, et plus périodiquement sur le massif <strong>de</strong> Belledonne.<br />

En ce qui concerne les espèces emblématiques, on peut citer l’aigle royal (Aquila chrysaetos), présent<br />

sur la vallée et dont cinq couples fréquentent le massif <strong>de</strong> Belledonne, le lynx boréal (Lynx lynx), ou<br />

bien encore le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) qui fera l’objet d’une nouvelle politique <strong>de</strong><br />

réintro<strong>du</strong>ction dans le cadre d’un programme européen (2 naissances ont cependant eu lieu en 2001<br />

dans le Parc National <strong>de</strong> la Vanoise). Notons que ces trois espèces sont toutes protégées aux niveaux<br />

national et européen.<br />

Des espèces moins connues, mais néanmoins d’intérêt, évoluent sur le territoire <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> et lui<br />

confèrent sa gran<strong>de</strong> valeur.<br />

83 Source : Fédération Départementale <strong>de</strong>s Chasseurs <strong>de</strong> la Savoie


La haute vallée <strong>du</strong> Veyton et <strong>du</strong> Bleysin à Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards est par exemple la seule zone<br />

<strong>de</strong> musaraigne alpine (Neomys sp) <strong>de</strong> toute la Savoie et <strong>de</strong> l’Isère.<br />

Des espèces d’intérêt communautaire sont présentes, telles le damier <strong>de</strong> la succise (Euphydryas<br />

aurinia, lépidoptères), le petit murin (Myotis blythii, une chauve-souris) toutes <strong>de</strong>ux inscrites à<br />

l’annexe 2 <strong>de</strong> la directive Habitat, ou encore la bondrée apivore (Pernis apivorus, espèce inscrite à<br />

l’annexe I <strong>de</strong> la directive Oiseaux, à l’instar <strong>de</strong> seize espèces dans le Parc National <strong>de</strong> la Vanoise).<br />

La <strong>Maurienne</strong> présente une diversité importante, tant au niveau <strong>de</strong> ses habitats naturels, que <strong>de</strong> sa flore<br />

et <strong>de</strong> sa faune. Cela représente un atout non négligeable, car cette nature encore préservée est<br />

susceptible d’attirer un grand nombre <strong>de</strong> touristes, en quête <strong>de</strong> grands espaces naturels et l’observation<br />

d’un bouquetin, d’un tétras-lyre ou <strong>de</strong> tout autre animal emblématique.<br />

a. L’espace agricole face à la déprise<br />

La montagne se décompose en plusieurs types d’espaces : l’espace forestier, l’espace agricole et<br />

l’espace naturel. L’espace agricole contribue à l’image <strong>de</strong> la montagne par la présence <strong>de</strong> prés et<br />

alpages. Ils sont pâturés par <strong>de</strong>s troupeaux ovins ou bovins (<strong>de</strong> races locales Abondance ou Tarine), ou<br />

fauchés. Ce sont <strong>de</strong>s espaces ouverts, mais pour certains d’entre eux <strong>de</strong> moins en moins entretenus.<br />

Les difficultés <strong>de</strong> la conjoncture économique qui touchent le mon<strong>de</strong> agricole, et la non exploitation <strong>de</strong><br />

certaines zones peu accessibles ou peu pro<strong>du</strong>ctives, sont les principales causes <strong>de</strong> ce problème.<br />

Terrains qui s’enfrichent sur la commune d’Albiez-Montrond<br />

118<br />

VI.1.2. L’appropriation <strong>de</strong> l’espace par l’homme


En <strong>Maurienne</strong>, certains secteurs sont plus touchés que d’autres. La communauté <strong>de</strong> communes Porte<br />

<strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> son non-classement en zone AOC, connaît <strong>de</strong> graves problèmes<br />

d’enfrichement. Elle n’a en effet que <strong>de</strong> grosses exploitations, peu enclines à faire pâturer les zones à<br />

forte pentes ou peu pro<strong>du</strong>ctives.<br />

C’est pourquoi la commune d’Aiton, avec l’ai<strong>de</strong> financière <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> communes Porte <strong>de</strong><br />

<strong>Maurienne</strong>, mène en 2002 une opération d’achat <strong>de</strong> 4 ha <strong>de</strong> parcelles enfrichées. Afin <strong>de</strong> rétablir l’état<br />

initial <strong>de</strong> certaines prairies, la commune a procédé à leur débroussaillage et les a mises gratuitement à<br />

la disposition d’un agriculteur pour qu’il en assure leur entretien. Cette opération permet <strong>de</strong> conserver<br />

le coteau en état, c’est à dire non boisé, et <strong>de</strong> maintenir une vision ouverte sur la vallée. Ce faible<br />

entretien <strong>de</strong>s zones peu pro<strong>du</strong>ctives pose par ailleurs <strong>de</strong>s problèmes quant à la conservation <strong>de</strong> milieux<br />

remarquables, autrefois pâturés, telles les pelouses sèches, assez présentes en <strong>Maurienne</strong>.<br />

Les alpages connaissent aussi <strong>de</strong>s difficultés, à cause <strong>de</strong> la colonisation <strong>de</strong> certains secteurs par <strong>de</strong>s<br />

rhodo<strong>de</strong>ndrons, <strong>de</strong>s genévriers ou bien encore <strong>de</strong>s « arcosses », nom local <strong>de</strong> l’aulne vert.<br />

Les jardins, vergers et vignes sont également victimes d’abandon. Les friches gagnent ces espaces,<br />

pourtant si importants, tant au niveau <strong>de</strong> l’originalité <strong>du</strong> paysage qu’à celui <strong>de</strong> la conservation <strong>de</strong> la<br />

flore messicole ou <strong>de</strong> l’intérêt culturel et historique que cela représente.<br />

Différentes actions sont menées afin d’éviter l’endoforestation, comme les primes au maintien <strong>de</strong>s<br />

zones à enfrichement, les parcs à génisses (zone peu pro<strong>du</strong>ctive où l’on met en pâture les jeunes<br />

vaches), <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> fauchage ou broyage, etc.<br />

Différents acteurs participent à ces actions avec <strong>de</strong>s motivations différentes : les communes, les<br />

associations <strong>de</strong> chasse, les gestionnaires <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> ski, les agriculteurs, …<br />

Toutes ces initiatives rencontrent <strong>de</strong>s difficultés en raison <strong>de</strong> l’important morcellement <strong>de</strong> la propriété<br />

agricole. Le Conservatoire <strong>du</strong> Patrimoine Naturel <strong>de</strong> la Savoie, qui voulait gérer 6 ha <strong>de</strong> pelouses<br />

sèches sur la commune <strong>de</strong> Saint-Julien-Mont<strong>de</strong>nis, s’est heurté à un parcellaire fragmenté en 194<br />

petites unités appartenant à plus <strong>de</strong> 150 propriétaires. Plusieurs communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> se sont<br />

engagées dans <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> remembrement afin d’essayer d’enrayer ce phénomène dû en partie à<br />

la législation sur les successions.<br />

Pour remédier à ce problème, <strong>de</strong>s Associations Foncières Pastorales (AFP) sont créées. Elles<br />

permettent la constitution <strong>de</strong> groupements <strong>de</strong> propriétaires fonciers (particuliers et communes) gérant<br />

leur espace pastoral et permettant d’inclure les terres <strong>de</strong>s propriétaires « absentéistes » sans leur<br />

consentement 84 . La constitution d’une AFP est également subventionnée pour une partie <strong>de</strong>s frais<br />

engagés.<br />

Les AFP permettent <strong>de</strong> lutter contre l’enfrichement, et existent sur <strong>de</strong> nombreuses communes. Elles<br />

contractualisent avec les propriétaires afin <strong>de</strong> constituer une entité exploitable et la rétrocè<strong>de</strong>nt à un<br />

agriculteur. Près <strong>du</strong> quart <strong>de</strong>s maires interrogés 85 a ainsi déclaré avoir eu recours à une AFP pour<br />

essayer d’enrayer l’avancement <strong>de</strong>s friches.<br />

Un autre problème est lié à la professionnalisation <strong>de</strong>s exploitations, surtout dans le secteur bovin-lait.<br />

Même si elle a <strong>de</strong>s effets bénéfiques, la professionnalisation a <strong>de</strong>s conséquences négatives :<br />

agrandissement <strong>de</strong>s exploitations au<br />

dépens <strong>de</strong>s plus petites, manque <strong>de</strong> temps pour travailler les parcelles les moins pro<strong>du</strong>ctives, chute <strong>de</strong>s<br />

espaces cultivés. Cette <strong>de</strong>rnière entraîne notamment une baisse <strong>de</strong>s ressources alimentaires pour la<br />

faune sauvage. Dans la vallée, seule la Haute-<strong>Maurienne</strong> dispose encore d’espaces cultivés,<br />

principalement pour les fourrages et, <strong>de</strong> ce fait, <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> population <strong>de</strong> lièvres communs <strong>de</strong><br />

toute la <strong>Maurienne</strong>.<br />

84 Source : La politique <strong>de</strong> la montagne, volume 1, p201-202<br />

85 Source : Zoom sur la <strong>Maurienne</strong>, 2002<br />

119


. La forêt au service <strong>de</strong> l’homme<br />

La <strong>Maurienne</strong> compte près 40 000 ha <strong>de</strong> forêt avec pour taux <strong>de</strong> boisement <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20 %.<br />

Composés majoritairement d’une futaie d’épicéa, les types <strong>de</strong> formations végétales se répartissent<br />

différemment selon les secteurs où l’on se trouve en <strong>Maurienne</strong>. Les espèces majoritaires sont l’épicéa<br />

et le sapin pectiné pour les conifères, le hêtre et le frêne pour les feuillus. La prédominance <strong>de</strong> l’épicéa<br />

peut également s’expliquer par les reboisements effectués <strong>de</strong>puis quarante ans qui se sont<br />

majoritairement faits à partir <strong>de</strong> cette espèce (à près <strong>de</strong> 70 %).<br />

Carte n° 18 : Types <strong>de</strong> formations végétales<br />

Source : Inventaire Forestier National<br />

La forêt se divise en trois classes <strong>de</strong> propriété 86 :<br />

120<br />

• Terrains domaniaux : terrains appartenant au domaine privé <strong>de</strong> l'Etat et soumis au régime<br />

forestier.<br />

• Terrains communaux : terrains appartenant à une collectivité publique (commune,<br />

département, établissement public ...) et soumis au régime forestier.<br />

• Terrains privés : propriétés privées et terrains appartenant au domaine privé <strong>de</strong> l'Etat ou à une<br />

collectivité publique mais non soumis au régime forestier.<br />

En <strong>Maurienne</strong>, la propriété forestière est à 45 % privée et à 55 % communale ou domaniale.<br />

La forêt a <strong>de</strong>ux fonctions : forêt <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction principalement et forêt <strong>de</strong> prévention face aux risques<br />

naturels. C’est le service RTM 87 qui s’occupe <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières, principalement <strong>de</strong>s propriétés<br />

communales. Deux techniciens RTM sont chargés <strong>du</strong> suivi <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ces forêts et <strong>de</strong>s travaux<br />

sur toute la <strong>Maurienne</strong>.<br />

Les communes connaissent <strong>de</strong>s situations complètement différentes en ce qui concerne la forêt. La<br />

Haute et la Moyenne-<strong>Maurienne</strong> sont très peu boisées, les alpages y dominent, grâce à l’AOC<br />

Beaufort. Toutes les communes supports <strong>de</strong> stations ou se trouvant à <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s élevées connaissent<br />

un taux <strong>de</strong> boisement faible, inférieur à 10 %.<br />

86<br />

définition Inventaire Forestier National<br />

87<br />

cf. référentiel sur le service Restauration <strong>de</strong>s Terrains <strong>de</strong> Montagne


Les communes incluant un territoire situé en fond <strong>de</strong> vallée ont un taux compris entre 10 et 25 %.<br />

La Haute-<strong>Maurienne</strong> est caractérisée par une quasi-exclusivité <strong>du</strong> type futaie <strong>de</strong> conifère tandis que la<br />

Moyenne-<strong>Maurienne</strong> a une composition plus mixte, mais toujours avec une dominante <strong>de</strong> conifères<br />

(quelques futaies mixtes feuillus/conifères et <strong>de</strong>s mélanges <strong>de</strong> futaie <strong>de</strong> feuillus et <strong>de</strong> taillis).<br />

La Basse-<strong>Maurienne</strong> est plus contrastée avec <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> boisement supérieur à 25 % pour la plupart<br />

<strong>de</strong>s communes et à 50 % pour quatre communes. Elle est caractérisée par une part plus importante <strong>de</strong>s<br />

feuillus, à part égale avec les conifères.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> communes possè<strong>de</strong>nt une forêt et l’ont donnée, pour gestion, à l’ONF. La division <strong>de</strong><br />

l’ONF <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> gère 15 000 ha et celle <strong>de</strong> Modane environ 16 000ha.<br />

La forêt, en <strong>Maurienne</strong>, est gérée <strong>de</strong> manière naturelle. C’est en effet la régénération naturelle qui est<br />

privilégiée face aux coupes rases, véritables traumatismes pour le milieu, plaies dans le paysage qui<br />

mettent <strong>de</strong>s dizaines d’années à se refermer. Les coupes rases sont quelquefois pratiquées, notamment<br />

par <strong>de</strong>s privés ayant <strong>de</strong>s besoins pressants d’argent …<br />

L’exploitation, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s fortes pentes, est difficile mais nécessaire. Dans le cas <strong>de</strong> forêts servant à la<br />

protection contre les risques naturels, leur entretien est indispensable si l’on veut qu’elle continuent à<br />

jouer leur rôle.<br />

Les arbres doivent être coupés en petits tronçons et laissés sur place car le coût <strong>de</strong> transport est bien<br />

supérieur à celui que la vente <strong>de</strong> bois pourrait rapporter. Cependant, différentes possibilités existent<br />

comme la mise en place <strong>de</strong> câble mais tout dépend <strong>de</strong> la nature <strong>du</strong> milieu, certaines roches empêchant<br />

la fixation <strong>de</strong> câbles.<br />

121


122<br />

Carte n° 19 : Part <strong>de</strong> la surface boisée en <strong>Maurienne</strong> en 1998


La forêt représente un coût non négligeable pour les communes <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s nombreux aménagements<br />

nécessaires, notamment en ce qui concerne la protection contre les avalanches, les incendies ou<br />

l’érosion. L’exploitation <strong>du</strong> bois coûte cher (pente, difficulté <strong>du</strong> débardage, augmentation <strong>de</strong>s coûts<br />

d’exploitation) et rapporte peu, surtout <strong>de</strong>puis les tempêtes <strong>de</strong> 1999, qui ont vu la constitution <strong>de</strong><br />

stocks importants et une chute <strong>de</strong>s cours.<br />

L’ONF et la filière bois essayent <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s solutions afin <strong>de</strong> remédier à ces problèmes. L’ONF a<br />

mis en place un système <strong>de</strong> régie. Celui-ci prend en charge la <strong>de</strong>scente <strong>du</strong> bois ainsi que sa vente. Un<br />

parc à bois a été mis en service à Saint-Avre pour <strong>de</strong>venir le « supermarché <strong>du</strong> bois » mais le marché<br />

subit toujours les effets d’une mauvaise conjoncture...<br />

c. Des biotopes protégés 88<br />

Différentes mesures réglementaires ont été mises en place afin <strong>de</strong> protéger les milieux naturels soit en<br />

tant que paysage, soit en tant que « réservoir d’espèces » ou bien encore en tant que biotope particulier.<br />

21.9 % <strong>du</strong> territoire fait l’objet <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> protections réglementaires fortes.<br />

Quatre arrêtés <strong>de</strong> biotope, représentant 6 287.8 ha (3 % <strong>du</strong> territoire) existent en <strong>Maurienne</strong> : le Mont-<br />

Cenis, le vallon <strong>de</strong> Savine, la tourbière <strong>de</strong> Montgilbert et les Bassins Mollards sur la commune<br />

d’Aiton.<br />

Certains sites font l’objet d’une superposition <strong>de</strong> mesures réglementaires, comme le Mont-Cenis qui<br />

est simultanément en site inscrit, en arrêté <strong>de</strong> biotope, et dont le lac est soumis à la loi montagne. En<br />

<strong>Maurienne</strong>, tous les plans d’eau sont soumis à la loi montagne soit une superficie <strong>de</strong> 1 737.9 ha.<br />

De nombreux sites sont également inscrits et classés (sites classés : 3.6 % <strong>du</strong> territoire).<br />

A ces mesures <strong>de</strong> protection, il faut ajouter l’existence d’usages particuliers telles que les servitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

champ <strong>de</strong> tir qui interdisent la circulation et le stationnement pendant les exercices <strong>de</strong> tir (cela<br />

concerne les champs <strong>de</strong> tir « Galibier – Gran<strong>de</strong>s Rousses » et « Rochilles – Mont-Thabor ») ou bien<br />

encore les réserves <strong>de</strong> chasse <strong>du</strong> Perron <strong>de</strong>s Encombres et <strong>de</strong> la Lauzière où la seule contrainte est<br />

l’interdiction <strong>de</strong> la chasse.<br />

Cependant, on retrouve la réglementation la plus contraignante au sein <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> la Vanoise,<br />

plus particulièrement dans la zone centrale, d’une superficie <strong>de</strong> 52 839 ha (zone périphérique : 145<br />

000 ha). A l’origine, cette réserve <strong>de</strong> chasse avait pour but <strong>de</strong> reconstituer la population <strong>de</strong> bouquetins<br />

<strong>de</strong>s <strong>Alpes</strong> (Caprax ibex ibex). La zone centrale, accolée au Parc National Italien <strong>du</strong> Gran Paradiso est<br />

aujourd’hui <strong>de</strong>venue la plus gran<strong>de</strong> zone d’Europe préservée <strong>de</strong>s impacts <strong>de</strong> l’activité humaine. Seule<br />

l’agriculture, nécessaire à la préservation d’un certain nombre <strong>de</strong> biotopes, continue d’y être pratiquée.<br />

1200 espèces végétales dont 107 protégées, 14 espèces <strong>de</strong> chiroptères, 200 espèces d’oiseaux, et <strong>de</strong><br />

nombreux invertébrés, ont été i<strong>de</strong>ntifiés sur le territoire <strong>du</strong> Parc.<br />

Du fait <strong>de</strong> la superficie relativement importante <strong>du</strong> Parc, les milieux naturels et les espèces ne<br />

rencontrent pas <strong>de</strong> réels problèmes. Cependant, l’un <strong>de</strong>s grands enjeux que le Parc ait à gérer est la surfréquentation<br />

touristique, qui est un facteur principal d’érosion <strong>de</strong>s sentiers. Les bala<strong>de</strong>s en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s<br />

circuits <strong>de</strong> randonnées et le ski hors-piste provoquent le dérangement <strong>de</strong>s animaux et sont nocifs à leur<br />

survie (les animaux s’habituent aux passages répétés <strong>de</strong>s hommes sur les chemins et sont donc moins<br />

gênés).<br />

Mais les principaux enjeux <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong>s milieux naturels se situent en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la zone<br />

centrale, dans la zone périphérique, où les activités humaines sont plus marquées, notamment le<br />

tourisme, ce qui a con<strong>du</strong>it à les inscrire dans la démarche <strong>du</strong> réseau Natura 2000.<br />

88 Source : DIREN, 2001<br />

123


124<br />

LE RESEAU NATURA 2000 : L’ESPACE PROTEGE DE DEMAIN<br />

Sept sites en <strong>Maurienne</strong><br />

Sept sites ont été proposés à l’intégration <strong>du</strong> réseau européen Natura 2000 d’espaces protégés<br />

représentant 23.7 % <strong>du</strong> territoire.<br />

S 37 : lan<strong>de</strong>s, prairies et habitats rocheux <strong>du</strong> massif <strong>du</strong> mont Thabor<br />

S 38 : formations forestières et herbacées sèches <strong>de</strong>s alpes internes<br />

S 39 : réseau <strong>de</strong> vallons d’altitu<strong>de</strong> à Caricion<br />

S 40 : réseau <strong>de</strong> zones humi<strong>de</strong>s et alluviales <strong>de</strong>s Hurtières<br />

S 41 : Perron <strong>de</strong>s Encombres<br />

S 43 : massif <strong>de</strong> la Vanoise<br />

Des zones à forts enjeux :<br />

Chaque site Natura 2000 a fait l’objet d’une concertation au niveau local et d’étu<strong>de</strong>s scientifiques, afin<br />

<strong>de</strong> connaître l’état initial <strong>du</strong> site et les principales menaces. L’écriture <strong>de</strong>s documents d’objectifs<br />

permet <strong>de</strong> mieux cerner les réels enjeux <strong>de</strong> chaque zone. Deux documents d’objectifs sont terminés :<br />

celui <strong>de</strong> la zone Vanoise (en 1998) et celui <strong>du</strong> Perron <strong>de</strong>s Encombres en 2000. Les autres sont en cours<br />

d’élaboration (excepté celui <strong>du</strong> Mont Thabor).<br />

Plusieurs enjeux ont ainsi pu être i<strong>de</strong>ntifiés. Au niveau <strong>de</strong>s pelouses sèches présentes sur plusieurs sites<br />

tels que le S 38, le S 41 ou le S 43, ont été référencées <strong>de</strong> véritables menaces <strong>de</strong> disparition sous<br />

l’effet <strong>de</strong> l’urbanisation ou <strong>de</strong> l’avancement <strong>de</strong>s friches. Ces milieux, dont on estime la disparition à<br />

près <strong>de</strong> 90 % au niveau européen, constituent les <strong>de</strong>rniers lambeaux existants.<br />

La conservation <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> milieu oblige à plusieurs sortes <strong>de</strong> mesures, telles que la continuité<br />

d’une activité pastorale extensive, la non-fertilisation <strong>de</strong>s sols (un trop fort apport en azote entraîne une<br />

augmentation <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s sols, non propice aux nombreuses orchidées <strong>de</strong>s pelouses sèches), la<br />

non-culture intensive, le fauchage pour éviter la colonisation par les ligneux.<br />

Les tourbières d’altitu<strong>de</strong> connaissent elles-aussi <strong>de</strong>s problèmes pour leur survie et ont fait l’objet<br />

d’étu<strong>de</strong>s approfondies, afin que les menaces <strong>de</strong> drainage ou <strong>de</strong> comblement, <strong>de</strong> modification ou <strong>de</strong><br />

dérivation <strong>de</strong>s apports en eau, soient mieux cernées. Un inventaire a été réalisé par le Conservatoire<br />

<strong>Rhône</strong>-<strong>Alpes</strong> <strong>de</strong>s espaces naturels en 1998 dans le but <strong>de</strong> les localiser.<br />

La maîtrise <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> touristes est un autre enjeu. En effet, la plupart <strong>de</strong>s sites protégés <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong> constituent une attraction et un lieu <strong>de</strong> visite prisé. Mais les touristes peuvent être la cause<br />

<strong>de</strong> multiples perturbations : dérangement <strong>de</strong> la faune, cueillette d’espèces protégées, pollutions<br />

diverses, piétinement et érosion. C’est ce <strong>de</strong>rnier inconvénient qui est le plus gênant et qui peut<br />

profondément perturber le fonctionnement <strong>de</strong>s écosystèmes.<br />

La non canalisation <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> touristes est un réel problème car l’érosion qu’elle peut entraîner a <strong>de</strong>s<br />

conséquences souvent irréversibles.


La détermination <strong>de</strong>s enjeux propres à chaque zone se fera donc dans les documents d’objectifs et c’est<br />

dans les documents d’application que sera référencée une série d’actions nécessaires à la survie <strong>de</strong> ces<br />

habitats.<br />

La désignation <strong>de</strong>s sites s’étant faite sur <strong>de</strong>s zones possédant déjà pour la plupart <strong>de</strong>s mesures<br />

réglementaires (zone centrale <strong>du</strong> Parc National, arrêté <strong>de</strong> biotope, site classé), c’est par <strong>de</strong>s mesures<br />

contractuelles que se fera la gestion <strong>de</strong> ces sites. Les agriculteurs pourront ainsi prioritairement<br />

souscrire à <strong>de</strong>s mesures spécifiques Natura 2000 dans le cadre <strong>de</strong> leur CTE. Les forestiers, si besoin<br />

est, pourront eux aussi souscrire à <strong>de</strong>s contrats Natura 2000.<br />

Le réseau Natura 2000 sélectionne une faible part <strong>du</strong> territoire français et constitue un véritable label<br />

européen pour les zones qu’il englobe. Cette reconnaissance européenne <strong>de</strong> la qualité et l’originalité <strong>de</strong><br />

son environnement représente un atout touristique non négligeable, notamment envers les touristes<br />

allemands ou scandinaves, préoccupés par la protection <strong>de</strong> l’environnement.<br />

125<br />

LE PROGRAMME LIFE AU SERVICE DE L’ENVIRONNEMENT<br />

De nombreuses actions <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement ont déjà été aidées au niveau européen avant<br />

le réseau Natura 2000. Il s’agit <strong>de</strong>s actions financées dans le cadre <strong>du</strong> programme LIFE (L’Instrument<br />

Financier pour l’Environnement). Trois programmes LIFE nationaux ont cours en <strong>Maurienne</strong> : le LIFE<br />

« pelouses sèches », le LIFE « loup » et le LIFE « tourbières ».<br />

Ces programmes ont permis le financement d’actions en faveur <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l’environnement<br />

mais aussi en faveur <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation à l’environnement. On peut citer : l’ai<strong>de</strong> à l’installation d’ouvrages<br />

hydrauliques pour la mise en eau <strong>de</strong> tourbières, l’ai<strong>de</strong> à l’achat <strong>de</strong> chiens <strong>de</strong> protection ou à la mise en<br />

place d’enclos <strong>de</strong> nuit et <strong>de</strong> bergerie, le débroussaillage manuel <strong>de</strong> zones à pelouses sèches, la<br />

publication <strong>de</strong> documents <strong>de</strong> sensibilisation …<br />

Les crédits LIFE <strong>de</strong>vraient, après acceptation <strong>de</strong>s zones par la commission européenne, être<br />

prioritairement attribués dans les zones <strong>du</strong> réseau Natura 2000.<br />

IV.1.3. Les espèces animales : un potentiel exploité<br />

a. La chasse : un élément incontournable <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> la faune sauvage 89<br />

Dans un département soumis à la loi Ver<strong>de</strong>ille, ce ne sont pas moins <strong>de</strong> 62 Associations Communales<br />

<strong>de</strong> Chasse Agréées (ACCA) qui existent sur toute la vallée pour environ 2 700 chasseurs. De<br />

nombreuses actions sont effectuées par la fédération et les ACCA locales, qui doivent mettre 10 % <strong>de</strong><br />

leur territoire en réserve <strong>de</strong> chasse (chasse interdite).<br />

Les ACCA gèrent la chasse au niveau local sur l’ensemble <strong>de</strong> la commune. Seuls les territoires qui ont<br />

une superficie minimale permettant une gestion autonome, peuvent se retirer <strong>de</strong> l’ACCA. Cependant,<br />

89 Source : Fédération Départementale <strong>de</strong>s Chasseurs <strong>de</strong> Savoie


<strong>de</strong>puis la loi chasse <strong>de</strong> 2000, tout propriétaire peut interdire la chasse sur ses terrains par opposition <strong>de</strong><br />

conscience quelque soit la surface dont il dispose.<br />

Des débroussaillages sont effectués tous les ans afin <strong>de</strong> préserver <strong>de</strong>s zones favorables au tétras-lyre.<br />

Les techniciens et responsables d’ACCA réalisent <strong>de</strong>s comptages précis afin <strong>de</strong> connaître les effectifs<br />

<strong>de</strong>s différentes espèces, et d’apprécier ainsi le nombre d’animaux pouvant être prélevés dans le cadre<br />

<strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> chasse.<br />

Des partenariats sont également signés entre l’ONF et certaines communes <strong>de</strong> station afin <strong>de</strong> réaliser<br />

<strong>de</strong>s comptages, auxquels <strong>de</strong> nombreux chasseurs participent, pour mieux appréhen<strong>de</strong>r les impacts <strong>de</strong> la<br />

création <strong>de</strong> nouvelles pistes.<br />

Toutes les espèces <strong>de</strong> grand gibier, sauf le sanglier (Sus scrofa), sont soumises à un plan <strong>de</strong> chasse,<br />

ainsi que le tétras-lyre et la perdrix bartavelle. Des plans <strong>de</strong> chasse peuvent être <strong>de</strong>mandés pour<br />

d’autres espèces par les ACCA, comme cela est le cas pour le lièvre variable.<br />

Le plan <strong>de</strong> chasse permet une utilisation <strong>du</strong>rable <strong>de</strong> la ressource en ne prélevant que les « intérêts <strong>du</strong><br />

capital ». 15 à 20 % <strong>de</strong> la population fait l’objet d’un prélèvement, ce qui correspond à la croissance<br />

naturelle <strong>de</strong> la population. La proportion d’animaux à prélever peut être augmentée ou diminuée selon<br />

le niveau <strong>de</strong> population que l’on souhaite.<br />

126<br />

Dans le cadre d’une gestion raisonnée <strong>de</strong>s populations, le tétras-lyre fait l’objet d’un<br />

plan <strong>de</strong> chasse généralisé <strong>de</strong>puis l’an 2000. (FDC Savoie)<br />

Au niveau <strong>de</strong> la gestion <strong>du</strong> grand gibier, 893 chevreuils, 969 chamois et près <strong>de</strong> 240 cerfs ont été<br />

prélevés au cours <strong>de</strong> la saison 2001-2002 en <strong>Maurienne</strong>. De nombreux sangliers ont été prélevés, et la<br />

population <strong>de</strong> mouflons <strong>de</strong> Modane (environ 50 têtes) a fait l’objet d’un prélèvement <strong>de</strong> quelques<br />

unités.<br />

La <strong>Maurienne</strong> a la chance <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un territoire préservé. Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s prélèvements <strong>de</strong><br />

petit gibier <strong>de</strong> montagne <strong>de</strong> la Savoie y est réalisée.


127<br />

Estimation <strong>de</strong>s prélèvements <strong>de</strong> petit gibier en <strong>Maurienne</strong> 90<br />

Petit gibier <strong>de</strong> montagne<br />

Espèce<br />

Nombre d’animaux prélevés<br />

en Savoie en <strong>Maurienne</strong><br />

Gélinotte <strong>de</strong>s bois (Bonasa Bonasia) 20 4 ou 5<br />

Lagopè<strong>de</strong> alpin (Lagopus mutus) 100 40-50<br />

Lièvre commun (Lepus europeanus) 600 ?<br />

Lièvre variable (Lepus timi<strong>du</strong>s) 280 140<br />

Marmotte (Marmota marmota) 1 015 ?<br />

Perdrix bartavelle * (Alectoris graeca) 10 3 ou 4<br />

Tétras-Lyre * (Tetrao tetrix) 300 130<br />

* espèces soumises à un plan <strong>de</strong> chasse sur tout le département<br />

Toutes ces espèces, dont la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> chasse s’étale sur seulement un mois, sont soumises à un carnet<br />

<strong>de</strong> prélèvement (tout chasseur doit y noter chaque prise), afin d’estimer les effectifs, d’évaluer les<br />

dynamiques <strong>de</strong>s populations, et <strong>de</strong> ne pas les mettre en danger.<br />

Les autres espèces (faisan – Phasianus colchicus, lapin <strong>de</strong> garenne – Oryctalagus cunigulus) sont peu<br />

présentes en <strong>Maurienne</strong> et ne font pas l’objet <strong>de</strong> politiques particulières, ni <strong>de</strong> lâchers systématiques<br />

d’animaux d’élevage.<br />

Le lièvre commun (Lepus europeanus) compte <strong>de</strong> belles populations en Haute-<strong>Maurienne</strong>, <strong>du</strong> fait <strong>du</strong><br />

nombre important d’exploitations ayant conservé <strong>de</strong>s fourrages (beaucoup <strong>de</strong> luzerne). Le manque <strong>de</strong><br />

cultures constitue un handicap pour la faune, pour qui celles-ci représentent une source variée <strong>de</strong><br />

nourritures et <strong>de</strong> couverts.<br />

La chasse au grand gibier constitue le fond <strong>de</strong> la chasse en <strong>Maurienne</strong>. Quelques problèmes <strong>de</strong> dégâts<br />

sont apparus, mais la concertation a prévalu, et les populations sont stabilisées (sangliers et cerfs en<br />

Haute-<strong>Maurienne</strong>). Le faible nombre <strong>de</strong> chasseurs et le grand nombre d’animaux attribués entraînent<br />

cependant <strong>de</strong>s difficultés au niveau <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> chasse.<br />

La <strong>Maurienne</strong> est donc une terre <strong>de</strong> chasse dont le potentiel cynégétique fait l’objet d’une gestion<br />

rigoureuse quant au suivi <strong>de</strong>s prélèvements ou à la connaissance <strong>de</strong>s populations. Les prélèvements<br />

sont, pour le petit gibier <strong>de</strong> montagne, minimes et ne constituent pas, eu égard aux étu<strong>de</strong>s menées, <strong>de</strong>s<br />

atteintes aux populations. Le grand gibier se porte bien avec <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> chasse toujours à la hausse.<br />

La <strong>Maurienne</strong> possè<strong>de</strong> en outre l’avantage <strong>de</strong> présenter <strong>du</strong> gibier uniquement naturel aux chasseurs<br />

qu’elle accueille. L’importance <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> chasse, en termes <strong>de</strong> nombre d’animaux à prélever, et le<br />

faible nombre <strong>de</strong> chasseurs entraînent néanmoins <strong>de</strong>s difficultés pour remplir ces plans <strong>de</strong> chasse.<br />

Un potentiel existerait donc quant au tourisme cynégétique pour quelques animaux, mais les<br />

mauriennais sont encore assez exclusifs dans ce domaine.<br />

Les chasseurs représentent un « vivier » <strong>de</strong> bénévoles qui réalisent <strong>de</strong> nombreuses actions. Des actions<br />

<strong>de</strong> communication <strong>de</strong>vraient néanmoins être engagées par la Fédération, afin <strong>de</strong> ne pas marginaliser les<br />

chasseurs et <strong>de</strong> ne pas les opposer au reste <strong>de</strong> la population, notamment aux touristes en automne.<br />

90 Source : Fédération Départementale <strong>de</strong>s Chasseurs <strong>de</strong> Savoie


. Rivières, torrents et lacs : un territoire <strong>de</strong> pêche 91<br />

En <strong>Maurienne</strong>, la pêche est un loisir non négligeable. Ce sont environ 4000 pêcheurs qui évoluent sur<br />

les rivières à la recherche <strong>de</strong> truites arc-en-ciel (Salmo gairdneri) ou fario (Salmo trutta morpha fario),<br />

<strong>de</strong> saumons <strong>de</strong> fontaine ( Salvenis fontinalis) …<br />

Cinq Associations Agréées <strong>de</strong> Pêche et <strong>de</strong> Protection <strong>du</strong> Milieu Aquatique, ainsi que <strong>de</strong>s sociétés<br />

<strong>de</strong> pêche privées sur la Haute-<strong>Maurienne</strong>, structurent associativement le territoire.<br />

Même si la qualité <strong>de</strong> l’Arc et <strong>de</strong> ses affluents est globalement mauvaise, les rivières <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong> présentent <strong>de</strong> nombreux atouts quant à la diversité <strong>de</strong>s milieux (lacs <strong>de</strong> montagne, torrents)<br />

et <strong>de</strong>s peuplements piscicoles. Quelques secteurs intéressants par leur qualité, comme certains<br />

ruisseaux, les parties <strong>de</strong> l’Arc autour <strong>de</strong> la Chapelle, ou en amont <strong>de</strong> Modane et d’Aussois présentent<br />

une forte valeur patrimoniale.<br />

Plusieurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion ont été définis afin <strong>de</strong> préserver la ressource et <strong>de</strong> diversifier l’offre aux<br />

pêcheurs. Une gestion patrimoniale a été mise en place sur <strong>de</strong> nombreux secteurs : elle consiste à faire<br />

en sorte que les peuplements <strong>de</strong> poissons soient conformes à ce que l’on peut attendre <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques d’un milieu naturel en bon état. La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> pêche, et par conséquent son intensité,<br />

est gérée en fonction <strong>de</strong> la ressource.<br />

Le plan d’eau <strong>de</strong>s Hurtières est lui géré patrimonialement, aucun déversement <strong>de</strong> poissons n’y est<br />

effectué. D’autres secteurs n’autorisent la prise que d’un seul poisson par jour.<br />

Mais autour <strong>du</strong> Fréney, certains ruisseaux font l’objet <strong>de</strong> déversement <strong>de</strong> poissons tant le peuplement<br />

est dégradé.<br />

Différents parcours <strong>de</strong> pêche ont été aménagés par la Fédération <strong>de</strong> Pêche sur la <strong>Maurienne</strong>, répondant<br />

aux nouvelles attentes <strong>de</strong>s pêcheurs. C’est ainsi qu’ont vu le jour <strong>de</strong>s parcours No-Kill (où l’on doit<br />

relâcher les poissons pris) officialisés dans l’arrêté départemental, <strong>de</strong>s parcours exclusivement réservés<br />

à la pêche à la mouche, ou bien encore <strong>de</strong>s « parcours <strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> Savoie », label délivré<br />

conjointement avec le Conseil Général.<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> possè<strong>de</strong> donc un potentiel piscicole peu valorisé. De nombreuses actions<br />

restent à mener quant aux qualités biologiques <strong>de</strong>s milieux aquatiques mais <strong>de</strong>s potentialités existent.<br />

La Fédération <strong>de</strong> Pêche, qui s’est investie dans ce que l’on pourrait qualifier <strong>de</strong> démarches <strong>de</strong> qualité<br />

avec le PDPG 92 , a une volonté forte <strong>de</strong> préservation <strong>du</strong> milieu aquatique et <strong>de</strong>s ressources piscicoles,<br />

mais aussi <strong>de</strong> valorisation <strong>du</strong>rable <strong>de</strong> ces ressources.<br />

La <strong>Maurienne</strong>, grâce à la qualité <strong>de</strong> ses milieux naturels, fait l’objet <strong>de</strong> nombreuses mesures <strong>de</strong><br />

protection. Ainsi 40 % <strong>du</strong> territoire est aujourd’hui protégé. Cette richesse est un <strong>de</strong>s facteurs<br />

essentiels d’attractivité <strong>du</strong> territoire, et participe notamment à la construction d’une image<br />

positive <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>.<br />

91 Source : Fédération Départementale <strong>de</strong> Pêche<br />

92 Plan Départemental <strong>de</strong> Protection <strong>du</strong> milieu aquatique et <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong>s ressources piscicoles<br />

128


IV. 2. Pollution et qualité <strong>de</strong>s milieux<br />

Afin <strong>de</strong> mesurer les différents polluants réglementés et <strong>de</strong> sensibiliser la population aux problèmes liés<br />

à la pollution <strong>de</strong> l’air, l’association «l’air <strong>de</strong>s 2 Savoies », créée en 1995, gère le réseau <strong>de</strong> surveillance<br />

<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’air sur les départements <strong>de</strong> la Savoie et <strong>de</strong> la Haute-Savoie. Elle fait partie <strong>du</strong> réseau<br />

national ATMO (réseau d’associations agréées <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’air).<br />

Compte tenu <strong>de</strong> sa topographie marquée (fort encaissement et fort enclavement), les échanges <strong>de</strong><br />

masses d’air dans la <strong>Maurienne</strong> et les vallées voisines sont limités et favorisent ainsi une<br />

stagnation <strong>de</strong> la pollution. En sus <strong>de</strong> cette topographie particulière, les conditions météorologiques,<br />

qui ne sont pas forcément comparables d’une année sur l’autre, influencent très fortement les<br />

concentrations <strong>de</strong> polluants dans l’air. Les hivers avec <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s météorologiques stables, froids et<br />

secs sont, par exemple, très propices à l’accumulation <strong>de</strong> la pollution dans les basses couches <strong>de</strong><br />

l’atmosphère.<br />

a. Comparaison <strong>de</strong>s pollutions <strong>de</strong> l’air à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> entre <strong>de</strong>ux saisons 93<br />

129<br />

O3<br />

NO2<br />

SO2<br />

Particules<br />

en<br />

suspension<br />

Eté Hiver<br />

Certains jours, les valeurs<br />

dépassent la valeur médiocre mais<br />

elles généralement restent en<br />

<strong>de</strong>ssous.<br />

Le niveau <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong> reste toujours en<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> la valeur médiocre.<br />

La <strong>Maurienne</strong> a la concentration la<br />

plus forte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Savoies en SO2<br />

à cause <strong>de</strong>s particularités<br />

énergétiques in<strong>du</strong>strielles, mais<br />

elle reste en <strong>de</strong>çà <strong>du</strong> niveau<br />

réglementaire.<br />

Elles sont en légère augmentation,<br />

mais restent en général en <strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong>s valeurs européennes<br />

maximales.<br />

Les concentrations d’ozone sont plus<br />

faibles qu’en été car les conditions <strong>de</strong><br />

formation sont très limitées en saison<br />

hivernale.<br />

Le niveau est en nette hausse,<br />

particulièrement mi-janvier, lorsque les<br />

conditions météorologiques sont optimales<br />

à l’emprisonnement dans les basses<br />

couches <strong>de</strong> l’air. Mais elle reste tout <strong>de</strong><br />

même inférieure au niveau réglementaire.<br />

La valeur est plus élevée que dans les<br />

autres villes à cause d’une émission en plus<br />

gran<strong>de</strong> quantité, mais elle reste toutefois en<br />

<strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la valeur limite.<br />

Elles sont en augmentation et dépassent<br />

plusieurs fois la valeur médiocre et elles<br />

s’accumulent dans l’air à cause <strong>de</strong>s<br />

conditions météorologiques particulières.<br />

93 Sources : hiver 2000/01 et 2001/02, été 2000 et 2001, rep’Air <strong>de</strong> l’Air <strong>de</strong> 2 Savoies,<br />

Chambéry<br />

VI. 2.1. L’air : une qualité à surveiller


. Influence <strong>de</strong> l’installation <strong>de</strong> l’autoroute sur la qualité <strong>de</strong> l’air<br />

Une étu<strong>de</strong> prospective sur la pollution <strong>de</strong>s vallées alpines (POVA) a été mise en place afin <strong>de</strong> mettre<br />

en évi<strong>de</strong>nce la spécificité <strong>de</strong> l’air en milieu montagnard, cela pour comparer la pollution liée au trafic<br />

<strong>de</strong>s véhicules dans les vallées <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> et <strong>de</strong> Chamonix, avant et après la réouverture <strong>du</strong> tunnel<br />

<strong>du</strong> Mont-Blanc.<br />

Suite à la fermeture <strong>du</strong> Mont-Blanc, le trafic a doublé en <strong>Maurienne</strong> et a provoqué un doublement<br />

<strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> polluants rejetée dans l’atmosphère par les véhicules. En parallèle, la pollution par les<br />

poids lourds <strong>de</strong> transit a presque disparu dans la vallée <strong>de</strong> Chamonix. ( Un camion émet 3 fois plus<br />

d’oxy<strong>de</strong>s d’azote et 2 fois plus <strong>de</strong> poussières en montée qu’une voiture)<br />

Pour mesurer les seuls effets <strong>du</strong> trafic routier sur la qualité <strong>de</strong> l’air en <strong>Maurienne</strong>, une «cabine mobile»<br />

a été installée, entre la RN 6 et l’A 43, à Saint-Julien-Mont<strong>de</strong>nis en novembre 2000. Elle enregistre <strong>de</strong>s<br />

niveaux <strong>de</strong>s polluants d’origine automobile plus élevés qu’au centre <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

L’oxy<strong>de</strong> d’azote (NO) a <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong>ux fois plus importantes, le dioxy<strong>de</strong> d’azote (NO2) 35 %<br />

<strong>de</strong> plus.<br />

Les particules en suspension inférieur à 10 μm présentent <strong>de</strong>puis plusieurs années <strong>de</strong>s<br />

concentrations préoccupantes en dépassant quelquefois la valeur limite. En effet, les<br />

concentrations <strong>de</strong> polluants atteignent <strong>de</strong>s valeurs maximales en milieu <strong>de</strong> semaine lorsque la<br />

circulation <strong>de</strong>s trafic lourds est la plus importante. La même cabine est installée à Chamonix afin <strong>de</strong><br />

constater les conditions actuelles et les inci<strong>de</strong>nces <strong>du</strong> retour <strong>de</strong>s poids lourds sur la qualité <strong>de</strong> l’air.<br />

Pour mesurer les impacts <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong>s polluants sur la population et pour apprécier les<br />

retombées sur <strong>de</strong>s zones plus éloignées <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong> circulation, il est nécessaire <strong>de</strong> connaître en tout<br />

point <strong>de</strong> la vallée les teneurs <strong>de</strong>s polluants.<br />

Cette étu<strong>de</strong> participe à la réflexion globale sur les transports d’avenir (ferroutage et transport urbain)<br />

Les milieux aquatiques font l’objet d’une attention particulière. La rivière Arc et ses affluents<br />

sont, <strong>de</strong> ce fait, le cadre <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière « Arc et affluents » signé le 28 juin 1996.<br />

Les objectifs <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière étaient nombreux :<br />

130<br />

IV. 2.2. Un milieu aquatique très artificialisé<br />

- remettre le lit <strong>de</strong> l’Arc dans un état <strong>de</strong> référence,<br />

- améliorer la qualité <strong>de</strong>s eaux en luttant contre les pollutions domestiques, agricoles<br />

et in<strong>du</strong>strielles,<br />

- sensibiliser la population,<br />

- préserver et valoriser le milieu naturel,<br />

- mettre en place un plan <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’Arc.<br />

Beaucoup d’actions ont donc été entreprises grâce à ce contrat, telles que la mise aux normes<br />

d’exploitations agricoles, la réalisation <strong>de</strong> travaux sur l’Arc, la construction <strong>de</strong> stations d’épuration,<br />

etc.


Même si les résultats ont été conséquents, <strong>de</strong> nombreux problèmes persistent et la qualité <strong>de</strong>s cours<br />

d’eau reste toujours mauvaise.<br />

a. L’Arc et ses affluents : <strong>de</strong>s cours d’eau détériorés<br />

L’Arc a un profil long typiquement glaciaire et prend sa source à une altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2 770 m au<br />

niveau <strong>de</strong>s glaciers <strong>de</strong>s Trois Becs. Son bassin versant s’étend sur 1 957 km² avec la présence <strong>de</strong><br />

variations morphologiques <strong>du</strong> lit, <strong>de</strong>s zones d’engraissement ou <strong>de</strong>s zones d’érosion. Ses fortes pentes<br />

ren<strong>de</strong>nt son régime favorable à <strong>de</strong>s écoulements torrentiels et à <strong>de</strong>s crues conséquentes.<br />

C’est une rivière fortement artificialisée par <strong>de</strong> nombreux ouvrages hydroélectriques (les premiers<br />

datent <strong>de</strong> 1914) et une forte canalisation <strong>du</strong> lit.<br />

Selon le SDAGE RMC 94 , l’Arc est jugé comme prioritaire au titre <strong>de</strong> la qualité générale <strong>de</strong>s<br />

cours d’eau (considérée comme mauvaise voire très mauvaise) et son état physique très dégradé.<br />

Le peuplement piscicole <strong>de</strong> l’Arc est faible avec seulement six espèces (actuellement pour environ<br />

2000 truites fario (Salmo trutta morpha fario)pêchées électriquement, dans l’Arc, on attrape environ<br />

une dizaine <strong>de</strong> truites arc-en-ciel (Salmo gairdneri), une dizaine <strong>de</strong> chabots (Cottus gobio), <strong>de</strong>ux<br />

saumons <strong>de</strong> fontaine ( Salvenis fontinalis) et uniquement un vairon (Phoxinus phoxinus) et un<br />

chevesne – Leuciscus cephalus).<br />

La biomasse moyenne relevée dans l’Arc est bien inférieure à celle <strong>de</strong> ces affluents. Les affluents sont<br />

en effet <strong>de</strong> bien meilleure qualité biologique <strong>du</strong> fait d’une artificialisation moindre et d’aménagements<br />

plus doux, notamment <strong>de</strong> la configuration physique <strong>du</strong> cours d’eau. Ils ont un rôle <strong>de</strong> réserve car les<br />

poissons peuvent s’y réfugier et éventuellement y frayer.<br />

Différents paramètres influencent la diversité et l’abondance <strong>du</strong> peuplement piscicole 95 : la qualité <strong>de</strong><br />

l’eau, le débit, la chasse et le curage. Les éléments les plus marquants semblent être le débit et la<br />

chasse.<br />

La biomasse est à relier à la valeur <strong>du</strong> débit réservé qui est dans une majorité <strong>de</strong>s cas au 1/40 ème <strong>du</strong><br />

mo<strong>du</strong>le annuel moyen.<br />

Cependant, lors <strong>du</strong> renouvellement <strong>de</strong>s concessions, <strong>de</strong>puis la loi pêche, les installations<br />

hydroélectriques doivent passer à un débit réservé égal au 1/10 ème <strong>du</strong> mo<strong>du</strong>le et ainsi permettre une<br />

amélioration significative. L’occurrence <strong>de</strong>s chasses (lâchers d’eau pour évacuer les matières soli<strong>de</strong>s)<br />

est le paramètre agissant le plus négativement, en ayant <strong>de</strong>s effets dévastateurs. Les chasses ne sont<br />

normalement effectuées qu’en pério<strong>de</strong> où la pêche est interdite (généralement en octobre) par paliers<br />

successifs afin <strong>de</strong> permettre aux poissons <strong>de</strong> se réfugier.<br />

D’autres étu<strong>de</strong>s démontrent que l’Arc et ses affluents se caractérisent par une pauvreté<br />

faunistique 96 :<br />

- très marquée sur l’Arc, les campagnes IBGN 97 ont trouvé 6 à 11 taxons 98 en octobre<br />

1998 et seulement 2 à 12 taxons pour la campagne <strong>de</strong> février 1999, selon les<br />

stations,<br />

94 Schéma Directeur d’Aménagement et <strong>de</strong> Gestion <strong>de</strong>s Eaux <strong>Rhône</strong> Méditerranée Corse<br />

95 Source : état <strong>du</strong> peuplement piscicole <strong>de</strong> l’Arc et <strong>de</strong> ses affluents, 1998<br />

96 Source : Suivi <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux, programme 1998/1999 – bassin <strong>de</strong> l’Arc, Conseil Général<br />

97 Indice Biologique Général Normalisé : indice permettant <strong>de</strong> déterminer la qualité <strong>de</strong>s eaux à partir <strong>de</strong> critères <strong>de</strong><br />

présence-absence <strong>de</strong> diverses espèces d’invertébrés.<br />

131


132<br />

- sur l’Arvan : respectivement 3 taxons et 1 à 2,<br />

- une meilleure diversité sur les autres affluents, respectivement <strong>de</strong> 11 à 19 taxons et<br />

<strong>de</strong> 8 à 28 taxons.<br />

Cette faible diversité peut s’expliquer par différents facteurs : problème <strong>de</strong>s chasses qui empêchent les<br />

invertébrés <strong>de</strong> s’installer, fort charriage <strong>de</strong>s torrents, altitu<strong>de</strong> et pollution.<br />

La situation, en ce qui concerne les pollutions, est jugée assez « catastrophique » sur certains secteurs,<br />

tels que sur Bessans à cause <strong>de</strong>s rejets. En hiver, les pollutions azotées et phosphorées sont<br />

importantes, notamment en Haute-<strong>Maurienne</strong> ou pour le phosphore sur l’Arvan vers Saint-Jeand’Arves<br />

et sur la Valloirette en aval <strong>de</strong> Valloire.<br />

b. L’agriculture : un facteur <strong>de</strong> pollution 99<br />

Au niveau <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong>s déchets d’origine agricole, <strong>de</strong> gros efforts ont été réalisés sur toute la<br />

vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, notamment dans le cadre <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière, où <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> mise aux<br />

normes <strong>de</strong>s exploitations ont été aidées. Ces opérations n’auraient pu être subventionnées dans le cadre<br />

<strong>du</strong> Plan <strong>de</strong> Maîtrise <strong>de</strong>s Pollutions d’Origine Agricole (PMPOA) car les seuils d’attribution <strong>de</strong>s primes<br />

sont trop élevés pour les exploitations <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>. Le seuil national est passé <strong>de</strong> 70 Unité Gros<br />

Bétail (UGB) à 90 UGB minimum par exploitation pour pouvoir souscrire aux démarches.<br />

Le contrat <strong>de</strong> rivière a permis d’ai<strong>de</strong>r 33 exploitations, représentant 50 % <strong>de</strong>s UGB mauriennais, à se<br />

remettre aux normes quant au stockage <strong>de</strong>s fumiers et lisiers. Des ai<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 40 à 50 % <strong>du</strong> montant <strong>de</strong><br />

l’investissement ont été attribuées. Seules les exploitations ayant un cheptel supérieur à 25 UGB<br />

pouvaient être subventionnées, les autres étant considérées comme non pérennes.<br />

Dans le cadre <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière, <strong>de</strong>s plates-formes <strong>de</strong> stockage communales ont également été<br />

réalisées, permettant le stockage <strong>de</strong>s fumiers en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s villages pendant l’hiver. En effet, beaucoup<br />

d’agriculteurs ont leurs étables et leur siège d’exploitation à l’intérieur même <strong>de</strong>s villages. De réelles<br />

difficultés apparaissaient donc pour le stockage d’hiver. De nombreux sites étaient pollués par un<br />

amoncellement <strong>de</strong> fumiers sur les bords <strong>de</strong> routes attendant une pério<strong>de</strong> propice à l’épandage. Outre<br />

les pollutions <strong>de</strong> l’eau par ces matières organiques, les effets visuels pour les touristes n’étaient pas<br />

d’un meilleur effet.<br />

Ces fumières collectives, dont trois ont été réalisées à Termignon, Aussois et Lanslevillard, (trois sont<br />

en projet sur Bessans, Bramans et Lanslebourg) permettent <strong>de</strong> stocker les déjections animales en<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s communes, <strong>de</strong> limiter l’impact visuel et surtout d’empêcher toute pollution. Le fumier est<br />

stocké dans <strong>de</strong>s box indivi<strong>du</strong>els loués à un agriculteur et les jus récupérés par un caniveau jusque dans<br />

une fosse, afin d’être ultérieurement épan<strong>du</strong>s.<br />

98 Taxon : groupe constitué par l’ensemble <strong>de</strong>s entités qui répon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s caractéristiques communes<br />

99 Source : SEM agronomie-environnement <strong>de</strong> la Chambre d’Agriculture


Fumière collective d’Aussois<br />

La réalisation d’une étable communale est aussi en projet sur la commune <strong>de</strong> Bonneval-sur-Arc. Elle<br />

permettrait aux exploitations <strong>de</strong> sortir <strong>du</strong> centre <strong>de</strong> la commune, et d’avoir une meilleure gestion quant<br />

au stockage <strong>de</strong>s fumiers. Néanmoins, cette étable étant d’un coût financier important (il avoisinerait 7<br />

620 € par vache laitière, environ 50 000 F), <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la protection environnementale <strong>du</strong> site et <strong>de</strong>s<br />

risques naturels, sa réalisation reste incertaine.<br />

Exemple <strong>de</strong> prix (1996) 100 <strong>de</strong> bâtiments (vaches laitières avec stockage <strong>de</strong>s fourrages, y compris séchage<br />

en grange pour les zones <strong>de</strong> montagne, et <strong>de</strong>s effluents, salle <strong>de</strong> traite) :<br />

Plaine Montagne Haute-montagne<br />

Poitou Charente 2 060 € / vache<br />

(13 500 F)<br />

/ /<br />

Haute-Savoie / 4 200 € / vache 4 570 € / vache<br />

(27 500 F)<br />

(30 000 F)<br />

Les petits agriculteurs, n’ayant pas pu profiter <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s financières <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière, persistent<br />

dans une pratique ancestrale <strong>de</strong> stockage. Cela pose <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> pollution visuelle et organique<br />

non négligeable. Certains tas <strong>de</strong> fumier sont même localisés dans le cœur <strong>de</strong>s villages.<br />

Au niveau <strong>de</strong> l’épandage <strong>de</strong>s déjections d’origine animale, il existe <strong>de</strong>s cartes communales d’épandage<br />

où sont répertoriées les zones ne pouvant faire l’objet d’un épandage. Comme pour les périmètres <strong>de</strong><br />

captages d’eau, on distingue celles où <strong>de</strong>s précautions sont à prendre et celles « aptes à l’épandage ».<br />

Ces cartes consultables et connues <strong>de</strong>s agriculteurs permettent une meilleure gestion <strong>de</strong> l’épandage. En<br />

janvier 2002, sept cartes communales d’aptitu<strong>de</strong> à l’épandage <strong>de</strong>s matières organiques étaient<br />

terminées, et huit en cours <strong>de</strong> réalisation.<br />

Des déchets d’origine agricole sont aussi épan<strong>du</strong>s sur les pistes <strong>de</strong> ski <strong>de</strong> certaines stations ou sur les<br />

talus <strong>de</strong> routes.<br />

100 Source : La politique <strong>de</strong> la montagne, volume 1, p.177<br />

133


c. Un assainissement peu important 101<br />

L’assainissement est un réel problème pour la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Sa généralisation est en retard<br />

par rapport aux obligations posées par la loi et les directives. Ce retard s’explique par les coûts<br />

énormes que représentent la réalisation <strong>de</strong> réseaux d’assainissement en montagne et par celui <strong>de</strong><br />

construction d’une station d’épuration.<br />

Les communes doivent s’équiper <strong>de</strong> stations ayant <strong>de</strong>s capacités leur permettant <strong>de</strong> faire face au besoin<br />

<strong>de</strong> la saison touristique. Ces gran<strong>de</strong>s stations ont <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> fonctionnement et supportent mal<br />

les changements <strong>de</strong> régime imposés par la saisonnalité.<br />

Une minorité <strong>de</strong> communes possè<strong>de</strong>nt ou sont reliées à une station d’épuration (16 communes) et six<br />

d’entre elles ne possè<strong>de</strong>nt même pas <strong>de</strong> réseau d’assainissement.<br />

Malgré tout, les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> essayent <strong>de</strong> combler leur retard, une trentaine <strong>de</strong> communes<br />

ont un projet <strong>de</strong> création, <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation ou <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment à une station d’épuration.<br />

Ainsi d’ici 2005, ce sont plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> qui retraiteront<br />

leurs eaux usées.<br />

Certaines communes choisissent <strong>de</strong>s solutions alternatives, comme La Chapelle avec <strong>du</strong> lagunage ou<br />

bien encore Ran<strong>de</strong>ns, qui a mis en place <strong>de</strong>ux mini-stations afin <strong>de</strong> retraiter les eaux usées <strong>du</strong> tiers <strong>de</strong><br />

la population, le reste étant en assainissement indivi<strong>du</strong>el (fosse septique).<br />

En effet, <strong>de</strong> nombreux foyers ne sont pas raccordés à un réseau collectif et possè<strong>de</strong>nt une fosse<br />

septique indivi<strong>du</strong>elle. Ces particuliers sont néanmoins à surveiller, les installations n’ayant pas<br />

toujours un bon fonctionnement. Il est primordial <strong>de</strong> contrôler les nouvelles constructions et <strong>de</strong> les<br />

obliger à se raccor<strong>de</strong>r à un réseau d’assainissement.<br />

En ce qui concerne les réseaux, 11 communes ont le leur en cours d’extension ou en cours <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>rnisation.<br />

Différentes actions ont été aidées par le biais <strong>du</strong> contrat <strong>de</strong> rivière Arc. Les <strong>de</strong>rnières élections<br />

municipales ayant quelque peu changé le paysage politique, <strong>de</strong>s projets ont été ralentis par rapport aux<br />

objectifs fixés par le contrat <strong>de</strong> rivière.<br />

101 Sources : INSEE, inventaire communal 1998, « Zoom sur les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> » 2002<br />

134


a. Les déchets : un problème <strong>du</strong> SIRTOMM<br />

En matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s déchets en <strong>Maurienne</strong>, c’est le Syndicat Intercommunal <strong>de</strong> Ramassage et <strong>de</strong><br />

Traitement <strong>de</strong>s Or<strong>du</strong>res Ménagères <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> (SIRTOMM) qui s’occupe, comme son nom<br />

l’indique, <strong>de</strong> tout ce qui touche aux or<strong>du</strong>res ménagères.<br />

61 communes sur 62 adhèrent au SIRTOMM (sauf Aiton adhérent <strong>du</strong> Syndicat d’Albertville), qui<br />

s’occupe <strong>de</strong> la gestion globale <strong>de</strong>s déchets ménagers pro<strong>du</strong>its par 18 000 foyers.<br />

Différentes politiques sont menées par le SIRTOMM, notamment en ce qui concerne la valorisation,<br />

le tri et le recyclage <strong>de</strong>s déchets ménagers. Dans ce cadre, il a engagé une vaste campagne <strong>de</strong><br />

communication en faveur <strong>du</strong> tri sélectif, par le biais d’une brochure d’information intitulée « le geste<br />

nature ». De nombreux points <strong>de</strong> collecte ont été mis en place sur tout le territoire afin d’encourager<br />

les personnes à trier leurs déchets.<br />

Pour l’instant, en ce qui concerne le traitement <strong>de</strong>s or<strong>du</strong>res ménagères <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong>, les déchets sont<br />

envoyés vers l’usine d’incinération <strong>de</strong> Chambéry (dont le SIRTOM est copropriétaire) qui possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

capacités <strong>de</strong> traitement thermique mais insuffisantes à moyen terme. La mise au norme <strong>de</strong> cette usine<br />

<strong>de</strong>vrait être effective en 2005.<br />

Le gisement d’or<strong>du</strong>res ménagères a été estimé à 19 642 tonnes en 2000 102 dont notamment :<br />

- 16 291 t d’or<strong>du</strong>res ménagères rési<strong>du</strong>elles,<br />

- 1 827 t <strong>de</strong> verres,<br />

- 87 t <strong>de</strong> verres en déchetterie,<br />

- 52 t <strong>de</strong> papiers et plastiques en déchetterie.<br />

En ce qui concerne le recyclage, <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> regroupement avec différents containers sont mis à la<br />

disposition <strong>de</strong>s habitants : le jaune pour les bouteilles plastiques, les boîtes métalliques, briques et<br />

cartonnettes, le bleu pour les journaux et magazines, le vert pour le verre.<br />

Le taux <strong>de</strong> collecte sélective en <strong>Maurienne</strong> est assez élevé, 17.1 %. La <strong>Maurienne</strong> est le quatrième<br />

secteur qui trie le plus en Savoie, le premier étant le secteur <strong>de</strong> Métropole Savoie avec un taux <strong>de</strong><br />

collecte sélective <strong>de</strong> 20.6 %.<br />

C’est ainsi qu’en 1999, 43 kg <strong>de</strong> verre, 1.7 kg <strong>de</strong> plastique, 7.2 kg <strong>de</strong> carton et 15 kg <strong>de</strong> papier par<br />

foyer ont pu être récoltés par le SIRTOMM.<br />

Ce sont les touristes qui recyclent le moins. Une campagne d’information a donc été lancée à leur<br />

égard et il a été <strong>de</strong>mandé à toutes les centrales <strong>de</strong> réservation d’équiper les logements dont elles ont la<br />

charge d’une plaquette d’information sur le tri sélectif.<br />

La pro<strong>du</strong>ction indivi<strong>du</strong>elle (en kg/hab./an) est passée <strong>de</strong> 443 à 482 <strong>de</strong> 1998 à 2000, avec un taux<br />

d’évolution moyen <strong>de</strong> + 4.3 % par an. Cette augmentation <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction indivi<strong>du</strong>elle est la plus<br />

importante <strong>du</strong> département <strong>de</strong> la Savoie dont la moyenne est <strong>de</strong> + 3 % par an sur la même pério<strong>de</strong>.<br />

Seul le secteur <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong> la Combe <strong>de</strong> Savoie nord connaît une baisse <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction indivi<strong>du</strong>elle<br />

(- 1.3 % par an <strong>de</strong>puis 1998).<br />

102 Source : SIRTOMM<br />

135<br />

IV. 2.3. La gestion <strong>de</strong>s déchets : un problème sur le long terme


Quinze déchetteries, avec <strong>de</strong>s mini-déchetteries (<strong>de</strong>ux bennes tels qu’à Saint-Léger ou Saint-Sorlind’Arves)<br />

se chargent <strong>de</strong> récupérer les plus gros déchets.<br />

Cependant aucune ne s’occupe <strong>du</strong> problème <strong>de</strong>s déchets verts : aucune plate-forme <strong>de</strong> compostage<br />

n’existe en <strong>Maurienne</strong>.<br />

Ces déchetteries sont, pour la plupart, en gestion communale et certaines par le SIRTOM mais toutes<br />

ne sont pas aux normes.<br />

L’exemple le plus frappant est représenté par la déchetterie <strong>de</strong> la Saussaz sur Saint-Michel-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong> : ce site, sur une ancienne décharge attenante à l’Arc, rejette ses déchets inertes dans la<br />

rivière, ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> système <strong>de</strong> sécurité pour ce qui concerne le stockage <strong>de</strong>s huiles et pots <strong>de</strong><br />

peinture, extrêmement polluant pour l’eau, ni pour les déchets végétaux.<br />

Sans compter que cette déchetterie, grosse verrue paysagère, est visible <strong>de</strong> la RN 6, <strong>de</strong> l’A 43 et <strong>de</strong> la<br />

ligne SNCF…<br />

b. Des difficultés à venir pour les boues <strong>de</strong> stations d’épuration<br />

Toute une politique <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong>s boues <strong>de</strong> stations d’épuration est menée en <strong>Maurienne</strong>, en<br />

collaboration avec la Société d’Economie Mixte agronomie-environnement.<br />

Les boues <strong>de</strong> stations d’épuration connaissent <strong>de</strong>s sorts différents. Les boues aptes à être<br />

épan<strong>du</strong>es, c’est à dire ne provenant pas <strong>de</strong> stations auxquelles sont reliées <strong>de</strong>s usines (pour <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> présence <strong>de</strong> métaux lourds) et après analyse, peuvent faire l’objet d’un recyclage<br />

agricole, servir à la revégétalisation <strong>de</strong> sites ou bien encore être compostées avec <strong>de</strong>s déchets verts. Les<br />

autres boues sont incinérées.<br />

Différents chantiers sont menés tous les ans pour ce qui concerne l’épandage hors- agriculture afin <strong>de</strong><br />

revégétaliser certains sites ou talus routiers. C’est ainsi que dans le cadre <strong>du</strong> chantier <strong>de</strong> l’autoroute<br />

A43, les boues ont servi à remettre une couche <strong>de</strong> matière organique sur les talus autoroutiers et les<br />

carrières, permettant ainsi une pousse possible <strong>de</strong> plantes. Les boues peuvent être déposées ou<br />

épan<strong>du</strong>es par projection sur les parois (grâce à un camion mis spécialement au point) en mélange avec<br />

<strong>de</strong>s graines d’espèces autochtones. D’autres opérations ont été menées avec succès sur les sites <strong>du</strong><br />

Mont-Cenis (opération qui a <strong>du</strong>ré 10 ans) ou sur le col <strong>du</strong> Galibier.<br />

Les boues d’épuration peuvent être épan<strong>du</strong>es sur les domaines skiables. De nombreux domaines étant<br />

gérés par <strong>de</strong>s régies communales, cela représente un débouché certain. Une opération <strong>de</strong> sensibilisation<br />

a été mise en place en collaboration avec la SEM agronomie-environnement.<br />

Les communes <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> essayent, pour un certain nombre d’entre elles, <strong>de</strong> se mettre aux normes.<br />

Il y aura donc une augmentation <strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> boues pro<strong>du</strong>ites qu’il faudra gérer, et ce, sur le court<br />

terme.<br />

La qualité environnementale <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est généralement bonne et l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs<br />

(collectivités, privés…) font <strong>de</strong>s efforts dans ce sens. Néanmoins, la vigilance est <strong>de</strong> mise<br />

concernant plus particulièrement la qualité <strong>de</strong> l’air liée à l’augmentation <strong>du</strong> trafic <strong>de</strong>s poids<br />

lourds, et celle <strong>du</strong> milieu aquatique dégradé par les installations hydroélectriques et <strong>de</strong><br />

protection contre les crues.<br />

136


IV. 3. Matières premières et énergies renouvelables<br />

Six carrières <strong>de</strong> plein air, installations classées soumises à déclaration, sont en activité sur la<br />

vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> :<br />

137<br />

IV. 3.1. Les carrières : une activité limitée 103<br />

- une à Saint-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines (sur éboulis)<br />

- une à Pontamafrey (éboulis)<br />

- <strong>de</strong>ux à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> (gypse et éboulis)<br />

- <strong>de</strong>ux à Saint-Martin-<strong>de</strong>-la-Porte (gypse et roche <strong>du</strong>re)<br />

- une à Sollières-Sardières (ardoise).<br />

Il existe également une carrière souterraine d’extraction d’ardoise à Saint-Colomban-<strong>de</strong>s-Villards, une<br />

autorisation <strong>de</strong> draguage-curage en eau (sur le lit <strong>de</strong> l’Arc) à Termignon. Une carrière sur roche <strong>du</strong>re<br />

est en cours <strong>de</strong> réhabilitation sur la commune <strong>de</strong> Modane.<br />

Chaque projet d’ouverture ou d’extension est précédé d’une enquête publique et d’une justification <strong>du</strong><br />

projet, <strong>de</strong>s capacités techniques et d’une garantie financière, pour être sûr, notamment, <strong>de</strong> la remise en<br />

état <strong>du</strong> site, qui doit être envisagée dès la conception <strong>du</strong> projet. Des étu<strong>de</strong>s géotechniques justifient à la<br />

fin <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s modifications apportées par l’exploitation <strong>de</strong> la carrière et, le cas échéant, <strong>de</strong>s<br />

solutions à mettre en œuvre (notamment pour éviter <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> glissements <strong>de</strong> terrain).<br />

Les carrières : une activité nécessaire mais également une importante rupture <strong>de</strong> l’harmonie paysagère<br />

103 Source : DRIRE


C’est dans cette optique que toutes les carrières <strong>de</strong> l’autoroute A43 ont été remises en état. La<br />

réhabilitation peut être <strong>de</strong> plusieurs types :<br />

138<br />

- un aménagement écologique surtout pour les carrières en eau (création <strong>de</strong><br />

hauts fonds, <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> repro<strong>du</strong>ction pour les batraciens) ex : plan d’eau <strong>du</strong><br />

Barouchat<br />

- <strong>de</strong>s aménagements paysagers, avec la revégétalisation <strong>de</strong>s parois (mise en<br />

place d’une couche d’humus permettant la pulvérisation <strong>de</strong> micro-graines)<br />

ou le patinage (pulvérisation <strong>de</strong> « colorants » ou mousses).<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’exploitation courante <strong>de</strong>s carrières, <strong>de</strong>s mesures ont été prises afin <strong>de</strong> diminuer les<br />

impacts <strong>de</strong> ces chantiers : l’arrosage <strong>de</strong>s pistes, l’exploitation après <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s pluvieux ou bien<br />

encore le capotage <strong>de</strong>s tapis <strong>de</strong> transport et <strong>de</strong>s installations.<br />

Différents problèmes sont inhérents aux carrières sur éboulis en <strong>Maurienne</strong>, notamment en ce qui<br />

concerne le coût <strong>de</strong>s transports, les nuisances et pollutions causées par le bruit et les poussières, les<br />

impacts paysagers forts et irréversibles. Il semblerait que la préférence se tourne actuellement sur les<br />

carrières en eau. Cette solution n’avait pas été choisie jusque là afin <strong>de</strong> protéger les nappes<br />

phréatiques.<br />

De plus, le manque <strong>de</strong> matériaux <strong>de</strong>vrait se faire sentir sur le long terme et <strong>de</strong>s divergences d’analyse<br />

existent entre la DIREN (pas <strong>de</strong> carrières en eau) et la DRIRE.<br />

C’est donc dans cet optique qu’un Schéma Départemental <strong>de</strong>s Carrières est en cours <strong>de</strong> rédaction, afin<br />

<strong>de</strong> poser les problèmes et les solutions à envisager sur le long terme.<br />

Un autre grand défi à relever pour la <strong>Maurienne</strong> est le chantier Lyon-Turin, qui <strong>de</strong>vrait extraire 4<br />

millions <strong>de</strong> m 3 <strong>de</strong> déchets valorisables sur une pério<strong>de</strong> d’une dizaine d’années. Pour comparaison, la<br />

pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la Savoie toute entière est <strong>de</strong> 3 millions <strong>de</strong> m 3 par an .<br />

IV. 3.2. Les politiques en matière d’énergies renouvelables<br />

a. Une énergie inépuisable<br />

Le Conseil Général <strong>de</strong> la Savoie fait une large promotion <strong>de</strong>s énergies renouvelables,<br />

notamment <strong>de</strong> l’énergie solaire, la petite hydraulique et le chauffage au bois 104 . La Savoie se<br />

positionne, au plan national, comme département pilote pour les énergies renouvelables. 105<br />

Depuis 20 ans, l’ASDER (Association Savoyar<strong>de</strong> pour le Développement <strong>de</strong>s Energies Renouvelables)<br />

mène <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> sensibilisation quant aux techniques applicables autant à l’habitat indivi<strong>du</strong>el<br />

qu’aux bâtiments publics et aux sites isolés en montagne (refuges, chalets etc.) mais peu <strong>de</strong> données<br />

existent sur la <strong>Maurienne</strong>.<br />

104 La Savoie 2001, Conseil Général <strong>de</strong> la Savoie<br />

105 Les éco-in<strong>du</strong>stries Agence économique <strong>de</strong> la Savoie


En Savoie, le taux d’équipement <strong>de</strong>s maisons indivi<strong>du</strong>elles en chauffage solaire est le plus important<br />

<strong>de</strong> France (dix fois plus que la moyenne française).<br />

L’énergie solaire se développe bien grâce au plan SOLEIL mené par l’ADEME, les Conseils <strong>Région</strong>al<br />

et Général. Cela permet d’ai<strong>de</strong>r la mise en place <strong>de</strong> panneaux solaires et <strong>de</strong> chauffe-eau solaires.<br />

La filière bois représente une opportunité importante, les ressources sont peu exploitées et le potentiel<br />

<strong>de</strong> bois sur pied reste considérable. Différents autres atouts peuvent être valorisés sur le territoire <strong>de</strong> la<br />

<strong>Maurienne</strong>. Sur le canton <strong>de</strong> La Chambre, <strong>de</strong>ux chaufferies-bois ont été installées : une à Saint-<br />

Etienne-<strong>de</strong>-Cuines et une à Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Cuines 106 . Ces chaufferies permettent d’alimenter une<br />

gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s bâtiments et logements publics. Celle <strong>de</strong> Saint-Etienne-<strong>de</strong>-Cuines utilise <strong>de</strong>s déchets<br />

<strong>de</strong> scierie et celle <strong>de</strong> Sainte-Marie-<strong>de</strong>-Cuines <strong>du</strong> bois <strong>de</strong> rebut.<br />

Cependant, le coût <strong>du</strong> bois reste élevé, notamment en raison <strong>de</strong>s difficultés d’exploitation et <strong>du</strong><br />

débardage dans <strong>de</strong>s zones escarpées qui entraîne <strong>de</strong>s surcoûts.<br />

b. Hydroélectricité et sécurité<br />

La <strong>Maurienne</strong> possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> nombreuses installations hydroélectriques. La plupart <strong>de</strong>s cours d’eau<br />

sont ainsi captés.<br />

Le Groupement d’Exploitation Hydroélectrique (GEH) gère toutes les installations,<br />

principalement les centrales distantes <strong>de</strong>s barrages, l’eau y étant amenée par <strong>de</strong>s con<strong>du</strong>ites (jusqu’à<br />

5 m <strong>de</strong> diamètre). La pro<strong>du</strong>ction se fait principalement pendant les pointes <strong>de</strong> consommation et est<br />

télécommandée <strong>de</strong>puis Lyon. La plupart <strong>de</strong>s installations sont anciennes, le <strong>de</strong>rnier aménagement date<br />

<strong>de</strong> 1987 avec Super Bissorte.<br />

L’énergie hydroélectrique est un gros pourvoyeur <strong>de</strong> finances publiques : elle rapporte aux communes<br />

<strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong> près <strong>de</strong> 38 millions d’Euros (soit 250 millions <strong>de</strong> francs), via les différentes<br />

taxes.<br />

En ce qui concerne les lâchers d’eau, <strong>de</strong>ux types d’ouvrages existent :<br />

- les automatiques, ouverture par un système <strong>de</strong> vannes et <strong>de</strong> pression d’eau,<br />

- les manuels, avec un opérateur.<br />

Les lâchers d’eau automatiques ne sont pas contrôlables, c’est le volume d’eau et d’embâcle qui<br />

déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong>s vannes. Cependant, les quantités d’eau ne sont pas importantes, le risque<br />

est limité sur la première centaine <strong>de</strong> mètres. Une signalétique a été mise en place et suffit à éviter tous<br />

les risques.<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong>s lâchers effectués par <strong>de</strong>s opérateurs, l’eau est libérée progressivement, par paliers,<br />

avec une vague d’alerte <strong>de</strong> 10 m 3 /s pendant 45 min, vague suffisante pour être vue et permettre aux<br />

personnes <strong>de</strong> quitter sans risque le lit <strong>de</strong> la rivière.<br />

Le GEH et EDF mettent en place <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> communication par <strong>de</strong>s informations dans <strong>de</strong>s<br />

journaux ou par panneaux sur les sites. Du personnel est aussi recruté en été afin <strong>de</strong> sensibiliser le<br />

grand public. Certains sites, plus dangereux, sont dotés <strong>de</strong> panneaux clignotants afin <strong>de</strong> prévenir tout<br />

acci<strong>de</strong>nt.<br />

106 <strong>Diagnostic</strong> <strong>de</strong> territoire <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> la Chambre, rapport <strong>de</strong> synthèse, mars 2001<br />

139


D’autres sites voient leur accès interdit une fois par semaine : c’est le cas <strong>de</strong> l’Ecot, propice au<br />

canyoning, dont la pratique n’est autorisée que six jours dans la semaine (sauf le jeudi). Certains sont<br />

interdit toute l’année par arrêté municipal. Tel est le cas <strong>de</strong> Saint-Martin-<strong>de</strong>-la-Porte.<br />

Les énergies renouvelables sont <strong>de</strong> plus en plus utilisées en France et font l’objet <strong>de</strong> politiques<br />

spécifiques. La filière bois peut constituer une voie intéressante en <strong>Maurienne</strong> pour la<br />

pro<strong>du</strong>ction d’énergie renouvelable et permettrait <strong>de</strong> proposer une alternative à l’écoulement <strong>de</strong>s<br />

bois.<br />

140


IV. 4. Cadre <strong>de</strong> vie, nuisances et risques<br />

a. La nature génératrice <strong>de</strong> risques …<br />

La <strong>Maurienne</strong> est particulièrement affectée par les risques naturels : 39 communes sont soumises au<br />

risque inondation, 17 au risque avalanche et 46 au risque mouvement <strong>de</strong> terrain. Ce n’est pas moins<br />

<strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> qui sont soumises à au moins l’un <strong>de</strong> ces trois risques<br />

naturels.<br />

Il existe aussi un risque sismique pour toutes les communes mais celui-ci est considéré comme faible à<br />

très faible.<br />

La nature peut causer <strong>de</strong> sérieux dommages à l’homme :<br />

- 20 janvier 1981 : 182 avalanches dans les <strong>Alpes</strong> <strong>du</strong> Nord font 2 morts, 120 maisons,<br />

granges ou chalets partiellement ou totalement détruits en Isère et en Savoie ;<br />

- 24 août 1987, le torrent <strong>de</strong> Saint-Antoine, pourtant « corrigé » <strong>de</strong>puis 80 ans<br />

envahit la ville <strong>de</strong> Modane, causant <strong>de</strong> sérieux dommages aux constructions.<br />

Mais ces <strong>de</strong>ux catastrophes ne sont qu’un exemple parmi d’autres.<br />

141<br />

IV. 4.1. La vie en montagne : le risque accepté<br />

Crues récentes <strong>de</strong> l’Arc faisant référence :<br />

Débit <strong>de</strong> pointe Volume écoulé au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />

200 m 3 /s<br />

Juin 1957 600 à 700 m 3 /s 11 100 000 m 3<br />

Septembre 1993 500 m 3 /s 3 150 000 m 3<br />

14-15 octobre 2000 450 m 3 /s 13 300 000 m 3<br />

C’est le service RTM <strong>de</strong> l’ONF qui s’occupe d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s chantiers <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s<br />

risques naturels. La Protection Civile joue, elle-aussi, un rôle important en matière <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s<br />

risques.<br />

Les actions à mener pour prévenir les risques naturels sont <strong>de</strong> diverses natures :<br />

- installation <strong>de</strong> râteliers et reboisement pour empêcher le départ d’avalanches,<br />

- correction <strong>de</strong> torrents par reverdissement et construction <strong>de</strong> barrages et seuils,<br />

- drainage <strong>de</strong>s terrains glissants,<br />

- filets pare-pierres, etc.<br />

Les chantiers sont souvent importants et dépassent pour un certain nombre les 50 000 € (330 000 F). Il<br />

est même parfois indispensable d’utiliser <strong>de</strong>s hélicoptères dont le coût horaire s’élève à 6 600 € HT<br />

(43 300 F pour un Super Puma), 1200 € HT (7 900 F) pour le plus petit qui ne peut transporter que 700<br />

kg 107 …<br />

107 Source : service RTM, avril 2002


Pour essayer <strong>de</strong> prévenir les risques ont été mis en place <strong>de</strong>puis 1995 <strong>de</strong>s Plans <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s<br />

Risques Naturels (PPRN) qui sont <strong>de</strong>s documents opposables aux tiers, soumis à enquête publique et<br />

annexé au PLU.<br />

Ces cartes <strong>de</strong>s risques naturels apportent aux déci<strong>de</strong>urs, mais également aux habitants et aux usagers<br />

<strong>de</strong> la montagne, les informations nécessaires à leur sécurité car prévenir, c’est aussi prévoir et localiser<br />

le risque.<br />

En <strong>Maurienne</strong>, quelques PPRN sont déjà terminés et approuvés (à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> par<br />

exemple), mais la plupart sont actuellement en cours d’écriture ou <strong>de</strong> révision (transformation <strong>de</strong>s<br />

anciens Plan d’Exposition aux Risques).<br />

142


143<br />

Carte n° 20 : Les risques naturels en <strong>Maurienne</strong>, les communes concernées


. … ainsi que l’in<strong>du</strong>strie 108<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est une vallée au passé in<strong>du</strong>striel important. De ce fait, <strong>de</strong>s in<strong>du</strong>stries<br />

chimiques et métallurgiques subsistent dans la vallée.<br />

Quatre pôles in<strong>du</strong>striels ont encore une importance significative à Epierre, La Chambre, Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong> et Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Six entreprises sont classées au titre <strong>de</strong> la directive SEVESO. A ce titre, <strong>de</strong>ux zones ont été<br />

définies : la Zone I, mortelle (ZI) et la Zone II, à effets irréversibles (ZII).<br />

144<br />

Tableau <strong>de</strong>s entreprises présentant un risque particulier<br />

Entreprises Commune Classe<br />

Plan <strong>de</strong><br />

Plan Particulier<br />

Secours Objet<br />

d'Intervention<br />

Spécialisés<br />

Risques<br />

Air Pro<strong>du</strong>ct Aiguebelle Seveso 2 bas 07.01.2000<br />

Gaz rares<br />

toxiques<br />

et Explosion,<br />

incendie<br />

Atofina Epierre Seveso 2 haut 05.11.2001 Phosphore<br />

Pro<strong>du</strong>its<br />

Fumées toxiques<br />

Atofina La Chambre Seveso 2 haut 05.12.1991<br />

chimiques<br />

ammoniac<br />

dont Pollution<br />

Blue System La Chambre Seveso 2 haut Pro<strong>du</strong>its chlorés Explosion,<br />

Incendie<br />

Pack System La Chambre Seveso 2 haut Pro<strong>du</strong>its chlorés Explosion,<br />

09.11.2000<br />

Incendie<br />

Prophym La Chambre Non classé Seveso<br />

Phytosanitaire Fumées toxiques<br />

Poudres<br />

Hemillon<br />

Hermillon Non classé Seveso 28.12.2001 Poudre<br />

d'aluminium<br />

Explosion,<br />

Incendie<br />

Pechiney<br />

Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong><br />

Seveso 2 haut 17.07.1995 stockage d'aci<strong>de</strong> Explosion,<br />

Incendie<br />

A la suite <strong>de</strong> la catastrophe <strong>de</strong> Toulouse, les mesures <strong>de</strong> sécurité ont été renforcées. La Zone I <strong>de</strong>vient<br />

inconstructible, et les conditions pour construire dans la Zone II (Coefficient <strong>de</strong>s sols <strong>de</strong> 0.1 et parcelle<br />

> 1500 m²) se compliquent. Dans les zones <strong>du</strong> Plan Particulier d’Intervention, la sécurité civile peut<br />

ordonner <strong>de</strong>s mesures et <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> construction comme une pièce <strong>de</strong> confinement (lotissement<br />

<strong>de</strong> Saint-Avre).<br />

Exemple <strong>de</strong> recommandations pour aménager ou construire un local <strong>de</strong> confinement 109 :<br />

108 DRIRE<br />

109 Source : Préfecture <strong>de</strong> Savoie<br />

- choisir un local ne comportant qu’une seule porte<br />

- considérer le nombre d’habitants égal au type d’appartement plus un (exemple : 5<br />

personnes pour un appartement <strong>de</strong> type T4)<br />

- surface recommandée à prévoir : 1. 5 m² par habitant, hors meuble et un volume <strong>de</strong><br />

3. 6m 3 par hab.<br />

- contact avec l’extérieur le plus faible possible, pas ou peu d’ouvertures<br />

- éviter les locaux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> hauteur sous-plafond<br />

- proscrire les appareils <strong>de</strong> combustion et les con<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cheminée


145<br />

- au moins une prise <strong>de</strong> courant, un point lumineux, un point d’eau ( ou à défaut <strong>de</strong>s<br />

bouteilles)<br />

- un minimum <strong>de</strong> matériel : <strong>du</strong> ruban adhésif, <strong>du</strong> linge, un poste <strong>de</strong> radio autonome,<br />

une lampe <strong>de</strong> poche et les fiches <strong>de</strong> consignes.<br />

Des actions <strong>de</strong> sensibilisation et d’information <strong>de</strong> la population concernée par ces usines ont été<br />

menées afin <strong>de</strong> sécuriser les habitants. Des simulations et <strong>de</strong>s exercices d’alerte complètent<br />

efficacement ce dispositif (sirène d’alarme, consigne <strong>de</strong> confinement, information spéciale <strong>de</strong>s<br />

professeurs <strong>de</strong>s écoles, …).<br />

Dans les <strong>de</strong>ux zones proches <strong>de</strong>s usines, un double avis <strong>de</strong> la DDE et <strong>de</strong> la DRIRE est maintenant<br />

nécessaire pour pouvoir obtenir un permis <strong>de</strong> construire ou un quelconque projet <strong>de</strong> modification.<br />

a. Le bruit<br />

IV.4.3. Un cadre <strong>de</strong> vie agréable<br />

Le bruit, notamment celui généré par le trafic et les infrastructures <strong>de</strong> transports, est un réel problème<br />

environnemental : 37 % <strong>de</strong>s français considèrent que le bruit est une source <strong>de</strong> stress. Sont considérés<br />

comme bruit, tous les sons qui apparaissent comme indésirables ou qui provoquent une sensation<br />

désagréable 110 .<br />

L’Organisation Mondiale <strong>de</strong> la Santé souligne que le bruit constitue un risque pour la santé, en<br />

particulier dans <strong>de</strong>s situations d’exposition à <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> bruit élevé. Il affecte :<br />

- le bien-être physique et psychique, plus globalement la santé <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s,<br />

- les activités et la communication parlée (il est facteur d’une agressivité accrue et<br />

d’une baisse <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s à l’égard d’autrui).<br />

Le bruit ne doit donc pas être considéré comme un problème minime, dont les conséquences sont<br />

négligeables.<br />

28 communes en <strong>Maurienne</strong> sont traversées par <strong>de</strong>s axes routiers ou SNCF bruyants et 6 sont<br />

concernées par <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nuisances.<br />

La loi sur le bruit <strong>du</strong> 31 décembre 1992 a proclamé le droit au calme pour toute la population. Elle a<br />

placé le maire au cœur <strong>de</strong> l’action publique à mener face au bruit.<br />

Le PLU peut interdire la construction le long d’équipements bruyants, contenir <strong>de</strong>s plans d’exposition<br />

au bruit, et peut conditionner l’obtention <strong>de</strong> permis <strong>de</strong> construire au respect <strong>de</strong> contraintes techniques.<br />

En 1999, une première étu<strong>de</strong> bruit a été réalisée sur la <strong>Maurienne</strong>. Celle-ci a permis d’i<strong>de</strong>ntifier sept<br />

points noirs : Aiguebelle, Epierre, Pontamafrey, Le Freney, Fourneaux, Ran<strong>de</strong>ns et Modane. Un<br />

comité <strong>de</strong> suivi a été mis en place. Des étu<strong>de</strong>s complémentaires sont en cours, financées par RFF :<br />

- Aiguebelle, Ran<strong>de</strong>ns et Epierre sont finalisées<br />

- Le Freney et Pontamafrey sont en cours <strong>de</strong> validation<br />

- Fourneaux et Modane sont en cours <strong>de</strong> mesures<br />

110 Source : Jacques Lambert, Directeur <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’INRETS, le bruit <strong>de</strong>s transports en Europe, 2001


146<br />

- Aiton et Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> seront traitées avant la fin <strong>de</strong> l’année.<br />

Suite à ces travaux, <strong>de</strong>s prescriptions seront établies mais <strong>de</strong>s crédits sont déjà disponibles pour la<br />

réalisation d’une OPAH thématique bruit portée par le SPM et d’autres seront mobilisés pour<br />

l’installation <strong>de</strong> murs anti-bruit (50% <strong>de</strong> l’Etat, le reste par les collectivités locales et éventuellement<br />

l’Europe).<br />

Sur le Lyon-Turin, le comité bruit <strong>de</strong>vra travailler en concertation avec RFF lorsque le linéaire <strong>du</strong> tracé<br />

définitif sera connu. Seront principalement concernés les cantons <strong>de</strong> La Chambre et <strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-<br />

<strong>Maurienne</strong>.<br />

b. Le paysage : une harmonie entre l’homme et la nature<br />

« LA NATURE PROPOSE…<br />

Dans la vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>, le paysage joue, comme dans tous les milieux montagnards, un<br />

rôle primordial. Le champ visuel est presque entièrement occupé et la diversité <strong>du</strong> paysage visible est<br />

plus importante qu’en plaine.<br />

Glissements et érosions <strong>de</strong> terrain peuvent fortement modifier la physionomie <strong>de</strong> la vallée. De même,<br />

autrefois, <strong>de</strong>s crues torrentielles l’ont structurée.<br />

Les éléments forts <strong>du</strong> relief (crêtes, cônes <strong>de</strong> déjection, falaises, sommets, plateaux) façonnent, attirent<br />

et orientent les visions <strong>de</strong> l’espace.<br />

De plus, la couleur, le caractère <strong>de</strong> l’espace (ouvert ou fermé), liés à la végétation, donnent une<br />

atmosphère aux lieux.<br />

Sur ce relief, se greffent <strong>de</strong>s équipements humains plus ou moins bien intégrés au paysage, et dont la<br />

multiplicité aboutit à une perte <strong>de</strong> lisibilité <strong>de</strong> celui-ci.<br />

B. … ET L’HOMME DISPOSE » 111<br />

La vallée <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> dévoile aux visiteurs et à ses habitants une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> paysages, en raison<br />

<strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s différents phénomènes naturels mais aussi <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> l’homme.<br />

De la végétation originelle à l’exploitation agricole et forestière<br />

La forêt, composée <strong>de</strong> feuillus et <strong>de</strong> conifères, offre <strong>de</strong>s ambiances différentes selon les saisons. C’est<br />

une composante essentielle <strong>du</strong> paysage mauriennais, aussi lui donne-t-elle un aspect <strong>de</strong> « nature<br />

sauvage ». Elle subit par endroits une exploitation intensive : <strong>de</strong>s coupes « à blanc » en cassent<br />

l’ homogénéité visuelle.<br />

L’homme <strong>de</strong>puis toujours a défriché la forêt à <strong>de</strong>s fins d’exploitation agricole. Ainsi le paysage<br />

forestier est-il mité <strong>de</strong> zone <strong>de</strong> prairies.<br />

L’agriculture <strong>de</strong> versant est omniprésente dans la vallée autour <strong>de</strong>s hameaux et villages. Elle joue un<br />

grand rôle pour un paysage riche en contrastes et en couleurs, avec <strong>de</strong>s vignes, <strong>de</strong>s jardins, <strong>de</strong>s vergers,<br />

<strong>de</strong>s prairies et <strong>de</strong>s alpages. Mais cette mosaïque d’espaces cultivés et naturels disparaît à cause <strong>de</strong>s<br />

pressions liées à l’urbanisme et à la déprise agricole.<br />

L’agriculture <strong>de</strong> plaine, qui tient également une place très importante dans le paysage, n’est présente<br />

qu’en Basse-<strong>Maurienne</strong> avec <strong>de</strong>s cultures, <strong>de</strong>s fourrages et <strong>de</strong>s vergers.<br />

111 Dixit Vidal <strong>de</strong> la Blache


Les surfaces agricoles diminuent au profit <strong>de</strong>s zones d’activités, d’habitat, <strong>de</strong>s stations touristiques. La<br />

présence d’infrastructures <strong>de</strong> transports contribue également au morcellement <strong>de</strong> la surface.<br />

Ces espaces ouvrent pourtant <strong>de</strong>s perspectives plus gran<strong>de</strong>s sur le paysage. Leur disparition génère<br />

donc une perte <strong>de</strong> contrastes intéressants au niveau <strong>de</strong>s couleurs et <strong>de</strong>s volumes.<br />

Afin <strong>de</strong> préserver la diversité <strong>de</strong> ces paysages, <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> protection 112 ont été prises.<br />

Le territoire compte 4 sites classés dont 3 à Bonneval-sur-Arc, commune <strong>du</strong> Parc National <strong>de</strong> La<br />

Vanoise et 27 sites inscrits dont 17 à Valloire. Lacs, cols, hameaux, glaciers d’exception constituent le<br />

paysage <strong>de</strong> ces sites. Seuls les sommets <strong>de</strong> la zone centrale <strong>du</strong> parc <strong>de</strong> la Vanoise sont strictement<br />

protégés <strong>de</strong> l’activité humaine.<br />

Le département <strong>de</strong> la Savoie, dans sa politique <strong>de</strong> grands sites, a i<strong>de</strong>ntifié en <strong>Maurienne</strong> trois sites<br />

d’exception, qui ont fait l’objet d’actions <strong>de</strong> valorisation :<br />

- le col <strong>du</strong> Mont-Cenis<br />

- les forts <strong>de</strong> l’Esseillon<br />

- le col <strong>du</strong> Galibier.<br />

La ville et les villages : une <strong>de</strong>s composantes <strong>du</strong> paysage<br />

147<br />

Un bâti traditionnel qui gui<strong>de</strong> notre regard<br />

Dans les villages et stations-villages, l’architecture reste traditionnelle. Les maisons sont, pour <strong>de</strong>s<br />

raisons liées aux risques naturels, construites avec <strong>de</strong>s matériaux locaux, comme le bois, le galet,<br />

l’ardoise, le tuf, la lauze. Ce type <strong>de</strong> constructions permet <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r une certaine homogénéité <strong>du</strong> tissu<br />

et <strong>de</strong> conserver le charme <strong>de</strong>s villages. Ils se fon<strong>de</strong>nt ainsi naturellement dans le paysage.<br />

Cependant nombre <strong>de</strong> ces maisons ne sont plus entretenues <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la vacance qui est très répan<strong>du</strong>e.<br />

De plus, le prix <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its locaux est plus élevé que celui <strong>de</strong>s matériaux mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong> construction.<br />

La restauration <strong>de</strong> ces maisons <strong>de</strong>vient dès lors difficile.<br />

Le patrimoine bâti est comme le paysage, un témoin <strong>de</strong>s temps jadis. Il donne une image historique au<br />

paysage, et constitue un point d’attraction et d’orientation.<br />

112 cf. liste <strong>de</strong>s sites classés et inscrits source Service Départemental <strong>de</strong> l’Architecture et <strong>du</strong> Patrimoine


Maison traditionnelle <strong>de</strong> la Moyenne <strong>Maurienne</strong> (schéma gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>)<br />

148<br />

Maisons<br />

traditionnelles <strong>de</strong> Haute-<strong>Maurienne</strong> (à droite, <strong>de</strong> Lanslebourg et ci-<strong>de</strong>ssus<br />

Bonneval-sur-Arc) (schéma PNV)<br />

La <strong>Maurienne</strong> est riche en patrimoine religieux et militaire : elle possè<strong>de</strong> 29 monuments classés et 70<br />

inscrits à l’inventaire <strong>de</strong>s Monuments historiques 113 . De plus, <strong>de</strong>ux ZPPAUP sont en cours à Bessans<br />

et Bonneval-sur-Arc.<br />

On note la présence d’une cathédrale à Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>, <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trente cinq chapelles et<br />

dix-huit oratoires, inscrits ou classés. Les chapelles ont <strong>de</strong> tous temps constitué <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> repères<br />

qui ont guidé les voyageurs à travers les montagnes. Le diocèse <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> ne compte pas moins<br />

<strong>de</strong> 250 chapelles. 114<br />

Le patrimoine militaire tel que l’ensemble <strong>de</strong>s forts <strong>de</strong> l’Esseillon parfaitement intégré dans le paysage<br />

rocheux qui l’entoure, est également un élément distinctif <strong>du</strong> paysage <strong>de</strong> la Haute-<strong>Maurienne</strong>.<br />

Les infrastructures et les zones urbaines : une déchirure dans le paysage<br />

Les infrastructures nécessaires à la vie mo<strong>de</strong>rne se fon<strong>de</strong>nt difficilement dans le paysage naturel. Tout<br />

développement urbain est souvent facteur <strong>de</strong> pollution visuelle. L’enjeu consiste à mieux l’intégrer.<br />

113<br />

Cf. liste <strong>de</strong>s Monuments historiques <strong>de</strong> <strong>Maurienne</strong><br />

source : service Départemental <strong>de</strong> l’Architecture et <strong>du</strong> Patrimoine<br />

114 Source : Savoie, gui<strong>de</strong> Gallimard, 2002


L’A 43, la RN 6, la voie ferrée, l’Arc et la future ligne <strong>de</strong> TGV constituent une concentration <strong>de</strong><br />

linéaires, qui coupent la vallée en <strong>de</strong>ux, en suivant la configuration <strong>du</strong> fond <strong>de</strong> vallée.<br />

Suivant la forte in<strong>du</strong>strialisation, <strong>de</strong>s zones d’activités peu esthétiques ou avec un front visuel négatif<br />

sont localisées en fond <strong>de</strong> vallée, et sont sources <strong>de</strong> pollution visuelle.<br />

De même, les carrières contrastent avec l’ensemble <strong>du</strong> paysage, et causent un déséquilibre visuel<br />

important.<br />

Les lignes à haute tension génèrent également <strong>de</strong>s problèmes visuels. Elles défigurent le paysage, car<br />

leur implantation est mal adaptée au relief. Il en est <strong>de</strong> même pour certaines remontées mécaniques,<br />

qui font l’objet <strong>de</strong> fortes discussions lors <strong>de</strong> leur installation.<br />

Le tracé <strong>de</strong> ces remontées mécaniques, rectiligne, situé dans le domaine forestier est nettement plus<br />

visible qu’ailleurs : il rompt la continuité <strong>de</strong> l’espace forestier. Mais il se confond aussi avec les<br />

prairies et les espaces non boisés. C’est pourquoi on a souvent l’impression qu’il s’intègre bien dans le<br />

paysage.<br />

Les pistes <strong>de</strong> ski <strong>de</strong>s alpages posent moins <strong>de</strong> problèmes d’intégration, les arbres y étant naturellement<br />

absents. Seuls les piliers <strong>de</strong>s remontées mécaniques peuvent constituer une gêne visuelle.<br />

Ces infrastructures focalisent notre regard et dénaturent la vision d’ensemble <strong>du</strong> paysage. Cependant,<br />

les travaux <strong>de</strong> l’autoroute ont contribué à améliorer l’image <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong>. Ils ont fait l’objet d’une<br />

attention particulière pour une meilleure intégration dans le paysage. Nombre <strong>de</strong> points noirs ont<br />

notamment été éliminés (<strong>de</strong>struction <strong>de</strong> friches in<strong>du</strong>strielles, réhabilitation <strong>de</strong> carrières, enterrement <strong>de</strong><br />

lignes EDF).<br />

Les villages et les villes sont <strong>de</strong>s points d’appel pour les observateurs et ont une gran<strong>de</strong> influence sur le<br />

paysage.<br />

Les zones fortement urbanisées s’intègrent difficilement dans leur environnement, spécialement pour<br />

<strong>de</strong>s observateurs ayant une vision plongeante. Elles dégagent, pour quelques unes, peu d’harmonie<br />

visuelle. De plus, l’urbanisation a tendance à se diffuser, ce qui cause une perte <strong>de</strong> lisibilité. Si dans la<br />

plupart <strong>de</strong>s cas, dans les villages, l’architecture bâtie est bien intégrée dans le cadre naturel, un contreexemple<br />

est constitué par les stations créées sur <strong>de</strong>s terrains vierges avec <strong>de</strong>s ensembles urbanisés très<br />

concentrés (ex : le Corbier).<br />

L’architecture <strong>de</strong>s villes est peu typique, et rarement pensée par rapport à son intégration dans le<br />

paysage ; les quelques maisons traditionnelles qui y sont construites sont souvent disposées <strong>de</strong> manière<br />

alternative avec <strong>de</strong>s maisons et immeubles à l’architecture mo<strong>de</strong>rne.<br />

Tous ces éléments, naturels ou façonnés par l’homme, structurent le paysage <strong>de</strong> la vallée et lui donnent<br />

une certaine unité. Mais, si l’on survole la <strong>Maurienne</strong>, en l’examinant avec précision, trois grands<br />

ensembles aux nuances propres se démarquent les uns <strong>de</strong>s autres.<br />

149<br />

Vue aérienne <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> : trois zones géographiques distinctes<br />

La vallée se divise en trois gran<strong>de</strong>s parties : la Basse, Moyenne et Haute-<strong>Maurienne</strong>.<br />

L’Axe nord-sud <strong>de</strong> la Basse-<strong>Maurienne</strong> est composé d’une succession <strong>de</strong> larges ombilics (cinq à<br />

Aiguebelle, Epierre, etc.) qui sont séparés par <strong>de</strong>s verrous glaciaires. On constate la présence <strong>de</strong><br />

nombreux cônes <strong>de</strong> déjection qui forment <strong>de</strong>s pentes plus douces que dans le reste <strong>de</strong> la vallée. Ces<br />

pentes sont occupées par l’habitat et l’activité agricole (ex : vignes). On retrouve également un<br />

paysage <strong>de</strong> type agricole (polyculture et élevage) en fond <strong>de</strong> vallée et sur le coteau d’Aiton, le balcon


<strong>de</strong>s Hurtières et <strong>de</strong>s Chavannes. L’espace urbanisé caractérise le fond <strong>de</strong> vallée et se disperse sur le<br />

plateau <strong>de</strong> Hurtières.<br />

Les rives <strong>de</strong> l’Arc sont bordées <strong>de</strong> boisements ripicoles et les versants sont souvent couverts <strong>de</strong> vastes<br />

forêts <strong>de</strong> feuillus puis <strong>de</strong> résineux en altitu<strong>de</strong>.<br />

La Moyenne-<strong>Maurienne</strong> a une structure géologique complexe <strong>de</strong> massifs alpins internes. En fond <strong>de</strong><br />

vallée, trois pôles urbains marqués par l’in<strong>du</strong>strialisation jouent un rôle important dans la<br />

composition <strong>du</strong> paysage : La Chambre, Saint-Jean-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong>.<br />

D’une manière générale, le paysage est fortement altéré par les aménagements <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallée, que<br />

dominent quelques hameaux perchés sur les balcons <strong>du</strong> versant sud. Les versants, quant à eux, sont<br />

marqués par un développement touristique.<br />

Dans la partie entre Saint-Michel-<strong>de</strong>-<strong>Maurienne</strong> et Modane et dans la Haute-<strong>Maurienne</strong>, la vallée est<br />

étroite, dominée par <strong>de</strong>s adrets agricoles et <strong>de</strong>s petits villages posés sur les replats. Les ubacs sont<br />

plutôt couverts <strong>de</strong> forêts. Derrière la ville <strong>de</strong> Modane qui a une influence non négligeable sur le<br />

paysage, commence une auge glaciale, «le berceau mauriennais », qui est caractérisée par ses<br />

nombreux vallons et ses larges entités aux pentes douces délimitées par les effets <strong>de</strong> seuil.<br />

Le patrimoine naturel et culturel <strong>de</strong> la <strong>Maurienne</strong> est riche et participe à la variété <strong>de</strong>s paysages.<br />

150

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