TFE teinturier - Infirmiers.com
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La notion de demande est plus <strong>com</strong>plexe car elle implique un espace d'échange, un<br />
cadre relationnel. A première vue, derrière la demande se terre un besoin, à partir du<br />
quel l'automaticité de la réponse peut masquer quelque chose de plus vaste, ce que<br />
Lacan exprime sous la forme de demande manifeste et demande latente. Ainsi, face à un<br />
besoin, la satisfaction ou l’insatisfaction ne constituent pas la réponse, au contraire<br />
d'être allé ou pas à sa rencontre, d'originer un échange. Toujours selon ce psychanalyste,<br />
l'appel adressé à son prochain, appel de satisfaction des besoins n'est autre qu'une<br />
demande d'amour, formulée par un «aimez-moi puisque je ne peux m’aimer moimême<br />
22 ». D'après Winnicott, il convient que cette réponse soit la plus adéquate possible<br />
(suffisamment bonne) au risque de freiner ou modifier l'investissement du monde. Il<br />
n'est pas aisé pour un soignant de décoder la demande et de ne pas être dans la<br />
promptitude de la réponse, d'être un soignant suffisamment bon, d'autant plus qu'en<br />
<strong>com</strong>blant parfois un besoin avec empressement, nous passons à côté de l'ébauche d'un<br />
désir.<br />
Quant au désir, il «englobe les aspirations (terme qui manifeste la dimension spirituelle<br />
de l'homme dans son élan vital vers un au-delà de lui même), les émotions, les<br />
fantasmes inconscients qui habitent chaque être 23 ». Alors l'être humain est un être en<br />
devenir, en croissance jusqu'au terme de sa vie, et si <strong>com</strong>me Winnicott l'affirme «le<br />
désir [...] s'étaye sur la réponse au besoin 24 » alors effectivement un panel de besoins<br />
doivent trouver réponses adéquates dans l'interaction, la relation, et ouvrir la voie à la<br />
demande d'amour, d'aide, de réassurance, celle qui est latente et proche de la réalisation<br />
des désirs et de la maturation de soi. J'aimerai citer à ce propos une étude réalisée par<br />
Frankl dans une unité de soins palliatifs :<br />
[Il] a montré que si l'on demande aux patients à leur entrée de citer dix<br />
symptômes qu'ils espèrent voir soulagés, huit sont physiques et les autres<br />
sont psychologiques et sociaux. Après six nouveaux jours, les problèmes<br />
physiques sont rarement mentionnés, par contre la liste inclura à coup sûr<br />
des préoccupations spirituelles 25 .<br />
Cicely Saunders insiste sur la possibilité que la recherche du vrai et du précieux<br />
rencontrée par un patient en fin de vie peut faire émerger le sentiment d'être indigne ou<br />
incapable d'y accéder selon le sens ou le non sens que ce dernier donne à son état.<br />
Kübler Ross montre que «c'est vers le spirituel qu'il cherche une réponse pour tenter sa<br />
dernière œuvre de structuration <strong>com</strong>me si c'était dans ce domaine qu'il espérait trouver<br />
une permanence entre la vie et la mort et ainsi faciliter le passage 26 ». Ce cheminement<br />
peut être ac<strong>com</strong>pagné, afin d'inviter la mort et non l'occulter ou la provoquer. C'est à<br />
mon sens l'une des façons d'être à la "hauteur" de l'Autre, et d'appréhender en lui<br />
l'Humain.<br />
Longtemps j'ai imaginé la verticalité <strong>com</strong>me la garantie de la dignité . Pour l'exemple,<br />
mes héros de roman mouraient souvent debout, citons Jack London, où dans un de ses<br />
22<br />
S. NICOLAS, «Désir, Demande et Besoin», [document en ligne],Format HTML, Page consulté le 10<br />
septembre 2008, Disponible sur : http://www.psychologue-clinicien.<strong>com</strong>/desir.htm<br />
23<br />
B. ECHARD, op.cit., p. 68.<br />
24<br />
V. PIRARD, id., 2006, p. 85.<br />
25<br />
B. ECHARD, op.cit., p. 71.<br />
26<br />
E. KUBLER-ROSS, «L’expression du religieux dans l’espace palliatif», Sixième congrès national de la<br />
SFAP, Toulouse, 1995, p. 67.<br />
Analyse