de l'UMP pendant les présidentielles - Prochoix
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On a lu<br />
Elisabeth Badinter<br />
Les passions intellectuel<strong>les</strong> III :<br />
Volonté <strong>de</strong> pouvoir (1762-1778)<br />
Fayard<br />
Il y a cinq ans, Elisabeth Badinter avait laissé <strong>les</strong> Philosophes divisés et<br />
moqués, qui ne <strong>de</strong>vaient d’avoir sauvé leur honneur qu’au talent <strong>de</strong> Voltaire,<br />
qui avec l’affaire Calas redonne leur redonne une dignité et rétablit<br />
leur autorité morale sur l’opinion. Après le désir <strong>de</strong> gloire et l’exigence<br />
<strong>de</strong> dignité, c’est la volonté <strong>de</strong> pouvoir qui va saisir <strong>de</strong>s Philosophes plus<br />
intéressés que jamais par la réflexion sur la société et le bon gouvernement.<br />
Les années 1760 et 1770 verront <strong>les</strong> Philosophes se rêver en éducateur<br />
<strong>de</strong>s Princes, comme Condillac avec le jeune Duc <strong>de</strong> Parme, au tout au<br />
moins en conseiller influent comme Di<strong>de</strong>rot avec Catherine <strong>de</strong> Russie, ils<br />
en oublieront que <strong>les</strong> <strong>de</strong>spotes, même éclairés comme Frédéric <strong>de</strong> Prusse,<br />
restent avant tout <strong>de</strong>s Rois, forts soucieux <strong>de</strong> maintenir l’intégralité <strong>de</strong><br />
leur pouvoir. Les expériences ministériel<strong>les</strong> plutôt décevantes <strong>de</strong> Turgot et<br />
<strong>de</strong> Ma<strong>les</strong>herbes illustrent parfaitement cette difficulté à inscrire <strong>les</strong> réflexions<br />
philosophiques dans la réalité <strong>de</strong> la politique, à passer du papier à "la<br />
peau humaine, qui est bien autrement irritable et chatouilleuse."<br />
L’échec relatif <strong>de</strong>s Philosophes au pouvoir va considérablement affaiblir<br />
leur prestige, ils vont perdre la supériorité morale qui était la leur et<br />
permettait <strong>de</strong> régenter <strong>les</strong> goûts et <strong>les</strong> opinions. C’était conscient <strong>de</strong> ce<br />
danger que Voltaire s’est éloigné <strong>de</strong> Frédéric II, que D’Alembert a refusé<br />
la prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> Berlin et limite ses échanges avec le roi<br />
<strong>de</strong> Prusse à la littérature et à la philosophie. Par ailleurs, <strong>les</strong> princes euxmêmes<br />
supportent <strong>de</strong> moins en moins le nouveau cour <strong>de</strong> la Philosophie,<br />
qui ne veut plus seulement leur dire quel est le bon gouvernement, mais en<br />
vient à penser que tous <strong>les</strong> hommes sont égaux, et que le peuple, comme<br />
le prince, participent au pouvoir. Il apparaît <strong>de</strong> plus en plus clair alors que<br />
<strong>les</strong> Philosophes ne sauraient gar<strong>de</strong>r leur liberté <strong>de</strong> penser et la faveur <strong>de</strong>s<br />
Princes<br />
En s’appuyant sur <strong>les</strong> correspondances nombreuses qui restent <strong>de</strong> cette<br />
époque où l’on écrivait beaucoup, mais aussi sur <strong>les</strong> archives académiques,<br />
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