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YOAN POLL LE BATTANT<br />
Au début, j’avais intitulé mon article « portrait<br />
<strong>de</strong> Yoan » puis j’ai trouvé que l’accent<br />
<strong>de</strong>vait être mis sur le « témoignage <strong>de</strong><br />
Yoan » et quand j’ai eu relu mes notes, un<br />
seul titre s’est imposé à moi qui résume<br />
ce petit homme « Yoan le battant ».<br />
Lorsqu’on rencontre cet adolescent <strong>de</strong><br />
13 ans et <strong>de</strong>mi, on ne s’attend pas à une<br />
telle maturité dans les propos. Mais<br />
quand on l’écoute expliquer son douloureux<br />
parcours, on comprend qu’hélas<br />
c’est son combat quotidien contre la<br />
maladie qui l’a fait mûrir aussi vite. En<br />
effet, dès l’âge <strong>de</strong> 10 mois, ses parents<br />
ont constaté <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> psychomotricité<br />
fine accompagnés d’un handicap<br />
visuel. Il fut aussitôt pris en charge<br />
par une psychomotricienne puis à 5 ans,<br />
le professeur Lacombe, généticien, découvre<br />
la maladie exacte dont il souffre :<br />
MICROCEPHALIE – LYMPHODOEME –<br />
DYSPLASIE – CHORIORETINIENNE (maladie<br />
génétique qui touche moins <strong>de</strong> 30 cas<br />
dans le mon<strong>de</strong> ce qui induit que très peu<br />
<strong>de</strong> chercheurs travaillent sur ce sujet).<br />
Cette maladie attaque prioritairement<br />
la vue mais aussi le comportement en<br />
général. C’est ainsi que Yoan a développé<br />
une hyperactivité seulement détectée à<br />
l’âge <strong>de</strong> 8 ans grâce à son institutrice. Le<br />
traitement adapté à ce problème précis<br />
n’a donc pu être donné qu’à partir <strong>de</strong> cet<br />
âge-là après un bilan psychologique effectué<br />
par son généticien et avec l’ai<strong>de</strong> d’un<br />
pédopsychiatre.<br />
Aujourd’hui, Yoan se bat pour suivre une<br />
scolarité normale parmi ses amis du collège<br />
sans encadrement spécial si ce n’est<br />
la présence d’une AVS (Auxiliaire <strong>de</strong> Vie<br />
Scolaire) seulement 18 heures par<br />
semaine. Selon les avis associés du<br />
mé<strong>de</strong>cin scolaire et du professeur principal,<br />
la famille POLL a présenté son<br />
dossier <strong>de</strong> renouvellement d’ai<strong>de</strong> pour la<br />
prochaine année scolaire. Il est à souhaiter<br />
que les examinateurs se penchent<br />
attentivement sur son cas et prennent en<br />
compte toute la mesure <strong>de</strong> son handicap<br />
afin <strong>de</strong> lui attribuer une AVS pendant<br />
davantage d’heures. Signalons à cet<br />
égard que jusqu’à l’an <strong>de</strong>rnier, les 4 matières<br />
principales se donnaient dans une<br />
même salle du collège où se trouvait le<br />
plan incliné (avec lampe spéciale pour<br />
couvrir son besoin en manteau <strong>de</strong> luminosité)<br />
adapté à son handicap. Aujourd’hui,<br />
les cours sont donnés dans <strong>de</strong>s salles<br />
différentes et les jours où Yoan n’a pas<br />
d’AVS avec lui, personne ne lui porte son<br />
plan incliné.<br />
Yoan souffre d’un rétrécissement du<br />
champ visuel, <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> psychomotricité<br />
fine et d’hyperactivité. Pour<br />
lutter contre cette maladie génétique, il<br />
existe <strong>de</strong>s traitements qui l’ai<strong>de</strong>nt à canaliser<br />
ses dérèglements comportementaux<br />
et à se concentrer en cours. De plus, il<br />
doit se rendre chez différents spécialistes<br />
très souvent : orthophoniste, psychomotricien,<br />
orthoptiste, kinésithérapeute…<br />
Tout le temps passé à se faire soigner est<br />
autant <strong>de</strong> temps en moins pour faire ses<br />
<strong>de</strong>voirs et / ou se divertir comme un<br />
jeune <strong>de</strong> son âge. Malgré toutes ses<br />
contraintes, malgré ses douleurs quotidiennes,<br />
Yoan est arrivé 1 er <strong>de</strong> sa classe<br />
<strong>de</strong> 4 ème au cours du 1 er trimestre avec<br />
15 <strong>de</strong> moyenne générale. Il est heureux<br />
que ses camara<strong>de</strong>s <strong>de</strong> classe soient aussi<br />
compréhensifs envers lui, cela lui permet<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r son humour et le moral les<br />
jours <strong>de</strong> grisaille… Plus tard, il sera prof<br />
d’histoire et géographie parce qu’outre<br />
son goût pour ces <strong>de</strong>ux matières, il a<br />
repéré que son professeur utilise un ordinateur<br />
et un vidéoprojecteur… ce qui lui<br />
permettrait d’enseigner sans avoir à se<br />
soucier <strong>de</strong> son lourd handicap visuel.<br />
Le 15 février <strong>de</strong>rnier, afin <strong>de</strong> sensibiliser<br />
l’ensemble du collège Jean Zay (collégiens<br />
et enseignants) aux maladies génétiques<br />
en général et à celle dont il souffre en<br />
particulier, Yoan a fait venir son généticien,<br />
le professeur Lacombe et son<br />
ophtalmologue, le docteur Mortemousque<br />
afin <strong>de</strong> donner une conférence. Les<br />
représentants <strong>de</strong> l’institut Peyrelongue<br />
étaient présents pour une simulation <strong>de</strong><br />
handicap visuel (établissement pour<br />
malvoyants et non voyants). Quelques<br />
mois auparavant, il avait distribué à la<br />
sortie du collège <strong>de</strong>s flyers aux automobilistes<br />
et aux élèves et il s’était impliqué<br />
lui-même en portant une invitation en<br />
mains propres aux professeurs. Le<br />
service jeunesse par l’intermédiaire du<br />
PIJ l’a aidé dans sa démarche en lui<br />
créant <strong>de</strong>s affiches (merci Guillaume)<br />
pour sensibiliser le plus grand nombre <strong>de</strong><br />
personnes aux maladies génétiques et<br />
aux handicaps visuels. Ils lui apportèrent<br />
un soutien moral important. Mais Yoan<br />
ne put cacher sa déception car la mobilisation<br />
espérée n’eut pas lieu au sein du<br />
collège. Ses efforts ne furent pas complètement<br />
vains puisque, malgré tout, les 4<br />
classes <strong>de</strong> 4 ème répondirent présentes,<br />
chacune accompagnée du professeur qui<br />
les encadrait à ce moment-là.<br />
Je laisserai le mot <strong>de</strong> la fin à Yoan qui m’a<br />
confié dans un beau sourire : « J’essaie<br />
<strong>de</strong> vivre au jour le jour ! ».<br />
NB : les services techniques municipaux,<br />
à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Maire, étudient actuellement<br />
un prototype <strong>de</strong> plan incliné plus<br />
léger et transportable.<br />
C. Torrès<br />
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