Mutations, mutagénèse(1) et amélioration des plantes - SAF ...
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<strong>Mutations</strong>, <strong>mutagénèse</strong> (1) <strong>et</strong><br />
<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong><br />
Alain CADIC<br />
I.R. INRA Hon.<br />
(1) Ecriture conforme aux recommandations de la commission générale de terminologie <strong>et</strong> de néologie
Définitions courantes:<br />
Mutation : Modification aléatoire de la composition ou de l’organisation <strong>des</strong> chaînes<br />
d’ADN<br />
Mutagénèse : Application de métho<strong>des</strong> visant à produire <strong>des</strong> mutations<br />
Définitions très synthétiques<br />
Mais :<br />
De quoi s'agit-il ?<br />
ne perm<strong>et</strong>tent pas de déceler les causes <strong>des</strong> mutations <strong>et</strong> leurs manifestations<br />
ni d'appréhender les métho<strong>des</strong> <strong>et</strong> techniques qui peuvent les induire artificiellement<br />
Suj<strong>et</strong> traité<br />
Évolution <strong>des</strong> concepts <strong>et</strong> <strong>des</strong> techniques en<br />
relation avec l'évolution <strong>des</strong> connaissances<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 2
Panorama en forme de plan<br />
√ Le 19 ième siècle <strong>et</strong> avant........... : La période <strong>des</strong> hybrideurs<br />
De l'exploitation <strong>des</strong> mutants naturels aux balbutiements de<br />
l'<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong><br />
√ La première moitié du 20 ième siècle : La période <strong>des</strong> améliorateurs <strong>et</strong><br />
<strong>des</strong> cytogénéticiens<br />
L'envol de l'<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong> <strong>et</strong> le développement de la <strong>mutagénèse</strong><br />
√ La seconde moitié du 20 ième siècle <strong>et</strong> après ….. : l'ère <strong>des</strong><br />
biologistes cellulaires <strong>et</strong> moléculaires, celle <strong>des</strong> biotechnologies<br />
Vers les perfectionnements de la <strong>mutagénèse</strong> : de l'aléatoire au ciblé<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 3
Le 19 ième siècle <strong>et</strong> avant........... : La période <strong>des</strong> hybrideurs<br />
La période <strong>des</strong> hybrideurs s'ouvre en 1719 Th.Fairchild hybride <strong>des</strong> oeill<strong>et</strong>s<br />
(pollen=vecteur), 25 ans après la mise en évidence de la sexualité chez les<br />
végétaux par R.J Camerer en 1694<br />
C.Zirkle (1935) The beginnings of plant hybridization., Univ. Pennsylv. Press, 231 pages.<br />
H.F.Roberts (1929) Plant Hybridization before Mendel., Princ<strong>et</strong>on Univ. Press, 374 pages.<br />
Le 19 ième siècle est aussi celui de l'introduction massive de <strong>plantes</strong> nouvelles<br />
Pour les praticiens (surtout horticulteurs) : moyen de créer de la nouveauté<br />
Pour les scientifiques : interrogations sur la notion d'espèce <strong>et</strong> la fixité<br />
C'est dans ce contexte que Darwin en 1859 <strong>et</strong> Mendel en 1865 publient leurs<br />
travaux<br />
C<strong>et</strong>te période va s'achever au début du 20 ième siècle (Congrès <strong>des</strong> hybrideurs<br />
de Londres en 1906) <strong>et</strong> l'<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong> va s'imposer<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 4
Le terme 'mutation' a été proposé pour la première fois en biologie par Hugo<br />
de Vries (1848-1935) après observation de <strong>des</strong>cendances d’œnothères<br />
Entre 1901 <strong>et</strong> 1903 il publie “La théorie de la mutation – Essai <strong>et</strong> observations<br />
sur l'origine <strong>des</strong> espèces dans le règne végétal”<br />
Pour de Vries, les mutations sont responsables de<br />
l'apparition de nouvelles espèces<br />
La mutation est vue comme un changement brusque<br />
<strong>des</strong> caractères héréditaires.<br />
Les mécanismes sous-jacents sont inconnus.<br />
Hugo de Vries<br />
Wikimedia Commons<br />
(Public Domain)<br />
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Amélioration <strong>des</strong> <strong>plantes</strong> <strong>et</strong> sélection<br />
L'utilisation <strong>des</strong> mutations spontanées<br />
Les mutations spontanées sont responsables de la diversité <strong>des</strong> espèces<br />
végétales actuelles.<br />
Au cours du temps, l'homme a utilisé les mutants favorables au fur <strong>et</strong> à<br />
mesure de leur apparition (en particulier les 'sports' identifiés dès le 17 ième<br />
siècle).<br />
C<strong>et</strong>te phase se poursuit de nos jours pour nombre d'espèces (horticoles en<br />
particulier – caractères faciles à reconnaitre)<br />
Kingsbury N., (2009) Hybrid : The history and science of plant breeding. Univ. Chicago press., 493 pages.<br />
Il est illusoire de vouloir dresser une liste <strong>des</strong> mutations spontanées qui<br />
ont été intégrées au processus de sélection <strong>et</strong> d'<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong>.<br />
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Quelques illustrations serviront à en démontrer la réalité.<br />
<strong>Mutations</strong> de couleur <strong>et</strong> de forme de l'inflorescence du Chou-fleur : de l'inflorescence<br />
du chou sauvage, lâche, à fleurs jaunes vers le chou fleur à inflorescence compacte de<br />
couleur blanche puis les inflorescences colorées orangées <strong>et</strong> mauves <strong>et</strong> enfin les types<br />
brocoli <strong>et</strong> romanesco<br />
<strong>Mutations</strong> chez le pêcher :<br />
- pêche à peau duv<strong>et</strong>euse <strong>et</strong> noyau non adhérent<br />
- pavie à peau duv<strong>et</strong>euse <strong>et</strong> noyau adhérent<br />
- brugnon à peau lisse <strong>et</strong> noyau adhérent<br />
- nectarine à peau lisse <strong>et</strong> noyau non adhérent<br />
- déclinaison en fruit aplati (pêche <strong>et</strong> nectarine plate)<br />
- déclinaison en chair jaune ou blanche<br />
<strong>Mutations</strong> chez la b<strong>et</strong>trave : semence monogerme dérivée de semence trigerme:<br />
<strong>Mutations</strong> de couleur du feuillage : hêtre, nois<strong>et</strong>ier, pommier, berberis<br />
<strong>Mutations</strong> de nanisme chez les céréales : blé, riz, ...<br />
Mutation de port <strong>et</strong> de remontée de floraison chez le rosier<br />
Mutation de port <strong>et</strong> de type de floraison chez la tomate<br />
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Mutants spontanés de la variété de pomme 'Elstar'<br />
Elstar Elshof<br />
Daliter Valstar<br />
Photos INRA-Angers<br />
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La première moitié du 20 ième siècle :<br />
La période <strong>des</strong> améliorateurs <strong>et</strong> <strong>des</strong> cytogénéticiens<br />
La nature <strong>des</strong> mutations ne va être appréhendée qu'après les travaux de<br />
T.H.Morgan (1866-1945) sur la drosophile. (théorie de la saltation)<br />
En particulier grâce aux travaux de H.J.Müller (1890-1967) <strong>et</strong> à l'utilisation<br />
<strong>des</strong> rayons X [Prix Nobel en 1946]<br />
A ceux de L.J.Stadler (1896-1954) sur l'eff<strong>et</strong> <strong>des</strong> rayons X sur l'orge<br />
(1928) ou <strong>des</strong> rayons UV sur le maïs (1936)<br />
Puis à ceux de Ch.Auerbach (1899-1994) sur les eff<strong>et</strong>s du gaz moutarde<br />
dans les années 40 <strong>et</strong> à la découverte <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s de la colchicine dans les<br />
années 30.<br />
Pour Ch.Auerbach :<br />
la mutation est un changement héréditaire de la qualité, de la quantité<br />
<strong>et</strong> de l'arrangement <strong>des</strong> gènes.<br />
Auerbach, Ch. (1976) Mutation research. - Problems, results and perspectives. 504 pages.<br />
London, Chapman and Hall<br />
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De l'ensemble de ces travaux on r<strong>et</strong>ient classiquement :<br />
Que les mutations affectent les chromosomes par substitution, par<br />
<strong>des</strong> remaniements structurels ou par duplication du génome<br />
Que les mutations spontanées <strong>et</strong> les mutations induites par <strong>des</strong><br />
traitements mutagènes sont de même nature<br />
Que les traitements mutagènes sont la source de variations exploitables<br />
en <strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong> par application de traitements chimiques ou<br />
physiques<br />
Et que les traitements mutagènes opèrent le plus souvent de manière<br />
aléatoire <strong>et</strong> que la détection <strong>des</strong> mutants peut être difficile<br />
Pour maximiser leur eff<strong>et</strong>, il a fallu développer <strong>des</strong> stratégies d'application.<br />
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Amélioration <strong>des</strong> <strong>plantes</strong> <strong>et</strong> sélection<br />
Mutagenèse induite …. avec un peu de r<strong>et</strong>ard<br />
La première variété :<br />
Un mutant 'chlorina' de la variété de tabac 'Kanari' au milieu <strong>des</strong> années 30.<br />
On cite également une variété de tulipe 'Faraday' mise au commerce en 1949.<br />
A.M.van Harten (1998) Mutation breeding. Theory and practical applications. Cambridge Univ. Press, 355 pages.<br />
Une revue récente fait le point sur l'emploi de la <strong>mutagénèse</strong> induite :<br />
Pathirana R., (2011) Plant mutation breeding in agriculture. In Plant sciences reviews. CAB Reviews, D.<br />
Hemming Ed., Chap. 9, pages 107-126<br />
Dans la base IAEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique), en septembre 2012<br />
http://mvgs.iaea.org/AboutMutantVarities.aspx:<br />
3220 variétés sont recensées dont :<br />
Plantes ornementales diverses : 719 (22,1%) dont chrysanthème :288, rose : 86, ….<br />
Plantes agricoles : 2501 (77,9%) dont riz :816, orge :309, blé :285, soja : 170, maïs :<br />
100, arachide : 72, coton :46, ...<br />
La Chine représente 25,5%, le Japon 14,9%, l'Inde 10,3%, …. France 1,2%<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 11
Par continent :<br />
Asie : 1941 soit 60,3%<br />
Europe : 952 soit 29,6%<br />
Amérique : 250 soit 7,8%<br />
Afrique : 67 soit 2,1%<br />
Oceanie : 10 soit 0,3%<br />
Données de septembre 2012<br />
Un constat : la diminution générale du nombre de mutants induits,<br />
particulièrement en Europe<br />
Dans le monde Sur le continent européen<br />
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La mutagenèse 'classique' a généré un nombre considérable de mutants utilisés<br />
directement comme variétés (souvent chez les <strong>plantes</strong> à multiplication végétative) ou<br />
comme géniteurs chez les <strong>plantes</strong> à multiplication sexuée).<br />
A titre d'exemple, on peut citer :<br />
- la perte de sensibilité à la longueur du jour chez le riz, le coton ou le ricin<br />
- la perte de dominance apicale chez le mélilot officinal<br />
- l'altération du développement chez les céréales<br />
- la modification (+ <strong>et</strong> -) de l'aptitude à noduler de plusieurs légumineuses<br />
- la composition biochimique du grain <strong>des</strong> céréales ou <strong>des</strong> cotylédons de <strong>plantes</strong><br />
oléagineuses<br />
- l'<strong>amélioration</strong> de la résistance à certaines maladies chez l'orge (Oïdium), du blé<br />
(rouilles) ou du riz (pyriculariose)<br />
- l'induction d'autofertilité chez les arbres fruitiers (cerisier)<br />
- les modifications de couleur, port, précocité de floraison chez de nombreuses<br />
espèces ornementales<br />
- ….<br />
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Cependant, la désaffection a plusieurs causes :<br />
- la possibilité de trouver dans les ressources génétiques existantes les allèles convoités<br />
- l'eff<strong>et</strong> aléatoire de la <strong>mutagénèse</strong> conventionnelle qui impose de travailler sur <strong>des</strong><br />
populations 'mutagénisées' importantes<br />
- le fait de générer souvent <strong>des</strong> mutants délétères ou de faire muter <strong>des</strong> gènes à eff<strong>et</strong>s<br />
pléïotropiques<br />
- la nécessité d'induire la déchimérisation chez les espèces à multiplication végétative<br />
- le développement de nouvelles technologies (transgénèse disponible dès 1983)<br />
- …..<br />
La <strong>mutagénèse</strong> conventionnelle est un outil disponible qui a sa place dans la panoplie du<br />
sélectionneur mais dont l'emploi doit être raisonné en fonction <strong>des</strong> objectifs de<br />
sélection, de la biologie de l'espèce, de la variabilité disponible <strong>et</strong> de ses possibilités<br />
d'utilisation<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 14
Quelques exemples :<br />
Témoin : liane de 4-5 mètres <strong>et</strong><br />
mutant représenté à la même<br />
échelle<br />
Lonicera japonica:<br />
Forme compacte à gran<strong>des</strong> fleurs<br />
Mutant : hauteur de 0,70 m.<br />
Photos : A.Cadic, INRA-Angers<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 15
Photos : A.Cadic, INRA-Angers<br />
Forsythia : Mutant de forme de fleurs, de<br />
vigueur, à feuillage panaché<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 16
‘Courdijau’ GOLDEN PEEP ®<br />
Photos :<br />
A.Cadic, INRA-Angers<br />
‘Courtasol’ MAREE D’OR ®<br />
‘Courtasol’ MAREE D’OR ®<br />
Variétés de Forsythia issues de la <strong>des</strong>cendance d'un mutant autofertile<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 17
Le doublement <strong>des</strong> génomes : quelques applications<br />
Polyploïdie a été utilisée :<br />
- pour créer <strong>des</strong> variétés nouvelles, par exemple les Tétranémones ®<br />
- pour créer <strong>des</strong> géniteurs tétraploï<strong>des</strong> employés pour :<br />
* créer <strong>des</strong> hybri<strong>des</strong> triploï<strong>des</strong> stériles ex : Hibiscus, Weigela, pastèque<br />
* réaliser <strong>des</strong> croisements d'introgression entre espèces cultivées<br />
diploï<strong>des</strong> <strong>et</strong> <strong>des</strong> espèces apparentées tétraploï<strong>des</strong><br />
- pour restaurer la fertilité d'hybri<strong>des</strong> interspécifiques ex: Triticale, lis<br />
- pour assurer le r<strong>et</strong>our à l'état diploïde de plantules haploï<strong>des</strong> (haploï<strong>des</strong> doublés)<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 18
Une application particulière <strong>des</strong> radiations<br />
ionisantes sur pollen : les haploï<strong>des</strong><br />
Revue :<br />
Dunwell, J.M., (2010) Haploids in flowering plants :<br />
origin and exploitation., Plant Biotechnology journal,<br />
8, pp. 377-424<br />
Premier résultat :<br />
Triticum monococcum par Katayama en 1934<br />
Traitement de pollen aux rayons X pendant 30<br />
minutes (40kVolts, 2milliamp)<br />
Technique courante :<br />
Rayons gamma à forte dose<br />
2500 Gy pour le melon<br />
200 à 500 Gy pour le pommier<br />
500 Gy pour le rosier<br />
500 à 1500 Gy pour le kiwi<br />
Intérêts :<br />
Emploi d'haploï<strong>des</strong> doublés en sélection<br />
Analyses cytogénétiques<br />
Cartographie <strong>et</strong> analyse génétique<br />
Séquençage<br />
Hybridation dihaploï<strong>des</strong> X diploï<strong>des</strong><br />
Espèce (*) Année<br />
T. monococcum 1934<br />
P<strong>et</strong>unia 1943<br />
Lilium 1951<br />
Capsicum 1951, 1954, 1960<br />
Zea mays 1951, 1976<br />
Nicotiana 1964<br />
Cucumis (melon) 1987, 2003, 2008<br />
Malus 1988, 1991, 1994<br />
Pyrus 1993, 2004<br />
Allium (oignon) 1993<br />
Rosa 1994, 2005<br />
Cucumis (concombre) 1994, 1999, 2005<br />
Actinidia (kiwi) 1997<br />
Rubus (ronce) 1998<br />
Cucurbita pepo 2002<br />
Helianthus (tournesol) 1997, 2004, 2005<br />
Citrus (mandarine) 2007<br />
D'après Dunwell J.M. (2010)<br />
19<br />
(*) les contributions françaises sont soulignées
La seconde moitié du 20 ième siècle <strong>et</strong> après ….. : l'ère <strong>des</strong> biologistes<br />
cellulaires <strong>et</strong> moléculaires, celle <strong>des</strong> biotechnologies<br />
Début <strong>des</strong> années 50 : Découverte <strong>des</strong> éléments mobiles chez le maïs par<br />
B.McClintock [Prix Nobel 1983]<br />
Photo : A.Cadic, INRA-Angers<br />
Panachures sur fleurons de Dahlia<br />
provoquées par <strong>des</strong> éléments mobiles<br />
Ces éléments transposables sont<br />
responsables de l'apparition de<br />
mutants.<br />
Leur découverte apporte une<br />
information nouvelle sur l'origine <strong>et</strong><br />
la nature <strong>des</strong> mutations.<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 20
1953 : Structure de l'ADN par Watson <strong>et</strong> Crick [Prix Nobel 1962]<br />
1960 : découverte du code génétique par F. Crick, M.Nirenberg <strong>et</strong> S.Ochoa<br />
1962 : mise au point du milieu M-S de culture in-vitro alors que la totipotence<br />
cellulaire (Haberlandt en 1902), les phytohormones (F.W Went en<br />
1926) <strong>et</strong> l'intérêt en physiologie de la culture in-vitro (Ph.White <strong>et</strong><br />
R.Gauther<strong>et</strong> dans les années 30) sont connus<br />
1965 : Enzymes de restriction par W. Arber, H. Smith <strong>et</strong> D. Nathan [Prix<br />
Nobel 1978]<br />
1974 : Caractérisation du plasmide de A.tumefaciens par J.Schell <strong>et</strong> M. van<br />
Montagu<br />
1978 : fusion de protoplastes par G. Melchers<br />
1978 : mise au point de la <strong>mutagénèse</strong> dirigée par M.Smith (1932-2000),<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 21
1983 : production de la première plante transgénique (tabac)<br />
1992 : invention de la PCR par M.Smith (1932-2000) avec<br />
K.M.Mullis [Prix Nobel 1993]<br />
1998 : découverte <strong>des</strong> RNA interférents par A.Fire <strong>et</strong> C. Mello [Prix<br />
Nobel 2006]<br />
2000 : séquençage du génome d'Arabidopsis<br />
2012 : le génome de nombreuses espèces végétales a été séquencé ou est en<br />
voie de l'être (tomate, pomme de terre, vigne, pommier, concombre,<br />
peuplier, … (CoGePedia http://genomevolution.org/wiki/index.php/Sequenced_plant_genomes)<br />
La connaissance de plus en plus fine <strong>des</strong> génomes, du fonctionnement <strong>des</strong><br />
gènes, de leur régulation ouvre la voie à de nouvelles possibilités<br />
d'application en <strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong><br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 22
Un exemple d'<strong>amélioration</strong> de la technique : l'apport de la biologie cellulaire<br />
Les biotechnologies ont permis quelques développements nouveaux chez les espèces à<br />
multiplication végétative chez lesquelles les organes divers sont traités (bourgeons,<br />
bulbes, tubercules).<br />
● Les méristèmes partiellement détruits se reconstituent. La formation de chimères est<br />
souvent la règle.<br />
● Classiquement, la multiplication <strong>des</strong> pousses issues <strong>des</strong><br />
méristèmes irradiés sont multipliés en prenant en compte la<br />
phyllotaxie <strong>des</strong> espèces.<br />
● Maintenant, chaque fois que possible, on va traiter <strong>des</strong><br />
tissus différenciés (feuilles, tiges, pétales, racines, …), puis<br />
régénérer <strong>des</strong> <strong>plantes</strong> par néoformation ou embryogénèse<br />
somatique en faisant l'hypothèse que les <strong>plantes</strong> régénérées<br />
proviennent d’une seule cellule.<br />
Exemple de régénération<br />
sur Cytisus scoparius<br />
Photo SCIAM-INRA Angers<br />
Méristème de Forsythia sp.<br />
La technique put également être employée pour<br />
provoquer la déchimérisation<br />
23
Un nouvel essor grâce au développement de la génétique inverse :<br />
du gène vers le phénotype par le TILLING<br />
TILLING : Acronyme pour Targ<strong>et</strong>ing Induced Local Lesions in Genomes<br />
C.M.McCallum, L.Comai, E.A. Greene <strong>et</strong>S.Henikoff (2000)<br />
Plant Physiology June 2000 vol. 123 no. 2 439-442<br />
Principe : générer de nombreux mutants ponctuels par traitement au MSE <strong>et</strong> employer<br />
les techniques de biologie moléculaire pour repérer les mutants d'un gène<br />
d'intérêt connu<br />
Espèces cultivées concernées (autres que Arabidopsis, Medicago <strong>et</strong> Brachypodium) :<br />
P.Sikora <strong>et</strong> al. (2012) Mutagenesis as a tool in plant gen<strong>et</strong>ics, functional genomics and breeding. Int. J. Plant<br />
genomics, doi:10.1155/2011/314829<br />
Pois, Colza, Tomate, Lotier, Blé tendre <strong>et</strong> Blé dur, Riz, Soja, Sorgho, Melon, Avoine,<br />
Tournesol, Maïs, Arachide<br />
En cours à l'IAEA : Manioc, Bananier 3n (multiplication végétative)<br />
Exemple d'application : blé avec teneur en amidon plus élevée<br />
Slade, A.J. Et al. (2012) Development of high amylose wheat through TILLING. BMC Plant biology 2012, 12:69<br />
Avantages : pas de mise au point de culture in-vitro ou de transgénèse<br />
Inconvénients : Le gène cible doit être connu<br />
Evolution vers l'écotilling <strong>et</strong> le délétion tilling<br />
24
Evolution vers la <strong>mutagénèse</strong> d'insertion<br />
Transgénèse : la première application<br />
A.Gallais <strong>et</strong> A. Ricroh (2006) Plantes transgéniques. Faits <strong>et</strong> enjeux., Ed. Quae, 284 pages<br />
Y. Chupeau (2006) Le transfert de gènes chez les <strong>plantes</strong>. Mise en perspective. Le sélectionneur français (57):3-24<br />
En dehors <strong>des</strong> espèces majeures, pas moins de 114 genres de 51 familles angiospermes<br />
ornementales (incluant les graminées à gazon) <strong>et</strong> médicinales ont fourni <strong>des</strong> <strong>plantes</strong><br />
transformées exprimant le transgène introduit<br />
A. Cadic (2008) Transgresser la barrière <strong>des</strong> espèces pour améliorer les végétaux d'ornement. In Actes du colloque<br />
de Dijon 31/01-03/02 2007 'Peut-on classer le vivant ? Linné <strong>et</strong> la systématique aujourd'hui.<br />
Les principales évolutions de la technique vont vers :<br />
- l'emploi de promoteurs inductibles soit par <strong>des</strong> composés définis soit par <strong>des</strong><br />
conditions externes précises (agression parasitaire, conditions climatiques, …). Le<br />
contrôle peut être spatial (tissu ou organe spécifique) <strong>et</strong> quantitatif.<br />
-la suppression <strong>des</strong> marqueurs de sélection par l'emploi de recombinases<br />
Zuo J., (2001) Chemical-regulated, site-specific DNA excision in transgenic plants. Nat. Biotechnol.<br />
19(2):157-161.<br />
- l'emploi de gènes appartenant à l'espèce ou d'une espèce compatible en<br />
croisement (cisgénèse), voire, de plus, avec <strong>des</strong> analogues du T-DNA venant du riz<br />
ou d'Arabidopsis (intragénèse)<br />
25
- la cisgénèse : le 'cisgène' provient de l'espèce elle même ou d'une espèce<br />
proche compatible en croisement <strong>et</strong> il est inchangé<br />
(H.J. Schouten <strong>et</strong> al. (2006) Cisgenic plants are similar to tyraditionally bred plants :<br />
international regulations for gen<strong>et</strong>ically modified organisms should be altered to exempt<br />
cisgenesis., EMBO Rep. 7(8):750-753.)<br />
Actuellement en essai pour la résistance au Phytophthora de la pomme de<br />
terre <strong>et</strong> à la tavelure du pommier aux Pays-Bas.<br />
-l'intragénèse est identique à la cisgénèse, si ce n'est que le gène inséré<br />
peut être une nouvelle combinaison de fragments d'ADN de l'espèce ou<br />
d'une espèche compatible en croisement<br />
(C.M. Rommens, (2007) Intragenic crop improvement: combining the benefits of traditional<br />
breeding and gen<strong>et</strong>ic engineering. J. Agric. Food Chem. 55:4281-4288)<br />
Actuellement, <strong>des</strong> essais au champ sont en cours pour la réduction<br />
d'amylose chez la pomme de terre<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 26
Les nouvelles techniques de <strong>mutagénèse</strong> <strong>et</strong> de <strong>mutagénèse</strong> d'insertion<br />
Lusser M. <strong>et</strong> al. (2011) New plant breeding techniques. State of the art and<br />
prospects for commercial development. JRC Scientific and technical reports.<br />
EUR 24760 EN., 219 pages.<br />
Objectif principal :<br />
Prévoir les éventuelles modifications de la législation concernant les OGM (2001/18/EC)<br />
Techniques à considérer comme techniques de mutagenèse (sans insertion in-fine) :<br />
- Nucléases à doigt de zinc (ZFN-1 <strong>et</strong> ZFN-2)<br />
- Mutagénèse dirigée à l'aide d'oligonucléoti<strong>des</strong><br />
- reverse breeding<br />
- agro-infiltration (hors agro-infiltration par trempage d'inflorescences)<br />
-Méthylation de l'ADN par action d'ARN (RdDM)<br />
Techniques de <strong>mutagénèse</strong> d'insertion :<br />
- Cisgénèse <strong>et</strong> Intragénèse<br />
- Agro-infiltration par inflorescences<br />
- Nucléases à doigt de zinc (ZFN-3 avec insertion)<br />
A.Cadic, Colloque AFBV, Paris, 4 Otobre 2012 27
Conclusion<br />
La sélection conduite depuis les débuts de l'agriculture a permis, de manière<br />
inconsciente, l'accumulation de gènes ou d'allèles favorables conduisant à <strong>des</strong><br />
génotypes <strong>et</strong> <strong>des</strong> phénotypes utiles.<br />
Les mutations naturelles apparues au cours de l'évolution ont été employées de<br />
manière inconsciente ; celles qui se manifestent actuellement le sont également<br />
lorsque leur utilité est confirmée.<br />
Depuis un peu plus d'un siècle, l'<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong>, procédé cumulatif,<br />
s'est toujours efforcée de réunir <strong>des</strong> gènes d'intérêt en limitant le fardeau<br />
inutile de ceux auxquels ils pouvaient être associés.<br />
A partir <strong>des</strong> années 50, la <strong>mutagénèse</strong> conventionnelle est apparue comme une<br />
solution possible de modifier certains caractères sans altérer le contenu de<br />
génomes patiemment élaborés.<br />
A partir <strong>des</strong> années 80, la <strong>mutagénèse</strong> d'insertion, <strong>et</strong> au premier rang la<br />
transgénèse, a été rapidement perçue comme plus attractive malgré son<br />
caractère également aléatoire.<br />
Les nouvelles techniques de <strong>mutagénèse</strong> (avec ou sans insertion) développées<br />
depuis moins de 15 ans devraient assez rapidement trouver <strong>des</strong> applications en<br />
<strong>amélioration</strong> <strong>des</strong> <strong>plantes</strong>.<br />
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Depuis les années 70/80, les notions de mutant <strong>et</strong> de <strong>mutagénèse</strong> ont évolué :<br />
La mutation était restreinte aux modifications endogènes (substitutions, accidents<br />
chromosomiques, altérations par transpositions)<br />
La notion élargie intègre le transfert d'information (modification <strong>et</strong>/ou régulation) par<br />
apport exogène<br />
La <strong>mutagénèse</strong> était limitée à l'emploi de substances chimiques ou d'agents physiques<br />
Elle est désormais étendue à l'emploi d'agents 'biologiques'<br />
Les définitions étendues suivantes sont proposées :<br />
Mutation : Modification brusque, héréditaire, spontanée ou induite par <strong>des</strong><br />
procédés physiques, chimiques ou biologiques, du nombre, de la nature,<br />
de la structure ou de l’organisation <strong>des</strong> gènes dans les génomes <strong>des</strong><br />
noyaux cellulaires ou <strong>des</strong> organites cytoplasmiques<br />
Mutagénèse : Méthode de création de variabilité génétique induisant <strong>des</strong><br />
mutations par l'emploi d'agents chimiques, physiques ou biologiques de<br />
manière aléatoire ou ciblée<br />
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Merci de votre<br />
attention<br />
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