Père CAFFAREL, prophète du mariage - Amis Père Caffarel
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<strong>Père</strong> <strong>CAFFAREL</strong>, <strong>prophète</strong> <strong>du</strong> <strong>mariage</strong><br />
(Extraits de textes)<br />
- 1 -
Sommaire<br />
Présentation <strong>du</strong> Livret ...................................................................<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
Henri <strong>Caffarel</strong> ................................................................................<br />
Chapitre 1<br />
Le Christ au centre de nos vies .....................................................<br />
Chapitre 2<br />
L'oraison : le lieu privilégié de la rencontre avec le Christ .......<br />
Chapitre 3<br />
Le <strong>mariage</strong>, sacrement de l’alliance.............................................<br />
Chapitre 4<br />
La spiritualité conjugale ................................................................<br />
Chapitre 5<br />
Réunis au nom <strong>du</strong> Christ sur le chemin de sainteté ....................<br />
Chapitre 6<br />
Il n’y pas de vie chrétienne sans exigence ....................................<br />
Chapitre 7<br />
Apôtres, ouverts aux réalités <strong>du</strong> monde ..................................<br />
Chapitre 8<br />
Sous la protection de Marie ..........................................................<br />
Conclusion<br />
Le père <strong>Caffarel</strong>, un <strong>prophète</strong> pour notre temps ........................<br />
Bibliographie ..................................................................................<br />
- 2 -<br />
Page<br />
3<br />
4<br />
7<br />
11<br />
16<br />
20<br />
23<br />
27<br />
31<br />
35<br />
39<br />
41
Présentation <strong>du</strong> livret sur le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> :<br />
(*) Charte non jointe à ce livret<br />
Pourquoi avons-nous eu le souhait de transmettre ce recueil de textes choisis <strong>du</strong><br />
<strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> aux équipiers <strong>du</strong> monde entier ?<br />
Parce que notre époque a besoin d'hommes capables de chercher l'Amour de Dieu<br />
sans oublier la valeur de l'Amour pour l'homme.<br />
Or, le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> a cru en l'amour humain, et en particulier en l'amour entre un homme<br />
et une femme. Il y voyait le reflet de l'Amour de Dieu.<br />
Parce que notre époque a besoin de croire que l’on peut atteindre la sainteté dans<br />
l’histoire quotidienne unique de chaque vie.<br />
Le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> est un <strong>prophète</strong> d'aujourd'hui non parce qu’il a vécu des événements<br />
exceptionnels, mais parce qu’il a su associer à la rigueur des choix de la foi, la simplicité<br />
des mots et des gestes qui, vraiment dans le quotidien, atteignent le cœur des hommes.<br />
Parce que notre époque a non seulement besoin de maîtres, mais aussi de témoins de<br />
la foi.<br />
Le père <strong>Caffarel</strong> ne s'est pas placé comme un théologien, mais comme un homme qui a<br />
enseigné à prier en priant lui-même profondément, qui a enseigné à aimer en aimant luimême<br />
profondément.<br />
Par cette sélection de quelques uns de ses nombreux écrits, nous ne voulons pas<br />
seulement vous présenter le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> comme fondateur de notre Mouvement des<br />
Equipes Notre Dame, mais nous souhaitons vous faire connaître l'homme, Henri<br />
<strong>Caffarel</strong>, qui a vécu, le regard toujours tourné vers Dieu, tout en ne détournant pas son<br />
regard des hommes. Il a vécu complètement sa vocation sacerdotale tout en marchant aux<br />
côtés de ceux qui sont appelés à vivre la vocation conjugale. Il a vécu sa vocation de<br />
prêtre en croyant en la force de l'amour sacramentel entre un homme et une femme. Il y a<br />
consacré sa vie et reste encore présent parmi nous, grâce aux milliers de couples et de<br />
prêtres qui, aujourd'hui, font partie <strong>du</strong> Mouvement des Equipes Notre Dame.<br />
Ces textes proposés sont les écrits d'un serviteur de Dieu; Qu'ils soient par vous,<br />
en couple, en équipe, médités et priés; Qu'ils vous donnent le désir d'aller plus loin dans<br />
la connaissance de toute l'oeuvre <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>.<br />
- 3 -<br />
Carlo et Maria-Carla Volpini.
- 4 -<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
Henri <strong>Caffarel</strong> – La Genèse.<br />
Le père Henri <strong>Caffarel</strong> est né le 30 juillet 1903 à Lyon. Il est baptisé le 2 août<br />
1903 et ordonné prêtre le 19 avril 1930, à Paris. Il meurt le 18 septembre 1996 à<br />
Troussures, dans le diocèse de Beauvais, où il est enterré.<br />
"Viens et suis-moi !". Cette parole <strong>du</strong> Seigneur est inscrite sur sa tombe car en<br />
mars 1923, se pro<strong>du</strong>it l'événement qui va orienter toute sa vie :"À vingt ans, Jésus-<br />
Christ, en un instant, est devenu Quelqu'un pour moi. Oh ! Rien de spectaculaire. En<br />
ce lointain jour de mars, j'ai su que j'étais aimé et que j'aimais, et que désormais entre<br />
lui et moi ce serait pour la vie. Tout était joué".<br />
Le jeune Henri <strong>Caffarel</strong> a rencontré "Quelqu'un". Ainsi tout ce qu’il va fonder<br />
et organiser se fera peu à peu, comme le Seigneur le lui montrera. Le Cardinal Jean-<br />
Marie Lustiger parle <strong>du</strong> père Henri <strong>Caffarel</strong> comme "d'un <strong>prophète</strong> <strong>du</strong> 20 ème siècle". Il<br />
avait ainsi conscience de faire "<strong>du</strong> neuf pour l'Église".<br />
Henri <strong>Caffarel</strong> est touché par l'amour <strong>du</strong> Seigneur. Le ministère <strong>du</strong> père Henri<br />
<strong>Caffarel</strong> sera au service de l'amour, "être aimé, aimer". L'amour <strong>du</strong> Seigneur est pour lui<br />
source de dynamisme et de vie. Il est d’emblée en harmonie avec les couples désireux<br />
d'épanouir leur amour à la lumière <strong>du</strong> Seigneur.<br />
Quelle que soit l’œuvre entreprise, le père Henri <strong>Caffarel</strong> aura un seul but :<br />
mettre chacun devant le Seigneur, à l’origine de toute vocation.<br />
Henri <strong>Caffarel</strong> conclut : "Tout était joué." Voilà bien une conclusion à sa<br />
manière : il n'y a plus à discuter, on obéit, on travaille, on ne s'enfle pas des services<br />
ren<strong>du</strong>s, et, quand c'est fini, on s'en va…<br />
Rigueur, exigence, précision dans les détails, volonté d'aller jusqu'au bout,<br />
regard concret sur les événements et les êtres, capacité de se délester de tout ce qui ne va<br />
pas dans le sens de ce qu'il "voit"… : tel est le père Henri <strong>Caffarel</strong>
La vie en trois périodes.<br />
I. Les fondations (1939-1949)<br />
Le père Henri <strong>Caffarel</strong> répond à l'appel de couples voulant vivre le sacrement de<br />
<strong>mariage</strong>: "L'exigence de sainteté vous concerne. Pour y répondre, vous avez un<br />
sacrement à vous, celui <strong>du</strong> <strong>mariage</strong>."<br />
Le nombre des Équipes de Foyers augmente. Une orientation spirituelle est<br />
donnée, de plus en plus claire à mesure qu’avance la découverte de la grâce <strong>du</strong> <strong>mariage</strong>.<br />
Les publications, "Lettre à des jeunes foyers" (1942), première appellation de<br />
ce qui deviendra la « Lettre des Equipes Notre-Dame », "L'Anneau d'or" (1945), ont<br />
profondément marqué de très nombreux couples et leur retentissement a largement<br />
dépassé les Équipes Notre-Dame. Le père <strong>Caffarel</strong> voulait être compris de tous pour que<br />
la grâce de l'amour de Dieu puisse être active en tous. Il voulait que tous comprennent la<br />
grandeur <strong>du</strong> <strong>mariage</strong>. L'enjeu est toujours actuel.<br />
Un moment décisif dans l'action <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong> a été l'écriture et la mise en<br />
œuvre, en 1947, de "La Charte des Équipes Notre-Dame". Les moyens donnés par la<br />
Charte sont exigeants. "Les points concrets d'efforts", notamment "le devoir de s'asseoir",<br />
sont caractéristiques de la vie quotidienne des couples. "Ayant saisi l'esprit des Équipes,<br />
vous n'aurez pas de peine à consentir à leur discipline", dit le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>. Vivre<br />
l'Évangile dans la vie de couple, tel est "le chemin de Sainteté".<br />
En cette même période, deux fondations nouvelles voient le jour : le Mouvement<br />
des Veuves, devenu "Espérance et Vie" et la "Fraternité Notre-Dame de la<br />
Résurrection", Institut séculier de veuves. Comme toujours, il n'a pas "l'idée" de ces<br />
fondations : on vient le voir, on lui expose le désir d'une vie sainte; alors il discerne, il<br />
encourage, il accompagne.<br />
II. Le temps <strong>du</strong> mûrissement (1950-1973)<br />
Les Équipes Notre-Dame se développent. Une organisation est mise en place.<br />
De grands rassemblements ont lieu : Lourdes en 1954, Rome en 1959, Lourdes en 1965,<br />
Rome 1970… C'est l'occasion d'un approfondissement de la grâce <strong>du</strong> <strong>mariage</strong> et de sa<br />
grandeur.<br />
Le père <strong>Caffarel</strong> insiste aussi sur l’enrichissement mutuel des sacrements de<br />
l’Ordre et <strong>du</strong> Mariage : deux sacrements "complémentaires" pour répondre à la vocation<br />
de l'amour.<br />
Les Équipes connaissent de grands débats :<br />
- Sont-elles un mouvement d'initiation ou de perfection ? L'histoire <strong>du</strong><br />
mouvement montre que l'équilibre entre ces deux aspects s'établit. Des foyers voulant<br />
avancer dans le mystère <strong>du</strong> <strong>mariage</strong> chrétien choisissent, à la lumière <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>,<br />
des exigences particulières : ce sont les Fraternités Joseph et Marie.<br />
- Des épreuves surviennent dont l'enjeu est l'unité <strong>du</strong> Mouvement et la liberté<br />
des laïcs, son originalité et sa personnalité. Dans ce domaine, le père <strong>Caffarel</strong> s'est<br />
- 5 -
toujours montré en harmonie avec l'Église, parfois de façon exemplaire et courageuse. Il<br />
envoie tous les équipiers vers leur paroisse, leur diocèse, leur apostolat dans leur<br />
profession et dans le monde.<br />
À 70 ans, il quitte de lui-même son service auprès des Équipes Notre-Dame<br />
après avoir assuré sa succession.<br />
III. L’approfondissement (1973-1996)<br />
La fécondité <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong> est inscrite dans les cœurs, dans la relation unique<br />
de chacun avec Dieu. Innombrables sont ceux qui ont trouvé le Seigneur à la « Maison de<br />
Prière » de Troussures. Son immense désir était de partager la révélation qu’il avait eue à<br />
l'âge de vingt ans. Ses dernières années à Troussures montrent la source d'où jaillissait<br />
toute chose en lui.<br />
****<br />
Des œuvres pleines de vie<br />
Les Équipes Notre-Dame : nées en 1939, elles comptent actuellement plus de 100 000<br />
foyers répartis en 70 pays (en 2008)<br />
Les Fraternités Notre-Dame de la Résurrection : nées en 1943, fortes de 200 membres<br />
Espérance et Vie : mouvement spirituel des veuves<br />
Les Intercesseurs : qui prient, jeûnent et offrent leur vie quotidienne<br />
Les Fraternités Joseph et Marie : Mouvement d’approfondissement.<br />
Le père Henri <strong>Caffarel</strong> est aussi à l'origine, avec l'aide <strong>du</strong> père Pierre Joly et <strong>du</strong> père<br />
Alphonse d’Heilly, s.j., des Centres de Préparation au Mariage.<br />
La « Maison de Prière » de Troussures. Ce Centre eut un rayonnement immense pour<br />
les milliers de personnes qui souhaitaient apprendre à prier. Cette œuvre se poursuit à<br />
travers les propositions faites par les Équipes Notre-Dame à la « Maison <strong>du</strong> couple »,<br />
Massabielle (à Saint-Prix, Val d’Oise), et surtout par l'importance donnée à la prière<br />
intérieure dans les Équipes Notre-Dame et les écoles d'oraison.<br />
À noter l’actualité des écrits publiés par le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> : dans les revues : « L'Anneau<br />
d'Or », « Offertoire », « Cahiers sur l'Oraison »… et ses nombreux livres : Présence à<br />
Dieu - Cent lettres sur la prière, Aux carrefours de l’amour etc...<br />
****<br />
- 6 -
Méditation<br />
Chapitre 1<br />
Grâce à la Loi (qui a fait mourir le Christ) j'ai cessé de vivre pour la Loi afin de<br />
vivre pour Dieu. Avec le Christ, je suis fixé à la croix : je vis, mais ce n'est plus moi,<br />
c'est le Christ qui vit en moi. Ma vie aujourd'hui dans la condition humaine, je la vis<br />
dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré pour moi. (Galates 2,19-20)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
A l’origine de la vocation <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>, il y a une rencontre, Sa Rencontre avec le<br />
Christ, une rencontre radicale qui fait basculer toute sa vie, une rencontre où d’emblée «tout est<br />
joué». Le Christ est au cœur de la vie <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>, sa vie est tout accueil à la vie <strong>du</strong> Christ en<br />
lui. Il tient à transmettre la nécessité de l’accueil <strong>du</strong> Christ en soi, fondement de la vie chrétienne;<br />
C’est ce qui est à l’origine de sa vocation de prêtre et de son message apostolique. Pour le père,<br />
cela prend un caractère d’absolu, d’intransigeance, et cela passe par une recherche (ce mot<br />
revient souvent dans ses écrits) permanente <strong>du</strong> Christ, par l’écoute de sa Parole.<br />
Désirer Dieu, le rechercher en toute chose, c’est le préalable à l’Amour total, unique de<br />
celui qui est tout Amour pour l’homme. Le père <strong>Caffarel</strong>, qui vit de cet Amour <strong>du</strong> Christ, n’hésite<br />
pas à exhorter avec vigueur et énergie notre mollesse, notre manque d’enthousiasme à suivre ce<br />
qui est l’idéal chrétien à ses yeux. Il rappelle sans cesse la nécessité de dialoguer avec Dieu dans<br />
la prière ou l’oraison, de se nourrir chaque jour de la Parole, de l’Evangile, des textes sacrés:<br />
c’est à ce prix qu’il est possible de vivre de manière absolue, sans concession l’idéal évangélique.<br />
Textes choisis<br />
Le Christ au centre de nos vies<br />
«Ce n’est plus moi qui vit, c’est le<br />
Christ qui vit en moi.»<br />
SI LE CHRIST EST VIVANT EN VOUS, IL Y EST PRIANT. Car pour le Christ, vivre<br />
c’est prier. Rejoignez-le; saisissez, appropriez-vous sa prière. Ou plutôt – car les termes<br />
que je viens d’employer mettent trop l’accent sur votre activité à vous – laissez cette<br />
prière vous saisir, vous envahir, vous soulever et vous entraîner vers le <strong>Père</strong>. Je ne vous<br />
promets pas que vous la percevrez; je vous demande seulement d’y croire et, <strong>du</strong>rant<br />
l’oraison, de lui donne, de lui renouveler votre pleine adhésion. Cédez-lui la place, toute<br />
la place. Qu’elle puisse s’emparer de toutes les fibres de votre être, comme le feu pénètre<br />
le bois et le rend incandescent.<br />
- 7 -
Prier, c’est exaucer la demande que le Christ nous adresse: «Prête-moi ton<br />
intelligence, ton cœur, tout ton être, tout ce qui en l’homme est susceptible de devenir<br />
prière, afin que je puisse faire surgir de toi la grande louange <strong>du</strong> <strong>Père</strong>. Suis-je venu pour<br />
autre chose que pour allumer le feu sur la terre et qu’il se communique de proche en<br />
proche, transformant tous les arbres de la forêt en torches vives? Ce feu est ma prière.<br />
Consens au feu.»<br />
Le Christ est présent chez le petit baptisé comme chez le grand mystique. Mais<br />
la vie <strong>du</strong> Christ en l’un et en l’autre n’est pas au même stade de développement. Si dans<br />
l’âme <strong>du</strong> nouveau baptisé déjà vibre la prière de Christ, elle n’y est pourtant qu’en germe,<br />
un germe de feu. C’est tout au long de l’existence, dans la mesure même de notre<br />
coopération, qu’elle s’intensifie et peu à peu prend possession de notre être tout entier.<br />
Notre coopération consiste d’abord à adhérer par le plus profond de notre<br />
vouloir à la prière <strong>du</strong> Christ en nous. Mais remarquez bien le sens très fort que je donne à<br />
ce mot adhérer: il ne désigne pas un mol accord, un acquiescement <strong>du</strong> bout des lèvres,<br />
mais un don total, à la manière de la bûche qui se livre à la flamme pour devenir feu à son<br />
tour. Notre coopération consiste encore à rechercher de toute notre intelligence de quoi<br />
est faite la prière <strong>du</strong> Christ en nous, ses grandes composantes: louange, action de grâces,<br />
offrande, intercession... afin de les épouser plus parfaitement. – Vous me demandiez des<br />
sujets de méditation, je n’en connais pas de meilleur.<br />
L’Anneau d’or; Mai- Août 1967<br />
L’ESSENTIEL, C’EST DE RECHERCHER LE CHRIST. Hélas, les mots sont usés; je<br />
crains que l’expression: “rechercher le Christ” n’éveille en vous qu’un écho très affaibli.<br />
Mais, voici quelques textes – que dis-je – quelques cris de saint Paul qui vont<br />
vous montrer ce que c’est que chercher le Christ et, l’ayant trouvé, lui appartenir.<br />
Saint Paul est habité par la charité: «L’amour <strong>du</strong> Christ me talonne» (II Cor. V<br />
14) «Qui m’arrachera à l’amour <strong>du</strong> Christ? La tribulation? La détresse? La persécution?<br />
La faim? La nudité? Le péril? Le glaive? … mais en tout cela nous sommes plus que<br />
vainqueurs». (Rom. 8, 35-37).<br />
Il lui arrive, comme à nous tous, de se trouver devant l’alternative : plaire aux<br />
hommes ou plaire à Dieu. Son parti est pris: «Si j’en étais encore à plaire aux hommes, je<br />
ne serais pas le serviteur <strong>du</strong> Christ». (Gal. 1, 10) «Nous sommes fous à cause <strong>du</strong> Christ».<br />
(I Cor. 4, 10).<br />
Le Christ est le pôle de sa vie. Mais il n’hésite pas à sacrifier les douceurs de son<br />
intimité pour aller à ses frères, afin qu’à leur tour, ils appartiennent à son maître «je me<br />
sens tiré des deux côtés: je voudrais bien mourir pour être avec le Christ, et c’est de<br />
beaucoup le meilleur; mais à cause de vous demeurer ici-bas est préférable». (Ph. I 23).<br />
Les souffrances variées ne lui sont pas épargnées, et sans doute connaît-il les<br />
heures d’angoisse. Il réagit: «Je sais en qui je me suis confié» (II Tim. I 12). Est-ce que<br />
vous percevez tout ce qu’il y a, dans ces mots, d’héroïque courage et de tendresse de<br />
cœur? Sa vie n’a qu’une raison d’être. Il sera fidèle jusqu’au martyre: «Il faut qu’il<br />
règne». (I Cor. 15, 25).<br />
- 8 -
Sans doute sommes-nous bien loin d’une telle sainteté. Mais la question est de<br />
savoir si, oui ou non, nous voulons être possédés par la même passion dévorante.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Novembre 1948<br />
MAIS AU VRAI ? QU’EST-CE QUE LA FOI ? En voici une des meilleures définitions:<br />
«Une participation à la connaissance que Dieu a de lui-même», et, doit-on ajouter, à sa<br />
connaissance de toutes choses. C’est précisément de ce dernier aspect que je veux vous<br />
entretenir un moment, avant de vous inviter à vous interroger sur votre foi.<br />
Avez-vous le point de vue de Dieu sur toutes choses? Ce qu’il estime bien, ce<br />
qu’il estime mal, l’estimez-vous tel? Je ne m’attarderai pas, d’ailleurs, à cette première<br />
considération, encore qu’il y ait bien des choses à en dire. Mon propos, aujourd’hui, est<br />
de vous amener à vous poser cette question: «Mon regard intérieur sait-il voir Dieu<br />
partout présent, partout agissant et sanctifiant? Sait-il discerner la dimension divine des<br />
êtres qui m’entourent et des événements?» Je m’explique par des exemples: Dans<br />
l’autocar ou dans le train, cette foule obscure, lourde, accablée, la regardez-vous avec le<br />
regard <strong>du</strong> Christ? Est-ce que surgit en vos cœurs la grande pitié <strong>du</strong> Christ pour elle? – Ce<br />
malade, ce pauvre, cette femme abandonnée qui attendent votre secours, découvrez-vous<br />
dans leur appel l’accent inimitable de la voix <strong>du</strong> Christ? – Parents penchés sur votre petit<br />
enfant, percevez-vous la Sainte Trinité présente dans son âme? On rapporte que le père<br />
d’Origène, la nuit, s’approchait en silence de son fils endormi et baisait la poitrine de<br />
l’enfant, tabernacle de son Dieu – dans ces événements qui bousculent vos plans,<br />
discernez-vous la Main de Dieu, comme aimaient dire nos pères? Rappelez-vous à ce<br />
sujet le mot de Pascal: «Si Dieu nous donnait des maîtres de sa main, oh, qu’il leur<br />
faudrait obéir de bon cœur. La nécessité et les événements en sont infaillible- ment». – Et<br />
quand les journaux vous rapportent ces événements mondiaux, cruels, déroutants,<br />
inquiétants, votre foi vous dit-elle que le Christ est vainqueur, qu’il con<strong>du</strong>it l’histoire<br />
d’une main de maître, et que son amour irréprochable et infaillible ne saurait être déjoué<br />
par les hommes?<br />
Souhaitez-vous acquérir ce regard de foi et les réactions de foi qu’il commande?<br />
Permettez-moi de vous suggérer un moyen. Vous décidez qu’aujourd’hui, <strong>du</strong> matin au<br />
soir, vous allez très spécialement vous exercer à voir tous les êtres et tous les événements<br />
avec les yeux de la foi. Et vous inaugurerez votre journée par cette prière inspirée<br />
d’Ézéchiel (11,9): «Seigneur, mettez votre œil dans mon cœur». Je vous garantis que<br />
votre journée ne ressemblera pas aux autres.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; décembre 1956<br />
- 9 -
Témoignage<br />
Notre première véritable rencontre avec le message <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> a été en l’an 2000<br />
quand des amis nous ont apporté un cadeau : le livre de Jean Allemand "Henri <strong>Caffarel</strong>, un homme<br />
saisi par Dieu”. A la lecture de ces pages, nous sommes devenus plus proches de cet homme<br />
merveilleux qui a donné sa vie au service de Dieu et des hommes. Nous avons pris conscience de<br />
l'importance et de ce que signifie d'avoir une vraie vie de Prière.<br />
La prière est devenue pour nous un moment de rencontre personnelle avec Dieu, un temps au cours<br />
<strong>du</strong>quel nous Lui avons donné la possibilité de nous parler. Le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> nous demande de faire<br />
dix ou quinze minutes quotidiennes de temps de silence (dans les Obligations des Équipes). Il<br />
prenait lui-même deux mois par an pour se retrouver avec le Seigneur. Ainsi, il prenait les forces<br />
nécessaires pour réaliser ses tâches pastorales. Il ne se contentait pas de paroles ; il vivait déjà luimême<br />
et transmettait ensuite.<br />
A la lecture des écrits <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>, nous avons pris davantage conscience de ce que<br />
la Prière signifie dans la vie <strong>du</strong> chrétien. Toutefois, nous remarquons qu'il y a encore beaucoup de<br />
"bruit" dans la vie des laïques en général. Nous passons la plupart de notre temps à chercher le<br />
bonheur et à vouloir le bonheur de ceux que nous aimons. Mais nous essayons de le faire à notre<br />
manière. Nous ne nous rendons pas compte que notre bonheur réside dans cette découverte : Dieu<br />
aime chacun de nous d'une manière personnelle et a un plan pour chacun dans ce monde. Si nous<br />
étions capables de découvrir le plan qu'Il a établi pour chacun de nous, alors nous serions<br />
pleinement heureux et ferions le bonheur des autres. La prière est la manière adaptée et privilégiée<br />
pour parvenir à cette découverte.<br />
C'est le message central que nous avons découvert grâce au <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> : si nous<br />
vivons motivés par l'action dans le monde <strong>du</strong> «faire», il est nécessaire de nous arrêter sur le<br />
chemin pour reprendre des forces pour agir plus et mieux. Il est impératif de nous "reposer" entre<br />
les bras aimants <strong>du</strong> <strong>Père</strong> pour trouver la joie et la paix. C’est ce que le père <strong>Caffarel</strong> appelle la<br />
"prière silencieuse". On y entre dans le recueillement, avec le sentiment de la douce présence de<br />
notre Seigneur. C’est un vrai sentiment dans le fond de notre âme de savoir que l'AMOUR, avec<br />
des majuscules - qui est Dieu en nous - est présent là et nous pousse à continuer à vivre et<br />
transmettre son message d'amour, malgré les contradictions de ce monde. Si nous nous trouvons<br />
vraiment avec Dieu, notre vie change pour toujours et il nous devient impossible de ne pas le<br />
communiquer.<br />
Nous, les hommes, nous devrions apprendre le silence afin de permettre que ”Dieu parle<br />
en chacun de nous”. Alors, nous pourrions vivre dans un monde totalement différent.<br />
Maria et Augustin Fragueiro (END Argentine).<br />
O Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Laisse-moi te rejoindre dans le fond de mon cœur<br />
- 10 -
Méditation<br />
Chapitre 2<br />
Et lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier<br />
debout dans les synagogues et au coin des rues, afin d'être vus des hommes; en vérité,<br />
je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta<br />
chambre et, ayant fermé ta porte, prie ton <strong>Père</strong> qui est présent dans le secret; et ton<br />
<strong>Père</strong>, qui voit dans le secret, te le rendra. Dans vos prières, ne multipliez pas les<br />
paroles, comme font les païens, qui s'imaginent devoir être exaucés à force de paroles.<br />
Ne leur ressemblez donc pas, car votre <strong>Père</strong> sait de quoi vous avez besoin, avant que<br />
vous ne le lui demandiez. (Mt. 6, 5 -8)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
L'oraison : le lieu privilégié de la rencontre<br />
avec le Christ<br />
«Toute la question est de savoir si c'est vital<br />
de manger, toute la question est de savoir si<br />
c'est vital de prier.»<br />
Pour le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>, la prière est le lieu privilégié de sa rencontre avec Dieu,<br />
particulièrement sous la forme de l’Oraison. Non seulement sa vie quotidienne fut remplie de cette<br />
présence à Dieu, mais il n’a eu de cesse de former à la prière, de transmettre ce qu’il y vivait. Sa<br />
pédagogie passe par l’exigence fondamentale de mettre la prière au cœur de la vie de chacun. Elle<br />
passe par de nombreux écrits: dans la lettre aux équipes et l’Anneau d’Or, par la création des<br />
cahiers sur l’Oraison. C’est surtout dans la deuxième partie de sa vie que s’épanouit sa pédagogie<br />
à destination surtout des laïcs actifs dans le monde. A partir de la maison de Troussures dont il fait<br />
un centre international de prière il anime et fait animer des semaines de prières, des cours par<br />
correspondance sur la prière, des soirées de formation. Il crée le mouvement des Intercesseurs. Il<br />
ne néglige pas une recherche sur les nouveaux courants charismatiques qui émergent dans<br />
l’Eglise. Différents livres bâtis au fil de son expérience d’accompagnateur spirituel sont les<br />
témoins de cette période. Le père <strong>Caffarel</strong> vivait avec exigence sa vie de prière; il souhaitait avec<br />
insistance et exigence qu’il en soit ainsi pour chacun.<br />
Textes choisis<br />
SOMMEIL, TRAVAIL, REPAS. . . .PRIÈRE……Regardez cette règle. 96 divisions: les<br />
96 quarts d’heure dont se compose une journée. Comptez à partir de gauche le nombre<br />
d’heures que vous réservez au sommeil et tirez un trait vertical. Comptez ensuite le<br />
nombre d’heures de travail, professionnel ou ménager: un autre trait; puis les heures de<br />
- 11 -
epas, puis le temps des déplacements, de la lecture <strong>du</strong> journal, etc… Enfin, cette fois en<br />
partant de la droite, le temps que vous consacrez à la prière. Et puis comparez!<br />
Vous me dites: «Rien n’est plus trompeur que ce genre de calculs. Vous<br />
rapprochez des réalités qui ne peuvent l’être. La prière n’est pas une affaire de temps. Pas<br />
plus que l’amour: ce n’est pas parce que je passe dix heures chaque jour à mon travail et<br />
fort peu de temps à converser avec ma femme et mes enfants que je ne les aime pas, que<br />
je les aime moins que mon bureau. L’amour n’est pas affaire de temps.»<br />
Savoir! Combien souvent l’amour des époux, l’affection entre parents périclite,<br />
précisément parce qu’on néglige de les entretenir et approfondir. Nos amours humaines<br />
exigent des rencontres, des échanges, des moments de cœur à cœur. C’est vital.<br />
De même pour l’amour de Dieu. Il dépérit dans l’âme <strong>du</strong> chrétien qui ne se<br />
ménage pas chaque jour des moments de rencontre avec son Seigneur, moments<br />
d’échanges, d’intimité, c’est-à-dire de prière. C’est non moins vital.<br />
Et qui me rétorque: «Mais où voulez-vous que je trouve le temps de prier?» me<br />
laisse rêveur… Ou bien il n’a pas compris le caractère vital de la prière pour entretenir la<br />
vie religieuse, ou bien il relève de l’aliéniste, tout comme la mère de famille nombreuse<br />
souffrant d’une grave anémie qui répondrait au médecin: «Comment voulez-vous que je<br />
trouve le temps de manger, avec huit enfants et tout ce que ça suppose, les biberons, les<br />
couches à laver, les bains des petits, les versions latines des grands…?»<br />
Toute la question est de savoir si c’est vital de manger, toute la question est de<br />
savoir si c’est vital de prier.<br />
Après tout, c’est peut-être notre faute, à nous prêtres, si les chrétiens ne croient<br />
pas à la valeur de la prière: les prévenons-nous suffisamment que l’anémie spirituelle les<br />
guette? Quand ils viennent se confesser de lâchetés, d’orgueil, d’impureté, au lieu de les<br />
presser de faire effort pour ne pas recommencer, attirons-nous leur attention sur la cause:<br />
leur état de moindre résistance, qui les rend terriblement vulnérables? Leur<br />
recommandons-nous ce qui seul leur permettra d’acquérir une vitalité spirituelle, et donc<br />
de résister aux menaces <strong>du</strong> dehors et <strong>du</strong> dedans: la prière?<br />
Je crois pouvoir le dire avec assurance après vingt années de ministère, le<br />
chrétien qui ne consacre pas chaque jour dix minutes à un quart d’heure (la 96 ème partie<br />
de sa journée) à cette forme de prière qu’on appelle oraison ou méditation restera toujours<br />
infantile, ou plutôt il dépérira. Il connaîtra de graves crises, dont il ne sortira pas glorieux,<br />
dont peut-être même il ne sortira pas de longtemps.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Novembre 1952<br />
APRÈS TRENTE-SIX ANS DE VIE SACERDOTALE, il m’apparaît de plus en plus<br />
évident que, si tant de chrétiens sont malades moralement et psychiquement, vivent<br />
anxieux, déprimés ou surexcités —si tant de couples ne parviennent pas à l’accord,<br />
l’harmonie, l’union, la joie qu’ils avaient espérés— si la chrétienté se révèle si<br />
profondément divisée, tant au plan de la pensée qu’au plan de l’action, c’est que<br />
l’importance de la prière est méconnue. Quand les indivi<strong>du</strong>s ou les sociétés ne se relient<br />
plus à Dieu par la prière, ils se trouvent livrés sans défense aux forces de désagrégation…<br />
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Mon expérience ne me laisse pas de doute, la prière est vitale pour vous laïcs<br />
comme pour nous prêtres. Entendez-moi bien, je ne parle pas de cette rapide prière vocale<br />
<strong>du</strong> matin ou <strong>du</strong> soir, mais de ce qu’on appelle oraison, ou encore méditation…….<br />
Et ma joie est grande d’en voir certains parvenir, grâce à l’oraison quotidienne, à<br />
cette prière continuelle que saint Paul, après le Christ, recommandait: «Priez sans cesse.<br />
En toute condition soyez dans l’action de grâces (1 Th 5, 17-18).<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Octobre 1966<br />
CE DIEU AU DEDANS DE VOUS N’EST PAS UN DIEU SILENCIEUX, IL PARLE;<br />
mais pour l’entendre il faut faire silence. «Le <strong>Père</strong> dit une Parole, c’est son Verbe, et c’est<br />
son Fils. Il la dit dans un éternel silence, c’est en silence que l’âme l’entend» (Sain Jean<br />
de la Croix)<br />
Faire silence, c’est difficile dans notre monde effroyablement bruyant. Je ne<br />
parle pas seulement de bruits matériels mais de tous ces événements, nouvelles à<br />
sensation, menaces variées que la publicité, cette sorcière des temps modernes, crie sur<br />
les toits, susurre à nos oreilles. Tout cela vient agiter nos sens, notre imagination, notre<br />
pensée, notre cœur, tout cela mène en nous une folle sarabande et perturbe notre prière.<br />
Cependant le silence intérieur est possible. Pour y parvenir, il faut s’y exercer avec<br />
patience et douceur. Les moyens violents n’ont jamais été de bons moyens de<br />
pacification. Et c’est bien de pacification qu’il agit, pacification de toutes nos facultés<br />
afin qu’elles deviennent disponibles à Dieu, immobiles, à l’écoute. Ce dernier terme<br />
évoque une certaine qualité de silence: le recueillement. C’est une attention tout éveillée,<br />
prête à percevoir la voix intérieure. «Bien des sages, écrit Claudel, nous avaient dit déjà<br />
que pour entendre il nous suffirait peut-être d’écouter: comme c’est vrai! Mais<br />
maintenant ce n’est pas avec notre appareil auditif, ce n’est même pas avec notre<br />
intelligence ten<strong>du</strong>e que nous mettons en guet: c'est avec notre être tout entier que nous<br />
écoutons l’Etre exister.»<br />
Et sans doute me direz-vous une fois de plus que vous désespérez de parvenir au<br />
silence intérieur, à ce recueillement sacré. Vos seuls efforts, il est vrai, n’y peuvent<br />
suffire; il faut qu’intervienne la grâce divine. Mais cette grâce, comme Dieu la refuseraitil?<br />
Il souhaite bien trop que le silence s’instaure en votre âme afin que soit ren<strong>du</strong> possible<br />
le dialogue de <strong>Père</strong> et de son enfant. Faites confiance, persévérez dans l'oraison et le<br />
Christ apaisera et ramènera à lui vos facultés vagabondes, comme ce berger dont parle<br />
sainte Thérèse d’Avila, qui à la nuit tombante joue <strong>du</strong> pipeau pour rassembler ses brebis<br />
éparses dans les prairies.<br />
L’Anneau d’or; Mi-août 1957<br />
NE CHERCHEZ PAS DANS CES PAGES DES RECETTES À L’EFFICACITÉ<br />
GARANTIE; EFFORCEZ-VOUS PLUTÔT D’EN SAISIR L’ESPRIT. C’est vrai de<br />
l’oraison comme de beaucoup d’activités: il importe de prendre un bon départ. Faute de<br />
quoi, au bout de cinq minutes on se retrouve tout étonné d’être sur un prie-Dieu: tandis<br />
que le corps est venu à la prière, la pensée est restée aux affaires.<br />
Je vous conseille donc vivement de veiller aux gestes et attitudes <strong>du</strong> début de<br />
l’oraison. Une attitude nette et forte d’homme éveillé, présent à soi-même et à Dieu; une<br />
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inclination profonde ou un signe de croix, lent, chargé de sens. Lenteur et calme sont<br />
d’une grande importance pour rompre le rythme précipité et ten<strong>du</strong> d’une vie affairée et<br />
pressée. Quelques instants de silence: comme un coup de frein, ils contribueront à vous<br />
intro<strong>du</strong>ire au rythme de l’oraison et à opérer la rupture nécessaire avec les activités<br />
précédentes. Il peut être bon aussi de réciter une prière vocale, très lentement, à mi-voix.<br />
Prenez conscience alors, je ne dis pas de la présence de Dieu, mais de Dieu<br />
présent: un vivant, le Grand Vivant, qui est là, qui vous attend, vous voit, vous aime. Il a<br />
son idée sur cette prière qui commence et vous demande d’être aveuglément d’accord<br />
avec ce qu’il en veut.<br />
Veillez aux attitudes intérieures plus encore qu’à celles <strong>du</strong> corps. Les attitudes<br />
fondamentales de l’homme en face de Dieu: dépendance et repentance.<br />
Dépendance: non pas la vague soumission de celui qui parfois doit renoncer à un projet<br />
pour faire la volonté de Dieu, mais une dépendance bien plus radicale, celle <strong>du</strong> torrent<br />
(qui se supprime s’il se coupe de la source), <strong>du</strong> sarment (qui sèche et pourrit lorsqu’il est<br />
séparé <strong>du</strong> cep), <strong>du</strong> corps humain (qui n’est même plus un corps mais un cadavre quand<br />
est rompu le lien qui l’attachait à l’âme).<br />
Repentance: ce sens aigu de notre indignité foncière en présence de la Sainteté de Dieu.<br />
Comme saint Pierre tout à coup qui se prosterne devant le Christ: «Retire-toi de moi, je<br />
ne suis qu’un pécheur.»<br />
Ces deux attitudes sont importantes pour aplanir en vous les voies <strong>du</strong> Seigneur.<br />
L’âme ainsi disposée, demandez la grâce de l’oraison, car je vous l’ai déjà dit, l’oraison<br />
est un don de Dieu avant d’être une activité de l’homme. Appelez humblement l’Esprit<br />
Saint, il est notre Maître à prier. Vous pouvez alors adopter l’attitude corporelle la plus<br />
favorable à la liberté de l’âme.<br />
Ainsi préparée, l’oraison proprement dite peut commencer. Qu’en attendrezvous?<br />
Que Dieu prenne possession de vous-même. Et le seul moyen c’est de mettre en<br />
œuvre ces trois grandes facultés surnaturelles que le Seigneur nous a données<br />
précisément pour entrer en contact, en communion avec lui (c’est la raison pour laquelle<br />
on les appelle les vertus théologales): la foi, l’espérance, la charité. Elles sont en vous des<br />
dynamismes surnaturels tout prêts à entrer en jeu dès que vous venez à Dieu.<br />
Exercez votre foi. Je ne vous demande pas de spéculer sur Dieu, mais de penser<br />
à lui en méditant ce qu’il vous dit de lui par la Création --où tout parle de ses perfections<br />
—, par la Bible, et surtout et d’abord par son Fils qui ne s’est incarné, n’a vécu, n’est<br />
mort qu’afin de nous révéler l’amour infini <strong>du</strong> <strong>Père</strong>. .....<br />
Mais l’important n’est pas de penser beaucoup, c’est de beaucoup aimer. La foi<br />
ayant mis en mouvement la charité, exercez celle-ci. À nouveau je viens d’employer le<br />
terme «exercer». Ne vous y trompez pas, je ne préconise pas un volontarisme effréné.<br />
L’exercice de la foi et de la charité devrait être aussi naturel et souple que la respiration.<br />
Exercer la charité consistera non pas tant à faire surgir en vous émotions, ferveurs et<br />
sentiments, qu’à adhérer de toute votre volonté à Dieu lui-même, qu’à épouser ses désirs<br />
et ses intérêts.<br />
- 14 -
C’est aussi le propre de l’amour d’aspirer à l’union avec celui qu’on aime — et<br />
au bonheur qu’elle promet. Quand il s’agit de Dieu, cette aspiration se nomme<br />
«espérance». Exercez donc aussi l’espérance……<br />
.....J’ajouterai une dernière remarque avant de vous quitter. Pas plus qu’on ne<br />
devient ébéniste, musicien, écrivain, <strong>du</strong> jour au lendemain, pas plus on ne devient homme<br />
d’oraison sans un consciencieux apprentissage.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Septembre –Octobre 1970<br />
Témoignage<br />
Je retiendrai un seul souvenir <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>, homme de prière.<br />
Ces longues heures de prière et d'adoration silencieuses et quotidiennes... quoiqu'il arrive dans sa<br />
vie débordante d'activités, il avait su tailler sa place à Dieu. Mais, c'est inexact de parler ainsi,<br />
cette rencontre quotidienne était vitale, naturelle, essentielle. C'était dans la logique d’amour de sa<br />
rencontre avec le Christ en Mars 1923. Rencontre qui détermine toute sa vie et notamment sa vie<br />
de prière. Quand on aime et qu'on se sait aimé, on aspire tout simplement à être seul à seul avec<br />
l'Etre aimé.<br />
Et j'aime à le revoir dans la chapelle de Troussures, assis sur son petit banc de prière, le<br />
corps et la tête bien droits, les yeux le plus souvent clos, les mains largement ouvertes sur les<br />
genoux, parfaitement immobile, tout recueilli, tout présent à Dieu présent au plus intime de luimême.<br />
Plus rien ne comptait. On aurait dit qu'il était à la fois tout accueil et toute offrande, se<br />
tenant devant son Seigneur et son Dieu comme un drap déployé au soleil, image qu'il affectionnait<br />
pour parler de la prière. Rien de mièvre ou de douceâtre mais une paix, une stabilité, une force<br />
émanaient de lui.<br />
Etre offert et livré à l'Amour transformant de Dieu dans un abandon et une confiance<br />
inaltérable. Voilà un des secrets, je crois, de sa prière. Secret que l'on pourrait résumer dans cette<br />
phrase que le Christ adressait à Sainte Catherine de Sienne : "Fais-toi capacité et je me ferai<br />
torrent"; phrase qu'il aimait commenter ainsi : " Fais-toi capacité par la foi et le torrent de mon<br />
amour se déversera en ton cœur".<br />
N'est-ce pas là la source de toute la fécondité de son ministère?<br />
- 15 -<br />
Elisabeth Saleon Terras (France)<br />
O Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Fais-moi vivre de Toi, dans le fond de mon cœur
Méditation<br />
Chapitre 3<br />
Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’EGLISE. Il s’est livré pour<br />
elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne; car<br />
il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de<br />
tel, mais sainte et immaculée. De la même façon les maris doivent aimer leurs femmes<br />
comme leur propre corps. Aimer sa femme, n’est-ce pas s’aimer soi-même? Or nul n’a<br />
jamais haï sa propre chair; on la nourrit au contraire et on en prend bien soin. C’est<br />
justement ce que le Christ fait pour l’Eglise: ne sommes-nous pas membres de son<br />
Corps? Voici donc que l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa<br />
femme, et les deux ne feront plus qu’une seule chair: ce mystère est grand; je veux dire<br />
qu’il s’applique au Christ et à l’Eglise. Bref en ce qui vous concerne, que chacun aime sa<br />
femme comme soi-même, et que la femme révère son mari. (Ephésiens 5, 25-33)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
A la suite de sa rencontre avec les couples, le père <strong>Caffarel</strong> a tenu à approfondir le<br />
mystère <strong>du</strong> sacrement de <strong>mariage</strong> et à apporter sa réflexion théologique à l’Eglise. Celle-ci s’est<br />
toujours appuyée sur la méditation de la Parole mais aussi sur l’observation, l’écoute, la<br />
participation des couples et l’apport de théologiens confirmés. A partir d’enquêtes détaillées il a<br />
élaboré une vision renouvelée <strong>du</strong> <strong>mariage</strong> chrétien et de la sexualité. Le père <strong>Caffarel</strong> a participé<br />
concrètement au renouveau de la pensée de L’Eglise sur le <strong>mariage</strong>. Il en a été un acteur<br />
primordial par sa participation à des commissions pontificales préparatoires au concile et par son<br />
souci de recherche, et d’information. Le rapport sur «le <strong>mariage</strong> chrétien dans l’Eglise de 1960»<br />
le numéro de l’Anneau d’Or «Mariage et Concile: un renouveau <strong>du</strong> <strong>mariage</strong> pour un renouveau<br />
de l’Eglise» en sont la mémoire. La pertinence de sa pensée sera affirmée d’abord par Jean XXIII<br />
puis surtout par Paul VI lors des rassemblements des équipes Notre Dame à Rome en 1959 et en<br />
1970.<br />
Textes choisis<br />
Le <strong>mariage</strong>, Sacrement de l’Alliance<br />
«Un vrai foyer chrétien, c'est une grande<br />
œuvre de Dieu, l'éclat <strong>du</strong> sacrement de<br />
<strong>mariage</strong> est le reflet de l'immense<br />
tendresse qui unit le Christ à l'Eglise»<br />
LE MONDE DE L'AMOUR TOUCHE AU ROYAUME DE LA GRÂCE. Les jeunes<br />
fiancés en font l’émerveillant expérience. Les époux le vérifient à longueur de vie, si<br />
- 16 -
toutefois ils consentent à se laisser guider par Dieu. C’est lui qui leur fait découvrir, peu à<br />
peu, les points de passage par où la frontière peut être franchie.<br />
L'amour vrai, loin de confisquer les coeurs, les libère et les dilate extraordinairement. Je<br />
dirais plus: fiancés et jeunes mariés connaissent une manière d’état de grâce, à tout le<br />
moins d’ouverture à la grâce. C’est que, de l’amour à la vie chrétienne il y a, en un sens,<br />
continuité, car «Dieu est amour»...<br />
L’amour appelle l’amour. Etre aimé entraîne à aimer. Surgissent un émerveillement, une<br />
gratitude, une générosité, impatientes de se tra<strong>du</strong>ire, dont on ignorait que la source était<br />
en soi.<br />
L’Anneau d’or ; Mai- Août 1964<br />
QUEL EST LE SENS CHRÉTIEN DE LA SEXUALITÉ? Comment vivez-vous<br />
chrétiennement votre sexualité?<br />
Autre chose qui résulte de tout ça, maintenant ça a bien changé, la plupart des<br />
foyers qui ont répon<strong>du</strong> ont un très grand souci de respecter ce qu’ils appellent la loi de<br />
l’Eglise. Ils y parviennent difficilement, souvent avec beaucoup d’impatience et peut-être<br />
de révolte, mais ils ne se préoccupent pas de la qualité humaine <strong>du</strong> rapport sexuel, et j’ai<br />
compris en lisant, en étudiant, en méditant sur ces réponses, qu’il ne peut pas y avoir de<br />
vraie moralité de la sexualité, s’il n’y a pas eu de qualité de la sexualité.... Excusez<br />
l’expression, autrefois je la détestais cette expression, elle est un peu vulgaire, mais je<br />
crois qu’elle est importante, sur la manière de bien faire l’amour, de bien vivre le rapport<br />
sexuel. Et alors, les foyers chrétiens comme les autres vivent une sexualité de barbares,...<br />
Alors, je vous le dis, comme quelque chose qui n’a pas été fait et comme quelque chose<br />
qui s’impose, il faut absolument guider les ménages vers la perfection humaine et<br />
chrétienne de la relation sexuelle...<br />
Et bien, avec les Equipes Notre-Dame, il est affirmé dans l’Eglise que la<br />
sexualité est un facteur de sanctification à la condition qu’elle soit assumée et<br />
évangélisée, que le plaisir est une réalité sainte, dans l’ordre de Dieu, et ne doit pas être<br />
suspect comme ces spiritualités chagrines que l’on avait connues très souvent. Et cela va<br />
beaucoup plus loin, c’est dire, mais, dans toute la vie <strong>du</strong> monde, les valeurs naturelles ne<br />
sont pas méprisables, il faut les assumer, la sexualité étant une valeur type. C’est<br />
tellement important actuellement de comprendre tout cela, pour sauver la sexualité de<br />
l’insignifiance, car actuellement, c’est un drame de la sexualité, et pour sauver la<br />
sexualité de l’érotisme.<br />
Conférence <strong>du</strong> <strong>Père</strong> Henri <strong>Caffarel</strong> a la Rencontre des Responsables Régionaux Européens<br />
Chantilly, dimanche 3 Mai 1987<br />
LA COMMUNAUTÉ CONJUGALE EST SOLIDE, car la grâce est puissante ouvrière<br />
d’union. Cette union, elle la fait, elle la répare, elle la consolide jour après jour....<br />
La source de cette grâce est le sacrement de <strong>mariage</strong>. Et ce sacrement, comme<br />
tous les autres, est le fruit de la Croix. Dieu est déjà présent au cœur <strong>du</strong> simple amour<br />
naturel, dissions-nous, et ceux qui l’y cherchent l’y trouvent. Mais dans les foyers<br />
- 17 -
chrétiens fondés sur le sacrement de <strong>mariage</strong>, sa présence est infiniment plus réelle et<br />
plus efficiente.<br />
Ce n’est pas l’amour à proprement parler qui devient sacrement, c’est le contrat<br />
et l’union qui s’ensuit; mais l’amour, inspirateur de ce contrat et âme vivante de cette<br />
union, participe au sacrement; de lui on peut dire qu’il est non seulement sanctifié, mais<br />
aussi sanctifiant.<br />
L’Anneau d’or; Juillet, 1945<br />
LE MARIAGE CHRÉTIEN N’EST PAS SEULEMENT LE DON RÉCIPROQUE DE<br />
L’HOMME ET DE LA FEMME; il est aussi le don <strong>du</strong> couple au Christ. Désormais, dans<br />
ce couple qui, en se donnant, s’est ouvert à lui, le Christ est présent. Cette présence, il est<br />
vrai, se vérifie déjà lorsque deux ou trois sont unis au nom <strong>du</strong> Christ, mais, dans le cas <strong>du</strong><br />
couple, il y a plus et mieux: un pacte, une alliance, au sens biblique <strong>du</strong> mot, entre le<br />
Christ et le foyer. Ce que Yahvé disait autrefois: «Je serai votre Dieu et vous serez mon<br />
peuple», le Christ à son tour le dit au couple. Ainsi lié au couple, présent au couple, le<br />
Christ aspire à rendre grâces à son <strong>Père</strong>, à intercéder avec et par les époux pour le monde<br />
entier…<br />
Tant qu’on ne s’élève pas jusque-là, on ne peut pas bien saisir la prière conjugale. Sa<br />
nécessité et sa grandeur ne s’expliquent que dans la perspective <strong>du</strong> sacrement de <strong>mariage</strong>.<br />
En un mot, quand le Christ unit sacramentellement un homme et une femme, c’est pour<br />
fonder un sanctuaire, ce sanctuaire qu’est un foyer chrétien; là, il pourra célébrer avec ce<br />
couple, par ce couple, le grand culte filial de louange, d’adoration et d’intercession qu’il<br />
est venu instaurer sur terre.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Avril 1968<br />
LE FOYER CHRÉTIEN NE SE CONTENTE PAS D’OFFRIR SES RICHESSES<br />
HUMAINES, de faire entrevoir des vérités capitales; il dispense à ses hôtes les richesses<br />
de grâce dont il vit. C’est elle, qu’il nous faut maintenant inventorier brièvement.<br />
Sa grande richesse spirituelle est la présence <strong>du</strong> Christ qui fait de cette<br />
communauté familiale une «petite église», «Quand deux ou trois sont réunis en mon nom<br />
je suis au milieu d’eux», et Tertullien d’ajouter: «Quand deux sont ensemble, il y a<br />
l’Église». Et sans doute cette présence <strong>du</strong> Christ et de l’Église demeure invisible. Le<br />
musulman, le juif qui viennent au foyer l’ignorent, mais leur ignorance n’empêche pas le<br />
Christ d’agir sur eux. Les chrétiens eux-mêmes, souvent aussi les prêtres, éprouvent<br />
grand bienfait spirituel à fréquenter un tel foyer. Écoutez ce témoignage: «Un religieux<br />
ayant séjourné quelque temps dans une famille nombreuse au cours d’une période de<br />
repos dit en la quittant à la maîtresse de maison : vous ne vous doutez pas <strong>du</strong> réconfort,<br />
de l’apaisement que peut procurer le contact avec une famille comme la vôtre. Je pense<br />
que si un prêtre traverse une crise, comme cela arrive parfois autour des quarante ans, il<br />
n’a pas de meilleur moyen de retrouver son équilibre que de participer pendant quelque<br />
temps à la vie d’une famille chrétienne.»<br />
Après ce rapide inventaire de vos richesses humaines et spirituelles, vous<br />
comprenez qu’on puisse dire <strong>du</strong> foyer qu’il est un «instrument d’apostolat<br />
- 18 -
exceptionnellement efficace». Là, la grâce et les richesses divines empruntent pour se<br />
communiquer les réalités humaines les plus modestes en même temps que les plus<br />
attachantes: toutes ces richesses d’amour dont nous parlions il y a un instant. Comme<br />
l’apôtre isolé est pauvre en un sens en regard de l’apôtre foyer! Et certes le prêtre qui<br />
visite le malade, celui qui absout, dispose de pouvoirs exceptionnels pour transmettre la<br />
grâce. Mais qu’il est austère, son visage humain! Par contre qu’il est sé<strong>du</strong>isant, le visage<br />
de la famille chrétienne! L’un de vous l’a dit en termes admirables: «Le foyer chrétien,<br />
c’est le visage riant et doux de l’Église».<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Janvier 1962<br />
Témoignage<br />
Il existe une division profonde dans nos cultures sur le sujet <strong>du</strong> <strong>mariage</strong> et de la<br />
sexualité. Le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> a contribué par ses enseignements et ses écrits à affronter cette<br />
question de toujours.<br />
Les mots de ce prêtre âgé sont significatifs : "Autrefois, c’était plus simple, les règles<br />
étaient claires. Avant le <strong>mariage</strong>, aucun rapport sexuel. Dans le <strong>mariage</strong>, aucun écart! On ne<br />
discutait pas l’enseignement de l’Eglise. Pas question de divorcer. C’était clair. Il s'agissait<br />
seulement de former la conscience des fidèles et être miséricordieux dans le cas de fautes.<br />
Aujourd'hui les jeunes ne me semblent pas plus mauvais que ceux d'autrefois. La conscience n'a<br />
pas disparu, mais on a changé les modalités d'application. Ma parole de prêtre était reconnue et<br />
respectée quand j'exprimais la loi de Dieu en matière sexuelle. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je<br />
me sens hors <strong>du</strong> monde. “<br />
La question <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> était « comment humaniser la sexualité ». Ses réponses<br />
n’étaient pas des affirmations définitives mais une invitation à s’interroger.<br />
Il propose un parcours fascinant « de la sexualité à l'amour ». La manière de gérer la vie<br />
sexuelle est très importante pour l'humanisation de l'homme. La sexualité bien vécue peut<br />
contribuer à construire l'homme et la femme. La sexualité est indissociable de la fidélité sous le<br />
règne de Dieu. C’est un passage décisif <strong>du</strong> rapport avec Dieu.<br />
La loi de la sexualité est l'amour. L’amour est différence, l'amour est sacrifice, l'amour se<br />
construit dans la <strong>du</strong>rée, à travers les succès et les échecs. Le couple est le lieu dans lequel<br />
s'articulent les trois fonctions de la sexualité: la fonction relation, la fonction plaisir, la fonction<br />
fécondité. Le couple se construit en intégrant, de façon équilibrée, ces trois dimensions.<br />
L'amour est un devenir. Le couple parfait n'existe pas. L’épanouissement de la sexualité<br />
n'est jamais acquis. Pour les chrétiens, c'est un don reçu <strong>du</strong> mouvement souterrain de l'Esprit<br />
Saint. Dieu ne confond pas la sainteté avec la perfection.<br />
Le vrai sens, la valeur sur laquelle doit se mesurer la sexualité, est l'homme créé par<br />
Dieu, libéré en Jésus Christ, face à son prochain. L'homme, libéré par le Christ, est appelé à vivre<br />
sa sexualité dans la liberté, une liberté responsable. La sexualité est libérée en Jésus-Christ. Elle<br />
est vécue dans la relation avec le prochain et avec Dieu. Elle est appelée à devenir un langage<br />
d'amour, de communion et de vie.<br />
<strong>Père</strong> Angelo EPIS (Conseiller Spirituel de l’Equipe Responsable Internationale)<br />
Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Glorifie ton saint nom dans le fond de mon cœur<br />
- 19 -
Méditation<br />
Chapitre 4<br />
Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, de sorte que le <strong>Père</strong> soit<br />
glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. «Si vous<br />
m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements; moi, je prierai le<br />
<strong>Père</strong>: il vous donnera un autre paraclet qui restera avec vous pour toujours. C’est lui<br />
l’Esprit de vérité, celui que le monde est in capable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas<br />
et qu’il ne la connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous et il<br />
est en vous. (Jn. 14, 13 - 17)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
En même temps qu’il renouvelait la réflexion théologique sur le <strong>mariage</strong> et qu’il donnait<br />
aux couples le moyen d’approfondir le sacrement par les Equipes Notre Dame, le père <strong>Caffarel</strong><br />
tient à proposer aux couples une spiritualité spécifique qu’il nomme spiritualité conjugale. Elle est<br />
élaborée non pas à partir de la vie monastique mais à partir de leur état de vie, avec toutes ses<br />
exigences, ses difficultés et ses grâces. Vivre de cette spiritualité conjugale permet aux époux de<br />
vivre comme un seul et même amour leur amour conjugal et leur Amour <strong>du</strong> Christ, les amenant<br />
ainsi sur un chemin de sainteté. La spiritualité conjugale trouve sa source, pour le père <strong>Caffarel</strong>,<br />
dans la recherche de la pensée de Dieu sur toute la vie conjugale, familiale ou son ouverture sur<br />
la vie sociale ou apostolique. Cette recherche s’appuiera pour le couple sur la pratique de la<br />
rencontre <strong>du</strong> Christ par la prière conjugale<br />
Textes choisis<br />
LE MOT DE «SPIRITUALITÉ» FAIT PROBLÈME. Ne pas se tromper sur ce qu’il<br />
signifie. Certainement pas la fuite dans le rêve.<br />
A qui vous demande: «Qu’est-ce donc que vos Equipes Notre-Dame?» sans<br />
doute répondez-vous: «Des groupes de spiritualité». Les réactions suscitées par cette<br />
définition, vous l’avez sans doute remarqué, sont très variées. Elles ne sont pas toutes<br />
d’intérêt ou de sympathie. Parfois, c’est un simple sourire, condescendant, celui qu’on<br />
accorde à un doux maniaque, bien inoffensif mais parfaitement inutile à ses semblables,<br />
quand il avoue collectionner les prières romaines, les autographes, ou les scarabées…<br />
Parfois on s’entend dire: suffit: je suis bien trop pris par mes tâches professionnelles,<br />
familiales, sociales… pour m’occuper encore de spiritualité!» Et parfois même, c’est un<br />
vrai scandale: «S’évader ainsi <strong>du</strong> temporel, n’est-ce pas trahir? Alors que tant de<br />
détresses requièrent le dévouement de tous, alors qu’une civilisation nouvelle s’élabore –<br />
qui se fera d’ailleurs contre nous, si elle ne s’édifie pas avec nous.»<br />
- 20 -<br />
La spiritualité conjugale<br />
« Votre foyer : l’union de deux<br />
chercheurs de Dieu.»
Ces réactions relèvent d’une lourde méprise. Les uns semblant assimiler la<br />
spiritualité à un passe-temps, à un art d’agrément! Les autres, tout en lui accordant plus<br />
d’estime, n’y voient que la science de la prière et de la vertu: il ne leur viendrait pas à la<br />
pensée que la spiritualité puisse avoir un rapport quelconque avec les responsabilités<br />
familiales, professionnelles ou civiques… Les uns et les autres ignorent ce qu’est<br />
exactement la spiritualité.<br />
Comment dissiper les équivoques?<br />
Il n’est sans doute que de bien préciser ce que désigne le mot spiritualité. La<br />
spiritualité est la science qui traite de la vie chrétienne et des voies qui mènent à son plein<br />
épanouissement.<br />
Or la vie chrétienne intégrale n’est pas seulement adoration, louange, ascèse,<br />
effort de vie intérieure. Elle est aussi service de Dieu, à la place assignée par lui: famille,<br />
profession, Cité…<br />
Aussi bien, les foyers qui se groupent pour s’initier à la spiritualité, bien loin de<br />
rechercher les moyens de s’évader <strong>du</strong> monde, s’efforcent-ils d’apprendre comment, à<br />
l’exemple <strong>du</strong> Christ, servir Dieu, dans toute leur vie et en plein monde.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Juin 1950<br />
VOTRE FOYER RENDRA TÉMOIGNAGE À DIEU de façon plus explicite encore s’il<br />
est l'union de deux “chercheurs de Dieu” selon l’admirable expression des psaumes.<br />
Deux chercheurs dont l'intelligence et le cœur sont avides de connaître, de rencontrer<br />
Dieu. Des passionnés de Dieu impatients de lui être unis. Pour qui Dieu est la grande<br />
réalité, que Dieu intéresse plus que tout. Dans un tel foyer, tout est vu et conçu en<br />
fonction de Dieu. Et je ne parle pas en théorie. Combien j’en connais, parmi vous, de ces<br />
vrais chercheurs de Dieu en qui vibre une corde secrète quand, devant eux, le nom de<br />
Dieu est évoqué. Un tel foyer est un lieu de culte: mari et femme y sont ces «adorateurs<br />
en esprit et en vérité, tel que les veut le <strong>Père</strong>» (Jn. 4, 23)...<br />
Je voudrais savoir vous communiquer ma conviction qu’un foyer de «chercheurs<br />
de Dieu», dans notre monde qui ne croit plus en Dieu, qui ne croit plus en l’amour, est<br />
une «théophanie», une manifestation de Dieu, comme le fut pour Moïse ce buisson de<br />
désert qui flambait et ne se consumait pas.<br />
Conférence : « Face à l’athéisme » ; Rome, 5 mai 1970<br />
La science et l’art de se sanctifier dans et par le sacerdoce, c’est la spiritualité<br />
sacerdotale, LA SCIENCE ET L’ART DE SE SANCTIFIER DANS ET PAR LE<br />
MARIAGE, C’EST LA SPIRITUALITE CONJUGALE….<br />
Il s’agit de christianiser toute la vie familiale. Et d’abord de rechercher le sens chrétien<br />
de toutes les réalités familiales, de se poser la question : « Au fond, quelle est la pensée<br />
de Dieu sur l’amour, sur la paternité et la maternité, la sexualité, l’é<strong>du</strong>cation, sur toute les<br />
grandes réalités <strong>du</strong> foyer ? » Et non seulement de découvrir, mais encore de vouloir<br />
réaliser l’idée de Dieu en tous ces domaines.<br />
Il faut encore rechercher ce qu’on appelle volontiers un style chrétien <strong>du</strong> foyer :<br />
le style chrétien des rapports entre les personnes : entre les époux, entre parents et<br />
- 21 -
enfants, entre parents et grands-parents, entre le foyer et les amis ; un style chrétien <strong>du</strong><br />
cadre : de la maison, des repas, des dépenses ; un style chrétien des activités<br />
quotidiennes : le travail, les loisirs, le lever, le coucher, les veillées, l’hospitalité.<br />
Comment faire que tout cela soit chrétien, apparaisse chrétien, que tout cela resplendisse<br />
de la grâce <strong>du</strong> Christ ? Un style chrétien des jours : le dimanche ne se vit pas comme le<br />
samedi, le samedi comme le jeudi, le jeudi comme les autres jours de la semaine ; un<br />
style chrétien des grands événements : la naissance, la maladie, les épreuves, le <strong>mariage</strong>,<br />
la mort… Vivre chrétiennement ces événements. Et tout cela « afin que Dieu soit glorifié<br />
en toutes choses », comme disent les bénédictins.<br />
Enfin le foyer n’étant pas isolé dans la cité et dans l’Église, cette spiritualité<br />
conjugale et familiale est aussi une spiritualité de l’engagement <strong>du</strong> foyer dans les tâches<br />
humaines et dans les tâches ecclésiales. »<br />
L’anneau d’or n°84<br />
Témoignage<br />
Comme amis depuis notre plus jeune âge, puis comme fiancés et comme jeunes époux nous<br />
n’avions pas, malgré les exemples qui nous entouraient et une bonne préparation au <strong>mariage</strong>, le<br />
sentiment que le coté spirituel de notre amour et de notre <strong>mariage</strong> avait et aurait une telle<br />
importance.<br />
Nous avons mis quelques années pour prendre conscience de cette dimension spirituelle et<br />
de cette transcendance de notre union conjugale, puis familiale.<br />
Les Equipes Notre-Dame nous ont ouverts, dès le début de notre engagement en leur sein,<br />
à cette spiritualité conjugale jaillit de la docilité même à l’Esprit Saint qui marque les époux dans<br />
leur être. Cet Esprit Saint “ rend l’homme et la femme capables de s’aimer comme le Christ nous a<br />
aimés ” (Ibid. 13).<br />
Nous avons découvert et expérimenté le témoignage de la charité, de l’unité et de la<br />
fidélité dans les relations entre époux, de leur amour inébranlable au milieu des épreuves et des<br />
difficultés.<br />
Nous avons découvert combien la vie spirituelle <strong>du</strong> couple maintient, consolide et fortifie<br />
notre union humaine et spirituelle conformément à la promesse de devenir une seule chair, faite<br />
lors de l’alliance nuptiale.<br />
Ainsi grâce à la rencontre de cette spiritualité conjugale mis en relief par le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong><br />
et les couples qui l’ont accompagné nous avons pu construire cette communion intime de corps et<br />
d’esprit qui fructifie de manière responsable avec la venue d’enfants auxquels nous avons essayé<br />
de transmettre une authentique formation humaine et chrétienne<br />
Avec la force <strong>du</strong> Christ nous essayons de vivre la fidélité, le pardon et la réconciliation, le<br />
don de soi et l’esprit de sacrifice, la convivialité et la paix, le respect et l’esprit d’amour.<br />
Mais cela ne va pas sans ascèse et exigences comme nous le rappelait lui-même le <strong>Père</strong><br />
<strong>Caffarel</strong> un soir de décembre 1993 dans son bureau de Troussures : «Soyez exigeants, vous ne<br />
décevrez jamais ».<br />
- 22 -<br />
Gérard et Marie Christine de Roberty (END France)<br />
Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Je veux ce que tu veux dans le fond de mon cœur
Méditation<br />
Livre des Actes des Apôtres (Ac 2, 42-47)<br />
Chapitre 5<br />
Dans les premiers jours de l’Église, les frères étaient fidèles à écouter<br />
l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à<br />
participer aux prières.<br />
La crainte de Dieu était dans tous les cœurs ; beaucoup de prodiges et de<br />
signes s'accomplissaient par les Apôtres. Tous ceux qui étaient devenus croyants<br />
vivaient ensemble, et ils mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et<br />
leurs biens, pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun.<br />
Chaque jour, d'un seul cœur, ils allaient fidèlement au Temple, ils rompaient le pain<br />
dans leurs maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité. Ils louaient<br />
Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tous les jours, le Seigneur<br />
faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut.<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
Dans toutes les œuvres <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong> et plus particulièrement auprès des couples<br />
mariés, on retrouve une dimension de recherche théologique, puis une dimension de mise en<br />
relation à Dieu, enfin une troisième dimension d’approche des moyens concrets de vivre,<br />
d’incarner au quotidien la réflexion théologique, la spiritualité qu’il a défini. C’est ainsi que sont<br />
nées les Equipes Notre Dame, mouvement que le père a voulu non seulement au service des<br />
couples mais au service de l’Eglise. Les Equipes ont été la grande œuvre <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong> de 1939<br />
à 1973. Au fil de ces années s’est élaborée la raison d’être des équipes, avec des expériences, des<br />
tâtonnements. La pensée <strong>du</strong> père sur les équipes, son évolution se retrouve dans la lecture des<br />
éditoriaux de la Lettre des Equipes, dans les messages qu’il a pu délivrer dans ses déplacements,<br />
dans les textes fondateurs des rassemblements. On retrouve comme constante la mission<br />
d’accompagner chaque couple sur un chemin de sainteté par le <strong>mariage</strong> et sur le chemin de sa<br />
relation au Christ. Pour le père <strong>Caffarel</strong> l’équipe comme le couple est non seulement expérience<br />
d’Eglise mais aussi au service de celle-ci et <strong>du</strong> monde.<br />
Textes choisis<br />
Réunis au nom <strong>du</strong> Christ sur le<br />
Chemin de la Sainteté<br />
«Ils veulent que leur amour sanctifié<br />
par le <strong>mariage</strong> soit une louange à<br />
Dieu, un témoignage aux hommes, ils<br />
ont décidé de faire équipe. On vient<br />
en équipe pour Dieu, on y reste pour<br />
Dieu»<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que Jésus-Christ, au dernier jour, au dernier soir de sa vie,<br />
au cours <strong>du</strong> dernier entretien avec ses apôtres, a dévoilé son plus secret désir: «Que tous<br />
soient un… Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme<br />
- 23 -
nous sommes un; moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un et que le<br />
monde connaisse que c’est toi qui m’as envoyé, que je les ai aimés comme tu m’as aimé»<br />
(Jn 17,21-23) ». Et que, disciples <strong>du</strong> Christ, nous entendons répondre à ses désirs.<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que nous croyons que Jésus Christ est toujours dans le<br />
monde, qu’il travaille invisiblement, mystérieusement, inlassablement, à conquérir, saisir,<br />
s’attacher les hommes et les choses pour réaliser l’œuvre que le <strong>Père</strong> lui a donné à faire:<br />
la grande Unité de toutes les créatures en lui et que nous voulons entrer dans son jeu,<br />
coopérer à cette œuvre: «tout instaurer dans le Christ» (Eph 1, 10).<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que nous croyons que ce n’est pas suffisant d’aspirer à<br />
l’Unité totale, de s’émouvoir à la pensée de la réconciliation des chrétiens, d’attendre <strong>du</strong><br />
prochain Concile (*) qu’il y contribue, mais qu’il nous faut faire l’Unité, réaliser de<br />
l’unité là où elle est à notre portée, où elle dépend directement de nous.<br />
Cette réalisation est la caution, le garant de la qualité de nos désirs d’une plus<br />
vaste unité.<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que nous croyons que rêver d’œcuménisme et ne pas<br />
commencer par faire l’unité vraie entre mari et femme, entre parents et enfants, c’est<br />
chevaucher des nuages et que, pour réaliser cette unité à notre foyer, nous avons besoin<br />
des lumières et de l’aide d’autres foyers.<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que nous voulons être, partout où nous vivons —immeuble,<br />
quartier, parenté, paroisse… des ouvriers d’unité et que nous avons besoin de faire<br />
l’apprentissage de cette unité avec des foyers amis et d’être soutenus par eux dans notre<br />
effort.<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que nous voulons que nos frères sachent que Dieu les aime,<br />
veut les sauver et que cette découverte c’est le spectacle de notre unité, de notre amour<br />
fraternel qui la leur fera faire, car le Christ l’a dit: «Qu’ils soient un afin que le monde<br />
croie que tu m’as envoyé.»<br />
NOUS FAISONS ÉQUIPE, parce que nous voulons qu’il y ait dans le monde un reflet de<br />
plus, modeste mais authentique, de la plus haute beauté, de la plus haute sainteté, <strong>du</strong> plus<br />
haut amour, de la vie Trinitaire: des hommes qui soient un dans l’Amour, dans l’Esprit<br />
Saint, comme le <strong>Père</strong> et le Fils en l’unité <strong>du</strong> Saint-Esprit, dans les siècles des siècles.<br />
Unité entre mari et femme, unité entre parents et enfants, unité entre foyers au<br />
sein de l’équipe, unité des équipes au sein <strong>du</strong> Mouvement supranational, et cela parce que<br />
nous aspirons de toute l’énergie de notre charité à l’unité de tous les êtres dans le Christ:<br />
telle est cette mystique de l’unité, âme des Équipes Notre-Dame.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame, Octobre 1961 (*)Concile : Lettre de 1961<br />
VOUS AVEZ PRIS EN CHARGE LES MEMBRES DE VOTRE ÉQUIPE, vous vous<br />
sentez, vous vous voulez responsables (pour une part) de leur accomplissement humain et<br />
chrétien, il vous reste à y travailler. À leur donner. À vous donner.<br />
Fussiez-vous le plus pauvre, vous avez infiniment à donner car ce dont ils ont<br />
besoin d’abord, ceux qui nous entourent, c’est non pas de nos biens, mais de nousmêmes.<br />
Et c’est bien aussi le plus difficile à réaliser. «Mon cœur est attaché avec un<br />
élastique; dès que je le donne il me revient»: ainsi s’exprimait en confession un homme<br />
- 24 -
qui voulait me faire comprendre son égoïsme. C’est difficile, c’est fatigant d’être donné,<br />
d’être toujours disponible aux autres. Disponible pour leur rendre un service matériel<br />
sans doute, mais avant tout ce service, d’un prix bien supérieur, qui consiste à leur offrir<br />
un cœur attentif, compréhensif, encourageant, qui fait confiance, sait dire la vérité, ose<br />
exiger.<br />
Il est un autre don plus précieux encore. Rares ceux qui vont jusque là. Je veux<br />
parler de cette vie de Dieu en nous qui est notre principale richesse et dont nous sommes<br />
si avares. Qu’il s’agisse d’avarice ou de pudeur, ou de respect humain, toujours est-il que<br />
cette vie reste emprisonnée en chacun. Des fleuves d’eau vive s’échapperont d’eux,<br />
annonçait le Christ en parlant de ses disciples à venir. Mais les disciples ferment les<br />
écluses. Des équipes déjà nombreuses ont adopté pour un an ou deux ce que nous<br />
appelons la méthode méditation d’évangile: beaucoup ont reconnu qu’une union bien<br />
plus forte en a résulté. Précisément parce que chacun est invité à livrer en toute fraternité<br />
ce que, dans la prière, il a compris de la page d’évangile choisie.<br />
Il y a une perfection chrétienne <strong>du</strong> don, c’est le sacrifice: «Pas de plus grand<br />
amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime». La vie d’équipe exige souvent qu’on<br />
sacrifie goûts, volontés, préférences personnelles. Caler devant l’exigence, c’est déchoir<br />
dans l’amour. C’est refuser le plus grand bénéfice que nous pouvons espérer de l’équipe :<br />
qu’elle nous fasse mourir à nous-mêmes – en l’homme qui meurt, le Christ surgit. Une<br />
équipe périclite quand ses membres perdent l’esprit de sacrifice.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame, Avril-Mai 1957<br />
QUELLE DIVERSITE D’INTENTION AU FOND DES COEURS, dans certaines<br />
équipes ! Tel y vient plus ou moins tiré par son conjoint et pour lui faire plaisir ; ce<br />
ménage, nouveau venu dans la ville, est heureux de s’y faire des relations ; un autre s’est<br />
décidé « parce qu’il faut bien faire quelque chose » ; on rencontre aussi, souvent, le cas<br />
<strong>du</strong> foyer attiré par l’espoir de trouver un certain soutien pour sa vie conjugale ; et peutêtre<br />
même dans certaine ville est-il de bon ton de faire partie des Équipes.<br />
Et puis il y a ceux qui n’ont pas d’intention, ils ne viennent plus que par routine,<br />
pour ne pas peiner leurs coéquipiers par leur départ.<br />
Or je dis qu’aucun de ces motifs ne justifie la présence dans une équipe. Certains<br />
ne sont pas mauvais, mais aucun n’est le vrai, n’est celui qui correspond à la raison d’être<br />
<strong>du</strong> Mouvement. Il est normal que l’un ou l’autre de ces motifs accompagne le vrai, mais<br />
aucun ne devrait être le motif déterminant.<br />
La seule intention vraie, celle qui correspond à la finalité des Équipes, c’est la<br />
volonté de mieux connaître Dieu, de mieux l’aimer et de mieux le servir. On vient aux<br />
Équipes pour Dieu, on y reste pour Dieu. Le motif de l’entrée, le motif de la permanence<br />
à l’équipe est religieux, c’est-à-dire relatif à Dieu.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; décembre 1962<br />
- 25 -
Témoignage<br />
Toute l’attention que le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> portait au monde et aux événements était polarisée<br />
par sa passion fondamentale: con<strong>du</strong>ire les hommes au Christ.<br />
Mais il saisissait avec promptitude les germes d’avenir qui pointaient ici ou là.<br />
Face à la déchristianisation, il se tourna vers les foyers des Equipes Notre-Dame. Au<br />
rassemblement de Rome, en 1970, il leur lança un appel pressant pour qu’ils deviennent des<br />
témoins <strong>du</strong> Dieu Vivant. Et, en praticien qu’il était, il assortit cet appel de moyens concrets pour y<br />
parvenir: la Parole de Dieu, l’Oraison et l’ascèse. S’ajoutant aux autres points concrets d’effort,<br />
ils étaient de nature à fortifier la vie spirituelle des couples et à les rendre capables de porter<br />
témoignage de leur foi.<br />
Il pensait que l’essor des couples chrétiens était une grande grâce accordée par le Christ<br />
à son Eglise au XXe siècle, que les Equipes Notre-Dame avaient un «rôle providentiel dans<br />
l’Eglise». Mais je ne puis mieux faire que lui céder la parole en citant ce qu’il nous écrivait, à<br />
Annick et à moi, pour servir d’intro<strong>du</strong>ction aux recueils de ses textes sur les Equipes Notre-Dame.<br />
Pour se faire comprendre, il évoquait le surgissement <strong>du</strong> franciscanisme au XIIe siècle dans une<br />
chrétienté gangrenée par «l’amour – pour ne pas dire le culte- de l’argent». «Et ce fut, disait-il,<br />
comme un grand vent <strong>du</strong> large soufflant sur la chrétienté».<br />
Et il continuait; «En notre XXe siècle, un autre mal a surgi. Il s’insinue partout,<br />
pervertissant les mentalités et les mœurs. On l’appelle «la libération sexuelle». Quelle ironie! En<br />
fait de libération, nos sociétés occidentales se trouvent asservies et minées par ce mal (en même<br />
temps qu’affolées par la marée montante <strong>du</strong> sida). D’ici peu, on dénombrera autant d’unions libres<br />
que d’hommes et de femmes mariés, de divorces que de <strong>mariage</strong>s, d’avortements que de<br />
naissances. Et lorsque la charpente est rongée par les termites……<br />
N’est-ce pas la mission providentielle des Equipes Notre-Dame, affirmée dès leur<br />
fondation, de regrouper des couples ayant l’audace de vivre, sans compromis, l’idéal chrétien de<br />
l’amour, de la sexualité et <strong>du</strong> <strong>mariage</strong>?»<br />
Et il concluait; «Ne peut-on penser qu’alors on verra se lever sur le peuple de Dieu un<br />
grand vent purificateur?»<br />
Et les hommes et les femmes, <strong>du</strong> moins les plus lucides, comprendront que le Christ seul<br />
peut guérir les grandes réalités humaines - singulièrement le <strong>mariage</strong>- et, par là même, sauver nos<br />
civilisations menacées <strong>du</strong> naufrage. Mais le temps presse!»<br />
Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Que surgisse ta joie dans le fond de mon cœur<br />
- 26 -<br />
J et A Allemand (END France)
Méditation<br />
Chapitre 6<br />
N’allez pas croire que je suis venu apporter la paix sur la terre, je ne suis pas venu<br />
apporter la paix mais le glaive (Mt 10,34).<br />
Nul ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un<br />
et méprisera l’autre (Mt 6, 24).<br />
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer<br />
dans le Royaume des Cieux (Mt 19, 24).<br />
Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de<br />
Dieu (Lc 9,62).<br />
Suis-moi et laisse les morts enterrer leurs morts (Mt 8, 22).<br />
Si ton œil droit est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi. Il<br />
t’est plus avantageux de perdre un seul de tes membres que de voir ton corps tout<br />
entier jeté dans la géhenne (Mt 5, 29).<br />
Jésus dit à tous: Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se<br />
charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive (Lc 9, 23).<br />
Quiconque parmi vous ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple (Lc 14,<br />
33).<br />
Étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie. Il en est peu qui le trouvent<br />
(Mt 7, 14).<br />
(Citations de l’évangile sélectionnées par le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
Il n’y pas de vie chrétienne sans exigence<br />
«A titre personnel, comme foyer, dans votre<br />
amour et dans votre mission: Soyez<br />
exigeants, vous ne décevrez jamais!»<br />
S’il est un mot qui revient souvent dans les écrits, les paroles <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>, c’est le<br />
mot Exigence. Dans de nombreux textes il rappelle son intime conviction qu’à l’amour total de<br />
Dieu pour l’homme, ce dernier doit répondre d’un même amour intransigeant. La vie chrétienne<br />
est exigeante, elle passe par la Croix. Elle nécessite une discipline personnelle, un entraînement<br />
permanent dans la prière, dans l’oraison que le père s’impose et qu’il souhaite que les chrétiens<br />
adoptent aussi, uniquement pour répondre à l’immense Amour de Dieu. Dans toute l’œuvre <strong>du</strong> père<br />
<strong>Caffarel</strong> on retrouve ce dénominateur commun de l’exigence, de l’ascèse, <strong>du</strong> devoir d’obéissance.<br />
Cela le fera apparaître quelquefois comme quelqu’un d’austère, de <strong>du</strong>r, à travers un discours<br />
volontariste contre le laxisme ambiant. Cette exigence il la vivait d’une vie toute offerte, d’un<br />
amour inconditionnel au Christ. Elle se tra<strong>du</strong>ira pour les couples des équipes Notre Dame par la<br />
- 27 -
mise en œuvre de la charte et des « obligations ». Le père <strong>Caffarel</strong> n’aimait pas la mollesse, la<br />
douce quiétude, l’autosatisfaction. Au niveau de son souci de la prière, cela s’est tra<strong>du</strong>it par<br />
l’école de prière de Troussures dont il voulait que les participants soient animés sans concession<br />
d’une ferme volonté et d’une ferme décision. Rechercher le Christ, faire découvrir le Christ vivant<br />
en chacun, telle était son obsession qui éclaire sa fermeté.<br />
Textes choisis<br />
LES EXIGENCES DU CHRIST VONT TERRIBLEMENT LOIN (cf textes de<br />
méditation) : Le Christ n’aurait-il donc parlé que pour décourager les âmes de bonne<br />
volonté?<br />
Certes, en nous présentant cet idéal dans toute son incandescente pureté, il<br />
entend bien que nous y ajustions notre vie, mais il veut aussi, et d’abord, que nous<br />
confrontions notre façon de penser et de vivre avec ses exigences, afin que nous<br />
découvrions tout ce qui en nous les refuse, les contredit, afin qu’en un mot nous prenions<br />
conscience de notre condition de pécheur.<br />
Et n’est-ce pas cela qui nous gêne le plus cruellement? Nous avons tellement<br />
besoin d’être content de nous-mêmes, de pouvoir nous décerner des satisfecit; or, si nous<br />
ouvrons l’évangile, nous sommes contraints de nous condamner. Mais, précisément, c’est<br />
à quoi le Christ veut nous acculer, nous qui n’avons pas spontanément l’attitude <strong>du</strong><br />
publicain: «Mon Dieu, aie pitié <strong>du</strong> pécheur que je suis!» (Lc 18,13).<br />
Nous découvrir pécheur et que nous ne pouvons nous délivrer nous-mêmes,<br />
quelque désir que nous en ayons, et donc reconnaître que nous avons impérieusement<br />
besoin d’un sauveur, voilà la première conviction que le Christ entend éveiller en tout<br />
homme. Celui qui s’y refuse, qu’il ne prétende pas s’être engagé déjà à la suite <strong>du</strong> Christ.<br />
L’idéal évangélique est difficile à réaliser, c’est bien sûr; mais si d’abord nous<br />
l’acceptons, y adhérons, reconnaissant combien nous en sommes éloignés, voulant de<br />
toute notre sincérité y conformer notre vie, alors la grâce <strong>du</strong> Seigneur viendra à notre<br />
secours. Elle a fait bien d’autres miracles! «À Dieu, rien d’impossible!» Aussi bien le<br />
découragement n’est pas de mise.<br />
Mais évidemment, si l’on n’a pas envie d’être délogé de l’amour et de l’estime<br />
de soi-même, qu’on se garde bien d’ouvrir l’évangile. C’est un petit livre terriblement<br />
inquiétant. J’entends: qui s’en prend à notre quiétude et lui mène la vie <strong>du</strong>re.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Novembre 1963<br />
Vous trouverez la CHARTE DES ÉQUIPES NOTRE-DAME jointe à cette lettre<br />
(*). C’est un grand événement dans l’histoire de nos groupes de ménages. Nous ne<br />
voulons pas dire que cette charte, telle qu’elle se présente, soit parfaite. Nous sommes<br />
convaincus <strong>du</strong> contraire. Mais elle répond au désir de nombreux groupes, souvent<br />
exprimé ces dernières années, d’une direction ferme, d’orientations précises et d’un cadre<br />
robuste. C’est bien cela que cette charte voudrait vous donner.<br />
Allez de l’avant; il ne s’agit pas de disserter, mais de vivre. La vie fera<br />
apparaître les modifications à apporter à cette loi.<br />
- 28 -
Beaucoup d’entre vous penseront peut-être en la lisant qu’elle n’apporte rien de<br />
bien neuf. Heureusement. Cela prouve qu’elle tient compte des expériences que vous<br />
avez faites – qu’elle n’est pas une construction de l’esprit dans la stratosphère.<br />
Après l’avoir lue et méditée, appliquez-la. Il est possible alors qu’elle vous<br />
semble terriblement exigeante sans en avoir l’air. Non pas <strong>du</strong> fait d’obligations<br />
extraordinaires, mais parce qu’elle exige que tout ce qui était fait approximativement<br />
jusqu’alors, soit bien fait désormais. N’est-ce pas dans la vie courante et les petites<br />
choses que vous faites l’é<strong>du</strong>cation de vos enfants ? De même, c’est en vous astreignant à<br />
suivre fidèlement les obligations de cette règle que vous vous aiderez vous-mêmes et<br />
aiderez les foyers amis à vivre toujours plus parfaitement votre vocation d’époux, de<br />
parents, d’hommes.<br />
Plus bénigne, cette Charte aurait peut-être convenu à un plus grand nombre. Et<br />
cependant nous avons délibérément renoncé à une dévaluation de la mystique et de la<br />
discipline, car nous n’avons pas voulu décevoir tant de foyers, surtout parmi les jeunes,<br />
qui aspirent à une loi rude, les aidant à vivre dans un climat de virilité chrétienne.<br />
N’adhérez pas à cette Charte à contrecœur. Il n’est pas déshonorant, pour un<br />
foyer ou pour un groupe, de se retirer. Mais que ceux qui l’adoptent le fassent sans<br />
réticence, résolument.<br />
Nous avons pris nos responsabilités. Priez, réfléchissez, prenez les vôtres.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Janvier 1948 (*) Charte non jointe à ce livret<br />
UNE REUNION D’EQUIPE qui n’est pas d’abord effort en commun pour rencontrer<br />
Jésus Christ, est toute autre chose qu’une réunion d’équipe Notre-Dame.<br />
Etre exigeant d'une exigence d'amour, ce n’est pas tant d’ailleurs s’acharner<br />
contre les défauts d’un autre (tout é<strong>du</strong>cateur le sait bien) que favoriser dans un cœur,<br />
comme on attise une flamme, la croissance de la générosité envers Dieu envers le<br />
prochain...<br />
Enfin, que votre amour soit patient, de cette patience paysanne qui fait confiance<br />
aux saisons. Alors votre exigence d’amour donnera des fruits.<br />
« Ton amour sans exigence me diminue ; ton exigence sans amour me révolte ;<br />
ton exigence sans patience me décourage ; ton amour exigent me grandit » - Quand des<br />
foyers s’exercent à l’amour fraternel, peu à peu leur cœur s’élargit. Et de proche en<br />
proche, leur amour gagne la maison, le quartier, le pays... jusqu’à toucher les plus<br />
lointains rivages….<br />
- Où s’aiment des chrétiens, là est l’Eglise. A la condition toutefois que cette petite<br />
communauté se veuille elle-même présente à l’Eglise, dévouée au service de l’Eglise.<br />
- Le pouvoir d’intercession des chrétiens quand ils sont unis est d’une extraordinaire<br />
puissance : « Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi<br />
que ce soit, en vérité, ils l’obtiendront de mon <strong>Père</strong> qui est dans les cieux ».<br />
- L’amour fraternel est d’une exceptionnelle fécondité. Alentour, le mal régresse, le<br />
désert se met à fleurir<br />
- Un communauté fraternelle est un message de Dieu aux hommes. Son plus important<br />
message, celui qui révèle la vie intime de Dieu, sa vie trinitaire. Pas de discours sur Dieu<br />
- 29 -
plus éloquent et persuasif que le spectacle de chrétiens qui « sont un » comme le <strong>Père</strong> et<br />
le Fils sont Un.<br />
Que ce soit donc votre hantise : Faire de votre équipe une réussite de charité.<br />
L’Anneau d’Or ; Mai – Août 1956 ;<br />
Témoignage<br />
Nous vous proposons de vivre en deux minutes, l'électrochoc que notre jeune équipe, tout<br />
juste sortie des deux années d’initiation au mouvement, a vécu lors de son année d'étude des textes<br />
choisis <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>. Etes-vous prêts ? Alors, allons-y !<br />
Concernant la vie d'équipe :<br />
Vous êtes contents de venir aux END ?<br />
-Vous Madame, parce que vous espérez enfin pouvoir communiquer avec votre mari,<br />
-Vous Monsieur, parce que ça fait plaisir à votre épouse<br />
Et bien, lui, le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> vous dit : " La seule intention vraie, celle qui correspond à la<br />
finalité des Équipes, c'est la volonté de mieux connaître Dieu, de mieux l'aimer et de mieux le<br />
servir. On vient aux Équipes pour Dieu, on y reste pour Dieu."<br />
Concernant la prière :<br />
A chaque partage en équipe, vous trouvez facilement, avec l'aide de vos équipiers, de<br />
nouvelles excuses pour expliquer comment il vous est impossible à vous, laïcs, d'avoir le temps de<br />
prier régulièrement, seul ou en famille,<br />
Le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> vous dit : " Et celui qui me rétorque : "Mais où voulez-vous que je trouve le<br />
temps de prier ?" me laisse rêveur… Ou bien il n'a pas compris le caractère vital de la prière pour<br />
entretenir la vie religieuse, ou bien il relève de l'aliéniste….. Toute la question est de savoir si c'est<br />
vital de manger, toute la question est de savoir si c'est vital de prier."<br />
Après ces quelques mots, si vous êtes contents ou satisfait parce que vous ne vous sentez pas<br />
concernés par les paroles <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>, il a aussi, un message pour vous : " Malheur à<br />
l'homme vertueux, zélé, austère, héroïque, s'il est content de soi, satisfait, s'il ne se connaît pas<br />
pécheur, s'il n'attend pas, n'appelle pas le Sauveur."<br />
Toutes ces paroles <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> n'ont pas laissé notre équipe insensible. Les réactions ont<br />
été vives, certains en furent choqués, révoltés, embarrassés. Mais aujourd'hui, nous pouvons<br />
témoigner que ceux qui ont été le plus bousculés, sont ceux qui aujourd'hui en ont tiré le plus grand<br />
profit pour leur vie chrétienne.<br />
Si l'exigence <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> pour les couples nous frappe, c'est parce qu'elle est sans<br />
complaisance et ferme, tout comme l'était l'exigence <strong>du</strong> Christ avec ses apôtres.<br />
Alors n'hésitez pas, laissez-vous bousculer par la radicalité, la fougue et l'amour <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>.<br />
Hina et Olivier Lefrançois (END France)<br />
Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Je m’offre à ton amour dans le fond de mon cœur<br />
- 30 -
Chapitre 7<br />
«Et puis, retroussez vos manches, soyez avec tous ceux qui s’essayent à bâtir<br />
un monde où la génération nouvelle pourra respirer, vivre sans se laisser<br />
dominer par les fantastiques problèmes que poseront à l’homme les progrès<br />
vertigineux de la science et la technique»<br />
Méditation<br />
Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour<br />
annoncer l’Evangile de Dieu. Cet Evangile, qu’il avait déjà promis par ses <strong>prophète</strong>s dans<br />
les Ecritures saintes, concerne son Fils, issu selon la chair de la lignée de David, établi,<br />
selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d’entre les morts,<br />
Jésus Christ Notre Seigneur. Par lui nous avons reçu la grâce d’être apôtre pour con<strong>du</strong>ire<br />
à l’obéissance de la foi, à la gloire de son nom, tous les peuples païens, dont vous êtes,<br />
vous aussi que Jésus Christ a appelés. A tous les biens aimés de Dieu qui sont à Rome,<br />
aux saints par l’appel de Dieu, à vous, grâce et paix de la part de Dieu Notre <strong>Père</strong> et <strong>du</strong><br />
Seigneur Jésus Christ. (Rom 1; 1-7)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
Apôtres, ouverts aux réalités <strong>du</strong> monde<br />
L’attention <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong> au Christ vivant en lui ne trouvait sa véritable signification<br />
que dans l’attention aux autres, aux chrétiens qui lui étaient confiés dans son ministère. Sa<br />
première attention fut de répondre à l’interrogation des jeunes foyers par la création des Equipes<br />
puis à celles des veuves par les Fraternités Notre Dame de Résurrection. Il entraîne les membres<br />
des équipes à être attentifs à l’ensemble des couples <strong>du</strong> monde non seulement par la diffusion des<br />
équipes dans de nombreux pays mais aussi en investissant le champ de la préparation au <strong>mariage</strong>,<br />
de l’accompagnement des parents, des couples, des jeunes dans l’exercice de leur vie affective et<br />
sexuelle. De nombreux travaux d’enquête, de recherche, de réflexion sont là pour en témoigner. Le<br />
père <strong>Caffarel</strong> est véritablement missionnaire dans le monde où il est inséré et il rappelle sans arrêt<br />
ce devoir apostolique de chacun, l’inquiétude que chacun doit avoir. Son expertise <strong>du</strong> couple en<br />
fera un interlocuteur de poids dans les travaux conciliaires de Vatican II. Auprès de Rome, il<br />
n’hésite pas à faire remonter ce qu’il voit, ce qu’il ressent, ses inquiétudes. La perception d’un<br />
monde déchristianisé, sans relation avec son Dieu n’est pas étrangère à la création des écoles de<br />
prière, de la maison de Troussures, <strong>du</strong> mouvement des intercesseurs. Ayant compris très vite la<br />
future place des laïcs dans la vie de l’Eglise, il est attentif non seulement à les former<br />
- 31 -
spirituellement mais aussi à les renvoyer sans arrêt à la dimension apostolique de leur vie<br />
chrétienne.<br />
Textes choisis<br />
JE NE VOUS PARLERAI PAS DU DEVOIR D’APOSTOLAT EN GÉNÉRAL. Je veux<br />
simplement vous inviter à tout mettre en œuvre au cours de l’année qui s’ouvre, pour que<br />
cette spiritualité conjugale et familiale que vous puisez aux Équipes Notre-Dame<br />
parvienne aux foyers qui vous entourent, fortifie leur union qui peut-être se lézarde,<br />
ranime leur amour, leur révèle les richesses <strong>du</strong> sacrement de <strong>mariage</strong>. Faites leur<br />
entrevoir aussi tout ce qu’apporte de joie et de force l’amitié fraternelle entre foyers.<br />
Manqueriez-vous d’ardeur? Ne soupçonneriez-vous pas à quel point l’ambiance<br />
dans laquelle ils vivent menace la vie chrétienne et l’union de tant de foyers?<br />
Ah! Surtout, ne me dites pas qu’il n’y a rien à faire. Si vous les aimez vraiment,<br />
tous ces foyers menacés, “pauvres” d’amour et de grâce, vous saurez inventer ce qu’il<br />
faut faire et persévérer dans votre effort. Invention, persévérance, des qualités de<br />
missionnaires… (Que de missionnaires peinent, prêchent, s’acharnent pendant des années<br />
sans résultat). Et bien, oui, soyez les missionnaires de cette spiritualité conjugale qui vous<br />
fait vivre.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; Octobre 1950<br />
LES FOYERS CHRETIENS ONT DU MAL A RESPECTER LA LOI DE DIEU dans le<br />
domaine de la morale conjugale. Il n’y a là rien de surprenant, étant donné, et les<br />
exigences de la loi, et la force de l’instinct sexuel. Mais qu’un très grand nombre (parmi<br />
les meilleurs) soient plongés dans l’angoisse, voilà qui n’est pas normal. À quoi tient<br />
donc cette angoisse ? — Ils entendent à la fois respecter la loi morale et approfondir leur<br />
union. Or, d’une part, enfreindre la loi c’est, leur dit-on, trahir Dieu ; d’autre part,<br />
s’abstenir de rapports conjugaux c’est, pensent-ils, compromettre la stabilité de leur<br />
union et la richesse de leur amour. La loi de Dieu et l’approfondissement de leur union<br />
étant à leurs yeux des biens imprescriptibles, comment ne seraient-ils pas angoissés<br />
lorsqu’il leur arrive de sacrifier l’un à l’autre ? Si <strong>du</strong> moins ils trouvaient lumière et<br />
soutien auprès <strong>du</strong> clergé ! Ce n’est pas souvent le cas et les avis contradictoires qu’ils<br />
reçoivent ne font qu’aggraver leur désarroi » 2 .<br />
Il est inconcevable que des enfants de Dieu pleins de bonne volonté vivent dans<br />
l’angoisse. S’il en est ainsi, c’est que trop de prêtres ont, de la morale, une conception<br />
légaliste, extrinsécisme, statique. En revanche, on constate que si les principes sont<br />
présentés dans l’optique d’une morale délibérément évangélique et si les foyers sont aidés<br />
à les appliquer dans une vie chrétienne loyale et progressante, ils se révèlent<br />
singulièrement bienfaisants, facteurs de progrès dans l’amour et dans la charité. Certes,<br />
parfois il y a fardeau, mais pour qui vit dans l’amitié de Dieu, le « fardeau est léger ».<br />
- 32 -
Encore faut-il que le prêtre qui conseille le foyer ait réfléchi au sens chrétien de<br />
la sexualité et aux étapes psychophysiologiques de sa maturation. Et ce qui est vrai pour<br />
les prêtres l’est aussi, c’est évident, pour les laïcs mariés que le Pape invite expressément<br />
à venir en aide aux foyers en recherche ou en difficulté.<br />
De grâce ! Que le Magistère se hâte de donner aux prêtres et aux fidèles les<br />
grandes lignes d’une pédagogie pastorale qui aide à adopter et à observer avec une<br />
conscience loyale et paisible les principes rappelés par Humanæ Vitæ.<br />
Alors, on ne tardera pas à voir que Paul VI, en défendant la morale conjugale<br />
dans son intégralité, aura très efficacement contribué à la promotion <strong>du</strong> couple, à<br />
l’instauration d’une civilisation vraiment humaine, à l’épanouissement dans le peuple<br />
chrétien des grâces <strong>du</strong> sacrement de <strong>mariage</strong>.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame ; supplément octobre 1968<br />
IL EST URGENT QUE LES ADULTES CHRÉTIENS S’ESSAYENT À<br />
COMPRENDRE LES JEUNES. Je ne veux pas dire qu’il faille épouser a priori toutes<br />
leurs idées, ni applaudir à tout ce qu’ils font. L’essentiel est de rechercher de quelles<br />
profondeurs de l’être surgissent leurs aspirations, leurs réactions, leurs pensées, leurs<br />
doutes… Et de l’interroger sur nos comportements qui, si souvent, les révoltent. Sans<br />
doute est-ce faire preuve de débilité morale et spirituelle que de passer son temps à<br />
remettre en question toutes les valeurs héritées d’hier, à répudier toute certitude. Mais à<br />
l’opposé, c’est témoigner d’une atrophie de l’intelligence et <strong>du</strong> cœur que de se refuser à<br />
réviser tant d’habitudes de penser et d’agir qui ne sont somme toute que des sous-pro<strong>du</strong>its<br />
très discutables d’une civilisation ou d’un milieu social.<br />
Il est difficile, c’est vrai, de comprendre les autres, et notamment la génération<br />
nouvelle. Et puis on a tellement peur de sentir le sol vaciller sous ses pieds. Mais ces<br />
constructions que l’on redoute tant de voir s’écrouler, seraient-elles donc si vulnérables?<br />
Et si elles le sont, n’est-ce pas la preuve qu’elles manquent de fondement solide?<br />
En outre, pour comprendre, il faut beaucoup d’amour. Et d’abord, c’est trop<br />
évident, l’amour de ceux-là qu’on veut comprendre. Mais on ne les aimera que si soimême<br />
on est lié d’amour avec une épouse, un ami, une équipe vraie. Qui n’est pas aimé<br />
n’aime ni ne comprend. Et surtout il faut se savoir aimé de Dieu; seule cette certitude<br />
permet de n’être pas affolé par les théories ou les événements, quelque déroutants qu’ils<br />
soient, car il est stable notre Dieu, et qui s’appuie sur lui l’est également…..<br />
Vous pouvez contribuer grandement à créer autour de vous une mentalité de<br />
compréhension à l’égard de la génération montante. Les moyens ne vous manquent pas.<br />
Sachez intervenir auprès de ceux qui manient les mass media. Vos lettres sont bien plus<br />
efficaces que vous ne l’imaginez. Écrivez dans les publications que vous pouvez<br />
atteindre, prenez l’initiative de réunions…<br />
Et puis, retroussez vos manches, soyez avec tous ceux qui s’essayent à bâtir un<br />
monde où la génération nouvelle pourra respirer, vivre, sans se laisser dominer par les<br />
fantastiques problèmes que poseront à l’homme les progrès vertigineux de la science et<br />
de la technique<br />
- 33 -
Les a<strong>du</strong>ltes ne sont dignes d’estime que s’ils travaillent pour le vrai bien de la<br />
génération qui monte, et non pour le confort de la génération en place. C’est l’oubli<br />
général de cette loi par les hommes politiques, par les économistes, par les syndicats...<br />
qui est le grand scandale parce que c’est le grand péché des a<strong>du</strong>ltes contre l’amour des<br />
enfants. N’est pas a<strong>du</strong>lte celui qui n’a pas une mentalité de père ou de mère. L’alternative<br />
est implacable: ou les enfants sont sacrifiés, ou les parents se sacrifient pour les<br />
enfants….<br />
Ne fuyez pas vos responsabilités, mais toutefois ne soyez pas accablés par elles.<br />
Assumez-les dans la confiance. Elle vous est assurée, cette «force d’en haut» que le<br />
Christ, avant de quitter ses disciples, leur promettait. Ah! S’il y avait à travers le monde<br />
assez de couples vraiment amoureux, vraiment heureux, vraiment chrétiens, le visage de<br />
ce monde en serait vraiment changé.<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame, Mai–Juin 1971<br />
Témoignage<br />
En France, un foyer sur quatre est celui d’une veuve. C’est bien pire dans les pays<br />
pauvres. J’étais une jeune femme gâtée. Mais mon époux est mort quand j’avais 35 ans. Dans ma<br />
détresse, je fis une découverte existentielle: impossible, seule, de réussir ma vie. Mais pour Dieu<br />
tout est possible. Dès le début de mon veuvage, j’ai eu la grâce de connaître la Fraternité Notre<br />
Dame de la Résurrection. La Fraternité a été fondée en France en 1943 par quelques jeunes<br />
veuves, sous la houlette inspirée <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>.…..Marie-Françoise de Bouchemain et six autres<br />
jeunes veuves entendirent un appel de Dieu et lui exprimèrent indépendamment leur désir de se<br />
consacrer au Christ, puis allèrent à la Grotte confier ce désir à Notre Dame.<br />
Le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> sut discerner dans cette concomitance un appel de l’Esprit Saint. Il les<br />
encouragea vivement à entreprendre une réflexion et les guida au long des années dans le<br />
charisme de leur vocation. Dans une intuition véritablement prophétique, un demi-siècle avant la<br />
grande crise de la famille, elles voulaient offrir à Dieu le sacrifice de leur amour humain et de tout<br />
autre maternité, pour que les foyers vivent authentiquement l’amour conjugal et soient généreux à<br />
accueillir la vie. En 1948 le Cardinal Suhard authentifiait leur appel à cause <strong>du</strong> “caractère<br />
conjugal de votre vocation, dit-il, ce ‘mystère de veuvage’ que vous désirez vivre, cet amour plus<br />
fort que la mort qui vous guide, cette offrande de votre vie pour les foyers”. Étonnante mission<br />
pour de jeunes veuves : prier et offrir leur vie à Dieu afin que grandisse son Règne dans les foyers<br />
et les familles. Fécondité nouvelle et mystérieuse pour leur foyer apparemment brisé.<br />
Le <strong>Père</strong> guida la Fraternité pendant 35 ans.<br />
O Macchi (Fraternité Notre Dame de Résurrection )<br />
Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Rassemble l’univers dans le fond de mon cœur<br />
- 34 -
Chapitre 8<br />
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer<br />
publiquement; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l'ange<br />
<strong>du</strong> Seigneur lui apparut en songe et lui dit: «Joseph, fils de David, ne crains pas de<br />
prendre chez toi Marie, ton épouse: l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit<br />
Saint; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire:<br />
Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.»<br />
Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole <strong>du</strong> Seigneur prononcée par le<br />
<strong>prophète</strong>: Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on<br />
donnera le nom d'Emmanuel, qui se tra<strong>du</strong>it : «Dieu-avec-nous». Quand Joseph se<br />
réveilla, il fit ce que l'ange <strong>du</strong> Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse, mais<br />
il n'eut pas de rapports avec elle; elle enfanta un fils, auquel il donna le nom de Jésus.<br />
(Matthieu 1,18-25)<br />
Intro<strong>du</strong>ction<br />
Sous la protection de Marie<br />
«Prends chez Toi Marie, ton épouse !»<br />
Méditation<br />
Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ.<br />
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en<br />
<strong>mariage</strong> à Joseph; or, avant qu'ils aient habité<br />
ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit<br />
Saint.<br />
Le père <strong>Caffarel</strong> a trouvé en Marie un modèle, le modèle de la rencontre <strong>du</strong> Christ et<br />
d’une personne, le modèle de la sainteté parfaite; ceci l’amènera à une dévotion toute particulière<br />
à la Vierge, non pas une dévotion sentimentale, mais plutôt celle que l’on doit au modèle <strong>du</strong> Oui à<br />
Dieu, <strong>du</strong> Oui absolu et volontaire, dénominateur commun de toute sa vie. Il vénérait aussi Marie,<br />
car elle était mariée à Joseph. Pour lui ils étaient à deux l’exemple parfait <strong>du</strong> Oui conjugal de tous<br />
les jours, <strong>du</strong> Oui de la fidélité de tout instant. Au travers d’un essai sur le <strong>mariage</strong> de Joseph et<br />
Marie, il remet ce couple à l’honneur comme guide et exemple de sainteté. Par une étude<br />
théologique sur ce <strong>mariage</strong> unique le père <strong>Caffarel</strong> en renouvelle la pensée pour l’Eglise. De cette<br />
recherche, il proposera l’intuition nouvelle que le <strong>mariage</strong> est chemin de sainteté par la grâce <strong>du</strong><br />
sacrement.<br />
La consécration des équipes à Notre Dame, celle aussi d’autres mouvements qu’il a<br />
accompagné est la preuve, le signe de l’importance qu’a la Vierge dans la vie spirituelle <strong>du</strong> père.<br />
Marie est pour lui la Mère, la sollicitude parfaite, elle est le Oui parfait, la relation parfaite et<br />
sainte avec le Christ.<br />
- 35 -
Textes choisis<br />
ET VOILÀ POURQUOI NOS ÉQUIPES SONT LES “ÉQUIPES NOTRE-DAME. Je<br />
serais navré que vous ne fassiez pas plus attention à ce patronage qu’on ne cherche une<br />
intention mystique dans les enseignes “Librairie Notre-Dame”, “Hôtel Notre-Dame”,<br />
“Garage Notre-Dame” qui prolifèrent un peu partout dans nos villes de France.<br />
Vous vous groupez pour chercher le Christ, l’imiter, le servir. Vous n’y<br />
parviendrez pas sans guide. Et il n’en est pas de meilleur que la Vierge. Je voudrais que<br />
dans nos Équipes, on s’exerce à la foi en la toute-puissante tendresse de la Vierge, que<br />
chaque foyer éprouve cette confiance et cette sécurité qui habitent le cœur des petits<br />
quand leur mère est là. Je voudrais que ce soit là une de nos notes caractéristiques. Alors<br />
j’aurais grande assurance pour l’avenir.<br />
«Et elle les avait pris en tutelle et en charge.<br />
Et en commande pour l’éternité». (Péguy)<br />
Alors les Équipes seront protégées contre l’intellectualisme et l’esprit critique –<br />
c’est là un des premiers bienfaits de l’intimité <strong>du</strong> chrétien avec la Vierge. Les cœurs<br />
seront gardés dans l’humilité: qui pourrait faire le malin auprès de Notre-Dame? L’amour<br />
fraternel régnera: il en est toujours ainsi quand la mère est au milieu des enfants… Alors<br />
la source de joie ne tarira pas, puisque la “Cause de notre joie” sera avec nous!<br />
Je pense qu’il en est parmi vous qui me suivent avec gêne, ils ont <strong>du</strong> mal à<br />
comprendre la place si exceptionnelle faite à la Vierge dans le catholicisme (on n’y prie<br />
pas le Dieu tout-puissant en récitant un Pater, sans immédiatement s’adresser à cette<br />
merveilleuse petite fille pour lui dire un Ave). Cette dévotion, s’inquiètent-ils, ne risquet-elle<br />
pas d’être sentimentalisme, plus que raison? Je n’ai pas la prétention de les<br />
convaincre par ce court billet! Qu’ils me permettent toutefois de leur faire part <strong>du</strong><br />
meilleur sermon sur la Vierge que j’aie jamais enten<strong>du</strong>.<br />
J’avais fait la connaissance d’un homme d’affaire, qui prospectait le pétrole au<br />
Maroc, en Arabie, etc.., qui avait des usines un peu partout. Profondément chrétien, il<br />
venait de me dire la grande place que la Vierge tenait dans sa vie. J’en voulus<br />
comprendre le pourquoi et demandai: «Mais qu’est-elle donc pour vous, la Vierge?»<br />
Quelle ne fut pas ma surprise – et ma gêne – de voir cet homme si viril se troubler, ses<br />
yeux se remplir de larmes tandis qu’il laissait échapper: «Ma Mère!». Aussitôt, je<br />
détournai la conversation, honteux comme celui qui, sans le vouloir, a surpris un secret<br />
d’amour, heureux comme celui qui a trouvé pourquoi nos robustes ancêtres <strong>du</strong> Moyenâge<br />
avaient une telle vénération pour Marie.<br />
Que l’ensemble de nos Équipes soit une cathédrale à la gloire de Notre-Dame.<br />
Puissions-nous y travailler avec le vigoureux enthousiasme des bâtisseurs <strong>du</strong> Moyen-âge!<br />
Lettre mensuelle des Equipes Notre Dame, Mai 1949<br />
TOUTE LA VIE DE LA VIERGE- MÈRE, ENGAGÉE PAR LE OUI DE<br />
L‘ANNONCIATION, fut une continuelle ascension d’amour. Aussi est-ce bien auprès<br />
d’elle que les foyers chrétiens apprendront à prononcer une première fois, et puis toute<br />
leur vie, le oui, ce grand mot de leur amour. C’est Marie, l’humble servante <strong>du</strong><br />
- 36 -
consentement, qui apprend à leurs âmes comment on redit et comme on vit chaque jour le<br />
oui <strong>du</strong> premier jour; comment, dans le silence d l’amour, - car Marie «conservait toutes<br />
ces choses dans son cœur» - la brûlante flamme <strong>du</strong> premier oui demeure bien vivante.<br />
Exigeante flamme qui n’accepte pas les cendres, mais les dévorerait plutôt, afin de vivre<br />
plus ardent et plus haute. L’amour n’est vrai que s’il persévère. Plus encore: il n’est vrai<br />
que s’il grandit, s’il devient plus pur et plus absolu. Sa perfection n’es pas dans<br />
l’allégresse de ce oui printanier que les lèvres échangèrent une premier fois; elle est dans<br />
la plénitude alourdie de ses fruits, au tard de la saison, après bien de travaux, des peines<br />
et des lassitudes. Ce sont les oui de la vieillesse, au soir d’une vie de fidélité, qui<br />
expriment le consentement parfait de deux êtres l’un à l’autre et parachèvent cette union<br />
qui en est l’œuvre et la récompense...<br />
Non seulement la Vierge enseignera aux époux à vivre ce mystère <strong>du</strong> oui, d’un<br />
oui toujours plus plénier, mais elle leur révélera d’abord que nul ne peut dire oui,<br />
vraiment, à un autre s’il n’a pas d’abord dit oui à Dieu. Car celui qui consent à Dieu,<br />
reçoit en partage la puissance de l’amour divin et il peut dire en toute sincérité: «La force<br />
par laquelle je t’aime n’est pas différente de celle par laquelle tu existe» (Claudel). C’est<br />
l’amour même de Dieu qui passe par son cœur pour rejoindre un autre cœur. Qu’il<br />
consente plus pleinement, qu’il s’ouvre plus largement et l’amour divin sera en lui une<br />
source jaillissante, intarissable...<br />
Le foyer aussi, chacun des époux, doit dire oui à Dieu... La Vierge a engendre le<br />
Chef, le foyer engendre les membres. Le foyer connaît avec émerveillement qu’en<br />
joignant son oui à celui de Marie, il collabore avec elle et contribue à donner le Christ au<br />
<strong>Père</strong> et aux hommes...<br />
Je propose aux foyers d’invoquer Notre-Dame <strong>du</strong> Oui, C’est elle, cette mère<br />
consentante, s’ils la veulent intimement présente en leur demeure, qui leur enseignera le<br />
consentement et qui veillera sur leur amour...<br />
L’Anneau d’or; Mai 1956<br />
LE FOYER DE NAZARETH EST L’EXEMPLE PROPOSE A TOUT FOYER fondé par<br />
le Christ, sur le Christ. Cet exemple est en même temps un message d’espérance. Si des<br />
époux chrétiens n’esquivent pas la pédagogie divine à l’œuvre dans leur vie comme elle<br />
le fut dans le foyer de Marie et de Joseph, Dieu les con<strong>du</strong>ira « à main forte et bras<br />
éten<strong>du</strong> » jusqu’à cette terre promise où il les attend. Le <strong>mariage</strong> aura été pour eux une<br />
route de sainteté.<br />
Mais voici qu’en écrivant ces pages surgit en moi la pensée de tant de foyers<br />
où l’amour est malade, l’union en lambeaux, les cœurs déchirés. Seraient-ils aussi loin<br />
qu’ils l’imaginent des époux de Nazareth ? Non, ils sont leurs pauvres enfants infirmes ;<br />
qu’ils ne craignent pas d’être moins aimés parce que moins chanceux, parce que plus<br />
pécheurs peut-être. Qu’ils reconnaissent humblement leur pauvreté : il n’est pas<br />
impossible que Marie- ou Joseph-, se tournant vers son fils, lui fasse remarquer comme à<br />
Cana : « Ils n’ont plus de vin, ils ont déjà épuisé leur provision d’amour ».<br />
Pendant dix siècles, c’est en revenant sans cesse au <strong>mariage</strong> de Joseph et Marie<br />
que la théologie a cherché et finalement trouvé les fondements de la doctrine chrétienne<br />
<strong>du</strong> <strong>mariage</strong>, si nouvelle par rapport à toute autre théorie sur le <strong>mariage</strong>. Pourquoi ne lui<br />
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demanderait-elle pas encore aujourd’hui les lumières nouvelles que réclament des<br />
problèmes nouveaux ?<br />
Comment se fait-il que la spiritualité conjugale et familiale – si l’on entend par<br />
là un art de vivre chrétiennement et de se sanctifier dans et par le <strong>mariage</strong> – n’interroge<br />
guère les époux de Nazareth pour élucider ses principes directeurs ?.....<br />
Que toutefois les époux chrétiens ne se contentent pas d’une imitation servile :<br />
seule la réflexion à la lumière de la foi leur fera trouver les comportements justes et<br />
l’action opportune.<br />
Heureux les foyers assez humbles qui décident de ne plus perdre de vue ce foyer<br />
où le Christ a grandi !<br />
Prends chez Toi Marie, ton épouse. p176-177<br />
Témoignage<br />
"Sainte Marie, Mère de Dieu, nous sommes venus à Lourdes pour vous dire, en union<br />
avec tous nos frères chrétiens, notre grande joie et notre grande fierté <strong>du</strong> merveilleux privilège de<br />
votre conception immaculée, proclamée il y a cent ans.<br />
Nous tenions aussi à venir vous exprimer la reconnaissance de notre génération, à qui<br />
cette grâce immense a été faite de prendre conscience des grandeurs <strong>du</strong> <strong>mariage</strong> chrétien. Nous<br />
savons bien que toutes grâces viennent <strong>du</strong> Christ mort et ressuscité pour nous. Aussi est-ce à lui<br />
d'abord que nous adressons l'expression de notre gratitude. Mais nous savons bien aussi que vous<br />
étiez présente au Calvaire, associée à son sacrifice, offrant votre Fils pour nous et pour nos enfants<br />
; alors il est bien juste que dans notre reconnaissance nous ne vous séparions pas de celui dont<br />
vous ne vous êtes jamais séparée.<br />
Notre voyage a encore un autre but qui nous tient très à cœur. Il y a sept ans, l'abbé<br />
<strong>Caffarel</strong> nous a confiés à votre patronage, ainsi que font les parents chrétiens en déposant leur<br />
petit enfant sur votre autel après le baptême. Il nous tardait de ratifier cette consécration. L'heure<br />
en est venue. Nous tous présents, en notre nom et au nom de tous les membres des Équipes Notre-<br />
Dame qui n'ont pu se joindre à nous, nous vous donnons sans réserve ni condition notre<br />
Mouvement et tous les foyers qui le composent, en hommage d'amour et de confiance. Il vous<br />
appartient. Vous en avez l'entière disposition pour la gloire de votre Fils. D'avance nous sommes<br />
d'accord avec tout ce que vous demanderez et ferez.<br />
Saint Jean, après avoir enten<strong>du</strong> la parole de Jésus : "Enfant, voici ta mère", vous prit<br />
chez lui. Tous les foyers de nos Équipes s'ouvrent à vous, Marie : demeurez chez nous. Enseigneznous<br />
votre Fils. Apprenez-nous à l'aimer et à l'imiter. Veillez sur nos enfants, et parmi eux faites<br />
éclore nombreuses les vocations sacerdotales et religieuses. Que votre prière obtienne à nos<br />
familles, comme elle l'obtint aux apôtres rassemblés dans le Cénacle, la plénitude des dons <strong>du</strong><br />
Saint-Esprit. Et que désormais il nous soit impossible de ne pas aller, comme les apôtres, annoncer<br />
les magnalia Dei, les merveilles de Dieu, et très particulièrement les merveilles <strong>du</strong> sacrement de<br />
<strong>mariage</strong>, à ceux qui les ignorent.<br />
Formule de consécration des Équipes à Lourdes Pentecôte 1954 lu par Constantin Sipsom<br />
O Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
Loué sois-tu Seigneur, dans le fond de mon cœur<br />
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Conclusion<br />
Le père <strong>Caffarel</strong>, <strong>prophète</strong> pour notre temps<br />
Paul-Dominique Marcovits, o.p.- Postulateur<br />
Jésus dit:<br />
«Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a<br />
envoyé et d’accomplir son œuvre.<br />
Ne dites-vous pas: “Encore quatre mois et ce sera la<br />
moisson”?<br />
Et moi je vous dis: Levez les yeux et regardez les champs<br />
qui se dorent pour la moisson.» (Jean 4, 34-35)<br />
Force, paix de Jésus. Il est venu faire la volonté <strong>du</strong> <strong>Père</strong>. Toute sa vie, sa<br />
respiration, c’est d’accomplir les œuvres de son <strong>Père</strong>. Elles vont bientôt se réaliser. Les<br />
Samaritains, prémices des nations païennes, vont croire en lui et confesser: «C’est<br />
vraiment lui le sauveur <strong>du</strong> monde.»<br />
Ardeur, vigueur <strong>du</strong> père <strong>Caffarel</strong>. Lumière de sa présence: lui, petit, fragile, sa<br />
nourriture est de faire la volonté de Dieu. Il en est affamé. Lorsque le cardinal Lustiger<br />
l’a appelé «<strong>prophète</strong> pour notre temps», il n’a pas dit que le père <strong>Caffarel</strong> devinait<br />
l’avenir. Non. Un <strong>prophète</strong> est celui qui cherche la volonté de Dieu, celui dont la passion<br />
est de découvrir le dessein de Dieu en train de se réaliser dans les cœurs et les<br />
événements des hommes. Un <strong>prophète</strong> est aussi celui qui fait tout pour favoriser la<br />
réalisation de ce dessein de Dieu dans le monde. Tel est fondamentalement le père<br />
<strong>Caffarel</strong>.<br />
Tous ceux qui l’ont connu et qu’il a accompagnés dans leur cheminement<br />
spirituel, disent combien son regard était pénétrant, non un regard indiscret mais un<br />
regard d’intérêt profond et respectueux: il cherchait Dieu en chaque personne. Sa joie<br />
était là et celle de celui ou de celle qui trouvait ainsi la paix. Le père <strong>Caffarel</strong> aidait<br />
chacun à se mettre devant Dieu et à accueillir sa volonté. Il respectait ainsi la liberté. Il<br />
voulait donner à chacun une nourriture qui ne s’épuise pas. À quelqu’un dont la vie fut<br />
bouleversée par une épreuve terrible, il dit simplement: «La messe, tous le matins.» Cette<br />
personne s’y est tenue et a traversé tous les orages de sa vie: elle a été remise à Dieu par<br />
le père <strong>Caffarel</strong>. À quelqu’un d’autre, il donne des conseils pour faire oraison: depuis<br />
trente ans maintenant, cette personne, fidèle à l’oraison, a gardé sa sérénité, malgré les<br />
épreuves, tout au long de sa vie. Prophète, le père <strong>Caffarel</strong> montre à chacun ce que Dieu<br />
attend.<br />
1939. Les premiers couples viennent voir le père <strong>Caffarel</strong> pour qu’il les aide à<br />
trouver un chemin de sainteté dans le <strong>mariage</strong>. Réponse: «Cherchons ensemble.» Le<br />
<strong>prophète</strong> est d’abord un homme pragmatique: ce sont les événements qui l’instruisent ; il<br />
perçoit que la grâce de Dieu cherche à se frayer une voie et il fait tout pour faciliter son<br />
épanouissement. Le père <strong>Caffarel</strong> est un pragmatique : toujours il pense, il réfléchit, il<br />
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éagit par rapport à un événement, une demande concrète. Il perçoit la grâce qui jaillit:<br />
c’est ainsi que les Équipes Notre-Dame, le Mouvement des Veuves, la Fraternité Notre-<br />
Dame de la Résurrection, ont vu le jour. Sa nourriture est de faire la volonté de celui qui<br />
l’a envoyé. Si le père <strong>Caffarel</strong> est exigeant, jusque dans les détails, c’est bien grâce à son<br />
aptitude à discerner dans la foi: il voit ce que Dieu veut et il faut simplement s’y<br />
conformer. Un <strong>prophète</strong> est toujours un peu dérangeant pour ceux qui s’accommodent<br />
plus facilement de “l’à-peu-près”: il ramène à l’essentiel, sans compromis. En même<br />
temps, le père <strong>Caffarel</strong> est humble devant ce qu’il fait, car tout vient de Dieu. Ce n’est<br />
qu’en 1987, plus de quarante ans après la fondation des Équipes Notre-Dame qu’il ose<br />
parler de “charisme fondateur” à leur sujet. «Un charisme fondateur? C’est tout autre<br />
chose qu’une bonne idée, qu’une idée édifiante mais une inspiration de l’Esprit Saint.<br />
Une inspiration de l’Esprit Saint qui sera comme un dynamisme, qui con<strong>du</strong>ira<br />
l’institution tout au long de son développement et lui permettra de remplir sa mission.»<br />
(Conférence de Chantilly, 3 mai 1987) Le père <strong>Caffarel</strong> admire l’œuvre de Dieu qui se<br />
déploie dans ce monde.<br />
Les <strong>prophète</strong>s ne passent pas. Comme ils ne prédisent pas l’avenir mais sont des<br />
serviteurs envoyés pour marcher devant et préparer les chemins <strong>du</strong> Seigneur, leur parole<br />
est toujours actuelle. Le père <strong>Caffarel</strong> a fait beaucoup pour l’Église et a accompli des<br />
œuvres magnifiques. Pourtant une «nouvelle carrière» l’attend… Il va vivre de plus en<br />
plus dans la vie des hommes et des femmes qui veulent prier et aimer. Ses écrits n’ont pas<br />
per<strong>du</strong> une ride. Les enregistrements de ses conférences ou de ses entretiens à la radio,<br />
nous saisissent: nous sommes nous aussi mis en présence de Dieu. Magie <strong>du</strong> verbe ou<br />
formules heureuses? Rien de cela. Mais l’adéquation de sa parole avec la réalité de nos<br />
recherches, de nos doutes, de nos espoirs. La grâce de Dieu passe dans ce serviteur et<br />
nous rejoint intimement. Faites l’expérience de lire à haute voix un texte <strong>du</strong> père<br />
<strong>Caffarel</strong>: il est là et nous parle. Ceux qui ne le connaissent pas sont pris<br />
d’enthousiasme… Pourtant la parole est précise, sans adjectifs inutiles. L’essentiel est dit,<br />
c’est tout. Le père <strong>Caffarel</strong> est un vivant.<br />
Le mystère d’un homme est le secret de Dieu. Pourtant, tout a commencé, il l’a<br />
dit souvent, lorsqu’il avait vingt ans, en mars 1923. Récit de sa “vocation prophétique”:<br />
«Jésus Christ, en un instant est devenu Quelqu’un pour moi. Oh! Rien de spectaculaire.<br />
En ce lointain jour de mars, j’ai su que j’étais aimé et que j’aimais, et que désormais entre<br />
lui et moi ce serait pour la vie. Tout était joué.» Il a fait l’expérience de l’amour. Deux<br />
fleuves pouvaient alors surgir de son ministère: l’amour de Dieu et pour Dieu dans la<br />
prière et l’oraison et l’amour de Dieu et pour Dieu dans le <strong>mariage</strong>, le veuvage, comme<br />
dans la vocation sacerdotale. Dieu, très tôt l’a préparé à être un maître sur le chemin de<br />
l’amour. Pourtant le père <strong>Caffarel</strong> était lui-même secret, réservé, presque solitaire… C’est<br />
normal: Dieu agit toujours avec nos limites et nos faiblesses.<br />
Que le père <strong>Caffarel</strong> nous guide encore aujourd’hui dans la découverte de la<br />
volonté de Dieu! Dieu veut toujours que nous puissions vivre en sa présence à la suite <strong>du</strong><br />
Christ dans la communion de l’Esprit Saint. Soyons pleins d’espérance: regardons les<br />
champs qui se dorent pour la moisson.<br />
- 40 -
BIBLIOGRAPHIE DU PERE <strong>CAFFAREL</strong><br />
- L’amour plus fort que la mort, avec A.-M. CARRE, L. LOCHET, A.-M. ROGUET, Paris,<br />
Cerf, Coll. Foi Vivante, 1958<br />
- Amour, qui es-tu ? Grandes pages sur l’amour d’écrivains contemporains présentées<br />
par Henri <strong>Caffarel</strong>, Paris, Feu Nouveau, 1971<br />
- Aux carrefours de l’amour, Paris, Feu Nouveau, 1980 et Paris, Parole et Silence, 2001<br />
- Camille C. ou l’emprise de Dieu, Paris, Feu Nouveau, 1982<br />
- Cinq soirées sur la prière intérieure, Paris, Feu Nouveau, 1980 et Paris, Parole et<br />
Silence, 2003<br />
- Dieu, ce nom le plus trahi, Anthologie, Paris, Feu Nouveau, 1980<br />
- Lettres sur la prière, Paris, Feu Nouveau, 1960<br />
- Nouvelles lettres sur la prière, Paris, Feu Nouveau, 1975 et Paris, Parole et Silence,<br />
2006<br />
- L’oraison. Jalons sur la route, Paris, Parole et Silence, 2006 (réédition d’une brochure<br />
des Editions <strong>du</strong> Feu Nouveau)<br />
- La pensée de Paul VI sur Sexualité, Mariage, Amour, Intro<strong>du</strong>ction et notes <strong>du</strong> Chanoine<br />
H. <strong>Caffarel</strong>, Texte intégral <strong>du</strong> discours <strong>du</strong> Pape aux Equipes Notre-Dame le 4 mai 1970,<br />
Paris, Feu Nouveau, 1970<br />
- Le portrait spirituel de Camille C., Paris, Feu Nouveau, 1982<br />
- « Prends chez toi Marie, ton épouse », Paris, Feu Nouveau, 1983 et Paris, Parole et<br />
Silence, 2005<br />
- Présence à Dieu. Cent lettres sur la prière, Paris, Feu Nouveau, 1967 et Paris, Parole<br />
et Silence, 2000<br />
- Propos sur l’amour et la grâce, Paris, Feu Nouveau, 1954<br />
- Le renouveau charismatique interpellé. Etudes et Documents, avec J.-R. BOUCHET,<br />
Paris, Feu Nouveau, 1976<br />
- Intro<strong>du</strong>ction à : O. de LA BROSSE, Saint François de Sales, Paris, Cerf, 1967<br />
- Intro<strong>du</strong>ction à : Th.R. KELLY, Mon expérience de Dieu, Paris, Feu Nouveau, 1970<br />
Jean ALLEMAND :<br />
- Les équipes Notre-Dame. Essor et mission des couples chrétiens, Paris, Equipes Notre-<br />
Dame, 1988<br />
- Henri <strong>Caffarel</strong>. Un homme saisi par Dieu, Paris, Equipes Notre-Dame, 1997<br />
- Prier 15 jours avec le <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>, fondateur des Equipes Notre-Dame, Paris,<br />
Nouvelle Cité, 2001<br />
Gérard et Marie-Christine de ROBERTY :<br />
A la rencontre, <strong>Père</strong> Henri <strong>Caffarel</strong>, Mesnil Saint-Loup, Editions Le Livre Ouvert, Coll.<br />
Paroles de Vie, 2007<br />
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Notes<br />
- 42 -
Prière pour la béatification <strong>du</strong> serviteur de Dieu<br />
Henri <strong>Caffarel</strong><br />
Dieu, notre <strong>Père</strong>,<br />
tu as mis au fond <strong>du</strong> cœur de ton serviteur, Henri <strong>Caffarel</strong>,<br />
un élan d’amour qui l’attachait sans réserve à ton Fils<br />
et l’inspirait pour parler de lui.<br />
Prophète pour notre temps,<br />
il a montré la dignité et la beauté de la vocation de chacun<br />
selon la parole que Jésus adresse à tous : « Viens et suis-moi ».<br />
Il a enthousiasmé les époux pour la grandeur <strong>du</strong> sacrement de <strong>mariage</strong><br />
qui signifie le mystère d’unité et d’amour fécond entre le Christ et<br />
l’Eglise.<br />
Il a montré que prêtres et couples<br />
sont appelés à vivre la vocation de l’amour.<br />
Il a guidé les veuves : l’amour est plus fort que la mort.<br />
Poussé par l’esprit,<br />
il a con<strong>du</strong>it beaucoup de croyants sur le chemin de la prière.<br />
Saisi par un feu dévorant, il était habité par toi, Seigneur.<br />
Dieu, notre père<br />
par l’intercession de Notre-Dame,<br />
nous te prions de hâter le jour<br />
où l’Eglise proclamera la sainteté de sa vie,<br />
pour que tous trouvent la joie de suivre ton Fils,<br />
chacun selon sa vocation dans l’Esprit.<br />
Dieu notre <strong>Père</strong>, nous invoquons le père <strong>Caffarel</strong> pour …<br />
(Préciser la grâce à demander)<br />
Prière approuvée par Mgr André VINGT-TROIS – Archevêque de Paris.<br />
« Nihil obstat » : 4 janvier 2006 – « Imprimatur » : 5 janvier 2006<br />
Dans le cas d’obtention de grâces par l’intercession <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong>, prendre contact :<br />
Le Postulateur<br />
Association « Les <strong>Amis</strong> <strong>du</strong> <strong>Père</strong> <strong>Caffarel</strong> »<br />
49, rue de la Glacière – F 75013 PARIS.<br />
- 43 -
O TOI<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
Laisse moi te rejoindre dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez Toi dans le fond de mon cœur<br />
je t’adore, mon Dieu, dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
Loué sois-tu, Seigneur, dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
Je m’offre à ton amour dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
que surgisse ta joie dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
garde-moi de tout mal dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
fais-moi vivre de toi dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
je veux ce que tu veux dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
ouvre-moi sur le monde dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
glorifie ton saint Nom dans le fond de mon cœur.<br />
O Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur<br />
abîme de lumière dans le fond de mon cœur.<br />
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P. Henri <strong>Caffarel</strong>