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Quand mon frangin exposait Agropolis-Museum - Thierry Arcaix

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Si je vous dis : « son nom, il le signe à la pointe du pinceau », c’est que je veux, en utilisant<br />

cette référence à une série télévisée culte de notre enfance, saluer à la fois le talent, le courage<br />

et le vécu d’un homme, Emile <strong>Arcaix</strong>.<br />

Son talent, nous l’avons sous les yeux, là, décliné en 21 épisodes.<br />

Son courage, c’est celui d’avoir réussi ce tour de force que de nous présenter une œuvre<br />

d’une telle dimension et de se lancer dans l’aventure d’une fresque <strong>mon</strong>umentale alors qu’il<br />

est encore convalescent.<br />

Son vécu, il nous le fait partager dans ces tableaux, depuis sa petite enfance tumultueuse dans<br />

les rues du quartier mythique de Figuerolles jusqu’à son séjour à Reus en Catalogne d’où il<br />

nous est revenu ce soir.<br />

Je ne sais si, à Figuerolles, le cartable du peintre était jadis bourré de coups de poings, un peu<br />

comme à Toulouse, il nous le dira, mais ce que nous laisse entendre Emile <strong>Arcaix</strong> sur sa<br />

petite enfance m’en rappelle une autre. C’est celle d’un Sétois célèbre, Georges Brassens,<br />

dont notre peintre dans son dossier de presse, reconnaît l’influence. Quelle similitude :<br />

- tous deux ont eu un père travailleur, anticlérical et engagé,<br />

- tous deux ont eu une mère croyante et dévote,<br />

- tous deux ont orné leur œuvre d’archétypes religieux.<br />

S’ils gardent un souvenir horrifié de leur formation religieuse, ils reconnaissent qu’ils lui sont<br />

redevable d’une exigeante morale laïque.<br />

Mais revenons à Figuerolles. Ce quartier « hors les murs » a, depuis que Montpellier existe,<br />

été le lieu de résidence des petites gens, la main d’œuvre d’abord agricole puis industrielle<br />

nécessaire à la vie de la cité.<br />

C’est pour cela qu’on y trouve ces superbes petites maisons si recherchées notamment dans<br />

l’îlot des Saints qui sont construite sur un plan très fonctionnel : une remise au rez-dechaussée<br />

pour la charrette et son cheval, un étage réservé lui à l’habitation.<br />

Mais à partir de 1907, les choses vont changer. De moins en moins d’emplois dans la<br />

viticulture, moins de débouchés pour ses métiers périphériques et la première guerre <strong>mon</strong>diale<br />

marquent le début de vagues successives d’immigration : d’abord venues d’Espagne, d’Italie,<br />

du Portugal, puis d’Algérie avec sa complexité dans les années 60 et enfin de tout le Maghreb<br />

à partir du milieu des années 70.<br />

A toute ces arrivées s’ajoute une fixation progressive de la communauté gitane, aujourd’hui<br />

principalement rassemblée à la Cité Gély, et dont le groupe les Gipsy Catalans en est un<br />

représentant.<br />

Alors, dans cette mosaïque, il s’en passe des choses, et il s’en est passé. Si je vous laisse aller<br />

découvrir par vous-même le Figuerolles d’aujourd’hui, il faut savoir qu’il oscille, comme<br />

depuis toujours entre deux réalités : un Figuerolles sombre, celui de la violence et des<br />

incivilités et un Figuerolles clair, où tout le <strong>mon</strong>de se connaît et s’entraide.<br />

Après guerre et jusqu’au début des années 60, il connut des heures de gloire. D’un côté, les<br />

paroissiens et leurs prêtres charismatiques (dont une rue et un square portent le nom : la rue<br />

du père Bonnet et le square de l’abbé Coursindel). Ils s’occupaient des jeunes et des<br />

déshérités ; de l’autre côté, il y avait les communistes et les résistants de la Commune Libre,<br />

qui au travers des animations d’une sorte de Comité des fêtes très structuré, dégageaient des<br />

bénéfices pour secourir les personnes âgées, les sans-abri et les appelés du contingent.<br />

Après un passage à vide fin des années 60, ce quartier va retrouver une énergie terrible avec<br />

l’arrivée des commerces maghrébins, puis des artistes et enfin d’une population plus aisée qui<br />

se sent à l’aise dans cet incroyable univers chamarré. Un quartier « anartiste » en entendra-ton<br />

dire. Nous aurons probablement plus tard l’occasion d’en parler plus longuement, mais il<br />

était nécessaire de le décrire rapidement pour bien comprendre cette peinture. Car c’est ce qui<br />

a fait qu’Emile <strong>Arcaix</strong> s’est installé à Reus : il y a retrouvé quelque chose de son Figuerolles<br />

d’antan, de ses racines, de son histoire.

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