Quand mon frangin exposait Agropolis-Museum - Thierry Arcaix
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<strong>Quand</strong> <strong>mon</strong> <strong>frangin</strong> <strong>exposait</strong> à <strong>Agropolis</strong>-<strong>Museum</strong><br />
Sur le site d'<strong>Agropolis</strong> <strong>Museum</strong> :<br />
http://museum.agropolis.fr/pages/animations/expo_peinture/index.htm
Le vernissage, lundi 23 avril 2007<br />
De gauche à droite: M. Christian Peron, Directeur d'<strong>Agropolis</strong> <strong>Museum</strong>, Mme Corinne Giacometti, vice<br />
présidente de la Région Languedoc Roussillon et présidente d'<strong>Agropolis</strong>-<strong>Museum</strong>, M. Emile <strong>Arcaix</strong>, l'artiste.
L'exposition<br />
Lundi 23 avril 2007, à 18 h 30, s'ouvrait l'exposition d'Emile <strong>Arcaix</strong>. La foule des grands<br />
jours était au rendez-vous.<br />
La suite en images...
En septembre 2007, ce sera Jacques Fortuné qui prendra possession d'<strong>Agropolis</strong> -<strong>Museum</strong><br />
pour quelques dessins de plus...
.<br />
Exposition : De Figuerolles à Reus.<br />
Discours prononcéle 23 avril 2007 par Mme Corinne Giacometti, Vice-présidente de la<br />
Région Languedoc-Roussillon, présidente d’<strong>Agropolis</strong>-<strong>Museum</strong>.
Si je vous dis : « son nom, il le signe à la pointe du pinceau », c’est que je veux, en utilisant<br />
cette référence à une série télévisée culte de notre enfance, saluer à la fois le talent, le courage<br />
et le vécu d’un homme, Emile <strong>Arcaix</strong>.<br />
Son talent, nous l’avons sous les yeux, là, décliné en 21 épisodes.<br />
Son courage, c’est celui d’avoir réussi ce tour de force que de nous présenter une œuvre<br />
d’une telle dimension et de se lancer dans l’aventure d’une fresque <strong>mon</strong>umentale alors qu’il<br />
est encore convalescent.<br />
Son vécu, il nous le fait partager dans ces tableaux, depuis sa petite enfance tumultueuse dans<br />
les rues du quartier mythique de Figuerolles jusqu’à son séjour à Reus en Catalogne d’où il<br />
nous est revenu ce soir.<br />
Je ne sais si, à Figuerolles, le cartable du peintre était jadis bourré de coups de poings, un peu<br />
comme à Toulouse, il nous le dira, mais ce que nous laisse entendre Emile <strong>Arcaix</strong> sur sa<br />
petite enfance m’en rappelle une autre. C’est celle d’un Sétois célèbre, Georges Brassens,<br />
dont notre peintre dans son dossier de presse, reconnaît l’influence. Quelle similitude :<br />
- tous deux ont eu un père travailleur, anticlérical et engagé,<br />
- tous deux ont eu une mère croyante et dévote,<br />
- tous deux ont orné leur œuvre d’archétypes religieux.<br />
S’ils gardent un souvenir horrifié de leur formation religieuse, ils reconnaissent qu’ils lui sont<br />
redevable d’une exigeante morale laïque.<br />
Mais revenons à Figuerolles. Ce quartier « hors les murs » a, depuis que Montpellier existe,<br />
été le lieu de résidence des petites gens, la main d’œuvre d’abord agricole puis industrielle<br />
nécessaire à la vie de la cité.<br />
C’est pour cela qu’on y trouve ces superbes petites maisons si recherchées notamment dans<br />
l’îlot des Saints qui sont construite sur un plan très fonctionnel : une remise au rez-dechaussée<br />
pour la charrette et son cheval, un étage réservé lui à l’habitation.<br />
Mais à partir de 1907, les choses vont changer. De moins en moins d’emplois dans la<br />
viticulture, moins de débouchés pour ses métiers périphériques et la première guerre <strong>mon</strong>diale<br />
marquent le début de vagues successives d’immigration : d’abord venues d’Espagne, d’Italie,<br />
du Portugal, puis d’Algérie avec sa complexité dans les années 60 et enfin de tout le Maghreb<br />
à partir du milieu des années 70.<br />
A toute ces arrivées s’ajoute une fixation progressive de la communauté gitane, aujourd’hui<br />
principalement rassemblée à la Cité Gély, et dont le groupe les Gipsy Catalans en est un<br />
représentant.<br />
Alors, dans cette mosaïque, il s’en passe des choses, et il s’en est passé. Si je vous laisse aller<br />
découvrir par vous-même le Figuerolles d’aujourd’hui, il faut savoir qu’il oscille, comme<br />
depuis toujours entre deux réalités : un Figuerolles sombre, celui de la violence et des<br />
incivilités et un Figuerolles clair, où tout le <strong>mon</strong>de se connaît et s’entraide.<br />
Après guerre et jusqu’au début des années 60, il connut des heures de gloire. D’un côté, les<br />
paroissiens et leurs prêtres charismatiques (dont une rue et un square portent le nom : la rue<br />
du père Bonnet et le square de l’abbé Coursindel). Ils s’occupaient des jeunes et des<br />
déshérités ; de l’autre côté, il y avait les communistes et les résistants de la Commune Libre,<br />
qui au travers des animations d’une sorte de Comité des fêtes très structuré, dégageaient des<br />
bénéfices pour secourir les personnes âgées, les sans-abri et les appelés du contingent.<br />
Après un passage à vide fin des années 60, ce quartier va retrouver une énergie terrible avec<br />
l’arrivée des commerces maghrébins, puis des artistes et enfin d’une population plus aisée qui<br />
se sent à l’aise dans cet incroyable univers chamarré. Un quartier « anartiste » en entendra-ton<br />
dire. Nous aurons probablement plus tard l’occasion d’en parler plus longuement, mais il<br />
était nécessaire de le décrire rapidement pour bien comprendre cette peinture. Car c’est ce qui<br />
a fait qu’Emile <strong>Arcaix</strong> s’est installé à Reus : il y a retrouvé quelque chose de son Figuerolles<br />
d’antan, de ses racines, de son histoire.
Oui, <strong>Agropolis</strong> <strong>Museum</strong> est le lieu où l’on fera dorénavant ce genre de rencontre avec<br />
ces personnages catalyseurs que sont les artistes.<br />
Ces rencontres sont le pont, le lien nécessaire entre science et culture. Comment comprendre<br />
les enjeux de la recherche si on n’est pas en lien constant avec leur point de départ et leur<br />
point d’arrivée.<br />
Les deux se confondent : c’est l’homme, ou plutôt l’être humain, dans son vécu quotidien, ses<br />
émotions, ses peurs, ses combats, ses amours, ses détresses et ses joies qui est au point de<br />
départ et c’est à lui que l’on arrive au final.<br />
C’est pour l’humanité que les chercheurs mènent leurs études ; c’est à elle qu’il leur faut en<br />
rendre compte, c’est avec elle qu’il leur faut parler ; c’est auprès d’elle qu’il leur faut aller<br />
guetter les réactions et les réponses.<br />
L’art est une expression sensible de la réalité. Mais une réalité subjective passée au travers<br />
des filtres de l’expérience personnelle, de la construction de soi, des partis pris, des<br />
rencontres.<br />
L’artiste produit toujours en dépensant mais pas en représentant quelque chose qu’il aurait<br />
conçu à l’avance. Une exposition est une rencontre forte qui pose question et suscite<br />
polémique. Elle interroge les structures savantes de notre société en posant les questions du<br />
pourquoi autant que celles du comment, elle ajoute une dimension mentale sensible et<br />
aléatoire à celle du chercheur.<br />
En cela, la rencontre avec l’art apporte une vaste profondeur empreinte d’une double<br />
provocation : il va falloir exceller, des deux côtés, tel est le pari.<br />
Emile <strong>Arcaix</strong> vient ce soir mettre le feu à <strong>Agropolis</strong> <strong>Museum</strong>. Il nous renvoie à nos<br />
fondamentaux les plus secrets qui sont présents en filigrane dans notre vécu le plus intime.<br />
Dans le même temps, il nous fait découvrir par ses dénonciations que ces mêmes<br />
fondamentaux conditionnent l’équilibre de l’humanité, y compris sur le plan alimentaire et<br />
agronomique, sujets fondateurs de notre structure. Comment et par qui sont tenues les<br />
commandes de la planète, pourquoi y a-t-il tant d’inégalités malgré l’excellence et la force de<br />
nos chercheurs ?<br />
La réponse n’est pas dans la science seule, mais dans son rapport au réel, au ressenti, à<br />
l’homme dans sa complexité.<br />
Emile <strong>Arcaix</strong> dénonce, souffre, aime, tremble, regarde et nous entraîne dans un tourbillon de<br />
couleurs et de formes qui désarçonne.<br />
Oui, l’art est indispensable à la science pour la déstabiliser, l’aider à se poser encore et<br />
toujours la question de l’homme, la forcer à revenir vers ceux qui n’ont pas vraiment accès à<br />
son langage pour leur expliquer et justifier son universalité.<br />
Dans son analyse de l’œuvre d’Emile <strong>Arcaix</strong>, Francisca Lefort, professeur d’arts plastiques à<br />
l’IUFM de Montpellier, en soulignait le fort travail de théâtralisation de la lumière, mis au<br />
service d’une pâte très en mouvement ; elle insistait sur le foisonnement de personnages<br />
qu’on y observe : du militaire au curé en passant par la fille de joie…<br />
Francisca Lefort y voyait une sorte de triptyque pictural ainsi composé :<br />
- une peinture critique et politisée,<br />
- une peinture très érotique<br />
- une peinture d’autoportraits, de regards sur la vie quotidienne, la nuit, la rue, les bars.<br />
Dans son dernier entretien à la presse, Emile <strong>Arcaix</strong> parlait de son œuvre ainsi :
« Mes peintures sont comme des histoires qui racontent le quotidien. Elles dessinent ces lieux<br />
où tout le <strong>mon</strong>de se rencontre, où la diversité de culture est présente. J’aime particulièrement<br />
peindre les marchés parce que ça bouge, ça grouille. Il y a dans ce décor l’enfant, la femme<br />
enceinte, le vieux cabossé par la vie… »<br />
L’art est fait pour troubler, la science rassure, a écrit Georges Braque dans Le jour et la nuit.<br />
Emile <strong>Arcaix</strong> est donc le premier à venir ici nous troubler, au cœur de ce temple de la<br />
recherche agronomique. Gageons que la communauté scientifique d’<strong>Agropolis</strong> saura nous<br />
rassurer. En tout cas le défi est lancé.<br />
Je conclurai cette intervention par le mot de Jean Cayrol dans Histoire d’une prairie :<br />
« Il n’y a ni regard, ni paysage, ni fait divers qui ne recèle le reste du <strong>mon</strong>de, en toute<br />
propriété ».<br />
Corinne Giacometti.<br />
.<br />
.<br />
Dans la Presse :<br />
Midi Libre, L'Hérault du Jour, Midi Loisirs et L'Echo des Hauts Cantons...<br />
.<br />
1-<strong>Agropolis</strong><br />
Emile <strong>Arcaix</strong> réunit plus de 300 personnes<br />
« C’était gigantesque ! Il y avait tellement de <strong>mon</strong>de qu’on pouvait à peine circuler par<br />
moments » Grand succès, en effet, pour le vernissage, lundi soir, à <strong>Agropolis</strong>-<strong>Museum</strong>, de<br />
l’exposition d’Emile <strong>Arcaix</strong>, enfant de Figuerolles résidant désormais en Espagne. Musique<br />
manouche avec les Gipsy Catalans, tapas et sangria ont imprimé un esprit de fête à cette<br />
soirée. L’occasion pour Corinne Giacometti, la présidente du musée, de saluer la peinture<br />
colorée et tourbillonnante de l’artiste et le virage du musée des agricultures du <strong>mon</strong>de qui<br />
entend désormais « être le lien nécessaire entre science et culture ». Emile <strong>Arcaix</strong> va<br />
maintenant s’atteler à la réalisation en direct d’une immense fresque sur les murs du bâtiment<br />
et dont le vernissage, fin juin-début juillet, promet d’être tout aussi grandiose avec musique,<br />
guinguette et conférences sur la guerre civile espagnole. Si un comité de pilotage artistique va<br />
être créé, Christian Peron a d’ores et déjà annoncé la prochaine exposition : le dessinateur<br />
Jacques Fortuné, en septembre. En attendant, courez voir jusqu’au 12 juillet De Figuerolles à<br />
Reus.<br />
..<br />
(Midi Libre. Mercredi 25 avril 2007.)
.<br />
Quelque chose de Figuerolles à Reus<br />
Le vernissage de l’exposition d’Emile <strong>Arcaix</strong> a redonné des couleurs et un peu<br />
de folie au musée <strong>Agropolis</strong>.<br />
"Son vécu, il nous le fait partager dans ses tableaux, depuis sa petite enfance<br />
tumultueuse dans les rues du quartier mythique de Figuerolles jusqu’à son<br />
séjour à Reus en Catalogne d’où il nous est revenu ce soir", introduisait Corinne<br />
Giacometti, vice présidente du conseil régional.<br />
Dans son discours, elle évoquait Figuerolles, son histoire et sa mosaïque<br />
culturelle : "ce quartier […] a été le lieu de résidence des petites gens, la main<br />
d’œuvre d’abord agricole puis industrielle nécessaire à la vie de la cité […] Un<br />
quartier « anartiste » en entendra-t-on dire. Car c’est ce qui a fait qu’Emile<br />
<strong>Arcaix</strong> s’est installé à Reus ; il y a retrouvé quelque chose de son Figuerolles<br />
d’antan, de ses racines, de son histoire".
La série de tableaux présentée par le peintre est empreinte de vie par sa palette<br />
de couleurs. Un régal pour les yeux. Ses œuvres évoquent particulièrement le<br />
<strong>mon</strong>de de la nuit. Une femme aguicheuse, qui dessine des volutes de fumée avec<br />
sa cigarette, accoudée çà un bar, la bretelle de sa robe retombant sur son épaule ;<br />
une sensualité presque palpable. La religion devient sujette à l’humour, le diable<br />
devient compagnon l’homme de foi. Tous deux titubent, certainement un excès<br />
d’alcool… Peinture de critique et d’expression, révélatrice des npn-dits de la<br />
société.<br />
Rien de tel que la présence du groupe les Gipsy Catalans et de quelques tapas<br />
pour réunir, le temps d’une soirée Figuerolles et Reus. Un vernissage sous le<br />
signe des rencontres et du partage.<br />
<strong>Thierry</strong> <strong>Arcaix</strong> a annoncé ensuite l’exposition en septembre prochain des dessins<br />
d’un célèbre caricaturiste : Fortuné. Cet homme a travaillé pendant 25 ans au<br />
journal le Parisien et a réalisé durant cette période plus de 15000 dessins.<br />
<strong>Agropolis</strong>-<strong>Museum</strong> semble décidé à en surprendre plus d’un.<br />
(Elodie Cabrera. L’Hérault du Jour. Mercredi 25 avril 2007.)<br />
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