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Evaluation PNLCC 2002 / version détaillée - Réseau Action Climat ...

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CLER<br />

PN LCC 2000-2003˚:<br />

LE GG O U VV EER NNN EEM EEENN TTT ECC OOO NNN OO MM IISSSEE<br />

SSSOOO NN EEENN EERR GG IIEEE<br />

Évaluation <strong>détaillée</strong><br />

inter-associative <strong>2002</strong><br />

de la mise en œuvre du <strong>PNLCC</strong><br />

Kim Depret<br />

<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France, 2B rue Jules Ferry, 93100 MONTREUIL<br />

tel : 01.48.58.83.92 ; fax : 01.48.51.95.12 ; mel : infos@rac-f.org; www.rac-f.org<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 1


Sommaire de l’évaluation <strong>détaillée</strong><br />

SOMMAIRE DE L’ÉVALUATION DÉTAILLÉE 2<br />

MESURES DU SECTEUR DE L'INDUSTRIE (CHAPITRE 3) 3<br />

MESURES DU SECTEUR DES TRANSPORTS (CHAPITRE 4) 7<br />

MESURES DU SECTEUR DES BÂTIMENTS (CHAPITRE 5) 18<br />

MESURES DU SECTEUR AGRICULTURE, FORÊTS, PRODUITS DÉRIVÉS 31<br />

(CHAPITRE 6) 31<br />

MESURES DU SECTEUR DÉCHETS (CHAPITRE 7) 36<br />

MESURES DU SECTEUR DE LA PRODUCTION D’ÉNERGIE (CHAPITRE 8) 39<br />

MESURES DE MAÎTRISE DE LA DEMANDE D’ÉLECTRICITÉ (CHAPITRE 8) 46<br />

MESURES DU SECTEUR GAZ FRIGORIGÈNES (CHAPITRE 9) 52<br />

MESURES DES SECTEURS NIVEAUX TERRITORIAUX, MESURES<br />

TRANSVERSALES, GOUVERNANCE (CHAPITRES 10, 11 ET 12) 57<br />

Les différents niveaux territoriaux (Chapitre 10) 58<br />

Mesures transversales (Chapitre 11) 60<br />

Gouvernance (Chapitre 12) 63<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 2


Mesures du secteur de l'industrie (chapitre 3)<br />

Philippe QUIRION (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France)<br />

Résumé:<br />

Dans l'industrie, les deux tiers des réductions attendues doivent provenir de la taxation des<br />

consommations d'énergie et du N2O (I-3 et I-4). L'absence de mise en œuvre de ces mesures est d'autant<br />

plus regrettable que la principale mesure dite existante, les engagements volontaires signés par cinq<br />

secteurs industriels, se sont clairement avérés des échecs (2.2).<br />

Les évolutions depuis l'an dernier sont encore plus inquiétantes. D'une part, une nouvelle génération<br />

d'engagements volontaires – qui présente les mêmes défauts que la précédente – a été lancée par les<br />

industriels et approuvée par le gouvernement. D'autre part, le gouvernement français, par la voie de<br />

Francis Mer, s'est opposé pour la première fois au projet de directive européenne créant des taxes<br />

minimales sur l'énergie.<br />

De plus, les nouvelles réglementations pour les gaz autres que le CO2 (I-2) ne sont pas en place, à une<br />

exception près. Seule la mise en œuvre des mesures d'aides à l'industrie se fait à un rythme satisfaisant (I-<br />

1), mais d'une part ces mesures ne représentent que 3,5 % des réductions prévues, d'autres part elles<br />

risquent d'être remises en cause par la baisse du budget maîtrise de l'énergie de l'ADEME.<br />

Signalons enfin qu'au niveau communautaire, la France cherche à affaiblir encore le projet de taxation<br />

harmonisée des énergies fossiles, alors qu'elle soutenait auparavant ce projet, et qu'elle soutient divers<br />

amendements visant à affaiblir la portée du projet de directive créant des quotas échangeables de gaz à<br />

effet de serre dans l'industrie (I-3).<br />

La mesure à prendre : relancer la TGAP énergie<br />

Les mesures dites existantes<br />

Nous ne traitons ici que des engagements volontaires, les autres mesures n'ayant pas été modifiées ou<br />

étant traitées plus loin.<br />

2.2. Engagements volontaires :<br />

Feu rouge<br />

Cinq engagements volontaires ont été signés en 1996 et 1997 : Pechiney (mai 1996), Fédération française<br />

de l'acier (décembre 1996), Chambre syndicale nationale des fabricants de chaux grasses magnésiennes<br />

(juillet 1996), Syndicat français de l'industrie cimentière (octobre 1996), Chambre syndicale des verreries<br />

mécaniques de France (février 1997). Ces engagements fixent des objectifs de réduction des émissions<br />

spécifiques (par tonne produite) et globales (en valeur absolue) pour 2000 (2005 pour le dernier accord,<br />

avec un objectif intermédiaire en 1999).<br />

Une évaluation indépendante de deux de ces accords (aluminium et verre) a été réalisée par Martina<br />

Chidiak, du Centre d'économie industrielle de l'École des Mines de Paris 1 . Sa conclusion est sans appel :<br />

"Les objectifs de ces accords apparaissent modestes : ils comprennent essentiellement des réductions de<br />

dioxyde de carbone profitables aux firmes ou suscitées par d'autres réglementations environnementales<br />

(qui elles-mêmes apparaissent très proches du business as usual)." 2 Certes, on constate une baisse<br />

importante des émissions par unité produite dans les deux branches étudiées, due à des changements<br />

techniques et des investissements, mais les engagements volontaires "ne semblent pas avoir joué un rôle<br />

important dans la réalisation de ces investissements" (id.). De plus, "les engagements en valeur absolue<br />

ne seront probablement pas atteints si les niveaux de production s'avèrent plus élevés qu'initialement<br />

prévus." (id.)<br />

1<br />

M Chidiak, Voluntary agreements, implementation and efficiency, French country study, mars 2000,<br />

http://www.akf.dk/VAIE/pdf/taskC_fr_case.pdf.<br />

2<br />

M. Chidiak, "Lessons from the French experience with voluntary agreements for greenhouse-gas reduction", Paper<br />

proposed for publication at the Journal of Cleaner Production, Cerna, Ecole des Mines de Paris, 2001.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 3


D'ailleurs, l'inventaire des émissions françaises réalisé par le Citepa pour l'année 1999 indique une<br />

évolution des émissions, aussi bien en valeur absolue que par unité produite, bien supérieure aux objectifs<br />

des engagements volontaires, sauf pour l'acier. Certes, les bases de calcul des objectifs de ces<br />

engagements diffèrent de ceux de l'inventaire, entre autres parce qu'ils ne concernent pas toutes les<br />

émissions de ces industries. Il n'empêche que cette différence témoigne des échappatoires contenus dans<br />

ces accords et illustre leur incapacité à réduire significativement les émissions industrielles.<br />

Bref, cette analyse suggère que ces accords constituent un échec. Selon l'auteur, "cet échec semble<br />

résulter principalement de l'absence d'incitation sous forme de "carotte" ou de "bâton" associée aux<br />

accords volontaires" (id.).<br />

Les enseignements de cette expérience ont de plus été complètement négligés puisqu'en juillet <strong>2002</strong> le<br />

gouvernement a approuvé la nouvelle génération d'engagements volontaires, lancés par les industriels<br />

français, qui souffre des mêmes défauts 3 . On peut cependant espérer une meilleure surveillance du niveau<br />

des émissions grâce à l'arrêté du 2 février 1998, modifié par l'arrêté du 2 février 2001, qui instaure un<br />

rapport annuel obligatoire sur les émissions de gaz à effet de serre.<br />

Mesures nouvelles<br />

I-1 Mesures d'aide à l'industrie<br />

Feu vert<br />

Note :<br />

Pour 2003, ces mesures risquent d'être remises en cause par la baisse du budget maîtrise de<br />

l'énergie de l'ADEME, qui découle du projet de loi de finances 2003.<br />

I-1.1 Relance de l'aide à la décision (la dotation annuelle sera de l'ordre de 40 MF soit 6 M€)<br />

En vigueur.<br />

L'objectif du PNAEE est de financer 1000 études par an (pré-diagnostics, diagnostics, études de<br />

faisabilité) grâce à des aides de l'ADEME et des Fonds régionaux d'aide au conseil (FRAC). Le budget<br />

global des FRAC est de 14 M€, mais la part dévolue aux économies d'énergie n'est pas connue. Avant<br />

2000, l'ADEME consacrait environ 2 M€ à cette activité, en incluant la réalisation de documents, de<br />

journées techniques, etc. Ce chiffre est passé à 4,6 M€ en 2000 (800 études), et 3,6 M€ (600 études) en<br />

2001 4 . Cette baisse semble se poursuivre en <strong>2002</strong>.<br />

I-1.2 Orientation des choix de long terme et amélioration des technologies et des procédés à travers<br />

le soutien à la R&D (budget moyen annuel 20 MF soit 3 M€)<br />

En vigueur.<br />

Le budget de l'ADEME effectivement consommé, qui était voisin de 4 M€ avant 2000, a été de 6 M€ en<br />

2000, 5 M€ en 2001, et devrait progresser en <strong>2002</strong>. Cependant on peut s'inquiéter de voir l'ADEME<br />

commencer à financer des opérations de séparation et stockage du CO2 au lieu de concentrer ses efforts<br />

sur les économies d'énergie et les renouvelables.<br />

I-1.3 Soutien à des projets de démonstration technologique exemplaire (budget 30 MF soit 4,6 M€)<br />

En vigueur.<br />

Le budget de l'ADEME effectivement consommé à ce titre s'est élevé à 2,6 M€ pour 37 projets soutenus<br />

en 2000, 2,7 M€ et 59 opérations en 2001. En <strong>2002</strong>, les montants consommés seront bien inférieurs à<br />

cause de la mise en œuvre du nouvel encadrement communautaire des aides d'État qui oblige à réduire les<br />

aides versées.<br />

I-1.4 Participation de l'ADEME au montage, avec le secteur bancaire, de nouvelles modalités de<br />

financement pour les entreprises<br />

3 Cf. notre critique de ces engagements : http://www.rac-f.org/article.php3?id_article=59.<br />

4 Les chiffres pour 2001 proviennent du rapport d'activité 2001 de l'ADEME.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 4


En vigueur.<br />

En novembre 2000, l'ADEME et la Banque de Développement des PME ont lancé le FOGIME, fonds de<br />

garantie des investissements de maîtrise de l'énergie. Il offre une garantie financière en appui d'un crédit<br />

bancaire, devait bénéficier d'un budget de 18 M€ et permettre de garantir 230 M€ de prêts. Environ 30<br />

prêts ont été accordés depuis le démarrage effectif, soit le milieu de l'année 2001. Pour les 17 dossiers<br />

bouclés en 2001, Le montant de garantie effective s'élève à 3 M€, pour 4,4 M€ de prêts accordés. Les<br />

conditions financières ont été rendues plus avantageuses en octobre <strong>2002</strong>, laissant espérer un<br />

développement de ce fonds.<br />

En octobre <strong>2002</strong>, l'ADEME, CDC IXIS et la banque italienne Banca OPI (groupe SanPaolo IMI) ont<br />

lancé le FIDEME, fonds d'investissement pour les investissements de maîtrise de l'énergie, d'ENR et de<br />

déchets industriels et commerciaux. Ce fonds est doté de 45 M€ (2/3 privé, 1/3 ADEME), avec pour<br />

objectif de financer 300 M€ par effet de levier. Le financement FIDEME vient s’insérer entre les fonds<br />

propres et le prêt bancaire afin de boucler le financement des projets considérés comme risqués par les<br />

banques. La souscription devrait être bouclée en fin d'année <strong>2002</strong>, le démarrage est prévu pour le 1 er<br />

trimestre 2003.<br />

I-2 Mesures de nature réglementaire pour les gaz autres que le CO2<br />

Feu rouge<br />

I-2.1 N2O : renforcement des exigences réglementaires dans la cadre de la législation relative aux<br />

ICPE (arrêtés du ministre chargé de l'environnement et arrêtés préfectoraux)<br />

Pour l'instant, les exigences réglementaires n'ont pas été renforcées, hormis le cas des émissions dues à la<br />

production d'acide glyoxylique. Pour celles dues à la production d'acide nitrique, il est pourtant peu<br />

coûteux de réduire les émissions de 80 à 90 %. Un projet destiné à préparer cette évolution semble bloqué<br />

dans les rouages de l'État. Quant aux émissions dues à la production d'acide adipique, elles feront<br />

probablement l'objet d'un engagement volontaire.<br />

I-2.2 PFC dans la production d'aluminium : une réglementation sera établie limitant les émissions<br />

moyennes de PFC (en l'occurrence du CF4) par tonne<br />

Pas appliqué.<br />

I-2.3 SF6 et PFC de l'industrie électronique : une réglementation sera établie en vue d'obtenir un<br />

taux satisfaisant de récupération ou de destruction des gaz émis dans les unités nouvelles<br />

notamment, mais aussi de garantir un bon suivi des émissions<br />

Pas appliquée. La France a pour l'instant choisi de laisser la Commission européenne traiter le dossier,<br />

conformément au intentions affichées dans le Programme européen contre le changement climatique,<br />

mais la Commission n'a rien fait pour l'instant sur ce sujet. Les industriels se sont engagés unilatéralement<br />

à réduire de 10 % leurs émissions au niveau mondial en 1999, engagement décliné en Europe par la suite.<br />

I-2.4 SF6 dans les fonderies de magnésium : une réglementation sera établie à travers la législation<br />

sur les ICPE<br />

Pas appliqué.<br />

I-2.5 SF6 dans les équipements électriques : un accord devra être recherché<br />

Un engagement avec les fabricants d'équipements, destiné à améliorer l'étanchéité et à récupérer le SF6<br />

des équipements en fin de vie, reste pour l'instant lettre morte faute d'accord du <strong>Réseau</strong> de transport de<br />

l'électricité.<br />

I-2.6 Utilisation industrielle des HFC dans les machines frigorifiques et de climatisation<br />

Cf. chapitre gaz frigorigènes, mesure F.3.6<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 5


I-2.7 HFC des mousses, aérosols et matériels de lutte contre l'incendie : des limites d'émission<br />

seront proposées<br />

L'arrêté du 2 avril <strong>2002</strong> vise à limiter les pertes dans les dépôts de HFC. Un projet de règlement européen<br />

sur les gaz fluorés prévoyant quelques rares interdictions d'usage et des mesures de confinement est<br />

attendu pour le 2 nd semestre <strong>2002</strong>.<br />

I-3 Taxation de l'énergie et cas des industries consommatrices intensives d'énergie<br />

Feu rouge<br />

Pas appliquée suite à la censure par le Conseil constitutionnel de cette disposition du PLF 2001, puis pas<br />

repris dans les PLF suivants. Au niveau européen, la France a changé de position en cherchant à affaiblir<br />

encore plus le déjà bien peu ambitieux projet de directive créant des taxes minimales sur l'énergie.<br />

Enfin, si un projet de directive européenne soumettant les industries fortement émettrices à des quotas<br />

échangeables de gaz à effet de serre est passé en première lecture au Parlement, le Conseil des ministres a<br />

repoussé son examen jusqu'à décembre <strong>2002</strong>. La France soutient ce projet mais cherche à affaiblir les<br />

sanctions prévues. En outre, alors que la Commission proposait que le lien avec les mécanismes du<br />

Protocole de Kyoto soit déterminé par une autre directive, la France a introduit un amendement<br />

demandant que ce lien soit automatique, ce qui risque de dénaturer ce texte en autorisant les entreprises<br />

européennes à recourir à des échappatoires plutôt qu'à réduire leurs émissions.<br />

I-4 Autres taxes<br />

Feu rouge<br />

I-4.1 Taxation des HFC<br />

Cf chapitre sur les gaz frigorigènes<br />

I-4.2 Relèvement de la taxe actuelle sur le N2O (3 Fcs/tonne équivalent carbone)<br />

Pas appliqué.<br />

I-5 Labels, information et formation<br />

Feu rouge<br />

I-5.1 S'assurer que les cahiers des charges pour l'attribution de la marque NF évaluent l'efficacité<br />

énergétique réelle. Créer un label pour les moteurs électriques.<br />

En cours de discussion.<br />

Le secrétariat à l'Industrie a demandé à l'AFNOR de lancer un programme d'intégration de la maîtrise de<br />

l'énergie dans les normes. Il existe un comité de pilotage et un document de stratégie.<br />

I-5.2 Développer l'information des entreprises, notamment pour les appareils de combustion et<br />

moteurs électriques utilisés par les PMI.<br />

Rien de spécifique au-delà des mesures d'aide (I-1).<br />

I-5.3 Amélioration de la qualification des professionnels, notamment des agents en charge de<br />

l'installation et de l'exploitation des chaudières et des moteurs électriques utilisés par les PMI.<br />

Pas appliqué.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 6


Mesures du secteur des transports (chapitre 4)<br />

Olivier Louchard (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France)<br />

Laetitia de Marez (Greenpeace France)<br />

Résumé:<br />

Les émissions du seul CO2 du secteur des transports représentaient 24,5 % des émissions brutes de C02<br />

en 1990. Aujourd'hui, elles représentent 28,6 % (CITEPA, 2001). C'est dans ce secteur que la croissance<br />

des émissions de GES a été la plus forte et reste la plus préoccupante pour les années à venir.<br />

Les mesures du <strong>PNLCC</strong> dites "mesures nouvelles" sont censées réduire les émissions de 4 millions de<br />

tonnes équivalent carbone (MteC) pour atteindre un niveau d'émissions stabilisé à 40 MteC sur la période<br />

2010-2020. Et ceci en dehors des "mesures dites existantes" considérées comme "acquises" dont le<br />

scénario projette les émissions à 44 MteC. Gros problème : ces mesures déjà comptabilisées ne sont pas<br />

toutes mises en œuvre ou très partiellement (PDU, péages en milieu urbain) voire tout simplement<br />

abandonnées (suppression de la vignette).<br />

Comme l'année dernière, il faut insister sur la non mise en œuvre du projet de Taxe Carbone (T.3.3.1) qui<br />

prive la France du quart des réductions prévues par le <strong>PNLCC</strong> dans ce secteur. Ajoutons, la suspension de<br />

la mesure de rattrapage de la TIPP entre l'essence et le gazole – réaffirmée par le gouvernement Raffarin<br />

– qui éloigne de 0,3 MteC les objectifs français. Abandonner ces deux mesures équivaut à renoncer à plus<br />

de 30% de l'objectif français en matière de transports. Ajoutons également, la mesure taxation du<br />

kérosène qui n'est toujours pas appliquée et qui est urgente à mettre en place puisque le secteur aérien<br />

prévoit une forte augmentation des vols.<br />

Des améliorations technologiques sont certes observées sur les véhicules (accord ACEA), mais deux<br />

tendances s'y opposent : l'augmentation constante du parc automobile, des déplacements et le<br />

rallongement des distances, ainsi que l'augmentation de la puissance des véhicules, des équipements de<br />

confort et de sécurité qui atténuent fortement les progrès accomplis sur les motorisations et les carburants.<br />

L'exemple le plus criant est certainement celui de la climatisation automobile. Cet accessoire génère une<br />

pollution de gaz à effet de serre de 2 ordres : en émissions de CO2, par alourdissement du véhicule et<br />

consommation d'énergie supplémentaire pour la production de froid ; et par émission de fluides<br />

frigorigènes. La climatisation crée ainsi une surconsommation annuelle totale de 22,5%..<br />

Dans le domaine des transports, il est particulièrement difficile de qualifier et surtout de quantifier l'état<br />

d'avancement de certaines orientations notamment celles prises sur le long terme et concernant l'offre de<br />

transport. Il serait donc délicat et dans une certaine mesure incorrect d'évaluer très précisément la mise en<br />

œuvre de certaines mesures de ce secteur.<br />

Cependant, le gouvernement français et les collectivités doivent accentuer leurs efforts en matière<br />

d'aménagement du territoire et de planification urbaine pour que les politiques publiques soient<br />

effectivement mises en œuvre : les outils territoriaux sont là (CPER, LOADDT et SSC transport, PDU,<br />

etc.) et devraient permettre de développer l'intermodalité, le fret ferroviaire et maritime, les transports<br />

collectifs, le vélo, etc. Il est notamment choquant que l’État continue de dépenser pour la route nettement<br />

plus que pour les autres moyens de transports et qu’un troisième aéroport soit toujours envisagé en région<br />

parisienne.<br />

Les mesures à prendre : mettre en place l'écotaxe et renforcer l'action sur l'offre de transport non routier<br />

notamment à travers les outils de planification urbaine (PDU <strong>version</strong> loi SRU, SCOT), favorisant le<br />

transport collectif, le vélo, roller, etc. ainsi que le développement du fret ferroviaire, fluvial et maritime.<br />

Mesures dites existantes<br />

Nous ne prendrons en compte ici que les mesures dites existantes avant le <strong>PNLCC</strong> qui ont été suspendues,<br />

abandonnées ou dont la mise en œuvre pose problème.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 7


2.1. Mesures communes aux voyageurs et aux marchandises<br />

Rattrapage de la fiscalité sur le gazole<br />

Feu rouge<br />

Suspendu.<br />

La France se distingue, au sein de l’Union européenne, par un écart d'imposition très important entre le<br />

gazole et l'essence sans plomb : en 1998, cet écart était de 0,22 € par litre, ce qui était supérieur de plus de<br />

50% à la moyenne communautaire constatée en la matière (0,14 € par litre). La loi de finances de 1999 a<br />

donc mis en place un plan de rattrapage de l’écart de taxation entre le gazole et le supercarburant sans<br />

plomb. Ce plan s’est traduit, en 1999 puis en 2000, par une augmentation de 0,01 € par litre du tarif de la<br />

TIPP applicable au gazole jusqu'à ce que M. Fabius suspende le processus en 2000. L'écart de taxation<br />

français a ainsi été réduit de 0,22 € par litre en 1998 à 0,19 € par litre en 2001. En date du 12 septembre<br />

<strong>2002</strong>, M. Raffarin a décidé de ne pas augmenter la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) sur le<br />

gazole et donc de maintenir la suspension du rattrapage de la fiscalité sur le gazole. La France est donc<br />

encore loin de son objectif d'être au même niveau que l'UE en 2005 puisque l'écart communautaire moyen<br />

est resté stable (environ 0,14 €).<br />

Évolution de la fiscalité sur les véhicules<br />

Feu rouge<br />

Vidée de son sens par la suppression de la vignette en septembre 2000. On peut noter que la mise en<br />

place, difficile, d’une fiscalité annuelle proportionnelle aux émissions de gaz carbonique constituait une<br />

première mondiale. Un effort réduit à néant...<br />

Loi sur l’air de 96 et Plans de Déplacements Urbains (PDU)<br />

Feu orange<br />

Le <strong>PNLCC</strong> insiste sur la nécessaire prise en compte de l’effet de serre dans les PDU.<br />

En juin <strong>2002</strong>, (dernière évaluation du GART) seulement 43 PDU ont été approuvés sur les 72 obligatoires<br />

(un peu plus de la moitié) alors que l'échéance théorique était fixée au 31 décembre 1998 et qu'un délai<br />

avait été accordé jusque juin 2000. De plus les PDU approuvés qui avancent des objectifs chiffrés de<br />

réduction des émissions de CO2 sont très rares et peu optimistes (au maximum maintien des émissions<br />

actuelles). La raison ? même s'ils préconisent l'usage de moyens alternatifs de déplacement, les PDU ne<br />

s'attaquent pas frontalement à la réduction du trafic automobile.<br />

Depuis la loi SRU(décembre 2000), les PDU doivent être compatibles avec la loi SRU et intégrés dans les<br />

Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) qui remplacent les Schémas directeurs. Ces nouveaux<br />

schémas sont plus ambitieux dans leur volet routier. A ce jour, seuls 4 PDU (<strong>version</strong> loi SRU) ont été<br />

adoptés.<br />

Mesures nouvelles<br />

3.1. Mesures concernant les véhicules<br />

Feu orange<br />

T.1.1. Suivi et extension de l’accord ACEA et des accords avec les constructeurs extérieurs à la<br />

communauté<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 8


Feu orange<br />

Cette année, pas d’extension de l’accord à de nouveaux constructeurs extérieurs à l’Union Européenne.<br />

Le parc neuf français VL (essence + diesel) avec 156g de CO2/km en 2001 5 est actuellement sous la<br />

moyenne européenne qui se situe à 164g /km en 2001 (soit une baisse de 1,9% par an depuis 1995,<br />

néanmoins pour atteindre l'objectif en 2008, il faudra significativement accélérer la cadence à la baisse<br />

pour atteindre -2,1% par an).<br />

Le parc roulant français affiche quant à lui 183g/ km en 2001 alors qu’il était à 185g par km en 2000.<br />

Ces améliorations certaines de fonctionnement des moteurs ne doivent pourtant pas faire oublier d’autres<br />

éléments autrement plus importants dans la lutte contre le réchauffement climatique. D’une part la priorité<br />

doit être donnée à la recherche, développement et commercialisation de moteurs à faible consommation<br />

en carburant. D’autres part, et cette remarque nuance les deux précédentes, la baisse des émissions de<br />

CO2 par km, de même que la baisse de la consommation des véhicules sont certes bénéfiques mais ces<br />

avancées sont annihilées par la croissance des transports en particulier du transport routier de<br />

marchandises.<br />

T.1.1.1. Outil de suivi<br />

C'est l'UTAC (laboratoire spécialisé dans la certification automobile) qui a été chargée de centraliser les<br />

informations sur les émissions des véhicules neufs vendus en France. Le gouvernement s'est engagé à<br />

effectuer un suivi des émissions dans le cadre des "comptes de transports de la Nation".<br />

T.1.1.2. Extension aux VUL<br />

En cours, non évaluable<br />

T.1.1.3. Mesures incitatives à l’évolution du parc de VL<br />

Lancement d’une réflexion au niveau européen sur les moyens d’orienter les choix des consommateurs<br />

vers les véhicules moins émetteurs.<br />

Prorogation du crédit d’impôt en faveur de l’achat ou de la location de véhicules peu polluant jusqu’au<br />

31 décembre 2005.<br />

T.1.2. Alternatives à la climatisation et gestion des auxiliaires de transports<br />

Feu rouge<br />

Pas d’avancée notoire si ce n’est le développement de la climatisation auto elle même.<br />

L’intégration des émissions dues à la climatisation dans l’accord ACEA reste à l'état de discussion.<br />

T.1.3. Maîtrise de fuites de HFC<br />

Cf. chapitre des gaz frigorigènes, mesure F.3.2.<br />

T.1.4. Véhicules électriques et alternatifs<br />

Feu orange<br />

Une série ambitieuse d'aides et de mesures fiscales a été mise en place avec des résultats peu probants<br />

puisque les ventes de véhicules alternatifs (électriques, GNV, GPL) auprès des particuliers ne décollent<br />

guère. Fin 1998 : 400 véhicules propres circulaient en France. Juin <strong>2002</strong> : on en dénombre 4 600.<br />

Seules les collectivités ou les entreprises semblent tirer leur épingle du jeu notamment la filière "bus<br />

propres" qui se développe (renforcement des aides de l'ADEME). Lors de la 4ème journée d'études "Bus<br />

5 Source Rapport conjoint de l’ACEA et des services de la Commission européenne en charge du monitoring de<br />

l’accord sur la réduction des émissions de CO2 des voitures particulières.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 9


Propres", le 20 juin <strong>2002</strong> à Villeneuve-lez-Avignon, un rapport montre qu'aujourd'hui 30 % des bus<br />

circulant en France sont dits "propres".<br />

Le Ministère du Transport, via la circulaire du 10 juillet 2001, permet aux entreprises de transport public,<br />

au même titre que les Autorités Organisatrices, de bénéficier directement, et ce, pour la première fois,<br />

d’aides de l’Etat pour toute acquisition de matériel roulant destinée à accroître le parc de véhicules.<br />

Toutefois, on peut regretter que ce ne soit pas le cas pour le simple renouvellement du parc.<br />

T.1.5. Diminution des émissions spécifiques des transports ferroviaires<br />

T.1.5.1. Le renforcement de la part des transports sous traction électrique, incluant la poursuite de<br />

l'électrification du réseau<br />

Feu orange<br />

En cours.<br />

Le <strong>Réseau</strong> Ferré de France (RFF) comprend plus de 14 350 kilomètres de lignes électrifiées sur un réseau<br />

exploité de 35 500 kilomètres (dont 24 300 kilomètres ouverts au trafic voyageurs). Plus de 85 % du trafic<br />

fret et 90 % du trafic voyageur sont écoulés sur la partie du réseau équipée de lignes électrifiées.<br />

D’ici 2010, RFF a pour objectif d'ajouter au réseau existant plus de 1000 kilomètres de lignes électrifiées<br />

: électrifications programmées au titre des contrats de plan Etat Régions CPER (2000-2006) et de la mise<br />

en service de lignes nouvelles.<br />

Les CPER prévoient, notamment, l'électrification des lignes Tours-Vierzon, Rennes-Saint-Malo, Nantes-<br />

Les Sables d'Olonne et Moirans-Valence. Enfin, il est prévu d'achever l'électrification de la ligne Paris-<br />

Bâle.<br />

T.1.5.2. Remplacement des motrices diesel de la génération en service par des matériels plus<br />

performants<br />

Feu orange<br />

En cours.<br />

La SNCF a programmé un renouvellement ou une rénovation des engins Diesel pour les dix ans à venir :<br />

80 % des 4 000 engins Diesel en service seront soit retirés de la circulation soit devenus "propres"<br />

(remotorisés ou équipés de dispositifs de dépollution).<br />

T.1.5.3. Optimisation de l'utilisation du réseau électrifié notamment par la limitation de l'emploi,<br />

même accessoire, de la traction diesel sous caténaire<br />

Feu rouge<br />

Pour le transport fret, cette mesure concerne les points de desserte avec notamment les voies de service<br />

qui dépendent de RFF et les embranchements qui dépendent de la clientèle. Rien n’a été fait.<br />

T.1.6. Émissions de N2O liées au pot catalytique<br />

Feu rouge<br />

En attente.<br />

Le gouvernement a pris contact avec les constructeurs automobiles français pour mesurer les émissions<br />

réelles de N2O des véhicules récents.<br />

Les méthodes d’inventaires des émissions de N2O doivent être revues, elles ont été surévaluées.<br />

Introduction dans le programme auto-oil 2 non réalisée.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 10


T.1.7. Limitation de vitesse des véhicules légers<br />

Feu orange<br />

La France a donné un accord de principe quant au bridage des moteurs des véhicules légers en 1993 dans<br />

le cadre des discussions sur l’effet de serre. Le Conseil des ministres européens des transports a demandé<br />

en 2000, suite à une initiative française, l’étude d’un limiteur de vitesse manuel activé par le conducteur.<br />

Le WP 29 (groupe spécialisé) (Genève) a adopté en novembre 2001 la réglementation technique. La<br />

France a demandé à la Commission la mise en chantier d’une Directive imposant cet équipement sur tous<br />

les véhicules. Un limiteur adaptatif (LAVIA) automatiquement asservi à la vitesse réglementaire du lieu<br />

où circule le véhicule est en cours d’expérimentation et des prototypes pourraient être produits d'ici fin<br />

<strong>2002</strong>.<br />

3.2. Mesures d'exploitation<br />

Feu Orange<br />

T.2.1. Réglementation des transports et contrôle<br />

T.2.1.1. Contrôle du respect des limitations de vitesse par les Poids Lourds<br />

Feu Orange<br />

Le nouveau gouvernement a annoncé une réforme et des moyens renforcés de contrôle de vitesse. Les<br />

contrôles seraient multipliés avec le déploiement de nouveaux radars automatiques et fixes 24/24 (comme<br />

pour le Tunnel du Mont Blanc). Les chauffeurs flashés seraient automatiquement punis sans passage au<br />

tribunal. Un comité interministériel de la sécurité routière aura lieu le 12 décembre <strong>2002</strong> pour fixer le<br />

contenu de la réforme. En attendant des circulaires ont été envoyées aux préfets pour renforcer les<br />

contrôles.<br />

T.2.1.2. Contrôles techniques des Poids Lourds en bord de route<br />

Feu vert<br />

Un arrêté du 9 août <strong>2002</strong> paru au Journal Officiel du 15 octobre <strong>2002</strong> a transposé en droit français la<br />

directive 2000/30/CE du 6 juin 2000 créant un contrôle technique inopiné sur route. Parmi les avantages<br />

figurant dans cette directive, on peut relever la réduction des accidents et de la pollution (baisse des<br />

émissions de CO2 ainsi que les économies d'énergie (diminution de la consommation de carburant).<br />

Les contrôles techniques routiers de véhicules utilitaires lourds pour le transport de passagers et de<br />

marchandises<br />

seront effectués à l'improviste. Ils seront réalisés par les autorités sur les routes, dans les ports, ou dans<br />

tout autre lieu jugé approprié.<br />

T.2.1.3. Limitation de vitesse des VUL<br />

Feu rouge<br />

Non adopté.<br />

Requiert une harmonisation européenne et la mise en place d'une directive ce qui n'est pas d'actualité….<br />

T.2.2. Diminution des émissions des transports aériens<br />

Feu orange<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 11


T.2.2.1. Réduction de la consommation d’énergie sur les plates-formes aéroportuaires<br />

En cours.<br />

Une troisième tour de contrôle sur Charles De Gaulle sera en service en 2004-2005 pour permettre<br />

d'optimiser le fonctionnement du doublet nord et réduire les temps d'attentes. Les voies de circulation<br />

avion entre les pistes et les aérogares ont été doublées pour la plupart des accès de Roissy.<br />

Les anciennes stations de dégivrage de Roissy ont été abandonnées en 2000 compte tenu des files<br />

d'attente qu'elles généraient, et en 2001 et <strong>2002</strong>, 18 nouvelles dégivreuses mobiles ont été achetées pour<br />

améliorer l'efficacité du traitement et donc la réduction des temps d'attente.<br />

Les prises électriques ont été généralisées sur tous les postes avions au contact des aérogare, excepté<br />

l'aérogare 1 de CDG, dont la réhabilitation sur <strong>2002</strong>-2007 prévoit des prises sur chaque poste.<br />

Aéroports de Paris va lancer en 2003 et 2004 une action de sensibilisation auprès des entreprises<br />

d'équipements d'assistance en escale pour promouvoir des politiques techniques plus respectueuses de<br />

l'environnement.<br />

T.2.2.2. Amélioration de l’intermodalité air/transports collectifs<br />

En cours.<br />

Les reports possibles du mode aérien sur le mode ferroviaire devraient représenter environ 10 millions de<br />

passagers en 2020, soit un cinquième des besoins capacitaires estimés à cette échéance pour le système<br />

aéroportuaire parisien<br />

Les perspectives de trafic intermodal et de report modal aux horizons 2010 et 2020 ont été examinées par<br />

le ministère de l'équipement et des transports au regard des évolutions futures du réseau ferroviaire à<br />

grande vitesse, à savoir :<br />

A l'horizon 2004 :<br />

- TGV Méditerranée : gains de temps sur Marseille, Montpellier et Nice (dès 2001) ;<br />

- Desserte de CDG par Eurostar et gain de temps sur Londres ;<br />

- Desserte d'Amsterdam.<br />

A l'horizon 2010 :<br />

- TGV Est : desserte de Strasbourg ;<br />

- Nouveau gain de temps sur Londres ;<br />

- Gain de temps sur Amsterdam ;<br />

- Desserte de Francfort ;<br />

- Gains de temps sur Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes, Montpellier, Mulhouse, Genève.<br />

Comme demandé par le PDU d'Ile de France, un comité de pôle aéroportuaire a été lancé en partenariat<br />

avec une trentaine d'organismes publics et d'entreprises pour mettre en place un "PDU" d'aéroport. Ce<br />

comité fonctionne depuis fin 2001 sur CDG et Orly. Il doit remettre un programme d'action au premier<br />

semestre 2003 pour CDG et début 2004 pour Orly. Parmi les actions proposées et qui seront certainement<br />

validées, il est prévu de développer des PDE, de promouvoir les véhicules dits propres, d'effectuer des<br />

améliorations du type signalétique et transport en commun.<br />

Aéroports de Paris travaille avec la RATP et la SNCF pour créer à l'horizon 2010 un accès direct<br />

CDGexpress par train entre Paris et CDG, ce qui soulagerait le flux routier de 15000 véhicules jours sur le<br />

40000 actuels à l'horizon 2008.<br />

Il est prévu la mise en service pour 2005 d'un système automatique de transport qui se traduira par la<br />

suppression de bus internes représentant chacun près de 150 000 km par an.<br />

Sur Orly un travail est effectué sur la mise en service d'un tramway entre le métro de Villejuif et Orly,<br />

d'ici 2007, destiné principalement aux nombreux salariés de l'aéroport.<br />

T.2.2.3. Pré et post-acheminement par train rapide<br />

En cours.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 12


Des partenariats entre Air France et la SNCF se sont mis en place dans le courant de l'année <strong>2002</strong> à<br />

travers TGV'AIR. L'enregistrement des voyageurs jusqu'à leur destination finale, déjà possible en gare de<br />

Lille Europe, est désormais possible au départ de Lyon Part-Dieu, Tours, Angers, Poitiers, Le Mans et<br />

Nantes. Ce service permet aux voyageurs de s'enregistrer aux guichets TGV' AIR de ces gares pour leur<br />

vol de correspondance à CDG.<br />

T.2.3. Exploitation des infrastructures routières<br />

Feu orange<br />

Ce chapitre comprend cinq mesures d’orientation : gestion des grands axes interurbains, régulation des<br />

feux, priorités transports collectifs, régulation des voies rapides urbaines et information des usagers. Il est<br />

difficile de qualifier leur avancement à ce stade. Par contre, en conclusion, le <strong>PNLCC</strong> préconise le<br />

renforcement du budget de l’État d’au moins 300 millions de francs par an pour mettre en œuvre ces<br />

mesures, ce qui n'a pas été réalisé. A leur échelle, des collectivités font cependant des efforts, notamment<br />

sur la régulation des feux et les priorités données aux transports collectifs (Caen, Grenoble).<br />

T.2.4. Facilitation du cabotage maritime<br />

Feu vert<br />

Le développement du transport maritime à courte distance est une des priorités de la politique des<br />

transports 6 .<br />

Le 30 janvier <strong>2002</strong>, la Commission européenne a autorisé la France à couvrir, pendant les trois premières<br />

années, jusqu'à 30% des coûts de fonctionnement des nouvelles lignes de transport maritime à courte<br />

distance.<br />

François Liberti, le député de l'Hérault, a remis au ministre de l'Equipement en avril <strong>2002</strong> un rapport sur<br />

le développement de lignes régulières de cabotage maritime, intitulé "Davantage de camions sur les<br />

navires et moins sur les routes ?". Celui apporte un certain nombre de recommandations sur lesquelles<br />

s'appuyer.<br />

3.3. L’action sur la demande<br />

Feu rouge<br />

T.3.1.1. Maîtriser l’évolution de l’espace urbain<br />

Feu orange<br />

La loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbains, plus<br />

connue sous le nom de SRU, dite loi Gayssot a pour objectif de rénover la politique urbaine en alliant les<br />

problématiques liées à l'urbanisme, l'habitat et les déplacements. Il s'agit de "mettre en œuvre une<br />

politique de déplacements au service du Développement durable".<br />

Les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) remplacent les schémas directeurs. Le SCoT est ainsi un<br />

document de planification stratégique précisant les orientations générales de l’organisation de l’espace.<br />

La loi SRU a déjà été modifiée à plusieurs reprises, par le biais d'amendements d'origine parlementaire, ce<br />

qui a eu pour effet de rendre cette loi, initialement complexe, peu lisible et difficile à mettre en place dans<br />

les collectivités.<br />

6 Communication de la Commission "Le développement du transport maritime à courte distance en Europe: une<br />

alternative dynamique dans une chaîne de transport durable", COM (1999) 317 final 2 :<br />

http://europa.eu.int/comm/energy_transport/fr/lb_fr.html<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 13


La commission des affaires économiques du Sénat a lancé en juillet <strong>2002</strong> une évaluation des premiers<br />

résultats de la loi SRU. Une large enquête sera effectuée auprès des élus locaux, des techniciens et des<br />

praticiens du logement et droit de l'urbanisme.<br />

T.3.1.2. Prendre en compte l’impact sur les transports des documents d’urbanisme<br />

Feu orange<br />

En cours.<br />

Inscrits dans la loi SRU, les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) succèdent aux Plans d’Occupation des<br />

Sols (POS). Le PLU, compatible avec le ScoT, doit présenter l’ensemble du projet de la commune :<br />

aménagement, paysage, environnement, espaces publics. Il est élaboré à l’initiative de la commune, en<br />

association avec les autres personnes publiques et l’Etat. Il comporte également un Plan d’Aménagement<br />

et de Développement Durable (PADD). Le PADD revêt un caractère obligatoire mais son contenu est<br />

seulement recommandé par la loi. Il invite à la rénovation urbaine et à la préservation de la qualité<br />

architecturale et environnementale.<br />

Mêmes remarques que T.3.1.1.<br />

T.3.1.3. Prendre en compte l’impact sur les transports du système de gestion des déchets<br />

Feu orange<br />

Pas d'avancée.<br />

T.3.1.4. Participer au développement du transport combiné en favorisant les groupements de<br />

chargeurs<br />

Feu orange<br />

Pas d'avancée significative.<br />

T.3.2. Une répartition modale moins défavorable à la maîtrise des émissions de CO2<br />

T.3.2.1. Taxation du kérosène<br />

Feu rouge<br />

Pour l'instant, toujours non réalisé et en cours de discussion.<br />

Le <strong>PNLCC</strong> demande que l’Union Européenne examine la mise en place d’une taxation du kérosène en se<br />

basant sur la communication de la Commission du 1 er décembre 99 sur les transports aériens et<br />

l’environnement.<br />

C'est au niveau de l’Organisation de l’aviation civile internationale que va se jouer la négociation sur la<br />

taxation du kérosène concernant le transport aérien. Sa mise en place serait envisagée d’ici à 2004.<br />

T 3.2.2. Respect des règles du travail dans les professions routières<br />

Feu rouge<br />

En 1994, le Contrat de Progrès, mis en application à partir d’octobre 1995 constituait une réelle démarche<br />

en faveur du respect et de l’amélioration des conditions de travail des chauffeurs routiers. Cependant<br />

depuis 1998, la tendance est à la régression, notamment du fait de la déqualification des temps de travail,<br />

consacrée par le décret Gayssot du 25 avril <strong>2002</strong> qui fixe à 56 heures par semaine la durée de travail<br />

maximale.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 14


Si les 35 heures ont suscité un fort espoir, leur mise en place est au point mort, notamment à cause du<br />

manque d’inspecteurs du travail.<br />

Au niveau européen, la modification du règlement 38.20 (60h de conduite par semaine maximum) suit<br />

une tendance similaire, l’harmonisation des conditions de travail au niveau de l’union s’apparente à un<br />

nivellement par le bas d’autant plus inquiétant dans le contexte de l’élargissement.<br />

T.3.2.3. Écarts de taxation entre carburants<br />

Feu rouge<br />

Rattrapage essence gazole. Mesure suspendue en septembre 2000 et toujours pas d'actualité.<br />

T.3.2.4. Traitement fiscal du carburant utilisé par les transports en commun<br />

Feu vert<br />

Remboursement partiel de la TIPP sur le gazole aux transports publics<br />

T.3.3. Modération de la demande par la vérité des coûts<br />

T.3.3.1. Internalisation des coûts du carbone dans la fiscalité des carburants<br />

Feu rouge<br />

Mesure abandonnée.<br />

Il s’agissait de la “ Taxe Carbone ”. Cet abandon est d’autant plus regrettable que cette mesure<br />

représentait 25% de l’objectif du plan en matière de transports. Le nouveau gouvernement ne souhaite pas<br />

mettre cette mesure à l'ordre du jour.<br />

T.3.3.2. La tarification des déplacements urbains<br />

Feu orange<br />

En date de juin <strong>2002</strong>, 43 PDU étaient approuvés par des autorités organisatrices de plus de 100.000<br />

habitants et 6 arrêtés. 11 agglomérations sont en cours d’élaboration de leur projet. En tout 68% des<br />

agglomérations concernées sont dans la phase finale d’approbation de leur PDU.<br />

Cependant, les PDU <strong>version</strong> « loi SRU » démarrent lentement, seules Angoulême, Brest, Douai et<br />

Valence ont approuvées leurs PDU.<br />

Attention : l’enveloppe 2003 annoncée de 13 millions d’euros pour les PDU représente une baisse de 85,7<br />

% par rapport à <strong>2002</strong>.<br />

3.4. L’action sur l’offre<br />

Feu orange<br />

Il s’agit ici de mesures de long terme dont le plein effet est à attendre après 2010. L’évaluation de leur<br />

mise en œuvre est par conséquent particulièrement délicate. Nous rappellerons l’ensemble des mesures et<br />

préciserons, si possible, leur état de mise en œuvre ou les décisions ayant un lien avec elles.<br />

T.4.1. Concertation européenne sur l’organisation de l’espace communautaire<br />

Feu orange<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 15


En cours.<br />

La Communauté européenne ne dispose pas de compétence en matière d’aménagement du territoire.<br />

Cependant, une réflexion, menée depuis 1989 à l’initiative de la France et de la Commission européenne,<br />

a connu un tournant important en 1999 avec l’adoption du Schéma de Développement de l’Espace<br />

Communautaire (Sdec) par les Etats membres et la Commission. Instrument non contraignant, le Sdec<br />

fournit un cadre d’orientation politique visant à encourager la coopération en matière de développement<br />

spatial entre les Etats membres, les régions, les collectivités locales et la Commission.<br />

On peut noter l’adoption unanime d’un “ paquet ferroviaire ” et de trois projets de directives par le<br />

Conseil des ministres des Quinze en novembre 2000. Ces projets définissent notamment un <strong>Réseau</strong> transeuropéen<br />

de fret ferroviaire qui semble correspondre aux vœux du <strong>PNLCC</strong>.<br />

T.4.2. Autres aspects de l'offre interurbaine<br />

Feu orange<br />

L'audit Raffarin qui tombera en décembre <strong>2002</strong> remet en question certains grands projets d'infrastructures<br />

et de liaisons inter urbaines. Notre inquiétude concerne les projets qui vont dans le sens d'une offre de<br />

transport plus respectueuse de l'environnement et notamment d'une réduction des émissions de GES :<br />

- Les lignes TGV : Lyon-Turin ; Languedoc Roussillon ; Aquitaine ; le train pendulaire Paris Orléans<br />

Limoges Toulouse<br />

- Le canal Seine Nord (transport de marchandises)<br />

T.4.3. Installations pour le transport combiné<br />

Feu rouge<br />

Les moyens nécessaires à cette politique (plate forme, gabarit…) restent à être précisés.<br />

T.4.4. Accélération des programmes de transports en commun et des modes alternatifs urbains<br />

Feu orange<br />

Une certaine évolution positive a été constatée dans le cadre des PDU, les Contrats de plan État-région<br />

(CPER)et Schémas de service collectif mais cela reste insuffisant.<br />

Dans les CPER, si le budget du rail a été multiplié par 5, passant de 1,2 milliard de francs à plus de sept<br />

milliards, il faut plutôt y voir un premier pas dans la bonne direction qu’un changement radical : la route<br />

représente encore les deux tiers du budget des transports, et un quart (23%) du montant total des contrats<br />

de plan.<br />

Les aides aux investissements pour les Transports Collectifs en Site Propre (TCSP) prévues en 2003, hors<br />

Ile-de-France, restent, comme pour le budget <strong>2002</strong>, à hauteur de 114,2 millions d’euros, alors que le<br />

GART évalue à 180 millions d’euros le total des demandes de subventions pour cette même ligne.<br />

Au total et hors Ile-de-France, TCSP et PDU disposeront d’une enveloppe de 127,2 millions d’euros sur<br />

2003, contre 204,28 millions d’euros en <strong>2002</strong>.<br />

3.5. <strong>Action</strong>s complémentaires<br />

T.5.1. Formation des chauffeurs professionnels<br />

Feu vert<br />

La conduite économe est travaillée tant au niveau de la théorie que de la pratique car elle figure dans les<br />

examens et conditionne une conduite sécuritaire.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 16


T.5.2. Formation au permis de conduire<br />

Feu rouge<br />

Pas mis en place.<br />

La conduite économe et environnementale fait partie des items abordés dans le programme national de<br />

formation à la conduite (arrêté de 1989). Mais, on ne peut pas dire aujourd'hui que dans les autos écoles<br />

cet aspect soit vraiment travaillé. Seules quelques questions figurent dans l'épreuve théorique générale et<br />

pour l'instant rien n'existe au niveau de l'épreuve pratique notamment au plan de l'évaluation de la tâche<br />

de conduite.<br />

T.5.3. Responsabilité des entreprises<br />

Feu orange<br />

L’intégration de l’aspect transport dans les plans environnement des entreprises n’est toujours pas<br />

systématique.<br />

Les autorités organisatrices des transports dans l’agglomération doivent aider les entreprises à élaborer<br />

leurs plans de mobilité.<br />

L'ADEME a créé un nouveau dispositif d’aide à la décision et notamment en faveur du développement<br />

des PDE : les seuls chiffres disponibles, sont ceux du rapport d’activité ADEME 2001 qui mentionne 7<br />

PDE lancés en 2001. Néanmoins le dispositif relatif aux entreprises n’a pu être appliqué en totalité en<br />

2001 dans l’attente de l’approbation formelle de la Commission Européenne.<br />

Par ailleurs, les entreprises de services transports pourront participer aux accords volontaires<br />

« engagement-cadre de réduction des émissions de gaz à effet de serre » de juillet <strong>2002</strong>. « L’entreprise<br />

signataire de l’engagement-cadre peu : réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et<br />

au bâtiment (…) sur lesquelles l’entreprise dispose d’une capacité d’action. »<br />

L’engagement-cadre associe, au cours de sa période de validité 2003-2007, toutes les entreprises situées sur le<br />

territoire national, des secteurs de l’industrie, de la production d’énergie et des services, souhaitant s’engager sur un<br />

objectif quantifié de réduction d’émissions : il n’y a pas de seuil d’éligibilité en matière d’émissions de GES. Il<br />

s'agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et au bâtiment (notamment le tertiaire) sur<br />

lesquelles l’entreprise dispose d’une capacité d’action.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 17


Mesures du secteur des bâtiments (chapitre 5)<br />

Bruno PEUPORTIER (CLER),<br />

Marina FAETANINI (WWF-France)<br />

Raphaëlle GAUTHIER (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France)<br />

AGEMO, AJENA, AMORCE, ASDER, GEFOSAT<br />

Résumé:<br />

Dans le Bâtiment, trois mesures marquent une évolution significative dans ce secteur : la nouvelle<br />

réglementation thermique du Bâtiment (RT 2000), le programme d'opérations programmées<br />

d’amélioration thermique et énergétique des bâtiments (OPATB), et l’extension du champ d’application<br />

des primes de l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH) à des travaux d’amélioration<br />

du parc permettant des économies d’énergie<br />

La révision de la réglementation thermique du bâtiment (RT2000) est en vigueur depuis le 1 er juin 01<br />

mais en raison du retard pris, il est encore difficile, faute d’avoir le recul nécessaire, d’évaluer son niveau<br />

d’application (nécessité de développement de logiciels, manque de formation des professionnels). Bien<br />

que ce soit une avancée incontestable pour le renforcement des normes thermiques dans le bâtiment, il<br />

n’en reste pas moins que cette norme ne vise que les constructions neuves, et qu’elle ne prend pas en<br />

compte les énergies renouvelables dans sa <strong>version</strong> actuelle. Elle axe les efforts sur l'isolation (en<br />

particulier les ponts thermiques) et les équipements, sans mettre en avant les aspects "bioclimatiques"<br />

(liés à l'urbanisme et à la forme architecturale), qui permettent pourtant de réduire les besoins<br />

énergétiques à moindre coût (orientation et compacité des bâtiments).<br />

Les OPATB se traduiront par la conclusion de conventions pluriannuelles (4 à 5 ans) entre les<br />

collectivités locales, l’ADEME, l’ANAH, l'Etat et éventuellement les Conseils Régionaux. Ces<br />

conventions délimitent un périmètre d’application, et indiquent, entre autres, les objectifs de réduction de<br />

consommation d'énergie et d’émissions de CO2. Leur principal intérêt est qu’elles s’appliquent à tous les<br />

secteurs, résidentiel et tertiaire, public et privé. Actuellement, 8 opérations ont été lancées. L'objectif fixé<br />

par l'Etat pour 2003 (Programme National d'Amélioration de l'Efficacité Energétique, décembre 2000) est<br />

d'en mener 23.<br />

Soulignons enfin l’adoption de nouvelles primes exceptionnelles pour l’achat de matériels à haute<br />

performance énergétique, notamment sur le chauffage, allouées par l’ANAH.<br />

En revanche, les mesures fiscales prévues dans le secteur du Bâtiment n’ont été appliquées que<br />

partiellement. Or, elles représentent environ 40% des réductions prévues dans ce secteur. La principale<br />

mesure, l’écotaxe (TGAP énergie), a été annulée, tandis que certaines réductions des taux de TVA n’ont<br />

pas pu voir le jour du fait d’un blocage à l’échelon communautaire. La réduction temporaire de la TVA à<br />

5,5% pour certains travaux d’amélioration et équipements dans l'habitat ancien (bâtiments de plus de 2<br />

ans) a été reportée jusqu’en fin 2003, ou 2005, selon leur nature.<br />

A propos des règles de gestion d’immeubles, publics et privés, il était prévu d'évaluer l’usage des<br />

dispositions législatives incitant à la réalisation de travaux d’économie d’énergie dans le locatif.<br />

Actuellement, rares sont les études réalisées.<br />

Les mesures incitatives, mis à part l’OPATB, sont au mieux au stade de l’élaboration. Elles ne semblent<br />

pas être d’ordre prioritaire pour le Ministère de l’Équipement, ni pour le Ministère de l’écologie et du<br />

Développement durable (verdissement).<br />

Concernant la promotion des énergies renouvelables (ENR), le lancement du “ Plan soleil ” par l’ADEME<br />

devrait permettre le décollage du solaire thermique en France. En revanche, de nombreux efforts restent à<br />

faire pour promouvoir les ENR, notamment sous forme de chaleur (mise en place d’un taux de TVA à<br />

5,5% sur les abonnements aux réseaux de chaleur par exemple). Il ne saurait exister de véritable<br />

promotion des ENR en France tant que l'écrasante domination de l'électricité et du gaz ne sera pas très<br />

sérieusement rabaissée.<br />

Les mesures à prendre : lancer un programme massif d'isolation des logements anciens : une mise aux<br />

normes devrait être obligatoire à chaque transaction ou vente dans le logement considéré. L'information<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 18


sur la consommation énergétique d’un bâtiment ou logement des acheteurs et des locataires lors d'une<br />

transaction, en application de la directive européenne sur l'énergie de 93 et la loi sur l’air de 96, est<br />

également un point essentiel qui reste à mettre en œuvre.<br />

Mesures dites existantes<br />

La réglementation thermique des bâtiments neufs<br />

Feu orange<br />

La Nouvelle Réglementation Thermique, déjà annoncée avec du retard dans le <strong>PNLCC</strong>, est applicable aux<br />

bâtiments neufs, depuis le 1 er juin 2001 7 . Le renforcement de l’isolation et de l'étanchéité à l’air des<br />

parois, la prise en compte des pertes par ponts thermiques sont les éléments positifs de cette nouvelle<br />

réglementation. Des efforts ont été faits pour harmoniser les performances du secteur tertiaire avec celles<br />

du résidentiel. On regrette toutefois que cette réglementation ne concerne que les bâtiments neufs. De<br />

même, les aspects architecturaux (par exemple le caractère compact d’un bâtiment) ne sont pas pris en<br />

compte dans les calculs de performance énergétique. Pourtant, les bâtiments compacts, à isolation égale,<br />

consomment moins d’énergie. Les solutions techniques proposées par le ministère de l'équipement pour<br />

les maisons individuelles n'intègrent pas les apports solaires passifs ou bioclimatiques (surface et<br />

orientation des vitrages), ce qui constitue un recul par rapport à l'ancienne réglementation. Lors des<br />

prochaines révisions, programmées tous les 5 ans, il serait également souhaitable de promouvoir<br />

davantage l’utilisation des énergies renouvelables.<br />

Les incitations aux travaux de maîtrise de l’énergie sur les bâtiments existants<br />

Feu orange<br />

Il existe déjà un ensemble de primes pour l’amélioration thermique du logement, visant le parc locatif<br />

privé et à usage social (les primes de l’ANAH et les PALULOS 8 respectivement).<br />

L’évolution positive de l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat (ANAH) attire<br />

particulièrement l’attention. Suite à la loi SRU de décembre 2000, un décret 9 d’avril 2001 élargit les<br />

compétences de l’ANAH. Depuis le 1 er janvier <strong>2002</strong>, elle peut désormais attribuer des primes<br />

encourageant les économies d’énergie non seulement aux propriétaires bailleurs, mais aussi aux<br />

propriétaires occupants d’un logement au titre de résidence principale pendant 9 ans.<br />

Ainsi, pour le remplacement de chaudières traditionnelles par des appareils labellisés à haut rendement,<br />

des primes peuvent être attribuées, allant de 460 à 900 €. De même, le remplacement d’une fenêtre<br />

traditionnelle par une, équipée d’un double vitrage à faible pouvoir émissif, peut donner lieu au versement<br />

d’une prime allant jusqu’à 85 € par fenêtre. Selon l’Agence, ce nouveau dispositif est un succès puisque<br />

plus de 8 000 logements ont été concernés (pour un montant total de primes de 5,24 millions d'€), ce qui a<br />

permis d'éviter le rejet dans l'atmosphère d'environ 9 500 t de CO2.<br />

Le 21 mars <strong>2002</strong>, son Conseil d’administration 10 a décidé d’étendre ces primes à des technologies<br />

émergentes utilisant les énergies renouvelables pour optimiser son effet.<br />

Il fut décidé de mettre en place de nouvelles primes à compter du 1er septembre <strong>2002</strong>:<br />

• une prime au chauffage bois d'un montant de 900 € pour les chaudières individuelles à bois d'un<br />

niveau de performance labellisé ;<br />

• une prime pour les "pompes à chaleur" d'un montant de 900 € pour les matériels " air/eau ", et de<br />

1800 € pour le matériel "géothermique" ;<br />

7<br />

Source Juridique : Décret no 2000-1153 du 29 novembre 2000 et Arrêté du 29 novembre 2000<br />

8<br />

Les PALULOS (Prime à l’Amélioration des Logements à Usage Locatif et à Occupation Sociale) sont des<br />

conventions avec l’état qui peuvent bénéficier aux bailleurs de logements sociaux, publics ou privés, s’ils réalisent<br />

des travaux visant des économies d’énergie.<br />

9<br />

Décret n°2001-351 du 20 avril 2001.<br />

10<br />

Délibération n°<strong>2002</strong>, 5<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 19


• une prime pour les systèmes utilisant l'énergie solaire d'un montant de 1 800 € pour les matériels<br />

"plancher solaire direct " (production combinée de chauffage d'ambiance et d'eau chaude solaire), et d'un<br />

montant de 900 € pour les chauffe-eau solaires.<br />

Ces primes trouveront pleinement leur efficacité dans le cadre des opérations programmées<br />

d’amélioration de l’habitat (OPAH) "développement durable" que l’ANAH va proposer aux collectivités<br />

locales en association avec l'ADEME.<br />

Bien qu’il y ait eu un réel effort de communication au cours de 2001/<strong>2002</strong> (notamment pour l’ANAH),<br />

ces incitations financières sont encore largement méconnues par le particulier.<br />

Toutefois, le tertiaire est encore laissé pour compte. Les aides de l’ADEME au profit du tertiaire 11 (mais<br />

pas seulement) sont disparates, et l’aspect incitatif à réaliser des travaux de maîtrise de l’énergie est<br />

difficilement évaluable. Aussi, l’ADEME lancera en début 2003 une première enquête de terrain afin<br />

d’identifier les impacts réels de ces aides, et les obstacles rencontrés.<br />

Classement des réseaux de chaleur<br />

Feu rouge<br />

Le décret du 5 mai 1999 permet un classement des réseaux de chaleur. La mesure apparaît très lourde sur<br />

le plan administratif. La situation de faiblesse des maires vis-à-vis d’EdF-GdF, fortement hostiles à cette<br />

mesure, l’a rendu encore très théorique. Actuellement, une seule ville a déposé un dossier (Fresnes). 27<br />

mois après le vote de son Conseil Municipal du 28 juin 2000, demandant le classement du réseau,<br />

l'instruction n'est toujours pas terminée alors que le dossier a été complété et remanié deux fois à la<br />

demande de la DRIRE.<br />

<strong>Action</strong>s concernant les bâtiments de l’État<br />

Feu orange<br />

Sur la mise en place d’un programme d’économies d’énergie au sein des ministères :<br />

Feu orange<br />

En fin 2001, en partenariat avec l’ADEME et EdF-GdF, et en collaboration avec le CEREN, la Direction<br />

Générale de l’Energie et des Matières Premières (DGEMP), a lancé la 3 ème étude relative à la<br />

consommation énergétique des bâtiments de l’Etat 12 . Cette étude, qui inclut le tertiaire et la bureautique,<br />

devrait être finalisée début 2003. Il serait cependant souhaitable que ces études soient rendues<br />

régulièrement obligatoires, afin qu’elles ne dépendent pas seulement du bon vouloir des services de<br />

l’Etat, et de la DGEMP en particulier.<br />

Sur le verdissement de l’administration :<br />

Feu orange<br />

Sur la base d’une décision d’avril 1995 du Comité interministériel de l’environnement, encourageant les<br />

autorités publiques nationales à verdir leur administration, un service dit « verdissement de<br />

l’administration » fut en place au Ministère de l’environnement. L’effectif de ce bureau, renommé « Eco<br />

responsabilité des administrations et des collectivités publiques » est passé de 2001 à <strong>2002</strong> d’un<br />

équivalent temps plein à 2.<br />

11 Essentiellement les aides à la décision, au diagnostic et pré-diagnostic énergétiques.<br />

12 Deux premières études, publiées en 1996 et 1999, ont déjà été réalisées par la DGEMP, prenant respectivement<br />

comme année de référence les consommations énergétiques annuelles de l’Administration en 1995 et 1998.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 20


Ce Bureau travaille actuellement sur 3 axes : 1) un module de formation sur les achats publics verts,<br />

finalisé en Juillet <strong>2002</strong>, qui est mis à disposition des services de l’Etat ; 2) un site Internet d’information<br />

générale sera en ligne courant 2003 ; 3) une étude sur les caractéristiques environnementales de 36<br />

produits et services, réalisée avec l’ADEME, sera diffusée en 2003.<br />

Toutefois, on regrette que le cycle de formations ciblant les gestionnaires publics se limite en <strong>2002</strong> à la<br />

formation offerte sur les achats verts, et ne comprenne plus des thèmes tels que l’Utilisation rationnelle de<br />

l’énergie (URE), les transports, etc pour des raisons budgétaires. De plus, la mise en place de seulement 2<br />

équivalents temps-plein au Bureau « Eco responsabilité » pour réformer le comportement de<br />

l’Administration française dans son ensemble, laisse sceptique (!).<br />

<strong>Action</strong>s d’information des usagers<br />

Feu rouge<br />

Alors que les articles 2 de la Directive européenne sur l’efficacité énergétique du 13 septembre 93 13 , et<br />

22-3° de la loi sur l’air de 96 préconisent de fournir une information sur les performances énergétiques<br />

des bâtiments lors des transactions immobilières, incluant le tertiaire, aucune mesure contraignante n’a<br />

encore été prise (Cf. aussi mesure 3.1.3).<br />

Au Danemark par exemple, les propriétaires (en résidentiel ou en petit tertiaire) remplissent un formulaire<br />

de données, et l'évaluation est effectuée par un professionnel compétent. En France, le réseau des Espaces<br />

Info Energie pourrait contribuer à ces évaluations.<br />

Effet de la politique en faveur du renouvellement du parc de logements<br />

Feu rouge<br />

L’enveloppe allouée à la démolition reconstruction des logements HLM a été augmentée de 30 millions<br />

de francs (140 à 170 millions de Francs). Selon la MIES, cela devrait entraîner la démolition de plus de<br />

10000 logements 14 .Or, l’Agence Nationale des HLM estime que ce chiffre ne pourra être atteint, du fait<br />

du retard pris sur ce dossier, suite au « gèle budgétaire républicain ». Selon l’Agence Nationale, elle<br />

n’atteindra pas même les 9000 démolitions prévues dans son prévisionnel annuel d’actions <strong>2002</strong>.<br />

Par conséquent, les réductions d’émission attendues par la reconstruction de logements neufs<br />

« économes » sont difficilement estimables pour l’instant.<br />

Mesures nouvelles<br />

3.1. Mesures nouvelles de réglementation et contrôle technique<br />

Feu rouge<br />

3.1.1 Renforcement programmé de la réglementation thermique par les bâtiments neufs<br />

Feu rouge<br />

Selon la 3 ème Communication Nationale 15 , l’objectif de renforcement de la RT2000 sera de 10% à chaque<br />

étape (tous les 5 ans), pour arriver à 5% de réduction des consommations d'énergie primaire à l'horizon<br />

13 « Article 2 : Les États membres établissent et mettent en oeuvre des programmes concernant la certification<br />

énergétique des bâtiments. La certification énergétique des bâtiments, qui consiste en une description de leurs<br />

caractéristiques énergétiques, doit fournir aux candidats utilisateurs des informations sur l'efficacité énergétique<br />

d'un bâtiment. Le cas échéant, la certification peut aussi inclure des solutions pour l'amélioration de ces<br />

caractéristiques énergétiques. » - Directive 93/76/CEE du Conseil, du 13 septembre 1993, visant à limiter les<br />

émissions de dioxyde de carbone par une amélioration de l'efficacité énergétique (Save).<br />

14 cf. Troisième communication nationale à la Convention cadre sur les changements climatiques, 2001, p.69<br />

15 cf. Troisième communication nationale à la Convention cadre sur les changements climatiques, 2001, p.67<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 21


2005. Les travaux préparatoires au durcissement de la RT devaient commencer à l’automne 2001 (environ<br />

un an après la publication de la RT). Malheureusement, la priorité actuelle de l’administration est le<br />

lancement de la RT 2000, son renforcement n’a donc pas encore été abordé.<br />

Les labels solaires et HPE, en permettant d’anticiper les RT à venir, faciliteront le durcissement progressif<br />

de la RT. Il est regrettable qu'ils ne prennent pas en compte les aspects bioclimatiques (cf. mesures dites<br />

existantes sur la réglementation thermique).<br />

Le <strong>PNLCC</strong> invitait également à rendre obligatoire la conduite d’une étude en coût global, avant la<br />

réalisation d’un bâtiment neuf. Or on ne trouve rien de semblable dans la RT2000.<br />

3.1.2 Normalisation et réglementation technique des composants :<br />

Feu orange<br />

S’inscrivant dans la dynamique de la convention de 1999 entre l’ADEME et l’AFNOR, une certaine<br />

dynamique de normalisation a été lancée par l’AFNOR et le CSTB (Centre scientifique et technique du<br />

Bâtiment). Cette normalisation tient de plus en plus compte de l’efficacité énergétique, et des normes<br />

européennes, notamment celle qui concerne les produits de la Construction (Directive 89/106/CEE,<br />

relative aux Produits de Construction).<br />

En rendant obligatoire l’utilisation des vitrages faiblement émissifs, la réglementation thermique 2000<br />

(RT2000) va faciliter le développement de ce matériel sur le marché. Le prix de ce matériel n’en sera que<br />

plus intéressant, ce qui facilitera son utilisation pour les rénovations (bâtiments existants).<br />

Par ailleurs, comme il existe différentes qualités de vitrages peu émissifs, il serait souhaitable que les<br />

performances de ces vitrages soient marquées. Actuellement, il est très difficile de vérifier si un double<br />

vitrage posé par une entreprise est effectivement peu émissif ou simplement standard.<br />

3.1.3 Audits sur les bâtiments tertiaires existants au moment de la vente ou de la location<br />

Feu rouge<br />

L’article 22 3° de la loi sur l’air de 96 prévoit que des décrets en Conseil d'Etat fixeront les conditions<br />

dans lesquelles les autorités administratives compétentes seront habilitées à (…) “ prescrire l'obligation<br />

de fournir une estimation normalisée du montant annuel des frais de consommation d'énergie des<br />

logements ou locaux à usage tertiaire proposés à la vente ou à la location et préciser les règles<br />

d'élaboration de cette estimation ”.<br />

Aucun décret d’application n’a encore été pris.<br />

3.1.4 Renforcement des moyens et des procédures de contrôle<br />

Feu rouge<br />

Les procédures de contrôles concernant la RT, et la RT2000 en particulier, sont rattachées aux procédures<br />

de contrôle de droit commun de la construction : le Contrôle Réglementaire de la Construction, effectué<br />

par les CETE (centres d’études techniques de l’Equipement).<br />

Actuellement, aucune ligne budgétaire supplémentaire pour assurer le contrôle de la RT2000 n’existe.<br />

Cependant, vu les retards pris dans la diffusion de cette réglementation, c’est à moindre mal.<br />

Dernièrement, et de manière complémentaire, l’ADEME peut effectuer des contrôles sur l’efficacité<br />

énergétique des bâtiments neufs à la demande des maîtres d’œuvre . Aucune demande cependant n’a<br />

encore été enregistrée.<br />

3.2 Accords volontaires<br />

Feu rouge<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 22


Une charte interprofessionnelle « construction –environnement –bois » a été signée entre le gouvernement<br />

et les professionnels. Son objectif affiché est d’augmenter de 25% d’ici 2010 l’usage du bois pour la<br />

construction. Toutefois, on remarque que la loi sur l’air de 1996 prévoie qu’« un décret en Conseil d'Etat<br />

fixe les conditions dans lesquelles certaines constructions nouvelles doivent comporter une quantité<br />

minimale de matériaux en bois.». Or, aucun décret de la sorte n’a été adopté. Cela marque-t-il un<br />

glissement d’une obligation légale vers un simple accord volontaire ?<br />

Cf. chapitre Agriculture & Forêt, mesure A.2.4<br />

3.3 <strong>Action</strong> sur le patrimoine de certains maîtres d’ouvrages:<br />

Feu rouge<br />

3.3.1 <strong>Action</strong>s sur les bâtiments de l’État<br />

Feu rouge<br />

La MIES est chargée de proposer des mesures d’organisation des services du MINEFI, du MEDD et du<br />

ministère de l'Équipement, et un programme opérationnel pour les bâtiments de l’État, dont notamment la<br />

prévision d’une obligation périodique d’audits sur les contrats de fourniture d’énergie et sur la<br />

consommation d’énergie et de fluides (Cf. mesure dite existante, actions concernant les bâtiments de<br />

l’Etat).<br />

Malheureusement, le groupe de travail constitué en 2001 n’est pas encore lancé faute de moyens humains<br />

(!). La documentation préparatoire est cependant prête.<br />

3.3.2 ACTIONS SUR DES BATIMENTS DE SECTEURS PILOTES<br />

Feu rouge<br />

Le 23 novembre 2000 16 une déclaration d’intention a été signée avec l’ADEME, la Direction Générale de<br />

l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (DGUHC) et les différents corps professionnels du<br />

bâtiment, de la construction, de l’immobilier et des services financiers pour intégrer les mesures<br />

d’économies d’énergie lors du renouvellement du parc existant. Depuis, cet accord est resté lettre morte.<br />

Parallèlement, et depuis les années 1999-2000, un groupe hôtelier et des groupes de la grande distribution<br />

échangent avec l’ADEME pour identifier les gisements d’actions de maîtrise de l’énergie sur leurs parcs<br />

immobiliers.<br />

3.4 Les énergies renouvelables:<br />

Feu rouge<br />

3.4.1 Le bois énergie<br />

Feu rouge<br />

Développement de l’énergie bois dans les usages collectifs et les réseaux de chaleur<br />

Trois mesures sont évoquées dans le <strong>PNLCC</strong> :<br />

1) Poursuivre les aides aux investissements pour gommer les surcoûts.<br />

16 La « charte sur la réhabilitation du patrimoine existant », novembre 2000 .<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 23


Deux plans actuellement en cours: le Plan bois énergie développement local (PBEDL), réservé aux<br />

installations collectives et à certaines zones géographiques, et le Plan bois-énergie de l’ADEME, qui<br />

en est le prolongement (territoire national, y compris DOM-TOM, et installations collectives et<br />

individuelles). Ce dernier aide actuellement à l’installation d’une centaine de chaufferies par an, ce<br />

qui reste insuffisant par rapport à l'objectif global affiché, qui est de 1000 nouvelles chaudières<br />

collectives ou industrielles à bois pour la période 2000-2006.<br />

2) Étendre le taux réduit de la TVA de 5,5% à l’énergie produite.<br />

Cette mesure reste, à ce jour, un vœu pieu.<br />

3) Mettre en place des structures d’approvisionnement commerciales ;<br />

Rien pour l’instant, alors qu'il faudrait accompagner les projets de structuration par des actions de<br />

communication.<br />

Aussi, pour faire décoller le marché de la plaquette forestière, il faut :<br />

• assurer une aide significative sur les prix de rachat de l’électricité produite dans ces grandes unités<br />

(au moins 9 cent.€ /kWh pour l’électricité produite à partir de bois forestier) ;<br />

• rendre l'énergie bois compétitive par rapport aux autres combustibles (charbon, gaz, fuel), donc soit<br />

accorder une aide financière à l’extraction du bois (8 € minimum par tonne de plaquettes) ou<br />

pénaliser les énergies fossiles concurrentes par une taxe sur le CO2 émis. L’objectif serait de ramener<br />

le coût de production de la plaquette de 1,5 cent.€ /kWh PCI à moins de 1,2 pour être concurrentiel<br />

par rapport au gaz ou au charbon ;<br />

• mettre en place des unités de forte consommation qui puissent justifier l'emploi par les sociétés<br />

d’exploitation forestière existantes d’outils de déchiquetage à forte productivité ;<br />

• des incitations fiscales pour les clients de réseaux de chaleur bois énergie, afin de développer des<br />

réseaux mixtes public-privé, ce qui est très difficile actuellement.<br />

Maintien et développement de l’utilisation du bois-énergie dans le logement individuel<br />

Développement de la recherche.<br />

Peu d’efforts sont faits mais ceci est en adéquation avec les faibles moyens financiers à disposition pour<br />

le développement de la filière.<br />

Développement de l’information sur les performances des appareils par le biais de labels.<br />

Le label “ flamme verte ” concerne les appareils d’un rendement supérieur à 60%. 13 produits sont<br />

labellisés en France, ils représentent 1% du marché.<br />

Développement de normes ou de labels sur le bois-combustible, permettant une information sur la qualité<br />

du produit.<br />

Des normes européennes sur les inserts, les poêles, les cuisinières et les chaudières à bûches sont en<br />

préparation et devraient sortir prochainement. L'ADEME a mis en place une norme NF Bois de chauffage<br />

(pour les bûches), qu'il faudrait faire connaître et développer. Concernant le granulé de bois, la charte du<br />

Pellet Club (professionnels du bois-énergie) définit également le combustible granulé utilisable suivant<br />

les appareils.<br />

Subvention aux appareils de chauffage les plus performants.<br />

Les Conseils régionaux sont habilités à allouer des aides à l’investissement. Cela dit, comme la mesure<br />

n’est pas obligatoire, la plupart des Conseils ne subventionnent rien.<br />

Mise à disposition de produits bancaires adaptés.<br />

Rien à notre connaissance.<br />

En guise de conclusion, toutes les mesures annoncées par le <strong>PNLCC</strong> sont justes et bonnes à prendre,<br />

mais elles restent insuffisantes, du fait moyens ridicules à disposition pour avoir un impact significatif sur<br />

le marché. Il faut redonner au consommateur l’envie de consommer du bois :<br />

• en travaillant l’image du chauffage au bois par une communication puissante<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 24


• en aidant et en incitant les professionnels à mettre sur le marché des appareils sûrs, performants, et<br />

confortables (R & D, réglementation).<br />

3.4.2 Énergie solaire thermique :<br />

Feu orange<br />

Le <strong>PNLCC</strong> fait référence au programme Helios 2006 présenté par l’ADEME. Le programme prévoit<br />

30000 chauffe-eau solaires par an ; 1500 systèmes solaires combinés (SSC) pour le chauffage et l'eau<br />

chaude sanitaire (ECS) par an ; 15 000 m_ de capteurs solaires thermiques pour l'eau chaude installés<br />

en collectif par an.<br />

Pour la première année, l’objectif de l’ADEME était de relancer le solaire thermique en France, avec,<br />

dans un premier temps, la promotion du chauffe-eau solaire individuel (CESI) par une campagne de<br />

communication auprès du grand public. Cinq régions ont été sélectionnées dans le Sud de la France pour<br />

leur maturité . Il s’agissait également de promouvoir une démarche qualité du produit (de la construction<br />

à l’installation) à travers la Charte Qualisol.<br />

Pour le marché des capteurs vitrés, qui concerne les applications d’eau chaude sanitaire individuelle et<br />

collective ainsi que le chauffage, ce sont près de 8 000 m_ qui ont été installés en 2000, soit plus du<br />

double qu’en 1999. Ce n’est pas tant le rythme de la croissance qui importe, que sa dynamique et sa<br />

pérennité. Le marché part de presque rien et les objectifs d’ici à 5 ans sont encore loin (70 000 m_/an).<br />

Ainsi, pour relancer durablement le solaire thermique en France, il faut :<br />

• promouvoir la qualité des produits et des services qui répondent aujourd’hui à des exigences de<br />

qualité industrielle et de fiabilité et sont performants ;<br />

• former et perfectionner les installateurs et des bureaux d’étude du solaire thermique ;<br />

• sensibiliser le public pour susciter la demande ;<br />

• maintenir les mécanismes de soutien, aides à la décision et à l’investissement : ces aides constituent<br />

un investissement pour la collectivité, afin de réduire les impacts environnementaux, les coûts<br />

externes n'étant pas intégrés dans le prix des énergies non renouvelables,<br />

• simplifier les procédures administratives, par la mise en place de guichets uniques ADEME-Régions<br />

et éventuellement Départements, pour que les particuliers n'aient qu'un seul dossier à remplir.<br />

Les effets de la campagne d’information “ Plan Soleil ” sont durs à évaluer mais on peut d'ores et déjà<br />

faire quelques commentaires. La progression du marché du CESI devrait être exponentielle à court terme.<br />

Si 900 CESI ont été installés en 2000 et 2700 en 2001, c’est 30 000 qu’il faudra installer en 2006. Le<br />

marché du solaire pour l’eau chaude sanitaire collective, s’il bénéficie de l’ouverture de l’offre produit, se<br />

voit menacé par deux mesures : l’encadrement communautaire des aides publiques, que la France s’est<br />

empressée d’appliquer, et les mesures sanitaires contre la légionellose.<br />

Globalement, le début de la campagne de développement se révèle un peu décevant par rapport à l’argent<br />

qui a été investi. Il faudrait davantage de concertation avec les partenaires économiques et sociaux. La<br />

frilosité de certaines délégations régionales de l’ADEME est parfois apparue comme freinant le<br />

processus, de même que la disparité des aides apportées par les régions.<br />

Un succès à signaler pour les DOM-TOM, grâce à une réduction de 30% du prix de l'eau chaude pour<br />

l'utilisateur - le but de cette réduction étant de compenser les effets pervers de la péréquation tarifaire<br />

métropole- DOM-TOM (prix de l'eau chaude aligné sur celui , plus élevé, de la métropole). L'objectif de<br />

20 000 chauffe-eau solaires en 5 ans (1996-2000) a été atteint et dépassé dès 1999, avec 20 300 appareils.<br />

Aujourd'hui, on en compte près de 30 000. Cet exemple montre, s’il en était besoin, combien l'argument<br />

d'une nette baisse de coût pour le consommateur est toujours déterminant pour le succès d'une opération.<br />

3.4.3 Énergie géothermique<br />

Feu orange<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 25


Le texte du paragraphe “ 3-4-3 Energie géothermique ” dans le <strong>PNLCC</strong> reste parfaitement pertinent, mais<br />

il est temps de dépasser le stade initial du lancement d’une dynamique, si l’on ne veut pas voir la filière<br />

toute entière sombrer dans le discrédit et devenir le parent pauvre des énergies renouvelables.<br />

La première année d’application du <strong>PNLCC</strong> a vu la mise en place d'aides de l'ADEME à l'extension des<br />

réseaux de chaleur géothermiques (environ 13% des investissements) et de la prolongation de la garantie<br />

long terme des risques géothermiques mais, malgré l’action des Maîtres d’Ouvrage en Géothermie, il<br />

semble que l’idée de création d’une “ caisse d’amortissement de la dette ” ait été abandonnée.<br />

Au vu du retard accumulé dans ce secteur, le développement de la R&D est crucial. Dans le domaine des<br />

roches chaudes sèches, le programme européen de Soultz-sous-Forêt en Alsace heureusement initié en<br />

2001, n'entrera dans sa "phase pilote pré-industrielle" avec production d'électricité qu'en 2004. Citons<br />

également, dans le domaine de la géothermie à haute température, le projet non daté d'extension jusqu'à<br />

10MW de la centrale de Bouillante en Guadeloupe, et le lancement "d'études de prospection" en<br />

Martinique et à la Réunion.<br />

La concurrence des autres énergies, citée comme un handicap, concerne uniquement le gaz et l’électricité.<br />

Les moyens considérables d’EDF et de GDF leur permettent de capter les 2/3 du marché des logements<br />

neufs en donnant des primes et des prêts aux constructeurs. Tous ces avantages extra-tarifaires écrasent<br />

les offres des réseaux géothermiques.<br />

La situation en fait évolue peu dans ce domaine : un seul objectif non daté de raccordement à des réseaux<br />

géothermiques de 30 000 équivalents logements supplémentaires en Ile de France. Parallèlement, la<br />

publicité mensongère au profit du chauffage électrique s’est accentuée (mensongère car il est fait mention<br />

de l’efficacité énergétique, or le chauffage électrique est la plus mauvaise utilisation possible de l’énergie<br />

primaire consommée pour la production d’électricité).<br />

3.4.4 <strong>Réseau</strong>x de chaleur<br />

Feu rouge<br />

L’objectif d’amélioration de l’existant et de développement de nouveaux réseaux n’a pas été mis en<br />

œuvre, sinon par la mise en place d’aides de l’ADEME à l’extension des réseaux utilisant le bois, la<br />

géothermie, les déchets. La principale mesure (TVA à 5,5% sur les abonnements) n’a pas été prise, certes<br />

pour des raisons liées à une règle européenne, mais la présidence française de l’Union n’a pas été mise à<br />

profit pour lever l’obstacle. Or, faut-il le redire, il est impossible de développer sérieusement ces réseaux,<br />

tant que l'application du taux réduit de TVA est réservée aux abonnements du gaz et de l'électricité.<br />

Alors que les énergies renouvelables productrices d’électricité ont fait l’objet de mesures de soutien dans<br />

le cadre de la loi électricité, les énergies renouvelables sous forme de chaleur n’ont fait l’objet d’aucun<br />

soutien (hors aides ADEME déjà signalées). Or, les potentiels en chaleur sont plus élevés qu’en<br />

électricité. Dans le marché du chauffage, les énergies renouvelables doivent affronter la concurrence<br />

écrasante des énergies traditionnelles avec des moyens dérisoires.<br />

La création rapide, dans le cadre du <strong>PNLCC</strong>, d’un mécanisme de soutien aux énergies renouvelables sous<br />

forme de chaleur, est une condition sine qua non du développement de la filière.<br />

3.5 Les règles de gestion d’immeubles<br />

Feu rouge<br />

3.5.1 Cas du secteur locatif<br />

Feu rouge<br />

A propos du parc locatif public (HLM) :<br />

Un accord national a été signé en septembre 1998 entre les bailleurs sociaux et les associations de<br />

locataires, selon lequel l’union nationale HLM s’engageait à affecter les crédits de la baisse de la TVA<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 26


(décision fin 1997) pour des travaux entraînant la diminution des charges locatives. Dans le cadre de cet<br />

accord, une réflexion a été menée en 2001/<strong>2002</strong> avec l’ADEME pour pallier les imperfections du principe<br />

légal des « loyers planchers », qui ont comme effet de maintenir des équipements vétustes et énergivores,<br />

au lieu d’inciter à la rénovation. Cette réflexion n’a pas encore donné de fruits, car des blocages existent<br />

entre les offices HLM (qui voudraient récupérer les bénéfices de leurs investissements d’une manière ou<br />

d’une autre) et les locataires (qui refusent de se voir augmenter leur loyer, sans être en contrepartie<br />

assurés de bénéficier de réductions de charges).<br />

A propos du parc locatif privé (notamment l’article 17 e de la loi du 6 juillet 1989) 17 :<br />

L’utilisation de l’article 17 e, qui autorise l’inclusion, dans un contrat de location, d’une clause négociée<br />

permettant une augmentation du loyer en contrepartie de travaux d’amélioration de l’habitat, ne fait<br />

toujours pas l’objet d’un suivi spécifique. On remarque également que son application n’a suscité que très<br />

peu de jurisprudence, d’où, a priori, son peu d’utilisation 18 .<br />

3.5.2 Modification de la répartition des charges de chauffage dans les copropriétés et le tertiaire<br />

collectif<br />

Feu rouge<br />

Promotion d’un comptage de chaleur individuel dans des immeubles à chauffage collectif<br />

Aucune disposition générale prise. Toutefois, il faut noter que le coût du comptage est élevé par rapport<br />

aux économies potentiellement réalisables, ce qui permet de douter de l’utilité de la mesure.<br />

Pratique d’un comptage individuel dans le parc locatif HLM<br />

Certains offices HLM ont mis en place des comptages de chaleur individuels, mais cette pratique n’est<br />

pas généralisée et ne reçoit pas toujours un accueil favorable. Afin de surmonter cette hostilité, une étude<br />

réalisée au sein de l’Union Nationale en 2001 met en évidence les avantages certains à faire participer les<br />

associations de locataires à cette prise de décision.<br />

3.6 Mesures incitatives :<br />

Feu vert<br />

3.6.1 Opérations programmées d’amélioration thermique des bâtiments (OPATB)<br />

Feu vert<br />

En s’inspirant du modèle des opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH), les OPATB se<br />

traduisent par une première phase d'études (étude préalable, permettant de déposer un dossier et, si le<br />

dossier est retenu, étude pré-opérationnelle), à l'issue desquelles des conventions sont signées entre les<br />

maîtres d’ouvrage (commune, agglomération, communauté de communes, parc naturel régional, etc.),<br />

l’ADEME, l’ANAH, l'Etat et éventuellement des conseils régionaux, pour une durée de 4 à 5 ans. Les<br />

conventions précisent un périmètre d’application, et indiquent, entre autres, les objectifs de réduction de<br />

consommation d'énergie et d’émissions de CO2 ainsi que les conditions de mise en œuvre, d'animation et<br />

de suivi des opérations.<br />

Des aides de l'ADEME sont prévues pour aider les collectivités à réaliser des études, à mettre en place<br />

des équipes d'animation et de suivi, et à réaliser les programmes de communication, de formation et<br />

d'évaluation. Les opérations elles-mêmes seront facilitées par des aides financières pour les diagnostics et<br />

les travaux (notamment par l'ADEME pour le tertiaire et l'ANAH pour l'habitat privé).<br />

17<br />

l’article 17 e) dispose que « Lorsque les parties sont convenues, par une clause expresse, de travaux d'amélioration<br />

du logement que le bailleur fera exécuter, le contrat de location ou un avenant à ce contrat fixe la majoration du<br />

loyer consécutive à la réalisation de ces travaux »<br />

18<br />

Un petit espoir, cependant, sur l’évolution de la Jurisprudence française : Arrêt de la Cour de Cassation, 5 juin<br />

<strong>2002</strong>, N° 00-18697, cassation partielle.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 27


Dans chaque OPATB, le secteur de l'habitat privé fera l'objet d'une OPAH contenant un volet énergie<br />

renforcé. Cette OPAH se fera sur tout ou partie du périmètre de l'OPATB. Un texte définissant les<br />

grandes lignes de l’OPATB a été adopté par le Conseil d’Administration de l’ADEME le 20 avril 2001 et<br />

modifié le 10 octobre <strong>2002</strong>.<br />

Trois opérations pilotes ont été menées : Bègles, SIPHEM (Syndicat Intercommunal du Pays du Haut<br />

Entre deux Mers), et Pau.<br />

L'appel à projets OPATB a été lancé le 20 février <strong>2002</strong>. Les 5 projets retenus dans la première série sont :<br />

Amiens Métropole, Grenoble, Nantes, le Parc naturel régional du Pilat et Vénissieux. Outre ces 8<br />

opérations déjà lancées, l’échéancier prévoit d'en retenir une dizaine pour la fin <strong>2002</strong> et une autre dizaine<br />

à la fin du premier semestre 2003. L'objectif fixé pour 2003 par l'Etat (Programme National<br />

d'Amélioration de l'Efficacité Energétique, décembre 2000) est d'en mener 23.<br />

3.6.2 Condition d’octroi des aides à la pierre<br />

Feu orange<br />

La seule politique conséquente de labels conditionnant le bénéfice d’aides pour l’utilisation de matériels<br />

de bonne performance énergétique à avoir été développée sont celles de l’ANAH et l’ADEME.<br />

3.6.3 Création d’un système d’aide pour les bâtiments tertiaires<br />

Feu rouge<br />

Mise à part les aides déjà indiquées (mesures dites existantes- incitations aux travaux de maîtrise de<br />

l’énergie) attribuées par l’ADEME, aucun système spécifique au tertaire n’a été créé.<br />

3.6.4 Aides directes pour certains équipement de chauffage : cas des systèmes à condensation en<br />

usage collectif.<br />

Feu rouge<br />

Aucun système d’aides directes pour les systèmes à condensation en usage collectif n’a été adopté.<br />

3.6.5 Soutien à la politique de labels<br />

Feu vert<br />

Les textes définitifs pour la définition de ces labels sont prêts et devraient sortir au cours du 1 er trimestre<br />

2003. Il s’agit de labels tous bâtiments, incluant donc le tertiaire.<br />

3.7 Mesures fiscales :<br />

Feu rouge<br />

3.7.1 Écotaxe<br />

Feu rouge<br />

Tout projet de taxe concernant le résidentiel semble être abandonné par le gouvernement.<br />

3.7.2 Application du taux réduit de TVA à la vente de chaleur issue d’énergies nouvelles et<br />

renouvelables<br />

Feu rouge<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 28


Aucun taux réduit de TVA n’a été adopté pour la vente de chaleur issue d’énergies renouvelables. Les<br />

raisons invoquées pour justifier l’inaction de la France sont d’ordre technico-juridique. La directive<br />

communautaire sur les taux réduits de TVA n’a pas prévu de telles hypothèses, et donc, la France ne peut<br />

légiférer en la matière.<br />

3.7.3 Application du taux réduit de TVA à certains produits ou service permettant les économies<br />

d’énergie dans les immeubles.<br />

Feu vert orangé<br />

Les lois de finances 2000 et 2001 ont instauré une réduction temporaire de la TVA à 5,5% pour les<br />

travaux d’amélioration, ainsi qu'à la fourniture de certains équipements, dans le logement ancien à usage<br />

d’habitation (bâtiments de plus de 2 ans). Cette disposition fiscale, a été reportée d'un an (soit jusqu'au 31<br />

décembre 2003). Parmi les équipements éligibles à ce taux figurent ceux utilisant une source d'énergie<br />

renouvelable (solaire, éolienne, hydraulique, combustion du bois), de production d'énergie renouvelable,<br />

et les matériaux d'isolation thermique/appareils de régulation du chauffage.<br />

D'autre part, certains gros équipements soumis au taux de 19,6 % peuvent, sur facture d'entreprise, être à<br />

l'origine d'un crédit d'impôt de 15 % des dépenses (plafonnées) relatives à l'habitation principale achevée<br />

depuis plus de deux ans. Ce crédit d’impôt est également reporté de 3 ans (jusqu’au 31 décembre 2005).<br />

3.8 Formation et information:<br />

Feu orange<br />

3.8.1 Label et informations du public<br />

Feu orange<br />

La plupart des labels étant encore à l’étude, l’information a été encore très peu diffusée.<br />

3.8.2 Information sur la qualité environnementale des produits de construction<br />

Feu orange<br />

La norme AFNOR P01-010 concernant les informations à fournir en la matière est rédigée et a été validée<br />

par une procédure d'enquête publique auprès des partenaires concernés. Les industriels ont commencé les<br />

études afin d'élaborer ces informations, et les résultats devraient être publiés prochainement. Les<br />

modalités pratiques de marquage des produits ne sont pas encore connues (cf. le § concernant les vitrages<br />

à isolation renforcée).<br />

3.9 Poursuite de la démarche “ Haute Qualité Environnementale » :<br />

Feu orange<br />

En fin 2001, l’association HQE a produit, en collaboration avec des professionnels de la construction<br />

(industriels, CSTB) et les ministres concernés, des référentiels sur la définition de la qualité<br />

environnementale des Bâtiments, le management environnemental par les maîtres d’ouvrage des<br />

opérations de construction et d’adaptation de bâtiments, et les résultats des opérations.<br />

Ces travaux ont donné lieu à l’élaboration d’une première méthode de certification, qui sera testée in situ<br />

sur une vingtaine d'opérations tertiaires de référence (suite à l’appel à projets en juin <strong>2002</strong> 19 ). La mise en<br />

19 Appels à projet lancés par L’ADEME en partenariat avec l’Association HQE et le CSTB, et la collaboration de :<br />

AIMCC - APOGEE - AQC - CAPEB – FFB -ICEB - MEDD - PERIFEM - PUCA - UMIH – UNSFA.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 29


place d’une certification permettra à la « démarche HQE » d’être un peu plus encadrée. Cela devrait<br />

éviter des opérations comme celle du lycée Maximilien Perret à Alfortville, dont la consommation<br />

énergétique est de 50% supérieure à la moyenne des lycées neufs en France.<br />

Cette démarche n’est cependant pas sans reproche : L'association est peu ouverte à certains corps de<br />

métier (architectes, bureaux d'études techniques) et peu transparente (les référentiels ont été élaborés in<br />

fine par un seul organisme et "validés" dans des groupes fermés). Parmi les 14 cibles de la démarche, les<br />

économies d’énergie sont surtout traitées via la gestion des bâtiments ("cibles éco-gestion"), alors que sa<br />

prise en compte dans l'architecture et l'urbanisme est essentiel. De plus, aucune mention expresse n'est<br />

faite sur la protection du climat, ce qui serait fort utile pour sensibiliser les acteurs du Bâtiment.<br />

Enfin, on regrette l’absence de seuils de performances énergétiques au m_, avec la mise en place d’un<br />

système de labellisation sur la qualité des bâtiments, plus contraignant.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 30


Mesures du secteur agriculture, forêts, produits dérivés<br />

(chapitre 6)<br />

Partie agriculture :<br />

Cédric CABANNE (Les Amis de la Terre)<br />

Olivier LOUCHARD (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France)<br />

Partie Forêts<br />

Christophe RYNIKIEWICZ (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France), en tant que coordinateur associatif<br />

Résumé:<br />

L’objectif de 30 000 ha/an de boisement de terres agricoles a été ramené à 20 000 ha/an. Malgré cela,<br />

l’objectif n’est pas atteint et le programme ne semble pas adapté pour décider les agriculteurs.<br />

Dans le domaine du bois construction, on peut se réjouir de signature en 2001 d'une charte «boisconstruction-environnement»<br />

qui prévoit d'accroître de 25 % la part du bois dans la construction d'ici<br />

2010. Outre sa contribution même faible à la lutte contre l’effet de serre (0,10 MteC à 0,15 MteC),<br />

l’intérêt de cette mesure réside dans les incidences socio-économiques bénéfiques pour le développement<br />

rural et la dynamisation d’autres politiques (verdissement des achats publics, construction…). Tous les<br />

efforts et incitations doivent être mobilisés pour transposer et améliorer cette déclaration non<br />

contraignante, en valorisant les initiatives des décideurs territoriaux. Cette orientation vers des<br />

changements d’offre et de consommation doit cependant s’appuyer sur la base d’informations<br />

garantissant la gestion durable des bois utilisés (labels de certification), provenance d’exploitation des<br />

pays du Nord ou du Sud, pour ne pas que la lutte contre les changements climatiques se fasse au dépend<br />

de la biodiversité forestière.<br />

Au niveau international et européen, la France devrait appuyer les tentatives d’assurer une cohérence dans<br />

la mise en applications de la convention <strong>Climat</strong> avec les autres mesures environnementales applicables<br />

aux écosystèmes forestiers (Convention sur la Biodiversité, Accord International sur les bois tropicaux,<br />

…). Elle en a l’occasion par son implication dans le Programme Européen sur les Changements<br />

<strong>Climat</strong>iques mais aussi en Métropole et dans les DOM-TOM (Guyane), sur les projets forestiers présentés<br />

par le FFEM ou au titre du MDP (Mécanisme de Développement Propre) dont les règles et modalités<br />

pratiques seront définies fin 2003. La participation du public que ce soit sur les critères applicables au<br />

Nord ou dans les pays du Sud est alors essentielle ainsi que des évaluations indépendantes des projets.<br />

Au niveau agricole, <strong>2002</strong> a été une année particulièrement perturbée et négative d'un point de vue "lutte<br />

contre le réchauffement climatique" : mise en place du second programme PMPOA sans prise en compte<br />

des problèmes liés aux émissions de méthane, loi sur l'eau et redevances sur les excédents d'azote<br />

abandonnées et une PAC non réformée. On peut donc parler de régression par rapport à 2001 d'autant<br />

plus que les crédits affectés aux Contrats Territoriaux d'Exploitation (CTE) qui comportent dans le volet<br />

environnemental une mesure gestion raisonnée des apports d'intrants ont été suspendus en août. En<br />

octobre, Hervé Gaymard s'est engagé à mettre en place pour fin <strong>2002</strong> un nouveau dispositif CTE<br />

simplifié, resserré sur les mesures agri-environnementales et plafonné. Le ministre a annoncé que les<br />

crédits CTE seront alors débloqués et trois fois plus élevés en 2003 qu'en <strong>2002</strong>. A suivre. Pour <strong>2002</strong>, seul<br />

signe réellement encourageant : l'INRA semble résolu à s'engager vers un grand programme de recherche<br />

sur l'agriculture et son impact sur les émissions de GES.<br />

Mesure à prendre : redevance sur les excédents d'azote.<br />

Mesures dites existantes<br />

2.1. Secteur agricole<br />

Programme de recherche Agriges (1992-98)<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 31


Appliqué, terminé.<br />

2.2. Secteur forestier<br />

Relance du boisement des terres agricoles<br />

Cf. plus loin, mesureA.2.1.<br />

Développement du stockage dans les produits forestiers<br />

Cf. plus loin, mesure A.2.4.<br />

Développement du bois-énergie<br />

Cf. chapitres bâtiment, mesure 3.4.1, et Production d’énergie, mesure E.4.2<br />

Il faut toutefois noter qu’il est également nécessaire de mieux soutenir fiscalement (TVA généralisée à<br />

5,5%) et financièrement l’utilisation du bois-énergie (continuité de l’action de l’ADEME et des Régions).<br />

En effet, géré durablement, le bois-énergie contribue à limiter l’utilisation des énergies fossiles et<br />

participe au développement socio-économique local.<br />

Mesures nouvelles<br />

3.1 Le secteur agricole<br />

Feu rouge<br />

A.1.1 Réduction des émissions de CH4 de l'élevage<br />

Feu rouge<br />

Le PMPOA (Programme de Maîtrise des Pollutions d’Origine Agricole) permet d’aider à la réalisation de<br />

travaux obligatoires (mise en conformité avec les normes du régime des Installations Classées et<br />

Directive Nitrates) par l’octroi d'une subvention dont le taux peut atteindre 40 à 60% selon la nature des<br />

investissements aidés). La Commission européenne a notifié à la France, le 30 octobre 2001, son<br />

approbation du projet de réforme du PMPOA. Le gouvernement a réformé ce programme pour renforcer<br />

son efficacité (intervention de manière prioritaire dans les zones vulnérables où se situe la majorité des<br />

élevages français concernés) et l'équité des conditions d'intervention. Les instructions relatives à la mise<br />

en œuvre de la réforme du PMPOA sont parues dans une circulaire datant du 06 août <strong>2002</strong>.<br />

Malheureusement, ce second programme ne fait toujours pas référence à l'effet de serre.<br />

A.1.2. Réduction des émissions de N2O des sols<br />

Feu rouge<br />

La directive européenne 91/676/CEE du 12 décembre 1991 dite directive "nitrates" constitue le principal<br />

instrument réglementaire pour lutter contre les pollutions liées à l'azote provenant de sources agricoles.<br />

Un projet de loi sur l’eau avait été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 10 janvier <strong>2002</strong>.<br />

Une des innovations de cette loi était la création d’une redevance sur les pollutions agricoles liées aux<br />

excédents d’azote. Le nouveau gouvernement a enterré ce projet de loi et la question de la redevance sur<br />

les excédents d'azote ne devrait pas resurgir avant 2004. Le feu orange de l'année dernière passe donc au<br />

rouge.<br />

A.1.3. Intégration des préoccupations relatives à l'effet de serre dans la PAC<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 32


Feu rouge<br />

Un bilan intermédiaire de la PAC a été effectué cette année par la Commission européenne afin de<br />

projeter les grandes orientations de la nouvelle PAC (prévue en 2006). La réforme ébauchée ne remet pas<br />

en cause la vocation exportatrice de la PAC (subventions aux exploitations) ainsi que son modèle<br />

d'agriculture intensive (qui est plus émetteur de GES que l'agriculture durable, bio ou paysanne). Plus que<br />

jamais le marché se libéraliserait pour favoriser les plus grandes exploitations. La concurrence directe<br />

annoncée entre l'UE et les Etats Unis se fera donc au détriment des petits paysans du Sud. Les filières<br />

viande par exemple peuvent investir les petits marchés locaux d'Afrique alimentés par l'élevage local.<br />

Cette logique de filière longue au détriment des filières courtes accentue les distances entre lieux de<br />

production et lieux de consommation et donc augmente les échanges et les besoins de transports (donc<br />

plus d'émissions de CO2 ) et de réfrigération (donc plus d'émissions de gaz frigorigènes).<br />

3.2. Le secteur de la forêt et du bois :<br />

Feu rouge<br />

Note :<br />

A la différence des autres secteurs visés dans le <strong>PNLCC</strong>, les activités liées à l’utilisation des<br />

terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie présente une absorption nette<br />

( « puits de carbone ») correspondant à environ 10% des émissions des autres secteurs<br />

(méthodologie et inventaire du Citepa 1990-2000).<br />

La méthodologie de prise en compte des « puits » distingue "les boisements, reboisements et<br />

déboisements" sous l’article 3.3 et "la gestion forestière" sous l’article 3.4 du Protocole de Kyoto<br />

. L’accord conclu à Marrakech permet à la France de compenser ses débits d'émission sous<br />

l'article 3.3 par une partie de son bilan positif sous l'article 3.4 et fixe un plafond par pays<br />

résultant d’un accord politique pour créditer les puits . 20 .<br />

A.2.1 Confirmation d’une augmentation des aides au boisement de terres agricoles<br />

La méthodologie de comptabilisation ne traite que des boisements issus d’une activité humaine. Le<br />

boisement de terres agricoles est censé atteindre le rythme annuel de 30 000 ha/an d’ici <strong>2002</strong>. Cet objectif<br />

a été ramené à 20 000 ha/an mais n’a pu être atteint. Dans le cadre actuel de la PAC, il n'est pas possible<br />

de maintenir une activité forestière sur une jachère fixe primée. Les agriculteurs ne souhaitent pas céder<br />

leurs terres en contrepartie des mesures financières actuelles. Le Plan de Développement Rural National<br />

(PDRN) prévoit dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique un effort supplémentaire pour<br />

augmenter progressivement les surfaces boisées par le boisement de terres agricoles). Toutefois, les<br />

projets de boisement finançables dans le cadre d’une augmentation des aides au boisement de terres<br />

agricole doivent intégrer des mesures favorables à la biodiversité et l’utilisation d’essences autochtones.<br />

Ces mesures font parties des préconisations pour la gestion forestière durable<br />

A.2.3 <strong>Action</strong> dans le cadre des négociations internationales<br />

D’après le <strong>PNLCC</strong>, « la France s’efforcera de faire intégrer les opérations sylvicoles bénéfiques du point<br />

de vue de l’environnement global et contribuant à une gestion durable de la forêt française… ».<br />

Les débats autour de la notion de « gestion durable des forêts » se sont développés chez les différents<br />

acteurs de la société.<br />

En 1995 la Commission du Développement Durable (CDD) a créé un Panel Intergouvernemental sur les<br />

forêts (PIF) pour poursuivre le débat sur les politiques forestières mondiales. Le travail de ce groupe a<br />

débouché en 1997 sur la formulation de 136 propositions d’action concrètes pour promouvoir la<br />

conservation, la gestion et l’aménagement durable de tous les types de forêts. La France s’est<br />

officiellement engagée lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies (UNGASS) à mettre en œuvre ces<br />

20 Cf. Guide explicatif des négociations internationales : http://www.effet-de-serre.gouv.fr/fr/contexte/UTCF.pdf et<br />

http://www.onf-international.com/pdf/effet20%de%20serre.pdf , p.11-12<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 33


propositions d’action. Bien que reprises dans le cadre du Forum des Nations Unies sur les Forêts (FNUF),<br />

ces propositions n’ont pas été transposées par la France à l’échelle nationale. La transposition de ces<br />

propositions d’action doit être une priorité pour les forêts françaises. La nomination d’un coordinateur<br />

pour le suivi et la mise en œuvre des propositions permettrait une meilleure collaboration entre les<br />

différentes institutions impliquées. Le suivi et l’évaluation des propositions d’action permettrait de<br />

déterminer les propositions indispensables à intégrer dans la nouvelle législation forestière.<br />

En particulier, la France doit appuyer les tentatives d’assurer une cohérence dans l’application de la<br />

convention <strong>Climat</strong> avec les autres mesures nationales, régionales ou internationales applicables aux forêts<br />

(Accord International sur les Bois Tropicaux, Convention sur le Biodiversité, …). Dans le cadre des<br />

négociations sur le <strong>Climat</strong>, la France participe activement aux groupes de travail de l’Union Européenne<br />

mais doit veiller à respecter et appliquer sur le terrain les consensus établis et ne pas fragiliser la position<br />

européenne.<br />

A.2.4. Développement de l'utilisation du bois en substitution à des produits à fort contenu en<br />

carbone fossile:<br />

Le 28 mars 2001, les principales organisations professionnelles impliquées dans la construction ont signé<br />

la charte "bois-construction-environnement" avec les ministres de l'Agriculture et de la Pêche, de<br />

l'Aménagement, du Territoire et de l'Environnement et le secrétaire d'État au Logement. Les ministères de<br />

l'Éducation Nationale, de la Culture et de la Communication, le secrétariat d'État chargé des PME, du<br />

Commerce, de l'Artisanat et de la Consommation sont également partenaires de la Charte "construction -<br />

environnement - bois".<br />

Par cette charte, les signataires s'engagent à accroître de 25 % la part du bois dans les projets de<br />

construction d'ici 2010 afin de participer à la lutte contre l'effet de serre. La substitution des matériaux de<br />

construction par le bois permettrait d’économiser 0,10 MteC à 0,15 MteC d’émissions annuelles qui<br />

auraient été produites pour leur fabrication. Néanmoins, tous les experts s’accordent sur la difficulté de<br />

comptabiliser exactement la séquestration dans les produits (estimation des flux, durée de vie…). Les<br />

méthodologies seront définies lors des négociations internationales dans les prochaines années.<br />

Cette déclaration non contraignante a une contribution négligeable pour l’effet de serre mais peut<br />

toutefois avoir des incidences socio-économiques bénéfiques pour le développement rural. Elle doit<br />

s’appuyer sur les réglementations en vigueur relatives aux forêts et faire l’objet d’une forte promotion,<br />

notamment pour promouvoir les premières initiatives des décideurs territoriaux dans le choix des<br />

matériaux des bâtiments publics.<br />

Actuellement, la mesure ne prend pas en compte la provenance des bois utilisés alors que la France s’est<br />

internationalement engagée quant à la gestion durable des forêts. Le Parlement français a voté, le 18 juin<br />

1998, la loi "autorisant l'approbation de l'Accord international de 1994 sur les bois tropicaux" qui fixe<br />

l'objectif selon lequel "d'ici l'an 2000, toutes les exportations de bois et de produits dérivés des bois<br />

tropicaux proviennent de sources gérées de façon durable"(article 1d). Le non respect de cet objectif par<br />

la France pourrait avoir des conséquences graves pour les écosystèmes forestiers tropicaux ou boréaux<br />

qui continueraient à être surexploités, ce qui favorise indirectement les changements climatiques.<br />

L’utilisation du bois matériau doit être favorisée, mais en faisant attention à sa provenance, aux modes de<br />

gestion des forêts et à la chaîne de traçabilité des produits. Pour cela, la France s’est engagée en Avril<br />

<strong>2002</strong> à l’intégration stricte des critères environnementaux et sociaux dans la passation et l’exécution de<br />

ses marchés publics. « Le gouvernement a en effet décidé d’inscrire dans le code des marchés publics des<br />

critères assurant la mise en place, pour les achats de l’Etat, d’une politique d’approvisionnement durable<br />

qui donne la priorité, sur la question du bois, aux produits répondant à la certification FSC ou à des<br />

certifications équivalentes 21 . »<br />

Des engagements en faveur d’une certification indépendante et transparente, garantissant que le bois<br />

provient de forêts où l’exploitation n’a pas généré d’impacts négatifs économiques, sociaux ou<br />

environnementaux non compensés sur la forêt et ses populations devraient également être intégrés dans la<br />

21 Communiqué de presse du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (10 Avril <strong>2002</strong>).<br />

« La protection des forêts anciennes : une priorité du gouvernement » - Courrier du Cabinet de la présidence de la<br />

République sur l’engagement de la France pour les bois certifiés FSC.<br />

http://www.environnement.gouv.fr/actua/com<strong>2002</strong>/avril/11-protection-forets-anciennes.htm<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 34


charte "bois-construction-environnement" pour que l’utilisation du bois matériau n’ait pas un résultat<br />

contraire aux objectifs de lutte contre les changements climatiques.<br />

ADDENDUM :<br />

Incidence des tempêtes de 1999 sur le <strong>PNLCC</strong>.:<br />

Les tempêtes des 26 et 27-28 novembre 1999 ont dévasté plus de 300 000 ha de forêts (140 millions de<br />

m3 au sol, exploité ou en cours d’exploitation). Un certain nombre de mesures ont été définies pour gérer<br />

l’équivalent d’environ 3 ans de récolte mis à terre mais surtout pour reconstituer les forêts.<br />

Néanmoins, il subsiste encore des incertitudes scientifiques sur la manière de comptabiliser exactement<br />

l’aspect « puits » induits par les subventions et politiques de gestion de la tempête. Il dépend de la<br />

méthodologie harmonisée au niveau du GIEC (Groupement Intergouvernemental des Experts sur le<br />

<strong>Climat</strong>, rattaché à la Convention <strong>Climat</strong> des nations Unies).<br />

Pour aller plus loin :<br />

- Campagne nationale d'éducation à l'environnement créée par la FRAPNA et France Nature<br />

Environnement pour observer, comprendre et aimer la forêt :<br />

http://www.frapna.org/site/region/siteforet/presentation.htm<br />

- Pour une stratégie de restauration après les tempêtes http://www.wwf.fr/forets/index.php<br />

- Campagne « Bâtir sans détruire » http://www.amisdelaterre.org/foret/index.html<br />

- Campagne contre l’exploitation illégale http://www.greenpeace.fr/campagnes/forets/index.php3<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 35


Mesures du secteur déchets (chapitre 7)<br />

Edouard TOULOUSE(FNE Energie)<br />

le <strong>Réseau</strong> Déchets de France Nature Environnement.<br />

Résumé:<br />

Le secteur des déchets ne participe que faiblement (pour 3%) aux émissions françaises de gaz à effet de<br />

serre. Les origines de cette production se composent principalement des rejets de méthane issu des<br />

décharges et des rejets de dioxyde de carbone par l’incinération.<br />

Le <strong>PNLCC</strong> s’appuie en partie sur la loi de juillet 1992, dont l’application est arrivée à échéance cette<br />

année. Elle prévoyait la disparition des décharges de déchets non « ultimes ». Or, les carences<br />

d’application sont nombreuses. Près de la moitié des déchets ménagers continue à s’entasser dans des<br />

décharges, dont un certain nombre (entre 6000 et 12000) sont illégales. Apparemment, la nouvelle<br />

Ministre de l’écologie compte s’attaquer en 2003 au règlement du cas des décharges hors-la-loi.<br />

Voici le sort réservé à nos déchets ménagers en <strong>2002</strong> (selon une estimation) : 43% à la décharge, 36%<br />

brûlés dans des incinérateurs (avec le plus souvent récupération d’énergie), 14% triés (dont 10% vraiment<br />

valorisés) et 7% compostés. La valorisation du biogaz capté dans les décharges ou obtenu par<br />

méthanisation se heurte à une réglementation très stricte et à un manque d’engagement. Le captage du<br />

biogaz n’est d’ailleurs toujours pas généralisé - nul doute que du méthane continue à s’échapper vers<br />

l’atmosphère. L’incinération est l’alternative majoritaire par rapport à la valorisation matière, cette<br />

dernière progressant heureusement à un bon rythme.<br />

Quant aux mesures de prévention des déchets (meilleur moyen d’économiser de l’énergie et de produire<br />

moins de gaz à effet de serre), elles se font plus que jamais attendre.<br />

Pour finir, remarquons qu’une synthèse de l’ADEME publiée en <strong>2002</strong> sur les analyses de cycles de vie de<br />

plusieurs filières de recyclage confirme - s’il le fallait - l’intérêt du recyclage en terme d’effet de serre<br />

(sauf pour le papier carton et les téléviseurs où le bilan est mitigé).<br />

Les mesures à prendre :<br />

- taxer les produits jetables à un niveau incitatif pour réduire leur production à la source ;<br />

- utiliser des outils économiques et fiscaux pour prévenir la production de déchets;<br />

- progresser dans la valorisation organique des déchets.<br />

Mesures dites existantes<br />

Utilisation énergétique des déchets (loi du 13 juillet 92):<br />

Fin 2001 a été publié le décret fixant le tarif d’achat de l’électricité issue de l’incinération (4,5 à 5<br />

cent/kWh + prime à l’efficacité énergétique comprise entre 0 et 0,3 cent/kWh). L’utilisation directe de la<br />

chaleur bute souvent sur le manque de débouchés de proximité (ou la méfiance des candidats potentiels).<br />

Suppression de la mise en décharge des déchets banals (loi du 13 juillet 92):<br />

Cette mesure inscrite dans la loi n’est toujours pas pleinement appliquée, puisque 43% des déchets<br />

ménagers et une partie des déchets industriels finissent toujours en décharges, alors que des valorisations<br />

seraient possibles. On peut noter la persistance de milliers de décharges illégales ou sauvages, sources de<br />

beaucoup de nuisances.<br />

L’ADEME offre une assistance technique et financière pour la modernisation des centres de stockage.<br />

Mais des inquiétudes portent sur son budget 2003, qui pourrait être sévèrement amputé. Ce qui poserait<br />

problème pour la poursuite des efforts engagés.<br />

Mesures nouvelles:<br />

Maîtrise de la production des déchets:<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 36


Feu rouge<br />

Le <strong>PNLCC</strong> table sur une stabilisation du niveau de production des déchets.<br />

Bien que, selon l’ADEME, le flux des déchets industriels banals semble stagner (notamment dans les<br />

grandes entreprises), il n’en est pas de même pour les déchets ménagers qui continuent à croître.<br />

Les actions de prévention restent quasi-inexistantes. Seuls cinq plans départementaux sur les déchets<br />

ménagers se penchent sur la prévention.<br />

Le décret sur les COUNA (courriers non adressés) est en outre gelé au Conseil d’Etat.<br />

Il serait grand temps d’informer la population sur les moyens de réduire la production de déchets et de<br />

prendre des mesures audacieuses. La fatalité ne devrait pas être de mise, comme le montrent des<br />

expériences récentes : en imposant une taxe de 0.15 Euros sur les sacs plastiques aux caisses des<br />

supermarchés, l’Irlande a ainsi diminué leur consommation de 90% en quelques mois !<br />

Renforcement des valorisations matières ou organiques :<br />

Le <strong>PNLCC</strong> prévoit une valorisation de 50% des déchets (ménagers et DIB) sous forme matière ou<br />

organique. Les quantités restantes seront gérées pour moitié par incinération et pour moitié par mise en<br />

décharge en 2010.<br />

Sur la valorisation « matière »<br />

Feux orange<br />

Pour les déchets industriels, les chiffres sont souvent parcellaires. On annonce des taux de valorisation de<br />

l’ordre de 60% (plutôt dans les grandes entreprises que dans les PME).<br />

En ce qui concerne les déchets des ménages, on est encore très loin du compte. Certes, la valorisation<br />

matière a continué à progresser, avec le passage « emblématique » de Paris au tri sélectif généralisé en<br />

<strong>2002</strong>. En application de la directive 94/62/CE, l’ADEME a réalisé une base de données sur la valorisation<br />

des emballages, qui montre que les objectifs pour 2001 ont été atteints, sauf pour le plastique.<br />

Le nombre de centres de tri devrait continuer à croître (comme le suggèrent les plans départementaux<br />

pour les déchets ménagers et assimilés). Les déchèteries sont en outre de plus en plus nombreuses ; une<br />

étude récente de France Nature Environnement a permis de les identifier et de lister des conseils pour<br />

accroître leur fréquentation.<br />

Sur la valorisation « organique » :<br />

Feu rouge<br />

Le bât blesse toujours sur la valorisation organique, qui n’est pas sérieusement intégrée dans la gestion<br />

globale des déchets (les collectes sélectives des organiques restent des exceptions). Certes le nombre<br />

d’unités de compostage va croître mais surtout pour des petits volumes. Les débouchés fiables ne sont pas<br />

trouvés. La méthanisation se développe mais reste peu répandue. Il faut dire que la réglementation très<br />

stricte décourage les petites installations. Le tarif d’achat par EDF de l’électricité issue de la<br />

méthanisation a été publié le 16 avril <strong>2002</strong> (4,6 cent/kWh + prime à l’efficacité énergétique comprise<br />

entre 0 et 1,2 cent/kWh) ; il ne satisfait guère les professionnels, qui n’y voient pas une source<br />

d’incitation suffisante.<br />

Captage du biogaz des décharges :<br />

Feu orange<br />

Le <strong>PNLCC</strong> prévoyait un équipement total des parcs de décharges en systèmes de captage en 2000, avec<br />

un taux de récupération passant de 60% à 80%.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 37


Le captage du biogaz progresse lentement. S’il est obligatoire dans les centres d’enfouissement<br />

techniques (qui programment progressivement des investissements de valorisation électrique), il reste<br />

quantité de décharges (souvent de petites tailles) qui ne s’en préoccupent pas.<br />

Le biogaz a désormais de meilleurs atouts pour être valorisé, grâce au tarif d’achat de l’électricité<br />

produite, publié en octobre 2001 (4,5 à 5,72 cent/kWh selon la puissance + prime à l’efficacité<br />

énergétique comprise entre 0 et 0,3 cent/kWh). En revanche, sa valorisation thermique ou son injection<br />

directe dans les réseaux de gaz restent très peu répandus, en raison notamment des réticences de GDF.<br />

Autres mesures : études et recherches<br />

Feu vert<br />

Le <strong>PNLCC</strong> suggère la conduite de plusieurs études sur l’amélioration de l’efficacité des divers<br />

traitements décrits plus haut. L’ADEME intègre ces recherches dans son programme de R&D 2000-<br />

2003, en lien avec le Programme cadre de recherche européen.<br />

Les axes de recherche pilotés par l’ADEME portent sur :<br />

- la valorisation thermique des déchets (généralisation de la récupération de chaleur dans les<br />

incinérateurs) ;<br />

- L’évaluation de l’intérêt d’un prétraitement biologique et la maîtrise des réactions biochimiques<br />

dans les décharges (thème qui intéresse de près les industriels mais qu’il faut regarder avec prudence : le<br />

prétraitement biologique ne doit être une excuse pour remettre en cause la hiérarchie de gestion des<br />

déchets en amont) ;<br />

- la gestion biologique des déchets (valorisation agronomique des déchets organiques).<br />

En 2001 et <strong>2002</strong>, plusieurs documents ont été publiés par l’ADEME :<br />

- un guide sur les couvertures des sites de stockage,<br />

- deux guide sur la gestion et la valorisation des gaz de décharges (avec l’association SOLAGRO),<br />

- un bilan de 5 opérations d’incinération en lit fluidisé,<br />

- un guide sur la gestion de proximité des déchets organiques,<br />

- un inventaire des essais de valorisation agronomique des déchets organiques,<br />

- des résultats de modélisation d’écoulement de lixiviats dans les décharges.<br />

Notons pour finir qu’un intéressant colloque européen intitulé « Gestion des déchets et changement<br />

climatique » a eu lieu à Paris les 21 et 22 novembre (co-organisé par la Mairie de Paris, l’ACCR, Energie-<br />

Cités et AMORCE).<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 38


Mesures du secteur de la production d’énergie (chapitre 8)<br />

Antoine BONDUELLE (Détente)<br />

Régis Faguelin<br />

Marc JEDLICZKA (Hespul)<br />

Jacques QUANTIN (Energies & Territoires)<br />

Résumé:<br />

La part du secteur de l’énergie dans les émissions de gaz à effet de serre de la France est de 8 %. Ceci<br />

est principalement lié à l’existence d’un important secteur de raffinage pétrolier et au fort<br />

développement de la filière électronucléaire. Le <strong>PNLCC</strong> rappelle néanmoins que cette dernière devrait<br />

se limiter à une “ production de base ” en 2010. L’augmentation prévisible de la consommation<br />

d’électricité entraînera celle des émissions dans ce secteur. Déjà, les centrales à charbon pourtant très<br />

minoritaires dans la production électrique, émettent plus que la plus importante des branches de<br />

l’industrie, la sidérurgie.<br />

L’impact des mesures nouvelles annoncées, notamment dans le domaine des énergies renouvelables<br />

(ENR), est supposé permettre une réduction de 2,63 MteC/an. On peut noter à ce propos que ce<br />

chiffre est contestable et repose sur des estimations largement minorées de la contribution de l’éolien<br />

au bilan carbone. Néanmoins, le <strong>PNLCC</strong> a ici le mérite de montrer que les sources renouvelables (et la<br />

MDE traitée par ailleurs) représentent des gains carbone significatifs quel que soit le devenir du parc<br />

nucléaire.<br />

En fait, les nouveaux objectifs assignés à la France à travers la Directive ENR, s’ils sont respectés,<br />

peuvent permettre de dépasser cet objectif de réduction. Ceci dépend également des mesures<br />

d’économie d’énergie décrite dans le chapitre ad-hoc.<br />

L’adoption en septembre 2001 de la directive européenne relative à la production d’électricité<br />

d’origine renouvelable au sein de l’Union constitue un indéniable pas en avant. Chaque pays signataire<br />

s’est vu assigner des objectifs de développement de ses sources ENR.<br />

La France devra en 2010 produire 21 % de son électricité à partir de Sources d’énergies renouvelables<br />

(SER).<br />

Cependant, il est étonnant de constater que le développement du photovoltaïque et du biogaz (hors<br />

biogaz de décharge) ne soient pas considérés comme des mesures à part entière. Il est clair que les<br />

tarifs accordés à ces deux filières sont très insuffisants pour leur permettre actuellement de se<br />

développer et de peser sur le bilan des émissions.<br />

Pour le photovoltaïque :<br />

En France continentale, le tarif a été fixé à 0,1525 € le kWh, ce qui est très largement insuffisant (d’un<br />

facteur 3) pour permettre une rentabilité correcte des investissements. Le tarif prévu dans les DOM et<br />

en Corse (0,3050 €) n’est pas non plus suffisant. L’ADEME a donc annoncé la mise en place d’une<br />

subvention directe de l’investissement de 4,6 Euros par Wp, permettant de compenser ces<br />

insuffisances. Toutefois, outre qu’un tel mécanisme introduit un supplément de lourdeur<br />

bureaucratique et ne favorise pas la transparence ni l’optimisation du fonctionnement des systèmes, les<br />

conditions pratiques de sa mise en œuvre viennent à peine d'être définies plus d’un an après l’annonce.<br />

De plus, le budget total consacré à ce programme, annoncé à l’origine pour financer 1 MWc en France<br />

continentale et 1 MWc pour les DOM et la Corse, risque d'être réduit pour 2003, puisque il est prévu<br />

une réduction de l’ordre de 20 % du budget global de l’ADEME consacré à l’énergie. En traînant les<br />

pieds sur cette filière d’avenir, la France prend le risque de perdre une opportunité importante de<br />

développement technologique.<br />

Pour le biogaz :<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 39


Il existe un tarif pour la biomasse solide, un tarif pour le biogaz issu des déchets agricoles et sylvicoles<br />

et un troisième tarif pour le biogaz de décharge. Seul ce dernier tarif est suffisant dans la plupart des<br />

cas pour permettre la rentabilité des investissements.<br />

Pour les deux autres filières, le tarif de référence reste nettement insuffisant (respectivement 4,9 et 4,6<br />

c€/kWh) pour être opérationnel et doit être complété par d’autres sources de financement, comme des<br />

subventions de l’ADEME ou des collectivités locales.<br />

Les mesures à prendre : Pour les ENR et la cogénération, simplifier les procédures administratives,<br />

l'accès au réseau EDF et augmenter les tarifs d'achat (photovoltaïque, cogénération, bois, biogaz).<br />

Substituer les centrales thermiques classiques par des cycles combinés au gaz et de la cogénération.<br />

Mesures dites existantes :<br />

Le développement de la cogénération :<br />

Feu rouge<br />

Un objectif de 4 GW d’ajouts est affiché pour la période 1995 – 2010.<br />

Selon le Bilan énergétique provisoire de la France en 2000, entre 1997 et 2000, "la capacité de<br />

production d’électricité par cogénération au gaz a presque doublé pour atteindre environ 4 000 MW",<br />

soit un développement de presque 2 GW. La moitié de l'objectif semble donc déjà atteint, mais à cause<br />

de la diminution du tarif de rachat de l'électricité en 1999, aucun nouveau contrat n'a été signé depuis.<br />

Depuis cette filière énergétique est toujours au point mort.<br />

Seuls environ 25 MW de puissance ont été ajoutés en <strong>2002</strong>, qui correspondent à des projets soumis à<br />

l’approbation des autorités avant que les lois sur l’électricité ne bloquent tous le projets faute de texte<br />

d’application. Ce que l’on appelle pudiquement une « parenthèse » de deux ans de blocage complet<br />

des projets illustre la pusillanimité des pouvoirs publics face à une branche en développement,<br />

encouragée dans les discours. Un tel « stop and go » ne permet pas aux acteurs français de se<br />

développer pleinement ou de développer des technologies innovantes.<br />

La mauvaise volonté est cumulée entre la Commission de Régulation de l’Electricité (CRE), et EDF.<br />

La première multiplie les arguments dogmatiques ultralibéraux et la seconde ajoute des exigences<br />

techniques exorbitantes qui grèvent les coûts des installations les plus petites. A cela s’ajoute ainsi la<br />

faiblesse des services du gouvernement qui n’ont pas su imposer un environnement législatif et<br />

économique stable. A leur décharge, précisons cependant que les textes en cours d’élaboration<br />

favorisent nettement un fonctionnement performant en énergie (et donc en émissions de CO2) des<br />

installations. Les primes sont en effet fortement dépendantes d’une récupération maximale d’énergie.<br />

La cogénération, ce sera bien, mais… après demain.<br />

Les discussions sur les texte d’application étaient au jour du bouclage encore inachevées. Si elles se<br />

débloquaient enfin, le « feu rouge » pourrait se commuer en « feu orange » pour cette mesure du<br />

<strong>PNLCC</strong>. Hélas, le gouvernement français n’a pas brillé sur la discussion de la directive cogénération<br />

entre la Commission Européenne et le Conseil des Ministres. La France a même été dans le peloton de<br />

queue dans cette discussion d’un texte pourtant bien timide. De même, on dépense des centaines de<br />

milliers d’Euro pour des outils techniques de filtrage des fréquences dont l’utilité est discutable et dont<br />

la définition est particulièrement léonine. Ces normes unilatérales devront être levées pour les plus<br />

petits générateurs, et des principes unifiés adoptés entre les Européens. On en est loin.<br />

Le développement de l’énergie éolienne dans le cadre du plan Eole 2005 qui a pour objectif<br />

d’installer une capacité de production comprise entre 250 et 500 MW d’ici l’an 2005 :<br />

Feu rouge<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 40


La loi électricité de février 2000 a mis un terme à ce programme. Si ce dernier a eu le mérite de<br />

mobiliser de nouveaux acteurs (BE, industriels), il a surtout permis de montrer que le système d’appel<br />

d’offre n’était pas adapté à ce stade de développement de la filière éolienne française.<br />

Sur les 358 MW sélectionnés depuis 1997, seule une petite centaine de MW est actuellement<br />

opérationnelle. La mise en service est extrêmement lente avec une durée de mise en œuvre des projets<br />

comprise entre 4 et 6 ans !<br />

Plusieurs facteurs participent à ralentir la sortie des projets Eole 2005 :<br />

• des contraintes industrielles avec la disponibilité de l’éolienne de Jeumont Industrie (la JI48 de<br />

750 kW) n’a toujours pas atteint sa maturité industrielle. Plusieurs projets avaient prévu d’utiliser<br />

cette machine. La puissance des éoliennes qui occupent aujourd’hui le marché est comprise entre 1<br />

et 2 MW.<br />

• des contraintes financières : changement de fabricant, difficulté de bouclage du plan de<br />

financement par certains opérateurs.<br />

• des contraintes environnementales insuffisamment évaluées : un certain nombre de dossiers<br />

retenus par la commission nationale n’ont pas reçu un accueil positif de la part des services<br />

instructeurs déconcentrés<br />

• des contraintes réglementaires : révision nécessaire (et longue) de certains POS<br />

• des contraintes techniques : conditions de raccordement au réseau<br />

• des oppositions violentes, très souvent liées à une carence d’information, à l’encontre de certains<br />

projets<br />

• la renégociation par les opérateurs des contrats de vente avec EDF pour bénéficier des nouveaux<br />

tarifs prévus par l’arrêté de juin 2001<br />

L’ADEME avait établi en septembre 2000 un planning prévisionnel probable de réalisations des<br />

projets : fin 2001 : 99 MW, fin <strong>2002</strong> : 300 MW.<br />

Fin novembre <strong>2002</strong>, la puissance éolienne installée ou proche de l’achèvement n’était que de 131 MW<br />

répartis dans 35 centrales (source WindPower Monthly), soit très loin de l’objectif. Une partie de ce<br />

chiffre vient de plus non pas du programme Eole mais de la nouvelle tarification de rachat en vigueur.<br />

Pour mémoire, l’Allemagne a installé 1663 MW éoliens en 2000 et 2659 MW en 2001. A la fin de<br />

l’année <strong>2002</strong>, la puissance éolienne dans ce pays s’élèvera à plus de 10000 MW.<br />

Mesures nouvelles :<br />

E.1 Accords négociés avec les industriels concernés portant sur certaines émissions propres au<br />

secteur de la production d’énergie<br />

E.1.1. Les émissions fugitives de CH4 des réseaux de gaz :<br />

Feu orange<br />

La réduction de ces émissions se fait progressivement dans le cadre de la maintenance générale. En<br />

particulier, les conduites métalliques anciennes seront progressivement entièrement remplacées par les<br />

tuyaux en polymères.<br />

Actuellement, la fuite de gaz est bien entendu une préoccupation à GDF, mais ceci est avant tout une<br />

question de sécurité. Aucun bilan dans le réseau ou dans les cycles d’approvisionnement n’est publié<br />

par l’entreprise nationale.<br />

Il ne semble donc pas que GDF ait développé un programme spécifique climat en ce sens. Il serait<br />

nécessaire au minimum que le réseau public de gaz rende compte annuellement des fuites et des<br />

actions. Ce bilan devrait proposer une évaluation des émissions dans les pays d’origine au prorata de<br />

la consommation française de gaz. Le cas échéant, l’évolution de ces dernières et les correctifs seront<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 41


proposés. Ceci est d’autant plus dommage que l’intégration de cycles de vie plus complet pour les<br />

émissions de GES ne peut que favoriser le gaz naturel et le biogaz par rapport à d’autres produits.<br />

E.1.2. les consommations d’électricité liées au cycle du combustible nucléaire et les pertes des<br />

lignes électriques :<br />

Feu rouge<br />

Les pertes dans les réseaux et le cycle du combustible nucléaire représentent environ 9 à 11 % de la<br />

production nationale. A cela s’ajoute la consommation du cycle du combustible par Eurodif, qui<br />

consomme entre 12 et 15 TWh d’électricité par an (soit 4% de la consommation intérieure française).<br />

On distingue les pertes du réseau de transport géré par RTE (ex-EDF) et les pertes à la distribution,<br />

respectivement de l’ordre de 10 TWh et de 25 TWh.<br />

Dans le premier cas, l’avancement des discussions entre les administrations concernées et le<br />

gestionnaire du réseau visant à déterminer les actions à mettre en œuvre pour réduire ces pertes n’est<br />

pas connu. Seule la mise en œuvre de procédures de fourniture de ces pertes a été publiée depuis 18<br />

mois. Soulignons que la tarification du réseau de transport n’incite pas les usagers à limiter leurs<br />

émissions alors que ceci est possible selon la loi actuelle. De plus, l’organisme gestionnaire du réseau<br />

de transport, le RTE, n’a pas fait mention de contraintes sur les émissions de CO2 (ou de pourcentage<br />

de fourniture provenant d’énergie renouvelable) dans l’appel d’offre pour les pertes du réseau lancé<br />

après le PLNCC. Une telle contrainte aurait pourtant une valeur exemplaire vis-à-vis des gros clients<br />

du réseau électrique et des fournisseurs indépendants (il s’agit de la première consommation du pays).<br />

Elle est notamment encouragée au niveau européen (notamment, Arrêt Ville de Helsinki, septembre<br />

<strong>2002</strong>, Cour Européenne de Luxembourg) puisque la législation permet de tenir compte de contraintes<br />

environnementales dans les appels d’offre de fourniture.<br />

Le second cas –les pertes de distribution- ne fait l’objet d’aucune publication des services du<br />

gouvernement ou de l’EDF durant l’année 2001 ou <strong>2002</strong>. La situation est donc présumée identique à<br />

l’année précédente. A noter que la principale raison de saturation des lignes et des transformateurs, qui<br />

augmente les pertes jusqu’à des niveaux supérieurs localement à 15%, est le chauffage électrique<br />

notamment dans les zones rurales. Cette forme de chauffage entraîne à la fois un surcroît de<br />

production d’émissions carbonées, des surcoûts pour les consommateurs, et limite le recours aux<br />

énergies renouvelables. Malgré les accords passés entre l’ADEME et l’EDF, aucun programme<br />

concret n’a encore vu le jour pour limiter l’usage du chauffage électrique dans l’habitat ancien.<br />

E.3 Substitution des centrales thermiques classiques par des cycles combinés au gaz (CCG) et de<br />

la cogénération :<br />

Feu orange<br />

Le remplacement total des unités thermiques classiques (charbon, fuel lourd) de production<br />

d’électricité par des centrales performantes au gaz naturel permettrait une réduction des émissions de<br />

gaz à effet de serre de 4 à 7 MteC/an. Ce basculement devrait être facilitée par la levée de la contrainte<br />

liée à l’écoulement d’une production nationale minimale de charbon à l’horizon 2005.<br />

Centrales thermiques au charbon :<br />

Contrairement aux centrales à fioul, qui servent avant tout en période de pointe, les centrales à charbon<br />

françaises servent une grande partie de l’année. Il s’agit pour EDF d’un appoint permettant un meilleur<br />

équilibre géographique des productions. Ces centrales utilisent du combustible importé et sont<br />

exploitées par la SNET (ex-CDF) maintenant dépendant de l’Espagnol Endesa.<br />

Les centrales thermiques sont également un enjeu pour les déchets spéciaux tels qu’huiles ou farines<br />

animales. La mise en œuvre de cette élimination est notamment critiquée parce que les transports sont<br />

peu contrôlés, les riverains sont encore peu impliqués, et les conséquences sanitaires sont entachées<br />

d’incertitudes.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 42


Leur remplacement par d’autres sources moins polluantes et notamment la cogénération pilotée par le<br />

réseau devrait aller de soi plutôt que de recourir à des mécanismes de flexibilité : moins de pollution,<br />

développement de technologies, gains pour les entreprises. Cependant aucun calendrier n’a été encore<br />

proposé pour leur extinction.<br />

Certains documents de planification mentionnent la construction de nouvelles unités de production<br />

électrique au charbon à Gardanne. Ceci serait totalement contradictoire avec le <strong>PNLCC</strong>.<br />

L’absence de calendrier sur l’extinction des vieilles centrales thermiques, ainsi que la possibilité<br />

laissée ouverte de construire une nouvelle centrale charbon dans certains documents de planification<br />

entraînent pour ce point du plan le feu orange, qui ne pourra être levé en 2003 qu’avec une publication<br />

claire (par exemple dans la PPI, Programmation Pluriannuelle des Investissements) ou un document<br />

similaire.<br />

Cogénération (point déjà mentionné):<br />

Dans les aménagements futurs de la loi sur l’électricité, il conviendra de prévoir des dispositions<br />

rendant possible un “pilotage” des installations de cogénération.<br />

Le tarif d’achat de l’électricité produite à partir de la cogénération est en cours de rédaction. Toutefois<br />

il semblerait que le tarif d’achat de l’électricité produite à partir de la cogénération soit de 2 à 3<br />

centimes inférieur à celui proposé jusqu'en 1999.<br />

Par ailleurs la certification, permettant l’accès à ces tarifs, devient plus contraignante : le rendement<br />

d’une cogénération ne devra plus être de 60% mais de 70%.<br />

Ces mesures si elles entrent en vigueur en l’état ne permettront pas à la cogénération de se développer.<br />

Au minimum, l’Etat doit s’engager à donner un environnement économique stable pour la<br />

cogénération.<br />

E.4 Développement des énergies renouvelables :<br />

Feu rouge<br />

E.4.1. Soutien accru à la production d’électricité éolienne :<br />

Feu orange<br />

Les 3000 MW prévus dans le <strong>PNLCC</strong> soit plus du doublement du parc initialement prévu dans le<br />

scénario de référence (réduction d’émissions est estimé bizarrement à 0,4 MteC/an en 2010) ou les<br />

5000 MW annoncés dans le Programme National d’Amélioration de l’Efficacité Énergétique (PNA2E)<br />

sont très en deçà de l’objectif à atteindre pour permettre à la France de respecter la Directive<br />

européenne EnR adoptée en septembre 2001.<br />

Selon l’ADEME, le respect de la directive repose sur un développement très important de la filière<br />

éolienne : 14000 MW (soit 35 TWh) d’ici l’an 2010. cela permettrait une réduction d’émission estimée<br />

à 1,6 MteC/an en 2010.<br />

Avec moins de 150 MW complétés fin <strong>2002</strong>, l’effort à réaliser est donc considérable. L’ADEME<br />

annonce actuellement un objectif de 4000 MW d’ici l’an 2006.<br />

Selon le RTE qui gère les « files d’attente » de connexion, les projets actuellement en cours<br />

d’instruction (qui ont déposé leur permis de construire) représentent 700 MW même si les demandes<br />

de connexion dépassent 20000 MW mais ces derniers ne sont souvent que de simples annonces.<br />

La loi du 10 février 2000 (loi de transposition de la directive 96/92 relative à l’ouverture du marché de<br />

l’électricité adoptée par la France avec un an de retard sur le calendrier européen) prévoit une<br />

obligation d’achat pour les sources renouvelables et la co-génération jusqu’à 12 MW, les tarifs devant<br />

être fixés par le Ministre en charge de l’énergie.<br />

Il a fallu attendre plus de deux ans pour que les tarifs soient fixés pour toutes les filières (le dernier en<br />

date a été le photovoltaïque en mars <strong>2002</strong>).<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 43


Pour l’éolien, le système tarifaire adopté en juin 2001 a permis de relancer l’investissement.<br />

Cependant, toutes les questions administratives (contrats, permis de construire, planification<br />

territoriale, etc.) et techniques (accès au réseau) ne sont pas résolues.<br />

Même pour les installations de toute petite puissance comme les toits photovoltaïques individuels, les<br />

procédures administratives sont extrêmement lourdes, longues et parfois aléatoires.<br />

Dans le cadre d’une « programmation pluriannuelle des investissements » sensée donner des objectifs<br />

quantitatifs par filière, il est prévu que le gouvernement puisse lancer des appels d’offre concurrentiels<br />

pour les projets éoliens dont la puissance est supérieure à 12 MW. Toutefois en l’absence jusqu’à<br />

aujourd’hui de la publication de tout document relatif à cette programmation, il est impossible de<br />

prévoir les dates, les quantités ni les filières considérées.<br />

Pour réussir le développement de l’éolien, il est indispensable :<br />

• de maintenir le système tarifaire actuel pour les puissances inférieures à 12 MW ;<br />

• de simplifier les procédures administratives et d’améliorer la coordination des services<br />

déconcentrés de l’Etat. A noter que les recommandations d’une commission interministérielle de<br />

simplification des procédures présentées juste avant les dernières élections présidentielles (mai<br />

<strong>2002</strong>) n’ont pas été suivis d’effet ;<br />

• d’adopter des approches territoriales (intercommunales) mieux adaptées à ce type<br />

d’aménagement ;<br />

• de clarifier les conditions techniques de connexion au réseau. A ce titre, deux questions<br />

importantes continuent en effet de poser problème : il s’agit d’une part du mode de calcul de la<br />

capacité d’accueil du réseau, pour lequel les gestionnaires appliquent unilatéralement et sans réelle<br />

justification un plafond de 40 % de la puissance nominale du poste-source sur lequel est raccordé<br />

l’installation, d’autre part des modalités d’élaboration de la programmation des travaux de<br />

renforcement ou d’extension et du partage des coûts afférents, ce qui a une forte incidence sur le<br />

devenir des projets en termes de délais et de calcul économique .<br />

E.4.2. développement du bois énergie :<br />

Feu rouge<br />

Cf. le chapitre "bâtiments", mesure 3.4.1.<br />

E.4.2.1. la production de chaleur :<br />

Cf également le chapitre bâtiments, mesure 3.4.1.<br />

Le Plan prévoit qu'EDF s’efforcera d’assurer la diffusion d’installations de combustion performantes<br />

au bois, en association avec le chauffage électrique, dans le cadre du tarif “ Tempo ”. Ceci permettrait<br />

de limiter l’impact des émissions induites par l’usage du chauffage électrique.<br />

En pratique, la promotion par EDF des appareils de chauffage au bois performants en combinaison du<br />

tarif Tempo n’existe toujours pas.<br />

Il y a pourtant 30 millions de m 3 de bois qui poussent en France chaque année et qui ne sont pas<br />

utilisés. La moitié au moins serait mobilisable à des coûts intéressants ce qui représenterait une<br />

ressource de substitution équivalente à 3 millions de TEP.<br />

D’autres part, si le rendement des appareils de chauffage domestique (actuellement de moins de 40 %<br />

en moyenne) passait à 70 %, une économie de 3,5 millions de TEP supplémentaires pourrait être<br />

réalisée, pour moins de pollution locale et une meilleure économie de la filière.<br />

E.4.2.2. la production d’électricité par le bois<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 44


La production d’électricité par le bois est réalisée uniquement en papeterie et par quelques industries<br />

du bois. Elle représente en France environ 200 MWe.<br />

En Suède par exemple (avec une population très inférieure à celle de la France), la production<br />

d’électricité par le bois s’élève à près de 1000 MWe : 500 MWe par les collectivités et 475 MWe par<br />

l’industrie.<br />

Pour permettre un décollage de la filière, les tarifs doivent être réévalués ou du moins, une taxe sur<br />

CO2 ou un crédit carbone doivent être envisagés.<br />

Comme souvent pour les autres filières, une simplification des conditions techniques et<br />

administratives de connexion au réseau est nécessaire.<br />

Il reste un important potentiel de développement dans les industries de transformation du bois et dans<br />

certaines collectivités à explorer.<br />

E.5 Les réseaux de chaleur :<br />

Feu rouge<br />

Cf. le chapitre bâtiments, mesure 3.4.4.<br />

E.6 Le programme “ DOM TOM- Corse ”<br />

Feu orange<br />

Les objectifs fixés à l’ADEME à l’horizon 2010 dans son contrat de plan incluent :<br />

• L’installation de 80 000 capteurs solaires nouveaux pour la production d’eau chaude sanitaire.<br />

• L’électrification de 500 sites isolés.<br />

• Une production supplémentaire de 600 GWh/an d’électricité d’origine renouvelable (éolien 100<br />

MW, géothermie 50 MW, petite hydraulique 20 MW).<br />

• Un développement du bois énergie à hauteur de 10 000 TEP/an.<br />

Si une partie des blocages existants en France métropolitaine sont absents dans les îles, ces lieux sont<br />

encore loin d’être la « vitrine » technique et commerciale annoncée par le gouvernement. Ainsi, les<br />

efforts sérieux réalisés par les collectivités territoriales seront annulés si se poursuivent les projets de<br />

centrale charbon à la Réunion, dont le bilan carbone est désastreux, et qui induira des nuisances<br />

(camions) inacceptables. Il n’y a donc pas encore de volonté politique de mettre en œuvre au<br />

maximum les ressources locales comme l’éolien.<br />

Dans les DOM/TOM : 15 000 m_ de capteurs solaires thermiques ont été installés au cours de l’année<br />

2000.<br />

En Corse : 30 MW éoliens ont été installés au cours de l’année 2000 et cette tendance s’est poursuivie<br />

en 2001. 10 000 francs sont accordés aux particuliers pour l’installation de capteurs solaires pour la<br />

production d’eau chaude sanitaire dans le cadre d’une convention tri-partite EDF, ADEME et<br />

collectivités territoriales.<br />

Si aujourd’hui on constate une inflexion en faveur du développement des énergies renouvelables en<br />

Corse, il est cependant trop tôt pour se prononcer sur l'ampleur des changements en cours. A noter que<br />

la Corse reste le lieu de tous les records du chauffage électrique avec plus de 80% des logements de<br />

l’île chauffés de cette façon, ce qui pose à la fois la question des émissions (centrales au fioul vétustes)<br />

mais aussi le gaspillage de moyens en transport et réseau de distribution.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 45


Mesures de maîtrise de la demande d’électricité (chapitre 8)<br />

Antoine Bonduelle (Détente)<br />

Hélio International<br />

<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France<br />

<strong>Réseau</strong> "Sortir du Nucléaire"<br />

Résumé:<br />

Les mesures nouvelles dans le secteur de la Maîtrise de la Demande d’Electricité (MDE) sont<br />

supposées réduire les émissions de gaz à effet de serre de 0,6 MteC en 2010. En réalité, prise dans le<br />

contexte de l’Europe, ces mesures pourraient apporter beaucoup plus et prendront d’autant<br />

d’importance que la production thermique est désormais annoncée en hausse à l’horizon de Kyoto.<br />

Il est difficile de rendre pleinement compte des avancées de la MDE depuis le dernier bilan du<br />

<strong>PNLCC</strong>. Le producteur national d’électricité EDF domine largement la scène notamment au travers de<br />

campagne de communication permanente présentant l’électricité comme faisant partie intégrante des<br />

solutions à la lutte contre l’effet de serre et non bien entendu comme un problème sur lequel il faut<br />

agir. Les efforts commerciaux d’EDF pour la promotion du chauffage électrique, notamment la<br />

campagne Vivrelec n’ont pas cessé rendant toujours aussi délicate la promotion des économies<br />

d’énergie électrique auprès du citoyen consommateur.<br />

Malgré un consensus politique remarquable, dans la région Provence Alpes Cote d’Azur, les<br />

programmes de MDE destinés à éviter le renforcement de la ligne THT ne semblent pas émerger. Ceci<br />

est d’autant plus regrettable que la réussite d’une MDE ciblée sur une région pourrait en stimuler<br />

d’autres et surtout amplifier les efforts déployés en amont dans les programmes nationaux voire<br />

européens de promotion des équipements et les systèmes consommant plus efficacement de<br />

l’électricité. D’autres conflits du même type sur les lignes à haute tension tels que Quercy Blanc (près<br />

de Cahors), ou Annecy montrent que les opportunités d’action ne manquent pas, ni même de<br />

responsables politiques élus ou de l’Etat (Préfets, DRIRE) prêts à « mouiller leur chemise ». Hélas,<br />

l’inertie reste, et en particulier celle de la machine EDF malgré l’évolution progressive des esprits<br />

même chez le producteur national.<br />

Par ailleurs, les deux mesures novatrices annoncées dans le <strong>PNLCC</strong> sur la MDE (directive sur<br />

l’efficacité énergétique de tous les appareils électriques ; extension du taux réduit de TVA à tous les<br />

travaux d’économies d’énergie dans les logements) ne sont toujours pas sorties des cartons. Pire est la<br />

marche arrière récemment décidée par les instances européennes sur l’étiquette énergie en introduisant<br />

des catégories supplémentaires à l’affichage des consommations des appareils de froid domestique. Le<br />

consommateur sera inévitablement perturbé et la MDE affectée. Les autorités françaises sont pourtant<br />

présentes à Bruxelles pour encourager la mise en place de ces outils réglementaires (étiquetage des<br />

consommations et seuil d’efficacité énergétique des appareils électriques). La mobilisation nationale<br />

n’est pas à hauteur des enjeux et les représentants des lobbies industriels font preuve d’une bien<br />

meilleure efficacité dans leur démarche pour ralentir la mise en route des directives en question.<br />

En outre, les cycles de formation sur l'utilisation rationnelle de l'énergie de l'ADEME ne sont plus à<br />

l'ordre du jour en <strong>2002</strong>.<br />

Pourtant, ces mesures sont très favorables aux consommateurs, surtout les plus démunis, qui y<br />

gagneront rapidement sur les factures électriques, souvent sans surcoût à l’achat. La majorité des<br />

réductions des émissions de gaz à effet de serre grâce à la Maîtrise de la Demande d’Electricité est en<br />

effet mobilisable à un coût négatif pour la société : les éventuels surcoûts d’achat des solutions<br />

performantes sont compensés par les économies d’électricité sur la facture. Ainsi sur la durée de vie<br />

des appareils les réductions de GES sont-elles générées avec un bilan économique positif pour le<br />

consommateur et la société.<br />

La mesure à prendre : Faire aboutir la directive sur les appareils électriques dans les meilleurs<br />

délais.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 46


Mesures dites existantes<br />

2.3. La réduction des pointes de la courbe de charge, par la diffusion du tarif TEMPO et les<br />

actions de MDE dans le cadre de l'accord ADEME/EDF :<br />

Feu rouge<br />

Le 3 e accord ADEME-EDF (2000-<strong>2002</strong>), signé en juin 2000, inclut des actions sectorielles dans le<br />

domaine de la MDE. Une enveloppe de 30 MF/an a été attribuée aux actions de MDE, mais presque<br />

rien n’a été consommé sur cette enveloppe, en particulier parce que le décret MDE n’est toujours pas<br />

sorti (il a déjà deux ans de retard). Pratiquement aucun investissement n’a été fait en MDE depuis<br />

2000, sauf sur les fonds propres des collectivités territoriales.<br />

2.5. La correction des effets pervers de la péréquation tarifaire concernant les DOM/TOM, la<br />

Corse et les zones rurales métropolitaines à faible densité, notamment par la mise en place d'une<br />

tranche spécifique MDE/ENR du FACE<br />

Feu orange<br />

En vigueur avec des difficultés d’application.<br />

Dans le cadre du Fonds d’amortissement des charges d’électrification (FACE), une tranche spécifique<br />

MDE/ENR a été ouverte depuis 1995. Un certain nombre de blocages ont accentué les réticences des<br />

collectivités et limité l’application de cette mesure : vide juridique (impossibilité de financer par des<br />

fonds publics des installations après compteur électrique) ; interprétation stricte de l’éligibilité (seuls<br />

les tronçons avec des chutes de tension ont été pris en compte ; aucune opération d’anticipation n’a pu<br />

être lancée) ; pénurie de professionnels de la MDE ; méconnaissance des gisements de MDE ;<br />

efficacité des opérations jugée aléatoire par rapport à du renforcement de ligne ; méthodes considérées<br />

comme insuffisamment testées.<br />

Une enveloppe maximale de 100 MF/an a été attribuée aux actions de MDE et ENR, mais le montant<br />

accepté pour la MDE n’a jamais dépassé 10 MF et est aujourd’hui au point mort, faute d’incitation<br />

financière pour les collectivités qui font de la MDE. En particulier, un arrêt du Conseil d’Etat empêche<br />

la récupération de la TVA sur les équipements installés chez les clients.<br />

La participation du FACE reste un outil intéressant puisqu’il s’agit d’impliquer les principaux acteurs<br />

et les collectivités locales, et qu’il reste des domaines d’expérimentation (sociologie, mesures<br />

physiques, etc.). Sans doute faut-il donner une plus grande latitude de dépense à des responsables<br />

régionaux ou locaux, surtout pour des opérations plus « standard ». Ceci dépend du pouvoir politique.<br />

2.6. La réglementation européenne sur la performance énergétique des équipements<br />

électroménagers :<br />

Feu orange<br />

Partiellement en vigueur<br />

La directive cadre 92/75/EC sur l’affichage des consommations des appareils électroménagers s’est<br />

enrichie de deux directives d’application :<br />

- Directive <strong>2002</strong>/31/EC du 22 mars <strong>2002</strong> sur l’affichage des consommations des appareils d’air<br />

conditionné.<br />

- Directive <strong>2002</strong>/40/EC du 8 mai <strong>2002</strong> sur l’affichage des consommations des fours électriques.<br />

A ce jour, ces directives n’ont pas encore été traduites en droit<br />

Désormais la directive 92/75/EC couvre l’affichage des consommations des appareils suivants :<br />

• réfrigérateurs,<br />

• congélateurs<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 47


• lave-linge<br />

• sèche-linge<br />

• lavante-séchante<br />

• lave-vaisselle<br />

• sources lumineuses<br />

• fours électriques<br />

• appareil d’air conditionné (usage domestique)<br />

La directive introduisant l’affichage des consommations des chauffe-eau se fait attendre.<br />

Le lancement des étiquettes pour les fours électriques et les appareils d’air conditionné sera-t-il<br />

soutenu par les autorités et par l’ADEME ? Accompagner la profession et notamment la grande<br />

distribution dans ce lancement semble encore plus aujourd’hui opportun (Cf. mesure 2.2.1)<br />

Cependant l’étiquette européenne a subi un certain nombre d’assauts au cours de l’année écoulée,<br />

victime de son succès à transformer les marchés des biens d’équipement. 22<br />

L’étiquette européenne est désormais reconnue au niveau international comme un des rares succès de<br />

la politique d’efficacité énergétique en Europe. Il convient non seulement de ne pas modifier un outil<br />

qui fonctionne, mais au contraire, de le renforcer. Par exemple, il est dommage que la France n’ait pas<br />

adopté la directive 99/94/EC sur l’affichage des consommations des automobiles dans les mêmes<br />

termes que ses voisins Belges, Suisses, Néerlandais ou Danois. Dans ces pays, le format de l’affichage<br />

des consommations pour les automobiles est similaire à celui pour les appareils électroménagers. Une<br />

échelle colorée et graduée de A à G indique la performance énergétique de l’automobile.<br />

La France doit amplifier ses efforts pour que les recommandations sur l’étude COLD II soient<br />

adoptées au niveau européen à la fois pour re- ventiler les catégories A à G pour les appareils de froid<br />

domestiques ainsi que pour relever le seuil de performance énergétique minimale de ces appareils.<br />

Par ailleurs, la France doit chercher à étendre à d’autres familles d’appareils électriques le principe<br />

d’un affichage systématique de la consommation d’énergie par le biais d’une étiquette de A à G.<br />

Certains équipements bruns, tels les téléviseurs, et de nombreux équipements du secteur tertiaire sont<br />

d’excellents candidats à un tel système d’affichage des consommations.<br />

22 En effet, il semble que dans les principaux pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Pays Scandinaves), les<br />

appareils de froid (réfrigérateurs, congélateurs et combinés) les appareils des catégories A et B représentent<br />

aujourd’hui 80 voire 90% des marchés nationaux. La France ne semble pas s’être donnée les moyens pour<br />

connaître précisément l’état de son marché ce qui ne la met pas en situation optimale dans les négociations<br />

européennes.<br />

Le regroupement des appareils de froid dans les seules catégories A et B posent problème : le consommateur n’a<br />

plus la possibilité d’identifier et d’acquérir les appareils les plus performants.<br />

Une proposition pour re-positionner l’échelle A à G des appareils de froid domestiques a été élaborée dans le<br />

cadre d’un excellent projet « COLD II », coordonné par l’ADEME et financé par le programme SAVE. Le projet<br />

COLD II proposait également un nouveau seuil de performance minimal dans le cadre de la mise à niveau de la<br />

directive 96/57/EC.<br />

Le projet Energy + du programme SAVE a, quant à lui, permis de récompenser par un label « Energy + » les<br />

appareils labellisé « A » parmi les plus efficaces.<br />

Les industriels européens de l’électroménager, regroupés au sein de leur organisation CECED, ont au cours de<br />

l’année passée soumis à la Commission Européenne un projet d’accord volontaire. Ils s’engagent à<br />

progressivement pousser la moyenne des appareils mis sur le marché au niveau de la catégorie actuelle « A » et<br />

demande l’introduction de deux catégories supplémentaires A+ et A++ sur l’étiquette.<br />

Plusieurs gouvernements et en particulier celui des Pays-Bas ont fortement soutenu cette proposition.<br />

Les autorités françaises ont défendu fort heureusement le maintien du format actuel de l’étiquette « A à G ». En<br />

effet, il est à craindre que l’introduction de catégorie A+ et A++ pour un seul groupe d’appareils est de nature à<br />

troubler le consommateur : dans le cas précis des réfrigérateurs et congélateurs, les appareils qui seraient classés<br />

seulement « A » seraient en réalité les moins performants du marché !<br />

Le compromis trouvé à Bruxelles - maintien du format A à G, mais introduction d’un logo A+ et A++ pour les<br />

appareils les plus performants- n’est pas satisfaisant. Il présente le risque de perturber le message simple qui<br />

s’impose progressivement dans les pratiques d’une ventilation en 7 catégories des performances énergétiques des<br />

appareils consommant de l’énergie.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 48


Plus les appareils seront couverts par un affichage des consommations de A à G, moins il sera difficile<br />

d’organiser une TVA réduite pour les appareils les plus performants, donc ceux de catégories « A ».<br />

(cf. mesure E 2.6.2 ci-après)<br />

Enfin, la France pourrait introduire l’obligation de l’affichage de la catégorie de performance<br />

énergétique sur tout support publicitaire ou commercial présentant un appareil couvert par la directive<br />

cadre 92/75/EC. L’application de l’étiquette sur de tels supports est en effet largement inégale.<br />

Le « feu orange » de 2001 est maintenu sur cette mesure mais tend actuellement vers le rouge si l’on<br />

compare la France à ses partenaires européens plus avancés.<br />

Mesures nouvelles<br />

E.2.1. Promotion d’une réglementation européenne pour l’amélioration de l’efficacité énergétique des<br />

appareils électriques proposés à la vente :<br />

Feu rouge<br />

Alors qu’un premier projet de directive cadre pour introduire des seuils des performances énergétiques<br />

minimales sur les appareils consommant de l’énergie (Project de directive EER de la DG TREN,<br />

EER= Energy Efficiency Requirement) avait déjà fait l’objet d’une consultation et d’un compromis<br />

encourageant entre les parties au mois d’avril <strong>2002</strong>, la Commission a récemment décidé de fusionner<br />

cette directive avec une autre directive en préparation par la DG ENT sur l’éco-design des<br />

équipements électriques.<br />

La situation actuelle n’est pas encourageante et l’Union Européenne semble s’éloigner d’une directive<br />

capable de générer les réductions de gaz à effet serre qui soient larges, prévisibles, durables,<br />

quantifiables et surtout à coût négatif pour la société. En effet, introduire des seuils de performances<br />

minimales à des niveaux définis par des analyses en coût global et établis au niveau du minimum de<br />

celui-ci, est une garantie que les économies d’énergie générées ainsi que les réductions des émissions<br />

de GES associées sont obtenues avec un bénéfice économique pour le consommateur. L’appareil plus<br />

performant sera éventuellement un peu plus cher à l’achat. Mais les économies d’énergie et leur<br />

traduction sur la facture compensent largement ce surcoût sur la durée de vie de l’appareil en question.<br />

L’Union Européenne est le seul pays ou groupe de pays au sein de l’OCDE à ne pas bénéficier d’une<br />

réglementation des consommations des appareils électriques. L’approche réglementaire pour interdire<br />

du marché les appareils les plus consommateurs est considéré au niveau international comme une des<br />

meilleures pratiques dans les politiques d’efficacité énergétique. Les puissances économiques<br />

majeures et émergentes comme la Chine et le Brésil se sont dotés dans le courant de l’année <strong>2002</strong> d’un<br />

tel outil réglementaire. Non seulement dans le cadre de leur effort de lutte contre le changement<br />

climatique, mais également pour engager et maintenir leurs industries dans la compétition<br />

internationale qui s’oriente nécessairement vers des produits toujours plus sobres en énergie.<br />

L’industrie Européenne, si prompte à ralentir les efforts de la Commission dans la mise en place des<br />

directives sur l’efficacité énergétique, n’a rien à gagner si demain les réfrigérateurs, les moteurs et<br />

autres ampoules électriques les plus performants dans leur consommation d’énergie seront fabriqués<br />

en Chine ou en Amérique Latine. Combien de temps faudra-t-il pour qu’un tel message soit perçu et<br />

compris par les responsables nationaux et européens en charge de ces programmes ?<br />

E.2.2. Information et formation pour la promotion d’appareils performants :<br />

E.2.2.1. Formation des professionnels :<br />

Feu rouge<br />

Les mesures de formation vis à vis du secteur privé, et notamment ciblant les vendeurs ou les groupes<br />

de la distribution patinent actuellement. Alors qu’il s’agissait d’une des mesures les plus originales et<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 49


éussies lors des lancements de l’étiquetage, le discours des entreprises depuis un an semble se<br />

concentrer sur des notions plus désincarnées de « développement durable ».<br />

Concernant la RT2000, l’ADEME et la DGUHC ont lancé et cofinancent en <strong>2002</strong> un cycle<br />

d’information/formation avec la CAPEB (artisanat) et la FFB. Ce cycle comprend la confection<br />

d’outils spécifiques, et l’organisation de cycles de information /formation sur cette nouvelle<br />

réglementation.<br />

Parallèlement, l’activité de l’ADEME sur les formations sur l’énergie et son usage rationnel ciblant les<br />

professionnels (bureaux d’études, installateurs, etc.) disparaît complètement des priorités de l’Agence,<br />

pour des « raisons budgétaires », alors que les outils de formation existent et ont fait leur preuve<br />

courant 2001.<br />

La stagnation des programmes de formation et la régression dans les discours valent à cette mesure le<br />

E.2.2.2. L’information des usagers<br />

Feu orange<br />

Dans le cadre du Programme National d’Amélioration de l’Efficacité Energétique (PNA2E),<br />

l’ADEME a mis en place un réseau d’information de proximité, les « Espaces Infos Energies »<br />

(EIE),en partenariat avec des collectivités locales, des associations et des organisations<br />

professionnelles. Elle est chargée d’animer le réseau des EIE et de participer à leur financement sous<br />

forme d’un conventionnement de 100kF/personne (ou équivalent personne)/an. L’objectif affiché était<br />

d’implanter 250 équivalents temps pleins sur toute la France pour fin <strong>2002</strong>, et est maintenu pour 2003.<br />

En septembre <strong>2002</strong>, les EIE étaient au nombre de 180 équivalents temps pleins. L’activité des EIE est<br />

centrée sur l’information grand public dans les domaines de l’utilisation rationnelle de l’énergie et les<br />

énergies renouvelables. Les informations, renseignements, conseils (téléphoniques ou sur rendez-vous)<br />

sont dispensés gratuitement.<br />

L’ADEME a également lancé en juin 2001 une campagne nationale d’information grand public sur la<br />

maîtrise de l’énergie. Un budget de 30 MF a été alloué à cette campagne. Le plan média inclut la<br />

télévision et la radio, un événement de lancement et une émission de télévision, des opérations terrain,<br />

des relations presse. Un certain nombre de supports seront mis à disposition : un n° azur, des guides<br />

pratiques, des logiciels (ex : ELDA base de données des équipements électroménagers performants).<br />

Cf. le chapitre Secteurs niveaux territoriaux, mesures transversales, gouvernance, mesure "information<br />

et formation".<br />

E.2.3. Introduction dans la réglementation thermique d’exigences relatives aux équipements liés<br />

aux usages spécifiques de l’électricité :<br />

Feu orange<br />

En principe, la nouvelle réglementation thermique (RT2000) pour les bureaux (Juin 2001) intègre la<br />

consommation électrique ainsi que des mesures plus normatives telles que l’obligation d’une<br />

régulation de l’éclairage au niveau des immeubles mais aussi des bureaux. Cela devrait éviter les<br />

situations les plus absurdes d’interrupteurs ou de réglage lumineux en « tout ou rien ». Cependant, le<br />

développement de l’éclairage performant dépend actuellement surtout du bon vouloir des prescripteurs<br />

ou des constructeurs alors que ces mesures sont très rentables pour le consommateur ou son<br />

gestionnaire.<br />

Pour les bureaux, le cadre de la RT2000 pourrait permettre une approche globale incluant les<br />

équipements les plus performants, alors que par ailleurs la nouvelle norme est peu contraignante pour<br />

les constructions neuves. On peut donc souhaiter l’accélération de la mise en œuvre de la prochaine<br />

génération de normes qui intégreront, pourquoi pas, la photocopieuse, les imprimantes, les ordinateurs,<br />

en plus des ventilations mécaniques et des ballasts électroniques d’éclairage.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 50


Cependant, on peut noter que la RT2000avait été annoncée à la tribune de l’UNFCCC dès 1995 par<br />

Michel Barnier alors Ministre de l’Environnement. Difficile de donner alors un feu vert pour une<br />

mesure ayant pris autant de retard, et de plus encore aussi faible.<br />

E.2.4. <strong>Action</strong>s sur le patrimoine de certains maîtres d’ouvrage:<br />

feu orange<br />

Une 3 ème étude sur la consommation énergétique des Bâtiments de l’Etat est en cours. Elle devrait être<br />

finalisée début 2003. Concernant le bureau du verdissement, ou d’éco-responsabilité de<br />

l’administration, il a récemment confectionner les outils pour une formation sur les achats verts, qui<br />

est disponible pour les services de l’Etat.<br />

Cf. chapitre Bâtiments, mesures dites existantes, <strong>Action</strong>s concernant les bâtiments de l’Etat.<br />

E.2.5. Travaux dans les bâtiments existants :<br />

feux orange<br />

Il est difficile ici de considérer si l’action de l’Etat ou de la MIES, à travers les aides à la décision<br />

proposées par l’ADEME, a permis la rénovation de bâtiments et donc économisé sur les émissions de<br />

gaz à effet de serre. Le taux annuel de rénovations dans le bâtiment avoisine les 10% chaque année,<br />

mais aucun exemple explicite, à notre connaissance, ne s’est réalisé avec l’objectif premier de limiter<br />

les émissions de gaz. C’est la raison pour laquelle l’ADEME a l’intention de lancer en 2003 une<br />

première phase d’enquête de terrain pour évaluer l’impact de sa politique d’aides à la décision.<br />

Cf. chapitre n°5, Bâtiments, mesures dites existantes, les incitations aux travaux de maîtrise .<br />

E.2.6. Mesures fiscales<br />

Feu rouge<br />

E.2.6.1. Écotaxe :<br />

Mesure non appliquée.<br />

E.2.6.2. Taux réduit de TVA :<br />

Pas appliquée<br />

Toujours pas de projet de directive TVA à taux réduit pour les appareils économes.<br />

Le gouvernement anglais propose d’introduire une TVA réduite sur une longue liste d’appareils et de<br />

systèmes permettant des économies d’énergie ou l’utilisation d’énergie renouvelable.<br />

La France sera-t-elle lui emboîter le pas ?<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 51


Mesures du secteur gaz frigorigènes (chapitre 9)<br />

Sylvain GODINOT (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong> France)<br />

Résumé:<br />

Evolutions réglementaires contradictoires : un renforcement législatif miné par des exemptions sur les<br />

secteurs clés.<br />

Evolution réglementaire<br />

Le principal texte réglementaire, le décret du 7 décembre 1992, est en cours de modification pour<br />

intégrer les nouvelles exigences liées au règlement CE 2037/2000. Sa <strong>version</strong> actuelle (au 12 11<br />

2001 23 ) :<br />

- intègre la climatisation automobile,<br />

- supprime l’exemption de récupération des équipements contenant moins de 2 kg de fluides,<br />

- interdit la vente ou cession de fluides à des opérateurs non inscrits en préfecture,<br />

- impose la reprise des fluides collectés par les producteurs, et leur traitement ou destruction dans des<br />

installations autorisées,<br />

- impose aux producteurs et importateurs de passer des conventions mettant en œuvre des filières de<br />

collecte et traitement<br />

- maintient le seuil de 2kg pour le contrôle d’étanchéité annuel<br />

- impose a tout opérateur une vérification de sa capacité professionnelle par un organisme accrédité<br />

COFRAC dès le 1 er juillet 2004,<br />

- impose aux opérateurs intervenant sur la climatisation automobile de fournir annuellement les<br />

quantités de fluide introduites dans les systèmes, et celles récupérées pour destruction ou recyclage,<br />

Par ailleurs, l’usage de HCFC dans la climatisation fixe est interdit depuis juillet <strong>2002</strong>, et la<br />

destruction des CFC est obligatoire dans les équipements en fin de vie depuis janvier <strong>2002</strong>. 24<br />

Mais non application….<br />

La campagne de contrôles 2001 montre que même les installations moyennes sont plus de la moitié à<br />

ne pas respecter la réglementation, et ce malgré une annonce par avance des contrôles par les DRIRE<br />

qui a permis de nombreuses mises en conformité.<br />

La situation est bien pire pour les petits équipements. Près de 2 ans après la date limite, la filière de<br />

récupération des fluides des réfrigérateurs est très faible et en recul ; il est vrai que les émissions de<br />

CFC ne sont pas comptabilisées dans le <strong>PNLCC</strong>, malgré leur PRG supérieur à celui des HFC.<br />

Le secteur le plus inquiétant reste la climatisation automobile, tant pour son taux de croissance<br />

(première source devant le froid commercial avec 38% des émissions de HFC en équivalent CO2 pour<br />

2000, soit 11% des émissions tous frigorigènes confondus 25 ) que par sa capacité à contourner la<br />

réglementation actuelle. Diverses exemptions ont été proposées en raison du grand nombre<br />

d’opérateurs : exemption sur la vérification des fuites au contrôle technique, non récupération des<br />

fluides à la casse du véhicule, enregistrement en préfecture des intervenants climatisation en<br />

discussion, possibilité de recharger le circuit sans réparer les fuites…<br />

Les mesures à prendre : Le gouvernement français doit préparer avec ses partenaires de l’Union une<br />

directive contraignante sur la consommation des véhicules intégrant la climatisation. Il faut placer la<br />

climatisation automobile au même régime que le secteur du froid en général (pas d'exemptions<br />

réglementaires, mêmes contrôles, etc.)<br />

Mesures dites existantes<br />

23 note de la DPPR du MATE du 02 11 2001 pour la réunion du CNF du 12 11 2001<br />

24 lettre ADEME N°82 mars avril <strong>2002</strong> : fluides frigorigènes, la réglementation se renforce<br />

25 MAD l’outil froid, N°44, septembre <strong>2002</strong> p46 ; selon une étude du CENERg, 837 tonnes de fluides ont été<br />

injectées dans les climatisations automobile pour la maintenance et 2045 pour les circuits neufs. (p 56)<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 52


Décret du 7 décembre 1992 sur les obligations en matière d’étanchéité sur les équipements<br />

frigorifiques:<br />

Feu rouge<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : Arrêté du 16 juillet 1997 relatif à la récupération de certains fluide frigorigènes<br />

utilisés dans les équipements frigorifiques (publié au journal officiel du 4 mars 1993) et modifications<br />

apportées par l'arrêté du 12 janvier 2000<br />

L'application du décret reste problématique. La profession elle même réclame un renforcement des<br />

contrôles, qui devraient être effectués par les DRIRE.<br />

En l’absence de suivi régulier, les pratiques qui sont condamnées dans ces réglementations existantes<br />

(dégazage à l’air libre, non réparation des fuites) ont tout lieu de se poursuivre.<br />

Cf. mesure 3.1.<br />

Pas de changement donc par rapport à 2001.<br />

Mesures nouvelles<br />

F.3.1. Renforcement des contrôles<br />

Feu vert<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : Cette mesure vise à vérifier le respect des lois existantes, et donc à éviter le<br />

dégazage, l’utilisation de frigorigènes prohibés, et à imposer une maintenance annuelle assurée par<br />

des professionnels certifiés.<br />

Dans le cadre du programme Eurozone 26 , qui vise le respect de la réglementation sur la couche<br />

d’ozone, une campagne de contrôles a été effectuée par le DRIRE de mars à octobre 2001. Elle a<br />

concerné les DRIRE d’Aquitaine, Ile de France, Nord pas de Calais, Pays de la Loire, Rhône Alpes et<br />

le service technique de la préfecture de Paris. 69 sites ont été contrôlés, soit 242 installations. Activités<br />

concernées : entrepôts frigorifiques, supermarchés, industries agroalimentaires ; principaux fluides :<br />

HCFC, 8% CFC. Majorité des intervenants inscrits en préfecture, essentiellement des installations de –<br />

de 500 kg. 60 % des installations étaient soumises à autorisation (P>500 kW). Si la plupart étaient bien<br />

inscrites en préfecture, la majeure partie ne disposait pas de contrat d’entretien pour son circuit, ne<br />

pouvait justifier d’un contrôle d’étanchéité annuel ou produire les fiches d’intervention sur les circuits.<br />

Beaucoup de contrôles d’étanchéité ont été effectués entre l’annonce de la campagne et le passage des<br />

DRIRE, ce qui montre l’intérêt de la démarche. Certaines installations rechargeaient toujours en CFC,<br />

ce qui est interdit depuis janvier 2001. La campagne étant dite de sensibilisation, seule une installation<br />

a été sanctionnée, les autres ayant un délai pour mise en conformité. 27 La campagne doit se poursuivre<br />

en <strong>2002</strong>, avec plus de sanctions sur les fuites et une attention au trafic international.<br />

F.3.2. Obligation de contrôle des équipements de climatisation automobile<br />

Feu rouge<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : Les conditions techniques et économiques de la mise en place d’un contrôle<br />

d’étanchéité de l’installation de climatisation seront étudiées.<br />

Pas de projet de règlement identifié, blocage du Ministère des Transports sur l’introduction d’un<br />

contrôle d’étanchéité lors du contrôle technique.<br />

26 Programme qui regroupe la plupart des pays européens pour mettre en réseau les services responsables de<br />

l’application de la réglementation sur l’ozone. 1ere conférence en mai 2000, campagne de contrôle en 2001. La<br />

France a fait 70 controles sur 300 au total. www.cleen-europe.org<br />

27 Rapport du MATE, « résultats de la campagne d’inspection 2001 des installations contenant des CFC, HCFC<br />

et HFC, 5p, http://www.environnement.gouv.fr/dossiers/produits-a-risques/20010221-cfc-hfc-campagneinspection.htm<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 53


Il existe seulement un groupe de travail entre les Ministères et la profession.<br />

F.3.3. Travaux de normalisation<br />

Feu vert<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : Il s’agit d’élaborer des normes pour les appareils de détection de fuites, les<br />

méthodes de détection de ces fuites et les composants des appareils frigorifiques et des équipements de<br />

climatisation automobile.<br />

L’arrêté de mise en application du décret de juin 1998 a été publié en janvier 2000. 28<br />

Le CENERG des Mines de Paris a étudié 3 appareils de détection de fuites en <strong>2002</strong> ; l’un d'entre eux<br />

était de sensibilité inférieure au seuil réglementaire. 29 Un test d’étalonnage sur site reste à mettre au<br />

point.<br />

La commission européenne de normalisation a rédigé un projet sur les performances des détecteurs de<br />

fuites pour les halogénés 30 .<br />

Le CETIM a poursuivi la mise au point de méthodes d’analyse de l’étanchéité des composants.<br />

L’auteur a découvert de nombreux composants rapidement défectueux et conclut : « Ils illustrent la<br />

nécessité et l’importance de la mise au point de normes de qualification pouvant servir de référence<br />

aux industriels souhaitant choisir des composants fiables en termes d’étanchéité ». 31<br />

F.3.4. <strong>Action</strong>s en faveur de la récupération des fluides :<br />

Feu rouge<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : Les études en cours concernant les différentes mesures à mettre en place pour<br />

développer une filière de récupération des fluides usagés seront poursuivies activement en vue de<br />

proposer des actions concrètes.<br />

Rien de neuf.<br />

“ Des directives sont en cours de discussion concernant les véhicules en fin de vie. Les centres de<br />

recyclage de véhicules en destruction devront à terme être équipés d’installations de récupération. ” 32<br />

En 2001, 228 tonnes de fluides ont été récupérées, à comparer aux de 10.000 tonnes utilisées en<br />

2000. 33<br />

Les fluides de climatisation auto ne sont pas récupérés lors de la destruction du véhicule,<br />

contrairement à la directive européenne 2000/53/CE sur les véhicules hors d’usage, non traduite en<br />

droit français malgré le dépassement de la date limite du 21 avril <strong>2002</strong>. Cette obligation de plus été<br />

supprimée de la fiche Qualicert « actions de dépollution » calquée sur la directive, et qui sert de<br />

référentiel aux déconstructeurs. 34<br />

Pour les réfrigérateurs, « les entreprises privées sollicitées pour dépolluer les appareils ne<br />

s’intéressent pas aux mousses isolantes » 35 qui contiennent environ 3 fois plus de fluide que le circuit<br />

de froid. Quant à celui ci, il est généralement percé lors de la manutention du particulier au centre de<br />

traitement, étant jeté en vrac dans les bennes à ferrailles des déchetteries. Enfin, certaines villes<br />

28<br />

Cet arrêté indique que la sensibilité minimale des détecteurs de fuite doit être de 5 g/an et celle des contrôleurs<br />

d’ambiance de 10 ppm. La norme française E 35-422 [AFN99] a été publiée en novembre 1999 et est proposée<br />

pour devenir une norme européenne.<br />

29<br />

MAD l’outil froid, N°44, septembre <strong>2002</strong>, p.48<br />

30<br />

Revue Pratique du Froid, N°902 (mars <strong>2002</strong>), p.10<br />

31<br />

actes du colloque « fluides frigorigènes et environnement : actions en faveur du <strong>PNLCC</strong> » p77<br />

32<br />

source 27-11-2000 - MAD 26 Gérard Voisin<br />

33<br />

Revue Pratique du Froid, N°904 (mai <strong>2002</strong>), p.11<br />

34<br />

MAD l’outil froid, N°44, septembre <strong>2002</strong>, p56<br />

35<br />

ibid p57<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 54


(Marseille) n’ont ni service de récupération, ni même de piste de rechange. Ce gisement est estimé à 2<br />

Mteq CO2.<br />

F.3.5. Formation et qualification des entreprises intervenant sur les équipements frigorifiques et<br />

de climatisation<br />

Feu orange<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : renforcer les conditions de qualification requises pour pouvoir intervenir sur les<br />

équipements contenant des fluides frigorigènes. Le décret du 7 décembre 1992 oblige les entreprises<br />

intervenantes à obtenir un agrément préfectoral. Cet agrément pourrait être subordonné à une<br />

certification de l’entreprise par un organisme à la suite d’un audit permettant d’évaluer les<br />

qualifications de son personnel à la manipulation des équipements, l’audit étant renouvelé<br />

périodiquement et pouvant donner lieu au retrait de l’agrément préfectoral.<br />

Suite à la révision du décret européen 2037/2000 , “les Etats membres doivent définir un niveau de<br />

qualification minimale requis du personnel susceptible de manipuler un des fluides réglementés”. Ce<br />

dossier est suivi par la DIGITIP du MINEFI, sous direction équipements, machines et services<br />

industriels. Des réunions de consultation avec les professionnels ont eu lieu 36 Le ministère est en train<br />

de définir un référentiel de formation.<br />

Information :<br />

Une brochure froid et environnement a été imprimée par l’ADEME à 40.000 exemplaires, elle est<br />

diffusée par les syndicats professionnels, les CCI et les missions concernées. Elle est destinée aux<br />

utilisateurs de froid pour la bonne utilisation des systèmes. 37 L’AFF a organisé une conférence sur les<br />

alternatives au HCFC R-22 lors du salon Interclima <strong>2002</strong>. 38<br />

Formation :<br />

Un centre de formation, le CFI des Richardets, s’est équipé d’un banc à ammoniac. 39<br />

La SNEFCCA a organisé une sensibilisation des techniciens territoriaux sur la destruction et/ou<br />

recyclage des HCFC et CFC 40 . Le centre de formation technique de réfrigération et neige (CFTRN) a<br />

donné un stage sur le transfert et la récupération des fluides frigorigènes. 41 , le COSTIC sur la<br />

récupération des CFC 42 , une autre sur la réglementation 43 …<br />

F.3.6. Mesures fiscales :<br />

Feu rouge<br />

Objectif du <strong>PNLCC</strong> : L’étude d’une taxe sur les gaz fluorés sera effectuée en vue de la lutte contre<br />

l’effet de serre. Parmi les conditions d’application, on envisagera notamment la possibilité de la<br />

taxation à la sortie des usines de fabrication et l’opportunité d’une mise en place conjointe au niveau<br />

européen<br />

Abandonnée au niveau français et européen (réunion MEDD sept <strong>2002</strong>), suite à l’évaluation de l’école<br />

des mines de Paris l’ayant jugée inefficace 44 .<br />

36<br />

note du MINEFI, DIGITIP, « la formation » 2001, recue par le CNF du 12 novembre 2001<br />

37<br />

compte rendu du conseil national du froid du 12 nov. 2001<br />

38<br />

Revue Pratique du Froid, N°900 (janvier <strong>2002</strong>), p.27<br />

39<br />

Revue Pratique du Froid, N°904 (mai <strong>2002</strong>), p.14<br />

40<br />

Revue Pratique du Froid, N°906 (juillet aout <strong>2002</strong>), p.9<br />

41<br />

ibid p.53<br />

42<br />

Revue Pratique du Froid, N°902 (mars <strong>2002</strong>) p.82<br />

43<br />

Revue Pratique du Froid, N°900 (janvier <strong>2002</strong>) p.77<br />

44<br />

Etude commandée au CENERG pour le MATE: “ CLODIC, AMI, POUGIN- impact d’une taxe sur les<br />

émissions de fluides frigorigènes HFC. Mai 1999. ”<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 55


F.3.7. Recherche et développement<br />

Feu vert<br />

La partie de la recherche prévue par le <strong>PNLCC</strong> concernant « l’évolution vers d’autres fluides et<br />

d’autres procédés » est en progrès. Différents travaux s’intéressent à la recherche de fluides à faible<br />

pouvoir de réchauffement global 45 , pour remplacer les gaz frigorigènes habituels de la climatisation<br />

automobile ou des pompes à chaleur. Les travaux du CENERG de l’Ecole des Mines de Paris en sont<br />

un exemple. Le programme de l’ADEME semble par contre toujours « timide ».<br />

Il faut, par contre, développer plus amplement les recherches sur l’amélioration et la revalorisation des<br />

fluides.<br />

45 Les nouveaux fluides auraient un PRG environ dix fois inférieurs aux anciens.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 56


Mesures des secteurs niveaux territoriaux, mesures<br />

transversales, gouvernance (chapitres 10, 11 et 12)<br />

Sébastien Godinot (Les Amis de la Terre)<br />

Olivier Louchard, Sylvain Godinot, Sabine Rabourdin, Raphaëlle Gauthier (<strong>Réseau</strong> <strong>Action</strong> <strong>Climat</strong>-<br />

France)<br />

Résumé:<br />

Il faut noter tout d’abord que la 3e communication nationale ne chiffre pas de réduction pour ce<br />

chapitre, ce qui n’incite pas à une action forte.<br />

Au niveau territorial, on constate une appropriation du sujet climatique par les villes, malgré une faible<br />

action gouvernementale en leur direction. Au niveau européen, la France montre des réticences pour<br />

voter des mesures efficaces notamment en ce qui concerne l’écotaxe européenne ou la directive<br />

permis. Sur le plan international, la participation de la France dans l’aide au développement des pays<br />

du Sud favorise toujours en priorité des projets à haute densité énergétique utilisant des carburants<br />

fossiles et contraires aux exigences de la lutte contre l’effet de serre.<br />

Des améliorations bien que trop faibles sont évidentes en ce qui concerne l’information et la<br />

communication, en particulier grâce à l’ADEME et les espaces info énergie, dont le budget revêt<br />

pourtant un avenir maussade. La recherche reste de bon niveau, mais s’ouvre peu aux aspects sociaux<br />

du changement climatique.<br />

Malgré un développement du suivi des émissions, les outils de gouvernance du <strong>PNLCC</strong> tardent<br />

toujours à se mettre en place efficacement, notamment en ce qui concerne l’évaluation et le suivi des<br />

mesures, et l’annonce de la révision du <strong>PNLCC</strong> suscite plus de crainte que d’espoir.<br />

La mesure à prendre : Impliquer les régions dans la lutte contre le changement climatique par le biais<br />

de l’évaluation à mi mandat des CPER, en y associant localement la population.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 57


1. L’Europe<br />

Feu orange<br />

Les différents niveaux territoriaux (Chapitre 10)<br />

Dans le cadre de la discussion et l’élaboration du programme européen sur le changement climatique<br />

(PECC) 46 , initié en 2000, la France ne se distingue pas particulièrement des autres Etats membres<br />

concernant sa participation aux différents groupes de travail constitués pour rédiger le premier rapport<br />

de juin 2001.Cependant, elle ne se caractérise pas non plus par sa volonté de pousser les initiatives<br />

européennes pro-climatiques sur des dossiers comme le projet de directive sur l’établissement d’un<br />

marché européen de quotas négociables, ni pour réduire les distorsions de concurrence entre énergies<br />

en internalisant les coûts sociaux et environnementaux, ni d’ailleurs, pour faire avancer le dossier<br />

communautaire sur l’écotaxe, dossier où elle s’est dernièrement ralliée au groupe d’Etats membres qui<br />

bloque toute avancée dudit dossier.<br />

2. L’ancrage territorial<br />

Feu orange<br />

Les outils d’aménagement du territoire : Contrats de plan État Régions et Schémas de service<br />

collectifs<br />

L’année <strong>2002</strong> est plutôt une année de transition : l’annonce de la loi de décentralisation du Premier<br />

Ministre met en veilleuse les outils actuels. Cependant, même avant cette annonce, il faut constater<br />

que les schémas de service sont peu évoqués dans la lutte contre le changement climatique, malgré<br />

leur intérêt de vision à moyen terme.<br />

Quant aux contrats de plan, l’année 2003 sera l’occasion de faire le point de mi parcours sur<br />

l’avancement des projets et des dépenses. On pourra voir à ce moment si leur mise en œuvre suit des<br />

scénarios volontaristes, notamment en transports en commun, ferroviaire et énergies renouvelables, ou<br />

si on reste dans une logique de laisser faire.<br />

3. Les pays et les agglomérations<br />

Feu orange<br />

Un progrès est à noter par rapport à l’année précédente, avec la réalisation de 2 colloques co-organisés<br />

par les villes (Strasbourg, Paris), de nombreuses expositions liées au changement climatique lors<br />

d’évènements nationaux (en ville sans ma voiture, fête de la science).<br />

Mais il n’y a pas eu d’action notable pour mettre en relation ces villes. Le développement des réseaux<br />

de collectivités ( ICLEI, Energies Cités, <strong>Climat</strong>e Alliance) n’a pas été favorisé. Une personne a<br />

cependant été affectée à la MIES sur les collectivités locales.<br />

Les "1ères Assises internationales pour la maîtrise de l'effet de serre" à Strasbourg, organisées par le<br />

Conseil général du Bas-Rhin et le réseau IDEAL, du 03 au 06 octobre <strong>2002</strong>, comportaient notamment<br />

une conférence sur « la mobilisation des collectivites locales, nationales et internationales pour sauver<br />

le climat »<br />

Une déclaration d'engagement de lutte contre l'effet de serre, dite de Strasbourg, a été signée par 47<br />

élus, au terme des assises.<br />

46 Pour plus d’information sur ce programme européen : http://europa.eu.int/comm/environment/climat/eccp.htm<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 58


Dans cette déclaration, les élus reconnaissent entre autres "le rôle de premier plan" que doivent jouer<br />

les collectivités locales et territoriales dans la lutte pour la maîtrise de l'effet de serre, "en parallèle aux<br />

engagements nécessaires des Etats et aux efforts indispensables à consentir par le monde<br />

économique".<br />

Les élus "s'engagent à soutenir et favoriser toutes les mesures possibles pour réduire les émissions de<br />

gaz à effet de serre", en contribuant par exemple à l'information de la population et à la réalisation d'un<br />

état des lieux précis des gaz émis par les collectivités, ou en optimisant la gestion des déchets et de<br />

transports en commun plus respectueux de l'environnement.<br />

Les élus demandent à l'Etat de "soutenir" les collectivités dans leur démarche.<br />

Une pétition dans ce sens devrait être envoyée au Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin.<br />

http://www.association4d.org/actualite/declaration_strasbourg.html<br />

La mairie de Paris organise en novembre <strong>2002</strong> avec Amorce Energies Cités et l’ACCR un colloque sur<br />

la gestion des déchets et le changement climatique. www.acrr.org/events/Paris/Paris_Conference.pdf<br />

Elle a par ailleurs mis en place une « Commission extra-municipale environnement et développement<br />

durable (CEMEDD) » dont le quatrième groupe est chargé de faire le point sur ce que fait la mairie de<br />

Paris en matière de lutte contre le changement climatique.<br />

http://www.lesvertsparis.org/spip/article.php3?id_article=67<br />

Par ailleurs, des villes agissent au nom de la lutte contre le changement climatique de façon isolée :<br />

La ville de Lille, par exemple, va lancer une étude de faisabilité pour l’installation d’une chaufferie<br />

bois. L’utilisation d’une énergie renouvelable comme le bois s’inscrit dans une démarche de<br />

développement durable et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.<br />

http://ns3033.ovh.net/~lillenv/article_theme.php3?id_article=180<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 59


1. Information et formation<br />

Feu orange<br />

Mesures transversales (Chapitre 11)<br />

Une amélioration sensible de l’information du public a eu lieu cette année avec la montée en puissance<br />

des espaces info énergie, (EIE), structures souvent associatives ayant signé une convention avec<br />

l’ADEME pour informer le public de proximité. Ces conseillers disposent d’un réseau extranet pour<br />

échanger des informations et de formations dirigées par l’ADEME. Une campagne de promotion sur<br />

les radios et la presse régionale a démarré le 15 octobre <strong>2002</strong>.<br />

Cf. chapitre MDE, mesure E.2.2.2<br />

Par ailleurs, l’ADEME a mis en ligne des documents de diagnostic pour le particulier, comme en<br />

particulier une base de données sur les émissions de CO2 des véhicules. Elle a aussi réimprimé des<br />

plaquettes effet de serre. Au second semestre 2001, l’ADEME avait réalisé la campagne « préservez<br />

votre argent, préservez votre planète », qui incitait aux économies d’énergies et faisait le lien avec les<br />

gaz à effet de serre. Par contre, le site climat du Ministère de l’environnement et du développement<br />

durable se limite à une dizaine de pages, pour la plupart vieux de plusieurs années. Celui de la MIES a<br />

peu changé depuis l’année précédente, mais est régulièrement actualisé. Le guide des sites Internet du<br />

RAC-F, réalisé fin 2001, a recensé une centaine de sites Internet de tous types d’organismes sur le<br />

sujet, montrant un foisonnement de l’information.<br />

L’un des évènements marquants de l’année aura été la "Conférence de citoyens sur le changement<br />

climatique". 16 citoyens, sélectionnés par l'IFOP, ont interrogé en février <strong>2002</strong> un panel d'experts du<br />

changement climatique, pour rendre un avis de 11 pages, riche en recommandations. Ils ont<br />

unanimement souligné l'intérêt de cette démarche de débat public initiée par la Commission Française<br />

du Développement Durable. Ils ont insisté sur le manque d'information vers le grand public. Ils ont<br />

ainsi condamné les médias télévisés qui ne jouent pas leur rôle et la vision court terme des politiques.<br />

Ils ont demandé le lancement de campagnes d'information, le soutien aux associations.<br />

Si la prise de conscience progresse, ces initiatives positives sont loin d’avoir touchées une part<br />

décisive de la population. L’implication de celle-ci, par des conférences de citoyens par exemple, reste<br />

à mettre en œuvre à l’échelle locale.. De plus, les médias restent friands de remise en cause du<br />

phénomène de changement climatique, créant la confusion et sabotant les campagnes du<br />

gouvernement.<br />

4. Recherche et développement<br />

Feu orange<br />

Pas de changement radical par rapport à 2001 :<br />

- Recherche fondamentale et finalisée<br />

- Aspects scientifiques : les travaux "des centres de recherche français" sont reconnus sur la<br />

scène internationale. Le CITEPA réalise un suivi des émissions reconnu au même niveau.<br />

- Aspects socio-économiques : il manque un effort réel en sciences humaines dans le cadre de<br />

la problématique plus large du développement durable et de son appropriation par les<br />

décideurs et les citoyens.<br />

- Recherche et développement technologique<br />

Si le bilan est moins inquiétant que pour les sciences socio-économiques, il faudra quand même<br />

accentuer le travail sur les procédés économes et propres (alternatives à la climatisation, optimisation<br />

des rendements énergétiques.)<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 60


Les travaux sur le volet planétaire se poursuivent dans le cadre du programme « gestion et impacts du<br />

changement climatique » (GICC). Outre les trois thèmes préexistants (la scène des négociations<br />

internationales ; les stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ; l'évaluation,<br />

les impacts et les stratégies d'adaptation au risque climatique), un quatrième s'est ajouté, sur la<br />

séquestration du carbone.<br />

L'ADEME mène de son côté un programme de recherche technologique.<br />

3. La coopération Nord-Sud :<br />

Feu orange<br />

Si les recommandations et perspectives sont <strong>détaillée</strong>s et les engagements ambitieux, force est de<br />

constater que cette année encore, l’absence de chiffrage financier précis et suffisant fait peser de<br />

sérieux doutes sur leur mise en œuvre.<br />

La poursuite du financement par la France du Fonds pour l’Environnement mondial (FEM), dont la<br />

France est le quatrième contributeur, est positive. De même, la France a créé le Fonds Français pour<br />

l’Environnement Mondial (FFEM) comme outil bilatéral. Notons qu’en <strong>2002</strong>, la 3 ème reconstitution du<br />

FEM et la 2 ème du FFEM viennent à échéance : une nouvelle reconstitution est impérative en 2003<br />

pour les deux fonds, avec un effort financier supplémentaire qui semble indispensable au regard des<br />

engagements et des enjeux.<br />

Les politiques de la Banque mondiale, à laquelle la France contribue financièrement cinq fois plus<br />

qu’aux deux fonds précédents réunis, ne sont pas mentionnées dans le rapport. Combler cette lacune<br />

permettrait de mesurer le décalage entre les efforts consacrés d’un côté à lutter contre les gaz à effet de<br />

serre, et les moyens infiniment supérieurs investis de l’autre côté pour développer l’utilisation des<br />

énergies fossiles. Entre 1995 et 1999, la Banque a investi 5,95 milliards de dollars dans le secteur des<br />

énergies fossiles, soit cent fois plus que ce qui était alloué aux énergies renouvelables et mille fois plus<br />

que les décaissements du FEM pour lutter contre l’effet de serre. En plus faut-il souligner que la<br />

grande majorité des carburants fossiles extraits dans les pays du Sud grâce aux financements publics<br />

de la Banque sont exportés vers les pays du Nord, qui se sont pourtant engagés à réduire leur<br />

consommation. La contradiction est totale. Ainsi, dans le cas du projet d’exploitation pétrolière et<br />

d’oléoduc Tchad-Cameroun, la totalité du pétrole est exportée, alors que le manque d’énergie primaire<br />

au niveau local est criant, et constitue un obstacle majeur au développement. En <strong>2002</strong>, la Banque n’a<br />

toujours pas accepté de remettre en cause sa politique énergétique, et la France ne fait rien pour l’y<br />

inviter.<br />

La Banque mondiale n’est pas la seule banque de développement multilatérale à laquelle la France<br />

contribue. Les activités des autres banques de ce type et les orientations qu’y propose la France en<br />

matière de changement climatique doivent également être prises en compte par le rapport et analysées,<br />

notamment pour la Banque européenne d’Investissement, la Banque Européenne pour la<br />

Reconstruction et le Développement, et la Banque Africaine de Développement.<br />

Concernant l’Aide Publique au Développement (APD), les nécessaires recherches de « synergies et de<br />

complémentarités » évoquées entre le Mécanisme de Développement propre et l’APD ne sont<br />

absolument pas développées. Un travail urgent est à mener afin d’intégrer réellement les exigences de<br />

lutte contre le changement climatique dans les projets d’APD, intégration qui ne doit pas être le seul<br />

fait du FFEM mais doit concerner les différents acteurs qui gèrent l’APD française, en particulier<br />

l’Agence Française de Développement.<br />

Enfin, dans la problématique Nord-Sud, la France doit également tenir compte des impacts de sa<br />

propre politique d’aides aux exportations, gérée par le biais de son agence d’assurance-crédit à<br />

l’exportation, la COFACE (qui n’est pas mentionnée non plus par le rapport). Si cette dernière n’a pas<br />

un mandat de développement, elle s’inscrit cependant « dans la politique du gouvernement français en<br />

matière de promotion du développement durable ». Les Amis de la Terre ont analysé les garanties<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 61


publiques accordées par la COFACE en 2001 : le secteur des transports représente 70 % du total, suivi<br />

du secteur énergétique (24%). Dans le secteur des transports, 38% des garanties servent à exporter des<br />

avions (soit 1,3 milliards d’euros). Les investissements positifs en terme d’impact sur le changement<br />

climatique représentent 14% seulement du secteur : ils concernent les transports publics (métro de<br />

Santiago au Chili ou de Shangai en Chine, modernisation du réseau ferroviaire chinois, locomotives<br />

pour l’Iran).<br />

Dans le secteur de l’énergie, même constatation : les énergies fossiles représentent les deux tiers des<br />

garanties accordées par la COFACE (soit 816 millions d’euros), contre 10% pour les énergies<br />

renouvelables (géothermie au Mexique). Enfin, la COFACE est présente dans le montage financier de<br />

nombreux grands barrages hydroélectriques, dont l’impact sur le changement climatique est sujet à<br />

caution (Yusufeli en Turquie, Bakun en Malaisie, Trois Gorges en Chine, Nam Theun au Laos, etc).<br />

La politique française d’aides aux exportations demeure donc en 2001 en contradiction majeure avec<br />

les engagements internationaux de la France en matière de lutte contre le changement climatique.<br />

Aborder ce paradoxe est nécessaire dans le rapport, afin de faire au gouvernement les<br />

recommandations qui s’imposent.<br />

Recommandations<br />

Secteur énergétique :<br />

Afin de répondre aux exigences de la lutte contre le changement climatique tout en favorisant le<br />

développement des pays du Sud, le rôle des banques de développement multilatérales (BDM) et de la<br />

COFACE est de favoriser le développement de projets d’efficacité énergétique et de développement<br />

des énergies renouvelables, et non le secteur des carburants fossiles et des activités à haute densité<br />

énergétique.<br />

En conséquence, le gouvernement français pourrait proposer et adopter les recommandations<br />

suivantes :<br />

• réduire de 10 % par an les investissements des BDM et les garanties de la COFACE induisant des<br />

émissions de gaz à effet de serre,<br />

• investir au moins 20 % du portefeuille de leur secteur énergie dans les énergies renouvelables, et<br />

une part substantielle dans les programmes de maîtrise de l’énergie dans les pays en transition,<br />

• mettre en place un département d’évaluation de l’efficacité énergétique des projets dans chacune<br />

de ces institutions, département qui rendra publiques ses analyses.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 62


Gouvernance (Chapitre 12)<br />

Comme pour deux précédents chapitres, celui-ci ne comporte pas de chiffrage des moyens mis à<br />

disposition pour ce domaine – est-ce un vœu pieux ?<br />

1) Outils pour le suivi des émissions et des mesures :<br />

Feu vert<br />

- Le suivi des émissions par le CITEPA s’améliore d’année en année. La troisième communication<br />

nationale, publiée par la MIES début <strong>2002</strong> a permis de préciser en partie les responsabilités, les<br />

moyens financiers et l’impact en GES attendu des mesures du programme. Elle contient également<br />

une évaluation sommaire de leur mise en œuvre (amorcé, engagé, avancé, bloqué, suspendu). Mais le<br />

calendrier de réalisation des textes de loi et autres mesures n’est pas connu du public s’il existe et les<br />

moyens humains de coordination restent dérisoires : une personne à la MIES depuis novembre 2000.<br />

- Les facteurs influençant les émissions ne sont pas accessibles au public : inventaire, suivi de<br />

l’évolution de ces déterminants<br />

2) Évaluation des mesures et de l’évolution des émissions :<br />

Feu orange<br />

-L’impact des mesures en termes d’émissions en fonction des scénarios a fait l’objet d’une rubrique<br />

relativement <strong>détaillée</strong> dans la troisième communication nationale. Mais l’impact des mesures en<br />

termes d’atteintes à l’environnement en général ou à d’autres domaines comme le social ou<br />

l’économie n’est pas évalué.<br />

-La publication des fiches de suivi que la MIES a constitué mesure par mesure permettrait aux autres<br />

acteurs de contribuer à l’avancement des mesures.<br />

3) Pilotage et adaptation du plan national :<br />

Feu rouge<br />

L’annonce d’une révision du <strong>PNLCC</strong> pour en diminuer le nombre de mesures, faite par le MEDD en<br />

<strong>2002</strong>, risque de limiter les outils d’adaptation et réduire les marges de manœuvre. De même, la<br />

variation en baisse des crédits de l’ADEME et du MEDD ne laisse pas espérer la possibilité d’ajouter<br />

des mesures si besoin est.<br />

Le rattachement de la MIES au MEDD et non plus au Premier Ministre lui fait perdre un poids<br />

symbolique et réduit son caractère transversal. Cependant, il faut reconnaître que l’ancien premier<br />

ministre n’avait déjà pas jugé indispensable de se déplacer lors de l’évaluation 2001 du <strong>PNLCC</strong>.<br />

L’absence de document d’évaluation de l’Etat avait alors été fortement critiquée et le rapport de la<br />

MIES (1 er bilan du <strong>PNLCC</strong>) n’a pas été au delà des actes écrits de la conférence.<br />

Le Président a réaffirmé lors du sommet de Johannesburg son soutien à la lutte contre le changement<br />

climatique… Mais la MIES reste soumise à des difficultés financières et de recrutement et les<br />

ministères n’ont souvent pas l’air de se sentir concernés par les mesures qui leur incombent. Il serait<br />

dangereux de croire que le MEDD pourra seul impulser les orientations de société nécessaires pour<br />

stabiliser puis réduire nos émissions.<br />

2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 63


2 ème évaluation inter associative du <strong>PNLCC</strong>, RAC-F Novembre <strong>2002</strong> 64

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