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SPÉCIAL SOIRÉES DE L'ASSOCIATION MÉDICALE

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Calédonien & Polynésien<br />

Intoxication par le<br />

crabe de cocotier<br />

birgus latro<br />

<strong>SPÉCIAL</strong> <strong>SOIRÉES</strong><br />

<strong>DE</strong> <strong>DE</strong> L’ASSOCIATION <strong>MÉDICALE</strong><br />

La déclaration<br />

des cas de dengue:<br />

intérêt et conséquences<br />

N° 56 - Novembre 2010<br />

A.D.I.M-N.C. - BP 14 999<br />

98 803 NOUMEA Cédex<br />

Tel: ( 687 ) 78.71.73.<br />

Email: bmc@cedrim.asso.nc<br />

http:// www.bmc.nc<br />

A.D.I.M-P.F. - BP 52 580<br />

98 716 PIRAE TAHITI<br />

14 ème année<br />

trimestriel<br />

Prix au numéro : gratuit<br />

Dysmorphoses maxillo maxillo-mandibulaires maxillo mandibulaires :<br />

place de la chirurgie cervico cervico-faciale<br />

cervico faciale<br />

La pathologie de l’oreille<br />

en médecine générale


e voudrais tout d’abord vous souhaiter à toutes<br />

J et tous une bonne fin d’année 2010.<br />

C’est une date 2010, et voila déjà écoulée la première<br />

décennie du 21 e siècle…<br />

Votre bulletin médical tient toujours la route, lui qui<br />

vous accompagnait déjà avant les années 2000, quel<br />

chemin !<br />

Vous trouverez dans ce numéro un dossier ORL<br />

assez complet puisque la place du chirurgien dans<br />

cette pathologie « in » qu’est la dysmorphose maxillomandibulaire,<br />

y est largement abordée. Gageons que<br />

vous saurez alors le solliciter pour vos cas les plus<br />

difficiles…<br />

En ces temps qui devraient être chauds, le rappel<br />

des pathologies de l’oreille en médecine générale<br />

vous rafraîchira les sinus, pour mieux rentrer dans<br />

la saison des otites externes chères à nos nageurs<br />

et autres aquatiques.<br />

Avec l’été, n’oubliez pas non plus notre chouchou<br />

local, la dengue, mais qu’il ne faut toujours pas<br />

mésestimer. Vos déclarations permettent réellement<br />

de lutter contre ce fléau.<br />

Enfin, en cette période de fêtes, un petit rappel sur<br />

les méfaits de l’alcool et la façon d’aborder ces<br />

patients particuliers, seront d’une actualité<br />

brûlante, mais malheureusement peut-être un peu<br />

« hors sujet »… D’ailleurs vous pourrez peaufiner<br />

vos connaissances des ITT ; elles seront sûrement<br />

encore fraîches pour servir largement à nos confrères<br />

de garde en fin d’année…<br />

Sinon il ne restera plus qu’à vous rabattre sur la<br />

très « lôcale » intoxication au crabe de cocotier,<br />

maladie nouvelle, dans sa description et sa connaissance<br />

au moins. Très beau travail réalisé là par Le<br />

Dr Maillaud, à qui nous conseillerons plutôt crevettes<br />

ou langoustes pour le réveillon, puisque la pêche au<br />

crabe de mangrove vient de fermer, et ne rouvrira<br />

que fin janvier !<br />

Bonnes fêtes à toutes et tous, et bonnes vacances.<br />

Directeur de la publication : E Lancrenon<br />

Secrétaire de Rédaction : P. Nicot.<br />

Conception, Maquette, Mise en page : J. Nicot<br />

***<br />

Comité de Rédaction de Nouméa pour le<br />

B.M. n° 56<br />

B. Rouchon, J M Tivollier, F. Vangheluwe.<br />

***<br />

Les articles signés sont publiés<br />

sous la seule responsabilité de leurs auteurs.<br />

***<br />

Tiré à 2 000 exemplaires par ARTYPO.<br />

Distribué à 1400 ex. en Nouvelle Calédonie, Wallis et<br />

Futuna. et à 450 exemplaires en Polynésie Française<br />

02<br />

Dr Eric lancrenon<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

ACTUALITES<br />

NC 2011 - Professionnels de santé : c’est le moment de nous rejoindre!<br />

CONSEIL <strong>DE</strong> L’ORDRE<br />

Évaluation d’une ITT.<br />

ASSOCIATION MEDICALE <strong>DE</strong> NOUVELLE CALEDONIE<br />

CALEDONIE<br />

L’organisation des soirées de l’AMNC en brousse et dans les Iles.<br />

La pathologie de l’oreille en médecine générale.<br />

Place du chirurgien cervico-facial<br />

dans la prise en charge des dysmorphoses maxillo-mandibulaires.<br />

Diagnostic de la dengue à l’IPNC de Nouvelle-Calédonie.<br />

La déclaration de cas de dengue: intérêt et conséquences.<br />

AGENCE SANITAIRE ET SOCIALE <strong>DE</strong> NOUVELLE<br />

NOUVELLE-CALEDONIE<br />

NOUVELLE CALEDONIE<br />

Quelques trucs et astuces pouvant être utiles pour aborder l’alcool.<br />

EXERCER AUJOURD’HUI<br />

Intoxication par le crabe de cocotier birgus latro en Nouvelle-Calédonie.<br />

Le dépistage et les signes de l’autisme.<br />

LA VIE <strong>DE</strong>S ASSOCIATIONS<br />

ASSOCIATIONS<br />

L’EMDR, une nouvelle thérapie, effet de mode ou réel traitement?<br />

PACIFIQUE<br />

Les agents Fidjiens de la santé en lutte contre la dengue et la filariose.<br />

Rompre la loi du silence - Lutter contre les IST dans le Pacifique.<br />

Les territoires français se joignent au programme 2-1-22<br />

3<br />

5<br />

7<br />

10<br />

13<br />

19<br />

21<br />

16<br />

23<br />

26<br />

28<br />

30<br />

30<br />

31


ACTUALITES<br />

ACTUALITES<br />

François Lallemand, président de la commission médicale de NC2011,<br />

Comité organisateur des XIV e Jeux du Pacifique<br />

Quel est le dispositif<br />

médical prévu pendant<br />

les Jeux du Pacifique ?<br />

Comme l’exige la charte des<br />

Jeux, notre commission doit<br />

répondre à 3 objectifs : assurer<br />

le fonctionnement d’un centre<br />

médical dans le Village des<br />

Jeux, organiser une permanence<br />

sur les sites de compétition<br />

et effectuer les contrôles<br />

antidopage. Sur chaque site,<br />

nous serons aidés dans notre<br />

tâche par une équipe de<br />

secouristes composée de<br />

quatre secouristes.<br />

Comment constituez-vous<br />

l’équipe médicale qui<br />

interviendra pour<br />

les Jeux du Pacifique ?<br />

Sur la base du volontariat.<br />

NC2011 a fondé toute l’organisation<br />

des XIV e Jeux du<br />

Pacifique sur un modèle<br />

impliquant la collaboration de<br />

bénévoles. C’est d’ailleurs<br />

une tradition dans l’histoire<br />

des Jeux du Pacifique. Nous<br />

recrutons ainsi des médecins,<br />

dentistes, infirmiers, kinésithérapeutes,<br />

ostéopathes…<br />

Professionnels de santé :<br />

c’est le moment de nous rejoindre!<br />

À neuf mois des Jeux du pacifique, le plus grand rassemblement<br />

des îles du Pacifique, François Lallemand, président de la commission<br />

médicale de NC2011, nous parle du dispositif prévu pour l’événement.<br />

Il invite ses collègues professionnels de santé à s’engager dans<br />

cette grande aventure.<br />

Les XIV e Jeux du Pacifique en résumé<br />

Une manifestation sportive organisée tous les 4 ans<br />

Première édition en 1963<br />

Du 27 août au 10 septembre 2011<br />

en Nouvelle-Calédonie<br />

Participation de 22 pays d’Océanie (tout le continent<br />

Océanien hormis l’Australie et la Nouvelle-Zélande)<br />

Le plus grand rassemblement des îles du Pacifique :<br />

5000 sportifs et officiels techniques<br />

27 disciplines sportives<br />

37 sites de compétition<br />

Compétitions organisées dans 10 communes<br />

de la Nouvelle-Calédonie<br />

Un village unique pour l’accueil des athlètes<br />

300 000 repas servis en 15 jours de compétitions<br />

3 500 volontaires mobilisés pendants les Jeux<br />

Votre équipe est-elle déjà<br />

au complet ?<br />

Non, pas tout fait, il est encore<br />

temps de nous rejoindre !<br />

Nous recherchons du personnel<br />

médical et paramédical pour<br />

intervenir sur le village ou les<br />

sites de compétition.<br />

Quelles sont les disponibilités<br />

requises pour les volontaires<br />

qui seront mobilisés ?<br />

Les volontaires interviendront<br />

sur des tranches horaires d’une<br />

durée de 5h. Bien sûr, l’idéal<br />

serait d’être disponible sur<br />

plusieurs tranches horaires.<br />

François Lallemand, bio express<br />

Généraliste et médecin du sport,<br />

François Lallemand a posé ses<br />

valises en Nouvelle-Calédonie, il<br />

y a plus de 20 ans. Il accompagne<br />

l’équipe de Nouvelle-Calédonie<br />

pour la première fois aux Jeux<br />

de Papouasie Nouvelle-Guinée, en<br />

1991. Depuis, il n’a manqué aucune<br />

édition de cet événement. Il est<br />

secrétaire de la Société de<br />

Médecine du Sport du Pacifique<br />

Sud (SMSPS) créée par le Dr<br />

Dominique CHAZAL. Il est président<br />

de la commission médicale de<br />

NC2011 depuis sa création, en<br />

2008.<br />

Vous avez accompagné<br />

l’équipe de Nouvelle-<br />

Calédonie à tous les Jeux<br />

depuis 1991, qu’est-ce qui<br />

motive encore ?<br />

C’est toujours enthousiasmant!<br />

D’abord parce que je suis un<br />

passionné de sport, mais pas<br />

seulement. C’est une véritable<br />

aventure humaine. Nous avons<br />

affaire à des sportifs, ce sont<br />

des patients « atypiques », ils<br />

sont jeunes et en bonne santé !<br />

Nous les traitons principalement<br />

pour des pathologies sportives<br />

et médicales classiques (type<br />

ORL). Souvent, nous les<br />

revoyons dans nos cabinets<br />

après les Jeux. Je connais<br />

certains d’entre eux depuis<br />

plusieurs années.<br />

Le personnel médical assuré pendant les Jeux<br />

Par application des usages sportifs en général et de la Charte des Jeux en particulier, le Comité organisateur a souscrit une garantie<br />

d'assurance de responsabilité civile professionnelle au profit du personnel médical ou paramédical engagé dans l'événement.<br />

Seront donc assurés les médecins affectés au service des athlètes et officiels sportifs, les actes de kinésithérapie, soins dentaires<br />

d'urgence, pharmacie, dispensés au village notamment. La convention d'assurance s'appliquera également à la couverture<br />

médicale dédiée aux spectateurs des cérémonies et des épreuves sportives.<br />

Novembre 2010 - N° 56 03


04<br />

Novembre 2010 - N° 56


CC OO NN SS EE II L L DD E E L L ’ ’ OO RR DD RR E E<br />

Evaluation d’une ITT (Incapacité Totale de Travail)<br />

au sens pénal en cas de coups et blessures volontaires<br />

INFORMATION INFORMATION<br />

INFORMATION<br />

INFORMATION<br />

Depuis 1994, une nouvelle dénomination des incapacités totales de travail a été établie (ITT) à la place de l’ancienne ITTP (Incapacité totale de travail<br />

personnel).<br />

Au sens pénal, il peut y avoir une ITT si une plainte a été portée contre un auteur supposé (connu ou inconnu, alors plainte contre « X).<br />

L’ITT s’applique à tous : enfants, retraités, femmes au foyer, personnes au chômage ou sans emploi. Elle est donc à distinguer de l’incapacité temporaire<br />

professionnelle ou économique.<br />

La durée de l’ITT est un facteur d’appréciation fondamental de la gravité pénale des violences (articles 222-11, 12, 13, 19 et 20 du Code pénal).<br />

L’ITT implique une action qui a pour but d’infliger une sanction à l’auteur des coups et blessures volontaires et qui est à distinguer de l’action civile, qui<br />

a pour but la réparation du dommage subi par la victime.<br />

Définition<br />

Aucune définition ne précise ce qu’est cette ITT. Il est admis qu’il s’agit<br />

de la durée pendant laquelle la victime de violence ne peut remplir la totalité<br />

des fonctions basiques normales de la vie courante du fait de sont état :<br />

habillement, déplacements, toilette, … Il s’agit donc de la gêne réelle et<br />

globale éprouvée par la victime pour effectuer les gestes de la vie courante,<br />

à la suite des coups et blessures dont elle a fait l’objet.<br />

Elle s’applique donc à tous les âges de la vie et doit être donc adaptée.<br />

Elle concerne toutes les catégories socioprofessionnelles.<br />

Attention : cette durée n’est pas synonyme, pour les personnes ayant un<br />

emploi ou une activité rémunérée, d’un arrêt de travail qui peut être souvent<br />

supérieur mais jamais inférieur à l’ITT pénale. En effet, l’arrêt de travail<br />

tient compte de la profession exercée.<br />

Exemples :<br />

Lorsqu’une victime est hospitalisée, la durée de séjour constitue la durée<br />

minimum de l’ITT.<br />

En cas d’immobilisation complète d’un membre majeur (bras droit si le<br />

blessé est droitier), du bassin ou d’un membre inférieur imposant un<br />

décubitus prolongé, l’ITT prend fin au moment de la levée de l’immobilisation<br />

(une fracture de jambe avec 45 jours de plâtre et 45 jours de rééducation<br />

sans appui = 90 jours d’ITT, les soins de suite relèvent de l’arrêt de travail).<br />

En dehors des lésions objectives, il faut tenir compte des signes<br />

fonctionnels et du retentissement psychique, ce qui peut expliquer des<br />

grandes divergences qui peuvent exister.<br />

Facteurs d’évaluation<br />

L’examen clinique doit être complet et minutieux :<br />

Il recueille les doléances du patient : plaintes, douleurs, vécu du patient<br />

peuvent être notés : il ne s’agit pas d’une observation médicale au sens<br />

strict mais des doléances de la victime, sauf si un syndrome anxieux ou<br />

dépressif est cliniquement diagnostiqué.<br />

Examen clinique : les lésions attestées seront les signes fonctionnels et<br />

des éléments de l’observation, retrouvés soit lors de l’examen clinique<br />

direct ou par des examens complémentaires (radiographies, échographies,<br />

audiogrammes, ...). Elles seront objectives : mesurées, situées, décrites<br />

avec précision, avec un vocabulaire précis, en différenciant bien les lésions<br />

avec et sans solution de continuité.<br />

Ex : ecchymose de 4x3 cm au tiers antérieur et externe du bras droit,<br />

récente, rougeâtre bleuâtre ; limitation à 45° de la rotation horizontale<br />

du bras gauche vers l’extérieur …)<br />

Il existe des tableaux qui sont présentés page suivante. Ils sont indicatifs et<br />

peuvent servir de base de réflexion pour aider les médecins. Des références<br />

seraient indispensables et une méthode d’estimation plus objective qui<br />

tiendrait compte du type de lésion, du nombre de lésions, de leur taille,<br />

de la gêne fonctionnelle, de la durée d’immobilisation et d’hospitalisation<br />

est en cours de développement (G. Lorin de la Grandmaison).<br />

A noter qu’il vaut mieux éviter l’ITT de 8 jours qui peut être difficile<br />

à interpréter par rapport à la définition pénale de l’acte selon les<br />

circonstances (infraction, délit, crime).<br />

Destinataires de l’ITT<br />

- aux autorités judiciaires. La rédaction se fait sur papier à en-tête à la<br />

demande du patient ou sur réquisition de l’autorité judiciaire.<br />

- ne doit pas être transmis à l’employeur, qui n’est destinataire que du<br />

certificat d’arrêt de travail sur formulaire spécifique.<br />

Rédaction de l’ITT<br />

La responsabilité du médecin est engagée dans tous les cas.<br />

Le médecin atteste ce qu’il a constaté, certifie la réalité de son observation<br />

et s’engage personnellement en fixant une ITT.<br />

Certificat à visée pénale : orienter vers une UMJ<br />

Certificat à la demande de la victime : établi avec prudence et objectivité,<br />

avec les mentions « remis en mains propres » et « pour faire valoir ce que<br />

de droit ». Double conservé par le médecin.<br />

Certificat établi sur réquisition d’une autorité judiciaire (art. L637 du CSP) :<br />

établi avec objectivité et remis à l’autorité judiciaire qui le demande,<br />

double et réquisition conservés.<br />

Caractéristique de la sanction pénale<br />

IIT de moins de 8 jours : contravention<br />

IIT de plus de 8 jours : délit (tribunal correctionnel)<br />

Facteurs aggravants :<br />

- mineur de moins de 15 ans<br />

- personne vulnérable (âge, infirmité, maladie, déficience psychique,<br />

grossesse, ..)<br />

- ascendant ou parent adoptif<br />

- conjoint ou concubin<br />

- avec une arme<br />

ITT aggravée de moins de 8 jours : délits<br />

ITT aggravée de plus de 8 jours : délits, avec peine plus lourde<br />

Attention ne jamais indiquer une ITT = 8 jours !!<br />

Cas particulier : accident de travail<br />

Un arrêt de travail suite à un accident de travail, est un arrêt pour lequel<br />

une IJ est versée pendant le temps où l’incapacité temporaire de travail<br />

(professionnelle) est totale (dite aussi ITT) ou partielle (ITP) d’où la<br />

confusion. L’accident du travail n’implique pas nécessairement un tiers.<br />

Novembre 2010 - N° 56 05


INFORMATION INFORMATION<br />

INFORMATION<br />

INFORMATION<br />

06<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

CC OO NN SS EE II L L DD E E L L ’ ’ OO RR DD RR E E<br />

Evaluation d’une ITT (Incapacité Totale de Travail)<br />

au sens pénal en cas de coups et blessures volontaires<br />

1 — TETE<br />

TC sans PC, persistance vertiges et céphalées à J 5<br />

TC avec PC (2 j d'hospitalisation), persistance vertiges et céphalées à J 5<br />

Hématome périorbitaire simple, retour à état initial en 10 j 3<br />

I T T<br />

(jours)<br />

Hématome périorbitaire avec lésions cornéennes traitées par collyres (retour état initial à J 10) 10<br />

Fracture du plancher de l'orbite, ambulatoire à J 5 sans autre signe 5<br />

Conjonctivite par gaz lacrymogènes (TT collyres durant 10j) gène disparue au 2' jour 4<br />

Hématome périorbitaire avec occlusion de l'oeil pendant 5 j, retour à l'état normal à J 10 9<br />

Fracture OPN non déplacée 6<br />

Fracture OPN déplacée non chirurgicale 7<br />

FR OPN non déplacée chez sujet n'y voyant rien sans ses lunettes et ne pouvant les porter durant 9 j 9<br />

5 au<br />

moins<br />

5 au<br />

moins<br />

Fracture OPN opérée (2 j d'hospitalisation et plâtre 8 j) 10<br />

Dent « mobile » et douloureuse durant 5 j, sans gêne alimentaire réelle 5<br />

Avulsion d'une molaire, douleur et gêne à l'alimentation 3 j 3<br />

Douleur mâchoire ou bouche gênant l'alimentation durant 5 j 5<br />

2 - RACHIS- COTES<br />

Cervicalgies durant 5 jours 5<br />

Cervicalgies nécessitant port collier durant 10j, ambulatoire à J 3 10<br />

Lombalgies gênant la marche durant 5 j 5<br />

Trauma costal sans fracture avec douleur à la mobilisation, gênant le sommeil durant 8 j 8<br />

Fracture 1 côte, même tableau clinique, consolidation en 21 j 14<br />

3 - MEMBRES INFERIEURS<br />

Entorse genou traitée par attelle-velcro (genou bloqué, marche possible, s'enlève à volonté) pdt 21 j 21<br />

Entorse genou traitée par genouillère plâtrée : pas d'appui durant 21 j 21<br />

Plâtre cruro-pédieux (genou et cheville bloqués) sans appui, durant 6 semaines 42<br />

Entorse sans arrachement osseux traitée par Elastoplast 6 j, marche possible 6<br />

Entorse sans arrachement osseux traité par Elastoplast, décharge par cannes anglaises 8 j 10<br />

Entorse avec arrachement osseux, plâtre de marche durant 21j 21<br />

Fracture 1/3 moyen péroné avec plâtre de marche durant 21 j 21<br />

Fracture cheville avec plâtre sans appui durant 6 semaines 42<br />

Fracture phalange petit orteil, marche possible, syndactylie 15 j 7<br />

Fracture gros orteil, marche pénible durant 5 jours, consolidation 21 j 15<br />

Fracture métatarsien, traitée par Elastoplast, marche possible avec attelle, consolidation 21 j 15<br />

Fracture calcanéum : pas de contention mais aucun appui durant 5 semaines 35<br />

Fracture Tibia traitée par enclouage 60<br />

Fracture du col du Fémur 90<br />

Fracture du pilon tibial ouvert 120<br />

Tableaux 1 à 4 : les ITT en fonction de leur localisation<br />

Atteintes du membre supérieur directeur / pince<br />

Plaie doigt suturée < 2 cm, pansement simple, ablation fils à J 8 8<br />

Plaie importante d'un doigt, suturée avec attelle durant 8 j 9<br />

FR phalange traitée par attelle « grenouille » immobilisant 1 doigt durant 15 j 15<br />

Plaie tendineuse suturée avec 1 j hospitalisation et attelle (grenouille) 15 j 15<br />

FR métacarpien traitée par syndactylie 15 j 15<br />

FR méta traitée par attelle plâtrée (1 à 2 doigts immobilisés, poignet libre) 25<br />

FR scaphoïde : plâtre brachio-antébrachial 6 sem. puis manchette 6 sem. (total 12 sem) 90<br />

Atteintes du membre supérieur directeur / autres doigts<br />

Plaie doigt suturée < 2 cm, pansement simple, ablation fils à J 8 3<br />

Plaie importante d'un doigt, suturée avec attelle durant 8 j 5<br />

FR phalange TT par attelle «grenouille» immobilisant 1 doigt durant 15 j 11<br />

Plaie tendineuse suturée avec 1 j hospitalisation et attelle (grenouille) 15 j 12<br />

FR métacarpien TT par syndactylie 15 j 13<br />

FR méta traitée par attelle plâtrée (1 à 2 doigts immobilisés, poignet libre) 15<br />

FR poignet traitée par manchette (poignet fixe, coude libre) 21 j 24<br />

FR poignet/av. bras : brachio-antébrachial 21 j (poignet et coude bloqués) 24<br />

Luxation ou fracture épaule traitée par « Mayo clinic » 21 j 21<br />

Atteintes du membre supérieur non directeur / pince<br />

Plaie doigt suturée < 2 cm, pansement simple, ablation fils à J 8 3<br />

Plaie importante d'un doigt, suturée avec attelle durant 8 j 7<br />

Fr phalange traitée par attelle « grenouille » immobilisant 1 doigt durant 15 j 15<br />

Plaie tendineuse suturée avec 1 j hospitalisation et attelle (grenouille) 15 j 15<br />

FR métacarpien traitée par syndactylie 15 j 15<br />

FR méta traitée par attelle plâtrée (1 à 2 doigts immobilisés, poignet libre) 20j 20<br />

FR scaphoïde : plâtre brachio-antébrachial 6 sem. puis manchette 6 sem. (total 12 sem.)<br />

Atteintes du membre supérieur non directeur / autres doigts<br />

90<br />

Plaie doigt suturée < 2 cm, pansement simple, ablation fils à J 8 2<br />

Plaie importante d'un doigt, suturée avec attelle durant 8 j 6<br />

FR phalange TT par attelle « grenouille » immobilisant 1 doigt durant 15 j 10<br />

Plaie tendineuse suturée avec 1 j hospitalisation et attelle (grenouille) 15 j 10<br />

FR métacarpien TT par syndactylie 15 j 10<br />

FR méta traitée par attelle plâtrée (1 à 2 doigts immobilisés, poignet libre) 14<br />

FR poignet traitée par manchette (poignet fixé, coude libre) 21 j 20<br />

FR poignet/av-bras : brachio-antébrachial 21 j (poignet et coude bloqués) 21<br />

Luxation ou fracture épaule traitée par « Mayo clinic » 21 j 20<br />

TC : traumatisme crânien<br />

J 5 : 5e jour<br />

TT : traité ou traitement<br />

PC : perte de connaissance<br />

OPN : os propres du nez<br />

j : jour FR : fracture<br />

4 - MEMBRES SUPERIEURS<br />

Abréviations<br />

Le Conseil de l’Ordre<br />

ORDRE NATIONAL <strong>DE</strong>S ME<strong>DE</strong>CINS ORGANE <strong>DE</strong> l’ORDRE de NOUVELLE CALEDONIE — B.P. 3864 - 98846 NOUMEA CE<strong>DE</strong>X - : (687) 28.29.26 - FAX : (687) 28.58.70 E.Mail : cnom@ordmed.nc


AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

L’organisation de soirées de l’AMNC en brousse et aux Îles<br />

F. Vangheluwe<br />

L’association médicale essaie, autant que possible, de délocaliser ses soirées d’information.<br />

L’organisation de celles-ci n’est jamais facile car il faut tenir compte de très nombreux facteurs,<br />

le principal étant les possibilités pour les professionnels visités de pouvoir se libérer pour<br />

assister à ces formations.<br />

Plusieurs déplacements ont été réalisés<br />

sur la grande terre dans les années passées<br />

à l’occasion du passage en Nouvelle<br />

Calédonie de professeurs de faculté,<br />

notamment ceux de Bordeaux qui viennent<br />

de façon régulière donner des cours aux<br />

internes en stage au CHT.<br />

Plus récemment, deux déplacements<br />

ont été réalisés en 2009 : un sur Lifou et<br />

un sur Koné. Le thème de ces soirées<br />

était « la responsabilité des professionnels<br />

de santé dans le cadre de leurs activités ».<br />

Ce thème a été traité par Monsieur le<br />

professeur LECA qui est Professeur agrégé<br />

de droit, spécialisé en Droit de la Santé<br />

et, depuis novembre 2000, Directeur du<br />

Centre de Droit de la Santé de l’université<br />

de Droit et de Sciences Politiques d’Aix-<br />

Marseille III.<br />

La soirée sur Lifou avait permis de<br />

regrouper une trentaine de professionnels,<br />

celle sur Koné avait réuni 3 personnes.<br />

En 2010 nous avons organisé également<br />

deux déplacements. Un sur Maré sur le<br />

« bilan du dépistage du cancer du sein »<br />

animé par M Loïc Broquart de l’Agence<br />

Sanitaire et Sociale et un sur Lifou sur<br />

« le cancer du poumon en Nouvelle Calédonie<br />

» avec Mme le Dr Benichou.<br />

La soirée sur Maré n’a malheureusement<br />

pas réuni beaucoup de professionnels,<br />

celle sur Lifou a encore été un succès.<br />

La formation sur le cancer du Poumon<br />

à Wé s’est tenue le samedi matin et a<br />

réuni une vingtaine de professionnels.<br />

Cette matinée faisait suite à une formation<br />

qui avait été organisée la veille, le vendredi<br />

soir, par « l’association calédonienne<br />

des pathologies du sommeil » et Mme<br />

Mylène Alméras qui représentait un<br />

prestataire de service dans le domaine<br />

de l’insuffisance respiratoire. Cette soirée<br />

qui traitait de la ventilation non invasive<br />

a également particulièrement intéressé<br />

les confrères de l’île, qui étaient pratiquement<br />

tous présents et ont pu avec<br />

les pneumologues présents aborder les<br />

problèmes pratiques auxquels sont<br />

confrontés les professionnels (médecins<br />

et infirmiers) qui suivent les patients<br />

sous ventilation non invasive.<br />

Le bureau de l’association médicale<br />

souhaite pouvoir poursuivre les formations<br />

en dehors de Nouméa, mais voudrait être<br />

sûr que ces déplacements auront un<br />

intérêt pour les professionnels visités.<br />

Aussi nous vous demandons de bien vouloir<br />

nous aider en nous donnant toutes les<br />

informations qui pourraient nous être<br />

utiles (nous vous rappelons que l’association<br />

médicale regroupe TOUTES les<br />

professions de santé) :<br />

- Lieu de résidence ?<br />

- Vaut-il mieux venir en journée ? Quel<br />

jour ? En soirées ? Fin de semaine ?<br />

Milieu de semaine ? Pensez-vous qu’il vous<br />

soit possible de participer à plusieurs<br />

formations qui se suivraient (deux soirs<br />

consécutifs ou un WE) ?<br />

- Y a-t-il des thèmes qui vous semblent<br />

plus d’actualité ?<br />

Merci de nous transmettre vos avis et<br />

suggestions soit par courrier à l’adresse<br />

suivante : AMNC BP 2 343 - 98846 Nouméa<br />

Cedex…Soit par mail : amnc@canl.nc<br />

Soirée « La ventilation non invasive » à Lifou<br />

Novembre 2010 - N° 56 07


La pathologie de l’oreille en médecine générale<br />

Dr Johan Nouwen<br />

L'essentiel de la pathologie de l'oreille<br />

peut être abordé en médecine générale, au<br />

moyen d'un otoscope et d'un diapason.<br />

Sans avoir l'ambition de dresser un tableau<br />

complet de la pathologie de l'oreille, cette<br />

présentation, non exhaustive, a pour<br />

but de rappeler les "bonnes pratiques"<br />

otologiques en médecine générale.<br />

Pathologie du pavillon<br />

Othématome: hématome du pavillon,<br />

qui fait suite à un traumatisme. A drainer<br />

rapidement sous peine de voir le cartilage<br />

du pavillon se nécroser et se déformer en<br />

cicatrisant (cf. oreilles des rugbyman).<br />

Chondrite du pavillon : infection du<br />

pavillon, consécutive à une otite externe,<br />

une plaie, blessure,... Un traitement antibiotique<br />

(IV) est requis pour éviter une<br />

lyse du cartilage.<br />

Cancer du pavillon : carcinome basocellulaire<br />

plus fréquent que spinocellulaire.<br />

Une chirurgie d’exérèse est indiquée.<br />

Oreilles décollées : l'otoplastie se<br />

pratique idéalement vers l'âge de 8-9 ans,<br />

dès que l'enfant se plaint de moqueries<br />

à l'école. À cet âge, les oreilles ont presque<br />

atteint leur taille définitive et l'enfant<br />

n'a pas eu le temps de développer de<br />

complexe. L'intervention qui se fait sous<br />

anesthésie locale ou générale, est complètement<br />

prise en charge par la CAFAT<br />

08<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

LES MARDIS <strong>DE</strong> L’ ASSOCIATION<br />

Soirée du 05 octobre 2010<br />

(jusqu'à 18 ans) et les suites opératoires<br />

sont simples et peu douloureuses.<br />

Pathologie du conduit<br />

auditif externe<br />

Bouchon de cérumen : l'oreille est<br />

auto-nettoyante chez tous les mammifères<br />

et le cérumen est une sécrétion naturelle<br />

et nécessaire au nettoyage du conduit et<br />

à la bonne hydratation de son épiderme.<br />

L'usage du coton tige enfonce le cérumen<br />

(favorisant la formation de bouchons),<br />

blesse le conduit qui n'est pas rectiligne<br />

(favorisant les otites externes) et enlève<br />

le film gras (cérumen) qui hydrate<br />

l'épiderme, rendant la peau du conduit<br />

sèche, squameuse et prurigineuse,<br />

mimant à tort un eczéma de l'oreille. Il faut<br />

conseiller aux patients de laisser leurs<br />

oreilles en paix. En cas de bouchon,<br />

après la minute pédagogique, curette,<br />

aspiration, cérulyse ou ORL...<br />

Otorrhée résulte d'une otite externe<br />

ou d'une otite moyenne aigue perforée.<br />

La distinction entre les deux étiologies<br />

n'est pas toujours aisée. L'otite externe<br />

est associée à un rétrécissement du<br />

conduit et la palpation du tragus est<br />

douloureuse, ce qui n'est pas le cas<br />

dans l'otite moyenne perforée.<br />

Otite externe: fait souvent suite à un<br />

traumatisme de l'oreille externe (coton<br />

tige) et/ou à une baignade. Son traitement<br />

est exclusivement local, sauf si une<br />

chondrite du pavillon y est associée.<br />

Otite mycotique est rebelle aux<br />

gouttes classiques et son otoscopie est<br />

en général assez typique.<br />

Le nettoyage de l'oreille est un pré<br />

requis à l'efficacité du traitement local<br />

(aspiration, ORL).<br />

Furoncle du conduit nécessite une<br />

antibiothérapie per os (photo ci-contre).<br />

Corps étranger : s’il s’agit d’un insecte<br />

vivant, le tuer en injectant de l’éther ou<br />

un gel (dentifrice, sylo gel,…) puis l’extraire<br />

et s’assurer de l’intégrité du tympan. Le<br />

corps étranger est à ôter avec un petit


Ostéome du conduit : tumeur bénigne<br />

fréquente chez les nageurs qui ne nécessite<br />

un traitement qu’exceptionnellement,<br />

un cas d’obstruction du conduit.<br />

Pathologies<br />

de l’oreille moyenne<br />

Otite moyenne aiguë: traitement AB.<br />

Si inefficace après 48 heures et si mal<br />

toléré, une paracentèse associée à une<br />

culture est indiquée.<br />

enfant < 2ans, Augmentin, Ciflox<br />

enfant > 5ans : amocycilline, céphalosporine<br />

1ère génération, + mouche bébé.<br />

Otite phlycténulaire : traitement symptomatique<br />

(photo ci-contre à droite).<br />

Otite séreuse : pas de traitement<br />

efficace. Surveiller et si persistance,<br />

rétraction tympanique, otites moyennes<br />

aiguës récidivantes, indication de pose<br />

de drains transtympaniques.<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

Mastoïdite: constante en cas d'otite<br />

moyenne aiguë du fait de la communication<br />

entre la mastoïde et l’oreille moyenne.<br />

En cas de mastoïdite +++ avérée<br />

(décollement du pavillon, collection rétro<br />

auriculaire), un traitement antibiotique<br />

intraveineux, voire exceptionnellement<br />

chirurgical est requis.<br />

Otite moyenne chronique : nécessite<br />

un suivi spécialisé :<br />

- perforation tympanique persistante<br />

qui indique une fermeture chirurgicale,<br />

pour améliorer l'audition, fermer<br />

l'oreille moyenne aux bactéries du conduit<br />

et limiter le risque de cholestéatome.<br />

- Poche de rétraction : conséquence<br />

d'un processus pathologique de l'oreille<br />

moyenne et de la trompe d'Eustache,<br />

entraînant une dépression dans l'oreille<br />

moyenne et une destruction progressive<br />

de l'armature fibreuse du tympan. Le<br />

tympan se rétracte progressivement et<br />

va peu à peu venir se coller au fond de<br />

l'oreille moyenne ( on parle alors d'atélectasie<br />

), et se coller aux osselets, qu'il va<br />

progressivement détruire. Cette rétraction<br />

est responsable d’une hypoacousie évolutive<br />

et est généralement à l’origine du cholestéatome.<br />

Un traitement chirurgical est<br />

généralement nécessaire.<br />

- cholestéatome : développement<br />

dans l'oreille moyenne d'un kyste épidermoïde<br />

appelé cholestéatome. Le plus<br />

souvent ces cellules épidermiques pénètrent<br />

dans l'oreille moyenne par migration de<br />

la peau qui recouvre le tympan, soit par<br />

l'invagination d'une poche de rétraction<br />

tympanique dans l'oreille moyenne, soit<br />

par migration au travers d'une perforation<br />

marginale du tympan. Plus rarement des<br />

cellules épidermiques sont situées de<br />

façon congénitale dans l'oreille<br />

moyenne, et donnent naissance à un<br />

cholestéatome dit congénital. Le cholestéatome<br />

est colonisé par de nombreuses<br />

bactéries et provoque une otorrhée<br />

purulente chronique. Il a une action<br />

ostéolytique, sur les osselets d’abord<br />

(entraîne une surdité) périphérique<br />

ensuite (oreille interne, nerf facial, base<br />

du crâne). Son traitement est exclusivement<br />

chirurgical.<br />

Novembre 2010 - N° 56 09


Surdité de transmission : l'oreille<br />

externe ou l'oreille moyenne est touchée,<br />

et l'oreille interne est intacte. Le diapason<br />

est perçu dans l’oreille sourde. La surdité<br />

de transmission est presque toujours<br />

accessible à un traitement.<br />

Pathologies<br />

de l’oreille interne<br />

Surdité de perception, qui atteint la<br />

cochlée ou les voies nerveuses postcochléaires.<br />

Le diapason est perçu dans<br />

l’oreille saine. Cette surdité est appareillable<br />

plus que curable.<br />

Surdité brusque : urgence nécessitant<br />

une prise en charge rapide (corticoïdes,<br />

vasodilatateurs). Le pronostic fonctionnel<br />

est péjoratif si la surdité est sévère et si<br />

le traitement est retardé ou nul.<br />

Surdité par traumatisme sonore :<br />

destruction des cellules ciliées de l'oreille<br />

interne suite à un son de très forte intensité,<br />

ou à l’exposition prolongée à des<br />

bruits intenses, d’où l’intérêt de protéger<br />

ses oreilles!<br />

Acouphènes : les acouphènes peuvent<br />

être générés par un dysfonctionnement<br />

n’importe où dans l’oreille, oreille<br />

externe, moyenne, interne, nerf auditif,<br />

cerveau. Un bilan auditif complet est<br />

indiqué, ainsi que la réalisation de potentiels<br />

évoqués auditifs si les acouphènes sont<br />

unilatéraux. Si l’acouphène est pulsatile,<br />

synchrone aux pulsations cardiaques, il<br />

faut rechercher une anomalie des axes<br />

vasculaires du cou. Si les acouphènes<br />

ne sont pas associés à une pathologie de<br />

l’oreille, on parle d’acouphènes idiopathiques.<br />

Il n’existe pas de traitement<br />

miraculeux pour traiter les acouphènes<br />

idiopathiques.<br />

10<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

Vertiges périphériques: ils représentent<br />

75% des vertiges, par atteinte du vestibule<br />

ou du nerf vestibulaire. Le vertige<br />

périphérique est dit harmonieux, il associe<br />

vertige rotatoire franc, signes neurovégétatifs,<br />

latérodéviation, nystagmus, est<br />

aggravé à la fermeture des yeux et<br />

l’examen neurologique est normal.<br />

4 étiologies, par ordre de fréquence,<br />

VPPB, Neuronite, Ménière, neurinome.<br />

- Le VPPB est une pathologie mécanique<br />

qui nécessite un diagnostic précis<br />

pour localiser le vestibule dysfonctionnel<br />

et le canal semi circulaire responsable.<br />

Le traitement est mécanique et vise à<br />

purger le canal semi-circulaire atteint de<br />

ses impuretés. Il existe six canaux semicirculaires,<br />

chacun pouvant être le siège<br />

d’un VPPB et nécessitant un traitement<br />

spécifique. Il existe donc six manipulations<br />

spécifiques et il n’y a pas d’indication de<br />

traitement médical.<br />

- La neuronite provoque un vertige<br />

périphérique continu durant plusieurs<br />

jours, qui impose une hospitalisation en<br />

cas de vomissements associés. La récupération<br />

est spontanée en quelques<br />

jours et est accélérée par un traitement<br />

kiné spécifique.<br />

- La maladie de Ménière associe<br />

des crises vertigineuses durant plusieurs<br />

heures, associées à des acouphènes unilatéraux<br />

et à une hypoacousie unilatérale.<br />

C’est une maladie qui impose un<br />

traitement médical continu pour limiter<br />

le risque de récidive, entraînant une<br />

dégradation progressive de l’audition.<br />

Paralysie faciale<br />

La paralysie faciale périphérique peut<br />

être liée à une tumeur comprimant le<br />

nerf, une fracture du rocher, une neuropathie<br />

diabétique, un zona,…<br />

Dans la majorité des cas on n’en<br />

trouve pas la cause. On parle alors<br />

de paralysie faciale « a frigore » probablement<br />

d'origine virale. Le traitement<br />

repose sur une corticothérapie rapide.<br />

Plus le traitement est précoce, meilleurs<br />

sont les chances de récupération.<br />

Neurinome<br />

Le neurinome est une tumeur bénigne<br />

de l’angle ponto-cérébelleux. Elle peut<br />

se manifester de différentes façons, en<br />

comprimant le paquet nerveux VII-VIII et<br />

provoquer une surdité, des acouphènes,<br />

une paralysie faciale unilatérale ou encore<br />

des vertiges. Le diagnostic se pose en<br />

réalisant des potentiels évoqués auditifs<br />

à la recherche d’un ralentissement de la<br />

transmission de l’information nerveuse<br />

auditive ou en réalisant une IRM de<br />

l’angle ponto-cérébelleux. Le traitement<br />

repose sur le suivi, l’exérèse et/ou<br />

l’irradiation spécifique.


AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

LES MARDIS <strong>DE</strong> L’ ASSOCIATION<br />

Soirée du 01 juin 2010<br />

Place du chirurgien cervico-facial dans la prise en charge<br />

thérapeutique des dysmorphoses maxillo-mandibulaires<br />

Dr Ph. Baillot<br />

Introduction<br />

La gestion des troubles morphologiques<br />

et fonctionnels des étages moyen<br />

et inférieur faciaux intéresse le chirurgien<br />

cervico-facial à deux titres :<br />

- à un stade précoce, c'est l'identification<br />

et la prise en charge médicale et / ou<br />

chirurgicale d'une pathologie ORL causale,<br />

qui permettra d'optimiser le résultat orthodontique<br />

du patient et parfois d'éviter le<br />

passage à l'étape suivante.<br />

- celle-ci intéresse le chirurgien cervicomaxillo-facial,<br />

dans le cadre de la<br />

conduite des interventions de chirurgie<br />

orthognathique.<br />

Au-delà, il faut insister sur le caractère<br />

pluridisciplinaire de la prise en charge<br />

thérapeutique et le rôle incontournable<br />

du traitement orthodontique.<br />

Un préambule anatomique, ainsi<br />

qu'une description des modèles de<br />

croissance faciale, apparaissent nécessaires<br />

car ils permettront d'éclairer les<br />

«pourquoi» des modalités et principes<br />

chirurgicaux retenus.<br />

Rappel anatomique<br />

Le complexe maxillo-mandibulaire<br />

occupe les étages moyen et inférieur de<br />

la face, cette dernière s'inscrivant entre<br />

la ligne pré-capillaire frontale en haut et<br />

le plan mentonnier en bas.<br />

La ligne bi-pupillaire, axe transverse<br />

médian, sépare l'étage crânien de l'étage<br />

facial et l'étage facial, lui-même, est séparé<br />

par le plan occlusal en deux étages,<br />

maxillaire et mandibulaire. Ceci correspond<br />

à la classique règle des 1/3.<br />

Les éléments constitutifs sont donc le<br />

maxillaire supérieur et la mandibule,<br />

avec par ailleurs, deux plans de référence<br />

à cet étage facial ; un à la base du<br />

crâne avec une relation crânio-maxillaire<br />

fixe en avant et une relation crâniomandibulaire<br />

mobile latéralement ; l'autre<br />

en bas est le plan de référence déterminé<br />

par les arcades dentaires.<br />

1°) Le maxillaire supérieur (photo 1)<br />

Photo 1<br />

Il est suspendu à l'étage antérieur de<br />

la base du crâne, s'adossant en arrière<br />

aux apophyses ptérygoïdes du sphénoïde<br />

et encadré latéralement par les zygoma.<br />

Il projette en avant la pyramide nasale,<br />

constituant avec elle le 1/3 médian facial.<br />

Son infrastructure est le support de l'arcade<br />

dentaire, d'accès simple par voie buccale,<br />

dans le cadre des gestes de chirurgie<br />

orthognathique. La vascularisation par les<br />

artères palatines descendantes sera à<br />

respecter lors de l'abord chirurgical.<br />

2°) Le mandibule (photo 2)<br />

Photo 2<br />

C'est le seul os mobile de l'étage facial,<br />

d'une grande complexité anatomophysiologique,<br />

dominée par son implication<br />

au niveau de la fonction manducatrice.<br />

On lui distingue 2 portions :<br />

Le ramus : ou branche montante,<br />

portion profonde en relation basi-crânienne<br />

par le condyle, portion mandibulaire de<br />

l'articulation temporo-mandibulaire, dont<br />

les autres éléments sont représentés par<br />

la glène temporale et le menisque intraarticulaire.<br />

Cette situation rend compte<br />

des problèmes de stabilité lors de la<br />

pratique des ostéotomies mandibulaires.<br />

Le ramus est par ailleurs le siège d'insertions<br />

musculaires pour les effecteurs puissants<br />

que réalisent les muscles pterygoïdiens<br />

interne, externe et masseter sur les faces<br />

latérales du ramus et du muscle temporal<br />

sur le coroné.<br />

Le corpus : c'est la portion dentée<br />

de la mandibule, qui en outre, assure la<br />

tenue du plancher buccal et de la masse<br />

musculaire linguale, étant par ailleurs en<br />

rapport avec l'os hyoïde.<br />

3°) Le plan occlusal<br />

ou interface maxillo-mandibulaire<br />

Le développement anatomique maxillomandibulaire<br />

a pour but et référent l'intercuspidation<br />

physiologique des arcades<br />

dentaires.<br />

L'interface adaptative alvéolodentaire<br />

en permet l'ajustement précis,<br />

le corollaire étant la labilité de cet équilibre<br />

sous l'effet des effecteurs labio-linguaux<br />

en particulier.<br />

Le traitement orthodontique profitera<br />

de cette plasticité ; l'occlusion<br />

ainsi s'intègre dans un concept<br />

d'équilibre facial en tant que :<br />

1°) Critère de normalité anatomophysiologique.<br />

2°) Plan de référence thérapeutique au<br />

cours des mobilisations squelettiques.<br />

3°) Facteur d'équilibre et de stabilité<br />

dans la relation maxillo-mandibulaire.<br />

La croissance faciale<br />

Il existe une interdépendance septosinusienne<br />

et maxillo-mandibulaire.<br />

Avant la naissance : il existe une<br />

disproportion crânio-faciale et une rétromandibulie<br />

physiologique.<br />

Novembre 2010 - N° 56 11


Après la naissance : le développement<br />

va concerner avant tout la portion nasobuccale<br />

de la face, qui subit l'influence<br />

des différentes matrices fonctionnelles :<br />

- sinus et fosses nasales par le flux<br />

aérien,<br />

- cavité buccale et structures maxillopalatines<br />

par l'appui lingual,<br />

- architectonique faciale par le biais<br />

des piliers manducateurs et de l'occlusion<br />

dentaire ; la croissance mandibulaire, en<br />

particulier, dépendra de l'action de l'appareil<br />

manducateur et de la maturation du cartilage<br />

de croissance condylien (photo 3).<br />

Photo 3<br />

Les deux fonctions phares seront<br />

donc la ventilation et la manducation, qui<br />

doivent intervenir au maximum dès la<br />

naissance.<br />

En cas d'insuffisance, la précocité du<br />

trouble et son importance conditionneront<br />

la gravité de la dysmorphose.<br />

D'autres facteurs interviennent, en<br />

particulier génétiques, s'exprimant dès le<br />

stade embryogénique et concernant l'évolution<br />

des bourgeons faciaux. Signalons<br />

également le rôle très important des appositions<br />

périostées liées à l'émergence<br />

des bourgeons dentaires.<br />

Quant au développement des sinus,<br />

phénomène post-natal et multifactoriel, il<br />

concourt à la pneumatisation du massif<br />

facial avec descente de l'arcade dentaire,<br />

recul du prognathisme et maintien de<br />

l'occlusion fonctionnelle.<br />

L'allaitement au sein imposant un<br />

contact bi-labial et un mouvement de<br />

propulsion, fait intervenir l'appareil manducateur<br />

et favorise la croissance mandibulaire<br />

à l'opposé du biberon qui, par son<br />

rôle favorisant sur la succion, pérennise<br />

la rétro-mandibulie. De plus, la stimulation<br />

jugale à la prise du biberon altère la<br />

croissance transversale des maxillaires.<br />

Au final, la prise du biberon, l'alimentation<br />

molle, l'insuffisance respiratoire<br />

nasale majorée par la pollution croissante,<br />

12<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

constituent autant de facteurs expliquant<br />

la fréquence actuelle de la rétro-mandibulie<br />

et des encombrements dentaires relatifs.<br />

Les dysharmonies<br />

maxillo-mandibulaires<br />

Les unes sont en rapport avec des<br />

anomalies des bases osseuses maxillomandibulaires<br />

et des arcades dentaires<br />

dans un contexte céphalique, par ailleurs<br />

normal. Elles constituent le cadre habituel<br />

de la chirurgie orthognathique.<br />

L'autre cadre concerne les malocclusions<br />

qui s'intègrent dans des syndromes<br />

polymorphes, car combinant le problème<br />

maxillo-mandibulaire à des anomalies<br />

orbito-basi-crâniennes parfois complexes<br />

(comme le syndrome d'Apert-Crouzon,<br />

le syndrome de Binder, les hypertelorismes....)<br />

; elles sortent du champ de<br />

cette présentation..<br />

Les dysmorphoses qui nous occupent<br />

ont un retentissement fonctionnel sur<br />

l'articulation temporo-mandibulaire et<br />

esthétique sur l'harmonie faciale.<br />

Elles relèvent d'une prise en charge<br />

reposant avant tout sur une étroite<br />

collaboration entre l'orthodontiste et le<br />

chirurgien orthognathique.<br />

Quelles dysmorphoses sont à opérer ?<br />

Théoriquement, celles liées à des<br />

anomalies majeures des bases osseuses<br />

avec un décalage tel que l'orthodontie<br />

serait seule insuffisante.<br />

Il existe cependant d'autres indications :<br />

1° - chez l'adulte, afin d'obtenir un<br />

résultat concret de façon plus rapide,<br />

2° - chez les édentés,<br />

3° - dans la situation où il existe des<br />

anomalies alvéolaires verticales, exposant<br />

à un risque de récidive après traitement<br />

orthodontique.<br />

On peut séparer, en matière de<br />

dysmorphose :<br />

Les anomalies des bases osseuses :<br />

- avec un décalage antéro-postérieur :<br />

c'est le problème des pro et rétrognathies<br />

mandibulaires et maxillaires.<br />

- les décalages transversaux : c'est le<br />

problème des latérognathies et asymétries<br />

faciales.<br />

- les anomalies dans le sens vertical :<br />

c'est le problème des excès verticaux<br />

antérieurs, type «face longue» avec béance<br />

et des insuffisances verticales antérieures<br />

avec supraclusie type «face courte».<br />

Les anomalies alvéolaires :<br />

Elles concernent le maxillaire ou la<br />

mandibule, le plus souvent dans la région<br />

des incisives avec :<br />

- des pro ou rétro-alvéolies à retentissement<br />

labial,<br />

- des hyper ou infra alvéolies pouvant<br />

conduire respectivement, soit à un<br />

«sourire des gencives», soit à une<br />

béance d'incisive.<br />

- dans la région molaire, elles sont<br />

responsables de béances antérieures ou<br />

postérieures.<br />

L'analyse céphalométrique doit permettre<br />

d'identifier de façon précise les anomalies<br />

anatomiques présentes, d'établir un planning<br />

qualitatif et quantitatif des gestes correcteurs<br />

à apporter et d'évaluer en fonction de<br />

ceux-ci, le retentissement à attendre sur<br />

la morphologie faciale à l'aide de projets<br />

traditionnels ou numérisés.<br />

Rappelons ici que, dans le cadre<br />

classique de l'analyse céphalométrique,<br />

l'évaluation de la position réciproque des<br />

bases osseuses se détermine en fonction<br />

du rapport des premières molaires, selon<br />

la classification d'ANGLE :<br />

- la classe I correspond à un articulé<br />

dentaire normal où la cuspide mésiovestibulaire<br />

de la première molaire supérieure<br />

est en rapport avec le sillon intercuspidien<br />

de la première molaire inférieure.<br />

- dans la classe II, il existe une dystocclusion<br />

de la molaire inférieure correspondant<br />

à l'existence d'une promaxillie<br />

et/ou d'une rétro-mandibulie.<br />

- dans la classe III, il existe une mésioocclusion<br />

de la molaire inférieure correpondant<br />

à une prognathie mandibulaire<br />

et/ou une rétrognathie maxillaire.<br />

Enfin, la recherche de facteurs étiologiques<br />

associés est impérative, autant<br />

pour faire la part des anomalies héréditaires<br />

souvent présentes, que pour évaluer<br />

le retentissement des troubles de la<br />

croissance secondaires à des problèmes<br />

divers. Infectieux ou traumatiques dans<br />

certains cas, ailleurs en relation avec des<br />

troubles fonctionnels ayant un impact<br />

sur la croissance osseuse à travers une<br />

gêne respiratoire nasale et/ou pharyngée,<br />

une hypertonicité labiale, une interposition<br />

linguale, l'ensemble de ces problèmes


pouvant relever de gestes associés spécifiques.<br />

Le défaut de leur prise en compte<br />

est souvent facteur de récidive postchirurgicale.<br />

Modalités d’intervention<br />

et de traitement<br />

1°) Au stade précoce : Il convient<br />

d'agir sur les facteurs défavorables,<br />

impactant la croissance maxillo-mandibulaire<br />

et avant tout, de dépister chez l'enfant une<br />

insuffisance ventilatoire naso-pharyngée.<br />

On interviendra ici sur le paquet adénoamygdalien<br />

si nécessaire, on gèrera une<br />

hypertrophie des cornets, de façon médicale<br />

ou chirurgicale, par le biais d'une<br />

turbinoplastie ou d'une turbinectomie<br />

partielle. De la même façon, on évaluera<br />

la situation nasale à la recherche d'une<br />

déviation septale et/ou septo-pyramidale,<br />

l'une et l'autre relevant d'une approche<br />

chirurgicale spécifique la plus conservatrice<br />

possible, en particulier chez l'enfant.<br />

2°) Au stade tardif : (c'est-à-dire des<br />

lésions constituées chez l'adulte), la prise<br />

en compte des anomalies au niveau de<br />

la filière respiratoire supérieure n'est pas<br />

inutile, car les anomalies présentes retentissent<br />

sur l'état général et sur la fonction<br />

d'équilibration de l'articulation temporomandibulaire.<br />

Mais c'est surtout, ici, le stade de<br />

l'indication de la correction des dysmorphoses<br />

par chirurgie orthopédique maxillomandibulaire,<br />

dite chirurgie orthognathique.<br />

Les techniques d'ostéotomie maxillomandibulaires<br />

ont pour but de réaliser une<br />

modification spatiale des bases osseuses,<br />

afin de rétablir un équilibre occlusal et facial.<br />

L'orthodontie péri-opératoire conditionne<br />

la garantie du résultat final. Il en est de<br />

même pour la précision du diagnostic<br />

des dysmorphoses présentes quant au<br />

choix thérapeutique, simple ou combiné.<br />

Enfin, les progrès techniques apportés<br />

par les ostéo-synthèses focales par miniplaque,<br />

résorbable ou non, l'utilisation<br />

de piezotome, bistouri à ultrason pour la<br />

section osseuse et la chirurgie assistée<br />

par ordinateur, simplifient et sécurisent<br />

les interventions et leurs suites. Insistons<br />

encore une fois sur la préparation orthodontique,<br />

son caractère incontournable<br />

dès lors qu'elle permet d'organiser la<br />

mise en congruence des arcades pour le<br />

post-opératoire à venir, en extériorisant<br />

tous les défauts et en supprimant les<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

compensations alvéolo-dentaires spontanément<br />

installées.<br />

Codification du traitement<br />

chirurgical<br />

Il repose sur trois axes : clinique,<br />

orthodontique et céphalométrique.<br />

a) Clinique : il conviendra d'évaluer les<br />

proportions des étages faciaux, la situation<br />

de l'articulé dentaire et les rapports labiodentaires,<br />

en particulier au niveau de la<br />

lèvre supérieure.<br />

b) Occlusal ou orthodontique : il repose<br />

sur la pratique de moulages permettant<br />

l'évaluation des anomalies, la simulation<br />

des déplacements avec reconstitution de<br />

l'articulé et la préparation d'une congruence<br />

de qualité à la fin du traitement orthodontique.<br />

La simulation des ostéotomies<br />

par une découpe sur moulage, commencera<br />

comme pour l'étape chirurgicale,<br />

par l'étage maxillaire supérieur, complétée<br />

secondairement par les découpes au<br />

niveau des étages mandibulaires.<br />

c) L'étape céphalométrique : elle repose<br />

sur les analyses des incidences téléradiographiques<br />

(Face-Profil-Hirtz), permettant,<br />

selon l'analyse architecturale de Delaire,<br />

le diagnostic de la dysmorphose. La<br />

quantification des déplacements avec<br />

simulation des coupes sur radiographies,<br />

photographies ou par le biais d'une approche<br />

numérique, permettra de déterminer le<br />

mouvement à apporter aux bases maxillaires<br />

et/ou mandibulaires.<br />

Les ostéotomies<br />

Les ostéotomies concernent le maxillaire<br />

supérieur, la mandibule ; elles peuvent<br />

être totales ou partielles. Parfois, elles sont<br />

associées à la pratique de distractions<br />

osseuses chirurgicales, qui seront évoquées<br />

également ici.<br />

Ostéotomie totale du maxillaire<br />

supérieur (photos 4 & 5):<br />

Photo 4<br />

Photo 5<br />

Leur conception repose sur l'analyse des<br />

tracés des lignes de fracture, observées<br />

en traumatologie, selon la classification<br />

de Lefort. Elles permettent la mobilisation<br />

en monobloc de l'arcade dentaire supérieure<br />

avec et par disjonction ptérygo-maxillaire.<br />

Les variantes existent, quant au niveau<br />

de réalisation des tracés d'ostéotomie.<br />

Les interventions de Lefort I - II ou III sont<br />

indiquées dans les dysmorphoses à<br />

décalage sagittal antéropostérieur simple ;<br />

les ostéotomies type II ou III ajoutent, en<br />

matière de complexité, la gestion des<br />

anomalies orbito-nasales associées, mais<br />

le problème de l'articulé reste comparable<br />

à celui de l'intervention princeps.<br />

La section osseuse permet la mobilisation<br />

des infrastructures du maxillaire<br />

permettant leur avancée ou leur recul,<br />

une fois la disjonction ptérygo-maxillaire<br />

réalisée en arrière.<br />

Un contrôle de l'articulé dentaire est<br />

réalisé avec mise en place d'un blocage<br />

bi-maxillaire transitoire.<br />

L'intervention peut être couplée à l'interposition<br />

ou l'apposition de greffon osseux.<br />

Les ostéosynthèses sont enfin mises en<br />

place, utilisant des microplaques vissées,<br />

résorbables ou non, ceci après contrôle<br />

définitif de la bonne mise en place des<br />

structures osseuses.<br />

Ostéotomie segmentaire du maxillaire<br />

supérieur :<br />

Elles sont d'indication rare du fait des<br />

progrès de la préparation orthodontique,<br />

ainsi qu'on l'a déjà souligné.<br />

Le recul du bloc incisivo-canin dans<br />

les proalvéolies, selon la technique de<br />

Wassmund, constitue sans doute celle<br />

dont l'indication demeure la plus fréquente ;<br />

à part la disjonction intermaxillaire<br />

d'extension transversale indiquée sur les<br />

formes sévères d'endognathie et utilisant<br />

le principe de la distraction sur lequel on<br />

reviendra.<br />

Novembre 2010 - N° 56 13


Au niveau mandibulaire :<br />

Les problèmes chirurgicaux sont<br />

différents car la structure osseuse<br />

concernée peut être assimilée à une<br />

structure bivalve, présentant des rapports<br />

anatomiques particuliers :<br />

- rapport étroit avec le nerf dentaire,<br />

- siège d'insertion d'un bloc musculaire<br />

puissant, constituant l'appareil manducateur,<br />

- d'une extrême mobilité par rapport à<br />

l'axe condylien rendant sa gestion en<br />

per-opératoire complexe.<br />

Deux territoires chirurgicaux sont<br />

ici fondamentaux :<br />

Le premier est antérieur, en avant du<br />

trou mentonnier permettant la pratique<br />

d'ostéotomie segmentaire, dont on précisera<br />

l'indication.<br />

Le second est postérieur, siégeant au<br />

niveau du ramus, ou branche montante.<br />

a) Le territoire antérieur : les ostéotomies<br />

segmentaires vont intéresser le<br />

relief mentonnier et/ou la portion des<br />

blocs dentés, incisivo-canins. Il s'agit ici<br />

surtout des génioplasties associées ou non,<br />

par ailleurs, à des ostéotomies maxillomandibulaires,<br />

dont le but est de permettre<br />

la reposition spatiale exacte du point<br />

mentonnier. Elles peuvent être réalisées<br />

à titre isolé ou combinées souvent à une<br />

rhinoplastie dans le cadre d'une profiloplastie<br />

standard, en-dehors de toute<br />

anomalie ou correction de l'articulé<br />

dentaire d'un patient. Quant aux ostéotomies<br />

segmentaires du bloc incisivocanin,<br />

elles sont exceptionnelles, correspondant<br />

à la technique de Koele et<br />

permettant une mise en congruence des<br />

étages antérieurs dentaires.<br />

b) le territoire postérieur : le ramus<br />

est le site chirurgical par excellence.<br />

Différents types d'intervention y<br />

sont réalisés avec, pour constante, la<br />

pratique d'un clivage sagittal séparant<br />

la branche montante en deux aires :<br />

- Externe, solidaire de l'articulation<br />

temporo-mandibulaire et siège du coroné.<br />

- Interne, solidaire du pédicule vasculonerveux<br />

et de l'arcade dentaire.<br />

L'intervention la plus classique est<br />

l'intervention d'Obweseger Dalpont, qui<br />

constitue une ostéotomie sagittale de la<br />

branche montante (Photo 6).<br />

L'abord chirurgical endo-buccal extrapériosté<br />

expose la zone rétromolaire et<br />

le bord antérieur du ramus.<br />

14<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

Photo 6<br />

Le pédicule, au niveau de l'épine du<br />

spix, est préservé ; le tracé de l'ostéotomie<br />

sera sus-jacent à la pénétration du nerf<br />

dentaire. Les insertions musculaires sont<br />

ruginées largement afin d'éviter toute<br />

incidence indésirable sur les éléments<br />

osseux mobilisés. La section osseuse,<br />

réalisant un clivage sagittal des deux<br />

corticales, va permettre un déplacement<br />

de la portion dentée par rapport au ramus<br />

selon un axe antéro-postérieur (Photo 7).<br />

Photo 7<br />

L'intervention nécessite une vérification<br />

per-opératoire de la situation condylienne.<br />

La mise en congruence de l'articulé en<br />

per-opératoire est assurée par la pratique<br />

d'un blocage bi-maxillaire transitoire.<br />

Une fois les ultimes vérifications de la<br />

qualité de la correction de l'articulé et du<br />

centrage du condyle réalisées, l'ostéosynthèse<br />

sera assurée par un vissage bicortical,<br />

conduit par voie transjugale.<br />

La vérification de l'occlusion peropératoire<br />

après levée du blocage bimaxillaire<br />

est obligatoire.<br />

Des drains et une antibio-corticothérapie<br />

seront indiqués ainsi que la mise en<br />

place d'une sonde au niveau pharyngé<br />

pendant 48 heures.<br />

Une contention orthodontique par<br />

élastiques est mise en place avec une<br />

alimentation liquide pendant 10 jours,<br />

mixée pendant 6 semaines et retour à<br />

un régime normal au bout de 2 mois.<br />

La contention élastique sera<br />

assurée en quasi-continuité pendant les 3<br />

premiers mois et de façon nocturne<br />

pendant les 3 mois suivants.<br />

Le contrôle clinique sera réalisé à 15<br />

jours - 1 mois - 3 mois - 6 mois et 1 an.<br />

Un bilan radiographique sera réalisé<br />

avec orthopantomogramme et téléradiographie<br />

à 8 jours - 6 mois et 1 an.<br />

Les distractions osseuses<br />

(Photo 8)<br />

Imaginées et utilisées initialement en<br />

chirurgie orthopédique (Illizarov) : elles ont<br />

pour but l'obtention d'une néo-formation<br />

osseuse. Elles peuvent ainsi permettre<br />

de résoudre le problème orthognathique<br />

sans avoir recours à des greffes, comme<br />

c'était le cas classiquement.<br />

Un foyer d'ostéogénèse est induit par<br />

la réalisation d'une ostéotomie corticale<br />

au niveau de laquelle le cal va se<br />

constituer, sous l'effet de la stimulation<br />

des facteurs plaquettaires et de la fibrine.<br />

L'ostéogénèse est aussi favorisée par la<br />

présence de facteurs de croissance locaux.<br />

Après une période d'attente d'une<br />

semaine, la stimulation par distraction du<br />

matériel installé sera amorcée à raison de 1<br />

mm par jour, l'ostéogénèse pouvant ainsi<br />

permettre de gagner jusqu'à 15 mm.<br />

La consolidation à l'obtention du déplacement<br />

est obtenue en 6 à 8 semaines.<br />

L'utilisation de produits d'activation<br />

des foyers d'ostéogénèse, tels les PRF,<br />

est proposée par de nombreux auteurs.<br />

Conclusion<br />

Photo 8<br />

Il semble utile d'insister sur trois notions :<br />

- la nécessité d'une approche multidisciplinaire<br />

de la prise en charge des<br />

dysmorphoses maxillo-faciales et le rôle<br />

majeur du traitement orthodontique.<br />

- l'importance du dépistage précoce<br />

des facteurs aggravants sinon déclenchants,<br />

en particulier chez l'enfant.<br />

- l'intérêt des nouvelles technologies<br />

en matière de simplicité et de sécurité<br />

des suites opératoires.


16<br />

AA GG EE NN CC E E SS AA NN II TT AA II RR E E EE T T SS OO CC II AA LL E E -- NN C C<br />

Quelques trucs et astuces pouvant être utiles<br />

pour aborder l’alcool :<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

L’OMS a défini des normes de consommations<br />

à moindre risque.<br />

Comment les retenir?<br />

Il y a cinq chiffres que le professionnel de<br />

santé doit connaître et doit faire connaître à<br />

la population dans le cadre de ses activités<br />

de soins primaire et d’éducation pour la santé:<br />

Ces chiffres sont : 0, 1, 2, 3, 4<br />

0 verre d’alcool chez la femme enceinte<br />

du début à la fin de la grossesse<br />

1 jour par semaine sans alcool chez le<br />

buveur régulier<br />

Pas plus de 2 verres d’alcool par jour<br />

chez la femme buveuse régulière<br />

Pas plus de 3 verres d’alcool par jour<br />

chez l’homme buveur régulier<br />

Pas plus de 3 verres d’alcool par occasion<br />

chez la femme buveuse occasionnelle<br />

Pas plus de 4 verres d’alcool par occasion<br />

chez l’homme buveur occasionnel<br />

Qu’entend-on par verre d’alcool : il s’agit de verres standards, c’est-à-dire les verres que l’on boit dans un lieu public.<br />

Un demi pression équivaut à un verre de vin, à un verre de whisky ou de cognac.<br />

Mais les consommations ne se font pas<br />

toujours dans des lieux publics...<br />

...et à la maison nos verres de whisky sont<br />

souvent plus généreux qu’au bar.<br />

Certains modes de consommation<br />

se font parfois directement à la bouteille<br />

dans laquelle chacun prend une gorgée.<br />

Il est alors intéressant de calculer<br />

les équivalences.


= 23 VERRES<br />

AA GG EE NN CC E E SS AA NN II TT AA II RR E E EE T T SS OO CC II AA LL E E -- NN C C<br />

STANDARDS<br />

= 19 BOITES <strong>DE</strong> BIERE<br />

= 10 VERRES STANDARDS 7<br />

À partir de 0,80g d’alcool/litre de sang il ne s’agit plus d’une contravention mais d’un délit.<br />

Quel est le taux correspondant à l’ivresse?<br />

=<br />

<strong>DE</strong> 33 cl<br />

BOITES <strong>DE</strong> BIERE<br />

<strong>DE</strong> 33 cl<br />

Quel est le taux normal d’alcool dans le<br />

sang?<br />

Ce taux est zéro<br />

Quel est le taux légal pour la conduite d’un<br />

véhicule?<br />

En Nouvelle-Calédonie ce taux est 0,50g<br />

d’alcool/litre de sang (soit 0,25mg d’alcool/<br />

litre d’air expiré)<br />

Ce taux là ne correspond pas à l’ivresse<br />

mais au taux au-delà duquel on est en<br />

contravention (15 000 cfp).<br />

Il est variable d’un individu à l’autre (un alcoolo dépendant a toujours de l’alcool dans le sang mais présente rarement<br />

des signes d’ivresse.<br />

Il en est de même pour le coma éthylique : un adolescent peut être en coma avec un taux d’alcool inférieur à 2g/l alors qu’un<br />

alcoolo dépendant ne le sera parfois pas avec une alcoolémie au delà de 3g/litre de sang<br />

Lorsque nous prenons le volant nous confondons souvent taux légal et signe d’ivresse. C’est dangereux. Un adulte de 70kg<br />

qui a bu trois canettes de bière pourra avoir une alcoolémie de 0,50 g/litre mais ne sera pas ivre et dira facilement qu’il<br />

est capable de gérer et de conduire son véhicule<br />

Alcool et grossesse<br />

Le risque dépend :<br />

De la dose ingérée,<br />

De la date de l’exposition à l’alcool,<br />

De la durée de l’exposition,<br />

De la vulnérabilité individuelle de la mère,<br />

Le risque existe à partir de 30 grammes<br />

d’alcool/ jour (3 verres de vin ou 2 canettes<br />

de bière) et il est permanent du début à la<br />

fin de la grossesse.<br />

Première cause non génétique de handicap<br />

mental chez l'enfant<br />

Plus fréquent que la trisomie,<br />

Evitable à 100%,<br />

Irréversible à 100%<br />

Novembre 2010 - N° 56 17


Diagnostic biologique de la dengue à l’Institut Pasteur de<br />

Nouvelle-Calédonie (IPNC)<br />

Ann-Claire Gourinat, Eric D’Ortenzio<br />

IPNC Nouméa<br />

Il existe quatre sérotypes distincts du<br />

virus de la dengue qui entrainent les<br />

mêmes signes cliniques sans immunité<br />

croisée entre ces 4 sérotypes. Autrement<br />

dit, un même individu peut en théorie<br />

avoir la dengue 4 fois dans sa vie.<br />

Deux épidémies de dengue incriminant<br />

d’abord le sérotype <strong>DE</strong>N-1 en<br />

2008 puis des sérotypes <strong>DE</strong>N-4 (majoritaire)<br />

et <strong>DE</strong>N-1 en 2009 se sont succédées<br />

en Nouvelle-Calédonie. La persistance<br />

du sérotype <strong>DE</strong>N-1 pendant plus de 2<br />

ans, avec des cas sporadiques diagnostiqués<br />

en inter-épidémie et en saison<br />

fraîche, suggère fortement l’installation<br />

d’une situation endémo-épidémique sur le<br />

territoire.<br />

Rappels cliniques<br />

et biologiques<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

LES MARDIS <strong>DE</strong> L’ ASSOCIATION<br />

Soirée du 05 octobre 2010<br />

La dengue est une arbovirose due à un virus de la famille des flaviviridae transmise à<br />

l'homme par la piqûre d'un moustique diurne du genre Aedes. Elle sévit dans les régions<br />

tropicales et subtropicales, avec une prédilection pour les zones urbaines et semi-urbaines. La<br />

dengue serait l’affection virale la plus répandue au monde, avec 55% de la population<br />

mondiale exposée au virus (2,5 milliards) dans plus de 120 pays. Chaque année, on estime à<br />

36 millions le nombre de cas symptomatiques dont 2,1 millions de formes sévères (formes<br />

hémorragiques et formes avec syndrome de choc) et à 21 000 le nombre de décès [1, 2].<br />

Après une période d’incubation moyenne<br />

de 5 à 6 jours (extrême : 3 à 15 jours)<br />

apparaissent les premiers signes cliniques<br />

de la maladie. Le virus de la dengue<br />

peut provoquer alors un large éventail<br />

de formes cliniques, allant de la forme<br />

totalement asymptomatique à la forme<br />

hémorragique parfois mortelle. Les signes<br />

cliniques de la dengue sont généralement<br />

une fièvre élevée d’apparition brutale, des<br />

céphalées, des myalgies, des arthralgies,<br />

des douleurs rétro-orbitaires, une asthénie,<br />

des nausées, parfois un érythème facial<br />

ou diffus et une injection conjonctivale.<br />

Sur le plan biologique, on peut observer<br />

une thrombopénie associée à une<br />

leuconeutropénie, une lymphopénie et<br />

la présence de lymphocytes hyperbasophiles<br />

signalés à la formule sanguine. La<br />

cytolyse (ASAT) est modérée et la CRP<br />

reste subnormale.<br />

Le pourcentage des formes asymptomatiques<br />

est non négligeable et pourrait<br />

atteindre 30 à 80% de la population selon<br />

certaines études [2, 3, 4].<br />

Les examens biologiques<br />

Plusieurs examens de laboratoire<br />

sont disponibles pour diagnostiquer la<br />

dengue : la mise en évidence de l’ARN<br />

du virus par RT-PCR et de l’antigène<br />

NS1 (marqueurs précoces) et la recherche<br />

des anticorps de type IgM et IgG dirigés<br />

contre le virus (marqueurs tardifs).<br />

ARN viral<br />

AgNS1<br />

IgM<br />

J-1 J+5/6<br />

Figure 1 : cinétique des outils diagnostiques<br />

Figure 1 : cinétique des outils diagnostiques<br />

J+1 J+9<br />

L’antigène NS1<br />

L’antigène NS1 (Non stuctural protein)<br />

est une protéine du virus produite en<br />

excès lors de la réplication virale. Il peut<br />

persister dans le sérum des patients<br />

jusqu’au 9 ème jour suivant l’apparition des<br />

premiers symptômes (fig.1). L’antigène<br />

NS1 est détectable soit par technique<br />

ELISA (technique automatisée réalisée<br />

tous les jours à l’IPNC), soit par technique<br />

immunochromatographique (test rapide<br />

avec un résultat donné en 30’). La spécificité<br />

du test ELISA est proche de 100%<br />

et sa sensibilité avoisine les 90%.<br />

Cependant une sensibilité moindre a<br />

été observée avec le kit Biorad durant<br />

l’épidémie de 2008-2009 sans doute liée<br />

à la production d’IgG anti-NS1 lors d’une<br />

infection antérieure [5]. Les tests rapides<br />

J(3)-J5 M2M3<br />

Novembre 2010 - N° 56 19


présentent une sensibilité moins élevée<br />

que le test ELISA et sont réservés uniquement<br />

aux demandes urgentes et<br />

ponctuelles pour des patients hospitalisés.<br />

20<br />

La PCR dengue<br />

La détection de l’ARN viral est réalisée<br />

par la méthode RT-PCR, plus complexe,<br />

longue (8h) et coûteuse [6]. Ce test est<br />

réalisé une à deux fois par mois à<br />

l’IPNC, sauf situation exceptionnelle. En<br />

Nouvelle-Calédonie, la PCR est utilisée<br />

pour la surveillance épidémiologique car<br />

elle seule permet d’identifier les sérotypes<br />

circulants et permet chaque année de<br />

détecter l’intrusion de nouveaux sérotypes<br />

chez des voyageurs (retour d’Asie du<br />

Sud Est principalement).<br />

La sérologie<br />

Les IgM spécifiques dirigés contre le<br />

virus sont détectables par méthode ELISA,<br />

quelques jours après l’apparition des<br />

symptômes (fig.1). La sensibilité de ce<br />

test est de 95% mais sa spécificité peut<br />

varier selon les coffrets utilisés. Un résultat<br />

positif isolé doit être interprété avec<br />

précaution, car des réactions croisées<br />

ont été observées dans des syndromes<br />

infectieux comme l’hépatite A, la leptospirose,<br />

le paludisme, le virus West Nile,<br />

etc…, ou encore lors d’activations polyclonales<br />

ou de pathologies auto-immunes.<br />

Une deuxième sérologie, après un intervalle<br />

de 15 jours, peut permettre de<br />

confirmer le diagnostic de dengue<br />

(séroconversion ou séro-ascension<br />

significative du taux d’IgM).<br />

La recherche des IgG a peu d’intérêt<br />

sur un prélèvement isolé, car d’une part<br />

l’apparition des IgG est plus tardive que<br />

celle des IgM et d’autre part une majorité<br />

de la population calédonienne a probablement<br />

déjà été exposée à un des 4<br />

sérotypes et présente donc des IgG. Si<br />

un deuxième prélèvement est réalisé à<br />

distance, la recherche des IgG sur ces 2<br />

sérums peut permettre, en cas d’augmentation<br />

significative du titre d’anticorps,<br />

d’établir un diagnostic de certitude de<br />

dengue, et de différencier une dengue<br />

primaire d’une dengue secondaire<br />

(fig 2). La sérologie IgG n’est actuellement<br />

pas réalisée à l’IPNC car la<br />

deuxième sérologie reste rarement<br />

prescrite, mais elle pourrait être mise en<br />

œuvre prochainement.<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

Le réseau sentinelle dengue<br />

L’IPNC est le laboratoire de référence<br />

pour la surveillance de la dengue en<br />

Nouvelle-Calédonie. La recherche de<br />

l’antigène NS1 est réalisée tous les jours<br />

quelle que soit l’activité épidémique. La<br />

sérologie IgM est faite deux fois par<br />

semaine (hors épidémie) et tous les<br />

jours pendant les périodes épidémiques.<br />

Les coordonnées des patients positifs à<br />

l’un des deux tests sont aussitôt transmises<br />

à la DASS-NC qui fait suivre le même<br />

jour ces renseignements aux services<br />

municipaux. Ces derniers mettent alors<br />

Cas confirmé confirm<br />

Ag NS1<br />

+ -<br />

- Hors épidémie : RT-PCR dengue<br />

sérotypage<br />

- Epidémie : RT-PCR<br />

voyageurs<br />

nouveaux foyers<br />

Figure 3 : stratégie diagnostic diagnostique pour pour le le réseau réseau sentinelle<br />

Figure 2 : réponse<br />

immunitaire lors d’une<br />

primo-infection et lors<br />

d’une réinfection du<br />

virus de la dengue<br />

en place la lutte anti-vectorielle périfocale<br />

autour des habitations concernées.<br />

L’IPNC perçoit une subvention du<br />

Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie<br />

pour réaliser les activités de surveillance.<br />

Le réseau sentinelle dengue est défini par<br />

la DASS-NC et il est actuellement ouvert à<br />

tous les médecins. Lorsqu’un prélèvement<br />

parvient à l’IPNC, accompagné d’une<br />

fiche de renseignement du réseau sentinelle,<br />

les examens les plus adaptés sont<br />

réalisés (fig.3), le patient bénéficie de la<br />

gratuité des examens et les données<br />

cliniques alimentent les données de la<br />

DASS.<br />

1 ère sérologie<br />

SC


La déclaration de cas de dengue : intérêt et conséquences<br />

Anne Pfannstiel<br />

DASS-NC<br />

Situation épidémiologique<br />

de la dengue en<br />

Nouvelle Calédonie<br />

Avec un peu plus d’une centaine de<br />

cas depuis le début de l’année, et environ<br />

1 cas par semaine actuellement, ainsi<br />

que du fait que la circulation du virus est<br />

permanente sur le territoire depuis<br />

plusieurs années, la Nouvelle Calédonie<br />

connaît une situation endémo épidémique.<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

Bien que seul le virus de type 1 circule<br />

sur le territoire, d’autres sérotypes circulent<br />

dans la région (<strong>DE</strong>N 4 en Polynésie<br />

française, <strong>DE</strong>N 3 à la Réunion, les 4<br />

sérotypes en Indonésie et en Asie du<br />

Sud-est).<br />

Rappelons que le moustique vecteur<br />

de la dengue, Aedes aegypti est également<br />

vecteur d’autres maladies<br />

comme le chikungunya et la fièvre jaune.<br />

Il est donc important d’interroger les<br />

patients présentant une hyperthermie ou<br />

Circuit de déclaration de la dengue<br />

* : Service d’Inspection et de Prévention des Risques Environnementaux et Sanitaires<br />

*<br />

des signes cliniques suspects sur un<br />

éventuel retour de voyage afin de limiter<br />

les risques d’introduction d’un autre<br />

sérotype de dengue ou d’une nouvelle<br />

pathologie sur le territoire.<br />

La dengue est une maladie à<br />

déclaration obligatoire en Nouvelle<br />

Calédonie.<br />

Novembre 2010 - N° 56 21


Conseils aux patients<br />

Ne pas oublier de donner une ordonnance<br />

jaune à chaque patient suspect de dengue,<br />

avec quelques explications sur l’importance<br />

de réaliser une protection individuelle contre les<br />

piqûres de moustique en période de virémie,<br />

ceci afin d’éviter la contamination d’autres<br />

moustiques qui diffuseront à leur tour la maladie.<br />

En conclusion, il est impératif que chaque<br />

patient porteur d’une dengue confirmée biologiquement<br />

ou suspect de dengue sans confirmation<br />

biologique soit déclaré afin qu’une lutte<br />

périfocale puisse débuter dans les meilleurs<br />

délais afin de limiter l’extension de la maladie.<br />

Qu’avec l’approche de la période chaude et<br />

pluvieuse et l’entrée de la Nouvelle Calédonie<br />

en phase El Niña qui devrait entraîner des<br />

températures (+++) et précipitations supérieures<br />

aux normales saisonnières pour les prochains<br />

mois, la Nouvelle Calédonie n’est pas à l’abri<br />

d’une nouvelle épidémie de dengue.<br />

22<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

AA SS SS OO CC II AA TT II OO N N MM ÉÉ DD II CC AA LL E E<br />

Renseignements indispensables :<br />

1 Nom, prénom, adresses réelles<br />

et n° de téléphone<br />

=> réalisation d’une lutte périfocale dans un périmètre<br />

de 150 m autour de l’habitation du patient<br />

2 Voyage récent hors NC,<br />

lieu et date de retour<br />

=> éviter l’introduction de nouveaux sérotypes en<br />

NC<br />

3 Date d’apparition des signes<br />

et signes cliniques<br />

=> aide au diagnostic en cas de résultats douteux<br />

et calcul du J de la maladie<br />

4 Date de prélèvement,<br />

J de la maladie<br />

=> oriente pour choisir le test biologique à utiliser


EE XX EE RR CC EE R R AA UU JJ OO UU RR D D ’ ’ HH UU I I<br />

Intoxication par le crabe de cocotier Birgus latro<br />

en Nouvelle-Calédonie<br />

Dr Claude MAILLAUD, SAMU 988<br />

Il s’agit d’une intoxication alimentaire potentiellement<br />

létale par le crabe de cocotier, dont<br />

la forme clinique observée en Nouvelle-<br />

Calédonie a été récemment décrite (Maillaud<br />

et al., 2010). Cette entité a été à l’origine de<br />

quatre décès en 2008 et 2009, et de treize<br />

cas d’évolution favorable entre 2008 et 2010.<br />

Elle semble limitée aux îles Loyauté, et concerner<br />

les quatre îles de cet archipel.<br />

Toxinologie<br />

Le crabe de cocotier Birgus latro peut<br />

être porteur de toxines de la famille des<br />

cardénolides, à laquelle appartiennent<br />

également les digitaliques, suite à la<br />

consommation par le crustacé du noyau<br />

du fruit du faux manguier Cerbera<br />

manghas, un arbre de la famille des<br />

Apocynaceae. Les toxines apparaissent<br />

concentrées dans l’hépatopancréas et le<br />

tube digestif du crustacé, correspondant<br />

à partie noire du céphalothorax de<br />

l’animal, normalement non consommée<br />

dans les îles Loyauté. Toutefois, la préparation<br />

selon la méthode traditionnelle<br />

visant à éliminer cette partie de l’animal<br />

ne prévient pas toujours l’intoxication,<br />

comme en témoignent quatre cas dont un<br />

mortel faisant suite à la consommation<br />

du céphalothorax de crabes de cocotier<br />

préparés conformément à ces recommandations.<br />

Une confirmation de l’hypothèse toxinologique<br />

par dosage des cardénolides<br />

dans le sérum des patients décédés, le<br />

noyau du faux manguier et les viscères<br />

du crabe de cocotier a été obtenue,<br />

mettant en cause la neriifoline, toxine<br />

produite par certains Apocynaceae<br />

(deux autres cardénolides, la cerberine et<br />

cerberigenine, ont également été identifiés<br />

en faible quantité dans les tissus du<br />

crustacé). La nériifoline a également été<br />

retrouvée dans le sérum de patients ayant<br />

présenté des intoxications non létales.<br />

La recherche de neriifoline dans la<br />

chair du crabe de cocotier a amené des<br />

résultats positifs pour la chair du céphalothorax<br />

et celle du haut des pattes<br />

(à des taux plus faibles que dans les<br />

viscères), elle n’a pas été réalisée pour<br />

les pinces.<br />

La période de fructification du faux<br />

manguier dans les îles Loyauté est<br />

considérée comme s’étendant de janvier<br />

à avril, et les quatre cas mortels observés<br />

l’ont été en avril 2008 et avril 2009. Toutefois,<br />

si la majorité des cas observés l’a été<br />

entre les mois de janvier et avril, deux<br />

cas non mortels relevés aux mois de mai<br />

et d’octobre viennent relativiser cette<br />

donnée. Ce d’autant que des observations<br />

récentes tendent à montrer que la<br />

période de fructification de Cerbera<br />

manghas s’étend en fait de mars à<br />

novembre et que des fruits de l’arbre<br />

sont présents au sol toute l’année.<br />

Cerbera manghas (fleurs et fruits)<br />

Structure chimique de la nériifoline<br />

Crabe de cocotier Birgus latro<br />

Photo : P Bacchet<br />

Les cas d’intoxication mortels ont été<br />

décrits suite à la consommation de crabes<br />

de cocotiers provenant de Maré (districts<br />

de Menakou, Ro, Padawa, Tenane), les<br />

cas non mortels ont été imputés à des<br />

crustacés en provenance de Maré (7 cas,<br />

districts de Menaku, Tenane, Eni), Lifou<br />

(2 cas), Ouvéa (2 cas) et Tiga (2 cas).<br />

Clinique et<br />

investigations paracliniques<br />

Assez proche de l’intoxication digitalique,<br />

cette intoxication associe des<br />

signes dans un premier temps digestifs<br />

(vomissements, diarrhée), motivant habituellement<br />

le recours aux soins, à des<br />

signes cardiovasculaires apparaissant<br />

secondairement (dans un délai mal précisé,<br />

pouvant atteindre plusieurs heures) et qui<br />

Photo : C Pivert<br />

Novembre 2010 - N° 56 23


font le pronostic de l’intoxication : bradycardie,<br />

hypotension, troubles de la<br />

conduction (BAV complet) évoluant vers<br />

l’asystolie. Il n’est pas noté de signes<br />

neurosensoriels.<br />

Une hyperkaliémie est constante,<br />

associée à une insuffisance rénale plus<br />

ou moins sévère. La correction de l’hyperkaliémie<br />

ne permet pas la régression des<br />

troubles de la conduction. S’y associe<br />

une acidose métabolique. La présence<br />

de l’hyperkaliémie semble constituer un<br />

facteur de mauvais pronostic.<br />

Des formes digestives pures ont également<br />

été observées, se limitant à un<br />

épisode de vomissements et diarrhée<br />

pouvant durer jusqu’à 24 heures.<br />

Un cas avec bradycardie sinusale<br />

transitoire et majoration d’un BAV1 préexistant,<br />

accessibles à l’atropine, sans<br />

hyperkaliémie, a été récemment observé.<br />

Le passage d’une forme digestive<br />

pure à une forme cardio-vasculaire<br />

engageant le pronostic vital en l’absence de<br />

traitement spécifique n’est pas prévisible.<br />

Les formes cardio-vasculaires mortelles<br />

représenteraient à ce jour moins d’un<br />

quart des cas.<br />

Diagnostic différentiel<br />

L’intoxication peut être confondue<br />

avec : une hyperkaliémie d’autre origine<br />

(insuffisance rénale), une intoxication<br />

digitalique, un SCA.<br />

Pronostic<br />

La létalité de l’intoxication a été<br />

constante dans quatre cas relevés en<br />

Nouvelle-Calédonie avec signes cardiovasculaires<br />

(troubles de la conduction<br />

réfractaires à toute thérapeutique évoluant<br />

vers l’asystolie). Le décès est survenu<br />

dans les premières vingt-quatre heures<br />

suivant le repas toxique dans trois cas,<br />

au quatrième jour dans un cas<br />

(corrélation avec une kaliémie initiale<br />

moins élevée ?).<br />

La constatation d’une hyperkaliémie<br />

(parfois très marquée : jusqu’à 9,4<br />

mmol/L) a été associée à la totalité des<br />

cas mortels ; à l’inverse, une kaliémie<br />

normale a été constatée chez plusieurs<br />

patients ayant présenté des formes<br />

uniquement digestives. Cette hyperkaliémie<br />

est considérée comme le reflet de<br />

l’action toxique des cardénolides en<br />

particulier sur les cellules myocardiques,<br />

ce qui peut expliquer l’inefficacité en<br />

termes de mortalité de la correction de<br />

24<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

EE XX EE RR CC EE R R AA UU JJ OO UU RR D D ’ ’ HH UU I I<br />

cette anomalie biologique en l’absence<br />

de traitement visant à neutraliser la<br />

toxine en cause.<br />

L’âge et la présence de comorbidités<br />

(diabète, insuffisance rénale, cardiopathie)<br />

semblent apparaître comme des facteurs<br />

de mauvais pronostic, présents chez la<br />

totalité des patients décédés.<br />

La consommation du céphalothorax a<br />

été associée aux quatre cas mortels, que<br />

l’animal ait été préparé conformément à<br />

la tradition orale des île Loyauté (qui<br />

recommande d’en extraire hépatopancréas<br />

et tube digestif, à savoir la « partie<br />

noire », ou de ne pas consommer le<br />

crabe si le céphalothorax a un aspect<br />

« noirâtre ») ou non (conformément à<br />

ces recommandations dans 1 cas, sans<br />

préparation particulière dans 3 cas).<br />

La consommation d’autres parties du<br />

crustacé (pattes, pinces) n’a pas été<br />

associée jusqu’ici à des cas mortels,<br />

mais à des formes uniquement digestives<br />

observées dans l’entourage des victimes<br />

ainsi qu’à l’occasion d’intoxications<br />

distinctes des cas mortels. Toutefois,<br />

compte tenu de la présence de nériifoline<br />

dans différents tissus de l’animal et du<br />

manque de données permettant de tirer<br />

des généralités quant à la toxicité des<br />

différentes parties de celui-ci (nécessité<br />

de dosages toxinologiques sur de vastes<br />

échantillons de crustacés), il semble<br />

actuellement hasardeux de conclure que<br />

seule la consommation du céphalothorax<br />

puisse exposer au risque d’intoxication<br />

mortelle.<br />

Traitement<br />

Ont été tentés, sans succès en termes<br />

de mortalité : MCE, IOT + ventilation<br />

mécanique, adrénaline, atropine, isoprénaline,<br />

sonde d’EES, gluconate de calcium,<br />

bicarbonate de sodium 4,2%, G5% +<br />

insuline rapide, salbutamol au PSE, lavage<br />

gastrique, épuration extra-rénale.<br />

Les anticorps Fab anti-digitaliques<br />

(DIGIBIND ® ) semblent indiqués en cas<br />

de manifestations cardio-vasculaires de<br />

l’intoxication, compte tenu de la proche<br />

parenté des toxines en cause avec les<br />

digitaliques ainsi qu’avec différents<br />

cardénolides en cause dans d’autres<br />

intoxications par les Apocynaceae et dans<br />

lesquelles l’efficacité de ce traitement<br />

est établie.<br />

Il semble raisonnable de réserver leur<br />

utilisation aux patients présentant au<br />

moins l’un des signes suivants: BAV<br />

complet, bradycardie résistante à l’atropine,<br />

hypotension artérielle, hyperkaliémie.<br />

L’indication des anticorps Fab antidigitaliques<br />

chez les patients présentant<br />

une bradycardie accessible à l’atropine<br />

et/ou des troubles mineurs de la conduction<br />

(BAV1) doit être pesée au cas par cas,<br />

en tenant compte des facteurs de mauvais<br />

pronostic que représentent l’âge et<br />

l’existence de comorbidités.<br />

Prévention<br />

Dans l’état actuel des connaissances<br />

sur la question, il paraît raisonnable de<br />

déconseiller formellement toute consommation<br />

de crabe de cocotier en provenance<br />

des îles Loyauté. Un complément<br />

d’enquête, visant en particulier à mieux<br />

cerner la toxicité des différentes parties<br />

du crustacé à différentes périodes de<br />

l’année, voire d’évaluer l’effet du jeûne<br />

ou de l’alimentation contrôlée en captivité<br />

du crustacé en préalable à sa<br />

consommation, mériterait de se voir diligenter<br />

afin de mieux cerner le risque en<br />

termes de santé publique. Faute que de<br />

telles investigations soient entreprises,<br />

le principe de précaution semble devoir<br />

s’appliquer, lequel recommande l’abstention<br />

complète de toute consommation de<br />

crabe de cocotier en provenance des îles<br />

Loyauté jusqu’à plus ample informée.<br />

Proposition de prise en charge<br />

Transport médicalisé et admission<br />

en Réanimation (au Centre Hospitalier<br />

Territorial Gaston Bourret) de tout patient<br />

présentant des signes digestifs et a fortiori<br />

cardiovasculaires au décours de la<br />

consommation de crabes de cocotier ;<br />

alternative : admission en Soins Intensifs<br />

voire à défaut à l’UHCD (lit scopé) si signes<br />

digestifs seuls, transfert en Réanimation<br />

si apparition secondairement de signes<br />

cardiovasculaires.<br />

ECG, monitorage continu des paramètres<br />

vitaux, kaliémie en urgence (i-STAT).<br />

Bilan sanguin : NFS, ionogramme,<br />

créatininémie, urée plasmatique, calcémie,<br />

gaz du sang artériel, lactates ; dosages<br />

répétés de la kaliémie.<br />

Traitement des troubles de la<br />

conduction et de l’hyperkaliémie tel<br />

que décrit plus haut, en l’attente ou en<br />

complément d’un traitement spécifique.<br />

Envisager l’utilisation d’anticorps<br />

Fab anti-digitaliques dès lors que des<br />

signes cardiovasculaires (bradycardie,<br />

troubles de la conduction, hypotension)


et/ou une hyperkaliémie sont présents,<br />

compte tenu d’arguments théoriques<br />

forts allant dans le sens de leur efficacité<br />

et du pronostic constamment fatal de<br />

l’intoxication avec présence de ces signes<br />

cardiovasculaires associés à cette anomalie<br />

biologique.<br />

Prélèvements en vue d’analyses toxicologiques,<br />

à adresser au Laboratoire de Biochimie<br />

du CHT à l’attention du Dr Yann BARGUIL :<br />

- un tube sec pour recherche de toxiques<br />

sanguins + un prélèvement d’urines,<br />

- les crustacés toxiques et/ou ceux<br />

provenant du même lot si disponibles<br />

(à congeler),<br />

- 20 g de myocarde en cas d’autopsie<br />

d’un patient décédé.<br />

Signalement à la DASS.<br />

Intoxication par Apocynaceae<br />

Outre Cerbera manghas, la famille<br />

des Apocynaceae comprend plusieurs<br />

espèces toxiques, dont :<br />

- Cascabela thevetia (anciennement<br />

Thevetia peruviana, laurier jaune),<br />

- Nerium oleander (laurier rose).<br />

Différentes parties de ces plantes<br />

contiennent des hétérosides cardiotoxiques :<br />

thevetines A et B et neriifoline pour la<br />

première, oléandrine pour la seconde.<br />

La prise en charge des intoxications<br />

par ces végétaux fait également appel<br />

aux anticorps Fab anti-digitaliques.<br />

EE XX EE RR CC EE R R AA UU JJ OO UU RR D D ’ ’ HH UU I I<br />

Anticorps Fab Anti-Digitaliques (Digibind ® )<br />

Présentation<br />

DIGIBIND ® : flacons de 38 mg de fragments Fab d’immunoglobuline antidigoxine (Laboratoires SERB).<br />

Un stock de 30 flacons est entretenu à la Pharmacie du CHT.<br />

Ce stock peut être mis à la disposition du SAMU sur appel du pharmacien de garde, en vue d’une<br />

administration du produit avant ou pendant le transport du patient vers le CHT.<br />

La mise à disposition d’une dose curative de fragments Fab d’immunoglobuline antidigoxine à l’un<br />

des dispensaires de Maré est une option qui n’a pas été retenue, en raison des problèmes de coût, de<br />

conservation (au froid et à l’abri de la lumière) et de péremption rapide du produit.<br />

Propriétés :<br />

DIGIBIND ® : 1 flacon neutralise 0,5 mg de digitalique (digoxine ou digitoxine).<br />

Posologie<br />

En raison des inconnues quant aux propriétés pharmacologiques de la neriifoline et de l’absence de<br />

données quant à l’intoxication par cette toxine seule, les posologies suivantes peuvent être proposées :<br />

- 760 mg soit 20 flacons de DIGIBIND ® , posologie recommandée en cas d’ingestion aiguë d’une<br />

quantité inconnue de glycoside (voir caractéristiques du produit, in : SERB - Laboratoires)<br />

- 1 140 mg soit 30 flacons de DIGIBIND ® , à renouveler au besoin une voire deux fois en cas de<br />

réponse insuffisante, posologie recommandée quels que soient l’âge et le poids du patient en cas<br />

d’intoxication par le laurier jaune Cascabela thevetia - anciennement Thevetia peruviana (Rajapakse,<br />

2009). Il est en effet établi que des doses supérieures à celles efficaces pour le traitement de l’intoxication<br />

digitalique sont nécessaires en cas d’intoxication par les cardénolides (thevetines A et B et neriifoline)<br />

contenus dans cette plante.<br />

Indications<br />

Il paraît logique de réserver l’administration des anticorps Fab anti-digitaliques aux seuls patients présentant<br />

des symptômes cardio-vasculaires, compte tenu de l’inconstance de la survenue de ceux-ci parmi les<br />

patients présentant des signes digestifs. Cette stratégie impose le transport médicalisé et la mise en<br />

observation de tout patient suspect d’intoxication par le crabe de cocotier dans un service équipé des<br />

moyens techniques et humains permettant un monitorage continu des fonctions vitales et l’intervention<br />

immédiate d’une équipe soignante formée à l’utilisation des anticorps Fab anti-digitaliques lorsque<br />

nécessaire. Le très faible délai d’action de ce produit lors des intoxications par digitaliques semble<br />

autoriser cette attitude. L’administration prophylactique du produit soulève un problème de coût.<br />

Effets indésirables<br />

Il est noté la possibilité de réactions allergiques.<br />

Coût<br />

Environ 70000CFP le flacon de DIGIBIND ® .<br />

Références bibliographiques<br />

MAILLAUD C, LEFEVRE S, SEBAT C, BARGUIL Y, CABALION P, CHEZE M, HNAWIA E, NOUR M, DURAND F. Double lethal Coconut<br />

Crab (Birgus latro L.) poisoning. Toxicon 2010 ; 55 : 81-6. - LAPOSTOLLE F. Intoxication digitalique aigue. In: BISMUTH C, BAUD F,<br />

CONSO F, DALLY S, FREJAVILLE JP, GARNIER R, JAEGER A. Toxicologie Clinique. 5ème édition. Paris: Flammarion, 2000 : 254-65.<br />

RAJAPAKSE S. Management of yellow oleander poisoning. Clin Toxicol 2009 ; 47 : 206-12. - SERB – Laboratoires. caractéristiques du<br />

produit, in : Lettre d’information destinée aux professionnels de santé. Paris, 15 février 2008.- PIVERT C. Intoxication aux cardénolides par<br />

Apocynacée (Cerbera manghas) via la consommation de crabe de cocotier (Birgus latro) en Nouvelle-Calédonie. Thèse. Rennes, 2010.<br />

Novembre 2010 - N° 56 25


Définition donnée<br />

par la Haute Autorité<br />

de la Santé<br />

En Nouvelle-Calédonie:<br />

quelques chiffres<br />

En 2008, 82 mineurs étaient<br />

recensés « TED » en province Sud, et<br />

1 en Province Nord, au nombre<br />

desquels se trouvent les autistes<br />

(données croisées CEJH, établissements<br />

spécialisés, centre de pédo<br />

psychiatrie, Direction enseignement).<br />

Ce recensement est à minima<br />

puisque le dépistage précoce<br />

n’est pas mis en place et que les<br />

26<br />

Novembre 2010- N° 56<br />

EE XX EE RR CC EE R R AA UU JJ OO UU RR D D ’ ’ HH UU I I<br />

Le dépistage et les signes de l’autisme<br />

Roselyne Tordjman - Sous directrice du secteur médico social - DPASS Sud<br />

La définition de l’autisme a<br />

beaucoup changé depuis sa<br />

description par en 1943 par Kanner.<br />

L’autisme est actuellement classé<br />

parmi les Troubles Envahissants du<br />

Développement (TED). Dans la CIM-<br />

10, les TED sont classés dans les<br />

troubles du développement psychologique.<br />

C’est un groupe caractérisé<br />

par des altérations qualitatives<br />

des interactions sociales réciproques<br />

et des modalités de communication,<br />

ainsi que par un répertoire d’intérêts<br />

et d’activités restreint, stéréotypé<br />

et répétitif. Ces anomalies qualitatives<br />

constituent une caractéristique<br />

envahissante du fonctionnement<br />

du sujet, en toute situation.<br />

Parmi les huit catégories de<br />

TED Identifiés dans la CIM-10<br />

l’autisme représente une catégorie<br />

particulière caractérisée par un<br />

développement anormal ou altéré,<br />

manifeste avant l’âge de 3 ans<br />

associé avec 3 types de perturbations<br />

:<br />

- des troubles des interactions<br />

sociales,<br />

- des troubles de la communication<br />

verbale et non verbale,<br />

- des comportements stéréotypés<br />

et répétitifs.<br />

Par ailleurs le trouble s’accompagne<br />

souvent d’autres manifestations<br />

non spécifiques telles que<br />

phobies, des perturbations du<br />

sommeil et de l’alimentation, des<br />

crises de colères et des gestes<br />

auto-agressifs.<br />

Les données de l’INSERM<br />

(étude de 2002) donnent une prévalence<br />

en population générale de<br />

9/10 000 habitants avec un ratio de<br />

4 garçon pour 1 filles.<br />

troubles ne sont souvent pris en<br />

compte qu’après 6 ans, âge de<br />

la scolarité obligatoire et de<br />

l’entrée dans les apprentissages<br />

scolaires.<br />

L’importance du<br />

diagnostic précoce<br />

Le repérage et le diagnostic<br />

précoces de l’autisme constitue<br />

une condition déterminante pour<br />

un pronostic de développement<br />

optimum en raison d’une<br />

possible mise en œuvre, dès<br />

le plus jeune âge, d’une prise<br />

en charge appropriée.<br />

Les professionnels de santé<br />

ont donc un rôle prépondérant<br />

dans ce repérage des premiers<br />

troubles du développement de<br />

l’enfant.<br />

A ce jour on constate qu’avant<br />

la prise en compte sérieuse des<br />

signes d’alerte nécessitant un suivi<br />

rapproché, les familles doivent<br />

souvent faire face à un parcours<br />

d’errance long et douloureux.<br />

L’incompréhension de l’entourage<br />

et des différents professionnels<br />

face au comportement d’un enfant<br />

développant des troubles à caractère<br />

autistique, et parfois leur<br />

méconnaissance de cette pathologie<br />

spécifique, imposent à la<br />

famille et à l’enfant d’être<br />

confrontés à des situations et<br />

des pratiques professionnelles<br />

non adaptées et qui bien souvent<br />

perturbent voire aggravent leur<br />

mal être respectif.<br />

Recherche des<br />

signaux d’alerte<br />

Le praticien doit rechercher<br />

ces signes sur la base de l’interrogatoire<br />

des parents et d’un<br />

examen de l’enfant permettant<br />

de l’observer et de le solliciter sur un<br />

temps suffisant dans l’interaction<br />

avec son environnement.<br />

Voir tableau page suivante<br />

« signaux d’alerte pouvant faire<br />

penser à l’autisme ».<br />

Écoutez les parents<br />

Les parents sont souvent les<br />

premiers à se rendre compte que<br />

leur enfant présente des comportements<br />

inhabituels.<br />

Lors d’une consultation, certains<br />

enfants atteints d’autisme ne<br />

manifestent aucun symptôme<br />

décelable immédiatement. Pourtant,<br />

les parents peuvent rapporter<br />

des éléments troublants dans le<br />

développement et le comportement<br />

de leur enfant et faire part de<br />

leurs inquiétudes.<br />

Il est indispensable de prendre<br />

en compte les observations ou<br />

les questionnements des parents<br />

qui peuvent être des signes spécifiques<br />

et prédictifs de l’autisme.<br />

Vous repérez des signaux<br />

d’alerte pouvant faire<br />

penser à l’autisme<br />

Il est recommandé de ne pas<br />

annoncer un diagnostic avant les<br />

résultats de l’évaluation pluridisciplinaire<br />

de spécialistes.<br />

Il est conseillé en cas de doute<br />

de revoir l’enfant après un test<br />

d’audition et de vision afin de<br />

vérifier si les troubles de la communication<br />

ne proviennent pas de<br />

déficience auditive ou visuelle.<br />

Si le doute est persistant<br />

après cet examen, l’enfant devra<br />

être orienté vers une équipe<br />

spécialisée dans le diagnostic<br />

des troubles du développement.<br />

Vers qui l’orienter?<br />

Vers le Centre médico psychologique<br />

du CHS (situé 48 bis rue<br />

Roger Gervolino à Magenta -<br />

Tel : 25 24 55) compétent en<br />

matière de prise en charge pédopsychiatrique<br />

et disposant d’une<br />

équipe spécialisée permettant<br />

l’accueil et l’information des<br />

familles ainsi que le diagnostic des<br />

troubles du comportement et du<br />

développement de l’enfant.


SIGNES D’ALERTE POUVANT FAIRE PENSER A L’AUTISME<br />

Avertissement : pris individuellement, chacun de ces signes n’est pas caractéristiques de l’autisme. C’est la concordance et la persistance de plusieurs symptômes dans<br />

chacune des 4 catégories suivantes qui doit vous alerter.<br />

Autres manifestations<br />

Comportements stéréotypés<br />

et répétitifs<br />

Troubles de la communication<br />

verbale et non verbale<br />

Troubles des<br />

interactions sociales<br />

- anomalies ou retards moteurs, troubles<br />

de la motricité, anomalie du tonus,<br />

défaut d’ajustement : bébé raide, bébé<br />

mou<br />

- hypo ou hypertonie<br />

- troubles du sommeil,<br />

sommeil très insuffisant<br />

- pleurs très fréquents<br />

sans raison apparente<br />

- apathie<br />

- impression d’anomalie<br />

(bébé trop calme ou trop excité)<br />

- absence de babillage<br />

- peu de vocalisation<br />

- absence ou rareté du sourire social<br />

(3 mois)<br />

- impression d’indifférence<br />

- anomalies du regard (fugacité, regard<br />

vague…)<br />

- pas de suivi visuel<br />

- absence de geste d’anticipation<br />

(ne tend pas les bras quand on vient le<br />

chercher vers 6 mois)<br />

De 0 à 6 mois<br />

EE XX EE RR CC EE R R AA UU JJ OO UU RR D D ’ ’ HH UU I I<br />

- troubles de l’alimentation (difficultés<br />

à passer à l’alimentation solide…)<br />

- troubles digestifs possibles<br />

- retard moteur<br />

- sensibilité exacerbée aux modifications<br />

de l’environnement<br />

- réaction paradoxale au bruit<br />

- absence de geste d’anticipation<br />

- pas d’imitation dans la<br />

communication gestuelle (faire<br />

« coucou », « bravo »….)<br />

- désintérêt pour les personnes<br />

- ne répond pas à son prénom<br />

- intolérance au contact physique<br />

- impression d’indifférence au contact<br />

extérieur<br />

- peu de réaction à la séparation<br />

- absence de réactions joyeuses<br />

- absence ou faible attention conjointe<br />

- attention difficile à fixer, regard difficile<br />

à capter<br />

- pas de présentation d’objet<br />

De 6 à 12 mois<br />

- manipulation étrange des objets<br />

(faire tournoyer, les aligner, les flairer)<br />

- mouvements inhabituels du corps<br />

(balancements, battement rapides<br />

des mains en ailes de paillons)<br />

- absence ou retard de langage<br />

- difficultés de communication réceptive<br />

comme expressive<br />

- impassibilité face aux tentatives de<br />

communication<br />

- absence d’imitation<br />

- langage limité, sans tentative de<br />

communiquer par la mimique<br />

ou le geste<br />

- ne pointe pas du doigt<br />

- semble ignorer les autres<br />

- semble préférer l’isolement, la solitude<br />

- anomalie du jeu : absence du faire<br />

semblant ou d’imitation sociale<br />

(dinette, petite voiture…)<br />

De 12 à 24 mois<br />

- troubles des apprentissages<br />

- déficience intellectuelle<br />

- hétéro ou auto agressivité<br />

(automutilation)<br />

- instabilité émotionnelle : éclats de rires,<br />

crises de larmes…<br />

- absence du sens du danger<br />

- insensibilité ou hypersensibilité à la douleur<br />

- préoccupations persistantes pour<br />

certaines parties d’objet<br />

- attachements inhabituels à des objets<br />

- insistance à poursuivre<br />

les actes routiniers<br />

- inconsolable face au changement<br />

- l’enfant utilise la main de l’autre<br />

pour saisir un objet<br />

- langage dont l’objet n’est pas de<br />

communiquer ou d’échanger<br />

- tendance à répéter (écholalie)<br />

- façon inhabituelle de parler<br />

(arythmie, cris…)<br />

- inversion pronominale<br />

(« tu à la place de « je)<br />

- absence d’intérêt pour les autres enfants<br />

- absence ou pauvreté des jeux<br />

Après 24 mois<br />

Novembre 2010- N° 56 27


L’EMDR, une nouvelle thérapie, effet de mode ou réelle<br />

révolution pour le traitement des traumatismes ?<br />

Ghylaine Manet<br />

Origine du sigle : EMDR<br />

L’intuition de Francine Shapiro<br />

28<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

LLL AAA VV V II I EE<br />

E DD D EE E SS<br />

S AA A SS S SS S OO O CC C II I AA A TT T II I OO O NN N SS<br />

S<br />

« L’EMDR a changé mon comportement, ma capacité à résoudre mes problèmes. Cette<br />

thérapie m’a donné confiance en moi. Aujourd’hui, j’ai digéré des événements qui<br />

m’empêchaient de vivre ». « Incroyable, impensable » disent les incrédules et pourtant<br />

les études scientifiques nombreuses attestent que l’EMDR réussit avec des sujets traumatisés<br />

là où la psychanalyse et les thérapies cognitives ont mal fonctionné.<br />

Plus de 60 000 thérapeutes formés dans le monde, principalement dans le monde anglosaxon,<br />

et deux millions de personnes ont été traités par l’EMDR avec succès.<br />

« Eye Movement Desensitization and<br />

Reprocessing », ce qui se traduit par Désensibilisation<br />

et retraitement (de l’information) par<br />

les mouvements oculaires.<br />

L’EMDR est reconnue depuis 2004 par<br />

l'INSERM et l’APA (Association Psychological<br />

American).<br />

Actuellement, la littérature scientifique<br />

concernant cette nouvelle approche thérapeutique<br />

est l’une des plus riches de tout le<br />

paysage des psychothérapies. Dès 1989, la<br />

méthode se répand dans tous les pays du<br />

monde et particulièrement grâce à l’œuvre<br />

humanitaire bénévole de l’HAP qui vient en<br />

aide aux populations victimes des catastrophes<br />

naturelles.<br />

L’EMDR a été mis au point depuis 1987<br />

par Francine Shapiro, Docteur en psychologie<br />

clinique et chercheur associé au Mental<br />

Research INSTITUTE de PALO ALTO<br />

(Californie). En 2002, elle reçut le prix Sigmund<br />

Freud. Elle nous restitue le cheminement de<br />

sa découverte dans son livre “ Des yeux pour<br />

guérir “. En 1979, on lui annonce qu’elle a un<br />

cancer. Et à partir de ce moment-là, elle subit la<br />

chirurgie et les rayons mais voulut en savoir<br />

plus sur les causes de sa maladie. Elle s'intéressa<br />

aux manifestations du stress et étudia<br />

le rapport du stress et de la psychopathologie,<br />

la relation intime du corps et de l’esprit qui<br />

sera le socle sur lequel sera bâtie la thérapie<br />

EMDR.<br />

Puis ce fut l’intuition de Francine Shapiro.<br />

“ L’idée de l’EMDR a germé un après-midi<br />

ensoleillé de 1987. J’avais pris un moment<br />

pour faire le tour d’un petit lac. C’était le<br />

printemps….pendant que je marchais, une<br />

chose bizarre s’est produite. J’avais pensé à<br />

quelque chose de perturbant…simplement<br />

une de ces petites pensées négatives obsédantes<br />

qu’on remâche (sans arriver à les<br />

digérer) jusqu’à ce qu’on les chasse exprès.<br />

La chose bizarre, c’est que mon idée obsédante<br />

avait disparu. Toute seule. Quand je l’ai<br />

Le docteur Francine Chapiro au 1er congrès<br />

d’Asie - Bali du 9 au 11 juillet 2010<br />

ramenée à ma conscience, je me suis rendu<br />

compte que sa charge émotionnelle négative<br />

n’était plus là.” Elle développa son intuition,<br />

modifia par essais et erreurs ses protocoles<br />

en multipliant les expériences sur une centaine<br />

de sujets. Et elle ajoute : “ j'étais mon propre<br />

laboratoire pour mes recherches sur les liens et<br />

ce changement émotionnel suscita chez moi un<br />

intérêt considérable “.<br />

Elle termina son doctorat en psychologie<br />

clinique en 1988. Sa thèse porte le titre :<br />

“ Désensibilisation du traumatisme par les<br />

mouvements oculaires ”. On peut dire que<br />

l’EMDR est à la jonction de plusieurs thérapies.<br />

Certes, on trouve l’utilisation des mouvements<br />

oculaires dans d’autres civilisations anciennes,<br />

ce n'est pas Francine Shapiro qui les a<br />

découvert, tout le monde s'accorde là-dessus ;<br />

c’est l’utilisation des protocoles qui en fait<br />

une thérapie de grande efficacité. Il y a<br />

longtemps que le concept de globalité de<br />

l'être a affleuré dans beaucoup de thérapies :<br />

l’hypnose ericksonienne, la PNL, la technique<br />

Le docteur Francine Chapiro avec G Manet, lors de<br />

la cérémonie de clôture du congrès<br />

de C. Simonton de Los Angeles, dans son<br />

centre de cancérologie, toutes les relaxations.<br />

Nous avons assisté au 1 er congrès d’Asie<br />

qui eut lieu du 9 au 11 juillet à Bali et qui a<br />

rassemblé 300 personnes. Ils sont venus de<br />

Thaïlande, d’Indonésie, de l’Inde, de l’Australie,<br />

de la Chine, des Philippines, de la Nouvelle<br />

Zélande, médecins, psychothérapeutes, psychologues<br />

cliniciens, tous formés ou en formation.<br />

Et Francine Shapiro a subjugué les<br />

congressistes d’Asie. Elle impose par sa<br />

prestance. On sent en elle une grande force<br />

de caractère, une puissante détermination,<br />

une chaleur humaine étonnante. C’est une<br />

passionnée de la recherche. Pendant une<br />

heure et demie, sans discontinuer, d’une<br />

voix ferme, debout et droite derrière son<br />

pupitre, elle a livré un message percutant et<br />

dense, plein d’espoir pour les nouvelles<br />

générations.<br />

” Si nous voulons diminuer la souffrance<br />

humaine, commençons par soigner les enfants<br />

de tous les traumatismes qu’ils ont subis afin


qu’ils retrouvent la joie de vivre et la capacité<br />

de construire leur vie dans la joie et en bonne<br />

santé ”. Les parents ne sont pas oubliés naturellement<br />

mais l’accent est donné à la jeunesse<br />

pour changer le monde. C’est un message<br />

d’une portée humaniste qui traduit bien les<br />

enjeux du XXI ème siècle.<br />

Le développement en FRANCE :<br />

EMDR-FRANCE<br />

En 20 ans, cette thérapie a bien évolué.<br />

Régulièrement, les protocoles sont remaniés.<br />

On insiste beaucoup aujourd’hui sur la nécessité<br />

d’associer les approches thérapeutiques<br />

connues du thérapeute au protocole de<br />

l’EMDR : par exemple le lieu sûr où le<br />

consultant se sent en sécurité et en<br />

confiance peut être travaillé en sophrologie,<br />

en hypnose ericksonienne et en EMDR ;<br />

l’expérience du thérapeute et sa capacité à établir<br />

une relation thérapeutique, stable, “ secure ” favorisera<br />

le retraitement de l’information du sujet<br />

qui a subi un traumatisme ; il en est de<br />

même pour la “ fenêtre de tolérance ” que<br />

chaque thérapeute doit être capable d’évaluer<br />

avant de commencer un traitement. C’est<br />

pourquoi l’EMDR ne doit pas être galvaudé<br />

et utilisé par des personnes non formées et<br />

non fiables.<br />

En France, c’est David Servan-Schreiber qui<br />

a fait découvrir cette méthode au grand public<br />

grâce à son livre “ Guérir sans psychanalyse et<br />

sans médicaments ”. Depuis plus de 15 ans<br />

une équipe forme les professionnels de la<br />

santé qui étendent les applications dans tous<br />

les domaines. De nombreux psychologues<br />

cliniciens, médecins se sont formés, se<br />

forment à l’EMDR et supervisent les futurs<br />

praticiens. Le docteur Patrick ZILLHARDT<br />

(psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute<br />

Gestalt-thérapie, praticien consultant au CHU<br />

de Bichat-Claude Bernard, et depuis 1986,<br />

spécialiste des centres de lutte contre le<br />

cancer, membre de la commission de<br />

déontologie de l’EMDR-France, médecin<br />

légiste et chargé de cours à l’Université de<br />

Paris V et de Metz) fait à Paris des formations<br />

spéciales pour la pratique de l’EMDR dans<br />

les troubles du comportement alimentaire<br />

et des troubles psychosomatiques.<br />

Le président de l’EMDR-France Michel<br />

Sylvestre (psychologue clinicien, thérapeute<br />

systémique, responsable de la commission<br />

EMDR-enfants de l'association France et<br />

Président de l’association EMDR-France)<br />

publie régulièrement des articles concernant<br />

les traitements des enfants, des adolescents,<br />

et des familles. Martine Iracane-Blanco<br />

(psychologue clinicienne, spécialisée en criminovictimologie)<br />

est très impliquée bénévolement<br />

dans les formations pour les pays en voie de<br />

développement à l’HAP ” Humanitarian<br />

Assistance Program ” dont elle est secrétaire.<br />

Elle est devenue formatrice avec Ludwig Cornil,<br />

psychologue clinicien qui assure depuis plus<br />

de 10 ans les formations à Paris avec David<br />

Servan-Schreiber.<br />

LLL AAA VV V II I EE<br />

E DD D EE E SS<br />

S AA A SS S SS S OO O CC C II I AA A TT T II I OO O NN N SS<br />

S<br />

L'EMDR et ses indications<br />

La première indication : l’ESPT<br />

L’ESPT, appelé traumatisme grand T : Etat<br />

de stress post-traumatique, servit de base à<br />

l'étude comparative des effets des thérapies<br />

utilisées généralement.<br />

Les praticiens de l’EMDR ont commencé par<br />

le traitement des ESPT des vétérans du<br />

Vietnam. Puis, ils sont intervenus pour les<br />

victimes des attentats, aux USA et ailleurs,<br />

dans les catastrophes et tous les traumatismes<br />

de la vie : les deuils, les ruptures, le harcèlement<br />

moral, les violences conjugales, les<br />

agressions sexuelles, les troubles psychosomatiques,<br />

les troubles du comportement alimentaire,<br />

voire même les troubles de la<br />

personnalité, tous les traumatismes complexes<br />

et la douleur chronique.<br />

Le mécanisme en jeu<br />

Nous sommes spectateurs du phénomène<br />

que la nature nous enseigne depuis notre<br />

naissance c'est-à-dire le phénomène d’autoréparation<br />

de notre corps et de notre cerveau.<br />

Nous sommes capables de digérer des<br />

situations qui paraissent difficiles voire impossibles<br />

: un décès, l'incendie de notre maison,<br />

un accident de voiture, une rupture…<br />

Les traumatismes importants sont stockés<br />

dans la mémoire émotionnelle, implicite non<br />

déclarative, qui garde les émotions et les<br />

sensations physiques liées à l’événement.<br />

Rien à voir avec le degré d’intelligence, de<br />

raisonnement et de culture du sujet. Nous<br />

avons des facilités différentes de retraiter<br />

l’information. Nous sommes plus ou moins<br />

résilients. Grâce à l’EMDR, on peut avoir<br />

accès à ces souvenirs bloqués.<br />

Conduite d’une séance<br />

Les mouvements oculaires apaisent les<br />

émotions et favorisent de nouvelles connexions<br />

neuronales dans l’hémisphère droit et l’hémisphère<br />

gauche, et apportent des informations<br />

nouvelles au sujet et c’est ce qui lui permet de<br />

se détacher de l’événement, de prendre un<br />

recul et d’archiver l’événement tout en se<br />

débarrassant des émotions perturbatrices et<br />

des croyances négatives car l’approche EMDR<br />

se base sur ce concept : la croyance est le symptôme<br />

et non la cause du symptôme.<br />

Le sujet face à soi-même développe un<br />

dialogue intérieur et une prise de<br />

conscience assez rapidement. L’esprit comme<br />

le corps est auto-réparateur. Cerveau et corps<br />

vont ensemble et sont donc gouvernés par<br />

les mêmes lois. L’EMDR n'est pas une<br />

panacée. Il y a comme dans toutes psychothérapies<br />

un résultat complet à 70%. De quoi<br />

souffrent nos patients ? D’angoisse, de reviviscence<br />

d'histoires vécues, du ressassement,<br />

de l’impossibilité d'agir et de passer à autre<br />

chose, de fermer la porte au passé.<br />

Cette approche thérapeutique affirme la<br />

globalité de la personne, l’importance du<br />

cerveau émotionnel et du rôle de l'amygdale,<br />

attestées par l’imagerie cérébrale. Un article<br />

ultérieur présentera l’apport de la neurobiologie<br />

et des neurosciences dans l’action<br />

neurophysiologique de l’EMDR.<br />

Le certificat donné par l’EMDR nécessite<br />

une formation permanente. L’accréditation<br />

est liée à cette obligation qui est présente<br />

dans le code de déontologie de l’association<br />

EMDR–Europe.<br />

Bibliographie : l’EMDR de Jacques Roques,<br />

psychanalyste, psychothérapeute (3 ouvrages)<br />

Ghylaine Manet, psychanalyste, hypnothérapeute,<br />

sophrologue-analyste®, certifiée EMDR -Europe<br />

Après l’anamnèse, la demande reformulée, le contrat, l’établissement du lieu sûr, nous<br />

nous assurons des ressources du sujet. Nous connaissons alors la fenêtre de tolérance<br />

pour éviter une abréaction trop brutale, une décharge émotionnelle trop forte qui arrêterait le<br />

processus de retraitement de l’information. Nous pouvons alors commencer la séance<br />

proprement dite des mouvements oculaires, des stimulations bilatérales alternées. Le patient est<br />

assis confortablement, le thérapeute s’assoit face à lui, un peu décalé, pour éviter le regard sur<br />

le visage du thérapeute qui déplace deux doigts (en général l’index et le majeur) de gauche à<br />

droite et de droite à gauche devant les yeux du patient. Le patient doit suivre du regard,<br />

sans bouger la tête, les doigts du thérapeute (ou une baguette ou un crayon) qui font ainsi<br />

des mouvements latéraux pendant environ 20 secondes. Les séances se déroulent selon un<br />

protocole précis qui permet de prendre en compte l’état émotionnel du sujet, ses cognitions<br />

ou ses convictions ou pensées négatives sur lui-même et ses cognitions positives, ses<br />

ressources personnelles. Entre les stimulations bilatérales alternées, le patient donne ses<br />

réactions, il rapporte des émotions, des images, des affirmations. Au fur et à mesure du<br />

travail, des associations se font, l’état émotionnel du sujet change et s’abaisse au point de<br />

terminer la séance dans un grand soulagement, une légèreté du corps, un bien-être qui<br />

continue après la séance. Lorsqu’on atteint le souvenir source qui semble être à l’origine<br />

des traumatismes complexes, la libération mentale, émotionnelle du patient s’accélère.<br />

C’est souvent dans les traumatismes complexes des scènes vécues douloureusement dans<br />

l’enfance qui reviennent : la violence verbale, les coups, les humiliations en classe…<br />

Le thérapeute n’interprète pas le matériel donné par le sujet, il le recueille. Et surtout, il<br />

travaille avec le “ noyau sain ” du sujet. Le nombre de séances varie en fonction du patient<br />

et du traumatisme à retraiter. C’est une thérapie brève.<br />

Novembre 2010 - N° 56 29


Secrétariat Général de la<br />

Communauté du Pacifique<br />

Les agents du Ministère fidjien de la santé renforcent leur<br />

capacité de surveillance des moustiques pour lutter contre<br />

la dengue et la filariose<br />

30<br />

ACTUALITÉS<br />

ACTUALITÉS<br />

Vingt-cinq agents du Ministère fidjien<br />

de la santé, venus des quatre coins du<br />

pays, ont participé à un cours de formation<br />

de cinq jours afin de mieux maîtriser les<br />

techniques permettant de déceler et de<br />

surveiller l’activité et la densité des<br />

moustiques vecteurs et ce, en vue de<br />

lutter contre les grandes maladies à<br />

transmission vectorielle aux Îles Fidji, à<br />

savoir la dengue et la filariose.<br />

D'après des études récentes sur les<br />

infections sexuellement transmissibles<br />

(IST) dans la région, parmi les jeunes<br />

ayant une activité sexuelle, en moyenne<br />

un sur quatre souffre d'une IST, la prévalence<br />

des infections à Chlamydia chez<br />

les jeunes atteignant jusqu'à 40%, l'un<br />

des taux les plus élevés du monde*.<br />

Face à ces inquiétants résultats, un<br />

groupe de travail régional océanien sur<br />

les IST a été créé pour étudier la situation<br />

et s'appuyer sur des faits pour formuler<br />

des recommandations aux pays et les<br />

aider ainsi à réduire la prévalence des IST,<br />

notamment les infections à Chlamydia,<br />

les gonorrhées et la syphilis.<br />

Novembre 2010 - N° 56<br />

DU DU COTE COTE <strong>DE</strong> <strong>DE</strong> LA LA CPS CPS<br />

Les Îles Fidji abritent plusieurs espèces<br />

de moustiques vecteurs de la dengue et<br />

de la filariose, notamment Aedes aegypti,<br />

Aedes albopictus, Aedes polynesiensis et<br />

Culex quinquefasciatus. Le renforcement<br />

de la surveillance des moustiques et une<br />

meilleure compréhension de leur dynamique<br />

dans l’environnement aideront le pays à<br />

prévenir de nouvelles flambées de dengue<br />

et à réduire l’incidence de la filariose.<br />

La dengue est une maladie inquiétante<br />

aux Îles Fidji. En 1997-1998 et en<br />

2008, le pays a été touché par des épidémies<br />

importantes qui ont fait des<br />

victimes, exercé une forte pression sur le<br />

système sanitaire national et occasionné<br />

des pertes considérables sur le plan<br />

économique. La flambée de 1998 avait<br />

touché 24 000 personnes (dont 1 600<br />

avaient dû être hospitalisées) et celle de<br />

2008 près de deux mille personnes.<br />

PACIFIQUE<br />

La filariose est également une maladie<br />

prioritaire, sa prévalence étant estimée à<br />

environ 6,3 pour cent de la population<br />

touchée par la microfilariose.<br />

La formation a été dispensée avec le<br />

soutien du Secrétariat général de la<br />

Communauté du Pacifique (CPS) et<br />

l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie<br />

et le concours financier de l’Agence<br />

française de développement (AFD).<br />

Pour de plus amples informations,<br />

veuillez contacter Christelle Lepers,<br />

Division Santé publique de la CPS<br />

- Tél. : 687 26 01 81<br />

- Courriel : christellel@spc.int).<br />

Rompre la loi du silence - lutter contre les infections<br />

sexuellement transmissibles dans le Pacifique<br />

Le groupe de travail se compose<br />

d'experts techniques de la CPS, de l'Organisation<br />

mondiale de la Santé (OMS), du<br />

Fonds des Nations Unies pour l'enfance<br />

(UNICEF), du Fonds des Nations Unies<br />

pour la population (UNFPA) et de la Société<br />

océanienne pour la santé sexuelle et la<br />

médecine du VIH (OSSHHM).<br />

Bien que les IST soient souvent<br />

asymptomatiques, si elles ne sont pas<br />

traitées, elles peuvent provoquer des<br />

fausses couches et une infertilité chez la<br />

femme, ainsi que des infections oculaires<br />

et pulmonaires chez le nouveau-né. Par<br />

ailleurs, il a été démontré que la présence<br />

d'IST favorise la transmission du VIH<br />

*Enquêtes CPS/OMS de surveillance de deuxième génération, disponibles à l'adresse suivante : http://www.spc.int/hiv/index.php?<br />

option=com_docman&task=cat_view&gid=76&Itemid=148<br />

tant chez l'homme que chez la femme.<br />

Les méthodes de dépistage et de<br />

traitement des IST actuellement employées<br />

dans la plupart des pays insulaires<br />

océaniens ne permettent pas de réduire<br />

efficacement leur prévalence, notamment<br />

celle des infections à Chlamydia. Par<br />

conséquent, le groupe de travail sur les<br />

IST a publié une directive à l'intention<br />

des responsables de santé intitulée<br />

Breaking the silence: Responding to the<br />

STI epidemic in the Pacific (rompre la loi du<br />

silence pour faire face à l'épidémie d'IST<br />

dans le Pacifique). Cette directive décrit<br />

un ensemble exhaustif d'interventions<br />

visant à renforcer la lutte contre les IST.<br />

Pour tout complément d'information sur cette trousse complète d'interventions pour lutter contre les IST, veuillez consulter le site web de la CPS (http://<br />

www.spc.int/hiv/index.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=148&Itemid=148) ou vous adresser à Nicole Gooch (courriel : nicoleg@spc.int)


ACTUALITÉS<br />

ACTUALITÉS<br />

DU DU COTE COTE <strong>DE</strong> <strong>DE</strong> LA LA CPS CPS<br />

PACIFIQUE PACIFIQUE<br />

Les territoires français se joignent au programme 2-1-22<br />

Secrétariat Général de la<br />

Communauté du Pacifique<br />

La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française se sont joints aux autres pays et<br />

territoires sur le front de la bataille contre les maladies non transmissibles (MNT) dans<br />

le Pacifique. Les deux territoires français ont signé l’accord de coopération en 2010<br />

attribuant une subvention de pays dans le cadre du Programme 2-1-22 géré par le<br />

Secrétariat général de la Communauté du Pacifique (CPS) et l'Organisation mondiale de<br />

la Santé (OMS).<br />

Dr Bernard Rouchon, à droite, de l'Agence Sanitaire et Sociale de<br />

la Nouvelle-Calédonie (ASSNC), a signé l’accord pour la<br />

Nouvelle-Calédonie avec le Directeur général de la CPS, Dr Jimmie<br />

Rodgers, à gauche, au siège de la CPS. Également sur la photo,<br />

Dr Viliami Puloka, à gauche, chef de la section des modes de vies<br />

sains dans le Pacifique, et Karen Fukofuka, conseillère en<br />

nutrition qui a négocié la subvention.<br />

La Nouvelle-Calédonie utilisera la<br />

subvention de 150.000 AUD $ par année<br />

pendant trois ans afin d'évaluer l'ampleur<br />

et la nature des problèmes des MNT dans<br />

le territoire, de négocier avec l'industrie<br />

alimentaire une charte de bonne conduite<br />

des industries et importateurs, et d’évaluer<br />

le programme territorial sur le diabète .<br />

En remerciant la CPS, le Dr Rouchon<br />

a affirmé que ce financement était très<br />

apprécié. « Chaque dollar est le début<br />

d’une nouvelle action contre les maladies<br />

non transmissibles », dit-il.<br />

Dr Patricia Maire Tuheiava a négocié l'accord avec la CPS pour la<br />

Polynésie française.<br />

La Polynésie française investit ses<br />

fonds dans la lutte contre l'obésité et ses<br />

complications. Depuis 1999, le programme<br />

« Vie saine et poids santé » fait la promotion<br />

d'une alimentation équilibrée, d’une activité<br />

physique régulière et d’environnements<br />

plus propices à la santé. Ceci est accompli<br />

grâce à des actions de sensibilisation,<br />

des campagnes médiatiques annuelles,<br />

la création d'outils pédagogiques et d’information<br />

du public, ainsi que la formation<br />

des professionnels de la santé.<br />

De nombreuses interventions ont ciblé<br />

les enfants scolarisés et l'amélioration<br />

de la qualité nutritionnelle des aliments<br />

dans les écoles. Le programme est géré<br />

par le Bureau des maladies liées au mode<br />

de vie qui est rattaché au Département<br />

programmes de prévention de la Direction<br />

de la Santé de la Polynésie française. Il<br />

sera mis à jour en 2011 à partir des<br />

recommandations d'une évaluation de<br />

base en 2008 et essentiellement des<br />

résultats de l'enquête STEPS en cours.<br />

La subvention 2-1-22 a également pris<br />

en charge la participation de la Polynésie<br />

française au Forum des îles du Pacifique<br />

sur les maladies non transmissibles à<br />

Nadi en Juin, et de petites subventions<br />

ont financé trois initiatives axées sur la<br />

promotion d’habitudes alimentaires saines<br />

dans les écoles. Les résultats de l'enquête<br />

STEPS aideront à améliorer les stratégies<br />

d'intervention pour divers segments de<br />

la population. Toutefois, le partenariat<br />

avec le Ministère de l'Agriculture sera<br />

renforcé afin de soutenir des projets visant<br />

à promouvoir les produits locaux dans<br />

les écoles.<br />

Mme Malia Lape, à gauche, et Mme Marie Isabelle Lisiahi de<br />

l’Agence de Santé, Wallis et Futuna.<br />

Mme Katia Cateine, coordinatrice du RESIR (Réseau sur l'Insuffisance<br />

rénale) en Nouvelle-Calédonie.<br />

Wallis et Futuna utiliseront la subvention<br />

pour des actions destinées aux personnes<br />

identifiées dans une étude en 2009<br />

comme étant à risque de maladies non<br />

transmissibles. Avec l'assistance technique<br />

de la CPS et du RESIR (Réseau sur<br />

l'Insuffisance rénale en Nouvelle-<br />

Calédonie), les agents du programme<br />

MNT mettent en œuvre des plans visant<br />

à encourager la consommation d'aliments<br />

nutritifs, les jardins potagers et l'activité<br />

physique dans les écoles, les communautés<br />

et les lieux de travail. Un suivi<br />

des personnes à risque aura lieu tous<br />

les six mois.<br />

Pour de plus amples informations,<br />

contacter Richard Thomson, Division<br />

Santé Publique de la CPS (Tél. : 26 20 00<br />

– Courriel : richardt@spc.int)<br />

Secrétariat Général de la<br />

Communauté du Pacifique<br />

Novembre 2010 - N° 56 31

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