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http://www.jeuverbal.fr Présence de Pascal 1 - le jeu verbal

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<strong>http</strong>://<strong>www</strong>.<strong><strong>jeu</strong><strong>verbal</strong></strong>.<strong>fr</strong><br />

La connaissance que nous avons, aujourd'hui <strong>de</strong> l'univers et <strong>de</strong> l'homme a<br />

renouvelé la vision <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux infinis, mais notre prise <strong>de</strong> conscience reste la même. Par<br />

l'esprit, l'homme s'élève et domine l'univers qui l'écrase. L'homme pensant, roseau en<br />

apparence, est sur <strong>le</strong> plan <strong>de</strong> l'invisib<strong>le</strong> homme cosmique; l'univers pensé par l'homme<br />

<strong>de</strong>vient un univers humanisé, si redoutab<strong>le</strong> et inconnu qu'il soit encore. Mais la pensée<br />

dont l'homme est <strong>le</strong> dépositaire n'est pas une fin en soi mais un moyen d'accé<strong>de</strong>r à la<br />

notion fondamenta<strong>le</strong> <strong>de</strong> Dieu. Le vertige <strong>de</strong> la science et l'angoisse <strong>de</strong> la dualité font<br />

place alors à l'harmonie <strong>de</strong> la cohérence, au dynamisme <strong>de</strong> la Trinité. À ce troisième<br />

sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la connaissance, où l'intelligence recourt à la grâce, l'homme n'est plus<br />

tragiquement isolé dans un univers absur<strong>de</strong> mais se retrouve lui-même explicab<strong>le</strong> et<br />

régénéré dans <strong>le</strong> Christ. Les théories actuel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l'expansion <strong>de</strong> l'univers et <strong>de</strong><br />

l'évolution humaine trouvent en sa personne ce point <strong>de</strong> convergence, qui satisfait à la<br />

fois l'esprit et <strong>le</strong> coeur. En ce sens, l'oeuvre <strong>de</strong> Teilhard <strong>de</strong> Chardin prolonge cel<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Pascal</strong>, où <strong>le</strong>s démarches <strong>de</strong> la raison rejoignent <strong>le</strong>s données <strong>de</strong> la Foi.<br />

Si la querel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Provincia<strong>le</strong>s est aujourd'hui dépassée, si l'argument du pari<br />

n'ébran<strong>le</strong> pas <strong>le</strong>s esprits non joueurs, qui, engagés, refusent <strong>de</strong> gager, si <strong>le</strong> <strong>de</strong>ssein <strong>de</strong><br />

persua<strong>de</strong>r implique <strong>de</strong>s artifices <strong>de</strong> sty<strong>le</strong> et une recherche <strong>de</strong> l'effet qui peuvent irriter<br />

certains esprits indépendants, <strong>de</strong>s vérités <strong>de</strong>meurent, qui ont pris forme et force<br />

d'évi<strong>de</strong>nce, L'évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>Pascal</strong>, trois sièc<strong>le</strong>s après sa mort, nous la trouvons dans cette<br />

oeuvre inachevée, où lui-même et tout <strong>le</strong> genre humain sont directement concernés.<br />

Tant que l'homme existera sur terre <strong>le</strong>s Pensées, tel<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong>s nous sont parvenues<br />

traduiront la démarche toujours possib<strong>le</strong> d'un coeur et d'un esprit vers la seu<strong>le</strong><br />

connaissance qui importe à l’âme. Démarche ni ef<strong>fr</strong>ayée, ni restreinte, faisant appel à<br />

toutes <strong>le</strong>s ressources <strong>de</strong> l'être accédant à la joie, qui propose <strong>le</strong> Christ à la fois comme<br />

exemp<strong>le</strong> raisonnab<strong>le</strong> et sensib<strong>le</strong> et comme seu<strong>le</strong> réponse vivante à une conception<br />

tragique ou absur<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'existence humaine.<br />

Le disque est un livre <strong>fr</strong>agmentaire, où la voix donne au texte une dimension<br />

sonore qui n'avait pas toujours été prévue par son auteur. Cette épreuve est décisive<br />

quand la phrase est avant tout paro<strong>le</strong>. Le pouvoir <strong>de</strong> choc du verbe s'en trouve accru et<br />

la rencontre individuel<strong>le</strong> et immédiate dont nous parlions est ici d'une autre nature: la<br />

voix peut être l'expression <strong>de</strong> notre si<strong>le</strong>nce intérieur. Si notre tentative a quelque<br />

séduction, sa véritab<strong>le</strong> raison d'être est d'inciter l'auditeur à recourir à l'intégralité du<br />

livre.<br />

Textes réunis par Michel Bernardy<br />

enregistrés sur disque<br />

avec <strong>le</strong>s voix <strong>de</strong> Denise Gence et Jean Négroni.<br />

PASTORALE & MUSIQUE<br />

P.M.25041, 1962.<br />

PREMIÈRE FACE<br />

GILBERTE PÉRIER (1)<br />

Mon <strong>fr</strong>ère naquit à C<strong>le</strong>rmont <strong>le</strong> 19 juin <strong>de</strong> l'année 1623. Mon père s'appelait<br />

Etienne <strong>Pascal</strong>, prési<strong>de</strong>nt à la Cour <strong>de</strong>s Ai<strong>de</strong>s. Ma mère étant morte dès l'année 1625 (2)<br />

mon père, se voyant seul, s'appliqua plus fortement au soin <strong>de</strong> sa famil<strong>le</strong>, et, comme il<br />

n'avait point d'autre fils que celui-là, il ne put se résoudre <strong>de</strong> commettre son éducation à<br />

un autre, et se résolut dès lors <strong>de</strong> l'instruire lui-même (3).<br />

Mon père était savant dans <strong>le</strong>s mathématiques, mais il ne voulut point que mon<br />

<strong>fr</strong>ère en eût aucune connaissance, <strong>de</strong> peur que cela ne <strong>le</strong> rendît négligent pour <strong>le</strong> latin et<br />

<strong>le</strong>s autres langues dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il voulait <strong>le</strong> perfectionner. Mon <strong>fr</strong>ère lui <strong>de</strong>manda un<br />

jour ce que c'était que cette science et <strong>de</strong> quoi on y traitait. Mon père lui dit en général<br />

que c'était <strong>le</strong> moyen <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s figures justes et <strong>de</strong> trouver <strong>le</strong>s proportions qu'el<strong>le</strong>s ont<br />

entre el<strong>le</strong>s. Dès qu'il eut cette simp<strong>le</strong> ouverture, il se mit lui-même à rêver, et, à ses<br />

heures <strong>de</strong> récréation, il prenait du charbon et faisait <strong>de</strong>s figures sur <strong>le</strong>s carreaux. Ensuite<br />

il cherchait <strong>le</strong>s proportions <strong>de</strong>s figures entre el<strong>le</strong>s. Mais, comme <strong>le</strong> soin <strong>de</strong> mon père avait<br />

été si grand <strong>de</strong> lui cacher toutes ces choses qu'il n'en savait pas même <strong>le</strong>s noms, il fut<br />

<strong>Présence</strong> <strong>de</strong> <strong>Pascal</strong> 2

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