http://www.jeuverbal.fr Présence de Pascal 1 - le jeu verbal
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<strong>http</strong>://<strong>www</strong>.<strong><strong>jeu</strong><strong>verbal</strong></strong>.<strong>fr</strong><br />
confondre sans ressources, il s'appliqua à un ouvrage, où il prétendait faire voir que la<br />
religion chrétienne avait autant <strong>de</strong> marques <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> que <strong>le</strong>s choses qui sont reçues<br />
dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> pour <strong>le</strong>s plus indubitab<strong>le</strong>s (41).<br />
PASCAL<br />
Quel<strong>le</strong> chimère est-ce donc que l'homme? Quel<strong>le</strong> nouveauté, quel monstre, quel<br />
chaos, quel sujet <strong>de</strong> contradiction, quel prodige ! Juge <strong>de</strong> toutes choses, imbéci<strong>le</strong> ver <strong>de</strong><br />
terre; dépositaire du vrai, cloaque d'incertitu<strong>de</strong> et d'erreur; gloire et rebut <strong>de</strong> l'univers ...<br />
Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même. Humiliez-vous,<br />
raison impuissante; taisez-vous, nature imbéci<strong>le</strong>: apprenez que l'homme passe<br />
infiniment l'homme, et enten<strong>de</strong>z <strong>de</strong> votre maître votre condition véritab<strong>le</strong> que vous<br />
ignorez. Écoutez Dieu.<br />
Car enfin, si l'homme n'avait jamais été corrompu, il jouirait dans son innocence<br />
et <strong>de</strong> la vérité et <strong>de</strong> la félicité avec assurance; et si l'homme n'avait jamais été que<br />
corrompu, il n'aurait aucune idée ni <strong>de</strong> la vérité ni <strong>de</strong> la béatitu<strong>de</strong>. Mais, malheureux que<br />
nous sommes, et plus que s'il n'y avait point <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur dans notre condition, nous<br />
avons une idée du bonheur, et ne pouvons y arriver; nous sentons une image <strong>de</strong> la<br />
vérité, et ne possédons que <strong>le</strong> mensonge; incapab<strong>le</strong>s d'ignorer absolument et <strong>de</strong> savoir<br />
certainement, tant il est manifeste que nous avons été dans un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perfection dont<br />
nous sommes malheureusement déchus!<br />
Chose étonnante, cependant, que <strong>le</strong> mystère <strong>le</strong> plus éloigné <strong>de</strong> notre<br />
connaissance, qui est celui <strong>de</strong> la transmission du péché, soit une chose sans laquel<strong>le</strong><br />
nous ne pouvons avoir aucune connaissance <strong>de</strong> nous-mêmes!<br />
Car il est sans doute qu'il n'y a rien qui choque plus notre raison que <strong>de</strong> dire que<br />
<strong>le</strong> péché du premier homme ait rendu coupab<strong>le</strong> ceux qui, étant si éloignés <strong>de</strong> cette<br />
source, semb<strong>le</strong>nt incapab<strong>le</strong>s d'y participer. Cet écou<strong>le</strong>ment ne nous paraît pas seu<strong>le</strong>ment<br />
impossib<strong>le</strong>, il nous semb<strong>le</strong> même très injuste; car qu'y a-t-il <strong>de</strong> plus contraire aux règ<strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong> notre misérab<strong>le</strong> justice que <strong>de</strong> damner éternel<strong>le</strong>ment un enfant incapab<strong>le</strong> <strong>de</strong> volonté,<br />
pour un péché où il paraît avoir si peu <strong>de</strong> part, qu'il est commis six mil<strong>le</strong> ans avant qu'il<br />
fût en être?<br />
Certainement rien ne nous heurte plus ru<strong>de</strong>ment que cette doctrine; et<br />
cependant, sans ce mystère, <strong>le</strong> plus incompréhensib<strong>le</strong> <strong>de</strong> tous, nous sommes<br />
incompréhensib<strong>le</strong>s à nous-mêmes. Le noeud <strong>de</strong> notre condition prend ses replis et ses<br />
tours dans cet abîme; <strong>de</strong> sorte que l'homme est plus inconcevab<strong>le</strong> sans ce mystère que<br />
ce mystère n'est inconcevab<strong>le</strong> à l'homme (42).<br />
Nous connaissons la vérité, non seu<strong>le</strong>ment par la raison, mais encore par <strong>le</strong><br />
coeur... Le coeur sent qu'il y a trois dimensions dans l'espace, et que <strong>le</strong>s nombres sont<br />
infinis; et la raison démontre ensuite qu'il n'y a point <strong>de</strong>ux nombres carrés dont l'un soit<br />
doub<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'autre. Les principes se sentent, <strong>le</strong>s propositions se concluent; et <strong>le</strong> tout avec<br />
certitu<strong>de</strong>, quoique par différentes voies (43).<br />
C'est <strong>le</strong> coeur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c'est que la foi: Dieu<br />
sensib<strong>le</strong> au coeur, non à la raison (44).<br />
GILBERTE PÉRIER<br />
Nous pouvons connaître Dieu sans connaître notre mlsere, ou notre misère sans<br />
connaître Dieu, ou même Dieu et notre misère sans connaître <strong>le</strong> moyen <strong>de</strong> nous délivrer<br />
<strong>de</strong>s misères qui nous accab<strong>le</strong>nt. Mais nous ne pouvons connaitre Jésus-Christ sans<br />
connaître tout ensemb<strong>le</strong> et Dieu et notre misère, parce qu'il n'est pas simp<strong>le</strong>ment Dieu,<br />
mais un Dieu réparateur <strong>de</strong> nos misères.<br />
PASCAL<br />
La connaissance <strong>de</strong> Dieu sans cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> sa misère fait l'orgueil. La connaissance <strong>de</strong><br />
sa misère sans cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Dieu fait <strong>le</strong> désespoir. La connaissance <strong>de</strong> Jésus-Christ fait <strong>le</strong><br />
milieu, parce que nous y trouvons et Dieu et notre misère (45),<br />
Le Dieu <strong>de</strong>s chrétiens ne consiste pas en un Dieu simp<strong>le</strong>ment auteur <strong>de</strong>s vérités<br />
géométriques et <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong>s éléments: c'est la part <strong>de</strong>s païens et <strong>de</strong>s épicuriens. Il ne<br />
consiste pas seu<strong>le</strong>ment en un Dieu qui exerce sa provi<strong>de</strong>nce sur la vie et sur <strong>le</strong>s biens<br />
<strong>Présence</strong> <strong>de</strong> <strong>Pascal</strong> 8