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compensation articulatoire dans la production des occlusives du ...

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UNIVERSITE AIX-MARSEILLE I-Université de Provence<br />

U.F.R. L.A.C.S<br />

Formation Doctorale : Langage et Parole<br />

Discipline : Phonétique<br />

COMPENSATION ARTICULATOIRE<br />

DANS LA PRODUCTION DES<br />

OCCLUSIVES DU FRANÇAIS<br />

Thèse de doctorat présentée par<br />

Sandrine C<strong>la</strong>iret<br />

Le 18 Novembre 2004<br />

Sous <strong>la</strong> direction <strong>du</strong> professeur<br />

Noël Nguyen.<br />

Jury composé de :<br />

Danielle Duez, Directrice de recherche CNRS, Université de Provence<br />

Yves Laprie, Chargé de recherches CNRS Université H. Poincaré, Nancy (rapporteur)<br />

Noël Nguyen, Professeur, Université de Provence<br />

Rudolph Sock, Professeur, Université Marc Bloch, Strasbourg (rapporteur)


Même le désert a <strong>des</strong> présents<br />

Pour ceux qui essayent de le traverser.<br />

Le chameau progresse à sa juste allure.<br />

Tracez votre route.<br />

Organisez votre voyage.<br />

Perdez-vous <strong>dans</strong> les tours et détours de <strong>la</strong> vie.<br />

Suivez le chemin le moins emprunté et<br />

Atteignez chaque jour votre but.<br />

S’égarer est question de point de vue.<br />

Soyez prêtes, mais voyagez avec peu de bagages.<br />

Le Tao de <strong>la</strong> Femme, Voyager, 1995.


5<br />

REMERCIEMENTS<br />

Avant tout, Merci tout particulièrement à mon Ange-gardien qui m’a tant donné de sa<br />

force, de sa personne, de sa patience. Merci, Ange, de continuer à me convaincre avec ton<br />

optimisme que le monde est ‘bo’ et que tout est si simple !<br />

Merci ma métou et mon pétou pour leur ENORMESQUE soutien,<br />

MERCI, MERCI, MERCI et encore bien plus que ça, une phrase ne pourrait suffire…<br />

Merci à mon papa de m’avoir fait confiance <strong>dans</strong> tous mes choix de vie, de loin et de<br />

près…pour son soutien, pour sa patience, et à sa Clo aussi…<br />

Merci à ma Steph qui a toujours su m’écouter et me rassurer, me conseiller sagement<br />

depuis tout ce temps…et qui m’a donné deux beaux petits fruits frais…<br />

Merci ma KK-dorée pour avoir été plus que présente et plus que constante, tout<br />

simplement, merci de <strong>la</strong> confiance que tu as mise en moi et Merci mon Faïli-Faïli pour tes<br />

aisselles, tes rigolos gadgets et compagnie hihihi…<br />

Merci à mon Heckell qui m’a souvent aidée à ramer pour faire avancer ma barque, à écoper<br />

pour éviter plus d’un naufrage…plus d’une fois…pour tout ce que nous avons franchement<br />

partagé <strong>du</strong>rant ces loooongues années d’entraide et d’encouragements.<br />

Merci ma Miweille pour avoir toujours été là <strong>du</strong>rant tout ce temps, avec son sourire et ses<br />

encouragements.<br />

Merci à <strong>la</strong> Fabulous Fig’ Team pour toutes les rigo<strong>la</strong><strong>des</strong>, tapena<strong>des</strong> et figo<strong>la</strong><strong>des</strong> en tout<br />

genre et pour avoir été sacrément patients…<br />

Merci à toutes les Cocottes pour les «apéros-re-faisons-un-monde-meilleur-d’amour-et-de-<br />

partage, pour leur énorme soutien.


Merci à tous les amis l’autre coté de l’océan, Elsa, Lour<strong>des</strong>, Manuel, Nina, Berenice, Hubert<br />

pour qui j’ai fidèlement œuvré avec grand grand p<strong>la</strong>isir, merci de m’avoir franchement fait<br />

6<br />

confiance.<br />

Merci à Elsa pour m’avoir montré <strong>la</strong> face cachée <strong>des</strong> difficultés de façon simple et sage,<br />

avec toujours un ENORME sourire.<br />

Merci à mon super-PIT pour avoir toujours trouvé un peu de son temps, pour prodiguer ses<br />

précieux, aimables et judicieux conseils…<br />

Merci mon super-Yoh pour m’avoir aussi longtemps écoutée, rassurée, supportée et pour les<br />

conversations articulesques, epgiques et jenpasse et surtout pour les nombreuses et<br />

nombreuses corrections…<br />

Merci mon Super-Cyril pour avoir volé à mon secours, très souvent et très<br />

sûrement…toujours prêt !!! Il y aura toujours une bonne soupe …<br />

Merci super-Robert pour les nombreux coups de pouces…<br />

Merci Christine et Merci Christian pour les bons conseils et les encouragements<br />

Merci Ben et Yo d’avoir accepter de baver à outrance sous <strong>la</strong> menace <strong>des</strong> pa<strong>la</strong>is, mèches et<br />

bite-blocks en tout genres…<br />

Merci Will pour le portable, ouffff…<br />

Merci à mes amis <strong>du</strong> <strong>la</strong>bo qui se reconnaîtront (surtout ma voisine !!!) et avec qui j’ai<br />

volontiers taillé un bout de chemin <strong>du</strong>rant ces années…<br />

Merci à Bernard Teston pour m’avoir permis de squater son bureau pour brico<strong>la</strong>ges et bite-<br />

blocages.<br />

Merci à Jacqueline et Louis pour leur constante gentillesse.


Merci à M. El Ahmadi pour avoir gentiment accepté de partager son expérience en<br />

7<br />

statistiques.<br />

Merci M. Di Cristo de m’avoir donné le virus de <strong>la</strong> phonétique, depuis <strong>la</strong> licence, qui m’a<br />

embarquée jusqu’ici<br />

Merci à Rudolph Sock et Pascal Perrier pour les nombreuses recommandations et les<br />

discussions constructives …<br />

Merci à Didier Demolin pour m’avoir assistée <strong>dans</strong> le choix de ce sujet…<br />

Merci surtout aux membres <strong>du</strong> jury d’avoir accepté de critiquer et de juger ce travail et<br />

d’avoir été présents.<br />

Merci M. Nguyen d’avoir accepté de diriger ce travail.


TABLE DES MATIERES<br />

TABLE DES MATIERES.............................................................................................. 9<br />

INTRODUCTION ........................................................................................................ 17<br />

PREMIERE PARTIE................................................................................................... 21<br />

ASPECTS THÉORIQUES : CONTRÔLE MOTEUR ET PROCESSUS DE<br />

COMPENSATION DANS LA PAROLE ................................................................... 21<br />

CHAPITRE 1 ................................................................................................................ 21<br />

LA PRODUCTION DE LA PAROLE........................................................................ 21<br />

1.1 DES REPRÉSENTATIONS MENTALES AUX SONS ....................................................... 22<br />

1.1.1 Quelques rappels sur <strong>la</strong> neurophysiologie de <strong>la</strong> parole................................ 22<br />

1.1.2 P<strong>la</strong>nification : <strong>des</strong> représentations phonétiques aux ordres ......................... 22<br />

1.1.3 Exécution : <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s au signal de sortie..................... 23<br />

1.2 LES THÉORIES DE PRODUCTION DE LA PAROLE....................................................... 25<br />

1.2.1 Les théories orientées sortie acoustique........................................................ 25<br />

1.2.2 Les théories orientées système....................................................................... 30<br />

1.2.3 Le modèle Hypo-articu<strong>la</strong>tion Hyper-articu<strong>la</strong>tion de Lindblom..................... 34<br />

1.3 CONCLUSION ......................................................................................................... 37<br />

CHAPITRE 2 ................................................................................................................ 41<br />

COMPENSATIONS ET STRUCTURES COORDINATIVES................................ 41<br />

2.1 PRÉSENTATION DE LA NOTION DE COMPENSATION................................................. 41<br />

2.1.1 Définition générale : perturbation et <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> ................ 41<br />

2.1.2 Définition neurophysiologique ...................................................................... 43<br />

2.2 LES INFORMATIONS SENSORIELLES ........................................................................ 45<br />

2.2.1 Modèle à boucle ouverte................................................................................ 45<br />

2.2.2 Modèle à boucle fermée................................................................................. 45<br />

2.2.3 Les différents feedbacks................................................................................. 46<br />

2.3 MODÈLE DE SIMULATION PRÉDICTIVE DE LINDBLOM............................................. 48<br />

2.3.1 Rôle <strong>des</strong> Modèles internes ............................................................................. 49<br />

9


2.3.2 Les avantages de cette conception <strong>des</strong> modèles internes...............................51<br />

2.4 STRUCTURES COORDINATIVES ET ÉQUIVALENCES FONCTIONNELLES......................52<br />

2.4.1 Structures coordinatives.................................................................................52<br />

2.4.2 Equivalences fonctionnelles ...........................................................................54<br />

CHAPITRE 3.................................................................................................................59<br />

COMPENSATIONS ET COMPLEXE MÂCHOIRE/LANGUE.............................59<br />

3.1 LES COMPENSATIONS DANS LES ÉTUDES ANTÉRIEURES ..........................................59<br />

3.1.1 Les étu<strong>des</strong> avec perturbation dynamique .......................................................60<br />

3.1.2 Les étu<strong>des</strong> avec perturbation statique : les bite-blocks..................................62<br />

3.1.3 Propriétés <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s........................................................................70<br />

3.2 LE COMPLEXE LANGUE / MÂCHOIRE .......................................................................71<br />

3.2.1 La <strong>la</strong>ngue et ses mouvements .........................................................................71<br />

3.2.2 Le rôle phonétique de <strong>la</strong> mâchoire.................................................................73<br />

3.3 CONCLUSION SUR LES COMPENSATIONS INTER-ARTICULATOIRES...........................78<br />

DEUXIEME PARTIE...................................................................................................81<br />

PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODE EXPÉRIMENTALE ....................................81<br />

CHAPITRE 4.................................................................................................................81<br />

PROBLÉMATIQUE.....................................................................................................81<br />

4.1 LES CONSONNES OBSERVÉES : LES OCCLUSIVES LINGUALES /T/ ET /D/. ..................82<br />

4.1.1 La formation d’une occlusive linguale...........................................................82<br />

4.1.2 Occlusive linguale et segments adjacents ......................................................84<br />

4.2 LES QUESTIONS SUR LES MOUVEMENTS LINGUAUX ................................................85<br />

4.2.1 Le timing inter-gestuel ...................................................................................85<br />

4.2.2 Le timing intra-gestuel ...................................................................................85<br />

4.2.3 Les dép<strong>la</strong>cements linguaux.............................................................................86<br />

4.3 A PROPOS DES CONTRAINTES DE PRODUCTION .......................................................86<br />

CHAPITRE 5.................................................................................................................89<br />

MÉTHODE EXPÉRIMENTALE................................................................................89<br />

5.1 INTRODUCTION.......................................................................................................89<br />

5.2 DESCRIPTION DU CORPUS .......................................................................................89<br />

10


5.2.1 Cadre expérimental........................................................................................ 89<br />

5.2.2 Le corpus........................................................................................................ 90<br />

5.2.3 La réalisation <strong>des</strong> bite-blocks........................................................................ 94<br />

5.3 L’ÉLECTROPALATOGRAPHIE .................................................................................. 97<br />

5.3.1 Les plus et les moins de l’EPG ...................................................................... 99<br />

5.3.2 Les caractéristiques <strong>des</strong> consonnes linguales ............................................. 101<br />

5.3.3 Le traitement <strong>des</strong> données............................................................................ 103<br />

5.4 LES MESURES ÉLECTROPALATOGRAPHIQUES ....................................................... 107<br />

5.4.1 Les paramètres spatiaux. ............................................................................. 108<br />

5.4.2 Les paramètres temporels............................................................................ 110<br />

5.4.3 Les paramètres spatio-temporels................................................................. 111<br />

5.5 LA MÉTHODE STATISTIQUE D’ANALYSE DES VARIATIONS .................................... 112<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX ............................... 115<br />

CHAPITRE 6 : LES RÉSULTATS SPATIAUX ..................................................... 115<br />

6.1 ASPECTS QUANTITATIFS DE LA RÉPARTITION DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX 116<br />

6.1.1 Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux (LP) sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is ........................ 116<br />

6.1.2 Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire.............................. 119<br />

6.1.3 Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région vé<strong>la</strong>ire................................... 122<br />

6.1.4 Sur les variations d’amplitude <strong>des</strong> contacts LP........................................... 124<br />

6.2 L’ASPECT QUALITATIFS DE LA RÉPARTITION DES CONTACTS : LES PATRONS DE<br />

CONTACTS.................................................................................................................. 126<br />

6.2.1 Les patrons de contacts <strong>du</strong> locuteur BL....................................................... 127<br />

6.2.2 Les patrons de contacts <strong>du</strong> locuteur YM...................................................... 131<br />

6.3 RÉSUMÉ SUR LES RÉSULTATS SPATIAUX .............................................................. 135<br />

CHAPITRE 7 : LES RÉSULTATS TEMPORELS................................................. 139<br />

7.1 LE CONTRÔLE DES DURÉES................................................................................... 139<br />

7.2 DURÉE TOTALE DES CONSONNES.......................................................................... 142<br />

7.2.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> consonnes ..................... 142<br />

7.2.2 Durées <strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur BL......................................................... 143<br />

7.2.3 Durées <strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur YM........................................................ 145<br />

7.3 DURÉE DES FERMETURES LINGUO-PALATALES (LP)............................................. 146<br />

11


7.3.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> geste de fermeture linguopa<strong>la</strong>tale..................................................................................................................146<br />

7.3.2 Durées <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales (LP) <strong>du</strong> locuteur BL .....................147<br />

7.3.3 Durées <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales (LP) <strong>du</strong> locuteur YM ....................149<br />

7 4. DURÉE DES TENUES .............................................................................................151<br />

7.4.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue...........................151<br />

7.4.2 Durées <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur BL................................................................152<br />

7.4.3 Durées <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur YM...............................................................154<br />

7.5. DURÉE DES MAXIMA............................................................................................156<br />

7.5.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum de contacts.....156<br />

7.5.2 Durées <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur BL .............................................................157<br />

7.5.3 Durées <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur YM ............................................................159<br />

7. 6 DURÉE DES OCCLUSIONS .....................................................................................161<br />

7.6.1 Durée de l’occlusion <strong>du</strong> locuteur BL ...........................................................161<br />

7.6.2 Durée de l’occlusion <strong>du</strong> locuteur YM ..........................................................163<br />

7.7 DURÉE DE L’OUVERTURE LINGUO-PALATALE (LP)...............................................165<br />

7.7.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale<br />

...............................................................................................................................165<br />

7.6.2 Durée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP) <strong>du</strong> locuteur BL .........................166<br />

7.6.3 Durée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP) <strong>du</strong> locuteur YM ........................168<br />

7.7 RÉSUMÉ DES RÉSULTATS TEMPORELS...................................................................170<br />

7.7.1 Les résultats temporels <strong>du</strong> locuteur BL........................................................170<br />

7.7.2 Les résultats temporels <strong>du</strong> locuteur YM.......................................................171<br />

QUATRIEME PARTIE..............................................................................................175<br />

INTERPRETATION ET DISCUSSION...................................................................175<br />

CHAPITRE 8...............................................................................................................175<br />

LES RÉSULTATS SPATIO-TEMPORELS ............................................................175<br />

8.1 L’AMPLITUDE DES MOUVEMENTS ARTICULATOIRES .............................................176<br />

8.1.1 La pente de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP).................................................176<br />

8.1.2 La pente d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP) ..................................................179<br />

8.2 LES VITESSES D’ÉLABORATION DES PENTES .........................................................182<br />

8.2.1 La vitesse de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale.......................................................182<br />

12


8.2.2 La vitesse d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP)................................................ 183<br />

8. 3 RÉSUMÉ DES RÉSULTATS SPATIAUX ET TEMPORELS ............................................ 185<br />

8.3.1 Le locuteur BL ............................................................................................. 185<br />

8.3.2 Le locuteur YM............................................................................................. 187<br />

CHAPITRE 9 : DISCUSSION................................................................................... 191<br />

9.1 LES VARIATIONS INTER-INDIVIDUELLES............................................................... 191<br />

9.1.1 Stratégie de <strong>compensation</strong> <strong>du</strong> locuteur BL.................................................. 193<br />

9.1.2. Stratégie de <strong>compensation</strong> <strong>du</strong> locuteur YM ................................................ 193<br />

9.1.3 Re<strong>la</strong>tions entre morphologie et articu<strong>la</strong>tion................................................ 194<br />

9.1.4 Re<strong>la</strong>tions avec une perturbation dite ‘naturelle’......................................... 195<br />

9.2 PHÉNOMÈNE D’APICALISATION............................................................................ 196<br />

9.3 HIÉRARCHIE DE LA COMPENSATION ..................................................................... 200<br />

9.3.1 En fonction de <strong>la</strong> pertinence <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s........................ 200<br />

9.3.2 En fonction <strong>du</strong> poids <strong>des</strong> contraintes........................................................... 202<br />

9.3.3 Une hiérarchie <strong>dans</strong> le contrôle moteur...................................................... 205<br />

9.4 ADAPTATION IMMÉDIATE OU APPRENTISSAGE : RÔLE DES FEEDBACKS................ 206<br />

CONCLUSION ........................................................................................................... 211<br />

BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................... 217<br />

TABLE DES ILLUSTRATIONS .............................................................................. 229<br />

ANNEXES ................................................................................................................... 237<br />

ANNEXE 1 : TABLEAU DE RECENSEMENT DE QUELQUES ÉTUDES<br />

UTILISANT DES PERTURBATIONS EXPÉRIMENTALES.............................. 238<br />

ANNEXE 2 : LES DURÉES MOYENNES DE LA PHRASE PORTEUSE, DE LA<br />

VOYELLE ET DE LA CONSONNE C1 DANS LES QUATRE CONDITIONS<br />

D’ENREGISTREMENT............................................................................................ 243<br />

YM................................................................................................................................ 243<br />

ANNEXE 3 : TABLEAUX DES DURÉES MOYENNES DE CHAQUE PHASE DE<br />

LA CONSONNE. ........................................................................................................ 244<br />

♦Durées consonnes BL puis YM. ......................................................................... 244<br />

♦Durée fermeture de BL ...................................................................................... 245<br />

13


♦Durée fermeture de YM......................................................................................245<br />

♦Durée tenue BL...................................................................................................246<br />

♦Durée tenue YM..................................................................................................246<br />

♦Durée maximum de contacts BL........................................................................247<br />

♦Durée maximum de contacts YM........................................................................247<br />

♦Durée occlusion BL............................................................................................248<br />

♦Durée occlusion YM...........................................................................................248<br />

♦Durée ouverture BL............................................................................................249<br />

♦Durée ouverture YM...........................................................................................249<br />

ANNEXE 4 : LES MOYENNES DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX .......250<br />

♦Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de BL...................................................................250<br />

♦Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de YM :................................................................251<br />

ANNEXE 5 : LES MOYENNES DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX À<br />

CHAQUE SESSION D’ENREGISTREMENT........................................................252<br />

ANNEXE 6 : LES PATRONS DE COARTICULATION DANS LES QUATRE<br />

CONDITIONS D’ENREGISTREMENT..................................................................255<br />

Locuteur BL...........................................................................................................255<br />

Locuteur YM..........................................................................................................256<br />

ANNEXE 7 :LES MESURES DES PALAIS DES LOCUTEURS..........................258<br />

ANNEXE 8 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /D/ SANS<br />

BITE-BLOCK, LOCUTEUR BL...............................................................................261<br />

Séquence /dad/.......................................................................................................261<br />

ANNEXE 9 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /D/ AVEC<br />

LE B3, LOCUTEUR BL.............................................................................................262<br />

Séquence /dad/.......................................................................................................262<br />

ANNEXE 10 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /D/ SANS<br />

BITE-BLOCK, LOCUTEUR YM .............................................................................263<br />

Séquence /dad/.......................................................................................................263<br />

14


ANNEXE 11 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /D/ AVEC<br />

LE B3, LOCUTEUR YM ........................................................................................... 264<br />

Séquence /dad/ ...................................................................................................... 264<br />

ANNEXE 12 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /T/ SANS<br />

BITE-BLOCK, LOCUTEUR BL. ............................................................................. 265<br />

Séquence /tat/........................................................................................................ 265<br />

ANNEXE13 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /T/ AVEC<br />

B3, LOCUTEUR BL................................................................................................... 266<br />

Séquence /tat/........................................................................................................ 266<br />

ANNEXE 14 : COURBE DE CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /T/ SANS<br />

BITE-BLOCK, LOCUTEUR YM............................................................................. 267<br />

Séquence /tat/........................................................................................................ 267<br />

ANNEXE 15 : COURBE DES CONTACTS LINGUO-PALATAUX DE /T/ AVEC<br />

LE B3, LOCUTEUR YM. .......................................................................................... 268<br />

Séquence /tat/........................................................................................................ 268<br />

15


INTRODUCTION<br />

17<br />

INTRODUCTION<br />

La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole est considérée comme un acte à <strong>la</strong> fois cognitif et social. Par<br />

cognitif nous entendons que toute <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> phonétique est liée à l’activité motrice <strong>des</strong><br />

organes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, activité régie par les processus mentaux. Acte social car il est<br />

reconnu que <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole répond aux exigences communicatives <strong>du</strong><br />

locuteur qui choisit les énoncés qui répondent le mieux à ses intentions. L’approche de<br />

ce travail présenté ici est fondée sur l’idée que <strong>la</strong> parole en tant que phénomène<br />

biologique répond fermement à une organisation adaptative. Son intelligibilité dépend,<br />

en partie <strong>du</strong> contenu et de <strong>la</strong> qualité <strong>du</strong> signal et, en partie <strong>des</strong> connaissances<br />

linguistiques et situationnelles présentes <strong>dans</strong> le cerveau de l’auditeur comme <strong>du</strong><br />

locuteur.<br />

Les travaux re<strong>la</strong>tifs au contrôle de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole montrent que cette faculté<br />

d’adaptation aboutit à une certaine variabilité <strong>dans</strong> l’expression linguistique d’un<br />

énoncé. Cette variabilité est <strong>du</strong>e à <strong>la</strong> fois aux nombreuses contraintes<br />

physiques/mécaniques <strong>du</strong> système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> et bien sûr à l’objectif énonciatif <strong>du</strong><br />

locuteur. Afin d'éc<strong>la</strong>irer les connaissances à propos de cette variabilité de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, il<br />

existe notamment un paradigme fort intéressant basé sur les phénomènes de<br />

<strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Pour illustrer cette notion de <strong>compensation</strong>, nous pouvons<br />

citer l’exemple bien connu <strong>des</strong> fumeurs de pipe pour lesquels une élocution correcte et<br />

intelligible reste possible même avec une pipe coincée entre les dents. Certains travaux<br />

portant sur ces phénomènes de <strong>compensation</strong> montrent que le système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> est<br />

intrinsèquement organisé pour permettre à un groupe d’articu<strong>la</strong>teurs d’effectuer une<br />

action même si un articu<strong>la</strong>teur est indisponible.<br />

L’objectif de cette étude est d’observer et de quantifier ces phénomènes de<br />

<strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. A plus <strong>la</strong>rge échéance, nous espérons confirmer qu’une<br />

même stratégie d’encodage peut commander plusieurs réponses <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s pour<br />

atteindre un unique but communicationnel. D’autre part nous tenterons de valider<br />

l’hypothèse que le contrôle <strong>du</strong> système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole peut varier selon le<br />

niveau de traitement : un contrôle orienté sortie existe au niveau sous jacent<br />

(préparation conceptuelle <strong>du</strong> traitement de l’information) puisque le but <strong>du</strong> locuteur est<br />

effectivement de se faire comprendre. Un contrôle orienté système existe au niveau


iomécanique, le but <strong>du</strong> locuteur étant de réaliser les constrictions conformes à ce qu’il<br />

cherche à pro<strong>du</strong>ire <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal en dép<strong>la</strong>çant ses articu<strong>la</strong>teurs. Grâce à <strong>la</strong> mise<br />

en p<strong>la</strong>ce de stratégies de <strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, <strong>la</strong> variabilité <strong>des</strong> signaux de<br />

parole pourrait être mieux expliquée et mieux comprise, aussi bien en parole normale<br />

qu’en parole perturbée, voire en parole pathologique.<br />

Concernant ces aspects, peu d’étu<strong>des</strong> portent sur le français, et sur les consonnes,<br />

segments qui requièrent un agencement complexe <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs supra-glottiques et<br />

<strong>du</strong> <strong>la</strong>rynx. Pour notre part, nous avons choisi d'étudier les mouvements compensatoires<br />

qu’effectue <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue lorsque <strong>la</strong> mâchoire est fixée par <strong>des</strong> « bite-blocks » (cales interdentales).<br />

Nous comparons les mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue en parole normale et en parole<br />

intentionnellement perturbée. Nous nous sommes penchée plus particulièrement sur <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes <strong>occlusives</strong> /t /et /d/ <strong>du</strong> français en position initiale d’une<br />

séquence CVC, intégrée <strong>dans</strong> une phrase porteuse. Nous exploitons <strong>la</strong> dimension<br />

spatiale (amplitude <strong>des</strong> mouvements) et <strong>la</strong> dimension temporelle (timing <strong>des</strong><br />

mouvements) <strong>des</strong> mouvements linguaux au moyen de <strong>la</strong> méthode d’analyse qu’est<br />

l’électropa<strong>la</strong>tographie.<br />

Notre thèse est composée de quatre parties sous-divisées en neuf chapitres.<br />

La première partie présente les aspects théoriques re<strong>la</strong>tifs à notre étude. Dans le chapitre<br />

1, nous proposons une présentation générale <strong>des</strong> théories de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole.<br />

Dans le chapitre 2, nous présentons les différentes conceptions qui s’articulent autour<br />

<strong>des</strong> phénomènes de <strong>compensation</strong>s. Dans le chapitre 3, nous proposons un recensement<br />

<strong>des</strong> étu<strong>des</strong> ayant mis à jour <strong>des</strong> phénomènes de <strong>compensation</strong>. Nous insistons notament<br />

sur les étu<strong>des</strong> soulignant le lien fonctionnel entre <strong>la</strong> mâchoire et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

La deuxième partie présente <strong>la</strong> problématique et les choix expérimentaux. Dans le<br />

chapitre 4, nous exposons <strong>la</strong> problématique qui synthétise les questions posées par les<br />

parties précédentes et présente nos hypothèses de travail. Nous justifions notre choix<br />

<strong>des</strong> <strong>occlusives</strong> linguales comme terrain d’investigation. Le chapitre 5 est consacré à <strong>la</strong><br />

méthode expérimentale choisie pour rechercher <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s <strong>dans</strong><br />

les mouvements linguaux, le corpus, le protocole expérimental et <strong>la</strong> méthode d’analyse<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> qu’est l’électropa<strong>la</strong>tographie.<br />

La troisième partie se consacre à <strong>la</strong> présentation <strong>des</strong> résultats expérimentaux. Le<br />

chapitre 6 aborde les aspects spatiaux de <strong>la</strong> variation <strong>des</strong> mouvements linguaux en<br />

parole normale et perturbée. Les aspects temporels de cette variation sont traités <strong>dans</strong> le<br />

chapitre 7.<br />

18


19<br />

INTRODUCTION<br />

La quatrième partie est consacrée à l’interprétation générale de nos résultats. Le chapitre<br />

8 présente les aspects spatio-temporels. Il met en re<strong>la</strong>tion les deux niveaux d’analyse<br />

cités ci-<strong>des</strong>sus et propose un bi<strong>la</strong>n interprétatif <strong>des</strong> résultats. Le chapitre 9 propose une<br />

discussion plus é<strong>la</strong>rgie de nos interprétations.


PREMIERE PARTIE<br />

21<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

Aspects théoriques : contrôle moteur et processus de<br />

<strong>compensation</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole<br />

______________________________________________________________________<br />

CHAPITRE 1<br />

La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

Oha<strong>la</strong> (1983) définit le mécanisme de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole comme un mécanisme qui<br />

convertit l’énergie muscu<strong>la</strong>ire en énergie acoustique. Effectivement, <strong>la</strong> parole rassemble<br />

contenu linguistique et signal acoustique, le tout, engendré et contrôlé par un système<br />

biomécanique contrôlé par le Système Nerveux Central.<br />

Représentation<br />

mentale<br />

Activation<br />

muscle<br />

Position<br />

articu<strong>la</strong>teur<br />

Forme<br />

con<strong>du</strong>it<br />

vocal<br />

Signal<br />

acoustique<br />

Figure n°1.1 : Schéma simplifié de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole : de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification aux mouvements.<br />

Si l’on shématise, <strong>la</strong> première étape de préparation conceptuelle implique <strong>la</strong> préparation<br />

d’une intention de communication. A un niveau sous jacent, existent <strong>des</strong> représentations<br />

mentales phonétiques stockées <strong>dans</strong> le cerveau. Ces représentations requièrent<br />

l’existence de cibles <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, acoustiques et perceptives. Une commande motrice<br />

issue <strong>du</strong> système nerveux central, est transmise par voie nerveuse efférente vers les<br />

muscles <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs. L’activation <strong>des</strong> muscles modifie l’état initial <strong>des</strong><br />

articu<strong>la</strong>teurs en fonction de l’ordre établi. Les mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs entraînent<br />

<strong>des</strong> modifications de forme <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal. Ainsi, les transformations <strong>des</strong> cavités de<br />

résonance tout le long <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal se tra<strong>du</strong>iront par <strong>des</strong> changements <strong>du</strong> signal


acoustique exprimés par <strong>des</strong> variations <strong>des</strong> valeurs <strong>des</strong> formants. On obtient alors le<br />

signal de parole en sortie. Un retour de l’information auditive est alors pro<strong>du</strong>it vers le<br />

système nerveux central par voie afférente grâce au feedback externe. Il peut y avoir<br />

alors correction et genèse d’une nouvelle commande <strong>du</strong> système nerveux central si le<br />

but de départ n’est pas réalisé.<br />

1.1 Des représentations mentales aux sons<br />

1.1.1 Quelques rappels sur <strong>la</strong> neurophysiologie de <strong>la</strong> parole<br />

Les impulsions nerveuses venant <strong>du</strong> cerveau sont omniprésentes <strong>dans</strong> notre corps. Le<br />

système nerveux peut être divisé en deux grands axes. Le système nerveux central qui<br />

comprend le cerveau et <strong>la</strong> colonne vertébrale. Le système nerveux périphérique<br />

constitué de nerfs crâniens, qui émergent <strong>du</strong> cerveau pour ravitailler <strong>la</strong> région de <strong>la</strong> tête<br />

et de nerfs spinaux, partant de <strong>la</strong> colonne pour alimenter le reste <strong>du</strong> corps. Les neurones<br />

apportent les influx <strong>du</strong> système nerveux central vers les organes périphériques par les<br />

nerfs efférents. D’autres neurones sont dits afférents, ils apportent les informations sur<br />

l’état <strong>des</strong> organes périphériques vers le système nerveux central par voie sensorielle.<br />

1.1.2 P<strong>la</strong>nification : <strong>des</strong> représentations phonétiques aux ordres<br />

La parole est générée en deux étapes essentielles, p<strong>la</strong>nification et exécution, comme<br />

d’ailleurs l’ensemble <strong>des</strong> actions contrôlées que nous effectuons. Les processus<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ont lieu <strong>du</strong>rant l’étape d’exécution. Rappelons rapidement <strong>la</strong> phase de<br />

p<strong>la</strong>nification pré-motrice. Quand on parle, on ajuste constamment les paramètres<br />

caractéristiques de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> (<strong>du</strong>rées <strong>des</strong> segments, pauses, schémas intonatifs,<br />

rapidité d’élocution, force d’articu<strong>la</strong>tion), en fonction de l’auditoire (Lindblom 1996).<br />

La connaissance partagée permet un nombre de variations <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong><br />

phrases. Ces variations se font en fonction de <strong>la</strong> connaissance implicite que l’on a de <strong>la</strong><br />

situation d’énonciation et aussi en fonction <strong>des</strong> facultés de l’auditeur. En l’état actuel<br />

<strong>des</strong> recherches sur les processus de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, il est présumé que <strong>la</strong> programmation a<br />

pour objet de spécifier <strong>des</strong> séquences de segments phonétiques discrets, par exemple <strong>des</strong><br />

cibles, qui incluent les informations sur le rég<strong>la</strong>ge temporel (timing). Les séquences de<br />

22


23<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

cibles intro<strong>du</strong>isent les modifications <strong>des</strong> caractéristiques acoustiques et <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

<strong>des</strong> formes canoniques stockées <strong>dans</strong> le cerveau (Perkell 1995). Les processus<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont <strong>des</strong> actes moteurs qui convertissent les séquences discrètes de cibles<br />

en mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. La résultante acoustique, le son, est le pro<strong>du</strong>it de ces<br />

conversions. Ainsi, ces cibles discrètes peuvent être caractérisées en terme de<br />

mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs et de paramètres acoustiques. Nous pouvons considérer<br />

que <strong>la</strong> sortie de <strong>la</strong> phase de programmation est en même temps l’entrée de <strong>la</strong> phase<br />

d’exécution.<br />

1.1.3 Exécution : <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s au signal de sortie<br />

Nous savons que l’exécution d’un énoncé oral implique l’utilisation coordonnée d’une<br />

centaine de muscles permettant ainsi <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de quinze sons à <strong>la</strong> seconde. La<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole est un processus moteur complexe, régi par une orchestration<br />

temporelle <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs, organisés <strong>dans</strong> le temps et aussi <strong>dans</strong> l’espace, pour<br />

contribuer à l’émergence <strong>des</strong> sons spécifiques d’une <strong>la</strong>ngue. En termes fonctionnels, le<br />

processusde pro<strong>du</strong>ciotn de parole consiste en l’utilisation <strong>des</strong> systèmes respiratoire et<br />

<strong>la</strong>ryngé. Ces deux systèmes opèrent ensemble pour <strong>la</strong> génération <strong>des</strong> sons de <strong>la</strong> parole.<br />

L’air expiré <strong>des</strong> poumons est converti en vibrations audibles grâce aux différents<br />

organes à l’intérieur <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal. La source de vibration <strong>la</strong> plus importante est <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> région inférieure <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal, le <strong>la</strong>rynx, là ou sont logées les cor<strong>des</strong> vocales dont<br />

les mouvements d’ouverture et de fermeture dépendent <strong>des</strong> vibrations d’air. Une fois<br />

que le flux d’air est passé à travers le <strong>la</strong>rynx, il entre <strong>dans</strong> les cavités supra glottiques où<br />

il est affecté par l’action de plusieurs articu<strong>la</strong>teurs mobiles comme <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, le pa<strong>la</strong>is<br />

mou, les lèvres et <strong>la</strong> mâchoire.<br />

La parole en tant qu’activité motrice volontaire est régie par un système très complexe<br />

qui se doit de tenir compte d’une multitude de contraintes. Nous proposons un résumé<br />

de ces contraintes d’après Zerling (1993b) c<strong>la</strong>ssées par niveau d’apparition <strong>dans</strong> le<br />

processus de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>.<br />

Les contraintes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s pèsent globalement sur l’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> sons, c’est à dire<br />

sur <strong>la</strong> réalisation <strong>des</strong> cibles, et peuvent voir plusieurs origines :<br />

-phonologiques et linguistiques quand elles sont imposées par le système phonologique<br />

à travers les phénomènes et leurs traits distinctifs. Elles sont propres à chaque <strong>la</strong>ngue.


-physiologiques et bio-mécaniques quand elles proviennent <strong>des</strong> limites <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s <strong>du</strong><br />

con<strong>du</strong>it vocal, les limites de dép<strong>la</strong>cement <strong>des</strong> organes phonatoires.<br />

-acoustico-perceptives <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où les sons émis ne présentent un intérêt que s’ils<br />

peuvent être enten<strong>du</strong>s et perçus comme distincts les uns <strong>des</strong> autres par notre appareil<br />

auditif.<br />

Les contraintes co<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ou combinatoires découlent nécessairement de<br />

l’enchaînement <strong>des</strong> sons sur le p<strong>la</strong>n temporel. Ceux-ci ne sont pas réalisés de <strong>la</strong> même<br />

manière que s’ils étaient articulés indivi<strong>du</strong>ellement : ils sont soumis à l’influence <strong>des</strong><br />

sons voisins et leur réalisation va différer en fonction <strong>du</strong> contexte phonétique.<br />

Les contraintes prosodiques agissent aussi sur le p<strong>la</strong>n temporel. Les phénomènes<br />

d’accentuation et d’intonation vont imposer <strong>des</strong> contraintes dépendant en partie de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue parlée. Les contraintes prosodiques s’appliquent à <strong>la</strong> fois sur l’ensemble de <strong>la</strong><br />

chaîne parlée mais aussi indivi<strong>du</strong>ellement à chaque maillon.<br />

Les contraintes situationnelles sont liées à <strong>la</strong> fois aux dispositions <strong>du</strong> locuteur, à son<br />

environnement, au milieu, à <strong>la</strong> situation globale, à <strong>la</strong> présence interactive d’un interlocuteur.<br />

Zerling (Zerling1993b) les qualifie de « contraintes libres » <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où<br />

elles peuvent être contrôlées et modifiées par le locuteur.<br />

Les contraintes stratégiques découlent de <strong>la</strong> « base <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> » ( Zerling 1991) de<br />

chacun. Elles sont qualifiées de stratégiques <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où elles découlent <strong>des</strong> lois,<br />

<strong>des</strong> habitu<strong>des</strong> et <strong>des</strong> tendances <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s propres à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue mais surtout propres à<br />

chaque indivi<strong>du</strong>. Ces contraintes sont néanmoins essentielles puisque responsables <strong>du</strong><br />

rég<strong>la</strong>ge affiné de l’émission <strong>des</strong> sons.<br />

Nous concluons que <strong>des</strong> influences de toutes sortes agissent sous formes de contraintes<br />

à tous les niveaux de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Cet état donne un aperçu <strong>des</strong> difficultés<br />

rencontrées par les phonéticiens pour mettre en œuvre <strong>des</strong> modèles visant à fournir une<br />

re<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> complète <strong>des</strong> caractéristiques <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et acoustiques de <strong>la</strong> parole. En<br />

réponse à ces nombreuses contraintes le système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> fait preuve d’une <strong>la</strong>rge<br />

variabilité <strong>dans</strong> ses réalisations. Cette variabilité est l’objet de nombreuses questions à<br />

propos <strong>du</strong> contrôle <strong>des</strong> mouvements de <strong>la</strong> parole. La dialectique de l’invariant et de <strong>la</strong><br />

variabilité a débouché sur de nombreux courants théoriques. Quand les contraintes<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et acoustiques le permettent, <strong>la</strong> cible est atteinte. Quand les contraintes<br />

pèsent au point d’empêcher l’atteinte de <strong>la</strong> cible, le message peut tout de même être<br />

discriminé car les cibles sont intégrées de manière intuitive et inconsciente par les<br />

24


25<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

locuteurs. Autrement, l’articu<strong>la</strong>tion est compensée afin d’atteindre au minimum <strong>la</strong> cible<br />

acoustique à défaut de <strong>la</strong> cible <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Si aucune <strong>des</strong> deux n’est atteinte, <strong>la</strong><br />

perception et <strong>la</strong> compréhension sont alors sérieusement altérées. Le processus de<br />

décodage de <strong>la</strong> perception de <strong>la</strong> parole permet de reconnaître une cible acoustique même<br />

quand il y a <strong>des</strong> « undershoots » et « overshoots » (Lindblom 1990). Une <strong>des</strong><br />

orientations spécifiques <strong>des</strong> théories phonétiques est de se demander quels sont les<br />

invariants <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Il existerait <strong>des</strong> points de passage obligés<br />

<strong>dans</strong> les régions cibles sous forme d’invariants spatio-temporels. Nous pouvons associer<br />

à cette tâche abstraite un chemin <strong>dans</strong> l’espace spatio-temporel qui respecterait certaines<br />

contraintes locales.<br />

1.2 Les théories de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

Les théories de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> tentent de décrire les problèmes de base de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de<br />

<strong>la</strong> parole : les cibles, le contrôle moteur, le timing <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs, les contraintes…<br />

Diverses théories de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole se proposent de définir <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong><br />

parole de deux façons correspondant à deux grands courants de pensée. Les théories<br />

orientées sortie prônent que le but <strong>du</strong> locuteur est de se faire comprendre. Les théories<br />

orientées système prêchent l’idée que le but de <strong>la</strong> parole est de pro<strong>du</strong>ire <strong>des</strong><br />

mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs.<br />

1.2.1 Les théories orientées sortie acoustique<br />

A l’image de <strong>la</strong> pensée de Jakobson (1963), le locuteur parle pour être enten<strong>du</strong> et ce<strong>la</strong><br />

<strong>dans</strong> le but d’être compris. Quand le locuteur parle, il cherche avant tout à faire<br />

comprendre à son auditoire les concepts et informations qu’il veut exprimer par <strong>la</strong><br />

parole, de même que <strong>des</strong> informations sur son état. Il cherche ainsi à atteindre une cible<br />

acoustique et perceptive. Les théories orientées sorties donnent à supposer qu’il y a peu<br />

de variabilité sur le p<strong>la</strong>n acoustique.


1.2.1.1 La théorie de Lindblom<br />

Une <strong>des</strong> théories les plus exploitées concernant <strong>la</strong> variabilité <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole est celle de<br />

Lindlom (1971, 1983, 1990, 1996) qu’il reprend et réactualise avec près de trente ans de<br />

recul et d’expériences et qui fait toujours foi en phonétique. Les locuteurs ont pour<br />

habitude d’ajuster leurs <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s en fonction de <strong>la</strong> situation de communication : ce<br />

que Lindblom appelle « l’organisation adaptative » de <strong>la</strong> parole. Le locuteur choisit <strong>la</strong><br />

forme grammaticale ou lexicale qui sert le mieux ses intentions communicatives. Dans<br />

chaque situation, ce choix dépend d’une façon cruciale de l’information qui est<br />

disponible à l’auditeur. De nombreuses données expérimentales montrent que<br />

l’intelligibilité de <strong>la</strong> parole dépend, en partie de <strong>la</strong> qualité et <strong>du</strong> contenu <strong>du</strong> signal et, en<br />

partie <strong>du</strong> fait que ce signal engage <strong>des</strong> processus dont l’origine est <strong>dans</strong> les<br />

connaissances linguistiques et situationnelles présentes <strong>dans</strong> le cerveau de l’auditeur au<br />

moment <strong>du</strong> traitement perceptuel. Autrement dit, il faut supposer qu’une unité<br />

phonétique ne reste jamais constante mais subit continuellement <strong>des</strong> fluctuations. En<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> et perception de <strong>la</strong> parole, <strong>la</strong> variabilité <strong>des</strong> signaux de <strong>la</strong> parole est le<br />

résultat de présuppositions phonétiques.<br />

Les expressions les moins c<strong>la</strong>ires sont dites « ré<strong>du</strong>ites » <strong>dans</strong> le sens où quelques uns<br />

<strong>des</strong> traits acoustiques peuvent être modifiés ou occultés. Les auditeurs sont capables de<br />

comprendre sans avoir accès à <strong>la</strong> totalité <strong>des</strong> paramètres acoustiques car ils utilisent leur<br />

connaissance pour retrouver les informations manquantes. Ainsi un locuteur agit en<br />

évaluant de manière continue <strong>la</strong> capacité qu’a l’auditeur à comprendre ce qui est dit. Le<br />

locuteur transmet son message le plus efficacement possible tout en contrô<strong>la</strong>nt les<br />

mouvements de ses articu<strong>la</strong>teurs le plus aisément possible. De ce point de vue, autant<br />

l’auditeur que le locuteur ont un rôle actif <strong>dans</strong> l’interaction. Ils évaluent tous deux <strong>la</strong><br />

qualité <strong>du</strong> bruit environnant, <strong>la</strong> familiarité avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue... Les variations <strong>des</strong><br />

expressions <strong>des</strong> paramètres qui définissent les catégories de sons sont connues et<br />

reconnues par les deux parties. Dans <strong>des</strong> cas extrêmes de ré<strong>du</strong>ction, les frontières <strong>des</strong><br />

régions <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et acoustiques entre les segments peuvent être franchies ou<br />

modifiées. En conséquence, l’expression <strong>des</strong> paramètres acoustiques responsables <strong>des</strong><br />

contrastes <strong>des</strong> sons n’est pas invariante. Les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont<br />

programmés pour contraindre les variations acoustiques parmi les situations différentes,<br />

<strong>dans</strong> <strong>des</strong> limites perceptuelles acceptables qui peuvent être assez <strong>la</strong>rges. L’entrée <strong>du</strong><br />

système de programmation motrice de <strong>la</strong> parole consiste en <strong>des</strong> cibles qui sont définies<br />

26


27<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

en terme de paramètres acoustiques et/ou <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s (Lindblom et al. 1979). Ces<br />

cibles sont <strong>des</strong> corré<strong>la</strong>ts <strong>des</strong> traits distinctifs qui spécifient les items lexicaux. Une autre<br />

proposition de Lindblom (1983) à propos de <strong>la</strong> formation <strong>des</strong> sons de <strong>la</strong> parole est que<br />

les valeurs <strong>des</strong> paramètres acoustiques sont déterminées par deux principes : le principe<br />

de contraste suffisant et le principe d’effort <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> minimal. Ces principes sont<br />

expliqués <strong>dans</strong> le paragraphe 1.2.3 concernant <strong>la</strong> théorie Hypo-articu<strong>la</strong>tion et Hyperarticu<strong>la</strong>tion<br />

de Lindblom (1996) défend l’idée que <strong>la</strong> perception est basée sur <strong>des</strong> cibles<br />

acoustiques et non <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Cette théorie de <strong>la</strong> perception favorise une<br />

représentation de <strong>la</strong> parole en termes acoustiques et perceptifs. Elle semble négliger le<br />

fait que les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s aient aussi un rôle actif quant à <strong>la</strong> réalisation <strong>des</strong><br />

sons et surtout en ce qui concerne l’atteinte ou non <strong>des</strong> cibles <strong>du</strong> locuteur.<br />

1.2.1.2 La théorie quantale de Stevens<br />

Le phonéticien ne peut ignorer <strong>la</strong> théorie quantale de <strong>la</strong> parole quand il évoque les<br />

théories traitant d’articu<strong>la</strong>tion, de cible, de <strong>compensation</strong>s <strong>du</strong> contrôle moteur. Le cadre<br />

théorique instauré par Stevens à propos de l’existence <strong>des</strong> invariants phonétiques est<br />

appelé théorie quantale, théorie notable qui re<strong>la</strong>te de <strong>la</strong> formation <strong>des</strong> traits acoustiques<br />

et de l’existence de l’invariance acoustico-auditive. Elle est proposée par Stevens dès<br />

1972, puis il <strong>la</strong> reprendra en 1985, 1989 et 1991. Les cibles sont définies comme <strong>des</strong><br />

régions <strong>dans</strong> l’espace acoustique et <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, par les principes quantal, dynamique et<br />

distributionnel.<br />

L’espace de contrôle en parole est acoustique <strong>dans</strong> le sens où le locuteur fait de son<br />

mieux pour doter le signal de parole <strong>des</strong> indices temporels et <strong>des</strong> propriétés spectrales<br />

invariants en association directe avec le code phonologique. Stevens et Blumstein<br />

(1991) montrent l’existence de propriétés acoustiques invariantes permettant de<br />

caractériser le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne indépendamment <strong>du</strong> contexte<br />

vocalique, suite à une série d’expériences sur <strong>la</strong> perception <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong><br />

plosives /b/, /d/ et /g/ <strong>dans</strong> <strong>des</strong> stimuli de synthèse Consonne-Voyelle. Les propriétés<br />

acoustiques restent invariantes à travers les locuteurs et les contextes phonétiques et ont<br />

un rôle perceptuel démontré. Cette théorie prône l’existence d’une re<strong>la</strong>tion non linéaire<br />

entre l’articu<strong>la</strong>tion et les propriétés acoustiques <strong>des</strong> sons en sortie <strong>du</strong> système de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Lorsqu’un paramètre <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> varie de manière linéaire, il arrive que les


conséquences acoustiques varient de façon non linéaire. Autrement dit, <strong>dans</strong> certaines<br />

zones <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s on peut observer <strong>des</strong> mouvements qui peuvent être sans<br />

conséquence acoustique (le résultat acoustique est stable). Inversement, il existe <strong>des</strong><br />

zones <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s <strong>dans</strong> lesquelles une petite variation <strong>du</strong> paramètre <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong><br />

implique une variation abrupte <strong>du</strong> paramètre acoustique. Les re<strong>la</strong>tions articu<strong>la</strong>toriacoustiques<br />

sont de nature quantale <strong>dans</strong> le sens où les variations acoustiques se font par<br />

paliers et les variations <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s se font de manière continue. Le même type de<br />

re<strong>la</strong>tion quantale existe aussi entre l’onde acoustique et les sons perçus. La théorie<br />

suggère que ces re<strong>la</strong>tions quantales entre les paramètres acoustiques, perceptifs et<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont un facteur déterminant <strong>dans</strong> le choix <strong>des</strong> attributs <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et<br />

acoustiques utilisés à <strong>des</strong> fins distinctives <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole. Cette théorie rend compte <strong>des</strong><br />

facteurs qui façonnent l’ensemble <strong>des</strong> attributs acoustiques et <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s utilisés par<br />

le locuteur pour signaler les distinctions <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage. C’est une théorie <strong>des</strong> traits<br />

distinctifs qui donne une explication sur l’origine <strong>des</strong> traits à partir de l’observation <strong>des</strong><br />

phénomènes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et <strong>des</strong> résultats acoustiques associés. La théorie quantale<br />

présente l’avantage de corréler <strong>la</strong> sortie acoustique et le niveau <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Ladefoged<br />

(1983) quant à lui fait remarquer que certains objets peuvent être regroupés en famille<br />

car ils ont un « air de famille » (family resemb<strong>la</strong>nce) mais ne sont pas pour autant<br />

corrélés. Si les <strong>la</strong>ngues <strong>du</strong> monde favorisent certains sons sur l’échelle <strong>des</strong> réalisations<br />

possibles, ce n’est en aucun cas parce que ces sons sont de nature quantale, mais<br />

simplement parce qu’ils sont plus faciles à réaliser. Il n’existerait pas de qualité<br />

vocalique préférentielle, à l’exception peut être <strong>des</strong> voyelles [i, u, a]. Elles ne sont pas<br />

préférées parce qu’elles seraient <strong>des</strong> voyelles quantales pour lesquelles <strong>des</strong> variations<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s importantes n’auraient que peu de conséquences acoustiques, mais parce<br />

qu’elles sont <strong>des</strong> points extrêmes de l’espace <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et offrent un maximum de<br />

distinctions entre elles. Browman et Goldstein (1989), quant à eux, admettent en partie<br />

<strong>la</strong> théorie quantale de Stevens car elle pourrait permettre non seulement d’expliquer les<br />

gestes que les <strong>la</strong>ngues peuvent choisir à <strong>des</strong> fins contrastives mais également comment<br />

ces gestes peuvent s’organiser.<br />

28


1.2.1.3 Les théories de Guenther et Perkell<br />

29<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

Pour Guenther (1995), les cibles sont spécifiées <strong>dans</strong> un espace acoustique. Elles<br />

prennent <strong>la</strong> forme d’un ensemble de valeurs acceptables de patrons formantiques mais<br />

aussi de trajectoires formantiques. Il s’oppose à <strong>la</strong> traditionnelle présentation <strong>des</strong> cibles<br />

<strong>du</strong> « tout ou rien ». Son modèle DIVA fait l’hypothèse de l’existence d’un contrôleur de<br />

haut niveau qui permettrait à tout instant de viser vers <strong>la</strong> cible à atteindre. C’est un<br />

modèle de contrôle où <strong>la</strong> trajectoire distale est caractérisée par un ensemble discret de<br />

cibles <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal. Le contrôleur prend en compte <strong>la</strong> position de l’effecteur<br />

final (constriction <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal), <strong>la</strong> compare à <strong>la</strong> position cible désirée et fait<br />

évoluer les variables de contrôle de façon à ré<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> distance séparant les deux<br />

positions. Les positions <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs sont donc associées à <strong>la</strong> trajectoire de<br />

l’effecteur final <strong>dans</strong> l’espace <strong>des</strong> variables géométriques <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal. La chaîne<br />

de phonèmes est pro<strong>du</strong>ite par <strong>des</strong> mouvements continus <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs.<br />

Pour Perkell et al. (1993, 2000) les séquences de segments qui constituent les mots sont<br />

représentées <strong>dans</strong> le système nerveux central comme <strong>des</strong> régions auditives spatiotemporelles.<br />

Les mécanismes de contrôle moteur visant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de sons de parole<br />

sont basés sur <strong>des</strong> cibles auditives. Les cibles sont <strong>des</strong> régions <strong>dans</strong> un espace<br />

dimensionnel acoustique perceptif. (En terminologie <strong>du</strong> contrôle moteur, c’est le task<br />

space). Il existe plusieurs cibles acoustiques pour chaque son de parole. Par exemple,<br />

les cibles <strong>des</strong> voyelles sont une source de son voisé et une région particulière <strong>dans</strong><br />

l’espace formantique. Les cibles acoustiques les plus stables sont celles <strong>des</strong> voyelles. Il<br />

peut y avoir <strong>des</strong> variabilités à cause de l’effet quantal, à cause de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion non linéaire<br />

entre les paramètres d’entrée et de sortie : il existe une région <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle le paramètre<br />

de sortie est stable. Pour les consonnes obstruantes, <strong>la</strong> cible est un bruit <strong>du</strong> burst avec<br />

certaines caractéristiques spectrales. Différents style de parole peuvent faire varier<br />

l’espace de cibles : pour une parole plus rapide, l’échelle de temps <strong>des</strong> régions <strong>des</strong><br />

cibles serait compressée. Pour une parole plus lente, <strong>la</strong> dimension acoustique serait plus<br />

<strong>la</strong>rge. Perkell et al (1993) postulent que les cibles sont <strong>des</strong> combinaisons de paramètres<br />

acoustiques et <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Ainsi, ils argumentent aussi en faveur d’un contrôle orienté<br />

vers <strong>des</strong> cibles acoustiques, contestant l’hypothèse de Browman et Goldstein (1989 et<br />

1992) et de Kelso et al. (1986) qui prônent <strong>des</strong> cibles seulement <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s.


1.2.2 Les théories orientées système<br />

« La parole s’assimile davantage à une séquence de mouvements ren<strong>du</strong>s audibles qu’à<br />

une séquence de sons engendrés par <strong>des</strong> mouvements » (Stetson 1928). Pour les tenants<br />

de cette conception, le but <strong>du</strong> système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> serait d’activer les articu<strong>la</strong>teurs. Le<br />

but de l’acte de parole <strong>du</strong> locuteur serait de faire bouger ses articu<strong>la</strong>teurs d’où <strong>la</strong><br />

prédominance <strong>des</strong> cibles <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Dans ces modèles, on n’observe pas autant de<br />

considérations sur le p<strong>la</strong>n acoustique et perceptif que <strong>dans</strong> les modèles orientés sortie.<br />

1.2.2.1 La théorie de Chomsky et Halle<br />

Chomsky et Halle (1968) définissent les mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs en terme de traits<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Le trait correspond à un ensemble universel de capacités que les locuteurs<br />

ont à pro<strong>du</strong>ire, permettant de percevoir les sons avec <strong>des</strong> propriétés linguistiques<br />

distinctives. La théorie <strong>des</strong> traits <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s admet que les items lexicaux sont<br />

représentés phonologiquement comme <strong>des</strong> séquences de segments discrets caractérisés<br />

en terme de primitives appelées traits distinctifs. Ces traits sont composés (i) d’un lieu<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, défini par <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs particuliers (par exemple, le trait <strong>la</strong>bial pour les<br />

lèvres, coronal pour <strong>la</strong> <strong>la</strong>me de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue) et (ii) d’un mode <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> (par exemple<br />

constrictif pour /z/, <strong>la</strong>téral pour /l/, vibrant pour /r/). Ces traits nous informent sur les<br />

dép<strong>la</strong>cements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs et sur les propriétés acoustiques qui en résultent. Définis<br />

de cette façon, mode et lieu d’articu<strong>la</strong>tion permettent de décrire les sons de toutes les<br />

<strong>la</strong>ngues <strong>du</strong> monde sous forme d’une c<strong>la</strong>ssification dont l’Alphabet Phonétique<br />

International se sert. La génération d’un segment exige habituellement <strong>la</strong> coordination<br />

de mouvements de plusieurs articu<strong>la</strong>teurs. Dans le cas d’une consonne, le trait<br />

segmental spécifie l’articu<strong>la</strong>teur majeur (par exemple les lèvres, le dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue,<br />

l’apex) qui forme <strong>la</strong> constriction <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal. D’autres traits spécifient les<br />

mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs secondaires (comme <strong>la</strong> glotte, le velum) qui doivent être<br />

coordonnés avec le premier articu<strong>la</strong>teur. Le trait premier génère <strong>des</strong> repères acoustiques<br />

et les traits secondaires sont repérables au voisinage de ces repères acoustiques ou<br />

bornes. Quand les traits spécifiques d’une expression sont convertis en sons, les cibles<br />

finales <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont <strong>des</strong> patrons acoustiques qui permettent à<br />

l’auditeur de comprendre ce qui est dit. Dans le mécanisme de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, les cibles<br />

sont définies avec plus d’un type de paramètres et leur nature peut varier d’un segment à<br />

30


31<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

l’autre. Ainsi, quand une expression est pro<strong>du</strong>ite, certains traits spécifiques ou cibles<br />

peuvent être modifiés ce qui affecte alors <strong>la</strong> taille et <strong>la</strong> localisation de leur région <strong>dans</strong><br />

l’espace articu<strong>la</strong>tori-acoustique.<br />

La théorie <strong>des</strong> gestes postule que ce sont les gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ren<strong>du</strong>s audibles qui<br />

sont à l’origine de <strong>la</strong> parole articulée. Dans cette théorie les primitives correspondent à<br />

<strong>des</strong> gestes dynamiques définis en terme de lieu et de degré de constriction <strong>dans</strong> le<br />

con<strong>du</strong>it vocal, en terme de configurations spatiales. Les propriétés dynamiques <strong>du</strong> geste<br />

déterminent les aspects <strong>du</strong> timing <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et de <strong>la</strong> cinématique. (Saltzman et<br />

Munhall, 1989). La coordination inter-gestuelle (timing re<strong>la</strong>tif et magnitude <strong>du</strong> geste)<br />

est spécifiée par une partition gestuelle (Browman et Goldstein, 1989).<br />

1.2.2.2 La Phonologie Articu<strong>la</strong>toire<br />

La phonologie <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> commence avec l’acceptation <strong>des</strong> domaines physique et<br />

cognitif de <strong>la</strong> parole comme points forts pour <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription d’un système complexe.<br />

L’importance de cette approche est l’identification <strong>des</strong> unités phonologiques avec <strong>des</strong><br />

unités spécifiques dynamiques de l’action <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> appelées gestes. Ainsi, une<br />

émission d’un son est décrite comme un acte qui peut être décomposé en petit nombre<br />

d’unités primitives (gestes) à l’intérieur d’une configuration spatio-temporelle<br />

particulière. L'unité phonologique de base est le geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> qui est défini comme<br />

un système dynamique spécifié par un ensemble caractéristique de paramètres. Pour<br />

l’articu<strong>la</strong>tion d'un son, les tâches sont distribuées à chaque ensemble d'articu<strong>la</strong>teurs<br />

différents à l’intérieur <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal (lèvres, <strong>la</strong>ngue, glotte, velum…). Pour les<br />

tenants de <strong>la</strong> Phonologie Articu<strong>la</strong>toire, le geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est invariant. Les variables<br />

de contrôle sont le lieu et le degré de consriction, donc <strong>des</strong> paramètres géométriques.<br />

Cette théorie gestuelle est basée essentiellement sur le niveau <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Browman et<br />

Goldstein (1989, 1992, 1993) exploitent <strong>la</strong> possibilité de ré<strong>du</strong>ire l’étude de<br />

l’organisation de <strong>la</strong> parole à l’étude de l’organisation <strong>des</strong> gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Les<br />

gestes sont considérés comme ayant une spécification temporelle et spatiale. Ils sont<br />

définis <strong>dans</strong> l’espace <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal en terme de lieu et d’aire de constriction<br />

maximale. Pour un phonème donné, les positions <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs sont variables selon<br />

le contexte d’exécution car il est possible que certains articu<strong>la</strong>teurs puissent contribuer à


<strong>la</strong> réalisation de plusieurs segments à <strong>la</strong> fois. Ainsi, l’articu<strong>la</strong>tion d’un son est modelée<br />

comme une constel<strong>la</strong>tion de plusieurs gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s qui peuvent potentiellement<br />

s’imbriquer et/ou se chevaucher <strong>dans</strong> une partition gestuelle. Chaque cible fonctionnelle<br />

pour un geste est réalisée par une action coordonnée d’un ensemble d’articu<strong>la</strong>teurs,<br />

autrement dit par une structure gestuelle coordinatrice. Ces chevauchements et<br />

recouvrements de gestes tra<strong>du</strong>isent <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion entre segments.<br />

1.2.2.3 Le modèle de <strong>la</strong> Dynamique <strong>des</strong> Tâches<br />

Avec le modèle de <strong>la</strong> Dynamique <strong>des</strong> Tâches (Task Dynamics), Kelso et ses<br />

col<strong>la</strong>borateurs (Kelso et al. 1986) visent à réconcilier l’invariance profonde de <strong>la</strong> parole,<br />

dégagée <strong>des</strong> analyses linguistiques traditionnelles, et <strong>la</strong> variabilité de surface telle<br />

qu’elle est observée <strong>dans</strong> les expériences acoustico-<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Les unités<br />

phonologiques de base, concaténées pour former les mots <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage sont de nature<br />

gestuelle. Les formes canoniques de <strong>la</strong> parole sont <strong>des</strong> structures coordinatives ou<br />

groupements fonctionnels <strong>des</strong> muscles recrutés en fonction de <strong>la</strong> tâche à effectuer. La<br />

trajectoire <strong>dans</strong> l’espace distal est décrite par un ensemble d’objectifs <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

discret (p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> constriction, ouverture de <strong>la</strong> glotte…). Cet ensemble est spécifié par<br />

<strong>des</strong> variables d’activation gestuelle dont l’évolution est donnée par ce que Browman et<br />

Godstein (Browman et Goldstein 1992) appellent <strong>la</strong> partition gestuelle. Associés à <strong>la</strong><br />

phonologie <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, Kelso et al. (1986) mettent en avant les propriétés dynamiques<br />

inhérentes au système <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et soulignent l’importance <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions de phase<br />

entre les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Le modèle de <strong>la</strong> Dynamique <strong>des</strong> Tâches a pour but<br />

de rendre compte de <strong>la</strong> cinématique <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs, de comprendre les actions dirigées<br />

vers une cible, de révéler le rôle <strong>des</strong> synergies entre les articu<strong>la</strong>teurs lors de <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole.<br />

Dans le modèle, les actions sont définies initialement en termes fonctionnels, c’est-àdire<br />

en terme de tâche à atteindre. Kelso et al. (1986) expliquent comment l’action<br />

acquiert et maintient son caractère «dirigé vers une cible » (goal-directed). Afin<br />

d’essayer d’expliquer simplement le modèle de <strong>la</strong> dynamique <strong>des</strong> tâches, prenons<br />

l’exemple de <strong>la</strong> réalisation d’un /b/. Les diverses actions discrètes qui tendent vers <strong>la</strong><br />

fermeture bi<strong>la</strong>biale sont décrites <strong>dans</strong> un espace <strong>des</strong> tâches (task space). Le contrôle<br />

dynamique qui implémente une action est premièrement fonctionnel et l’atteinte d’une<br />

32


33<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

cible discrète, <strong>la</strong> fermeture bi<strong>la</strong>biale, est caractérisée par un point d’attraction. Un<br />

système de points attracteurs possède <strong>des</strong> points de stabilité, les trajectoires <strong>du</strong> système<br />

sont attirées par un point où le système est en équilibre. Dans le cas de <strong>la</strong> fermeture<br />

bi<strong>la</strong>biale : le système d’aperture <strong>des</strong> lèvres est attiré vers le point où les lèvres se<br />

rencontrent. La fermeture est alors caractérisée par ce point qui est le point d’équilibre<br />

<strong>du</strong> système.<br />

1.2.2.4 Le modèle de Bell-Berti et Harris<br />

Pour Bell-Berti et Harris (Bell-berti et Harris 1981) aussi les gestes sont invariants et<br />

re<strong>la</strong>tifs à chaque segment. C’est en se chevauchant plus ou moins partiellement par les<br />

phénomènes de coarticu<strong>la</strong>tion que les gestes donnent lieu à une certaine variabilité de<br />

surface. Le processus d’anticipation est vu comme le résultat d’un processus « timelocked<br />

» entre les gestes sous-jacents. Dans cette conception, l’anticipation résulte <strong>du</strong><br />

chevauchement de deux gestes consécutifs. L’influence, par anticipation, <strong>du</strong> second<br />

geste débute alors que le premier est encore en cours de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. L’initiation <strong>du</strong><br />

second geste est re<strong>la</strong>tivement stable par rapport à l’instant où se finira le premier geste.<br />

L’anticipation <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> <strong>du</strong> geste est re<strong>la</strong>tivement fixe (time locked) par rapport à son<br />

début acoustique. Ceci est possible car chaque segment est muni d’une dimension<br />

temporelle intrinsèque. Le recouvrement <strong>des</strong> gestes associé à deux segments voisins se<br />

fait de façon partielle. Les effets d’anticipation sont donc à <strong>du</strong>rée fixe. Les conflits entre<br />

gestes sont résolus en ce qui concerne <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification. Le début d’un mouvement<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est indépendant de <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> chaîne phonétique antérieure et<br />

commence à un instant fixe avant le début acoustique <strong>du</strong> segment auquel il est associé.<br />

Dans le même esprit, Löfqvist (1990) envisage les gestes comme invariants, re<strong>la</strong>tifs et<br />

propres à chaque segment. Lorsque les gestes se chevauchent partiellement, on observe<br />

une variabilité de surface. Les gestes phonétiques sont définis dynamiquement et ont<br />

une dimension temporelle intrinsèque, à condition qu’ils ne soient pas en concurence<br />

avec les voisins. Durant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, <strong>la</strong> variabilité observable <strong>dans</strong> l’activité <strong>du</strong><br />

con<strong>du</strong>it vocal (associée à un geste) résulte d’un chevauchement temporel entre<br />

gestes. Ainsi, l’influence <strong>des</strong> gestes associée à plusieurs segments adjacents présente<br />

<strong>des</strong> traces <strong>dans</strong> le continuum acoustique et <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. La dimension temporelle<br />

intrinsèque permet une organisation <strong>dans</strong> le temps : le même geste de recouvrement


couvre les effets d’anticipation (influence <strong>des</strong> segments suivants) et de persévération<br />

(influence <strong>des</strong> segments antécédents).<br />

Nous tenons à souligner les avantages <strong>des</strong> théories orientées système. Ces modèles dits<br />

biomécaniques ou neurophysiologiques, s’inscrivent <strong>dans</strong> un cadre dynamique pour<br />

expliquer les contraintes de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole et les variations qu’elles<br />

in<strong>du</strong>isent. La parole étant une activité motrice humaine, elle résulte de l’évolution<br />

temporelle d’un système physique comprenant <strong>des</strong> éléments de masse, viscosité et<br />

é<strong>la</strong>sticité, comme chaque activité motrice humaine. Ces éléments pourraient contribuer<br />

à expliquer un certain nombre de phénomènes fondamentaux de <strong>la</strong> parole comme<br />

l’anticipation, <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> réponse aux perturbations et <strong>la</strong> coordination interarticu<strong>la</strong>teurs.<br />

Il nous semble aussi fondamental de garder à l’esprit les concepts <strong>des</strong><br />

théories orientées sorties, <strong>la</strong> sortie acoustique et <strong>la</strong> perception étant une finalité absolue<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> communication.<br />

1.2.3 Le modèle Hypo-articu<strong>la</strong>tion Hyper-articu<strong>la</strong>tion de Lindblom<br />

Cette théorie propose un compromis entre les deux conceptions précédentes : elle<br />

propose un système de contrôle de <strong>la</strong> parole orienté sortie acoustique qui est capable<br />

d’expliquer <strong>la</strong> <strong>la</strong>rge variabilité observée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. La théorie de <strong>la</strong><br />

variabilité adaptative souligne l’existence de deux principes antagonistes spécifiques <strong>du</strong><br />

contrôle moteur de <strong>la</strong> parole : l’exigence d’une distinction perceptive <strong>du</strong> point de vue de<br />

l’auditeur et <strong>la</strong> demande d’économie <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> <strong>du</strong> point de vue <strong>du</strong> locuteur. Le<br />

concours de ces deux principes est à l’origine d’un grand nombre de phénomènes de<br />

variabilité en parole. Cette variabilité peut s’exprimer par le paradigme d’hypoarticu<strong>la</strong>tion<br />

et d’hyper-articu<strong>la</strong>tion. Le locuteur est obligé d’adopter une stratégie de<br />

variabilité adaptative en essayant de trouver un compromis entre les exigences pour <strong>la</strong><br />

compréhension et son effort d’articu<strong>la</strong>tion. Cette théorie se fonde sur <strong>la</strong> notion<br />

d’adaptabilité <strong>du</strong> locuteur afin de permettre <strong>la</strong> récupération de l’information de<br />

l’auditeur. Ainsi, cette théorie explique pourquoi les paramètres physiques de<br />

<strong>des</strong>cription de <strong>la</strong> parole peuvent être variables à tous les niveaux pour un message<br />

linguistique invariant.<br />

Le <strong>la</strong>ngage et <strong>la</strong> parole sont <strong>des</strong> pro<strong>du</strong>its de l’évolution et y sont soumis. La théorie<br />

Hypo-articu<strong>la</strong>tion et Hyper-articu<strong>la</strong>tion est compatible avec le modèle Darwiniste de<br />

34


35<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

l’évolution prônant <strong>la</strong> variation et <strong>la</strong> sélection biologique et culturelle. Dans un tel<br />

cadre, <strong>la</strong> théorie Hypo-articu<strong>la</strong>tion et Hyper-articu<strong>la</strong>tion a pour but d'approfondir <strong>la</strong><br />

nature systématique de <strong>la</strong> variation phonétique intra-locuteur et aussi inter-locuteurs.<br />

Elle présume que les communicants doivent accorder leurs performances en harmonie<br />

avec les exigences situationnelles, d’une part, et avec les connaissances linguistiques et<br />

phonétiques, d’autre part. Le but commun <strong>des</strong> inter-locuteurs est toujours de pro<strong>du</strong>ire<br />

une parole intelligible. Les facteurs qui influencent <strong>la</strong> variation phonétique intra<br />

locuteur sont basés sur un continuum Hypo-Hyper. Le locuteur fait une estimation<br />

continuelle de l’information qu’il doit mettre <strong>dans</strong> le signal et il adapte sa <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de<br />

parole selon cette évaluation. Cette parole adaptative se manifeste par <strong>des</strong> formes hyperarticulées<br />

avec plus de force (force <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>) et par <strong>des</strong> formes hypo-articulées<br />

pro<strong>du</strong>ites moins vigoureusement. La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole nécessite un contrôle <strong>des</strong><br />

acteurs de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> et <strong>des</strong> contraintes de sortie (signal acoustique) : elle répond à un<br />

système d’organisation adaptative. Les segments phonétiques constituant <strong>la</strong> chaîne de<br />

parole sont gérés par une chaîne de comman<strong>des</strong> distribuées sur un temps très court.<br />

Elles peuvent toujours bouger d’une cible à une autre. L’action <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs se<br />

trouve restreinte <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole rapide ou face à une autre contrainte <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> ce qui<br />

fait que les articu<strong>la</strong>teurs ne peuvent pas toujours compléter une réponse donnée avant <strong>la</strong><br />

commande de <strong>la</strong> configuration <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> suivante. Ainsi, les articu<strong>la</strong>teurs n’atteignent<br />

pas toujours <strong>la</strong> cible voulue et répondent simultanément à plus d’un signal d’entrée<br />

(phénomène d’undershoot ou d’overshoot).<br />

1.2.3.1 L’Hypo-articu<strong>la</strong>tion<br />

Le système moteur tend à engendrer un comportement de moindre effort. Il répond à un<br />

principe biomécanique d’économie, principe qui régit tous les mouvements, pas<br />

seulement ceux spécifiques à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Cette notion est associée avec<br />

le concept d’atteinte de cible phonétique. Prenons une cible vocalique. Premièrement,<br />

plus <strong>la</strong> voyelle est courte, plus l’extension <strong>du</strong> mouvement vers <strong>la</strong> cible sera ré<strong>du</strong>ite. De<br />

<strong>la</strong> même façon, quand une commande arrive trop vite ou que l’extension d’un<br />

mouvement n’est pas suffisante, alors <strong>la</strong> cible visée est manquée (undershoot) et le<br />

système est réorganisé afin de pointer sur une autre. Mais le locuteur a le «choix» de<br />

pouvoir éviter les undershoots, il a alors recours à <strong>des</strong> manœuvres compensatoires au


détriment de <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> moindre effort. Par exemple, si le timing d’une commande est<br />

trop rapide, alors le locuteur peut augmenter <strong>la</strong> vélocité de <strong>la</strong> commande par<br />

augmentation de l’amplitude <strong>du</strong> geste. En définitive, il s’adapte aux contraintes de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> tout en faisant en sorte de conserver une parole compréhensible. Si le<br />

système de parole opère pour minimiser les efforts <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, nous pouvons attendre<br />

à ce qu’il s’écarte <strong>des</strong> cibles phonétiques par undershoot assez souvent. L’exemple de <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> voyelle fermée /i/ illustre ce principe d’économie, car pour prendre <strong>la</strong><br />

configuration requise par le /i/, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue dévie très peu de sa configuration neutre de<br />

repos.<br />

1.2.3.2 L’Hyper-articu<strong>la</strong>tion<br />

Il existe un principe de p<strong>la</strong>sticité adaptative orienté vers une cible. Ce principe est un<br />

<strong>des</strong> traits généraux <strong>du</strong> contrôle moteur. Nous venons de voir que le locuteur peut<br />

compenser ou non (en terme de réajustements). Notons que plus les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong><br />

segments seront petites, plus le locuteur devra redoubler d’effort (en terme de coût<br />

biomécanique) au détriment de <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> moindre effort. L’é<strong>la</strong>boration de <strong>la</strong><br />

représentation de <strong>la</strong> sortie (finalité) précède l’exécution d’un ensemble de mouvements.<br />

Ici, les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s apparaissent comme étant un but. Le locuteur choisit<br />

de « sur-articuler » pour s’adapter aux conditions de communication qui jouent un rôle<br />

décisif. L’atteinte de <strong>la</strong> cible est en accord avec <strong>la</strong> demande de l’auditeur et <strong>la</strong> situation<br />

de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Les contraintes de perception sont décisives. Dans ce cas, le locuteur<br />

prend en compte le bénéfice de <strong>la</strong> boucle de feedback perceptif et utilise les<br />

informations sensorielles. Pour illustrer ce principe de p<strong>la</strong>sticité, prenons l’exemple de<br />

<strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> voyelle fermée /i/ en présence d’un bite-block (Lindblom et Sunberg<br />

1971). Le système est capable de compenser, <strong>la</strong> sortie acoustique (formants) est<br />

simi<strong>la</strong>ire à celle d’un /i/ normal, ce sont les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s qui sont<br />

différents. Lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’un /i/ perturbé, si le système est capable de réaliser<br />

<strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s, c’est qu’il est gouverné par un principe de p<strong>la</strong>sticité adaptative.<br />

36


37<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 1 : La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole<br />

1.2.3.3 Les avantages <strong>du</strong> modèle Hypo-Hyper articu<strong>la</strong>tion.<br />

Les avantages de <strong>la</strong> théorie de Lindblom, s’agissant <strong>des</strong> phénomènes de <strong>compensation</strong>,<br />

sont nombreux. Les variations intra-locuteurs ne sont pas considérées comme <strong>des</strong><br />

invariants enchâssées <strong>dans</strong> une variabilité linguistique devenue peu pertinente, elles sont<br />

plutôt de réelles adaptations en ligne au grand nombres de deman<strong>des</strong> fonctionnelles<br />

satisfaites par <strong>la</strong> parole. Le paradigme Hypo-Hyper montre <strong>la</strong> capacité <strong>du</strong> locuteur à<br />

répondre à de nombreuses contraintes, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> parole est un acte<br />

volontaire. Les principes traditionnels bio-mécaniques qui régissent tous nos<br />

mouvements, à savoir ceux de p<strong>la</strong>sticité, de flexibilité et de moindre effort, sont utilisés<br />

pour expliquer <strong>la</strong> variabilité de <strong>la</strong> parole. Pour définir <strong>la</strong> variabilité <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole, ce<br />

modèle est très sé<strong>du</strong>isant car il est capable d’expliquer toutes les perturbations <strong>du</strong><br />

système : <strong>des</strong> plus naturelles (effets de l’action d’un articu<strong>la</strong>teur sur un autre) aux plus<br />

provoquées (par un expérimentateur) sur un même paradigme : parole Hypo-articulée et<br />

Hyper-articulée.<br />

1.3 Conclusion<br />

Dans les pages qui précèdent, nous avons présenté un ensemble de théories et modèles<br />

qui concernent le contrôle moteur de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Nous avons vu, d’une<br />

part, un contrôle qui serait orienté-sortie reposent sur <strong>des</strong> cibles acoustiques, d’autre<br />

part un contrôle qui serait orienté-système, basé sur <strong>des</strong> cibles <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Nous<br />

n’avons pas le projet d’opposer de manière drastique ces deux types de contrôle car il se<br />

pourrait qu’ils oeuvrent de concert à <strong>des</strong> étapes différentes <strong>du</strong> contrôle de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

de <strong>la</strong> parole. Nous avons constaté que <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole passe par deux gran<strong>des</strong><br />

étapes: <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification et l’exécution. Au moment de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification le but <strong>du</strong> locuteur<br />

est effectivement de communiquer et de se faire comprendre par son entourage : les<br />

cibles qu’il cherche à atteindre sont de nature acoustique. Ainsi <strong>la</strong> boucle p<strong>la</strong>nificationexécution<br />

admet un contrôle orienté-sortie. Le contrôle <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs serait plutôt<br />

fondé sur <strong>des</strong> critères définis <strong>dans</strong> un espace distal, l’espace perceptif désiré pour un<br />

locuteur estimé, un espace caractérisé par exemple par <strong>des</strong> valeurs formantiques. A


partir <strong>des</strong> trajectoires formantiques perçues, il est possible d’inférer les comman<strong>des</strong><br />

motrices envoyées aux muscles.<br />

Au niveau biomécanique, pour permettre l’exécution <strong>des</strong> mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs,<br />

le but <strong>du</strong> locuteur est de réaliser les constrictions correctes <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal et/ou<br />

de bien p<strong>la</strong>cer les articu<strong>la</strong>teurs. Durant cette étape d’exécution <strong>du</strong> mouvement, les cibles<br />

sont spécifiées <strong>dans</strong> une partition gestuelle et peuvent être <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et ne<br />

constituent pas une finalité mais un passage obligé vers les paramètres acoustiques<br />

demandés. Un contrôle orienté-système se ferait au niveau physique <strong>des</strong> mouvements<br />

<strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs. Cependant un contrôle acoustique donne plus d’importance à l’objectif<br />

<strong>du</strong> locuteur.<br />

38


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

CHAPITRE 2<br />

Compensations et Structures Coordinatives<br />

2.1 Présentation de <strong>la</strong> notion de <strong>compensation</strong><br />

La définition de <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> <strong>du</strong> Larousse consiste à dire que l’on compense quand<br />

on « équilibre un effet par un autre ». Si nous apposons cette définition au système de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole, l’action de compenser est une habileté <strong>du</strong> système à réagir face à<br />

une perturbation qui peut être statique (bite-blocks pour fixer <strong>la</strong> mâchoire <strong>dans</strong> une<br />

position ouverte) ou dynamique (ressort qui tire aléatoirement <strong>la</strong> mâchoire). Des<br />

perturbations statiques existent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie de tous les jours <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong><br />

parole, par exemple il nous est facile de parler en tenant un stylo ou une paille entre les<br />

dents. Cette situation de perturbation, à condition que l’objet ne soit pas démesuré,<br />

n’empêche pas <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> intelligible <strong>des</strong> sons de parole. Ainsi, déjà l’expérience<br />

quotidienne nous informe sur le fait que les <strong>compensation</strong>s face à <strong>des</strong> perturbations<br />

inatten<strong>du</strong>es, s’opèrent rapidement et de manière fonctionnelle.<br />

Un <strong>des</strong> précieux paradigmes expérimentaux pour aider à comprendre le contrôle et <strong>la</strong><br />

coordination <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s est d’intro<strong>du</strong>ire <strong>des</strong> perturbations<br />

inhabituelles. Nous pouvons ainsi observer comment le système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> se<br />

comporte pour pallier ces perturbations. La nature de <strong>la</strong> réponse, et le temps de réponse,<br />

peuvent dévoiler <strong>la</strong> nature de l’organisation de l’acte moteur. Un certain nombre<br />

d’étu<strong>des</strong> a utilisé ce paradigme par le biais d’expérimentations afin de connaître mieux<br />

le contrôle moteur de <strong>la</strong> parole. (Folkins et Abbs 1975, Folkins et Zimmerman, 1982,<br />

Kelso et Tuller 1983, Munhall, Löfqvist et Kelso, 1994, Shaiman, 2001).<br />

2.1.1 Définition générale : perturbation et <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong><br />

Les phénomènes de <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> sont définis en terme de mouvements<br />

compensatoires <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs. Pour parler de <strong>compensation</strong> nous avons besoin de<br />

deux ou plusieurs articu<strong>la</strong>teurs qui fonctionnent ensemble, dépendant les uns <strong>des</strong> autres,<br />

41


comme une synergie. Si l’activité d’un articu<strong>la</strong>teur est diminuée ou neutralisée<br />

complètement, un autre articu<strong>la</strong>teur, qui de coutume travaille en association avec lui,<br />

peut réaliser une action souvent inhabituelle pour pallier cette défail<strong>la</strong>nce. Ainsi, sur le<br />

p<strong>la</strong>n <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, on peut dire que les <strong>compensation</strong>s sont effectuées grâce à l’existence<br />

de cette coordination inter-articu<strong>la</strong>teurs. En terme plus fonctionnel, <strong>la</strong> trajectoire initiale<br />

exigée par le système nerveux central étant changée et le but reste, tant bien que mal,<br />

d’atteindre <strong>la</strong> cible acoustique requise, grâce à <strong>la</strong> synergie entre articu<strong>la</strong>teurs. Un<br />

articu<strong>la</strong>teur bloqué ou gêné va générer un message d’erreur via le feedback<br />

proprioceptif et va entraîner une nouvelle commande motrice vers un autre articu<strong>la</strong>teur.<br />

Comment ce phénomène est-il appréhendé par le système nerveux central ? Nous<br />

savons que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole naturelle, et pas seulement face à une perturbation extérieure,<br />

<strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s s’opèrent entre les articu<strong>la</strong>teurs. Geumann et al. (1999) montrent,<br />

grâce à <strong>des</strong> enregistrements électromagnétiques, qu’en parole forte, <strong>la</strong> mâchoire adopte<br />

<strong>des</strong> positions plus basses, forçant ainsi <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue à adopter <strong>des</strong> patrons différents pour<br />

garder <strong>la</strong> constriction nécessaire à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes alvéo<strong>la</strong>ires alleman<strong>des</strong>.<br />

Ils observent <strong>des</strong> changements <strong>dans</strong> <strong>la</strong> coordination inter-<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et confirment<br />

aussi les résultats de Schulman (1989) qui observe les même changements. Gay (1981)<br />

montre aussi que lorsque le débit de parole est rapide, les comman<strong>des</strong> motrices ne<br />

subissent pas une simple accélération linéaire mais sont réorganisées temporellement de<br />

manière non linéaire. Il dé<strong>du</strong>it cette conclusion <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> précédentes qui ont montré<br />

qu’en cas de débit rapide, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> voyelles est plus ré<strong>du</strong>ite que celles <strong>des</strong><br />

consonnes. La coarticu<strong>la</strong>tion qui influence <strong>la</strong> coordination inter-articu<strong>la</strong>teurs et/ou le<br />

changement de force d’articu<strong>la</strong>tion et de vitesse d’articu<strong>la</strong>tion peut être désignée comme<br />

perturbation naturelle (Lindblom 1990).<br />

En phonétique <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, les procédés compensatoires sont <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>tions<br />

différentes qui permettent d’obtenir le même effet acoustique. Ainsi <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

prononciation de <strong>la</strong> voyelle [ø], réalisée habituellement comme une voyelle<br />

re<strong>la</strong>tivement antérieure, semi-ouverte et arrondie, le trait d’arrondissement peut<br />

disparaître sans que ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>ise par une modification acoustique, s’il est remp<strong>la</strong>cé<br />

par un léger retrait de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Ce retrait a pour effet d’augmenter le volume de <strong>la</strong><br />

cavité buccale et d’abaisser sa fréquence propre entraînant une bémolisation <strong>du</strong> timbre<br />

vocalique. Ainsi, au niveau acoustico-perceptif, nous percevons une seule et même<br />

voyelle même si ses réalisations vocaliques sont caractérisées par <strong>des</strong> formants voisins.<br />

42


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

A cette alternative acoustique, correspond nécessairement une alternative <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>:<br />

<strong>la</strong> même <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> acoustique peut être obtenue à l’aide de positions différentes <strong>des</strong><br />

articu<strong>la</strong>teurs les uns par rapport aux autres. Tout mouvement <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> peut être<br />

compensé par un autre afin que les conséquences acoustiques et perceptuelles<br />

demeurent inchangées.<br />

Déjà au début <strong>du</strong> siècle Rousselot (1901) par<strong>la</strong>it <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et <strong>des</strong><br />

contraintes extérieures imposées artificiellement. Il exprimait ces concepts en d’autres<br />

termes, soixante-dix ans avant les premières étu<strong>des</strong> avec <strong>des</strong> perturbations qui ont fait<br />

date (Lindblom et al. 1971, 1977) : «…on peut, en effet, très bien arriver à émettre<br />

toutes les voyelles <strong>la</strong>biales en les écartant (les lèvres) avec les doigts…» (Rousselot,<br />

1901, p.689).<br />

2.1.2 Définition neurophysiologique<br />

Les étu<strong>des</strong> en physiologie et en pathologie montrent que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>sticité et l’adaptation sont<br />

deux propriétés phares <strong>des</strong> réseaux centraux et périphériques impliqués <strong>dans</strong><br />

l’organisation de l’acte moteur. Ces fonctions servent à caractériser les réseaux<br />

corticaux impliqués <strong>dans</strong> l’organisation de l’acte moteur. Ces réseaux ont été façonnés<br />

par l’expérience et par l’apprentissage pour (i) prédire les conséquences de l’action et<br />

(ii) anticiper par les comman<strong>des</strong> appropriées (Massion 2001). C’est un mécanisme qui<br />

réconcilie l’infinie variabilité <strong>des</strong> entrées sensorielles et <strong>des</strong> sorties motrices, comme<br />

nous l’explique Lindblom <strong>dans</strong> sa théorie Hypo-articu<strong>la</strong>tion et Hyper-articu<strong>la</strong>tion.<br />

(Lindblom 1990). Pour expliquer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>sticité <strong>du</strong> contrôle moteur de <strong>la</strong> parole, un<br />

modèle de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> devrait avoir les trois mo<strong>des</strong> d’opération suivants :<br />

-contrôle à boucle ouverte<br />

-contrôle à boucle fermée adaptative<br />

-contrôle à boucle fermée prédictive pour <strong>la</strong> capacité à prédire les nouvelles comman<strong>des</strong><br />

motrices sans pratique préa<strong>la</strong>ble et pour justifier de <strong>la</strong> flexibilité <strong>du</strong> système.<br />

Les mécanismes de vicariance éc<strong>la</strong>irent sur les capacités <strong>du</strong> système nerveux central à<br />

compenser les déficits (mise hors service de certaines structures cérébrales par<br />

exemple). Ce qui est défini comme vicariant se substitue à autre chose. Un système<br />

vicariant est doté d’une pluralité de processus redondants, vicariants c’est-à-dire<br />

susceptibles d’être substitués les uns aux autres pour remplir une même fonction. Une<br />

43


même fonction adaptative peut fréquemment être assurée par plusieurs processus. En<br />

somme, ce sont ces processus vicariants qui génèrent de <strong>la</strong> variabilité et qui accordent<br />

fiabilité et flexibilité au système. La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole est donc un système vicariant.<br />

Le traitement de l’information peut se faire par une aire corticale qui n’a pas l’habitude<br />

de le faire, l’apprentissage moteur provoque un remode<strong>la</strong>ge <strong>des</strong> cartes corticales<br />

sensorielles et motrices. Les stratégies de substitution utilisent <strong>des</strong> circuits peu utilisés<br />

auparavant et permettent <strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> tâche à partir d’autres entrées sensorielles.<br />

La commande centrale est le résultat de l’acquisition <strong>des</strong> modèles internes de<br />

l’environnement, <strong>des</strong> caractéristiques biomécaniques <strong>du</strong> corps et de leurs interactions.<br />

Les réseaux centraux sont façonnés par l’expérience et l’apprentissage, ils peuvent<br />

prédire les conséquences de l’action et anticiper sur les perturbations. Deux propriétés<br />

distinctes caractéristiques <strong>du</strong> contrôle moteur émergent <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> en physiologie: (i) le<br />

codage <strong>du</strong> contexte sensoriel de l’auditeur et (ii) <strong>la</strong> génération d’une commande motrice<br />

de p<strong>la</strong>sticité. Ces propriétés sont propres à une <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale de parole, mais elles<br />

jouent aussi un rôle <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>tions de <strong>compensation</strong>. Elles sont<br />

fortement impliquées pour <strong>la</strong> conception « d’équivalence motrice » (MacNei<strong>la</strong>ge<br />

1970) : comment les événements moteurs dirigés vers une cible peuvent être générés<br />

face à une situation nouvelle, comme une perturbation statique momentanée (biteblock).<br />

Nous nous retrouvons confrontés à une information sensorielle qui n’a jamais<br />

été éprouvée auparavant et qui n’est donc pas stockée <strong>dans</strong> le cerveau <strong>du</strong> locuteur. Afin<br />

de tenter d’expliquer l’existence <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>tions compensatoires, une hypothèse est<br />

posée : <strong>la</strong> programmation de <strong>la</strong> parole est déjà complètement compensatoire par<br />

essence. Le contrôle moteur est organisé pour avoir <strong>des</strong> fonctions de <strong>compensation</strong><br />

inhérentes, pas seulement concernant les gestes de <strong>la</strong> parole mais l’ensemble <strong>des</strong> gestes<br />

<strong>du</strong> corps. Ces situations sont omniprésentes. Les différences entre les articu<strong>la</strong>tions<br />

normales et compensatoires ne dépendraient pas de différentes stratégies d’encodage.<br />

Les deux comportements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s réc<strong>la</strong>ment <strong>des</strong> réponses muscu<strong>la</strong>ires différentes<br />

et variables en fonction <strong>du</strong> contexte imposé et ont pour but le même résultat, <strong>la</strong> même<br />

cible.<br />

44


2.2 Les informations sensorielles<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

Le rôle <strong>des</strong> différents feedbacks peut être présenté selon trois modèles existants. Le<br />

modèle à boucle ouverte issu d’une conception centraliste, le modèle à boucle fermée et<br />

le modèle de simu<strong>la</strong>tion prédictive basé sur l’existence <strong>des</strong> modèles internes.<br />

2.2.1 Modèle à boucle ouverte<br />

Cette conception traditionaliste de type centraliste voit le programme moteur comme<br />

unique responsable de l’organisation de l’action motrice. Cette conception nous dit que<br />

le cerveau et les aires spécialisées <strong>du</strong> cortex cérébral sont responsables de<br />

l’enchaînement <strong>des</strong> opérations liées au but de l’action, à l’intention de <strong>la</strong> réaliser, à sa<br />

préparation et à son exécution. Des réseaux spécifiques fonctionnent en parallèle, et<br />

spécifient les paramètres <strong>des</strong> mouvements volontaires. Ces réseaux sont activés même<br />

quand le locuteur fait une simu<strong>la</strong>tion de l’action, quand il imagine l’action. Ce dernier<br />

point confirme le fait que le cerveau soit le principal responsable de l’organisation <strong>du</strong><br />

mouvement puisque les réseaux impliqués <strong>dans</strong> l’organisation peuvent fonctionner en<br />

l’absence de mouvement réel. Le système nerveux central serait un système capable<br />

d’agir sans le recours d’un mécanisme de régu<strong>la</strong>tion et pourrait seul définir les schémas<br />

moteurs à envoyer aux muscles <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs afin de réaliser une cible <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong><br />

donnée. Ce modèle procède « aveuglément » sans que les conséquences sensorielles<br />

d’un geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> jouent un rôle. Il opère seul une sorte de tra<strong>du</strong>ction d’un patron<br />

d’une cible sensorielle en un patron de commande motrice. Ce type de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>,<br />

directement issue <strong>du</strong> contrôle moteur fonctionne lors <strong>des</strong> exécutions très rapi<strong>des</strong> qui<br />

nécessitent une synchronisation tout aussi rapide. Cependant, par sa rapidité d’exécution<br />

et l’insuffisance <strong>des</strong> conséquences sensorielles, ce modèle ne semble pas pouvoir<br />

prendre en compte les cas de réajustements immédiats <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs.<br />

2.2.2 Modèle à boucle fermée<br />

Ce modèle est basé sur un principe qui va <strong>dans</strong> un sens opposé de celui présenté<br />

précédemment. Il trouve ses origines <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cybernétique (Fairbanks 1974) et se base<br />

sur le fait que les feedbacks peuvent provoquer <strong>des</strong> modifications <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Dans le<br />

45


contrôle en boucle fermée, une information sensorielle a une influence évidente sur les<br />

formes <strong>des</strong> signaux moteurs. Autrement dit, <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole serait un<br />

mécanisme régulé par feedback. Le système nerveux central tient compte <strong>des</strong><br />

informations sensorielles pour é<strong>la</strong>borer et envoyer un nouvel ordre. (MacNei<strong>la</strong>ge 1970,<br />

1979).<br />

Si nous décomposons le processus, une cible sensorielle est convertie en commande<br />

motrice qui est envoyée aux muscles par le système nerveux central. La réponse <strong>des</strong><br />

récepteurs périphériques est renvoyée au système nerveux central via un feedback<br />

proprioceptif. Ces conséquences sensorielles permettent de transformer <strong>la</strong> commande<br />

motrice en signal d’erreur. Ce signal d’erreur est <strong>la</strong> différence entre <strong>la</strong> cible visée et les<br />

effets sensoriels de <strong>la</strong> commande et sera utilisée pour générer une nouvelle commande<br />

adaptée. Les comman<strong>des</strong> vers l’organe articu<strong>la</strong>teur prennent en compte sa position préphonatoire,<br />

et seulement ensuite, calculent les moyens pour atteindre une position<br />

demandée.<br />

Cette théorie semble présenter l’inconvénient d’une lenteur semb<strong>la</strong>nt peu compatible<br />

avec <strong>la</strong> rapidité nécessaire aux ajustements effectués en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole. Ce<br />

mécanisme semble être trop long pour expliquer les réajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

immédiats.<br />

2.2.3 Les différents feedbacks<br />

La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole requiert l’utilisation coordonnée et simultanée <strong>des</strong> mécanismes<br />

de respiration, de phonation et d’articu<strong>la</strong>tion. Cette activité complexe s’accompagne de<br />

feedbacks différenciés aussi complexes. Les feedbacks nous avertissent si les cibles<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et acoustiques sont atteintes ou non. Il existe quatre sortes d’informations<br />

disponibles qui peuvent être utilisées <strong>dans</strong> un contrôleur par feedback : auditive, tactile,<br />

proprioceptive et centrale. A chaque phase de traitement de l’information, il y a un<br />

feedback. Ainsi, plusieurs sortes d’informations sont disponibles pour le locuteur à<br />

partir <strong>des</strong> feedbacks central, proprioceptif et externe.<br />

Premièrement, le feedback interne ou central. Ce système opère rapidement <strong>dans</strong> le<br />

système nerveux central au niveau <strong>des</strong> comman<strong>des</strong> motrices. Il sert à transmettre<br />

l’information sur <strong>la</strong> commande motrice (antérieure à <strong>la</strong> réponse motrice elle-même). Il<br />

est capable de prédiction rapide à un niveau élevé de préparation de <strong>la</strong> commande<br />

46


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

motrice (feedforward). Il opère un va et vient incessant entre les comman<strong>des</strong> motrices et<br />

les informations spatio-temporelles <strong>des</strong> patrons de parole stockés <strong>dans</strong> le cerveau.<br />

Deuxièmement, le feedback proprioceptif. Ce système est moyennement rapide, c’est<br />

lui qui apporte les réponses proprioceptives <strong>du</strong> système nerveux périphérique vers le<br />

système nerveux central. Il est capable d’un bon contrôle <strong>du</strong> mouvement <strong>dans</strong> les<br />

activités motrices exigeant de <strong>la</strong> précision. Les nerfs résidant <strong>dans</strong> les fuseaux<br />

muscu<strong>la</strong>ires transmettent, <strong>dans</strong> les deux sens, l’information motrice autant que<br />

l’information sensorielle. Les nerfs afférents portent le feedback proprioceptif <strong>des</strong><br />

périphéries vers le système nerveux central. Les nerfs efférents portent l’information<br />

motrice <strong>du</strong> système nerveux central vers les organes périphériques concernés. Ce<br />

système de feedback opère aussi bien pour <strong>des</strong> gestes réflexes que pour <strong>des</strong> gestes<br />

volontaires.<br />

Enfin, le feedback externe. Ce système rend compte <strong>des</strong> effets externes <strong>des</strong> actes<br />

moteurs qui peuvent se tra<strong>du</strong>ire par le signal acoustique, les variations de pression d’air<br />

et/ou les contacts entre les articu<strong>la</strong>teurs. C’est un feedback plus lent que ceux<br />

précédemment cités. Le feedback tactile se fait par l’intermédiaire <strong>des</strong> récepteurs<br />

sensoriels de surface et le feedback auditif se fait via <strong>la</strong> cochlée. Quand le système est<br />

arrivé à maturité, le feedback auditif joue deux rôles essentiels: (i) maintenir une<br />

stabilité <strong>des</strong> paramètres <strong>des</strong> cadres phonémiques (ii) assurer une intelligibilité adéquate.<br />

Système Nerveux Central Système Nerveux Central<br />

sensations activité<br />

motrice<br />

Figure n° 2.1: Schémas comparant les contrôles en boucle ouverte, à gauche, avec le contrôle en<br />

boucle fermée, à droite.<br />

Un troisième modèle de contrôle est proposé afin d’expliquer <strong>la</strong> faculté d’adaptation <strong>du</strong><br />

système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Ce modèle de simu<strong>la</strong>tion prédictive (Lindblom 1979) adhère au<br />

47<br />

sensations activité<br />

motrice<br />

feedbacks


fait que le feedback joue un rôle important (à <strong>la</strong> différence <strong>du</strong> modèle à boucle ouverte)<br />

<strong>dans</strong> le contrôle <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs. Cependant, il ajoute une dimension de simu<strong>la</strong>tion qui<br />

fait qu’il est rapide à exécuter (à <strong>la</strong> différence <strong>du</strong> modèle à boucle fermée). Il est aussi<br />

entièrement en re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> conception <strong>des</strong> modèles internes.<br />

2.3 Modèle de simu<strong>la</strong>tion prédictive de Lindblom<br />

Ce modèle est proposé par Lindblom et al. (1977, 1979) et nous l’illustrons par <strong>la</strong> figure<br />

2.2. suivante. Le processus de contrôle est le même que celui en boucle fermée mais<br />

présente un simu<strong>la</strong>teur de <strong>la</strong> boucle périphérique: <strong>la</strong> commande motrice est simulée. La<br />

différence entre <strong>la</strong> cible sensorielle et les effets sensoriels pro<strong>du</strong>it une erreur qui génère<br />

les instructions motrices ultérieures. Cette fonction est attribuée au système de parole<br />

afin d’accroître ses performances, avec <strong>la</strong> rapidité d’exécution et l’aptitude à modifier<br />

une commande motrice avant que ses conséquences sensorielles soient devenues<br />

disponibles par le feedback périphérique. Ainsi, ce mode de simu<strong>la</strong>tion prédictive<br />

contribuerait à donner au système <strong>la</strong> faculté de sélectionner les réponses motrices<br />

adéquates avec flexibilité et p<strong>la</strong>sticité. Le système est capable d’apprendre lui-même ses<br />

erreurs (simulées) qui lui donnent accès à bien plus d’informations qu’un seul modèle à<br />

boucle fermée périphérique. A l’origine de ce modèle, nous retrouvons aussi les travaux<br />

d’Eccles (1969) qui intro<strong>du</strong>it l’idée que le cervelet fonctionne comme un simu<strong>la</strong>teur de<br />

<strong>la</strong> boucle « commande-action-sensation-correction ». Ainsi cette simu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> boucle<br />

« commande-action-sensation-correction » opère un gain de temps par rapport à <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée d’un feedback réel mais ne correspond pas pour autant à un modèle à boucle<br />

ouverte. L’expérience de Lindblom et al. (1979) sur le /i/ pro<strong>du</strong>it avec un <strong>la</strong>rge bitebite-block<br />

de 22.5mm illustre parfaitement cette idée. L’information sensorielle<br />

revenant au système nerveux central constitue une nouvelle situation pour aider à <strong>la</strong><br />

genèse de <strong>la</strong> voyelle. De nouvelles questions émergent : comment sont recrutés les<br />

muscles adéquats et comment <strong>la</strong> qualité de <strong>la</strong> contraction muscu<strong>la</strong>ire peut elle être<br />

régulée automatiquement. La difficulté <strong>du</strong> système est de recruter les muscles activés en<br />

parole normale et de leur faire exécuter <strong>des</strong> contractions plus ou moins amples pour<br />

provoquer <strong>des</strong> configurations <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s différentes avec un même but. Une réponse<br />

à ces questions pourra aussi être fournie par l’existence <strong>des</strong> équivalences motrices.<br />

48


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

Figure n° 2.2: Schéma <strong>du</strong> modèle de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole par simu<strong>la</strong>tion prédictive de<br />

Lindblom et al.1977<br />

Il apparaît que <strong>la</strong> stratégie de simu<strong>la</strong>tion prédictive offre une approche intéressante pour<br />

les étu<strong>des</strong> <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Ce modèle de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> présente<br />

l’avantage de pouvoir améliorer les performances sur <strong>des</strong> tâches non familières avec <strong>la</strong><br />

rapidité et <strong>la</strong> précision nécessaire à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole. Il permet au système de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de s’adapter à <strong>des</strong> perturbations.<br />

En résumé, ce modèle attractif présente une composante de simu<strong>la</strong>tion qui opère une<br />

confrontation entre les sensations afférentes réelles et leurs simu<strong>la</strong>tions re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong><br />

commande motrice. Il permettrait donc un réajustement immédiat de <strong>la</strong> commande pour<br />

développer <strong>des</strong> réponses face à <strong>des</strong> situations nouvelles.<br />

2.3.1 Rôle <strong>des</strong> Modèles internes<br />

La conception <strong>du</strong> geste volontaire régi par l’apprentissage <strong>des</strong> modèles internes est<br />

attirante pour aborder <strong>la</strong> parole comme acte moteur. Comment le système moteur<br />

contrôle-t-il les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ? Comment suivent-ils une trajectoire<br />

acoustique ? Comment le locuteur est-il sûr que <strong>la</strong> trajectoire est bien suivie ? Une<br />

hypothèse serait de dire que <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole évite les problèmes de lenteur d’un<br />

contrôleur par feedback, grâce à l’utilisation <strong>des</strong> modèles internes. Avec les modèles<br />

49


internes, il n’y aurait pas besoin de feedback auditif direct <strong>dans</strong> le contrôle <strong>des</strong><br />

mouvements de parole. Les modèles internes sont appris <strong>du</strong>rant l’apprentissage avec<br />

l’aide <strong>des</strong> feedbacks auditifs, somato-sensoriels et visuels (Massion 2001). Le feedback<br />

auditif aide à maintenir les modèles internes et fournit <strong>des</strong> informations pour réguler les<br />

aspects suprasegmentaux (Laboissière et al. 1995). Le système de contrôle trouve un<br />

moyen d’expliquer les interactions entre les mécanismes suprasegmentaux et<br />

segmentaux : <strong>la</strong> trajectoire acoustique p<strong>la</strong>nifiée est influencée par les ajustements <strong>des</strong><br />

paramètres suprasegmentaux qui affectent l’intelligibilité. Nous savons bien que le<br />

locuteur utilise le feedback auditif pour évaluer les facteurs tels le bruit, <strong>la</strong> qualité de<br />

parole, <strong>la</strong> fréquence fondamentale. Cependant ce feedback auditif n’est pas employé<br />

pour les ajustements rapi<strong>des</strong> <strong>des</strong> postures et <strong>des</strong> mécanismes de respiration, <strong>du</strong> <strong>la</strong>rynx et<br />

<strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs supra-glottiques : c’est là un <strong>des</strong> rôles <strong>des</strong> modèles internes. Arrivés à<br />

maturation, les modèles internes deviennent plus précis et le feedback auditif est utilisé<br />

pour les maintenir stables. Le feedback auditif ne serait alors utilisé qu’avec<br />

intermittence. Les modèles internes directs sont une représentation <strong>du</strong> monde extérieur,<br />

<strong>du</strong> système musculo-squelettique et <strong>des</strong> interactions qui en résultent. Ainsi ils informent<br />

sur les caractéristiques prévisibles <strong>du</strong> mouvement. Ils sont prédictifs et évaluatifs, ils<br />

permettent de p<strong>la</strong>nifier l’action et de prévoir son déroulement. Pour un mouvement<br />

volontaire précis, le modèle interne permet l’analyse de <strong>la</strong> position <strong>dans</strong> l’espace en<br />

calcu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> position initiale d’un articu<strong>la</strong>teur et <strong>la</strong> trajectoire à établir pour atteindre <strong>la</strong><br />

cible demandée (par l’intermédiaire <strong>des</strong> réseaux corticaux associatifs).<br />

De ce modèle interne prédictif, se construisent <strong>des</strong> modèles internes inverses qui<br />

assurent les comman<strong>des</strong> muscu<strong>la</strong>ires appropriées afin de diriger le mouvement vers son<br />

but en façonnant les dép<strong>la</strong>cements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s (cinématique inverse) et les forces<br />

muscu<strong>la</strong>ires appropriées (dynamique inverse). Ainsi, l’exécution de <strong>la</strong> trajectoire <strong>du</strong><br />

mouvement repose sur les modèles internes inverses.<br />

A partir de l’existence de ces modèles internes, s’est fondée <strong>la</strong> théorie <strong>du</strong> point<br />

d’équilibre qui se base sur les propriétés visco-é<strong>la</strong>stiques <strong>des</strong> muscles. Perrier et al.<br />

(1996) ainsi que Laboissière et al. (1995) s’appuient sur <strong>la</strong> théorie <strong>du</strong> point d’équilibre<br />

pour expliquer le contrôle <strong>des</strong> mouvements <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Le cerveau<br />

dispose de modèles internes et donc de points d’équilibre ou points de stabilité vers<br />

lesquels les trajectoires <strong>du</strong> système sont attirées pour maintenir le système stable. Ces<br />

représentations permettent au système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de prédire les différentes<br />

50


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

configurations posturales. La commande centrale prévoit <strong>des</strong> postures nouvelles<br />

déterminées par <strong>des</strong> points d’équilibre définis par <strong>la</strong> contraction <strong>des</strong> muscles. Ces points<br />

d’équilibre ou points attracteurs <strong>du</strong> système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> définissent <strong>des</strong><br />

configurations posturales indépendamment de <strong>la</strong> dynamique (forces actives et forces<br />

passives d’interaction entre les segments qui peuvent faire changer <strong>la</strong> trajectoire<br />

initialement p<strong>la</strong>nifiée). Ainsi, les perturbations <strong>du</strong> système peuvent être minimisées par<br />

<strong>la</strong> raideur articu<strong>la</strong>ire et les circuits automatiques de correction.<br />

2.3.2 Les avantages de cette conception <strong>des</strong> modèles internes<br />

En résumé, nous pouvons dire que les modèles internes directs sont prédictifs et<br />

représentent l’état actuel de l’environnement et <strong>des</strong> positions <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Alors que<br />

les modèles internes indirects sont responsables de l’exécution <strong>du</strong> mouvement en<br />

fonction de <strong>la</strong> prédiction faite par le modèle interne direct. La commande centrale est le<br />

résultat de l’acquisition de modèles internes de l’environnement, <strong>des</strong> caractéristiques<br />

biomécaniques <strong>du</strong> corps et de leurs interactions. Cette conception <strong>des</strong> modèles internes<br />

insiste sur les propriétés biomécaniques <strong>du</strong> corps et sur les interactions de celui-ci avec<br />

l’extérieur. Les caractéristiques <strong>des</strong> forces externes sont déterminantes pour <strong>la</strong><br />

réalisation <strong>des</strong> performances et le système nerveux central doit les apprendre pour<br />

pouvoir exercer son action. La commande nerveuse s’adapte aux contraintes<br />

mécaniques associées à l’exécution <strong>du</strong> mouvement par le jeu d’activation <strong>des</strong> muscles<br />

agonistes et antagonistes.<br />

Revenons sur l’idée de synergie. Nous avons vu qu’il existe <strong>des</strong> sous-ensembles<br />

fonctionnels muscu<strong>la</strong>ires régulés en bloc. Après l’apprentissage, les synergies<br />

permettent de corriger les effets d’une éventuelle perturbation : il y a anticipation de <strong>la</strong><br />

commande par rapport aux effets mécaniques qu’elle est susceptible de pro<strong>du</strong>ire.<br />

L’anticipation suppose que le système nerveux central a construit un modèle interne <strong>du</strong><br />

monde extérieur, <strong>des</strong> propriétés <strong>du</strong> corps et de leurs interactions qui permet de prédire<br />

les effets de <strong>la</strong> commande adéquate. Tout porte à penser que les modèles internes<br />

participent à <strong>la</strong> boucle de simu<strong>la</strong>tion prédictive <strong>du</strong> modèle de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole de<br />

Lindblom (1971, 1977, 1979) : les anticipations et les réajustements peuvent être<br />

réalisés rapidement grâce à l’existence <strong>des</strong> modèles internes. Les stratégies de<br />

51


<strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s pourraient être alors générées à partir de cette boucle de<br />

simu<strong>la</strong>tion prédictive.<br />

2.4 Structures coordinatives et équivalences fonctionnelles<br />

2.4.1 Structures coordinatives<br />

2.4.1.1 La co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

Fowler et al. (1980, 1995) présentent une théorie de <strong>la</strong> co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. A l’origine de<br />

cette théorie, se trouvent les notions de synergie et de coordination entre les<br />

articu<strong>la</strong>teurs. Le pilier de cette théorie de <strong>la</strong> co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> est <strong>la</strong> notion de structures<br />

coordinatives. Si l’action d’un articu<strong>la</strong>teur est neutralisée, les autres articu<strong>la</strong>teurs vont<br />

subir une réorganisation spatio-temporelle de manière à atteindre ensemble <strong>la</strong> cible<br />

visée. Les structures coordinatives révèlent <strong>des</strong> dépendances fonctionnelles entre les<br />

articu<strong>la</strong>teurs. Par exemple, prenons <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une consonne bi<strong>la</strong>biale exigeant le<br />

geste de fermeture <strong>la</strong>biale. Un lien fonctionnel est établi entre <strong>la</strong> lèvre supérieure, <strong>la</strong><br />

lèvre inférieure et <strong>la</strong> mâchoire. Une diminution de <strong>la</strong> contribution d’un articu<strong>la</strong>teur est<br />

automatiquement compensée par l’augmentation de <strong>la</strong> contribution d’un autre.<br />

Les manœuvres compensatoires trouvent leur racine <strong>dans</strong> <strong>la</strong> coordination entre<br />

articu<strong>la</strong>teurs pour pro<strong>du</strong>ire un but gestuel. Pour expliquer <strong>la</strong> co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> entre les<br />

gestes, il est évident qu’il est préférable de se fonder sur l’idée de coordination entre les<br />

articu<strong>la</strong>teurs. Le chevauchement entre les gestes est le reflet de <strong>la</strong> coordination<br />

temporelle exprimée comme étant un phasage inter-gestuel. Le phasage entre les gestes<br />

est contrôlé à un niveau de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification : si on note un agrandissement <strong>du</strong><br />

chevauchement inter-gestuel, on observera une baisse <strong>des</strong> <strong>du</strong>rées segmentales et les<br />

effets de <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion seront moindres. Les changements quantitatifs <strong>du</strong><br />

chevauchement peuvent justifier <strong>des</strong> différences de coarticu<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> parole lente et<br />

<strong>la</strong> parole rapide. Le plus souvent, les processus de parole continue, comme<br />

l’assimi<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction vocalique ou <strong>la</strong> délétion, sont <strong>du</strong>s à <strong>des</strong> modifications telles<br />

que <strong>la</strong> diminution de <strong>la</strong> magnitude <strong>du</strong> geste et/ou l’augmentation <strong>du</strong> chevauchement<br />

temporel (Browman et Goldstein 1992, Farnetani et al. 1999). Par exemple, sur le p<strong>la</strong>n<br />

52


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

spatial, Fowler et Saltzman (1993) ont étudié <strong>la</strong> séquence /VbV/. Sur cette séquence, les<br />

gestes de constriction consonantique et vocalique impliquent plusieurs articu<strong>la</strong>teurs: le<br />

corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et les lèvres dont l’action est portée par <strong>la</strong> mâchoire. Les gestes<br />

vocaliques ont besoin à <strong>la</strong> fois <strong>du</strong> dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et de <strong>la</strong> mâchoire. L’effet de cette<br />

interférence est un changement <strong>du</strong> lieu de constriction. L’idée générale de <strong>la</strong><br />

co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> vue par ces auteurs est de dire que les gestes mé<strong>la</strong>ngent leurs influences<br />

sur l’articu<strong>la</strong>teur standard avec <strong>des</strong> sorties variées possibles.<br />

2.4.1.2 La théorie de l’action<br />

Fowler et Turvey (1980) montrent que les phénomènes de <strong>compensation</strong> s’interprètent<br />

mieux à <strong>la</strong> lumière de <strong>la</strong> théorie de l’action. La théorie de l’action fait aussi référence à<br />

un ensemble de muscles participant à une fonction et qui forment une structure<br />

autonome à l’intérieur de <strong>la</strong>quelle chaque mouvement est régi par une ou plusieurs<br />

équations de contraintes internes jouant sur les voies efférentes et afférentes. Les<br />

auteurs voient <strong>la</strong> notion de structures coordinatrices comme <strong>la</strong> conception <strong>la</strong> plus<br />

adéquate pour <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> unités phonologiques comme <strong>des</strong> unités de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

et pour expliquer <strong>la</strong> variabilité. Il est difficile d’expliquer les réajustements immédiats<br />

(<strong>compensation</strong>s) si l’on s’en tient aux théories traditionnelles de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Il est<br />

légitime d’envisager un mécanisme de contrôle et d’exécution basé sur un ensemble de<br />

muscles qui s’ajustent en fonction de l’état de chacun. Cet ensemble fonctionnerait par<br />

autorégu<strong>la</strong>tion interne (Bonnot et Bothorel 1989). Tuller et al. (1979) voient <strong>dans</strong> ces<br />

synergies un comportement typique d’un système masse-ressort qui serait<br />

intrinsèquement équilibré <strong>dans</strong> le sens où chaque cible finale est atteinte en regard de<br />

l’état <strong>des</strong> modalités initiales. S’agissant d’un système de ressorts supportant une masse,<br />

<strong>la</strong> modification de <strong>la</strong> tension de l’un <strong>des</strong> ressorts a pour conséquence le dép<strong>la</strong>cement <strong>du</strong><br />

centre de gravité <strong>du</strong> système. Les re<strong>la</strong>tions tension-longueur entre les ressorts modifient<br />

les positions résultantes, mais pas les coordonnées spatiales, ni <strong>la</strong> trajectoire <strong>du</strong><br />

mouvement. Du point de vue de <strong>la</strong> dynamique, leur expérience montre que l’ab<strong>la</strong>tion ou<br />

<strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction de certaines sources afférentes ne dérange pas forcément <strong>la</strong> capacité d’un<br />

collectif de muscle à atteindre un état stable grâce au fait que le système soit justement<br />

autorégulé.<br />

53


2.4.2 Equivalences fonctionnelles<br />

MacNei<strong>la</strong>ge (1970) présente une théorie d’équivalence motrice, inspirée <strong>des</strong> idées de<br />

Hebb (1961) qui défini le phénomène psychologique appelé « équivalence motrice »<br />

comme «… a variability of specific muscu<strong>la</strong>r response, with circumstance, in such a<br />

way as to pro<strong>du</strong>ce a single result …» (Hebb, 1961, pp.153-154). Cette théorie se base<br />

sur l’existence de structures coordinatives. La notion d’équivalence motrice renvoie au<br />

recrutement de plusieurs articu<strong>la</strong>teurs pour atteindre une seule cible acoustique<br />

invariante. Un <strong>des</strong> exemples qui illustrent parfaitement cette notion est appelé le «pipe<br />

speech» chez les fumeurs de pipe. C’est une capacité <strong>du</strong> locuteur à parler bien que<br />

l’activité de l’un de ses articu<strong>la</strong>teurs supra-glottique soit altérée. Pour chaque segment<br />

particulier, le locuteur peut montrer <strong>des</strong> formes <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal correspondant à<br />

différentes positions. Dans le cerveau, nous l’avons vu, nous avons une représentation<br />

spatiale <strong>des</strong> zones <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal, grâce notamment aux modèles internes. Pour<br />

atteindre une cible voulue, le locuteur doit ajuster <strong>des</strong> positions variées <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs<br />

vers <strong>la</strong> position cible. Cette théorie pose <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole comme étant un<br />

système à boucle ouverte, avec une série de cibles spécifiées à l’avance. Ce concept de<br />

cible est explicité aussi par Lindblom (1971, 1977) à partir de ses expériences sur les<br />

ré<strong>du</strong>ctions vocaliques en terme de fréquence de formant (cible acoustique). Le locuteur<br />

vise <strong>des</strong> cibles acoustiques invariantes mais il se peut qu’elles soient dép<strong>la</strong>cées lors d’un<br />

débit de parole rapide. Le locuteur est capable de rétablir les cibles <strong>des</strong> voyelles et ainsi<br />

de se corriger. La cible est une idéalisation psychologique de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong><br />

voyelle. Pour Perkell et al. (1994), le but <strong>du</strong> locuteur est d’être compris et <strong>la</strong> cible serait<br />

donc premièrement acoustique. Les cibles spatiales peuvent varier puisque différentes<br />

configurations <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it peuvent pro<strong>du</strong>ire à un même phonème. Par contre, les cibles<br />

perceptuelles seront les mêmes grâce aux représentations internes de l’espace perceptif<br />

auditif. Le cerveau utilise <strong>des</strong> règles re<strong>la</strong>tives à ces représentations spatiales et auditives<br />

pour calculer <strong>la</strong> commande motrice nécessaire à l’atteindre d’une cible depuis l’état<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> stable. Perkell et al (1993 et 2000), <strong>dans</strong> leur étude sur les répétitions <strong>du</strong><br />

/u/, observent que l’élévation <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, couplée à l’arrondissement <strong>des</strong><br />

lèvres contribue à faire baisser les valeurs de F2. Ils soulignent l’existence de<br />

contraintes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s par le fait que les locuteurs rétractent <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue vers une<br />

constriction pa<strong>la</strong>to-vé<strong>la</strong>ire. Ils suggèrent qu’il est physiquement difficile de pro<strong>du</strong>ire une<br />

constriction <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie vélo-pharyngale <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it et c’est pour ce<strong>la</strong> que les<br />

54


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 2 : Compensations et structures coordinatives.<br />

locuteurs font leur constriction <strong>du</strong> /u/ <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie pa<strong>la</strong>to-vé<strong>la</strong>ire. Pour ces auteurs,<br />

cette stratégie relèverait plus d’une préférence <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, peut être liée à <strong>la</strong> loi <strong>du</strong><br />

moindre effort, que d’une limitation physiologique.<br />

Une autre expérience de Guenther et collègues (1999) sur l répétition <strong>du</strong> /r/ a permis de<br />

conclure sur deux positions de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue pour pro<strong>du</strong>ire /r/. Les sept sujets présentent une<br />

re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> cavité antérieure et <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> zone de<br />

constriction, ce qui permettrait de maintenir un F3 assez bas, caractéristique <strong>du</strong> /r/.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> cible acoustique est achevée par différentes configurations de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>dans</strong><br />

différentes situations. Se basant sur ces observations, ils en concluent que <strong>la</strong> cible est<br />

plus acoustique qu’<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>.<br />

Deux constrictions contrôlées et indépendantes <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal peuvent atteindre<br />

<strong>la</strong> même cible acoustique par le biais <strong>des</strong> équivalences motrices. Ces équivalences<br />

motrices articulo-acoustiques véhiculent l’idée que les cibles acoustiques sont <strong>des</strong><br />

variables contrôlées en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Un mécanisme de contrôle qui utilise les re<strong>la</strong>tions<br />

d’équivalence motrice augmenterait <strong>la</strong> stabilité acoustique, particulièrement <strong>dans</strong> <strong>des</strong><br />

situations ou une telle stabilité ne résulte pas d’un effet de saturation. Quand de forts<br />

effets de saturation biomécaniques ou acoustiques existent, il y a une moindre nécessité<br />

à ce que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’équivalence motrice préserve <strong>la</strong> stabilité acoustique.<br />

Perkell et al. (2000) argumentent en faveur <strong>des</strong> équivalences motrices mais envisagent<br />

le contrôle moteur de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole comme un regroupement de principes<br />

essentiels pour l’atteinte <strong>des</strong> cibles acoustiques.<br />

(i) L’effet de saturation aide à définir <strong>des</strong> cibles acoustiques et simplifie le contrôle<br />

moteur. Les cibles sont aussi déterminées en partie par l’effet de saturation défini<br />

comme une re<strong>la</strong>tion non linéaire entre le degré d’activation <strong>des</strong> muscles et les fonctions<br />

d’aire <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal. Il existe un effet de saturation biomécanique lorsqu’un<br />

articu<strong>la</strong>teur entre en contact avec un autre. Les changements continus <strong>des</strong> comman<strong>des</strong><br />

motrices <strong>des</strong> muscles con<strong>du</strong>isent à une saturation ou stabilisation de <strong>la</strong> position <strong>des</strong><br />

articu<strong>la</strong>teurs, d’où une saturation ou stabilisation <strong>des</strong> paramètres acoustiques. Ainsi, cet<br />

effet de saturation biomécanique peut aider à atteindre une cible acoustique stable pour<br />

<strong>la</strong> voyelle /i/ fermée mais aussi au moment <strong>du</strong> barrage pour les consonnes obstruantes<br />

(les plus résistantes face à d’éventuelles dégradations), malgré d’éventuelles variabilités<br />

<strong>dans</strong> l’entrée motrice. Par exemple, en pressant les côtés <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

fermement sur le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r on obtient une fonction d’aire stable <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal <strong>dans</strong><br />

55


<strong>la</strong> région pa<strong>la</strong>tale qui correspondrait aux patrons formantiques de <strong>la</strong> voyelle /i/<br />

(contraction <strong>du</strong> genioglossus postérieur pour réaliser <strong>la</strong> pression). Cependant, certains<br />

sons tels que les voyelles centrales ou ouvertes ne sont pas caractérisées par un effet de<br />

saturation biomécanique. Ces sons sont réalisés plus <strong>la</strong>rgement de façon plus variable et<br />

sont plus sujets aux distorsions, par dégradation <strong>dans</strong> leurs modèles internes.<br />

(ii) Le système nerveux central contrôle <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> en se basant sur les modèles<br />

internes <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions entre les formes <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal et leurs conséquences<br />

acoustiques.<br />

(iii) La re<strong>la</strong>tion entre les variations temporelles <strong>des</strong> comman<strong>des</strong> motrices et les<br />

caractéristiques cinématiques <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s est influencée par les<br />

contraintes biomécaniques : collision inter-articu<strong>la</strong>teur, anatomie indivi<strong>du</strong>elle,<br />

propriétés dynamiques <strong>du</strong> systèmes. Les contraintes biomécaniques sont prises en<br />

compte quand a lieu <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification <strong>du</strong> mouvement pour <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de séquences de<br />

sons. Ces contraintes peuvent aussi justifier un comportement proche <strong>du</strong> principe<br />

d’économie de l’effort.<br />

Un système dynamique tel celui de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole semble être gouverné par<br />

plusieurs mécanismes complexes qui opèrent de concert. Un mécanisme de simu<strong>la</strong>tion<br />

prédictive anticipe les situations (Lindblom et al. 1979) avec l’assistance d’un feedback<br />

périphérique en boucle fermée (par les récepteurs tactile sur les articu<strong>la</strong>teurs) (Abbs,<br />

1986). Nous soulignons l’existence de structures coordinatives comme seules unités<br />

auto-régulées pour permettre <strong>des</strong> réajustements immédiats. Le principe d’équivalence<br />

motrice, couplé à l’effet de saturation et à <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> moindre effort, influence les<br />

trajectoires <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s à travers l’espace acoustique et les cibles acoustiques. Quand<br />

<strong>la</strong> trajectoire acoustique aboutit sur une fermeture <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal, les contraintes<br />

biomécaniques, les propriétés <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs puis l’effet de saturation, entrent en jeu.<br />

56


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

CHAPITRE 3<br />

Compensations et complexe mâchoire/<strong>la</strong>ngue<br />

Dans cette partie, nous présentons <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> utilisant une méthodologie basée sur<br />

l’utilisation de perturbations expérimentales dynamiques ou statiques. Différents<br />

moyens d’analyse sont exposés et pas seulement les analyses <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, toujours <strong>dans</strong><br />

le but d’étudier les phénomènes de <strong>compensation</strong>. Nous invitons le lecteur à se référer<br />

aussi au tableau de l’annexe 1 pour un recensement plus exhaustif <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> concernant<br />

les perturbations expérimentales.<br />

3.1 Les <strong>compensation</strong>s <strong>dans</strong> les étu<strong>des</strong> antérieures<br />

La littérature concernant le contrôle moteur de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole est axée<br />

notamment sur l’importance de <strong>la</strong> variabilité et de <strong>la</strong> dépendance <strong>du</strong> contexte. Beaucoup<br />

de théories de l’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> parole (contrôle moteur) intro<strong>du</strong>isent, <strong>la</strong> notion<br />

d’équivalence motrice c'est-à-dire que plusieurs patrons de réponses muscu<strong>la</strong>ires<br />

peuvent être orientés vers un seul et même mouvement. Cette capacité <strong>du</strong> système<br />

expliquerait l’ensemble <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>tions compensatoires issues de perturbations <strong>dans</strong><br />

l’environnement oral.<br />

Les étu<strong>des</strong> concernant les phénomènes de <strong>compensation</strong> se sont révélées fondamentales<br />

pour l’analyse <strong>des</strong> processus de parole, dès les années 70. C’est alors le début de <strong>la</strong><br />

conceptualisation <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s en tant que phénomène omniprésent <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole. Abbs (Abbs et al. 1984) nous affirme qu’il suffit de parler pour<br />

que les échanges fonctionnels inter-<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s s’opèrent constamment et<br />

spontanément. Cette nature compensatoire ne peut être expliquée ni par le modèle de<br />

boucle ouverte, ni par le modèle de boucle fermée seulement.<br />

Le premier modèle qui tient compte <strong>des</strong> phénomènes de <strong>compensation</strong> est le modèle de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> par prédiction de Lindblom, Lubker et Mc Allister (1977) Il est le résultat de<br />

plusieurs expériences. La première est menée en 1971 par Lindblom et Sunberg<br />

(Lindblom et Sunberg 1971) qui développent un modèle <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> <strong>des</strong> corré<strong>la</strong>ts<br />

59


acoustiques <strong>des</strong> voyelles <strong>du</strong> suédois. La plupart <strong>des</strong> auteurs préconisent qu’il existe <strong>des</strong><br />

possibilités de <strong>compensation</strong> à chaque niveau de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> : <strong>des</strong> configurations<br />

muscu<strong>la</strong>ires différentes (Abbs et Gracco 1984), <strong>des</strong> positions <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s différentes<br />

(Lindblom et Sunberg 1971), et une géométrie différente <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal (Maeda<br />

1990), qui peuvent être à priori associées à un seul patron formantique. Face à ces<br />

nombreuses possibilités, les difficultés à comprendre les stratégies de contrôle de <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole sont réelles. Concernant <strong>la</strong> nature <strong>des</strong> paramètres contrôlés, on<br />

peut se demander auquel de ces niveaux ils sont re<strong>la</strong>tifs. Cette question est directement<br />

liée au débat sur <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> cible et aux interprétations <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> avec <strong>des</strong><br />

perturbations, dynamiques ou statiques.<br />

3.1.1 Les étu<strong>des</strong> avec perturbation dynamique<br />

Certaines étu<strong>des</strong> examinent les <strong>compensation</strong>s en intro<strong>du</strong>isant <strong>des</strong> perturbations<br />

dynamiques sur les articu<strong>la</strong>teurs de <strong>la</strong> parole. Dans l’étude de Kelso et al. (1984), une<br />

masse a été attachée à <strong>la</strong> mandibule et est activée par l’expérimentateur aux dépens <strong>du</strong><br />

locuteur. Les réponses compensatoires de <strong>la</strong> lèvre inférieure, de <strong>la</strong> lèvre supérieure et de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sont examinées avec <strong>des</strong> enregistrements électromyographiques. Les<br />

expérimentateurs tirent <strong>la</strong> mâchoire vers le bas <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une fricative<br />

dentale. Ils remarquent un renforcement de l’activité <strong>du</strong> muscle génioglosse 20 à 30 ms<br />

après le début de <strong>la</strong> perturbation. De <strong>la</strong> même manière, lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une<br />

consonne bi<strong>la</strong>biale, l’activité de <strong>la</strong> lèvre supérieure est renforcée 35 à 60 ms après le<br />

début de <strong>la</strong> perturbation. Ce retard n’est pas fixe, mais dépend <strong>du</strong> moment où <strong>la</strong><br />

perturbation agit en re<strong>la</strong>tion avec le début de l’activité de <strong>la</strong> lèvre supérieure (Abbs et<br />

Gracco 1984). Un court retard implique que les réponses ne sont pas <strong>du</strong>es à un<br />

processus lié au temps de réaction les sujets puisqu’ils ne sont pas conscients de leurs<br />

<strong>compensation</strong>s. Les auteurs précédemment cités s’accordent à dire que les<br />

<strong>compensation</strong>s sont fonctionnelles et flexibles. Les réponses ne sont pas stéréotypées<br />

mais adaptées aux exigences de l’acte moteur en cours. Par exemple, si <strong>la</strong> mâchoire est<br />

tirée au moment de <strong>la</strong> transition entre une voyelle et une occlusive bi<strong>la</strong>biale, alors les<br />

réponses compensatoires sont observées en ce qui concerne les deux lèvres. Une telle<br />

réponse cherche à atteindre <strong>la</strong> cible de l’acte moteur, c’est-à-dire <strong>la</strong> fermeture bi<strong>la</strong>biale.<br />

Si <strong>la</strong> mâchoire est tirée au moment de <strong>la</strong> transition entre une voyelle et une consonne<br />

60


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

dentale, <strong>la</strong> réponse srea trouvée <strong>dans</strong> l’activité essentielle de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue pour effectuer <strong>la</strong><br />

constriction.<br />

Munhall et al. (1994) tirent <strong>la</strong> lèvre inférieure pendant <strong>la</strong> transition entre /i/ et le premier<br />

/p/ <strong>dans</strong> <strong>la</strong> séquence /ipip/. Ils ont enregistré <strong>la</strong> pression intra-orale pour montrer qu’en<br />

situation perturbée, <strong>la</strong> coordination normale entre les gestes oraux et <strong>la</strong>ryngaux est<br />

interrompue au moment <strong>du</strong> relâchement de l’occlusion. Ils observent que le système est<br />

capable de réaliser l’occlusion exigée en augmentant <strong>la</strong> pression d’air <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité<br />

orale. Ainsi, le phasage entre les gestes oraux et <strong>la</strong>ryngaux est un principe crucial pour<br />

maintenir l’intégrité d’un segment. Leur conclusion est que <strong>la</strong> coordination normale<br />

entre les gestes oraux et <strong>la</strong>ryngaux est interrompue au moment <strong>du</strong> relâchement de<br />

l’occlusion et que les <strong>compensation</strong>s sont effectives : c’est-à-dire que <strong>la</strong> cible prévue par<br />

l’acte moteur est atteinte. Avec <strong>la</strong> perturbation, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> voyelle précédant <strong>la</strong><br />

consonne est allongée. Cet allongement est reflété par un retard <strong>du</strong> geste d’ab<strong>du</strong>ction de<br />

<strong>la</strong> glotte. Ils confirment ainsi les résultats obtenus par Folkins et Abbs en 1976. Le but<br />

de l’activité motrice qu’est <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole est de pro<strong>du</strong>ire un signal acoustique<br />

qui transmet l’information. Dans les occurrences perturbées, aucune déviation<br />

acoustique sail<strong>la</strong>nte n’est perceptible.<br />

Oha<strong>la</strong> (2003) intro<strong>du</strong>it <strong>des</strong> perturbations aérodynamiques selon deux techniques : un<br />

tube coincé entre les joues et les mo<strong>la</strong>ires supérieures (the buccal vent method), un<br />

cathéter <strong>dans</strong> le pharynx par voie nasale (the nasal vacuum method). Avec les deux<br />

métho<strong>des</strong> de perturbation, il observe que <strong>la</strong> pression pharyngale est plus basse <strong>dans</strong> le<br />

cas <strong>des</strong> consonnes voisées. Les variations de F0 <strong>des</strong> voyelles suivant les consonnes<br />

voisées et non voisées ne sont pas significativement affectées par les perturbations<br />

aérodynamiques. (variation de <strong>la</strong> pression trans-glottale) Il en conclut que <strong>la</strong> tension <strong>des</strong><br />

cor<strong>des</strong> vocales jouerait un plus grand rôle <strong>dans</strong> les différences de contours de F0 que les<br />

variations de <strong>la</strong> pression à travers <strong>la</strong> glotte. Ses résultats préliminaires montrent que les<br />

variations phonétiques seraient <strong>du</strong>es aux variations de <strong>la</strong> pression trans-glottique ou à<br />

<strong>des</strong> variations de <strong>la</strong> pression <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité buccale. Il souligne aussi que certaines<br />

variations contextuelles peuvent être <strong>du</strong>es à <strong>des</strong> causes physiques et phonétiques.<br />

61


3.1.2 Les étu<strong>des</strong> avec perturbation statique : les bite-blocks<br />

Les étu<strong>des</strong> sur <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole avec <strong>des</strong> bite-blocks qui ré<strong>du</strong>isent les<br />

mouvements de <strong>la</strong> mâchoire s’accordent à indiquer que les locuteurs peuvent<br />

rapidement ajuster les mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ou <strong>des</strong> lèvres. Si les bite-blocks<br />

perturbent réellement <strong>la</strong> position de <strong>la</strong> mâchoire inférieure, ils n’empêchent pas les<br />

effecteurs finaux, tels <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ou les lèvres, d’atteindre les configurations<br />

géométriques <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal nécessaires aux constrictions propres à <strong>la</strong> réalisation <strong>des</strong><br />

segments phonétiques.<br />

Une <strong>des</strong> plus anciennes étu<strong>des</strong> acoustiques est celle de Lindblom et Sunberg (1971). La<br />

position de <strong>la</strong> mâchoire détermine <strong>la</strong> valeur <strong>des</strong> trois premiers formants : plus<br />

l’ouverture de <strong>la</strong> mâchoire est grande, plus les valeurs de formants augmentent (surtout<br />

notable sur F1). Leurs prédictions, par rapport à leur modèle, sont testées en étudiant les<br />

spectres <strong>des</strong> voyelles pro<strong>du</strong>ites et enregistrées avec <strong>des</strong> bite-blocks, ce qui oblige les<br />

locuteurs à parler avec un écart inter-incisives non naturel. Les auteurs ont choisi un<br />

bite-block est de 2,5 mm d’épaisseur pour les voyelles /a/ et /o/ (l’écart est plus étroit<br />

que de coutume pour leur réalisation), et un bite-block de 22,5 mm d’épaisseur pour les<br />

voyelles /i/ et /u/ (l’écart plus <strong>la</strong>rge que de coutume pour leur réalisation). Malgré une<br />

ouverture inhabituelle de <strong>la</strong> mâchoire, les spectres <strong>des</strong> voyelles avec bite-block sont<br />

analogues à ceux sans bite-block. Pour que cette rapidité soit effective, différentes<br />

postures possibles de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et autres articu<strong>la</strong>teurs supra-glottiques ont pu être<br />

utilisées. Les spectrogrammes analysés écartent <strong>la</strong> possibilité qu’un feedback auditif<br />

puisse être utilisé pour effectuer une <strong>compensation</strong> directe. De plus, les réalisations<br />

optimales <strong>des</strong> voyelles suédoises peuvent être obtenues en l’absence de feedback tactile,<br />

par blocage <strong>des</strong> récepteurs buccaux, et ceci, sans entraînement. Ainsi, le processus<br />

moteur utilise un contrôle prédictif pour développer de nombreux profils <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

appropriés aux changements de <strong>la</strong> position de <strong>la</strong> mandibule : <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> est<br />

immédiate et ne nécessite aucun apprentissage, ni de feedback auditif et tactile.<br />

Warren et al. (1980) étudient les fricatives /s, f, v, z/, avec bite-blocks et masquage<br />

auditif. Généralement, <strong>des</strong> adaptations sont pro<strong>du</strong>ites de façon satisfaisante puisque <strong>la</strong><br />

dimension de l’orifice vélo-pharyngé reste constante quels que soient les aspects<br />

expérimentaux et les degrés d’ouverture (tailles <strong>des</strong> bite-blocks). Par contre, concernant<br />

le phonème /s/, ces adaptations sont moins précises, surtout en cas de masquage auditif<br />

et le taux d’erreurs s’accroît avec l’augmentation de l’ouverture de <strong>la</strong> mâchoire. Les<br />

62


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

adaptations sont améliorées avec le temps sur les conversations sans masquage auditif.<br />

Pour ces auteurs, à l’image <strong>du</strong> modèle de Lindblom et al.(1979), c’est le contrôle<br />

continu qui permet d’anticiper un problème de modification spatiale et d’initier une<br />

tactique de <strong>compensation</strong> structurale précédant <strong>la</strong> phonation.<br />

Gay, Lindblom et Lubker (1981) vont <strong>dans</strong> le même sens en montrant que pour les<br />

voyelles /i/ et /u/ <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> est plus évidente. Les formants <strong>des</strong> voyelles pro<strong>du</strong>ites<br />

avec bite-blocks sont très proches <strong>des</strong> formants <strong>des</strong> voyelles en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale.<br />

Leurs données X-ray montrent cependant <strong>des</strong> configurations différentes <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it<br />

vocal avec les bite-blocks. La constriction pour /i/ est préservée, notamment par un<br />

mouvement de « super-pa<strong>la</strong>talisation » de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (contraction plus forte <strong>du</strong><br />

génioglosse) et par le recul de l’os hyoïde. Ils observent aussi un mouvement<br />

compensatoire d’arrondissement <strong>des</strong> lèvres et une baisse de <strong>la</strong> hauteur <strong>du</strong> <strong>la</strong>rynx sur <strong>la</strong><br />

réalisation <strong>des</strong> voyelles /u/ et /o/ perturbées. La plus minime différence entre les deux<br />

conditions se note au point de constriction maximale, c’est à ce moment que <strong>la</strong><br />

<strong>compensation</strong> serait <strong>la</strong> plus complète. Leur conclusion est que les écarts non compensés<br />

par rapport aux positions normales sont aux points où l’aire <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal est <strong>la</strong> plus<br />

grande. La <strong>compensation</strong> serait sélective. Ces auteurs estiment que leurs données<br />

argumentent en faveur d’un mécanisme d’atteinte de cible perceptuelle. L’étroite<br />

constriction pourrait fournir une augmentation de l’excitation sensorielle entre les<br />

récepteurs tactiles, ce qui pourrait faciliter l’atteinte de <strong>la</strong> cible.<br />

Folkins et Zimmerman (1981) ont effectué une stimu<strong>la</strong>tion électrique <strong>des</strong> muscles qui<br />

abaissent les lèvres pendant <strong>la</strong> transition d’une voyelle et d’une consonne occlusive<br />

bi<strong>la</strong>biale /pQ/, séquence répétée en série. L’activité <strong>des</strong> muscles de <strong>la</strong> mâchoire est<br />

enregistrée par électromyographie avec et sans bite-block. La présence d’un bite-block<br />

n’élimine pas l’activité <strong>du</strong> masseter et <strong>des</strong> ptérygoïdiens (le ptérygoïdien <strong>la</strong>téral est<br />

responsable <strong>du</strong> mouvement d’avancement de <strong>la</strong> mandibule et le ptérygoïdien médial est<br />

responsable <strong>du</strong> mouvement d’élévation). La <strong>du</strong>rée de l’occlusion est augmentée de 300<br />

à 500 ms. Le résultat de l’activité muscu<strong>la</strong>ire est identique avec et sans bite-block. Les<br />

auteurs cités ci-<strong>des</strong>sus en dé<strong>du</strong>isent qu’une réorganisation complète de l’activité motrice<br />

aurait pour effet <strong>la</strong> suppression de toute activité muscu<strong>la</strong>ire inutile. La contraction<br />

muscu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> mâchoire existe bien même s’il est évident que <strong>la</strong> force muscu<strong>la</strong>ire ne<br />

suffit pas à bouger <strong>la</strong> mâchoire. Ces résultats infirment l’existence d’une stratégie<br />

centrale de simu<strong>la</strong>tion qui coordonne l’action <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs lèvre et <strong>la</strong>ngue avec<br />

63


l’action de <strong>la</strong> mâchoire. Si les mouvements compensatoires de <strong>la</strong> lèvre et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue,<br />

<strong>dans</strong> les expériences en bite-blocks, sont accomplis par une réorganisation centrale <strong>du</strong><br />

mouvement, alors on s’attend à ce que cette simu<strong>la</strong>tion centrale modifie aussi les<br />

patrons de l’activité <strong>des</strong> muscles de <strong>la</strong> mâchoire. Ainsi, quand <strong>la</strong> mâchoire est fixée, <strong>la</strong><br />

simu<strong>la</strong>tion centrale devrait éliminer l’activité muscu<strong>la</strong>ire inefficace. Si les mouvements<br />

compensatoires de <strong>la</strong> lèvre et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sont contrôlés à un niveau périphérique, les<br />

patrons d’activité <strong>des</strong> muscles de <strong>la</strong> mâchoire ne sont pas nécessairement influencés par<br />

le blocage de <strong>la</strong> mâchoire. Folkins et Zimmerman appuient l’importance <strong>des</strong><br />

mécanismes périphériques <strong>dans</strong> le contrôle <strong>des</strong> mouvements compensatoires <strong>des</strong> lèvres<br />

et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Cette étude, ainsi que d’autres travaux de Folkins (Folkins et Lindville 1983) expliquent<br />

les coordinations inter-articu<strong>la</strong>teurs par l’existence d’un système de contrôle moteur à<br />

un niveau périphérique. Une interprétation de leurs résultats est que le processus<br />

neuromoteur périphérique n’implique pas de simu<strong>la</strong>tion centrale et les procé<strong>du</strong>res<br />

d’erreur-correction sont importantes pour <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>des</strong> lèvres et<br />

de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Putnam, Shelton et Kastner (1986) mesurent les changements de pression sous glottique<br />

<strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une fricative sourde alvéo<strong>la</strong>ire <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> syl<strong>la</strong>be<br />

/si/ avec et sans bite-block. Ils observent que le flux d’air oral augmente avec<br />

l’accroissement <strong>des</strong> bite-blocks qui augmentent <strong>la</strong> l’ouverture buccale. La pression<br />

intra-orale, par contre, ne montre pas de changements pertinents. Le flux d’air émis<br />

<strong>du</strong>rant <strong>la</strong> voyelle /i/ ne subit pas systématiquement les effets <strong>des</strong> bite-blocks mais <strong>des</strong><br />

changements sont observés en fonction <strong>des</strong> performances <strong>des</strong> locuteurs. Ils confirment<br />

aussi les expériences de Warren et al. (1980, 1984) sur <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>du</strong> /s/ avec biteblock<br />

<strong>dans</strong> lesquelles les pressions d’air sont gardées re<strong>la</strong>tivement constantes. Les<br />

ajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont possibles pour normaliser les conditions aéromécaniques<br />

et l’habileté à compenser une ouverture plus grande de <strong>la</strong> mâchoire par <strong>la</strong><br />

pression intra- orale est variable selon les locuteurs.<br />

L’étude de McFar<strong>la</strong>nd et Baum (1995) porte sur les voyelles /i, u, a/ et les consonnes /p,<br />

t, k, s/ <strong>du</strong> français <strong>du</strong> Québec. Ils ont effectué leurs enregistrements tout de suite après<br />

l’insertion <strong>du</strong> bite-block et après 15 min de pratique. Pour ces auteurs, les<br />

<strong>compensation</strong>s ne sont ni immédiates, ni complètes <strong>dans</strong> le sens où ils observent de<br />

petites différences significatives en ce qui concerne les paramètres acoustiques <strong>des</strong><br />

64


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

voyelles et <strong>des</strong> consonnes pro<strong>du</strong>ites en condition normale et avec bite-block. Avec bitebite-block,<br />

<strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> bruit de friction <strong>du</strong> /s/ non voisé est plus courte alors que le bruit<br />

de friction <strong>du</strong> /s/ est plus long sans bite-block. Pour les voyelles, les valeurs de F1 et de<br />

F2 (surtout pour /u/) sont relevées avec les bite-blocks. La constriction incomplète <strong>du</strong><br />

con<strong>du</strong>it vocal et l’agrandissement de <strong>la</strong> cavité antérieure font augmenter les valeurs<br />

formantiques. Les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> voyelles et <strong>des</strong> consonnes ne sont pas grandement<br />

affectées par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks. Il en va de même concernant les résultats de<br />

Flege et al. (1988) qui ne rapportent pas d’effet significatif <strong>des</strong> bite-blocks sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée<br />

de [e]. La <strong>compensation</strong> serait incomplète <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où les stratégies se<br />

développent avec le temps. McFar<strong>la</strong>nd et Baum (1995) observent que les valeurs<br />

formantiques <strong>des</strong> voyelles pro<strong>du</strong>ites avec bite-block sont plus proches <strong>des</strong> valeurs<br />

normales après 15 min de pratique. Les petites différences non significatives <strong>des</strong> valeurs<br />

de F1 et F2 trouvées entre les deux conditions pourraient indiquer que les stratégies de<br />

<strong>compensation</strong> se développent <strong>dans</strong> le même temps que se déroule <strong>la</strong> conversation. Ces<br />

auteurs argumentent en faveur d’un feedback sensoriel qui permettrait de corriger les<br />

erreurs pour l’exécution <strong>des</strong> gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Ils soulignent ainsi le rôle potentiel <strong>du</strong><br />

feedback sensoriel <strong>dans</strong> les développements <strong>des</strong> processus de <strong>compensation</strong>. Par contre,<br />

les consonnes réc<strong>la</strong>meraient une plus longue période d’adaptation que les voyelles car<br />

ils n’ont pas observé de similitu<strong>des</strong> acoustiques même après dix minutes d’adaptation.<br />

Les consonnes nécessitent une plus grande précision <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Les sons <strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses<br />

différentes de phonèmes ne sont pas affectés de <strong>la</strong> même manière. Leur conclusion est<br />

qu’il existe moins de flexibilité <strong>dans</strong> l’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> consonnes que <strong>dans</strong> celle <strong>des</strong><br />

voyelles. Les auteurs confirment l’importance <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> feedback sensoriel. Les<br />

théories d’un contrôle moteur comptant uniquement sur <strong>la</strong> prédiction (Lindblom et al.<br />

1979) ne peuvent justifier facilement les progrès compensatoires <strong>dans</strong> le temps lors de<br />

<strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> voyelles avec bite-block. La variabilité indivi<strong>du</strong>elle <strong>dans</strong> les aptitu<strong>des</strong><br />

à compenser apporte une preuve aussi de <strong>la</strong> façon dont chacun va exploiter ses canaux<br />

sensoriels pour adapter sa propre <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole.<br />

McFar<strong>la</strong>nd, Baum et Chabot (1996) reprennent l’expérience de 1995 mais seulement<br />

avec les pa<strong>la</strong>is qu’ils considèrent comme étant déjà <strong>des</strong> perturbations : un pa<strong>la</strong>is de 3<br />

mm et un pa<strong>la</strong>is de six mm. Les enregistrements sont faits immédiatement après<br />

insertion de <strong>la</strong> perturbation et après quinze minutes de pratique. Il y a <strong>des</strong> différences<br />

acoustiques et perceptuelles significatives sur les voyelles et les consonnes entre les<br />

65


<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales et les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s avec une perturbation (que ce soient <strong>des</strong> biteblock<br />

ou <strong>des</strong> pa<strong>la</strong>is) Les <strong>compensation</strong>s semblent améliorées avec le temps ce qui<br />

apporte un argument en faveur <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> feedback sensoriel <strong>dans</strong> l’adaptation <strong>des</strong><br />

gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Les auteurs confirment leur conclusion de l’expérience<br />

précédente : les sons <strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses de phonèmes sont différemment atteints par <strong>la</strong><br />

perturbation (les sibi<strong>la</strong>ntes sont les plus affaiblies) et <strong>la</strong> façon de compenser dépend <strong>des</strong><br />

variabilités indivi<strong>du</strong>elles. Notons que les écarts relevés sont beaucoup plus importants et<br />

significatifs entre les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales et les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s avec bite-block qu’entre<br />

les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales et les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s avec pa<strong>la</strong>is artificiel.<br />

Savariaux, Perrier, Orliaguet (1995) observent <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> voyelle arrondie<br />

/u/ avec un tube tenu entre les lèvres qui empêche de pro<strong>du</strong>ire un son perceptible, et<br />

avec un bite-block. Le but de leur étude est d’évaluer les exigences acoustiques et<br />

géométriques (<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s) <strong>du</strong> contrôle de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Les changements<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s qui résultent de ces perturbations sont différents selon les locuteurs. Les<br />

auteurs les ont c<strong>la</strong>ssés en trois catégories de réponses : (i) un mouvement de recul de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue qui n’est pas suffisant pour permettre d’atteindre le patron formantique adéquat<br />

même si F2 décroît, (ii) un recul de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue qui bascule d’une constriction vélopa<strong>la</strong>tale<br />

à une constriction vélo-pharyngale ; les patrons formantiques de F1 et F2<br />

correspondent à ceux observés en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, (iii) aucun geste de recul de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue, pas de <strong>compensation</strong> en dépit de <strong>la</strong> dégradation <strong>du</strong> résultat acoustique (F2 est<br />

trop élevé). L’observation <strong>des</strong> variabilités inter-locuteur amène les auteurs à conclure<br />

que ces mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont activement contrôlés. De plus, ce contrôle<br />

dépend de l’habileté de chacun à réexploiter une re<strong>la</strong>tion articulo-acoustique déjà<br />

éprouvée et mémorisée <strong>dans</strong> ses modèles internes. Après écoute <strong>du</strong> signal acoustique,<br />

une amélioration <strong>des</strong> patrons formantiques pour F1 et F2 est observée. L’écoute<br />

permettrait de réaliser une <strong>compensation</strong> plus complète. Ils concluent au regard <strong>des</strong><br />

équivalences motrices, <strong>dans</strong> le même sens que les conclusions de Perkell et collègues<br />

(1993). La capacité d’effectuer une <strong>compensation</strong> sur les articu<strong>la</strong>teurs, effecteurs finaux,<br />

n’est pas toujours suivie avec succès, et ne permet pas une interprétation <strong>du</strong> contrôle<br />

moteur en terme <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> uniquement. Le contrôle moteur doit tenir compte de <strong>la</strong><br />

tâche vocalique définie <strong>dans</strong> l’espace acoustique (valeurs formantiques). Le rôle de<br />

l’apprentissage permet au locuteur d’associer une configuration <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal à un<br />

patron acoustique donné. Les régu<strong>la</strong>rités <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s observées chez onze locuteurs<br />

66


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

sur douze (Savariaux et al. 1999) sont les conséquences de mécanisme volontaire de<br />

contrôle de <strong>la</strong> parole. Leur hypothèse, qui est aussi celle de Gay et al. (1981), est de dire<br />

qu’il subsiste une amélioration <strong>des</strong> stratégies <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s acquises <strong>du</strong>rant<br />

l’apprentissage pour permettre un lien entre le contrôle <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et les exigences<br />

auditives.<br />

Demolin et al. (1997) étudient avec l’IRM les articu<strong>la</strong>tions compensatoires quand les<br />

locuteurs tiennent une bouteille de deux centimètres de diamètre entre les dents <strong>du</strong>rant<br />

<strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de /uiu/. Le <strong>la</strong>rynx est maintenu <strong>dans</strong> une position stable quand <strong>la</strong><br />

mâchoire inférieure est bloquée. Ils observent une déformation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue : seul le<br />

corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue bouge de l’avant vers l’arrière de <strong>la</strong> cavité buccale. Même si l’activité<br />

<strong>des</strong> lèvres est neutralisée, ils perçoivent un arrondissement quand <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue passe de <strong>la</strong><br />

position de /i/ à <strong>la</strong> position pour /u/. Cette technique est très prometteuse pour observer<br />

les mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs <strong>dans</strong> les trois dimensions (coronal, transversal et<br />

oblique), mais aussi pour étudier <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion, et les articu<strong>la</strong>tions compensatoires.<br />

On peut se rendre compte <strong>des</strong> effets d’anticipation et de rétention entre les consonnes et<br />

le contexte vocalique adjacent.<br />

3.1.2.1 Les bite-blocks et l’électropa<strong>la</strong>tographie.<br />

D’autres travaux ont attaché un intérêt à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes sous l’emprise de<br />

bite-blocks en utilisant <strong>la</strong> technique de l’électropa<strong>la</strong>tographie, travaux dont nous nous<br />

sommes inspirée. Flege et al. (1988) se sont penchés sur les paramètres <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s <strong>du</strong><br />

/s/ et <strong>du</strong> /t/ arabe et ang<strong>la</strong>is. Concernant le /t/ arabe, les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sont<br />

ré<strong>du</strong>its et <strong>du</strong>rent moins longtemps avec le bite-block. Alors que pour les sujets ang<strong>la</strong>is,<br />

ils observent une augmentation <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux. Ces auteurs ont montré<br />

qu’une <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> adéquate <strong>du</strong> /t/ afin qu’il soit perçu comme tel ne nécessite pas<br />

forcément une constriction complète de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Une constriction partielle est<br />

suffisante pour générer l’information acoustique nécessaire pour une bonne<br />

identification de <strong>la</strong> consonne <strong>dans</strong> <strong>des</strong> tests de perception. La constriction <strong>du</strong> /s/ arabe<br />

est rétrécie par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks, alors que <strong>la</strong> constriction <strong>du</strong> /s/ ang<strong>la</strong>is reste<br />

inchangée. Ils concluent de leurs résultats, que <strong>la</strong> constriction complète <strong>du</strong> /t/ n’est pas<br />

un paramètre critique alors que <strong>la</strong> rainure <strong>du</strong> /s/ l’est. Les paramètres critiques sont<br />

encodés <strong>dans</strong> le système nerveux central et sont préservés quand <strong>la</strong> mâchoire est<br />

67


loquée avec un bite-block. Ils soulignent aussi l’existence d’un lien entre les<br />

<strong>compensation</strong>s et le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne : le /t/ ang<strong>la</strong>is est réalisé sur <strong>la</strong><br />

partie <strong>la</strong> plus arrière <strong>des</strong> alvéoles. Les <strong>compensation</strong>s <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes<br />

ne sont pas immédiates : il a été montré que dix minutes de pratique permettent une<br />

amélioration <strong>des</strong> réponses. Les locuteurs ont utilisé leur feedback afférent pour<br />

améliorer leur <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Ils ajoutent qu’il existe <strong>des</strong> stratégies indivi<strong>du</strong>elles de<br />

<strong>compensation</strong> <strong>du</strong>es à <strong>des</strong> facteurs biomécaniques. Pour leurs conclusions, <strong>la</strong><br />

<strong>compensation</strong> est incomplète et non instantanée.<br />

Horga (2002) étudie les phonèmes <strong>du</strong> croate pro<strong>du</strong>its avec <strong>des</strong> bite-blocks. Les <strong>du</strong>rées<br />

de /ts/ et /s/ ont tendance à être ré<strong>du</strong>ites par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks mais pas les<br />

<strong>du</strong>rées de /t/. Sur le p<strong>la</strong>n acoustique, il est noté une influence significative de <strong>la</strong> présence<br />

<strong>du</strong> bite-block sur les valeurs formantiques. Les valeurs de F1 <strong>du</strong> /i/ sont plus hautes et<br />

celles <strong>du</strong> F2 sont plus basses, ce qui tra<strong>du</strong>it une prononciation plus ouverte. Les valeurs<br />

formantiques <strong>du</strong> F1 de /a/ sont plus basses et celles de F2 sont inchangées ce qui tra<strong>du</strong>it<br />

une articu<strong>la</strong>tion plus avancée. L’énergie spectrale <strong>des</strong> fricatives tend vers <strong>des</strong> valeurs<br />

plus faibles, exepté pour /s/ pro<strong>du</strong>it avec entraînement. L’intensité <strong>des</strong> fricatives est<br />

ré<strong>du</strong>ite et l’intensité <strong>des</strong> voyelles augmente sous l’influence de bite-block. Son étude<br />

montre qu’au moyen d’un simple contrôle orosensoriel immédiat, certains paramètres<br />

temporels sont immédiatement réorganisés, soulignant le rôle important de<br />

l’entraînement. Durant <strong>la</strong> période d’adaptation, l’articu<strong>la</strong>tion est en cours de<br />

réorganisation et c’est pour ce<strong>la</strong> qu’elle montre un caractère instable. Après une période<br />

d’adaptation plus longue, <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> avec bite-block peut être améliorée.<br />

3.1.2.1 Les bite-blocks avec blocage sensoriel<br />

Afin d’affiner l’interprétation <strong>du</strong> rôle <strong>des</strong> feedbacks <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong> stratégies<br />

de <strong>compensation</strong>, d’autres étu<strong>des</strong> ont conçu <strong>des</strong> enregistrements en neutralisant<br />

complètement certaines informations sensorielles. La <strong>compensation</strong> est immédiate si le<br />

feedback sensoriel ne joue pas de rôle particulier. Lindblom et al. (1977) intro<strong>du</strong>isent,<br />

en plus <strong>des</strong> bite-blocks, un anesthésiant (<strong>la</strong> xylocaïne) <strong>dans</strong> leur protocole expérimental.<br />

Ce coup<strong>la</strong>ge de deux perturbations n’empêche aucunement les locuteurs de pro<strong>du</strong>ire <strong>des</strong><br />

voyelles avec <strong>des</strong> patrons formantiques proches <strong>des</strong> valeurs de référence. Ils en<br />

68


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

concluent que c’est <strong>la</strong> diminution <strong>du</strong> feedback tactile qui aurait un effet sur les mo<strong>des</strong> de<br />

<strong>compensation</strong> par l’intermédiaire de récepteurs tactiles.<br />

Moon et Folkins (1991) perturbent le feedback auditif lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’un /s/. Ils<br />

agissent par une dégradation de 30 décibels de l’intensité <strong>du</strong> bruit de friction. Ils<br />

observent que <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s aérodynamiques sont réalisées en réponse à cette<br />

perturbation. Les changements qui tra<strong>du</strong>isent un comportement compensatoire se voient<br />

sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée et sur les pics de <strong>la</strong> pression intra-orale. Cependant, ils n’observent pas de<br />

changement systématique quand ils font de plus petites manipu<strong>la</strong>tions auditives<br />

(inférieures à trente décibels). Ces changements sont très variables en fonction <strong>des</strong><br />

sujets. La priorité de <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion auditive sur <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion aérodynamique n’est qu’en<br />

partie vérifiée. Dans l’étude de Kelso et Tuller (1983), les différents feedbacks sont<br />

neutralisés par plusieurs anesthésies. Les enregistrements sont effectués avec bite-block<br />

et avec anesthésiant de l’articu<strong>la</strong>tion temporo-mandibu<strong>la</strong>ire qui ré<strong>du</strong>it les informations<br />

proprioceptives, et avec un anesthésiant sur <strong>la</strong> muqueuse afin de ré<strong>du</strong>ire l’information<br />

tactile. Leur expérience montre que les F1 et F2 <strong>des</strong> voyelles perturbées sont très<br />

proches <strong>des</strong> valeurs pro<strong>du</strong>ites sans perturbation. Cette stabilité est observée aussi bien<br />

quand les re<strong>la</strong>tions entre articu<strong>la</strong>teurs sont empêchées par le bite-block, que quand les<br />

informations sensorielles sont ré<strong>du</strong>ites. La suppression <strong>du</strong> feedback sensoriel ne<br />

perturbe pas davantage les mouvements. Leurs résultats ne vont pas <strong>dans</strong> le sens d’un<br />

contrôle à boucle fermée ou par simu<strong>la</strong>tion prédictive qui requièrent l’information<br />

sensorielle. Ils sont plus en adéquation avec les travaux indiquant que les buts <strong>des</strong><br />

mouvements seraient atteints par un collectif de muscles en coopération. L’anesthésie<br />

afférente empêche le système nerveux central de programmer <strong>des</strong> comman<strong>des</strong> tenant<br />

compte <strong>des</strong> modifications engendrées par <strong>la</strong> présence <strong>du</strong> bite-block. La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

d’items exigeant une <strong>compensation</strong> ne pose pas de problème : si une partie <strong>du</strong> système<br />

est bloquée, les autres parties remédient à ce blocage. Ils ont souligné le caractère<br />

instantané <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>dans</strong> le but de conserver une intelligibilité maximale. Les<br />

<strong>compensation</strong>s étant immédiates, le rôle <strong>du</strong> feedback paraît bien secondaire. Comme<br />

<strong>dans</strong> l’étude de Fowler et Turvey (1980), les <strong>compensation</strong>s apparaissent réussies<br />

immédiatement et avec peu ou pas <strong>du</strong> tout de pratique. Fowler et Turvey (1980) ont<br />

effectué <strong>des</strong> tests de perception qui ont révélé que 71 à 90 % <strong>des</strong> voyelles ang<strong>la</strong>ises<br />

pro<strong>du</strong>ites avec bite-block sont très bien identifiées. Cependant ce résultat s’oppose à<br />

69


celui de Flege et al. (1988), qui concluent de leurs tests de perception que les jugements<br />

perceptifs sont moins bons sur les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s avec perturbation.<br />

3.1.3 Propriétés <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s<br />

Nous avons distingué de nombreuses expérimentations fondées sur l’observation de<br />

divers paramètres : les pressions d’air qui fournissent l’énergie nécessaire à <strong>la</strong> formation<br />

de sons de parole, les contacts entre articu<strong>la</strong>teurs qui modifient les formes <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it<br />

vocal et enfin <strong>la</strong> sortie acoustique. A chaque niveau, <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s plus ou moins<br />

complètes sont observées de manière systématique par tous les auteurs. Nous avons vu<br />

qu’il n’est pas nécessaire d’avoir <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s complètes absolues, ou parfaites.<br />

Elles doivent cependant être suffisantes pour maintenir l’intégrité <strong>du</strong> signal acoustique<br />

d’autant plus que <strong>la</strong> perception catégorielle <strong>des</strong> sons prend en compte <strong>la</strong> variabilité<br />

acoustique. Ces étu<strong>des</strong> confortent le fait que le but <strong>du</strong> système de parole est de pro<strong>du</strong>ire<br />

un message le plus stable possible afin de rester <strong>dans</strong> une fenêtre acoustique ré<strong>du</strong>ite.<br />

Nous avons vu aussi que les informations sensori-motrices à court terme jouent un rôle<br />

mais le feedback auditif n’est pas essentiel pour achever une <strong>compensation</strong> à succès en<br />

temps réel. D’un point de vue physiologique, il est légitime d’envisager que les<br />

articu<strong>la</strong>tions <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s présupposent le besoin d’une information intacte<br />

provenant <strong>des</strong> sens tactiles comme le préconisent Kelso et al. (1986). Alors que<br />

McFar<strong>la</strong>nd et Baum (1995) estiment que les <strong>compensation</strong>s nécessitent plutôt de <strong>la</strong><br />

pratique pour être réalisées de <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus complète possible.<br />

En résumé, les <strong>compensation</strong>s en réponse aux perturbations (aussi bien dynamique que<br />

statique) sont instantanées et rapi<strong>des</strong>, même si elles peuvent être incomplètes. Du fait<br />

qu’elles sont fonctionnelles et effectives, le but de l’acte moteur est réalisé. Les<br />

réponses ne sont pas stéréotypées mais façonnées par les besoins de l’acte. Nous avons<br />

remarqué aussi que ces <strong>compensation</strong>s sont sélectives, elles s’opèreraient plus<br />

pleinement aux points de constriction maximale <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal.<br />

70


3.2 Le complexe <strong>la</strong>ngue / mâchoire<br />

PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

Nous venons de voir que nombre d’étude se sont penchées sur <strong>la</strong> problématique de<br />

l’interaction entre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>la</strong> mâchoire par l’étude <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

avec <strong>des</strong> bite blocks. Ces deux articu<strong>la</strong>teurs sont reliés mécaniquement et de façon<br />

fonctionnelle et oeuvrent ensemble pour pro<strong>du</strong>ire une constriction <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal.<br />

Afin de souligner l’importance de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion fonctionnelle existant entre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>la</strong><br />

mâchoire, nous nous attarderons sur les mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et le rôle phonétique<br />

de <strong>la</strong> mâchoire <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Nous tentons ainsi de légitimer notre<br />

choix de travailler sur les mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue quand <strong>la</strong> mâchoire est bloquée.<br />

3.2.1 La <strong>la</strong>ngue et ses mouvements<br />

La <strong>la</strong>ngue est sans aucun doute le plus important et le plus actif <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs supraglottiques.<br />

Elle œuvre pour modifier les formes <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal et ainsi les résonances<br />

caractéristiques de <strong>la</strong> cavité orale et <strong>du</strong> pharynx. Elle agit pour couper ou canaliser le<br />

courant d’air en contactant ou en avoisinant les dents, les alvéoles, le pa<strong>la</strong>is, le voile <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is ou le pharynx.<br />

Il existe un découpage fonctionnel de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue en plusieurs sections. La pointe de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue <strong>la</strong> plus proche <strong>des</strong> dents de devant est l’apex. La distinction entre les<br />

articu<strong>la</strong>tions de l’apex et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue vient de Ladefoged (1971): un<br />

paramètre qu’il appelle apicalité. Ensuite de l’avant vers l’arrière de <strong>la</strong> cavité buccale,<br />

se trouvent <strong>la</strong> <strong>la</strong>me (sous les alvéoles), le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (sous le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r) et <strong>la</strong><br />

racine en vis-à-vis avec le pharynx.<br />

Comme nous le voyons sur <strong>la</strong> figure 3.1, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est accrochée <strong>dans</strong> sa partie<br />

pharyngale à l’os hyoïde et au styloïde. Notons que <strong>la</strong> racine étant attachée à <strong>la</strong> structure<br />

squelettique, elle est forcément moins mobile que <strong>la</strong> partie antérieure, <strong>la</strong> <strong>la</strong>me et l’apex.<br />

Il est important de souligner que ses mouvements sont <strong>du</strong>s aussi aux rotations de <strong>la</strong><br />

mâchoire car elle est attachée à <strong>la</strong> surface interne de <strong>la</strong> mandibule. Elle peut donc<br />

bouger avec <strong>la</strong> mandibule ou <strong>dans</strong> <strong>des</strong> directions opposées en même temps car les côtés<br />

et <strong>la</strong> pointe peuvent bouger indépendamment de sa masse principale. Elle a un grand<br />

nombre de degrés de liberté <strong>du</strong> fait qu’elle est considérée comme ayant plusieurs<br />

sections.<br />

71


La <strong>la</strong>ngue est capable d’effectuer différentes configurations très rapidement car elle est<br />

grandement innervée. Ses mouvements sont <strong>du</strong>s à l’activité <strong>des</strong> muscles extrinsèques,<br />

qui <strong>la</strong> raccrochent aux autres structures adjacentes <strong>du</strong> squelette (<strong>la</strong> mandibule, l’os<br />

hyoïde, le styloïde) et intrinsèques, qui sont entièrement à l’intérieur.<br />

Figure n° 3.1 : Les muscles de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, d’après Zemlin, 1981<br />

Les muscles intrinsèques sont les suivants.<br />

Le muscle longitudinal supérieur (superior lingualis) agit pour relever l’apex.<br />

Le muscle longitudinal inférieur (inferior lingualis) agit lors <strong>du</strong> relâchement <strong>des</strong><br />

consonnes alvéo<strong>la</strong>ires.<br />

Le muscle transversal (transverse lingualis) aide à former le sillon <strong>des</strong> fricatives.<br />

Le muscle vertical (vertical lingualis) ap<strong>la</strong>nit <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Les muscles extrinsèques sont les suivants.<br />

Le génioglosse agit pour presser <strong>la</strong> pointe de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue contre les dents ou les<br />

alvéoles ou <strong>la</strong> rétracter. IL tire <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue vers le bas.<br />

Le styloglosse tire <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue vers le haut et vers l’arrière, antagoniste <strong>du</strong><br />

génioglosse.<br />

Le pa<strong>la</strong>toglosse remonte l’arrière de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Le hyoglosse élève l’os hyoïde<br />

Chaque modification de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est le fruit d’une combinaison de contractions de<br />

muscles complémentaires. Un ou deux muscles principaux assurent les modifications<br />

72


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

<strong>des</strong> mouvements et en même temps, les autres muscles coopèrent pour stabiliser <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue, à <strong>la</strong> fois <strong>dans</strong> son mouvement et au sein <strong>des</strong> structures adjacentes.<br />

Hardcastle (1976) recense sept paramètres qui pourraient expliquer l’ensemble <strong>des</strong><br />

positions de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> phonation.<br />

Le mouvement horizontal <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (arrière-bas / avant-haut)<br />

correspondant à un mouvement /a/-/i/, est exécuté par <strong>la</strong> partie postérieure <strong>du</strong><br />

génioglosse.<br />

Le mouvement vertical <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue propre aux voyelles centrales et<br />

aux consonnes pa<strong>la</strong>tales, est exécuté par le styloglosse et le pa<strong>la</strong>toglosse en synergie<br />

avec les muscles inférieurs longitudinaux.<br />

Le mouvement horizontal d’avant en arrière de l’apex et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me est réalisé<br />

par l’activité <strong>des</strong> fibres transversales et postérieures <strong>du</strong> génioglosse (ce mouvement peut<br />

aussi effectuer les articu<strong>la</strong>tions rétroflexes).<br />

Le mouvement vertical de l’apex et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me qu permet le contact, partiel ou<br />

total, avec les alvéoles et les incisives supérieures, est activé par le muscle supérieur<br />

longitudinal ([s], [t], [d] ou [l]). Le mouvement d’avancée/rétraction de l’apex permet <strong>la</strong><br />

distinction avant /arrière comme pour différencier /s/ et /S/ par rexemple.<br />

La configuration convexe /concave <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sur le p<strong>la</strong>n transversal<br />

est réalisée par les muscles styloglosse, pa<strong>la</strong>toglosse et transversal.<br />

La configuration <strong>du</strong> sillon central par l’activité <strong>du</strong> transversal et <strong>du</strong> vertical, <strong>du</strong><br />

styloglosse et <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>toglosse.<br />

L’étirement/ap<strong>la</strong>nissement <strong>du</strong> dos <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue qui lui permet de se ramasser en<br />

boule vers l'arrière, comme pour le son /u/ ou de se détendre pour le son /a/, est activé<br />

par le muscle transversal et le hyoglosse.<br />

3.2.2 Le rôle phonétique de <strong>la</strong> mâchoire<br />

Avant <strong>la</strong> seconde moitié de notre siècle, le manque de moyens techniques n’a pas<br />

permis de souligner le rôle <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> important de <strong>la</strong> mâchoire. Dans <strong>la</strong> mesure où<br />

l’immobilité de <strong>la</strong> mâchoire n’entravait pas <strong>la</strong> communication, comme chez les fumeurs<br />

de pipe notamment, son rôle était considéré comme secondaire. Rares ont été les étu<strong>des</strong><br />

re<strong>la</strong>tives à ses dép<strong>la</strong>cements <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> sons de parole. Cependant,<br />

Rousselot (1901), met en évidence le quasi-parallélisme entre l’ouverture buccale et<br />

73


l’aperture vocalique et établit l’existence d’une re<strong>la</strong>tion entre l’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire<br />

consonantique et le lieu d’articu<strong>la</strong>tion buccale. Puis, Straka (1963) dé<strong>du</strong>it de documents<br />

cinématographiques ses affirmations sur l’opposition <strong>des</strong> voyelles et <strong>des</strong> consonnes :<br />

l’amplitude <strong>des</strong> dép<strong>la</strong>cements de <strong>la</strong> mâchoire dépend <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion pour les<br />

consonnes et <strong>du</strong> degré d’aperture pour les voyelles. Depuis, <strong>la</strong> mâchoire est considérée<br />

comme un articu<strong>la</strong>teur non négligeable participant à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Elle<br />

permet aussi <strong>la</strong> distinction entre <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> voyelles et <strong>des</strong> consonnes. De<br />

nombreux modèles de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> ont alors inclus cet articu<strong>la</strong>teur <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de<br />

<strong>la</strong> parole (Bognar 1983).<br />

Durant l’acte de parole, <strong>la</strong> mâchoire modifie les résonances caractéristiques <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it<br />

vocal. Son dép<strong>la</strong>cement antéro-postérieur est de 2 à 3 mm et son dép<strong>la</strong>cement vertical<br />

est de 7 à 18 mm. Son ouverture maximale peut cependant dépasser 50mm. Sa rapidité<br />

de dép<strong>la</strong>cement est aussi surprenante, car c’est une structure massive et parmi tous les<br />

articu<strong>la</strong>teurs seul l’apex, est capable de mouvements plus rapi<strong>des</strong>.<br />

La mâchoire est un articu<strong>la</strong>teur rigide et porteur <strong>des</strong> dents, de <strong>la</strong> lèvre inférieure et de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue. Son mouvement d’avancée/rétraction est un paramètre essentiel, par exemple<br />

pour pro<strong>du</strong>ire les consonnes <strong>la</strong>bio-dentales pour lesquelles <strong>la</strong> lèvre inférieure vient en<br />

contact avec les incisives supérieures. Son mouvement de rotation (ouverture/fermeture)<br />

entraîne un mouvement de bascule de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

La mâchoire est un articu<strong>la</strong>teur rythmique. On sait que les suites de syl<strong>la</strong>bes répétées<br />

sont pro<strong>du</strong>ites par une alternance rythmique d’ouverture et de fermeture de <strong>la</strong> bouche,<br />

accompagnée de phonation. Pendant <strong>la</strong> phonation, un con<strong>du</strong>it vocal re<strong>la</strong>tivement ouvert<br />

caractérise <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> voyelles, tandis qu’un con<strong>du</strong>it vocal re<strong>la</strong>tivement fermé est<br />

plus typique de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> sons consonantiques. Pour MacNei<strong>la</strong>ge et Davis<br />

(1990) ce cycle d’oscil<strong>la</strong>tions de <strong>la</strong> mâchoire fournit <strong>la</strong> base <strong>du</strong> babil<strong>la</strong>ge et rend compte<br />

de <strong>la</strong> forme de ses <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s. Ainsi s’expliqueraient les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s de type /bababa/,<br />

/dadada/ ou /mamama/ <strong>du</strong> début <strong>du</strong> babil<strong>la</strong>ge par le mouvement re<strong>la</strong>tivement simple<br />

d’une succession d’ouvertures et de fermetures de <strong>la</strong> mâchoire. L’oscil<strong>la</strong>tion<br />

mandibu<strong>la</strong>ire fournirait le cadre <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> dont le contenu serait ensuite donné par les<br />

mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Le babil<strong>la</strong>ge, avec <strong>des</strong> syl<strong>la</strong>bes répétées, refléterait <strong>la</strong><br />

formation de ces cadres <strong>dans</strong> lesquels les différents segments phonétiques seront insérés<br />

au fur et à mesure qu’ils deviendront accessibles à l’enfant.<br />

74


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

3.2.2.1 La mâchoire et <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> voyelles.<br />

Nous précisons que cette partie concernant les voyelles se veut non exhaustive. Elle a<br />

pour but d’argumenter en faveur <strong>du</strong> rôle important de <strong>la</strong> mâchoire qui conditionne<br />

l’aperture vocalique. Il est noté l’existence d’un parallélisme entre les catégories<br />

fermées, mi-fermées, mi-ouvertes et ouvertes qui définissent les voyelles cardinales et<br />

l’écartement croissant de <strong>la</strong> mâchoire. L’observation <strong>des</strong> résultats de nombreuses étu<strong>des</strong><br />

a permis de mettre en évidence <strong>la</strong> rareté <strong>des</strong> fluctuations entre les catégories linguales et<br />

l’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire. Cependant à l’intérieur de ces catégories aucun phénomène<br />

général ne se <strong>des</strong>sine, si ce n’est <strong>la</strong> plus grande fermeture de /u/ par rapport à /i/. Les<br />

mouvements verticaux favorisent les mouvements linguaux, malgré leur incapacité à<br />

tra<strong>du</strong>ire toutes les oppositions vocaliques. Ladefoged et al. (1972) observent que <strong>la</strong><br />

plupart de leurs locuteurs n’utilisent pas <strong>la</strong> mâchoire comme mécanisme primaire de<br />

distinction de <strong>la</strong> hauteur vocalique. Nous allons maintenant orienter notre attention sur<br />

le rôle de <strong>la</strong> mâchoire <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes, notamment <strong>des</strong> <strong>occlusives</strong>,<br />

objets directs de notre étude.<br />

3.2.2.2 La mâchoire et <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes<br />

Nous présentons ci-<strong>des</strong>sous en figure 3.2 un tableau de comparaison <strong>des</strong> positions de<br />

certaines consonnes par rapport à l’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire.<br />

75


Simon<br />

1967<br />

Français Breton<br />

Zerling<br />

1979<br />

76<br />

Bothorel<br />

1978<br />

z<br />

Z<br />

p S<br />

f s<br />

t d t<br />

z d<br />

v<br />

s<br />

S<br />

Z<br />

d<br />

j j<br />

¯ b<br />

b ¯<br />

m m<br />

k g k<br />

n g<br />

l l<br />

R R<br />

n<br />

b f<br />

Figure n°3.2 : Tableau comparatif de l’amplitude d’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire <strong>des</strong> consonnes<br />

françaises. De haut en bas, <strong>des</strong> plus ouvertes aux plus fermées. (d’après Bognar 1983).<br />

Malgré l’hétérogénéité <strong>des</strong> consonnes présentées, ces étu<strong>des</strong> montrent que<br />

l’augmentation de l’écartement inter-maxil<strong>la</strong>ire est fonction <strong>du</strong> recul progressif <strong>du</strong> lieu<br />

v


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

d’articu<strong>la</strong>tion (en dehors de certaines exceptions : /t/ plus ouvert que le /s/ et /S/ chez<br />

Bothorel (1978) pour le breton. En français, les consonnes les plus antérieures comme<br />

les bi<strong>la</strong>biales, les <strong>la</strong>biodentales et les dento-alvéo<strong>la</strong>ires nécessitent une petite ouverture<br />

mandibu<strong>la</strong>ire. La plupart <strong>des</strong> auteurs notent que le /p/ est réalisé avec une grande<br />

ouverture mandibu<strong>la</strong>ire qui se tra<strong>du</strong>it par le fait que cette consonne est <strong>la</strong> plus ouverte<br />

<strong>des</strong> <strong>occlusives</strong> (Abbs et al. 1971 et Gay 1974). Bothorel (1978) effectue une étude à<br />

propos de <strong>la</strong> dispersion re<strong>la</strong>tive aux consonnes et aux voyelles <strong>du</strong> parler breton d’Argol.<br />

Il met en évidence que les consonnes réalisées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie antérieure de <strong>la</strong> cavité<br />

buccale sont extrêmement stables, que <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> autres consonnes et voyelles<br />

fermées et mi-fermées sont moyennement stables et que les voyelles ouvertes et nasales<br />

et les consonnes bruitées, comme /f/, par exemple sont particulièrement instables. On<br />

peut dé<strong>du</strong>ire que le maxil<strong>la</strong>ire joue un rôle important <strong>dans</strong> leur réalisation puisqu’il se<br />

révèle moins sensible aux articu<strong>la</strong>tions environnantes.<br />

Lindblom et Sunberg (1971) aussi se sont particulièrement intéressés au rôle de <strong>la</strong><br />

mâchoire pour <strong>la</strong> détermination <strong>des</strong> formes <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal et surtout pour <strong>la</strong><br />

spécification vocalique. Les travaux de Perkell (1969) et Tuller et al. (1979) confirment<br />

aussi le fait que les consonnes alvéo<strong>la</strong>ires soient plus hautes que les <strong>la</strong>biales, les<br />

<strong>la</strong>biodentales et les pa<strong>la</strong>tales. Le /t/ est <strong>la</strong> consonne <strong>la</strong> plus robuste face aux effets<br />

contextuels, /p/ et /k/ varient en fonction <strong>du</strong> contexte vocalique, mais /f/ et /t/ non.<br />

L’étude de Keating et al. (1994) concerne l’observation de l’élévation de <strong>la</strong> mâchoire (à<br />

l’aide <strong>du</strong> movetrack) lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes de l’ang<strong>la</strong>is et <strong>du</strong> suédois. Ces<br />

auteurs montrent que <strong>la</strong> hauteur de <strong>la</strong> mâchoire varie en fonction de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue étudiée :<br />

les consonnes <strong>du</strong> suédois sont légèrement plus ouvertes que celles de l’ang<strong>la</strong>is. La<br />

hauteur de <strong>la</strong> mâchoire est aussi fonction <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne. Dans les<br />

deux <strong>la</strong>ngues, les alvéo<strong>la</strong>ires obstruentes /s/, /t/, /d/ et <strong>la</strong> <strong>la</strong>biodentale /f/ sont réalisées<br />

avec une position de <strong>la</strong> mâchoire plus haute que les autres consonnes. Le lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion joue un rôle important <strong>dans</strong> le positionnement de <strong>la</strong> mâchoire. Ces auteurs<br />

soulignent aussi l’effet <strong>du</strong> contexte vocalique sur <strong>la</strong> hauteur de <strong>la</strong> mâchoire. La voyelle<br />

/i/ fermée a une plus forte influence sur <strong>la</strong> hauteur de <strong>la</strong> mâchoire lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

d’une consonne que les autres voyelles. Cependant il est paradoxal de constater que les<br />

consonnes pro<strong>du</strong>ites avec une position haute de <strong>la</strong> mâchoire sont encore plus hautes au<br />

voisinage de <strong>la</strong> voyelle basse /a/ qu’au voisinage de <strong>la</strong> voyelle haute /i/. Keating et al.<br />

(1994) relient ce phénomène à <strong>la</strong> vélocité nécessaire à <strong>la</strong> mâchoire pour effectuer un<br />

77


trajet d’une position basse à une position haute. La vitesse d’exécution pousserait <strong>la</strong><br />

mâchoire à dépasser <strong>la</strong> hauteur initiale nécessaire à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’un /t/ ou d’un /s/. On<br />

se trouve alors face à un phénomène d’overshoot, effet direct d’une forte coarticu<strong>la</strong>tion.<br />

La question <strong>du</strong> lien entre les consonnes sour<strong>des</strong> et sonores et l’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire<br />

peut être aussi évoquée. Fujimura et Miller (1979) ont montré que pour les couples<br />

d’<strong>occlusives</strong> sour<strong>des</strong>/sonores, les sour<strong>des</strong>, étant plus ten<strong>du</strong>es, par <strong>des</strong> contraintes<br />

aérodynamiques plus importantes, sont réalisées avec une fermeture mandibu<strong>la</strong>ire plus<br />

nette. Cette tendance est appuyée par les données de Simon (1967) et de Perkell (1969).<br />

Concernant les dép<strong>la</strong>cements antéro-postérieurs de <strong>la</strong> mandibule nous avons<br />

connaissance de l’étude <strong>des</strong> voyelles anglo-américaines de Kaneko (1957). Cette étude<br />

porte l’idée que l’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire reflète l’aperture linguale. Les voyelles<br />

postérieures <strong>la</strong>bialisées [u :], [u], [o :], et [o] sont réalisées avec une protraction<br />

mandibu<strong>la</strong>ire d’autant plus prononcée que <strong>la</strong> voyelles est fermée. Les réalisations<br />

antérieures non <strong>la</strong>bialisées [i :], [I], [e] et [a] sont pro<strong>du</strong>ites avec une rétraction de <strong>la</strong><br />

mâchoire et les voyelles centrales comme [´] sont pro<strong>du</strong>ites avec une position neutre de<br />

<strong>la</strong> mandibule.<br />

3.3 Conclusion sur les <strong>compensation</strong>s inter-<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

Les étu<strong>des</strong> avec <strong>des</strong> protocoles expérimentaux différents s’accordent à conclure que<br />

l’aptitude à compenser dépend de nombreux facteurs : <strong>des</strong> caractéristiques<br />

physiologiques propres à chacun, de l’apprentissage <strong>des</strong> modèles internes, mais aussi de<br />

<strong>la</strong> facilité avec <strong>la</strong>quelle chaque personne a accès à sa propre base de données, de<br />

variabilité intra-indivi<strong>du</strong>elle et surtout inter-indivi<strong>du</strong>elle.<br />

D’autre part, nombreuses étu<strong>des</strong> sur <strong>la</strong> parole perturbée montrent l’existence d’une forte<br />

cohésion gestuelle. L’intégrité d’un acte moteur est maintenue quand une partie <strong>du</strong><br />

système est mécaniquement perturbé, ce qui illustre parfaitement l’existence de<br />

structures coordinatives comme par exemple <strong>la</strong> mâchoire et ses articu<strong>la</strong>teurs portés<br />

(<strong>la</strong>ngue, lèvres). Depuis l’achèvement <strong>des</strong> nombreuses étu<strong>des</strong> sur les liens entre <strong>la</strong><br />

physiologie et <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> sons, <strong>la</strong> mâchoire est considérée comme étant un<br />

articu<strong>la</strong>teur non négligeable <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. L’amplitude de ses<br />

dép<strong>la</strong>cements dépend <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion pour les consonnes et <strong>du</strong> degré d’aperture<br />

78


PREMIERE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES<br />

CHAPITRE 3 : Compensations et complexe <strong>la</strong>ngue/mâchoire.<br />

pour les voyelles. De nombreuses étu<strong>des</strong> s’accordent à mettre en avant l’existence d’un<br />

fort lien fonctionnel entre les deux articu<strong>la</strong>teurs <strong>la</strong>ngue et mâchoire. Outre le fait que <strong>la</strong><br />

mâchoire soit un articu<strong>la</strong>teur rythmique et porteur, <strong>la</strong> commande de ses mouvements est<br />

tra<strong>du</strong>ite par une activité muscu<strong>la</strong>ire contrôlée, au même titre que d’autres articu<strong>la</strong>teurs<br />

spécifiques à <strong>la</strong> parole. Cependant nous savons, sur <strong>la</strong> base de nombreuses étu<strong>des</strong> sur les<br />

bite-blocks <strong>dans</strong> les années 1970-1980, que sa contribution n’est pas toujours nécessaire<br />

puisque même quand son activité est ré<strong>du</strong>ite ou bloquée, <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, <strong>la</strong> perception et<br />

<strong>la</strong> reconnaissance <strong>des</strong> sons de paroles peuvent être préservées.<br />

L’ensemble <strong>des</strong> travaux et considérations à propos <strong>des</strong> coordinations inter-<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

et <strong>du</strong> lien fonctionnel existant entre <strong>la</strong> mâchoire et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ont contribué aussi à<br />

affirmer notre choix d'étude : rechercher <strong>des</strong> effets de <strong>compensation</strong> <strong>dans</strong> l’activité<br />

linguale quand <strong>la</strong> mâchoire est inactivée.<br />

79


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 4 : Problématique.<br />

DEUXIEME PARTIE<br />

Problématique et méthode expérimentale<br />

______________________________________________________________________<br />

CHAPITRE 4<br />

Problématique<br />

Dans les parties précédentes, nous avons vu qu’en parole, évoquer <strong>des</strong> théories traitant<br />

d’articu<strong>la</strong>tion, de coarticu<strong>la</strong>tion, de cibles demande nécessairement que l’on évoque les<br />

théories sur le contrôle moteur. On considère l’acte de parole comme étant un acte<br />

moteur nécessitant toutes les particu<strong>la</strong>rités <strong>du</strong> système moteur. Nous avons résumé les<br />

problèmes relevés par les étu<strong>des</strong> avec perturbations : les différences entre les<br />

articu<strong>la</strong>tions normales et compensatoires ne dépendraient pas de différentes stratégies<br />

d’encodage. Or, les deux comportements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s réc<strong>la</strong>ment <strong>des</strong> réponses<br />

muscu<strong>la</strong>ires différentes et variables en fonction <strong>du</strong> contexte imposé et ont pour but le<br />

même résultat en terme de cible acoustique. Cette faculté d’adaptation est possible grâce<br />

à une importante composante de flexibilité <strong>du</strong> système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>.<br />

L’observation <strong>des</strong> phénomènes de <strong>compensation</strong> en tant qu’effets directs de <strong>la</strong><br />

variabilité en parole est certes reconnue, mais nous ne tenons que peu de résultats<br />

quantitatifs et encore moins de résultats concernant <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. Il existe peu<br />

d’étu<strong>des</strong> sur les consonnes alors que leur traitement par le système nerveux central<br />

semble plus complexe que le traitement <strong>des</strong> voyelles, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où les<br />

mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs supra-glottiques sont plus complexes. Les consonnes<br />

<strong>occlusives</strong> notamment sont réalisées en plusieurs phases <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, chacune étant<br />

caractérisée par <strong>des</strong> configurations différentes <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs.<br />

81


Nous nous attachons à observer en détail comment <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue compense l’immobilisation<br />

de <strong>la</strong> mâchoire (par <strong>des</strong> bite-blocks). Il est nécessaire de chercher à savoir si les<br />

nombreuses contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> peuvent mo<strong>du</strong>ler l’effet de cette perturbation.<br />

Nous proposons une observation <strong>des</strong> réajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s (<strong>compensation</strong>s) de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue par le biais d’une double analyse, spatiale et temporelle, de ses mouvements.<br />

Grâce à <strong>la</strong> technique d’électropa<strong>la</strong>tographie, nous parvenons à examiner l’évolution<br />

spatio-temporelle <strong>des</strong> mouvements linguaux <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes<br />

<strong>occlusives</strong> en français, plus précisément lors de l’établissement et <strong>du</strong> relâchement de <strong>la</strong><br />

constriction ainsi que pendant <strong>la</strong> constriction.<br />

Dans un premier temps, nous présentons explicitement pourquoi nous avons choisi les<br />

<strong>occlusives</strong> linguales comme objet d’investigation, d’après leur <strong>des</strong>cription et <strong>la</strong><br />

coarticu<strong>la</strong>tion avec les segments suivants. Dans un second temps, nous présentons <strong>dans</strong><br />

cette problématique les hypothèses et questions qui ont motivé ce travail.<br />

4.1 Les consonnes observées : les <strong>occlusives</strong> linguales /t/ et /d/.<br />

Les consonnes observées <strong>dans</strong> cette étude sont les <strong>occlusives</strong> linguales /t/ et /d/. Afin de<br />

justifier notre choix, nous proposons une présentation de leurs caractéristiques<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s.<br />

4.1.1 La formation d’une occlusive linguale<br />

On pro<strong>du</strong>it les consonnes, voyelles, et approximantes lorsque le passage de l'air venant<br />

<strong>des</strong> poumons est partiellement ou totalement fermé. Il existe deux grands types<br />

d'articu<strong>la</strong>tions consonantiques orales :<br />

Soit le passage de l’air se rétrécit mais n'est pas interrompu, on parle <strong>dans</strong> ce cas<br />

de consonnes continues, dont les fricatives sont les plus représentatives, qu’elles soient<br />

voisées ou non voisées. Un rétrécissement en un point précis <strong>du</strong> canal buccal permet<br />

l’apparition <strong>du</strong> bruit de friction lors <strong>du</strong> passage de l’air, ce qui donne naissance aux<br />

articu<strong>la</strong>tions consonantiques constrictives.<br />

Soit le passage de l'air est fermé donnant lieu à une obstruction totale <strong>du</strong> flux<br />

d’air buccal, on a alors affaire à <strong>des</strong> consonnes <strong>occlusives</strong>.<br />

82


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 4 : Problématique.<br />

La réalisation d’une consonne occlusive se fait en trois étapes : attaque, tenue et<br />

relâchement. Ces trois phases d’articu<strong>la</strong>tion seront étudiées en détail.<br />

-L’attaque correspond au moment où les organes entrent en contact et<br />

rétrécissent ou ferment le con<strong>du</strong>it. C’est <strong>la</strong> phase de mise en position <strong>des</strong> organes qui<br />

passent, sous l’effet d’une contraction muscu<strong>la</strong>ire, d’un état indifférent ou de <strong>la</strong> position<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> précédente, à <strong>la</strong> phase centrale <strong>du</strong> son à réaliser.<br />

-La tenue est <strong>la</strong> phase centrale, celle de <strong>la</strong> position <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> caractéristique<br />

<strong>du</strong> son <strong>du</strong>rant <strong>la</strong>quelle les organes restent en position au point culminant de<br />

l’articu<strong>la</strong>tion. L’air accumulé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> bouche gagne en pression. Simon (1967) donne<br />

une définition plus formelle de <strong>la</strong> tenue. Pendant <strong>la</strong> tenue les articu<strong>la</strong>teurs ne sont pas<br />

« à l’arrêt », <strong>la</strong> quantité de l’occlusion peut varier à l’intérieur de <strong>la</strong> tenue. Pour une<br />

consonne occlusive, on y trouve le maximum de contacts et l’occlusion complète. On<br />

peut assister à un dép<strong>la</strong>cement <strong>du</strong> contact occlusif sans rupture de l’occlusion qui<br />

dépend de l’articu<strong>la</strong>tion précédente antérieure ou postérieure. Pour Simon (1967), <strong>la</strong><br />

tenue d’une consonne peut être dégradée mais existe toujours.<br />

-Le relâchement se fait quand les articu<strong>la</strong>teurs responsables de <strong>la</strong> fermeture <strong>du</strong><br />

con<strong>du</strong>it se séparent, abandonnant <strong>la</strong> position typique et passent soit à l’état initial, soit à<br />

l’articu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> son qui suit. L’air sous pression emmagasiné pendant une fraction de<br />

seconde <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal est relâché brusquement donnant lieu à une explosion.<br />

Souvent cette explosion est accompagnée d’un bruit de friction qui fait partie de <strong>la</strong><br />

consonne occlusive.<br />

Il est à noter que <strong>la</strong> phase essentielle est <strong>la</strong> tenue, les deux autres sont <strong>des</strong> phases de<br />

« passage » (Simon 1967). La <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue consonantique n’est jamais inférieure à<br />

<strong>la</strong> moitié de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée totale de <strong>la</strong> consonne.<br />

Les <strong>occlusives</strong> alvéo<strong>la</strong>ires /t/ et /d/ sont caractérisées par une mise en contact de l’apex<br />

ou de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue avec <strong>la</strong> face interne <strong>des</strong> dents ou le bourrelet formé par les<br />

alvéoles. Pour pro<strong>du</strong>ire une occlusion, il est nécessaire de manipuler le corps de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue en accord avec les mouvements de <strong>la</strong> mâchoire (Stevens 1998). Par exemple, si<br />

on veut pro<strong>du</strong>ire une occlusion de l’apex contre les alvéoles, le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est<br />

plutôt <strong>dans</strong> une position avancée et <strong>la</strong> mandibule est relevée. Cette articu<strong>la</strong>tion est<br />

propre aux <strong>occlusives</strong> alvéo<strong>la</strong>ires que nous étudions.<br />

83


4.1.2 Occlusive linguale et segments adjacents<br />

Bien sûr, le lieu d’articu<strong>la</strong>tion d’une consonne linguale dépend aussi <strong>des</strong> segments<br />

adjacents. Nous proposons une rapide présentation de <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion linguale à partir<br />

d’un article de Recasens (1999) afin d’illustrer le fait que nous avons choisi deux<br />

contextes vocaliques, ouvert avec /a/ et fermé avec /i/ pour observer nos consonnes<br />

alvéo<strong>la</strong>ires. Nous nous demandons si les variations observées avec les perturbations<br />

sont aussi <strong>du</strong>es à <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle adjacente.<br />

Concernant <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion entre consonne et voyelle, le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de<br />

l’occlusion <strong>du</strong> [t] est plus avancé lorsque le dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est abaissé sous l’effet de<br />

l’articu<strong>la</strong>tion d’une voyelle ouverte adjacente [a]. Lorsque <strong>la</strong> voyelle adjacente est<br />

fermée, comme un [i] par exemple, l’occlusion est plus reculée et est réalisée par <strong>la</strong><br />

partie <strong>la</strong>minale de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue rétractée, le dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est plus élevé. Par contre le [t]<br />

dental italien est plus résistant à ces effets de coarticu<strong>la</strong>tion, sûrement car il est articulé<br />

plus loin avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>me de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (Farnetani et al. 1989). Citons un autre exemple avec<br />

le [l] cata<strong>la</strong>n : quand le dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est relevé par <strong>la</strong> présence d’un [i], <strong>la</strong><br />

constriction est avancée et devient <strong>la</strong>mino-alvéo<strong>la</strong>ire. Quand le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est<br />

abaissée par <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’un [a], <strong>la</strong> constriction est arrière et devient vé<strong>la</strong>ire<br />

(Recasens et al. 1993a). Le degré de coarticu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> consonnes dento-alvéo<strong>la</strong>ires est<br />

tra<strong>du</strong>it par le coup<strong>la</strong>ge entre l’apex et le dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Soulignons que <strong>la</strong> variabilité <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> <strong>des</strong> consonnes dento-alvéo<strong>la</strong>ires est moins<br />

grande que pour les <strong>la</strong>biales et <strong>la</strong>bio-dentales. Durant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> dentoalvéo<strong>la</strong>ires,<br />

<strong>la</strong> hauteur <strong>du</strong> dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> contact dorso-pa<strong>la</strong>tal<br />

changent habituellement en fonction de <strong>la</strong> voyelle d’après <strong>la</strong> progression suivante : [i]<br />

>[u]>[a]. Ce<strong>la</strong> a été étudié comme étant le cas chez plusieurs auteurs et <strong>dans</strong> plusieurs<br />

<strong>la</strong>ngues.<br />

Le voisement est aussi une autre contrainte dont dépendent les effets de <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion<br />

linguale. En effet le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est plus sensible aux effets contextuels pour les<br />

consonnes voisées dento-alvéo<strong>la</strong>ires et <strong>la</strong>biales que pour les non voisées. L’aire de <strong>la</strong><br />

cavité orale est plus grande et on observe moins de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux pour les<br />

voisées que pour les non voisées (Perkell 1969, Farnetani 1990).<br />

L’anticipation consonantique est plus forte quand <strong>la</strong> voyelle est ouverte [a] car une<br />

voyelle basse facilite un effet de forte coarticu<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong> l’activité linguale. Ces effets<br />

dépendent de <strong>la</strong> distance <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> entre les deux segments phonétiques. Concernant<br />

84


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 4 : Problématique.<br />

le [t], le début de l’activité apicale apparaît plus tôt s’il précède une voyelle basse que<br />

s’il précède une voyelle haute (Gay 1977).<br />

4.2 Les questions sur les mouvements linguaux<br />

4.2.1 Le timing inter-gestuel<br />

Notre corpus est constitué de phrases porteuses <strong>des</strong> séquences CVC <strong>dans</strong> lesquelles<br />

nous étudions <strong>la</strong> consonne d’attaque. Dans un premier temps, nous examinons<br />

l’influence <strong>des</strong> bite-blocks sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> phrase. Puis nous nous demandons si les<br />

bite-blocks ont un effet sur les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> séquences CVC, sur les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> consonnes<br />

étudiées et sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> voyelles. La coordination <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s estelle<br />

modifiée par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks? Nous sommes tentée de préconiser un<br />

allongement temporel dû à <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> perturbations extérieures parce qu’il faudra<br />

plus de temps au locuteur pour s’adapter à cette nouvelle situation. A l’inverse, si nous<br />

observons une stabilité <strong>dans</strong> le timing inter-gestuel, alors nous pourrons conclure que<br />

<strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s sur le p<strong>la</strong>n temporel s’opèrent rapidement.<br />

4.2.2 Le timing intra-gestuel<br />

A l’aide de l’électropa<strong>la</strong>tographie, nous avons segmenté les consonnes en plusieurs<br />

pério<strong>des</strong> : l’établissement de <strong>la</strong> constriction, <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, <strong>la</strong> constriction<br />

maximale et le relâchement de <strong>la</strong> constriction. Nous nous demandons si le bite-block a<br />

un effet sur chacune de ces phases de <strong>la</strong> consonne. Si <strong>la</strong> présence <strong>du</strong> bite-block allonge<br />

<strong>la</strong> consonne, cet allongement est-il marqué différemment selon <strong>la</strong> phase de <strong>la</strong><br />

consonne ? La présence <strong>des</strong> bite-blocks modifie-t-elle les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> phases<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, de fermeture, de tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, de constriction maximale,<br />

d’occlusion complète, et d’ouverture ?<br />

Quelle serait alors <strong>la</strong> phase de <strong>la</strong> consonne qui ne subit que peu ou pas de changements<br />

temporels ? En supposant que <strong>la</strong> phase médiane (tenue et constriction maximale) est <strong>la</strong><br />

plus pertinente pour une bonne <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> et une bonne perception de <strong>la</strong> consonne, nous<br />

ne devrions pas observer beaucoup de changements temporels entre <strong>la</strong> parole normale et<br />

85


<strong>la</strong> parole perturbée. Autrement dit, <strong>la</strong> phase médiane résisterait mieux que les autres<br />

phases à <strong>la</strong> présence d’une perturbation.<br />

4.2.3 Les dép<strong>la</strong>cements linguaux<br />

Les mesures spatiales sont prises au moment où <strong>la</strong> constriction (<strong>la</strong>ngue pa<strong>la</strong>is) est à son<br />

maximum <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal. L’amplitude <strong>des</strong> contacts est définie <strong>dans</strong> cette étude<br />

comme étant le plus grand nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux. Nous nous demandons<br />

si <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks modifie l’amplitude <strong>des</strong> gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Nous avons<br />

vu <strong>dans</strong> le chapitre 3 que <strong>la</strong> mâchoire et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sont mécaniquement liées. Nous<br />

pensons que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, devenue moins mobile quand <strong>la</strong> mâchoire est bloquée, ne pourra<br />

pas réaliser une aussi <strong>la</strong>rge constriction qu’en parole normale. Plus l’ouverture<br />

mandibu<strong>la</strong>ire est importante, plus <strong>la</strong> constriction devrait être ré<strong>du</strong>ite et l’amplitude <strong>des</strong><br />

contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux ré<strong>du</strong>ite. Si <strong>la</strong> trajectoire de <strong>la</strong> constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale est<br />

modifiée, alors le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne est dép<strong>la</strong>cé. Nous nous demandons<br />

si les bite-blocks incitent à une postériorisation ou à une antériorisation <strong>des</strong> contacts<br />

linguo-pa<strong>la</strong>taux.<br />

Des aspects spatiaux (amplitude de contacts) et temporels (<strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture et de<br />

l’ouverture) nous avons dé<strong>du</strong>it les vitesses de fermeture et d’ouverture. La présence <strong>des</strong><br />

bite-blocks modifie-t-elle <strong>la</strong> rapidité d’exécution de l’établissement et <strong>du</strong> relâchement<br />

de <strong>la</strong> constriction ? Si avec les bite-blocks nous supposons un allongement temporel et<br />

une ré<strong>du</strong>ction de l’amplitude, alors nous pouvons dire les mouvements linguaux sont<br />

plus lents. Si nous supposons un racourcissement temporel, alors les mouvements<br />

linguaux seraient plus rapi<strong>des</strong>.<br />

4.3 A propos <strong>des</strong> contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

Les consonnes étudiées sont /d/ et /t/ suivies alternativement <strong>des</strong> voyelles /a/ et /i/. Bien<br />

que nous ayons conscience qu’il existe en parole normale déjà une éten<strong>du</strong>e de<br />

réalisations, <strong>du</strong>e en grande partie à <strong>la</strong> co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de deux ou plusieurs segments, nous<br />

cherchons à faire ressortir <strong>la</strong> variabilité <strong>dans</strong> le geste consonantique qui serait propre à<br />

<strong>la</strong> seule présence <strong>des</strong> bite-blocks. Nous nous demandons si les effets <strong>des</strong> bite-blocks<br />

dépendent de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle subséquente et <strong>du</strong> voisement de <strong>la</strong> consonne. Pour<br />

86


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 4 : Problématique.<br />

répondre à cette question nous devons isoler les effets <strong>des</strong> bite-blocks et voir s’ils sont<br />

significatifs.<br />

D’autre part, nous nous attendons à observer <strong>des</strong> différences de réaction entre nos deux<br />

locuteurs. Nous supposons que <strong>la</strong> stratégie de réponse aux perturbations sera fonction de<br />

leurs caractéristiques physiologiques propres, <strong>des</strong> contraintes phonologiques,<br />

aérodynamiques et/ou <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Mais nous espérons parvenir à isoler <strong>des</strong> réponses<br />

communes aux deux locuteurs, <strong>des</strong> régu<strong>la</strong>rités qui pourront être citées comme <strong>des</strong><br />

principes en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole afin de préserver <strong>la</strong> viabilité de l’acte linguistique<br />

malgré <strong>la</strong> perturbation.<br />

Enfin, nous cherchons <strong>des</strong> effets d’adaptation à <strong>la</strong> perturbation. Est-ce que<br />

l’apprentissage, ou le fait que <strong>la</strong> tâche soit répétée plusieurs fois, aide le locuteur à<br />

réaliser plus facilement ses réajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ? Nous avons enregistré douze<br />

répétitions de chaque séquence à étudier sur trois sessions d’enregistrement. Pour<br />

prendre conscience d’un éventuel effet d’adaptation, nous comparons les résultats de <strong>la</strong><br />

première session aux résultats de <strong>la</strong> dernière session. Ainsi, nous tentons de savoir si les<br />

réajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s repérés sont une réaction innée et spontanée <strong>du</strong> système<br />

(pas de différence significative entre <strong>la</strong> première et <strong>la</strong> dernière session) ou sont issus<br />

d’un processus de contrôle volontaire qui s’améliore avec le temps, l’apprentissage et <strong>la</strong><br />

mémoire.<br />

87


5.1 Intro<strong>du</strong>ction<br />

DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

CHAPITRE 5<br />

Méthode expérimentale<br />

Nous rappelons que nous voulons quantifier et qualifier les variations <strong>des</strong> mouvements<br />

linguaux en réponse à une perturbation extérieure : blocage de l’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire<br />

au moyen de bite-blocks. Nous effectuons une analyse spatio-temporelle <strong>des</strong><br />

mouvements linguaux à l’aide de l’électropa<strong>la</strong>tographie. Le bon déroulement d’un<br />

travail de recherche repose en grande partie sur les moyens et métho<strong>des</strong> dont nous<br />

disposons pour répondre à <strong>la</strong> problématique posée. Nous présentons donc <strong>dans</strong> ce<br />

chapitre <strong>la</strong> méthodologie choisie. Nous commençons par exposer comment nous avons<br />

constitué le corpus et comment nous avons réalisé les enregistrements<br />

l’électropa<strong>la</strong>tographiques. Ensuite nous présentons de quelle manière nous avons traité<br />

le corpus. Nous l’avons segmenté et étiqueté afin d’obtenir les mesures <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

<strong>des</strong> mouvements linguaux de chaque locuteur. Nous justifions nos choix expérimentaux<br />

et de proposons <strong>des</strong> solutions aux problèmes rencontrés.<br />

5.2 Description <strong>du</strong> corpus<br />

5.2.1 Cadre expérimental<br />

Les mouvements linguaux compensatoires <strong>des</strong> locuteurs sont appréhendés en<br />

fonction de plusieurs variables. Ces variables indépendantes font partie <strong>des</strong> contraintes<br />

de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> dont il faudra tenir compte lors de l’interprétation <strong>des</strong> résultats :<br />

-le lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> consonnes<br />

-<strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion en fonction <strong>du</strong> contexte vocalique ouvert/fermé<br />

-le voisement<br />

-<strong>la</strong> configuration <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is de chaque locuteur<br />

89


Les variables dépendantes sont les événements observés sur le p<strong>la</strong>n spatial et temporel :<br />

l’amplitude et le positionnement <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux, les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> segments<br />

consonantiques et les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> différentes phases de <strong>la</strong> consonne. Nous pouvons<br />

dé<strong>du</strong>ire de ces observations spatio-temporelles <strong>la</strong> vitesse avec <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue atteint<br />

le point de constriction et <strong>la</strong> vitesse avec <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue revient <strong>dans</strong> sa position<br />

initiale.<br />

5.2.2 Le corpus<br />

5.2.2.1 Préliminaires et limites de notre étude<br />

Seules les consonnes linguo-pa<strong>la</strong>tales, qui nécessitent <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue comme articu<strong>la</strong>teur,<br />

retiennent notre attention. Les consonnes bi<strong>la</strong>biales et <strong>la</strong>biodentales /p, b, f, v, et m/ sont<br />

ainsi exclues de l’analyse de cette thèse. Au départ de l’investigation, nous avons<br />

enregistré un <strong>la</strong>rge corpus qui contenait l’ensemble <strong>des</strong> consonnes linguales <strong>du</strong> français:<br />

les <strong>occlusives</strong> orales et nasale /n, t, d, k, g/, les fricatives /s, z, S, Z/. Nous avons tenu à<br />

travailler sur les deux gran<strong>des</strong> macro-c<strong>la</strong>sses <strong>du</strong> système consonantique français : les<br />

<strong>occlusives</strong> et les fricatives. Dans le tableau suivant, nous avons regroupé sous le terme<br />

« Avant » les consonnes qui s’articulent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région antérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is (dentale,<br />

alvéo<strong>la</strong>ire, pré-pa<strong>la</strong>tale) et sous le terme « Arrière » celles qui s’articulent <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

région postérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is.<br />

Mode d’articu<strong>la</strong>tion Lieu d’articu<strong>la</strong>tion<br />

Avant Arrière<br />

Occlusive n, t, d k, g<br />

Fricative s, z, S, Z<br />

Latérale l<br />

Figure n° 5.1: Tableau de toutes les consonnes enregistrées pour notre corpus.<br />

90


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

5.2.2.2 Constitution <strong>du</strong> corpus<br />

Afin de ré<strong>du</strong>ire certaines variables qui risqueraient de nous in<strong>du</strong>ire en erreur ou de<br />

fausser nos interprétations (débit de parole, accentuation), nous avons choisi de<br />

travailler sur un corpus contrôlé. Une étude <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, comme <strong>la</strong> nôtre, demande <strong>la</strong><br />

mise en p<strong>la</strong>ce d’un protocole expérimental particulier, notamment pour utiliser<br />

l’électropa<strong>la</strong>tographie. Nous avons donc constitué un corpus dit « de <strong>la</strong>boratoire » par<br />

opposition à <strong>des</strong> corpus oraux plus spontanés comme <strong>des</strong> entretiens guidés ou <strong>des</strong><br />

dialogues. Le corpus est constitué de séquences Consonne-Voyelle-Consonne (CVC)<br />

Chaque consonne étudiée est initiale de <strong>la</strong> séquence CVC <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> voyelle est<br />

alternativement <strong>la</strong> plus ouverte, /a/, et <strong>la</strong> plus fermée, /i/. Ces deux voyelles extrêmes <strong>du</strong><br />

système vocalique français sollicitent deux positions différentes de <strong>la</strong> mandibule. La<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> voyelle /a/ exige que <strong>la</strong> mandibule soit en position basse alors que <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’un /i/ se fait en relevant <strong>la</strong> mandibule en position haute.<br />

Ensuite, nous avons inséré ces séquences à l’intérieur de <strong>la</strong> phrase porteuse « il ne dit<br />

pas CVC encore ». La construction de phrases porteuses permet au locuteur de pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>la</strong> séquence étudiée à l’intérieur d’un schéma rythmique inchangé, sans que ces<br />

séquences ne soient isolées afin de neutraliser les effets de liste, notamment re<strong>la</strong>tifs à<br />

l’intensité et à <strong>la</strong> finalité. La syl<strong>la</strong>be cible CV est p<strong>la</strong>cée au milieu de <strong>la</strong> phrase. Nous<br />

avons affecté symétriquement <strong>la</strong> voyelle /a/ de part et d’autre de <strong>la</strong> séquence CVC pour<br />

que le contexte vocalique <strong>des</strong> séquences CVC soit ouvert (a CVC a). Le choix de cette<br />

voyelle repose sur le fait qu’elle est communément décrite comme étant <strong>la</strong> voyelle qui<br />

exerce le moins d’influence sur les segments contigus. Observée avec<br />

l’électropa<strong>la</strong>tographie, <strong>la</strong> voyelle /a/ se caractérise par une quasi-absence de contacts<br />

linguo-pa<strong>la</strong>taux, si ce n’est parfois quelques contacts <strong>la</strong>téraux postérieurs. Cette<br />

articu<strong>la</strong>tion ouverte facilite le repérage <strong>du</strong> début et de <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> constrictions linguopa<strong>la</strong>tales<br />

<strong>des</strong> segments consonantiques. Ainsi, au début et à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> séquence CVC,<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est en position basse. En résumé, notre corpus compte 20 phrases, et nous<br />

avons étudié les suivantes<br />

Il ne dit pas tit encore<br />

Il ne dit pas tat encore<br />

Il ne dit pas did encore<br />

Il ne dit pas dad encore<br />

91


Dans un second temps, nous avons procédé à une ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> corpus. Finalement nous<br />

nous sommes concentrée sur l’observation affinée <strong>des</strong> paramètres spatiaux et temporels<br />

<strong>des</strong> consonnes /t/ et /d/. Nous avons retenu les <strong>occlusives</strong> alvéo<strong>la</strong>ires orales pour<br />

plusieurs raisons. Ce sont <strong>des</strong> consonnes antérieures pour lesquelles l’analyse<br />

électropa<strong>la</strong>tographique donne une information complète. L’analyse temporelle de<br />

l’évolution d’une consonne occlusive peut se faire sur les trois phases <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

(attaque, tenue, relâchement) permettant ainsi d’estimer le timing intra-segmental. Face<br />

aux variations naturelles <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne parlée (coarticu<strong>la</strong>tion, débit, accent) les<br />

<strong>occlusives</strong> sont <strong>des</strong> consonnes très résistantes et donc moins déformées. En les<br />

choisissant, nous pensions avoir plus de chance de trouver <strong>des</strong> variations qui soient <strong>du</strong>es<br />

à <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> perturbation expérimentale.<br />

Nous avons exclu les consonnes vé<strong>la</strong>ires car avec une voyelle ouverte comme le /a/,<br />

nous ne pouvons pas distinguer <strong>la</strong> constriction au-delà de <strong>la</strong> limite <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r et en<br />

dé<strong>du</strong>ire une analyse <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> complète<br />

Nous avons analysé <strong>la</strong> consonne C1 accentuée de <strong>la</strong> séquence C1VC2. Nous justifions<br />

ce choix en faisant référence aux travaux déjà existants sur <strong>la</strong> force <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Une<br />

hypothèse serait de dire que l’accent provoque un renforcement <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> local issue<br />

d’une activité muscu<strong>la</strong>ire plus importante (Ellis et Hardcastle 1999, Fougeron 1998).<br />

Les consonnes initiales sont plus robustes à <strong>la</strong> coarticu<strong>la</strong>tion et aux changements :<br />

effacement de beaucoup de consonnes finales mais préservation <strong>des</strong> consonnes initiales.<br />

Straka (1963) rend compte que <strong>la</strong> parole en tant qu’acte biologique est caractérisée par<br />

<strong>la</strong> mo<strong>du</strong><strong>la</strong>tion de l’activité muscu<strong>la</strong>ire et énergétique accrue en fonction <strong>des</strong> impératifs<br />

linguistiques tels l’accent, ou extralinguistiques tels une prononciation très marquée. Ce<br />

processus de renforcement par <strong>la</strong> force <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> rend compte <strong>des</strong> phénomènes de<br />

variations phonétiques et phonologiques.<br />

5.2.2.3 Les locuteurs<br />

Le plus gros écueil rencontré en ce qui concerne <strong>la</strong> formation <strong>du</strong> corpus était de trouver<br />

<strong>des</strong> locuteurs qui avaient déjà leur propre pa<strong>la</strong>is artificiel. Les pa<strong>la</strong>is artificiels doivent<br />

être réalisés par mou<strong>la</strong>ge sur le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r de chaque locuteur et le coût de <strong>la</strong> réalisation<br />

est très élevé. Nous avons pu enregistrer deux jeunes hommes de 29 ans et 30 ans, de<br />

<strong>la</strong>ngue maternelle française et résidant à Aix-en-Provence pendant les enregistrements.<br />

92


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

Lors d’une étude antérieure sur les voyelles nasales <strong>du</strong> français méridional (C<strong>la</strong>iret,<br />

1997), nous recherchions <strong>des</strong> locuteurs à l’accent particulièrement marqué à opposer à<br />

<strong>des</strong> locuteurs ayant un accent plus neutre. Or, les résultats <strong>du</strong> test de validation réalisé<br />

par dix auditeurs ont donné ces deux locuteurs (YM et BL) comme n’ayant pas d’accent<br />

régional marqué. Nous soulignons que nos locuteurs n’avaient pas de problème de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> ou de perception de <strong>la</strong> parole, ni d’anomalie physiologique au moment <strong>des</strong><br />

enregistrements.<br />

5.2.2.4 Les conditions d’enregistrement<br />

C’est par l’intermédiaire de <strong>la</strong> station de travail PHYSIOLOGIA que nous avons pu<br />

recueillir nos données électropa<strong>la</strong>tographiques. Cette station de travail a été développée<br />

à l'Institut de Phonétique d'Aix-en-Provence par Bernard Teston, Benoît Galindo et<br />

A<strong>la</strong>in Ghio (Teston et al. 1990, 1999). Les enregistrements ont eu lieu à l’Hopital<br />

Pasteur d’Aix-en-Provence, où une annexe <strong>du</strong> <strong>la</strong>boratoire Parole et Langage est installée<br />

<strong>dans</strong> le service Neurologie-Réé<strong>du</strong>cation Fonctionnelle <strong>du</strong> Dr Viallet. Nous avons réalisé<br />

3 sessions d’enregistrement : une première en décembre 1999, une seconde en<br />

septembre 2000 et <strong>la</strong> dernière en janvier 2001. Les locuteurs étaient enregistrés avec un<br />

micro-casque, leur pa<strong>la</strong>is artificiel respectif et leurs bite-blocks respectifs (trois tailles<br />

de bite-blocks). Une période d’adaptation au pa<strong>la</strong>is artificiel d’environ trente minutes<br />

était prévue pour chaque locuteur. Durant cette période, nous discutions avec lui et lui<br />

faisions lire le corpus une fois en même temps que nous réalisions les rég<strong>la</strong>ges<br />

nécessaires sur l’appareil<strong>la</strong>ge de <strong>la</strong> station de travail. Nous estimions que le locuteur<br />

n’était plus gêné lorsqu’il il ne présentait plus de zézaiement ni de salivation engendrés<br />

par le port <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is artificiel <strong>dans</strong> <strong>la</strong> bouche. Les deux locuteurs avaient une certaine<br />

expérience <strong>du</strong> port <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is artificiel car ils avaient déjà fait l’objet d’autres<br />

expérimentations avec l’EPG. Par contre nous n’avons pas prévu de phase d’adaptation<br />

avec les bite-blocks. Dès que les bite-blocks étaient mis en p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> <strong>la</strong> bouche, nous<br />

demandions au locuteur de commencer à lire le corpus.<br />

La tâche demandée était <strong>la</strong> suivante. Les locuteurs devaient lire les 20 phrases, le plus<br />

naturellement possible, avec un débit normal et sans pause. Si phrase nous semb<strong>la</strong>it lue<br />

trop rapidement ou trop lentement nous pouvions <strong>la</strong> réenregistrer à notre guise afin<br />

d’essayer de contrôler le débit de parole. Dans les cas de réalisations présentant une<br />

93


hésitation, une erreur segmentale ou prosodique (intonation interrogative sur une<br />

assertion ou insertion de pause…) ou d’un problème technique pendant l’acquisition, <strong>la</strong><br />

phrase était relue et réenregistrée.<br />

Chaque phrase était lue par le locuteur <strong>dans</strong> un ordre aléatoire. Les bite-blocks étaient<br />

aussi présentés de façon aléatoire puisque le locuteur les choisissait sans les voir. Nous<br />

avons réalisé trois épaisseurs de bite-blocks. Ainsi, avec <strong>la</strong> condition de référence sans<br />

bite-block, nous avions quatre conditions expérimentales:<br />

B0 : sans bite-block, enregistrement de référence<br />

B1 : avec bite-block1 (fin)<br />

B2 : avec bite-block2 (moyen)<br />

B3 : avec bite-block3 (<strong>la</strong>rge)<br />

5.2.3 La réalisation <strong>des</strong> bite-blocks<br />

Le choix de l’épaisseur <strong>des</strong> bite-block s’est fait en référence à ceux trouvés <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

littérature. Nous rapportons ici un échantillon <strong>des</strong> différentes épaisseurs de bite-blocks<br />

que nous avons pu recenser à partir <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> antérieures. Nous avons choisi nos trois<br />

épaisseurs parmi <strong>la</strong> gamme proposée <strong>dans</strong> le tableau ci-<strong>des</strong>sous, figure 5.2, en essayant<br />

de rester le plus cohérente possible et de respecter les mêmes écarts d’épaisseur entre<br />

les bite-blocks, mais aussi en fonction <strong>des</strong> outils et possibilités techniques dont nous<br />

disposions.<br />

94


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

Etu<strong>des</strong> Epaisseur <strong>des</strong> bite-blocks<br />

Lindblom et al. 1977, 1979<br />

95<br />

2,5, 6, 21,<br />

22,5 et 25 mm<br />

Warren et al. 1980, 1984 1, 3 et 6 mm<br />

Fowler et Turvey 1980 10 et 14 mm<br />

Folkins et Zimmerman 1981 5 et 15 mm<br />

Gay et al. 1981 2,5 et 25 mm<br />

Kelso et Tuller 1983 5, 17, 23 mm<br />

Putman et al. 1986 2, 4 et 6 mm<br />

Flege et al.1988 5, 8, 9, 14mm<br />

McFar<strong>la</strong>nd et Baum 1995 10 et 22,5mm<br />

Savariaux et al. 1995 3, 5 et 8 mm<br />

McFar<strong>la</strong>nd et al. 1996 Pa<strong>la</strong>is 3 et 6mm<br />

Demolin et al. 1997 Bouteille 2 cm diamètre<br />

Horga 2002 3 et 25 mm<br />

Figure n° 5.2 : Tableau <strong>des</strong> différentes épaisseurs <strong>des</strong> bite-blocks utilisés <strong>dans</strong> les étu<strong>des</strong><br />

antérieures.<br />

La réalisation <strong>des</strong> bite-blocks a été faite manuellement avec <strong>la</strong> pâte de KERR, réservée à<br />

l’usage bucco-dentaire. Cette pâte est une résine dentale thermo-malléable qui sert<br />

habituellement à faire les empreintes dentaires et qui se présente sous forme de tablettes<br />

de 5 mm d’épaisseur. Nous l’avons faite ramollir en <strong>la</strong> trempant quelques minutes <strong>dans</strong><br />

l’eau bouil<strong>la</strong>nte. Ensuite, devenue facilement malléable, nous lui avons donné <strong>la</strong> forme<br />

voulue. Nous l’avons roulée en boudins d’environ quatre centimètres de long et l’avons<br />

calée entre les mo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur. Ensuite, le locuteur fermait <strong>la</strong> mâchoire sur <strong>des</strong><br />

mèches tenues coincées entre les incisives, sans bouger, <strong>du</strong>rant les quelques secon<strong>des</strong><br />

nécessaires au <strong>du</strong>rcissement de <strong>la</strong> pâte.<br />

Cette méthode a permis de garder les empreintes <strong>des</strong> dents sur les bite-blocks pour<br />

éviter ainsi les glissements quand le sujet par<strong>la</strong>it de façon continue. Une fois le biteblock<br />

installé, nous avons mesuré l’intervalle inter-dental <strong>des</strong> incisives à l’aide d’un<br />

pied à coulisse. Les mèches utilisées étaient de 5, 10 et 16 mm d’épaisseur pour chaque


locuteur. Cependant, les intervalles mesurés entre les incisives ont été soumis à de<br />

légères variations en fonction <strong>des</strong> dentures de nos locuteurs.<br />

Mèches Locuteur YM Locuteur BL<br />

5 mm<br />

10 mm<br />

16 mm<br />

5,5 mm<br />

10 mm<br />

17 mm<br />

96<br />

6 mm<br />

11 mm<br />

17 mm<br />

Figure n° 5.3 : Tableau <strong>des</strong> intervalles inter-incisives de nos locuteurs.<br />

Afin d’obtenir l’aspect final <strong>du</strong> bite-block il a était nécessaire de raboter et de limer<br />

finement le surplus de pâte qui retombait sur les côtés internes et externes <strong>des</strong> gencives.<br />

En effet, ce dernier ajustement permit aux locuteurs de ne pas sentir les bite-blocks avec<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Ils n’avaient donc aucun risque de se râper <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et d’entraver ses<br />

mouvements. Après plusieurs tests, nous obtenions l’aspect final <strong>des</strong> bite-blocks<br />

présentés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure ci-<strong>des</strong>sous.<br />

Figure n° 5.4 : Les trois épaisseurs de bite-blocks : de gauche à droite, <strong>des</strong> plus épais aux<br />

moins épais.


5.3 L’électropa<strong>la</strong>tographie<br />

DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

L’électropa<strong>la</strong>tographie dynamique (EPG) est une technique qui permet d’enregistrer à<br />

intervalles réguliers le contact de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sur le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r. Cette technique fournit <strong>des</strong><br />

informations spatio-temporelles sur l’articu<strong>la</strong>tion linguale <strong>des</strong> sons de <strong>la</strong> parole, <strong>dans</strong> les<br />

p<strong>la</strong>ns coronal et sagittal. C’est le seul instrument de mesure qui donne <strong>des</strong> informations<br />

spatiales et temporelles <strong>des</strong> patrons de contacts entre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et le pa<strong>la</strong>is (Stone 1997).<br />

Les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ne sont pas directement détectés mais sont inférés par les<br />

changements <strong>des</strong> configurations <strong>des</strong> patrons linguo-pa<strong>la</strong>taux.<br />

Figure n° 5.5: Un exemple d’un pa<strong>la</strong>is artificiel (modèle de Reading) moulé sur le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r,<br />

d’après Meynadier (2003).<br />

L’EPG se compose d’un pa<strong>la</strong>is artificiel fabriqué en résine acrylique d’une épaisseur<br />

d’environ un millimètre et demi à partir d’une empreinte <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is de chaque sujet. Il est<br />

moulé pour couvrir tout le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r. 62 électro<strong>des</strong> sont arrangées symétriquement en<br />

ligne sur l’axe coronal. Au moyen d’une électrode externe, un courant électrique de bas<br />

voltage est envoyé <strong>dans</strong> le corps <strong>du</strong> locuteur porteur <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. L’électrode externe et les<br />

électro<strong>des</strong> <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is constituent deux pôles <strong>du</strong> circuit électrique. La <strong>la</strong>ngue agit comme<br />

un commutateur. Lorsqu’elle touche une électrode, le circuit est fermé et le contact est<br />

détecté grâce au passage <strong>du</strong> courant (Marchal 1988, Nguyen et Marchal 1993). Le<br />

système EPG dont nous disposons à Aix-en-Provence est le système de Reading. Il est<br />

possible d’acquérir un signal émis par les 62 électro<strong>des</strong> toutes les 5 millisecon<strong>des</strong>.<br />

(Hardcastle 1972, 1984, Hardcastle et al. 1989) Comme illustré <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 5.6 ci<strong>des</strong>sous,<br />

les électro<strong>des</strong> contactées sont noircies et les électro<strong>des</strong> non contactées sont en<br />

b<strong>la</strong>nc. Plus il y a d’électro<strong>des</strong> contactées, plus <strong>la</strong> constriction est importante et<br />

inversement. L’on peut se référer aux nombreux travaux de Hardcastle (1991) et de<br />

97


Nico<strong>la</strong>idis et al. (1993) pour une revue complète <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> EPG. La concentration <strong>des</strong><br />

électro<strong>des</strong> est plus grande sur les régions antérieures alvéo<strong>la</strong>ire et pré-pa<strong>la</strong>tale. L’écart<br />

entre les électro<strong>des</strong> varie en fonction de leur localisation sur le pa<strong>la</strong>is et donc de <strong>la</strong><br />

morphologie <strong>du</strong> sujet. Il n’existe donc pas deux pa<strong>la</strong>is identiques.<br />

Figure n° 5.6 : Un pa<strong>la</strong>is artificiel et sa représentation graphique à droite.En noir,nous voyons<br />

les électro<strong>des</strong> contactées pour <strong>la</strong> constriction maximale de /t/, d’après Meynadier (2003).<br />

Pour le linguiste il existe plusieurs applications essentielles de l’EPG. Les données<br />

pa<strong>la</strong>tographiques peuvent être utilisées pour caractériser l’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> sons <strong>du</strong><br />

<strong>la</strong>ngage (Marchal 1985) à partir de l’observation de <strong>la</strong> localisation et de l’éten<strong>du</strong>e <strong>des</strong><br />

contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux. Ainsi on peut définir le mode et le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de<br />

chaque segment phonétique. L’EPG nous permet aussi de différencier les différentes<br />

parties de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (l’apex, <strong>la</strong> <strong>la</strong>me, le corps ou <strong>la</strong> partie postérieure) qui entrent en<br />

contact avec les différentes régions <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is (Nguyen et al.1996). L’EPG renseigne sur<br />

tous les sons linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>des</strong> <strong>la</strong>ngues <strong>du</strong> monde qui sont réalisés à partir de contacts<br />

de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sur le pa<strong>la</strong>is : les sons alvéo<strong>la</strong>ires, tels [t, d, l, n, s, z], post-alvéo<strong>la</strong>ires, [Z,<br />

S], les f<strong>la</strong>ps, et les trills, pour le japonais (Fujimura et al. 1973), pour l’Italien<br />

(Farnetani, 1986), pour le cata<strong>la</strong>n (Recasens, 1991, 1993b), pour l’ang<strong>la</strong>is (Hardcastle<br />

1984). Les sons vé<strong>la</strong>ires comme [k, g, N ] sont moins étudiés car le pa<strong>la</strong>is traditionnel de<br />

Reading s’arrête habituellement avant le pa<strong>la</strong>is mou.<br />

Pour les fricatives, l’EPG fournit <strong>des</strong> informations sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur et <strong>la</strong> longueur <strong>du</strong> sillon<br />

formé par <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue caractéristique de ce mode d’articu<strong>la</strong>tion. (Flege et al. 1988).<br />

98


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

L’effet de coarticu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> voyelles adjacentes sur les contacts de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is pendant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes révèle <strong>la</strong> façon dont nous réalisons les<br />

séquences <strong>des</strong> sons et quelles sont les stratégies de contrôle (Farnetani 1990, 1991,<br />

Marchal 1983, Recasens 1984, 1999, Gibbon et al. 1993).<br />

Dans l’étude <strong>des</strong> désordres <strong>la</strong>ngagiers, l’EPG est utilisé pour étudier aussi les sujets<br />

pathologiques. C’est un instrument de choix car il est assez peu invasif. Une revue <strong>des</strong><br />

aspects clinique de l’utilisation de l’EPG peut être trouvée chez Nico<strong>la</strong>idis et al. (1993).<br />

Pour l’étude <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>tions compensatoires de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue en réponse à une perturbation<br />

<strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal, Flege et al. (1988) ont utilisé l’EPG pour observer les<br />

mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> /t/ et /S/ ang<strong>la</strong>is et arabe quand <strong>la</strong><br />

mâchoire était bloquée. Nous pouvons aussi référer aux travaux de Hamlet et Stone<br />

(1988), McFar<strong>la</strong>nd et Baum (1995) et certaines étu<strong>des</strong> recensées <strong>dans</strong> le chapitre 3. Au<br />

cours de travaux précédents (C<strong>la</strong>iret 2000), nous avons aussi utilisé l’EPG pour<br />

observer les mouvements compensatoires de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sur les consonnes <strong>occlusives</strong> et<br />

fricatives <strong>du</strong> français en situation de mâchoire bloquée.<br />

5.3.1 Les plus et les moins de l’EPG<br />

Les avantages de l’EPG sont notamment que l’acquisition <strong>des</strong> données peut se faire sur<br />

le p<strong>la</strong>n spatial et temporel. La représentation dynamique est sur trois dimensions : sur<br />

l’axe antéro-postérieur, sur l’axe gauche-droite et sur l’axe temporel.<br />

Les données peuvent être rapi<strong>des</strong> à acquérir<br />

Cette technique est peu invasive et sans risque pour les sujets. Elle permet <strong>des</strong><br />

enregistrements sur plusieurs sessions.<br />

Le signal acoustique est retransmis en simultané et peut permettre une analyse<br />

acoustique parallèle.<br />

Reste que les inconvénients de l’EPG sont les suivants.<br />

Le coût élevé de chaque pa<strong>la</strong>is et le peu de fabricants rend <strong>la</strong> démarche longue et<br />

difficile et a pour effet de limiter le nombre de locuteurs.<br />

L’EPG donne <strong>des</strong> informations seulement quand <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue touche le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r. Les<br />

mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité buccale entre deux réalisations pa<strong>la</strong>tines ne sont<br />

pas connus, notamment quand <strong>la</strong> mâchoire s’abaisse fortement et que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue bouge<br />

loin <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. L’EPG ne permet pas d’obtenir <strong>des</strong> informations directes sur les<br />

99


caractéristiques cinématiques <strong>des</strong> mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue comme <strong>la</strong> vélocité ou le<br />

dép<strong>la</strong>cement <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Les articu<strong>la</strong>tions postérieures sur le pa<strong>la</strong>is mou ne sont pas toujours visibles. Il est<br />

difficile d’observer <strong>des</strong> consonnes vé<strong>la</strong>ires telles que /k/ et /g/ sans penser qu’il y a peutêtre<br />

<strong>des</strong> contacts qui ne sont pas visibles, car trop postérieurs.<br />

La question de l’influence d’un pa<strong>la</strong>is artificiel a été étudiée, entre autres, par Hamlet et<br />

Stone (1978). Ces auteurs montrent que <strong>la</strong> mandibule s’abaisse davantage <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole<br />

sans pa<strong>la</strong>is que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> parole avec pa<strong>la</strong>is. Hamlet et Stone (1978) montrent que les<br />

consonnes alvéo<strong>la</strong>ires les plus affectées restent les fricatives même après une période<br />

d’adaptation de quinze minutes : le pa<strong>la</strong>is in<strong>du</strong>it une diminution de <strong>la</strong> dépression<br />

centrale caractéristique de <strong>la</strong> réalisation normale de /s/ bien que le lieu d’articu<strong>la</strong>tion ne<br />

soit pas changé. Il est important de noter que ces auteurs utilisent un pa<strong>la</strong>is artificiel de<br />

3 à 6 mm d’épaisseur et que le port d’un pa<strong>la</strong>is d’un millimètre et demi d’épaisseur leur<br />

sert de valeur de référence. L’étude de McFar<strong>la</strong>nd et al. (1996) confirme aussi <strong>la</strong><br />

fragilité <strong>du</strong> /s/ par rapport aux autres consonnes alvéo<strong>la</strong>ires, face au port <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is.<br />

Cependant ces étu<strong>des</strong> s’accordent à conclure que l’utilisation d’un pa<strong>la</strong>is artificiel de<br />

moins d’un millimètre et demi d’épaisseur ne constitue pas une entrave importante à<br />

l’articu<strong>la</strong>tion normale. Le débit et <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> phonèmes ne sont pas significativement<br />

affectés par le port <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is artificiel (Hamlet et Stone 1978, McFar<strong>la</strong>nd et al.1996).<br />

Concernant <strong>la</strong> question d’un éventuel blocage <strong>des</strong> récepteurs tactiles <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r, les<br />

étu<strong>des</strong> de Hardcastle (1972, 1976) confirment que le pa<strong>la</strong>is ne contient que très peu de<br />

récepteurs tactiles. En effet, c’est une région si pauvre en nerfs qu’elle ne joue pas de<br />

rôle sensoriel. Les informations tactiles sont émises par les nombreux capteurs<br />

sensoriels de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue : c’est elle qui renvoie le feedback tactile et peut aisément<br />

compenser le port d’un pa<strong>la</strong>is artificiel.<br />

Nous avons conscience <strong>des</strong> éventuelles carences que présente cette technique<br />

d’investigation qu’est l’EPG. D’une part nous avons orienté <strong>la</strong> formation <strong>du</strong> corpus sur<br />

<strong>des</strong> consonnes dont nous sommes certaine de <strong>la</strong> viabilité de l’analyse<br />

électropa<strong>la</strong>tographique. D’autre part, nous savons par exemple qu’il sera impossible de<br />

rendre compte <strong>des</strong> vitesses brutes de l’exécution <strong>des</strong> gestes linguaux. Mais nous<br />

arrivons à dé<strong>du</strong>ire quand même le temps que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue met pour effectuer le passage<br />

d’une cible <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> à l’autre. L’EPG nous semble un instrument de choix pour<br />

étudier l’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> sons linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>dans</strong> les trois p<strong>la</strong>ns, coronal, sagittal et<br />

100


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

temporel. L’EPG permet <strong>des</strong> analyses multiples sur l’axe spatial (amplitude <strong>des</strong><br />

contacts), temporel (timing inter-gestuel et intra-gestuel) et spatio-temporel (vitesse<br />

d’établissement <strong>des</strong> gestes).<br />

5.3.2 Les caractéristiques <strong>des</strong> consonnes linguales<br />

5.3.2.1 Sur le p<strong>la</strong>n spatial<br />

Les informations sur le p<strong>la</strong>n spatial permettent de définir le mode et le lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne, autrement dit de voir quelle partie de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue contacte le<br />

pa<strong>la</strong>is pour <strong>la</strong> réalisation d’un segment phonétique. Les différentes parties <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is sont<br />

délimitées en zones de façon empirique avec de fines variations (Recasens 1990,<br />

Hardcastle 1991, Gibbon et Nico<strong>la</strong>idis 1999). Les différentes parties de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue sont<br />

aussi divisées en sections de manière plus fonctionnelle, comme nous l’avons détaillé<br />

<strong>dans</strong> le chapitre 4 de <strong>la</strong> deuxième partie (Laver 1994, Hardcastle 1976). De ces<br />

informations, nous obtenons l’amplitude <strong>des</strong> gestes linguo-pa<strong>la</strong>taux qui correspond à<br />

l’aire de contact entre l’articu<strong>la</strong>teur actif (<strong>la</strong>ngue) et l’articu<strong>la</strong>teur passif (pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r).<br />

Physiquement l’amplitude de contacts correspond au nombre d’électro<strong>des</strong> contactées au<br />

moment de <strong>la</strong> constriction maximale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité buccale. Quand <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est relevée<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité buccale, l’amplitude de ses contacts contre le pa<strong>la</strong>is est importante, quand<br />

elle est abaissée, l’amplitude <strong>des</strong> contacts est nulle. Ce degré d’élévation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

dépend de <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> segment réalisé, mais aussi <strong>du</strong> contexte vocalique environnant,<br />

<strong>des</strong> phénomènes accentuels et prosodiques, <strong>du</strong> débit et <strong>du</strong> style de parole.<br />

Le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne correspond à l’endroit sur le pa<strong>la</strong>is où les<br />

électro<strong>des</strong> contactées sont les plus nombreuses : c’est le point de constriction maximale.<br />

Les consonnes alvéo<strong>la</strong>ires montrent <strong>des</strong> contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région dento-alvéo<strong>la</strong>ire, ou<br />

alvéo<strong>la</strong>ire, caractérisés par un contact de l’apex et/ou de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me (geste coronal). Les<br />

consonnes pa<strong>la</strong>tales montrent <strong>des</strong> contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région pa<strong>la</strong>tale (centrale) ou <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

région pré-vé<strong>la</strong>ire, et sont caractérisées par le mouvement <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Les<br />

consonnes vé<strong>la</strong>ires sont articulées avec le dos de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région <strong>la</strong> plus<br />

postérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is correspondant à <strong>la</strong> limite entre le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong>r et le pa<strong>la</strong>is mou. Le<br />

mode d’articu<strong>la</strong>tion est dé<strong>du</strong>it par <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> contacts sur l’axe gauche-droite. De<br />

101


nombreux contacts centraux tra<strong>du</strong>isent une constriction étroite. Les <strong>occlusives</strong> sont les<br />

consonnes qui ont le plus de contacts centraux puisque leur <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> exige un barrage<br />

total <strong>du</strong> flux d’air. A l’inverse, peu de contacts centraux tra<strong>du</strong>isent une constriction plus<br />

<strong>la</strong>rge. Les fricatives ont moins de contacts centraux parce que leur réalisation doit se<br />

faire de façon à <strong>la</strong>isser libre le passage <strong>du</strong> flux d’air. Concernant les voyelles qui sont,<br />

généralement plus ouvertes que les consonnes, les informations EPG peuvent s’avérer<br />

pauvres. En effet, seules les voyelles les plus fermées qui nécessitent une plus grande<br />

fermeture mandibu<strong>la</strong>ire, telles /i, y, u/ admettent quelques contacts visibles alors que les<br />

voyelles ouvertes ne montrent pas de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux.<br />

Figure n° 5.7 : Illustration de différentes consonnes <strong>du</strong> français prises au moment de <strong>la</strong><br />

constriction maximale, en contexte a_a, d’après Meynadier (2003).<br />

102


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

5.3.2.2 Sur le p<strong>la</strong>n temporel<br />

L’EPG peut aussi montrer quelle est l’évolution temporelle <strong>des</strong> mouvements linguopa<strong>la</strong>taux<br />

que nous venons de décrire. L’EPG ne montre pas le début et <strong>la</strong> fin de<br />

d’élévation ou d’abaissement de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, mais donne les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux à<br />

partir <strong>du</strong> moment où <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue contacte le pa<strong>la</strong>is. Pour le timing intra-gestuel, il est<br />

possible de délimiter et de quantifier les différentes phases d’un geste de constriction :<br />

attaque, constriction maximale et relâchement et aussi l’occlusion totale. Pour le timing<br />

inter-gestuel, on peut quantifier les effets de <strong>la</strong> coordination inter-gestuelle<br />

correspondant à <strong>la</strong> co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> entre les différents segments adjacents <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne<br />

parlée.<br />

5.3.3 Le traitement <strong>des</strong> données<br />

Dans cette partie, nous expliquons de quelle façon nous avons effectué les mesures<br />

spatiales et temporelles <strong>des</strong> consonnes <strong>des</strong> séquences CVC avec le logiciel M.E.S.<br />

(Espesser 1996). Notamment nous exposons nos critères de segmentation, les problèmes<br />

rencontrés et les solutions proposées. Les mesures sont fondées sur <strong>la</strong> reconnaissance<br />

<strong>des</strong> différents événements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s appréhendés de manière discrète et qui nous<br />

semblent les plus pertinents <strong>dans</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>des</strong> consonnes étudiées.<br />

5.3.3.1 Le logiciel MES<br />

Nous avons pu analyser les paramètres <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s enregistrés avec le logiciel M.E.S,<br />

développé par Robert Espesser, sous environnement UNIX (Espesser 1996). Ce logiciel<br />

permet d’effectuer <strong>des</strong> mesures à partir de l’observation <strong>des</strong> courbes intonatives (F0) et<br />

d’intensité, les sonagrammes, les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux (EPG), les mouvements<br />

E.M.A (Articulograph ou Movetrack). Il permet surtout d’effectuer un marquage en<br />

unités discrètes <strong>des</strong> courbes temporelles grâce à <strong>la</strong> segmentation, et <strong>la</strong> création de<br />

fichiers d’étiquettes.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n spatial, le pa<strong>la</strong>is dynamique nous présente directement les électro<strong>des</strong><br />

activées au fur et à mesure que nous dép<strong>la</strong>çons le curseur sur le signal de parole, avec<br />

une image <strong>des</strong> profils de contacts toutes les 5 ms. Il permet d’observer en détail chaque<br />

103


configuration <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> (modification spatiale <strong>des</strong> contacts) propre à chaque phase<br />

consonantique à un moment choisi.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n temporel, les événements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s peuvent aussi être représentés par<br />

<strong>des</strong> courbes d’évolution <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux. Ces courbes nous donnent un<br />

aperçu continu de l’évolution <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux lors de <strong>la</strong> réalisation d’un ou<br />

plusieurs gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Nous pouvons alors mesurer <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’é<strong>la</strong>boration de<br />

<strong>la</strong> constriction, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> constriction, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> relâchement de <strong>la</strong> constriction.<br />

Nous pouvons voir sur <strong>la</strong> figure 5.8 ci-<strong>des</strong>sous, un exemple de courbe <strong>des</strong> contacts<br />

d’une séquence /tat/ synchronisée avec le signal acoustique.<br />

Figure n° 5.8 : Evolution temporelle d’une courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sur une<br />

séquence /tat/, locuteur YM. En abscisse, le temps et en ordonnées, le nombre de contacts.<br />

5.3.3.2 La segmentation pa<strong>la</strong>tographique<br />

Afin d’isoler les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone d’articu<strong>la</strong>tion propre à chaque<br />

occlusive, nous avons défini les zones EPG en fonction <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong><br />

consonnes, autrement dit selon le lieu de concentration maximale <strong>des</strong> électro<strong>des</strong><br />

104


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

contactées,. La zone alvéo<strong>la</strong>ire correspond aux trois premières rangées antérieures <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is. La zone antérieure est définie par les quatre premières rangées. La zone vé<strong>la</strong>ire<br />

correspond aux trois rangées postérieures <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is et <strong>la</strong> postérieure par les quatre<br />

dernières. Afin de poser <strong>des</strong> marqueurs, il faut définir un certain nombre de critères de<br />

segmentation. Ces critères sont utilisés pour traiter toutes les séquences CVC, aussi bien<br />

avec les bite-blocks que sans. L’illustration 5.9 ci-<strong>des</strong>sous représente <strong>la</strong> courbe<br />

d’évolution schématisée <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux d’une consonne /t/ suivie de /a/ et<br />

<strong>la</strong> segmentation <strong>des</strong> ses différentes phases.<br />

A<br />

B<br />

C D<br />

E<br />

F<br />

Figure n° 5.9 : Un exemple de segmentation manuelle d’une séquence /dad/, locuteur BL.<br />

105


A : Le début de <strong>la</strong> constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale correspond au point initial <strong>des</strong> contacts<br />

linguo-pa<strong>la</strong>taux. A ce moment il y a au moins une électrode activée indiquant au moins<br />

un contact <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone d’articu<strong>la</strong>tion observée sur le pa<strong>la</strong>is. Ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>it sur <strong>la</strong><br />

courbe <strong>des</strong> contacts par un pourcentage de contacts strictement supérieur à zéro.<br />

B : Le début de <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne est<br />

identifié par <strong>la</strong> première image EPG qui donne le taux de contacts le plus élevé <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

consonne : le plus souvent un p<strong>la</strong>teau <strong>des</strong> valeurs maximales <strong>du</strong> contact linguo-pa<strong>la</strong>tal.<br />

Bien sûr, les critères changent en fonction <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> consonnes<br />

observées. Concernant /t/ et/d/, le début de <strong>la</strong> tenue est marqué dès que commencent les<br />

contacts <strong>la</strong>téraux et dento-alvéo<strong>la</strong>ires : le premier p<strong>la</strong>teau <strong>des</strong> valeurs sur <strong>la</strong> courbe.<br />

C : Le début de <strong>la</strong> constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale maximale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone d’articu<strong>la</strong>tion de<br />

<strong>la</strong> consonne est identifié dès que nous observons un maximum absolu de contacts (un<br />

maximum d’électro<strong>des</strong> activées). L’occlusion complète (sur le pa<strong>la</strong>is dynamique,<br />

barrage total <strong>du</strong> flux d’air <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne) peut apparaître<br />

superposée avec le maximum absolu de contacts, totalement ou en partie.<br />

D : La fin de <strong>la</strong> constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale maximale est réalisée dès que nous<br />

observons <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> contacts maximum absolus, c’est à dire que <strong>la</strong> courbe commence à<br />

<strong>des</strong>cendre.<br />

E : La fin de <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est <strong>la</strong> dernière image EPG d’un p<strong>la</strong>teau plus ou moins<br />

stable <strong>des</strong> valeurs maximales. Pour les <strong>occlusives</strong> d’avant /t/ et /d/, <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> tenue se<br />

note juste avant que les derniers contacts <strong>la</strong>téraux et dento-alvéo<strong>la</strong>ires disparaissent.<br />

F : La fin de <strong>la</strong> constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale correspond à <strong>la</strong> dernière image EPG qui<br />

montre au moins une électrode activée, quand <strong>la</strong> consonne est suivie de /a/. Avec /i/, <strong>la</strong><br />

constriction n’est pas finie car il reste toujours les contacts <strong>du</strong> /i/. Pour passer de <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une occlusive alvéo<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’un /i/, l’apex se décolle et <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>me est relevée. Nous avons marqué <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> constriction dès <strong>la</strong> perte de contacts<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> région dento-alvéo<strong>la</strong>ire (deux premiers rangs), et l’apparition <strong>des</strong> contacts <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> région postalvéo<strong>la</strong>ire (troisième et quatrième rang) et <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région pa<strong>la</strong>tale.<br />

En résumé, <strong>la</strong> consonne entière est délimitée par les points A et F. La fermeture est<br />

limitée par les points A et C). L’ouverture est délimitée par les points D et F. La<br />

constriction maximale est délimitée par les point C et D. La tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est<br />

délimitée par les points B et E. Comme Simon (1967), nous considérons que <strong>du</strong>rant <strong>la</strong><br />

106


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

tenue, « <strong>la</strong> partie <strong>des</strong> organes qui intervient plus spécialement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> réalisation d’un<br />

phonème, en le rendant distinct d’un autre, reste en position, mais il peut y avoir, et il y<br />

a en général, <strong>des</strong> modifications par ailleurs » (Simon 1967 p.150). Cette définition<br />

souligne l’indépendance entre l’apex et le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. En effet, l’apex peut rester<br />

contactée contre les alvéoles alors que le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est sujet à <strong>des</strong> micromouvements.<br />

Inversement, quand le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est immobile ce<strong>la</strong> n’empêche<br />

pas l’apex de bouger seul, c’est par exemple le cas <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une séquence<br />

/tit/.<br />

5.3.3.3 La segmentation acoustique<br />

La phrase porteuse et toutes les séquences CVC sont segmentées et étiquetées à l’aide<br />

<strong>du</strong> sonagramme caractérisé par une bande passante à 300Hz et une hauteur maximale de<br />

6000Hz. Les critères de segmentation utilisés sont les suivants :<br />

Le début de <strong>la</strong> consonne est noté dès <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> formants de <strong>la</strong> voyelle /a/ qui précède <strong>la</strong><br />

séquence.<br />

La fin de <strong>la</strong> consonne, et le début de <strong>la</strong> voyelle, est notée aussitôt qu’apparaissent les<br />

formants de <strong>la</strong> voyelle centrale de <strong>la</strong> séquence CVC.<br />

La fin de <strong>la</strong> voyelle est notée dès <strong>la</strong> fin <strong>des</strong> formants.<br />

La <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> séquence CVC est notée au début de <strong>la</strong> première consonne et à <strong>la</strong> fin de<br />

<strong>la</strong> seconde.<br />

La <strong>du</strong>rée de le phrase porteuse est délimitée par <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> signal acoustique.<br />

5.4 Les mesures électropa<strong>la</strong>tographiques<br />

Rappelons que le but <strong>du</strong> travail est de déterminer les caractéristiques spatio-temporelles<br />

<strong>des</strong> gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s en parole normale tout d’abord. Ensuit il s’agit de comparer<br />

ces caractéristiques <strong>dans</strong> les situations de parole perturbée par les bite-blocks. Toutes les<br />

mesures spatiales, temporelles et spatio-temporelles sont effectuées sans bite-block afin<br />

de fournir un cadre de valeurs référentielles, et avec les trois bite-blocks de différentes<br />

épaisseurs. A partir de <strong>la</strong> segmentation <strong>du</strong> signal EPG, plusieurs types de mesures ont<br />

été faites. Les mesures re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> temporalité <strong>des</strong> gestes sont <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée et <strong>la</strong> proportion<br />

107


<strong>des</strong> différentes phases de <strong>la</strong> consonne. Les mesures re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> spatialité <strong>des</strong> gestes<br />

sont l’amplitude <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux et leur localisation.<br />

5.4.1 Les paramètres spatiaux.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n spatial, nous avons recours au repérage <strong>des</strong> contacts maximaux pour évaluer<br />

l’amplitude <strong>des</strong> courbes de contacts, à l’extraction <strong>des</strong> centres de gravité, et <strong>des</strong> patrons<br />

moyens de contacts.<br />

L’amplitude est re<strong>la</strong>tive au nombre de contacts maximum qui a été relevé<br />

manuellement <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> segmentation pa<strong>la</strong>tographique. L’endroit évalué comme étant le<br />

plus pertinent pour ce relevé se situe, au moment de <strong>la</strong> constriction maximale <strong>dans</strong> le<br />

con<strong>du</strong>it vocal. Le nombre de contact maximum est pris sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

zone d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne (région alvéo<strong>la</strong>ire) mais aussi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région<br />

postérieure et <strong>dans</strong> <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Nous avons ensuite calculé le pourcentage<br />

moyen <strong>des</strong> électro<strong>des</strong> activées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone EPG concernée, par rapport à <strong>la</strong> totalité <strong>des</strong><br />

électro<strong>des</strong> <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is (62 sur le pa<strong>la</strong>is de Reading).<br />

Le taux de remplissage alvéo<strong>la</strong>ire et vé<strong>la</strong>ire est mesuré <strong>dans</strong> chacune <strong>des</strong> zones <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is. Exprimé en pourcentage, ce taux oscille entre 0 et 1 : 0 quand <strong>la</strong> zone est vide de<br />

contact et 1 quand toutes les électro<strong>des</strong> de <strong>la</strong> zones sont contactées.<br />

Le centre de gravité nous permet de quantifier les dép<strong>la</strong>cements <strong>des</strong> contacts sur l’axe<br />

antéro-postérieur <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Cet indice informe sur <strong>la</strong> localisation <strong>du</strong> lieu d’articu<strong>la</strong>tion<br />

linguo-pa<strong>la</strong>tal de <strong>la</strong> consonne. Il est aussi mesuré sur <strong>la</strong> constriction maximale. Le pa<strong>la</strong>is<br />

est divisé en huit trames réparties sur deux zones, antérieure et postérieure contenant<br />

quatre rangées d’électro<strong>des</strong> chacune. La limite médiane horizontale est un axe zéro de<br />

référence. Les rangées antérieures sont notées de –1 à –4 en partant de l’axe zéro et les<br />

rangées postérieures sont notées de +1 à +4 en partant de l’axe zéro. Plus <strong>la</strong> valeur est<br />

négative, plus le centre de gravité se dép<strong>la</strong>ce vers l’avant <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Plus <strong>la</strong> valeur est<br />

positive, plus le centre de gravité se dép<strong>la</strong>ce vers l’arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Nous devons <strong>la</strong><br />

réalisation de cet indice à R. Espesser qui a confectionné les scripts nécessaires sous<br />

UNIX en s’inspirant <strong>des</strong> indices de Hardcastle et al. (1991) et Rouco et Recasens<br />

(1996).<br />

108


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

Les patrons moyens découlent d’une moyenne <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sur les<br />

douze répétitions. Les contacts sont moyennés sur chacune <strong>des</strong> électro<strong>des</strong> <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is au<br />

moment de <strong>la</strong> constriction maximale. Nous obtenons un patron de contacts<br />

caractéristique de chaque consonne, <strong>dans</strong> chaque condition d’enregistrement et pour<br />

chaque locuteur. Nous présentons, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> figure 5.10 ci-<strong>des</strong>sous le patron de contacts<br />

de <strong>la</strong> consonne /d/ <strong>du</strong> locuteur YM lors de <strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> séquence /did/ en<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale. Les électro<strong>des</strong> en b<strong>la</strong>nc sur les patrons n’ont jamais été contactées<br />

(0%), les noires ont toujours été contactées (100%). Trois niveaux de gris sont utilisés<br />

pour définir les différents degrés de contact : gris c<strong>la</strong>ir pour les contacts jusqu’à 25% ;<br />

gris moyen pour les contacts jusqu’à 50% et gris foncé pour les contacts jusqu’à 75%.<br />

Figure n° 5.10 : Patron moyen pris au moment de <strong>la</strong> constriction maximale <strong>du</strong> /d/ de <strong>la</strong> séquence<br />

/did/, locuteur YM.<br />

Les patrons de résistance sont issus de <strong>la</strong> soustraction <strong>des</strong> patrons moyens avec chaque<br />

bite-block (B1, B2 et B3) aux patrons moyens en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale. Ces patrons de<br />

résistance montrent seulement les contacts qui per<strong>du</strong>rent malgré <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> biteblocks.<br />

Nous exposons ci-<strong>des</strong>sous un exemple de patron de résistance B0-B3 de <strong>la</strong><br />

consonne /d/ de /did/ pro<strong>du</strong>ite par le locuteur BL.<br />

Figure n°5.11 : Patron de <strong>la</strong> différence de contacts entre B0 et B3, au moment de <strong>la</strong> constriction<br />

maximale <strong>du</strong> /d/ de <strong>la</strong> séquence /did/, locuteur BL.<br />

109


Les patrons de coarticu<strong>la</strong>tion sont issus de <strong>la</strong> différence entre les patrons moyens <strong>des</strong><br />

séquences avec /i/ et les patrons moyens <strong>des</strong> séquences avec /a/. La figure 5.12 ci<strong>des</strong>sous<br />

illustre un patron de coarticu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> /t/ <strong>du</strong> locuteur YM en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

normale.<br />

Figure n° 5.12 : Patron de coarticu<strong>la</strong>tion d’un /t/ <strong>du</strong> locuteur YM.<br />

Pour <strong>la</strong> confection de ces patrons, nous avons mesuré <strong>la</strong> distance entre chaque électrode<br />

sur le pa<strong>la</strong>is de chaque locuteur. Nous tenons à remercier tout particulièrement Noël<br />

Nguyen qui a réalisé les patrons moyens, les patrons de résistance et les patrons de<br />

coarticu<strong>la</strong>tion à partir de ces mesures.<br />

5.4.2 Les paramètres temporels<br />

Les mesures de timing intra-segmental concernent l’articu<strong>la</strong>tion indépendante <strong>des</strong><br />

consonnes. Les <strong>du</strong>rées de chaque phase de <strong>la</strong> consonne sont calculées à partir <strong>des</strong><br />

différences temporelles entre les marqueurs préa<strong>la</strong>blement posés. Dans un premier<br />

temps, il s’agit de calculer les <strong>du</strong>rées absolues en ms <strong>des</strong> événements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s.<br />

Pour l’illustration, le lecteur peut se référer à <strong>la</strong> figure 5.9.<br />

-<strong>du</strong>rée <strong>du</strong> geste consonantique en sa totalité : xF-xA<br />

-<strong>du</strong>rée de l’établissement de <strong>la</strong> constriction : xC-xA<br />

-<strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue : xE-xB<br />

-<strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum de contacts : xD-xC et de l’occlusion complète<br />

-<strong>du</strong>rée <strong>du</strong> relâchement de <strong>la</strong> constriction : xF-xD<br />

Ensuite, nous avons établi <strong>la</strong> proportion de chaque phase par rapport à <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée totale de<br />

<strong>la</strong> consonne :<br />

110


DEUXIEME PARTIE : PROBLEMATIQUE ET METHODE EXPERIMENTALE.<br />

CHAPITRE 5 : Méthode expérimentale..<br />

-Proportion de <strong>la</strong> tenue <strong>dans</strong> <strong>la</strong> consonne : xE-xB/xF-xA * 100<br />

-Proportion <strong>du</strong> maximum de contacts : xD-xC/ xF-xA *100 et de l’occlusion<br />

complète<br />

-Proportion de <strong>la</strong> fermeture <strong>dans</strong> <strong>la</strong> consonne : xC-xA/ xF-xA * 100<br />

-Proportion de l’ouverture est calculée : xF-xD/ xF-xA * 100<br />

5.4.3 Les paramètres spatio-temporels<br />

Pour calculer <strong>la</strong> portée de <strong>la</strong> pente de fermeture, nous avons dé<strong>du</strong>it le nombre de<br />

contacts relevés au début <strong>du</strong> geste de fermeture, <strong>du</strong> nombre de contacts relevé au début<br />

de <strong>la</strong> constriction maximale: yC-yA.<br />

Pour calculer <strong>la</strong> portée de <strong>la</strong> pente d’ouverture, nous avons dé<strong>du</strong>it le nombre de contacts<br />

relevé à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> constriction maximale, <strong>du</strong> nombre de contacts relevé à <strong>la</strong> fin <strong>du</strong><br />

geste de relâchement : yF-yD.<br />

A partir <strong>des</strong> valeurs d’amplitude <strong>des</strong> pentes, nous sommes en mesure de dé<strong>du</strong>ire les<br />

vitesses d’ouverture et de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale de <strong>la</strong> consonne d’après <strong>la</strong> formule<br />

traditionnelle <strong>du</strong> calcul de <strong>la</strong> vitesse : Vitesse =Amplitude/Temps. Ces vitesses sont<br />

re<strong>la</strong>tives aux mouvementx de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue :<br />

-vitesse d’établissement de <strong>la</strong> fermeture : yC-yA/xC-xA<br />

-vitesse d’établissement de l’ouverture : yF-yD /xF-xD .<br />

Ces mesures fournissent un indice de <strong>la</strong> rapidité avec <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> constriction linguopa<strong>la</strong>tale<br />

s’établit ou se relâche.<br />

A de stade de l’évolution <strong>du</strong> travail, nous avons mis en p<strong>la</strong>ce un protocole expérimental<br />

qui répond à nos besoins : procéder à une analyse comparative de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong><br />

consonnes linguales alvéo<strong>la</strong>ires avec et sans perturbation. Nous avons préparé notre<br />

corpus en vue d’une analyse électropa<strong>la</strong>tographique <strong>des</strong> mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

<strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes /t/ et /d/ en contextes vocalique différents /a/ et /i/.<br />

111


5.5 La méthode statistique d’analyse <strong>des</strong> variations<br />

Dans ce paragraphe, nous présentons <strong>la</strong> méthode d’analyse statistique choisie pour<br />

étudier les variations <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s linguo-pa<strong>la</strong>tales <strong>dans</strong> les quatre conditions<br />

expérimentales. La méthode utilisée est l’analyse de <strong>la</strong> variance ANOVA avec le<br />

logiciel Statview (Statview 1996). L’analyse est faite par l’ANOVA factorielle puisque<br />

nous considérons l’ensemble <strong>des</strong> variables secondaires comme ayant le même poids.<br />

Dans un premier temps de l’analyse nous cherchons à montrer quels sont seuls les effets<br />

de <strong>la</strong> variable principale sur l’organisation spatio-temporelle de <strong>la</strong><br />

consonne. La variable indépendante ou principale de notre p<strong>la</strong>n expérimental est <strong>la</strong><br />

condition d’enregistrement : sans bite-block (B0) avec le bite-block de 5 mm (B1), avec<br />

le bite-block de 10 mm (B2) et avec le bite-block de 16 mm (b3). La variable<br />

dépendante est tour à tour chaque paramètre mesuré : <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne, de <strong>la</strong><br />

fermeture, de <strong>la</strong> tenue, de <strong>la</strong> constriction maximale, de l’ouverture, l’amplitude <strong>des</strong><br />

contacts, <strong>la</strong> vitesse de fermeture et <strong>la</strong> vitesse d’ouverture.<br />

Dans un second temps, nous cherchons à voir si l’effet de <strong>la</strong> variable principale <br />

est influencé par les autres variables secondaires comme ,<br />

, < contexte vocalique>. Nous effectuons une étude <strong>des</strong><br />

interactions entre les différentes variables.<br />

Dans un troisième temps, l’analyse se fait plus précise sur chaque locuteur<br />

indépendamment, toujours en essayant de distinguer les effets <strong>des</strong> bite-blocks <strong>des</strong> effets<br />

<strong>des</strong> autres variables. Nous pourrons alors confirmer que les comportements <strong>des</strong> deux<br />

sujets sont différents. L’analyse indivi<strong>du</strong>elle tiendra compte <strong>du</strong> fait que l’effectif total<br />

<strong>des</strong> données N (380) sera alors divisé par deux (380/2=190 données par locuteur).<br />

112


113


114


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS<br />

EXPERIMENTAUX<br />

______________________________________________________________________<br />

CHAPITRE 6 : Les résultats spatiaux<br />

Nous présentons <strong>dans</strong> cette partie les résultats qui découlent de l’analyse spatiale <strong>des</strong><br />

mouvements linguaux <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> <strong>occlusives</strong>. Nous avons relevé le nombre<br />

d’électro<strong>des</strong> contactées et leur distribution au moment où <strong>la</strong> constriction est au<br />

maximum (au moment de l’amplitude maximale), sur chaque séquence et <strong>dans</strong> les<br />

quatre conditions d’enregistrement, B0, B1, B2 et B3. Les contacts sur chaque électrode<br />

sont moyennés sur douze répétitions, afin de déterminer <strong>des</strong> patrons de contacts <strong>des</strong><br />

<strong>occlusives</strong> de chaque locuteur.<br />

Voici un récapitu<strong>la</strong>tif <strong>des</strong> questions que nous nous posons à propos de l’observation <strong>des</strong><br />

paramètres spatiaux. Les constrictions maximales sont-elles ré<strong>du</strong>ites ou saturées par <strong>la</strong><br />

présence <strong>des</strong> bite-blocks ? Si nous supposons que <strong>la</strong> constriction est plus faible avec les<br />

bite-blocks, les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux seraient moins nombreux. L’amplitude <strong>des</strong><br />

contacts serait donc diminuée. Est-ce que le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne est<br />

dép<strong>la</strong>cé, le cas échéant, en avant ou en arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is ? L’influence <strong>des</strong> bite-blocks<br />

est-elle mo<strong>du</strong>lée <strong>la</strong> nature <strong>des</strong> voyelles et/ ou par le voisement? Observe-t-on un effet<br />

d’adaptation en réponse aux perturbations ? Les locuteurs réagissent-ils de <strong>la</strong> même<br />

façon ? En premier lieu, nous présentons les aspects quantitatifs <strong>des</strong> données spatiales,<br />

représentés par un dénombrement précis <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux. En second lieu,<br />

nous présentons les aspects qualitatifs sous forme de patrons de contacts afin de<br />

localiser exactement le lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> consonnes.<br />

115


6.1 Aspects quantitatifs de <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux<br />

Nous cherchons à déterminer <strong>dans</strong> quelle mesure les variations de l’amplitude <strong>des</strong><br />

contacts peuvent être expliquées par les effets <strong>des</strong> bite-blocks, de <strong>la</strong> voyelle et <strong>du</strong><br />

voisement. Avec L’ANOVA factorielle, nous pouvons voir si les interactions entre les<br />

facteurs sont significatives: une interaction entre au moins deux facteurs signifie que<br />

l’effet de l’un <strong>des</strong> facteurs varie en fonction de l’autre facteur.<br />

6.1.1 Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux (LP) sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is<br />

Cell Mean<br />

55<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour TOTAL<br />

Effet : loc * cond * cvc<br />

Barres d'erreur: 95% Intervalle de confiance<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n°6.1: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur le nombre de contacts. Les<br />

barres représentent les écart-types. En abscisse, les locuteurs et les conditions d’enregistrement. En<br />

ordonnée, le nombre de contacts.<br />

Les bite-blocks ont une influence sur le nombre total <strong>des</strong> contacts [F(3,380)=3,125 ; p<<br />

0,0259]. Nous voyons, d’après <strong>la</strong> figure 7.1 que l’effet <strong>des</strong> bite-blocks n’est pas le<br />

même en fonction <strong>des</strong> locuteurs. En effet, l’interaction entre les variables locuteur et<br />

condition est fortement significative [F(3,352)=36.56 ; p< 0.0001]. Nous observons<br />

qu’avec les bite-blocks, les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>du</strong> locuteur BL diminuent. Les<br />

contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>du</strong> locuteur YM augmentent légèrement excepté sur <strong>la</strong><br />

séquence /dad/, pour <strong>la</strong>quelle les contacts diminuent aussi. L’effet <strong>des</strong> bite-blocks<br />

dépend donc <strong>du</strong> locuteur mais aussi de <strong>la</strong> séquence étudiée puisque l’interaction entre<br />

les deux variables et , est fortement significative<br />

116<br />

Y, b0<br />

Y, b1<br />

Y, b2<br />

Y, b3<br />

dad<br />

did<br />

tat<br />

tit


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

[F(9,352)=14.935 ; p


<strong>la</strong> séquence /tit/ perd 3,92 contacts. Par contre le voisement de <strong>la</strong> consonne ne semble<br />

pas interférer les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(3,184) = 0,803 ; p< 0,4939].<br />

Nombre de contacts<br />

55<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

6.1.1.2 Les contacts <strong>du</strong> locuteur YM.<br />

La totalité <strong>des</strong> contacts de YM<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°6.3: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts LP totaux <strong>du</strong> locuteur YM. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de contacts<br />

D’une manière générale, il semble que les bite-blocks n’ont pas d’effet significatif sur le<br />

nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de ce locuteur [F(3,188) = 0,892 ; p=0,4462]. Nous<br />

n’avons pas trouvé d’interaction entre l’effet <strong>des</strong> bite-blocks et les effets de <strong>la</strong> voyelle<br />

[F(3,184) = 2,228 ; p=0,0865]. Mais l’effet <strong>des</strong> bite-blocks dépend de <strong>la</strong> séquence<br />

[F(9,176)=18,124 ; p


Cell Mean<br />

32,5<br />

30<br />

27,5<br />

25<br />

22,5<br />

20<br />

17,5<br />

15<br />

12,5<br />

10<br />

7,5<br />

5<br />

C o ur be d e s inte raction s p o ur A V T<br />

Effet : loc * cond * cvc<br />

Barre s d 'e rre ur : 95% Inte r valle d e co n fian ce<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

6.1.2 Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire<br />

Cell<br />

Figure n° 6.4 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur le nombre de contacts<br />

alvéo<strong>la</strong>ires. Les barres représentent les écart-types. En abscisse, les locuteurs et les conditions<br />

d’enregistrement. En ordonnée, le nombre de contacts.<br />

Premièrement, nous remarquons que le bite-block seul a un effet significatif sur le<br />

nombre de contacts alvéo<strong>la</strong>ires [F(3,380)=5,251 ; p< 0.0015]. Nous voyons sur <strong>la</strong> figure<br />

7.4 que l’effet <strong>des</strong> bite-blocks est différent pour chaque locuteur. En effet nous avons<br />

trouvé une forte interaction entre les effets <strong>des</strong> bite-blocks et les locuteurs<br />

[F(3,352)=39.39 ; p< 0.0001]. Les contacts alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL diminuent et les<br />

contacts alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM tendent à augmenter légèrement, excepté<br />

concernant <strong>la</strong> séquence /dad/. Nous retenons aussi que l’effet <strong>des</strong> bite-blocks dépend<br />

aussi fortement de <strong>la</strong> séquence [F(9,352)=10,454 ; p< 0.0001].<br />

L’interaction significative entre <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence et le locuteur [F(3,352) =<br />

22.504 ; p< 0.0001] indique que les réalisations phonétiques sont propres à chaque<br />

locuteur. D’une manière générale, les effets <strong>des</strong> bite-blocks sur le nombre de contacts<br />

LP alvéo<strong>la</strong>ires dépendent fortement <strong>des</strong> séquences étudiées. Nous détaillons ci-<strong>des</strong>sous<br />

les changements observés chez chaque locuteur.<br />

119<br />

Y, b0<br />

Y, b1<br />

Y, b2<br />

Y, b3<br />

dad<br />

did<br />

tat<br />

tit


Nombre de contacts<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

6.1.2.1 Les contacts alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Nombre de contacts alvéo<strong>la</strong>ires de BL<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 6.5: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts LP alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de contacts<br />

Les bite-blocks seuls ont une forte influence sur les contacts alvéo<strong>la</strong>ires de ce locuteur<br />

[F(3,188) = 14,459 ; p< 0,0001]. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks dépendent de <strong>la</strong> séquence<br />

étudiée [F(9,176) = 4,760 ; p


6.1.2.2 Les contacts alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM.<br />

Nombre de contacts<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

Nombre de contacts alvéo<strong>la</strong>ires de YM<br />

dad did tat tit<br />

séquences<br />

Figure n°6.6: Graphique <strong>des</strong> moyennes de contacts alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de contacts<br />

Les bite-blocks n’ont pas d’influence significative sur le nombre de contacts alvéo<strong>la</strong>ires<br />

de ce locuteur [F(3,188)=1,193 ; p=0,3136]. L’effet <strong>des</strong> bite bloks dépend fortement de<br />

<strong>la</strong> séquence étudiée [F(9,176) = 8,999 ; p


6.1.3 Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région vé<strong>la</strong>ire<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour ARR<br />

Effet : loc * cond * cvc<br />

Bar r e s d 'e r r e u r : 95% In te r valle d e co n fian ce<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Y, b0<br />

Figure n° 6.7 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur le nombre de contacts<br />

postérieurs. Les barres représentent les écart-types. En abscisse, les locuteurs et les conditions<br />

d’enregistrement. En ordonnée, le nombre de contacts.<br />

De façon générale, l’effet seul <strong>du</strong> bite-block n’a pas d’influence réelle sur le nombre de<br />

contacts vé<strong>la</strong>ires [F(3,380)=0,855 ; p=0,464]. Nous notons que l’interaction entre les<br />

deux variables et est significative [F(3,352)=14,092;<br />

p


Nombre de contacts<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

6.1.3.1 Les contacts vé<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Nombre de contacts vé<strong>la</strong>ires de BL<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°6.8: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts vé<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de contacts<br />

Les bite-blocks seuls ont un effet sur le nombre de contacts vé<strong>la</strong>ires de ce locuteur<br />

[F(3,188) = 3,073 ; p= 0,0290]. Concernant ce locuteur, l’effet <strong>des</strong> bite-blocks dépend<br />

de <strong>la</strong> séquence [F(9,176= 2,440 ; p=0,0122]. La tendance à <strong>la</strong> diminution <strong>des</strong> contacts<br />

vé<strong>la</strong>ires sous l’effet <strong>des</strong>bite-blocks est observée aussi sur les contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région<br />

postérieure. Cependant cette tendance est manifestement moindre que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région<br />

antérieure. Le changement le plus important se pro<strong>du</strong>it sur <strong>la</strong> séquence /dad/. Les<br />

séquences avec les consonnes non voisées n’observent pas de réels changements. Le<br />

voisement n’influence pas les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(3,184) = 1,292 ; p=0,2785]. Les<br />

effets <strong>des</strong> bite-blocks ne dépendent pas de <strong>la</strong> voyelle [F(3,184) = 1,679 ; p= 0,1731]<br />

123<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


Nombre de contacts<br />

55<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

6.1.3.2 Les contacts vé<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Nombre de contacts vé<strong>la</strong>ires de YM<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°6.9: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts vé<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de contacts<br />

Les bite-blocks n’ont pas d’effet significatif sur le nombre de contacts vé<strong>la</strong>ires de ce<br />

locuteur [F(3,188) = 0,723 ; p=0,5392]. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks pour ce locuteur<br />

dépendent de <strong>la</strong> séquence [F(9,176=11,808 ; p


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

différences de nombre de contacts avec et sans bite-block ne sont pas statistiquement<br />

significatives, et ce <strong>dans</strong> les différentes zones <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Nous pouvons aussi affirmer<br />

que <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle et le trait de voisement sont deux variables qui jouent un rôle<br />

décisif <strong>dans</strong> <strong>la</strong> réaction de nos locuteurs face à <strong>la</strong> perturbation : le voisement n’a d’effet<br />

que chez YM alors que <strong>la</strong> voyelle a de l’effet chez les deux. Malgré le fait que nos<br />

locuteurs montrent <strong>des</strong> manœuvres <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s différentes, ils montrent tous les deux<br />

une importante perte <strong>des</strong> contacts LP sur <strong>la</strong> consonne voisée de <strong>la</strong> séquence /dad/. Nous<br />

proposons un bi<strong>la</strong>n <strong>des</strong> différences observées entre les conditions normales et avec les<br />

bite-blocks, séquence par séquence pour chaque locuteur.<br />

Locuteur BL :<br />

/dad / Dans <strong>la</strong> partie alvéo<strong>la</strong>ire, nous observons une perte de 10,66 contacts de B0 à<br />

B3 : B0 (19,58) ≥ B1 (13,17) ≥ B2 (10,42)≥ B3 (8,92). Dans <strong>la</strong> partie vé<strong>la</strong>ire, nous<br />

observons une perte de 4,83 contacts de b0 à B3 : B0 (6,5) ≥ B1 (3,33) ≥ B2 (2,58) ≥ B3<br />

(1,67).<br />

/tat/ Dans <strong>la</strong> partie alvéo<strong>la</strong>ire nous comptons une différence de 8,17 contacts entre B0<br />

et B3 : B0 (21,50) ≥ B1 (18,17) ≥ B2 (17)≥ B3 (13,33). Dans <strong>la</strong> partie vé<strong>la</strong>ire, il n’est<br />

pas observé pas de réelle différence : B0 (8,5) ≥ B1 (7,67) = B2 (7,67) = B3 (7,5).<br />

/did/ Dans <strong>la</strong> zone alvéo<strong>la</strong>ire, on a une différence de 3.67 contacts entre B0 et B3 : B0<br />

(25) ≥ B1 (23,17) ≥ B2 (22,25)≥ B3 (21,33). Dans <strong>la</strong> zone vé<strong>la</strong>ire on a une différence de<br />

3,58 contacts entre B0 et B3 : B0 (14,33) ≥ B2 (12,67) ≥ B1 (10,67) = B3 (10,75).<br />

/tit/ Dans <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> consonne perd 3.58 contacts : B0 (25,58) ≥ B1<br />

(22,17) = B2 (22,17)= B3 (22) Dans <strong>la</strong> région vé<strong>la</strong>ire il y a 2,17 contacts de moins entre<br />

B0 et B1: B0 (14,5) = B2 (14)= B3 (14,17) ≥ B1 (11,83).<br />

Locuteur YM :<br />

/dad/ Dans <strong>la</strong> partie alvéo<strong>la</strong>ire, nous observons une perte de 5,25 contacts de B0 à B3 :<br />

B0 (19) ≥ B1 (18,75) ≥ B2 (14,17) ≥ B3 (13,75).Dans <strong>la</strong> partie vé<strong>la</strong>ire, nous observons<br />

une perte de 4,59 contacts de B0 à B3 : B0 (7,17) = B1 (7,75) ≥ B2 (2,83) = B3 (2,58)<br />

/did/ Dans <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire, nous notons peu de différences entre B0 et B3 : B0<br />

(25,83) ≤ B2 (26,42) ≤ B1 (27,92) = B3 (27,5). Dans <strong>la</strong> région vé<strong>la</strong>ire les contacts sont<br />

aussi stables : B0 (15,67) ≤ B1 (16,67) = B2 (16) = B3 (16,08)<br />

125


tat/ Dans <strong>la</strong> partie alvéo<strong>la</strong>ire nous observons un gain de +3,75 contacts entre B0 et<br />

B3 : B0 (23,67) ≤ B1 (26,92) = B2 (26) ≤ B3 (27,42). Dans <strong>la</strong> partie vé<strong>la</strong>ire, on observe<br />

un gain de +2,75 contacts : B0 (9,33) ≤ B1 (10,25) ≤ B2 (11) ≤ B3 (12,08).<br />

/tit/ Dans <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire il est relevé peu de différence entre les conditions : B0<br />

(26,42) ≤ B1 (28,25) = B2 (28,17) = B3 (28,25). Dans <strong>la</strong> partie vé<strong>la</strong>ire, on observe un<br />

gain de +2,75 contacts : B0 (15,58) ≤ B1 (16,92) ≤ B2 (17,33) ≤ B3 (19,33).<br />

Sur l’ensemble <strong>des</strong> séquences étudiées, nous remarquons que le locuteur BL perd plus<br />

de contacts LP avec les bite-blocks que le locuteur YM pour qui au contraire, les<br />

contacts LP peuvent s’accroître avec les bite-blocks. Nous soulignons aussi que les deux<br />

locuteurs perdent <strong>des</strong> contacts sur le /d/ suivi de /a/. Notons que les changements se font<br />

surtout <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie alvéo<strong>la</strong>ire <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> consonnes.<br />

6.2 L’aspect qualitatifs de <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> contacts : les patrons de<br />

contacts.<br />

Nous présentons les patrons moyennés sur les 12 répétitions et <strong>dans</strong> chacune <strong>des</strong><br />

conditions d’enregistrement.<br />

Les électro<strong>des</strong> en b<strong>la</strong>nc sur les patrons n’ont jamais été contactées (0%), les noires ont<br />

toujours été contactées (100%). Trois niveaux de gris sont utilisés pour définir les<br />

différents degrés de contact : gris c<strong>la</strong>ir pour les contacts jusqu’à 25% ; gris moyen pour<br />

les contacts jusqu’à 50% et gris foncé pour les contacts jusqu’à 75%.<br />

Pour chaque séquence et chaque locuteur, nous montrons de gauche à droite les patrons<br />

de contacts sans bite-block (patron de référence), avec le fin bite-block (B1=5 mm), le<br />

moyen (B2=10 mm) et le plus épais (B3=16 mm).<br />

126


6.2.1 Les patrons de contacts <strong>du</strong> locuteur BL<br />

6.2.1.1 Séquence /dad/<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

Figure n° 6.10 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /dad/, locuteur BL.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les électro<strong>des</strong> <strong>des</strong> deux 1 ères rangées alvéo<strong>la</strong>ires sont totalement<br />

contactées par l’apex. On remarque quatre contacts <strong>la</strong>téraux sur <strong>la</strong> 3 ème rangée (colonnes<br />

1, 2, 7 et 8, les plus <strong>la</strong>térales de chaque coté <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is) sûrement effectués par <strong>la</strong> partie<br />

<strong>la</strong>minale <strong>la</strong>térale de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Les contacts <strong>la</strong>téraux sont symétriques et se prolongent<br />

jusqu’à <strong>la</strong> dernière rangée postérieure.<br />

Avec les bite-blocks, les contacts alvéo<strong>la</strong>ires diminuent au fur et à mesure que<br />

l’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks augmente. Avec le B1, <strong>la</strong> deuxième rangée alvéo<strong>la</strong>ire est<br />

moins souvent contactée entièrement et les contacts <strong>la</strong>téraux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région pa<strong>la</strong>tale se<br />

font aussi plus rares. Avec le B2, les occurrences <strong>des</strong> contacts diminuent encore excepté<br />

sur <strong>la</strong> 1 ère rangée d’électro<strong>des</strong>. Avec les B3, seulement les électro<strong>des</strong> de <strong>la</strong> 1 ère rangée<br />

alvéo<strong>la</strong>ire (dentale) sont encore contactées. L’aire de contacts est rétrécie. L’amplitude<br />

<strong>des</strong> contacts est ré<strong>du</strong>ite par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks. Le lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> /d/ est<br />

avancé par rapport à son lieu d’articu<strong>la</strong>tion de référence B0 : seulement l’apex peut<br />

rester en contact <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo-dentale, juste derrière les dents. Pour effectuer <strong>la</strong><br />

constriction sur <strong>la</strong> première rangée antérieure d’électro<strong>des</strong>, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue doit s’incurver de<br />

plus en plus de sorte que le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue soit en position basse et permette à l’apex<br />

de s’é<strong>la</strong>ncer vers les dents. L’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks est distinctive <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où<br />

plus le bite-blocks est épais, plus <strong>la</strong> mâchoire est ouverte, plus le locuteur perd <strong>des</strong><br />

contacts.<br />

127


6.2.1.2 Séquence /tat/<br />

Figure n° 6.11: Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tat/, locuteur BL.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les deux 1 ère rangées alvéo<strong>la</strong>ires sont contactées totalement par<br />

l’apex. La 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire est aussi souvent contactée (colonnes 1, 2, 3, 6, 7 et 8)<br />

par <strong>la</strong> partie <strong>la</strong>minale de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Les contacts <strong>la</strong>téraux sont symétriques.<br />

Avec lesbite-blocks les contacts de <strong>la</strong> 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire se raréfient, mais les<br />

contacts persistent toujours sur les deux 1 ères rangées alvéo<strong>la</strong>ires et sur les bords <strong>la</strong>téraux<br />

de façon symétrique. La 2 ème rangée d’électrode perd seulement un contact en B3. Les<br />

patrons sont les mêmes <strong>dans</strong> les quatre conditions, seulement <strong>la</strong> fréquence de contact de<br />

<strong>la</strong> 2 ème et 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire diminue. L’amplitude n’est pas diminuée de façon<br />

drastique. Ce patron est très proche de celui de <strong>la</strong> consonne voisée, à deux électro<strong>des</strong><br />

près sur <strong>la</strong> 3 ième rangée (colonnes 3 et 6 contactées en plus pour <strong>la</strong> non voisée). Avec les<br />

bite-blocks, nous observons moins de perte de contacts que sur <strong>la</strong> voisée<br />

correspondante. Le lieu d’articu<strong>la</strong>tion est le même en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale et avec les<br />

bite-blocks. L’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks n’est pas distinctive : B0≥ B1= B2=B3.<br />

L’activité de <strong>la</strong> partie antérieure de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (apex et <strong>la</strong>me) est encore réalisée malgré<br />

les perturbations. Les différences observées entre les conditions normale et bloquées<br />

sont moins marquées que pour <strong>la</strong> séquence voisée /dad/ : nous notons ici peu de perte de<br />

contacts et de changement de lieu d’articu<strong>la</strong>tion. Malgré <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> perturbations,<br />

l’amplitude <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux semble rester stable. L’articu<strong>la</strong>tion conserve<br />

mieux les contacts <strong>la</strong>téraux que sur <strong>la</strong> voisée /d/ pour <strong>la</strong>quelle l’amplitude est c<strong>la</strong>irement<br />

ré<strong>du</strong>ite par les bite-blocks.<br />

128


6.2.1.3 Séquence /did/<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

Figure n°6.12: Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /did, locuteur BL.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les électro<strong>des</strong> <strong>des</strong> deux 1 ères rangées alvéo<strong>la</strong>ires sont toutes<br />

contactées. La 3 ième rangée est contactée à l’exception <strong>des</strong> électro<strong>des</strong> de <strong>la</strong> colonne 5;<br />

(75%). On remarque <strong>des</strong> contacts <strong>la</strong>téraux sur <strong>la</strong> 4 ème rangée (colonnes 1, 2, 7 et 8) qui<br />

s’étendent symétriquement de l’avant vers l’arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Avec les bite-blocks, on<br />

note seulement une baisse de fréquence de contacts sur les électro<strong>des</strong> de <strong>la</strong> 3 ième rangée<br />

(colonne 4, 5 et 6). Les contacts <strong>la</strong>téraux sont conservés. Les patrons sont quasi les<br />

mêmes en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale et en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> avec bite-blocks, seule <strong>la</strong> fréquence de<br />

contact diminue. D’une manière générale, on observe peu de perte de contacts entre <strong>la</strong><br />

condition normale et les conditions avec bite-blocks. L’amplitude <strong>des</strong> contacts de /d/<br />

suivi de /i/ diminue peu avec les bite-blocks. On n’observe pas de changement de lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion, comme on l’a observé pour /d/ suivi de /a/. Nous supposons que c’est<br />

grâce à <strong>la</strong> forte influence co<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> de <strong>la</strong> voyelle /i/ subséquente que l’occlusive<br />

alvéo<strong>la</strong>ire est résistante, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure ou les deux segments ont le même lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion. On n’observe pas de différence drastique en fonction de l’épaisseur <strong>des</strong><br />

bite-blocks.<br />

129


6.2.1.4 Séquence /tit/<br />

Figure n° 6.13: Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tit/, locuteur BL.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, toutes les électro<strong>des</strong> sont contactées sur les trois 1 ères rangées<br />

(totalité de <strong>la</strong> partie alvéo<strong>la</strong>ire). Les électro<strong>des</strong> sur les bords <strong>la</strong>téraux <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is (colonne<br />

1, 2, 7 et 8) ont aussi une fréquence de contacts élevée. On constate que ces patrons sont<br />

quasi les mêmes que ceux de <strong>la</strong> consonne de <strong>la</strong> séquence /did/ (figure 6.12).<br />

Avec les bite-block, les contacts s’amenuisent seulement sur <strong>la</strong> 3 ième rangée (colonne 4,<br />

5 et 6). Les patrons sont identiques aux patrons en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, seulement <strong>la</strong><br />

fréquence de contacts diminue avec B1 et B2. Avec B3 <strong>la</strong> fréquence <strong>des</strong> contacts<br />

<strong>la</strong>téraux est même renforcée, nous remarquons que les électro<strong>des</strong> <strong>des</strong> colonnes 2 et 7<br />

sont plus souvent contactées. La voyelle fermée /i/ permet de garder plus de contacts<br />

que <strong>la</strong> voyelle ouverte /a/. L’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks ne semble pas être distinctive.<br />

Certes le locuteur réagit à l’intrusion d’une perturbation, mais ensuite le nombre de<br />

contacts est identique en B0, B2 et B3. Nous ne notons pas de changement fort<br />

d’amplitude, ni de changement de lieu d’articu<strong>la</strong>tion. Sur le /t/ de /tit/, on observe moins<br />

de perte de contacts que sur le /d/ de /did/ : <strong>la</strong> consonne non voisée semble plus robuste.<br />

Les contacts de <strong>la</strong> consonne non voisée sont mieux préservés que ceux de <strong>la</strong> consonne<br />

voisée, ce qui est également le cas en contexte CaC.<br />

6.2.1.5 Comportement général <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Les consonnes voisées perdent plus de contacts que les consonnes non voisées.<br />

L’épaisseur <strong>des</strong>bite-blocks est pertinente seulement pour <strong>la</strong> séquence voisée + /a/. Les<br />

consonnes voisées suivies de /a/ perdent plus de contacts que celles suivies de /i/. Nous<br />

130


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

proposons un c<strong>la</strong>ssement en fonction <strong>du</strong> nombre de contacts per<strong>du</strong>s sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is entre les conditions B0 et les autres: Voisée + /a/ (-15,5) ≥ non voisée +/a/ (-9,17)<br />

≥ voisée + /i/ (-7,41) ≥ non voisée +/i/ (-3,92).<br />

6.2.2 Les patrons de contacts <strong>du</strong> locuteur YM<br />

6.2.2.1 Séquence /dad/<br />

Figure n° 6.14 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /dad/, locuteur YM.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les contacts se situent sur les électro<strong>des</strong> <strong>des</strong> deux 1 ères rangées<br />

alvéo<strong>la</strong>ires, sur les colonnes 1, 2, 7 et 8 de <strong>la</strong> 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire et sur les bords<br />

<strong>la</strong>téraux (colonne 1 et 8). A partir de B2, le patron de contacts est le même que celui <strong>du</strong><br />

locuteur BL (figure 6.10) en utilisant plus les côtés.<br />

Avec le B1, les électro<strong>des</strong> <strong>la</strong>térales sont plus souvent contactées alors que celles de <strong>la</strong><br />

2 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire le sont moins souvent sur les colonnes 4, 5 et 6 (75%). Les<br />

contacts alvéo<strong>la</strong>ires diminuent au fur et à mesure que l’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks<br />

augmente. Les contacts <strong>la</strong>téraux diminuent dès le B2 et disparaissent avec le B3. Seule<br />

<strong>la</strong> première rangée de <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire reste contactée en toalité ainsi que les bords<br />

<strong>des</strong> trois rangées suivantes. L’apex reste contactée sur <strong>la</strong> partie alvéo-dentale. D’une<br />

manière globale, le nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux diminue avec B2 et B3.<br />

Comme pour le locuteur BL, l’amplitude <strong>des</strong> contacts est diminuée, et le lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion est changé sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks. L’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks<br />

joue un rôle particulier : plus les bite-blocks sont épais, plus <strong>la</strong> mâchoire est ouverte et<br />

131


plus les contacts diminuent : B0 ≥ B1 ≥ B2 ≥ B3. L’articu<strong>la</strong>tion s’avance sûrement sur<br />

<strong>la</strong> région dentale en même temps qu’on observe un affaiblissement <strong>des</strong> contacts<br />

alvéo<strong>la</strong>ires : l’occlusion est moins <strong>la</strong>rge.<br />

6.2.2.2 Séquence /tat/<br />

Figure n° 6.15 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tat/, locuteur YM.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire est entièrement contactée. La 4 ième rangée<br />

admet <strong>des</strong> contacts symétriques sur les colonnes 1, 2, 7 et 8. Les contacts <strong>la</strong>téraux sont<br />

symétriques et vont de l’avant vers l’arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, sur les colonnes 1 et 8. La<br />

consonne non voisée admet <strong>la</strong> 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire contactée en plus par rapport à <strong>la</strong><br />

consonne voisée. Si on compare avec <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> même séquence <strong>du</strong> locuteur<br />

BL (figure6.11), on voit bien que YM contacte <strong>la</strong> 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire en plus.<br />

Avec les bite-blocks, les patrons sont les mêmes que sans bite-block. On constate un<br />

gain de <strong>la</strong> fréquence de contact avec B2 et B3 <strong>la</strong> troisième rangée est totalement<br />

contactée. Sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, l’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> séquence /tat/ de YM<br />

semble renforcée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire par l’apex et <strong>la</strong> <strong>la</strong>me. Les bords de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

ont alors tendance à contacter plus les bords <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, on en dé<strong>du</strong>it que le corps de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue adopterait une forme moins concave. En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, l’amplitude <strong>des</strong><br />

contacts est supérieure à celle de <strong>la</strong> voisée /d/. Avec les bite-blocks on observe un gain<br />

de contacts alors qu’on avait une perte de contacts sur <strong>la</strong> voisée /d/. L’amplitude n’est<br />

pas altérée par l’insertion <strong>des</strong> bite-blocks, certains contacts sont même renforcés <strong>dans</strong> le<br />

sens où ils sont plus fréquents. Le lieu d’articu<strong>la</strong>tion reste inchangé mais on observe une<br />

petite éten<strong>du</strong>e <strong>des</strong> contacts vers l’arrière ce qui est <strong>la</strong> marque d’un renforcement<br />

132


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> (Fougeron 1998). La consonne non voisée gagne <strong>des</strong> contacts alors que <strong>la</strong><br />

consonne voisée en perd.<br />

6.2.2.3 Séquence /did/<br />

Figure n° 6.16 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /did/, locuteur YM.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les deux 1 ères rangées alvéo<strong>la</strong>ires ont les électro<strong>des</strong> contactées<br />

pleinement. La 3 ième rangée alvéo<strong>la</strong>ire est presque entièrement contactée, il manque<br />

seulement <strong>la</strong> colonne 4. La 4 ème rangée est contactée de façon symétrique, colonnes 1, 2,<br />

3, 6, 7, 8. Les contacts <strong>la</strong>téraux sont symétriques de l’avant vers l’arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is sur<br />

les colonnes 1 et 8 et sont moins fréquents sur les colonnes 2 et 7. Par rapport à <strong>la</strong><br />

séquence /dad/, <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire admet plus de contacts. En comparaison avec <strong>la</strong><br />

même séquence <strong>du</strong> locuteur BL, YM contacte en plus <strong>la</strong> troisième et <strong>la</strong> quatrième<br />

rangée.<br />

Avec les bite-blocks, les patrons de contacts sont les mêmes qu’en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale.<br />

Les trois premières rangées alvéo<strong>la</strong>ires sont totalement contactées. Les électro<strong>des</strong> <strong>des</strong><br />

troisième et quatrième rangées gagnent en fréquence de contact, de même que les<br />

électro<strong>des</strong> <strong>des</strong> bords <strong>la</strong>téraux <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is : les contacts postérieurs sont aussi augmentés.<br />

On peut conclure que sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, l’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> séquence /did/<br />

de YM semble renforcée <strong>dans</strong> le sens où <strong>la</strong> consonne suivie de <strong>la</strong> voyelle /i/ permet de<br />

gagner en fréquence de contacts <strong>la</strong>téraux <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire par l’apex et <strong>la</strong> <strong>la</strong>me<br />

de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, mais aussi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région pré-pa<strong>la</strong>tale par les contacts <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue. Les patrons ne montrent pas de différence <strong>dans</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> contacts, mais<br />

<strong>des</strong> différences sur <strong>la</strong> fréquence de contacts.<br />

133


6.2.2.4 Séquence /tit/<br />

Figure n° 6.17 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tit/, locuteur YM.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les trois 1 ères rangées alvéo<strong>la</strong>ires ont leurs électro<strong>des</strong> contactées.<br />

La 4 ème rangée est contactée de façon symétrique, colonnes 1, 2, 3, 6, 7 et 8. Les<br />

électro<strong>des</strong> <strong>la</strong>térales sont totalement contactées de façon quasi symétrique de l’avant<br />

jusqu’à l’arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, sur les colonnes 1, 2, 7 et 8. Ce patron est quasi le même que<br />

le patron de <strong>la</strong> consonne de <strong>la</strong> séquence /did/ (figure6.16). YM contacte en plus <strong>la</strong><br />

troisième et quatrième rangée antérieure par rapport à <strong>la</strong> même consonne pro<strong>du</strong>ite par le<br />

locuteur BL (figure 6.13).<br />

Avec les bite-blocks, les électro<strong>des</strong> sont plus souvent contactées sur les trois 1 ères<br />

rangées alvéo<strong>la</strong>ires. Les contacts <strong>la</strong>téraux persistent aussi. Ce locuteur gagne<br />

principalement en fréquence de contacts sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, le lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion n’est pas modifié et l’amplitude n’admet pas de changement drastique.<br />

6.2.2.5 Comportement général <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Nous soulignons ici encore que les consonnes suivies de /a/ perdent plus de contacts que<br />

celles suivies de /i/. Cependant, nous n’observons pas de perte de contacts si marquée<br />

que pour les consonnes <strong>du</strong> locuteur BL. Nous n’avons pas relevé de différences<br />

statistiquement significatives et les patrons de contacts sont les mêmes avec et sans biteblock.<br />

Seule <strong>la</strong> consonne /d/ de <strong>la</strong> séquence /dad/ subit <strong>des</strong> pertes de contacts, alors que<br />

les autres séquences ont plutôt tendance à voir <strong>la</strong> fréquence de contacts renforcée par <strong>la</strong><br />

présence <strong>des</strong> bite-blocks. Le c<strong>la</strong>ssement <strong>des</strong> séquences selon le nombre de contacts<br />

134


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 6 : Résultats spatiaux<br />

per<strong>du</strong>s ou gagnés serait le suivant : Voisée + /a/ (-10) ≥ non voisée +/a/ (+6,42) ≥ voisée<br />

+ /i/ (+2,95) ≥ non voisée +/i/ (+2,41). Soulignons que selon cette même échelle, le<br />

locuteur BL perd <strong>des</strong> contacts et le locuteur YM en gagne : <strong>la</strong> séquence <strong>la</strong> plus variable<br />

est /d/ suivi de /a/ et <strong>la</strong> plus stable est /t/ suivi de /i/.<br />

6.3 Résumé sur les résultats spatiaux<br />

Nous confirmons ici que les locuteurs ont deux comportements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s différents<br />

en réponse aux situations de perturbations.<br />

De manière générale, le locuteur BL pro<strong>du</strong>it ses <strong>occlusives</strong> en contactant les deux<br />

premières rangées alvéo<strong>la</strong>ires avec /a/ et les trois premières avec /i/. Le locuteur BL a<br />

une <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> très apicale et en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> bloquée il semble renforcer son habitude<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> ce qui expliquerait en partie l’avancement et <strong>la</strong> perte <strong>des</strong> contacts. Plus <strong>la</strong><br />

mâchoire est écartée, plus les contacts apico-alvéo<strong>la</strong>ires sont ré<strong>du</strong>its.<br />

Le locuteur YM pro<strong>du</strong>it ses <strong>occlusives</strong> sur les trois premières rangées alvéo<strong>la</strong>ires avec<br />

/a/ et sur les quatre premières rangées avec /i/. Il apparaît que le locuteur YM contacte<br />

plus d’électro<strong>des</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire que le locuteur BL : l’articu<strong>la</strong>tion est plutôt<br />

apico-<strong>la</strong>minale. En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> bloquée, non seulement il conserve ses contacts, mais il<br />

est aussi susceptible d’augmenter l’aire d’articu<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> partie <strong>la</strong>minale de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue : l’action couplée de l’apex et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me est conservée. Il est certain qu’il faut<br />

mettre en re<strong>la</strong>tion ces articu<strong>la</strong>tions différentes avec les différences physiologiques.<br />

Précisément, le pa<strong>la</strong>is <strong>du</strong> locuteur YM est plus étroit que celui <strong>du</strong> locuteur BL, ce qui<br />

peut aussi contribuer au fait que les contacts soient plus rassemblés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie<br />

alvéo<strong>la</strong>ire, partie <strong>la</strong> plus étroite <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is.<br />

Le locuteur BL accuse une perte de contacts significative avec les bite-blocks sur /d/<br />

suivi de <strong>la</strong> voyelle /a/. Les consonnes suivies de <strong>la</strong> voyelle /i/ ont aussi tendance à<br />

perdre <strong>des</strong> contacts mais de manière beaucoup moins sévère. Pour ce locuteur, les effets<br />

<strong>des</strong> bite-block sont significatifs sur le nombre de contacts.<br />

Le locuteur YM accuse une perte de contacts seulement sur <strong>la</strong> consonne de <strong>la</strong> séquence<br />

/dad/ à partir <strong>du</strong> B2. Nous avons observé une tendance à l'accroissement <strong>des</strong> contacts<br />

alvéo<strong>la</strong>ires sur les autres séquences : l’articu<strong>la</strong>tion semble être renforcée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone<br />

135


d’articu<strong>la</strong>tion. Les contacts alvéo<strong>la</strong>ires sont maintenus. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks ne<br />

sont pas significatifs sur l’amplitude <strong>des</strong> contacts.<br />

Nous remarquons que les effets <strong>des</strong> bite-blocks se font fortement ressentir sur /d/ suivi<br />

de /a/ concernant les deux locuteurs. Avec lesbite-blocks et surtout le B3, <strong>la</strong> séquence<br />

/dad/ perd <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux aussi bien <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire que <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

région vé<strong>la</strong>ire. L’épaisseur <strong>des</strong> bite-blocks est pertinente <strong>dans</strong> le sens où plus <strong>la</strong><br />

mâchoire est ouverte, moins les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sont possibles. L’articu<strong>la</strong>tion<br />

apico-<strong>la</strong>minale <strong>du</strong> /d/ de BL suivi de /a/ devient apicale au fur et à mesure que nous<br />

écartons <strong>la</strong> mâchoire. Le barrage <strong>du</strong> flux d’air phonatoire sur <strong>la</strong> première rangée<br />

d’électro<strong>des</strong> est conservé. Nous en dé<strong>du</strong>isons que seule l’activité de l’apex persiste pour<br />

permettre <strong>la</strong> constriction nécessaire, alors que les contacts <strong>des</strong> autres parties de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

disparaissent. L’articu<strong>la</strong>tion s’affaiblit puisque <strong>la</strong> zone de contacts ne s’étend plus <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> partie arrière <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. La forme de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue est devenue plus concave projetant<br />

l’apex vers <strong>la</strong> région dentale directement. Ce résultat confirme <strong>la</strong> forte indépendance de<br />

l’apex par rapport au corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue mais aussi par rapport à l’activité de <strong>la</strong><br />

mâchoire.<br />

La baisse d’amplitude s’accompagne donc d’un avancement de lieu d’articu<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> région dentale. Nous reconnaissons que ce résultat commun n’est pas surprenant. En<br />

effet, nous avons vu que les consonnes voisées sont moins résistantes que les non<br />

voisées face aux variations contextuelles ce qui contribue au fait qu’elles résistent<br />

moins bien face aux perturbations extérieures. En tout état de cause, nous pouvons nous<br />

demander si nous avons toujours affaire à <strong>la</strong> réalisation d’un segment /d/. En effet, il<br />

devient si faible qu’il peut être réalisé comme un autre segment de type « f<strong>la</strong>p » ou<br />

« tap ». Comme l’explique Ladefoged (1998), un « tap » est caractérisé par <strong>des</strong> contacts<br />

extrêmement brefs entre les articu<strong>la</strong>teurs et «…made by a direct movement of the<br />

tongue tip to a contact location in the dental or alveo<strong>la</strong>r region » (p.231), exactement<br />

comme nous l’observons. Nous allons vérifier cette hypothèse en examinant les<br />

résultats <strong>des</strong> données temporelles <strong>dans</strong> le chapitre 7 suivant : si <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong><br />

constriction maximale est plus courte et si le geste de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale est plus<br />

rapide avec les bite-blocks, alors nous pourrons conclure à <strong>la</strong> réalisation d’un « tap ».<br />

136


137


138


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

CHAPITRE 7 : Les résultats temporels<br />

L’organisation temporelle <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s est un souci central en<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. On sait qu’elle exige un contrôle en temps réel et très précis<br />

mais on se demande encore de quelle manière. Nous cherchons à montrer que<br />

l’organisation temporelle <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s peut être modifiée sous<br />

l’influence <strong>des</strong> perturbations ce qui reviendrait à affirmer que nous assistons à une<br />

réorganisation temporelle.<br />

Voisi un résumé <strong>des</strong> questions que nous nous posons à propos de l’observation <strong>des</strong><br />

paramètres temporels. Avec <strong>la</strong> perturbation, observe-t-on un allongement de <strong>la</strong> phrase<br />

porteuse, de <strong>la</strong> séquence CVC, de <strong>la</strong> consonne d’attaque et de <strong>la</strong> voyelle (CVC) ?<br />

Concernant le timing intra-gestuel, les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> phases de <strong>la</strong> consonne évoluent-elles<br />

de <strong>la</strong> même façon que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée totale de <strong>la</strong> consonne ?<br />

Nous présentons les <strong>du</strong>rées absolues et les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives et nous essayerons de<br />

distinguer les différences ou points communs exhibés par cette double observation.<br />

Rappelons que nous entendons par <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives le rapport de chacune <strong>des</strong> phases sur<br />

<strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne entière. Le lecteur pourra se référer aux nombreux tableaux <strong>des</strong><br />

moyennes qui sont présentés en annexe afin de ne pas surcharger <strong>la</strong> présentation.<br />

7.1 Le contrôle <strong>des</strong> <strong>du</strong>rées<br />

Avant d’examiner si les gestes linguaux sont compressés ou é<strong>la</strong>rgis sous l’influence <strong>des</strong><br />

bite-blocks, il est juste de vérifier si les bite-blocks in<strong>du</strong>isent une variation de <strong>la</strong> vitesse<br />

d’élocution en général. Dans un premier temps, nous avons calculé <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> énoncés<br />

complets sans bite-block et avec bite-block. Ces <strong>du</strong>rées de référence permettent de<br />

discerner si on observe <strong>des</strong> changements importants de <strong>la</strong> vitesse d’élocution qui<br />

pourraient influencer d’une manière générale le timing inter-gestuel et le timing-intra<br />

gestuel. Nous avons calculé le rapport de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée acoustique de <strong>la</strong> consonne et de <strong>la</strong><br />

voyelle, sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> séquence. Nous avons fait un regroupement en fonction <strong>des</strong><br />

conditions pour dégager les tendances chez les deux locuteurs.<br />

139


temps en ms<br />

1420<br />

1400<br />

1380<br />

1360<br />

1340<br />

1320<br />

1300<br />

1280<br />

1260<br />

1240<br />

1220<br />

1200<br />

<strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> phrase<br />

B0 B1 B2 B3<br />

conditions<br />

Figure n° 7.1 : Durée de <strong>la</strong> phrase porteuse <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En<br />

abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En observant <strong>la</strong> figure 7.1, nous pouvons constater que <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks a<br />

tendance à ralentir le débit de <strong>la</strong> phrase pour les deux locuteurs. Plus le bite-block est<br />

épais, plus l’allongement est grand : nous voyons un allongement de 100ms en moyenne<br />

entre <strong>la</strong> situation normale B0 et <strong>la</strong> situation B3.<br />

temps en ms<br />

120<br />

110<br />

100<br />

90<br />

80<br />

<strong>du</strong>rée voyelle de <strong>la</strong> séquence CVC<br />

B0 B1 B2 B3<br />

condition<br />

Figure n° 7.2 : Durée de <strong>la</strong> voyelle centrale de CVC <strong>dans</strong> les quatre conditions<br />

d’enregistrement. En abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

La figure 7.2 montre que <strong>la</strong> voyelle centrale de CVC est allongée de 25 ms en moyenne<br />

avec les bite-blocks pour le locuteur BL et de seulement 8 ms pour le locuteur YM.<br />

Déjà, nous remarquons deux réactions différentes de nos locuteurs, mais cette tendance<br />

reste à confirmer <strong>dans</strong> l’analyse postérieure.<br />

140<br />

YM<br />

BL<br />

YM<br />

BL


temps en ms<br />

130<br />

120<br />

110<br />

100<br />

90<br />

80<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

<strong>du</strong>rée consonne C1 de CVC<br />

B0 B1 B2 B3<br />

conditions<br />

Figure n° 7.3 : Durée de <strong>la</strong> consonne C1 <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En<br />

abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

La figure 7.3 concerne <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée totale de <strong>la</strong> consonne étudiée. Pour le locuteur YM, avec<br />

les bite-blocks, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de C1 reste inchangée. Pour le locuteur BL, nous notons un<br />

faible allongement de 10 ms.<br />

%<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

rapport C1/CVC<br />

B0 B1 B2 B3<br />

conditions<br />

Figure n°7.4 : La proportion de <strong>la</strong> consonne C1 ans <strong>la</strong> séquence CVC <strong>dans</strong> les quatre conditions<br />

d’enregistrement. En abscisse, les conditions. En ordonnée, le pourcentage de C1 sur CVC.<br />

La figure 7.4 montre que <strong>la</strong> consonne étudiée représente environ 40% de <strong>la</strong> séquence<br />

CVC. Nous ne voyons pas de gran<strong>des</strong> variations entre les différentes conditions : <strong>la</strong><br />

proportion de <strong>la</strong> consonne semble rester <strong>la</strong> même malgré <strong>la</strong> perturbation.<br />

Avec les bite-blocks, <strong>la</strong> phrase est prononcée plus lentement par les locuteurs,<br />

cependant, ni <strong>la</strong> séquence CVC ni <strong>la</strong> consonne étudiée C1 ne sont allongées.<br />

141<br />

YM<br />

BL<br />

YM<br />

BL


7.2 Durée totale <strong>des</strong> consonnes<br />

7.2.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> consonnes<br />

Cell Mean<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dc1<br />

Effe t : loc * cond * cvc<br />

Barr e s d 'e r r e u r : 95% In te r valle d e co n fian ce<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n°7.5: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> consonnes. En<br />

abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (B0, B1, B2 et B3).<br />

En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

De manière globale, <strong>la</strong> variable (d’enregistrement) influence <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong><br />

consonnes [F(3,352)=4,223 ; p=0,006]. L’effet de <strong>la</strong> condition expérimentale, les biteblocks,<br />

dépend faiblement <strong>du</strong> locuteur [F (3,352)=2,849 ; p=0,0374]. En effet, nous<br />

remarquons que les locuteurs ont <strong>des</strong> réactions différentes : nous observons une plus<br />

grande variation <strong>des</strong> valeurs chez le locuteur BL. L’effet de <strong>la</strong> condition expérimentale<br />

dépend fortement de <strong>la</strong> séquence puisque nous relevons une interaction entre ces deux<br />

facteurs [F(9,352)=4,221 ; p


7.2.2 Durées <strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur BL.<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.6: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale (B0), on confirme d’une manière générale que les consonnes<br />

non voisées sont plus longues que les voisées. Les contraintes aérodynamiques sont plus<br />

fortes sur les <strong>occlusives</strong> voisées, comme nous l’avons souligné <strong>dans</strong> chapitre 4. Les<br />

consonnes avec /i/ sont plus longues que leurs homologues avec /a/ : /ti/ (144,85) ≥ /di/<br />

(13,31) ≥ /ta/ (128,56) ≥ /da/ (104,11)<br />

Sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, on remarque que seules les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> séquences avec<br />

/i/ sont allongées, et cet allongement semble se faire au fur et à mesure que l’épaisseur<br />

<strong>des</strong> bite-blocks augmente. Cet allongement est plus marqué sur <strong>la</strong> non voisé /t/ avec /i/<br />

(45,8 ms entre B0 et B3), que sur <strong>la</strong> voisée /d/, (+19,8 ms entre B0 et B3).<br />

/di/ : B0 (135,31) = B1 (137,71) ≤ B2 (149,54) ≤ B3 (155,12)<br />

/ti/ : B0 (144,85) ≤ B1 (160,25) ≤ B2 (166,62) ≤ B3 (190,76)<br />

Les séquences avec <strong>la</strong> voyelle /a/ n’admettent que très peu de variations temporelles. La<br />

voisée /d/ perd 17,55 ms entre B0 et B2 . La consonne non voisée /t/ perd 14,7 ms entre<br />

B0 et B1.<br />

/da/ : B0 (104,11) ≥ B1 (95,78) = B3 (97,12) ≥ B2 (86,56).<br />

/ta/ : B0 (128,54) ≥ B3(122,87) = B2 (119,02) ≥ B1 (113,84).<br />

143<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


Comme on le voit sur <strong>la</strong> figure 7.7, l’interaction entre <strong>la</strong> condition expérimentale et <strong>la</strong><br />

nature de <strong>la</strong> voyelle est fortement significative [F(3,184)=6,030; p=0,0006]. L’effet <strong>des</strong><br />

bite-blocks est différent en fonction de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle.<br />

Moy. c ell<br />

180<br />

170<br />

160<br />

150<br />

140<br />

130<br />

120<br />

110<br />

100<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dc1<br />

Effet : cond * voyelle<br />

b0 b1 b2 b3<br />

Cell<br />

Figure n° 7.7: Graphe <strong>des</strong> interactions entre les variables et . En<br />

abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

Moy. c ell<br />

180<br />

170<br />

160<br />

150<br />

140<br />

130<br />

120<br />

110<br />

100<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dc1<br />

Effet : cond * voisem ent<br />

b0 b1 b2 b3<br />

Cell<br />

144<br />

a<br />

i<br />

nonvoisé<br />

voisé<br />

Figure n°7.8: Graphe <strong>des</strong> interactions entre les variables et . En<br />

abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

Comme nous pouvons le constater sur <strong>la</strong> figure 7.8, l’interaction entre le voisement et<br />

les effets <strong>des</strong> bite-blocks n’est pas significative [F(3,184)=0,411 ; p=0,7452]. L’effet <strong>du</strong><br />

bite-block ne dépend pas <strong>du</strong> fait que <strong>la</strong> consonne soit voisée ou non voisé.


7.2.3 Durées <strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Moy. <strong>des</strong> <strong>du</strong>rées<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

dad did tat tit<br />

séquences<br />

Figure n°7.9: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> consonnes de YM. En abscisse, chaque séquence <strong>dans</strong><br />

ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les consonnes non voisées sont plus longues que les consonnes<br />

voisées comme nous l’avons souligné aussi concernant les consonnes <strong>du</strong> locuteur BL.<br />

Les consonnes <strong>des</strong> séquences avec /i/ sont plus longues que celles <strong>des</strong> séquences avec<br />

/a/ : /ti/ (144,56) ≥ /di/ (135,75) = /ta/ (131,26) ≥ /da/ (114,21).<br />

Avec les bite-blocks, on remarque un allongement de 17,61 ms entre B0 et B3 sur <strong>la</strong><br />

séquence /did/. Par contre, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> non voisée reste stable en fonction les<br />

conditions.<br />

/di/ : B0 (135,75) = B1( 133,26) = B2 (138,098) ≤ B3 (153,36).<br />

/ti/ : B0 ( 144,56)= B1 ( 145,58) = B2 ( 148,91) = B3 ( 147,11)<br />

Les séquences avec <strong>la</strong> voyelle /a/ affichent un légère diminution de leur <strong>du</strong>rée. La<br />

voisée perd 6,08 ms entre B0 et B alors qu’il n’y a pas de différence ente B0, B1 et B2.<br />

La consonne non voisée perd 11,05 ms entre B0 et B3.<br />

/da/ : B0 (114,21) = B1 (116,13) = B2 (113,20) ≥ B3 (108,13)<br />

/ta/: B0 (131,26) ≥ B1 (127,94) =B2 (126,63) ≥ B3 (120,21)<br />

145<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


Ce<strong>la</strong> nous parait insuffisant pour conclure à <strong>des</strong> changements temporels pertinents sous<br />

l’effet <strong>des</strong> bite-blocks, alors que pour le locuteur BL, on remarquait une tendance plus<br />

marquée à l’allongement <strong>des</strong> consonnes suivies de /i/.<br />

L’effet général de <strong>la</strong> variable principale bite-blocks sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> consonnes de ce<br />

locuteur n’est pas significatif [F(3,188)=0,071 ; p=0,9754]. L’interaction entre <strong>la</strong><br />

variable et <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence est significative [F(9,176) =2,654 ;<br />

p=0,0066]. On soulignera que l’interaction entre les variables et <br />

est aussi significative [F(3,184) =4,385 ; p=0,0052]. Le voisement de <strong>la</strong> consonne<br />

n’influence pas les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(3,184)=0,929 ; p=0,4324].<br />

7.3 Durée <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales (LP)<br />

7.3.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> geste de<br />

fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale<br />

Cell Mean<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dinim ax<br />

Effe t : loc * cond * cvc<br />

Barr e s d 'e r r e u r : 95% In te r valle d e co n fian ce<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n° 7.10 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> geste de<br />

fermeture LP. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives<br />

(b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

La variable principale a un léger effet sur les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> fermetures<br />

[F(3,352)=2,686 ; p=0,0464] (seuil de significativité p≤0,05.) Les effets <strong>des</strong> bite-blocks<br />

dépendent fortement <strong>du</strong> locuteur [F(3,352)=9,087 ; p


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

7.10 que les valeurs <strong>du</strong> locuteur BL sont plus éten<strong>du</strong>es que celles <strong>du</strong> locuteur YM. Les<br />

effets <strong>des</strong> bite-blocks dépendent aussi de <strong>la</strong> séquence [F(9,352)=2,56 ; p=0,0073].<br />

L’interaction entre les variables et est significative<br />

[F(3,352)=15,129 ; p


Les distinctions entre les conditions sont bien plus marquées sur les séquences avec /i/<br />

que sur les séquences avec /a/. En effet, <strong>la</strong> voisée /d/ admet un allongement de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée<br />

de fermeture de 8,91 ms seulement avec le B3 et <strong>la</strong> non voisée /t/ a un allongement de <strong>la</strong><br />

fermeture de 10,75 ms avec le B2.<br />

/da/ : B0 (26,06) =B1 (29,64) = B2 (29,80) ≤ B3(34,97)<br />

/ta/ : B0 (38,98) = B1 (36,05) ≤ B2 (49,73) = B3 (43,97)<br />

Pour ce locuteur, l’influence de <strong>la</strong> variable principale seule est significative<br />

[F(3,188)=5,356 ; p=0,0015]. Les variables secondaires n’influencent pas l’effet <strong>des</strong><br />

bite-blocks : * [F(9,176) =1,278 ; p=0,2515] et *<br />

[F(3,184)=2,038 ; p=0,1102]. L’interaction entre les variables et<br />

n’est pas significative [F(3,184)=0,135 ; p=0,9391]. Les bite-blocks ont<br />

pour conséquence d’allonger de manière significative les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> fermetures de ce<br />

locuteur, et ce indépendamment <strong>des</strong> autres variables considérées.<br />

%<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

24,60<br />

30,63<br />

33,85<br />

35,49<br />

Fermeture de BL<br />

32,26<br />

40,82<br />

49,91<br />

43,29<br />

148<br />

29,86<br />

32,13<br />

42,05<br />

35,55<br />

35,30<br />

36,51<br />

39,18<br />

38,54<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 7.12: Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> fermetures <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les séquences et en<br />

ordonnées les %.<br />

Au regard de <strong>la</strong> figure n° 7.12, en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale <strong>la</strong> fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale<br />

représente environ un tiers de <strong>la</strong> consonne pour les quatres séquences. Il semble que<br />

cette proportion augmente avec les bite-blocks : /dad/ B0 (24,6%) ≤ B3 (35.49%) ; /did/<br />

B0 (32.26%) ≤ B2 (49.91%), /tat/ B0 (29.86%)≤ B2 (42.05%) mais semble stable sur<br />

/tit/.<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

7.3.3 Durées <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales (LP) <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.13 : Durées moyennes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale de YM. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les fermetures sont plus longues sur les <strong>occlusives</strong> non voisées<br />

que sur les voisées comme nous l’avons vu chez le locuteur BL. La fermeture linguopa<strong>la</strong>tale<br />

<strong>des</strong> voisées est identique avec <strong>la</strong> voyelle /a/ et <strong>la</strong> voyelle /i/.<br />

/ta/ (47,60)≥ /ti/ ( 42,80) ≥ /da/ (39,35) = /di/ (38,23)<br />

Avec les bite blocs, les séquences avec /a/ montrent une fermeture plus courte. La<br />

fermeture de <strong>la</strong> voisée perd 20,86 ms entre B0 et B3. La fermeture de <strong>la</strong> non voisée /t/<br />

perd 15,4 ms entre B0 et B3.<br />

/da/ : B0 (39,35) = B1(39,11) = B2 (34,32) ≥ B3 (18,49).<br />

/ta/: B0 (47,60) B1 ≥ B1 (43,92) = B2 (41,13) ≥ B3 (32,20).<br />

Concernant les séquences avec /i/, <strong>la</strong> réaction est différente en fonction <strong>du</strong> voisement.<br />

La fermeture de <strong>la</strong> voisée est allongée de 13,92 ms entre B0 et B3 alors que l’on<br />

n’observe pas de différence entre B0 et B1. La fermeture de <strong>la</strong> non voisée /t/ admet une<br />

ré<strong>du</strong>ction de 6,99 ms entre les conditions B0 et B3.<br />

/di/: B0 (38,23) = B1 (37,04) ≤ B2 (42,35) ≤ B3 (52,15).<br />

/ti/ : B0 (42,8) = B1 (40,12) = B2 (39,20 = B3 (35,81)<br />

149<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


Alors que pour BL, les bite-blocks allongent le geste de fermeture <strong>des</strong> séquences avec<br />

/i/, pour YM <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle ne semble pas être aussi importante.<br />

En fait, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale de ce locuteur n’est pas influencée de<br />

manière significative par les bite-blocks [F(3,188)=1,738 ; p=0,1607]. Les faibles écarts<br />

observés entre les conditions B0 et les autres ne sont pas significatifs. Les effets <strong>des</strong><br />

bite-blocks dépendent de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence [F(9,176)=2,807; p=0,0042]. Par voie<br />

de conséquence les effets <strong>des</strong> bite-blocks dépendent de <strong>la</strong> voyelle [F(3,184)=5,278;<br />

p=0,0016]. Par contre le voisement n’a pas de rôle significatif sur les effets <strong>des</strong> biteblocks<br />

[F(3,184)=0,657; p=0,5798]. Nous observons tout de même un raccourcissement<br />

plus marqué de <strong>la</strong> fermeture concernant <strong>la</strong> séquence /dad/, avec le B3.<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

% 50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

34,52<br />

33,16<br />

29,73<br />

18,62<br />

27,79<br />

27,74<br />

Fermeture de YM<br />

30,99<br />

34,53<br />

150<br />

36,29<br />

33,85<br />

32,46<br />

26,90<br />

29,59<br />

27,37<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°7.14 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse,<br />

les séquences et en ordonnées les %.<br />

Les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives nous montrent que sans bite-blocks <strong>la</strong> fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale<br />

occupe en moyenne un tiers de <strong>la</strong> totalité de <strong>la</strong> consonne. La fermeture de /dad/ perd<br />

15,9 % de B0 à B3, <strong>la</strong> fermeture de /tat/ perd 9,39% de B0 à B3. Seule <strong>la</strong> séquence /did/<br />

voit sa fermeture s’allonger avec les bite-blocks : <strong>la</strong> différence entre B0 et B3 est plus<br />

significative qu’avec les autres bite-blocks : 6,74%. La fermeture de /t/ suivi de /i/ est <strong>la</strong><br />

plus stable face aux bite-blocks, comme pour le locuteur BL (figure 7.12).<br />

26,61<br />

24,02<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7 4. Durée <strong>des</strong> tenues<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

7.4.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue<br />

Cell Mean<br />

150<br />

140<br />

130<br />

120<br />

110<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dtenuc1<br />

Effe t : loc * cond * cvc<br />

Bar r e s d 'e rr e u r : 95% In te r valle d e co n fian ce<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n°7.15: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue. En<br />

abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3).<br />

En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

La variable principale a une forte influence sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue<br />

[F(3,352)=10,149 ; p


7.4.2 Durées <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.16 : Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> tenues pour le locuteur BL. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En condition normale, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue de <strong>la</strong> séquence /dad/ est nettement plus<br />

courte que celle <strong>des</strong> autres séquences : /da/ (69,80) ≤ /di/ (90,46) = /ta/ (90,79) ≤ /ti/<br />

(98,15). Sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, nous observons les mêmes manifestations que<br />

pour les <strong>du</strong>rées totales <strong>des</strong> consonnes et les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales :<br />

seules les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> séquences avec /i/ sont allongées au fur et à mesure que l’épaisseur<br />

<strong>des</strong> bite-blocks augmente. La tenue de <strong>la</strong> voisée est allongée de 19,32ms entre B0 et B2<br />

et <strong>la</strong> tenue de <strong>la</strong> non voisée est allongée de 25,93 ms.<br />

/di/ : B0 (90,46) ≤ B1 (89,71) ≤ B2 (104,99) = B3 (109,98 )<br />

/ti/ : B0 (98,15) = B1 (95,93) ≤ B2 (113,18) ≤ B3 (124,08)<br />

On notera une tendance au raccourcissement de <strong>la</strong> tenue avec <strong>la</strong> voyelle /a/ avec<br />

toujours moins de variation temporelle qu’avec <strong>la</strong> voyelle /i/. La tenue de <strong>la</strong> voisée<br />

diminue de 8,97 ms entre b0 et B2 et <strong>la</strong> tenue de <strong>la</strong> non voisée diminue de 15,11 ms<br />

entre B0 et B2.<br />

/da/ : B0 (69,89) = B3 (68,21) ≥ (62,72) = B2(60,92)<br />

/ta/ : B0 (90,79) = B3 (86,61) ≥ B2 (80,43) = B1 (75,68)<br />

La variable (condition d’enregistrement ou bite-block) seule a un effet<br />

significatif sur les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> tenues de ce locuteur [F(3,188)=3,307 ; p=0,0213]. Par<br />

contre <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence n’influence pas les effets <strong>des</strong> bite-blocks<br />

[F(9,176)=1,774; p=0,0761]. On remarque aussi que les effets <strong>des</strong> bite-blocks sont<br />

152<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

influencés par <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle. [F(3,184)=4,501 ; p=0,0045]. L’interaction entre<br />

condition et voisement n’est pas significative [F(3,184)=0,135 ; p=0,9393].<br />

%<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

67,90<br />

65,63<br />

70,05<br />

69,86<br />

Tenue de BL<br />

67,48<br />

65,06<br />

69,91<br />

70,28<br />

153<br />

71,46<br />

66,56<br />

67,46<br />

70,33<br />

67,71<br />

60,16<br />

67,63<br />

65,33<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 7.17 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les séquences et en<br />

ordonnées les %.<br />

La tenue de ce locuteur BL représente les deux tiers de <strong>la</strong> consonne. Alors qu’en<br />

proportion de <strong>la</strong> tenue avec <strong>la</strong> voyelle /i/, les données re<strong>la</strong>tives ne montrent pas de<br />

différences entre les conditions ni en fonction <strong>du</strong> voisement, ni en fonction de <strong>la</strong><br />

voyelle. Ici, <strong>la</strong> proportion de <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> semble rester re<strong>la</strong>tivement stable.<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7.4.3 Durées <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.18 : Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> tenues de YM. En abscisse, chaque séquence <strong>dans</strong> ses<br />

quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue de /dad/ est nettement à celles <strong>des</strong> autres<br />

séquences. /ti/ (95,74) ≥ /di/ (88,95) = /ta/ (86,21) ≥ /da/ (71,88). La tenue est <strong>la</strong> plus<br />

longue sur <strong>la</strong> consonne non voisée suivie de /i/. Les tenues sont en accord avec les<br />

<strong>du</strong>rées totales <strong>des</strong> consonnes. Nous avons fait <strong>la</strong> même observation à propos <strong>des</strong> tenues<br />

<strong>du</strong> locuteur BL.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> bloquée, nous observons une légère tendance à <strong>la</strong> hausse de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong><br />

tenue, excepté pour <strong>la</strong> séquence /tat/. Concernant les séquences avec /i/, <strong>la</strong> tenue de <strong>la</strong><br />

voisée s’allonge de 21,51 ms entre B0 et B3 mais il n’y a pas de différence entre B0, B1<br />

et B2. La tenue de <strong>la</strong> non voisée varie moins augmente seulement de 9,75 ms entre B0<br />

et B3 sans différence entre B0, B1 et B2.<br />

/di/ : B0 (88,95) = B1 (91,56) = B2 (92,76) ≤ B3 (110,46).<br />

/ti/ : B0 (95,74) ≤ B1 (102,94) = B2 (101,12) = B3 (105,49)<br />

Concernant les séquences avec /a/, seulement <strong>la</strong> tenue de <strong>la</strong> voisée admet un léger<br />

allongement de 9,76 ms entre B0 et B3, et nous n’observons pas de différence entre B0,<br />

B1 et B2. Les tenues de <strong>la</strong> non voisée montrent une certaine stabilité entre les<br />

conditions.<br />

/da/ : B0 (71,88) = B1 (71,66) = B2 (71,87) ≤ B3 (81,64)<br />

/ta/ B0 (86,22) = B1 (84,31) = B2 (82,73) = B3 (84,79)<br />

154<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

Nous avons observé plus de variation en fonction <strong>des</strong> bite-blocks sur les tenues <strong>du</strong><br />

locuteur BL. Pour YM, on observe une hausse de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue seulement sur <strong>la</strong><br />

séquence /did/. Il n’y a pas de variation temporelle remarquable concernant les <strong>du</strong>rées<br />

<strong>des</strong> tenues <strong>des</strong> autres séquences alors que les effets <strong>des</strong> bite-blocks sont significatifs :<br />

[F(3,188)= 3,575 ; p=0,0150]. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks ne dépendent pas de <strong>la</strong> voyelle<br />

[F(3,184)= 1,570 ; p=0,1982] et ne dépendent pas de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence<br />

[F(9,176)= 1,573 ; p=0,1265]. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks ne dépendent pas non plus <strong>du</strong><br />

voisement [F(3,184)=1,659 ; p=0,1774].<br />

%<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

62,90<br />

61,95<br />

63,92<br />

74,26<br />

65,90<br />

68,84<br />

Tenue de YM<br />

66,85<br />

71,85<br />

155<br />

65,80<br />

66,10<br />

65,32<br />

70,09<br />

66,08<br />

70,75<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°7.19 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les séquences et en<br />

ordonnées les %. En abscisse, les séquences et en ordonnées les %.<br />

Nous remarquons que pour les 4 séquences, les tenues occupent un peu moins <strong>des</strong> 2/3<br />

(entre 60% et 70%) de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée totale de <strong>la</strong> consonne. De plus, cette proportion reste <strong>la</strong><br />

même avec les bite-blocks, ce qui nous pousse à croire que cette phase est re<strong>la</strong>tivement<br />

stable face aux perturbations. En <strong>du</strong>rée re<strong>la</strong>tive (comme nous l’avons observé en <strong>du</strong>rée<br />

absolue), nous observons quand même une différence significative de <strong>du</strong>rée sur <strong>la</strong><br />

séquence /dad/, B0(62,90) ≤ B3 (74,26). Les autres séquences ne présentent pas de<br />

variations temporelles aussi drastiques.<br />

67,89<br />

71,96<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7.5. Durée <strong>des</strong> maxima<br />

contacts.<br />

7.5.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum de<br />

Cell Mean<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dm axc1<br />

Effet : loc * cond * cvc<br />

Barre s d'e rreur: 95% Inte rvalle de confiance<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n° 7.20 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum de<br />

contacts. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1,<br />

b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

La variable principale n’a que très peu d’influence sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong><br />

maximum : [F(3,352)=0,831 ; p=0,04776]. L’effet <strong>des</strong> bite-blocks n’est pas le même<br />

chez les deux locuteurs [F(3,352)=8,472 ; p


7.5.2 Durées <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.21: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> maxima pour le locuteur BL. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En parole normale, le maximum est plus long pour <strong>la</strong> séquence /tat/ que pour les autres<br />

séquences. On remarque que le maximum de contacts ne varie pas en fonction de <strong>la</strong><br />

voyelle : /ta/ (44,28) ≥ /da/ (36,58) = /di/ (36,21) ≥ /ti/ (27,87).<br />

Avec les bite-blocks, on remarque que les maximums de contacts <strong>du</strong>rent plus longtemps<br />

que sans bite-block, excepté concernant <strong>la</strong> séquence /tit/ pour <strong>la</strong>quelle le maximum de<br />

contacts est plus long en B3.<br />

Sur les séquences avec <strong>la</strong> voyelle /a/, le maximum de <strong>la</strong> voisée raccourcit de 9,12 ms<br />

ente B0 et B1, B2, B3 et le maximum de <strong>la</strong> non voisée raccourcit de 17,96 ms entre B0<br />

et B2, B3.<br />

/da/ : B0 (36,58) ≥ B1 (27,63) = B2 (27,32 ) = B3 (28,28)<br />

/ta/ : B0 (44.28) ≥ B1 (36.52) ≥ B3 (29.78) = B2 (26.32)<br />

Avec <strong>la</strong> voyelle /i/, le maximum de <strong>la</strong> voisée /d/ est diminué de 16,5 ms entre B0 et B1,<br />

B2, B3. Le maximum de <strong>la</strong> voisée est augmenté de 11,54 ms entre B0 et B3 et de 19 ms<br />

entre B1 et B3.<br />

/di/ : B0 (36,21) ≥ B1 (20,94) = B3 (22,98)= B2 (19,71)<br />

/ti/ : B1 (20,35) = B2 (21,18) ≤ B0 (27,87) ≤ B3 (39,41)<br />

L’influence <strong>des</strong> bite-blocks est significative sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum de ce locuteur<br />

[F(3,188)= 6,406 ; p=0,0004]. Il semble que <strong>la</strong> nature de l’identité phonétique n’ait pas<br />

d’influence sur les effets <strong>des</strong>bbite-blocks. [F(9,176)= 1,667 ; p=0,1001]. La nature de <strong>la</strong><br />

157<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


voyelle n’influence pas non plus <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum [F(3,184)=1,657 ; p=0,1778].<br />

L’interaction entre les variables et n’est pas significative<br />

[F(3,184)=0,817; p=0,4861]. Avec les bite-blocks, <strong>la</strong> tendance de ce locuteur est bien à<br />

<strong>la</strong> ré<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> maximums de contacts, excepté pour <strong>la</strong> séquence /tit/.<br />

%<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

35,42<br />

29,17<br />

32,42<br />

30,13<br />

26,51<br />

Maximum de BL<br />

15,30<br />

12,87<br />

14,91<br />

158<br />

35,04<br />

31,18<br />

21,85<br />

24,51<br />

19,25<br />

12,78<br />

dad did tat tit<br />

12,79<br />

18,79<br />

Figure n° 7.22 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les séquences et en<br />

ordonnées les %.<br />

En B0, le maximum absolu de contacts représente environ un tiers <strong>des</strong> consonnes exepté<br />

pour <strong>la</strong> consonne /t/ suivie de /i/. Les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives sont toujours plus faibles avec les<br />

bite-blocks. Nous constatons <strong>des</strong> écarts qui tra<strong>du</strong>isent <strong>la</strong> tendance à <strong>la</strong> diminution de <strong>la</strong><br />

proportion <strong>du</strong> maximum.<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7.5.3 Durées <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.23: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> maxima de YM. En abscisse, chaque séquence <strong>dans</strong> ses<br />

quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, on constate que les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> maxima de /t/ et /d/ sont<br />

équivalentes, que les consonnes soient suivies de /i/ ou de /a/ : /ti/ (30.07) = /ta/ (33.07)<br />

= /di/ (35.82) = /da/ ( 32.47).<br />

Avec les bite-blocks, les séquences avec /a/ ne répondent pas de <strong>la</strong> même façon. La<br />

voisée /d/ voit son maximum ré<strong>du</strong>ire de 12,19 ms entre B0 et B3. On constate que les<br />

<strong>du</strong>rées en B0, B1 et B2 sont identiques. La non voisée /t/ voit son maximum s’allonger<br />

de 10,39 ms avec le B3 alors qu’il n’y a pas de différences entre B0, B1 et B2.<br />

/da/ : B0 (32,45) = B1 (32,10) = B2 (35,54) ≥ B3 (20,26).<br />

/ta/ : B0 (33,07) = B1(32,10) = B2(35,54) ≤ B3 (43,46).<br />

Les maxima <strong>des</strong> séquences avec /i/, sont allongés. Le maximum de <strong>la</strong> voisée /d/ est<br />

allongé de 23 ms avec le B1 et le B3 et de 18,24 ms avec le B2. Le maximum de <strong>la</strong> non<br />

voisée est allongée de 11,83 ms avec le B1 et le B3 et de 5,97 ms avec le B2. Sous<br />

l’influence <strong>des</strong> bite-blocks les maxima <strong>des</strong> consonnes suivies de /i/ admettent une<br />

évolution identique <strong>des</strong> <strong>du</strong>rées.<br />

/ti/ :B0 (30,03) ≤ B2 (48,27) ≤ B1 (53,92) = B3 (52,83)<br />

/di/ : B0 (35,82) ≤ B2 (41,79) ≤ B1 (47,47) = B3 (47,63)<br />

159<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


L’effet seul <strong>des</strong> bite-blocks n’est pas significatif [F(3,188)= 2,522 ; p=0,592].<br />

Cependant, on peut conclure que <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle peut jouer sur les effets <strong>des</strong><br />

bite-blocks [F(3,184)= 3,004 ; p=0,0317]. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks dépendent aussi de<br />

<strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence [F(9,176)= 2,217 ; p=0,0230]. Par contre, le voisement<br />

n’influence pas les effets <strong>des</strong> bite-blocks. [F(3,184)=1,846 ; p=0,1404].<br />

100<br />

%<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

28,28<br />

28,25<br />

31,45<br />

18,70<br />

Maximum de YM<br />

26,94<br />

35,47<br />

29,92<br />

30,68<br />

160<br />

25,10<br />

27,01<br />

27,69<br />

35,74<br />

20,83<br />

37,09<br />

31,88<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 7.24 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les séquences et en<br />

ordonnées les %.<br />

En B0, on peut évaluer <strong>la</strong> part <strong>du</strong> maximum de contacts à environ un peu moins d’1/3<br />

de <strong>la</strong> consonne. Les données re<strong>la</strong>tives indiquent aussi que seulement <strong>la</strong> séquence /da/<br />

voit ses maxima raccourcis de 9,58% avec B3. Une tendance à l’allongement <strong>des</strong><br />

maxima sur les autres séquences se dégage plus c<strong>la</strong>irement : + 8,53% entre B0 et B1<br />

pour /di/ ; +10,64% entre B3 et B0 pour /ta/ et + 15,52% pour /ti/.<br />

36,35<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7. 6 Durée <strong>des</strong> occlusions<br />

7.6.1 Durée de l’occlusion <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n°7.25: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, l’occlusion <strong>la</strong> plus longue est sur <strong>la</strong> séquence /tat/, <strong>la</strong> plus<br />

courte est sur <strong>la</strong> séquence /dad/. Alors que les occlusions <strong>des</strong> séquences avec /i/ sont les<br />

mêmes, indépendamment <strong>du</strong> trait de voisement : /ta/ (90,68) ≥ /di/ (76,24) ≥/ti/ (76,25)<br />

≥ /da/ (68,27). Les occlusions <strong>des</strong> séquences avec /a/ racourcissent avec les bite-blocks.<br />

L’occlusion de <strong>la</strong> voisée /d/ diminue de 27,17 ms entre B0 et B2 par contre, nous<br />

n’observons pas de différence importante entre <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> en B0 (68,28 ms) et avec<br />

B3 (64,22 ms). L’occlusion de <strong>la</strong> consonne non voisée /t/ perd 24 ms entre B0 et B2 et<br />

perd 11,37 ms entre B0 et B3.<br />

/da/ : B0 (68,28) = B3 (64,22) ≥ B1 (59,05) ≥ B2 (41,63)<br />

/ta/ : B0 (90,68) ≥ B3 (79,37) = B1 (75,34) ≥ B2 (66,67)<br />

Les occlusions <strong>des</strong> séquences avec /i/, sont plus longues avec B3 que sans bite-block.<br />

L’évolution <strong>des</strong> <strong>du</strong>rées d’occlusion est <strong>la</strong> même pour les deux séquences avec /i/ : <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée est stable en B0, B1 et B2 puis augmente de avec B3. L’occlusion de <strong>la</strong> voisée<br />

161<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


s’allonge de 9,98 ms entre B0 et B3 et l’occlusion de <strong>la</strong> non voisée s’allonge de 16,11<br />

ms entre B0 et B3.<br />

/di/ : B0 (76,24) = B1 (76,69)=B2 (79,45) ≤ B3 (86,22)<br />

/ti/ : B0 (76,25) =B1 (73,36) =B2 (79,45) ≤ b3 (92,36)<br />

%<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

67,13<br />

61,99<br />

46,50<br />

67,33<br />

Occlusion de BL<br />

56,12<br />

54,71<br />

51,69<br />

54,86<br />

162<br />

70,91<br />

65,93<br />

56,10<br />

63,43<br />

52,95<br />

45,24<br />

47,66<br />

49,15<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°7.26 : Les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les séquences et<br />

en ordonnées les %.<br />

Les occlusions représentent un peu plus de <strong>la</strong> moitié <strong>des</strong> consonnes. Les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives<br />

montrent peu de différences de <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> occlusions de /did/ et /tit/. Alors que les<br />

<strong>du</strong>rées absolues montraient un allongement, <strong>la</strong> proportion de l’occlusion reste constante<br />

avec les bite-blocks. On notera une différence plus marquée avec <strong>la</strong> voyelle /a/.<br />

/da/ : B0 (67,13) = B3 (67,33) = B1 (61,99) ≥ B2 (46,50)<br />

/ta/: B0 (70,91) ≥ B1 (65,93) = B3 (63,43) ≥ B2 (56,10)<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7.6.2 Durée de l’occlusion <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n°7.27 : Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, l’occlusion de <strong>la</strong> non voisée suivie de /a/ est plus longue que<br />

l’occlusion de <strong>la</strong> non voisée suivie de /i/ : /ta/ (77,71) = /di/ (73,51) ≥ /da/ (67,10) = /ti/<br />

(65,58).<br />

Avec les bite-blocks, les consonnes suivie de /a/ réagissent différemment. La voisée voit<br />

raccourcir son occlusion de 7,99 ms entre B0 et B3, alors qu’il n’y a pas de différence<br />

ente B0 et B2. Concernant <strong>la</strong> non voisée, les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> occlusions sont identiques <strong>dans</strong><br />

les quatre conditions d’enregistrement : <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’occlusion reste stable :<br />

/da/ : B0 (67,01)= B2 (63,96) ≥ B1 (53,91) = B3 (59,02)<br />

/ta/: B0 (77,71) = B2 (77,56) = B1 (74,33) = B3 (74,38)<br />

Les occlusions <strong>des</strong> consonnes suivies de /i/, réagissent de manière contradictoire. Les<br />

occlusions de /d / sont simi<strong>la</strong>ires en B0, B1 et B2 et s’allongent de 19,49 ms avec le B3.<br />

Les occlusions de /d/ raccourcissent de 19,19 ms entre B0 et B1, B2, B3, elles sont de<br />

même longueur <strong>dans</strong> les trois situations de perturbation.<br />

/di/ : B0 (73,51) = B1 (72,44) = B2 (76,05) ≤ B3 (93)<br />

/ti/ : B0 (65,58) ≤ B1 (82,27)=B2 (82,49) = B3( 84,77)<br />

163<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

% 50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

58,56<br />

46,58<br />

56,27<br />

62,35<br />

54,31<br />

Occlusion de YM<br />

54,99<br />

54,66<br />

60,39<br />

164<br />

59,01<br />

57,73<br />

61,10<br />

61,09<br />

45,29<br />

56,39<br />

55,26<br />

57,83<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 7.28 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les séquences et<br />

en ordonnées les %.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives nous montrent que les occlusions occupent<br />

bien <strong>la</strong> moitié de <strong>la</strong> consonne, et un peu moins pour /t/ suivi de /i/. Elles <strong>du</strong>rent plus<br />

longtemps que les maxima de contacts qui représentaient environ un tiers de <strong>la</strong><br />

consonne. Avec les bite-blocks, on note peu de différences sur <strong>la</strong> proportion de<br />

l’occlusion de /d/ suivi de /i/ et /t/ suivi de /a/. Notons que les occlusions de /t/ suivi de<br />

/i/ gagnent 12,54% avec B3. Les occlusions de /d/ suivi de /a/ perdent 11,98 % avec B1<br />

et ensuite rejoignent <strong>la</strong> proportion sans bite-block.<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7.7 Durée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP)<br />

TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

7.7.1 Influence générale <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’ouverture<br />

linguo-pa<strong>la</strong>tale<br />

Cell Mean<br />

110<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour dm axend<br />

Effe t : loc * cond * cvc<br />

Barr e s d 'e r r e u r : 95% In te r valle d e co n fian ce<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n° 7.29: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’ouverture LP.<br />

En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et<br />

b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

Pour les deux locuteurs confon<strong>du</strong>s, les bite-blocks influencent les <strong>du</strong>rées d’ouverture LP<br />

[F(3,352)=3,205 ; p=0,0233]. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks dépendent <strong>des</strong> locuteurs<br />

[F(3,352)=2,821 ; p=0,0389] : nous remarquons effectivement que les valeurs<br />

correspondantes à BL sont plus é<strong>la</strong>rgies, admettent plus de variabilité que celles de YM.<br />

L’interaction entre et est fortement significative [F(3,352)=22,864 ;<br />

p


7.6.2 Durée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP) <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n°7.30 : Les <strong>du</strong>rées moyennes de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur BL. En<br />

abscisse, chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale est plus longue sur les séquences<br />

avec <strong>la</strong> voyelle /i/ et <strong>la</strong> consonne non voisée. L’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>des</strong> séquences<br />

avec <strong>la</strong> voyelle /a/ a quasiment <strong>la</strong> même <strong>du</strong>rée pour <strong>la</strong> voisée et <strong>la</strong> non voisée.<br />

/da/ (41,47) = /ta/ (45,29) ≤ /di/ (54,9) ≤ /ti/ (66,06)<br />

Avec les bite-blocks, l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale a tendance à s’allonger sur les<br />

séquences avec /i/. L’ouverture de <strong>la</strong> voisée s’allonge de 10,41 ms entre B0 et B3, alors<br />

qu’il n’y a pas de différence entre B0 et B2. L’ouverture LP de <strong>la</strong> non voisée /t/<br />

s’allonge de 16,27 ms entre B0 et B3 mais nous n’observons pas de différence de <strong>du</strong>rées<br />

entre B1, et B2.<br />

/di/ : B0 (54,90) = B2(54,79) ≤ B1 (60,07) ≤ B3 (65,31)<br />

/ti/ : B0 (66,06) ≤ B2 (79,17) = B1 (80,51) = B3 (82,33)<br />

Sur les séquences avec /a/, <strong>la</strong> voisée /d/ admet une ouverture LP plus courte de 12,04 ms<br />

entre B0 et B3 alors que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée l’ouverture en B0 est identique à celle en B1. En B3,<br />

La <strong>du</strong>rée de l’ouverture LP de <strong>la</strong> non voisée /t/ <strong>du</strong>re 3,83 ms en moins qu’en B0 et 7,86<br />

ms en moins qu’en B1.<br />

/da/ : B0 (41,47) = B1 (38,51) ≥ B3 (33,86) ≥ B2 (29,43)<br />

/ta/ : B1 (41,26) = B2 (42,97) ≤ B0 (45,29) ≤ B3 (49,12)<br />

166<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

En fait, ces différences entre les conditions sont minimes puisque l’ouverture LP ne<br />

subit pas de changement significatif de <strong>du</strong>rées sous m<strong>la</strong> ; seule influence <strong>des</strong> bite-blocks<br />

[F(3,188)=0,851 ; p=0,4678]. La nature de <strong>la</strong> séquence ne joue pas un rôle particulier<br />

sur les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(9,176)=1,633 ; p=0,1091], pas plus d’ailleurs que <strong>la</strong><br />

voyelle [F(3,184)=2,279 ; p=0,0810], et le voisement F(3,184)=0,727 ; p=0,5370]. Les<br />

variations observées avec les bite-blocks, ne sont apparemment pas suffisantes pour<br />

conclure à une véritable distinction entre les conditions d’enregistrement.<br />

%<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

39,97<br />

40,20<br />

33,73<br />

34,38<br />

Ouverture de BL<br />

41,23<br />

43,87<br />

37,22<br />

41,81<br />

167<br />

35,11<br />

36,69<br />

36,09<br />

39,94<br />

45,45<br />

50,71<br />

48,03<br />

43,83<br />

dad did tat tit<br />

Figure n°7.31 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> ouvertures linguo-pa<strong>la</strong>tales <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse,<br />

les séquences et en ordonnées les %.<br />

En B0, le mouvement d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale représente plus d’1/3 de <strong>la</strong> consonne.<br />

Il semble que <strong>la</strong> proportion que l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale occupe <strong>dans</strong> <strong>la</strong> consonne<br />

reste stable avec les bite-blocks : les fluctuations <strong>des</strong> valeurs ne semblent pas être <strong>du</strong>es<br />

aux bite blocks.<br />

B0<br />

B1<br />

B2<br />

B3


7.6.3 Durée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP) <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Moy. <strong>des</strong> cellules<br />

220<br />

200<br />

180<br />

160<br />

140<br />

120<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

dad did tat tit<br />

Cellule<br />

Figure n° 7.32 : Les <strong>du</strong>rées moyennes de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale de YM. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.<br />

En <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale, l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale est plus lente sur les consonnes<br />

voisées que les non voisées. Les séquences avec /i/ montrent une ouverture LP plus<br />

lente que celles avec /a/. B0 : /da/ (42,39) ≤ /ta/ (50,59) ≤ /di/ (61,71) ≤ /ti/ (71,72).<br />

Rappelons que nous avons fait <strong>la</strong> même remarque concernant le locuteur BL.<br />

Avec les bite-blocks, l’ouverture LP <strong>des</strong> séquences avec /i/ est raccourcie. L’ouverture<br />

LP de <strong>la</strong> voisée diminue de 12,95 ms entre B0 et B1 et de 7,22 ms entre B0 et B3. La<br />

non voisée diminue de 20,18 ms entre B0 et B1 et diminue de 14,78 ms entre B0 et B2.<br />

/di/ : B0 (61,71) ≥ B2 (53,96) = B3 (54,49) ≥ B1 (48,76).<br />

/ti/ : B0 (71,72) ≥ B2 (61,57) ≥ B3 (56,94) = B1 (51,54).<br />

Seule <strong>la</strong> consonne /d/ suivi de /a/ voit son ouverture LP allongée de 27,48 ms entre B0<br />

et B3 alors que nous observons <strong>la</strong> même <strong>du</strong>rée entre B0, B1 et B2.<br />

/da/: B0 (42,38) = B1 (44,92) = B2 (43,33) ≤ B3 (69,86).<br />

/ta/: B0 (50,59) = B1 (49,68) = B2 (50,12) ≥ B3 (44,55).<br />

A l’inverse, l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale de <strong>la</strong> non voisée /t/ diminue avec le B3 bien<br />

qu’aucune différence ne soit remarquée entre B0, B1 et B2.<br />

La seule séquence qui ralentit de façon drastique le mouvement d’ouverture LP est <strong>la</strong><br />

séquence /d/ suivi de /a/ et encore l’écart type est beaucoup plus fort.<br />

168<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

Les <strong>du</strong>rées de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur YM sont influencées par <strong>la</strong><br />

présence <strong>des</strong> bite-blocks [F(3,188)=3,410 ; p=0,0187]. Cette influence est donnée<br />

surtout par les changements observés sur <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/. Les effets <strong>des</strong><br />

bite-blocks dépendent de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence [F(9,176)=6,246 ; p


7.7 Résumé <strong>des</strong> résultats temporels<br />

Nous venons de confirmer que les perturbations n’ont pas un effet systématique sur<br />

l’organisation temporelle de <strong>la</strong> constriction linguale <strong>du</strong>ant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes<br />

/d/ et /t/. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks sur le timing de <strong>la</strong> consonne peuvent dépendre<br />

effectivement d’autres facteurs comme le contexte phonétique environnant au sens<br />

<strong>la</strong>rge. Les différences bien marquées entre les réactions <strong>des</strong> deux locuteurs confirment<br />

de fortes variations-interindivi<strong>du</strong>elles. Chacun appréhende les perturbations à sa façon,<br />

en fonction de sa moprphologie, de ses acquis et semble réagir de façon appropriée à ses<br />

propres habitu<strong>des</strong> de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, ce que Zerling (1991) appelle <strong>la</strong> base <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>.<br />

7.7.1 Les résultats temporels <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> consonnes <strong>occlusives</strong> observées ne sont pas modifiées par les biteblocks.<br />

Par contre les variations observées sont plutôt <strong>du</strong>es à <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle et à<br />

<strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence. Les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> consonnes voisées et non voisées sont plus<br />

longues avec <strong>la</strong> voyelle /i/ qu’avec <strong>la</strong> voyelle /a/ ce qui n’est pas surprenant puisque <strong>la</strong><br />

voyelle /i/ est allongeante.<br />

Les variations temporelles observées sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale sont<br />

vraiment <strong>du</strong>es aux bite-blocks, indépendamment <strong>des</strong> autres facteurs. Les fermetures <strong>des</strong><br />

consonnes, voisées et non voisées, avec /i/ et avec /a/, sont ralenties sous l’influence <strong>des</strong><br />

bite-blocks. L’établissement de <strong>la</strong> constriction nécessite plus de temps. Le locuteur a<br />

surement besoin d'un dé<strong>la</strong>i plus long pour adapter <strong>la</strong> trajectoire de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue vers <strong>la</strong><br />

constriction.<br />

Les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> tenues sont en partie influencées par les bite-blocks puisque <strong>la</strong> voyelle et<br />

a aussi une influence. Comme pour les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> consonnes /t/ et /d/, les <strong>du</strong>rée <strong>des</strong><br />

tenues sont allongées quand elles sont suivies de /i/ et raccourcies quand elles sont<br />

suivies de /a/.<br />

Les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> contacts maximaux sont modifiées seulement par les bite-blocks, les<br />

autres facteurs n’influencent pas les <strong>du</strong>rées. La tendance est plutôt au raccourcissement<br />

<strong>du</strong> maximum. La difficulté à tenir <strong>la</strong> constriction avec <strong>la</strong> mâchoire ouverte se fait<br />

ressentir par le raccourcissement de <strong>la</strong> constriction maximale. Le locuteur atteint <strong>la</strong><br />

constriction mais a <strong>des</strong> difficultés à <strong>la</strong> tenir aussi longtemps qu’en parole normale.<br />

170


TROISIEME PARTIE : RESULTATS EXPERIMENTAUX<br />

CHAPITRE 7 : Résultats temporels<br />

Les occlusions <strong>des</strong> consonnes voisées et non voisées avec /a/, sont raccourcies, les<br />

occlusions <strong>des</strong> consonnes avec /i/ sont allongées, comme pour <strong>la</strong> tenue et <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée totale.<br />

La <strong>du</strong>rée de l’ouverture n’est pas changée de façon significative par les bite-blocks, ni<br />

même par <strong>la</strong> voyelle.<br />

La fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale et <strong>la</strong> constiction maximale de <strong>la</strong> consonne sont affectées<br />

par les perturbations. La tenue est affectée aussi mais toujours en rapport avec <strong>la</strong> voyelle<br />

qui suit. La phase de relâchement de <strong>la</strong> constriction ne semble pas influencée par les<br />

perturbations.<br />

7.7.2 Les résultats temporels <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> consonnes ne sont pas modifiées par les bite-blocks. Les variations<br />

temporelles observées sont <strong>du</strong>es à <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle subséquente. Les consonnes /t/<br />

et /d/ sont allongées quand elles sont suivies de /i/ et raccourcies quand elles sont<br />

suivies de /a/. Il est à noter cependant que les différences sont moins importantes que<br />

chez le locuteur BL.<br />

Les variations temporelles observées sur <strong>la</strong> fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale ne dépendent pas<br />

significativement <strong>des</strong> bite-blocks, par contre, elles dépendent de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle.<br />

La fermeture est raccourcie pour les consonnes suivies de /a/ et pour /t/ suivi de /i/.<br />

Seule <strong>la</strong> fermeture de <strong>la</strong> voisée /d/ suivie de /i/ est allongée.<br />

La <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> tenues est changée sous l’influence seule <strong>des</strong> bite-blocks, elle est allongée.<br />

La tenue <strong>du</strong>re plus longtemps avec les bite-blocks que sans : une tenue plus longue<br />

tra<strong>du</strong>irait un effort de contrôle plus précis de <strong>la</strong> part <strong>du</strong> locuteur.<br />

La <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> maximum de contacts n’est pas modifiée significativement par <strong>la</strong> présence<br />

<strong>des</strong> bite-blocks. Par contre, les variations temporelles observées seraient <strong>du</strong>es à <strong>la</strong> nature<br />

de <strong>la</strong> voyelle subséquente : les maxima <strong>des</strong> consonnes suivies de /i/ sont allongés.<br />

Le maximum de <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ est diminué. Seul le maximum de <strong>la</strong><br />

consonne /t/ suivie de /a/ reste stable.<br />

Les occlusions <strong>des</strong> consonnes voisées et non voisées avec /i/ sont allongées, comme <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne et de <strong>la</strong> fermeture.<br />

La <strong>du</strong>rée de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale est influencée par les bite-blocks mais pas<br />

entièrement puisque <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle joue aussi un rôle : l’ouverture <strong>des</strong><br />

171


consonnes suivies de /i/ est diminuée et l’ouverture de <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ est<br />

allongée. Seule l’ouverture de <strong>la</strong> consonne /t/ suivie de /a/ reste stable.<br />

La tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est <strong>la</strong> seule phase sur <strong>la</strong>quelle on observe <strong>des</strong> effets directs <strong>des</strong><br />

perturbations. Le geste d’ouverture est aussi modifié mais les effets <strong>des</strong> bite-blocks<br />

dépendent de <strong>la</strong> voyelle. La phase d’établissement de <strong>la</strong> constriction et <strong>la</strong> phase médiane<br />

(constriction maximale) de <strong>la</strong> consonne sont plus résistantes aux perturbations que les<br />

autres phases.<br />

En réponse aux perturbations, les points communs aux deux locuteurs sont le caractère<br />

stable de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne et l’allongement de <strong>la</strong> tenue. Les autres phases de <strong>la</strong><br />

consonne évoluent différemment pour chacun d’eux.<br />

172


173


174


QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

QUATRIEME PARTIE<br />

INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

______________________________________________________________________<br />

CHAPITRE 8<br />

Les résultats spatio-temporels<br />

Nous présentons <strong>dans</strong> cette partie les aspects spatio-temporels <strong>des</strong> mouvements<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s <strong>des</strong> consonnes observées. Nous avons calculé les indices de pente<br />

d’ouverture et de fermeture à partir <strong>des</strong> résultats spatiaux et <strong>des</strong> résultats temporels. La<br />

pente de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale correspond à l’établissement de <strong>la</strong> constriction. La<br />

pente d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale correspond au relâchement de <strong>la</strong> constriction. Nous<br />

nous demandons maintenant si <strong>la</strong> portée <strong>des</strong> pentes de fermeture et d’ouverture est<br />

modifiée par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks.<br />

Rappelons que pour avoir un indice de <strong>la</strong> pente de fermeture, nous avons dé<strong>du</strong>it le<br />

nombre de contacts relevés au début <strong>du</strong> geste de fermeture, <strong>du</strong> nombre de contacts<br />

relevé au début de <strong>la</strong> constriction maximale. Pour calculer <strong>la</strong> portée de <strong>la</strong> pente<br />

d’ouverture, nous avons dé<strong>du</strong>it le nombre de contacts relevé à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> constriction<br />

maximale, <strong>du</strong> nombre de contacts relevé à <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> geste de relâchement. (cet indice<br />

sera donc négatif). A partir <strong>des</strong> indices <strong>des</strong> pentes, nous sommes en mesure de dé<strong>du</strong>ire<br />

approximativement les vitesses d’ouverture (<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue se détache <strong>du</strong> point de<br />

constriction et retourne en position basse) et de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale (<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue va<br />

atteindre <strong>la</strong> constriction maximale) de <strong>la</strong> consonne, d’après <strong>la</strong> formule traditionnelle <strong>du</strong><br />

calcul de <strong>la</strong> vitesse : Vitesse =Amplitude/Temps.<br />

175


8.1 L’amplitude <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

8.1.1 La pente de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP).<br />

Cell Mean<br />

,045<br />

,04<br />

,035<br />

,03<br />

,025<br />

,02<br />

,015<br />

,01<br />

,005<br />

0<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour pinimax<br />

Effet : loc * cond * cvc<br />

Barres d'erreur: 95% Intervalle de confiance<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n°8.1: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur l’inclinaison de <strong>la</strong> pente de<br />

fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement<br />

respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l’indice de <strong>la</strong> pente.<br />

Globalement, il semble que les bite-blocks ont un effet significatif sur l’amplitude <strong>des</strong><br />

pentes de fermeture LP [F(3,380)=4,650 ; p=0,0033]. L’effet <strong>des</strong> bite-blocks dépend<br />

fortement <strong>des</strong> locuteurs [F(3,352)=11,498 ; p


Moy. cell<br />

QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

8.1.1.1 La pente de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> Locuteur BL<br />

,04<br />

,02<br />

0<br />

Graphique <strong>des</strong> interactions pour pinimax<br />

Effet : cvc * cond<br />

Barres d'erreur: ± 1 Déviation(s) standard<br />

dad did tat tit<br />

Cell<br />

Figure n° 8.2 : L’amplitude <strong>des</strong> pentes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse,<br />

les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En<br />

ordonnée, l’indice de <strong>la</strong> pente.<br />

Les pentes de fermeture <strong>du</strong> locuteur BL sont influencées par les bite-blocks<br />

[F(3,188)=26,097 ; p


pro<strong>du</strong>ite en parole normale. C’est surtout vrai pour <strong>la</strong> séquence /dad/. Pour les autres<br />

séquences, les patrons moyens résistent plutôt bien, voire très bien pour /tit/.<br />

Moy. cell<br />

8.1.1.2 La pente de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> Locuteur YM<br />

,04<br />

,02<br />

0<br />

Graphique <strong>des</strong> interactions pour pinimax<br />

Effet : cvc * cond<br />

Barres d'erreur: ± 1 Erreur(s) standard<br />

dad did tat tit<br />

Cell<br />

Figure n° 8.3 : L’amplitude <strong>des</strong> pentes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur Y.M. En<br />

abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3).<br />

En ordonnée, l’indice de <strong>la</strong> pente.<br />

Les pentes de fermeture de ce locuteur YM, ne sont pas influencées par les bite-blocks<br />

[F(3,188)=1,909; p=0,1295]. Cependant, les variations observées dépendraient de <strong>la</strong><br />

nature de <strong>la</strong> séquence [F(9,176)=1,945; p=0,0485] (<strong>la</strong> significativité n’est cependant pas<br />

forte puisque le p est très proche <strong>du</strong> seuil de significativité p=0.05). L’interaction entre<br />

les variables et n’est pas significative [F(3,184)=1,269;<br />

p=0,2863], pas plus que l’interaction entre les variables et <br />

[F(3,184)=2,474; p=0,0630].<br />

Nous pouvons dire que les variations <strong>des</strong> pentes de fermetures de ce locuteur<br />

dépendraient plus de <strong>la</strong> nature <strong>des</strong> séquences que <strong>des</strong> bite-blocks seuls. En même temps,<br />

nous avons vu (chapitre 7) que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale n’est pas<br />

influencée de manière significative par les bite-blocks. Au moment de <strong>la</strong> fermeture LP<br />

<strong>des</strong> consonnes, ce locuteur paraît moins sensible aux perturbations que le locuteur BL.<br />

Concernant <strong>la</strong> consonne /t/, plus le bite-block est épais, plus <strong>la</strong> pente de fermeture est<br />

178<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

abrupte. Nous notons que <strong>la</strong> pente de fermeture LP de <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/<br />

augmente d’amplitude avec le B3 en même temps que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture LP est<br />

ré<strong>du</strong>ite (par <strong>la</strong> voyelle /a/). A l’inverse <strong>du</strong> locuteur BL, le mouvement de fermeture LP<br />

est plus rapide avec les bite-blocks. Notre hypothèse de réalisation d’un « f<strong>la</strong>p » paraît<br />

être confirmée par l’observation <strong>des</strong> ces paramètres supplémentaires. Avec les<br />

perturbations, nous supposons que <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, par un mouvement plus rapide, va se<br />

projeter sur <strong>la</strong> partie dentale, l’apex contacte directement les dents. Il se pourrait donc<br />

bien que ce locuteur « overshoot » <strong>la</strong> constriction effectuée en parole normale. Nous<br />

pourrions même imaginer que sans le barrage dental, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue serait projetée en dehors<br />

de <strong>la</strong> bouche. Le lieu d’articu<strong>la</strong>tion est bien dép<strong>la</strong>cé vers les dents, et passe d’alvéo<strong>la</strong>ire<br />

ou dento-alvéo<strong>la</strong>ire à dental.<br />

8.1.2 La pente d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP)<br />

Cell Mean<br />

0<br />

-,003<br />

-,005<br />

-,008<br />

-,01<br />

-,013<br />

-,015<br />

-,018<br />

-,02<br />

-,023<br />

-,025<br />

-,027<br />

Courbe <strong>des</strong> interactions pour pmaxend<br />

Effet : loc * cond * cvc<br />

Barres d'erreur: 95% Intervalle de confiance<br />

B, b0<br />

B, b1<br />

B, b2<br />

B, b3<br />

Cell<br />

Figure n° 8.4 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur l’inclinaison de <strong>la</strong> pente<br />

d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tal. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement<br />

respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l’indice de <strong>la</strong> pente.<br />

Pour les deux locuteurs confon<strong>du</strong>s, l’analyse statistique ne montre pas d’effet<br />

significatif <strong>des</strong> bite-blocks sur l’amplitude <strong>des</strong> pentes d’ouverture [F(3,380)=1,139 ;<br />

p=0,3331],. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks dépendent <strong>des</strong> locuteurs [F(3,352)=11,498 ;<br />

179<br />

Y, b0<br />

Y, b1<br />

Y, b2<br />

Y, b3<br />

dad<br />

did<br />

tat<br />

tit


p


Moy. cell<br />

QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

8.1.2.2 La pente d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur YM<br />

0<br />

-,01<br />

-,02<br />

-,03<br />

Graphique <strong>des</strong> interactions pour pmaxend<br />

Effet : cvc * cond<br />

Barres d'erreur: ± 1 Erreur(s) standard<br />

dad did tat tit<br />

Cell<br />

Figure n° 8.6 : Les pentes d’ouverture <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les deux locuteurs (B et L)<br />

et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l‘indice de <strong>la</strong> pente.<br />

Les bite-blocks seuls n’influencent pas les pentes d’ouverture <strong>du</strong> locuteur YM<br />

[F(3,188)=0,874 ; p=0,4554]. Par contre <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence a une influence<br />

significative sur les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(9,176)=3,321 ; p=0,0009]. La voyelle a<br />

aussi influence sur les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(3,184)=3,060 ; p=0,0295]. Le voisement<br />

a aussi une influence sur les effets <strong>des</strong> bite-blocks [F(3,184)=3,663 ; p=0,0134].<br />

Rappelons que les <strong>du</strong>rées <strong>du</strong> geste d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tales <strong>du</strong> locuteur YM sont<br />

influencées par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks (chapitre 7). Nous avons observé un<br />

allongement <strong>du</strong> geste d’ouverture sur <strong>la</strong> séquence /dad/ en meme temps que l’amplitude<br />

da <strong>la</strong> pente diminue et un raccourcissement sur les séquences avec /i/ en même temps<br />

que l’amplitude <strong>des</strong> pentes augmente.<br />

181<br />

b0<br />

b1<br />

b2<br />

b3


8.2 Les vitesses d’é<strong>la</strong>boration <strong>des</strong> pentes<br />

900<br />

800<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

0<br />

8.2.1 La vitesse de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale<br />

Vitesse de fermeture<br />

SB<br />

B1<br />

B2<br />

B3<br />

SB<br />

B1<br />

B2<br />

B3<br />

SB<br />

B1<br />

B2<br />

B3<br />

SB<br />

B1<br />

B2<br />

B3<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 8.7: La vitesse de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>des</strong> deux locuteurs. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> vitesse en nombre de contacts par<br />

ms.<br />

Pour le locuteur BL (gris foncé), <strong>la</strong> tendance générale est au ralentissement. La<br />

fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale est toujours plus rapide sans perturbation qu’avec les<br />

perturbations et elle diminue régulièrement au fur et à mesure que l’épaisseur <strong>des</strong> biteblocks<br />

augmente. L'exécution de <strong>la</strong> constriction est ralentie avec les bite-blocks sur<br />

toutes les consonnes, avec un ralentissement plus marqué de <strong>la</strong> fermeture <strong>du</strong> /d/ suivi de<br />

/a/.<br />

Concernant le locuteur YM, aucun penchant général ne se dégage. Avec /a/, <strong>la</strong><br />

fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale accélère avec les bite-blocks. Notons une accélération plus<br />

sévère sur <strong>la</strong> consonne /d/ avec le B3. Concernant les consonnes suivies de /i/, <strong>la</strong><br />

tendance est inversée selon le voisement : <strong>la</strong> fermeture de /d/ ralentit avec les bite<br />

blocks et <strong>la</strong> fermeture de /t/ a tendance à accélerer.<br />

182<br />

BL<br />

YM


900<br />

800<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

100<br />

QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

8.2.2 La vitesse d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale (LP)<br />

0<br />

Vitesse d'ouverture<br />

SB B1 B2 B3 SB B1 B2 B3 SB B1 B2 B3 SB B1 B2 B3<br />

dad did tat tit<br />

Figure n° 8.8 : La vitesse de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>des</strong> deux locuteurs. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> vitesse en nombre de contacts par<br />

ms..<br />

La tendance <strong>du</strong> locuteur BL (en gris foncé) est au ralentissement de l’ouverture sous<br />

l’influence <strong>des</strong> bite-blocks. Avec <strong>la</strong> voyelle /a/, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue relâche <strong>la</strong> constriction de plus<br />

en plus lentement au fur et à mesure que l’épaisseur <strong>du</strong> bite-block augmente. Avec <strong>la</strong><br />

voyelle /i/ <strong>la</strong> vitesse d’ouverture est simi<strong>la</strong>ire pour B1, B2 et B3 mais toujours inférieure<br />

à <strong>la</strong> vitesse d’ouverture observée sans bite-block. Toutes consonnes confon<strong>du</strong>es, avec <strong>la</strong><br />

voyelle /a/ l’ouverture est toujours plus lente qu’avec <strong>la</strong> voyelle /i/ : <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue doit<br />

effectuer une trajectoire plus longue pour retourner à <strong>la</strong> position basse exige paour<br />

pro<strong>du</strong>ire un /a/.<br />

Concernant le locuteur YM, seule <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ admet un ralentissement<br />

de l’ouverture comparable à celle de BL. Les autres séquences ne présentent pas de<br />

différences aussi évidentes. Nous observons une nette accélération de <strong>la</strong> vitesse<br />

d’ouverture sur <strong>la</strong> consonne /t/ suivie de /a/ avec le B3 et sur <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de<br />

/i/ avec le B1.<br />

183<br />

BL<br />

YM


En résumé, sous l’emprise de <strong>la</strong> perturbation, <strong>la</strong> stratégie <strong>du</strong> locuteur BL est de ralentir<br />

ses mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s de fermeture et d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale. L’amplitude<br />

<strong>des</strong> contacts diminue en même temps que <strong>la</strong> constriction est ré<strong>du</strong>ite. Il lui faut plus de<br />

temps pour réaliser une constriction qui se trouve ré<strong>du</strong>ite spatialement et<br />

temporellement et cette ré<strong>du</strong>ction est plus marquée sur <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/.<br />

D’autre part, le locuteur YM accélère son mouvement de fermeture excepté pour /d/<br />

suivie de /i/ : <strong>la</strong> vitesse de fermeture dépend <strong>des</strong> séquences étudiées. Une fermeture plus<br />

rapide, ajoutée à un renforcement spatio-temporel de <strong>la</strong> constriction maximale tra<strong>du</strong>irait<br />

un comportement de renforcement <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. La <strong>la</strong>ngue va rapidement sur le pa<strong>la</strong>is<br />

pour trouver une constriction qui s’en trouve alors plus éten<strong>du</strong>e. Il semblerait que pour<br />

ce locuteur, les bite-blocks n’ont pas d’effet aussi nets et récurrents pour le locuteur BL.<br />

184


8. 3 Résumé <strong>des</strong> résultats spatiaux et temporels<br />

8.3.1 Le locuteur BL<br />

QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

Locuteur BL dad did tat tit<br />

Durée totale<br />

absolue<br />

fermeture<br />

tenue<br />

maximum<br />

occlusion<br />

ouverture<br />

Contacts totaux<br />

Contacts<br />

alvéo<strong>la</strong>ires<br />

Contacts<br />

vé<strong>la</strong>ires<br />

Lieu<br />

articu<strong>la</strong>tion<br />

Pente<br />

fermeture<br />

B0(104,11) ≥<br />

B1 (95,78) = B3<br />

(97,12) ≥ B2<br />

(86,56)<br />

B0 ≤ B1 ≤ B2 ≤<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 = B3 ≥ B1 ≥<br />

B2<br />

B0 = B1 ≥B2 =<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 (135,31) =<br />

B1 (137,71) ≤<br />

B2 (149,54) ≤<br />

B3 (155,12)<br />

B0 ≤ B1 ≤ B3 ≤<br />

B2<br />

B0 = B1 = B2<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0=B1=B2 =<br />

B3<br />

B0 = B1 =B3 ≥<br />

B2<br />

B0 ≥ B1 = B2 ≥<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 ≥ B2 ≥ B1 =<br />

B3<br />

185<br />

B0 (128,54) ≥<br />

B3(122,87) =<br />

B2 (119,02) ≥<br />

B1 (113,84)<br />

B0 =B1 ≤ B3 ≤<br />

B2<br />

B0 = B1 = B3 =<br />

B2<br />

B0 ≥ B1 ≥ B3 ≥<br />

B2<br />

B0 ≥ B1 = B3 ≥<br />

B2<br />

B0 = B1 = B2 ≥<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2≥<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 (144,85) ≤<br />

B1 (160,25) ≤<br />

B2 (166,62) ≤<br />

B3 (190,76))<br />

B0 = B1 ≤ B2 =<br />

B3<br />

B0 = B2 = B3 ≥<br />

B1<br />

B0 = B3 ≥ B1 =<br />

B2<br />

B0 = B3 ≥ B1 =<br />

B2<br />

B0 = B3 ≤ B1 =<br />

B2<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2 =<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 = B2 = B3 ≥<br />

Avancé Inchangé Inchangé Inchangé<br />

B0≥B1≥B2≥B3 B0≥B1=B2=B3 B0≥ B1≥B2=B3 B0≥ B1≥B2=B3<br />

Pente ouverture B0≥B1≥B2≥B3 B0=B1=B2=B3 B0≥B1≥B2≥B3 B0≥B1=B2=B3<br />

Figure n°8.9 : Tableau récapitu<strong>la</strong>tif <strong>des</strong> résultats spatiaux et temporels <strong>du</strong> locuteur BL.<br />

B1


La <strong>du</strong>rée totale de <strong>la</strong> consonne n’est pas influencée de manière significative par les<br />

bite-blocks. Une légère tendance à l’allongement de <strong>la</strong> consonne est <strong>du</strong>e à <strong>la</strong> présence<br />

de <strong>la</strong> voyelle /i/ allongeante.<br />

Le nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sur <strong>la</strong> constriction maximale diminue de<br />

manière significative sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is et <strong>dans</strong> les régions alvéo<strong>la</strong>ire et vé<strong>la</strong>ire.<br />

Cette diminution se note sur toutes les séquences mais plus fortement sur les séquences<br />

avec /a/. Plus <strong>la</strong> mâchoire est basse, plus il est difficile de tenir une constriction <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

région alvéo<strong>la</strong>ire <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is.<br />

La fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale est ré<strong>du</strong>ite en amplitude par les bite-blocks de manière<br />

significative et sur toutes les séquences. En même temps <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture est<br />

allongée de manière significative sur toutes les consonnes avec les bite-blocks. La<br />

vitesse d’établissement de <strong>la</strong> fermeture est ralentie sur toutes les consonnes<br />

indépendamment <strong>du</strong> voisement et de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> séquence.<br />

La phase médiane : La tenue consonantique est allongée de manière significative par<br />

les bite-blocks concernant les séquences avec <strong>la</strong> voyelle /i/, voyelle allongeante. La<br />

nature de <strong>la</strong> séquence influence les effets <strong>des</strong> bite-blocks. La <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> constriction<br />

maximale est diminuée de manière significativement avec les bite-blocks. La <strong>du</strong>rée de<br />

l’occlusion totale augmente avec /i/ et diminue avec /a/.<br />

L’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale est diminuée en amplitude de manière significative par les<br />

bite-blocks mais l’influence de <strong>la</strong> voyelle est importante puisque cette diminution se fait<br />

surtout concernant les consonnes avec /a/. En même temps, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’ouverture n’est<br />

pas modifiée de manière significative par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks. Elle est cependant<br />

sujette à un allongement concernant <strong>la</strong> consonne de <strong>la</strong> séquence /dad/. L’ouverture<br />

linguo-pa<strong>la</strong>tale est ralentie pour les consonnes suivies de /a/.<br />

186


8.3.2 Le locuteur YM<br />

QUATRIEME PARTIE :INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 8 : Résultats spatio- temporels<br />

Locuteur YM dad did tat tit<br />

Durée totale<br />

absolue<br />

Fermeture<br />

Tenue<br />

Maximum<br />

Occlusion<br />

Ouverture<br />

Contacts totaux<br />

Contacts<br />

alvéo<strong>la</strong>ires<br />

Contacts<br />

vé<strong>la</strong>ires<br />

Lieu<br />

articu<strong>la</strong>tion<br />

Pente<br />

fermeture<br />

B0 (114,21) =<br />

B1 (116,13) =<br />

B2 (113,20) ≥<br />

B3 (108,13)<br />

B0 = B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 ≤<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 ≥<br />

B3<br />

B0 = B2 ≥ B1 =<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 = B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 = B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 = B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 (135,75) =<br />

B1(133,26) =<br />

B2 (138,098) ≤<br />

B3 (153,36).<br />

B0 = B1 ≤ B2 ≤<br />

B3<br />

B0= B1 = B2 ≤<br />

B3<br />

B0 ≤ B2 = B3 ≤<br />

B1<br />

B0 = B1 = B2 ≤<br />

B3<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2<br />

≥B3<br />

B0 = B2 ≤ B1 =<br />

B3<br />

B0 = B2 ≤ B1 =<br />

B3<br />

B0 ≤ B1 ≤ B2 ≤<br />

B3<br />

187<br />

B0 (131,26) ≥<br />

B1 (127,94)<br />

=B2 (126,63) ≥<br />

B3 (120,21)<br />

B0 ≥ B1 ≥ B2 ≥<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 ≤<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 ≤<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 = B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 ≤ B2 ≤ B1 ≤<br />

B3<br />

B0 ≤ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 ≤ B1 ≤ B2 ≤<br />

B3<br />

B0 (144,56)=<br />

B1(45,58) = B2<br />

(148,91) = B3<br />

(147,11)<br />

B0 ≤ B1 ≤ B2 ≤<br />

B3<br />

B0 = B2 ≤ B1 =<br />

B3<br />

B0 ≤ B2 ≤ B1 =<br />

B3<br />

B0 ≤ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 ≥ B2 ≥ B3 ≥<br />

B1<br />

B0 = B1 = B2 ≤<br />

B3<br />

B0 ≤ B1 = B2 =<br />

B3<br />

B0 ≤ B1 ≤ B2 ≤<br />

Avancé Inchangé Inchangé Inchangé<br />

B1≤B2≤B0≤B1 B0=B1≥B2≥B3 B0≤ B1≤B2≤B3 B0≤B1≤B2≤B3<br />

Pente ouverture B0≥B1≥B2≥B3 B0≤B1≤B2≤B3 B0≤B1≤B2≤B3 B0≤B1=B3≤B3<br />

Figure n° 8.10 : Tableau récapitu<strong>la</strong>tif <strong>des</strong> résultats spatiaux et temporels <strong>du</strong> locuteur YM.<br />

B3


La <strong>du</strong>rée totale de <strong>la</strong> consonne est inchangée par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks. Il semble<br />

que ce soit plutôt <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle qui joue un rôle <strong>dans</strong> les variations observées.<br />

Les consonnes sont allongées quand elles sont suivies de /i/ et sont raccourcies quand<br />

elles sont suivies de /a/.<br />

Le nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> constriction maximale n’est pas<br />

changé de manière significative par les bite-blocks. Seul le /d/ de <strong>la</strong> séquence /dad/ perd<br />

<strong>des</strong> contacts avec les bite-blocks. Les consonnes <strong>des</strong> autres séquences ont plutôt<br />

tendance à conserver, voire à augmenter, l’aire de contact linguo-pa<strong>la</strong>tal. L’influence de<br />

<strong>la</strong> voyelle sur le nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux est plus importante que l’influence<br />

<strong>des</strong> bite-blocks eux-mêmes.<br />

La fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale n’est pas significativement influencée <strong>dans</strong> son<br />

amplitude par les bite-blocks. Notons une baisse drastique d’amplitude avec le B3<br />

seulement concernant <strong>la</strong> séquence /dad/. Avec les voyelles /i/, l’amplitude de <strong>la</strong><br />

fermeture <strong>des</strong> consonnes a tendance à être diminuée. La <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> fermeture n’est pas<br />

modifiée significativement par les bite-blocks, mais là encore c’est <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong><br />

voyelle qui suit qui entraîne les variations. Avec <strong>la</strong> voyelle /a/, <strong>la</strong> fermeture <strong>du</strong>re moins<br />

longtemps qu’avec <strong>la</strong> voyelle /i/. La fermeture est plus rapide sur les consonnes suivies<br />

de /a/, notamment sur <strong>la</strong> séquence /dad/ chez qui le changement est très marqué. Par<br />

contre avec <strong>la</strong> voyelle /i/ nous ne notons pas de changements aussi drastiques.<br />

La phase médiane : La <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue est allongée de façon significative par <strong>la</strong><br />

présence de <strong>la</strong> perturbation. L’influence de <strong>la</strong> voyelle subséquence n’est pas impliquée<br />

ici. La <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> constriction maximale n’est pas influencée par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> biteblocks.<br />

Les variations observées sont <strong>du</strong>es à <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle : <strong>la</strong> constriction<br />

maximale de <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ est raccourcie. La <strong>du</strong>rée de l’occlusion totale<br />

augmente seulement sur les consonnes suivies de <strong>la</strong> voyelle /i/.<br />

L’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale n’est pas significativement modifiée <strong>dans</strong> son amplitude<br />

par les bite-blocks. Les variations observées dépendent fortement de <strong>la</strong> séquence :<br />

l’amplitude de l’ouverture <strong>du</strong> /d/ suivi de /a/ est très ré<strong>du</strong>ite avec le B3. La <strong>du</strong>rée de<br />

l’ouverture est influencée par les bite-blocks mais aussi par <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle :<br />

l’ouverture de <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ est fortement ralentie avec le B3.<br />

L’ouverture est plus lente seulement sur le /d/ suivi de /a/.<br />

188


189


190


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

CHAPITRE 9 : DISCUSSION<br />

Au terme de notre étude, nous reprenons les questions de <strong>la</strong> problématique et au regard<br />

<strong>des</strong> résultats, nous essayons d’étayer une discussion. Dans un premier temps nous<br />

soulignerons les différences observées entre les deux locuteurs. Dans un second temps<br />

nous reviendrons sur l’importance <strong>des</strong> contraintes en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole quand on<br />

parle de <strong>compensation</strong> ou d’adaptation à une situation nouvelle. Puis, nous discuterons<br />

nos résultats à <strong>la</strong> lumière <strong>des</strong> théories de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>.<br />

Nous pensons avoir réussi à discerner et à quantifier <strong>des</strong> effets de <strong>compensation</strong> linguale<br />

<strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes avec <strong>la</strong> mâchoire bloquée. La perturbation choisie,<br />

bite-blocks, s’est révélée être efficace <strong>dans</strong> le sens où nous avons observé <strong>des</strong><br />

changements spatio-temporels <strong>dans</strong> l’organisation <strong>des</strong> mouvements linguaux. Nous<br />

observons bien <strong>des</strong> différences entre les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales et les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s avec<br />

les bite-blocks. Même si ces différences ne sont pas toujours statistiquement validées,<br />

elles permettraient de confirmer l’existence de stratégies de <strong>compensation</strong> au niveau<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et d’en dé<strong>du</strong>ire de quelle façon les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont<br />

contrôlés.<br />

9.1 Les variations inter-indivi<strong>du</strong>elles<br />

Tout au long de l’étude, nous avons relevé, <strong>des</strong> différences entre les réactions <strong>des</strong><br />

locuteurs concernent <strong>la</strong> façon d’ajuster les mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue en réponse aux<br />

perturbations. Nous estimons qu’il y a peu de chance pour que ces différences interindivi<strong>du</strong>elles<br />

soient expliquées seulement comme un résultat <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> bite-blocks<br />

sur les distances inter-incisives. Si c’était le cas on aurait systématiquement une plus<br />

petite zone de contact linguo-pa<strong>la</strong>taux avec les bite-blocks, partant de l’hypothèse que<br />

plus <strong>la</strong> mâchoire est basse, moins les contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région antérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is sont<br />

nombreux. Or <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire, notre locuteur YM tend à augmenter ses<br />

contacts alors que le locuteur BL tend à les diminuer avec les bite-blocks. Rappelons<br />

que <strong>dans</strong> notre étude, nous avons pris soin de mesurer le même écart inter-incisif chez<br />

191


les deux locuteurs pour contrôler que les bite-blocks agrandissaient l’écart inter-incisive<br />

de manière identique pour chacun.<br />

Nous nous sommes volontiers rapprochée de l’étude de Flege et al. (1988). Leur travail<br />

concerne <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> <strong>occlusives</strong> de l’ang<strong>la</strong>is et de l’arabe avec <strong>des</strong> bite-blocks.<br />

Leur investigation a porté essentiellement sur <strong>la</strong> phase de constriction maximale <strong>des</strong><br />

consonnes et montre que le /t/ arabe est plus antérieur que le /t/ ang<strong>la</strong>is, et que plus <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> est antérieure, plus les contacts diminuent avec les bite-blocks. Nous notons<br />

<strong>des</strong> similitu<strong>des</strong> avec nos résultats. Effectivement le nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux<br />

<strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur BL est diminué sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, alors que<br />

nous avons noté que ses <strong>occlusives</strong> sont plus antérieures que celles de YM pour qui le<br />

nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux est augmenté. La constriction maximale <strong>du</strong> /t/<br />

arabe, plus antérieur, est raccourcie avec les bite-blocks (en même temps que le nombre<br />

de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux diminue). La constriction <strong>du</strong> locuteur BL est aussi ré<strong>du</strong>ite.<br />

Par contre, <strong>la</strong> constriction <strong>du</strong> /t/ ang<strong>la</strong>is (plus postérieure) n’est pas raccourcie et les<br />

contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sont plus nombreux. Dans notre étude, nous observons les<br />

mêmes effets <strong>des</strong> bite-blocks sur <strong>la</strong> constriction <strong>du</strong> /t/ <strong>du</strong> locuteur YM. Flege et al.<br />

(1988) ont conclu que les locuteurs ang<strong>la</strong>is parviennent à compenser plus complètement<br />

car l’articu<strong>la</strong>tion normale <strong>du</strong> /t/ est pro<strong>du</strong>ite plus en arrière <strong>dans</strong> le pa<strong>la</strong>is. De <strong>la</strong> même<br />

façon, le locuteur YM semble effectuer une <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> plus complète<br />

que BL <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où il présente moins de différences entre les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s<br />

normales et bloquées, tant sur le p<strong>la</strong>n spatial que temporel. Nos résultats confirment <strong>la</strong><br />

conclusion de Flege et al. (1988) sur <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s incomplètes puisque ils ont<br />

trouvé <strong>des</strong> petites différences mais significatives (sur <strong>la</strong> zone et <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong><br />

constriction) entre les consonnes pro<strong>du</strong>ites avec et sans bite-blocks.<br />

Les bite-blocks n’ont pas empêché nos locuteurs de faire une constriction, qu’elle soit<br />

ré<strong>du</strong>ite, renforcée ou délocalisée. Dans <strong>la</strong> même situation de perturbation, nous avons<br />

relevé une ré<strong>du</strong>ction de <strong>la</strong> consonne chez le locuteur BL et un renforcement chez le<br />

locuteur YM.<br />

192


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

9.1.1 Stratégie de <strong>compensation</strong> <strong>du</strong> locuteur BL<br />

Les bite-blocks ont un effet sur les mouvements linguaux de ce locuteur. Cependant, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne peut aussi être sujette à <strong>des</strong> variations qui dépendent de <strong>la</strong> nature<br />

de <strong>la</strong> voyelle subséquente et non de <strong>la</strong> perturbation seule : <strong>la</strong> voyelle /a/ a tendance à<br />

raccourcir <strong>la</strong> consonne et <strong>la</strong> voyelle /i/ à l’allonger.<br />

La fermeture est ralentie par <strong>la</strong> perturbation, ce locuteur a besoin de plus de temps pour<br />

é<strong>la</strong>borer <strong>la</strong> trajectoire vers <strong>la</strong> constriction. De plus, nous avons vu que le nombre de<br />

contacts au moment de <strong>la</strong> constriction maximale est ré<strong>du</strong>it, en même temps que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée<br />

de <strong>la</strong> constriction diminue : sa mâchoire étant différemment positionnée que de<br />

coutume, nous pouvons penser que BL rencontre une réelle difficulté à réaliser et à<br />

maintenir une constriction inhabituelle avec l’apex. La <strong>la</strong>ngue met plus de temps pour<br />

contacter le pa<strong>la</strong>is : le locuteur a besoin de temps pour réorganiser son mouvement<br />

lingual.<br />

Seule <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est plus longue avec les bite-blocks, au détriment de <strong>la</strong><br />

constriction maximale qui est ré<strong>du</strong>ite. Durant <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> il se peut que le<br />

contrôle <strong>du</strong> mouvement soit plus minutieux et plus précis, <strong>du</strong> fait que c’est <strong>la</strong> phase<br />

médiane essentielle de <strong>la</strong> consonne, de ce fait il lui faut plus de temps. Pour répondre à<br />

<strong>la</strong> perturbation, BL déploie une manœuvre de ré<strong>du</strong>ction globale <strong>du</strong> geste consonantique,<br />

ré<strong>du</strong>ction à <strong>la</strong> fois spatiale et temporelle. Cependant, il réalise quand même une<br />

constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale digne d’une occlusive mais avec <strong>des</strong> caractéristiques spatiotemporelles<br />

différentes de celles observées en parole normale. En d’autres termes, il<br />

« undershoote » <strong>la</strong> constriction en générant une autre trajectoire linguale que de<br />

coutume.<br />

9.1.2. Stratégie de <strong>compensation</strong> <strong>du</strong> locuteur YM<br />

Avec les bite-blocks, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne reste inchangée et <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue<br />

varie en fonction de <strong>la</strong> voyelle : allongée avec /i/ et raccourcie avec /a/. La fermeture de<br />

ce locuteur ne subit pas de modifications, ni temporelle, ni spatiale. Les contacts linguopa<strong>la</strong>taux<br />

sur <strong>la</strong> constriction maximale sont conservés, <strong>la</strong> zone d’articu<strong>la</strong>tion est même<br />

saturée, excepté sur <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ pour qui le maximum est ré<strong>du</strong>it<br />

(spatialement et temporellement). La tenue est allongée par les bite-blocks, comme pour<br />

193


le locuteur BL, il semble que cette phase essentielle de <strong>la</strong> consonne soit contrôlée plus<br />

singulièrement.<br />

Ce locuteur YM ajuste immédiatement <strong>la</strong> trajectoire linguale pour atteindre <strong>la</strong><br />

constriction qu’il parvient d’ailleurs à garder de <strong>la</strong> même façon que sans bite-block,<br />

excepté pour <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/. Nous avons relevé que les changements<br />

observés sont davantage <strong>du</strong>s à <strong>la</strong> nature phonétique <strong>des</strong> séquences, notamment à<br />

l’influence de <strong>la</strong> voyelle subséquente, que par les bite-blocks eux-mêmes. Il semble<br />

donc que <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s soient opérées de façon plus complète. Nous<br />

avons vu que <strong>la</strong> séquence /dad/ est <strong>la</strong> plus sujette aux variations de part les contraintes<br />

de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> qui gouvernent sa réalisation. Il apparaît que face à de fortes contraintes,<br />

ce locuteur YM réagit de <strong>la</strong> même façon que le locuteur BL : <strong>la</strong> trajectoire linguale est<br />

modifiée, mais <strong>la</strong> fermeture est accélérée, il est alors incapable de réaliser <strong>des</strong><br />

<strong>compensation</strong>s <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s aussi complètes que sur les autres séquences. Gay en 1981<br />

explique que <strong>la</strong> vitesse de mouvement <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs varie en fonction de<br />

l’articu<strong>la</strong>teur et <strong>du</strong> locuteur. Il précise que les dé<strong>la</strong>is d’activation <strong>des</strong> muscles qui<br />

contrôlent les différents articu<strong>la</strong>teurs varient de manière non uniforme, ce qui pourrait<br />

nous aider à comprendre pourquoi, avec les bite-blocks, sur /d/ suivie de /a/, <strong>la</strong><br />

fermeture de BL est plus lente et celle de YM est plus rapide.<br />

9.1.3 Re<strong>la</strong>tions entre morphologie et articu<strong>la</strong>tion<br />

Revenons aux conclusions de Flege et al. (1988) pour qui <strong>la</strong> stratégie utilisée pour<br />

compenser dépendrait de <strong>la</strong> magnitude de l’augmentation. Ils suggèrent qu’il est biomécaniquement<br />

plus facile pour les ang<strong>la</strong>is que pour les arabes de maintenir <strong>des</strong><br />

contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux normaux avec les bite-blocks car le /t/ ang<strong>la</strong>is est plus<br />

postérieur que le /t/ arabe. Plus <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue bouge vers l’avant, relevant l’apex et <strong>la</strong> <strong>la</strong>me,<br />

plus les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux vont être augmentés. Pour les Ang<strong>la</strong>is, l’éten<strong>du</strong>e de <strong>la</strong><br />

constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale augmente en même temps que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de constriction<br />

avance <strong>dans</strong> le pa<strong>la</strong>is. Nous observons l’inverse <strong>dans</strong> notre étude puisque seule <strong>la</strong><br />

séquence /dad/ qui montre un avancement de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> constriction montre en<br />

même temps une ré<strong>du</strong>ction de <strong>la</strong> constriction à cause <strong>du</strong> voisement de <strong>la</strong> consonne et <strong>du</strong><br />

/a/. Pourtant nous observons <strong>des</strong> différences chez nos locuteurs <strong>dans</strong> <strong>la</strong> manière de<br />

compenser : ces différences entre sujets de même <strong>la</strong>ngue maternelle confirment<br />

194


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

l’existence de stratégies indivi<strong>du</strong>elles de <strong>compensation</strong>. Ces différences peuvent aussi<br />

s’expliquer en fonction de <strong>la</strong> forme <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, de <strong>la</strong> profondeur de <strong>la</strong> cavité buccale, plus<br />

généralement <strong>des</strong> différences morphologiques.<br />

Nous sommes consciente qu’il manque <strong>des</strong> mesures exactes de longueur, <strong>la</strong>rgeur et<br />

profondeur <strong>des</strong> pa<strong>la</strong>is pour avoir une vue précise en trois dimensions de <strong>la</strong> morphologie<br />

de chacun. Nous avons pu constater cependant que le pa<strong>la</strong>is de BL est plus <strong>la</strong>rge et<br />

moins incurvé que celui de YM, qui est plus étroit et plus incurvé. Khuen et Moll<br />

(1976) rapportent que <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et de <strong>la</strong> mâchoire est positivement corrélée<br />

avec les dép<strong>la</strong>cements et <strong>la</strong> rapidité de ces mêmes articu<strong>la</strong>teurs : les plus <strong>la</strong>rges mesures<br />

sont celles <strong>des</strong> hommes qui ont un plus <strong>la</strong>rge pa<strong>la</strong>is. Honda et al. (1996) ainsi que<br />

Earnest et Max (2001) soulignent <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion existant entre l’anatomie et <strong>la</strong> taille <strong>des</strong><br />

structures et <strong>la</strong> cinématique <strong>des</strong> mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Avec <strong>la</strong> méthode <strong>des</strong> rayons<br />

X, ils effectuent <strong>des</strong> mesures <strong>du</strong> crâne, <strong>du</strong> maxil<strong>la</strong>ire, <strong>des</strong> incisives, de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue, <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de consonnes linguo-alvéo<strong>la</strong>ires. Il en résulte qu’une <strong>la</strong>rge<br />

mandibule est associée à une brève fermeture linguale, une brève phase d’accélération<br />

de <strong>la</strong> fermeture. Ainsi, <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole est caractérisée par <strong>des</strong> interactions<br />

complexes entre l’anatomie oro-faciale et les mouvements de <strong>la</strong> mâchoire. Les variables<br />

cinématiques (pics de vitesse de l’ouverture et de <strong>la</strong> fermeture) sont influencées par les<br />

différences de genre et de morphologie <strong>dans</strong> les stratégies de contrôle propres à chaque<br />

locuteur. La re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> morphométrie orofaciale et <strong>la</strong> cinématique <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est<br />

importante en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Ajoutons que Tiede (1998) rapporte que <strong>la</strong> profondeur de <strong>la</strong><br />

cavité buccale et <strong>la</strong> forme <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is affecte l’axe de dép<strong>la</strong>cement <strong>du</strong> corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

et de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> constriction linguo-pa<strong>la</strong>tale.<br />

En résumé, nous devons concevoir ici le rôle <strong>des</strong> contraintes physiologiques et biomécaniques<br />

qui se tra<strong>du</strong>iraient par les limites de dép<strong>la</strong>cement <strong>des</strong> organes phonatoires et<br />

par les caractéristiques anatomiques de chacun. Ainsi, le lieu d’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong><br />

consonne et l’existence <strong>des</strong> limitations physiologiques <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal peuvent être<br />

aussi à l’origine de <strong>la</strong> réalisation plus ou moins complète de <strong>la</strong> <strong>compensation</strong>.<br />

9.1.4 Re<strong>la</strong>tions avec une perturbation dite ‘naturelle’<br />

Les perturbations naturelles observables en parole donnent aussi <strong>des</strong> pistes <strong>dans</strong> l’étude<br />

<strong>du</strong> contrôle moteur. De façon un peu moins directe, nous pouvons entrevoir <strong>des</strong><br />

195


similitu<strong>des</strong> avec les étu<strong>des</strong> qui ont considéré un changement un débit de parole comme<br />

perturbation naturelle. Vaxe<strong>la</strong>ire (1994) ou encore Sock et Lofqvist (1995) et Sock et<br />

Vaxe<strong>la</strong>ire (2001) font varier le débit de parole comme une variable contrôlée. Ils<br />

observent <strong>des</strong> réajustements <strong>dans</strong> l’action <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs : les articu<strong>la</strong>teurs font preuve<br />

d’adaptation à un débit de parole plus rapide par <strong>des</strong> modifications spatio-temporelles.<br />

Vaxe<strong>la</strong>ire a souligné <strong>dans</strong> sa thèse (1993) <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre le débit de parole et le<br />

schéma dynamique <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs: plus le débit est rapide, plus le geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong><br />

est temporellement ré<strong>du</strong>it. Rappelons que nous avons constaté, <strong>dans</strong> notre étude, que <strong>la</strong><br />

présence de bite-blocks ralentissait le débit : <strong>la</strong> phrase porteuse est rallongée jusqu’à<br />

100 ms avec le plus gros bite-block.<br />

Un autre exemple de perturbation naturelle peut se retrouver <strong>dans</strong> une perspective<br />

développementale. Les transformations anatomiques <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> croissance <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it<br />

vocal peuvent être envisagées comme une sorte de perturbation. En effet, chaque phase<br />

de développement « brouille » <strong>la</strong> cartographie <strong>des</strong> liens sensori-moteurs déjà établis à<br />

un stade antérieur. Les capacités de contrôle étant immatures, l’enfant doit<br />

« compenser » avec <strong>des</strong> moyens limités et les <strong>compensation</strong>s sont donc incomplètes.<br />

Ménard et al. (2000) montrent que <strong>des</strong> stratégies permettant de compenser <strong>la</strong> différence<br />

morphologique <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it vocal <strong>du</strong> bébé donnent lieu à <strong>des</strong> comman<strong>des</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

différentes. Les voyelles /i, u, y, a/ sont réalisées par <strong>des</strong> manœuvres visant à modifier le<br />

lieu ou l’aire de constriction. C’est au moyen de l’imitation que l’enfant pourra calibrer<br />

ce qu’il perçoit et ce qu’il pro<strong>du</strong>it afin d’ajuster l’éten<strong>du</strong>e de ses mouvements<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, d’où l’importance <strong>du</strong> coup<strong>la</strong>ge entre <strong>la</strong> perception visuelle et auditive.<br />

(comme par exemple le fait de montrer l’arrondissement <strong>des</strong> lèvres pour pro<strong>du</strong>ire une<br />

voyelle arrondie).<br />

9.2 Phénomène d’apicalisation<br />

Nous commentons ici le phénomène d’apicalisation observé lors de <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ition <strong>du</strong> /d/<br />

suivi de /a/, phénomène commun aux deux locuteurs. Avec les bite-blocks, nous avons<br />

considéré que le mouvement lingual est différent de celui sans bite-block : nous sommes<br />

confrontés à un autre geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. En effet, seule <strong>la</strong> première rangée d’électro<strong>des</strong><br />

est contactée par l’apex et non plus par l’apex et <strong>la</strong> <strong>la</strong>me comme on l’a remarqué sans<br />

bite-block. Ainsi, sans bite-block, <strong>la</strong> partie antérieure de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me supporte et<br />

196


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

accompagne les mouvements de l’apex vers <strong>la</strong> région dento-alvéo<strong>la</strong>ire <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Avec<br />

les bite-blocks, <strong>la</strong> <strong>la</strong>me n’est plus le support de l’apex. En effet, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ne peut plus<br />

monter autant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité buccale puisqu’elle est raccrochée à une mandibule trop<br />

abaissée. La <strong>la</strong>ngue prend ainsi une forme plus incurvée et ce<strong>la</strong> va permettre seulement<br />

à l’apex, plus mobile et indépendant que le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, d’être « projeté » et de<br />

pouvoir s’étendre jusque vers <strong>la</strong> région dentale.<br />

Nous proposons une validation de ces considérations par le calcul d’une régression<br />

entre le centre de gravité <strong>des</strong> contacts qui indique <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> contacts sur le pa<strong>la</strong>is<br />

sur l’axe avant-arrière (voir chaitre 5 : Méthode) et le taux de remplissage <strong>des</strong> zones de<br />

contacts, alvéo<strong>la</strong>ire et vé<strong>la</strong>ire. Nous avons effectué une régression simple sur <strong>des</strong><br />

paramètres deux à deux, afin de voir s’ils étaient corrélés. Commençons par décrire <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion entre le centre de gravité et le nombre de contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie postérieure <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is. Rappelons le sens de variation de l’indice <strong>du</strong> centre de gravité : plus l’indice est<br />

négatif, plus le centre de ravité est avancé <strong>dans</strong> le pa<strong>la</strong>is.<br />

1<br />

,5<br />

0<br />

-,5<br />

cdg<br />

ma<br />

-1<br />

x -1,5<br />

-2<br />

-2,5<br />

-3<br />

-3,5<br />

-4<br />

Graphe de régression<br />

Exclusion de lignes : param etresA_nuitA.xls (im porté).svd<br />

-,1 0 ,1 ,2 ,3<br />

txvel<br />

,4 ,5 ,6 ,7<br />

Y = -2,2 + 3,596 * X; R^2 = ,764<br />

Figure n° 9.1 : Graphe de régression entre le centre de gravité et le taux de remplissage <strong>des</strong><br />

contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région vé<strong>la</strong>ire. En abscisse, le taux de contacts vé<strong>la</strong>ires. En ordonnée, le centre de<br />

gravité<br />

Dans <strong>la</strong> partie postérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, le taux de remplissage, est corrélé avec le centre de<br />

gravité : plus le centre de gravité recule <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie postérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is, plus le taux<br />

de remplissage vé<strong>la</strong>ire augmente. Plus l’articu<strong>la</strong>tion est postérieure, plus <strong>la</strong> zone de<br />

contact (vé<strong>la</strong>ire) est remplie. Ceci tra<strong>du</strong>it que le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ne peut dissocier ses<br />

mouvements, le remplissage de <strong>la</strong> zone de contacts se fait progressivement. Observons<br />

197


maintenant les re<strong>la</strong>tions existant entre le centre de gravité et le nombre de contacts <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> partie antérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is.<br />

1<br />

,5<br />

0<br />

-,5<br />

cdg<br />

ma -1<br />

x -1,5<br />

-2<br />

-2,5<br />

-3<br />

-3,5<br />

-4<br />

Graphe de régression<br />

Exclusion de lignes : param etresA_nuitA.xls (im porté).svd<br />

,1 ,2 ,3 ,4 ,5 ,6<br />

txalv<br />

,7 ,8 ,9 1 1,1<br />

Y = -2,452 + 1,662 * X; R^2 = ,329<br />

Figure n° 9.2: Graphe de régression entre le centre de gravité et le taux de remplissage <strong>des</strong><br />

contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire. En abscisse, le taux de contacts alvéo<strong>la</strong>ires. En ordonnée, le centre de<br />

gravité<br />

Le taux de remplissage <strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie antérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is n’est pas corrélé avec le<br />

centre de gravité : ces deux variables évoluent beaucoup moins <strong>dans</strong> un rapport de<br />

proportionnalité comme on l’a vu précédemment sur <strong>la</strong> figure 9.1. Dans <strong>la</strong> région<br />

antérieure, l’apex peut contacter directement les alvéoles sans forcément toucher les<br />

bords <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. Les contacts ne se font pas de façon progressive mais directement sur<br />

les alvéoles <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is. La <strong>la</strong>ngue prend effectivement une forme incurvée ce qui permet<br />

à l’apex de se dép<strong>la</strong>cer seul. Ces résultats confirment que <strong>la</strong> partie antérieure de <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue est plus mobile que <strong>la</strong> partie postérieure et attestent aussi de l’indépendance de<br />

l’apex par rapport au corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

Nos résultats spatiaux ont montré, qu’avec les bite-blocks, <strong>la</strong> trajectoire de l’apex est<br />

dirigée vers une articu<strong>la</strong>tion plus en avant <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is lors de l’articu<strong>la</strong>tion de l’occlusive<br />

/d/. Des résultats temporels, nous avons dé<strong>du</strong>it que <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> et <strong>la</strong><br />

constriction maximale sont raccourcies et que l’amplitude <strong>du</strong> geste est diminuée.<br />

Ladefoged et Maddieson (1998) définissent le tap alvéo<strong>la</strong>ire comme “…a sound in<br />

which a brief contact between the articu<strong>la</strong>tors is made by moving the active articu<strong>la</strong>tor<br />

198


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

directly towards the roof of the mounth....Taps are more typically made by a direct<br />

movement of the tongue tip to a contact location in the dental or alveo<strong>la</strong>r region”<br />

(p.231). Avec les bite-blocks, les locuteurs effectuent un geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> de type<br />

‘tap’, différent de celui de /d/. Partant de cette définition, nous pouvons dire que le /d/<br />

pro<strong>du</strong>it avec les bite-blocks par nos locuteurs est alors réalisé comme un /R/. Laver<br />

(1994) ajoute à cette <strong>des</strong>cription une dimension dynamique en y incluant le concept de<br />

vélocité “...in the case of a tapped stop, the tongue moves very fast through the onset<br />

phase, the closure is extremely brief, and the tongue then retreats from closure in a very<br />

fast offset phase. (p. 224). Nous avons vu que <strong>la</strong> fermeture <strong>du</strong> locuteur YM est accélérée<br />

avec les bite-blocks. Si on considère cette définition nous pouvons aisément conclure<br />

que ce locuteur réalise bien un « tap ». Par contre, ça ne semble plus être le cas <strong>du</strong><br />

locuteur BL pour qui l’établissement de <strong>la</strong> fermeture est plus lent avec les bite-blocks.<br />

Les étu<strong>des</strong> de Duez (1995) sur <strong>la</strong> parole spontanée ont souligné que ce phénomène de<br />

ré<strong>du</strong>ction peut avoir lieu sans perturbation extérieure. En effet, quand le poids <strong>des</strong><br />

contraintes de coarticu<strong>la</strong>tion se fait ressentir en parole continue, les <strong>occlusives</strong> peuvent<br />

se réaliser comme <strong>des</strong> « taps » alvéo<strong>la</strong>ires simplement par <strong>des</strong> procédés d’assimi<strong>la</strong>tion<br />

et/ou de ré<strong>du</strong>ction indissociables de <strong>la</strong> parole continue.<br />

D’un point de vue moteur, nous allons <strong>dans</strong> le sens <strong>des</strong> conclusions de Recasens (1991)<br />

qui fournit une précision concernant <strong>la</strong> réalistion <strong>du</strong> “tap” alvéo<strong>la</strong>ire : “Manner<br />

requirements for the tap (i.e, the execution of a very short apico-alveo<strong>la</strong>r closure)<br />

suggest that the positioning of the tongue body does not involve much articu<strong>la</strong>tory<br />

control” (p. 279). Ainsi, les muscles intrinsèques qui relèvent l’apex, seraint moins<br />

fortement activés pour pro<strong>du</strong>ire un /R/ que pour pro<strong>du</strong>ire un /d/. /R/ n’est pas un<br />

phonème de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, en l’occurrence il peut être une réalisation contextuelle<br />

<strong>du</strong> /d/. L’action muscu<strong>la</strong>ire ne serait alors pas aboutie complètement à cause <strong>des</strong><br />

perturbations, quelles soient naturelles, comme un débit rapide, ou expérimentales,<br />

comme les bite-blocks. Dans notre étude, avec les bite-blocks, <strong>la</strong> commande motrice a<br />

toujours pour but de réaliser <strong>la</strong> constriction d’un /d/, mais <strong>la</strong> contraction muscu<strong>la</strong>ire est<br />

plus faible et entraîne alors un changement de trajectoire <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs, d’où une<br />

ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Dans ce cas de figure, le système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de<br />

parole se trouve en hypo-activité à cause <strong>des</strong> contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, mais <strong>la</strong> viabilité<br />

de l’acte linguistique est conservée.<br />

199


9.3 Hiérarchie de <strong>la</strong> <strong>compensation</strong><br />

Rappelons que nous avons utilisé le terme de <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> lorsqu’il n’y a<br />

pas ou peu de différence significative entre les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales et avec les biteblocks.<br />

Nous avons observé que certaines phases <strong>des</strong> consonnes sont touchées par <strong>la</strong><br />

perturbation, d’autres sont plus résistantes. Même si <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne n’est pas<br />

modifiée par les bite-blocks, les <strong>du</strong>rées de certaines phases le sont. Il s’opère alors un<br />

phénomène de <strong>compensation</strong> intra-gestuelle de manière sélective : les phases touchées<br />

par <strong>la</strong> perturbation sont cachées <strong>dans</strong> le geste global de <strong>la</strong> consonne. Nous cherchons à<br />

comprendre pourquoi certaines phases sont épargnées au profit d’autres. Nous<br />

supposons que c’est grâce à l’existence de micro-gestes, au sens où l’entendent les<br />

tenants <strong>des</strong> théories de contrôle orienté-système (Browman et Goldstein, 1989). Il existe<br />

<strong>des</strong> micro-gestes pour structurer <strong>la</strong> coordination entre les articu<strong>la</strong>teurs puisque <strong>la</strong><br />

génération d’un segment consonantique exige <strong>la</strong> coordination <strong>des</strong> mouvements de<br />

plusieurs articu<strong>la</strong>teurs.<br />

Nous estimons que l’organisation hiérarchique <strong>des</strong> stratégies de <strong>compensation</strong> est en<br />

fonction de <strong>la</strong> pertinence <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et <strong>du</strong> poids <strong>des</strong> contraintes de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>.<br />

9.3.1 En fonction de <strong>la</strong> pertinence <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

Nous ne pouvons pas conclure à un simple ralentissement ou une accélération <strong>du</strong> geste<br />

consonantique. Ce<strong>la</strong> semble bien plus compliqué puisque on doit tenir compte de<br />

l’évolution de chaque phase de <strong>la</strong> consonne. Sur les paramètres les moins critiques de <strong>la</strong><br />

consonne, le locuteur se permet <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s incomplètes alors que sur <strong>la</strong> phase<br />

critique, phase médiane (tenue et constriction maximale) les <strong>compensation</strong>s sont plus<br />

complètes (peu de différences observées entre les conditions d’enregistrement). Flege et<br />

al. (1988) pensent que <strong>la</strong> phase médiane n’est pas une phase critique, mais redondante<br />

de <strong>la</strong> consonne. Leur analyse a montré que les changements observés <strong>dans</strong> les<br />

paramètres <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s suggèrent que l’information acoustique, basée sur une analyse<br />

formantique, est suffisante pour <strong>la</strong> reconnaissance d’un /t/. Ils qualifient <strong>la</strong> phase<br />

d’occlusion complète de paramètre redondant se refusant de <strong>la</strong> considérer comme un<br />

paramètre critique de <strong>la</strong> consonne. La zone de rétrécissement maximal (constriction) est<br />

200


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

jugée comme étant <strong>la</strong> plus significative au moins d’un point de vue acoustique mais pas<br />

forcément d’un point de vue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>.<br />

En terme de cible <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, ce n’est pas l’endroit <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal où <strong>la</strong><br />

constriction est <strong>la</strong> plus étroite qui prime, mais il semble que ce soit <strong>la</strong> trajectoire <strong>des</strong><br />

articu<strong>la</strong>teurs et <strong>la</strong> tenue globale de <strong>la</strong> consonne qui importent. Finalement, <strong>la</strong> tenue<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> globale résiste mieux que <strong>la</strong> constriction maximale puisque nous n’avons<br />

pas observé de différence sur <strong>la</strong> tenue.<br />

Nous nous référons à une autre définition de <strong>la</strong> tenue, fondée sur les contraintes. Pour<br />

Zerling (1991 et 1993) <strong>la</strong> tenue <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est caractérisée par le maintien d’un certain<br />

nombre de contraintes sur tous les articu<strong>la</strong>teurs pendant toute <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de l’émission <strong>du</strong><br />

son. La tenue apparaît comme un passage obligé <strong>dans</strong> une zone déterminée de l’espace<br />

acoustique qui serait perceptuellement identifiable. Cette zone correspond à ce que l’on<br />

appelle généralement cible acoustico-perceptive. Le processus de décodage lors de <strong>la</strong><br />

perception permet de reconnaître une cible acoustique même lorsqu’elle n’est pas<br />

atteinte complètement ou au contraire quand elle est dépassée. Cette définition<br />

expliquerait que les overshoots et les undershoots puisent être reconnus<br />

perceptuellement car ils sont directement en périphérie <strong>des</strong> cibles <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s.<br />

Chaque phase évolue différemment et il semble que les phases d’attaque et de tenue de<br />

<strong>la</strong> constriction bénéficient d’un contrôle plus précis permettant <strong>des</strong> ajustements<br />

immédiats <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs, sûrement par <strong>des</strong> manœuvres d’hyper-articu<strong>la</strong>tion. Alors<br />

que <strong>la</strong> phase de relâchement ne semble pas être aussi pertinente <strong>dans</strong> le sens où le<br />

contrôle de ce geste relèverait d’une manœuvre d’hypo-articu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong>rgement soutenue<br />

par <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> moindre effort. Le système privilégie <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> par <strong>compensation</strong> <strong>des</strong><br />

caractéristiques les plus distinctives de <strong>la</strong> consonne : <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> est à <strong>la</strong> fois<br />

sélective et hiérarchique.<br />

Le geste de fermeture volontaire serait contrôlé plus finement que le geste d’ouverture.<br />

Le locuteur consacre plus d’énergie à adapter un nouveau mouvement de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, dont<br />

<strong>la</strong> position initiale est changée par les bite-blocks, pour essayer d’atteindre une<br />

constriction <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal même si elle est ré<strong>du</strong>ite. Le geste d’ouverture serait<br />

moins parfaitement contrôlé puisque le locuteur a réalisé sa constriction. Le<br />

relâchement est le chemin de retour à l’état initial et serait plus une trajectoire<br />

balistique. A ce moment là, ce sont sûrement les propriétés visco-é<strong>la</strong>stiques inhérentes<br />

201


au système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> qui entrent en jeu par le biais <strong>du</strong> relâchement de <strong>la</strong> contraction<br />

<strong>des</strong> muscles élévateurs de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />

9.3.2 En fonction <strong>du</strong> poids <strong>des</strong> contraintes<br />

De faibles contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> permettent au locuteur de mettre en p<strong>la</strong>ce plus<br />

facilement <strong>des</strong> stratégies de <strong>compensation</strong> complète. Nous savons que le nombre de<br />

contraintes qui œuvrent pour permettre <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole est très grand, nous les<br />

avons recensées sommairement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> première partie de ce travail d’après Zerling<br />

(1991).<br />

9.3.2.1 Les effets <strong>du</strong> voisement<br />

Les consonnes non voisées ont un plus grand nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux que<br />

les consonnes voisées. Nous avons pu constater, tout au long de cette analyse spatiale<br />

que les consonnes voisées sont moins résistantes aux bite-blocks que les consonnes non<br />

voisées. Sous l’influence <strong>des</strong> bite-blocks, les voisées perdent plus de contacts que les<br />

non voisées : <strong>la</strong> différence de contacts entre les voisées et les non voisées s’agrandit au<br />

fur et à mesure que l’épaisseur <strong>du</strong> bite-block augmente.<br />

La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une consonne voisée est plus complexe que <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> d’une<br />

consonne non voisée <strong>dans</strong> le sens où elle engage plus de contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>. Pour<br />

qu’il y ait vibration <strong>des</strong> cor<strong>des</strong> vocales, il est difficile mais nécessaire de maintenir un<br />

différentiel de pression entre les cavités sous-glottique et intra-orale puisque l’occlusion<br />

a pour effet d’équilibrer les deux pressions de part et d’autre de <strong>la</strong> glotte. Cependant,<br />

nos résultats montrent que le rôle <strong>du</strong> voisement ne parait pas autant influer les effets <strong>des</strong><br />

bite-blocks que celui de <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle. D’après l’analyse de l’ANOVA, <strong>la</strong><br />

variable n’a pas eu d’influence significative sur les effets <strong>des</strong> bite-blocks,<br />

au contraire de <strong>la</strong> variable <br />

9.3.2.2 Les effets <strong>du</strong> contexte vocalique<br />

Nous savons que sans perturbation, <strong>la</strong> voyelle /i/ fermée allonge les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong><br />

consonnes et <strong>la</strong> voyelle ouverte /a/ raccourcit les <strong>du</strong>rées <strong>des</strong> consonnes. Nous rejoignons<br />

202


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

les suppositions de Sock et Lofqvist (1995) concernant l’occlusion de /d/. L’occlusion<br />

de <strong>la</strong> voisée /d/ est progressivement plus longue quand elle précède <strong>la</strong> voyelle /u/ puis /i/<br />

puis /a/. Ce phénomène connu est confirmé ici en parole normale mais aussi en parole<br />

perturbée. Les effets <strong>des</strong> bite-blocks sont plus mis en évidence sur les consonnes suivies<br />

de <strong>la</strong> voyelle /a/. Les séquences avec <strong>la</strong> voyelle /i/ résistent mieux à <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> biteblocks.<br />

Effectivement pour pro<strong>du</strong>ire une consonne alvéo<strong>la</strong>ire suivie d’une voyelle<br />

fermée l’apex évolue <strong>dans</strong> un espace ré<strong>du</strong>it puisque les deux segments ont le même lieu<br />

d’articu<strong>la</strong>tion antérieur <strong>dans</strong> le con<strong>du</strong>it vocal. Seul l’apex doit modifier ses mouvements<br />

et pas le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue qui reste en position élevée <strong>du</strong>rant l’émission <strong>des</strong> deux<br />

segments. Même avec <strong>la</strong> mâchoire bloquée en position ouverte, les mouvements de<br />

l’apex et de <strong>la</strong> <strong>la</strong>me sont encore possibles et optimisés grâce à leur indépendance entre<br />

elles et par rapport à <strong>la</strong> mâchoire.<br />

Lorsqu’on pro<strong>du</strong>it une consonne alvéo<strong>la</strong>ire suivie d’une voyelle ouverte /a/, ce n’est<br />

plus l’apex seul qui modifie son mouvement mais aussi le corps de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. La <strong>la</strong>ngue<br />

évolue <strong>dans</strong> un espace plus grand donc ses mouvements sont susceptibles de présenter<br />

plus de variations. La <strong>la</strong>ngue doit effectuer une trajectoire plus ample pour passer d’une<br />

articu<strong>la</strong>tion avant/fermée/apico-alvéo<strong>la</strong>ire à une articu<strong>la</strong>tion arrière/ouverte/dorsale. Le<br />

poids <strong>des</strong> contraintes de co<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> est plus lourd quand <strong>la</strong> voyelle adjacente requiert<br />

l’action d’une autre partie de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. L’apex et <strong>la</strong> <strong>la</strong>me sont sollicités mais le corps de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, très dépendant de <strong>la</strong> position de <strong>la</strong> mâchoire, favorise <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong><br />

voyelle ouverte /a/.<br />

En résumé, nous proposons un c<strong>la</strong>ssement <strong>des</strong> séquences observées <strong>dans</strong> notre étude en<br />

fonction <strong>du</strong> poids <strong>des</strong> contraintes co<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s : <strong>des</strong> contraintes les plus forte aux plus<br />

faibles : Consonne Voisée et Voyelle Ouverte /da/ > Consonne Voisée et Voyelle<br />

Fermée /di/ > Consonne Non Voisée et Voyelle Ouverte /ta/ > Consonne Non Voisée et<br />

Voyelle Fermée /ti/.<br />

D’autre part, nous avons calculé un indice de coarticu<strong>la</strong>tion pour chacune <strong>des</strong> séquences<br />

de chaque locuteur. Cet indice est basé sur les mesures spatiales effectuées, notamment<br />

le nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux relevé sur <strong>la</strong> constriction maximale. La<br />

différence de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux entre consonne + /a/ et consonne + /i/ nous donne<br />

l’indice de coarticu<strong>la</strong>tion. Plus <strong>la</strong> différence de contacts entre /a/ et /i/ est grande plus<br />

l’indice est élevé. Nous nous demandons quelle est l’influence <strong>des</strong> bite-blocks sur cet<br />

indice de coarticu<strong>la</strong>tion.<br />

203


INDICE DE COARTICULATION<br />

DE YM<br />

204<br />

INDICE DE COARTICULATION<br />

DE BL<br />

partie antérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is partie antérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is<br />

cond /d/ /t/ cond /d/ /t/<br />

b0 6,83 2,75 b0 5,42 4,08<br />

b1 9,17 1,33 b1 10,00 4,00<br />

b2 12,25 2,17 b2 11,83 5,17<br />

b3 13,75 0,83 b3 12,42 8,67<br />

partie postérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is partie postérieure <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is<br />

cond /d/ /t/ cond /d/ /t/<br />

b0 8,50 6,25 b0 7,83 6,00<br />

b1 8,92 6,67 b1 7,33 4,17<br />

b2 13,17 6,33 b2 10,08 6,33<br />

b3 13,50 7,25 b3 9,08 6,67<br />

totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is<br />

cond /d/ /t/ cond /d/ /t/<br />

b0 16,17 12,17 b0 13,25 10,00<br />

b1 18,08 8,33 b1 17,42 8,17<br />

b2 25,33 12,25 b2 21,08 11,33<br />

b3 27,42 3,83 b3 21,33 15,25<br />

Figure n° 9.3 : Tableau <strong>des</strong> indices de coarticu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> deux locuteurs.<br />

L’indice de coarticu<strong>la</strong>tion est plus élevé sur les consonnes voisées que sur les non<br />

voisées et l’augmentation est aussi plus marquée sur les voisées. La différence de<br />

contacts entre /a/ et /i/ est plus grande concernant les consonnes voisées. Nous<br />

remarquons que chez les deux locuteurs, plus <strong>la</strong> mâchoire est en position basse plus<br />

l’indice de coarticu<strong>la</strong>tion augmente. Autrement dit, les bite-blocks ont tendance à faire<br />

augmenter l’indice de coarticu<strong>la</strong>tion. donc il y a plus de différences entre les contacts<br />

<strong>des</strong> consonnes suivies de /i/ et les contacts <strong>des</strong> consonnes suivies de /a/.


9.3.3 Une hiérarchie <strong>dans</strong> le contrôle moteur<br />

QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

Quand un sujet compense complètement, le contrôle <strong>des</strong> mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs<br />

est plus précis et l’ajustement est immédiat : le geste initial commandé semble être<br />

conservé, avec toutefois une variabilité naturelle <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle l’acte linguistique reste<br />

viable. Pour éviter de faire <strong>des</strong> undershoots et les overshoots, il met en œuvre une<br />

stratégie d’hyper-articu<strong>la</strong>tion directement réalisable grâce à <strong>la</strong> faculté d’adaptation <strong>du</strong><br />

système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>.<br />

Inversement, plus les contraintes sont fortes, plus le locuteur a <strong>du</strong> mal à mettre en œuvre<br />

<strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s complètes : les différences entre les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales et<br />

perturbées sont alors plus marquées. Nous n’observons pas de <strong>compensation</strong> complète,<br />

mais une recherche d’un trajet plus facile pour atteindre plus ou moins le même but<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone cible, d’où un changement de mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs. Le geste<br />

devient trop difficile à cause <strong>du</strong> lourd poids <strong>des</strong> contraintes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et temporelles.<br />

Le système opère donc une réorganisation spatio-temporelle totale qui donne lieu à un<br />

autre geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, réellement proche <strong>du</strong> geste exigé mais qui peut dép<strong>la</strong>cer<br />

légèrement son lieu d’articu<strong>la</strong>tion. Nous avons vu l’exemple <strong>du</strong> /d/ réalisé comme un<br />

/R/. Les changements de mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs sont re<strong>la</strong>tifs aux contraintes<br />

biomécaniques de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> : le système ne peut aller contre les lois physiques et<br />

mécaniques <strong>des</strong> contacts entre les articu<strong>la</strong>teurs ni contre les limitations physiques et<br />

physiologiques. Il n’a donc pas d’autre choix que de se soumettre à <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> moindre<br />

effort ou d’économie <strong>du</strong> geste soulignée par Lindblom (1983), et effectue <strong>des</strong><br />

undershoot en développant <strong>des</strong> manœuvres d’hypo-articu<strong>la</strong>tion. Nous proposons le<br />

graphique ci-<strong>des</strong>sous pour résumer de manière globale ces dernières suppositions<br />

appuyées par notre travail. Nous pouvons penser que le rapport entre le degré de <strong>la</strong><br />

<strong>compensation</strong> et le poids <strong>des</strong> contraintes est un rapport d’inversement proportionnel.<br />

205


Hyperspeech<br />

Hypospeech<br />

Poids <strong>des</strong> contraintes<br />

Figure n° 9.4: La re<strong>la</strong>tion entre degré de <strong>compensation</strong> et poids <strong>des</strong> contraintes.<br />

9.4 Adaptation immédiate ou apprentissage : rôle <strong>des</strong> feedbacks<br />

Flege et al. (1988) n’ont pas observé de <strong>compensation</strong> instantanée. Dans leur deuxième<br />

enregistrement, les patrons <strong>des</strong> contacts avec bite-blocks sont plus ressemb<strong>la</strong>nts aux<br />

patrons <strong>des</strong> contacts sans bite-block que ceux <strong>du</strong> premier enregistrement. Le signal<br />

d’erreur renvoyé par les feedbacks tactiles, proprioceptifs, kinesthésique, auditif semble<br />

permettre de réaliser un patron « normal ». Les locuteurs usent le feedback afférent pour<br />

améliorer leur réponse. Les valeurs spécifiques <strong>des</strong> paramètres <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont<br />

encodées <strong>dans</strong> les représentations centrales. Seul le feedback proprioceptif est<br />

responsable <strong>des</strong> réajustements immédiats, <strong>la</strong> mise en oeuvre <strong>des</strong> autres feedbacks est<br />

plus longue. Une récente étude de Honda et al. (2002) confirme aussi que <strong>la</strong><br />

<strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> s’opère au fur et à mesure que l’on parle : ils observent un<br />

temps de réponse adaptative à <strong>la</strong> perturbation dès <strong>la</strong> seconde syl<strong>la</strong>be, entre 75 et 200 ms.<br />

La réponse rapide suggère que le feedback tactile entre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et le pa<strong>la</strong>is artificiel est<br />

premièrement utilisé pour développer <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s rapi<strong>des</strong> alors que le feedback<br />

auditif est finalement utilisé quand l’adaptation est insuffisante pour ajuster plus<br />

finement l’articu<strong>la</strong>tion, alors avec un temps plus long.<br />

Dans notre étude, il nous a semblé intéressant de voir si <strong>des</strong> effets adaptatifs se font<br />

ressentir à long terme puisque les sessions sont espacées de dix mois environ.<br />

206<br />

<strong>compensation</strong>


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

Rappelons que <strong>du</strong>rant chaque session, 4 répétitions <strong>du</strong> corpus ont été enregistrées, <strong>dans</strong><br />

les quatre situations expérimentales : B0, B1, B2 et B3. Nous avons comparé les<br />

moyennes <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux maximaux <strong>du</strong>rant chaque session. Nous posons<br />

<strong>la</strong> question de savoir si un effet d’adaptation à long terme, un effet d’apprentissage, se<br />

fait ressentir sur <strong>la</strong> réaction <strong>des</strong> locuteurs face aux perturbations. Inversement, si on<br />

postule l’existence d'une adaptation instantanée, alors nous n’observerions que peu de<br />

variations <strong>des</strong> valeurs entre les 3 sessions d’enregistrement.<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

5<br />

dad BL<br />

b0 b1 b2 b3<br />

tat BL<br />

b0 b1 b2 b3<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1<br />

2<br />

3<br />

207<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

did BL<br />

b0 b1 b2 b3<br />

tit BL<br />

b0 b1 b2 b3<br />

Figure n°9.5 : Evolution <strong>du</strong> nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux à travers les trois sessions<br />

d‘enregistrement pour le locuteur BL. En abscisse, les conditions d’enregistrement. En ordonnée, les<br />

contacts maximaux.<br />

Nous remarquons que les courbes l’évolution <strong>des</strong> 3 sessions sont re<strong>la</strong>tivement simi<strong>la</strong>ires<br />

et confon<strong>du</strong>es pour le locuteur BL. Nous devons reconnaître que les variations sont<br />

assez faibles. Seul le nombre de contacts de <strong>la</strong> consonne /d/ suivie de /a/ diminue sur <strong>la</strong><br />

2 ème et 3 ème session avec le B3. La consonne /t/ suivie de /i/ montre une perte de contacts<br />

sur <strong>la</strong> 3 ème session avec le B3. Ces résultats confirment, comme nous l’avons montré<br />

<strong>dans</strong> les précédentes parties, <strong>la</strong> tendance de ce locuteur BL à perdre <strong>des</strong> contacts avec<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1<br />

2<br />

3


les bite-blocks mais il a aussi <strong>du</strong> mal à stabiliser ses <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s à travers les sessions<br />

avec le bite-block le plus épais.<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

dad YM<br />

b0 b1 b2 b3<br />

tat YM<br />

b0 b1 b2 b3<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1<br />

2<br />

3<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

50<br />

45<br />

40<br />

35<br />

30<br />

208<br />

did YM<br />

b0 b1 b2 b3<br />

tit YM<br />

b0 b1 b2 b3<br />

Figure n 9.6 : Evolution <strong>du</strong> nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux à travers les trois sessions<br />

d‘enregistrement pour le locuteur YM. En abscisse, les conditions d’enregistrement. En ordonnée, les<br />

contacts maximaux.<br />

Les courbes représentant les trois sessions sont pratiquement confon<strong>du</strong>es concernant<br />

l’ensemble <strong>des</strong> séquences <strong>du</strong> locuteur YM. Ce locuteur a le même nombre de contacts<br />

linguo-pa<strong>la</strong>taux à travers les trois sessions d’enregistrement. Cette stabilité <strong>dans</strong><br />

l’amplitude <strong>des</strong> contacts à travers les sessions dénote d’une adaptation directe. Ce<br />

locuteur n’a pas besoin d’un temps d’apprentissage à long terme pour améliorer ses<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s : il apparaît que <strong>la</strong> tâche demandée est réalisée tout de suite. Ceci réaffirme<br />

aussi le fait que ce locuteur soit moins sensible aux perturbations que le locuteur<br />

précédent. Ce résultat confirme les théories qui s’attachent à <strong>la</strong> représentation d’un<br />

système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> qui aurait sa propre auto-régu<strong>la</strong>tion interne permettant <strong>des</strong><br />

réajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s instantanés, sans l’aide de l’apprentissage et de <strong>la</strong> mémoire<br />

(chapite 2 sur les structures coordinatives).<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1<br />

2<br />

3


QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION<br />

CHAPITRE 9 : Discussion<br />

D’autre part, nous avons remarqué, <strong>dans</strong> les chapitres 6 et 7 de résultats, que les écarttypes<br />

calculés sur les moyennes sont plus élevés et irréguliers <strong>du</strong>rant les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s<br />

avec bite-blocks que <strong>du</strong>rant les <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>s normales. Ce<strong>la</strong> dénote de variations<br />

spatiales et temporelles intra-indivi<strong>du</strong>elles plus importantes que sans bite-block. Nous<br />

pensons que ces variations sont justement <strong>du</strong>es au fait que le système est en cours<br />

d’auto-réorganisation, en référence au terme d’auto-régu<strong>la</strong>tion interne de Bothorel<br />

(1989). Le système opère si rapidement puisqu’il n’a recours qu’aux informations<br />

sensori-tactiles, que nous observons forcément <strong>des</strong> variations <strong>dans</strong> ses réalisations<br />

phonétiques, variations déjà nombreuses en parole normale. Cependant, il faut que le<br />

locuteur prenne le temps d’adapter les nouvelles trajectoires <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s générées par<br />

<strong>la</strong> présence <strong>des</strong> perturbations même si cette adaptation se fait de façon automatique et<br />

interne.<br />

Concernant les deux locuteurs et par rapport aux bases théoriques que nous venons<br />

d’évoquer, les répétitions ne paraissent pas constituer pas un facteur très influent sur le<br />

nombre d’électro<strong>des</strong> contactées. Il semble qu’il n’y ait pas d’effet d’apprentissage<br />

marqué face à <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks. A l’image <strong>des</strong> travaux de Abbs et al. (1984)<br />

nous pensons que s’effectue une réorganisation sous-jacente <strong>du</strong> processus de contrôle,<br />

grâce à une connaissance antérieure <strong>des</strong> muscles groupés en synergie. L’atteinte d’une<br />

cible phonétique associée à chaque phone reste possible. Le système nerveux central n’a<br />

pas le temps de recevoir l’information sensorielle et de renvoyer une autre commande.<br />

L’adaptation est possible grâce à un système parallèle qui entrerait en jeu et permettrait<br />

d’effectuer rapidement un mouvement automatique contrôlé d’une manière encore<br />

inconnue, mais pas par le système nerveux central. Nos données appuieraient ici<br />

l’existence de <strong>la</strong> boucle de « simu<strong>la</strong>tion prédictive » préconisée par Lindblom (1983,<br />

1990) qui permet une facile adaptation à toutes les situations, et ce, le plus rapidement<br />

possible. Le système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> possèderait bien une composante de simu<strong>la</strong>tion<br />

interne qui lui permettrait d’opérer spontanément.<br />

209


210


CONCLUSION<br />

211<br />

CONCLUSION<br />

Cette étude, orientée sur <strong>la</strong> recherche <strong>des</strong> phénomènes de <strong>compensation</strong>, portait sur une<br />

comparaison <strong>des</strong> mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue en <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> normale et avec <strong>la</strong> mâchoire<br />

bloquée. Nous savons que les deux articu<strong>la</strong>teurs (<strong>la</strong>ngue et mâchoire) sont<br />

mécaniquement liés, l’absence d’activité de l’un entraîne un changement d’activité de<br />

l’autre. Nous avons montré qu’il s’opère bien un changement spatio-temporel <strong>des</strong><br />

mouvements de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue quand <strong>la</strong> mâchoire est bloquée par <strong>des</strong> bite-blocks.<br />

L’articu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> consonne est donc différente en parole perturbée : nous avons<br />

observé <strong>des</strong> ré<strong>du</strong>ctions comme <strong>des</strong> consolidations de <strong>la</strong> consonne. Cette expérience<br />

témoigne de l’existence de stratégies de <strong>compensation</strong> <strong>du</strong> système de contrôle <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n méthodologique, l’utilisation de l’EPG s’est avérée satisfaisante pour<br />

observer les mouvements linguaux <strong>des</strong> consonnes <strong>occlusives</strong> alvéo<strong>la</strong>ires sur les deux<br />

p<strong>la</strong>ns spatial et temporel. Ces consonnes se réalisent en plusieurs phases bien distinctes<br />

aisément segmentables avec l’EPG. Même si cet outil ne fournit pas un enregistrement<br />

direct <strong>du</strong> mouvement lingual, cette technique nous a permis justement de restituer les<br />

dép<strong>la</strong>cements et le timing <strong>des</strong> gestes <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Les consonnes <strong>occlusives</strong> choisies<br />

résistent aux variabilités inhérentes au processus de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, nous avons concentré<br />

nos efforts pour distinguer l’influence <strong>des</strong> bite-blocks de l’influence d’autres facteurs<br />

secondaires comme <strong>la</strong> nature de <strong>la</strong> voyelle, le voisement, le locuteur. Nous avons<br />

cherché à baser nos interprétations le plus possible sur les effets seuls <strong>des</strong> perturbations<br />

(bite-blocks), objets directs de notre étude. Grâce à l’analyse de variance par l’ANOVA,<br />

nous pensons avoir pu faire cette distinction primordiale.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n spatial, nous avons analysé <strong>la</strong> phase de constriction maximale de <strong>la</strong><br />

consonne. Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux et l’amplitude <strong>du</strong> mouvement sont modifiés par<br />

le présence <strong>des</strong> bite-blocks mais nous n’avons pas observé de régu<strong>la</strong>rités prégnantes. En<br />

effet, les contacts peuvent tout aussi bien être renforcés que diminués, comme nous<br />

l’avons observé chez nos locuteurs YM et BL, respectivement. Le geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est<br />

certes modifié mais pas de façon uniforme. Les raisons de cette différence <strong>dans</strong> les<br />

résultats sont <strong>du</strong>es en partie au poids <strong>des</strong> contraintes phonotactiques et <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, de


<strong>la</strong> base <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> de chaque locuteur, à l’ensemble <strong>des</strong> nombreuses variables qui<br />

régulent <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole <strong>dans</strong> sa totalité.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n temporel, nous avons comparé le timing inter-segmental et le timing intra<br />

segmental <strong>des</strong> évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s en parole normale et en parole perturbée. Nous<br />

avons souligné que <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> consonne n’est pas influencée par les bite-blocks, par<br />

contre le timing intra-segmental, ou <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de chacune <strong>des</strong> phase de <strong>la</strong> consonne,<br />

parait être sujet à <strong>des</strong> modifications temporelles. Les allongements et les<br />

raccourcissements <strong>des</strong> phases sont en fait noyés <strong>dans</strong> le geste global de <strong>la</strong> consonne,<br />

comme si ces phases répondaient à <strong>des</strong> micro-gestes qui constituent les différentes<br />

parties de <strong>la</strong> consonne.<br />

Cette étude a permis de souligner l’importance de <strong>la</strong> variabilité inter-indivi<strong>du</strong>elle <strong>dans</strong><br />

les étu<strong>des</strong> concernant <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole. Les variations observées sont<br />

<strong>la</strong>rgement soumises aux stratégies et à <strong>la</strong> variété inter- et intra-indivi<strong>du</strong>elle, comme tout<br />

phénomène re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> parole et plus généralement à tous les processus naturels. Les<br />

caractéristiques physiologiques indivi<strong>du</strong>elles, <strong>la</strong> base <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, les stratégies de<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de chaque sujet peuvent expliquer certaines <strong>des</strong> différences observées.<br />

Certes, nos résultats d’analyse inter-indivi<strong>du</strong>elle ne permettent pas de saisir <strong>des</strong><br />

stratégies de <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> récurrentes puisque nos deux locuteurs<br />

réagissent de façon opposée. Néanmoins concernant <strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> consonne /d/<br />

suivie de /a/, les deux locuteurs montrent le même affaiblissement <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> avec les<br />

bite-blocks.<br />

Ce phénomène <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> assez résistant à <strong>la</strong> variabilité inter-locuteur peut constituer<br />

une information basique pour <strong>la</strong> conception <strong>des</strong> stratégies de <strong>compensation</strong> en rapport<br />

avec le poids <strong>des</strong> contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> et peut aussi faciliter <strong>la</strong> compréhension <strong>des</strong><br />

processus de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole.<br />

L’analyse de nos données <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s nous permet de confirmer certaines <strong>des</strong><br />

propriétés <strong>des</strong> <strong>compensation</strong>s déjà exploitées par <strong>des</strong> protocoles expérimentaux<br />

différents (chapitre 3). Les <strong>compensation</strong>s sont sélectives, elles s’opèrent plus<br />

complètement sur <strong>la</strong> phase médiane de <strong>la</strong> consonne. En effet, c’est sur l’attaque et <strong>la</strong><br />

tenue de <strong>la</strong> consonne que nous avons observé les plus faibles différences entre les<br />

situations de parole normale et perturbée. La mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> constriction et <strong>la</strong> tenue<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> sont deux phases clés pour <strong>la</strong> réalisation <strong>des</strong> consonnes <strong>occlusives</strong> puisque<br />

c’est sur elles que les locuteurs opèrent les <strong>compensation</strong>s les plus complètes,<br />

212


213<br />

CONCLUSION<br />

certainement par une manœuvre d’hyperspeech, et ce toujours pour permettre <strong>la</strong><br />

viabilité de l’acte linguistique. La tenue de <strong>la</strong> consonne est très résistante au détriment<br />

<strong>des</strong> autres phases. Le timing gestuel qui reste inchangé malgré <strong>la</strong> présence <strong>des</strong><br />

perturbations permet de compenser le timing inter-gestuel (<strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong> différentes<br />

phases de <strong>la</strong> consonne) qui est modifié.<br />

Les <strong>compensation</strong>s se mettent en p<strong>la</strong>ce de façon hiérarchique. Cette hiérarchie de <strong>la</strong><br />

<strong>compensation</strong> est fonction de l’importance <strong>des</strong> contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> en général. Le<br />

phénomène d’apicalisation commun aux deux sujets (sur <strong>la</strong> consonne /d/ suivi de /a/),<br />

s’avère être un exemple de <strong>compensation</strong> incomplète puisque le geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est<br />

différent. Rappelons que les locuteur pro<strong>du</strong>isent un tap alvéo<strong>la</strong>ire en lieu et p<strong>la</strong>ce de /d/.<br />

La mise en p<strong>la</strong>ce de stratégie de <strong>compensation</strong> est influencée par l’existence de<br />

multiples contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> innées et universelles qui influencent les<br />

représentations phonétiques à tous les niveaux de traitement, de l’acquisition <strong>des</strong><br />

représentations mentales à <strong>la</strong> sortie acoustique. Plus les contraintes sont faibles, plus les<br />

<strong>compensation</strong>s peuvent tendre à être complètes.<br />

Nous avons vu le c<strong>la</strong>ssement <strong>des</strong> séquences étudiées en fonction <strong>du</strong> degré de<br />

coarticu<strong>la</strong>tion, de <strong>la</strong> séquence <strong>la</strong> plus « contrainte » à <strong>la</strong> moins, ou d’une <strong>compensation</strong><br />

incomplète vers une <strong>compensation</strong> complète pour les deux locuteurs :<br />

Consonne Voisée et Voyelle Ouverte /da/ > Consonne Voisée et Voyelle Fermée /di/ ><br />

Consonne Non Voisée et Voyelle Ouverte /ta/ > Consonne Non Voisée et Voyelle<br />

Fermée /ti/.<br />

D’autre part, nous avons relevé, <strong>dans</strong> notre étude, que l’apprentissage ne semble pas<br />

jouer un rôle fondateur. Le fait d’avoir réalisé l’expérience en plusieurs fois n’a pas<br />

influencé les réponses de nos locuteurs. Contre toute attente, l’analyse spatiale <strong>des</strong><br />

évènements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s a révélé une stabilité <strong>dans</strong> le nombre de contacts linguopa<strong>la</strong>taux<br />

sur <strong>la</strong> constriction maximale, notamment chez le locuteur YM. Cette stabilité<br />

<strong>dans</strong> l’amplitude <strong>des</strong> contacts à travers les sessions dénote d’une adaptation immédiate :<br />

les <strong>compensation</strong>s, complètes ou incomplètes, sont immédiates. Au niveau <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>,<br />

les mouvements <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs seraient bien auto-régulés <strong>dans</strong> le sens où l’entendent<br />

Perkel et al. (1995), pour qui ces réajustements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s immédiats confirment<br />

l’existence <strong>des</strong> structures coordinatives. Dans <strong>la</strong> mesure où l’on soutient l’existence de<br />

ces ré-ajustements prédictifs <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s, <strong>la</strong> présence d’un feedback externe auditif ne<br />

serait alors plus essentielle. Pour éc<strong>la</strong>irer cette décision, citons l’étude de Baum et al.


(1997) qui ont observé les mêmes comportements compensatoires chez <strong>des</strong> sujets<br />

aphasiques que chez <strong>des</strong> sujets sains. Leurs enregistrements sont réalisés avec <strong>des</strong> biteblocks<br />

et l’analyse repose sur <strong>des</strong> observations acoustiques et perceptives. Leurs<br />

données suggèrent qu’un déficit au niveau moteur (exhibé par les patients aphasiques)<br />

n’affecte pas leur capacité à compenser une perturbation <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Ces résultas<br />

contribuent à suggérer que <strong>la</strong> capacité à s’adapter à une perturbation <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> serait<br />

arbitrée de manière périphérique.<br />

Les réajustements, ajoutés à <strong>la</strong> flexibilité requise pour réguler un système dynamique<br />

complexe, comme le système <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>, permettent une bonne <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole<br />

<strong>dans</strong> n’importe quelle situation. Les locuteurs sont capables d’atteindre un but<br />

programmé, vraisemb<strong>la</strong>blement sur le p<strong>la</strong>n spatial et sur le p<strong>la</strong>n temporel lorsqu’on leur<br />

impose <strong>des</strong> contraintes extérieures. Les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s sont programmés<br />

pour atteindre <strong>des</strong> cibles en terme de paramètres <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et acoustiques. Ces cibles<br />

sont alors influencées par un savant compromis entre les principes de contraste<br />

suffisant pour <strong>la</strong> perception et d’économie de l’effort, si chers au paradigme hyperhypoarticu<strong>la</strong>tion.<br />

Au terme de cette étude, nous présentons brièvement l’orientation <strong>du</strong> travail <strong>dans</strong> un<br />

futur proche, les résultats obtenus ici n’étant qu’une partie de notre <strong>la</strong>rge projet. En<br />

premier lieu, nous allons examiner les caractéristiques acoustiques <strong>des</strong> consonnes /t/ et<br />

/d/ afin d’étudier quels sont les changements entraînés par les nouvelles configurations<br />

linguales <strong>dans</strong> <strong>la</strong> cavité buccale, notamment par l’observation <strong>du</strong> V.O.T., <strong>des</strong><br />

trajectoires de formants.<br />

Deuxièmement, un test de perception devrait être effectué afin de discerner si les<br />

consonnes perturbées sont aussi bien reconnues que les consonnes normales. Nous<br />

chercherons à monter un test qui permettrait de calculer le temps de réaction <strong>des</strong><br />

auditeurs<br />

Troisièmement et de manière plus générale, nous aimerions exploiter <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong><br />

corpus enregistré. A partir de <strong>la</strong> méthodologie développée <strong>dans</strong> ce présent travail et en<br />

utilisant d’autres métho<strong>des</strong> d’investigation (comme <strong>des</strong> images aux rayons x ou l’IRM),<br />

il s’agira d’analyser les mouvements compensatoires de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong><br />

<strong>des</strong> consonnes linguales fricatives /s/, /z/, /S/ et /Z/.<br />

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227


228


TABLE DES ILLUSTRATIONS<br />

Figure n°1.1 : Schéma simplifié de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole : de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification aux<br />

mouvements............................................................................................................ 21<br />

Figure n° 2.1: Schémas comparant les contrôles en boucle ouverte, à gauche, avec le<br />

contrôle en boucle fermée, à droite......................................................................... 47<br />

Figure n° 2.2: Schéma <strong>du</strong> modèle de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de parole par simu<strong>la</strong>tion prédictive de<br />

Lindblom et al.1977................................................................................................ 49<br />

Figure n° 3.1 : Les muscles de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, d’après Zemlin, 1981.................................... 72<br />

Figure n°3.2 : Tableau comparatif de l’amplitude d’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire <strong>des</strong><br />

consonnes françaises. De haut en bas, <strong>des</strong> plus ouvertes aux plus fermées. (d’après<br />

Bognar 1983). ......................................................................................................... 76<br />

Figure n° 5.1: Tableau de toutes les consonnes enregistrées pour notre corpus............ 90<br />

Figure n° 5.2 : Tableau <strong>des</strong> différentes épaisseurs <strong>des</strong> bite-blocks utilisés <strong>dans</strong> les étu<strong>des</strong><br />

antérieures............................................................................................................... 95<br />

Figure n° 5.3 : Tableau <strong>des</strong> intervalles inter-incisives de nos locuteurs......................... 96<br />

Figure n° 5.4 : Les trois épaisseurs de bite-blocks : de gauche à droite, <strong>des</strong> plus épais<br />

aux moins épais....................................................................................................... 96<br />

Figure n° 5.5: Un exemple d’un pa<strong>la</strong>is artificiel (modèle de Reading) moulé sur le pa<strong>la</strong>is<br />

<strong>du</strong>r, d’après Meynadier (2003). .............................................................................. 97<br />

Figure n° 5.6 : Un pa<strong>la</strong>is artificiel et sa représentation graphique à droite.En noir,nous<br />

voyons les électro<strong>des</strong> contactées pour <strong>la</strong> constriction maximale de /t/, d’après<br />

Meynadier (2003). .................................................................................................. 98<br />

Figure n° 5.7 : Illustration de différentes consonnes <strong>du</strong> français prises au moment de <strong>la</strong><br />

constriction maximale, en contexte a_a, d’après Meynadier (2003). ................... 102<br />

Figure n° 5.8 : Evolution temporelle d’une courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux sur une<br />

séquence /tat/, locuteur YM. En abscisse, le nombre de contacts et en ordonnées, le<br />

temps en secon<strong>des</strong>................................................................................................. 104<br />

Figure n° 5.9 : Un exemple de segmentation manuelle d’une séquence /dad/, locuteur<br />

BL. ........................................................................................................................ 105<br />

229


Figure n° 5.10 : Patron moyen pris au moment de <strong>la</strong> constriction maximale <strong>du</strong> /d/ de <strong>la</strong><br />

séquence /did/, locuteur YM. ................................................................................109<br />

Figure n°5.11 : Patron de <strong>la</strong> différence de contacts entre B0 et B3, au moment de <strong>la</strong><br />

constriction maximale <strong>du</strong> /d/ de <strong>la</strong> séquence /did/, locuteur BL. ..........................109<br />

Figure n° 5.12 : Patron de coarticu<strong>la</strong>tion d’un /t/ <strong>du</strong> locuteur YM. ..............................110<br />

Figure n°6.1: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur le nombre de contacts.<br />

Les barres représentent les écart-types. En abscisse, les locuteurs et les conditions<br />

d’enregistrement. En ordonnée, le nombre de contacts. .......................................116<br />

Figure n° 6.2 : Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts LP totaux <strong>du</strong> locuteur BL. Les<br />

barres représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le<br />

nombre de contacts................................................................................................117<br />

Figure n°6.3: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts LP totaux <strong>du</strong> locuteur YM. Les<br />

barres représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le<br />

nombre de contacts................................................................................................118<br />

Figure n° 6.4 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur le nombre de<br />

contacts alvéo<strong>la</strong>ires. Les barres représentent les écart-types. En abscisse, les<br />

locuteurs et les conditions d’enregistrement. En ordonnée, le nombre de contacts.<br />

...............................................................................................................................119<br />

Figure n° 6.5: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts LP alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL. Les<br />

barres représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le<br />

nombre de contacts................................................................................................120<br />

Figure n°6.6: Graphique <strong>des</strong> moyennes de contacts alvéo<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM. Les<br />

barres représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le<br />

nombre de contacts................................................................................................121<br />

Figure n° 6.7 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur le nombre de<br />

contacts postérieurs. Les barres représentent les écart-types. En abscisse, les<br />

locuteurs et les conditions d’enregistrement. En ordonnée, le nombre de contacts.<br />

...............................................................................................................................122<br />

Figure n°6.8: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts vé<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur BL. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de<br />

contacts..................................................................................................................123<br />

230


Figure n°6.9: Graphique <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> contacts vé<strong>la</strong>ires <strong>du</strong> locuteur YM. Les barres<br />

représentent les écart-types. En abscisse, les séquences. En ordonnée, le nombre de<br />

contacts ................................................................................................................. 124<br />

Figure n° 6.10 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /dad/, locuteur BL.<br />

.............................................................................................................................. 127<br />

Figure n° 6.11: Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tat/, locuteur BL. . 128<br />

Figure n°6.12: Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /did, locuteur BL. .. 129<br />

Figure n° 6.13: Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tit/, locuteur BL.... 130<br />

Figure n° 6.14 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /dad/, locuteur YM.<br />

.............................................................................................................................. 131<br />

Figure n° 6.15 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tat/, locuteur YM. 132<br />

Figure n° 6.16 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /d/, séquence /did/, locuteur YM.<br />

.............................................................................................................................. 133<br />

Figure n° 6.17 : Les patrons moyens de <strong>la</strong> consonne /t/, séquence /tit/, locuteur YM. 134<br />

Figure n° 7.1 : Durée de <strong>la</strong> phrase porteuse <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement.<br />

En abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée............................................... 140<br />

Figure n° 7.2 : Durée de <strong>la</strong> voyelle centrale de CVC <strong>dans</strong> les quatre conditions<br />

d’enregistrement. En abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.................. 140<br />

Figure n° 7.3 : Durée de <strong>la</strong> consonne C1 <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En<br />

abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. ................................................... 141<br />

Figure n°7.4 : La proportion de <strong>la</strong> consonne C1 ans <strong>la</strong> séquence CVC <strong>dans</strong> les quatre<br />

conditions d’enregistrement. En abscisse, les conditions. En ordonnée, le<br />

pourcentage de C1 sur CVC. ................................................................................ 141<br />

Figure n°7.5: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>des</strong><br />

consonnes. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions<br />

d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée............... 142<br />

Figure n° 7.6: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> consonnes <strong>du</strong> locuteur B. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.... 143<br />

Figure n° 7.7: Graphe <strong>des</strong> interactions entre les variables et . En<br />

abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. ................................................... 144<br />

Figure n°7.8: Graphe <strong>des</strong> interactions entre les variables et .<br />

En abscisse, les conditions. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée............................................... 144<br />

231


Figure n°7.9: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> consonnes de YM. En abscisse, chaque<br />

séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. ...145<br />

Figure n° 7.10 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> geste<br />

de fermeture LP. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions<br />

d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. ..............146<br />

Figure n°7.11: Les <strong>du</strong>rées moyennes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale de BL. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée......................................................................................................................147<br />

Figure n° 7.12: Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> fermetures <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les<br />

séquences et en ordonnées les %...........................................................................148<br />

Figure n° 7.13 : Durées moyennes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale de YM. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée......................................................................................................................149<br />

Figure n°7.14 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> fermetures linguo-pa<strong>la</strong>tales <strong>du</strong> locuteur YM. En<br />

abscisse, les séquences et en ordonnées les %. .....................................................150<br />

Figure n°7.15: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de <strong>la</strong> tenue.<br />

En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement<br />

respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. ..........................................151<br />

Figure n° 7.16 : Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> tenues pour le locuteur BL. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée......................................................................................................................152<br />

Figure n° 7.17 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les séquences<br />

et en ordonnées les %............................................................................................153<br />

Figure n° 7.18 : Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> tenues de YM. En abscisse, chaque séquence<br />

<strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée....................154<br />

Figure n°7.19 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> tenues <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les séquences<br />

et en ordonnées les %. En abscisse, les séquences et en ordonnées les %............155<br />

Figure n° 7.20 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>du</strong><br />

maximum de contacts. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions<br />

d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. ..............156<br />

Figure n° 7.21: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> maxima pour le locuteur BL. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée......................................................................................................................157<br />

232


Figure n° 7.22 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les séquences<br />

et en ordonnées les %............................................................................................ 158<br />

Figure n° 7.23: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> maxima de YM. En abscisse, chaque séquence<br />

<strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée. .................. 159<br />

Figure n° 7.24 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> maxima <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les<br />

séquences et en ordonnées les %. ......................................................................... 160<br />

Figure n°7.25: Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée...................................................................................................................... 161<br />

Figure n°7.26 : Les <strong>du</strong>rées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les<br />

séquences et en ordonnées les %. ......................................................................... 162<br />

Figure n°7.27 : Les <strong>du</strong>rées moyennes <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

<strong>du</strong>rée...................................................................................................................... 163<br />

Figure n° 7.28 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> occlusions <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les<br />

séquences et en ordonnées les %. ......................................................................... 164<br />

Figure n° 7.29: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée de<br />

l’ouverture LP. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions<br />

d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée............... 165<br />

Figure n°7.30 : Les <strong>du</strong>rées moyennes de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur BL. En<br />

abscisse, chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En<br />

ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée................................................................................................. 166<br />

Figure n°7.31 : Durées re<strong>la</strong>tives <strong>des</strong> ouvertures linguo-pa<strong>la</strong>tales <strong>du</strong> locuteur BL. En<br />

abscisse, les séquences et en ordonnées les %...................................................... 167<br />

Figure n° 7.32 : Les <strong>du</strong>rées moyennes de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale de YM. En<br />

abscisse, chaque séquence <strong>dans</strong> ses quatre conditions d’enregistrement. En<br />

ordonnée, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée................................................................................................. 168<br />

Figure n°7.33: Durées re<strong>la</strong>tives de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur YM. En<br />

abscisse, les séquences et en ordonnées les %...................................................... 169<br />

Figure n°8.1: Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur l’inclinaison de <strong>la</strong><br />

pente de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs<br />

conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l’indice de<br />

<strong>la</strong> pente.................................................................................................................. 176<br />

233


Figure n° 8.2 : L’amplitude <strong>des</strong> pentes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur BL. En<br />

abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement<br />

respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l’indice de <strong>la</strong> pente..........................177<br />

Figure n° 8.3 : L’amplitude <strong>des</strong> pentes de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>du</strong> locuteur Y.M.<br />

En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs conditions d’enregistrement<br />

respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l’indice de <strong>la</strong> pente..........................178<br />

Figure n° 8.4 : Graphe <strong>des</strong> interactions <strong>des</strong> effets <strong>des</strong> variables sur l’inclinaison de <strong>la</strong><br />

pente d’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tal. En abscisse, les deux locuteurs (B et L) et leurs<br />

conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En ordonnée, l’indice de<br />

<strong>la</strong> pente. .................................................................................................................179<br />

Figure n° 8.5 : Les pentes d’ouverture <strong>du</strong> locuteur BL. En abscisse, les deux locuteurs<br />

(B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En<br />

ordonnée, l‘indice de <strong>la</strong> pente. ..............................................................................180<br />

Figure n° 8.6 : Les pentes d’ouverture <strong>du</strong> locuteur YM. En abscisse, les deux locuteurs<br />

(B et L) et leurs conditions d’enregistrement respectives (b0, b1, b2 et b3). En<br />

ordonnée, l‘indice de <strong>la</strong> pente. ..............................................................................181<br />

Figure n° 8.7: La vitesse de fermeture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>des</strong> deux locuteurs. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

vitesse en nombre de contacts par ms. ..................................................................182<br />

Figure n° 8.8 : La vitesse de l’ouverture linguo-pa<strong>la</strong>tale <strong>des</strong> deux locuteurs. En abscisse,<br />

chaque séquence <strong>dans</strong> les quatre conditions d’enregistrement. En ordonnée, <strong>la</strong><br />

vitesse en nombre de contacts par ms.. .................................................................183<br />

Figure n°8.9 : Tableau récapitu<strong>la</strong>tif <strong>des</strong> résultats spatiaux et temporels <strong>du</strong> locuteur BL.<br />

...............................................................................................................................185<br />

Figure n° 8.10 : Tableau récapitu<strong>la</strong>tif <strong>des</strong> résultats spatiaux et temporels <strong>du</strong> locuteur<br />

YM. .......................................................................................................................187<br />

Figure n° 9.1 : Graphe de régression entre le centre de gravité et le taux de remplissage<br />

<strong>des</strong> contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région vé<strong>la</strong>ire. En abscisse, le taux de contacts vé<strong>la</strong>ires. En<br />

ordonnée, le centre de gravité ...............................................................................197<br />

Figure n° 9.2: Graphe de régression entre le centre de gravité et le taux de remplissage<br />

<strong>des</strong> contacts <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région alvéo<strong>la</strong>ire. En abscisse, le taux de contacts alvéo<strong>la</strong>ires.<br />

En ordonnée, le centre de gravité..........................................................................198<br />

Figure n° 9.3 : Tableau <strong>des</strong> indices de coarticu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> deux locuteurs.....................204<br />

234


Figure n° 9.4: La re<strong>la</strong>tion entre degré de <strong>compensation</strong> et poids <strong>des</strong> contraintes......... 206<br />

Figure n°9.5 : Evolution <strong>du</strong> nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux à travers les trois<br />

sessions d‘enregistrement pour le locuteur BL. En abscisse, les conditions<br />

d’enregistrement. En ordonnée, les contacts maximaux....................................... 207<br />

Figure n 9.6 : Evolution <strong>du</strong> nombre de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux à travers les trois<br />

sessions d‘enregistrement pour le locuteur YM. En abscisse, les conditions<br />

d’enregistrement. En ordonnée, les contacts maximaux....................................... 208<br />

235


236


ANNEXES<br />

237


ANNEXE 1 : Tableau de recensement de quelques étu<strong>des</strong> utilisant <strong>des</strong> perturbations expérimentales.<br />

Légende : EMG = électromyographie ; EPG = éléctropa<strong>la</strong>tographie ; PIO = pression intra-orale<br />

Auteurs But Corpus<br />

Fledge,<br />

Flecher et<br />

Homiedan,<br />

1987<br />

Folkins 1981<br />

Les paramètres<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s<br />

devraient disparaître<br />

avec le BB<br />

Comment l’action<br />

d’élévation de <strong>la</strong><br />

mâchoire est<br />

répartie entre<br />

les muscles ?<br />

Re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong><br />

synchronisation <strong>des</strong><br />

muscles et les<br />

mouvements de<br />

fermeture de <strong>la</strong><br />

mâchoire :<br />

organisation sousjacente<br />

<strong>du</strong> contrôle<br />

moteur<br />

Bite-block<br />

(BB)<br />

Méthode Résultats<br />

/s/ et /t/ résine EPG Les BB é<strong>la</strong>rgissent le chenal fricatif <strong>du</strong> /s/ et tendent<br />

<strong>dans</strong> 5.8.9.14 et<br />

à postérioriser les contacts linguo pa<strong>la</strong>taux (LP)<br />

phrases<br />

porteusesa<br />

15 mm<br />

ng<strong>la</strong>is<br />

arabe<br />

et<br />

/ip/ /Ip/<br />

/ep/ /Ap/<br />

/Qp/ /Qb/<br />

/Qm/<br />

/Qk/ /Qt/<br />

/Qi/ /pI/,<br />

ang<strong>la</strong>is<br />

EMG<br />

masseter<br />

gauche,<br />

temporal<br />

antérieur,<br />

ptérygoï<strong>des</strong><br />

médial et <strong>la</strong>téral<br />

238<br />

Le ptérygoïde médial est présent <strong>dans</strong> tous les<br />

mouvements de fermeture, le masseter et le temporalis<br />

sont présents <strong>dans</strong> les mouvements plus <strong>la</strong>rges; l’activité<br />

<strong>du</strong> ptérygoïde médial <strong>du</strong>re un peu plus longtemps. Dans<br />

un ensemble de syl<strong>la</strong>bes, les muscles restent actifs au<br />

même niveau mais les pics EMG varient. Flexibilité <strong>dans</strong><br />

l’utilisation de différentes combinaisons <strong>des</strong> muscles<br />

pour un même mouvement : structures coordinatives


Auteurs But Corpus<br />

Bite-block<br />

(BB)<br />

Folkins et Importance <strong>des</strong> /pI/ et résine<br />

Zimmerman<br />

1980<br />

mécanismes<br />

/pQ/<br />

5 et 15 mm<br />

périphériques <strong>dans</strong><br />

le contrôle <strong>des</strong><br />

isolées;<br />

mouvements<br />

locution<br />

compensatoires de<br />

lente et<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et <strong>des</strong><br />

rapide<br />

Fowler et<br />

Turvey 1980<br />

Gay,<br />

Lindblom et<br />

Lubker, 1981<br />

lèvres<br />

Calcul <strong>du</strong> temps de<br />

réaction, réponse<br />

générative ?<br />

Mesure de <strong>la</strong><br />

perceptibilité <strong>des</strong><br />

voyelles<br />

Quelles stratégies<br />

pour pro<strong>du</strong>ire les<br />

<strong>compensation</strong>s<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s ?<br />

Des mouvements de<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue exagérés<br />

peuvent-ils <strong>la</strong>isser <strong>la</strong><br />

fonction d’aire<br />

inchangée par une<br />

équivalence<br />

acoustique ?<br />

/i E a ç u/<br />

isolées.<br />

2 groupes<br />

de<br />

locuteurs(<br />

1)sans et<br />

(2)avec<br />

temps de<br />

réaction<br />

voyelles<br />

longues<br />

<strong>du</strong><br />

Suédois<br />

/i/, /a/, /u/,<br />

/o/<br />

Bois<br />

10 et 14 mm<br />

BB 2,5 et<br />

22,5 mm<br />

Méthode Résultats<br />

EMG<br />

temporal<br />

antérieur,<br />

masseter,<br />

ptérygoï<strong>des</strong>,<br />

bursts, timing,<br />

magnitude<br />

239<br />

Pas de différence pertinente avec les BB (concernant <strong>la</strong><br />

présence <strong>des</strong> bursts, le timing, et <strong>la</strong> magnitude). Le<br />

processus neuromoteur périphérique n’est pas impliqué<br />

en simu<strong>la</strong>tion centrale. Il existe une procé<strong>du</strong>re erreurcorrection<br />

pour les <strong>compensation</strong>s <strong>la</strong>ngue/lèvres.<br />

F1 et F2 Les sujets sous l’emprise <strong>du</strong> temps sont plus affectés par<br />

les BB que les autres. Les sujets reconnaissent de 71 à<br />

90% <strong>la</strong> qualité <strong>des</strong> voyelles pro<strong>du</strong>ites avec les BB:<br />

l’intelligibilité est conservée au maximum.<br />

F1 et F2<br />

et<br />

rayons x<br />

Réorganisation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue pour effectuer les voyelles.<br />

La <strong>compensation</strong> est au maximum sur <strong>la</strong> constriction<br />

maximale et elle est minimale quand l’aire <strong>du</strong> con<strong>du</strong>it<br />

vocal est plus <strong>la</strong>rge : <strong>compensation</strong> sélective.<br />

La cible de <strong>la</strong> voyelle est codée neurologiquement en<br />

terme de fonction d’aire re<strong>la</strong>tive au point de constriction<br />

maximale.<br />

Les différences inter-locuteurs sont obervées <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

manière de compenser. Le contrôle est sensoriel :<br />

excitation sensorielle <strong>des</strong> récepteurs lors d’une<br />

constriction, ce qui facilite l’atteinte d’une cible<br />

acoustique.


Auteurs But Corpus<br />

Geumann,<br />

Kroos et<br />

Tillman, 1999<br />

Horga Damir,<br />

2002<br />

Kelso et<br />

Tuller, 1983<br />

La parole forte est<br />

une forme de<br />

perturbation<br />

naturelle : ouverture<br />

plus grande de <strong>la</strong><br />

mâchoire.<br />

Influence <strong>des</strong> BB<br />

sur <strong>la</strong> parole<br />

continue ? Rôle de<br />

l’épaisseur <strong>des</strong> BB,<br />

de l’entraînement,<br />

de <strong>la</strong> vitesse<br />

d’élocution.<br />

Pas besoin de<br />

feedback auditif<br />

pour pro<strong>du</strong>ire une<br />

« bonne voyelle »<br />

Bite-block<br />

(BB)<br />

Méthode Résultats<br />

/s/, /S/, /l/, EMG : 4 Interaction entre Utilisation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue pour garder <strong>la</strong> constriction<br />

/n/, /d/, /t/, électro<strong>des</strong> <strong>la</strong> hauteur de <strong>la</strong> constante lors de <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> <strong>des</strong> consonnes.<br />

allemand sur <strong>la</strong> mâchoire et <strong>la</strong> La position de <strong>la</strong> mâchoire si précise sur lesfricatives<br />

avec /a/, <strong>la</strong>ngue, 3 hauteur<br />

/e/, /i/ sur <strong>la</strong> l’apex.<br />

mâchoire<br />

de qu’il n’apparaît pas de <strong>compensation</strong><br />

Variabilité : fricative


Auteurs But Corpus<br />

Lindblom,<br />

Lubker et<br />

McAllister<br />

1977<br />

Lindblom,<br />

Lubker, Gay,<br />

1979<br />

Putman,<br />

Shelton et<br />

Kastner, 1986<br />

Bite-block<br />

(BB)<br />

Méthode Résultats<br />

La <strong>compensation</strong> est [i] et Bouts de [i] : BB seuls Les BB et <strong>la</strong> xylocaïne n’ont pas empêché le locuteur de<br />

immédiate, ni liée [ab:a] <strong>du</strong> bois 6 et puis couplés pro<strong>du</strong>ire <strong>des</strong> patrons formantiques proches <strong>des</strong> valeurs<br />

au feedback auditif à suédois 21mm pour avec xylocaïne sasn BB. Avec le BB de 21 mm et <strong>la</strong> xylocaïne :<br />

court terme, ni à<br />

[i] [ab:a] : déviation <strong>des</strong> formants qui disparaît au bout de 6<br />

l’apprentissage.<br />

25 mm pour masquage <strong>du</strong> répétitions. C’est <strong>la</strong> diminution <strong>du</strong> feedback tactile<br />

[ab :a] : feedback, puis (récepteurs tactiles) qui a un effet sur le mode de<br />

xylocaïne, puis <strong>compensation</strong>. La <strong>compensation</strong> reste possible sans<br />

les deux.<br />

F1 et F2<br />

feedback auditif ni muscu<strong>la</strong>ire.<br />

La <strong>compensation</strong> est<br />

un système<br />

instantané, pas lié au<br />

feedback auditif.<br />

Re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong><br />

taille de l’ouverture<br />

orale et <strong>la</strong> PIO,<br />

perturbation <strong>du</strong> flux<br />

d’air oral : fuite par<br />

une plus grande<br />

ouverture.<br />

/i,u,o,a/<br />

isolées<br />

suédois<br />

/p√/ avec<br />

fuite d’air,<br />

/si/ avec<br />

BB<br />

Bouts de<br />

bois 2,5 mm<br />

pour /a, o/<br />

et 22,5mm<br />

pour /i, u/.<br />

BB résine<br />

2,4 et 6 mm<br />

F1 et F2 La déviation <strong>des</strong> formants est systématique : pas besoin<br />

d’apprentissage pour compenser. Rôle <strong>des</strong> informations<br />

tactiles <strong>dans</strong> les muqueuses mais pas <strong>du</strong> feedback auditif.<br />

La qualité de <strong>la</strong> voyelle est corrélée avec <strong>la</strong> forme <strong>du</strong><br />

Amplitude de<br />

PIO<br />

Fuite orale<br />

correspond au<br />

pic de pression<br />

mesurée<br />

Flux oral<br />

pendant les<br />

voyelles<br />

/s/ calcul de <strong>la</strong><br />

zone de<br />

constriction<br />

241<br />

con<strong>du</strong>it vocal.<br />

La PIO baisse et le flux d’air oral augmente quand <strong>la</strong><br />

fuite d’air augmente.<br />

Pendant <strong>la</strong> voyelle, le flux oral ne varie pas.<br />

Les valeurs <strong>des</strong> pressions différentielles sur /s/ varient<br />

peu.<br />

Les résultats sont en fonction <strong>des</strong> indivi<strong>du</strong>s.


Auteurs But Corpus<br />

Bite-block<br />

(BB)<br />

Méthode Résultats<br />

Savariaux, Flux d’air et /u/ Tube en RayonsX, Les variations inter-locuteurs montrent que les<br />

Perrier et ouverture<br />

plexig<strong>la</strong>sse coupes changements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s associés à l’ouverture <strong>des</strong><br />

Orliaguet en fonction <strong>des</strong><br />

20 mm de sagittales lèvres ne sont pas inhérentes à l’anatomie et <strong>la</strong><br />

1995, 1999 sujets, contexte<br />

diam + BB successives, neurophysiologie de l’appareil de parole. La compétence<br />

phonétique<br />

3,5 et 8 mm F1 et F2 <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est en fonction de l’expérience de chacun.<br />

Warren<br />

Nelson, Allen<br />

et Hall 1979<br />

Warren, Allen<br />

et Nelson,<br />

1980<br />

Warren, Allen<br />

et<br />

King<br />

1984<br />

Les performances<br />

<strong>des</strong> locuteurs sontelles<br />

altérées par les<br />

BB ?<br />

Quelles sont les<br />

conséquences <strong>du</strong> BB<br />

en conversation ?<br />

Les conséquences<br />

<strong>des</strong> BB avec et sans<br />

contrôle auditif.<br />

/s v z S/<br />

isolées,<br />

puis <strong>dans</strong><br />

phrase<br />

porteuse.<br />

/sat/ /zat/<br />

/vat/<br />

/fat/<br />

phrases<br />

porteuses<br />

/s v z S/<br />

Résine<br />

1, 3 et 6 mm<br />

Résine<br />

1, 3 et 6 mm<br />

Résine<br />

dentaire 1, 3<br />

et 6 mm<br />

Pression<br />

différentielle et<br />

flux d’air oral<br />

enregistré<br />

simultanément<br />

Pression<br />

différentielle à<br />

travers<br />

ouverture orale<br />

et flux d’air oral<br />

enregistré<br />

simultanément<br />

Pt de<br />

constriction<br />

entre <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

et pa<strong>la</strong>is,<br />

pression<br />

différentielle,<br />

flux d’air oral.<br />

242<br />

L’aire de constriction est plus <strong>la</strong>rge sur consonnes isolées<br />

qu’en phrases porteuses, plus <strong>la</strong>rge aussi pour les<br />

alvéo<strong>la</strong>ires et les non voisées.<br />

La différence d’ouverture mandibu<strong>la</strong>ire est significative<br />

entre BB et sans BB. La capacité d’adaptation serait<br />

compromise avec une plus <strong>la</strong>rge ouverture. Re<strong>la</strong>tion<br />

linéaire entre taille de l’ouverture et taux <strong>du</strong> flux d’air<br />

La dimension de l’orifice vélo-pharyngé reste constante<br />

quelque soit le BB : adaptation <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Le contrôle<br />

continu de l’environnement buccal est satisfaisant.<br />

Les locuteurs anticipent et initient une tactique de<br />

<strong>compensation</strong> structurale. Le feedback auditif est<br />

nécessaire pour <strong>la</strong> qualité mais pas pour <strong>la</strong> réalisation <strong>des</strong><br />

comepnsations.


ANNEXE 2 : Les <strong>du</strong>rées moyennes de <strong>la</strong> phrase porteuse, de <strong>la</strong> voyelle et de <strong>la</strong> consonne C1 <strong>dans</strong> les<br />

quatre conditions d’enregistrement.<br />

BL B0 B1 B2 B3<br />

Moy. Ecart Moy. Ecart Moy. Ecart Moy. Ecart<br />

phrase 1293,13 85,30 1304,50 44,01 1342,13 65,28 1398,50 76,60<br />

voyelle 91,13 10,30 102,25 7,76 106,38 8,98 115,00 9,38<br />

consonne 113,50 14,05 121,25 26,86 121,38 19,94 113,88 14,57<br />

c1/cvc 40,56 3,35 41,56 11,47 40,16 9,20 37,82 3,39<br />

YM B0 B1 B2 B3<br />

Moy. Ecart Moy. Ecart Moy. Ecart Moy. Ecart<br />

phrase 1264,38 45,58 1294,88 33,44 1312,50 29,31 1382,75 32,81<br />

voyelle 92,63 1,41 95,50 2,12 98,00 13,44 99,25 4,24<br />

consonne 109,13 17,68 108,63 13,44 108,13 16,26 112,25 1,41<br />

c1/cvc 40,42 4,05 40,23 2,81 39,68 2,67 39,98 0,41<br />

243


ANNEXE 3 : Tableaux <strong>des</strong> <strong>du</strong>rées moyennes de chaque phase<br />

de <strong>la</strong> consonne.<br />

♦Durées consonnes BL puis YM.<br />

Tableau de moyennes pour dc1 BL<br />

Effet : cvc * cond<br />

dad, b0<br />

dad, b1<br />

dad, b2<br />

dad, b3<br />

did, b0<br />

did, b1<br />

did, b2<br />

did, b3<br />

tat, b0<br />

tat, b1<br />

tat, b2<br />

tat, b3<br />

tit, b0<br />

tit, b1<br />

tit, b2<br />

tit, b3<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

12 104,109 17,915 5,172<br />

12 95,786 16,537 4,774<br />

12 86,557 18,415 5,316<br />

12 97,120 19,988 5,770<br />

12 135,307 20,641 5,959<br />

12 137,713 15,366 4,436<br />

12 149,537 22,899 6,610<br />

12 155,125 32,188 9,292<br />

12 128,547 15,487 4,471<br />

12 113,839 15,717 4,537<br />

12 119,021 12,292 3,549<br />

12 122,875 9,762 2,818<br />

12 144,844 19,225 5,550<br />

12 160,255 25,695 7,418<br />

12 166,620 26,886 7,761<br />

12 191,156 32,549 9,396<br />

Tableau de moyennes pour dc1 YM<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

dad, b0<br />

12 114,210 8,781 2,535<br />

dad, b1<br />

12 116,134 13,625 3,933<br />

dad, b2<br />

12 113,198 10,776 3,111<br />

dad, b3<br />

12 109,204 13,799 3,983<br />

did, b0<br />

12 135,755 16,734 4,831<br />

did, b1<br />

12 133,267 12,437 3,590<br />

did, b2<br />

12 138,096 19,300 5,571<br />

did, b3<br />

12 153,361 13,760 3,972<br />

tat, b0<br />

12 131,263 9,308 2,687<br />

tat, b1<br />

12 127,939 14,487 4,182<br />

tat, b2<br />

12 126,627 8,576 2,476<br />

tat, b3<br />

12 120,214 11,672 3,370<br />

tit, b0<br />

12 144,562 13,405 3,870<br />

tit, b1<br />

12 145,583 7,317 2,112<br />

tit, b2<br />

12 148,911 14,625 4,222<br />

tit, b3<br />

12 147,113 14,591 4,212<br />

244


♦Durée fermeture de BL<br />

Tableau de moyennes pour dinimax<br />

Effet : cvc * cond<br />

dad, b0<br />

dad, b1<br />

dad, b2<br />

dad, b3<br />

did, b0<br />

did, b1<br />

did, b2<br />

did, b3<br />

tat, b0<br />

tat, b1<br />

tat, b2<br />

tat, b3<br />

tit, b0<br />

tit, b1<br />

tit, b2<br />

tit, b3<br />

♦Durée fermeture de YM.<br />

dad, b0<br />

dad, b1<br />

dad, b2<br />

dad, b3<br />

did, b0<br />

did, b1<br />

did, b2<br />

did, b3<br />

tat, b0<br />

tat, b1<br />

tat, b2<br />

tat, b3<br />

tit, b0<br />

tit, b1<br />

tit, b2<br />

tit, b3<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

12 26,056 8,644 2,495<br />

12 29,635 12,274 3,543<br />

12 29,797 12,020 3,470<br />

12 34,967 15,356 4,433<br />

12 44,197 13,958 4,029<br />

12 56,697 13,421 3,874<br />

12 75,032 24,448 7,058<br />

12 66,823 20,558 5,935<br />

12 38,979 16,572 4,784<br />

12 36,052 10,195 2,943<br />

12 49,728 8,841 2,552<br />

12 43,969 18,473 5,333<br />

12 50,906 11,761 3,395<br />

12 59,385 20,029 5,782<br />

12 66,259 22,539 6,506<br />

12 73,374 33,181 9,578<br />

Tableau de moyennes pour dinimax<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

12 39,349 13,563 3,915<br />

12 39,113 12,894 3,722<br />

12 34,325 16,902 4,879<br />

12 20,053 13,987 4,038<br />

12 38,230 18,085 5,221<br />

12 37,039 13,035 3,763<br />

12 42,346 14,331 4,137<br />

12 52,150 17,126 4,944<br />

12 47,605 12,502 3,609<br />

12 43,918 15,789 4,558<br />

12 41,134 13,904 4,014<br />

12 32,204 10,980 3,170<br />

12 42,803 12,418 3,585<br />

12 40,119 14,751 4,258<br />

12 39,203 10,626 3,067<br />

12 35,809 17,600 5,081<br />

245


♦Durée tenue BL.<br />

Tableau de moyennes pour dtenuc1<br />

Effet : cvc * cond<br />

dad, b0<br />

dad, b1<br />

dad, b2<br />

dad, b3<br />

did, b0<br />

did, b1<br />

did, b2<br />

did, b3<br />

tat, b0<br />

tat, b1<br />

tat, b2<br />

tat, b3<br />

tit, b0<br />

tit, b1<br />

tit, b2<br />

tit, b3<br />

♦Durée tenue YM.<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

12 69,896 8,491 2,451<br />

12 62,724 11,954 3,451<br />

12 60,917 14,794 4,271<br />

12 68,208 17,945 5,180<br />

12 90,463 12,269 3,542<br />

12 89,714 17,116 4,941<br />

12 104,995 21,393 6,176<br />

12 109,984 29,445 8,500<br />

12 90,792 8,604 2,484<br />

12 75,687 14,760 4,261<br />

12 80,432 13,499 3,897<br />

12 86,604 13,423 3,875<br />

12 98,151 16,080 4,642<br />

12 95,932 15,149 4,373<br />

12 113,177 23,021 6,646<br />

12 122,542 38,113 11,002<br />

Tableau de moyennes pour dtenuc1<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

dad, b0 12 71,885 10,012 2,890<br />

dad, b1 12 71,678 8,833 2,550<br />

dad, b2 12 71,869 10,656 3,076<br />

dad, b3 12 81,492 15,260 4,405<br />

did, b0 12 88,953 10,564 3,050<br />

did, b1 12 91,559 9,060 2,615<br />

did, b2 12 92,757 17,905 5,169<br />

did, b3 12 110,456 14,035 4,052<br />

tat, b0 12 86,218 8,098 2,338<br />

tat, b1 12 84,315 9,125 2,634<br />

tat, b2 12 82,726 11,514 3,324<br />

tat, b3 12 84,790 15,048 4,344<br />

tit, b0 12 95,737 15,984 4,614<br />

tit, b1 12 102,941 9,314 2,689<br />

tit, b2 12 101,119 13,229 3,819<br />

tit, b3 12 105,494 13,051 3,767<br />

246


♦Durée maximum de contacts BL.<br />

Tableau de moyennes pour dmaxc1<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

dad, b0 12 36,583 6,651 1,920<br />

dad, b1 12 27,635 12,319 3,556<br />

dad, b2 12 27,328 10,870 3,138<br />

dad, b3 12 28,286 14,822 4,279<br />

did, b0 12 36,208 11,424 3,298<br />

did, b1 12 20,948 7,679 2,217<br />

did, b2 12 19,708 10,769 3,109<br />

did, b3 12 22,984 9,615 2,775<br />

tat, b0 12 44,281 16,761 4,839<br />

tat, b1 12 36,521 18,178 5,247<br />

tat, b2 12 26,323 12,068 3,484<br />

tat, b3 12 29,781 15,656 4,520<br />

tit, b0 12 27,875 13,824 3,991<br />

tit, b1 12 20,365 10,048 2,901<br />

tit, b2 12 21,188 10,616 3,065<br />

tit, b3 12 37,500 30,686 8,858<br />

♦Durée maximum de contacts YM.<br />

Tableau de moyennes pour dmaxc1<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

dad, b0 12 32,474 16,049 4,633<br />

dad, b1 12 32,102 10,915 3,151<br />

dad, b2 12 35,543 16,037 4,630<br />

dad, b3 12 19,998 17,537 5,063<br />

did, b0 12 35,819 16,626 4,800<br />

did, b1 12 47,468 19,760 5,704<br />

did, b2 12 41,790 18,673 5,390<br />

did, b3 12 47,629 18,125 5,232<br />

tat, b0 12 33,071 8,906 2,571<br />

tat, b1 12 34,336 10,296 2,972<br />

tat, b2 12 35,369 20,567 5,937<br />

tat, b3 12 43,459 21,631 6,244<br />

tit, b0 12 30,036 9,232 2,665<br />

tit, b1 12 53,921 18,235 5,264<br />

tit, b2 12 48,275 17,910 5,170<br />

tit, b3 12 52,826 18,774 5,420<br />

247


♦Durée occlusion BL.<br />

b0, dad<br />

b0, did<br />

b0, tat<br />

b0, tit<br />

b1, dad<br />

b1, did<br />

b1, tat<br />

b1, tit<br />

b2, dad<br />

b2, did<br />

b2, tat<br />

b2, tit<br />

b3, dad<br />

b3, did<br />

b3, tat<br />

b3, tit<br />

♦Durée occlusion YM.<br />

b0, dad<br />

b0, did<br />

b0, tat<br />

b0, tit<br />

b1, dad<br />

b1, did<br />

b1, tat<br />

b1, tit<br />

b2, dad<br />

b2, did<br />

b2, tat<br />

b2, tit<br />

b3, dad<br />

b3, did<br />

b3, tat<br />

b3, tit<br />

Nombre Moy. Dév. Std Err. Std<br />

11 68,278 9,541 2,877<br />

12 76,245 16,017 4,624<br />

12 90,682 8,381 2,419<br />

12 76,255 15,920 4,596<br />

12 59,047 12,560 3,626<br />

11 76,688 18,498 5,577<br />

12 75,339 13,659 3,943<br />

12 73,359 18,213 5,258<br />

10 41,631 19,272 6,094<br />

12 79,448 31,847 9,193<br />

12 66,667 20,141 5,814<br />

11 81,642 22,758 6,862<br />

9 64,222 18,167 6,056<br />

10 86,219 18,533 5,861<br />

10 79,375 11,154 3,527<br />

9 92,361 29,531 9,844<br />

Nombre Moy. Dév. Std Err. Std<br />

12 67,010 8,409 2,428<br />

12 73,515 8,765 2,530<br />

12 77,707 13,052 3,768<br />

12 65,580 10,655 3,076<br />

12 53,911 11,712 3,381<br />

11 72,444 13,478 4,064<br />

12 74,327 16,680 4,815<br />

12 82,274 18,878 5,450<br />

7 63,959 8,969 3,390<br />

12 76,054 17,149 4,950<br />

12 77,576 11,618 3,354<br />

12 82,488 13,316 3,844<br />

10 59,020 28,512 9,016<br />

11 93,007 13,324 4,017<br />

12 74,380 19,988 5,770<br />

12 84,768 12,945 3,737<br />

248


♦Durée ouverture BL.<br />

♦Durée ouverture YM.<br />

Tableau de moyennes pour dmaxend<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

dad, b0 12 41,469 8,700 2,511<br />

dad, b1 12 38,513 8,736 2,522<br />

dad, b2 12 29,433 9,238 2,667<br />

dad, b3 12 33,866 16,201 4,677<br />

did, b0 12 54,901 8,649 2,497<br />

did, b1 12 60,069 7,692 2,220<br />

did, b2 12 54,795 16,479 4,757<br />

did, b3 12 65,315 27,995 8,081<br />

tat, b0 12 45,287 9,138 2,638<br />

tat, b1 12 41,266 6,199 1,790<br />

tat, b2 12 42,968 7,393 2,134<br />

tat, b3 12 49,125 15,687 4,528<br />

tit, b0 12 66,064 18,773 5,419<br />

tit, b1 12 80,505 10,076 2,909<br />

tit, b2 12 79,172 10,971 3,167<br />

tit, b3 12 82,327 26,730 7,716<br />

Tableau de moyennes pour dmaxend<br />

Effet : cvc * cond<br />

Nombre Moyenne Dév. Std. Err. Std.<br />

dad, b0 12 42,387 7,008 2,023<br />

dad, b1 12 44,918 9,153 2,642<br />

dad, b2 12 43,328 11,186 3,229<br />

dad, b3 12 69,748 29,688 8,570<br />

did, b0 12 61,707 12,847 3,708<br />

did, b1 12 48,759 9,708 2,802<br />

did, b2 12 53,963 9,641 2,783<br />

did, b3 12 54,495 11,792 3,404<br />

tat, b0 12 50,588 7,410 2,139<br />

tat, b1 12 49,686 5,017 1,448<br />

tat, b2 12 50,122 7,582 2,189<br />

tat, b3 12 44,551 9,722 2,806<br />

tit, b0 12 71,721 12,257 3,538<br />

tit, b1 12 51,544 11,173 3,225<br />

tit, b2 12 61,568 8,682 2,506<br />

tit, b3 12 56,944 9,875 2,851<br />

249


ANNEXE 4 : Les moyennes <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux<br />

♦Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de BL<br />

contacts alvéo<strong>la</strong>ires contacts vé<strong>la</strong>ires<br />

dad did tat tit dad did tat tit<br />

b0 19,58 25,00 21,50 25,58 6,50 14,33 8,50 14,50<br />

b1 13,17 23,17 18,17 22,17 3,33 10,67 7,67 11,83<br />

b2 10,42 22,25 17,00 22,17 2,58 12,67 7,67 14,00<br />

b3 8,92 21,33 13,33 22,00 1,67 10,75 7,50 14,17<br />

Contacts LP sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong><br />

pa<strong>la</strong>is<br />

dad did tat tit<br />

26,08 39,33 30,00 40,00<br />

16,42 33,83 25,83 34,00<br />

13,00 34,08 24,83 36,17<br />

10,58 31,92 20,83 36,08<br />

250


♦Les contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de YM :<br />

contacts alvéo<strong>la</strong>ires contacts vé<strong>la</strong>ires<br />

dad did tat tit dad did tat tit<br />

b0 19,00 25,83 23,67 26,42 7,17 15,67 9,33 15,58<br />

b1 18,75 27,92 26,92 28,25 7,75 16,67 10,25 16,92<br />

b2 14,17 26,42 26,00 28,17 2,83 16,00 11,00 17,33<br />

b3 13,75 27,50 27,42 28,25 2,58 16,08 12,08 19,33<br />

Contacts LP sur <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> pa<strong>la</strong>is<br />

dad did tat tit<br />

26,17 42,33 33,00 45,17<br />

26,50 44,58 37,17 45,50<br />

17,08 42,42 35,33 47,58<br />

16,17 43,58 39,42 43,25<br />

251


ANNEXE 5 : Les moyennes <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux à<br />

chaque session d’enregistrement.<br />

répétitions de dad <strong>du</strong> locuteur BL<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 25,00 3,46 26,75 1,50 26,50 1,41<br />

b1 16,75 2,12 14,75 4,79 17,75 1,41<br />

b2 13,00 4,95 10,25 3,77 15,75 3,77<br />

b3 15,00 9,19 8,50 3,11 8,25 3,54<br />

répétitions de did <strong>du</strong> locuteur BL<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 39,50 0,71 40,50 2,65 38,00 1,41<br />

b1 34,00 4,24 34,25 1,41 33,25 4,95<br />

b2 31,75 0,71 35,50 4,43 35,00 2,12<br />

b3 29,25 7,78 32,00 0,71 34,50 4,95<br />

répétitions de tat <strong>du</strong> locuteur BL<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 29,00 1,41 30,75 1,5 30,25 0,71<br />

b1 24,25 2,83 26,5 2,08 26,75 0,00<br />

b2 23,50 0,00 25,25 2,5 28,00 1,41<br />

b3 20,50 1,41 20,5 6,19 23,50 0,71<br />

252


épétitions de tit <strong>du</strong> locuteur BL<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 41,50 0,71 40 0 38,50 0,71<br />

b1 31,75 2,12 34 4,24 36,25 1,41<br />

b2 34,75 9,90 37,25 2,83 36,50 0,00<br />

b3 38,75 5,66 37,25 10,6 32,25 0,71<br />

répétitions de dad <strong>du</strong> locuteur YM<br />

de 1 à 4 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy ecart moy écart<br />

b0 25,25 3,77 27,75 0 25,50 0,00<br />

b1 25,50 3,54 27,25 2,09 25,00 0,00<br />

b2 18,00 6,36 16,75 3,59 16,50 4,24<br />

b3 16,75 12,73 15,5 3,87 16,25 4,24<br />

répétitions de did <strong>du</strong> locuteur YM<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 42,00 2,83 43,00 2,45 42,00 0,71<br />

b1 43,25 0,00 45,75 2,36 44,75 0,71<br />

b2 42,75 0,00 42,50 1,00 42,00 2,83<br />

b3 44,25 1,41 43,50 1,00 43,00 1,41<br />

253


épétitions de tat <strong>du</strong> locuteur YM<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 33,75 2,83 32,25 5,06 33,00 3,54<br />

b1 39,50 3,11 35,75 0,50 36,25 0,71<br />

b2 37,50 1,41 34,25 2,87 34,25 2,12<br />

b3 40,00 9,90 39,25 3,86 39,00 0,00<br />

répétitions de tit <strong>du</strong> locuteur YM<br />

de 1 à 4 de 5 à 8 de 9 à12<br />

moy écart moy écart moy écart<br />

b0 42,50 0,00 42,25 0,50 42,50 0,00<br />

b1 45,50 2,12 45,00 1,41 45,00 0,72<br />

b2 45,00 0,00 45,75 2,22 45,75 0,00<br />

b3 49,50 0,00 48,00 2,94 45,25 1,53<br />

254


ANNEXE 6 : Les patrons de coarticu<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong> les quatre<br />

Locuteur BL.<br />

conditions d’enregistrement.<br />

255


Locuteur YM.<br />

256


257


ANNEXE 7 :Les mesures <strong>des</strong> pa<strong>la</strong>is <strong>des</strong> locuteurs.<br />

La prise de mesures s’est faite électrode par électrode sur un axe orthonormé (x’x ; y’y)<br />

afin de pouvoir réaliser les patrons de contacts propres à chaque locuteur.<br />

Locuteur BL<br />

258<br />

Locuteur YM<br />

x y x y<br />

e1 20 85 14 79<br />

e2 27 86 20 80<br />

e3 34 87 26 81<br />

e4 42 87 34 82<br />

e5 50 86 42 81<br />

e6 58 85 50 81<br />

e7 16 79 10 73<br />

e8 22 80 15 74<br />

e9 27 81 21 75<br />

e10 35 82 27 75<br />

e11 43 82 34 76<br />

e12 50 81 41 75<br />

e13 57 80 48 75<br />

e14 64 78 54 74<br />

e15 16 72 9 65<br />

e16 21 75 15 67<br />

e17 27 77 22 69<br />

e18 35 78 27 70<br />

e19 42 78 34 70<br />

e20 50 77 42 70<br />

e21 57 75 49 69<br />

e22 65 72 57 68


e23 15 64 9 58<br />

e24 20 69 15 61<br />

e25 27 73 22 63<br />

e26 35 75 27 66<br />

e27 43 75 35 66<br />

e28 51 73 43 64<br />

e29 58 69 50 62<br />

e30 66 63 57 61<br />

e31 11 51 6 45<br />

e32 18 59 11 49<br />

e33 25 66 20 55<br />

e34 35 67 28 58<br />

e35 44 67 36 58<br />

e36 57 64 45 56<br />

e37 63 59 53 52<br />

e38 70 49 59 49<br />

e39 10 35 6 32<br />

e40 15 42 13 38<br />

e41 24 49 18 44<br />

e42 35 52 29 49<br />

e43 46 50 36 49<br />

e44 60 47 46 47<br />

e45 65 40 54 42<br />

e46 71 36 61 37<br />

e47 5 20 5 16<br />

e48 12 22 11 23<br />

e49 22 31 17 28<br />

e50 33 35 29 34<br />

e51 46 34 39 34<br />

e52 63 32 49 31<br />

e53 69 26 56 26<br />

e54 77 19 65 21<br />

259


e55 0 0 0 0<br />

e56 8 8 9 7<br />

e57 17 13 16 14<br />

e58 31 17 28 20<br />

e59 50 17 40 19<br />

e60 64 13 52 15<br />

e61 72 6 60 8<br />

e62 84 0 68 0<br />

260


ANNEXE 8 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /d/ sans<br />

Séquence /dad/<br />

bite-block, locuteur BL.<br />

261


ANNEXE 9 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /d/ avec<br />

Séquence /dad/<br />

le B3, locuteur BL<br />

262


ANNEXE 10 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /d/<br />

Séquence /dad/.<br />

sans bite-block, locuteur YM<br />

263


ANNEXE 11 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /d/<br />

Séquence /dad/<br />

avec le B3, locuteur YM<br />

264


ANNEXE 12 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /t/ sans<br />

Séquence /tat/<br />

bite-block, locuteur BL.<br />

265


Annexe13 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /t/ avec<br />

Séquence /tat/<br />

B3, locuteur BL.<br />

266


ANNEXE 14 : Courbe de contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /t/ sans<br />

Séquence /tat/<br />

bite-block, locuteur YM.<br />

267


ANNEXE 15 : Courbe <strong>des</strong> contacts linguo-pa<strong>la</strong>taux de /t/ avec<br />

Séquence /tat/<br />

le B3, locuteur YM.<br />

268


Compensation Articu<strong>la</strong>toire <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Pro<strong>du</strong>ction <strong>des</strong> Occlusives <strong>du</strong> Français.<br />

La <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole se caractérise par une organisation spatio-temporelle hautement<br />

complexe <strong>des</strong> articu<strong>la</strong>teurs. De nombreux travaux visent encore aujourd'hui à mieux<br />

comprendre <strong>la</strong> façon dont le système <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est gouverné. L'une <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> utilisables<br />

consiste à perturber de manière artificielle les mouvements <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s. Les étu<strong>des</strong> basées sur<br />

ce paradigme ont démontré que le système <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> présente une p<strong>la</strong>sticité fonctionnelle<br />

remarquable en s’adaptant rapidement à ces perturbations. Nous présentons les résultats d'une<br />

étude centrée sur <strong>la</strong> mise en relief <strong>des</strong> mouvements compensatoires de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue quand <strong>la</strong><br />

mandibule est bloquée par <strong>des</strong> bite-blocks <strong>dans</strong> une certaine position ouverte. Un corpus de 12<br />

répétitions de séquences CVC (<strong>occlusives</strong> linguo-pa<strong>la</strong>tales /t/ et /d/ et /a/, /i/) <strong>dans</strong> phrases<br />

porteuses, est enregistré avec l'électropa<strong>la</strong>tographie par deux sujets français avec et sans bite<br />

block. Les mesures sont prises sur <strong>la</strong> base d’une segmentation manuelle <strong>des</strong> évènements<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s et permettent une analyse spatiale et temporelle <strong>des</strong> mouvements linguaux. Nous<br />

avons effectivement constaté <strong>des</strong> modifications spatio-temporelles: le geste <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est<br />

modifié par <strong>la</strong> présence <strong>des</strong> bite-blocks et constitue un témoignage de <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de<br />

stratégies de <strong>compensation</strong> <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>. Les résultats font apparaître que ces stratégies diffèrent<br />

selon le locuteur. Les <strong>compensation</strong>s sont immédiates et sélectives. Les réajustements ont lieu<br />

de suite et les variations temporelles intra-segmentales sont cachées <strong>dans</strong> le geste global de <strong>la</strong><br />

consonne. Une hiérarchie de <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> existe et semble régir <strong>la</strong> <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> de <strong>la</strong> parole :<br />

quand les contraintes de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> sont fortes, <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> est incomplète, quand elles<br />

sont faibles, <strong>la</strong> <strong>compensation</strong> tend à être complète. D'une manière générale, cette étude confirme<br />

que <strong>la</strong> variabilité <strong>articu<strong>la</strong>toire</strong> est une caractéristique inhérente au système de <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, et<br />

qu'elle lui confère <strong>la</strong> capacité de pro<strong>du</strong>ire les sons désirés <strong>dans</strong> une grande variété de situations.<br />

_____________________________________________________________________________________<br />

Articu<strong>la</strong>tory Compensation in the Pro<strong>du</strong>ction of French Stop Consonants.<br />

The <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> of speech is caracterized by a hightly complex spatio-temporal organization of<br />

the articu<strong>la</strong>tors. Lot of work still aim at understand better how the articu<strong>la</strong>tory system is<br />

governed. One of method consists on perturbing artificially articu<strong>la</strong>tory movements of the<br />

<strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> of speech. Studies based on this paradigm proved that the articu<strong>la</strong>tory system<br />

presents a noteworthy p<strong>la</strong>sticity fonctional to reinstate a rapid adapted response. We know,<br />

according to studies on bite blocks, that it is possible to retain the intelligibility of the<br />

consonants by pro<strong>du</strong>cing unusual configurations of the vocal tract in order to overcome the<br />

removal of the activity of an articu<strong>la</strong>tor. So, we neutralised the jaw activity by means of bite<br />

blocks in order to observe the movements of the tongue (with Reading’s EPG system). A corpus<br />

of twelve repetitions of CVC sequences, of /t/ and /d/ with /a/ or /i/ vowels was recorded with<br />

the EPG system by two French native speakers, with and without bite blocks. Measures are<br />

taken on the basis of a manual segmentation of articu<strong>la</strong>tory events, allowing a spatial and<br />

temporal analysis of the tongue movements. Therefore, spatial and temporal changes of the<br />

tongue configurations palliate the immobilization of the mandibule: <strong>du</strong>ration and amplitude of<br />

the articu<strong>la</strong>tory gesture are modified by the bite-blocks to compensate the jaw immobility.<br />

Compensations are immediate and selective. A hierarchy of <strong>compensation</strong> could exists and<br />

seems to govern the <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> of speech: strong constraints involve incomplete <strong>compensation</strong>,<br />

weak constraints allow complete <strong>compensation</strong>. The nature of the <strong>compensation</strong> seems to<br />

depend on interspeaker variability. Implications of these results for studies on motor control in<br />

speech <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> can be discussed. Also, results confirm that the articu<strong>la</strong>tory variability is an<br />

inherant characteristic of the speech <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong> system.<br />

Formation Doctorale : Langage et Parole Discipline : Phonétique<br />

Mots Clés : <strong>pro<strong>du</strong>ction</strong>, occlusive, <strong>compensation</strong>, électropa<strong>la</strong>tographie, contrôle moteur, gestes<br />

<strong>articu<strong>la</strong>toire</strong>s.<br />

Contact : c<strong>la</strong>iret@lpl.univ-aix.fr Laboratoire Parole et Langage, UMR 6057 CNRS, Université de<br />

Provence, 29, avenue Robert Schuman, 13621 Aix en Provence.

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