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DOSSIER DE PRESSE<br />
SARAJEVO<br />
$ T R A S N I P R É S E N T E<br />
MA VILLE, MON DESTIN<br />
UNE EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE DE<br />
MILOMIR KOVACEVIC<br />
DU 6 AU 11 AVRIL 2012<br />
VERNISSAGE LE 6 AVRIL DE 19H À 21H
SARAJEVO, MA VILLE, MON DESTIN<br />
Il existe trois temps dans l’histoire de <strong>Sarajevo</strong> de <strong>ma</strong> génération.<br />
Il existe un <strong>Sarajevo</strong> d’avant la guerre, un temps paisible où nous étions heureux et où<br />
le 6 avril n’était pas encore devenu une date <strong>ma</strong>cabre. Ce jour, nous fêtions la libération<br />
de notre <strong>ville</strong> à la fin de la Seconde Guerre <strong>mon</strong>diale, et nous étions fiers de devenir les<br />
pionniers du Maréchal Tito. En lui prêtant serment, nous croyions à l’immuabilité des<br />
symboles qui nous entouraient, et dessinions de jolis dessins en son honneur.<br />
Il existe aussi un <strong>Sarajevo</strong> dont la souffrance a commencé le 6 avril 1992, le jour de<br />
grandes <strong>ma</strong>nifestations pour la paix et celui du dressement de premières barricades, annonciatrices<br />
de quatre ans du siège de la <strong>ville</strong>. Ce jour où nous croyions encore en la force<br />
de notre jeunesse, en cette vie commune exemplaire qui faisait la fierté de plusieurs générations<br />
de Sarajeviens.<br />
Et puis, il y a <strong>Sarajevo</strong> d’après-guerre, la vie nor<strong>ma</strong>le qui reprend petit à petit, les plaies<br />
qui peinent à cicatriser, les souvenirs qui continuent à nous hanter et à nous faire vivre<br />
dans un éternel lien avec la <strong>ville</strong>, indépendamment du lieu où on se trouve.<br />
C’est ce lien que je tente de dé<strong>mon</strong>trer à travers les photos d’aujourd’hui.<br />
Mes yeux sont imprégnés d’i<strong>ma</strong>ges de <strong>Sarajevo</strong> ; même clos, ils revoient des scènes vues<br />
avant ou pendant la guerre ; ouverts, ils les trouvent à chaque coin de rue, à Paris, Avignon<br />
ou Orléans, ou ailleurs en Europe, à Prague, St Petersburg, Copenhague, Londres,<br />
plus loin encore, sur d’autres continents, à New York ou au Mexique.<br />
Les flashs souvenirs sont le fil conducteur de cette exposition. Ils sont rarement en rapport<br />
avec un évènement précis. Il s’agit plutôt d’une sorte de voyage à l’intérieur de moimême<br />
que je tente de décrire à travers la photo et de faire partager aux autres.<br />
Tous les ans, lorsque le mois d’avril approche, je fais ce voyage et j’espère que vous m’y<br />
accompagnerez…<br />
MILOMIR KOVACEVIC ˇ ´
SOUVENIRS DE SARAJEVO<br />
C’est l’histoire d’un pays, d’une <strong>ville</strong>, de ses habitants, d’un homme. Le pays n’existe plus :<br />
c’était la Yougoslavie. La <strong>ville</strong> a été blessée à ja<strong>ma</strong>is: c’est <strong>Sarajevo</strong>. Ses habitants, en<br />
grande partie, ne sont plus les mêmes: certains tués, d’autres partis. L’homme est vivant,<br />
<strong>ma</strong>is blessé, lui aussi, pour la vie. Il se souvient, et ces photos sont comme les cicatrices<br />
indélébiles de ce souvenir. Aussi indélébiles que celle de la balle qui l’a frappé au menton,<br />
un jour comme les autres, parmi les 1395 jours qu’a duré le siège.<br />
«J’ai toujours vécu dans la photo.» Milomir Kovacevic est né, a grandi, a appris son métier<br />
et s’est passionné pour lui dans la Fédération Yougoslave. Tout n’y était pas parfait, le socialisme<br />
affiché n’avait peut-être pas toutes les riantes couleurs dont on le parait, le chef<br />
de l’État toutes les vertus, les peuples divers tous les sentiments fraternels proclamés sur<br />
les affiches. Mais enfin on y vivait, on avait ses amis à Belgrade, à Zagreb ou à Ljubljana,<br />
on pouvait être croate à Skopje et serbe à <strong>Sarajevo</strong>. On s’y projetait dans l’avenir. Milomir<br />
Kovacevic travaillait pour la presse de <strong>Sarajevo</strong>. Les pionniers qu’il a photographiés<br />
souriaient comme il avait souri quand il était lui-même pionnier. Ici, il n’y a plus de pionniers,<br />
il n’y a que des enfants dont le jouet est une kalachnikov en plastique et qui rêvent<br />
d’en avoir une vraie. Du chef de l’État il ne reste que des portraits déchirés, abandonnés,<br />
rejetés. Et de la fraternité des peuples ... Voilà donc des photos qui n’ont pas été prises de<br />
l’extérieur par un photographe de passage, si bien intentionné, si concerné soit-il, <strong>ma</strong>is de<br />
l’intérieur du drame. «Ces photos m’ont permis de survivre», dit leur auteur. Mille bobines :<br />
il fallait se les procurer, il fallait avoir de quoi les tirer. (aller chercher l’eau très loin,<br />
au petit <strong>ma</strong>tin, à l’heure du brouillard protecteur), il fallait les exposer, à la lumière des<br />
bougies, il fallait que le public prenne le risque de traverser les rues sous la menace des<br />
snipers pour venir aux cinq expositions qui ont eu lieu pendant le siège. Il fallait <strong>mon</strong>trer,<br />
à soi-même, aux autres, au <strong>mon</strong>de, que l’on restait capable d’œuvrer, et solidairement.<br />
Autobiographie, chronique d’un peuple. Sur ces photos, des amis aux figures familières.<br />
Et les morts, parfois, le photographe venait tout juste de leur parler, de leur sourire. Dix<br />
mètres, et ç’aurait aussi bien pu être lui. Dans les immenses cimetières qui se sont peu à<br />
peu composés, il y a, quelque part, son père.<br />
Banalité, au fil des mois, du <strong>ma</strong>ssacre. «J’ai presque arrêté de photographier les morts.»<br />
Dérision : des <strong>ma</strong>nnequins de vitrines, déchiquetés, représentent cette négation de l’hu<strong>ma</strong>in<br />
à quoi voulaient parvenir les <strong>ma</strong>ssacreurs.<br />
Face à cette négation, il reste cela: un être hu<strong>ma</strong>in, des êtres hu<strong>ma</strong>ins, ont tenu. Parmi<br />
eux, un photographe a fan ce qu’il savait faire: des photos. Au cœur du désastre, il a lutté,<br />
chaque heure, pour sauvegarder une distance qui permette encore de penser, de réfléchir,<br />
de continuer de vivre au milieu des autres. De partager avec eux, comme on partage<br />
un morceau de pain.<br />
FRANÇOIS MASPERO
MILOMIR KOVACEVIC ˇ ´<br />
Né en 1961 en Yougoslavie, Milomir Kovacevic ˇ ´ commence sa carrière<br />
de photographe au Club universitaire de photographie (CEDUS) à<br />
<strong>Sarajevo</strong>.<br />
Deux ans après, il devient membre de l’Association des artistes de<br />
la Bosnie-Herzégovine.<br />
Photographe de presse et chroniqueur visuel de <strong>Sarajevo</strong> pendant plus<br />
de 10 ans, Kovacevic ˇ ´ saisit les i<strong>ma</strong>ges de la vie de rue et capte<br />
l’atmosphère des événements culturels et politiques.<br />
Dans les années 1990, il suit de près la guerre à <strong>Sarajevo</strong> et, de<br />
jour en jour, témoigne de ce qui se passe à l’intérieur de la <strong>ville</strong><br />
assiégée. C’est au cours de cette période qu’il réalise de nombreuses<br />
séries de photographies et devient l’auteur de plusieurs expositions<br />
individuelles.<br />
En France, Kovacevic ˇ ´ poursuit son travail de photographe. Il explore de<br />
nouveaux sujets et expose à l’étranger (Etats-Unis, Japon, Russie, etc…).<br />
En 1998, il reçoit le prix de la Fondation CCF (aujourd’hui HSBC).<br />
Récompensé de la médaille du Chevalier de l’Ordre du Mérite en 2007,<br />
Milomir Kovacevic ˇ ´ vit et travaille à Paris.<br />
CONTACT<br />
Tél : 06 03 81 32 15<br />
e-<strong>ma</strong>il : milomir@milomirkovacevic.com<br />
www.milomirkovacevic.com