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JEAN-CLAUDE NALLET

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<strong>JEAN</strong>-<strong>CLAUDE</strong> <strong>NALLET</strong><br />

Un surdoué<br />

Quand on est né à Champdor et que l'on fait du sport, on peut espérer faire une bonne<br />

récolte de ce précieux métal présenté sous la forme de ces médailles que de doctes<br />

personnages remettent aux champions perchés sur de drôles d'estrades appelées<br />

podiums !<br />

Pour Jean-Claude <strong>NALLET</strong>, né dans ce joli petit coin de l'Ain, ce fut une prémonition<br />

puisqu'il fit une ample moisson de ce bulletin d'entrée parmi les "Grands" de l'athlétisme<br />

international. Dès l'enfance, son Q.A. (Quotient Athlétique) était nettement supérieur à la<br />

moyenne des garçons de son âge. Sachant le sort que l'on fait maintenant aux surdoués<br />

intellectuels en les incluant dans une équipe ministérielle, si cette politique avait été<br />

courante lorsqu'il avait quinze ans, il aurait été nommé ministre des sports car il était de<br />

très loin le plus doué de sa génération.<br />

On a toujours présentes en mémoire les années glorieuses de Jean-Claude, sa victoire<br />

sur Ralph Mann le jour de France-Etats-Unis, ses médailles d'or aux championnats<br />

d'Europe et ses formidables records, mais on oublie trop facilement qu'il avait tout juste<br />

dix-neuf ans lorsqu'il remporta la médaille de bronze sur 200 m aux championnats<br />

d'Europe de Budapest en 1966.<br />

Il faut dire aussi que, comme tous les surdoués, il est passé directement de l'enfance à<br />

l'âge adulte en sautant toute la période de l'adolescence puisque, dès sa première année<br />

junior, il était déjà sélectionné en équipe de France toutes catégories.<br />

On a été injuste avec lui. Aussi bien au niveau des dirigeants qu'à celui des médias car,<br />

victime de sa facilité et de l'énorme classe que l'on devinait en lui, on en attendait<br />

toujours davantage. Battait-il un record que c'était le déclanchement des supputations<br />

les plus folles sur le prochain qu'il battrait.


On le voyait champion olympique, recordman du Monde et tout, et tout, en perdant de<br />

vue que, tout surdoué qu'il était, il avait ses limites. Et en l'occurrence, ses limites furent<br />

celles de la résistance de ses muscles et de ses tendons qui, sans avertissement, l'année<br />

de sa victoire aux championnats d'Europe d'Helsinki, en 1971, lui jouèrent des tours<br />

pendables auxquels nul ne trouva la parade.<br />

En général, un surdoué qui flanche ne s'en remet pas parce qu'il ne comprend pas ce qui<br />

lui arrive. Or, la Faculté et Jean-Claude n'ayant pas compris non plus, il est tout de<br />

même parvenu, à force de courage et d'opiniâtreté, à refaire surface. A telle enseigne<br />

qu'il remonta sur un podium européen en 1974 pour y recevoir la médaille d'argent du<br />

400 m haies en passant une seconde fois sous les 49 secondes, mais électriquement<br />

cette fois. De sorte qu'il détient les deux records de France avec 48''6 en manuel et<br />

48''94 en électrique.<br />

Si l'on sait qu'en cinq championnats d'Europe, Jean-Claude Nallet fut deux fois médaille<br />

d'or, deux fois médaille d'argent sur 400 m, une fois sans haies, une fois avec haies, une<br />

fois médaille de bronze et que sa plus mauvaise place fut sixième en finale du 400 m<br />

haies de 1978, ce n'est pas un coup de chapeau qu'il faut lui tirer, mais dérouler le tapis<br />

rouge sous ses pieds. Mais comme c'est un garçon qui ne fait pas de bruit, pas de<br />

vagues, et qui, de surcroit, se laisse un peu porter par le courant, on l'oublie et c'est une<br />

très grave injustice.<br />

Roger DEBAYE – 1986 - (Photos collection Luc Vollard)

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