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Télécharger les Infos de Valbois RN – 4 e trimestre 2009 - RND

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RESSOURCES NATURELLES<br />

u<br />

Bureau <strong>de</strong> dépôt :<br />

6099 Charleroi X<br />

P401047<br />

Dossier<br />

V<br />

Les infos <strong>de</strong><br />

ALBOIS R.N.<br />

4 e TriMesTre <strong>2009</strong><br />

OctObre - NOvembre - Décembre<br />

Le réseau Natura 2000 en Wallonie…<br />

À Découvrir<br />

Carmeuse et Lhoist<br />

Valoriser la pierre et le bois<br />

Opportunité ou menace<br />

pour <strong>les</strong> secteurs pierre et bois?<br />

À découvrir en page 12<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands producteurs<br />

<strong>de</strong> chaux belges tiennent bon<br />

À lire en page 8<br />

Marchés<br />

Difficile sortie <strong>de</strong> crise<br />

pour notre filière bois?<br />

a lire en page 3<br />

La Direction <strong>de</strong>s Ressources Forestières,<br />

partenaire incontournable <strong>de</strong>s forêts wallonnes. a lire en pages 6 et 7


éditorial sommaire<br />

Nadine Go<strong>de</strong>t<br />

Directrice<br />

De statique à dynamique<br />

Cela faisait <strong>de</strong> nombreux mois que nous hésitions à sortir un<br />

tel dossier. Nous savions qu’en abordant le chantier du décryptage<br />

<strong>de</strong> Natura 2000, nous allions être confrontés à un<br />

thème vaste, aux multip<strong>les</strong> répercussions, parfois ardu à expliquer<br />

- et même à comprendre - dans ses mécanismes.<br />

Finalement, l’équipe <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong>s <strong>Infos</strong> <strong>de</strong> <strong>Valbois</strong> <strong>RN</strong> a<br />

jugé que le moment était opportun pour relever ce défi. En<br />

avant !<br />

Le dossier Natura 2000 que nous vous présentons dans ce<br />

magazine est, à notre avis, un excellent travail <strong>de</strong> synthèse.<br />

Nous nous permettons <strong>de</strong> le souligner, et d’insister sur ce<br />

point, car n’ayant pas participé directement à sa rédaction,<br />

nous pensons disposer du recul nécessaire pour vous interpeller<br />

sur ce point.<br />

Et vous qui nous lisez ou qui nous connaissez au travers<br />

d’autres actions, vous savez que nous ne tenons ce type <strong>de</strong><br />

propos que quand la situation nous y autorise.<br />

Ami lecteur, nous apprécierions que vous nous fassiez remonter<br />

vos appréciations sur ce travail. Pour cela, rien <strong>de</strong><br />

plus simple. Nous vous invitons à vous rendre en page 12<br />

pour découvrir ce qu’est Natura 2000 et pourquoi cette démarche<br />

impactera, c’est certain, nos habitu<strong>de</strong>s. Il n’est point<br />

nécessaire <strong>de</strong> tout lire d’une seule traite, prenez votre<br />

temps, mais lisez-le.<br />

Nous avons le sentiment que, <strong>de</strong>vant nous, s’ouvre une nouvelle<br />

ère.<br />

Jusqu’à maintenant, <strong>les</strong> acteurs forestiers avaient instauré<br />

une forme <strong>de</strong> statu quo. Un équilibre statique entre <strong>les</strong> différentes<br />

composantes <strong>de</strong> la forêt : son rôle social avec l’accueil<br />

<strong>de</strong>s hommes, son rôle écologique avec la préservation<br />

<strong>de</strong> la biodiversité, son rôle économique avec la production<br />

<strong>de</strong> bois.<br />

Avec Natura 2000, l’équilibre évolue. Compliqué d’imaginer<br />

une balance à trois plateaux qui puisse être en équilibre autrement<br />

qu’à l’horizontale !<br />

Pourtant, il nous faut aller vers un équilibre dynamique. Idée<br />

difficile à appréhen<strong>de</strong>r et à transmettre, mais il est possible<br />

que Natura 2000 favorise <strong>de</strong> nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion forestière<br />

et leur évolution dans le temps.<br />

Prenons gar<strong>de</strong> cependant. Si d’aucuns évoquent <strong>les</strong> perspectives<br />

extrêmement positives en matière <strong>de</strong> délivrances <strong>de</strong><br />

bois, d’autres - <strong>de</strong>s industriels comme <strong>de</strong>s propriétaires - font<br />

part <strong>de</strong> leurs inquiétu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> leurs craintes quant à une<br />

baisse <strong>de</strong> la production forestière notamment <strong>de</strong> résineux.<br />

Ne nous contentons pas <strong>de</strong> relever cette divergence <strong>de</strong> vue.<br />

Se fixer ren<strong>de</strong>z-vous à plus tard pour constater <strong>les</strong> conséquences<br />

<strong>de</strong> Natura 2000 sur le terrain et au niveau <strong>de</strong> la filière<br />

bois ? Et alors ? Pourquoi ne pas agir maintenant ?<br />

Natura 2000 doit être construit ensemble, dès à présent et<br />

dans le respect <strong>de</strong> chacun. Dès lors, au lieu <strong>de</strong> parler d’une<br />

remise en cause à opérer par la filière pour s’adapter à l’évolution<br />

<strong>de</strong> la production forestière, préférons-lui une mise en<br />

perspective, une étu<strong>de</strong> prospective, indépendantes et scientifiques,<br />

sur l’avenir <strong>de</strong>s essences feuillues et résineuses, à<br />

entamer sans plus tar<strong>de</strong>r.<br />

Natura 2000 nous est imposé. Plutôt que <strong>de</strong> subir, soyons acteurs<br />

!<br />

2 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Marchés / tendances<br />

- Difficile sortie <strong>de</strong> crise pour notre filière bois ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 3<br />

Détails techniques<br />

- Les nouvel<strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> soudure du bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />

Lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

Portrait<br />

- La Direction <strong>de</strong>s ressources forestières,<br />

partenaire incontournable <strong>de</strong>s forêts wallonnes . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />

Réseau pierre<br />

- Carmeuse et Lhoist,<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands producteurs <strong>de</strong> chaux belges tiennent bon . . . . . . . . . 8<br />

- La Société <strong>de</strong> l’Industrie Minérale honore l’un <strong>de</strong>s nôtres ! . . . . . . . . 30<br />

Le dossier du <strong>trimestre</strong><br />

- Le réseau Natura 2000 en Wallonie…<br />

Opportunité ou menace pour <strong>les</strong> secteurs pierre et bois ? . . . . 12<br />

Spécial Week-End du Bois <strong>2009</strong><br />

- Le Week-end du Bois, cinq ans <strong>de</strong> succès ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

- L’UCM, un partenaire du Week-End du Bois <strong>2009</strong> . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

- Inauguration du Week-End du Bois <strong>2009</strong><br />

dans une parcelle <strong>de</strong> hêtres record . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />

VALBOIS Ressources Naturel<strong>les</strong> asbl<br />

44, rue <strong>de</strong> la Converserie - B-6870 Saint-Hubert<br />

Tél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32<br />

E-mail : info@valbois.org<br />

www.portailbois.org - www.portailpierre.org<br />

Équipe <strong>de</strong> rédaction : Nadine Go<strong>de</strong>t, Bastien Wauthoz, Eugène Bays,<br />

François Deneufbourg, Frédéric Castaings, Emmanuelle Picard<br />

Les <strong>Infos</strong> <strong>de</strong> <strong>Valbois</strong> sont réalisées avec le soutien financier<br />

<strong>de</strong> la Région wallonne, <strong>de</strong> l’Union européenne<br />

et <strong>de</strong> la Province <strong>de</strong> Luxembourg<br />

PROVINCE DE<br />

LUXEMBOURG<br />

Toute reproduction, même partielle, <strong>de</strong>s textes et <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong> ce numéro<br />

est soumise à l'approbation préalable <strong>de</strong> la rédaction.<br />

Photos © <strong>Valbois</strong> R.N. sauf indication contraire.<br />

Conception et réalisation :<br />

www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76


marchés / tendances<br />

Difficile sortie <strong>de</strong> crise pour notre filière bois ?<br />

À l’occasion <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière foire agricole et forestière<br />

<strong>de</strong> Libramont, en juillet <strong>de</strong>rnier, Pierre-<br />

Marie Desclos, Vice-prési<strong>de</strong>nt et professeur à<br />

l’École Supérieure du Bois <strong>de</strong> Nantes, expert en<br />

bois, consultant et conférencier international, a<br />

fait forte impression.<br />

Dressant un bilan mondial <strong>de</strong> la filière bois et<br />

endossant <strong>de</strong>s habits <strong>de</strong> prospectiviste, l’orateur<br />

n’aura pas laissé l’assistance indifférente tant ce<br />

qu’il entrevoit modifie <strong>les</strong> équilibres connus.<br />

Prospective n’est pas forcément vérité, nous<br />

vous soumettons <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> sa<br />

réflexion pour que vous puissiez vous forger<br />

votre propre opinion.<br />

Une filière mondialisée<br />

Pour Pierre-Marie Desclos, « la mondialisation<br />

est, et restera, la toile <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> l’activité du<br />

secteur bois sur notre planète ». Et fort logiquement,<br />

il ne s’étonne pas que la crise qui affecte<br />

le secteur prenne tout <strong>de</strong> suite <strong>de</strong>s proportions<br />

mondia<strong>les</strong> ! Mais pour lui, <strong>les</strong> choses ne vont<br />

pas s’arrêter en si bon chemin. Au contraire, il<br />

est persuadé que « la crise actuelle aura plus<br />

que jamais renforcé cette tendance », affirmant<br />

« qu’en ces temps diffici<strong>les</strong>, il n’y a plus <strong>de</strong> territoires<br />

ou <strong>de</strong> marchés protégés et isolés ».<br />

Devant une salle interrogative, le conférencier<br />

pioche quelques exemp<strong>les</strong> bien sentis.<br />

Tout d’abord, quelques chiffres. « Entre 1960<br />

et 2006, la valeur <strong>de</strong>s exportations mondia<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> produits forestiers, tous produits confondus,<br />

est passée, selon la FAO, <strong>de</strong> 5 à 200 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars » note Pierre-Marie Desclos.<br />

Autour <strong>de</strong> nous, il relève également que « dans<br />

ce cadre d’intensification <strong>de</strong>s échanges commerciaux,<br />

<strong>les</strong> scieries européennes et notamment<br />

alleman<strong>de</strong>s se sont engagées dans le<br />

gigantisme, au point d’en <strong>de</strong>venir <strong>les</strong> plus<br />

grosses du mon<strong>de</strong>. Cette croissance spectaculaire<br />

s’est traduite en Allemagne par une augmentation<br />

extraordinaire <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong><br />

sciages résineux qui sont passées <strong>de</strong> 1 million<br />

<strong>de</strong> m 3 en 1992 à 9,3 millions <strong>de</strong> m 3 en 2007 ».<br />

Autant d’éléments qui illustrent que <strong>les</strong> marchés<br />

sont désormais mondiaux !<br />

Et attention, la crise ne se limite pas qu’aux seuls<br />

sciages résineux. « Toute la filière mondiale du<br />

bois souffre, à l’instar <strong>de</strong>s contreplaqués tropi-<br />

Pierre-Marie Desclos, un intervenant qui n’aura pas laissé indifférent, suscitant <strong>de</strong> nombreuses questions.<br />

caux dont <strong>les</strong> prix se sont sérieusement tassés à<br />

la fin <strong>de</strong> 2008, entre 10 et 20 %. Les prix <strong>de</strong>s<br />

sciages finlandais en sont un autre exemple :<br />

moins 35 % entre octobre 2007 et avril <strong>2009</strong> ».<br />

Les perspectives pour <strong>de</strong>main?<br />

Pour Pierre-Marie Desclos, « l’évolution <strong>de</strong> la<br />

situation dépendra <strong>de</strong> l’influence directe <strong>de</strong><br />

facteurs purement politiques, économiques,<br />

qui pèsent sur la logistique ou plus spécifiques<br />

au matériau lui-même ». Il en est ainsi du prix<br />

du pétrole qui, augmentant, va indéniablement<br />

relancer l’intérêt pour le bois énergie mais qui<br />

aura une influence négative sur <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong><br />

transport et celui <strong>de</strong>s produits chimiques utilisés<br />

dans l’industrie du bois.<br />

Autres aspects majeurs à prendre en compte,<br />

« le coût du fret maritime qui conditionne largement<br />

la faisabilité économique <strong>de</strong>s exportations<br />

; la limitation <strong>de</strong>s crédits par <strong>les</strong> banques<br />

avec comme conséquence une réduction drastique<br />

<strong>de</strong>s stocks à tous <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> la filière ;<br />

et enfin le cours <strong>de</strong>s changes qui influe fortement<br />

sur <strong>les</strong> échanges commerciaux ».<br />

Constatant qu’il ne faut pas s’attendre à une<br />

reprise soutenue en Europe <strong>de</strong> l’Ouest avant le<br />

second semestre 2010, et que cette reprise est<br />

déjà entamée dans <strong>les</strong> pays émergents et en<br />

voie <strong>de</strong> développement, le spécialiste juge donc<br />

« évi<strong>de</strong>nt que le cœur <strong>de</strong> l’activité économique<br />

mondiale se situera en Asie, et notamment en<br />

Chine, en In<strong>de</strong> et au Vietnam ».<br />

Un phénomène qui s’explique également par le<br />

fait que « ces pays émergents sont <strong>de</strong> très gros<br />

marchés avec un fort taux <strong>de</strong> croissance, ce qui<br />

<strong>les</strong> rend très attractifs ».<br />

Mais ce changement ne doit pas masquer l’évolution<br />

<strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong>s consommateurs.<br />

« Il y aura une augmentation <strong>de</strong>s produits à<br />

valeur ajoutée » estime Pierre-Marie Desclos<br />

glissant que « ces produits à valeur ajoutée,<br />

comme <strong>les</strong> produits d’ingénierie (lamellé-collé,<br />

OSB…), prendront une part <strong>de</strong> plus en plus<br />

conséquente dans le commerce international du<br />

bois au détriment <strong>de</strong>s produits bruts <strong>de</strong> base ».<br />

Une tendance déjà bien présente au niveau <strong>de</strong>s<br />

produits tropicaux dont <strong>les</strong> exportations en<br />

valeur se ventilaient en 1991 à raison <strong>de</strong> 90 %<br />

pour <strong>les</strong> produits bruts contre 10 % pour <strong>les</strong><br />

produits à valeur ajoutée. Ce rapport, qui était<br />

déjà passé à 50/50 en 2003-2004, penche<br />

maintenant <strong>de</strong> plus en plus nettement en<br />

faveur <strong>de</strong>s produits à valeur ajoutée.<br />

Et Pierre-Marie Desclos <strong>de</strong> conclure, jugeant<br />

que « dans notre mon<strong>de</strong> en perpétuel changement,<br />

<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> lignes directrices qui régiront<br />

le développement <strong>de</strong> la filière bois pourront<br />

se résumer selon <strong>les</strong> trois axes suivants :<br />

• développement durable,<br />

• technologie et logistique,<br />

• marketing et service ».<br />

Pierre-Marie Desclos nous propose une vision<br />

certes macroéconomique <strong>de</strong> la filière, mais elle<br />

pourrait nous concerner directement. Le mouvement<br />

qu’il anticipe paraît en effet comparable à<br />

la situation vécue par l’industrie, avec une production<br />

basique transférée hors Europe. n<br />

Pour en savoir plus :<br />

Vous pouvez approfondir ce dossier<br />

en téléchargeant un article plus étoffé<br />

sur notre portail bois (http://www.portailbois.org),<br />

rubrique “Stratégibois”,<br />

puis “Espace d'information”.<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 3


détails techniques<br />

Les nouvel<strong>les</strong> techniques <strong>de</strong> soudu<br />

Organisé par le FCBA, le 2 e Congrès international<br />

scientifique sur « La transformation<br />

<strong>de</strong>s bois feuillus » qui s'est tenu à Paris<br />

<strong>les</strong> 28 et 29 septembre <strong>2009</strong>, avait pour<br />

objectif <strong>de</strong> mettre en avant <strong>les</strong> avancées<br />

technologiques tant en matière <strong>de</strong> procédés<br />

que <strong>de</strong> produits dans le secteur <strong>de</strong> la<br />

transformation et <strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong>s<br />

bois feuillus.<br />

Cette <strong>de</strong>uxième édition se divisait en sessions<br />

distinctes axées sur quatre thématiques :<br />

1. L’analyse <strong>de</strong>s marchés, tendances, actions<br />

<strong>de</strong> promotion en faveur <strong>de</strong>s feuillus<br />

2. Le développement <strong>de</strong> produits<br />

3. L’optimisation <strong>de</strong> procédés<br />

4. Le développement durable<br />

Nous vous proposons <strong>de</strong> revenir sur quelquesunes<br />

<strong>de</strong> ces interventions dans ce numéro et <strong>les</strong><br />

numéros à venir.<br />

Nous entamerons la série avec une intervention<br />

du Professeur Antonio Pizzi <strong>de</strong> l’ENSTIB et<br />

LERMAB sur le thème <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> techniques<br />

<strong>de</strong> soudure du bois.<br />

Soudure du bois sans colle<br />

Le bois est un matériau naturel renouvelable<br />

constitué en majeure partie <strong>de</strong> polymères <strong>de</strong><br />

cellulose, d’hémicellulose et <strong>de</strong> lignine. Ces propriétés<br />

mécaniques sont connues et donc ses<br />

limites d’utilisation aussi. Certaines techniques<br />

d’ingénierie ont permis <strong>de</strong> repousser ces limites<br />

d’utilisation par assemblage <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> bois<br />

par collage avec <strong>de</strong>s col<strong>les</strong> <strong>de</strong> natures chimiques<br />

4 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Rotation<br />

du tourillon<br />

variées. Ces techniques permettent également<br />

<strong>de</strong> valoriser <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> bois limitées dans<br />

leurs dimensions. Dans ces produits constitués<br />

<strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> bois assemblées par collage, on<br />

connaît : <strong>les</strong> charpentes en bois lamellé-collé, <strong>les</strong><br />

panneaux massifs, <strong>les</strong> composants <strong>de</strong> châssis,<br />

<strong>les</strong> parquets multicouches, le contreplaqué…<br />

L’utilisation <strong>de</strong> ces col<strong>les</strong>, dans la conscientisation<br />

environnementale poussée que l’on<br />

connaît actuellement, constitue dans certains<br />

cas un frein à l’utilisation <strong>de</strong> la solution bois. Les<br />

col<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus utilisées sont souvent, entre<br />

autres, à base <strong>de</strong> formol ou formaldéhy<strong>de</strong>, produit<br />

organique volatil, dont l’inhalation serait<br />

potentiellement responsable <strong>de</strong> maladie pour<br />

l’homme. Le formaldéhy<strong>de</strong> est le composé<br />

organique volatil le plus présent dans l’air intérieur<br />

<strong>de</strong>s maisons. Or l’impact réel du formaldéhy<strong>de</strong><br />

sur la santé humaine est mal connu.<br />

Actuellement, la directive européenne COV<br />

limite la teneur et le dégagement <strong>de</strong> formaldéhy<strong>de</strong><br />

dans <strong>les</strong> produits collés ou <strong>les</strong> produits <strong>de</strong><br />

finition pour <strong>les</strong> intérieurs <strong>de</strong> maison. De nombreux<br />

efforts sont par conséquent réalisés par<br />

<strong>les</strong> fabricants <strong>de</strong> col<strong>les</strong> ou d’autres produits<br />

composés <strong>de</strong> formaldéhy<strong>de</strong> pour diminuer sa<br />

teneur et son dégagement afin <strong>de</strong> répondre<br />

aux multip<strong>les</strong> normes européennes et nationa<strong>les</strong><br />

existantes (NBN EN 120 et 717 pour <strong>les</strong><br />

panneaux à base <strong>de</strong> bois p.ex).<br />

Un autre point d’intérêt <strong>de</strong> trouver une technique<br />

<strong>de</strong> substitution du collage avec colle est<br />

tout simplement l’économie <strong>de</strong> sa production<br />

par l’industrie chimique dont <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> productions<br />

et l’inci<strong>de</strong>nce sur l’environnement<br />

sont jugés importants.<br />

Dans cette optique, afin <strong>de</strong> continuer à inscrire<br />

<strong>les</strong> matériaux bois ou à base <strong>de</strong> bois dans <strong>les</strong><br />

enjeux environnementaux présents et futurs, la<br />

perspective d’assemblage <strong>de</strong> bois sans colle est<br />

extrêmement intéressante.<br />

Support<br />

avec trou percé<br />

Friction linéaire<br />

Effort appliqué<br />

Des recherches en ce sens ont été menées par<br />

le Professeur Antony Pizzi <strong>de</strong> l’ENSTIB d’Epinal<br />

et du LERMAB. Même si <strong>les</strong> premières<br />

recherches sur le sujet remonte au brevet<br />

Suthoff en Allemagne en 1996 pour le soudage<br />

rotatif <strong>de</strong> barreaux et ont été continuées également<br />

au début <strong>de</strong>s années 2000 au sein <strong>de</strong><br />

l’École Polytechnique Fédérale <strong>de</strong> Lausanne.<br />

Monsieur Pizzi est à la base un spécialiste <strong>de</strong>s<br />

col<strong>les</strong>. Lors d’un essai portant sur le collage du<br />

bois avec <strong>de</strong>s résines thermoplastiques polymérisées<br />

par friction linéaire, l’oubli d’installation<br />

<strong>de</strong> la colle pour l’expérience a donné d’étonnants<br />

résultats. En effet, la friction seule avait<br />

suffi à coller le bois. Les propriétés <strong>de</strong> fusion du<br />

bois étaient ainsi démontrées. Des analyses<br />

plus poussées par <strong>les</strong> chercheurs français ont<br />

alors pu observer et analyser <strong>les</strong> interactions<br />

moléculaires responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> ce phénomène <strong>de</strong><br />

fusion du bois par friction.<br />

De manière globale, ils ont démontré que le<br />

soudage entre <strong>de</strong>ux pièces <strong>de</strong> bois par friction<br />

est du à :<br />

- la diffusion <strong>de</strong> matière fondue (lignine et<br />

hémicellulose, T° <strong>de</strong> réaction > 180 °C) dans<br />

<strong>les</strong> vi<strong>de</strong>s cellulaires, puis solidification ;<br />

- la déstructuration partielle du bois conduisant<br />

à la formation d’un réseau <strong>de</strong> fibres et <strong>de</strong><br />

longues cellu<strong>les</strong> enchevêtrées dans une<br />

matrice <strong>de</strong> matière fondue, puis solidification;


e du bois<br />

- <strong>de</strong>s réactions d’auto con<strong>de</strong>nsation et <strong>de</strong><br />

réticulation (lignine et furfural).<br />

La <strong>de</strong>nsité au niveau du joint <strong>de</strong> soudure peut<br />

dépasser <strong>les</strong> 1000 kg/m³.<br />

Ce procédé peut être appliqué <strong>de</strong> manière<br />

linéaire comme rotative et peut donc servir à<br />

insérer et faire adhérer <strong>de</strong>s tourillons ou chevil<strong>les</strong><br />

sans colle dans <strong>de</strong>s assemblages. Il permet<br />

d’assembler <strong>de</strong>s échantillons d’une même<br />

essence ou <strong>de</strong> plusieurs essences, selon différentes<br />

orientations du fil du bois (aboutage,<br />

contrecollage…). Il est cependant limité à <strong>de</strong>s<br />

milieux où l’humidité est exclue.<br />

Les essais <strong>de</strong> cisaillement, <strong>de</strong> flexion et d’arrachement<br />

ont donné <strong>de</strong>s résultats concluants.<br />

La résistance mécanique <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> joint,<br />

obtenue en quelques secon<strong>de</strong>s, est équivalente<br />

à celle d’une colle après 24 heures <strong>de</strong> collage.<br />

Le procédé d’assemblage par friction linéaire<br />

produits <strong>de</strong>s joints satisfaisant la norme NBN EN<br />

204 qui couvre la classification <strong>de</strong>s adhésifs en<br />

fonction <strong>de</strong> leur aptitu<strong>de</strong> à former <strong>de</strong>s assemblages<br />

d'éléments en bois non portants <strong>de</strong>stinés<br />

à être placés dans <strong>de</strong>s conditions d'exposition<br />

climatique particulières et ce pour la classe<br />

D1 : utilisation en climat intérieur sec et tempéré,<br />

humidité du bois < 15 %.<br />

Cette technologie est donc potentiellement<br />

transférable dans <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> menuiserie<br />

intérieure (parquets multicouches p.ex) et<br />

d’ameublement, notamment dans le cas <strong>de</strong>s<br />

assemblages par chevil<strong>les</strong> qui n’exige pas une<br />

technologie <strong>de</strong> mise en œuvre trop importante.<br />

En ce qui concerne l’assemblage d’éléments<br />

structuraux, la recherche est en cours. Le développement<br />

<strong>de</strong> cette technologie <strong>de</strong>vrait également<br />

permettre d’appliquer progressivement ce<br />

procédé à <strong>de</strong>s surfaces soudab<strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s et<br />

permettre la fabrication d’éléments <strong>de</strong> constructions<br />

<strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s dimensions. n<br />

Sources :<br />

École Polytechnique Fédérale <strong>de</strong> Lausanne,<br />

http://ibois.epfl.ch<br />

Institut National <strong>de</strong> Recherche Agronomique,<br />

http://www.inra.fr<br />

CRITTBOIS, Le soudage du bois,<br />

http://www.bourgogne.cci.fr<br />

FCBA, ISCHP/09, Actes <strong>de</strong> la 2ème conférence scientifique<br />

sur la transformation <strong>de</strong>s bois feuillus, A.PIZZI,<br />

New joining techniques for hardwood species<br />

CTIB-TCHN, www.ctib-tchn.be<br />

lecture<br />

Le Domaine <strong>de</strong> Mirwart comporte 1.350 hectares composés d'une magnifique forêt<br />

mêlant feuillus et résineux. Il comporte également une pisciculture renommée pour la<br />

qualité <strong>de</strong> ses truites fario. La forêt est gérée selon <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> gestion durable, et<br />

le bois récolté - soit environ 10.000 m³ annuellement - est vendu publiquement au début<br />

<strong>de</strong> chaque automne. Chargé <strong>de</strong> la Direction du Domaine, Marc Lejeune est avec Jean<br />

Pol Weber à l'origine <strong>de</strong> l'édition d'un superbe ouvrage, fruit <strong>de</strong> cinq ans <strong>de</strong> travail:<br />

« Mirwart au passé simple »<br />

C’est histoire <strong>de</strong>s gens d’ici, <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> Mirwart, <strong>de</strong> l’Ar<strong>de</strong>nne, à l’époque <strong>de</strong>s Princes<br />

d’Arenberg (1420 <strong>–</strong> 1706), avant qu’ils ne ven<strong>de</strong>nt leur château à Monsieur De Smackers.<br />

Le château actuel (<strong>de</strong> Mirwart) date du 18 e siècle. Rien à voir avec l’ancienne forteresse<br />

<strong>de</strong> l’époque! Le château actuel est plus mo<strong>de</strong>ste, il a perdu sa fonction militaire. Mirwart<br />

était autrefois la capitale d’une gran<strong>de</strong> seigneurie <strong>de</strong> 375 km² et <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 villages.<br />

Jean-Pol WEBER, historien, écrivain, documentaliste a accompli un travail exceptionnel<br />

<strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> documentation et d’écriture. Ce livre est le résultat <strong>de</strong> plusieurs<br />

années <strong>de</strong> travail.<br />

PALIX a mis en scène <strong>les</strong> histoires avec le talent qu’on lui connaît, beaucoup d’humanité<br />

et <strong>de</strong> précision historique. Tel un magicien, il fait revivre <strong>les</strong> gens d’autrefois.<br />

Marc LEJEUNE, Directeur du Domaine provincial <strong>de</strong> Mirwart et initiateur du projet avec<br />

Jean-Pol WEBER a tenu en haleine le projet <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> 5 ans <strong>de</strong> bout en bout pour<br />

qu’il aboutisse.<br />

une lecture<br />

éventuelle ou<br />

un petit article<br />

pouvant compléter<br />

cette page<br />

Ce livre fait revivre tant d’endroits, <strong>de</strong> vieux chemins du Domaine, <strong>de</strong> murail<strong>les</strong>, <strong>de</strong><br />

vieux ponts. Désormais ici <strong>les</strong> lieux-dits, <strong>les</strong> vieil<strong>les</strong> voies, <strong>les</strong> murs ont plus <strong>de</strong> sens, un<br />

autre sens ! Ce livre, c’est l’histoire <strong>de</strong> ceux qui ont fait le « Mirwart d’aujourd’hui ».<br />

Thierry SCHOLTEZ, directeur <strong>de</strong>s précieuses archives <strong>de</strong> Saint-Hubert a ouvert grand<br />

<strong>les</strong> portes <strong>de</strong>s armoires afin d’y rechercher le passé <strong>de</strong> Mirwart.<br />

C’est la Province <strong>de</strong> Luxembourg, au travers du Domaine provincial <strong>de</strong> Mirwart qui a<br />

soutenu financièrement le projet. Toutes ces histoires sont inédites, retrouvées dans<br />

<strong>les</strong> archives du Palais abbatial.<br />

Des vieux plans, parfois en peau, ont été scannés pour apparaître dans le livre. Des extraits<br />

judicaires ont permis <strong>de</strong> retrouver la trace <strong>de</strong> personnes ayant vécu ici il y a plus <strong>de</strong> 400<br />

ans, qu’ont-ils fait, comment vivaient-ils? Des vieil<strong>les</strong> missives du châtelain à Madame<br />

Marguerite <strong>de</strong> la Marck, <strong>de</strong>s reçus <strong>de</strong>s bourreaux pour exécution <strong>de</strong> leurs œuvres, signés<br />

avec une épée, <strong>de</strong>s décomptes <strong>de</strong> travaux, <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s châtelains, tout a été fouillé<br />

pour mettre à jour <strong>de</strong>s histoires inédites. Un Domaine où la «Gran<strong>de</strong> Histoire» a toujours<br />

été présente. Mirwart était à la croisée <strong>de</strong> chemins importants. L’ancien chemin <strong>de</strong><br />

Bouillon à Liège qui relie la Méditerranée à la Baltique, croise ici le grand chemin <strong>de</strong> Mirwart<br />

à Saint-Hubert (Givet-Trèves). Mirwart était déjà présent, fort probablement au<br />

temps <strong>de</strong>s Romains, au Moyen Âge certainement avec <strong>de</strong>s mentions en 955.<br />

Un livre <strong>de</strong> 136 pages, vendu au prix <strong>de</strong> 28 euros.<br />

Renseignements : Domaine provincial <strong>de</strong> Mirwart - Tél : 084 36 62 99<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 5


portrait<br />

La Direction <strong>de</strong>s ressources forestières,<br />

partenaire incontournable <strong>de</strong>s forêts wallonnes<br />

Il est <strong>de</strong>s partenaires que l’on côtoie quasi quotidiennement<br />

et dont on pense tout connaître; pourtant<br />

au hasard d’une discussion, on est amené à<br />

remettre en cause profondément son jugement.<br />

C’est cette aventure que nous avons vécue avec la<br />

Direction <strong>de</strong>s ressources forestières, l’une <strong>de</strong>s trois<br />

Directions qui composent le Département Nature et<br />

Forêt, avec la Direction <strong>de</strong> la Nature et la Direction<br />

<strong>de</strong> la Chasse et <strong>de</strong> la Pêche.<br />

Suite à la mise en application, mi-septembre 2008,<br />

du nouveau Co<strong>de</strong> forestier voté par le Parlement<br />

wallon, à l’initiative du Ministre Benoît Lutgen,<br />

nous étions curieux <strong>de</strong> découvrir l’impact <strong>de</strong> ce<br />

document <strong>de</strong> référence sur le fonctionnement <strong>de</strong><br />

cette Direction. Finalement, nous avons (re)découvert<br />

un partenaire actif dans <strong>de</strong> nombreux<br />

domaines, et <strong>de</strong>s plus importants du point <strong>de</strong> vue<br />

forestier! À telle enseigne que cet article se veut<br />

une mise en bouche, qui sera complétée à l’avenir<br />

par <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> détaillés sur certaines missions <strong>de</strong><br />

cette Direction incontournable.<br />

Étienne Gérard, le «chef d’orchestre» <strong>de</strong> la<br />

Direction <strong>de</strong>s ressources forestières, a bien<br />

préparé le terrain. Quoi <strong>de</strong> plus normal pour<br />

un forestier ! En effet, pour notre entretien,<br />

chaque responsable <strong>de</strong> cellule a été convié<br />

pour présenter ses missions… Pas moins <strong>de</strong><br />

huit personnes autour <strong>de</strong> la table, sans compter<br />

votre humble serviteur, l’échange fut<br />

d’une rare richesse !<br />

Le nouveau Co<strong>de</strong> forestier<br />

« Pour la première fois en Wallonie, le rôle<br />

multifonctionnel <strong>de</strong> la forêt est totalement<br />

consacré » entame Étienne Gérard, qui note<br />

une profon<strong>de</strong> évolution car « avant, le co<strong>de</strong><br />

était très réglementaire et très axé sur le rôle<br />

<strong>de</strong> production ». Pour le Directeur, « <strong>les</strong> fonctions<br />

économiques, écologiques et socia<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

la forêt sont désormais toutes trois prises en<br />

compte ».<br />

Mais l’homme sait que <strong>de</strong>s craintes existent.<br />

Il anticipe la question, évoquant le mot “production”<br />

qui n’est pas cité tel quel dans le<br />

nouveau Co<strong>de</strong> forestier, « ce qui fait dire à<br />

6 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Chef <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s ressources forestières, mais aussi auditeur dans le cadre <strong>de</strong> la certification PEFC,<br />

Étienne Gérard apprécie ces <strong>de</strong>ux rô<strong>les</strong> d’observateur et d’acteur <strong>de</strong> terrain.<br />

certains que cette fonction est délaissée. Il<br />

faut que <strong>les</strong> gens sachent que c’est pour nous<br />

une préoccupation importante que <strong>de</strong> remplir<br />

cette mission <strong>de</strong> production ».<br />

Et le nouveau Co<strong>de</strong> forestier est très clair à ce<br />

sujet : « il prévoit <strong>de</strong> récolter l’accroissement<br />

<strong>de</strong> la forêt ». Si par le passé, on a quelque peu<br />

capitalisé, il faut savoir qu’ «en résineux, nous<br />

sommes parvenus aujourd’hui à récolter<br />

100 % <strong>de</strong> l’accroissement, à savoir 1,1 million<br />

<strong>de</strong> m 3 par an dans <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> forêts bénéficiant<br />

du régime forestier. En matière <strong>de</strong> feuillus,<br />

avec un accroissement d’environ 600 000 m 3 ,<br />

nous restons en <strong>de</strong>çà, aux <strong>de</strong>ux tiers ». Mais<br />

le cas du feuillu est particulier, ce marché reste<br />

morose <strong>de</strong>puis quelques années.<br />

Étienne Gérard souhaite également tordre le<br />

cou à l’idée d’une opposition entre fonctions<br />

économiques et écologiques <strong>de</strong> la forêt. « Le<br />

nouveau Co<strong>de</strong> forestier prévoit d’aller dans le<br />

sens d’une forêt mélangée et d’arbres d’âges<br />

multip<strong>les</strong>. Quand on constate que <strong>les</strong> forêts<br />

wallonnes sont composées à environ 80 %<br />

<strong>de</strong> leur surface par trois essences : l’épicéa, le<br />

chêne et le hêtre, dans l’ordre ; on perçoit la<br />

nécessité d’aller vers plus <strong>de</strong> diversification.<br />

C’est nécessaire au nom <strong>de</strong> la biodiversité et<br />

cela nous permettra <strong>de</strong> lutter plus efficacement<br />

contre <strong>les</strong> effets <strong>de</strong>s changements climatiques.<br />

En jouant la carte <strong>de</strong> l’écologie, on<br />

ne met pas tous nos œufs dans le même panier,<br />

l’impact économique sera favorable ».<br />

Mais ce n’est pas là son seul argument en faveur<br />

d’une meilleure prise en compte <strong>de</strong> la<br />

fonction écologique. Comme il le rappellera<br />

à plusieurs reprises, « la fonction écologique<br />

va toujours au profit <strong>de</strong> la fonction économique.<br />

En effet, en respectant <strong>les</strong> sols, en sélectionnant<br />

<strong>de</strong>s essences adaptées aux<br />

situations, on va vers une meilleure production.<br />

C’est la gestion durable !».<br />

Dernière illustration dans ce sens: « <strong>les</strong> mesures<br />

<strong>de</strong> conservation générale du nouveau Co<strong>de</strong> forestier,<br />

applicab<strong>les</strong> aux propriétaires publics mais<br />

aussi privés, limitent <strong>les</strong> surfaces <strong>de</strong>s coupes à<br />

blanc à 5 hectares pour <strong>les</strong> résineux et à 3 hectares<br />

pour <strong>les</strong> feuillus, sauf si le propriétaire dépose<br />

un document simple <strong>de</strong> gestion ».


Pour notre interlocuteur, « on casse l’idée <strong>de</strong><br />

faire <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s coupes à blanc pour replanter<br />

toujours la même espèce. Ce type <strong>de</strong> mesure<br />

est bénéfique car il pousse le propriétaire<br />

à réfléchir sur sa gestion, d’autant que<br />

d’autres métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sylviculture existent. De<br />

nos jours, on peut recourir à <strong>de</strong>s techniques<br />

moins coûteuses, plus respectueuses <strong>de</strong> la nature<br />

et qui produisent <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

qualité. Une fois <strong>de</strong> plus, écologie peut rimer<br />

avec rentabilité !».<br />

Le gardien <strong>de</strong> notre<br />

patrimoine forestier<br />

Pour ceux qui ne verraient dans la Direction<br />

<strong>de</strong>s ressources forestières que le gestionnaire<br />

<strong>de</strong>s forêts domania<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s pouvoirs publics,<br />

ces lignes sont pour vous ! Cette Direction a<br />

en effet <strong>de</strong>s attributions beaucoup plus<br />

riches, variées, qui conditionnent l’avenir <strong>de</strong><br />

la forêt wallonne.<br />

Cette Direction panache habilement en son sein<br />

<strong>de</strong>s services complémentaires, <strong>les</strong> uns plus orientés<br />

vers l’observation, <strong>les</strong> autres vers l’action.<br />

Parmi <strong>les</strong> services plutôt dédiés à l’observation,<br />

on ne peut passer à côté <strong>de</strong> “l’inventaire<br />

permanent <strong>de</strong>s ressources<br />

forestières”. « C’est un outil important pour<br />

orienter <strong>les</strong> actions, définir <strong>les</strong> objectifs. Grâce<br />

à l’observation <strong>de</strong> 11 080 points répartis sur<br />

l’entièreté <strong>de</strong> la forêt wallonne, publique<br />

comme privée, nous disposons d’une vision<br />

complète sur nos arbres, leur accroissement,<br />

la qualité <strong>de</strong>s sols, la biodiversité, <strong>les</strong> dégats<br />

occasionnés aux peuplements par le grand gibier…<br />

» précise Hugues Lecomte, responsable<br />

<strong>de</strong> cette cellule.<br />

Autre acteur spécialisé dans le recensement: la<br />

cellule “arbres et haies remarquab<strong>les</strong>”. À ce<br />

sujet, son responsable, Martin Cléda, évoque<br />

« un inventaire global, mené <strong>de</strong> 1992 à 2004<br />

sur toutes <strong>les</strong> communes wallonnes, totalisant<br />

environ 25 000 arbres et haies remarquab<strong>les</strong>.<br />

Cette base <strong>de</strong> données, en constante évolution,<br />

tente <strong>de</strong> concentrer notre patrimoine arboré,<br />

ce qu’on pourrait appeler <strong>les</strong> “monuments<br />

verts”, que nous <strong>de</strong>vons préserver ».<br />

“Le comptoir wallon du matériel forestier”<br />

placé sous la responsabilité d’Alain Servais,<br />

à Marche-en-Famenne, est une autre<br />

composante <strong>de</strong> la Direction. Comme le souligne<br />

Étienne Gérard, « ce comptoir a une<br />

gran<strong>de</strong> importance car on y privilégie la diversité<br />

génétique. Il est capable <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s<br />

graines pour une large gamme d’essences et<br />

<strong>de</strong> provenances. Et l’enjeu est <strong>de</strong> taille car<br />

avec <strong>de</strong> bonnes graines, on peut augmenter<br />

la productivité <strong>de</strong> 20 %, c’est-à-dire la croissance<br />

<strong>de</strong> l’arbre, mais aussi sa qualité ».<br />

Autre cellule, la cellule “accès à la forêt et<br />

au patrimoine naturel”, gérée par Guy<br />

Coster. « Le nouveau Co<strong>de</strong> forestier fait obligation<br />

aux propriétaires publics <strong>de</strong> prévoir <strong>de</strong>s<br />

zones d’accès libre pour <strong>les</strong> mouvements <strong>de</strong><br />

jeunes et <strong>les</strong> activités pédagogiques. C’est<br />

une réaffirmation forte du rôle social <strong>de</strong> la<br />

forêt, que nous intégrons dans <strong>les</strong> plans<br />

d’aménagement forestier. Un autre volet que<br />

nous administrons concerne la circulation en<br />

forêt, dorénavant beaucoup plus difficile pour<br />

<strong>les</strong> engins motorisés. Nous sommes beaucoup<br />

sollicités par le grand public désireux <strong>de</strong><br />

se rendre en forêt et qui se questionne sur <strong>les</strong><br />

règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> circulation ».<br />

La cellule <strong>de</strong> “suivi sanitaire <strong>de</strong>s peuplements”,<br />

dirigée par Christian Laurent « surveille,<br />

<strong>de</strong>puis 1989, le dépérissement forestier<br />

en Région wallonne au travers <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1<br />

500 arbres-échantillons. Les causes <strong>de</strong> dommages<br />

sont également notées lorsqu’el<strong>les</strong><br />

sont i<strong>de</strong>ntifiab<strong>les</strong> : insectes, champignons, acci<strong>de</strong>nts<br />

climatiques… ». Et, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du<br />

Ministre <strong>de</strong>s Travaux publics, <strong>de</strong> l’Agriculture,<br />

<strong>de</strong> la Ruralité, <strong>de</strong> la Nature, <strong>de</strong> la Forêt et du<br />

Patrimoine <strong>de</strong> la Région, « la cellule a également<br />

rédigé, sur la base d’un groupe <strong>de</strong> travail<br />

réunissant <strong>de</strong>s scientifiques, un état <strong>de</strong>s<br />

lieux sur <strong>les</strong> répercussions possib<strong>les</strong> du changement<br />

climatique au niveau <strong>de</strong>s forêts wallonnes,<br />

ainsi que <strong>de</strong>s recommandations aux<br />

gestionnaires pour prévenir ces impacts ».<br />

À mi-chemin entre observation et action, on retrouve<br />

la cellule “coordination et suivi <strong>de</strong>s<br />

plans d’aménagement forestier”. Pour <strong>les</strong><br />

hommes <strong>de</strong> l’art, Didier Marchal et Patrick Auquière,<br />

« le plan d’aménagement est l’outil fondamental<br />

<strong>de</strong> planification <strong>de</strong> la gestion<br />

forestière. À partir d’une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong><br />

la forêt et <strong>de</strong> son environnement, il précise <strong>les</strong><br />

objectifs à atteindre, fixe <strong>les</strong> moyens techniques<br />

et budgétaires. Nous préconisons <strong>de</strong>s techniques<br />

<strong>de</strong> sylviculture variées, dont la métho<strong>de</strong><br />

“Pro Sylva”, pour maintenir la productivité <strong>de</strong> la<br />

forêt, sa capacité <strong>de</strong> régénération et sa vitalité<br />

en tenant compte <strong>de</strong> ses autres fonctions ».<br />

Cette cellule s’appuie sur <strong>de</strong>s outils d’analyse<br />

particulièrement performants, à savoir la cartographie<br />

numérique <strong>de</strong>s peuplements, <strong>de</strong>s<br />

logiciels <strong>de</strong> gestion forestière et le fichier écologique<br />

<strong>de</strong>s essences.<br />

Appartenant aux cellu<strong>les</strong> résolument tournées<br />

vers l’action et le terrain, tout d’abord<br />

la cellule “certification PEFC”. Étienne Gérard<br />

et Christian Laurent assurent <strong>les</strong> audits<br />

internes <strong>de</strong>s propriétaires forestiers publics.<br />

« Nous visitons environ 15 propriétaires publics<br />

par an pour vérifier que <strong>les</strong> engagement<br />

pris vis-à-vis <strong>de</strong> la certification PEFC sont bien<br />

tenus. C’est une action très bien perçue par<br />

<strong>les</strong> propriétaires publics, dont 95 % <strong>de</strong>s surfaces<br />

sont certifiées. Notre rencontre leur permet<br />

<strong>de</strong> relever <strong>les</strong> points forts et <strong>les</strong> points<br />

faib<strong>les</strong> <strong>de</strong> leur gestion, et on <strong>les</strong> encourage à<br />

aller plus loin !».<br />

Enfin <strong>de</strong>rnière cellule, en prise directe avec<br />

tous <strong>les</strong> autres acteurs du mon<strong>de</strong> du bois : la<br />

cellule “relations avec la filière bois”.<br />

Pour Marc Herman, son représentant, « nous<br />

sommes fort impliqués dans <strong>de</strong>s actions qui<br />

renforcent <strong>les</strong> liens au sein <strong>de</strong> la filière. Depuis<br />

cinq ans, nous avons initié le nouveau<br />

concept <strong>de</strong> “Rencontres filière BOIS”. Ce type<br />

d’événement, qui se déroule dans le cadre du<br />

salon Bois & Habitat, permet <strong>de</strong> donner une<br />

meilleure visibilité à la filière et facilite le dialogue<br />

entre ses différents acteurs ».<br />

Mais son action ne s’arrête pas là ! « Parallèlement,<br />

nous sommes également présents<br />

dans <strong>de</strong>s cursus <strong>de</strong> formation (exemple : architecture<br />

et construction bois) où notre expertise<br />

en matière <strong>de</strong> gestion forestière, <strong>de</strong><br />

connaissance <strong>de</strong>s essences <strong>de</strong> bois et du matériau<br />

est appréciée.<br />

Enfin, un aspect à ne pas négliger, nous<br />

sommes très proches <strong>de</strong> nombreux instituts<br />

<strong>de</strong> recherche. Nous en appelons à leur savoirfaire<br />

par rapport aux besoins spécifiques<br />

émanant <strong>de</strong> propriétaires forestiers, dans une<br />

seule logique : continuer à appliquer la gestion<br />

durable ».<br />

Voilà brossé, trop rapi<strong>de</strong>ment, un tableau <strong>de</strong><br />

la Direction <strong>de</strong>s ressources forestières. Nous<br />

espérons qu’il aura suffisamment éveillé votre<br />

curiosité pour vous donner envie <strong>de</strong> découvrir<br />

dans le détail <strong>de</strong>s thèmes tels que l’inventaire<br />

permanent, le rapport sur <strong>les</strong> changements<br />

climatiques, la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> sylviculture “Pro<br />

Sylva”… À bientôt. n<br />

Direction<br />

<strong>de</strong>s ressources forestières<br />

Avenue Prince <strong>de</strong> Liège 7<br />

5100 Namur (Jambes)<br />

Tél. : 081 33 58 34<br />

http://environnement.wallonie.be<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 7


éseau pierre<br />

Carmeuse et Lhoist, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux grands<br />

Notre territoire héberge <strong>de</strong>ux<br />

importants acteurs mondiaux<br />

<strong>de</strong> la production et <strong>de</strong> la commercialisation<br />

<strong>de</strong> la chaux : <strong>les</strong><br />

groupes Lhoist et Carmeuse.<br />

Même face à un climat <strong>de</strong>s<br />

affaires maussa<strong>de</strong>, Lhoist et<br />

Carmeuse préparent l’avenir,<br />

convaincus que <strong>de</strong>s temps<br />

meilleurs se profilent à l’horizon.<br />

La carrière actuellement exploitée par Lhoist Industrie S.A. a<br />

été ouverte en 1956. Elle se trouve à 3,5 km du lieu d’implantation<br />

historique <strong>de</strong> l’usine, qui lui date <strong>de</strong> 1924. Une route privée<br />

relie la carrière à l’usine, empruntée par <strong>de</strong>s camions d’un<br />

poids allant jusqu’à 109 tonnes.<br />

Mieux i<strong>de</strong>ntifier<br />

nos « poids lourds »<br />

Groupe le plus ancien par l’âge, Carmeuse<br />

s’apprête à fêter ses 150 ans en 2010. Avec<br />

environ 80 usines disséminées dans 12 pays,<br />

la marque rayonne plus particulièrement en<br />

Europe et en Amérique du Nord. 3 700 personnes<br />

travaillent au développement <strong>de</strong> ce<br />

Exemple d’un four Maerz sur le site <strong>de</strong> Lhoist Industrie S.A.,<br />

à Jemelle.<br />

8 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Photo : © Lhoist<br />

groupe qui affiche, en rythme <strong>de</strong> croisière<br />

normal, une production d’environ 13 millions<br />

<strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> chaux.<br />

Autre acteur, le groupe Lhoist, a acquis son<br />

premier site d’exploitation à la fin du<br />

XIX e siècle, en 1889 pour être exact, à Hermalle.<br />

Depuis, le groupe n’a cessé <strong>de</strong><br />

s’étendre, en Wallonie et dans le mon<strong>de</strong>,<br />

comptant à ce jour environ 6 000 collaborateurs.<br />

À l’origine du succès <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux entreprises,<br />

une matière première : le calcaire. À<br />

partir <strong>de</strong> cette pierre, Lhoist et Carmeuse<br />

transforment et commercialisent toute une<br />

gamme <strong>de</strong> produits issus <strong>de</strong> sa calcination :<br />

chaux vive, chaux hydratée, dolomie, mais<br />

Le site Lhoist Industrie S.A., à Jemelle, se compose <strong>de</strong> cinq fours annulaires et d’un four Maerz.<br />

Photo : © Lhoist<br />

Photo : © Lhoist


producteurs <strong>de</strong> chaux belges tiennent bon<br />

Photo : © Carmeuse s.a.<br />

aussi <strong>de</strong>s produits crus : pierre à teneur,<br />

filler.<br />

Les marchés visés par ces sociétés sont nombreux<br />

: industrie chimique, industrie agroalimentaire,<br />

industrie papetière, construction,<br />

stabilisation <strong>de</strong>s sols, traitement <strong>de</strong>s déchets,<br />

traitement <strong>de</strong>s fumées, traitement <strong>de</strong>s boues<br />

et eaux… mais la sidérurgie s’y taille une<br />

place encore importante.<br />

Quand on sait qu’il faut environ 30 à 40 kg<br />

<strong>de</strong> chaux pour assurer la production d’1<br />

tonne d’acier pur, on comprend le poids <strong>de</strong><br />

ce secteur et <strong>les</strong> répercussions que peut avoir<br />

une baisse <strong>de</strong> ses comman<strong>de</strong>s !<br />

Coup <strong>de</strong> frein brutal<br />

Notre enquête nous a amenés à rencontrer<br />

Laurence Indri, coordinateur Qualité, Sécurité,<br />

Environnement pour <strong>les</strong> trois usines<br />

belges du groupe Lhoist, et Conseiller en prévention<br />

pour Lhoist Industrie S.A. En compagnie<br />

du directeur du site, Éric Deschuyteneer,<br />

elle nous décrit l’usine <strong>de</strong> Jemelle, toute<br />

proche <strong>de</strong> Rochefort, à cheval sur <strong>les</strong> provinces<br />

<strong>de</strong> Luxembourg et <strong>de</strong> Namur.<br />

« L’usine <strong>de</strong> Jemelle, Lhoist Industrie S.A.,<br />

emploie une centaine <strong>de</strong> personnes. Ici, on<br />

ne produit que <strong>de</strong> la chaux, à partir d’un<br />

gisement d’une très gran<strong>de</strong> qualité. Notre<br />

marché est principalement sidérurgique car<br />

nous profitons <strong>de</strong> la proximité géographique<br />

Le site Carmeuse s.a. d’Aisemont accueille cinq fours verticaux Maerz.<br />

<strong>de</strong> clients d’importance dans ce domaine,<br />

situés au Grand-Duché <strong>de</strong> Luxembourg ou<br />

en Belgique ».<br />

Les difficultés sont apparues au terme <strong>de</strong><br />

l’année 2008. Comme le précise la jeune<br />

femme, « nous avons ressenti un coup <strong>de</strong><br />

frein violent du fait <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong> la sidérurgie<br />

fin 2008. Il y a un effet <strong>de</strong> dominos quasi<br />

immédiat avec notre secteur car il est impossible<br />

<strong>de</strong> faire beaucoup <strong>de</strong> stocks <strong>de</strong> chaux.<br />

Ce produit est très réactif, ne serait-ce qu’à<br />

l’humidité. Alors, nous avons été contraints<br />

<strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s fours à l’arrêt, fin 2008 et<br />

début <strong>2009</strong>. Notre rythme <strong>de</strong> production a<br />

dû s’adapter à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ».<br />

Monique Van <strong>de</strong>n Bulcke, Directrice Environnement<br />

et Communication <strong>de</strong> Carmeuse s.a.<br />

ne démentira par sa consœur, relevant que<br />

« la crise <strong>de</strong> la sidérurgie a eu un effet immédiat<br />

sur nos cinq sites <strong>de</strong> production wallons,<br />

et sur notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui<br />

encore, certains <strong>de</strong> nos fours sont à l’arrêt,<br />

mais nous en profitons pour avancer <strong>les</strong><br />

cyc<strong>les</strong> d’entretien et nous nous réorganisons<br />

pour occuper un maximum <strong>de</strong> personnes ».<br />

Pour autant l’heure n’est pas à la déprime,<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux sociétés travaillent d’arrache-pied<br />

afin que la crise ne soit plus qu’un mauvais<br />

souvenir.<br />

Pour Carmeuse s.a. et sa représentante,<br />

Monique Van <strong>de</strong>n Bulcke, « sur le long<br />

terme, <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> substitution au sec-<br />

Pour Laurence Indri, la conjoncture économique est<br />

difficile et <strong>les</strong> prévisions restent incertaines. Il faut<br />

donc en permanence adapter l’outil aux volumes <strong>de</strong>mandés<br />

par <strong>les</strong> clients.<br />

teur sidérurgique <strong>de</strong>vraient gagner en maturité.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s niches, avec <strong>de</strong>s volumes <strong>de</strong><br />

vente inférieurs, comme le traitement <strong>de</strong>s<br />

fumées, l’amélioration <strong>de</strong>s sols ou <strong>de</strong> l’eau,<br />

mais ces secteurs peuvent être source d’une<br />

gran<strong>de</strong> valeur ajoutée ».<br />

D’autre part, la responsable Environnement<br />

et Communication <strong>de</strong> Carmeuse s.a. ne<br />

cache pas que « nous avons un département<br />

R&D qui travaille sur <strong>de</strong> nouveaux projets qui<br />

se concrétiseront dans l’avenir ».<br />

Les <strong>de</strong>ux sociétés travaillent par ailleurs sur la<br />

compression <strong>de</strong> leurs coûts <strong>de</strong> production.<br />

uuu<br />

Si Monique Van <strong>de</strong>n Bulcke n’arrive pas à imaginer<br />

un mon<strong>de</strong> sans chaux, la récente crise pose la question<br />

du niveau auquel <strong>les</strong> outils sidérurgiques belges<br />

vont pouvoir se repositionner.<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 9


Photo : © Lhoist<br />

réseau pierre<br />

Vue générale sur Lhoist Industrie S.A.<br />

uuu<br />

De la difficulté répétée<br />

d’accé<strong>de</strong>r à la ressource !<br />

Le <strong>de</strong>rnier rapport annuel <strong>de</strong> la Fediex (Fédération <strong>de</strong>s<br />

industries extractives <strong>de</strong> Belgique), daté <strong>de</strong> 2008 s’en<br />

fait l’écho, mais la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est pressante <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong>s industriels. Ils craignent <strong>de</strong> ne plus pouvoir exercer<br />

leur activité en Wallonie faute <strong>de</strong> sites à exploiter.<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fediex, Jacques-Bernard <strong>de</strong> Jongh, exprime une inquiétu<strong>de</strong><br />

collective, notant que « l’accès aux gisements est vital pour l’avenir<br />

<strong>de</strong> l’industrie extractive. Faire inscrire <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> zones d’extraction au<br />

plan <strong>de</strong> secteur est un combat <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> jours. Les délais en matière <strong>de</strong><br />

décisions administratives sont interminab<strong>les</strong>. Le cadre réglementaire (essentiellement<br />

lié à l’aménagement du territoire) est en mutation permanente.<br />

Cette instabilité ne permet pas aux industriels carriers d’anticiper<br />

<strong>les</strong> choix stratégiques nécessaires à leur développement économique à<br />

long terme ». Pourtant <strong>les</strong> industriels et la Fédération ne restent pas passifs<br />

: « nous continuerons à œuvrer pour convaincre <strong>les</strong> pouvoirs respon-<br />

10 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Du côté <strong>de</strong> l’usine Lhoist <strong>de</strong> Jemelle, Laurence<br />

Indri et Éric Deschuyteneer mettent<br />

l’accent sur l’efficience. « Nous essayons<br />

d’optimiser l’ensemble <strong>de</strong>s paramètres qui<br />

rentrent en ligne <strong>de</strong> compte dans le coût <strong>de</strong><br />

revient <strong>de</strong> la chaux. Nous sommes très attentifs<br />

aux économies d’énergie, au coût <strong>de</strong>s<br />

matières premières et aux frais <strong>de</strong> maintenance<br />

».<br />

Par contre un spectre plane autour <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

géants, la raréfaction <strong>de</strong> plusieurs gisements<br />

qui ne présentent plus actuellement que 10<br />

à 15 ans <strong>de</strong> réserves.<br />

Préparer l’exploitation<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>main<br />

Le site <strong>de</strong> Lhoist Industrie S.A. n’est pas épargné<br />

par cette incertitu<strong>de</strong>. Les gisements qui<br />

<strong>de</strong>meurent exploitab<strong>les</strong> aujourd’hui sont<br />

insuffisants pour couvrir <strong>de</strong>s investissements<br />

qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus <strong>de</strong> 20 ans d’exploitation<br />

avant d’accé<strong>de</strong>r à un début <strong>de</strong> rentabilité.<br />

« Nous avons créé un groupe <strong>de</strong> travail pour<br />

analyser <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> possibilités d’exploitation<br />

» détaillent nos témoins, pointant le<br />

caractère particulier du site <strong>de</strong> Jemelle. « Le<br />

fond <strong>de</strong> la carrière est actuellement limité à<br />

l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 220 m au-<strong>de</strong>ssus du niveau <strong>de</strong><br />

la mer. Dans 15 ans, <strong>les</strong> réserves exploitab<strong>les</strong><br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ce niveau seront épuisées. Afin<br />

d’assurer la pérennité du site, nous souhaitons<br />

approfondir la carrière jusqu’au niveau<br />

160 m ».<br />

On comprend mieux la constitution <strong>de</strong> ce<br />

groupe <strong>de</strong> travail réunissant <strong>de</strong>s experts en<br />

hydrogéologie, sous la supervision <strong>de</strong> la Division<br />

<strong>de</strong>s eaux souterraines <strong>de</strong> la Région Wallonne,<br />

quand on sait qu’ « avant d’envisager<br />

une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> permis, Lhoist Industrie S.A.<br />

veut s’assurer qu’il est possible <strong>de</strong> garantir à<br />

long terme l’approvisionnement en eau, en<br />

qualité et en quantité, <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Roche-<br />

sab<strong>les</strong> <strong>de</strong> gagner en cohérence et en rapidité en cette matière essentielle…<br />

».<br />

L’optimisme reste également <strong>de</strong> rigueur… « Des réformes relativement<br />

simp<strong>les</strong> à mettre en œuvre pourraient gran<strong>de</strong>ment améliorer la situation,<br />

par exemple en autorisant <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s conjointes <strong>de</strong> modification <strong>de</strong><br />

plans <strong>de</strong> secteur et <strong>de</strong> permis. L’adoption d’une telle disposition permettrait<br />

<strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s projets complets, répondant aux inquiétu<strong>de</strong>s légitimes<br />

<strong>de</strong>s riverains <strong>de</strong>s futures exploitations. Cette disposition éviterait<br />

également <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s redondantes et accélérerait <strong>les</strong> procédures, tout en<br />

améliorant la lisibilité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s !».


Vue aérienne du site Carmeuse s.a. d’Aisemont avec au premier plan la carrière actuellement exploitée; à côté, le bassin <strong>de</strong> décantation, lieu <strong>de</strong> développement d’une très forte biodiversité;<br />

et au fond l’usine.<br />

fort et <strong>de</strong> l’Abbaye Notre-Dame-<strong>de</strong>-Saint-<br />

Rémy qui produit la bière trappiste, la<br />

“Rochefort” ».<br />

La première phase <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> est en cours. Il<br />

s’agit d’une phase d’observation du comportement<br />

<strong>de</strong> la source <strong>de</strong> Tridaine et <strong>de</strong> la circulation<br />

<strong>de</strong>s eaux souterraines.<br />

Accès à la ressource également difficile pour<br />

Carmeuse s.a., au niveau <strong>de</strong> son site d’Aisemont,<br />

sur la commune <strong>de</strong> Fosses-la-Ville.<br />

« Ce site est le plus important que nous<br />

ayons en Wallonie. On y compte cinq fours<br />

verticaux Maerz, un outil <strong>de</strong>s plus performants.<br />

À cet endroit, nous avons <strong>de</strong>ux fosses<br />

en fin <strong>de</strong> vie. On nous a accordé une possibilité<br />

d’extension d’environ 10 hectares, ce<br />

qui est insuffisant pour assurer un avenir à<br />

long terme au site » rapporte la Directrice<br />

Environnement et Communication.<br />

Pour elle, « il est très important que l’on nous<br />

accor<strong>de</strong> <strong>les</strong> permis pour exploiter une nouvelle<br />

carrière, certes éloignée <strong>de</strong>s fours d’Aisemont,<br />

mais qui reste joignable sans difficultés<br />

par voie ferrée ».<br />

L’enjeu est <strong>de</strong> taille. « Cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> n’est<br />

pas récente, elle a plusieurs années. La modification<br />

du plan <strong>de</strong> secteur, qui nous permettrait<br />

d’introduire un permis, n’a pas encore<br />

abouti. Il est important que nous puissions,<br />

Carmeuse s.a. comme le groupe Lhoist,<br />

exploiter <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> carrières. Sinon, c’est<br />

un secteur entier, richesse et fierté <strong>de</strong> la<br />

région, qui risque <strong>de</strong> disparaître ! Mais nous<br />

n’en sommes pas là, nous gardons bon<br />

espoir » affirme Monique Van <strong>de</strong>n Bulcke.<br />

Pourtant la carrière d’aujourd’hui n’a plus<br />

rien à voir avec celle d’hier. Le secteur est<br />

composé d’usines responsab<strong>les</strong> qui attachent<br />

une gran<strong>de</strong> importance à l’environnement,<br />

travaillant à la réduction <strong>de</strong> leurs émis-<br />

sions en CO 2, ou encore en pointe en matière<br />

<strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s pollutions<br />

(directive européenne IPPC).<br />

La charte, signée en 2008, avec <strong>les</strong> agriculteurs<br />

en est une preuve <strong>de</strong> plus. Elle vise à<br />

restituer <strong>les</strong> terres au mon<strong>de</strong> agricole,<br />

grâce à <strong>de</strong>s remblais, au terme <strong>de</strong> l’exploitation.<br />

n<br />

Les bassins <strong>de</strong> décantation sont <strong>de</strong>s espaces uniques pour accueillir une faune et une flore diversifiées,<br />

à l’image <strong>de</strong>s hiron<strong>de</strong>l<strong>les</strong> <strong>de</strong> rivage qui aiment nicher à leur proximité.<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 11<br />

Photo : © Carmeuse s.a.<br />

Photo : © Carmeuse s.a.


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

Le réseau<br />

Natura 2000<br />

en Wallonie…<br />

Opportunité ou menace<br />

pour <strong>les</strong> secteurs pierre et bois ?<br />

Le sujet n’est pas vraiment nouveau… on en parle <strong>de</strong>puis<br />

tellement longtemps, trop peut-être ! De telle sorte que <strong>les</strong><br />

craintes, <strong>les</strong> doutes, étayés par la simple méconnaissance du<br />

sujet, ont poussé différents protagonistes <strong>de</strong> ce dossier, en<br />

premier lieu <strong>de</strong>s agriculteurs et <strong>de</strong>s forestiers, à une certaine<br />

frilosité.<br />

“Dans le doute, abstiens-toi” dit le proverbe populaire.<br />

Pourtant, il y a <strong>de</strong>rrière Natura 2000 une ambition en faveur<br />

<strong>de</strong> la biodiversité qui dépasse la simple sphère <strong>de</strong>s intérêts<br />

individuels.<br />

Au travers <strong>de</strong> Natura 2000, l’individu sert la collectivité,<br />

pourrait-on dire !<br />

Mais à quel prix ? C’est ce que nous avons souhaité savoir.<br />

Devant la complexité du sujet, nous avons décidé d’articuler<br />

ce dossier en <strong>de</strong>ux grands chapitres.<br />

Tout d’abord, une excursion dans <strong>les</strong> arcanes <strong>de</strong> Natura 2000<br />

pour comprendre le bien fondé <strong>de</strong> la démarche, sa portée<br />

en Europe et <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> qui prési<strong>de</strong>nt à son fonctionnement<br />

au niveau wallon.<br />

Dans un second temps, nous nous sommes entretenus avec<br />

différents protagonistes, incontournab<strong>les</strong> dès qu’il s’agit<br />

d’évoquer Natura 2000 : administration, représentants <strong>de</strong>s<br />

propriétaires forestiers publics et privés, environnementalistes,<br />

fédération <strong>de</strong>s industries extractives, fédération <strong>de</strong>s<br />

exploitants forestiers… Des rencontres qui témoignent<br />

d’une volonté commune d’aller <strong>de</strong> l’avant, sans précipitation,<br />

avec métho<strong>de</strong> et pédagogie. Puisse cet article également<br />

y concourir, tant l’enjeu est d’importance.<br />

12 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong>


UN CONSTAT : LA DISPARITION DES ESPÈCES VÉGÉTALES ET ANIMALES<br />

Année après année, <strong>de</strong> colloques en<br />

réunions internationa<strong>les</strong> associant <strong>les</strong> chefs<br />

d’état <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> plus influents <strong>de</strong> la planète,<br />

on ne cesse <strong>de</strong> s’élever contre la disparition<br />

d’espèces mammifères, d’oiseaux, <strong>de</strong><br />

plantes, <strong>de</strong> poissons… À force <strong>de</strong> tirer la sonnette<br />

d’alarme, nombre <strong>de</strong> nos contemporains<br />

sont <strong>de</strong>venus sourds à ces appels ! Pourtant,<br />

la situation du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> l’Europe, en<br />

terme <strong>de</strong> biodiversité, est alarmante.<br />

Aux yeux <strong>de</strong>s chercheurs et spécialistes réunis<br />

en 2005 à la Conférence internationale sur la<br />

biodiversité, le quart <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> mammifères<br />

et près d’un sixième <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong><br />

plantes, <strong>de</strong> repti<strong>les</strong>, <strong>de</strong> poissons et d’oiseaux<br />

sont menacées d’extinction dans le mon<strong>de</strong>, et<br />

ce à un horizon très proche : 2050.<br />

Déjà en 1992, quelques étu<strong>de</strong>s donnaient la<br />

mesure du problème. Sans vouloir abreuver<br />

le lecteur <strong>de</strong> données chiffrées en excès, il<br />

convient tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong> noter que la seule<br />

Europe, qui comptait alors 250 espèces <strong>de</strong><br />

mammifères différentes, avait le triste privilège<br />

d’en dénombrer 42 % menacées <strong>de</strong> disparition.<br />

Pour <strong>les</strong> repti<strong>les</strong> et amphibiens, <strong>les</strong> projections<br />

ne sont guère plus optimistes, 270<br />

espèces présentes et 42 % également menacées.<br />

Pire pour <strong>les</strong> poissons d’eau douce avec<br />

52 % voués à disparaître sur quelque 227<br />

espèces. Enfin, <strong>les</strong> oiseaux, 15 % menacés<br />

d’extinction sur une diversité <strong>de</strong> 520 espèces.<br />

Les causes <strong>de</strong> cette situation<br />

L’accroissement sans précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la vitesse<br />

<strong>de</strong> disparition <strong>de</strong>s espèces est à imputer<br />

quasi exclusivement à l’action humaine.<br />

Tout d’abord par l’effet direct <strong>de</strong> l’intensification<br />

<strong>de</strong>s activités humaines. El<strong>les</strong> engendrent<br />

l’éradication <strong>de</strong>s habitats naturels, ou leur<br />

détérioration du fait <strong>de</strong> la pollution.<br />

Mais l’homme est également responsable <strong>de</strong><br />

manière indirecte <strong>de</strong> cette situation, par <strong>les</strong><br />

changements climatiques qu’il provoque.<br />

L’une <strong>de</strong>s plus sérieuses menaces qui pèsent<br />

sur la biodiversité est la fragmentation <strong>de</strong>s<br />

écosystèmes en parcel<strong>les</strong> <strong>de</strong> plus en plus<br />

ténues. Ce mouvement engendre la disparition<br />

<strong>de</strong>s biotopes nécessaires à la survie <strong>de</strong>s<br />

espèces.<br />

Sur la pério<strong>de</strong> 1990-2000, l’observation par<br />

satellite, initiée par l’Agence européenne <strong>de</strong><br />

l’environnement, a permis <strong>de</strong> visualiser sur<br />

31 pays européens l’accroissement spectaculaire<br />

<strong>de</strong> cette fragmentation du paysage. La<br />

Belgique détenant le record <strong>de</strong> la fragmentation<br />

la plus intensive avec le Luxembourg et<br />

ensuite l’Allemagne.<br />

Le regard <strong>de</strong> Jean-Marie Pelt<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Institut européen d’écologie<br />

Le professeur français, Jean-Marie Pelt, est un éminent spécialiste <strong>de</strong> la biodiversité,<br />

à telle enseigne qu’il jouit <strong>de</strong> l’oreille attentive <strong>de</strong> certains gouvernants. À l’occasion<br />

<strong>de</strong>s Entretiens <strong>de</strong> la Biodiversité 2008, il adressait un vibrant plaidoyer en faveur<br />

<strong>de</strong> la biodiversité, pointant du doigt la responsabilité <strong>de</strong> l’homme dans la 6 ème<br />

gran<strong>de</strong> vague d’extinction <strong>de</strong>s espèces.<br />

« La riche biodiversité qui nous entoure, encore si mal connue, subit une<br />

érosion d’autant plus forte et rapi<strong>de</strong> que l’action <strong>de</strong> l’homme sur la nature<br />

génère <strong>de</strong>s déséquilibres qui privent <strong>de</strong> nombreuses espèces <strong>de</strong>s conditions<br />

<strong>de</strong> vie et d’habitat qui leur sont nécessaires pour survivre.<br />

(…) L’Union Internationale <strong>de</strong> Conservation <strong>de</strong> la Nature (UICN) publie régulièrement<br />

un livre rouge où figurent <strong>les</strong> espèces menacées. Elle en répertorie<br />

environ 17 000, un chiffre évi<strong>de</strong>mment bien inférieur à la réalité puisqu’il faudrait,<br />

pour avoir une vue exhaustive <strong>de</strong> l’intensité <strong>de</strong>s extinctions, une myria<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> naturalistes observateurs sur le terrain qui chacun suivrait l’évolution <strong>de</strong>s<br />

menaces et <strong>de</strong>s extinctions pour <strong>les</strong> différentes espèces connues.<br />

(…) Un fait cependant s’impose à l’évi<strong>de</strong>nce : nous accélérons prodigieusement<br />

le rythme <strong>de</strong>s extinctions et il n’est pas faux <strong>de</strong> dire que l’homme<br />

est responsable <strong>de</strong> la sixième gran<strong>de</strong> extinction <strong>de</strong>s espèces après cel<strong>les</strong><br />

produites par <strong>de</strong>s désastres géologiques, chutes <strong>de</strong> météorites ou volca-<br />

Faut-il sauver la biodiversité ?<br />

La question se veut résolument provocatrice,<br />

mais pourquoi ne pas envisager un mon<strong>de</strong><br />

avec moins d’espèces? Un tel raisonnement<br />

n’est heureusement pas défendable tant la<br />

biodiversité constitue un patrimoine et une ressource.<br />

Évoquons plusieurs pistes à méditer:<br />

■ La biodiversité est un héritage qui résulte<br />

<strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> notre planète, <strong>de</strong> l’évolution<br />

du mon<strong>de</strong> vivant et souvent <strong>de</strong> l’intervention<br />

<strong>de</strong> nos ancêtres.<br />

■ La biodiversité est souvent une composante<br />

i<strong>de</strong>ntitaire, symbolique voire religieuse<br />

<strong>de</strong> groupes humains et <strong>de</strong>s sociétés.<br />

■ La biodiversité a une portée écologique<br />

car elle favorise la fertilité <strong>de</strong>s sols, la purification<br />

<strong>de</strong> l’eau, le maintien <strong>de</strong>s équilibres<br />

gazeux, la régulation du climat.<br />

■ La biodiversité est source <strong>de</strong> richesse économique.<br />

Elle fournit à l’espèce humaine<br />

son alimentation, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

ses vêtements et <strong>de</strong> ses habitations, <strong>de</strong><br />

nombreuses substances pharmaceutiques<br />

et l’attrait <strong>de</strong> nombreux sites touristiques.<br />

Conserver la biodiversité et <strong>les</strong> interactions<br />

entre <strong>les</strong> espèces et leur milieu, c’est finalement<br />

maintenir un potentiel évolutif pour la<br />

planète et une capacité durable d’adaptation<br />

aux changements.<br />

nisme intense ; au cours <strong>de</strong>s temps géologiques, à la fin <strong>de</strong>s ères primaire<br />

et secondaire en particulier.<br />

(…) Les causes <strong>de</strong> ces extinctions sont connues. En premier lieu sans doute<br />

<strong>les</strong> déforestations massives <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s forêts tropica<strong>les</strong>. (…) Or l’essentiel<br />

<strong>de</strong> la biodiversité se concentre dans la ceinture intertropicale. Lorsqu’une forêt<br />

disparaît brûlée pour y installer <strong>de</strong>s champs agrico<strong>les</strong>, inondée pour créer <strong>de</strong>s<br />

barrages ou détruite au bulldozer pour l’exploitation du bois, <strong>les</strong> espèces inféodées<br />

aux arbres, végéta<strong>les</strong> ou anima<strong>les</strong>, disparaissent en même temps.<br />

(…) L’assèchement <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s, très riches en biodiversité, aboutit<br />

aussi à <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s pertes. Et que dire <strong>de</strong>s grands travaux <strong>de</strong> génie civil qui<br />

réduisent chaque année <strong>les</strong> espaces naturels ou cultivés.<br />

Raison pour laquelle <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’impact doivent impérativement être<br />

menées avant l’ouverture <strong>de</strong>s grands chantiers pour tenter <strong>de</strong> sauver la<br />

faune et la flore menacées. »<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 13


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

NATURA 2000 : LA RIPOSTE EUROPÉENNE POUR SAUVER LA BIODIVERSITÉ<br />

Depuis 1992, l’Union Européenne, consciente<br />

<strong>de</strong> la disparition progressive <strong>de</strong> la biodiversité,<br />

s’est lancée dans une politique ambitieuse<br />

pour la conservation <strong>de</strong> la nature. Le réseau<br />

Natura 2000 en est le fer <strong>de</strong> lance, avec<br />

comme objectif <strong>de</strong> stopper la perte <strong>de</strong> biodiversité<br />

d’ici 2010.<br />

À noter l’importance du terme « réseau » : la<br />

conservation <strong>de</strong> la biodiversité ne peut être<br />

efficace que si elle prend en compte, partout,<br />

<strong>les</strong> besoins <strong>de</strong>s populations anima<strong>les</strong> et végéta<strong>les</strong>,<br />

qui ne connaissent pas <strong>les</strong> frontières<br />

administratives entre États.<br />

Le réseau Natura 2000<br />

La mise en place du réseau Natura 2000 s’appuie<br />

sur l’application <strong>de</strong>s directives<br />

« Oiseaux » et « Faune, Flore, Habitats »,<br />

adoptées respectivement en 1979 et 1992.<br />

El<strong>les</strong> donnent aux États membres <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne un cadre commun d’intervention<br />

en faveur <strong>de</strong> la préservation <strong>de</strong>s espèces<br />

et <strong>de</strong>s milieux naturels. C’est <strong>de</strong> la réunion<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux directives qu’est né le réseau<br />

Natura 2000, plus précisément la rencontre<br />

entre <strong>les</strong> zones <strong>de</strong> protection spéciale (ZPS)<br />

et <strong>les</strong> zones spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> conservation (ZSC).<br />

Les zones <strong>de</strong> protection spéciale (ZPS)<br />

Adoptée en 1979, la directive « Oiseaux »<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux États membres <strong>de</strong> l’Union<br />

européenne <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s ZPS, ou<br />

zones <strong>de</strong> protection spéciale, sur <strong>les</strong> territoires<br />

<strong>les</strong> plus appropriés en nombre et en<br />

superficie afin d’assurer un bon état <strong>de</strong><br />

conservation à 175 espèces et sous-espèces<br />

d’oiseaux menacées, vulnérab<strong>les</strong> ou rares.<br />

Les États membres ont la responsabilité d’assurer<br />

la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces espèces et plus<br />

particulièrement celle <strong>de</strong>s oiseaux migrateurs,<br />

patrimoine commun <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> Européens.<br />

Ils doivent préserver <strong>les</strong> divers habitats<br />

naturels, milieux <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s oiseaux sauvages.<br />

En mai 2006, on dénombrait 3 862 ZPS (hors<br />

sites maritimes) soit une superficie d’environ<br />

350 000 km 2 , presque 9 % du territoire <strong>de</strong><br />

l’Union.<br />

Les zones spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong> conservation (ZSC)<br />

Instaurées en 1992 par la directive « Faune,<br />

Flore, Habitats », <strong>les</strong> zones spécia<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

conservation ont pour objectif la conservation<br />

<strong>de</strong> sites écologiques présentant soit :<br />

■ <strong>de</strong>s habitats naturels ou semi-naturels<br />

d’intérêt communautaire, <strong>de</strong> part leur<br />

rareté, ou le rôle écologique primordial<br />

qu’ils jouent (la liste <strong>de</strong>s 231 habitats<br />

14 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

naturels d’intérêt communautaire est établie<br />

par l’annexe I <strong>de</strong> la directive),<br />

■ <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> faune et <strong>de</strong> flore d’intérêt<br />

communautaire, là aussi pour leur rareté,<br />

leur valeur symbolique, le rôle essentiel<br />

qu’ils tiennent dans l’écosystème (la liste<br />

<strong>de</strong>s 632 espèces est établie en annexe II<br />

<strong>de</strong> la directive).<br />

On le comprend aisément par le nombre<br />

d’habitats et d’espèces visés, la désignation<br />

<strong>de</strong>s ZSC est plus longue que <strong>les</strong> ZPS.<br />

Chaque État commence à inventorier <strong>les</strong> sites<br />

potentiels sur son territoire. Il fait ensuite <strong>de</strong>s<br />

propositions à la Commission européenne,<br />

sous la forme <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong> sites d’intérêt<br />

communautaire. Après approbation par<br />

la Commission, la proposition est inscrite<br />

comme site d’intérêt communautaire pour<br />

l’Union européenne et ce <strong>de</strong>rnier est intégré<br />

au réseau Natura 2000.<br />

Un arrêté promulgué par le pays membre<br />

officialise le site au sein <strong>de</strong> Natura 2000.<br />

La nature et <strong>les</strong> hommes<br />

Natura 2000 se distingue par sa volonté <strong>de</strong><br />

faire cohabiter <strong>les</strong> activités humaines avec une<br />

nature préservée. Les sites désignés recèlent<br />

une biodiversité (ou un potentiel <strong>de</strong> biodiversité)<br />

riche qui a été conservée, dans bien <strong>de</strong>s<br />

cas, par <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> gestion extensives.<br />

Ces écosystèmes à préserver sont donc fréquemment<br />

intégrés aux activités humaines.<br />

La biodiversité permet donc la vie mais participe<br />

également à notre économie.<br />

En bleu foncé, <strong>les</strong> sites qui constituent, en décembre 2008, le réseau Natura 2000 au sein <strong>de</strong> l’Union européenne.


LA MISE EN PLACE DU RÉSEAU NATURA 2000 EN WALLONIE<br />

La Wallonie ne déroge pas à la règle qui veut<br />

que <strong>les</strong> régions développées soient <strong>les</strong> moins<br />

en pointe en matière d’évolution <strong>de</strong> la biodiversité.<br />

Notre territoire présentait, en 1992,<br />

<strong>de</strong>s pourcentages d’espèces menacées très<br />

proches <strong>de</strong>s données européennes :<br />

- 70 espèces <strong>de</strong> mammifères présentes et<br />

41 % risquant l’extinction,<br />

- 167 espèces d’oiseaux dont 23 % en danger,<br />

- 24 espèces <strong>de</strong> repti<strong>les</strong> et amphibiens pour<br />

45 % à surveiller <strong>de</strong> près,<br />

- 58 espèces <strong>de</strong> poissons d’eau douce dont<br />

54 % vouées à disparaître,<br />

- et donnée nouvelle, sur <strong>les</strong> plus ou moins<br />

1 000 espèces <strong>de</strong> plantes supérieures,<br />

30 % en sursis.<br />

Un tableau peu idyllique s’il en est !<br />

Un démarrage chaotique<br />

À cela, il convient <strong>de</strong> rappeler également<br />

« l’accouchement » difficile qui aura été celui<br />

<strong>de</strong> Natura 2000 en Wallonie : l’Union européenne<br />

laissait du temps aux États membres<br />

pour retranscrire ces directives en textes<br />

légaux et pour désigner <strong>les</strong> sites.<br />

Suite au retard accumulé par la Région wallonne<br />

dans la mise en œuvre <strong>de</strong>s directives,<br />

l’Europe a intenté <strong>de</strong>s actions judiciaires et l’a<br />

menacée <strong>de</strong> sanctions financières.<br />

La Région wallonne a dû désigner <strong>les</strong> sites<br />

dans l’urgence, sans concertation suffisante<br />

avec <strong>les</strong> partenaires concernés.<br />

Cet épiso<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> mieux comprendre<br />

pourquoi l’assise <strong>de</strong> Natura 2000 en Wallonie<br />

n’est que juridique et scientifique.<br />

Côté droit, un décret wallon a transposé<br />

régionalement <strong>les</strong> directives européennes.<br />

Côté scientifique, une mission <strong>de</strong> quelques<br />

mois a été confiée au Centre <strong>de</strong> Recherche<br />

<strong>de</strong> la Nature, <strong>de</strong>s Forêts et du Bois (C<strong>RN</strong>FB)<br />

pour i<strong>de</strong>ntifier et cartographier tous <strong>les</strong> sites<br />

susceptib<strong>les</strong> d’être éligib<strong>les</strong> pour le réseau<br />

Natura 2000.<br />

La physionomie du réseau<br />

Natura 2000 en Wallonie<br />

En région wallonne, 240 sites Natura 2000<br />

ont été i<strong>de</strong>ntifiés, recouvrant une surface <strong>de</strong><br />

220 944 hectares, soit 13,1 % du sol wallon.<br />

Ils sont notamment composés :<br />

■ <strong>de</strong> forêts (feuillues et résineuses),<br />

■ <strong>de</strong> zones ouvertes (terres agrico<strong>les</strong>),<br />

■ <strong>de</strong> zones humi<strong>de</strong>s (tourbières, marécages),<br />

■ et <strong>de</strong> cours d’eau.<br />

La forêt est la première concernée car elle<br />

contient 75 % <strong>de</strong>s zones Natura 2000 !<br />

Au total, 31 espèces d’intérêt communautaire<br />

et 44 types d’habitats d’intérêt communautaire<br />

ont été recensés au sein <strong>de</strong>s sites<br />

Natura 2000 wallons. Toujours selon ces critères<br />

européens, 101 espèces d’oiseaux<br />

observés en région wallonne sont plus particulièrement<br />

protégées.<br />

L’officialisation <strong>de</strong>s sites<br />

Lorsqu’un site a été inventorié et cartographié<br />

par le Département <strong>de</strong> l’Étu<strong>de</strong> du Milieu<br />

Naturel et Agricole (ex-C<strong>RN</strong>FB), il fait l’objet<br />

d’un arrêté <strong>de</strong> désignation qui précise ce qui<br />

doit être mis en œuvre pour maintenir ou restaurer<br />

un état <strong>de</strong> conservation.<br />

Attention tout <strong>de</strong> même, le site bénéficie<br />

d’un régime <strong>de</strong> protection spécifique avant<br />

La cigogne noire est une espèce protégée par le réseau Natura 2000. Pour cet oiseau exigeant au niveau <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> son habitat, on veillera au maintien <strong>de</strong> grands massifs forestiers<br />

feuillus, à une bonne qualité <strong>de</strong>s eaux, à la tranquillité <strong>de</strong>s sites occupés et au maintien <strong>de</strong>s prairies humi<strong>de</strong>s.<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 15<br />

Photo : © Gérard Jadoul


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

même l’adoption <strong>de</strong> l’arrêté <strong>de</strong> désignation.<br />

Tout contrevenant peut être poursuivi.<br />

L’arrêté <strong>de</strong> désignation est soumis, avant<br />

adoption, à enquête publique durant 45<br />

jours. Les propriétaires et <strong>les</strong> gestionnaires<br />

ont ici l’opportunité d’émettre leur avis.<br />

Les enquêtes publiques ont lieu dans chacune<br />

<strong>de</strong>s communes concernées par <strong>les</strong> sites<br />

Natura 2000.<br />

L’adoption <strong>de</strong>s 240 arrêtés <strong>de</strong> désignation<br />

est réalisée <strong>de</strong> manière progressive, sur plusieurs<br />

années.<br />

À fin septembre <strong>2009</strong>, 8 arrêtés ont déjà été<br />

approuvés, mais ils sont encore en attente <strong>de</strong><br />

publication officielle au Moniteur Belge.<br />

Un lot <strong>de</strong> 82 sites est prévu pour entrée en<br />

vigueur à fin 2010.<br />

Natura 2000 au quotidien<br />

Un site Natura 2000 est divisé en plusieurs Unités<br />

<strong>de</strong> gestion, comme par exemple <strong>les</strong> forêts<br />

indigènes sur sol sec, <strong>les</strong> prairies humi<strong>de</strong>s, <strong>les</strong><br />

cours d’eau… qui requièrent <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />

conservation globalement homogènes.<br />

Dans sa gestion quotidienne, un site est sous<br />

l’emprise <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> mesures :<br />

■ <strong>les</strong> mesures généra<strong>les</strong> qui s’appliquent<br />

dans tous <strong>les</strong> sites Natura 2000 couverts<br />

par un arrêté <strong>de</strong> désignation,<br />

■ <strong>les</strong> mesures spécifiques qui sont<br />

propres à chaque Unité <strong>de</strong> gestion. La<br />

définition <strong>de</strong> ces mesures a été réalisée en<br />

concertation avec <strong>les</strong> organismes représentatifs<br />

<strong>de</strong>s agriculteurs, <strong>de</strong>s forestiers et<br />

<strong>de</strong>s environnementalistes.<br />

Les mesures généra<strong>les</strong> et spécifiques se déclinent<br />

sous trois formes : <strong>les</strong> actes interdits, <strong>les</strong><br />

actes soumis à autorisation et <strong>les</strong> actes<br />

nécessitant une notification.<br />

Le développement <strong>de</strong> certaines activités<br />

nécessitera donc à l’avenir l’obtention d’un<br />

accord spécifique. Ces projets sont examinés<br />

au regard <strong>de</strong> leur impact sur le patrimoine<br />

d’intérêt communautaire.<br />

Outre ces « mesures <strong>de</strong> gestion » réglementaires,<br />

le forestier, tout comme l’agriculteur,<br />

continuera <strong>de</strong> pratiquer son activité sans<br />

<strong>de</strong>voir se référer au Département <strong>de</strong> la Nature<br />

et <strong>de</strong>s Forêts qui est en charge <strong>de</strong> la mise en<br />

œuvre <strong>de</strong> Natura 2000 sur le territoire wallon.<br />

Des ai<strong>de</strong>s spécifiques<br />

Pour le gestionnaire ou le propriétaire, certaines<br />

restrictions d’activités sont parfois<br />

16 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

nécessaires pour atteindre <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong><br />

conservation fixés. Ces restrictions pouvant<br />

induire un manque à gagner, <strong>de</strong>s dédommagements<br />

financiers sont prévus.<br />

In<strong>de</strong>mnités pour <strong>les</strong> forestiers<br />

Seulement pour <strong>les</strong> propriétaires privés, et<br />

après publication <strong>de</strong> l’arrêté <strong>de</strong> désignation<br />

• 40 €/ha pour <strong>les</strong> parcel<strong>les</strong> forestières<br />

non exotiques (à partir du 01/04/2010)<br />

• Propriétaire <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5 ha, engagements<br />

à respecter (avec ou sans in<strong>de</strong>mnité)<br />

:<br />

- distance entre plantation <strong>de</strong> résineux<br />

et cours d’eau supérieure à 12 m<br />

- maintien au minimum <strong>de</strong> 2 arbres<br />

morts par ha<br />

- maintien au minimum d’un arbre d’intérêt<br />

biologique par 2 ha<br />

- îlots <strong>de</strong> conservation couvrant 3 % <strong>de</strong><br />

la superficie feuillue<br />

- développement <strong>de</strong> lisières externes<br />

sur une largeur <strong>de</strong> 10 m<br />

• Propriétaire <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ha : engagement<br />

facultatif<br />

Subventions supplémentaires<br />

Propriétaires privés et publics, et après<br />

publication <strong>de</strong> l’arrêté <strong>de</strong> désignation<br />

• 100 €/ha (à partir du 01/04/2010) pour:<br />

- <strong>les</strong> bordures <strong>de</strong> massifs jusqu’à 20<br />

mètres <strong>de</strong> large, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s 10 mètres<br />

- <strong>les</strong> îlots <strong>de</strong> conservation au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s 3 %<br />

Afin <strong>de</strong> restaurer certains milieux naturels,<br />

<strong>de</strong>s budgets supplémentaires sont également<br />

accessib<strong>les</strong>.<br />

Vue d’ensemble sur <strong>les</strong> 240 sites Natura 2000 recensés en région wallonne.<br />

Subventions à la restauration<br />

Subventions accessib<strong>les</strong> dès à présent<br />

• Coupe anticipée <strong>de</strong> résineux :<br />

- âge du peuplement supérieur à 35 ans<br />

(1200 à 7000 €/ha)<br />

- maintien du milieu ouvert pendant 30<br />

ans ou replantation <strong>de</strong> feuillus indigènes<br />

(2000 €/ha)<br />

- drainage actif rendu non opérationnel<br />

(500 €/ha)<br />

• Restauration <strong>de</strong>s pelouses et lan<strong>de</strong>s :<br />

- déboisement (4000 €/ha)<br />

- débroussaillage (


DÉTAIL TECHNIQUE : LE TRAVAIL CARTOGRAPHIQUE<br />

Le travail cartographique mené par le Centre <strong>de</strong> Recherche <strong>de</strong> la Nature, <strong>de</strong>s Forêts et du Bois (C<strong>RN</strong>FB) puis le Département <strong>de</strong> l’Étu<strong>de</strong> du Milieu Naturel et Agricole (DEMNA, ex-<br />

C<strong>RN</strong>FB) tient une large place dans la définition <strong>de</strong>s sites Natura 2000.<br />

Ci-<strong>de</strong>ssous, l’exemple du site <strong>de</strong> « la vallée <strong>de</strong> la Haine en amont <strong>de</strong> Mons » qui permet <strong>de</strong> prendre conscience du travail scientifique qui a prévalu à l’établissement <strong>de</strong>s cartes.<br />

Tout d’abord, le recensement <strong>de</strong>s habitats d’intérêt communautaire, tels que répertoriés dans <strong>les</strong> annexes <strong>de</strong>s directives européennes.<br />

Sur la carte ci-<strong>de</strong>ssus, on i<strong>de</strong>ntifie 7 habitats d’intérêt communautaire.<br />

• Habitat 3150: lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou Hydrocharition<br />

• Habitat 3260: rivières <strong>de</strong>s étages planitiaire à montagnard avec végétation du Ranunculion fluitantis et du Callitricho-Batrachion<br />

• Habitat 6210*: Pelouses sèches semi-naturel<strong>les</strong> et faciès d’embuissonnement sur calcaires (Festuco Brometalia)*<br />

• Habitat 6430: mégaphorbiaies hygrophi<strong>les</strong> d’ourlets planitiaires et <strong>de</strong>s étages montagnard à alpin<br />

• Habitat 6510: prairies maigres <strong>de</strong> fauche <strong>de</strong> basse altitu<strong>de</strong> (Alopecurus pratensis, Sanguisorba officinalis)<br />

• Habitat 9130: hêtraies du Asperulo-Fagetum<br />

• Habitat 91E0*: forêts alluvia<strong>les</strong> à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae)*<br />

* Habitats prioritaires:<br />

habitats en danger <strong>de</strong><br />

disparition sur le territoire<br />

européen <strong>de</strong>s États membres<br />

et pour la conservation<br />

<strong>de</strong>squels l’Union européenne<br />

porte une responsabilité<br />

particulière<br />

À partir <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong>s habitats d’intérêt communautaire, on établit <strong>de</strong>s zones où <strong>les</strong> mesures <strong>de</strong> conservation sont globalement homogènes: <strong>les</strong> Unités <strong>de</strong> gestion avec<br />

leurs mesures spécifiques que <strong>les</strong> propriétaires <strong>de</strong>vront respecter. On dénombre dans cet exemple, 12 Unités <strong>de</strong> gestion:<br />

C1: Plans d’eau / C2: Cours d’eau / E1 : Prairie <strong>de</strong> fauche / E3 : Pelouses calcaires sèches semi-naturel<strong>les</strong> et pelouses rupico<strong>les</strong> / E4: Mégaphorbiaies / E7: Prairies <strong>de</strong> liaison<br />

et espèces d’intérêt communautaire / E8 : Prairies abritant <strong>les</strong> habitats d’espèces d’intérêt communautaire <strong>les</strong> plus sensib<strong>les</strong> / G2: Forêts indigènes sur sols secs / G4: Forêts alluvia<strong>les</strong><br />

/ G6: Forêts feuillues indigènes non concernées par un habitat d’intérêt communautaire / G7 : Peuplements exotiques / I1: Cultures<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 17


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

DIALOGUE AVEC QUELQUES ACTEURS INCONTOU<strong>RN</strong>ABLES<br />

DU RÉSEAU NATURA 2000 EN WALLONIE<br />

Si à fin septembre <strong>2009</strong>, huit arrêtés <strong>de</strong> désignation ont été approuvés, mais n’ont<br />

pas encore été publiés au Moniteur Belge, c’est que <strong>les</strong> enjeux sont d’importance.<br />

Tout le mon<strong>de</strong> souhaite le succès <strong>de</strong> Natura 2000 et l’engagement <strong>de</strong>s différents propriétaires.<br />

Mais pour autant, l’architecture <strong>de</strong> Natura 2000, en Wallonie, peut se révéler<br />

d’une trop gran<strong>de</strong> complexité pour une personne peu versée dans le sujet.<br />

Le groupe créé sous l’impulsion du Ministre wallon alors en charge <strong>de</strong> l’Agriculture,<br />

<strong>de</strong> la Ruralité, <strong>de</strong> l’Environnement et du Tourisme, groupe que l’on a appelé le Forum<br />

Natura 2000, appelle à prendre un peu <strong>de</strong> temps pour simplifier le système. L’administration,<br />

et au premier chef le Département Nature et Forêts (DNF), prend acte mais<br />

constate <strong>de</strong> son côté que <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s européennes en faveur <strong>de</strong> la restauration <strong>de</strong>s<br />

sites risquent <strong>de</strong> ne plus être accessib<strong>les</strong>.<br />

Nous avons donc rencontré <strong>les</strong> différentes pièces maîtresses dans ce dossier : le<br />

Département Nature et Forêts (DNF) mais aussi trois <strong>de</strong>s quatre membres du Forum<br />

Natura 2000 (IEW, Inter-Environnement Wallonie - NTF, l’association <strong>de</strong>s propriétaires<br />

ruraux <strong>de</strong> Wallonie - UVCW, Union <strong>de</strong>s Vil<strong>les</strong> et Communes <strong>de</strong> Wallonie). La<br />

Fédération Wallonne <strong>de</strong> l’Agriculture (FWA), quatrième membre du Forum Natura<br />

2000, n’a pas été approchée du fait <strong>de</strong> son public cible, à savoir le mon<strong>de</strong> agricole.<br />

Nous nous sommes également intéressés aux inquiétu<strong>de</strong>s émanant <strong>de</strong> la Fédération<br />

wallonne <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> récolte et <strong>de</strong> valorisation du bois (FEDEMAR Wallonie) et<br />

au ressenti <strong>de</strong> la Fédération <strong>de</strong>s industries extractives <strong>de</strong> Belgique (Fediex) à ce sujet.<br />

Comme vous pourrez le constater, <strong>les</strong> parties prenantes sont très engagées pour la<br />

réussite <strong>de</strong> Natura 2000, une implication qui ne laisse aucune place à la polémique.<br />

Consensus autour <strong>de</strong><br />

la biodiversité <strong>de</strong> nos forêts<br />

Premier témoin rencontré, Philippe Blerot du<br />

DNF est formel, pour lui « <strong>les</strong> pourcentages<br />

élevés d’espèces menacées dans notre<br />

région sont dus à la pression anthropique ».<br />

Il étaye son propos en prenant l’exemple <strong>de</strong><br />

l’eau. « Longtemps la qualité <strong>de</strong> l’eau s’est<br />

dégradée <strong>de</strong> façon effrayante, mettant en<br />

danger l’avenir <strong>de</strong> certaines espèces <strong>de</strong> pois-<br />

sons. Par contre, cette qualité s’améliore <strong>de</strong><br />

manière constante <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années ». Pour<br />

autant l’homme voit arriver avec bonheur<br />

Natura 2000 car « l’Europe nous oblige à<br />

accélérer l’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> notre<br />

environnement, et pas seulement l’eau ! En<br />

forêt, grâce notamment à la mise en œuvre<br />

il y a <strong>de</strong>s années <strong>de</strong> l’interdiction <strong>de</strong> plantation<br />

à moins <strong>de</strong> 6 mètres <strong>de</strong>s cours d’eau, on<br />

relève sur le terrain le retour <strong>de</strong> certaines<br />

espèces comme la cigogne noire ».<br />

« Favoriser la biodiversité, c’est quelque<br />

fois créer une nature artificielle »<br />

Quand on pense essor <strong>de</strong> la biodiversité, trop rapi<strong>de</strong>ment on pourrait assimiler<br />

le processus à celui d’une reconquête <strong>de</strong>s espaces par la nature. Un<br />

mon<strong>de</strong> où l’homme tendrait à disparaître. Or Philippe Blerot note avec philosophie<br />

que parfois moins il y a d’homme, moins il y a biodiversité !<br />

« Le dilemme est qu’aujourd’hui on veut recréer <strong>de</strong>s espaces ouverts avec<br />

une gestion ancestrale <strong>de</strong> l’agriculture. Pourquoi ? Parce qu’elle apportait<br />

à l’époque une gran<strong>de</strong> biodiversité ! Mais ce n’était qu’artificiel car seulement<br />

lié aux techniques agrico<strong>les</strong>.<br />

Aujourd’hui, autour <strong>de</strong> la biodiversité, on effectue <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> société.<br />

Si on décidait <strong>de</strong> ne rien faire, on assisterait à une recolonisation par la<br />

forêt. La nature que l’on crée est artificielle, il faut en avoir conscience.<br />

Nous réfléchissons à l’échelle humaine, la nature à l’échelle géologique.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> Natura 2000, nombre <strong>de</strong> choix sont tout aussi artificiels.<br />

Dans <strong>les</strong> milieux ouverts, forcément il y a eu intervention <strong>de</strong> l’homme :<br />

sans lui, qu’en serait-il <strong>de</strong>s fagnes ?<br />

18 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Philippe Blerot, Inspecteur Général du Département Nature et<br />

Forêts, a conscience que l’outil Natura 2000 en Wallonie est<br />

contraignant, mais c’est à ses yeux le prix à payer juridiquement<br />

pour rencontrer nos obligations européennes.<br />

Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> NTF, l’association <strong>de</strong>s propriétaires<br />

ruraux <strong>de</strong> Wallonie, Étienne Snyers<br />

partage largement l’analyse <strong>de</strong> l’Inspecteur<br />

Général du DNF constatant que « la plupart<br />

<strong>de</strong>s forestiers gèrent bien leur forêt. La biodiversité<br />

s’est beaucoup améliorée en<br />

quelques années. La présence <strong>de</strong> la cigogne<br />

noire, mais aussi <strong>de</strong> chats sylvestres, <strong>de</strong>s blaireaux,<br />

<strong>de</strong> pics noirs ou <strong>de</strong> castors en<br />

atteste ». Pour autant il le concè<strong>de</strong>, on peut<br />

aller encore plus loin !<br />

En milieu fermé comme la forêt, par contre, on trouve <strong>de</strong>s zones véritablement<br />

sauvages. Les milieux retenus par l’Union européenne sont<br />

100 % naturels comme l’érablière <strong>de</strong> ravin ou la boulaie sur tourbe<br />

(N.D.L.R. : photo ci-<strong>de</strong>ssus). Dans ce cas, il n’y a pas d’intervention <strong>de</strong><br />

l’homme pour préserver ces sites.<br />

Finalement, certains sites sont plus le reflet <strong>de</strong> notre patrimoine historique<br />

que <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> milieux naturels. On en arrive à <strong>de</strong>s contresens, on « artificialise<br />

» certains milieux au nom <strong>de</strong> la biodiversité, à l’image du taillis<br />

<strong>de</strong>stiné à l’accueil <strong>de</strong> l’engoulevent.<br />

Il faut trouver un juste milieu, adapté aux aspirations <strong>de</strong> la société et qui<br />

représente un coût supportable !»<br />

Photo : © Gérard Jadoul


Espèce également protégée dans le cadre du réseau Natura 2000 : le martin-pêcheur, un oiseau<br />

extrêmement sensible à la qualité et la turbidité <strong>de</strong> l’eau, à la quantité <strong>de</strong> petits poissons disponible,<br />

et surtout à la présence <strong>de</strong> berges favorab<strong>les</strong> à la construction du nid.<br />

Ce qui n’est pas pour déplaire à Gérard<br />

Jadoul, prési<strong>de</strong>nt d’IEW, l’organe qui fédère<br />

environ 150 associations <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> l’environnement<br />

actives en région wallonne.<br />

Pour lui, « tous <strong>les</strong> propriétaires forestiers<br />

n’ont pas toujours bien géré. On voit encore<br />

beaucoup <strong>de</strong> peuplements constitués uniquement<br />

d’épicéas. I<strong>de</strong>m, le nombre d’insectes<br />

dépendant du bois mort tend à diminuer.<br />

D’autre part, <strong>de</strong>s habitats en forêt<br />

disparaissent progressivement, comme <strong>les</strong><br />

pelouses calcaires, <strong>les</strong> tourbières qui achèvent<br />

leur vie drainées ou la hêtraie à luzule<br />

qui n’est plus dans un bon état à cause <strong>de</strong>s<br />

machines mais aussi du fait <strong>de</strong> la surabondance<br />

du grand gibier ».<br />

Mais l’environnementaliste le concè<strong>de</strong>, rejoignant<br />

à ce titre ses <strong>de</strong>ux homologues, « la<br />

biodiversité est bien moins érodée en forêt si<br />

on la compare à l’agriculture, ce <strong>de</strong>rnier secteur<br />

étant plus acculé par l’économie ».<br />

La question du morcellement<br />

<strong>de</strong> la forêt privée<br />

Pour Philippe Blerot, la principale difficulté pour<br />

la mise en place <strong>de</strong>s sites Natura 2000 repose<br />

sur « l’atomicité <strong>de</strong> la propriété forestière privée.<br />

Elle est synonyme <strong>de</strong> complications. Il<br />

semble impossible <strong>de</strong> travailler avec 10 000<br />

propriétaires forestiers différents. Pour autant,<br />

on n’éprouve aucune difficulté pour avancer<br />

avec <strong>les</strong> gros propriétaires. Je pense qu’à terme,<br />

on va <strong>de</strong>voir mettre en place <strong>de</strong> nouveaux outils<br />

<strong>de</strong> gestion collective, comme par exemple <strong>de</strong>s<br />

associations <strong>de</strong> propriétaires ».<br />

Étienne Snyers, représentant <strong>de</strong>s propriétaires<br />

forestiers privés, ne souscrit pas vraiment<br />

à ce point <strong>de</strong> vue. « Le morcellement<br />

pose le problème <strong>de</strong> base <strong>de</strong> Natura 2000 :<br />

faut-il que le corpus législatif s’impose <strong>de</strong> la<br />

même manière dans tous <strong>les</strong> sites ? Ou que<br />

certaines surfaces, <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s en l’occurrence,<br />

soient impulseurs d’une dynamique ?<br />

En s’attardant uniquement sur <strong>les</strong> grands<br />

propriétaires, ce sont déjà <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s surfaces<br />

forestières privées qui seraient gérées<br />

<strong>de</strong> façon dynamique. Cela me semble tout<br />

<strong>de</strong> même plus porteur que <strong>de</strong> s’attar<strong>de</strong>r sur<br />

<strong>les</strong> petits propriétaires !». Enfin le responsable<br />

relève que « parmi <strong>les</strong> mesures financières,<br />

il y a un incitant pour motiver <strong>les</strong><br />

gens. N’ayez crainte, ils se feront connaître<br />

et joueront le jeu !».<br />

Pour sa part, Gérard Jadoul note que « 52 %<br />

du territoire forestier inclus dans Natura<br />

2000 appartient à <strong>de</strong>s propriétaires publics.<br />

Avec l’accompagnement du DNF, ils joueront<br />

le jeu. Il reste donc 48 % <strong>de</strong> la surface<br />

entre <strong>les</strong> mains <strong>de</strong> propriétaires privés. Une<br />

gran<strong>de</strong> part <strong>de</strong> ces terrains est concentrée<br />

entre quelques propriétaires qui <strong>de</strong>vraient<br />

s’impliquer dans une gestion dynamique. Le<br />

morcellement n’est peut-être pas un problème.<br />

Ce qui compte, c’est l’effet <strong>de</strong> masse<br />

et qu’on puisse démarrer rapi<strong>de</strong>ment ».<br />

Les carrières réhabilitées, comme ici la carrière <strong>de</strong> Moha (Carmeuse), fournissent <strong>de</strong>s plans d’eau et <strong>de</strong>s berges<br />

propices au développement <strong>de</strong> nombreuses espèces anima<strong>les</strong> et végéta<strong>les</strong>.<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 19<br />

Photo : © Gérard Jadoul<br />

Photo : © Diathèque Fortea


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

Les résineux dans<br />

le collimateur!<br />

Il suffit <strong>de</strong> se reporter à la page 16, et regar<strong>de</strong>r<br />

<strong>les</strong> in<strong>de</strong>mnités ou <strong>les</strong> subventions à la restauration,<br />

proposées aux propriétaires forestiers,<br />

pour se rendre compte que <strong>les</strong> résineux sont<br />

<strong>de</strong>venus en quelque sorte persona non grata.<br />

Pas tout à fait! Si vous possé<strong>de</strong>z <strong>de</strong>s parcel<strong>les</strong><br />

d’ifs ou <strong>de</strong> genévriers, vous pouvez accé<strong>de</strong>r aux<br />

ai<strong>de</strong>s car ce sont <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> essences résineuses<br />

qui ne sont pas cataloguées comme exotiques.<br />

« Si un propriétaire forestier dispose <strong>de</strong> résineux<br />

dans un site Natura 2000, il pourra <strong>les</strong><br />

maintenir. Il n’y a pas d’obligation à modifier<br />

<strong>les</strong> espèces. Par contre, on lui donnera <strong>de</strong>s in-<br />

Étienne Snyers, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> NTF, l’association <strong>de</strong>s propriétaires<br />

ruraux <strong>de</strong> Wallonie, prône une simplification du dispositif<br />

Natura 2000 et d’avancer <strong>de</strong> manière progressive,<br />

sans brûler d’étape.<br />

citants économiques pour aller plus vers l’écologie<br />

» précise Philippe Blerot qui déplore que<br />

« la surface forestière wallonne soit composée<br />

à environ 80 % <strong>de</strong> seulement trois espèces<br />

: le chêne, le hêtre et l’épicéa alors que<br />

le nouveau Co<strong>de</strong> forestier met l’accent sur la<br />

diversification <strong>de</strong>s espèces et l’équilibre<br />

feuillus/résineux ».<br />

Étienne Snyers est quant à lui très réservé sur<br />

la remise en cause <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong>s résineux.<br />

« D’une part, <strong>les</strong> essences résineuses régressent<br />

en Wallonie <strong>de</strong>puis 1985 au profit <strong>de</strong>s essences<br />

feuillues, maintenant majoritaires dans<br />

notre région » note-t-il, avant <strong>de</strong> rajouter que<br />

« d’autre part, l’instruction par <strong>les</strong> scientifiques<br />

du dossier résineux a été faite à charge uniquement.<br />

Les aspects positifs existent non seulement<br />

au point <strong>de</strong> vue économique mais aussi<br />

au point <strong>de</strong> vue environnemental. Ceci est vrai<br />

par exemple pour <strong>les</strong> champignons et <strong>de</strong> vieux<br />

résineux qui s’avèrent être très précieux pour<br />

l’avifaune. Le sentiment est que certains scientifiques<br />

veulent la disparition totale <strong>de</strong>s résineux<br />

en Natura 2000 ».<br />

Pourtant, le représentant <strong>de</strong>s propriétaires<br />

privés est convaincu que « si on traite le résineux<br />

<strong>de</strong> manière dynamique, avec <strong>de</strong>s essences<br />

différentes, sur <strong>de</strong> petites parcel<strong>les</strong>, on<br />

est en mesure <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s environnements<br />

très porteurs ».<br />

Mais pour lui, le sujet reste « un point d’accrochage<br />

fort, alors que l’on pourrait vraisemblablement<br />

s’entendre ». Et <strong>de</strong> conclure,<br />

« c’est un aspect doctrinaire qui choque !».<br />

Les tourbières, à l’image <strong>de</strong> la tourbière <strong>de</strong> transition illustrée ci-<strong>de</strong>ssus, constituent <strong>de</strong>s habitats très riches en terme <strong>de</strong> biodiversité.<br />

20 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Le représentant <strong>de</strong>s environnementalistes,<br />

Gérard Jadoul, chiffres à l’appui, note que<br />

« 38 % <strong>de</strong>s plantations résineuses présentes<br />

en Wallonie sont installées sur <strong>de</strong>s sols pas ou<br />

peu compatib<strong>les</strong> ». Une situation qu’il juge,<br />

à l’instar du haut fonctionnaire <strong>de</strong> la DNF,<br />

comme « pouvant s’avérer extrêmement dangereuse<br />

pour la biodiversité <strong>de</strong> nos forêts car<br />

<strong>les</strong> plantations intensives <strong>de</strong> résineux ont un<br />

impact négatif sur le cycle <strong>de</strong> l’eau et l’équilibre<br />

<strong>de</strong>s sols (éléments minéraux, pH, carbone…)<br />

».<br />

Pour le prési<strong>de</strong>nt d’IEW, « la forêt feuillue répond<br />

le mieux à l’objectif désormais prioritaire<br />

<strong>de</strong> gestion multifonctionnelle <strong>de</strong> la<br />

forêt ; notamment en matière d’écologie, <strong>de</strong><br />

protection <strong>de</strong>s ressources en eau et <strong>de</strong> divertissement.<br />

Sur <strong>les</strong> sites Natura 2000, il est<br />

normal d’en favoriser l’essor, et <strong>de</strong> diminuer<br />

l’emprise <strong>de</strong>s résineux ».<br />

Natura 2000 et économie<br />

feront-ils bon ménage?<br />

Dans sa lancée, poursuivant son combat en<br />

faveur <strong>de</strong> la réhabilitation <strong>de</strong>s résineux,<br />

Etienne Snyers relève que « bien que la forêt<br />

wallonne soit composée à 50/50 <strong>de</strong> feuillus<br />

et <strong>de</strong> résineux, 80 % <strong>de</strong> sa production annuelle<br />

tant en volume qu'en valeur est liée<br />

aux résineux ». Et le responsable en appelle à<br />

la pru<strong>de</strong>nce car « il faut faire attention<br />

lorsque 90 % du secteur <strong>de</strong> la première transformation<br />

du bois scie du résineux ».<br />

Photo : © Gérard Jadoul


Une crainte que ne partage pas l’Inspecteur<br />

Général du DNF, Philippe Blerot. « Natura<br />

2000, c’est seulement 13 % du territoire mais<br />

30 % du total <strong>de</strong> la forêt wallonne. Nous savons<br />

très bien que <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> tels chiffres, <strong>les</strong><br />

scieurs redoutent une baisse <strong>de</strong> la production<br />

forestière, mais nous ne souscrivons pas à<br />

cette idée ».<br />

Et l’homme s’explique : « au niveau <strong>de</strong>s essences<br />

feuillues, <strong>les</strong> 3 % qui vont être « gelés »,<br />

ce que l’on appelle <strong>les</strong> îlots <strong>de</strong> conservation,<br />

ne représentent pas grand-chose. En plus, ces<br />

îlots intègrent <strong>de</strong>s parcel<strong>les</strong> aujourd’hui nonexploitées<br />

car difficilement accessib<strong>les</strong> ou d’un<br />

faible intérêt économique ».<br />

Se tournant vers <strong>les</strong> essences résineuses, Philippe<br />

Blerot relève que « le nouveau Co<strong>de</strong> forestier<br />

nous fait obligation <strong>de</strong> maintenir un<br />

équilibre global entre feuillus et résineux. Or,<br />

au niveau résineux, à ce jour nous augmen-<br />

tons sensiblement <strong>les</strong> surfaces dédiées au<br />

douglas. Il est bien connu que cette espèce à<br />

une productivité bien supérieure à l’épicéa,<br />

<strong>de</strong> telle sorte que cela compensera la baisse<br />

éventuelle <strong>de</strong>s surfaces ».<br />

Le forestier n’est pas inquiet pour l’avenir <strong>de</strong><br />

la filière bois, conforté qu’il est par « <strong>les</strong><br />

chiffres issus <strong>de</strong> l’inventaire forestier. À<br />

moyen terme, à savoir dans <strong>les</strong> vingt ans à<br />

venir, <strong>les</strong> perspectives sont extrêmement positives<br />

par rapport aux délivrances qu’il va y<br />

avoir. Nous ne craignons nullement une<br />

baisse <strong>de</strong>s volumes délivrés ».<br />

Pour Gérard Jadoul, la réponse est ailleurs :<br />

pourquoi la filière bois ne pourrait-elle pas se<br />

remettre en cause ? Et d’expliquer que « la filière<br />

bois est tout à fait capable <strong>de</strong> répondre<br />

et <strong>de</strong> s’adapter à l’évolution <strong>de</strong>s productions<br />

forestières. Elle l’a fait par le passé avec l’épi-<br />

Fortes inquiétu<strong>de</strong>s pour FEDEMAR Wallonie<br />

Fédération wallonne <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> récolte et <strong>de</strong> valorisation du bois<br />

FEDEMAR Wallonie a pour mission <strong>de</strong> représenter et défendre la profession<br />

d’exploitant forestier en région wallonne. À sa tête, <strong>de</strong>puis 2004,<br />

François De Meersman dispose d’un point <strong>de</strong> vue unique pour apprécier<br />

<strong>les</strong> craintes <strong>de</strong> sa base face à Natura 2000. Or el<strong>les</strong> sont nombreuses !<br />

« Depuis longtemps, nous <strong>de</strong>mandons à être associés<br />

aux travaux Natura 2000 en Wallonie.<br />

Cela n’a pas été le cas jusqu’à maintenant et<br />

nous découvrons <strong>les</strong> mesures applicab<strong>les</strong> à tel<br />

ou tel site bien trop tard pour apporter notre<br />

éclairage. Pourtant quelques légères adaptations<br />

auraient permis d’éviter <strong>de</strong>s contraintes<br />

importantes pour le secteur <strong>de</strong> l’exploitation forestière.<br />

Il faut faire avec ! Mais <strong>de</strong> nombreuses<br />

mesures nous inquiètent particulièrement.<br />

Tout d’abord, nous nous interrogeons sur l’avenir<br />

<strong>de</strong> la production <strong>de</strong> bois dans <strong>les</strong> zones Natura<br />

2000. Un scénario qui peut nous mener à<br />

une baisse générale <strong>de</strong>s approvisionnements<br />

pour toute la filière bois wallonne.<br />

De plus, certaines mesures, comme maintenir<br />

<strong>de</strong>s arbres morts et <strong>de</strong>s arbres d’intérêt biologique<br />

en forêt, nous font craindre que certains<br />

arbres, au fort intérêt économique, soient délaissés<br />

au nom <strong>de</strong> l’objectif biologique.<br />

En Wallonie, la culture <strong>de</strong>s résineux s’est fortement<br />

développée. Son avenir nous semble bien<br />

sombre. Il suffit <strong>de</strong> voir <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>s octroyées, il y<br />

a clairement une intention visant à favoriser le<br />

désenrésinement.<br />

Si on rajoute à cela <strong>de</strong>s mesures comme la mise<br />

en place d’îlots <strong>de</strong> conservation, <strong>de</strong> lisières, avec<br />

<strong>de</strong>s primes à la hausse pour <strong>de</strong>s îlots et <strong>de</strong>s lisières<br />

plus étendus, on a vraiment le sentiment<br />

que la vision écologique <strong>de</strong> la forêt a pris le <strong>de</strong>ssus.<br />

La superficie <strong>de</strong> la forêt ne va pas diminuer, mais<br />

le nombre d’arbres et le volume <strong>de</strong> production<br />

bien !<br />

Souvent, au niveau <strong>de</strong> l’administration, on<br />

considère que la proportion <strong>de</strong> résineux dans <strong>les</strong><br />

sites Natura 2000 est peu importante. Or, il faut<br />

bien en avoir conscience, il s’agit tout <strong>de</strong> même<br />

<strong>de</strong> 41 000 ha, soit environ 18 % <strong>de</strong> la surface<br />

résineuse wallonne !<br />

Des problèmes vont également très vite apparaître<br />

sur <strong>les</strong> sites Natura 2000.<br />

En premier lieu, il va falloir être très attentifs lors<br />

<strong>de</strong>s ventes <strong>de</strong> bois pour informer l’exploitant sur<br />

<strong>les</strong> mesures particulières qu’il <strong>de</strong>vra prendre sur<br />

telle ou telle unité <strong>de</strong> gestion.<br />

Autre exemple, à supposer qu’un exploitant arrive<br />

sur une parcelle et constate la présence d’un<br />

nid d’espèce protégée, en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction,<br />

qui lui interdit toute exploitation à moins<br />

d’une centaine <strong>de</strong> mètres (soit une superficie<br />

d’environ 3 ha pour 100 m, et jusqu’à 7 ha pour<br />

150 m !) ; il va <strong>de</strong>voir repartir avec sa machine et<br />

ceci aura un coût. Pour ces raisons, je pense que<br />

De nombreuses variétés <strong>de</strong> papillons comme le cuivré<br />

<strong>de</strong> la bistorte, le cuivré <strong>de</strong>s marais, ou encore le damier <strong>de</strong><br />

la succise, font l’objet <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> protection.<br />

céa et plus récemment avec le douglas. Demain,<br />

la filière pourrait aussi bien valoriser <strong>les</strong><br />

feuillus précieux, comme c’est déjà le cas<br />

ailleurs !».<br />

Pour François De Meersman, <strong>les</strong> interrogations <strong>de</strong> ses<br />

membres sont concrètes, pragmatiques.<br />

ces bois trouveront preneur à <strong>de</strong>s prix inférieurs.<br />

Beaucoup d’autres mesures posent problème.<br />

On veut <strong>de</strong>s engins chenillés alors que <strong>de</strong>s engins<br />

à roues jumelées feraient très bien l’affaire.<br />

Ou encore, on favorise le cloisonnement <strong>de</strong>s exploitations<br />

avec <strong>de</strong>s layons distants <strong>de</strong> 25 mètres<br />

minimum, quand nos machines ont un rayon<br />

d’action <strong>de</strong> 20 mètres maximum !<br />

Aujourd’hui, nous nous interrogeons sur l’avenir<br />

<strong>de</strong> la forêt <strong>de</strong> production. Pourtant tout tend à<br />

démontrer qu’il faudrait produire plus, à la fois<br />

pour capter le CO 2 <strong>de</strong> l’atmosphère et pour utiliser<br />

le bois dans la construction ».<br />

Fe<strong>de</strong>mar<br />

Avenue Gouverneur Bovesse 112 / 6<br />

5100 Jambes (Namur)<br />

Téléphone : 081 31 31 58<br />

Fax : 081 31 31 59<br />

E-mail : Info.fe<strong>de</strong>mar@skynet.be<br />

Web : www.fe<strong>de</strong>mar.be<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 21<br />

Photo : © Gérard Jadoul


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

Une volonté <strong>de</strong> simplifier<br />

le système<br />

L’intervention d’Étienne Snyers, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

NTF, a le mérite <strong>de</strong> positionner le débat. S’exprimant<br />

sur Natura 2000, il constate que « le<br />

projet est mal né en Wallonie, car sous la<br />

contrainte administrative et juridique. Les<br />

choses ne sont pas parties <strong>de</strong> la base, mais<br />

ont été imposées du <strong>de</strong>ssus. La conséquence<br />

? Le projet a été construit par <strong>de</strong>s juristes<br />

et <strong>de</strong>s scientifiques <strong>de</strong> haut niveau, mais<br />

déconnecté <strong>de</strong>s réalités !».<br />

Aujourd’hui, plusieurs points posent encore<br />

problème, mais ce n’est rien par rapport au<br />

travail déjà réalisé. Comme le dit Gérard Jadoul<br />

d’IEW, « plusieurs dizaines <strong>de</strong> réunions<br />

conjointes NTF, FWA, UVCW et IEW ont permis<br />

<strong>de</strong> clarifier <strong>les</strong> choses, voire <strong>les</strong> modifier.<br />

Ce qui était mis en place, 280 mesures, était<br />

très complexe. L’aspect incitatif était inexistant,<br />

on ne trouvait que <strong>de</strong>s interdits ».<br />

Les quatre partenaires du Forum Natura<br />

2000, assurés <strong>de</strong> l’écoute attentive du Ministre<br />

wallon <strong>de</strong> l’Agriculture, <strong>de</strong> la Ruralité,<br />

<strong>de</strong> l’Environnement et du Tourisme, ont travaillé<br />

pour rendre <strong>les</strong> choses applicab<strong>les</strong>.<br />

Pourtant, Étienne Snyers constate que « huit<br />

sites ont eu droit à tout le processus d’enquête<br />

publique, à savoir écrire à tous <strong>les</strong> propriétaires<br />

et personnes concernées, réaliser<br />

l’affichage dans <strong>les</strong> communes, animer <strong>de</strong>s<br />

réunions d’information, faire remonter <strong>les</strong> réactions,<br />

<strong>les</strong> prendre en compte, puis arriver à<br />

l’étape <strong>de</strong> la publication <strong>de</strong>s arrêtés <strong>de</strong> dési-<br />

Gérard Jadoul, prési<strong>de</strong>nt d’Inter-Environnement Wallonie,<br />

prêche en faveur d’une communication très ciblée, et simplifiée,<br />

afin que <strong>les</strong> différents acteurs déci<strong>de</strong>nt en connaissance<br />

<strong>de</strong> cause <strong>de</strong> s’impliquer dans Natura 2000.<br />

22 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Au sein <strong>de</strong>s hêtraies, la flore est très diversifiée. On y rencontre <strong>de</strong>s espèces peu fréquentes en Wallonie (le bois-joli, la<br />

néottie, la sanicle…) ou <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> grand intérêt (la cigogne noire ou le pic noir).<br />

gnation. On relève malheureusement que<br />

peu <strong>de</strong> gens se sont intéressés à la démarche.<br />

Le courrier qui leur était adressé était trop<br />

complexe, l’effort <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong>mandé<br />

aux individus colossal ».<br />

Un point <strong>de</strong> vue relayé par Gérard Jadoul<br />

pour qui « on a pris beaucoup <strong>de</strong> temps avant<br />

<strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> l’importance d’une<br />

information claire et ciblée vers <strong>les</strong> personnes<br />

concernées. La création par la FWA, NTF et<br />

IEW <strong>de</strong> Naturawal (N.D.L.R. : à lire page 25)<br />

va dans ce sens, avec l’objectif <strong>de</strong> pouvoir<br />

s’appuyer sur un outil d’information en direction<br />

<strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> terrain ».<br />

Le Forum Natura 2000 a donc relancé un se-<br />

cond train <strong>de</strong> négociations. « Notre objectif<br />

est <strong>de</strong> parvenir à une simplification qui sera<br />

présentée vers octobre <strong>2009</strong> » précise Gérard<br />

Jadoul. Une position confirmée par Étienne<br />

Snyers, qui insiste pour dire que « cette simplification<br />

se fera sans vi<strong>de</strong>r le projet <strong>de</strong> sa<br />

substance !».<br />

Après <strong>les</strong> huit premiers arrêtés <strong>de</strong> désignations,<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes ont à l’esprit le prochain<br />

lot <strong>de</strong> 82 sites promis à publication<br />

officielle avant fin 2010. Une perspective qui<br />

réjouit Gérard Jadoul car « il faut que Natura<br />

2000 monte en puissance rapi<strong>de</strong>ment. Il importe<br />

que <strong>de</strong> nombreux sites se mettent en<br />

place afin <strong>de</strong> montrer <strong>les</strong> bienfaits <strong>de</strong> la démarche<br />

pour l’essor <strong>de</strong> la biodiversité ».<br />

Photo : © Gérard Jadoul


Le regard <strong>de</strong> l’UVCW<br />

Union <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> et communes <strong>de</strong> Wallonie<br />

Conseiller en environnement au sein <strong>de</strong> l’UVCW, Christel Termol est l’une<br />

<strong>de</strong>s quatre voix à s’exprimer au sein du Forum Natura 2000. Comme elle<br />

va nous l’expliquer, au regard <strong>de</strong> ce dossier, <strong>les</strong> communes sont dans une<br />

posture un peu différente comparé aux autres acteurs.<br />

« Parmi <strong>les</strong> particularités <strong>de</strong>s communes, il importe<br />

d’avoir à l’esprit qu’el<strong>les</strong> gèrent leurs<br />

forêts en bon père <strong>de</strong> famille. En attestent le<br />

nouveau Co<strong>de</strong> forestier, doté <strong>de</strong> mesures qui<br />

leurs sont spécifiques, ou encore la simple observation<br />

<strong>de</strong> leurs pratiques : plus <strong>de</strong> 85 %<br />

<strong>de</strong>s surfaces forestières communa<strong>les</strong> sont gérées<br />

sur base d’un plan <strong>de</strong> gestion durable.<br />

Cependant, lorsque <strong>les</strong> arrêtés <strong>de</strong> désignation<br />

seront publiés au Moniteur belge et que toutes<br />

<strong>les</strong> mesures <strong>de</strong> prévention Natura 2000 seront<br />

d’application, cela risque <strong>de</strong> ne pas être si<br />

simple que cela pour <strong>les</strong> gestionnaires. En<br />

effet, le système tel que prévu pour l’instant<br />

<strong>de</strong>vrait permettre une protection assez ciblée<br />

d’un point <strong>de</strong> vue cartographique <strong>de</strong>s habitats<br />

et <strong>de</strong>s espèces Natura 2000, avec pour le propriétaire<br />

la difficulté <strong>de</strong> délimiter son projet sur<br />

<strong>les</strong> cartes Natura 2000 et <strong>de</strong> faire le relevé <strong>de</strong>s<br />

différentes mesures à respecter. L’intégration<br />

<strong>de</strong> Natura 2000 et son appropriation par <strong>les</strong><br />

propriétaires dépendront aussi <strong>de</strong> la manière<br />

dont <strong>les</strong> dérogations, <strong>les</strong> autorisations et <strong>les</strong><br />

notifications seront gérées au niveau du DNF.<br />

Nous nous interrogeons vraiment sur la manière<br />

dont Natura 2000 va se vivre réellement<br />

sur le terrain sur lequel on relève encore<br />

nombre <strong>de</strong> questionnements. Nous sommes<br />

convaincus <strong>de</strong> l’importance à venir <strong>de</strong> la com-<br />

Le nouveau Co<strong>de</strong> forestier<br />

Dans certains cas, on mesure le succès d’une nouvelle disposition au<br />

nombre <strong>de</strong> personnes satisfaites ; mais pour <strong>les</strong> dossiers plus épineux, il<br />

importe plutôt <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r la contestation soulevée. La refonte du nouveau<br />

Co<strong>de</strong> forestier relève <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> catégorie, et à ce titre, le peu<br />

<strong>de</strong> critiques formulées prouve que le travail réalisé se révèle à la fois<br />

équilibré et d’une gran<strong>de</strong> qualité.<br />

Le nouveau Co<strong>de</strong> forestier, adopté le 15 juillet<br />

2008, succè<strong>de</strong> à un Co<strong>de</strong> qui datait du 19 décembre<br />

1854.<br />

Au travers <strong>de</strong> ce nouveau document <strong>de</strong> référence,<br />

<strong>les</strong> fonctions économiques, environnementa<strong>les</strong>,<br />

socia<strong>les</strong>, récréatives et éducatives <strong>de</strong> la forêt sont<br />

réaffirmées. C’est une nouvelle ère qui s’annonce<br />

en faveur <strong>de</strong> la gestion durable, équilibrée et dynamique<br />

du patrimoine forestier wallon.<br />

munication qui y sera associée. Il faudra <strong>de</strong>s<br />

messages clairs et <strong>de</strong>s outils adaptés, très pédagogiques,<br />

d’autant plus que <strong>les</strong> communes<br />

seront sûrement beaucoup sollicitées par <strong>les</strong><br />

citoyens qui s’interrogent sur Natura 2000.<br />

Volonté <strong>de</strong> préserver <strong>les</strong> équilibres<br />

De notre point <strong>de</strong> vue, il importe <strong>de</strong> conserver<br />

un équilibre harmonieux entre <strong>les</strong> trois fonctions<br />

<strong>de</strong> la forêt: rôle écologique, rôle économique<br />

et rôle social. C’est le développement<br />

durable! C’est pourquoi la question du résineux<br />

exotique ne peut se traiter en suivant une<br />

règle générale sans tenir compte du terrain.<br />

L’équilibre dont je parle se retrouve dans le<br />

co<strong>de</strong> forestier mais aussi dans la philosophie<br />

<strong>de</strong> Natura 2000 « Humains admis ».<br />

En fonction <strong>de</strong>s parcel<strong>les</strong>, ce sera l’un ou<br />

l’autre <strong>de</strong>s piliers du développement durable<br />

qui sera prédominant dans <strong>de</strong> bonnes proportions<br />

et en intelligence avec le terrain.<br />

Dans <strong>les</strong> sites Natura 2000, <strong>les</strong> meilleurs outils<br />

pour favoriser <strong>les</strong> espèces indigènes seront la<br />

sensibilisation et l’information. Agir volontairement<br />

est toujours un gage <strong>de</strong> durabilité <strong>de</strong><br />

l’engagement du propriétaire quel qu’il soit.<br />

Travailler aux côtés <strong>de</strong> Naturawal<br />

L’UVCW forme et informe <strong>les</strong> communes sur<br />

<strong>de</strong> nombreux sujets dont Natura 2000 ou la<br />

gestion <strong>de</strong> la biodiversité.<br />

Avec le nouveau Co<strong>de</strong> forestier, <strong>les</strong> propriétaires<br />

forestiers publics sont appelés à<br />

montrer l’exemple.<br />

Les forêts appartenant aux propriétaires publics<br />

relèvent du « régime forestier ». Il s’agit <strong>de</strong>s bois<br />

et forêts entre <strong>les</strong> mains <strong>de</strong> la Région wallonne,<br />

<strong>de</strong>s Provinces, <strong>de</strong>s Communes, CPAS, Intercommuna<strong>les</strong>…<br />

Ces forêts sont confiées à la gestion<br />

et à la surveillance <strong>de</strong>s agents du DNF. Les pro-<br />

Pour Christel Termol, <strong>les</strong> communes jouent le jeu <strong>de</strong> la biodiversité,<br />

mais attention à ce que leurs efforts s’inscrivent<br />

dans un plan global <strong>de</strong> rétablissement d’un réseau écologique<br />

tout propriétaire confondu.<br />

Lorsque Naturawal a été créé, nous avons choisi<br />

<strong>de</strong> jouer la carte <strong>de</strong> la collaboration avec cette<br />

nouvelle asbl et le DNF. Travailler ensemble en<br />

combinant <strong>les</strong> forces <strong>de</strong> nos différentes structures<br />

<strong>de</strong>vrait nous permettre d’informer <strong>de</strong> manière<br />

optimale l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs qui<br />

<strong>de</strong>vront s’impliquer dans Natura 2000.<br />

Avec <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> gestion réalistes et une<br />

communication adéquate et peut-être une<br />

procédure quelque peu simplifiée, nous<br />

sommes persuadés que <strong>les</strong> communes s’impliqueront<br />

à la hauteur <strong>de</strong> l’enjeu que représente<br />

Natura 2000. Favoriser la biodiversité a<br />

toujours été dans leurs gènes ! ».<br />

UVCW<br />

Rue <strong>de</strong> l’Étoile, 14 - 5000 Namur<br />

Téléphone : 081 24 06 11<br />

Fax : 081 24 06 10<br />

E-mail : commune@uvcw.be<br />

Web : www.uvcw.be<br />

Pour découvrir plus largement le nouveau Co<strong>de</strong> forestier:<br />

http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/co<strong>de</strong>forestierfr.pdf<br />

priétaires publics montrent l’exemple en intégrant<br />

<strong>de</strong>s mesures simp<strong>les</strong> <strong>de</strong> bonne gestion forestière<br />

qui <strong>de</strong>vraient apporter <strong>de</strong> grands<br />

bénéfices pour la protection <strong>de</strong> la faune et <strong>de</strong><br />

la flore sans pour autant grever la rentabilité forestière.<br />

Ainsi, <strong>de</strong>s mesures sont prévues pour<br />

favoriser le maintien <strong>de</strong> vieux arbres et du bois<br />

mort, le développement <strong>de</strong> lisières arbustives et<br />

la préservation <strong>de</strong>s cours d’eau.<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 23


dossier du <strong>trimestre</strong><br />

Le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la Fediex<br />

Fédération <strong>de</strong>s industries extractives <strong>de</strong> belgique<br />

La Fediex est une fédération professionnelle qui regroupe <strong>de</strong>s entreprises belges actives dans l’extraction et la<br />

transformation <strong>de</strong> roches non combustib<strong>les</strong> (granulats, chaux, dolomie, roche ornementale…). Elle se préoccupe<br />

notamment <strong>de</strong>s aspects socio-économiques et environnementaux, motif légitime pour recueillir son point <strong>de</strong><br />

vue sur la mise en place <strong>de</strong> Natura 2000 et <strong>les</strong> répercussions auprès <strong>de</strong> ses membres. Et un complément idéal<br />

pour mesurer <strong>les</strong> différences d’accueil entre <strong>de</strong>ux secteurs pourtant liés aux ressources naturel<strong>les</strong>.<br />

Michel Calozet, Conseiller Général au sein <strong>de</strong><br />

la Fediex, a le visage radieux à l’évocation <strong>de</strong><br />

Natura 2000 ! Et pour cause, le dossier est<br />

très simple à gérer car « nous sommes dans<br />

une continuité. Nous n’avons pas attendu Natura<br />

2000 pour nous préoccuper <strong>de</strong> l’environnement<br />

et du développement <strong>de</strong> la<br />

biodiversité. Il faut savoir que <strong>les</strong> conditions<br />

sectoriel<strong>les</strong> qui sont applicab<strong>les</strong> à nos activités<br />

ont intégré, <strong>de</strong>puis longtemps, cette dynamique.<br />

Nous nous préoccupons <strong>de</strong> l’environnement<br />

durant l’exploitation et nous<br />

anticipons même le retour <strong>de</strong>s carrières à la<br />

nature, lors <strong>de</strong> leur fermeture ».<br />

Depuis une quinzaine d’années, <strong>les</strong> carriers<br />

ont entamé <strong>de</strong>s négociations avec <strong>les</strong> environnementalistes,<br />

<strong>les</strong> agriculteurs et l’administration<br />

pour discuter <strong>de</strong>s conditions<br />

d’exploitation <strong>de</strong>s carrières.<br />

En 2003, <strong>de</strong>s conditions sectoriel<strong>les</strong> ont été<br />

officialisées. El<strong>les</strong> privilégient la biodiversité et<br />

instaurent un dialogue nouveau avec <strong>les</strong> riverains,<br />

<strong>les</strong> agriculteurs… La finalité économique<br />

<strong>de</strong> l’exploitation reste présente, mais<br />

on a le sentiment d’être face à un secteur en<br />

pointe en matière <strong>de</strong> citoyenneté.<br />

« La recherche d’une meilleure cohabitation<br />

entre l’activité d’extraction et la préservation<br />

<strong>de</strong> la biodiversité donne lieu également à <strong>de</strong>s<br />

actions individuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> nos membres » note<br />

Michel Calozet, citant <strong>de</strong>s partenariats avec<br />

<strong>de</strong>s associations loca<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s dons…<br />

Pour Benoit Lussis, Conseiller au département<br />

Écologie Industrielle <strong>de</strong> la Fediex, il est important<br />

<strong>de</strong> préciser que « lorsqu’on parle <strong>de</strong> sites Natura<br />

2000, on parle plus en terme d’objectif <strong>de</strong><br />

conservation d’un type d’habitat ou d’une espèce<br />

menacée, on n’est pas que dans l’interdit.<br />

On peut envisager une activité, quelle qu’elle<br />

soit, dans la mesure où elle ne menace pas ces<br />

sites. C’est le cas pour certains <strong>de</strong> nos membres<br />

Pour Benoit Lussis, Conseiller au département Écologie Industrielle <strong>de</strong> la Fediex (à gauche) et pour Michel Calozet,<br />

Conseiller Général (à droite), le secteur est serein face à la montée en puissance du réseau Natura 2000 en Wallonie.<br />

24 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Cette ancienne carrière <strong>de</strong> la société Holcim Belgique, sur le site <strong>de</strong> Obourg, a été réhabilitée. Aujourd’hui, ce site accueille<br />

« La maison <strong>de</strong> la biodiversité » qui - outre son exposition permanente - organise <strong>de</strong>s activités à thèmes, <strong>de</strong>s visites guidées<br />

du site ou du jardin géologique, <strong>de</strong>s stages pour <strong>les</strong> jeunes… Photo : © J. Van Hevel / Holcim Belgique<br />

qui ont une partie <strong>de</strong> leur exploitation en zone<br />

Natura 2000, il n’y a pas incompatibilité! ».<br />

Mais le Conseiller <strong>de</strong> déplorer que « cela dit,<br />

lorsqu’il y a une raison impérative d’intérêt public<br />

majeur, <strong>de</strong> nature sociale ou économique,<br />

à exploiter dans le périmètre Natura 2000, <strong>les</strong><br />

formalités administratives et <strong>les</strong> mesures <strong>de</strong><br />

compensation à éventuellement mettre en<br />

place représentent <strong>de</strong>s obstac<strong>les</strong> nouveaux,<br />

supplémentaires, pour l’exercice <strong>de</strong> l’activité du<br />

secteur. Même dans la perspective très réelle<br />

où la biodiversité est plus intéressante après exploitation<br />

qu’avant, cela ne dispensera pas<br />

d’une procédure lour<strong>de</strong> à mettre en œuvre ».<br />

Aujourd’hui, <strong>les</strong> faits sont là ! Les carriers sont<br />

aussi <strong>de</strong>s pourvoyeurs <strong>de</strong> biodiversité, peutêtre<br />

que tout le mon<strong>de</strong> ne l’avait pas encore<br />

bien intégré ?<br />

Fediex<br />

Boulevard du Souverain, 68<br />

1170 Bruxel<strong>les</strong><br />

Téléphone : 02/511 61 73<br />

Fax : 02/511 12 84<br />

E-mail : info@fediex.org<br />

Web : www.fediex.be


Natura 2000 :<br />

un changement <strong>de</strong> culture<br />

Le propos est relayé par le responsable du<br />

DNF, Philippe Blerot, pour qui « Natura 2000<br />

est un changement profond <strong>de</strong> culture dans<br />

la société en ce sens qu’on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à un<br />

propriétaire <strong>de</strong> participer à la protection <strong>de</strong> la<br />

biodiversité, un patrimoine appartenant à la<br />

collectivité. Ce changement doit se faire progressivement,<br />

en pleine concertation avec <strong>les</strong><br />

propriétaires et gestionnaires ».<br />

Pour l’Inspecteur Général, cette évolution est<br />

en cours et « si certains estiment que ça va<br />

lentement, il faut savoir que c’est délibéré<br />

pour mettre en place un large dialogue avec<br />

toutes <strong>les</strong> personnes concernées. Nous n’en<br />

sommes qu’au début d’une nouvelle ère, il<br />

reste du chemin à parcourir ».<br />

Pour Étienne Snyers, à la tête <strong>de</strong> NTF, l’association<br />

<strong>de</strong>s propriétaires ruraux <strong>de</strong> Wallonie, il<br />

importe d’avancer pas à pas. « Dans Natura<br />

2000, il y a <strong>de</strong>ux choses: protéger et restaurer.<br />

La priorité est aujourd’hui <strong>de</strong> protéger <strong>les</strong> sites<br />

pour éviter <strong>de</strong> <strong>les</strong> détruire. On nous parle déjà<br />

<strong>de</strong> restauration, mais c’est trop prématuré ».<br />

Se basant sur son expérience du terrain, le forestier<br />

constate que « le plus important est <strong>de</strong><br />

motiver <strong>les</strong> gens et <strong>de</strong> <strong>les</strong> faire adhérer. Apprendre<br />

que l’on a une parcelle en Natura<br />

2000 n’est pas une bonne nouvelle pour le<br />

propriétaire privé. C’est synonyme <strong>de</strong> tracasseries<br />

administratives, il faut comprendre, intégrer<br />

<strong>les</strong> contraintes… Passé cette première<br />

réaction, Natura 2000 suscite <strong>de</strong> l’intérêt car<br />

c’est la reconnaissance <strong>de</strong> la bonne gestion<br />

menée par le propriétaire. Alors avançons <strong>de</strong><br />

manière progressive, commençons simplement<br />

par protéger <strong>les</strong> sites Natura 2000, ensuite<br />

viendra l’action !».<br />

Gérard Jadoul n’est pas loin <strong>de</strong> partager ce<br />

<strong>de</strong>rnier avis constatant qu’ « il est moins compliqué<br />

d’obtenir l’adhésion <strong>de</strong>s propriétaires<br />

privés car il y a une forme <strong>de</strong> fierté à avoir <strong>de</strong>s<br />

espèces Natura 2000 ».<br />

« Entre le nouveau Co<strong>de</strong> forestier et Natura<br />

2000, nous sommes à <strong>de</strong>s années lumière<br />

<strong>de</strong> ce que l’on connaissait. Si nous parvenons<br />

à impliquer <strong>les</strong> gens, je pense que <strong>les</strong><br />

choses sont en bonne voie » ponctue notre<br />

interlocuteur, optimiste. Pour autant l’environnementaliste<br />

s’interroge sur l’avenir. Et<br />

Naturawal asbl<br />

Sensibiliser, informer et accompagner <strong>les</strong> propriétaires et<br />

gestionnaires (agrico<strong>les</strong> et forestiers) face à Natura 2000<br />

Créée en <strong>2009</strong>, à l’initiative <strong>de</strong>s trois représentants <strong>de</strong> la société civile du<br />

Forum Natura 2000 (FWA, NTF et IEW) qui ont souhaité perpétuer la dynamique<br />

<strong>de</strong> concertation née <strong>de</strong> leurs réunions en commun, l’asbl Naturawal<br />

est un outil <strong>de</strong> terrain dédié au réseau Natura 2000.<br />

Comme le précise son coordinateur, Bertrand<br />

Auquière, « Naturawal a pour objectif principal<br />

d’informer et d’ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> propriétaires et <strong>les</strong><br />

gestionnaires, forestiers et agrico<strong>les</strong>, par rapport<br />

à ce qui est attendu d’eux dans le cadre<br />

<strong>de</strong> Natura 2000 ». À côté <strong>de</strong> cette mission<br />

prioritaire, « nous travaillons également à décloisonner<br />

<strong>les</strong> échanges avec la myria<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

parties prenantes dans ce dossier, pour créer<br />

<strong>de</strong>s synergies entre <strong>les</strong> différents partenaires ».<br />

Enfin, « nous motivons <strong>les</strong> acteurs <strong>de</strong> terrain<br />

pour aller plus loin en adoptant <strong>de</strong>s mesures<br />

incitatives liées à Natura 2000 (îlots <strong>de</strong> conservation,<br />

lisières, travaux <strong>de</strong> restauration…) ».<br />

Information et accompagnement<br />

Pour mener à bien sa mission d’appui, Naturawal<br />

s’implique dans trois domaines :<br />

1- Création d’outils <strong>de</strong> communication<br />

Naturawal a élaboré <strong>de</strong>s fiches didactiques<br />

sur Natura 2000, qui traduisent avec simplicité<br />

la législation.<br />

D’autre part, l’asbl travaille sur la rédaction<br />

<strong>de</strong>s fiches « Sites Natura 2000 », véritable<br />

carte d’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> ces différentes zones. 240<br />

<strong>de</strong>scriptions sont prévues d’ici à 2013.<br />

Dès qu'ils seront finalisés, ces documents seront<br />

accessib<strong>les</strong> sur le site Internet <strong>de</strong> Naturawal.<br />

2- Organisation <strong>de</strong> séances d’information<br />

Chaque site Natura 2000 est encadré par un<br />

arrêté <strong>de</strong> désignation, ce <strong>de</strong>rnier est soumis<br />

à enquête publique. C’est dans ce cadre que<br />

Naturawal organise <strong>de</strong>s réunions spécifiques,<br />

avec l’administration, informant <strong>les</strong> propriétaires<br />

et gestionnaires concernés.<br />

3- Accompagnement<br />

Naturawal accompagne <strong>les</strong> forestiers et <strong>les</strong><br />

agriculteurs avec <strong>de</strong>s informations très ciblées<br />

ou par sa présence lors <strong>de</strong> foires ou <strong>de</strong> salons.<br />

<strong>de</strong> constater que Natura 2000 ne doit pas<br />

être ressenti comme une contrainte car « on<br />

peut réfléchir pour donner, à terme, une valeur<br />

ajoutée nouvelle aux sites Natura 2000.<br />

Par exemple y promouvoir <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong><br />

formes <strong>de</strong> tourisme. Ce serait intéressant<br />

pour <strong>les</strong> propriétaires publics qui, voyant<br />

leurs revenus issus du bois baisser, pourraient<br />

compenser ce manque à gagner par<br />

l’affluence <strong>de</strong> touristes d’un nouveau<br />

genre !». Une idée pleine d’intelligence qui<br />

mérite d’être approfondie.<br />

Au terme <strong>de</strong> ce dossier, face à la question<br />

posée : « Le réseau Natura 2000 en Wallonie,<br />

opportunité ou menace pour <strong>les</strong> secteurs<br />

pierre et bois ? », il semble que globalement<br />

<strong>les</strong> aspects positifs l’emportent.<br />

Une conclusion à nuancer néanmoins, car si<br />

pour le secteur pierre la mesure semble totalement<br />

« indolore », le secteur forestier est<br />

en proie au doute. Le grand équilibre qui prévalait<br />

jusqu’à maintenant entre le rôle économique,<br />

écologique et social <strong>de</strong> la forêt ne<br />

vacille-t-il pas ? Il est trop tôt pour le dire, ren<strong>de</strong>z-vous<br />

dans quelques années. n<br />

Son coordinateur, Bertrand Auquière, l’assure : Naturawal<br />

est prêt à se consacrer pleinement à son rôle d’appui, mais<br />

encore faut-il lever <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières zones d’ombre.<br />

Naturawal asbl<br />

Chaussée <strong>de</strong> Namur, 47<br />

5030 Gembloux<br />

Téléphone : 081 62 74 62<br />

GSM : 0479 12 78 31<br />

E-mail : info@naturawal.be<br />

Web : www.naturawal.be<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 25


spécial week-end du bois <strong>2009</strong><br />

Le Week-End du Bois,<br />

cinq ans <strong>de</strong> succès !<br />

Notre forêt est située au cœur d’une<br />

région forestière composée <strong>de</strong>s Ar<strong>de</strong>nnes<br />

françaises, <strong>de</strong> l’Ar<strong>de</strong>nne belge, <strong>de</strong> l’Oesling<br />

luxembourgeois et <strong>de</strong> l’Eifel allemand.<br />

Outre <strong>les</strong> importantes plus values économiques<br />

et environnementa<strong>les</strong> qu’il génère,<br />

ce territoire boisé constitue un pôle d’attractivité<br />

<strong>de</strong> premier ordre.<br />

Pour la première fois en 2004, un projet<br />

intitulé Les Routes du Bois et son événementiel<br />

Le Week-End du Bois proposaient<br />

<strong>de</strong> mettre en exergue ce précieux atout<br />

que représente la filière forêt-bois pour <strong>les</strong><br />

populations résidant dans <strong>les</strong> régions septentriona<strong>les</strong><br />

parmi <strong>les</strong> urbanisées d’Europe.<br />

Depuis, le Week-end du Bois s’est imposé<br />

comme l’événement annuel incontournable<br />

<strong>de</strong> cette filière en Wallonie et dans<br />

<strong>les</strong> zones transfrontalières. Pour sa cinquième<br />

édition, il vient <strong>de</strong> rencontrer un<br />

succès sans précé<strong>de</strong>nt avec près <strong>de</strong> 40.000<br />

visiteurs !!!<br />

Concrètement ?<br />

Le Week-End du Bois c’est l’occasion <strong>de</strong> pouvoir<br />

découvrir et apprécier la forêt et le bois<br />

dans toute leur diversité. Jugez-en plutôt : <strong>de</strong>s<br />

entreprises qui ouvrent leurs portes et présentent<br />

leur savoir-faire ; <strong>de</strong>s bala<strong>de</strong>s forestières en<br />

tous genres - pé<strong>de</strong>stres, à cheval, en VTT,<br />

contées, avec gui<strong>de</strong> nature, sous forme <strong>de</strong> jeux<br />

<strong>de</strong> pistes…- ; la découverte <strong>de</strong> bâtiments et <strong>de</strong>s<br />

réalisations avec le matériau bois ; <strong>de</strong>s expositions,<br />

conférences, animations autour <strong>de</strong> la<br />

26 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

forêt et du bois ; <strong>de</strong>s activités spécifiques pour<br />

<strong>les</strong> plus jeunes… bref pas moins <strong>de</strong> 200 activités<br />

origina<strong>les</strong> et variées : pédagogiques, récréatives,<br />

« nature », artistiques, festives, professionnel<strong>les</strong>…<br />

Il y en a vraiment pour tous <strong>les</strong><br />

goûts et tous <strong>les</strong> besoins !<br />

Des nouveautés<br />

chaque année<br />

Répondre au mieux aux attentes <strong>de</strong>s acteurs<br />

comme <strong>de</strong>s participants, susciter la curiosité,<br />

aiguiser l’intérêt : voilà <strong>les</strong> engagements qu’ont<br />

pris <strong>les</strong> organisateurs - <strong>Valbois</strong> R.N. asbl et l’Administration<br />

<strong>de</strong>s Eaux et Forêts du Grand-<br />

Duché <strong>de</strong> Luxembourg - lorsqu’ils ont lancé le<br />

Week-end Bois en 2004.<br />

Pour ce faire, indépendamment <strong>de</strong> la qualité<br />

intrinsèque <strong>de</strong>s visites figurant au programme,<br />

<strong>les</strong> organisateurs apportent chaque année <strong>de</strong>s<br />

nouveautés, <strong>de</strong>s « petits plus » : un site Internet<br />

actualisé voire amélioré le cas échéant ; <strong>de</strong>s<br />

suggestions <strong>de</strong> « parcours clés en main » par<br />

région ou par thème - cette année, <strong>de</strong>s propriétaires<br />

privés comme Monsieur Maus <strong>de</strong> Rolley<br />

proposaient un circuit découverte en Wallonie<br />

et au Grand Duché - ; <strong>de</strong>s flèches indicatrices<br />

désormais réutilisab<strong>les</strong> d'année en année - acte<br />

symbolique <strong>de</strong> l'engagement <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s<br />

acteurs du Week-End Bois en faveur du développement<br />

durable… Enfin <strong>de</strong>rnière nouveauté<br />

<strong>2009</strong>, le Week-End du Bois a élargi son offre au<br />

Nord <strong>de</strong> la France (territoires <strong>de</strong> l’Avesnois et <strong>de</strong><br />

la Thiérache) grâce à la collaboration du Centre<br />

du Bois <strong>de</strong> la Thiérache et d’Initialités.<br />

Le Week-End du Bois <strong>2009</strong> :<br />

un succès sans précé<strong>de</strong>nt<br />

Un public ravi <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s activités proposées<br />

et avi<strong>de</strong> d’informations sur la filière forêtbois.<br />

À tel point que <strong>de</strong> très nombreux visiteurs<br />

n’ont pas hésité à parcourir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s distances<br />

voire à franchir <strong>les</strong> frontières. C’est certain,<br />

<strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> satisfaction<br />

que nous venons <strong>de</strong> réaliser ont <strong>de</strong> quoi réjouir<br />

<strong>les</strong> organisateurs comme <strong>les</strong> participants.<br />

Cette année ce sont <strong>les</strong> entreprises qui ont rencontré<br />

le plus grand succès, suivies <strong>de</strong> près par<br />

<strong>les</strong> bala<strong>de</strong>s en forêt, un peu boudées par rapport<br />

aux éditions précé<strong>de</strong>ntes en raison <strong>de</strong><br />

conditions climatiques détestab<strong>les</strong> en certains<br />

endroits.<br />

Un bilan <strong>de</strong> cinquième anniversaire incontestablement<br />

positif avec ses 40.000 visiteurs ! n<br />

Promena<strong>de</strong> Nature et Contes dans la forêt <strong>de</strong> Silly.


C'est la <strong>de</strong>uxième année que l'UCM est partenaire du Week-end du Bois. À ce titre, elle assure notamment la publicité<br />

<strong>de</strong> l'événementiel auprès <strong>de</strong> ses membres via son site internet www.ucm.be et son<br />

bimensuel « Union & Actions ». Les conseillers en environnement <strong>de</strong> l'UCM sont à la disposition<br />

<strong>de</strong>s indépendants et chefs <strong>de</strong> TPE et PME pour <strong>les</strong> informer et <strong>les</strong> gui<strong>de</strong>r dans<br />

toutes <strong>les</strong> matières environnementa<strong>les</strong>. Ce service est gratuit.<br />

L’UCM, un partenaire<br />

du Week-End du Bois <strong>2009</strong><br />

Depuis <strong>de</strong> nombreuses années, le mon<strong>de</strong> scientifique<br />

lance un cri d’alarme. La biodiversité connaît<br />

une crise majeure: au niveau mondial, l‘extinction<br />

et la régression <strong>de</strong>s espèces vivantes s’opèrent à un<br />

rythme bien plus rapi<strong>de</strong> que ce que la Terre a connu<br />

<strong>de</strong>puis que la vie y est apparue. Ce rythme est tel<br />

que certains n’hésitent pas à parler d’une « sixième<br />

extinction <strong>de</strong>s espèces ». La Belgique n’échappe<br />

pas à ce phénomène: on estime que le tiers <strong>de</strong>s<br />

55.000 espèces <strong>de</strong> plantes et d’animaux que<br />

compte notre pays sont menacées d’extinction. Les<br />

causes <strong>de</strong> cette érosion continue et massive sont<br />

bien connues: la fragmentation et la disparition <strong>de</strong>s<br />

habitats naturels dues à l’urbanisation, leur dégradation<br />

par <strong>les</strong> polluants, la surexploitation <strong>de</strong>s ressources<br />

naturel<strong>les</strong>, l’extension <strong>de</strong> certaines espèces<br />

exotiques invasives, et <strong>les</strong> effets <strong>de</strong>s changements<br />

climatiques. La condition préalable à toute action<br />

en faveur <strong>de</strong> la biodiversité est d’avoir conscience<br />

<strong>de</strong>s innombrab<strong>les</strong> services que la biodiversité nous<br />

rend et <strong>de</strong> leur caractère vital. Citons notamment<br />

la production d’oxygène et le stockage du CO 2,<br />

l’épuration <strong>de</strong> l’air et <strong>de</strong> l’eau, la pollinisation, la<br />

production <strong>de</strong> nourriture, la fourniture d’énergie, la<br />

fourniture <strong>de</strong> nombreux produits y compris thérapeutiques,<br />

un potentiel énorme d’innovation technologique…<br />

Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1997 a calculé que la<br />

valeur économique totale <strong>de</strong>s services rendus par la<br />

biodiversité au plan mondial était d’approximativement<br />

33.000 milliards <strong>de</strong> dollars par an, soit quasiment<br />

<strong>de</strong>ux fois le PIB mondial <strong>de</strong> l’époque. Il faut<br />

ensuite réaliser que ces services vitaux ne peuvent<br />

nous être fournis que parce qu’ils résultent d’un<br />

bon fonctionnement <strong>de</strong>s écosystèmes, c'est-à-dire<br />

<strong>de</strong>s innombrab<strong>les</strong> interactions <strong>de</strong>s espèces vivantes<br />

entre el<strong>les</strong> et avec leurs milieux. Ces interactions<br />

forment <strong>de</strong>s équilibres extrêmement efficaces mais<br />

extrêmement fragi<strong>les</strong>: si quelques éléments-clés<br />

sont menacés, c’est tout l’écosystème qui l’est.<br />

La protection <strong>de</strong>s espèces vivantes est mise en œuvre<br />

par une série <strong>de</strong> mesures réglementaires aux échelons<br />

mondial, européen, national et régional. Citons<br />

par exemple la Convention sur la Diversité Biologique<br />

<strong>de</strong> 1992, la Convention sur le trafic <strong>de</strong>s<br />

espèces menacées, la loi sur la conservation <strong>de</strong> la<br />

nature, la Directive sur la responsabilité environnementale,<br />

<strong>les</strong> zones à statut spécial visant à protéger<br />

<strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> grand intérêt comme Natura 2000, <strong>les</strong><br />

zones humi<strong>de</strong>s d’intérêt biologique et <strong>les</strong> réserves<br />

naturel<strong>les</strong>, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> en matière d’aménagement du<br />

territoire… Il s’avère que ces mesures, indispensab<strong>les</strong>,<br />

sont néanmoins insuffisantes. Il faut « sortir<br />

la nature <strong>de</strong> sa réserve »: favoriser la biodiversité en<br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s zones protégées, et ainsi reconstituer le<br />

« maillage écologique » entre ces zones <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

valeur. Chacun peut y contribuer: pouvoirs publics,<br />

particuliers, mais aussi entreprises, petites ou<br />

gran<strong>de</strong>s. Et ces initiatives ne sont pas nécessairement<br />

synonymes <strong>de</strong> contraintes et <strong>de</strong> coûts supplémentaires.<br />

En voici quelques exemp<strong>les</strong>, non-limitatifs.<br />

L’entreprise peut effectuer certains aménagements<br />

tels que la plantation d’essences indigènes feuillues<br />

plutôt que la classique haie <strong>de</strong> thuyas. Elle peut<br />

aménager à peu <strong>de</strong> frais un bassin d’orage existant<br />

en mare. Substituer une partie du traditionnel<br />

gazon par une parcelle <strong>de</strong> prairie fleurie donnera<br />

un agrément aux abords <strong>de</strong> l’entreprise tout en<br />

diminuant <strong>les</strong> coûts d’entretien. Pour l’entretien <strong>de</strong><br />

ses abords, l’entreprise pourra appliquer (ou faire<br />

appliquer par son entrepreneur <strong>de</strong> jardins) <strong>de</strong>s pratiques<br />

dites <strong>de</strong> gestion différenciée: selon la fonction<br />

<strong>de</strong> telle ou telle partie du terrain, son entretien<br />

sera plus ou moins intensif (zones d’accueil, zones<br />

à l’arrière du bâtiment), et d’une manière générale<br />

l’entretien fera appel à <strong>de</strong>s modalités plus douces<br />

(moindre utilisation <strong>de</strong> produits phytosanitaires,<br />

d’engrais…). Pour inciter à certaines <strong>de</strong> ces<br />

mesures, <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s, financières et techniques, existent.<br />

De plus en plus d’entreprises <strong>de</strong> parcs et jardins<br />

proposent une approche et <strong>de</strong>s pratiques innovantes.<br />

Mais l’entreprise peut également déci<strong>de</strong>r<br />

d’agir en amont, dès la conception <strong>de</strong> son projet<br />

d’implantation. Sur le terrain qu’elle a choisi, elle<br />

peut tout simplement maintenir tout ou partie <strong>de</strong>s<br />

éléments naturels préexistants tels que haies et<br />

bosquets. Elle peut aussi (et y a d’ailleurs tout intérêt)<br />

débarrasser le terrain <strong>de</strong>s espèces invasives<br />

(comme par exemple la renouée du Japon) qui s’y<br />

trouvent éventuellement, ou éviter d’en utiliser<br />

dans ses aménagements d’abords: ainsi, le buddleia,<br />

bien connu et tellement plaisant à l’œil parce<br />

qu’il attire <strong>les</strong> papillons, est à éviter, parce qu’il est<br />

tellement prolifique qu’il prend la place <strong>de</strong>s plantes<br />

nourricières <strong>de</strong>s… chenil<strong>les</strong> <strong>de</strong> nombreuses espèces<br />

<strong>de</strong> papillons, déjà en très forte régression en Belgique!<br />

La conception du bâtiment même peut intégrer<br />

<strong>de</strong>s mesures favorab<strong>les</strong> à la fois à la biodiversité<br />

et aux finances <strong>de</strong> l’entreprise. Des éléments en<br />

bois bien protégés par la structure même du bâtiment<br />

rendront le traitement du bois superflu. Une<br />

toiture végétalisée permettra <strong>de</strong> réguler <strong>les</strong> températures<br />

dans <strong>les</strong> volumes situés en-<strong>de</strong>ssous et <strong>de</strong> se<br />

passer <strong>de</strong> système <strong>de</strong> climatisation. L’infiltration <strong>de</strong>s<br />

eaux <strong>de</strong> pluie dans <strong>de</strong>s fossés ou <strong>de</strong>s mares permettra<br />

d’économiser sur le réseau d’égouttage. Autant<br />

<strong>de</strong> techniques dites d’ « écoconstruction » qui sont<br />

maintenant bien connues, et appliquées par <strong>de</strong><br />

plus en plus d’architectes et d’entreprises <strong>de</strong><br />

construction.<br />

Enfin, dans son exploitation au quotidien, l’entreprise<br />

peut encore mettre en œuvre <strong>de</strong>s pratiques<br />

dont <strong>les</strong> effets seront bénéfiques à la biodiversité<br />

bien au-<strong>de</strong>là du périmètre <strong>de</strong> son lieu d’implantation.<br />

L’utilisation <strong>de</strong> bois et <strong>de</strong> produits dérivés provenant<br />

<strong>de</strong> forêts gérées durablement et certifiées<br />

comme tels (label PEFC par exemple) est une possibilité.<br />

Et, au-<strong>de</strong>là, il y a tous <strong>les</strong> vastes champs possib<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> la consommation responsable… n<br />

E. GIRARDI<br />

LA CELLULE ENVIRONNEMENT<br />

DE L’UCM<br />

CONTACTS :<br />

Province <strong>de</strong> Liège :<br />

Véronique Meeùs<br />

Tél. : 04/221.65.90<br />

E-mail : veronique.meeus@ucm.be<br />

Provinces <strong>de</strong> Namur, Luxembourg<br />

et Brabant wallon (Wavre) :<br />

Eddy Girardi<br />

Tél. : 081/32.06.29<br />

E-mail : eddy.girardi@ucm.be<br />

Provinces <strong>de</strong> Hainaut et Brabant<br />

wallon (Nivel<strong>les</strong>) :<br />

Jean-Christophe Masure<br />

Tél. : 069/34.36.45 ou 065/38.38.47<br />

E-mail : jc.masure@ucm.be<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 27


spécial week-end du bois <strong>2009</strong><br />

Inauguration du Week-End du Bois <strong>2009</strong><br />

dans une parcelle <strong>de</strong> hêtres record<br />

Dans la famille Maus <strong>de</strong> Rolley, on est<br />

propriétaires forestiers <strong>de</strong>puis toujours.<br />

Comme le fait remarquer notre hôte,<br />

Jean-Michel Maus <strong>de</strong> Rolley, « j’ai grandi<br />

<strong>de</strong>dans! Mon père gérait lui-même ses<br />

bois. À l’époque, on faisait tout nousmême,<br />

et nous vendions nos bois bord<br />

<strong>de</strong> route ». Un scénario <strong>de</strong> vente difficilement<br />

envisageable aujourd’hui.<br />

Depuis quelques années, lui et son frère<br />

se partagent environ 100 hectares <strong>de</strong><br />

forêts. Mais il est une parcelle qui suscite<br />

curiosité et intérêt. Tout près <strong>de</strong><br />

Bastogne, à Rolley, sur une superficie <strong>de</strong><br />

1,80 hectare, <strong>de</strong>s hêtres plantés en 1945<br />

vont vraisemblablement battre un<br />

record d’exploitabilité: parvenir à une<br />

circonférence <strong>de</strong> 200 cm en 80 ans!<br />

Aucun miracle <strong>de</strong>rrière ce phénomène,<br />

simplement une gestion sylvicole qui<br />

prend en compte, au mieux, <strong>les</strong> caractéristiques<br />

du hêtre.<br />

Un propriétaire attentif<br />

Jean-Michel Maus <strong>de</strong> Rolley est une personne<br />

tout en retenue, en l’écoutant on ne se doute<br />

pas qu’il a amassé tant <strong>de</strong> connaissances en<br />

matière <strong>de</strong> sylviculture.<br />

« À la base, ma formation est celle d’un juriste.<br />

Je n’y connaissais pas grand-chose en<br />

gestion sylvicole. La gestion <strong>de</strong> mon père ne<br />

m’a pas donné <strong>de</strong> savoir scientifique, on utilisait<br />

du bon sens ».<br />

Pourtant, ce propriétaire va creuser la question<br />

: « j’ai énormément appris du fichier écologique<br />

<strong>de</strong>s essences et du cycle <strong>de</strong> formation<br />

forestière CYFOR organisé par le Centre <strong>de</strong><br />

Développement Agroforestier <strong>de</strong> Chimay<br />

(CDAF) ».<br />

Et pour la suite <strong>de</strong> son aventure, raison <strong>de</strong><br />

notre rencontre, M. Maus <strong>de</strong> Rolley n’y voit qu’<br />

« une gestion attentive, la simple application<br />

<strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> recommandées par tous ceux qui<br />

font du hêtre ». Discret, nous vous le disions,<br />

car ce forestier est allé bien plus loin!<br />

28 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

Exemple d’une hêtraie<br />

Effectivement, il est <strong>de</strong>s caractéristiques du<br />

hêtre qu’il a su exploiter à merveille.<br />

En premier lieu, le caractère sciaphile <strong>de</strong> l’espèce.<br />

« Le hêtre a besoin, dans sa jeunesse,<br />

<strong>de</strong> pousser dans un environnement forestier,<br />

si possible dans un sous-étage, profitant <strong>de</strong><br />

l’ombre <strong>de</strong> chênes, <strong>de</strong> mélèzes ou encore <strong>de</strong><br />

pins sylvestres ».<br />

C’est en grandissant, que cette essence va réclamer<br />

<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> lumière. Comme le<br />

résume M. Maus <strong>de</strong> Rolley, « le hêtre, en se<br />

développant, <strong>de</strong>vient héliophile. Il réagit très<br />

bien à la mise en lumière et à l’octroi d’espace<br />

pour pousser ».<br />

Sur sa petite parcelle, à Rolley, toutes <strong>les</strong><br />

conditions favorab<strong>les</strong> se sont mises en place<br />

pour donner naissance à un ensemble forestier<br />

hors du commun.<br />

« Vers 1945, mon père a planté <strong>de</strong>s hêtres,<br />

sous un peuplement clair <strong>de</strong> pins sylvestres.<br />

Je pense que l’écartement entre eux <strong>de</strong>vait<br />

être d’un mètre. Pendant trente ans, nous<br />

n’avons rien fait. On <strong>les</strong> a laissés pousser ».<br />

Les pins sylvestres n’ont pas été récoltés et<br />

ont progressivement dépéri sur pied. « Ils<br />

sont partis <strong>de</strong> leur belle mort au terme d’une<br />

vie d’environ 70 à 80 ans », précise notre témoin.<br />

Voilà <strong>de</strong>s hêtres qui auront connu un début<br />

<strong>de</strong> vie rêvé ! Une petite enfance à l’ombre, et<br />

tout à coup, ado<strong>les</strong>cents, <strong>les</strong> voilà en pleine<br />

lumière. Nous sommes dans la première moitié<br />

<strong>de</strong>s années septante, ces hêtres ont entre<br />

25 et 30 ans, et ils profitent d’un élagage naturel<br />

parfait.<br />

Jean-Michel Maus <strong>de</strong> Rolley <strong>les</strong> revoit parfaitement.<br />

« Ils avaient <strong>de</strong>s fûts sans branches.<br />

Plantés serrés, leur croissance avait entraîné<br />

un élagage naturel. Les tiges restantes étaient<br />

bien droites et en nombre suffisant. La hauteur<br />

dominante <strong>de</strong>vait être <strong>de</strong> l’ordre d’une<br />

quinzaine <strong>de</strong> mètres ».<br />

C’est à partir <strong>de</strong> ce moment-là que le sylviculteur<br />

va mettre en œuvre une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

gestion novatrice.


Peu <strong>de</strong> prélèvements<br />

mais très souvent<br />

En ce début 1980, la particularité <strong>de</strong> la gestion<br />

<strong>de</strong> Jean-Michel Maus <strong>de</strong> Rolley est <strong>de</strong><br />

traiter sa parcelle en faisant peu d’interventions,<br />

mais à un rythme fréquent, tous <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux à trois ans.<br />

« Dès que nous avons commencé à mettre <strong>les</strong><br />

pieds dans la parcelle, nous y sommes allés<br />

régulièrement. Nous ne coupions que petit à<br />

petit pour gar<strong>de</strong>r <strong>les</strong> plus beaux spécimens ».<br />

Aucune coupe d’éclaircie n’a été réalisée, on<br />

a simplement enlevé <strong>de</strong>s pieds. « À partir <strong>de</strong><br />

30 cm <strong>de</strong> circonférence, le hêtre se vend très<br />

bien en bois <strong>de</strong> chauffage, et <strong>les</strong> clients<br />

étaient nombreux. Économiquement, c’est<br />

très rentable car nous n’avons réalisé aucun<br />

traitement sylvicole, juste un suivi et <strong>de</strong>s<br />

coupes qui trouvaient preneur ».<br />

Pour ce forestier qui tient à jour un inventaire<br />

<strong>de</strong> sa parcelle, <strong>de</strong> 1989 à nos jours, où sont notées<br />

<strong>les</strong> circonférences moyennes, la <strong>de</strong>nsité, la<br />

surface terrière, le volume <strong>de</strong> bois, la hauteur<br />

dominante… il est <strong>de</strong>s chiffres particulièrement<br />

parlants. « Certaines années, l’accroissement<br />

annuel moyen en volume a été <strong>de</strong> 13 m 3 par<br />

an! C’est un résultat exceptionnel quand on<br />

sait qu’en général cet accroissement n’est que<br />

<strong>de</strong> 4 à 8 m 3 par an. Depuis 1989, nous sommes<br />

toujours restés entre 8,5 et 13 m 3 . C’est d’autant<br />

plus intéressant que le forestier est supposé<br />

ne prélever que l’accroissement!».<br />

La faculté du hêtre à réagir à la mise en lumière<br />

a joué à plein. Le propriétaire s’apprête<br />

à récolter <strong>de</strong>s bil<strong>les</strong> records, pour <strong>de</strong>s bois qui<br />

ne sont pas encore centenaires.<br />

Récolte et avenir<br />

<strong>de</strong> cette parcelle<br />

« Quand on parle <strong>de</strong> hêtre, la théorie veut<br />

que le sylviculteur passe en éclaircie tous <strong>les</strong><br />

4 à 8 ans. Ici, nous sommes passés <strong>de</strong>ux fois<br />

plus vite, c’est innovant. Ce rythme plus soutenu<br />

a accéléré la croissance et l’a rendue<br />

beaucoup plus régulière. C’est un élément<br />

important pour avoir <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité<br />

» relève M. Maus <strong>de</strong> Rolley.<br />

Aujourd’hui, <strong>les</strong> hêtres <strong>de</strong> ce propriétaire ont<br />

65 ans. Et il fait le pari : « nous allons avoir<br />

<strong>de</strong>s arbres qui vont atteindre <strong>les</strong> 2 mètres <strong>de</strong><br />

circonférence, dimension d’exploitabilité, à<br />

l’âge <strong>de</strong> 80 ans, alors qu’il est assez commun<br />

<strong>de</strong> compter 120 à 150 ans pour parvenir à<br />

une telle circonférence !».<br />

Aucun propriétaire forestier ne peut rester insensible<br />

à cette performance. Dans un<br />

contexte <strong>de</strong> changement climatique, et <strong>de</strong> recherche<br />

<strong>de</strong> bois <strong>de</strong> haute qualité, <strong>de</strong>s rotations<br />

courtes se justifient pleinement. « Avec<br />

<strong>les</strong> tempêtes, on a vu <strong>de</strong> nombreuses futaies<br />

tomber alors qu’ici, nos hêtres étaient plus espacés<br />

et avaient un système racinaire plus développé.<br />

Aucun ne s’est couché. ».<br />

Pour Jean-Michel Maus <strong>de</strong> Rolley l’avenir <strong>de</strong><br />

cette parcelle est déjà sur <strong>les</strong> rails. « On peut<br />

observer sur le terrain une régénération naturelle<br />

très forte, liée à l’écartement <strong>de</strong>s<br />

hêtres et à la présence <strong>de</strong> lumière. Le peuplement<br />

futur est déjà en place ».<br />

Jean-Michel Maus <strong>de</strong> Rolley présentant sa parcelle <strong>de</strong> hêtres lors <strong>de</strong> l’inauguration<br />

du Week-End du Bois, le 16 octobre <strong>de</strong>rnier en présence <strong>de</strong> Monsieur le Ministre<br />

Benoît Lutgen qui a apporté son soutien à la manifestation.<br />

Le propriétaire va laisser faire cette régénération,<br />

« d’autant plus qu’il y a là <strong>de</strong>s frênes,<br />

<strong>de</strong>s érab<strong>les</strong>, et <strong>de</strong>s douglas qui poussent ». Il<br />

mise sur une forêt diversifiée, privilégiant le<br />

mélange.<br />

« Pour l’avenir, mon idée est <strong>de</strong> couper par le<br />

haut, c’est-à-dire d’exploiter <strong>les</strong> hêtres au fur<br />

et à mesure qu’ils auront 2 mètres <strong>de</strong> circonférence.<br />

Je ne souhaite pas faire <strong>de</strong> mise à<br />

blanc ». Une logique intéressante puisqu’elle<br />

va permettre à la jeune génération <strong>de</strong> gagner<br />

en place, sans dénaturer la parcelle.<br />

Pour ce propriétaire forestier attentif à son<br />

patrimoine, cette expérience reste largement<br />

reproductible ailleurs.<br />

Mais pour autant, il ne prétend pas que sa<br />

gestion soit la meilleure qui existe, d’ailleurs<br />

il se montre très clair à ce sujet : « si j’avais vu<br />

plus tôt ce qui pouvait être fait en adoptant<br />

la métho<strong>de</strong> “Pro Sylva” ou la technique du<br />

détourage, j’aurais emprunté une <strong>de</strong> ces<br />

voies. Mais, ne <strong>les</strong> connaissant pas encore, et<br />

ce que nous avions mis en place donnant <strong>de</strong><br />

bons résultats, on a continué !».<br />

Avis aux propriétaires forestiers intéressés… n<br />

LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong> - 29<br />

Photo : © <strong>Valbois</strong> R.N.


La Société<br />

Bastien Wauthoz a toujours eu à cœur <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s pistes<br />

nouvel<strong>les</strong> favorab<strong>les</strong> aux entreprises <strong>de</strong> la pierre, ses travaux<br />

en matière <strong>de</strong> diversification en sont une parfaite illustration.<br />

Ça passe ou ça casse<br />

Bastien Wauthoz est un homme mo<strong>de</strong>ste. Il est<br />

<strong>de</strong> ceux qui s’amusent <strong>de</strong>s situations, heureux <strong>de</strong><br />

l’honneur qui lui est fait, jamais vaniteux. Il s’inscrit<br />

dans l’action, déjà prêt à se lancer <strong>de</strong> nouveaux<br />

défis! Sourire aux lèvres, il lance: « c’était<br />

cette année ou jamais. Le prix <strong>de</strong>s « jeunes » <strong>de</strong><br />

la SIM est ouvert aux personnes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 35<br />

ans, et je suis dans ma 34 e année!». Une chance<br />

qu’il ait déposé un dossier, s’appuyant sur l’imposant<br />

travail mené en faveur <strong>de</strong> la valorisation<br />

<strong>de</strong>s pierres siliceuses wallonnes. Une étu<strong>de</strong> à<br />

laquelle nous avons déjà consacré quelques<br />

artic<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> <strong>Infos</strong> <strong>de</strong> <strong>Valbois</strong> <strong>de</strong>s 4 e <strong>trimestre</strong><br />

2008 et 3 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong>.<br />

Dans chacune <strong>de</strong>s 2 catégories du Prix, jeune<br />

actif et étudiant, <strong>de</strong>ux finalistes étaient invités<br />

à présenter leurs travaux.<br />

Dans la catégorie « jeunes actifs », Sylvain Eckert, ingénieur en charge<br />

<strong>de</strong>s carrières souterraines <strong>de</strong> pierre à ciment prompt chez Vicat, présentait<br />

un remarquable travail <strong>de</strong> modélisation d’un gisement complexe qui a pu<br />

intégrer toutes <strong>les</strong> données disparates dans un modèle cohérent, et ainsi<br />

mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s nécessités urgentes <strong>de</strong> démarrages d’infrastructures<br />

pour assurer la continuité <strong>de</strong> la production.<br />

De son côté, Bastien Wauthoz racontait son épopée <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong><br />

pierres marbrières à partir <strong>de</strong> carrières qui ne l’avaient jamais envisagé<br />

auparavant, et qu’il a fallu convaincre d’essayer.<br />

Deux œuvres très différentes, également bien présentées et argumentées,<br />

<strong>de</strong>ux candidats fort sympathiques, <strong>de</strong>ux dossiers qui font progresser l’industrie<br />

minérale, comment en éliminer un ?<br />

La Société <strong>de</strong> l’Industrie Minérale, mieux connue au travers <strong>de</strong> son acronyme « SIM »,<br />

est l’association française qui regroupe tous <strong>les</strong> professionnels concernés par <strong>les</strong><br />

matières minéra<strong>les</strong>, dans <strong>les</strong> domaines <strong>de</strong> l’exploration et <strong>de</strong> la recherche, <strong>de</strong> l’exploitation<br />

souterraine ou à ciel ouvert, <strong>de</strong> la préparation <strong>de</strong>s matériaux, du traitement <strong>de</strong>s<br />

minerais, <strong>de</strong> la récupération <strong>de</strong>s déchets minéraux et divers, <strong>de</strong>s équipements… Elle<br />

rayonne au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontières françaises, et plus particulièrement dans <strong>les</strong> pays francophones<br />

s’appuyant sur <strong>de</strong>s relais locaux à l’image du Groupe <strong>de</strong>s Membres Belges <strong>de</strong> la<br />

SIM, le GMB. La SIM est respectée <strong>de</strong>s professionnels par la qualité <strong>de</strong>s journées d’informations<br />

techniques et <strong>de</strong>s congrès qu’elle organise, et par l’entremise <strong>de</strong> revues prisées<br />

par le secteur comme « Mines & Carrières », « Ciments Bétons Plâtres Chaux », « L’industrie<br />

céramique & verrière », « Recyclage et Valorisation ». Comme chaque année, la<br />

Société organisait le Prix « jeunes » <strong>de</strong> la SIM, <strong>de</strong>stiné à primer un jeune actif <strong>de</strong> moins<br />

<strong>de</strong> 35 ans, et un jeune étudiant en fin <strong>de</strong> cycle <strong>de</strong> formation d’ingénieur, pour leurs projets<br />

en faveur <strong>de</strong> l’industrie minérale. Bastien Wauthoz, responsable du Département<br />

Pierre <strong>de</strong> <strong>Valbois</strong> <strong>RN</strong> est le lauréat <strong>2009</strong> dans la catégorie jeune actif. Une consécration<br />

méritée au regard du formidable travail qu’il a réalisé dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité<br />

<strong>de</strong> valorisation marbrière <strong>de</strong>s pierres siliceuses wallonnes.<br />

Bastien se remémore ce vendredi 2 octobre :<br />

« j’étais donc à Paris, impatient <strong>de</strong> passer<br />

<strong>de</strong>vant le jury car je <strong>de</strong>vais repartir pour le salon<br />

Marmomacc à Vérone, en Italie. J’ai croisé<br />

l’autre finaliste dans la salle d’attente, avant<br />

mon exposé, et en discutant avec lui, je me suis<br />

rendu compte qu’il s’agissait d’un concurrent<br />

extrêmement sérieux, avec un très bon projet.<br />

La porte s’est ouverte. Je me suis présenté au<br />

jury, je leur ai fait part <strong>de</strong> mes travaux, j’ai<br />

répondu à leurs questions… et je me suis rapi<strong>de</strong>ment<br />

éclipsé pour rejoindre un avion à <strong>de</strong>stination<br />

<strong>de</strong> Vérone !».<br />

Bastien l’ignorera pendant tout le week-end,<br />

mais le jury l’avait proclamé lauréat, ex aequo<br />

avec son concurrent, dès le vendredi soir. « J’ai<br />

appris que j’avais gagné en ouvrant ma messagerie<br />

électronique, le lundi 5 octobre !».<br />

Aller toujours plus loin<br />

Aux yeux <strong>de</strong> Bastien Wauthoz, « ce prix vient<br />

récompenser un projet qui fait avancer l’industrie<br />

minérale », mais il ne compte pas s’arrêter en si<br />

bon chemin. « L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilité a démontré<br />

un réel potentiel, à la fois technique et esthétique,<br />

pour valoriser une majorité <strong>de</strong> pierres siliceuses<br />

wallonnes. Il faut aller plus loin si l’on désire diversifier<br />

<strong>les</strong> produits et anoblir l’image que véhiculent<br />

<strong>les</strong> pierres siliceuses ». De la parole aux actes, Bastien<br />

tient son prochain défi. « Nous avons un nouveau<br />

projet consistant à faire travailler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>signers<br />

pour concevoir <strong>de</strong> nouveaux produits<br />

adaptés aux spécificités <strong>de</strong> ces pierres. Un travail<br />

que nous souhaitons mener en collaboration avec<br />

Wallonie Design et Design Innovation ».<br />

Une suite logique, à laquelle nous souhaitons<br />

tout autant <strong>de</strong> succès ! n<br />

Quelques commentaires <strong>de</strong> Michel Duchêne<br />

Prési<strong>de</strong>nt du jury du Prix « jeunes » <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> l’Industrie minérale (SIm)<br />

30 - LES INFOS DE VALBOIS R.N. - 4 e <strong>trimestre</strong> <strong>2009</strong><br />

réseau pierre<br />

<strong>de</strong> l’Industrie Minérale<br />

honore l’un <strong>de</strong>s nôtres!<br />

Le Jury était pourtant soli<strong>de</strong>ment campé, avec <strong>de</strong>s représentants multidisciplinaires<br />

<strong>de</strong> l’industrie minérale : Chantal Wackenheim professeur à<br />

l’Université <strong>de</strong> Franche-Comté, Gaëlle Payen-Leleu du Bureau <strong>de</strong>s Ressources<br />

Minéra<strong>les</strong> au Ministère en charge <strong>de</strong> l’industrie minérale<br />

(MEEDDM), Raphaël Bo<strong>de</strong>t représentant la profession via l’UNICEM-<br />

UNPG, Christian Lucion Directeur du Centre Terre et Pierre, et Michel Duchêne<br />

Professeur en retraite <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong>s Mines.<br />

Ce Jury a bien dû reconnaître son incapacité à écarter l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ; le<br />

problème a d’ailleurs été le même pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux candidats « étudiants ».<br />

La SIM se réjouit d’avoir ainsi contribué à i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s jeunes talents prometteurs<br />

pour le secteur <strong>de</strong>s industries minéra<strong>les</strong>.


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